1.2 CADRE THÉORIQUE DE L'ÉTUDE
1.2.1. PROBLÉMATIQUE
Le financement de la santé en général, et
des prestations médicales en particulier, préoccupe l'ensemble
des acteurs de la santé. Les pays africains ont presque tous
adopté la gratuité des soins comme principe de fonctionnement des
structures publiques de santé au lendemain des indépendances
(Carrin et al, 1993).
Ainsi, le financement de la santé par l'État
était un mécanisme collectif de partage des risques liés
à la maladie, à l'échelle nationale. En effet, la
quasi-totalité des pays africains adoptèrent la politique de
l'État providence pour tous les secteurs de l'économie.
L'État providence est basé sur les principes de système
généralisé, unifié, simple, uniforme,
centralisé et financé par la fiscalité (Rosanvallon,
1992).
Mais l'environnement socio-économique a radicalement
changé. Quelques années plus tard, le premier choc
pétrolier de 1973 et la détérioration des termes
d'échange généralisent la crise au niveau mondial. La
crise fiscale que vivent les pays africains est transmise aux points de
prestation de soins par la stagnation et parfois la réduction des
ressources publiques allouées pour supporter le fonctionnement des
services de santé.
C'est ainsi que le gouvernement béninois a
consacré entre 1972 et 1980 au moins 10% de son budget au secteur de la
santé et 5,1% en 1981 (Ahouandjinou, 2000).
Les bailleurs de fonds réorientent l'aide vers les pays
de l'ex-bloc communiste et doutent des capacités des pays en
développement à honorer leur dette. Ils imposent alors des
programmes d'ajustement structurel (PAS)
par le canal de la Banque Mondiale (BM) et du Fond
Monétaire International (FMI).
Ces PAS sont perçus par l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) comme une opportunité, donc un environnement
favorable pour introduire systématiquement le paiement par les usagers.
Les solutions proposées par l'OMS à travers la mise en place des
Soins de Santé Primaires (SSP) et bien plus tard l'Initiative de Bamako
adoptée en 1987 par les Ministres de la Santé des États
africains, constituent un ensemble de stratégies qui atténuent
les difficultés des populations sans les faire disparaître. Les
ménages sont donc invités à participer à l'effort
de santé par le mécanisme du recouvrement des coûts qui
atteint très rapidement 65% des dépenses de santé. Les
insuffisances des centres de prestations de soins de santé ont
entraîné l'accroissement de la part des ménages, dans les
dépenses de santé à travers les ordonnances.
Dans les pays de la zone franc, la dévaluation du franc
CFA aggrave la situation. Il y a un renchérissement du panier de la
ménagère de l'ordre de 30% sans augmentation proportionnelle des
revenus. Ces difficultés aggravent les problèmes d'accès
aux soins de la population qui s'organise autour des valeurs de
solidarité et d'entraide mutuelle pour faire face à cette
nouvelle situation (Gueye et al, 2001).
Le financement communautaire peut prendre des formes et des
modalités de mise en oeuvre très diverses, mais il repose
toujours sur l'idée que les individus et les familles doivent contribuer
au financement de la santé (Carrin, G. et al, 1993). Ainsi les mutuelles
de santé constituent aujourd'hui la solution alternative. Les mutuelles
de santé contribuent efficacement à la mise en oeuvre de cette
politique de financement communautaire de la santé.
On est en présence d'une mutuelle de santé
à chaque fois qu'un groupe de personnes gère une activité
d'assurance maladie dans un but non lucratif en respectant les principes
d'entraide volontaire, la solidarité entre les membres et l'auto
promotion. Les prestataires de soins assurent pour les mutuelles, les services
ci-après :- Consultations,- Accouchements,- Soins de base,- Urgences
(morsures de serpent),- Hospitalisation avec ou sans intervention
chirurgicale,- Petite-chirurgie.
Outre ces prestations, certaines mutuelles assurent un
remboursement de 10% à 25% des frais médicaux à leurs
bénéficiaires.
Du point de vue de leur nombre, c'est une véritable
explosion qui est observée, tant au Bénin que dans le reste de la
sous-région. Au Bénin, il y a 201 mutuelles de santé
enregistrées en 2010. Malgré les efforts fournis par le
gouvernement en matière d'infrastructures sanitaires et la mise à
disposition du personnel, force est de constater que :
v le taux de fréquentation reste encore bas :
46.01%
v 70% des enfants malades n'ont pas accès aux soins de
qualité
v 2/3 de la population béninoise vit en dessous du
seuil de la pauvreté et 2,5% n'ont pas accès aux soins curatifs,
47% ne peuvent pas honorer leurs ordonnances en médicaments (MSP,
2011).
C'est face à cette situation, et en tenant compte de
l'importance des mutuelles de santé au Bénin, qu'apparaît
notre question de recherche à savoir : Qu'est-ce qui motive les
populations à adhérer aux mutuelles de santé? Nous allons
y répondre en nous intéressant à l'identification des
déterminants de l'adhésion des populations aux mutuelles de
santé : cas de la Commune d'Abomey-Calavi.
Les résultats de cette étude devraient
contribuer à l'atteinte des objectifs du millénaire pour le
développement en fournissant aux décideurs des outils d'analyse
nécessaires. D'où l'intérêt que nous y avons
porté.
|