La coopération sécuritaire dans le golfe de Guinée à l'épreuve de la criminalité transfrontalière. Etat des lieux et esquisse de solution( Télécharger le fichier original )par Vernuy Eric SUYRU Université de Yaoundé II Cameroun - Master en relations internationales, option intégration régionale et management des institutions communautaires 2011 |
B. Stimuler le développement de régions défavoriséesLa réduction des facteurs de risques sécuritaires internes passe également, outre la modernisation de la gouvernance des ressources financières, par le désenclavement des régions défavorisées de l'Etat d'où sont généralement exploitées lesdites richesses. Car, la pauvreté et le manque d'infrastructures sociales de base ainsi que la rareté des moyens de subsistance favorisent généralement les populations à s'adonner aux actes de criminalité. D'où la nécessité pour l'Etat d'investir les retombées financières issues de l'exploitation des richesses naturelles dans ces régions, en ciblant les secteurs porteurs de croissance économique : les routes, l'électricité, l'accès à l'eau, la santé, l'éducation, etc. Aussi, faudrait-il que les Etats investissent massivement au niveau de leurs cotes littorales pour développer le secteur maritime, créateur d'emplois. En effet, il est avéré que les zones maritimes du golfe de Guinée sont un milieu riche en plancton, et de ce fait, en ressources biologiques. Pour AWOUMOU Côme Damien Georges, cet espace regorge de « variétés d'essences et de biodiversité d'une valeur insoupçonnable et encore inestimée. Leurs vertus quant à la recherche biologique et pharmaceutique, la protection et la régulation de la biosphère, du climat mondial et de l'environnement en général ont été amplement mises en avant, pendant et après le sommet de RIO de 1992 sur l'environnement et le développement »164(*). Hormis ce réservoir en ressources biologiques, les côtes maritimes de la région sont un vivier en protéines animales pouvant contribuer à la sécurité alimentaire des populations riveraines, mais malheureusement encore mal exploité dans l'intérêt des Etats riverains. Dès lors ces derniers gagneraient à stimuler la pêche artisanale et commerciale, encore largement inexploitée, afin qu'elle profite à la fois aux communautés locales de pêcheurs et aux finances publiques. De ce fait, la pêche artisanale permettrait non seulement d'employer des milliers de personnes, mais aussi d'assurer leur sécurité alimentaire. La pêche commerciale quant à elle devrait non seulement favoriser l'exportation de produits halieutiques, mais aussi promouvoir l'entreprenariat local chargé de la transformation à des fins de consommation, en conformité avec les normes internationales165(*). Pour ce qui concerne les régions terrestres, les Etats et les multinationales qui exploitent les richesses naturelles devraient s'assurer que les communautés villageoises d'où sont extraites ces richesses bénéficient directement de leurs retombées, à travers la création d'emplois, d'infrastructures et de programmes sociaux. De ce fait, les Etats doivent anticiper sur les besoins de formation qualifiante de leurs populations pour qu'elles en profitent. La généralisation de ce type de réformes à l'ensemble des zones défavorisées des pays du golfe de Guinée permettrait d'endiguer les risques d'enracinement du phénomène de la criminalité dans chaque Etat. Et par conséquent, induire une réduction des facteurs de risques sécuritaires internes. Aux réformes économiques, il faudrait adjoindre celles sociopolitiques pour prévenir en amont la survenance de facteurs générateurs de la criminalité. * 164 AWOUMOU Côme Damien Georges, op.cit. * 165 Voir International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit., p.28 |
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