INTRODUCTION GENERALE
L'environnement économique a connu des bouleversements
importants et sans précédent durant les trois dernières
décennies. Nous pouvons citer, entre autre, la crise de l'endettement
des années 80, une crise qu'il convient de mentionner et qui à
pris naissance en Amérique latine. Lorsque le Mexique en Août 1982
n'arrivait plus à honorer son engagement qui est celui de payer sa dette
extérieure à cause d'insolvabilité en ce temps. La
position de Mexique qui, au départ, éveillait la curiosité
de plusieurs chercheurs dans le domaine des sciences économiques, une
situation qui par la suite a pris une autre tournure et s'est empirée au
fil du temps. La dette extérieure du Mexique, au début des
années 80, a fait couler tant d'encre et qui n'a pas cessé de le
faire, surtout lorsque les autres pays en développement, notamment les
pays à faible revenu n'arrivaient plus a honorer leur engagement.
Force est de constater que la crise de l'endettement s'est
aggravée lorsque l'économie mondiale a connu diverses crises. La
crise qui a précédé celle de l'endettement est justement
le choc pétrolier de 1979, ce choc qui est venu gonfler la facture des
pays en développement surtout les pays non producteurs de pétrole
et les pays industrialisés. Krugman (1987) déclare
qu'après la hausse des prix du pétrole, le pétrole
importé par les pays en développement a enregistré dans la
balance de paiement, de ces derniers, d'important déficit. Ce
phénomène peut s'expliquer par deux volets. D'une part, les pays
exportateurs de pétrole ont dégagé des excédents de
la balance courante qui leur ont permis d'octroyer des crédits aux
banques commerciales, et qui d'autres part, ont à leur tour
financé le déficit d'importation du pétrole. Mais, la
remarque notable est bien celle des pays en développement qui sont
dépourvus des ressources et en même temps ont vu leur facture
d'exportation se multiplier par deux ou trois. Cette position a non seulement
entrainé des déséquilibres dans la balance de paiement des
pays à faible revenu mais également les a rendu insolvables quant
à leurs engagements envers les pays industrialisés et aussi ceux
appartenant à l'organisation des pays exportateurs du pétrole. A
partir du moment où certains pays n'arrivaient plus à rembourser
leurs dette, l'instabilité s'installe partout dans le monde surtout a
partir de 1982 et s'est accentué vers 1988 d'ou l'intervention des
différents responsables et des institutions internationales, notamment
le Fonds
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Monétaire International (FMI), en vue de jouer
l'intermédiation entre les pays créditeurs et les pays
débiteurs. Mais cette intervention s'est soldée par
différents résultats, quelquefois non souhaités par une
des parties. C'est cette dernière position qui a changé la donne
et laissé désirer l'intervention d'autres institutions tel que le
Club de Paris. Ce club est certes non formel mais arrive à
négocier des contrats surtout pour le cas des pays à faible
revenu.
Durant les années 90, le phénomène de
l'endettement a attiré l'attention de plusieurs auteurs qui ont bien
voulu apporté leur pierre à l'édifice, vu la situation
économique des pays à faible revenu qui s'est
dégradé de plus en plus, ce qui à amener à la
négociation de la dette dans un premier temps puis d'autres solutions
ont été préconisées. L'annulation pure et simple
peut entraîner d'autres conséquences qui ne sont pas attendues.
Ainsi, la présence d'une dette extérieure très
élevée rend l'environnement macroéconomique instable.
Cette instabilité est non seulement liée à la
variabilité des principaux indicateurs macroéconomiques (taux
d'intérêt, taux de change, inflation) mais également
paralyse la politique économique et aussi le cadre institutionnel. Les
conséquences qui en découlent ne sont pas seulement liées
à la rareté de l'investissement mais à la
difficulté d'avoir accès au marché financier international
et à la fuite des capitaux (Mousse et Chiang, 2003). De même les
différentes crises qu'ont connues le marché financier et
l'économie mondiale dans les années 2000, parmi tant d'autres,
nous pouvons citer la crise des supprimes en 2007. Une crise qui a pris
naissance aux Etats-Unis lorsque la confiance est devenue quasiment absente sur
le marché des immobiliers et les ménages qui ont commencé
à perdre leurs biens immobiliers. Cette situation a très vite
touché l'ensemble des marchés notamment le marché
financier. Il n'y a pas eu seulement les ménages qui ont
été touchés, mais tous les pays presque ont connu la
récession et l'économie mondiale depuis lors part en ralentie.
Aussi, la crédibilité de certains pays auprès des agences
de notations s'est détériorée. Les effets de la crise des
supprimes ne sont pas atténués; chose qui, de nos jour, attire
par les ficèles une crise de l'endettement à nouveau et sans
précédent qui n'est pas encore mondiale mais qui touche quelques
pays de l'union européenne (Grèce, Espagne, Italie etc.). Ce
phénomène n'a pas laissé indifférents les
éminents chercheurs ainsi que les universitaires que nous sommes mais
aussi les décideurs économiques. Parmi tant d'autres travaux,
nous pouvons citer celui Cecchetti, Mohanty et Zampoli (2011) dans leur analyse
qui porte sur les données
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annuelles de produit intérieur brut par habitant, ils
essaient de comprendre les actions du secteur non financier d'un panel de 18
pays de l'organisation de coopération et du développement
économique (OCDE) durant la période 1980-2006.
L'intérêt du sujet selon eux, repose simplement sur le fait qu'une
dette élevée peut avoir des conséquences
défavorables sur la croissance économique en se
référant aux résultats empiriques qui concernent la dette
du secteur non financier de rendement des 18 pays de l'OCDE.
Cependant, quant à nous entant qu'universitaire, cette
question nous attise les neurones et elle est d'une importance capitale. Pour
notre part, nous allons nous focaliser sur le cas des pays en
développement, notamment celui des pays de la région CEMAC.
Notons également que durant les années 80, la dette
extérieure de la communauté économique et monétaire
de l'Afrique centrale (CEMAC) n'est pas aussi élevée
contrairement aux pays de l'Amérique latine tel que le Mexique. Mais le
stock de la dette extérieure de ladite région a connu une
évolution sans précédent durant les années 90, ce
qui à contribué à ternir leur image sur le marché
financier, d'ou la fameuse appellation : pays pauvres très
endettés (PPTE). Depuis lors, les questions économiques de cette
région ont éveillé la curiosité de plusieurs
auteurs (Clement, Bhattacharya et Nguyen, 2003, aussi, Cecchetti, Mohanty et
Zampoli, 2011). La dette extérieure des pays de la CEMAC a
été un sujet d'interrogation. C'est la raison pour laquelle nous
essayerons de répondre à la problématique suivante
: Dans quelle mesure la dette extérieure de la région
CEMAC exerce-t-elle des effets sur leur croissance économique? En
d'autres termes, la dette extérieure des pays de la CEMAC agit-elle
favorablement ou défavorablement sur la croissance
économique?
Les fluctuations importantes que connaissent les cours des
matières premières sur le marché mondial ne sont pas sans
conséquence sur le revenu des pays de la zone car l'essentiel de leur
produit intérieur brut vient de l'exportation qui constitue plus de 80%
des ressources pour certains pays de ladite institution. Bon nombres d'auteurs
sont ceux qui sont intéressés à ce sujet qui traite la
relation entre dette extérieure et la croissance. Dans ce présent
travail, on mettra en exergue les études concernant la relation entre la
dette extérieure et la croissance économique qui d'ailleurs a
fait couler tant d'encre et ne cesse de devenir un sujet houleux entre les
différents auteurs.
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(Krugman, 1988, Sachs, 1989 et Cohen, 1992) ont définit
la théorie de surplomb de dette comme un phénomène selon
lequel, une dette très élevée décourage la
croissance économique en passant par le biais de l'investissement pour
léser la croissance économique. Au cours de cette dernière
décennie, on a assisté à un retournement de la
conjoncture. On remarque que les pays émergents qui, contrairement aux
pays en développement, ont commencé à substituer leur
dette extérieure a cause des ressources supplémentaire
dégagées sur leur marché financier interne. Une dette
domestique qui est passée de 38% à 58% pour un échantillon
de 25 pays émergents (Hanson, 2007), et aussi la dette domestique a
augmenté considérablement dans les pays à faible revenu
notamment à travers leurs créances détenues par les agents
économiques (Anone et Presbitero, 2010).
Greiner (2008), en voulant expliquer la relation
théorique entre la dette et la croissance économique,
élabore un modèle théorique. Il s'appuie, pour ce faire,
sur trois secteurs dont la relation entre les ménages et
l'économie d'une part, et le secteur productif et le gouvernement
d'autre part. En effet, un individu bien formé contribue efficacement
à la production, donc il améliore la rentabilité de
l'entreprise. Cette performance est identifiée dans le modèle
théorique, soit par les dépenses de formation effectuée
par le gouvernement, soit par les années d'études passées
à l'école. Cependant, la situation du gouvernement est
observée par sa politique fiscale. Il ressort des travaux
théoriques passés en revue que la dette extérieure affecte
la croissance économique des pays à travers certains canaux.
y' Le premier canal est bien évidemment celui de
l'épargne privée. Abbas et Christensen (2010) constatent que dans
les pays émergents, une dette modérée contribue pour
accroître la croissance du produit intérieur brut. Selon eux, cet
objectif ne sera atteint que lorsque la politique monétaire est stable,
le niveau d'épargne nationale est élevé et aussi avec un
marché financier développé.
y' Une dette élevée affecte la croissance
économique par le biais de l'investissement public. Donc une dette
élevée peut créer de surplomb de dette qui contribue de
sorte à ralentir l'investissement. Parce que le secteur privé
prévoit qu'il paie davantage sur la taxe future, ce qui reporte
l'investissement présent à une échéance lointaine
(Krugman, 1988, Sachs, 1989). En outre, le service de la dette vient
évincer
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l'investissement car une grande partie de recette de l'Etat
sera consacrée au paiement dudit service, seulement une partie
négligeable sera consacrée à l'investissement (Cohen,
1993). Lorsque la dette extérieure est très élevée
dans les pays en développement, le service de la dette à payer
vient décourager le secteur privé Arnone et Presbitero,
(2010).
y' Reinhart et Rogoff (2010) dans leur étude, ont fait
abstraction de l'endogénéité qui peut exister en faisant
un rapprochement avec le résultat trouvé par Kumar selon lequel
la dette affecte négativement la croissance économique par le
biais de productivité totale de facteur (PTF) et l'investissement.
y' Un des canaux à travers lesquels la dette agit sur
la croissance économique est bien celui du taux d'intérêt
à long terme. Modigliani (1961) ainsi que Buchana (1958) et Mead (1958)
soutiennent l'idée selon laquelle la dette nationale va être
payée par les générations futures et agit en même
temps négativement sur le capital privé. Aussi, cet effet
négatif aura des répercussions sur le taux d'intérêt
à long terme, car toute baisse du revenu privé vient augmenter
son produit marginal à long terme vu que ce dernier est
étroitement lié au taux d'intérêt à long
terme.
En somme, les effets de la dette sur la croissance, laissent
les différents auteurs qui ont essayé de déceler la
relation entre les deux variables divergents. Pour les uns, l'effet de la dette
sur la croissance est néfaste, pour d'autres, cet effet est positif mais
devient négatif au-delà d'un certains seuil. L'exception faite de
l'analyse de Granger (1990) qui a mené une étude sur les pays
asiatiques et débouche sur le résultat intéressant selon
lequel, la dette extérieure contribue à augmenter la croissance
économique. Elmendorf et Mankiw (1999) arguent sur le fait que la dette
extérieure influence l'économie de manière
générale et la croissance économique
particulièrement à court terme. Les keynésiens appuient
l'idée selon laquelle la dette stimule la demande globale et le
rendement à court terme mais évince le capital en
réduisant à long terme son rendement.
Il convient de couronner les différentes
théories énoncées ci-dessus par des méthodes
économétriques afin de répondre à notre
problématique et pour voir l'impact de la dette extérieure des
pays de la CEMAC sur leur croissance économique. Nous évoquerons
dans ce qui suit, la théorie de la dette extérieure, croissance
économique
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en mettant l'accent sur la théorie de la dette, les
indicateurs ainsi que les différentes propositions prônées
pour la sortie de crise (Chapitre I). La question de la relation entre la dette
extérieure et la croissance économique (Chapitre II) a
été ostensible au regard de plusieurs auteurs. D'où la
primauté de notre analyse empirique de l'impact de la dette
extérieure sur la croissance économique (Chapitre III).
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Chapitre I: La dette extérieure,
Croissance économique: notions et
déterminants
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