251658240
IFRAMOND
Master 2 professionnel sciences politiques et relations
internationales
Mention « Francophonie et
mondialisation »
Année académique 08/09
La promotion de la démocratie, de l'Etat de droit
et des droits de l'Homme dans l'espace francophone
Mémoire soutenu en
février 2009
Présenté par : -
Robeye Rirangar Aime
- Malick SY
- DJISTERA Ialina Corinne
Sous la direction de : Mme TRANG
PHAN-LABAYS
« ... francophonie et démocratie
sont indissociables. »
Déclaration de Bamako de 2000
« La démocratie ne garantit pas
nécessairement une gouvernance de
qualité »
Boutros Boutros GHALI
Vice-Président du Haut conseil de la Francophonie
SOMMAIRE.
AVANT PROPOS
ABREVIATIONS
INTRODUCTION
I/ LA PROMOTION DE LA DEMOCRATIE, DE L'ETAT DE DROIT
ET DES DROITS DE L'HOMME : DES NOUVELLES MISSIONS PRIORITAIRES DE LA
FRANCOPHONIE
A Des missions traduisant des volontés
politiques
1. Des volontés politiques fondées sur des
normes
2. Des missions facteurs de paix et de développement
B La création des mécanismes de mise en
oeuvre de ces missions
1. Des missions définies de manière
précise dans un plan d'action
2. Des organes structurés pour la mise en oeuvre
II/ LA PROMOTION DE LA DEMOCRATIE, DE L'ETAT DE DROIT
ET DES DROITS DE L'HOMME / UNE OEUVRE DIFFICILE DANS L'ESPACE
FRANCOPHONE
A'- un espace politiquement difficile à la
promotion de telles missions
1. une instabilité politique accentuée dans les
Etats membres
2. une institution politiquement fragile
B'- des difficultés accentuées par des
problèmes institutionnelles
1. un fonctionnement complexe de l'OIF
2. une absence d'instruments juridiques contraignants
Conclusion
Bibliographie
Annexes
ABREVIATIONS.
ACCT
|
Agence de Coopération Culturelle et Technique
|
AHJUCAF
|
Association des Hautes Juridictions de Cassations des pays
ayant en partage l'Usage du Français
|
AIPLF
|
Assemblée Internationale des Parlementaires de Langue
Française
|
APF
|
Assemblée Parlementaire de la Francophonie
|
CIB
|
Conférence internationale des Barreaux
|
CNDD
|
Conseil National pour la Démocratie
|
CNDP
|
Congrès National pour la Défense du Peuple
|
CPF
|
Conseil Permanent de la francophonie
|
DDHPD
|
Délégation à la Paix, à la
Démocratie et aux Droits de l'Homme
|
EPU
|
Examen périodique Universel
|
FARDC
|
Force Armée de la République Démocratique
du Congo
|
FFIDDHOP
|
Fonds Francophone d'Initiatives pour la Démocratie, les
Droits de l'Homme et la Paix
|
MINUAR
|
Mission des Nations Unies pour l'Assistance au Rwanda
|
OHADA
|
Organisation pour l'Harmonisation du Droit des Affaires en
Afrique
|
OIF
|
Organisation Internationale de la Francophonie
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
ONU
|
Organisation des Nations Unies
|
UA
|
Union Africaine
|
UNESCO
|
Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la
Science et la Culture
|
INTRODUCTION
L'espace francophone est aujourd'hui un espace
institutionnel. Il est en effet, composé de l'ensemble des pays
participants aux sommets biannuels des chefs d'États et de gouvernements
de la Francophonie. Ces États peuvent être classés en trois
catégories.
En premier lieu, il y a les États membres de plein
droit. Il s'agit des États qui étaient signataires de l'ACCT de
1970, et les États qui ont acquis ce statut aux cours des sommets et
selon les modalités d'adhésion1(*). En second lieu, il y a la catégorie des
États observateurs et enfin celle des États associés.
Toutefois, il faut noter que les États membres de plein droit disposent
,naturellement, plus de droit et de devoir au sein de l'espace francophone.
Par ailleurs, il faut remarquer que l'idée de
départ de la Francophonie qui reposait essentiellement sur une entente
autour de la langue française est secondaire voire révolue.
Même si on distingue actuellement au sein de l'espace francophone des
pays où la langue française est soit la seule langue officielle
(comme c'est le cas en France et dans la majorité des pays d'Afrique
noire francophone), soit la langue co-officielle avec une autre langue (en
général l'anglais), soit la langue maternelle de la grande
majorité de la population, soit la langue de culture. Mais, la
Francophonie ne se résume plus à la langue française. La
communauté francophone partage en effet, d'autres valeurs comme celle de
la paix, de la démocratie, du respect des Droits de l'homme, de la
promotion de la diversité culturelle et linguistique, du dialogue des
cultures et civilisations...
Ce constat témoigne d'une certaine évolution
de la signification du concept de francophonie et de son espace. En effet, le
terme de francophonie a été utilisé, pour la
première fois, en 1880 par le géographe français
Onésime Reclus dans son ouvrage « France, Algérie,
Colonies » .Dans cet ouvrage Onésime RECLUS entendait, d'une
part partager le monde en zone linguistique et, d'autre part dénombrer
le nombre de locuteurs de la langue française dans le monde. Toutefois,
la notion de francophonie va disparaître de l'usage et ne va
réapparaître qu'au début des années 1960 avec les
mouvements de décolonisation. Déjà, après la
seconde guerre mondiale, certains leaders des colonies francophones d'Afrique
et du Canada aspiraient à créer une communauté
francophone. Mais, après l'achèvement du processus de
décolonisation de ses colonies, la France adopta une attitude prudente
et réservée par peur d'être traité de
néocolonialiste. Ce qui n'a pas découragé pour autant les
partisans de cette union des pays francophones. Mieux leurs conceptions de la
notion de francophonie englobaient d`autres critères de
définition en plus du critère linguistique et
géographique. En fait, la francophonie a aussi une signification
politique qui repose sur la volonté de s'organiser sur le plan
diplomatique et associatif. La francophonie est également perçue
d'un point de vue culturel et philosophique. Cela s'est traduit par la vision
« Senghorienne »de la francophonie. Dans un discours
à l'université de l'aval en 1966 Senghor affirmait que la
francophonie est « un mode de pensée et d'action,
une certaine manière de poser les problèmes et d'en apporter les
solutions. Encore une fois c'est une communauté spirituelle: un
noosphère au tour de la terre. Bref la francophonie c'est,
par-delà la langue, la civilisation française: plus
précisément l'esprit de civilisation, c'est-à-dire la
culture française que j'appellerai la
francité 2(*)».
Ces différentes conceptions vont se concrétiser
par la création en 1970 de l'ACCT (Agence de Coopération
Culturelle et Technique) qui est la première organisation
intergouvernementale réunissant les pays francophones. L'ACCT avait pour
mission de promouvoir et de diffuser les cultures de ses membres et
d'intensifier la coopération culturelle et technique entre eux. Ce
projet francophone va considérablement évolué et
intégrée au fur et à mesures des dimensions politiques
dans ces activités. Cela commence en 1986 par la convocation de la
première conférence des chefs d'États et de Gouvernement
des pays francophones à Paris (France). Sur le plan institutionnel, cela
s'est traduit par la création en 1995 d'un poste de Secrétaire
Général de la Francophonie et l'évolution de l'ACCT en
agence de la francophonie, puis en une « Organisation Internationale
de la Francophonie » avec l'adoption en 2005 de la charte de la
Francophonie. L'espace de la Francophonie devient donc un espace institutionnel
qui a pour ambition , à travers la langue française et des
valeurs universelles francophones, de réaliser la coopération, la
solidarité et le rapprochement des peuples, de participer à
l'intensification de dialogue des cultures et des civilisations et de
contribuer activement au règlement pacifiques des conflit et à
l'instauration de la démocratie des droits de l'homme et de
l'État de Droit. Cette dernière mission a été mise
en oeuvre dans le cadre de la Francophonie des sommets. En effet, il faut
remonter au sommet de Dakar de 1989, trois ans après le sommet à
Paris, pour trouver les prémices d'une référence à
la démocratie.
Mais c'est au sommet de Hanoi tenu deux ans plus tard, que
les chefs d'Etats et de Gouvernements, vont faire une référence
expresse aux droits et libertés fondamentaux, à l'Etat de Droit
et à la démocratie comme modèle de gouvernement que tous
les pays membres devaient adopter. Mieux, lors du sommet de Maurice de 1993,
ils vont dans leur déclaration, rappeler leur attachement à la
paix, la sécurité, la solidarité, la démocratie
ainsi qu' « aux respects des Droits de l'Homme et
des libertés fondamentales qui sont universels et
inaliénables 3(*)». De plus lors du
sommet de Cotonou les chefs d'État et de Gouvernement conviennent de
recourir aux mécanismes régionaux et internationaux de
règlement pacifiques des conflits. Tous ces engagements seront repris et
réaffirmés lors des sommets qui vont suivre.
Par ailleurs, on a remarqué depuis le début
des années 2000 une volonté de la communauté francophone
de dépasser le cadre des engagements et d'élaborer un cadre
normatif pour rendre effective cette promotion de la démocratie, des
droits de l'Homme et de l'État de Droit. Cela commence par l'adoption
le 03 novembre 2000 de la déclaration de Bamako par les ministres et
chefs de délégations des Etats et Gouvernements des pays ayant le
français en partage, réuni à Bamako dans la capitale
malienne pour le symposium international sur le bilan et la pratique de la
démocratie, des droits et libertés dans l'espace francophone.
Dans le même sens on peut citer la déclaration de Saint Boniface,
adopté le 14 mai 2006 par ces même ministres et chefs de
délégations des Etats et Gouvernements lors de la
conférence ministérielle de la Francophonie pour la
prévention des conflits et la sécurité humaine. Ces deux
déclarations ont une portée politique très forte et
constituent les textes de référence de l'espace francophone, en
matière de démocratie, des droits de l'homme, et de l'État
de droit, ainsi que la promotion de la paix, de la gestion et du
règlement des conflits.
A ces déclarations, on peut ajouter le cadre
stratégique décennal de la Francophonie adopté à
l'occasion du Xe sommet en 2004, à Ouagadougou dans la capitale
Burkinabé et la charte de la Francophonie adoptée par la
conférence ministérielle de la Francophonie à
Antananarivo, le 23 novembre 2005. D'abord dans le cadre stratégique
décennal, la communauté francophone s'est fixé comme
deuxième mission (après celle relative à la promotion de
la langue française et la diversité culturelle et linguistique)
de promouvoir la paix, la démocratie et les Droits de l'Homme. Cette
mission stratégique est divisée en deux objectifs
spécifiques. Il s'agit, dans les dix années à venir de
participer, d'une part, à la consolidation de la démocratie, des
Droits de l'Homme et de l'État de Droit et d'autre part à la
prévention des conflits et à l'accompagnement des processus de
sortie de crise, de transition démocratique et de consolidation de la
paix.
Ensuite dans la charte de la Francophonie des engagements
allant dans le sens de l'instauration et au développement des
régimes démocratiques, du respect des Droits de l'Homme et du
soutien à l'État de droit sont pris au niveau des objectifs.
Tout cet arsenal normatif mise en oeuvre pour assurer la
promotion de la démocratie, de l'État de Droit et des Droits de
l'Homme dans l'espace francophone présente une certaine
particularité par rapport à d'autres règles
internationales abordant dans le même sens, c'est qu'il est
dépourvu de valeur juridique internationale. De ce fait, il serait
intéressant de s'interroger sur l'effectivité de ces normes. En
d'autres termes il s'agira d'analyser le contenu des moyens de promotion de la
démocratie des Droits de l'Homme et de l'État de Droit, leur
modalité de mise oeuvre et leur application dans l'espace
francophone.
Ainsi, dans notre développement suivant nous allons
montrer que la promotion de la démocratie des Droits de l'Homme et de
l'Etat de droit constitue d'une part de nouvelles missions prioritaires de la
Francophonie (I) et d'autre part, que ces missions sont difficiles et complexes
à réaliser (II).
I/ LA PROMOTION DE LA DEMOCRATIE, DE L'ETAT DE DROIT ET
DES DROITS DE L'HOMME : DES NOUVELLES MISSIONS PRIORITAIRES DE LA
FRANCOPHONIE
Depuis le sommet de Hanoi4(*), avec la nomination du premier Secrétaire
Général de la francophonie, un travail important s'est
engagé, permettant d'affirmer les missions politiques de la
Francophonie. Ce travail de cohérence et de clarté s'est vu
renforcé avec l'institutionnalisation de ce qui fut l'Agence
intergouvernementale de la Francophonie(ACCT) en Organisation Internationale de
la Francophone(OIF). Ce changement décisif pour l'espace francophone a
permis de fixer d'autres missions, enjeux ou objectifs répondant au
statut actuel de l'organisation. Ainsi plusieurs missions seront
définies dont l'une des plus importantes, est la promotion de la
démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme.
Ces missions qui traduisent la volonté politique de
l'ensemble des pays membres de la Francophonie, seront définies dans des
normes pour leur donner une lisibilité, une force et surtout une
légitimation. C'est dans ce sens que plusieurs normes seront
élaborées dans le cadre de la promotion de la démocratie,
de l'Etat des droits et des droits de l'homme(A) avec un établissement
des moyens de mise en oeuvre(B)
A- Des missions traduisant des volontés
politiques
La promotion de la démocratie, de l'Etat de droit et
des droits de l'homme, nouvelle mission politique stratégique de la
Francophonie, a été définie dans des textes officiels (1)
dans le but de contribuer à la paix, facteur de développement
(2).
1- Des volontés politiques affirmées dans des
outils normatifs.
La Francophonie a adopté plusieurs instruments
normatifs pour clarifier ses missions et surtout légitimer leur mise en
oeuvre. C'est ainsi que dans le cadre de la promotion de la démocratie,
de l'Etat de droit et des droits de l'homme, un certain nombre de textes ont
été adoptés dont la déclaration de Bamako, socle de
cette mission(a) puis la charte de la Francophonie de 2005 et le cadre
stratégique de 2004(b).
a) La déclaration de Bamako de novembre
2000 : instrument normatif de référence de la promotion de
la démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme dans
l'espace francophone
Adoptée à Bamako au Mali, en novembre
2000 ; cette déclaration dite « déclaration de
Bamako », est le texte de base ou du moins le socle de la politique
de la Francophonie en matière de démocratie, de l'Etat de droit
et des droits de l'homme. Cette déclaration est le fruit des discussions
du symposium sur les pratiques de la démocratie, des droits de l'homme
et de l'Etat de droit organisé du 1 au 3 novembre 2000 au Mali à
Bamako. Même si elle est la référence en ce domaine dans
l'espace francophone, elle est la conséquence d'une longue marche de la
Francophonie en matière de démocratie, de la paix et des droits
de l'homme. C'est depuis le sommet de Dakar de 1989 que la Francophonie a
commencé à réfléchir sur les questions de
démocratie et des droits de l'homme. Plusieurs autres rencontres vont
suivre celle de Dakar sans réel engagement.
La particularité de la déclaration de Bamako est
qu'elle a bénéficié d'un environnement politique difficile
en matière de démocratie et des droits de l'homme, ce qui a
permis d'aboutir à un réel engagement des pays membres de la
Francophonie. Ensuite, c'est parce que cette rencontre intervient au moment
où la Francophonie entame son institutionnalisation et son encrage sur
le plan politique. Mais, cette rencontre devait forcement aboutir à
quelque chose car l'espace francophone traversait une période ou
plusieurs pays membres vivaient des situations politiques très
difficiles rendant le fonctionnement des institutions impossible et tout effort
de démocratisation vaine. D'autres pays membres par contre vivaient des
démocraties fragiles par ce que soit, ils viennent de s'y engager, soit
ils viennent de sortir d'une crise.
Face à toutes ces situations qui bloquent le
fonctionnement des institutions politiques de certains pays membres de l'espace
francophone, il fallait réagir d'où la nécessité de
ce symposium à Bamako.
La déclaration de Bamako est comme nous l'avons dit ci
haut, le texte de référence en matière de
démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme. Cette
primauté s'explique par le fait que c'est le premier texte de la
Francophonie à avoir jeté les bases de la politique de
l'institution dans ce domaine mais aussi c'est le seul texte qui avant de
définir les lignes directrices de cette mission, a fait le constat et
surtout préciser le rôle de la Francophonie. D'ailleurs dans le
point 1 du chapitre 3 de la déclaration, il est dit : «
que Francophonie et démocratie sont indissociables : il ne
saurait y avoir d'approfondissement du projet francophone sans une progression
constante vers la démocratie et son incarnation dans les
faits ».
Ainsi, la déclaration est conçue en plusieurs
parties différentes les unes des autres. D'abord ,la
déclaration a fondé son texte sur des principales normes en
matière de démocratie et des droits de l'homme telles que la
déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 puis des
engagements de la francophonie pris à Dakar en 1989,en Île Maurice
1993 ,à Moncton en 19995(*), avant de préciser sa vision en matière
de démocratie ,de l'Etat de droit et des droits de l'homme dont les
principes essentiels demeurent toujours les même. Tout en constatant que
des efforts restent à faire à fin d'enrayer les récurrents
conflits dans certains pays dont la plupart des pays africains, l'interruption
des processus démocratiques dans d'autres pays ou encore des violations
massives et grave des droits de l'homme, la francophonie, en adhérent
aux principes universellement reconnus de la démocratie, de l'Etat de
droit et des droits de l'homme que sont le respect des libertés
fondamentales, la soumission des institutions à la loi, la tenue des
élections libres et transparentes, la bonne gouvernance etc. ; elle
s'est engagée à promouvoir ces 3notions en organisant ses
efforts sur l'appui aux institutions existantes des pays membres, la formation
et le renforcement des capacités .Mais la particularité de ce
texte est que non seulement elle fait le tour de la question mais elle
encourage la coopération multilatérale au niveau internationale
pour une plus grande efficacité dans la démocratisation des Etats
en difficulté et surtout pour atteindre des objectifs encourageants en
matière des droits de l'homme et de l'Etat de droit. Mais l'autre
spécificité de ce texte qui est la marque de la Francophonie, est
que la reconnaissance des principes universels de la démocratie
n'empêche pas de tenir compte des réalités et valeurs de
chaque pays dans la mise en pratique de cette mission essentielle. C'est
même le sens du point 2 du chapitre 3 de la
déclaration : «que pour la Francophonie, il
n'y a de mode d'organisation unique de la démocratie et que, dans le
respect des principes universels, les formes d'expressions de la
démocratie doivent s'inscrire dans les réalités et
spécificités historiques, culturelles et sociales de chaque
peuple ». Cette démarche donne plus de
crédibilité à cette politique car elle éviterait
les obstacles que beaucoup de textes rencontrent dans leur mise en oeuvre dans
certains pays. L'avantage de cette déclaration aussi est qu'elle
détermine la place que doit jouer la Francophonie et
particulièrement son Secrétaire Général en cas de
violation de ces principes consacrés dans ce texte.
Même si ce texte n'a qu'une valeur déclaratoire,
elle jouit d'une cote de confiance assez importante qui sera d'un grand atout
dans sa mise en oeuvre. Aussi, l'engagement express des pays à travers
ce texte explique leurs volontés de voir ces préoccupations se
traduire dans les faits.
Toutefois d'autres textes viendront, soit légitimer
cette déclaration ou soit détailler ces objectifs pour une
meilleure traduction dans les faits.
b) la charte de la Francophonie de 2005 et le cadre
Stratégique de 2004 :
Ces deux textes d'une importance moindre mais
nécessaire dans la politique de la Francophonie en matière de
démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme.
* la charte de la francophonie de 2005 une
consécration des missions de la Francophonie:
C'est normalement le texte le plus important de l'Organisation
internationale de la Francophonie (OIF) dans l'ordre hiérarchique des
normes. C'est d'ailleurs, elle qui va consacrer cette organisation.
Adoptée par la conférence ministérielle tenue à
Antananarivo le 23 novembre 2005, elle confirme le changement de cap pris par
la Francophonie et légitime les missions assignées à
l'organisation ainsi que la détermination des rôles de chaque
acteur de l'Organisation. Cette consécration de l'OIF par la charte
s'explique par le souci des pays membres de donner une assise politique
légitime à leur espace mais aussi selon le préambule de la
présente charte, de tenir compte des mutations historiques et des
grandes évolutions politiques, économiques, technologiques et
culturelles qui marquent le XXI eme siècle. La Francophonie doit non
seulement en tenir compte, mais poursuit le préambule, affirmer sa
présence et son utilité. C'est d'ailleurs pour cela que des
objectifs de sa politique ont été déterminés dans
la présente charte.
Composée de 3 titres et 17 articles, elle consacre le
titre premier à ses objectifs, le deuxième à son
organisation et enfin le troisième aux dispositions diverses.
Au titre de ses objectifs, plusieurs sont contenus dans cette
charte dont celui relatif à l'instauration et au développement de
la démocratie, à la prévention, à la gestion et au
règlement des conflits, au soutien à l'Etat de droit et aux
droits de l'homme.
C'est cet objectif qui nous intéresse
particulièrement. Déjà contenu dans la déclaration
de Bamako mais en des termes différents, cette charte qui d'un point de
vu normatif, est supérieur à la déclaration, se veut de
légitimer ou confirmer les engagements déjà pris à
Bamako et qui sont les jalons ou du moins le fondement même de la
politique de la Francophonie en matière de démocratie, de l'Etat
de droit et des droits de l'homme. Il est cependant, nécessaire de
comprendre les termes utilisés par la charte pour comprendre la mission
de la Francophonie dans ces domaines.
Contrairement à l'Organisation des Nations Unies (ONU)
ou à l'Union Africaine (UA), la démarche de la Francophonie est
une démarche d'appui aux Etats en difficultés pour promouvoir ces
notions de démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme. Mais
cette démarche particulière à la Francophonie est à
deux niveaux : d'abord en direction des Etats puis en coopération
avec d'autres organisations pour une meilleure coordination des politiques dans
les Etats concernés. C'est d'ailleurs l'expression qu'utilise la charte
quand elle affirme : « ... d'aider à
l'instauration et au développement de la démocratie, ... au
soutien à l'Etat de droit et aux droits de
l'homme »6(*). Cela montre que la charte légitime les
engagements contenus dans la déclaration de Bamako, elle fait une
obligation au Secrétaire Général de la Francophonie,
représentant officiel de l'Institution de se tenir informer en
permanence des pratiques de la démocratie, des droits et libertés
dans l'espace francophone7(*). La charte bien que brève sur les objectifs,
laisse le soin à la Francophonie de déterminer les modes de mise
en oeuvre de ces missions essentielles définies dans ce texte. C'est le
travail qu'à fait la Francophonie à travers le cadre
stratégique de 2004
* Le cadre stratégique décennal de
2004 : instrument d'orientation de la politique de la Francophonie pour
10ans
Alors que la déclaration de Bamako de 2000 fixe les
missions de la Francophonie d'une manière générale en
matière de démocratie, l'Etat de droit et les droits de l'homme,
et que la charte de 2005 assigne aux Etats les objectifs ambitieux de
l'organisation; le cadre stratégique, lui formule des orientations
stratégiques et des principes qui s'imposent à la programmation
dans des plans quadriennaux8(*).
Adopté lors du Xème sommet des chefs d'Etats et
de gouvernements de la Francophonie à Ouagadougou au Burkina-Faso en
Novembre 2004,ce texte a été adopté sur un consensus en
matière des droits de l'homme, de bonne gouvernance et la
démocratie ainsi que la prévention des conflits et
l'établissement de la paix ( voir texte du cadre en annexe 3). Les
missions assignées dans ce cadre se veulent de portée
générale qui recevra leurs modes de mise en oeuvre dans les plans
d'actions quadriennaux. Plusieurs défis sont ainsi identifiés par
la Francophonie pour l'Horizon 2014. L'un de ces défis est la promotion
de la démocratie et de la justice sociale. Pour la Francophonie, il est
nécessaire d'arriver à instaurer cela car la démocratie
permet non seulement de contenir les conflits mais aussi d'arriver à un
développement des pays membres en proie à de graves conflits.
L'engagement de la Francophonie doit être conséquent dans ces
domaines et cela doit se faire seul ou avec d'autres organisations universelles
ou régionales, ou encore avec la société civile.
L'objectif stratégique de la Francophonie dans le cadre
de la promotion de la démocratie et les droits de l'homme est la
consolidation de ces notions ou valeurs auxquels elle reste attachée. A
cet objectif, elle entend faire respecter les libertés des citoyens par
des actions que les plans d'actions doivent les clarifier et surtout
accompagner les Etats dans leurs efforts à la bonne gouvernance.
Ces objectifs stratégiques serviront de bases aux
programmations des actions et tiendrons compte des préoccupations
réelles dans chaque Etat concerné pour arriver à des
résultats positifs.
Au-delà de tout cet arsenal normatif consacrant cet
engagement de la Francophonie à faire de la démocratie, de l'Etat
de droit et les droits de l'homme l'une de sa raison d'être, c'est avant
tout le développement et la paix qui sont recherché pour une
plus grande jouissance des populations de l'espace francophone.
2- la promotion de la démocratie, de
l'Etat de droit et des droits de l'homme : facteur de paix et de
développement des Etats membres de l'espace francophone
La Francophonie, composée de 70 Etats sur les 192 que
compte les Nations-Unies, reste une grande organisation dont il faut tenir
compte dans la conduite des actions dans le monde. Malheureusement, cette
richesse ne s'accompagne pas de son versant économique car les 2/3 de
ces Etats sont du tiers monde c'est-à-dire les pays en voie de
développement pour ne pas dire pauvres. La plus grande partie des pays
francophones viennent d'Afrique avec tous leurs cortèges de
problèmes. Ces difficultés réduisent
considérablement les efforts ou le rôle de la Francophonie dans
son espace. Dans la plupart de ces pays, il y'a soit une absence notoire de la
démocratie ou soit une démocratie de façade comme le dit
si bien Boutros GHALI9(*) ,
ou encore des pays traversant une période de crise profonde liée
à la gestion du pouvoir ou des questions identitaires. Dans les deux cas
de figures, dominent les pays de l'Afrique subsaharienne comme le Tchad, le
Togo, le Burkina-Faso, le Gabon, le Cameroun etc. ou certains pays de l'Europe
de l'Est comme la Moldavie ou encore la Roumanie.
Face à cette situation, il fallait réagir
d'où la nécessité de traiter le problème à
la source c'est-à-dire la question de la démocratisation des
Etats pour instaurer des Etats de droits et faire respecter les droits de
l'homme. La démarche francophone comme soulignée ci-haut est de
venir en appui aux Etats. C'est toute l'importance du projet francophone autour
des différents textes analysés.
La mission de promotion de la démocratie, de l'Etat de
droit et des droits de l'homme dans l'espace francophone est un enjeu majeur
pour la Francophonie. Mais pourquoi enjeu majeur ?
Nous sommes au 21eme siècle et la démocratie
dans certaines aires géographiques du monde n'est plus
d'actualités car il est plus question de développement, du
partage des richesses et de l'épanouissement des populations. Mais
pour y parvenir, il faut des Etats bâtis sur les principes de
démocratie avec l'homme au centre des préoccupations. D'où
la nécessité de renforcer les capacités de certains pays
dans ces domaines. Dans les déclarations de Bamako, il est
affirmé au chapitre 2 point 1 : « la
démocratie est un système de valeurs universelles,... ;
chacun a le droit d'influer sur la vie sociale, professionnelle et politique et
de bénéficier du droit au
développement ». Ce droit au
développement que recherche la Francophonie à travers ces
différents instruments normatifs ne peut et ne doit se faire que dans
des conditions de paix. On ne peut parler de démocratie que lorsqu'il
y'a la paix dans un Etat et ou les institutions fonctionnent normalement. C'est
pourquoi l'ambition de la Francophonie à travers ce renforcement des
capacités démocratiques des Etats est d'arriver à
créer des conditions de paix. La Francophonie pense que si les Etats
concernés par ces situations respectent les obligations ou engagements
contenus dans les différents textes, on peut arriver à
créer des conditions saines pour un développement. Ces conditions
sont exprimées au chapitre 2 de la déclaration de Bamako de
2000. Plus loin, cette même déclaration
dit : « ... ; la démocratie et le
développement sont indissociables : ce sont les facteurs d'une paix
durable ». Cette phrase exprime toute l'ambition de la
Francophonie dans sa mission de promotion de la démocratie, de l'Etat de
droit et des droits de l'homme. Aussi, en promouvant ces principes, elle entend
prévenir les conflits en amont et ainsi permettre la bonne marche des
institutions nationales des Etats. Ce qui favoriserait considérablement
le développement car en période de conflits, il est difficile de
mettre en oeuvre ces principes et donc empêcher la bonne marche des
institutions et par-dessus compromettre le développement. Cette
démarche est valable pour les pays en situation de démocratie
précaire ou dictatoriale. Ce fut le cas des pays comme le Burkina -Faso,
le Congo et bien d'autres pendant les années 1990. Il faut dire que la
démocratisation de ces Etats s'est accompagnée de graves crises
du fait d'une démocratisation brutale non conforme aux
réalités des Etats. C'est pourquoi la Francophonie entend tenir
compte des situations spécifiques et réalités de chaque
peuple.
Pour renforcer cette recherche du développement et
ainsi la paix, la Francophonie a renforcé son arsenal normatif. C'est
ainsi que dans l'esprit de la déclaration de Bamako, elle a
adopté le 14 mai 2006 une autre déclaration dite de Saint-
Boniface qui permettra à l'organisation de prévenir les conflits
et la sécurité humaine. Dans le préambule de cette
déclaration, au paragraphe 4, il est affirmé : «
convaincu également que la prévention des crises et
des conflits repose aussi sur la sécurité de l'individu, la
satisfaction de ses besoins vitaux, notamment celui de vivre en paix, le
respect de tous ses droits, y compris le droit au développement, toutes
exigences conditionnées par l'existence d'un Etat de droit
démocratique ». Ce Paragraphe montre combien
l'existence de la démocratie et de l'Etat de droit peut contribuer au
développement, à la paix et à la sécurité
des personnes. Toutes les grandes nations ont bâti leur
développement économique sur ces principes : on citera
notamment la France un des pays leaders de la Francophone ; le Canada ou
encore les Etats-Unis d`Amérique. Et d'ailleurs, pour confirmer ces
propos, il sera fait mention plus loin de la contribution significative de la
déclaration de Bamako aux progrès accomplis dans la promotion de
la paix au sein de l'espace francophone. Et comme la paix et le
développement vont de pair, nous pourrons affirmer qu'elle a
contribué au développement de certains pays grâce à
ces instruments et à la coopérations de la Francophonie avec
d'autres organisations internationales, régionales ou sous
régionales, des progrès ont été accomplis dans la
recherche de la paix ,condition pour un réel développement ;
nous pouvons citer comme exemple la normalisation de la situation en Côte
- d'Ivoire après pratiquement 7ans de conflits qui a paralysé le
fonctionnement des institutions et donc freiner l'élan de
développement de ce pays. On peut citer aussi le Mali qui est
aujourd'hui l'un des pays cité souvent en exemple de démocratie
grâce aux efforts de ses dirigeants mais aussi avec l'appui des
partenaires dont la Francophonie et qui aujourd'hui vit une situation plus
agréable en termes de paix et de développement que beaucoup
d'autres pays. Le rapport d'Amnesty international illustre bien les causes
politiques des graves violations qui sont souvent susceptible de
déclencher un conflit ou soit entraver l'avancée de la
démocratie dans ces pays cités dans le rapport10(*)
B/ La création des mécanismes permettant
la réalisation de ces missions
Pour répondre à ces enjeux vitaux et
nécessaires, la Francophonie a défini un programme précis
de mise en oeuvre de ces missions(1) adapté aux organes
crées(2)
1- Des missions définies de manière
précise dans un plan d'action
Dans la suite des engagements pris à Bamako en
200011(*) puis
confirmés dans le cadre stratégique de 200412(*), la Francophonie, pour une
meilleure réalisation de ces missions en matière de
démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme, a établi
un plan d'action (a)qui répond aux capacités financières
de l'organisation(b)
a) La traduction pratique des missions dans un plan
d'action quadriennal :
Dans le souci de clarté et de précision, la
Francophonie a élaboré un plan d'action pour 2006- 2009
conformément à son cadre stratégique décennal. Ce
plan fut adopté par la conférence ministérielle de 2005
à Antananarivo en Madagascar puis approuvé par le Conseil
permanent de la Francophonie en décembre 2006.
Ce plan est une traduction des orientations
stratégiques contenues dans le cadre décennal dont celle
concernant la promotion de la démocratie, de l'Etat de droit et des
droits de l'homme. C'est d'ailleurs la mission principale de la Francophonie
qui apparaît juste après celle de la promotion de la langue
française et la diversité culturelle. Et même que cette
mission est un moyen pour atteindre les objectifs dans la seconde.
La démocratie, l'Etat de droit et les droits de l'homme
ajoutés à la paix sont au coeur de l'action de la Francophonie
depuis la déclaration de Bamako. Cette primauté est encore
réaffirmée récemment par les chefs d'Etats au sommet de
Québec en 2008.
Pour répondre à cette volonté et cette
ambition, le plan d'action a assigné 2 objectifs stratégiques
à cette mission de promotion de la paix, de la démocratie, de
l'Etat de droit et des droits de l'homme : - consolider la
démocratie, les droits de l'homme et l'Etat de droit
- contribuer à la
prévention des conflits, accompagner les processus de sortie de crise et
de transition démocratique et consolider le maintien de la paix
C'est le premier objectif qui nous intéresse même
si les deux se complètent. Aussi ,il est opportun de le préciser
que les actions de la Francophonie ne vise pas à réaliser des
objectifs différentes car ceux-ci se recoupent et leur
réalisation ne peut se faire que dans la mise en place d'un ensemble
d'activités complémentaires , c'est pourquoi les actions sont
projetés selon 3 axes qui permettent d'atteindre cette mission qui est
la promotion de la démocratie ,de l'Etat de droit et les droits de
l'homme. Ces 3 axes sont conçus dans l'esprit des principes universels
de la démocratie, des droits de l'homme et de l'Etat de droit. Mais la
particularité de la Francophonie est qu'elle s'appuie sur la
diversité des cultures qui composent son espace et surtout du capital
conséquent d'expertise dont elle bénéficie , pour
réaliser les 3axes de cette mission de promotion de la
démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme.
* Conforter le développement institutionnel
et la gouvernance démocratique :
Si la déclaration de Bamako de 2000 apparaît
comme le texte fondamental dans la politique de la Francophonie en
matière de démocratie, de l'Etat de droit et des droits de
l'homme ; son ambition date du sommet de Dakar de 1989 où l'accent
était mis déjà sur le développement institutionnel
et surtout la justice dans les démocraties naissantes et
rétablies. Cette ambition s'est conforté dans l'espace
francophone par la priorité qu'accorde de nos jours la communauté
internationale à cet objectif13(*).S'inscrivant dans cette logique, les chefs d'Etats
membres de la Francophonie ont réaffirmé leur volonté
d'accorder d'avantage de moyens afin d'atteindre ce but et
particulièrement par le droit lors de leur sommet de Bucarest en
novembre 200614(*).Le
souci de la Francophonie à travers cet axe est de deux ordres : le
renforcement des capacités des institutions nationales et l'appui aux
pays en situation de conflits ou de sortie de crise.
Pour ce qui est du renforcement des capacités des
institutions nationales, la Francophonie privilégie la formation du
personnel et le renforcement des capacités matérielles afin de
répondre aux besoins cruciaux d'efficacité de ces institutions
dans leurs taches. Ce fut le cas avec les Cours ou Conseils constitutionnels de
certains pays africains membres de la Francophonie dont le Burkina-Faso, le
Madagascar qui ont bénéficié aussi bien de la formation de
leurs personnels que d'une dotation en matériels didactiques .D'autres
par contre ont pu bénéficier des dotations en matériels
informatiques ; c'est le cas du Togo, du Tchad ou de la Moldavie. Ces
dotations ont pour objectifs d'accroître la capacité des
institutions de ces pays à améliorer en qualité et en
quantité les prestations qui leurs sont dévolues. D'autres
formations ont été données à d'autres institutions
nationales telles par exemple la formation des Présidents des conseils
économiques et sociaux ou celui des parlementaires. Le but est de
répondre aux besoins de ces institutions afin de permettre à
chaque institution nationale de fonctionner selon la loi de chaque pays. C'est
aussi la seule manière de contribuer à la bonne gouvernance des
Etats qui souvent manquent des institutions qualifiées pouvant faire une
redistribution équitable des richesses.
En matière d'appui aux pays en situation de crise ou de
sortie de crise, elle intervient particulièrement dans les
procédures électorales et les contentieux qui découlent.
L'objectif est d'aider ces pays en s'appuyant sur son expertise, à
organiser des élections acceptées par toutes les parties en
présence. C'est en tout cas l'explication de sa présence en
République centrafricaine, aux Iles Comores ou encore en
République du Congo. La réalisation la plus importante de cet axe
fut la création de l'OHADA15(*) pour les pays africains membres de l'espace
francophone. Cette norme juridique a permis d'harmoniser les
législations juridiques des pays membres en matière de droit des
affaires, du droit du travail, du droit des sociétés etc. La
Francophonie a non seulement contribué à sa création mais
elle a aussi aidé à la divulgation des manuels permettant son
appropriation par les professionnels du droit et les étudiants.
Le but recherché dans ce premier axe est de donner aux
citoyens de l'espace francophone la possibilité d'avoir un large
éventail de moyens juridiques leurs permettant de jouir de leurs
existence juridique et d'inciter les institutions nationales à plus
d'efficacité et de crédibilité pour le bien des
populations.
*consolider le processus et la vie
démocratique :
Cet axe d'activités répond aux
préoccupations ou buts de la Francophonie exprimés dans la
déclaration de Bamako de 2000.Dans l'esprit du cadre stratégique,
la Francophonie s'attachera particulièrement dans ce programme à
« accompagner le processus démocratique, en
appuyant l'organisation et le déroulement des élections, le
fonctionnement de ses institutions parlementaires » et
en encourageant fortement « la liberté
d'expression et le pluralisme des medias ». Pour la
Francophonie, on ne peut parler de démocratie, de l'Etat de droit et des
droits de l'homme qui si à côté d'autres principes,
existent, une multitude d'expressions différentes avec un respect de
chaque volonté exprimé. C'est un des socles de la
démocratie ; c'est pourquoi des actions conséquentes dans ce
domaine contribueraient fortement à la promotion de la
démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme dans l'espace
francophone. D'où la nécessité de s'impliquer en
permanence pour amener les Etats à respecter ce volet du programme.
La méthode de la Francophonie dans ce programme
consiste à former, renforcer les capacités matérielles et
veiller à la bonne tenue des opérations électorales.
En matière de formation, elle s'appuie sur sa riche
expertise dans ce domaine pour former les personnels d'institutions nationales
qui organisent les élections dans les pays membres de la Francophonie.
Ce fut le cas dans les pays comme le Togo en 2006 ou le Niger en 2005. Ces
formations consistes à doter des membres de ces institutions qui sont
soit des cours constitutionnelles ou des commissions nationales des
élections ; des outils nécessaires pour faire face à
de potentiels contentieux électoraux avec pour but d'assurer des
élections transparentes et crédibles. Mais cela ne suffit pas,
c'est pourquoi un renforcement des capacités matériels est
envisagé aussi par la Francophonie. Il s'agit des matériels
souvent informatiques et bureautiques dont souvent des pays membres de la
Francophonie ne disposent pas. L'objectif là aussi est de les doter des
moyens leurs permettant de traiter les problèmes dans le temps et dans
de bonnes conditions : renforcer la crédibilité de ces
institutions. En plus de ces deux volets dont l'initiative peut venir de la
Francophonie ou d'une demande express des Etats, il faut ajouter la supervision
et l'observation des processus électoraux par la Francophonie. Cette
mission est souvent souhaitée par les Etats afin de garantir la
légitimité et la transparence des élections. Notons que
pour la Francophonie, ce programme vise à renforcer la
crédibilité des élections dans l'espace et assurer
par-là la légitimité des institutions à mettre en
place. Ce sont des conditions nécessaires pour le développement
des Etats car cela éviterait toute contestation qui pourrait bien
être source de conflits, ce qui serait dommage pour la démocratie
et les droits de l'homme. Ce programme a permis à plusieurs Etats comme
le Tchad en 2005, la Moldavie en février 2005 de doter leurs
institutions des outils nécessaires à l'organisation des
élections. Actuellement, la Francophonie s'implique de manière
positive dans la préparation des étapes pouvant amener aux
prochaines élections en Côte d'Ivoire. L'aboutissement de ces
élections permettrait de sortir de cette crise qui bloque toute
politique de développement du pays .La mission de la Francophonie est de
créer les conditions d'une vie politique ouverte à tous sans
distinction aucune et dont les principes de la démocratie seront
respectés.
*Promouvoir les droits de l'homme et la culture
démocratique :
Appréhender dans le quatrième axe de la
déclaration de Bamako de 2000 puis repris par le cadre
stratégique, c'est l'aspect très important de ces 3axes de ces
missions : il vise à ancrer des valeurs dans les comportements, les
esprits des populations de l'espace francophone. Il prend une place primordiale
car sa réalisation faciliterait la réalisation des deux premiers
axes. Il vise dans cet esprit la concertation internationale afin d'arriver
à appuyer les politiques nationales des Etats.
Sur la concertation internationale, le travail consiste
à produire des textes normatifs et autres instruments internationaux
permettant de promouvoir les droits de l'homme ,la démocratie et l'Etat
de droit et dont les Etats se doivent de se conformer dans leurs politiques
nationales. Ce fut le cas avec la création du conseil des droits de
l'homme en 2006 qui remplace l'ancienne commission des droits de l'homme de
l'ONU16(*). Pour confirmer
cet engagement de la Francophonie, les chefs d'Etats des pays membres ont
exprimé leur volonté à Bucarest en 2006 de
développer « une pratique plus active de
ratification et de transposition au niveau national des instruments
internationaux », de même qu'ils ont
réaffirmé « l'importance de
l'éducation et de la formation aux droits de l'homme, à la
tolérance et à la citoyenneté ».Le
souci de la Francophonie est d'inciter les pays membres à valoriser les
engagements de la Francophonie et surtout les mettre en oeuvre, c'est le cas
par exemple de l'implication de la Francophonie pour la ratification par
exemple de la convention sur la diversité culturelle dont elle a
été un des promoteurs et dont beaucoup de pays africains ont
déjà ratifiés. Aussi, la logique de la Francophonie
à travers cet axe est d'inciter la concertation des pays francophones
dans les sphères internationales comme le conseil des droits de l'homme
pour mieux défendre les acquis et les valeurs que défend son
espace.
Les 3 objectifs définis dans ce programme sont le
reflet de l'idée ou du moins de ce à quoi la Francophonie aspire
en matière de démocratie, de l'Etat de droit et des droits de
l'homme pour un développement durable de son espace. Ces désirs
ont été réaffirmés dans les engagements pris au
sommet de Québec en octobre 2008 et qui figure dans la
déclaration de Québec17(*).
Cette mission qui parait d'avance noble et juste ne peut se
réaliser que si des moyens financiers conséquents lui sont
alloués.
b) les moyens financiers permettant la mise en oeuvre
du plan d'action :
Parler des finances des organisations internationales n'est
pas chose facile, car il y'a souvent trop de mystère autour de ce volet.
Toutefois, nous tenterons dans le cas de la Francophonie d'apprécier les
moyens alloués à l'exécution du plan d'action 2006-2009
qui est en cours, avant d'analyser le fond francophone d'initiatives pour la
démocratie, les droits de l'homme et la paix (FFIDDHOP)
*le budget alloué au plan d'action
2006/2009 :
la partie du budget qui nous intéresse est celle
allouée à la mission B qui parle de la promotion de la
démocratie, des droits de l'homme et de l'Etat de droit .Nous
analyserons ce budget en tenant compte de la place qu'occupe cette mission dans
la politique de la Francophonie mais aussi, en le confrontant au budget global
pour en apprécier son importance.
Dans un premier temps, ce qui frappe en regardant de
près ces chiffres est l'invariabilité des sommes allouées
aux 3 programmes détaillés ci-haut dans le document du plan
d'action. C'est à s'interroger si en 3 ans rien ne change dans la
manière de mettre en oeuvre cette politique ou même que les
réalités sont toujours les mêmes. Le monde évolue et
les problèmes persistent, l'espace francophone qui reste la plus
menacée en matière de crise et de conflits ou de pauvreté
ne peut avoir une politique chiffrée sur un même montant sur une
période de 3ans. Ainsi, dans le budget établi pour le plan
d'action, le programme qui bénéficie d'une plus grande cagnotte
est celui sur la consolidation des processus et la vie démocratique. Il
est suivi par le programme sur le développement institutionnel et la
gouvernance démocratique et enfin le dernier est la promotion des droits
de l'homme et la culture démocratique. Ces programmes sont
estimés à près de 20millions d'euros sur une
période de 3ans sur un plan chiffré à 136.867.617 millions
d'euros. Dans le cadre de la mission B dont notre sujet est l'objectif
stratégique 1 ; il est crédité de moins que
l'objectif stratégique 2 qui parle de résolution des
crises : il est budgétisé à 20.170.000 millions
d'euros soit près de 500.000 milles euros de plus. Alors qu' il aurait
été judicieux de mettre l'accent sur le premier objectif en
investissant d'avantage pour prévenir les crises en amont car souvent
ces crises sont les conséquences des situations des pays non
respectueux des principes de démocraties et des droits de l'homme
fondement d'un Etat de droit. Cette mission B qui, dans le cadre de la
francophonie politique et institutionnelle occupe une place privilégie
demeure très loin de la mission A sur la promotion de la langue
française et la diversité culturelle et linguistique qui est
doté de 44.179.000 millions d'euros, soit pratiquement 4millions de
plus que la mission qui parle de la paix, de démocratie et droits de
l'homme. La promotion de la langue et de la diversité culturelle ne peut
se faire qu' s'il y'a la paix et que les institutions nationales fonctionnent
bien d'où la nécessité encore une fois d'investir
d'avantage sur la mission D.C. est un élément nécessaire
pour réaliser tous les autres missions.
En pourcentage, la promotion de la démocratie, de
l'Etat de droit et des droits de l'homme bénéficie de 13% du
budget général du plan d'action 2006/2009 sur 29% alloué
à la mission B dont elle est le premier objectif stratégique. La
mission A qui traite de la langue française et de la diversité
culturelle bénéficie quant à elle de 32% du budget global
du plan. Cette différence exprime encore combien la francophonie demeure
un espace géoculturel très marqué par son attachement
à la langue française. Toutefois, cette marge financière
accordée à la promotion de la démocratie, aux droits de
l'homme et à l'Etat de droit relate aussi la nette avancée et la
volonté de la Francophonie de voir son espace devenir un exemple de paix
et de démocratie. Ce budget est en nette augmentation par rapport aux
précédents car en plus de ce plan, existent d'autres fonds qui
permettent de financer des actions dans ce domaine.
* Fond francophone d'initiatives pour la
démocratie, les droits de l'homme et la
paix(FFDDHOP) :
Créer lors du sommet des chefs d'Etats de la
Francophonie à Beyrouth en octobre 2002 pour tenir compte de leurs
volontés de « favoriser l'émergence de nouveaux
partenariats entre initiatives publiques- privées, mobilisant tous les
acteurs oeuvrant pour la reconnaissance, la protection et le respect des droits
de l'homme» ; ce fond est conçu dans la logique de la
Francophonie, d'introduire les valeurs de démocratie et des droits de
l'homme dans les comportements et esprits des populations de l'espace
francophone. Cet engagement de Beyrouth sera réitéré au
sommet d'Ouagadougou de 2004 qui réaffirme les principes de la
déclaration de 2000 à Bamako. C'est ainsi que conformément
à cette déclaration et au cadre stratégique ,la
Francophonie s'emploie à « développer
systématiquement une véritable éducation à la
démocraties aux droits de l'homme dans chacun des pays francophones
à tous les niveaux de l'enseignement primaire, secondaire, universitaire
et extrascolaire intégrant aussi les activités de sensibilisation
et de formation menées par les différents acteurs et artisans de
la culture démocratique ».
Pratiquement, ce fonds a deux volets :
-1- Un volet concours qui s'adresse aux organisations de la
société civile des pays francophones qui peuvent concourir aux
appels d'offres ou appels à propositions que lance la Francophonie. ce
volet vise à promouvoir l'éducation citoyenne et la culture de la
paix par des projets montés par des organisations de la
société civiles qui doivent être mise à la fin du
projet à la disposition des maisons francophones. Certains
critères sont requis pour soumissionner à ce volet du fond. Il
existe quelques critères dont les plus importants sont la zone
d'exécution du projet qui doit être dans un des pays du
Sud18(*) membre de la
Francophonie ; la durée qui ne doit pas dépassé un an
et la participation financière de l'ONG qui doit être de 30% du
montant du projet qui ne doit pas excédé 65000euros .
-2- Le second volet est un fond de partenariat qui s'adresse
aux organismes et institutions de formations partenaires de la Francophonie.
Ces institutions
peuvent être nationales ou internationales travaillant
dans le domaine des droits de l'homme. Leurs projets doivent aussi être
dirigés vers les pays du sud et surtout doit viser la formation des
formateurs. Les cibles sont souvent les avocats, magistrats, fonctionnaires
pénitenciers, enseignants, partis politiques, medias etc., et peut
contrairement au premier, revêtir la forme d'un séminaire, d'un
colloque ou d'une formation.
Depuis la mise en oeuvre de cet outil, la Francophonie a
lancé déjà 3 appels à proposition qui ont permis
à plusieurs organisations du sud ou du nord à en
bénéficier, permettant ainsi à plusieurs pays du sud de
profiter des résultats de ce fond parmi lesquels le Togo, la Mauritanie,
la Moldavie etc.
Au regard de ces outils textuels et financiers, comment se
fait l'exécution sur le terrain, autrement dit qui fait quoi en
matière de démocratie et de droits de l'homme ?
2- des organes structurés pour l'application de ces
missions :
La structure de la Francophonie diffère de certaines
organisations du fait de sa particularité mais aussi du fait de son
histoire.
Cette particularité est de mise aussi quant à la
mise en oeuvre de sa mission de promotion de démocratie, de l'Etat de
droit et des droits de l'homme. La Francophonie a développé une
pratique propre à elle qui consiste à mettre la
société civile au coeur de sa mission de promotion de
démocratie et des droits de l'homme d'où la création de
plusieurs réseaux institutionnels (b'). Mais le secrétariat
général garde toute sa place dans la mise en oeuvre de cette
mission par le biais de la délégation à la paix, à
la démocratie, et aux droits de l'homme(a').
a) le secrétariat Général et
ses acteurs : principaux artisans de la promotion de la démocratie, de
l'Etat de droit et des droits de l'homme dans l'espace francophone :
La charte de la Francophonie adoptée en novembre 2005,
fixe les objectifs et les rôles des différents organes principaux
de l'organisation. Ainsi conformément à l'article 7 de cette
charte, le secrétariat général conduit l'action politique
de la Francophonie et en est le représentant officiel. Le paragraphe 3
de ce même article dit : « le
secrétaire général se tient informer en permanence de
l'état des pratiques de la démocratie, des droits de l'homme et
des libertés dans l'espace francophone». Cette
primauté du rôle du Secrétaire Général de la
Francophonie exprime le cap de l'organisation dans les domaines politiques et
particulièrement celui de la démocratie, des droits de l'homme et
de l'Etat des droits. Toutefois ce rôle, il le délègue
dans la pratique à la délégation à la paix,
à la démocratie et aux droits de l'homme (DDHPD).
* Le travail de la Délégation
à la paix, à la démocratie et aux droits de l'Homme
(DDHPD)
Crée à l'initiative du Secrétaire
Général de la Francophonie, cette structure qui est
rattachée au secrétariat général de la
Francophonie, est l'organe central de l'organisation en matière de
promotion de la démocratie de l'Etat de droit et des droits de l'homme.
Elle est chargée de mettre en oeuvre les actions programmées dans
le plan d'action conformément aux principes de Bamako et des
orientations du cadre stratégique.
Ses actions sont orientées vers le renforcement des
capacités et la contribution à travers son large expertise
à l'instauration d'une vie politique saine dans les pays en
difficulté.
Dans le domaine de renforcement des capacités des
institutions nationales et de promotion et protection des droits de l'homme,
elle met l'accent sur la formation et la sensibilisation. La formation qu'elle
donne aux structures des Etats ayant fait la demande, se fait par les
différents programmes mis en place par la Francophonie. C'est le cas des
programmes de formation aux conseils ou cours constitutionnels sur le
règlement des contentieux électoraux. Cette formation a
été donnée à l'institution constitutionnelle des
pays comme le Tchad et le Togo en 2003, le Madagascar en 2005 et bien d'autres
encore. La sensibilisation est menée en directions des acteurs de la vie
politique pour une prise en compte des droits de l'homme dans toutes leurs
actions. Ce sont surtout les medias, les magistrats, les militaires, les
avocats, les partis politiques, les fonctionnaires pénitentiaires etc.,
l'objectif est d'amener ces acteurs à respecter les principes de
démocratie et des droits de l'homme dans toutes leurs activités.
Au-delà de ces actions d'ordre interne des Etats, elle encourage aussi
les Etats à ratifier les instruments internationaux de protection et
promotion des droits de l'homme et surtout les appliquer effectivement. Pour
cela, elle apporte son expérience dans les explications des textes,
leurs biens fondés et surtout la manière dont elles contribuent
au développement des Etats.
Le travail de contribution de la délégation
consiste à soutenir et participer à l'élaboration des
textes consensuels fondamentaux des Etats et veiller à leur
conformité aux normes internationales. Cette contribution a pour but de
faire de même tous les acteurs à la vie politique et surtout
veiller au respect de la liberté de la presse, acteur fondamental de la
démocratie et qui souvent est mis à l'écart dans beaucoup
de pays dont certains pays africains. En plus de ces missions, la
délégation à crée un observatoire de la paix, de la
démocratie et des droits de l'homme qui lui permet de suivre
l'évolution de la situation de la démocratie et des droits de
l'homme en permanence dans les pays membres de la Francophonie. Cet
observatoire permet aussi de répondre le plus rapidement à des
situations de rupture de la démocratie dans certains pays à
travers les différentes antennes dont elle dispose. Elle a aussi
développé un partenariat très efficace avec la
société civile à travers les différents
réseaux institutionnels qui permettent de renforcer cette politique de
promotion de la démocratie, de l'Etat de droit et des droits de
l'homme.
b) les réseaux institutionnels de la
Francophonie : nouveaux acteurs de la promotion de la démocratie,
de l'Etat de droit et des droits de l'homme :
C'est toute la particularité de la Francophonie en
matière de mise en oeuvre de sa politique de promotion de la
démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme. Ce choix de
l'organisation s'explique par le fait qu'il est plus efficace d'associer les
différents acteurs institutionnels dans les Etats si on veut arriver
à des résultats positifs. Et d'ailleurs, toute la politique de la
Francophonie réside autour du renforcement des capacités des
institutions. Il est souvent difficile pour ces institutions de
répondre favorablement à leurs obligations fautes de moyens ou de
capacités suffisantes en matériels ou en techniques. C'est dans
cette optique que plusieurs réseaux vont être
développés dont les plus importants en matière de
démocratie , de l'Etat de droit et des droits de l'homme sont
l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), associations des
cours constitutionnels de la Francophonie, union des conseils
économiques et sociaux et institutions similaires des Etats et membres
de la Francophonie,, conférence internationale des barreaux de tradition
juridique commune etc. . Chaque réseau est constitué autour d'un
thème précis qui touche aux droits de l'homme et de la
démocratie. L'objectif est d'arrivé à mobiliser tous les
acteurs qui travaillent dans les différents niveaux d'un pays. Parmi
ces réseaux cités, l'Assemblée parlementaire de la
Francophonie apparaît comme un véritable acteur de
l'organisation.
Crée en mai 1967 à Luxembourg à
l'occasion de sa première assemblée constitutive,
l'assemblée internationale des parlementaires de langue française
(AIPLF) répondait ainsi aux préoccupations de Monsieur
Léopold Sedar SENGHOR exprimées en février
1966 : « ce sont les peuples qui, par
l'intermédiaire de leurs élus, pousseront les gouvernements
à aller de l'avant. Il faudrait réunir dans une association
interparlementaire les parlements de tous les pays où l'on parle
français ». C'est en juillet 1998 lors de sa
session à ABIDJAN en Côte d'Ivoire que cette institution
deviendra l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF).
Organe consultative de la Francophonie, cette instance joue un
rôle assez important dans la politique de la Francophonie en
matière de paix, démocratie et droits de l'homme. Elle contribue
à deux niveaux :
-2- D'abord, elle joue son rôle propre qui est de
mettre en place et renforcer par l'adoption des textes les institutions
démocratiques des pays membres. Elle organise des missions de bons
offices pour la restauration de la démocratie à travers la
résolution des conflits ou des missions d'observations
électorales pour contribuer à l'organisation des élections
démocratiques. C'est surtout cette dernière qui fut plus
développée par l'assemblée ces dernières
années. Plusieurs missions ont été effectuées au
Sénégal en 2007 pour les élections présidentielles,
en Madagascar en 2005 aussi pour les élections présidentielles ou
encore au Togo en 2005 pour les mêmes élections. En plus de cela,
elle conduit aussi des missions de coopération interparlementaires comme
le projet NORIA qui a pour but d'aider les parlements du Sud19(*) à mettre un
système d'information et à diffuser l'information parlementaire
francophone.
-3- Sa deuxième mission se fait en collaboration avec
l'OIF dans le cadre de ses missions de paix, démocratie et droits de
l'homme. C'est le cas lors de la préparation du symposium sur les
pratiques de la démocratie, des droits de l'homme et des libertés
dans l'espace francophone qui a abouti à l'adoption de la
déclaration de Bamako, cheville ouvrière de la politique de la
Francophonie dans ces domaines.
II- LA PROMOTION DE LA DEMOCRATIE, DE L'ETAT DE DROIT
ET DES DROITS DE L'HOMME: UNE OEUVRE DIFFICILLE ET COMPLEXE A REALISER DANS
L'ESPACE FRANCOPHONE
L'OIF dans sa mission de promotion de la démocratie, de
l'Etat de droit et des droits de l'homme se heurte à deux
problèmes majeurs, le premier problème découle de l'espace
francophone qui subit de forte tension politique et le second problème
découle de la nature même de l'organisation.
Nous allons donc voir dans un premier temps une
difficulté politique accentuée dans l'espace francophone (A`) et
dans un second temps une complexité de ses missions liée au
fonctionnement de l'OIF (B`).
A/ Une difficulté politique accentuée
dans l'espace francophone.
Ces difficultés que rencontre la Francophonie pour la
réalisation de ses missions de promotion de la démocratie, de
l'état de droit et des droits de l'homme sont d'une part liée
à l'instabilité de certains Etats francophones (2) et d'autre
part au principe de la souveraineté de l'Etat (2).
1. Une difficulté liée à
l'instabilité politique de certains Etats francophones.
Cette difficulté que rencontre l'OIF dans son
désir de promouvoir la démocratie, l'Etat de droit et les droits
de l'homme est liée aux multiples visages des Etats membres francophones
et à l'inefficacité des efforts de démocratisation face
aux conflits.
a- Les multiples visages des Etats dans l'espace
francophone.
L'OIF est fière de sa présence sur les cinq
Continents à travers ses membres, mais cette diversité
déjà géographique conduit aussi à une
diversité culturelle et de modes de gouvernances.
La Francophonie se retrouve donc face à cette
diversité en ayant en tête sa vision de la démocratie.
·La vision francophone de la démocratie :
vers une diversité démocratique
La démocratie est le régime politique dans
lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple,
sans qu'il y ait de distinctions dues à la naissance, la richesse...
telle est la définition de la démocratie idéale.
La Déclaration de Bamako de 2000 considère la
démocratie comme étant un système de valeurs universelles
et pose ses caractéristiques qui sont: la tenue d'élections
libres à intervalles régulières, fiables et transparents,
l'existence de partis égaux en droit et la pratique d'un dialogue
à tous les niveaux.
Il est vrai que la Francophonie avait besoin que ses membres
se mettent d'accord sur ce que l'organisation entendra par démocratie
c'est chose faite avec la Déclaration de Bamako mais quelques remarques
sont à étudiées.
D'une part, ces éléments constitutifs d'un Etat
démocrate ne peuvent pas forcement être réunis partout si
on regarde la présence d'Etats francophones à travers le monde.
Prenons le cas de la France et celui du Vietnam pour illustrer
notre propos.
La France, patrie de la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen de 1789, n'a plus théoriquement de
problèmes dans la mise en oeuvre de cette notion sur son territoire.
Tandis que pour le Vietnam un point pose problème car il a émis
une réserve avec le Laos au motif que « la
démocratie et le multipartisme sont deux notions différentes et
ne peuvent s'identifier. La démocratie est une finalité alors que
le multipartisme n'est qu'un chemin. Le chemin pour y parvenir
décidé par chaque pays doit être défini par son
peuple en fonction de ses spécificités culturelles, historiques,
économiques et sociales.»20(*)
D'autre part, la perception de la démocratie peut
changer d'un Etat francophone à un autre du fait de la situation
politique moderne ou traditionnelle dans laquelle il se trouve. Prenons le cas
du Maroc pour illustrer nos propos.
Le royaume du Maroc a pour régime politique une
Monarchie constitutionnel, c'est un type de régime politique qui
reconnaît comme chef d'Etat un monarque ici héréditaire,
mais le pouvoir de celui-ci est limité par une Constitution.
La Déclaration de Bamako de 2000 confirme cette
diversité diplomatique au sein de l'espace francophone
« pour la Francophonie, il n'y a pas de mode
d'organisation unique de la démocratie ... »
· La diversité des situations
politiques dans l'espace francophone.
L'espace francophone comprend une mosaïque de situations
politiques car ses pays membres se trouvent dans les cinq Continents du Globe,
ce qui nous oblige à faire une distinction forcement rapide entre la
situation politique dans les Etats francophones du Sud et la situation
politique dans les Etats francophones du Nord.
Dans les pays francophones du Nord, la situation parait
généralement claire car ces pays se sont confrontés
à la démocratie depuis quelques siècles comme le cas de la
France.
En France, la démocratie, l'état de droit et les
droits de l'homme n'est plus apparemment à remettre en question car
autant les pouvoirs publics que la population française les
considèrent comme un acquis.
De temps en temps un droit de l'homme apparaît dans
l'univers normatif français par le biais d'une ratification d'un
engagement international.
On constate qu'en France ces notions, chères à
l'OIF sont tellement ancrées dans les moeurs que le peuple
français, les hommes politiques et les intellectuels sont prêts
à défendre toute remise en cause.
Prenons l'affaire Dieudonné il y a quelques
années, quand l'humoriste s'est vu refuser la présentation d'un
de ses spectacles à cause de ses positions sur certains sujets à
polémiques.
L'opinion publique s'est mobilisée dans des
manifestations menées par Reporters sans frontières, pas pour
défendre les idées prônées par l'humoriste mais pour
défendre la liberté d'expression.
Mais même si on peut considérer la France comme
une vielle démocratie elle n'est pas pour autant infaillible, certains
se souviennent encore des fameuses chaussettes lors des élections
municipales à Perpignan en octobre 2008.
Dans les pays du Sud plusieurs cas de figures peuvent se
présenter où la démocratie est bafouée. Le premier
cas concerne les démocraties dites de façade c'est-à-dire
que le pays peut être vu comme étant démocratique par le
monde extérieur mais il s'avère que cette démocratie n'est
pas effective sur le territoire.
Nous pouvons prendre par exemple les cas du Tchad et du
Gabon.
*Le Tchad est officiellement une République
démocratique parlementaire mais dans les faits, on est en
présence d'un régime autoritaire21(*).
Cette affirmation peut se vérifier par rapport aux
pouvoirs entre les mains du Président Idris Deby qui nomme les ministres
dans un Etat qui ne compte qu'un seul Parlement. Comportement contraire
à la notion de démocratie même, qui prône
l'équilibre des pouvoirs. Ces pouvoirs présidentiels sont
contraires à un Etat de droit tel qu'il est définit par l'article
2 alinéa 2 de la Charte de Bamako qui stipule que
l'« Etat de droit qui implique....., la séparation
des pouvoirs .... ».
On peut aussi mettre en relief le sort des prisonniers
politiques au Tchad qui sont aussi bien des opposants que des journalistes,
d'ailleurs l'opposition tchadienne est malmenée par le parti au pouvoir
entre les arrestations, les détentions arbitraires et le manque de
visibilité imposé. Ici les actions du Président envers la
presse sont contraire à l'article 2 alinéa 5 de la
Déclaration de Bamako qui dispose que la démocratie suppose
« l'existence de partis politiques égaux en
droits, libre de s'organiser et de s'exprimer.... ». Le
Tchad a eu recours à une révision constitutionnelle par
referendum le 6 juin 2005, portant sur plusieurs aspects préalablement
votés par l'Assemblée nationale le 23 mai 2004. Le point à
retenir concerne la modification de l'article 61 de la Constitution qui
permettra au président de se présenter indéfiniment aux
élections présidentielles.
* La République gabonaise est un régime
présidentiel avec Omar Bongo comme second président depuis
l'indépendance en 1960, au départ dictateur grâce à
un parti unique sur lequel il s'appuyait le parti démocratique gabonais,
celui-ci après des agitations populaires dans les années 1990 a
su se « démocratiser » en acceptant le
multipartisme. Mais ce multipartisme est illusoire car Bongo à travers
les élections, qui sont contestés régulièrement par
ses opposants, est resté jusqu'à maintenant au pouvoir et demeure
« l'homme fort » du Gabon. Dans
ce pays aussi les droits des opposants ne sont pas respectés ce qui
constitue une atteinte à l'article 2 alinéa 5 de la
Déclaration de Bamako.
Le second cas concerne ces pays nouvellement
démocratiques qui retombent dans l'excès avec des gouvernements
qui tentent par des moyens constitutionnels de rester aux pouvoirs et
accaparent ainsi les votes du peuple. Pour illustrer nos propos nous allons
nous pencher sur le Sénégal.
*La République du Sénégal est
indépendante depuis les années 1960, depuis 2000 l'actuel
président est Abdoulaye Wade. Cet Etat est souvent cité comme
étant le pays le plus démocratique et le plus stable d'Afrique
car n'ayant jamais été la proie de coup d'Etat. On lui reproche
notamment deux choses, le premier concerne la révision de la
Constitution sénégalaise22(*) intervenue en 2008 qui fusionne en une Cour
suprême unique la Cour de Cassation (qui a pour rôles de
réguler l'activité des Cours et Tribunaux, assurer
l'égalité de tous devant le droit et de garantir la
sécurité de l'activité économique) et Le Conseil
d'Etat (qui a pour rôle de contrôler et de conseiller
l'administration).
Le second reproche concerne la révision de
l'alinéa 1 de l'article 27 de la Constitution sénégalaise
qui prolonge la durée du mandat présidentiel de 5 à 7 ans
renouvelable une fois votée le 28 juillet dernier par les
députés. Il est vrai que la modification ne concerne pas le
mandat du président en exercice au moment de l'adoption de la loi
constitutionnelle mais qui nous garantit que le prochain président
sénégalais ne serait pas Abdoulaye Wade.
Cette loi constitutionnelle remet en cause l'article 2
alinéa 3 de la Déclaration de Bamako qui stipule que «
la démocratie exige en particulier, la tenue à intervalles
réguliers, d'élections libres..... »
Il est vrai que les illustrations commentées
ne reflètent pas des crises de la démocratie comme les
définie la Déclaration de Bamako en son chapitre 5 alinéa
3 « ... rupture de la démocratie ou de violations
massives des droits de l'homme... » Prisent ici
selon l'interprétation de la Tunisie « `par
rupture de la démocratie' entendre `coup d'Etat' par' violations
massives des droits de l'homme' entendre `
génocides' ». mais il s'agit quand même de
tentatives qui remettent en cause la démocratie, l'état de droit
et les droits de l'homme.
Les efforts de promotion de la démocratie, de l'Etat de
droit et des droits de l'Homme de l'OIF peuvent être aussi vains quand le
pays francophone se trouve en situation de conflits militaires ou civils.
b- L'inefficacité des efforts de
démocratisation face aux conflits.
La Francophonie se trouve ici en présence d'un Etat
francophone qui est en proie à une guerre civile ou militaire, où
les tentatives de l'OIF de promotion de la démocratie, de l'état
de droit et des droits de l'homme n'ont aucun effet car soit l'Etat n'existe
plus soit la population n'est pas en mesure d'écouter.
·Le cas des pays en prise à des
guerres civiles ou militaires.
Ici nous pouvons prendre comme exemple le Rwanda et la
République Démocratique du Congo (RDC) qui ont été
chacun en proie à des guerres civile pour l'un et militaire pour
l'autre. D'ailleurs ces Etats limitrophes sont encore des zones sensibles
surtout la RDC qui subit encore des soubresauts de la guerre jusqu'à
récemment.
*Le cas du Rwanda.
Tout le monde a encore en tête le génocide
rwandais survenu après l'attentat qui a tué entre autres le
président rwandais Juvénal Habyarimana le soir du 6 avril 1994.
Le génocide rwandais s'est déroulé du 6 avril au 4 juillet
1994 dans le cadre d'une guerre civile qui opposait le gouvernement rwandais
qui s'était autoproclamé Hutu Power avant le génocide et
le Front patriotique rwandais accusé par les autorités
d'être essentiellement Tutsi. L'ONU estime que 800.000 personnes ont
été massacrées lors de ce génocide au
Rwanda23(*).
*Le cas du RDC : la situation au Nord Kivu.
Vu l'étendu de la tâche notre étude se
bornera d'effleurer les « crises » en RDC car nous
n'allons étudier que la situation au Nord Kivu.
Le Kivu est une province de la République
Démocratique du Congo dont la capitale est Goma et divisé depuis
1988 entre trois provinces, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Maniema.. En
novembre 2008, de violents combats opposent les milices du Congrès
national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda à
l'armée congolaise dans la province du Nord-Kivu. Historiquement,
Laurent Nkunda rejoint la nouvelle armée intégrée de la
RDC en 2003 c'est-à-dire avec la fin officielle de la deuxième
Guerre du Congo, armée mise en place sous le gouvernement de transition.
Il y fût promu général mais rejette rapidement
l'autorité du gouvernement et se repli avec ses troupes issues du
RDC-Goma (fraction armée puissante commandé par le Docteur Emile
Ilunga) dans les forêts du Masisi dans le Nord-Kivu.
A partir de 2004 les forces de Nkunda entrent en conflit avec
l'armée de la RDC au Sud-Kivu qui s'accompagne d'affrontement avec
l'armée régulière en 2005, en 2006. Début 2007 pour
enrayer « cette menace » le gouvernement tente
d'intégrer d'avantage les troupes de Nkunda au sein des Forces
armées de la RDC (FARDC) dans un processus appelé
brassage sans effet et celui-ci contrôle désormais cinq
brigades plutôt que deux.
Un accord de paix fût négocié en janvier
2008 avec les partisans de Nkunda et fût signé le 23 janvier en
incluant une déclaration de cessez-le-feu immédiat, un retrait du
Nord-Kivu de Nkunda, le retour au village de milliers de civils et
l'immunité des forces de Nkunda. Malgré le fait que cet accord de
paix tient toujours des combats ont eu lieu en mai 2008 entre les forces de
FARDC et les FDLR.
On a donc eu un bref aperçu de deux situations
conflictuelles contemporaines dans l'espace francophone, maintenant il s'agit
d'étudier la réaction de l'OIF.
· Les réactions de
l'OIF.
Si malgré le travail de la Francophonie en amont pour
promouvoir la démocratie, l'état de droit et les droits de
l'homme des conflits meurtrières se déclenchent encore sur
l'espace francophone l'OIF a bien du mal à réagir surtout comme
c'est le cas ici les conflits découlent de problèmes plus
profonds enracinés dans l'histoire locale entre l'ethnologie et
territoires.
*L'immobilisme international face au génocide
rwandais.
Le constat est dur mais on a assez de recul maintenant pour
qualifier ce manque de réaction à l'échelle international
d'immobilisme.
Il est vrai que le Conseil de Sécurité des
Nations Unies a adopté, avec l'appuie de la Francophonie, la
résolution 912 le 21 avril 199424(*). Cette résolution constate, condamne et
demande l'arrêt immédiat des « violences et des
carnages »25(*).
On constate d'ailleurs que le terme génocide n'est
aucunement employé dans cette résolution, ce terme
n'apparaît qu'à la résolution du 8 juin 1994, ce qui n'est
pas anodin car son utilisation par l'ONU entraîne immédiatement
l'application de l'article 8 de la Convention des Nations Unies sur la
prévention et la répression du crime dé génocide de
1948. L'application de cet article est lourde de conséquence car il
oblige les organes compétents de l'ONU à prendre
« les mesures appropriées pour la
prévention et la répression des actes de
génocide ». Il s'agit donc ici pour l'ONU
d'intervenir directement sur le terrain, chose que ne peut faire la
Francophonie du fait qu'elle n'est pas une organisation dotée d'effectif
militaire d'où la coopération et les liens étroits qu'elle
entretienne avec l'ONU.
La communauté internationale peut mettre en avant leur
implication pour la présence onusienne sur place à travers son
contingent militaire de la Mission des Nations Unies pour l'Assistance au
Rwanda ( MINUAR), crée en octobre 1993 et dissoute en mars 1996.
Malheureusement la MINUAR n'avait ni l'effectif, car n'était
composé que de 2548 hommes, ni le mandat, car l'aire géographique
de sa mission de sécurité était limitée à la
ville de Kigali et ses alentours pour agir avec efficacité et
rétablir la paix.
Voilà ce que les rwandais reprochent à la
communauté internationale, une inertie qui s'est soldé par 800000
de morts.
Cette tragédie a eu encore des répercussions
dernièrement sur l'OIF26(*), lorsque le président rwandais dans une
interview publiée par le journal britannique The Times a émis le
souhait de rejoindre le Commonwealth. Ce souhait résulte du fait que le
Rwanda demande et attend toujours des excuses de la France par rapport au
soi-disant rôle de la France lors du génocide.
Il est préjudiciable pour l'OIF que le Rwanda fasse un
amalgame entre la Francophonie et la France. La Francophonie n'interdit pas
pour autant à ses membres de faire partie d'autres organisations,
linguistiques soient elles, donc adhérer au Commonwealth ne veut pas
forcément dire tourner le dos à la Francophonie. En même
temps, étant donné la proximité des Etats anglophones
avoisinants le désir du Rwanda peut se justifier.
*La réaction de l'OIF face à la crise au
Nord-Kivu.
Face à la crise au Nord-Kivu qui peut être
qualifié de « violations massives des droits de
l'homme », même si ces violations soient l'oeuvre des rebelles,
selon la vision de la Déclaration de Bamako, la Francophonie n'a pas
réagi officiellement.
Par contre certains observateurs considèrent que le
fait d'avoir attribué à Madagascar le prochain Sommet de 2010
peut être vu comme une condamnation implicite, en tout cas par ce non
attribution l'OIF parait mettre en doute la possibilité pour le RDC de
maintenir une paix durable.
On a vu à travers ces deux crises que les interventions
de l'OIF sont assez limitées et que lorsqu'il s'agit d'aller
militairement sur le terrain porter secours à la population locale, la
Francophonie collabore avec l'ONU qui a la légitimité27(*) et l'effectif pour ce genre de
mission.
L'intervention de l'OIF pour promouvoir la démocratie,
l'état de droit et les droits de l'homme est aussi difficile par rapport
au respect qu'elle doit à la souveraineté de ses Etats
membres.
2-La souveraineté des Etats : véritable
obstacle à la mise en pratique de la politique de la Francophonie en
matière de démocratie, d'Etat de droit et des droits de
l'homme.
La Francophonie ne peut promouvoir la
démocratie, l'Etat de droit et les droits de l'homme qu'avec l'accord
total et l'entière coopération des pouvoirs publics francophones
car l'organisation respecte le principe de souveraineté des Etats et
n'intervient dans un Etat que lorsque celui-ci le permet.
a- Le principe de la
souveraineté des Etats membres de l'OIF.
La souveraineté est le droit exclusif qu'exerce une
autorité politique sur son territoire ou sur son peuple. Ce principe a
pour corollaire le principe de non-ingérence défini par la
Charte des Nations Unies dans l'article 2 .7 du Chapitre I
« Aucune disposition dans la présente Charte
n'autorise les Nations Unies à intervenir dans les affaires qui
relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un
Etat. »
L'OIF rappelle ce principe dans la Déclaration de
Saint-Boniface sur la prévention des conflits et sécurité
humaine d'adoptée le 14 mai 2006 «
Réitérons notre attachement à un
système multilatéral actif, efficace et imprégné
des valeurs démocratiques, fondé sur le respect de
l'intégrité territoriale, l'indépendance politique, la
souveraineté des Etats et le principe de non-ingérence dans
les affaires intérieures.... ».
A travers cette déclaration l'OIF fixe elle-même
les limites de ses interventions, cette limitation explique peut-être les
prises de positions lors des tumultes démocratiques dans l'espace
francophones, que les profanes interprètent comme un manque de
volonté, voire d'utilité de l'OIF.
La seule exception au principe de souveraineté est la
responsabilité de protéger de la Déclaration de
Ouagadougou adoptée lors de la Xe Conférence des chefs d'Etat et
de gouvernement datant du 26 au 27 novembre 2004.
Ici il s'agit de la responsabilité de protéger
les populations sur le territoire d'un Etat et ne pourra être
enclenchée que lorsque trois conditions bien précises sont
réunies.
La première condition requière des violations
massives des droits de l'homme et du droit international humanitaire sur les
populations présentes sur le territoire d'un Etat francophone. La
seconde condition implique l'incapacité ou le manque de volonté
de cet Etat à protéger les populations qui sont sur son
territoire. Et la dernière condition, réglemente l'intervention
de la communauté internationale car cette intervention ne pourra se
faire que dans le cadre d'un mandat du Conseil de sécurité des
Nations Unies et sous son égide.
Dans la lecture de ces conditions on relève que
l'élément déclencheur de l'intervention de la
communauté internationale, c'est la violation massive des droits de
l'homme et du droit international humanitaire, à contrario la rupture
de la démocratie sans violations massives des droits des populations se
passera sans l'intervention de la communauté internationale.
Ces propos nos permet de revoir sous un angle nouveau le coup
d'Etat du 23 décembre 2008 en Guinée Conakry. Après 24 ans
à la tête de la république de Guinée Lansana
Conté meurt des suites d'une longue maladie, le 22 décembre,
selon la Constitution guinéenne après que la vacance du pouvoir
soit constaté par le président de la Cour Suprême, la
gestion des affaires du pays doit revenir au président de
l'Assemblée Nationale qui se chargera d'organiser une élection
présidentielle dans les 60 jours.28(*)
Le 23 décembre 2008 au matin des dignitaires de
l'armée annoncent la dissolution du gouvernement et la suspension de la
Constitution29(*) puis le
Capitaine Moussa Dadis est portée à la tête du Conseil
National pour la Démocratie (CNDD) avant de devenir le troisième
président de la république de Guinée le 24
décembre.
Il s'agit donc ici d'un coup d'Etat qui, rappelons-le, est
condamné par l'OIF en vertu de l'article 3 alinéa 5 de la
Déclaration de Bamako de 2000 « pour
préserver la Démocratie, la Francophonie condamne les coups
d'Etat et toute autre prise de pouvoir par la violence, les armes ou quelque
autre moyen illégal ; ».
Le secrétaire général de la Francophonie
a réagi par deux communiqués consécutifs datant du 23 et
du 25 décembre 200830(*) en condamnant ce coup d'Etat militaire
guinéen31(*).
Lors d'une session extraordinaire le 16 janvier 2009, le
Conseil permanent de la Francophonie adopte une résolution dans laquelle
il condamne ce coup de force32(*).
L'OIF n'a pas d'autres alternatives que les voies
diplomatiques car d'une part elle respecte la souveraineté de l'Etat
guinéen et d'autres part aucune violation ni des droits de l'homme, ni
du droit international humanitaire n'a été constaté ici
pour justifier une intervention extérieure. Il a d'ailleurs
été constaté par la résolution du Conseil permanent
de la Francophonie que le coup d'Etat s'est déroulé sans
violence et avec l'aval de la population qui voulait changer de
régime.
L'OIF laisse donc le soin aux nouveaux gouvernants de faire en
sorte que la vie constitutionnelle véritablement démocratique
revienne le plutôt possible.
Nous avons vu que les interventions de l'OIF sur le terrain
sont bien encadrées mais il n'en demeure pas moins que pour la promotion
de la démocratie, de l'état de droit et des droits de l'homme la
Francophonie est bien présente sur son espace mais dans un contexte
où les pouvoirs publics et la population sont bien plus réceptifs
qui est celui de la dialogue et de la formation.
b- Les interventions de la Francophonie dans un
espace de dialogue et de formation.
La Francophonie intervient ici en tant que partenaire
privilégié de l'Etat qui la sollicite et met à la
disposition de cet Etat des experts et surtout les moyens logistiques dans le
but de promouvoir la démocratie, l'état de droit et les droits de
l'homme.
Dans ces perspectives nous allons voir ces soutiens de l'OIF
dans deux domaines primordiaux pour la démocratie, celui de la Justice
et celui des élections.
En ce qui concerne la justice, la plupart des pays
francophones ont depuis quelques années adhérées à
des associations francophones telles que l'Association des Hautes Juridictions
de Cassation des Pays ayant en partage l'Usage du Français
(AHJUCAF)33(*),
crée en 2001 l'AHJUCAF compte 48 Cours
Suprêmes dont un observateur.
Ces adhésions à des pléiades
d'associations ne peuvent cacher les maux qui rongent la Justice francophone
tel que « la corruption » et « la justice
à deux vitesses », ces maux concernent surtout les pays du
Sud.
La corruption conduit à l'inefficacité de la
justice et perdure dans les pays du Sud malgré les luttes
acharnées faites par les pouvoirs publics pour confondre les corrupteurs
et sanctionner les corrompus.
Lors du Congrès de Yaoundé en décembre
2006 la Conférence internationale des barreaux de tradition juridique
commune (CIB) sous le thème de « la justice et
l'argent »34(*)
ont adopté trois positions face à la corruption, positions que le
CIB demande à ses membres d'appliquer sur le terrain : une
meilleure rémunération, des décisions de justice
motivées et être plus ferme avec tous les actes de corruptions.
Ces efforts sont louables mais est ce qu'ils sont
réalisables lorsque dans les faits le pays est endetté, n'arrive
pas à payer ses fonctionnaires et que l'inflation galope.
La justice à deux vitesses entraîne le
manque de confiance de la population envers l'institution judiciaire, elle est
corollaire à la corruption car fait en sorte que les aisés et les
démunis ne soient pas jugés de la même manière et
s'accompagne souvent de trafic d'influence.
D'ailleurs c'est dans cette optique d'avoir une justice libre,
performante et proche de la population que la Déclaration de Paris fut
adoptée le 14 février 2008 lors de la Ve Conférence des
ministres francophones de la Justice35(*).
Quand aux élections, nous aurons la
possibilité d'aborder de nouveau cette question mais dans un aspect
autre que celui-ci.
Les pays francophones qui le souhaitent ont la
possibilité de demander à l'OIF son accompagnement tout au long
du processus électorale. Il s'agit ici de bénéficier de
l'expérience et de l'expertise francophone dans un cadre de
coopération et de suivi.
En cela l'OIF peut former les agents qui auront la lourde
tâche de préparer, de surveille et de procéder aux
dépouillements lors de ces élections.
Par exemple des formations aux outils informatiques ont
été données par les agents accrédités par
l'OIF ou bien des aides financières ont été fournies par
la Francophonie pour que le personnel puisse se former à l'informatique.
L'OIF dans certains pays francophones fournit la logistique nécessaire
aux élections.
Sur certaines élections l'OIF, avec l'aval du pays
concerné, envoie des observateurs pour contrôler le
déroulement des scrutins, pas seulement lors des votes mais pour voir
l'état général du pays : médias,
oppositions....
D'ailleurs ces observations qui se concluent par un rapport,
rendu public ultérieurement par le secrétaire
général de l'OIF, valide l'élection en question sur le
plan international.
Nous pouvons prendre comme exemples : la mission
d'observation du second tour du scrutin présidentiel et élections
provinciales du 29 octobre 2006 au RDC ou la mission d'observation des
élections législatives du 5 juillet 2006 en Ex- République
Yougoslave de Macédoine36(*).
On reproche souvent à ces missions d'être trop
consensuels, trop diplomatiques et ne reflétant pas forcement la
réalité.
On a vu donc que la tâche de l'OIF n'est pas
aisée car il faut à la fois respecter les pays souverain et
promouvoir la démocratie, l'état de droit et les droits de
l'homme et son fonctionnement ne lui facilite pas cette mission de promotion
de la démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme
B) Une complexité de ces missions liées
au fonctionnement de l'OIF.
La volonté de l'OIF de promouvoir la démocratie,
l'Etat de droit et les droits de l'homme sur l'espace francophone est
réelle mais cette volonté se heurte d'une part au fait que la
Francophonie est une institution politique fragile (1) et d'autre part que la
Francophonie est une institution dépourvue de moyens juridiques
contraignants (2).
1. Une institution politiquement fragile.
La fragilité de l'OIF dans son aspect politique
découle de sa vocation culturelle d'origine qui
« masque » sa vocation politique naissante.
) Une institution fragilisée par sa vocation
culturelle d'origine.
L'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT)
crée en 1969 avait pour vocation comme son nom l'indique de
réunir autour d'une langue des Etat et gouvernement parlant le
français dans un but de coopération culturelle et technique. Ici,
il s'agit de partager cette culture française véhiculée
par le français.
La vision française de la Francophonie.
Depuis le départ, la France avait beaucoup de
réticence à l'égard de ce projet de regroupement des pays
nouvellement indépendants désireux de poursuivre avec la France
des relations fondées sur des affinités culturelles et
linguistiques.
Cela peut s'expliquer par le traumatisme engendré par
la décolonisation. D'ailleurs on constate malgré ces
années que ce traumatisme est toujours présent, prenons deux
exemples assez parlant à ce sujet : le premier concerne le
débat à propos de l'adoption en France de l'article 4 de la Loi
du 23 février 2005 et le second concerne l'Algérie.
La loi française n° 2005-158 du 23 février
2005 37(*) portant
reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des
français rapatriés a suscité un débat houleux en
France et surtout dans les anciennes colonies françaises. Dans son
article 4 « les programmes scolaires reconnaissent en
particulier le rôle positif de la présence française
outre-mer, notamment en Afrique du Nord et accordent à l'histoire et aux
sacrifices des combattent de l'armée française issus de ces
territoires la place éminente à laquelle ils ont
droit ». C'est surtout la première partie du
texte qui a réveillé les tensions, il y a ici encore une
incapacité des uns et des autres à débattre publiquement
de la décolonisation et qui fait de cette partie de l'histoire
« une faute honteuse » de la France qu'il vaut
mieux laisser de côté.
En ce qui concerne l'Algérie le paradoxe persiste car
c'est l'un des plus grands pays francophones sans faire pour autant partie de
la Francophonie. Cette position se comprend à travers les liens
historiques étroits et conflictuels entre la France et l'Algérie
car pour cette dernière la Francophonie n'est que le reflet de la
France.
Il y a quelques années les leaders algériens ont
toujours refusé tout lien avec la Francophonie mais cette situation a
semble-t-il changé car le Président algérien Bouteflika a
été l'invité personnel du Président libanais Emile
Lahoud lors du IXème Sommet de la Francophonie à Beyrouth en
2002, où il a prononcé un discours important devant
l'Assemblée exprimant l'ouverture de l'Algérie au monde. En ce
qui concerne l'adhésion de l'Algérie à l'OIF cette
question n'est pas encore d'actualité car l'opinion publique
algérienne n'est pas encore prête à franchir ce pas.
En survoltant ces deux exemples on eut comprendre les
réticences de la France à mettre en exergue ce volet politique de
la Francophonie et préfère se contenter de privilégier le
volet culturel pour éviter ainsi de se faire traiter de néo-
colonialiste à travers cette organisation. En tout cas la France par ses
« peurs » sous-estime la force de la Francophonie en
matière de politique étrangère comme ce fût le cas
« lors du sommet de Beyrouth en 2002 lorsque les 55 chefs d'Etats et
de gouvernements présents ont appuyé et donc conforté la
position de la France sur la guerre en Irak »38(*).
La vision des francophones de la
Francophonie.
Il est tout à fait dommage de réduire la
Francophonie à son élément culturel même en sachant
que son rayonnement dans son espace se constate plus par sa
représentation culturelle et technique comme par exemple à
travers les alliances françaises, sources de documentations et
d'ateliers pour des milliers de francophones et autres. Aussi à travers
des festivals comme la Francofolies qui met en scène à la
Rochelle les artistes francophones, au même titre que le festival du film
francophone. Ou encore à travers les jeux de la francophonie
compétition sportive très appréciée par les
francophones.
On peut aussi prétendre que cette vision culturelle de
la Francophonie rassure les Etats francophones surtout ceux issus des anciennes
colonies françaises car ce sphère culturel est moins
polémique et leur évite le sentiment d'être à
nouveau sous la tutelle de la puissance coloniale. Ces anciennes colonies
promptes à la schizophrénie voient la main de la France sous les
décisions de l'OIF car il faut le rappeler la France est jusqu'à
ce jour le principal « bailleur de fonds de
l'OIF » grâce à ses contributions
financières et autres. Si ces pays issus de la décolonisation
veulent avancer il faudra qu'ils s'affranchissent de cet héritage et
savoir faire la part des choses entre la Francophonie et la France. De toute
façon ils sont bien conscients de leur poids dans cette organisation car
les institutions de l'OIF sont faîtes de sorte qu'aucun pays francophone
ne prédomine face à un autre, tout en respectant le principe
« d'un Etat, une voix ».
Il est donc indéniable que la Francophonie est
imprégnée de culture donc pourquoi ne pas tirer profit de cette
richesse commune à tout francophone pour apprendre à mieux se
connaître c'est-à-dire aller vers l'autre et éviter ainsi
certaines incompréhensions si souvent sources de conflits dans l'espace
francophone.
Il s'agit ici de faire de cet héritage commun de
l'ACCT un atout pour l'avenir comme ce fût le cas lors de la
création de celle-ci. En sachant que la Charte de la Francophonie
rappelle dans son article 1 que « la Francophonie
respecte la souveraineté des Etats, leurs langues et leurs
cultures ». Ce qui fait la richesse de cette aire
géoculturelle c'est son multiculturalisme à travers le respect et
la place qu'elle donne aux cultures de ses pays membres. Comme le rappelle si
bien le cadre stratégique décennal de la Francophonie
adopté lors de la Xe Conférence des chefs d'Etat et de
gouvernement à Ouagadougou le 26 et 27 novembre 2004
« la Francophonie a su devenir un espace de concertation,
permettant à ses membres d'échanger des informations,
d'élaborer le cas échéant des positions communes et
d'intervenir efficacement dans les débats des autres instances
internationales.»
Mais pour éviter d'être réduit à
sa dimension culturelle l'OIF doit plus vulgariser ses raisons d'être au
sein de l'espace francophone, voir au-delà en mettant en relief ses
compétences et surtout ses apports à la communauté
mondiale.
Mais face au contexte politique international l'OIF se doit de
réagir pour ne pas laisser ses membres en proie à des
difficultés politiques.
-La présence de l'OIF sur les
questions politiques au sein de son espace.
Il n'est pas possible pour l'OIF d'ignorer les questions de
nature politique sur son territoire car elle demeure un acteur
privilégié au sein de son propre espace.
D'ailleurs cet engagement est réaffirmé dans le
Cadre stratégique décennal de la Francophonie mise en place lors
du Xe Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant le
français en partage à Ouagadougou le 26 et 27 novembre 2004. La
mobilisation de la Francophonie dans le sphère politique y est
considérée comme un des engagements pour lesquels celle-ci se
mobilise car « elle donne à la Francophonie une
image forte, lisible et crédible ».
L'OIF sur ce plan intervient seule ou en partenariat avec
d'autres organisations intergouvernementales universelles ou régionales
ou encore avec la société civile afin pour une partie de
promouvoir la démocratie, l'état de droit et les droits de
l'homme dans l'espace francophone.
* L'OIF en tant que seule intervenante pour la promotion
de la démocratie, de l'état de droit et des droits de l'homme.
Cette intervention de l'OIF peut se faire dans le cadre des
élections au sein d'un Etat francophone car celles-ci sont un
élément de consolidation de la démocratie surtout quand
l'Etat est en sortie de crise.
En vertu du principe établi par la Déclaration
universelle des droits de l'Homme de 1948 en son article 21, que la
Déclaration de Bamako du 03 novembre 2000 reprend
« la démocratie exige la tenue, à
intervalles réguliers, d'élections libres, fiables et
transparentes, fondées sur le respect et l'exercice des libertés
publiques.»
Ici, il s'agit pour la Francophonie d'éviter que cet
élément de la démocratie, qui est l'expression même
de la volonté du peuple, fasse l'objet de manipulation ou autres
tentatives de fraudes qui pénaliseraient le parti le plus
« faible ».
Ces intervention de l'OIF dans le cadre des processus
électoraux s'inscrivent dans le cadre de la mise en oeuvre du chapitre V
de la Déclaration de Bamako du 3 novembre 2000 qui d'ailleurs
recommande notamment au secrétaire général de l'OIF de se
tenir informer en permanence de la situation de la démocratie, des
droits et des libertés dans l'espace francophone..... »
Ces interventions se manifestent par deux actions
interdépendantes39(*) : l'observation des élections et
l'assistance électorale, ces missions ont pour but de renforcer la
crédibilité des processus électoraux tout en favorisant
l'échange d'expériences et des pratiques positives au sein de
l'espace francophone.
Ainsi, entre 2006 et 2008, la francophonie a organisé
près de soixante missions à caractère électoral et
a entrepris des actions multiformes destinées à renforcer les
capacités des acteurs et des institutions en charge de la
préparation, de l'organisation et du contrôle des
élections40(*).
Prenons deux exemples de missions d'observation
électorale41(*) :
- Aux Comores lors des élections du Président de
l'Union des Comores du 14 mai 2006 et lors des élections primaires a
Anjouan du 16 avril 2006. Au Togo lors des élections législatives
du 14 octobre 2007.Prenons deux exemples de missions d'information et / ou de
contact :
- En Haïti pour une mission d'information et
d'accompagnement du processus électoral lors du second tour des
élections législatives et sénatoriales du 21 avril
2006.
- Au Mali pour une mission d'information à l'occasion
de l'élection présidentielle du 29 avril 2007.
* La coopération entre l'OIF et d'autres organisations
intergouvernementales universelles ou régionales ou encore avec la
société civile.
Cette coopération entre l'OIF et les autres
organisations intergouvernementales se manifeste soit par des collaborations
sur le terrain soit par des réunions internationales sur des questions
d'actualités.
On peut prendre comme illustration la réunion sur les
partenariats en matière d'alerte précoce et de prévention
des conflits le 21 et 22 avril 2008 à l'initiative de l'OIF et de l'ONU
en présence de la majorité des organisations et institutions
internationales et régionales. Il s'agissait ici d'échanger des
expériences entre praticien de l'alerte précoce et de la
prévention des conflits.
On relève aussi l'existence de collaborations entre
l'ONU et l'OIF dans le cadre de l'observation et l'assistance électorale
lors de différentes échéances électorales au sein
de l'espace francophones.
Prenons le cas d'une concertation sur le terrain entre l'OIF
et l'ONU au sein de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation de
Haïti dans le cadre de sa mission d'observation lors du premier tour des
élections présidentielles, législatives et
sénatoriales du 7 février 2006, ainsi que dans le cadre de sa
mission d'information et d'accompagnement lors du second tour des
élections législatives et sénatoriales du 21 avril
200642(*).
D'ailleurs à ce propos, l'article 12 de la Charte de la
Francophonie dit : De la Conférence des organisations
internationales non gouvernementales et des organisations de la
société civile stipule que « Tous les ans,
le Secrétaire général de la Francophonie convoque des
organisations internationales non gouvernementales,
... » . Ce qui prouve la place que donne l'OIF aux acteurs
internationaux non gouvernementaux.
b) Une institution à vocation politique qui fait
encore ses preuves.
C'est depuis le Sommet de Hanoi datant du 14 au 17 novembre
1997 que la Francophonie a revêtu son habit politique en se dotant d'une
Charte et d'un secrétaire général qui lui permet d'avoir
plus de visibilité sur le plan international.
Cette politisation de la Francophonie n'est qu'au stade du
commencement et cherche à s'étoffer au fur et à mesure.
-1- Le problème des adhésions «
massives » : question d'appartenance à la famille
francophone.
Des 20 pays membres au début de l'ACCT, l'OIF en compte
56 Etats et gouvernements et 14 Etats observateurs d'où les craintes de
certains membres face à ces élargissements continus aujourd'hui.
Le statut de membre de l'OIF concerne les pays ou les gouvernements qui font
partie des Sommets de la Francophonie, tandis que le statut d'observateur lui
est donné à l'Etat ou le gouvernement qui l'a sollicité et
qui fait réellement preuve d'un intérêt pour la
Francophonie et ses valeurs, et manifeste la volonté de favoriser le
développement de l'usage du français dans son pays.
Comment garder ce sentiment d'appartenance entier quand des
pays n'ayant presque pas du tout l'usage du français, même en
troisième langue, se retrouve membre de l'OIF?
Tout d'abord, concernant cette préoccupation majeure
des membres de l'OIF cet élargissement peut se comprendre si on
dépasse le sphère linguistique. Car cette volonté
d'adhésion peut se comprendre à travers des raisons historiques,
éducatifs, économiques, politiques et idéologiques,
d'ailleurs ces raisons sont aussi louables que la raison linguistique. En
accueillant d'autres membres l'OIF est fière de partager ses valeurs
avec d'autres pays, qui ne rêvent que d'y adhérer et profiter de
cette aire géoculturelle qu'est la Francophonie.
Par contre les francophones des premiers instants, ceux issus
des anciennes colonies françaises, s'inquiètent de ces multiples
élargissements. Cette inquiétude découle la plupart du
temps d'une crainte de voir diminuer leur influence sur la Francophonie et les
aides qu'ils reçoivent de l'OIF.
Ensuite les détracteurs retiennent de ces ouvertures
que le désir de la France de contrer les influences américaines
dans le monde. Cette conclusion est un peu rapide car comme nous l'avons vu
précédemment le Francophonie n'est pas un extension de la
France.
Selon le secrétaire générale de l'OIF
Abdou Diouf les pays membres de l'OIF ne cherchaient pas
à défendre le français contre l'anglais, mais
"nous considérons que l'honnête homme du XXIe
siècle, doit pouvoir parler sa langue maternelle et parler au moins
deux grandes langues de communication internationale et quand nous disons cela,
nous disons le français et l'anglais ».
Donc il ne faut pas voir dans ces élargissements une
« guerre » d'influence entre les anglo-saxons et les
francophones car en ces temps de mondialisation ou règne le
multilatéralisme un pays ne peut se contenter d'appartenir qu'à
une seule organisation internationale ou régionale.
- Le désir de l'OIF d'exister internationalement
sur la scène politique.
Comment mieux défendre les intérêts
de ses membres que d'exister un peu plus sur le plan politique international,
le désir de l'OIF sur ce sujet est parfaitement légitime.
D'ailleurs à ce jour, la place de l'OIF sur la
scène internationale n'est plus contestée, voir sa participation
est sollicité, c'est dans ce sens que la Convention sur la protection et
la promotion de la diversité des expressions culturelles en 2005
à l'UNESCO a pu être adopté.
Pour mieux valoriser ce rôle politique international il
faudra que l'OIF, un jour prochain, en plus des débats et
réunions donc du temps de parole qu'elle accorde à ses membres,
puisse parler en une seule voie, au nom de ses membres sur le plan
international et avoir ainsi une ligne de conduite unique.
Ce sera grâce à cette union que la Francophonie
puisse constituer un vrai groupe de pression, fort de ses pays membres elle
puisse ainsi peser sur les affaires du monde.
Déjà en 2003, lors de la première guerre
du Golf c'est grâce aux soutiens des pays francophones à l'ONU que
la France a pu défendre sa position sur cette guerre.
Selon Michel Guillou la Francophonie doit
« être un contre-pouvoir en faveur de l'humanisme, de la
diversité, du dialogue des cultures et de la
solidarité... »43(*).
Si on considère qu'à l'heure actuelle plus de la
moitié des contingents de l'ONU se trouve sur le sol francophone, il
n'est pas vain de penser qu'il faudra que l'OIF soit plus présent sur le
volet politique car qui mieux que la Francophonie connaît son espace et
surtout que la Francophonie aura l'avantage de la langue commune
partagée par ses membres pour véhiculer la démocratie,
l'état de droit et les droits de l'homme mais surtout la paix .
Avant d'avoir plus d'écho sur le plan international
surtout en ce qui concerne la politique, l'OIF doit faire face à des
problèmes d'ordre institutionnel qui font obstacle sur ce plan.
2- Une institution dépourvue de moyens
juridiques.
Malgré une volonté considérable
d'être plus en phase avec les problèmes mondiaux et surtout
d'être réactive face à ceux-ci, l'OIF se heurte autant
à son inexistence juridique sur le plan international qu'au manque de
moyens de pression que cela entraîne.
) L'OIF et « le besoin » d'un
Traité constitutif.
Selon la Charte de la Francophonie
« l`organisation internationale de la Francophonie est
une personne morale de droit international public et possède la
personnalité juridique. »
- Le problème du manque de Traité constitutif
Francophone.
Ce problème fut posé très tôt mais
quelques obstacles à empêcher sa concrétisation.
En premier lieu, certains Etats craignent que l'adoption d'un
nouveau Traité constitutif se fasse sans eux car ils seront dans
l'incapacité de le ratifier. Parmi ces craintes celle du Québec
paraît fondé car celui-ci, en voulant ratifier le nouveau
traité, que le Canada remet en cause sa participation aux Sommets en
tant que « gouvernement
participant ».
La question n'est donc pas résolue car les francophones
se contentaient d'utiliser la Convention de Niamey du 23 mars 1970, qui
mettait en place l'ACCT qui n'a aucune valeur juridique.
On peut définir une organisation internationale comme
étant une association d'Etats souverains établie par un accord,
qui est généralement un traité international qui
définit son statut, entre ses membres et est dotée d'un appareil
permanent d'organes communs, chargés de la réalisation des
intérêts communs par une coopération entre eux. Elle
possède une personnalité juridique distincte de celle des Etats
membres.
Cet accord entre ses membres est constaté par un
instrument juridique qui peut être une Charte. Dans le cas de la
Francophonie les fondateurs à cause des raisons invoquées
précédemment n'ont pas voulu aller plus loin.
Que penser de la Charte de la Francophonie alors, bien qu'elle
donne la définition du rôle et des missions de l'OIF elle n'est
malheureusement qu'un support juridique de l'ensemble du cadre institutionnel
de l'OIF.
La Francophonie dans les faits a soif d'un vrai Traité
qui sera son acte fondateur et surtout qui comportera les droits et devoirs de
pays membres. Un tel Traité fondateur permettra à la Francophonie
de responsabiliser les Etats membres avec les droits et devoirs qui incombent
à la signature d`un acte fondateur. Et ce sera à travers ce
Traité et fort de sa légitimité que l'OIF pourra mettre
plus l'accent sur la promotion de la démocratie, de l'état de
droit et des droits de l'homme sur son espace.
Il est vrai que le fait de faire de doter l'OIF d'un acte
fondateur ne sera pas vu favorablement par certains Etats membres car ce n'est
sûrement pas l'OIF dans laquelle ils ont adhéré au
départ c'est-à-dire cette communauté culturelle et
linguistique. Cela sous-entend aussi des droits mais surtout des devoirs
auxquels les membres doivent se plier, choses assez difficiles à faire
entendre à ce jour.
Selon Michel Guillou dans la Gazette de la presse francophone
de novembre 2004 « Un traité est
nécessaire. Il faut travailler à le rendre possible dans un
avenir proche. La Francophonie politique a besoin d'un traité qui la
fonde. L'importance pour le monde de son mandat le justifie
simplement »44(*)
D'ailleurs Michel Guillou a mené une réflexion
pour savoir quel type de Traité il faut avoir pour la
Francophonie45(*)
c'est-à-dire un nouveau traité ou une modification du
traité de Niamey ?
Pour Michel Guillou une modification
« présenterait l'énorme avantage de donner
à la Francophonie, par métamorphose du traité de Niamey
point de départ emblématique de la Francophonie
intergouvernementale, les instances dont elle aurait dû se doter 35 ans
plus tôt. »
« Dans le cas contraire, il faudra se
résoudre à faire un nouveau traité pour donner une
personnalité juridique internationale à l'Organisation
internationale de la Francophonie, le traité de Niamey étant
abrogé ou tout le moins modifié.»
Ces réflexions du spécialiste Michel Guillou
nous font entrevoir l'ampleur de la tâche car les pays francophones sont
assez réticentes à cette idée de mettre en place un
nouveau Traité car le traité de Niamey revêt presque un
caractère sacral auprès des Etats francophones car reflète
la volonté des pères fondateurs de l'idée de
communauté francophone.
- Les conséquences sur les
Etats francophones
Les effets de cette inexistence juridique de la Francophonie
sur les Etats membres se font sentir sur deux points : sur le manque de
désir de ces Etats à participer au rayonnement de l'OIF et sur
leur manque de volonté dans les ratifications des traités
internationaux proposés par l'OIF.
Les Etats francophones ne montrent presque aucun
désir à participer au rayonnement de la Francophonie soit en
n'aidant pas l'OIF à promouvoir la Francophonie dans l'espace
francophone soit en évitant de participer aux différentes
missions proposées par la Francophonie.
On a l'impression que la question francophone ne passionne pas
le public dans l'espace francophone. Ce désintérêt du
public n'est autre que le reflet du désintérêt des
gouvernants et des élites car c'est à ceux-ci que revient la
tâche de la vulgarisation de la francophonie pour que le peuple
francophone développe ce sentiment d'appartenance.
L'OIF aura du mal à promouvoir ce qu'elle entend par
démocratie, état de droit et droits de l'homme si le public
à qui elle s'adresse n'ait pas la conscience de l'origine
déjà des concepts, de la richesse des concepts et du désir
de la Francophonie a leur en faire bénéficier.
Il est bien dommage que la Francophonie demeure obscure et
méconnaissable au sein de son espace et de penser que ce le peuple
perçoit du désir de démocratie, d'état de droit et
de droits de l'homme de l'OIF, juste une ingérence dans les affaires
d'autrui. Cette vision est malheureusement partagée par certains peuples
francophones.
Le manque d'investissement des pouvoirs publics se
manifeste d'ailleurs dans la lenteur que prennent les processus de ratification
des traités internationaux proposés par l'OIF.
La Déclaration de Bamako fait de la ratification des
traités internationaux un des objectifs du quatrième axe majeur
de l'exigence démocratique.
L'OIF ne peut contraindre ses Etats membres à ratifier
les engagements qu'ils ont signé. Ces Etats bien qu'en ayant
signé en connaissance de cause omettent de les ratifier pour que ces
engagements s'intègrent dans leurs normes internes. Il est vrai que ces
engagements internationaux foisonnent au XXI e siècle et que les Etats
francophones sont parfaitement conscients que la ratification entraîne
des conséquences qui un jour pourront se retourner contre eux.
Mais le but ici ce n'est pas de mettre à l'abri de la
pression internationale tel ou tel gouvernant mais de protéger son
peuple contre une violation de ses droits fondamentaux.
C'est dans le cadre du Conseil des droits de l'Homme
crée par l'assemblée générale de l'ONU le 15 mars
2006 que l'Examen Périodique Universel (EPU) est mise en place par la
Résolution 60/251.
L'EPU entre autre pour but de faire respecter par les Etats
les obligations et engagements prisent en matière de droit de
l'Homme.
Le Conseil des droits de l'Homme est composé de 47
Etats élus par l'Assemblée absolue pour une période de
trois ans, chaque pays y fera l'objet de débat et l'examen se fera sur
la base de trois documents : un rapport présenté par l'Etat
concerné, un autre émanant du Haut-commissariat aux Droits de
l'homme résumant les informations rassemblées par l'ONU et un
dernier rapport émanant du Haut-commissariat sur les positions des
ONG.
L'EPU est donc un instrument plus efficace pour examiner
l'état des ratifications des traités internationaux et l'OIF
grâce à la collaboration étroite qui existe entre la
Francophonie et l'ONU a contribué à sa mise en place.
D'ailleurs c'est dans ces engagements internationaux que
résident tous les dispositifs inhérents aux droits de l'Homme que
l'OIF tente de promouvoir et surtout de défend.
b) L'OIF: un fonctionnement complexe.
Cette complexité de la Francophonie se situe sur
l'interdépendance de ses organes institutionnels qui dans les faits en
cas de rupture de la démocratie ou de violations massives des droits de
l'homme réagit tardivement.
- La complexité de l'OIF dans l'interdépendance
de ses organes.
Cette interdépendance se confirme lorsque les organes
de l'OIF interviennent conjointement en cas de rupture de la démocratie
ou de violations massives des droits de l'Homme dans l'espace francophone.
Les actions des organes de l'OIF se passent en deux temps.
Dans un premier temps, en cas de rupture de la
démocratie ou de violations massives des droits de l'homme dans un Etat
francophone, le Président de la Conférence ministérielle
de la Francophonie doit être saisie par le Secrétaire
générale à des fins de consultation. Cette question doit
faire l'objet d'une inscription immédiate et automatique à
l'ordre du jour du CPF qui au cas où la situation le requière
peut être convoqué d'urgence en session extraordinaire.
Le CPF doit confirmer la rupture de la démocratie ou
l'existence des violations massives des droits de l'Homme, les condamner
publiquement et exiger le rétablissement de l'ordre constitutionnel ou
l'arrêt immédiat des ces violations. Cette décision est
à signifier aux parties concernées.
Le secrétaire général se met en rapport
avec les autorités des faits. Il peut convoquer sur place une mission
d'information et de contacts, le rapport établi ainsi est
communiqué aux autorités nationales pour commentaires qui ensuite
seront soumis au CPF qui jugera la pertinence.
Dans un second temps si la rupture de la démocratie ou
les violations massives des droits de l'Homme sont jugées pertinente le
CPF peut prendre un certains nombres de mesures administratives et
financières.
Les mesures administratives sont :
-refus de soutenir les candidats présentés
par les pays concerné à des postes électifs au sein des
organisations internationales,
-refus de la tenue de manifestations ou de
conférences de la Francophonies dans les pays concerné,
-recommandations en matière d'octroi de visas aux
autorités de fait du pays concerné et réduction des
contacts gouvernementaux,
-suspension de la participation des représentants du
pays concerné aux réunions des instances,
-proposition de suspension du pays concerné de la
Francophonie. En cas de coup d'Etat militaire contre un régime issu
d'élections démocratiques, la suspension est
décidée.
La mesure financière elle concerne la suspension
de la coopération multilatérale francophone, à l'exception
des programmes qui bénéficient directement aux populations
civiles et de ceux qui peuvent concourir au rétablissement de la
démocratie. Ici, l'OIF fait en sorte que la population ne pâtit
pas des mesures prises car il est vrai que dans la plupart des cas la fin des
subventions ou des missions humanitaires et autres n'ont des
conséquences que sur la population locale.
Dès lors que la situation se normalise ou du moins des
dispositions ont été prises par l'Etat concerné pour la
normalisation de la situation, le CPF constate les faits en se
prononçant sur le processus de retour au fonctionnement régulier
des institutions, assorti de garanties pour le respect des droits de l'Homme et
des libertés fondamentales.
Le CPF met en place des mesures d'accompagnement de ce
processus en partenariat avec d'autres organisations internationales et
régionales.
En cas de besoin, le CPF saisit la Conférence
ministérielle de la Francophonie par le canal de son
Président.
La question de la rupture de la démocratie ou des
violations massives des droits de l'Homme dans un pays et des mesures prises,
reste inscrite à l'ordre du jour du CPF aussi longtemps que subsistent
cette rupture ou ces violations.
- Illustration: Les institutions de l'OIF face au coup d'Etat
en Guinée.
Cette interdépendance des organes de l'OIF aboutit
à une lenteur de la prise de décisions lorsque des situations de
rupture de la démocratie ou de violations des droits de l'homme se
passent dans un pays francophone comme ce fut le cas dans la République
de Guinée lors du coup d'Etat de décembre dernier. Ce coup de
force a eu lieu le 23 décembre 2008 et la résolution du Conseil
permanent de la Francophonie, réuni en conseil extraordinaire, n'a
été émise que le 16 janvier 200946(*).
Il est vrai que le que le Secrétaire
général de la Francophonie s'est exprimé sur ce sujet
à deus reprises dans des communiqués47(*) en condamnant fermement cette
prise de pouvoir illégal, mais cette condamnation n'a aucune valeur
juridique et d'ailleurs n'engage pas l'Etat qui est condamné.
La Francophonie exprime son point de vue à travers une
résolution. En l'espèce, en cas de rupture de la
démocratie, de l'Etat de droit et des droits de l'homme des
résolutions peuvent être émises par le CPF, ces
résolutions marquent la prise de position officielle de l'OIF.
Cette résolution est la conclusion d'une session
ordinaire ou d'une session extraordinaire, comme ce fut le cas ici par rapport
au coup d'Etat en Guinée, du CPF et servira de ligne de conduite de
l'OIF sur ce cas précis.
Ces résolutions bien que prisent dans le but de
sanctionner une rupture de la démocratie ou des violations massives des
droits de l'homme et du droit international humanitaire ont des effets
contraignants limités.
Ces effets contraignants sont limités car bien qu'ils
condamnent la rupture ou les violations, ce sont plus des condamnations morales
car n'ont d'effet que sur la Francophonie.
Les sanctions prises par le Conseil permanent de la
Francophonie à l'égard des autorités locales sont
conformes aux sanctions qu'on a vu précédemment car dans le cas
guinéen le CPF « prononce la suspension,
conformément aux dispositions du chapitre V de la Déclaration de
Bamako, à titre provisoire, de la participation des représentants
de la Guinée aux réunions des instances de la Francophonie d'une
part, et de la coopération multilatérale francophone d'autre
part, à l'exception des programmes bénéficiant directement
aux populations civiles et de ceux qui peuvent concourir au
rétablissement de la
démocratie; » 48(*).
L'absence de personnalité juridique de l'OIF se
constate sur l'impact de ses décisions.
On a pu voir précédemment les réactions
de l'OIF en cas de remise en cause de la démocratie, de l'état
de droit et des droits de l'Homme sur l'espace francophone.
Ce survol nous montre bien que les sanctions prises par l'OIF
ne sont presque que de nature diplomatiques du fait de l'absence de
personnalité juridique de la Francophonie.
Il est vrai qu'en matière de promotion de la
démocratie, de l'état de droit et des droits de l'homme cette
carence n'a presque pas de répercussion sur le travail fait sur le
terrain par l'OIF.
CONCLUSION.
Promouvoir la démocratie, les droits de l'homme et
l'État de droit, quoi de plus ambitieux et noble comme mission ?
C'est justement cet objectif que s'est fixé la Francophonie depuis le
Sommet de Bamako qui s'est clôturée par une déclaration
dite « Déclaration de Bamako » en 2000. Cette
mission n'est pas seulement une ambition mais une nécessité pour
les pays membres de cet espace. Une nécessité qui s'explique par
quelques raisons :
-1- Une nécessité parce que la promotion de ces
principes contribue à prévenir les conflits et donc créer
des conditions favorables à la paix ;
-2- Une paix qui peut permettre un développement des
pays car il ne peut y avoir de développement sans la paix. Le
développement permet aussi de lutter contre la pauvreté dans la
plupart de ces pays.
-3- Une nécessité aussi pour la Francophonie
qui fait du troisième dialogue le moteur de son action. Et la
réussite d'un tel dialogue n'est pas possible que si des peuples ont la
liberté de leurs pensées. la diversité culturelle ne peut
se faire que si des conditions de paix sont posées et cela n'est
possible que par le respect des principes démocratiques.
En dépit de cette analyse succinctement
résumé, il semble évident que le travail de la
francophonie en matière de démocratie, de l'État de droit
et des droits de l'homme, ne fait que commencer dans l'espace francophone car
il ne date que de 2000 donc environ 8ans ; ce qui est loin de ce
véritable enjeu que les Nations Unies ont lancé en faveur de la
démocratie et des droits de l'homme il y a 60 ans avec la
Déclaration Universelle de 1948.
Promouvoir la démocratie, l'État de droit et les
droits de l'homme est une mission difficile et complexe car l'espace
francophone en elle-même est complexe. Une complexité liée
à l'histoire des pays membres, à leurs cultures mais aussi
à leurs systèmes politiques. Mais cette complexité peut
devenir une richesse dans l'adoption des principes de démocratie dans
certains pays. C'est là tout le travail que doit s'employer la
francophonie pour rendre ces volontés réalisables. Il faudra
aussi pour y arriver une mobilisation et une prise en compte des valeurs
auxquelles croient les peuples de l'espace francophone pour que la Francophonie
devienne un espace de paix et démocratie. Il faut aussi revoir le
corpus normatif qui semble encore fragile et l'entouré des outils
adéquats pour renforcer les obligations des Etats et surtout les
mécanismes de contrôles. La francophonie humaniste comme le
souhaite certains acteurs ne peut se construire que si les principes de
démocratie, d'État de droit et des droits de l'homme sont
respectés car ce sont des principes qui valorisent l'Homme.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
-"La Francophonie sous l'angle des théories des
relations internationales" Gillou ( Michel) Trang ( Phan Thi Hoai) ( sous la
direction de), IFRAMOND, Actes des sixièmes entretiens de la
Francophonie.
-Dominique Wolton, « Demain la
Francophonie », Paris, Flammarion.
-Michel GUILLOU, francophonie - puissance :
l'équilibre multipolaire, Paris, éditions
Ellipses, collection « Mondes réels », 2005
-Poissonnier Ariane et Sonia Gérard, Atlas mondial
de la Francophonie.
Du culturel au politique, Paris, éditions
Autrement, 2006, sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Labballery-58500
Clamecy, Juin 2004.
-François-Xavier De Guibert- Géopolitique de la
langue française,
Déclarations, Actes et
Rapports -Déclaration de Paris Févier 2008, OIF,
Synthèse sur la situation des droits de l'homme
dans les pays francophones du rapport mondial d'Amnesty international,
novembre 2008, voire site www.amnestie.ca
Francophonie, démocratie et droits de l'homme", OIF,
Actes de la deuxième session du Haut Conseil de la Francophonie de
l'OIF. Paris, 24 et 25 janvier 2005
- Déclaration de Ouagadougou du 26- 27 novembre
2004:http://www.francophonie.org/
- Rapport de la Commission indépendante d'enquête
sur les actions de l'ONU lors du génocide de 1994 au Rwanda, 15
décembre 1999.
- Déclaration de Saint-boniface de
2006 :http://www.francophonie.org/
- Le plan d'action de 2006-2009
:http://www.francophonie.org/
- La Charte de la francophonie de 2005:
http://www.francophonie.org/
- Le cadre stratégique décennal de
2005:http://www.francophonie.org/
- la déclaration de Bamako de
2000 :http://www.francophonie.org/
- Rapport sur l'état des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone
2004, 2006, 2008, Délégation à la paix, à la
démocratie et aux droits de l'homme
(DDHPD):http://www.démocratie.francophonie.org
- site de wikpedia :
www.wikpedia.fr
- site de l'AUF :
www.auf.org
- conversation avec Mr Joseph Maila,
janvier 2009 à l'université lyon3
Annexes
Annexe I : charte de la francophonie
adoptée en 2005 à Antananarivo en Madagascar
Charte de la Francophonie
adoptée par la Conférence
ministérielle de la Francophonie
Antananarivo, le 23 novembre 2005
Préambule
La Francophonie doit tenir compte des mutations historiques et
des grandes
évolutions politiques, économiques,
technologiques et culturelles qui marquent le
XXIe siècle pour affirmer sa présence et son
utilité dans un monde respectueux de la
diversité culturelle et linguistique, dans lequel la
langue française et les valeurs
universelles se développent et contribuent à une
action multilatérale originale et à la
formation d'une communauté internationale solidaire.
La langue française constitue aujourd'hui un
précieux héritage commun qui fonde le
socle de la Francophonie, ensemble pluriel et divers. Elle est
aussi un moyen d'accès
à la modernité, un outil de communication, de
réflexion et de création qui favorise
l'échange d'expériences.
Cette histoire, grâce à laquelle le monde qui
partage la langue française existe et se
développe, est portée par la vision des chefs
d'État et de gouvernement et par les
nombreux militants de la cause francophone et les multiples
organisations privées et
publiques qui, depuis longtemps, oeuvrent pour le rayonnement
de la langue
française, le dialogue des cultures et la culture du
dialogue.
Elle a aussi été portée par l'Agence de
coopération culturelle et technique, seule
organisation intergouvernementale de la Francophonie issue de
la Convention de
Niamey en 1970, devenue l'Agence de la Francophonie
après la révision de sa charte
à Hanoi, en 1997.
Afin de donner à la Francophonie sa pleine dimension
politique, les chefs d'État et de
gouvernement, comme ils en avaient décidé
à Cotonou en 1995, ont élu un Secrétaire
général, clé de voûte du
système institutionnel francophone, de même que la
Conférence ministérielle, en 1998 à
Bucarest, a pris acte de la décision du Conseil
permanent d'adopter l'appellation « Organisation
internationale de la Francophonie ».
À Ouagadougou, en 2004, réunis en Xe Sommet, les
chefs d'État et de gouvernement
ont approuvé les nouvelles missions stratégiques
de la Francophonie et ont pris la
décision de parachever la réforme
institutionnelle afin de mieux fonder la
personnalité juridique de l'Organisation internationale
de la Francophonie et de
préciser le cadre d'exercice des attributions du
Secrétaire général.
Tel est l'objet de la présente Charte, qui donne
à l'ACCT devenue Agence de la
Francophonie, l'appellation d'Organisation internationale de
la Francophonie.
Charte de la Francophonie Antananarivo, le 22 novembre
2005
2
Titre I : Des objectifs
Article 1 : Objectifs
La Francophonie, consciente des liens que crée entre
ses membres le partage de la
langue française et des valeurs universelles, et
souhaitant les utiliser au service de la
paix, de la coopération, de la solidarité et du
développement durable, a pour
objectifs d'aider : à l'instauration et au
développement de la démocratie, à la
prévention, à la gestion et au règlement
des conflits, et au soutien à l'État de droit
et aux droits de l'Homme ; à l'intensification du
dialogue des cultures et des
civilisations ; au rapprochement des peuples par leur
connaissance mutuelle ; au
renforcement de leur solidarité par des actions de
coopération multilatérale en vue
de favoriser l'essor de leurs économies ; à la
promotion de l'éducation et de la
formation. Le Sommet peut assigner d'autres objectifs à
la Francophonie.
La Francophonie respecte la souveraineté des
États, leurs langues et leurs cultures.
Elle observe la plus stricte neutralité dans les
questions de politique intérieure.
Les institutions de la présente Charte concourent, pour
ce qui les concerne, à la
réalisation de ces objectifs et au respect de ces
principes.
Titre II : De l'organisation
institutionnelle
Article 2 : Institutions et
opérateurs
Les institutions de la Francophonie sont :
1. Les instances de la Francophonie :
- La Conférence des chefs d'État et de
gouvernement des pays ayant le français en
partage, ci-après appelée le « Sommet
» ;
- La Conférence ministérielle de la
Francophonie, ci-après appelée « Conférence
ministérielle » ;
- Le Conseil permanent de la Francophonie, ci-après
appelé « Conseil permanent ».
2. Le Secrétaire général de la
Francophonie.
3. L'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
4. L'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF),
qui est l'Assemblée
consultative de la Francophonie.
5. Les opérateurs directs et reconnus du Sommet, qui
concourent, dans les domaines de
leurs compétences, aux objectifs de la Francophonie
tels que définis dans la
présente Charte :
- l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) ;
- TV5, la télévision internationale francophone
;
Charte de la Francophonie Antananarivo, le 22 novembre
2005
3
- l'Université Senghor d'Alexandrie ;
- l'Association internationale des maires et responsables des
capitales et des
métropoles partiellement ou entièrement
francophones (AIMF).
6. Les Conférences ministérielles permanentes :
la Conférence des ministres de
l'Éducation des pays ayant le français en
partage (Confémen) et la Conférence
des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays ayant le
français en partage
(Conféjes).
Article 3 : Sommet
Le Sommet, instance suprême de la Francophonie, se
compose des chefs d'État et de
gouvernement des pays ayant le français en partage. Il
se réunit tous les deux ans.
Il est présidé par le chef d'État ou de
gouvernement du pays hôte du Sommet jusqu'au
Sommet suivant.
Il statue sur l'admission de nouveaux membres de plein droit,
de membres associés
et de membres observateurs à l'OIF.
Il définit les orientations de la Francophonie de
manière à assurer son rayonnement
dans le monde.
Il adopte toute résolution qu'il juge nécessaire
au bon fonctionnement de la
Francophonie et à la réalisation de ses
objectifs.
Il élit le Secrétaire général,
conformément aux dispositions de l'article 6 de la présente
Charte.
Article 4 : Conférence
ministérielle
La Conférence ministérielle se compose de tous
les membres du Sommet. Chaque
membre est représenté par le ministre des
Affaires étrangères ou le ministre chargé
de la Francophonie, ou son délégué. Le
Secrétaire général de la Francophonie siège
de droit à la Conférence ministérielle,
sans prendre part au vote.
La Conférence ministérielle est
présidée par le ministre des Affaires étrangères ou
le
ministre chargé de la Francophonie du pays hôte
du Sommet, un an avant et un an
après celui-ci.
La Conférence ministérielle se prononce sur les
grands axes de l'action multilatérale
francophone.
La Conférence ministérielle prépare le
Sommet. Elle veille à l'exécution des
décisions arrêtées par le Sommet et prend
toutes initiatives à cet effet. Elle adopte
le budget et les rapports financiers de l'OIF ainsi que la
répartition du Fonds
multilatéral unique.
La Conférence ministérielle nomme le Commissaire
aux comptes de l'OIF et du FMU.
Sur saisine d'un État membre ou d'un gouvernement
participant, la Conférence
ministérielle demande au Secrétaire
général de fournir toute information concernant
l'utilisation du Fonds.
Charte de la Francophonie Antananarivo, le 22 novembre
2005
4
La Conférence ministérielle définit les
conditions dans lesquelles les commissaires
aux comptes des opérateurs sont appelés à
coopérer avec le Commissaire aux
comptes de l'OIF et du FMU.
La Conférence ministérielle recommande au Sommet
l'admission de nouveaux
membres et de nouveaux membres associés ou
observateurs, ainsi que la nature de
leurs droits et obligations.
La Conférence ministérielle fixe les
barèmes des contributions statutaires à l'OIF.
La Conférence ministérielle peut décider
de déplacer le siège de l'OIF.
La Conférence ministérielle nomme les
liquidateurs.
La Conférence ministérielle crée tout
organe subsidiaire nécessaire au bon
fonctionnement de l'OIF.
Les modalités de fonctionnement de la Conférence
ministérielle sont précisées dans
son Règlement intérieur.
Article 5 : Conseil permanent de la
Francophonie
Le Conseil permanent est l'instance chargée de la
préparation et du suivi du
Sommet, sous l'autorité de la Conférence
ministérielle.
Le Conseil permanent est composé des
représentants personnels dûment accrédités
par les chefs d'États ou de gouvernements membres du
Sommet.
Le Conseil permanent est présidé par le
Secrétaire général de la Francophonie. Il se
prononce sur ses propositions et le soutient dans l'exercice
de ses fonctions.
Le Conseil permanent de la Francophonie a pour missions :
- de veiller à l'exécution des décisions
prises par la Conférence ministérielle ;
- d'examiner les propositions de répartition du FMU
ainsi que l'exécution des
décisions d'affectation ;
- d'examiner les rapports financiers et les prévisions
budgétaires de l'OIF ;
- d'examiner et d'adopter l'ordre du jour provisoire des
réunions de la Conférence
ministérielle ;
- de faire rapport à la Conférence
ministérielle sur l'instruction des demandes
d'adhésion ou de modification de statut ;
- d'exercer son rôle d'animateur, de coordonnateur et
d'arbitre. Il dispose à cet
effet des commissions suivantes : la commission politique, la
commission
économique, la commission de
coopération et de programmation, et la
commission administrative et financière. Ces
commissions sont présidées par un
représentant d'un État ou d'un gouvernement
membre, qu'il désigne sur
proposition de la commission concernée ;
- d'adopter le statut du personnel et le règlement
financier ;
- d'examiner et d'approuver les projets de programmation ;
Charte de la Francophonie Antananarivo, le 22 novembre
2005
5
- de procéder aux évaluations des programmes des
opérateurs ;
- de nommer le Contrôleur financier ;
- de remplir toute autre mission que lui confie la
Conférence ministérielle.
En tant que de besoin, le Secrétaire
général réunit le Conseil permanent.
Les modalités de fonctionnement du Conseil permanent
sont fixées par son Règlement
intérieur.
Article 6 : Secrétaire
général
Le Secrétaire général de la Francophonie
préside le Conseil de coopération. Il est
représenté dans les instances des
opérateurs. Il dirige l'Organisation internationale
de la Francophonie.
Le Secrétaire général est élu pour
quatre ans par les chefs d'État et de gouvernement.
Son mandat peut être renouvelé. Il est
placé sous l'autorité des instances.
Le statut du Secrétaire général a un
caractère international. Le Secrétaire général
ne
demande ni ne reçoit d'instructions ou
d'émoluments d'aucun gouvernement ni
d'aucune autorité extérieure.
Il est responsable du Secrétariat de toutes les
instances de la Francophonie, aux
sessions desquelles il assiste.
Il préside le Conseil permanent, dont il prépare
l'ordre du jour. Il ne prend pas part
au vote. Il veille à la mise en oeuvre des mesures
adoptées, dont il rend compte.
Le Secrétaire général est le
représentant légal de l'OIF. À ce titre, il engage
l'Organisation et signe les accords internationaux. Il peut
déléguer ses pouvoirs.
Le Secrétaire général rend compte au
Sommet de l'exécution de son mandat.
Le Secrétaire général nomme le personnel
et ordonne les dépenses. Il est responsable
de l'administration et du budget de l'OIF dont il peut
déléguer la gestion.
Le Secrétaire général est chargé
de l'organisation et du suivi des conférences
ministérielles sectorielles décidées par
le Sommet.
Article 7 : Fonctions politiques
Le Secrétaire général conduit l'action
politique de la Francophonie, dont il est le
porte-parole et le représentant officiel au niveau
international.
Il exerce ses prérogatives dans le respect de celles du
président en exercice du
Sommet et du président de la Conférence
ministérielle.
Le Secrétaire général se tient
informé en permanence de l'état des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans
l'espace francophone.
Charte de la Francophonie Antananarivo, le 22 novembre
2005
6
En cas d'urgence, le Secrétaire général
saisit le Conseil permanent et, compte tenu
de la gravité des événements, le
président de la Conférence ministérielle, des
situations de crise ou de conflit dans lesquelles des membres
peuvent être ou sont
impliqués. Il propose les mesures spécifiques
pour leur prévention, leur gestion et
leur règlement, éventuellement en collaboration
avec d'autres organisations
internationales.
Article 8 : Fonctions en matière de
coopération
Le Secrétaire général propose aux
instances, conformément aux orientations du
Sommet, les axes prioritaires de l'action francophone
multilatérale. Il le fait en
concertation avec les opérateurs.
Il propose la répartition du FMU et il ordonne les
décisions budgétaires et financières
qui y sont relatives.
Le Secrétaire général est responsable de
l'animation de la coopération multilatérale
francophone financée par le FMU.
Dans l'accomplissement de ces fonctions, il nomme,
après consultation du CPF,
un Administrateur chargé d'exécuter, d'animer et
de gérer la coopération
intergouvernementale multilatérale, ainsi que
d'assurer, sous son autorité, la
gestion des affaires administratives et financières.
L'Administrateur propose au
Secrétaire général les programmes de
coopération de l'OIF qui sont définis dans le
cadre des décisions du Sommet. Il est chargé de
leur mise en oeuvre. Il participe aux
travaux des instances. Il contribue à la
préparation de la Conférence des organisations
internationales non gouvernementales, ainsi qu'à
l'organisation et au suivi des
conférences ministérielles sectorielles
décidées par le Sommet et confiées à l'OIF.
L'Administrateur est nommé pour quatre ans et sa
mission peut être renouvelée. Il
exerce ses fonctions par délégation du
Secrétaire général.
Le Secrétaire général évalue
l'action de coopération intergouvernementale francophone,
telle que décidée. Il veille à
l'harmonisation des programmes et des actions de
l'ensemble des opérateurs directs reconnus.
A cette fin, il préside un Conseil de
coopération, qui réunit l'Administrateur de l'OIF,
les responsables des opérateurs ainsi que de l'APF. Il
exerce ces fonctions avec
impartialité, objectivité et
équité. Le Conseil de coopération assure, de
manière
permanente, la cohérence, la
complémentarité et la synergie des programmes de
coopération des opérateurs.
Article 9 : Organisation internationale de la
Francophonie
L'Agence de coopération culturelle et technique
créée par la Convention de Niamey
du 20 mars 1970 et devenue l'Agence de la Francophonie, prend
l'appellation
« Organisation internationale de la Francophonie
».
L'Organisation internationale de la Francophonie est une
personne morale de droit
international public et possède la personnalité
juridique.
Charte de la Francophonie Antananarivo, le 22 novembre
2005
7
L'OIF peut contracter, acquérir, aliéner tous
biens mobiliers et immobiliers, ester en
justice ainsi que recevoir des dons, legs et subventions des
gouvernements, des
institutions publiques ou privées, ou des
particuliers.
Elle est le siège juridique et administratif des
attributions du Secrétaire général.
L'OIF remplit toutes tâches d'étude,
d'information, de coordination et d'action. Elle
est habilitée à faire tout acte
nécessaire à la poursuite de ses objectifs.
L'OIF collabore avec les diverses organisations
internationales et régionales sur la
base des principes et des formes de coopération
multilatérale reconnus.
L'ensemble du personnel de l'OIF est régi par son
propre statut et règlement du
personnel, dans le respect du règlement financier. Le
statut du personnel a un
caractère international.
Le siège de l'Organisation internationale de la
Francophonie est fixé à Paris.
Article 10 : États et gouvernements membres,
membres associés et observateurs
Les États parties à la Convention de Niamey sont
membres de l'OIF. En outre, la
présente Charte ne porte pas préjudice aux
situations existantes en ce qui concerne
la participation d'États et de gouvernements tant aux
instances de l'Organisation
internationale de la Francophonie qu'aux instances de l'Agence
de la Francophonie.
Tout État qui n'est pas devenu partie à la
Convention dans les conditions prévues aux
articles 4 et 5 de celle-ci, devient membre de l'OIF s'il a
été admis à participer au
Sommet.
Dans le plein respect de la souveraineté et de la
compétence internationale des États
membres, tout gouvernement peut être admis comme
gouvernement participant aux
institutions, aux activités et aux programmes de l'OIF,
sous réserve de l'approbation
de l'État membre dont relève le territoire sur
lequel le gouvernement participant
concerné exerce son autorité, et selon les
modalités convenues entre ce
gouvernement et celui de l'État membre.
La nature et l'étendue des droits et obligations des
membres, des membres associés
et des observateurs sont déterminées par le
texte portant statut et modalités
d'adhésion.
Tout membre peut se retirer de l'OIF en avisant le
gouvernement du pays qui exerce
la présidence du Sommet ou le gouvernement du pays
où est fixé le siège de l'OIF, au
moins six mois avant la plus proche réunion du Sommet.
Le retrait prend effet à
l'expiration du délai de six mois suivant cette
notification.
Toutefois, le membre concerné demeure tenu d'acquitter
le montant total des
contributions dont il est redevable.
Article 11 : Représentations permanentes de
l'OIF
Sur proposition du Secrétaire général, la
Conférence ministérielle peut établir des
représentations dans les diverses régions
géographiques de l'espace francophone et
Charte de la Francophonie Antananarivo, le 22 novembre
2005
8
auprès d'institutions internationales, et
décider de manière équilibrée du lieu, de la
composition, ainsi que des fonctions et du mode de financement
de ces
représentations.
Titre III : Des dispositions diverses
Article 12 : De la Conférence des organisations
internationales non gouvernementales
et des organisations de la société
civile
Tous les deux ans, le Secrétaire général
de la Francophonie convoque une conférence
des organisations internationales non gouvernementales,
conformément aux directives
adoptées par la Conférence
ministérielle.
Article 13 : Langue
La langue officielle et de travail des institutions et
opérateurs de la Francophonie est
le français.
Article 14 : Interprétation de la
Charte
Toute décision relative à
l'interprétation de la présente Charte est prise par la
Conférence ministérielle de la Francophonie.
Article 15 : Révision de la Charte
La Conférence ministérielle a compétence
pour amender la présente Charte.
Le gouvernement de l'État sur le territoire duquel est
fixé le siège de l'OIF notifie à
tous les membres ainsi qu'au Secrétaire
général toute révision apportée à la
présente
Charte.
Article 16 : Dissolution
L'OIF est dissoute :
- soit si toutes les parties à la Convention,
éventuellement sauf une, ont dénoncé
celle-ci ;
- soit si la Conférence ministérielle de la
Francophonie en décide la dissolution.
En cas de dissolution, l'OIF n'a d'existence qu'aux fins de sa
liquidation et ses
affaires sont liquidées par des liquidateurs,
nommés conformément à l'article 4, qui
procéderont à la réalisation de l'actif
de l'OIF et à l'extinction de son passif. Le
solde actif ou passif sera réparti au prorata des
contributions respectives.
Article 17 : Entrée en vigueur
La présente Charte prend effet à partir de son
adoption par la Conférence
ministérielle de la Francophonie.
Annexe 2 : déclaration de Bamako
adopté en 2000 ( Mali)
DÉCLARATION DE BAMAKO
DECLARATION DE BAMAKO
Nous, Ministres et Chefs de délégation
des Etats et gouvernements des pays
ayant le français en partage, réunis
à Bamako pour le Symposium International
sur le bilan des pratiques de la démocratie,
des droits et des libertés dans
l'espace francophone ;
Nous fondant sur les dispositions de la
Charte de la Francophonie, qui consacrent
comme objectifs prioritaires l'aide à l'instauration et
au
développement de la démocratie, la
prévention des conflits et le
soutien à l'Etat de droit et aux droits de l'Homme ;
Rappelant l'attachement de la Francophonie
à la Déclaration universelle
des droits de l'Homme et aux Chartes régionales, ainsi
que les
engagements des Sommets de Dakar (1989), de Chaillot
(1991), de Maurice (1993), de Cotonou (1995), de Hanoi
(1997) et de Moncton (1999) ;
Inscrivant notre action dans le cadre de la
Décennie des Nations Unies
pour l'éducation aux Droits de l'Homme (1995-2004) ;
Considérant l'action d'accompagnement
des processus démocratiques
menée par la Francophonie ces dix dernières
années ;
Soucieux de progresser vers la
démocratie par le développement
économique et social et une juste répartition
des ressources
nationales pour un accès égal à
l'éducation, à la formation, à la
santé et à l'emploi ;
Souhaitant répondre à
l'objectif fixé au Sommet de Moncton, de tenir un Symposium
International sur le bilan des pratiques de la
démocratie, des
droits et des libertés dans l'espace francophone,
pour
approfondir la concertation et la coopération en faveur
de l'Etat
de droit et de la culture démocratique, et d'engager
ainsi une
étape nouvelle dans le dialogue des Etats et
gouvernements
des pays ayant le français en partage, pour mieux faire
ressortir
les axes principaux tant de leur expérience
récente que de leur
spécificité ;
1- Constatons
· que le bilan des pratiques de la démocratie,
des droits et des libertés dans l'espace
francophone, au cours de ces dix dernières
années, comporte des acquis indéniables :
consécration constitutionnelle des droits de l'Homme,
mise en place des Institutions de la
démocratie et de l'Etat de droit, existence de
contre-pouvoirs, progrès dans l'instauration
du multipartisme dans nombre de pays francophones et dans la
tenue d'élections libres,
3
fiables et transparentes, contribution de l'opposition au
fonctionnement de la démocratie,
promotion de la démocratie locale par la
décentralisation ;
· que ce bilan présente, aussi, des
insuffisances et des échecs : récurrence de conflits,
interruption de processus démocratiques,
génocide et massacres, violations graves des
droits de l'Homme, persistance de comportements freinant le
développement d'une
culture démocratique, manque d'indépendance de
certaines institutions et contraintes de
nature économique, financière et sociale,
suscitant la désaffection du citoyen à l'égard du
fait démocratique ;
2- Confirmons notre adhésion aux principes
fondamentaux suivants :
1. La démocratie, système de valeurs
universelles, est fondée sur la reconnaissance du
caractère inaliénable de la dignité et de
l'égale valeur de tous les êtres humains ; chacun
a le droit d'influer sur la vie sociale, professionnelle et
politique et de bénéficier du droit
au développement ;
2. L'Etat de droit qui implique la soumission de l'ensemble
des institutions à la loi, la
séparation des pouvoirs, le libre exercice des droits
de l'Homme et des libertés
fondamentales, ainsi que l'égalité devant la loi
des citoyens, femmes et hommes,
représentent autant d'éléments
constitutifs du régime démocratique ;
3. La démocratie exige, en particulier, la tenue,
à intervalles réguliers, d'élections libres,
fiables et transparentes, fondées sur le respect et
l'exercice, sans aucun empêchement ni
aucune discrimination, du droit à la liberté et
à l'intégrité physique de tout électeur et de
tout candidat, du droit à la liberté d'opinion
et d'expression, notamment par voie de
presse et autre moyen de communication, de la liberté
de réunion et de manifestation, et
de la liberté d'association ;
4. La démocratie est incompatible avec toute
modification substantielle du régime électoral
introduite de façon arbitraire ou subreptice, un
délai raisonnable devant toujours séparer
l'adoption de la modification de son entrée en vigueur
;
5. La démocratie suppose l'existence de partis
politiques égaux en droits, libres de
s'organiser et de s'exprimer, pour autant que leur programme
et leurs actions ne
remettent pas en cause les valeurs fondamentales de la
démocratie et des droits de
l'Homme. Ainsi, la démocratie va de pair avec le
multipartisme. Elle doit assurer à
l'opposition un statut clairement défini, exclusif de
tout ostracisme 1;
6. La démocratie requiert la pratique du dialogue
à tous les niveaux aussi bien entre les
citoyens, entre les partenaires sociaux, entre les partis
politiques, qu'entre l'État et la
société civile. La démocratie implique la
participation des citoyens à la vie politique et
leur permet d'exercer leur droit de contrôle ;
1 Réserve du Vietnam et du Laos sur
l'article 2 (5 ) - Motif : la démocratie et le multipartisme sont deux
notions différentes et ne peuvent
s'identifier. La démocratie est une finalité
alors que le multipartisme n'est qu'un chemin. Le chemin pour y parvenir
décidé par chaque pays
doit être défini par son peuple en fonction de
ses spécificités culturelles, historiques, économiques et
sociales.
4
3- Proclamons
1. que Francophonie et démocratie sont indissociables :
il ne saurait y avoir
d'approfondissement du projet francophone sans une progression
constante vers la
démocratie et son incarnation dans les faits ; c'est
pourquoi la Francophonie fait de
l'engagement démocratique une priorité qui doit
se traduire par des propositions et des
réalisations concrètes ;
2. que, pour la Francophonie, il n'y a pas de mode
d'organisation unique de la démocratie
et que, dans le respect des principes universels, les formes
d'expression de la
démocratie doivent s'inscrire dans les
réalités et spécificités historiques, culturelles
et
sociales de chaque peuple ;
3. que la démocratie, cadre politique de l'Etat de
droit et de la protection des droits de
l'Homme, est le régime qui favorise le mieux la
stabilité à long terme et la sécurité
juridique ; par le climat de liberté qu'elle suscite,
la démocratie crée aussi les conditions
d'une mobilisation librement acceptée par la population
pour le développement ; la
démocratie et le développement sont
indissociables : ce sont là les facteurs d'une paix
durable ;
4. que la démocratie, pour les citoyens - y compris,
parmi eux, les plus pauvres et les plus
défavorisés - se juge, avant tout, à
l'aune du respect scrupuleux et de la pleine
jouissance de tous leurs droits, civils et politiques,
économiques, sociaux et culturels,
assortis de mécanismes de garanties. Il s'agit
là de conditions essentielles à leur
adhésion aux institutions et à leur motivation
à devenir des acteurs à part entière de la
vie politique et sociale ;
5. que, pour préserver la Démocratie, la
Francophonie condamne les coups d'Etat et toute
autre prise de pouvoir par la violence, les armes ou quelque
autre moyen illégal ;
6 que, pour consolider la démocratie, l'action de la
Francophonie doit reposer sur une
coopération internationale qui s'inspire des pratiques
et des expériences positives de
chaque Etat et gouvernement membre ;
7. que les principes démocratiques, dans toutes leurs
dimensions, politique, économique,
sociale, culturelle et juridique, doivent également
imprégner les relations
internationales ;
4- Prenons les engagements suivants :
A. Pour la consolidation de l'Etat de
droit
1. Renforcer les capacités des institutions de l'Etat
de droit, classiques ou nouvelles, et
oeuvrer en vue de les faire bénéficier de toute
l'indépendance nécessaire à l'exercice
impartial de leur mission ;
2. Encourager le renouveau de l'institution parlementaire, en
facilitant matériellement le
travail des élus, en veillant au respect de leurs
immunités et en favorisant leur
formation ;
5
3. Assurer l'indépendance de la magistrature, la
liberté du Barreau et la promotion d'une
justice efficace et accessible, garante de l'Etat de droit,
conformément à la Déclaration et
au Plan d'action décennal du Caire adoptés par
la IIIème Conférence des Ministres
francophones de la justice ;
4. Mettre en oeuvre le principe de transparence comme
règle de fonctionnement des
institutions ;
5. Généraliser et accroître la
portée du contrôle, par des instances impartiales, sur tous les
organes et institutions, ainsi que sur tous les
établissements, publics ou privés, maniant
des fonds publics ;
6. Soutenir l'action des institutions mises en place dans le
cadre de l'intégration et de la
coopération régionales, de manière
à faire émerger, à ce niveau, une conscience
citoyenne tournée vers le développement, le
progrès et la solidarité ;
B. Pour la tenue d'élections libres, fiables et
transparentes
7. S'attacher au renforcement des capacités nationales
de l'ensemble des acteurs et des
structures impliqués dans le processus
électoral, en mettant l'accent sur l'établissement
d'un état-civil et de listes électorales fiables
;
8. S'assurer que l'organisation des élections, depuis
les opérations préparatoires et la
campagne électorale jusqu'au dépouillement des
votes et à la proclamation des résultats,
y inclus, le cas échéant, le contentieux,
s'effectue dans une transparence totale et relève
de la compétence d'organes crédibles dont
l'indépendance est reconnue par tous ;
9. Garantir la pleine participation des citoyens au scrutin,
ainsi que le traitement égal des
candidats tout au long des opérations
électorales ;
10. Impliquer l'ensemble des partis politiques
légalement constitués, tant de la majorité que
de l'opposition, à toutes les étapes du
processus électoral, dans le respect des principes
démocratiques consacrés par les textes
fondamentaux et les institutions, et leur
permettre de bénéficier de financements du
budget de l'Etat ;
11. Prendre les mesures nécessaires pour s'orienter
vers un financement national, sur fonds
public, des élections ;
12. Se soumettre aux résultats d'élections
libres, fiables et transparentes ;
C. Pour une vie politique apaisée
13. Faire en sorte que les textes fondamentaux
régissant la vie démocratique résultent d'un
large consensus national, tout en étant conformes aux
normes internationales, et soient
l'objet d'une adaptation et d'une évaluation
régulières ;
6
14. Faire participer tous les partis politiques, tant de
l'opposition que de la majorité, à la vie
politique nationale, régionale et locale,
conformément à la légalité, de
manière à régler
pacifiquement les conflits d'intérêts ;
15. Favoriser la participation des citoyens à la vie
publique en progressant dans la mise en
place d'une démocratie locale, condition essentielle de
l'approfondissement de la
démocratie ;
16. Prévenir, et le cas échéant
régler de manière pacifique, les contentieux et les tensions
entre groupes politiques et sociaux, en recherchant tout
mécanisme et dispositif
appropriés, comme l'aménagement d'un statut pour
les anciens hauts dirigeants, sans
préjudice de leur responsabilité pénale
selon les normes nationales et internationales ;
17. Reconnaître la place et faciliter l'implication
constante de la société civile, y compris les
ONG, les médias, les autorités morales
traditionnelles, pour leur permettre d'exercer,
dans l'intérêt collectif, leur rôle
d'acteurs d'une vie politique équilibrée ;
18. Veiller au respect effectif de la liberté de la
presse et assurer l'accès équitable des
différentes forces politiques aux médias publics
et privés, écrits et audiovisuels, selon un
mode de régulation conforme aux principes
démocratiques ;
D. Pour la promotion d'une culture démocratique
intériorisée et le plein respect
des droits de l'Homme
19. Développer l'esprit de tolérance et
promouvoir la culture démocratique dans toutes ses
dimensions, afin de sensibiliser, par l'éducation et la
formation, les responsables publics,
l'ensemble des acteurs de la vie politique et tous les
citoyens aux exigences éthiques de
la démocratie et des droits de l'Homme ;
20. Favoriser, à cet effet, l'émergence de
nouveaux partenariats entre initiatives publiques et
privées, mobilisant tous les acteurs engagés
pour la démocratie et les droits de
l'Homme ;
21. Ratifier les principaux instruments internationaux et
régionaux relatifs aux droits de
l'Homme, honorer et parfaire les engagements ainsi
contractés, s'assurer de leur pleine
mise en oeuvre et former tous ceux qui sont chargés de
leur application effective ;
22. Adopter en particulier, afin de lutter contre
l'impunité, toutes les mesures permettant de
poursuivre et sanctionner les auteurs de violations graves des
droits de l'Homme, telles
que prévues par plusieurs instruments juridiques
internationaux et régionaux, dont le
Statut de Rome portant création d'une Cour
Pénale Internationale ; appeler à sa
ratification rapide par le plus grand nombre ;
23. Créer, généraliser et renforcer les
institutions nationales, consultatives ou non, de
promotion des droits de l'Homme et soutenir la création
dans les administrations
nationales de structures consacrées aux droits de
l'Homme, ainsi que l'action des
défenseurs des droits de l'Homme ;
24. Prendre les mesures appropriées afin d'accorder le
bénéfice aux membres des groupes
minoritaires, qu'ils soient ethniques, philosophiques,
religieux ou linguistiques, de la
7
liberté de pratiquer ou non une religion, du droit de
parler leur langue et d'avoir une vie
culturelle propre ;
25. Veiller au respect de la dignité des personnes
immigrées et à l'application des
dispositions pertinentes contenues dans les instruments
internationaux les concernant.
*
* *
A ces fins, et dans un souci de partenariat
rénové, nous entendons :
· Intensifier la coopération entre l'OIF et
les organisations internationales et régionales,
développer la concertation en vue de la
démocratisation des relations internationales, et
soutenir, dans ce cadre, les initiatives qui visent à
promouvoir la démocratie ;
· Renforcer le mécanisme de concertation et de
dialogue permanents avec les OING
reconnues par la Francophonie, particulièrement avec
celles qui poursuivent les mêmes
objectifs dans les domaines de la démocratie et des
droits de l'Homme ;
5- Décidons de recommander la mise en oeuvre
des procédures ci-après pour le
suivi des pratiques de la démocratie, des
droits et des libertés dans l'espace
francophone :
1. Le Secrétaire général se tient
informé en permanence de la situation de la démocratie,
des droits et des libertés dans l'espace francophone,
en s'appuyant notamment sur la
Délégation à la Démocratie et aux
Droits de l'Homme, chargée de l'observation du
respect de la démocratie et des droits de l'Homme dans
les pays membres de la
Francophonie ;
Une évaluation permanente des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés
dans l'espace francophone sera conduite, à des fins de
prévention, dans le cadre de
l'Organisation internationale de la Francophonie, sur la base
des principes constitutifs
énoncés précédemment. Cette
évaluation doit permettre :
· de définir les mesures les plus
appropriées en matière d'appui à l'enracinement de la
démocratie, des droits et des libertés,
· d'apporter aux Etats et gouvernements qui le
souhaitent l'assistance nécessaire en ces
domaines,
· de contribuer à la mise en place d'un
système d'alerte précoce ;
2. Face à une crise de la démocratie ou en cas
de violations graves des droits de l'Homme,
les instances de la Francophonie se saisissent,
conformément aux dispositions de la
Charte, de la question afin de prendre toute initiative
destinée à prévenir leur
aggravation et à contribuer à un
règlement. A cet effet, le Secrétaire général
propose des
mesures spécifiques :
8
· il peut procéder à l'envoi d'un
facilitateur susceptible de contribuer à la recherche de
solutions consensuelles. L'acceptation préalable du
processus de facilitation par les
autorités du pays concerné constitue une
condition du succès de toute action. Le
facilitateur est choisi par le Secrétaire
général après consultation du Président de la
Conférence ministérielle, en accord avec
l'ensemble des protagonistes. La facilitation
s'effectue en liaison étroite avec le CPF ;
· il peut décider, dans le cas de
procès suscitant la préoccupation de la communauté
francophone, de l'envoi, en accord avec le CPF, d'observateurs
judiciaires dans un pays
en accord avec celui-ci.
3. En cas de rupture de la démocratie ou de violations
massives des droits de l'Homme 2,
les actions suivantes sont mises en oeuvre :
Le Secrétaire général saisit
immédiatement le Président de la Conférence
ministérielle de la
Francophonie à des fins de consultation ;
La question fait l'objet d'une inscription immédiate et
automatique à l'ordre du jour du CPF,
qui peut être convoqué d'urgence en session
extraordinaire, et, le cas échéant :
· confirme la rupture de la démocratie ou
l'existence de violations massives des droits de
l'Homme,
· les condamne publiquement,
· exige le rétablissement de l'ordre
constitutionnel ou l'arrêt immédiat de ces violations,
Le CPF signifie sa décision aux parties
concernées.
Le Secrétaire général se met en rapport
avec les autorités de fait. Il peut envoyer sur place
une mission d'information et de contacts. Le rapport
établi dans les plus brefs délais par
cette mission est communiqué aux autorités
nationales pour commentaires. Le rapport de la
mission, ainsi que les commentaires des autorités
nationales, sont soumis au CPF, pour toute
suite jugée pertinente.
Le CPF peut prendre certaines des mesures suivantes :
· refus de soutenir les candidatures
présentées par le pays concerné, à des postes
électifs
au sein d'organisations internationales,
· refus de la tenue de manifestations ou
conférences de la Francophonie dans le pays
concerné,
· recommandations en matière d'octroi de visas
aux autorités de fait du pays concerné et
réduction des contacts intergouvernementaux,
· suspension de la participation des
représentants du pays concerné aux réunions des
instances,
2 Interprétation de la Tunisie : par « rupture de
la démocratie », entendre « coup d'Etat » par «
violations massives des droits de
l'Homme », entendre « génocide ».
9
· suspension de la coopération
multilatérale francophone, à l'exception des programmes
qui bénéficient directement aux populations
civiles et de ceux qui peuvent concourir au
rétablissement de la démocratie,
· proposition de suspension du pays concerné
de la Francophonie. En cas de coup d'Etat
militaire contre un régime issu d'élections
démocratiques, la suspension est décidée.
Lorsque des dispositions sont prises en vue de restaurer
l'ordre constitutionnel ou de faire
cesser les violations massives des droits de l'Homme, le CPF
se prononce sur le processus de
retour au fonctionnement régulier des institutions,
assorti de garanties pour le respect des
droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Il
détermine les mesures
d'accompagnement de ce processus par la Francophonie en
partenariat avec d'autres
organisations internationales et régionales.
Si besoin est, le CPF saisit la Conférence
ministérielle de la Francophonie par le canal de son
Président.
La question de la rupture de la démocratie ou des
violations massives des droits de l'Homme
dans un pays et des mesures prises, reste inscrite à
l'ordre du jour du CPF aussi longtemps
que subsistent cette rupture ou ces violations. 3
*
* *
Nous, Ministres et chefs de délégation
des Etats et gouvernements des pays ayant
le français en partage,
Adoptons la présente Déclaration ;
Demandons au Secrétaire général de
l'Organisation internationale de la Francophonie d'en
assurer la mise en oeuvre ;
Transmettons, à l'intention des Chefs d'Etat et de
gouvernement, en vue de leur
9ème Sommet à Beyrouth, le projet de Programme
d'action ci-joint en annexe.
Bamako, le 3 novembre 2000
3 Réserve du Vietnam et du Laos sur l'article 5
(3)
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE.............................................................................................................02
AVANT
PROPOS....................................................................................................04
ABREVIATIONS.....................................................................................................06
INTRODUCTION....................................................................................................07
I/ LA PROMOTION DE LA DEMOCRATIE, DE L'ETAT DE DROIT
ET DES DROITS DE L'HOMME : DES NOUVELLES MISSIONS PRIORITAIRES DE LA
FRANCOPHONIE...................................................................................................11
A- Des missions traduisant des volontés
politiques...............................................11
1- Des volontés politiques affirmées
dans des outils normatifs..............................11
a) La déclaration de Bamako de 2000 :
instrument normatif de référence
de la promotion de la démocratie, de l'Etat de
droit et des droits de l'homme dans l'espace
francophone................................................................................................12
b) la charte de la francophonie de 2005 et le cadre
Stratégique de 2005 ..................14
2- la promotion de la démocratie, de l' Etat
de droit et des droits de l'homme acteur de paix et de développement des
Etats membres de l'espace francophone.....................16
B- La création des mécanismes de mise en
oeuvre de ces missions...........................19
1-des missions définies de manière
précise dans un plan d'action............................19
a) La traduction pratique des missions dans un plan
d'action quadriennal................19
b) les moyens financiers permettant la mise en oeuvre
du plan d'action ....................24
2-Des organes structurés pour la mise en
oeuvre...................................................27
a) le secrétariat Général
et ses acteurs : principaux artisans de la promotion de la
démocratie, de l'État de droit et des
droits de l'homme dans l'espace
francophone.............................................................................................................28
b) les réseaux institutionnels de la
francophonie : nouveaux acteurs de la promotion
de la démocratie, de l'Etat de droit et des
droits de l'homme .................................29
II/ LA PROMOTION DE LA DEMOCRATIE, DE L'ETAT DE DROIT
ET DES DROITS DE L'HOMME:UNE OEUVRE DIFFICILE ET COMPLEXE A REALISER DANS
L'ESPACE
FRANCOPHONE....................................................................32
A Une difficulté politique accentuée
dans l'espace francophone..............................32
1 -Une difficulté liée à
l'instabilité politique de certains Etats
francophones...............32
a) Les multiples visages des Etats dans l'espace
francophone.................................32
b) L'inefficacité des efforts de
démocratisation face aux
conflits.............................36
2 - La souveraineté de l'Etat :
véritable obstacle à la mise en pratique de la politique de la
Francophonie en matière de démocratie, d'Etat de droit et des
droits de l'homme...40
a)Le principe de souveraineté des Etats membres
de
l'OIF.......................................................................................................40
b) Les interventions de la Francophonie dans un
espace de dialogue et de formation...42
B) Une complexité de ces missions liées
au fonctionnement de l'OIF........................45
1-Une institution politique
fragile..........................................................................45
) Une institution fragilisée par sa vocation
culturelle d'origine.............................45
b) Une institution à vocation politique qui
fait encore ses preuves...........................50
2-Une institution dépourvue de moyens
juridiques contraignants...........................52
a) L`OIF et le « besoin« d'un
Traité
constitutif......................................................52
b)L'OIF:un fonctionnement
complexe...................................................................56
Conclusion.................................................................................................................60
Bibliographie............................................................................................................61
Table des
Matières...................................................................................................61
* 1 Statut et modalité
d'adhésion à la conférence des chefs d'Etat et de
Gouvernement des pays ayant le Français en
partage:www.francophonie.org
* 2
http://www.francophonie.org
* 3 Déclarations et
Plans d'actions des Sommets de la Francophonie 1986-2002 (pages 23 et 24):
http://www.francophonie.org/ressources/textes.cfm#docsommets
* 4 Le sommet des chefs
d'Etats et de gouvernements de la Francophonie de Hanoi au Vietnam s'est tenu
du 13-16 novembre 2007
* 5 La déclaration
universelle est adoptée le 10 décembre 1948 par l'ONU
(organisation des nations-unies) Les différents engagements ne sont pas
les principaux car ils en existent d'autres mais ces 3trois sont à titre
indicatif (voir le texte en annexe pour plus de précision)
* 6 Voir titre1 article 1
de la charte en annexe2
* 7 Voir article 7
paragraphe3 du titre 2 de la charte(en annexe2)
* 8 Expression du
préambule du cadre paragraphe3, voir en annexe 3
* 9 Propos de
l'Intéressé dans les actes du haut conseil de la Francophonie de
2005 (voir bibliographie en fin de page)
* 10 Rapport sur la
situation des droits humains dans le monde, synthèse de la situation des
pays francophone préparée pour le sommet de Québec de
novembre 2008 au canada ; voir sur le site www.amnestie.ca
* 11 Ce sont des
engagements contenus dans la déclaration de Bamako du 13 novembre 2000
* 12 Le cadre
stratégique a été adopté en novembre 2004 à
Ouagadougou (Burkina - Faso)
* 13
Référence ici aux objectifs du millénaire du PNUD
adoptés en septembre 2000, partagé et accepté par l'ONU
* 14 Voir
déclaration de Bucarest novembre 2006, site www.francphonie.fr
* 15 OHADA :
organisation pour l'harmonisation du droit des affaires en Afrique ; elle
a été signé le 17octobre 1993en Iles -Maurice. Elle compte
à ce jour 16membres dont 14pays de la zone franc d'Afrique
* 16 ONU pour
organisation des nations unies qui siège à New-York dont
dépend le conseil des droits de l'homme avec siège à
Genève en Suisse
* 17 La
déclaration fait suite au sommet des chefs d'Etats de la francophonie
qui s'est tenu au Québec (Canada) en novembre 2008 .Voire cette
déclaration sur le site www.francophonie.fr
* -1- 18 Sud ici
désigne les pays pauvres ou dit en voie de développement (souvent
les pays africains) et quelques pays d'Europe de l'Est.
* -2- 19 L'expression sud
désigne les pays en voie de développement ou du tiers- monde,
bref les pays pauvres
* 20 Déclaration
de Bamako : Réserve du Vietnam et du Laos sur l'article 2
alinéa 5.
* 21 Propos qui
n'engagent que les auteurs.
* 22Constitution du
Sénégal, Sénégal-online.
http://www.senegal-online.com/francais/histoire/constitution.htm
* 23 Rapport de la
Commission indépendante d'enquête sur les actions de l'ONU lors du
génocide de 1994 au Rwanda, 15 décembre
1999.(http ://www.un.org/french/peace/rwanda.pdf)
* 24
http://www.un.org/french/documents/sc/res/1994/94
* 25 Conseil de
Sécurité des Nations Unies, Résolution 912 le 21 avril
1994
* 26 Le Rwanda tourne le
dos à la F RTL, 16 février 2007
* 27 Passage à
développer au cours du mémoire.
* 28 Décès
du président Lansana Conté de Guinée (Conakry). Et annonce
par un porte-parole militaire de la dissolution du Gouvernement, de
l'Assemblée nationale, de la suspension de certaines institutions de
l'Etat. http://www.sangonet.com/ActuDo/aia/aia4/deces-lansana-conte-GC.html
* 29 Idem.
* 30 Communiqué
du Secrétaire général, OIF
(http://www.francophonie.org/actualites/nouvelle_com_press_sg.cfm?)
* 31 Résolution
de l'OIF sur la République de Guinée, Les ondes de Guinée.
(http://ondes-guinee.press-guinee.com/News-Ondes.104.0.html)
* 32 idem.
* 33 AHJUCAF.
(http://www.ahjucaf.org/)
* 34 Rapport 2008, OIF
p.25.
* 35
http://democratie.francophonie.org/article.php3?id_article=2116&id_rubrique
* 36 Rapport sur
l'état des pratiques de la démocratie, des droits et des
libertés dans l'espace francophone 2008. OIF.
* 37 J.O. 46 du 24
février 2005 ( http ://www.droit.org/jo/20050224)
* 38 Michel Guillou,
« Francophonie Puissance : l'équilibre
multipolaire » p°116(sous la direction de), Mondes réels,
Aymeric Chauprade.
* 39 Rapport sur
l'état des pratiques de la démocratie, des droits de l'homme et
des libertés dans l'espace francophone 2008
* 40 Idem
* 41 Source Rapport
2008
* 42 Le Potentiel
édition 3875 du vendredi 10 novembre 2006 (
http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?id_edition=&id_article=37106)
* 43 Michel Guillou
« Francophonie-Puissance : l'équilibre
multipolaire » page 56
* 44 Michel Guillou, La
gazette de la presse francophone, novembre-décembre 2004, p. 5-6.
* 45 Michel Guillou,
Francophonie-Puissance : l'équilibre multipolaire, p.81.
(Citation)
* 46 Résolution
de l'OIF sur la République de Guinée, Les ondes de Guinée.
(
http://ondes-guinee.press-guinee.com/News-Ondes.104.0.html?&cHash=fce86df910&tx_ttnews[backPid]=72&tx_ttnews[tt_news]=5462)
* 47 Communiqué
du Secrétaire général de la Francophonie, OIF.
((http://www.francophonie.org/actualites/nouvelle_com_press_sg.cfm?)
* 48 Résolution
de l'OIF sur la République de Guinée, Les ondes de
Guinée.( http://ondes-guinee.press-guinee.com/News-
|