Etude des problèmes et conséquences psychosociaux chez les enfants dont les pères sont chauffeurs de poids lourds. Cas de l'ACPLRWA ( Association des Chauffeurs des Poids Lourds au Rwanda )

3.1.1.3. Aspect émotionnel et encadrement à l'absence du père.

Pour cet aspect, le tableau suivant nous montre l'avis des enfants sur leur sécurité à l'absence du père et l'attitude de la mère à l'égard de l'enfant suite à la faute commise par celui-ci.

Tableau 12 : Avis des enfants sur leur sécurité et leur encadrement.

Questions	Réponses	Enfants 4-6ans : N=8	Enfants 7-9ans : N=11	Enfants 10-12ans : N=8	Fréque-nces	%
Q.5, À l'absence de ton père, as-tu l'inquiétude d'être avec ta mère à la maison?	Oui	7	8	8	23	85.1
	Non	1	3	0	4	14.8
Q.7.Quand tu comets une erreur, est ce que ta mère te sanctionne-t-elle ou elle attend le retour de ton père ?	Maman me sanctionne	8	7	5	20	7.4
	On attend le retour de mon père	0	6	3	9	33.3

Source : Notre recherche

Au point de vue aspect émotionnel, surtout pour question de sécurité, tous les enfants filles et garçons affirment qu'à l'absence du père ils sont dans l'insécurité « Iyo papa yagiye ibisambo biza nijoro ku nzu yacu bishaka kutwiba » (Quand mon père est parti pour le travail, il y a des voleurs qui viennent, surtout la nuit sur notre maison avec tentatives de voler nos biens). Ou encore « Iyo papa yatinze kugaruka tubura amafaranga yo kujya ku isoko » (Quand mon père passe beaucoup de temps sans revenir à la maison, l'argent nous manque pour aller au marché). Comme le montre donc le tableau 85.1% des enfants enquêtés ont du mal à rester seuls à la

maison avec leur maman et 100% soit 4 sur 4 filles et garçons de 4 à 6 ans disent qu'à l'absence du père ils connaissent l' insécurité, 66.6% soit 4 sur 6 garçons et 60 % soit 3 sur 5 des filles de 7 à 9 ans aussi le disent et 50% soit 2 sur 4 garçons et 75% soit 3 sur 4 filles de 10 à 12 ans eux aussi le confirment.

Quant à l'encadrement des enfants à l'absence du père, les enfants affirment que la mère prend sa responsabilité en sanctionnant ceux qui sont en faute sans toutefois attendre l'arrivée de son mari. C'est dans ce sens que certains enfants de 4 à 9 ans, lors de notre entretien disaient qu'ils aiment plus leurs pères que leurs mères « Iyo dukoze amakosa mama aradukubita, ariko iyo papa yaje aba ashaka ko dukina ». La raison en est que quand ils commettent des fautes, leurs mères les grondent, mais quand leurs pères sont à la maison, ils n'ont pas de problème et il joue avec eux.

Ainsi 100% des enfants de 4 à 6 ans disent que quand ils sont fautifs, la mère les sanctionne sans attendre que le père  revienne, 66.6% soit 4 sur 6 garçons et 60% soit 3 sur 5 filles de 6 à 9 ans disent la même chose et 50% soit 2 sur 4 garçons et 75% soit 3 sur 4 filles de 10 et 12 eux aussi le confirment.

A l'absence du père les enfants manifestent un sentiment d'insécurité. Le rôle essentiel de l'autorité paternelle est de sécuriser et de responsabiliser. Sécuriser, c'est être capable de dire non. Si on lui dit toujours oui, l'enfant risque de sombrer dans la toute puissance. Il va croire que tous ses désirs peuvent devenir réalité, ce qui est angoissant pour lui. Responsabiliser, c'est développer sa capacité à devenir acteur de sa vie. En effet les enfants ont besoin de ressentir la présence physique du père, de jouer, de s'affronter et de se mesurer corporellement avec lui.

Cet échange affectif avec le père, plus vigoureux qu'avec la mère, permet aux enfants de trouver de la sécurité et de la confiance en eux-mêmes. Un des principaux rôles du père est de poser des limites à l'enfant.

C'est un rempart contre un amour trop fusionnel avec la mère. Il a donc un rôle de conjuguer amour et loi ; Un enfant se construit grâce à des repères et pas uniquement dans la satisfaction immédiate de ses désirs.

Le père assure la sécurité de l'enfant en évitant de nombreux dangers possibles, en développant son rôle de pourvoyeur, en fournissant les ressources nécessaires à la dyade mère-enfant et en faisant respecter son autorité. Autre point relevé à ce niveau c'est le sentiment de déni chez les enfants dont le père n'est pas régulier à la maison. Le déni des réalités est souvent la traduction du refus du père. Ce sentiment d'abandon que ressent l'enfant est provoqué par un manque de présence psychologique aussi bien que par une absence réelle du père.  

Pour éviter ce trouble de déni chez l' enfant, le père doit s'assurer que celui-ci se sente en sécurité, accepter que l'enfant ait du plaisir en présence du père, éviter les conflits avec le conjoint et avoir une zone d'action différente de celle de la mère.