1
EPIGRAPHE
" L'homme du commun ne comprend pas que 'la guerre
est la continuation de la politique, aussi se contente-t-il de dire que
l'ennemi attaque, que l'ennemi a envahi mon pays, sans se demander dans quel
but on fait la guerre, par quelles classes elle est faite, en vue de quel
objectif politique " (Lénine).
Dieu merci Byangoy.
2
DEDICACE
A tous ceux qui ne cessent de lutter Pour faire
de la RDC un Etat sérieux, Puissant, Uni, fort et prospère
pour le bien de sa nation et du monde. Je suis également convaincu
que le résultat de cette lutte dépend toujours des efforts et
du courage de chacun dans ce processus de la modernisation de notre
chère patrie. A travers cette oeuvre qui a suscité et
entretenu en moi l'amour de la science et la passion des lettres, je vous
dédie ce travail, fruit de mes Inlassables efforts
intellectuels.
3
AVANT-PROPOS
Au terme de notre Cycle de licence en Relations
Internationales à l'Université de Lubumbashi, il parait opportun
de remercier et d'exprimer notre gratitude à toute personne qui nous a
aidé d'une manière ou d'une autre dans la réalisation de
ce travail.
Nous remercions infiniment le Professeur NDABEREYE NZITA
Paulin, pour son sens de père scientifique et son souci pour notre
formation. Malgré ses grandissimes tâches, a accepté
d'assurer la direction de ce travail.
Nos remerciements s'adressent également au Professeur
MWAYILA TSHIYEMBE qui nous a codirigé, orienté dans les lignes de
conduite scientifique et a fait de ce travail un échelon de la
connaissance.
Les témoignages de notre gratitude s'adressent aussi
à tous les professeurs, chefs de travaux et assistants de la
faculté des sciences sociales, politiques et administratives,
particulièrement ceux du département des Relations
Internationales pour leurs enseignements et publications nous gratifiés
qui ont ouvert notre esprit.
La reconnaissance est la seule vertu qui nous reste gratuite.
De cela, nous sommes très reconnaissants envers tous ceux qui nous ont
encouragé et nous ont redonné l'espoir d'étudier. Nous
leur devons une fière chandelle.
Grande est notre joie d'exprimer également notre
reconnaissance aux familles BYANGOY MASHAURI Clément
et MUKUBI BULAMBO Ismaël qui,
nonobstant les difficultés de la vie, ont su nous assurer une bonne
éducation qui a fait de nous ce que nous sommes. Que le tout Puissant
les bénisse et les comble une longue vie.
A tous nos Frères et Soeurs Bruno,
Esperanza, Nickson, Carla, Médard, Hortense, Alide, Jacquie, Rosette,
Jonas, Marco, Muganza, Moussa, Jacob, Belanov, Eustache, Juris, Bora, Mukamba,
Blaise, Sandra, Joël, Julien, Harmonie, etc.
4
A tous nos Condisciples ,compagnons de lutte et amis intimes :
chance Neema, Prince malumosi, Union Sikuli, Van Robert,
Gérard, Patrick, Christian Byamungu, Safari B, Adolph M, Fennec, James
M, Claver W, Martin K, Innocent M, Wilson A, Séraphin B, kazingufu ,
Benedie K, Erick Z, Laurent M, Didier A, Louis M, Trésor
et tous les non cités qui nous sont chers, trouvent ici
l'expression de notre reconnaissance.
*Intérêt : Ce sujet est d'un
intérêt à la fois théorique et pratique : Sur le
plan scientifique et donc théorique ; parler de l'apport des nos
armées
5
INTRODUCTION
- Choix et intérêt du sujet
* Choix : Le choix du thème portant
sur l'examen du : « rôle de l'armée dans la pacification
entre les nations : cas de la RDC et du RWANDA » c'est un sujet qui
relève de la théorie stratégique, une composante de la
théorie réaliste.
L'objet des études stratégiques est
l'étude des questions de sécurité, de défense et de
recherche de la paix, avec la possibilité de faire usage des moyens
militaires pour atteindre des fins politiques.
Donc l'armée peut être un facteur de paix ou de
guerre entre les nations, selon les cas. Autrement dit ce sujet relève
d'une approche qui est au carrefour des études stratégiques et
géopolitiques dont l'objet est double : d'une part, accéder
à la connaissance des paramètres de constitution et d'emploi de
la force militaire pour atteindre des fins politiques; d'autre part, harmoniser
la politique étrangère et la politique de défense en
fonction des nécessités de la paix ou de la guerre.
Par ailleurs l'Afrique est le continent le plus touché
par une suite interrompue de guerres et de violences multiformes qui font des
millions de morts et de blessés, ainsi que des nombreuses populations
déplacées et refugiées. A ces conséquences humaines
désastreuses, s'ajoute un chaos socio-économique.
Un autre constat est que la puissance aujourd'hui se mesure de
plus en plus à une capacité de défense contre les menaces
internes et externes formulées contre un Etat. C'est compte tenu de tout
ce qui précède que nous avons voulu nous interroger sur la
pertinence et/ou l'impact du rôle des FARDC (Forces
Armées de la République Démocratique du Congo) et les
FRD (Forces Rwandaises de la Défense : qui
remplacèrent officiellement l'Armée patriotique rwandaise «
APR »), issue de l'ex-rébellion tutsi ; dans la pacification des
nations.
6
dans la pacification de nos deux nations rappelle la
théorie même des relations internationales. C'est la dynamique de
la recherche du positionnement et du rayonnement des Etats sur une scène
internationale, qui est caractérisée par la concurrence et la
compétition, les rapports de force et les alliances, les
récupérations et l'opportunisme des acteurs.
Sur un plan pratique, ce travail pourrait permettre de
comprendre les rôles et considérations qui président
l'engagement des nos gouvernements quant à l'efficacité et les
buts poursuivis par nos forces armées. De même, cette
réflexion pourrait également être pour les décideurs
politiques, un moyen d'évaluer nos armées par rapport à
d'autres armées modernes et un moyen d'évaluation des
décisions prises dans la perspective de l'amélioration de la
politique nationale en matière de défense.
- Délimitation du sujet
Tout travail scientifique, n'ayant pas la possibilité
de mieux couvrir ou de comprendre dans sa globalité tout le champ
spatio-temporel d'une réalité, il doit être clairement
délimité :
C'est ainsi que, sur le plan chronologique, notre travail va
de 1960 (l'année marquée par l'indépendance de la RD
Congo, la mutinerie au sain de l'armée, les sécessions etc.)
jusqu' à 2010 (année de grands débats sur la
réforme de l'armée en RDC), tout en mettant un accent sur la
période de 1996 à 2003 (période des différents
conflits entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo).
Toutefois nous prendrons contact avec les événements
passés, chaque fois que cela nous sera utile pour éclaircir un
point ou l'autre dans ce travail.
Et sur le plan spatial, notre analyse va porter sur les
territoires qui constituent la RDC et le Rwanda, deux pays dont nous cherchons
à analyser leurs armées respectives.
7
- Etat de la question
Pour ne pas forcer une porte déjà ouverte par la
recherche, nous avons procédé à une revue de
littérature renseignant sur la théorie stratégique en
générale et/ou dans les deux pays qui font l'objet de notre
étude à savoir la République Démocratique du Congo
(RDC) et le Rwanda.
? Raymond Aron : dans son ouvrage « paix
et guerre entre les nations » 1 ; au terme de son enquête, il tente
de définir la morale de l'action diplomatique, la stratégie qui
donne la meilleure chance de sauver la paix sans sacrifier la liberté.
Enfin, en un exercice de pensée utopique, il cherche les conditions de
paix par la loi. En 1962, lorsque cet ouvrage paraît, ces conditions ne
sont pas réalisées et la paix se résume à l'absence
ou à la limitation des guerres. L'analyse de Raymond Aron prend place en
pleine guerre froide et explicite les rapports de force qu'impose l'arme
nucléaire détenue par quelques puissances militaires. C'est aussi
une réflexion sur le devenir de l'humanité.
? Colette Braeckmann : dans son ouvrage
l'enjeu congolais, l'auteur analyse le point sur l'Afrique centrale à la
fin du XXe siècle, situation intérieure en RDC et chez chacun de
ses voisins. La chute du régime le plus corrompu d'Afrique centrale,
devenu le symbole de l'ordre néocolonial, n'a-t-elle pas
été obtenue grâce à l'alliance de plusieurs pays
déterminés à parier sur l'avenir du continent ? La guerre
qui, un an après la chute de Kinshasa, mettra aux prises les anciens
alliés, engendrera une déception à la mesure de l'espoir
qu'avait suscité la « renaissance africaine », dont le Congo
devait être le berceau. Il apparaît alors que si les pays qui
prétendent incarner la nouvelle Afrique se sont dégagés de
l'influence européenne, ils restent en proie à leurs vieux
démons : l'égoïsme d'État, l'ethnisme, le goût
du profit immédiat, le recours à la violence. Tout à la
fois chronique des événements récents, analyse des forces
en présence (Etats, leaders, ethnies, peuples, grandes puissances,
organisations humanitaires, etc.) et réflexion
1 Aron Raymond, Paix et guerre entre les nations,
Paris, éd. Calmann-Lévy 1962.
8
prospective, cet ouvrage s'attache aussi à
déceler les signes d'espoir au coeur de ce continent à la
dérive.2
? Mulamba Mubyabo Ngeleka : dans un ouvrage
collectif, traite des alliances stratégiques et conflits armés
dans la région des Grands Lacs : exemple du Rwanda et de la
République Démocratique du Congo. Dans sa réflexion, il
examine le rôle que les Etats de la sous région de Grands Lacs ont
joué dans le renversement des régimes dictatoriaux au Rwanda et
en République Démocratique du Congo.3
? Colette Braeckmann : nous présente
encore la configuration de l'espace congolais après Mobutu : un espace
déchiré par une guerre qui oppose les alliés d'hier qui
ont conduit Laurent Désiré KABILA au pouvoir en RDC. Elle aborde
largement cette guerre dans ses premiers jours, passe en revue les actions et
les parrains engagés, écrit ses principaux enjeux, ses grands
objectifs. Toutefois, elle note que la guerre a conduit à une impasse
tant politique que militaire. Dans sa conclusion elle énumère
quelques conditions pour arriver à une solution durable, il s'agit entre
autres : le désarmement des milices par une force
d'interposition.4
Cet auteur, dans une autre analyse5, nous retrace
la scission des alliés d'hier maintenant regroupés en camps
montés les uns contre les autres, ayant mis en relief une division
autour des intérêts économiques. De la mort de Laurent
Désiré KABILA à son remplacement par son fils Joseph
KABILA, de la remise en cause du régime KABILA père à la
mise en place des
2 BRAECKMANN, C., L'enjeu congolais. L'Afrique
centrale après MOBUTU, Bruxelles, Fayard,
1999.
3 MULAMBA NGELEKA : « Alliances
stratégiques et conflits armés dans la Région des Grands
Lacs : exemple du Rwanda et de la République Démocratique du
Congo » in LIKUNDOLI : mémoire et enquêtes d'histoire
congolaise, X 1-2. Conflits et violences dans l'histoire contemporaine de
l'Afrique centrale, cerdac, PUL. 2006
4 BRAECKMANN, C., Les nouveaux prédateurs.
La politique des puissances en Afrique
centrale, Bruxelles, Fayard, 2003.
5 BRAECKMANN, C., Vers la deuxième
indépendance du Congo, Paris, Kinshasa, Editions Le Cri, Afrique
Editions, 2008
9
institutions de la transition, BRAECKMANN décrit la
précarité de l'ordre politique en RDC, les
velléités des Etats voisins dont les armées sont
dotées de grandes capacités de projection et la lutte pour le
contrôle de l'exploitation des matières premières. Elle met
aussi en scène des `'aventuriers» qui ont investi ou qui gagnent
dans cette tragédie de tout un peuple. Enfin, elle parle du rôle
des puissances dans cette crise dont le bilan humanitaire est très
lourd, notamment de leur soutien supposé ou réel auprès
des agresseurs ainsi que de leur engagement dans le dénouement de la
situation.
Ces deux ouvrages ont le mérite d'avoir analysé
la confusion qui a régné en Afrique centrale avec les deux
guerres du Congo dans lesquelles les pays des Grands Lacs ont joué un
rôle de première importance. Un décalage de temps les
sépare néanmoins de notre étude suite à
l'évolution du contexte régional des guerres ouvertes vers une
guerre civile masquée, et où la participation des acteurs
étrangers à la RDC devient plutôt subtile dans une crise
que les multiples efforts n'ont pas réussi à faire
disparaître. En outre, nous ne prenons en compte que les pays
traditionnellement membres de la CEPGL. En cela, notre quête parait
sectorielle et limitée par rapport aux deux ouvrages.
? Olivier LANOTTE : aborde les aspects
extérieurs des deux guerres dites de libération, de ses origines
rwandaises à son internationalisation jusqu'à devenir la
première guerre continentale et africaine. Il analyse
géopolitiquement le conflit en dégageant ses enjeux
régionaux ainsi que l'implication des acteurs africains tant internes
qu'étrangers qu'il nomme `'nouveaux parrains» africains, d'une
part, et évoque d'autre part les enjeux internationaux au coeur desquels
il place l'économie des moyens dans la politique interventionniste des
puissances à certaines parties dans le conflit et le regain
d'intérêts des autres pour les parties ouvertes. Dans son post
face signé par Gérard PRUNIER, ce conflit est
présenté comme « le rejeton monstrueux » du
génocide et du non traitement par la communauté internationale
tant du génocide lui-même que de ses conséquences. LANOTTE
part d'une dynamique externe qui est venue changer le cours des
10
choses en RDC et qui a imprimé un caractère
nouveau aux relations interafricaines, la possibilité de diviser des
Etats autour des intérêts et de les opposer directement par des
affrontements armés. Cette perspective, sur l'échiquier
régional est dépassée, chaque Etat comptant à agir
par une main invisible avec des stratégies de substitution militaire. En
outre, il ne s'agit ici que des rapports entre 3 Etats et d'une
rivalité, non plus ouverte mais latente.6
? Paul MATTHIEU, Jean-Claude WILLAME et les autres
: ont analysé en deux parties, les problèmes politiques,
sécuritaires et identitaires qui se sont posés au Kivu jusqu`en
1999. A coté des guerres paysannes au Nord-Kivu articulées autour
des enjeux fonciers et identitaires aussi bien entre divers groupes locaux
anciennement implantés sur le territoire de cette province que
différents groupes des Banyarwandas présents dans la
région, est développée l' `'Africa War I». Celle-ci
est une guerre régionale qui a impliqué militairement 7 à
10 Etats africains, 3 mouvements rebelles congolais, de nombreux groupes
rebelles ougandais, rwandais, burundais et angolais, sans compter de multiples
acteurs privés africains et occidentaux. Entre prétexte et
réalité, il dépeint le motif sécuritaire qui a
permis au Rwanda d'attaquer la RDC. Ils évoquent également les
prédations qui se présentent comme un modèle
économique rigoureusement contrôlé par des Seigneurs de
guerre dans une Afrique de comptoirs, conséquence de la
guerre.7
Ces auteurs nous éclairent tant sur les acteurs que sur
les enjeux en présence.
Cependant, Pour dégager l'originalité de notre
travail par rapport à tous ceux qui précédent, il sera
question pour nous de rechercher quel rôle doit-on attendre des nos
forces armées dans la quête de la paix entre les
6 LANOTTE, O, Guerres sans frontières en
République Démocratique du Congo. De Joseph Désiré
MOBUTU à Joseph KABILA, Bruxelles, Editions du GRIP, 2006.
7 MATTHIEU, P, et WILLAME, J-C, Conflits et guerre
au Kivu et dans la région des Grands Lacs. Entre tensions locales et
escalade régionale, Paris, L'Harmattan, Cahiers Africains N°
39-40, 1997
11
nations en vue d'évaluer leurs chances de réussite
en période de crise ou de
guerre.
- Problématiques
L'objet d'un travail de recherche selon Madeleine GRAWITZ
répond à la question « qu'est ce que je cherche ? ».
Appliqué à notre thème de travail pour dégager les
problématiques, les questions suivantes méritent d'être
posées :
1. pourquoi les armées congolaise et rwandaise
(actuellement FARDC et FRD) ne jouent-elles pas bien leurs rôles ?
2. Est- ce que les FARDC et les FRD sont des armées
républicaines ?;
3. Quels types de faiblesses peut-on retenir dans les
capacités militaires de la RDC ?
- Hypothèses
En guise de réponses aux questions posées
ci-haut dans les problématiques, nous pouvons émettre les
hypothèses suivantes :
? En tant qu'armée des Pays Satellites, ces deux
armées ont souvent été là pour protéger les
intérêts de Grandes puissances et aider aussi les Dirigeants de
ces deux pays à se maintenir au pouvoir.
? Considérant les abus commis par ces deux
armées contre ceux qu'elles sont sensées protéger, la
désorganisation qui y règnent, la qualité des hommes qui
les constituent etc. Ces armées ne sont pas des armées
républicaines.
? Les faiblesses au sein des ces armées sont d'ordre :
technique, qualitatif, quantitatif, organisationnel etc.
- Méthodes et techniques
Il s'agit ici de présenter les méthodes de
travail et les techniques de recherche qui seront utilisées pour mener
à bien la recherche. Le travail scientifique doit s'appuyer sur une
démarche rigoureuse et cohérente pour
12
atteindre le but poursuivi ; c'est ainsi que, pour aboutir
à des résultats escomptés, nous ferons recours aux
méthodes suivantes :
* Méthode systémique : Elle
sert à étudier le fait social en tant que totalité
structurée ; dans une relation systémique ; les différents
éléments ou acteurs sont soudés, solidaires dans la
réalisation de l'objectif. Chaque acteur doit participer effectivement
dans l'accomplissement dudit objectif. Cette démarche va nous permettre
de considérer les FARDC et les FRD comme deux ensembles
des troupes régulières chargées d'assurer les
opérations offensives ou défensives, les premières en RDC
et les secondes au RWANDA. Dans la perspective d'une compréhension
suffisante du phénomène nous nous proposions, le cas
échéant, de compléter les limites de l'approche
systémique par l'approche stratégique surtout en ce qui est de
l'explication du fonctionnement interne desdits armées.
* Méthode comparative (Homologie structurale)
: Elle permet d'étudier les relations d'interaction entre les
structures homologues, c'est-à-dire de même nature, de part les
critères de leurs définitions et de leur constitution. La
méthode comparative va nous permettre d'étudier quelques
éléments de différence et de ressemblances entres les deux
armées et nous aider également à comprendre les
opérations conjointes entre les FARDC et les FRD contre les FDLR au
Nord-Kivu.
Pour la récolte des données, nous avons recouru aux
techniques ci-après :
a) La technique documentaire en consultant
divers documents portant sur le sujet en examen ; La technique de
participation-observation ; ici, nous avons récolté les
données des discours, symposium du cinquantenaire, etc. ;
b) La technique d'analyse du contenu :
d'après M. GRAWITZ, le choix de l'utilisation de la technique
documentaire se justifie par le fait qu'elle permet au chercheur d'analyser les
réalités se situant dans les documents écrits pour but de
compléter ce que l'on a trouvé sur le terrain. Cette technique va
nous permettre d'obtenir, de ressembler et de consulter les documents
écrits comme les ouvrages, les rapports,
13
les revues, les mémoires, les TFC, les sites web et
autres informations écrites en rapport avec notre sujet d'étude,
afin de reconstituer les faits à travers la critique de nos sources, le
choix des textes, les auteurs, la compétence de ces derniers, la
périodicité et la provenance etc.
DIFFICULTES RENCONTREES
Dans la réalisation de ce travail, nous nous sommes
heurtés à des obstacles de plusieurs ordres, parmi lesquels nous
pouvons citer :
L'accession à des informations plus sûres, plus
détaillées et plus complètes du fait que la plupart
d'entre elles sont classées Top secret, verrouillées par le
Secret d'Etat, Secret de défense et Secret militaire ; Nous n'avons pu
atteindre tous les coins de notre terrain d'étude faute de moyens
nécessaires y afférents suite à l'éloignement des
différents points de décisions et d'opérations ;
De même, la forte sensibilité de notre
étude ne nous a pas permis de nous rendre dans certaines maisons,
notamment les ministères de défense, aux quartiers
généraux des Etats majors des armées des pays
concernés par notre étude.
Pour contourner ces difficultés, nous avons usé
de nos démarches personnelles, connaissances, compétences,
recherches et relations privées pour glaner le maximum de
données.
- SUBDIVISION DU TRAVAIL
Outre l'introduction et la conclusion, le présent se
compartimenter à cinq chapitres :
? Le premier chapitre qui a traité sur «
les considérations générales » et
fournit des précisions sur les concepts opérationnels de notre
étude. Il s'agit de l'Armée, la pacification, la nation, ainsi
qu'une présentation synthétique de la RDC et du Rwanda.
14
? Le deuxième chapitre s'est intitulé
« Armée dans la théorie stratégique ou
théorie de la sécurité » et analyse
l'armée comme instrument de défense, comme instrument de
dissuasion, comme instrument de coercition ainsi que comme instrument de statu
quo.
? Le troisième chapitre a porté sur
« L'Autopsie des armées congolaise et rwandaise »
et nous a permis faire d'examiner Armée rwandaise, Armée
congolaise, sa constitution (création), son emploi, sa doctrine, ses
missions ainsi ses moyens matériels et humains.
? Le quatrième chapitre quant à lui,
porte le titre: « De l'armée outil de guerre à
l'armée facteur de paix régionale » et analyse
différents points dont : Armée outil de guerre ; FRD et
occupation de la RDC ; Armée facteur de paix régionale
armée instrument de légitime défense (charte e l'ONU) ;
armée instrument de maintien de la paix ( dans le cadre de l'ONU, de
l'UA, du Pacte sur la sécurité, la stabilité et
développement de la région des grands lacs.
? Le cinquième chapitre parle de :
« Faiblesse des capacités militaires de la RDC et
sécurité régionale » il analyse les points
suivant : Des FARDC à la création d'une armée
républicaine ainsi que l'Armée républicaine et défi
de la diplomatie congolaise de la défense.
15
CHAPITRE I : CONSIDERATIONS GENERALES
Le présent chapitre traite des
généralités de notre travail. Le but de ce chapitre est de
fixer les fondements théoriques sur la base desquels procèdera
notre étude
Dans un premier temps, il s'agit d'éclaircir les
concepts utilisés à partir d'un effort de définition,
ensuite nous présenterons la République Démocratique du
Congo et son histoire militaire et Rwanda et son histoire militaire d'une
manière succincte.
SECTION I. ARMEE
Le terme « armée », du latin armada. A
l'origine, il signifie l'armement des navires, d'où le nom espagnol
armada : flotte, armée de mer. Par analogie et dérogation, on a
désigné, sous le vocable d'armée, l'armée de terre
; la marine prenant le nom de flotte de guerre, flotte de Commerce, etc.
L'armée est un ensemble des forces militaires d'un
pays, rassemblées, entraînées, structurées et
équipées de façon à pouvoir entreprendre des
manoeuvres guerrières à caractère offensif (conquête
de territoire ennemi) ou défensif. Par guerre j'entendrai un état
de conflit entre deux Etats, où les divergences d'intérêt
sont réglées par la force et non par le droit. La paix, elle, ne
peut se résumer à une absence de conflit, mais correspond
à une situation où les différents sont
réglés par le droit.
Le terme « armée » peut désigner
l'institution toute entière, regroupant tous les militaires du pays, ou
un ensemble plus restreint composé d'hommes placés sous la
direction d'un commandant militaire ; sous un seul commandement et
affectés à une mission précise.
Dans son sens le plus général, le terme
d'armée s'applique aux moyens d'un Etat, d'un peuple, d'une
collectivité sociale, politique, religieuse ou économique, moyens
comprenant des effectifs organisés, hiérarchisés,
armées, équipés, administrés et militairement
instruits ; leur fin est d'imposer la volonté de l'autorité
supérieure par la force ou la menace de son
16
exercice, soit à l'intérieur soit à
l'extérieur des territoires mouvants ou fixes, de la collectivité
considérée 8.
Dans un sens restrictif, le terme d'armée s'applique
aussi à une fraction importante de l'ensemble des moyens militaires
destinés à la défense, d'une frontière, d'une
région, ou à l'exécution d'une mission stratégique
sur un théâtre d'opération déterminé ;
Des nos jours, on appelle plus exactement armée une
grande unité terrestre, assumant une mission stratégique par la
combinaison et la direction des manoeuvres tactiques des grandes unités
subordonnées, manoeuvres opérées éventuellement
à la suite du déclanchement des feux nucléaires et de
l'exploitation de leurs effets, en liaison ou non, avec une grande unité
aérienne adaptée, et, selon les circonstances, avec les forces
navales.
Différents types d'armées :
Les structures des armées et leur volume ont
varié au cours des périodes historiques. Il est difficile de
définir, avec exactitude, les différents types d'armées,
les désignations ne recouvrent pas de caractères identiques selon
les époques et la localisation géographique.
On peut, néanmoins, distinguer :
? les armées nationales, les milices ;
? les armées féodales ;
? les armées permanentes ;
? les armées de métier, les mercenaires.
Ces appellations ne s'excluent pas les unes des autres : les
mercenaires sont des gens de métier, mais une armée de
métier peut être nationale par son recrutement ; une certaine
organisation des milices constitue parfois une armée semi-permanente ;
(l'armée suisse au cours des deux guerres mondiales), alors que les
armées féodales par nature, ne sont
8 Encyclopaedia Universalis France S.A 1988
9 MOKTHAR Lakelal, Dictionnaire des Relations
Internationales. L'outil indispensable pour comprendre la nature et les enjeux
des liens entre les nations, Paris, Editions Ellipses, 2006
17
pas permanentes, mais rassemblées, occasionnellement,
pour de courtes périodes.
SECTION
II. LA PACIFICATION
1. Dans son acception première, le terme
désigne un processus par lequel une zone géographique soumise
à l'anarchie ou à la guerre parvient à retrouver un
équilibre pacifique.9
2. Ce retour au calme étant souvent imposé par
les armes, le substantif est aussi un terme convenu par lequel- non sans
cynisme- les Etats désignent la répression d'une
résistance ou d'une opposition politique armée.
La pacification est comprise ici comme le fait de mettre un
terme à un conflit, c'est la restauration de la paix. On fait souvent
appel au moyen de persuasion morale, afin d'obtenir la satisfaction de
certaines revendications et éviter ainsi le recours à la guerre
en cas de différend, dans le but de parvenir à des
procédures garantissant la sécurité collective.
Dans le cadre de la pacification, souvent on possède
à la signature d'un accord de paix avec les chefs des parties en conflit
en échange d'une amnistie générale pour les crimes commis,
à l'intervention d'une force internationale de maintien de la paix et au
désarmement des différents combattants. Cette pensée
trouve son origine dans le pacifisme qui est un courant politique et
idéologique caractérisé par l'opposition à la
guerre et à toute forme de violence, qui s'exprime de manière
individuelle ou dans le cadre d'un mouvement organisé.
Le pacifisme trouve ses fondements dans des préceptes
moraux ou des croyances religieuses, auxquels s'ajoutent parfois des
considérations sur les implications sociales et politiques de la
guerre.
18
SECTION
III. LA NATION
Nation, groupe humain vivant sur un même territoire,
lié par la conscience d'une histoire, d'une culture, de traditions et
parfois d'une langue commune et formant une entité politique. Si le
sentiment national, suscité par les rois de France, fait son apparition
lors de la guerre de Cent Ans, la définition actuelle du mot «
nation » est le fruit d'une longue évolution qui n'aboutit qu'au
XIXe siècle, bien que le terme ait existé antérieurement :
ainsi, au XVIIe siècle, le dictionnaire de Furetière en donne la
définition suivante : « Un grand peuple habitant une même
étendue de terre renfermée en certaines limites ou même
sous une certaine domination », mais le terme n'a pas encore sa
connotation idéologique d'attachement à un ensemble
géographique, d'enracinement dans un terroir. L'Encyclopédie
(1765) n'est pas plus précise et s'attache au constat : « Une
quantité considérable de peuples qui habite une certaine
étendue de pays, renfermée dans de certaines limites, qui
obéit au même gouvernement. »
SECTION IV. REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
République démocratique du Congo, pays d'Afrique
centrale. Sa capitale est Kinshasa. La RDC est bordée par la
république du Congo à l'ouest, la République
centrafricaine et le Soudan au nord, l'Ouganda, le
Rwanda, le Burundi, la Tanzanie à l'est, la Zambie et
l'Angola au sud.
§1. Brève histoire de la RDC
Depuis la Constitution de 1967, révisée en 1978,
le Zaïre, dirigé par Mobutu Sese Seko, se caractérisait par
un régime présidentiel autoritaire à parti unique.
Après les manifestations des étudiants et des opposants de 1989
et 1990, le Zaïre entre dans une transition chaotique vers la
démocratie. En avril 1990, le président annonce l'abandon du
parti unique. L'année suivante, après de nouvelles grèves
et émeutes, soixante partis sont officiellement reconnus et une
Conférence nationale est constituée, afin de doter le pays d'une
nouvelle Constitution, qui doit être soumise au référendum.
En juin 1994, un nouvel accord entre Mobutu et les partis
10 Microsoft Encarta 2009.
19
d'opposition démocratique permet d'instaurer un partage
du pouvoir entre le président et une institution législative,
appelée Haut Conseil de la République : Parlement de transition.
10
Après sa prise de pouvoir, en mai 1997,
Laurent-Désiré Kabila dissout l'ensemble des institutions et
forme un gouvernement constitué de ses proches, assumant seul les
pouvoirs législatif et exécutif. Le pays plonge dans une guerre
civile sanglante, alimentée par l'intervention militaire des pays
environnants. Après l'assassinat, en janvier 2001, de
Laurent-Désiré Kabila, son fils Joseph lui succède
à la tête de l'État. Après des années de
négociations avec les groupes d'opposition armés afin d'aboutir
à une réconciliation nationale, Joseph Kabila instaure en juillet
2003 un gouvernement d'union nationale. La question de la répartition du
pouvoir pour la direction du pays est réglée par la mise en
place, aux côtés du président, de quatre
vice-présidents représentant les principales forces d'opposition
armées et non armées. Cette transition démocratique
aboutit à l'adoption d'une nouvelle Constitution, approuvée par
référendum en décembre 2005 et à la tenue, en 2006,
d'élections multipartites, les premières depuis
l'indépendance. Ce scrutin historique, qui concerne 25 millions
d'électeurs, est organisé sous le contrôle d'observateurs
internationaux et la protection de plusieurs milliers de soldats de l'ONU et de
l'Union européenne. Il oppose principalement Joseph Kabila, soutenu par
une trentaine de partis réunis au sein de l'Alliance pour la
majorité présidentielle (AMP), au vice-président
Jean-Pierre Bemba, chef de file du Mouvement de libération du Congo
(MLC) -- il est boycotté par l'opposant de longue date Étienne
Tshisekedi, leader de l'Union pour la démocratie et le progrès
social (UDPS). À l'issue d'un scrutin considéré comme
globalement régulier et marqué par une forte participation,
Joseph Kabila est élu au second tour avec 58,05 % des suffrages.
11 Microsoft Encarta, op.cit
12 Idem
20
§ 2. Organisation des pouvoirs en
RDC11
La Constitution adoptée le 17 février 2006 pose
les bases d'un État démocratique. Elle instaure un régime
semi-présidentiel dans un État unitaire, mais fortement
décentralisé -- les vingt-cinq provinces (plus la ville de
Kinshasa) qui composent l'État sont en effet dotées d'une large
autonomie exercée par des Assemblées et des gouvernements
provinciaux.
Le chef de l'État est le président de la
République. Il est élu au suffrage universel direct pour un
mandat de cinq ans renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre au sein
de la majorité parlementaire. Le Premier ministre dirige le gouvernement
et conduit la politique de la nation, élaborée en concertation
avec le président de la République. Les domaines clé des
affaires étrangères, de la défense et de la
sécurité sont du ressort commun du président de la
République et du Premier ministre.
Le pouvoir législatif est exercé par un
Parlement composé de deux chambres : l'Assemblée nationale et le
Sénat. L'Assemblée nationale comprend 500 députés
élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Les
sénateurs sont élus au suffrage indirect par les
Assemblées provinciales pour un mandat de cinq ans. Le gouvernement est
responsable devant l'Assemblée nationale, qui peut voter une motion de
censure. Le président de la République a le pouvoir de dissoudre
l'Assemblée nationale en cas de crise persistante avec le gouvernement.
12
§ 3. Histoire militaire de la R.D.Congo
L'histoire militaire du Congo-Kinshasa couvre environ un
siècle et demi d'Histoire à travers l'Afrique centrale mais aussi
en Afrique orientale. La présente partie est donc la synthèse des
historiques des nombreux conflits qui ont ensanglanté le pays et la
région depuis les années 1960.
21
Le 5 juillet 1960, quelques jours seulement après la
déclaration d'indépendance, les garnisons de la Force Publique
des environs de Léopoldville se mutinèrent contre leurs officiers
blancs et attaquèrent de nombreuses cibles européennes.
L'insurrection fut à l'origine d'une panique parmi la population civile
d'origine européenne (essentiellement belge), qui retourna massivement
en Europe, et le nouveau gouvernement perdit sa crédibilité en se
montrant incapable de contenir les mutins et empêcher les exactions
(meurtres, viols et pillage), prémisses de la crise congolaise à
venir. Institution coloniale par excellence et honnie de la population
congolaise, la Force Publique fut rebaptisée Armée Nationale du
Congo (ANC), et son commandement fut africanisé.
? Armée Nationale du Congo: 1960-1971:
Durant les cinq années qui
suivirent, la sécession des provinces minières
du Katanga et du Sud-Kasaï, l'assassinat du leader de
l'indépendance Patrice Lumumba, et la rébellion qui en
résulta, plongèrent le pays dans une crise sans
précédent. Soutenues par les Nations unies dans la crise
katangaise, et assistées par les États-Unis et Israël dans
la reconquête du territoire rebelle, les troupes de Mobutu, ancien
sergent-major de la Force Publique devenu en quelques temps chef
d'état-major de l'ANC, parvinrent à pacifier quelques peu le
pays. Mobutu s'imposa alors comme une personnalité incontournable au
Congo. Après avoir réorganisé l'appareil militaire
à son avantage, il mit à profit sa position, et fort du soutien
de la Belgique et de la CIA, il mena le 24 novembre 1965 un coup d'État
contre Joseph Kasavubu, premier président du Congo nouvellement
indépendant.
Champion du bloc occidental contre l'avancée du
communisme en Afrique subsaharienne, Mobutu et son armée
bénéficièrent d'un appui technique déterminant de
la part de la superpuissance américaine, de l'ancienne métropole
belge et de la France. Ainsi, en mai 1968, les puissances occidentales
aidèrent à la formation d'une brigade de
22
parachutistes, composée de deux régiments,
s'articulant eux-mêmes en trois bataillons.13
Fin octobre 1971, Mobutu lança la politique du recours
à l'authenticité, et le pays fut renommé «
République du Zaïre ». Par conséquent l'Armée
Nationale du Congo (ANC) prit le nom de Forces armées zaïroises
(FAZ).
? Forces Armées Zaïroises: 1971-1997
:En juillet 1975, selon
l'IISS Military Balance, les FAZ étaient
composées de 14 bataillons d'infanterie, de sept bataillons de garde, de
sept bataillons de parachutistes (hérités la brigade de
parachutiste formée en 1968). Il y avait également un
régiment de véhicules blindés et un bataillon d'infanterie
mécanisée. 14
? La guerre civile angolaise : Soutenu par le
camp occidental durant la Guerre froide, Mobutu engagea en 1975 ses troupes
dans la guerre civile en Angola, afin de soutenir le Front National de
Libération de l'Angola (FNLA) contre le Mouvement Populaire pour la
Libération de l'Angola (MPLA), d'obédience marxiste, soutenu par
l'Union soviétique, et au pouvoir depuis le 11 novembre 1975.
Menaçant de prendre Luanda, la capitale, les troupes zaïroises
furent finalement défaites par le corps expéditionnaire cubain
venu au secours d'Agostinho Neto.
A la suite de ce cuisant échec, la politique
d'ingérence dans les affaires angolaises s'intensifia avec le soutien
des Forces armées zaïroises au Front de libération de
l'enclave du Cabinda (FLEC) et plus tard à l'Union nationale pour
l'indépendance totale de l'Angola (UNITA).
En réaction, l'Angola ainsi que les troupes cubaines
basées là, soutinrent en 1977, le Front national de
libération du Congo (FNLC) et lancèrent en mars de la même
année une offensive dans la riche province minière du Katanga,
renommée Shaba en 1971.
13 British Military Attache Kinshasa, Report for the Period
Ending 30 June 1970, FCO 31/577.
14 IISS Military Balance 1975-76, p.45
23
? La Première Guerre du Shaba 15:
La première attaque, déclenchée le 7 mars et
forte de 2 000 hommes, cibla les villes minières proches de la
frontière, notamment Kolwezi. L'invasion ne rencontra qu'une
résistance mitigée de la part des Forces armées
zaïroises, pourtant en surnombre, équipées par les
puissances occidentales et encadrées par des conseillers militaires
américains, français et belges. Face à cette
déroute, Mobutu fut contraint de demander l'assistance de ses
alliés. La Belgique, les États-Unis et la France
envoyèrent immédiatement un soutien aéroporté,
l'Égypte fournit une cinquantaine de pilotes et techniciens
renforçant de manière conséquente la Force aérienne
zaïroise, enfin le Maroc déploya un contingent aguerri de 1 500
hommes. Le parachutage des troupes françaises sur Kolwezi le 9 avril, et
la contre-offensive des forces zaïroises et marocaines le 14 avril,
entamèrent la reconquête de la province, causant la fuite de 50
000 réfugiés vers l'Angola. Fin mai, le Shaba était sous
contrôle et le régime de Mobutu sauvé.
Néanmoins, la contre-performance des FAZ, incapables de
garantir seules la défense du pays, mit en exergue l'affaiblissement
chronique des troupes de Mobutu 16 , caractérisées par
des officiers incompétents et corrompus, des soldats sous-payés
qui préférèrent déserter plutôt que
combattre. Mobutu réforma donc l'organisation interne de l'armée
et la chaîne de commandement. Il purgea les FAZ de 25 % de leurs
effectifs, jugés déloyales et inefficaces, intégra
l'état-major dans son cabinet présidentiel et cumula les
fonctions de chef d'état-major, de ministre de la défense et de
commandant suprême des FAZ.
Enfin, afin de garantir la sécurité dans la
province du Shaba, il y assigna définitivement la division
Kamanyola17, troupe d'élite auparavant affectée
à la défense de Kinshasa.
15 Sandra W. Meditz & Tim Merrill: Library of Congress
Country Studies, Shaba, (eds) Zaire 1993
16 Sandra W. Meditz and Tim Merrill, Country Study
for Zaire , Library of Congress, 1993,
17 La Division fut formée en 1974 et
entraînée par des officiers de Corée du Nord. Elle fut
nommée ainsi d'après l'incident de juin 1964 dans la ville de
Kamanyola. En 1993, elle est composée de la 11ème, de la
12ème, et de
la 14ème Brigade d'infanterie. Voir Michela Wrong, The
Emperor Mobutu, Transition - Issues 81 & 82 (Volume 9, Number 1 and 2),
2000, pp. 92-112
24
Néanmoins, si, au terme de la Première Guerre du
Shaba, Mobutu tenta de colmater les brèches, rien dans le fond ne
changea. La logique de la Guerre Froide poursuivit son cours et ni Mobutu, ni
Agostino Neto ne se décidèrent à arrêter l'entretien
des mouvements de guérilla (FNLA, FLEC et UNITA d'une part et FNLC
d'autre part). Dès lors un second conflit paraissait
inévitable.
? La Deuxième Guerre du Shaba: Le
leader du Front national de libération du Congo (FNLC), Nathaniel
Mbumba, à la tête de ses "Tigres" katangais, bien
équipés, aguerris et fort de l'encadrement d'officiers cubains et
allemands, lança une offensive le 11 mai 1978 sur la ville de Kolwezi,
et prit en otage les 3 000 européens qui y résident. Après
le ralliement d'une partie des troupes gouvernementales de Kolwezi, les FAZ
furent mis en déroute et Mobutu fut contraint une fois de plus de
demander assistance à ses partenaires traditionnels, à savoir les
États-Unis, la France et la Belgique.
Afin de protéger ses ressortissants, le 16 mai, la
France mit en alerte le 2e REP (Régiment étranger de
parachutistes), qui, par une attaque surprise (Opération Bonite)
rondement menée se rendit entièrement maître de la ville en
quelques jours, mit en fuite les rebelles katangais, et fit évacuer les
otages européens. Par la suite les parachutistes belges et les troupes
d'une force africaine à dominante marocaine aidèrent la
Légion étrangère et les FAZ à sécuriser la
région.
Enfin, les États-Unis supervisèrent les
négociations entre les gouvernements angolais et zaïrois en vue
d'un accord de paix et de l'arrêt du support aux rébellions
respectives par les deux pays. Le Zaïre interrompit
25
momentanément son aide aux FLEC, FNLA, et UNITA et
l'Angola retira son soutien aux séparatistes du Shaba. 18
? Les troubles du début des années 1990
: Le cruel manque de discipline au sein des forces congolaises se
manifesta de nouveau en 1990. En effet, avec le délitement du bloc de
l'Est et la fin de la Guerre Froide, le soutien inconditionnel des occidentaux
au Zaïre de Mobutu cessa. Ce dernier, conforté par les relations
personnelles qu'il entretenait avec certains dirigeants occidentaux, continuait
de croire en son impunité et laissa délibérément la
condition des militaires se dégrader afin qu'il ne soit pas
menacé dans sa maîtrise du pouvoir19. Mais, en
septembre 1991, lors des violentes émeutes de Kinshasa, certaines
garnisons de la capitale, mécontentes des bas salaires et des
accumulations de retard de paie, finirent par prendre fait et cause pour les
émeutiers. Et les troubles ne furent arrêté que par la
sanglante répression de la Division Spéciale
Présidentielle (DSP), et par l'intervention des forces françaises
(« Opération Baumier ») et belges (« Opération
Blue Beam »)20.
En 1994, à la veille du génocide du Rwanda, et
des conséquences pour la région des Grands Lacs, la situation des
FAZ est dramatique. En effet, hormis certaines unités
privilégiées telles que la DSP ou la 31ème Brigade
aéroportée, la majorité des autres formations
étaient, depuis une décennie, faiblement entraînées,
mal équipées, et si mal payées, qu'elles avaient
régulièrement recours au racket des populations locales. De
même, la politisation, ainsi que l'ethnicisation progressive des troupes
achevèrent de discréditer aux yeux de la population et des
observateurs internationaux une armée déjà largement
désavouée 21 . Enfin, bien entendu, les FAZ
18 George, Edward. The Cuban Intervention in
Angola, 1965-1991: From Che Guevara to Cuito Cuanavale, 2005. Page 136
19 Jane's Sentinel Security
Assessment - Central Africa., Jane's Information Group,
Coulsdon, Issue 11 - 2002 p. 289
20 Tom Cooper & Pit Weinert, Zaire/DR Congo
since 1980, 2 September 2003, Air Combat Information Group, accessed August
2007
21 Jacques Ebenga & Thierry N'Landu The Congolese National
Army: In search of an identity , Evolutions and Revolutions, Pretoria,
Institute for Security Studies, 2005, p.66-70, 73-74
26
n'avaient pas échappé, elles non plus, à
la détérioration généralisée des
infrastructures zaïroises, victime du régime clientéliste et
kleptomane de Mobutu.
? La Première Guerre du Congo:
Dès 1994, la province du Kivu, à l'Est du pays, vit
l'arrivée d'immenses flots de réfugiés, composés de
Tutsis et d'Hutus, fuyant le génocide au Rwanda. Accueillies dans des
structures humanitaires mis en place non loin de la frontière orientale,
les populations réfugiées comptèrent rapidement parmi
elles nombre de génocidaires hutus, désireux d'échapper
à l'offensive du Front patriotique rwandais (FPR).
Or, protégés par la communauté
internationale, ces camps humanitaires devinrent rapidement autant de
sanctuaires pour les extrémistes hutus en mal de revanche. Aussi, Paul
Kagamé, leader du FPR, et nouvel homme fort de Kigali,
considérant le Rwanda menacé par un retour des milices
génocidaires, entreprit d'armer les Banyamulenge, Tutsis
émigrés au Kivu depuis les années trente, et vus comme des
alliés naturels du Rwanda.
À la mi-octobre 1996, les camps humanitaires aux abords
de Bukavu subirent les attaques de Banyamulenge dirigés par un
vétéran de la rébellion muleliste:
Laurent-Désiré Kabila, reconvertit dans le commerce de l'or et de
l'ivoire dans les années quatre-vingt.
Partant de la frontière orientale, la rébellion,
équipée et soutenue par le Rwanda, l'Ouganda et l'Angola dispersa
les camps de réfugiés avant de faire marche vers l'ouest, prenant
les villes de Goma, Bukavu et Kisangani, ainsi qu'en direction du sud vers les
régions minières du Katanga et du Kasaï. Les armées
rebelles, structurées autour de Kabila et de l'Alliance des forces
démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), ne rencontrant
pas de véritables oppositions, occupèrent des régions
abandonnées par les Forces armées zaïroises (FAZ).
Celles-ci, à l'exception de quelques unités
27
d'élites, ne recevaient plus de solde depuis des mois,
et battirent en retraite, se rendirent sans combattre ou
intégrèrent même les forces rebelles.
Privé des régions fortes du Zaïre et
abandonné par ses protecteurs
occidentaux, le maréchal Mobutu fut incapable de faire
face à la situation et ne réussit pas à imposer de
cessez-le-feu à son adversaire.
Aussi, malgré l'élaboration d'un plan de paix de
l'Organisation de l'unité africaine (OUA) reposant sur la cessation des
hostilités et sur l'ouverture d'un dialogue politique, les combats se
poursuivirent. Sur le terrain, les forces de l'AFDL continuaient leur
progression en direction de Kinshasa. De même, en dépit des
pressions internationales, la rencontre, le 4 mai 1997, entre Mobutu et
Laurent-Désiré Kabila, à bord d'un navire sud-africain,
n'aboutit pas.
Le 17 mai 1997, les troupes de l'AFDL entrèrent dans
Kinshasa, acclamée par une population kinoise, excédée par
trente ans de dictature et lassée du régime mobutiste. Rejetant
les symboles du régime mobutiste, le nouveau pouvoir entreprit alors de
gommer une partie des dénominations nées de la
zaïrianisation : le pays redevint ainsi la République
démocratique du Congo, dont Kabila s'autoproclama président, le
fleuve fut rebaptisé Congo, le franc congolais se substitua à
l'ancien Zaïre, il en fut de même pour l'hymne national, la devise,
ainsi que les forces armées qui prirent le nom de Forces armées
congolaises (FAC) avant de devenir Forces Armées de la République
Démocratique du Congo (FARDC).
SECTION V. LE RWANDA
Rwanda, pays d'Afrique centrale situé au coeur de la
région des Grands Lacs africains. Sa capitale est Kigali. Le Rwanda est
bordé au nord par l'Ouganda, à l'est par la Tanzanie, au sud par
le Burundi et à l'ouest par la République démocratique du
Congo et le lac Kivu. Sa densité de population est l'une des plus fortes
du continent africain. C'est l'une des causes du drame humain qu'a vécu
le « pays aux mille collines » depuis
28
1994, marqué par les massacres de plusieurs centaines
de milliers de Tutsi et de Hutu.
§1. Brève histoire du Rwanda
La Constitution de 1978 prévoit un régime de
parti unique sous l'égide du Mouvement révolutionnaire national
pour le développement (MRND), à vocation multiethnique mais en
réalité dominé par les Hutu. Le pouvoir législatif
est exercé par une assemblée élue, le Conseil national du
développement (CND), et le pouvoir exécutif est confié
à un président assisté d'un Conseil des ministres. Le
président de la République rwandaise, le général
Juvénal Habyarimana, porté au pouvoir par un coup d'État
en 1973, est réélu en 1978, 1983 et 1988.
Tandis que le régime doit faire face à partir de
1990 à une rébellion menée par les troupes du Front
patriotique rwandais (FPR), dirigé par d'anciens exilés tutsi
depuis l'Ouganda et soutenu par l'opposition hutu modérée au
Rwanda, une nouvelle Constitution est mise en place en 1991. Elle instaure une
démocratie pluraliste. Un poste de Premier ministre est
créé et le CND est remplacé par une Assemblée
nationale de transition.
Un accord sur le partage du pouvoir entre le MRND, le FPR et
les partis d'opposition est signé en août 1993 à Arusha
(Tanzanie). Mais le Premier ministre, Faustin Twagiramungu, un Hutu
modéré, président du principal parti d'opposition, le
Mouvement démocratique républicain (MDR), ne parvient pas
à former le gouvernement de coalition prévu par ces accords.
Le 6 avril 1994, l'avion transportant les deux
présidents (hutu) du Rwanda, Juvénal Habyarimana, et du Burundi,
Cyprien Ntavyamira, est abattu alors qu'il s'apprête à atterrir
à l'aéroport de Kigali. La mort du président Habyarimana
est immédiatement suivie du massacre systématique des populations
tutsi et de l'assassinat des Hutu modérés par les milices
extrémistes hutu (appelées Interahamwe). Entre avril et juin, les
massacres provoquent entre 800 000 et un million de morts. Par la suite, le
secrétaire général de l'Organisation des Nations unies
(ONU), Boutros Boutros-Ghali,
29
qualifie de génocide le massacre des Tutsi. Un accord
sur le partage du pouvoir entre le MRND, le FPR et les partis d'opposition est
signé en août 1993 à Arusha (Tanzanie). Mais le Premier
ministre, Faustin Twagiramungu, un Hutu modéré, président
du principal parti d'opposition, le Mouvement démocratique
républicain (MDR), ne parvient pas à former le gouvernement de
coalition prévu par ces accords.
Le 6 avril 1994, l'avion transportant les deux
présidents (hutu) du Rwanda, Juvénal Habyarimana, et du Burundi,
Cyprien Ntavyamira, est abattu alors qu'il s'apprête à atterrir
à l'aéroport de Kigali. La mort du président Habyarimana
est immédiatement suivie du massacre systématique des populations
tutsi et de l'assassinat des Hutu modérés par les milices
extrémistes hutu (appelées Interahamwe). Entre avril et juin, les
massacres provoquent entre 800 000 et un million de morts. Par la suite, le
secrétaire général de l'Organisation des Nations unies
(ONU), Boutros Boutros-Ghali, qualifie de génocide le massacre des
Tutsi. Après la victoire du FPR sur les Forces armées rwandaises
(FAR), un gouvernement de transition est mis en place le 19 juillet 1994.
S'inspirant des accords d'Arusha, il exclut toutefois le MRND du fait de sa
responsabilité dans le génocide. Largement dominé par le
FPR, il possède une forte composante militaire. S'il est
présidé par un Hutu modéré du FPR, Pasteur
Bizimungu, le nouveau gouvernement est en effet fortement encadré par le
général Paul Kagamé, dirigeant de la rébellion
tutsi devenu vice-président et ministre de la Défense. L'emprise
tutsi s'accentue encore par la suite avec les départs progressifs des
Hutu modérés. En mars 2000, le président Pasteur Bizimungu
démissionne. Le 17 avril, Paul Kagamé, véritable homme
fort du régime, est désigné par le gouvernement et le
Parlement pour lui succéder.
S'il est accusé de dérive autoritaire par de
nombreux opposants et nombre d'observateurs, le régime de Paul
Kagamé mène cependant le Rwanda à ses premières
élections démocratiques. Après l'adoption d'une nouvelle
Constitution, approuvée par référendum en mai 2003,
l'élection présidentielle du 25 août 2003 tourne au
plébiscite pour Paul Kagamé, élu avec 95,05 p. 100 des
suffrages. Son principal opposant, Faustin
22 Microsoft Encarta, op.cit
30
Twagiramungu, ancien Premier ministre hutu
modéré, a été accusé pendant la campagne
électorale de « divisionnisme ethnique », une accusation
lourde de conséquences dans un pays traumatisé par le
génocide.
Lors des élections législatives d'octobre 2003,
la coalition formée autour du FPR de Paul Kagamé s'assure une
large victoire avec 73,78 p. 100 des suffrages, à l'issue d'un scrutin
caractérisé par l'interdiction ou la disqualification des
principaux partis ou candidats indépendants de l'opposition. Deux autres
partis dépassent le seuil des 5 p. 100 des voix, nécessaire pour
entrer à la Chambre des députés : le Parti
social-démocrate (PSD) avec 12,31 p. 100 des voix et le Parti
libéral (PL) avec 10,56 p. 100 des voix.
Supervisé par des observateurs internationaux, ce
processus électoral constitue une étape fondamentale dans la
démocratisation du Rwanda. Selon la mission d'observation de l'Union
européenne (UE), il est néanmoins entaché d'«
irrégularités et de fraudes » (entraves aux activités
de l'opposition, intimidations, arrestations, etc.).
§2 Organisation des pouvoirs au
Rwanda22 - Multipartisme et contrôle des partis
Si elle autorise le multipartisme et instaure le suffrage
universel, la nouvelle Constitution vise, pour nombre d'observateurs, à
maintenir le FPR au pouvoir et à neutraliser l'opposition. Ainsi, en
institutionnalisant le Forum de concertation des partis et des formations
politiques (institution informelle créée en 1994 et placée
directement sous le contrôle du FPR), la Constitution prévoit
l'existence d'un organe susceptible de contrôler les partis. Dans le
cadre de la lutte contre l'idéologie du génocide, la Constitution
interdit toute opposition « divisionniste », ce terme
désignant toute forme de dérive « ethniste ». Aussi, un
parti peut-il être interdit s'il s'identifie à une race, une
ethnie, un clan ou une région.
31
- Un régime présidentiel fort
La Constitution adoptée en 2003 institue un
régime présidentiel fort. Le pouvoir exécutif est
exercé par le Président de la République, élu au
suffrage universel direct pour un mandat de sept ans renouvelable une fois. Le
président de la République nomme le Premier ministre, ainsi que
les autres membres du gouvernement, sur proposition du Premier ministre. Les
membres du gouvernement sont choisis au sein des partis et formations
politiques en tenant compte de la répartition des sièges à
la Chambre des députés ; en outre, aucun parti ne peut occuper
plus de la moitié des postes gouvernementaux. La règle de
fonctionnement du gouvernement est le consensus ; faute de consensus, le
président de la République tranche souverainement.
- Parlement bicaméral
La nouvelle Constitution instaure un Parlement
bicaméral, constitué d'une Chambre des députés et
d'un Sénat. La Chambre des députés est composée de
80 membres, dont 53 sont élus au suffrage universel direct pour cinq
ans. Les autres 27 membres ne sont pas élus directement : 24
sièges sont réservés aux femmes, élues par les
conseils de districts et de villes ; deux députés sont
élus par le Conseil national de la Jeunesse et un député
est élu par la Fédération des associations des
handicapés.
Le Sénat est composé de 26 membres, dont 12 sont
nommés -- huit le sont par le président de la République
et quatre par le Forum des partis -- et 14 sont élus par diverses
institutions ; leur mandat est de huit ans. Cet organe dispose d'importantes
prérogatives : contrairement à la Chambre des
députés, il ne peut pas être dissout. En outre, c'est le
Président du Sénat qui assure l'intérim du
président de la République
Les Forces armées rwandaises (FAR) représentent
l'armée du Rwanda sous le régime de Grégoire Kayibanda,
puis de Juvénal
§ 3. Histoire militaire du Rwanda
32
Habyarimana. Cette armée était composée
presque entièrement des Hutu, selon l'ethnisme en vigueur au Rwanda de
1959 à juillet 1994. En 1975, deux ans après le coup
d'État de Juvénal Habyarimana, un accord d'assistance militaire
est signé entre la France et le Rwanda. Dès le début de la
guerre civile au Rwanda en octobre 1990, les FAR subissent une défaite,
malgré la mort de Fred Rwigema, chef du FPR, qui est aussitôt
remplacé par Paul Kagamé. La France envoie un contingent bien
équipé pour aider les FAR à stopper le FPR. C'est
l'Opération Noroit. Pour réorganiser les FAR, la France
décide de mettre en place un détachement d'aide militaire dont la
fonction est de former les hommes des FAR. Ce détachement d'aide
militaire en vient à former indirectement les miliciens Interahamwe. Les
FAR, composées en 1990 d'environ 5000 hommes, comptent plus de 50 000
hommes en 1994. Les soldats de cette armée Hutu sont les initiateurs du
génocide de 1994 contre les Tutsi et les Hutu modérés.
Dès le début des tueries, le FPR lance une offensive qui lui
permet de gagner du terrain rapidement. Les FAR, mobilisées par le
génocide trop loin du front, ne réagissent pas assez rapidement
pour contrer l'attaque du FPR. Malgré leur supériorité
numérique (le FPR ne compte que 15 000 hommes), les FAR sont mises en
déroute. Elles entraînent dans leur sillage la milice Interahamwe
et des centaines de milliers de civils Hutu qui fuient l'avancée du
FPR.
Des éléments de cette armée sont encore
en fuite au Zaïre (aujourd'hui République démocratique du
Congo), notamment au sein des FDLR, et dans divers autres pays africains.
Depuis 1994 et la prise du pouvoir par le FPR, l'armée
du Rwanda s'appelle l'Armée patriotique rwandaise, dite APR. Son nom
actuel est les Forces rwandaises de défense.
33
CHAPITRE II. ARMEE DANS LA THEORIE STRATEGIQUE OU
THEORIE DE LA SECURITE
Dans Ce chapitre nous analysons l'armée entant
qu'instrument de défense, comme instrument de dissuasion, comme
instrument de coercition ainsi que comme instrument de statu quo.
Plusieurs Illustres stratèges ont, de tout temps,
tenté de déterminer les lois générales
régissant les confrontations entre forces armées. Certaines de
ces lois, de par leur pertinence et leur universalité, ont
été érigées en principes dits "Principes de la
guerre".
Parmi ces principes, il faut citer :
· La conservation de la liberté d'action
· La concentration des efforts
· L'obtention de l'effet de surprise
· La définition et la persistance du but à
atteindre
· Le soutien du moral
· La qualité de l'administration
· L'économie des moyens
· L'unité de commandement
· L'initiative et l'offensive
· La simplicité
· L'anéantissement des forces ennemies.
? Les principes et les règles de l'art
militaire
Comme déjà indiqué, il existe plusieurs
manières de présenter les principes de l'art militaire. Le
célèbre historien militaire Henri Bernard qui fut longtemps le
professeur d'histoire militaire de l'École royale militaire (Belgique)
considérait qu'il y avait trois principes de base desquels
découlaient diverses règles. Nous les énumérons
ci-dessous :
· La proportionnalité des buts et des moyens
o La nécessité du renseignement
34
? La liberté d'action
o La réunion des forces
o L'inviolabilité de la ligne de communication
o La sûreté
o La dissimulation des intentions à l'ennemi
? Le rendement maximum ou l'économie des
forces
o La réunion du maximum de moyens
o Le maximum d'intensité
o La coopération
o L'unité de commandement
o Le choix du moment
o Le choix de l'endroit
o La surprise
o La vitesse
o La continuité
Dans la fonction de l'utilisation de la force, une armée
peut être un instrument de la défense, un instrument de
dissuasion, un instrument de coercition ou un instrument de statu quo.
? Les enjeux de la sécurité et les
facteurs stratégiques
Fonction de l'utilisation de la force
|
Facteurs qui influencent la stratégie
avant 1945
|
Facteurs qui influencent la stratégie
après 1945
|
Défense : mobilisation
|
Formulation d'une
|
Formulation d'une
|
des ressources en vue
|
stratégie fondée
|
stratégie fondée
|
de limiter les dommages
|
essentiellement sur la
|
essentiellement sur la
|
encourus lors d'une
|
capacité de faire la
|
capacité de prévenir la
|
attaque.
|
guerre. Prédominance
|
guerre. Approches
|
|
d'une approche
|
surtout psychologiques
|
|
militaire privilégiant les
|
et diplomatiques
|
|
concepts d'offensive et
|
privilégiant le concept
|
35
|
victoire.
|
de gestion des conflits.
|
Dissuasion : empêcher l'adversaire
d'initier une attaque.
|
Considérations des
facteurs militaires et politico-diplomatiques
qui influencent les
choix stratégiques.
La dissuasion est le
produit de l'équilibre entre les puissances.
|
Considérations des
facteurs technologiques
et existentiels qui
influencent les choix
stratégiques. La
dissuasion est le produit de l'équilibre de la terreur
nucléaire.
|
Coercition : chercher à
modifier le
comportement d'un
adversaire.
|
Opération de guerre
« totale » et souvent directes afin de
réaliser des objectifs politiques. Guerres
conventionnelles de
type européen
dominent.
|
Opération de guerre
« limitée » et souvent
indirectes afin de
réaliser des objectifs
politiques. Guerres
conventionnelles et
révolutionnaires se
déroulant
principalement dans le tiers-monde.
|
Statu quo : manoeuvres symboliques.
|
Dimension de l'intérêt
national et importance
du « déséquilibre du rang » entre
les Etats. Recherche du prestige et luttes d'influence
|
Dimension idéologique
des conflits modernes et
accentuation des guerres de diversion et du terrorisme.
Montée
des acteurs non Étatiques.
|
Ce tableau23 ci-dessus explique la question de la
pensée militaire classique en mentionnant les facteurs qui influencent
la stratégie avant et
23 Michel Fortmann, Thierry Gongora in études
internationales, Volume : 20, (1989)
36
après la fin de la deuxième guerre mondiale :
ça nous permet de comprendre le but recherché chaque fois qu'une
armée est utilisée ; que ça soit dans le cadre de la
défense, de la dissuasion, de la coercition ou même de la
recherche du statu quo.
Trois fonctions de l'utilisation de la force, nous
intéressent les plus dans le cadre de ce chapitre, il s'agit de
l'armée comme instrument de défense, l'armée comme
instrument de dissuasion et l'armée comme instrument de coercition. Pour
plus de détail, Ces trois points vont faire l'objet des trois sections
suivantes :
SECTION I : ARMÉE COMME INSTRUMENT DE
DÉFENSE
La création d'une armée républicaine
n'est en soit une fin, il faut encore doter la République d'une
politique de défense innovante, adaptée aux menaces multiformes
auxquelles le pays peut faire face, en vue d'optimiser les opportunités
et de minimiser les vulnérabilités et arriver ainsi à
accomplir les différentes missions d'une armée
républicaine.
En effet, « Un Etat qui n'élabore pas un concept
de défense adapté à ses besoins, à ses
potentialités, à ses caractères, manque à sa
mission principale et se condamne à la soumission, peut-être
à la disparition 24», pour paraphraser Alain Plantey.
Les armées et les politiques de défense sont
pleinement concernées par le problème de l'influence et des
rôles sociaux ainsi que de politique des idées. Vue des
armées et les politiques de défense, comment cette question se
présente-elle?, les politiques de défense et l'évaluation
de puissance militaire sont, en règle générale,
conçues et analysées, par les analystes comme par les praticiens,
d'un point de vue matériel. La perspective la plus courante est issue
des conceptions réalistes dans l'étude des relations
internationales et du paradigme du choix rationnel. Dans les évaluations
conventionnelles de la puissance et de l'efficacité militaires, ce sont
des
Fortmann M et Gongora T ; «la pensée militaire
classique », in
24 Alain Plantey, « Une diplomatie de la
défense », in Stratégique, 2ème
trimestre, 1985
37
facteurs matériels qui sont considérés
comme les déterminants, notamment le nombre des soldats et surtout
aujourd'hui le nombre et la quantité des armements. Si la
capacité du commandement, la surprise et la manoeuvre jouent un
rôle, leur influence est souvent jugé moindre.
Parallèlement, la stratégie militaire semble propice au paradigme
de l'acteur rationnel, aux calculs et à l'expression des
intérêts. Données matérielles quantifiables,
maitrise des capacités physiques des armements et, de là,
maitrise de la fabrication des armements et de leurs emplois
caractérisent nombre de conceptions de la puissance militaire et de ses
usages. Depuis l'Antiquité, la rationalité dans la
stratégie militaire a été associée aux sciences et
aux techniques. Ces rapports entre rationalité technique et
rationalité stratégique sont d'ailleurs pour beaucoup dans la
genèse du « paradigme de l'acteur rationnel » dans le domaine
stratégique. Les exigences de la guerre et, plus
généralement, l'action dans un milieu conflictuel sont au coeur
de l'affirmation de la raison d'Etat et des intérêts des Princes,
que l'on croit pouvoir distinguer de leurs croyances religieuses et de leurs
aspirations idéalistes. Force, raison, connaissance : c'est la «
liberté de conscience au fait des armes » qui apparait ici et que
l'on retrouve dans la tradition réaliste en relations
internationales25. Les lumières, mais également la
première guerre mondiale et la création des armes
nucléaires vont accentuer ce rapport à la rationalité,
à la science et aux techniques, qui semble, à première
vue, mettre à l'écart les idées, les normes et les
cultures.
De plus, il semble difficile de théoriser la
stratégie sans le paradigme de l'acteur rationnel « (...) la
théorie stratégique, écrit Lucien Poirier, ne se constitue
et ne se justifie qu'en construisant du rationnel, du logique, malgré et
avec les incertitudes propres à ce types d'action
»26.
25 Etienne Thuau, Raison d'Etat et pensée
politique à l'époque de Richelieu, Paris, Albin Michel, 2000
(Bibliothèque de l'évolution de l'humanité) 1re
éd : 1966), p. 317-318.
26 Lucien Poirier, Essais de stratégie
théorique, Paris, Fondation pour les études de défense
nationale, 1983, p.19
38
§1. Armée instrument de légitime
défense conformément à la charte de l'ONU
C'est le droit de pouvoir préserver son
intégrité lorsque l'on est victime d'une agression. En droit
international, c'est la réponse qu'un Etat doit exercer contre un acte
qui met en jeu sa souveraineté.
L'historique du principe de la légitime défense.
1) Avant le Pacte Briand-Kellog de 1928.
Les Etats pouvaient invoquer la légitime
défense pour répondre aux atteintes qui leur étaient
portées. Cette notion est encadrée juridiquement à partir
du XIXème, suite à l'affaire de la Caroline (1837) entre les USA
à la GB : un bateau américain utilisé par des canadiens
pour détruire des navires anglais, est détruit par les
britanniques dans le port américain où il s'était
réfugié. Les USA ont invoqué une violation de leur
territoire pour réclamer une mise en cause de la responsabilité
de la GB, mais celle-ci a plaidé la légitime défense. Les
parties ont alors adopté un compromis précisant cette notion : la
légitime défense peut être invoquée si elle est
immédiate, impérieuse et qu'il n'y a pas d'autres choix pour se
défendre. Ces conditions ont toujours été reprises, et la
légitime défense est devenue un principe coutumier.
2) Après le Pacte Briand-Kellog de 1928.
Le Pacte prévoit que la légitime défense
est la seule exception admise au principe de l'interdiction définitive
du droit de recourir à la force armée. Les Etats ont donc
utilisé cette notion pour légitimer leurs interventions, et ce
principe est devenu le droit fondamental de recourir à la force,
d'autant plus que les conditions de son invocation sont restées les
mêmes, et qu'aucune procédure n'était prévue.
3) Après la Deuxième Guerre Mondiale et la
Charte des Nations-Unies.
39
Le principe de légitime défense est
consacré conventionnellement à l'art.51 de la Charte des
Nations-Unies. Les rédacteurs ont craint que les Etats n'en fassent une
utilisation abusive, et ont donc relié cet article à un
système de sécurité collectif27 : les Etats qui
veulent utiliser la légitime défense doivent saisir le Conseil de
sécurité de l'ONU pour qu'il se prononce sur cette situation de
légitime défense. Contenu et portée du droit de
légitime défense tel que codifié à l'art.51 de la
Charte.
L'art.51 se trouve dans le Chapitre 7 de la Charte des
Nations-Unies, consacré à l'action du Conseil de
Sécurité des Nations-Unies en vue du maintien et du
rétablissement de la paix.
1) Un droit naturel.
L'art.51 de la Charte des Nations-Unies énonce qu'il
s'agit d'un droit naturel : il est donc immuable et universel. Dès qu'un
Etat existe, ce droit lui est conféré, et aucun texte ne peut le
remettre en cause.
CIJ, 1986 Activités militaires et paramilitaires des
USA au Nicaragua : le droit de légitime défense a un
caractère coutumier. Il redevient un droit positif, susceptible
d'évoluer du fait de la pratique des Etats.
2) Un droit individuel ou collectif.28
Un groupe d'Etat d'une même région peut faire une
application collective de ce droit. Des pactes militaires de défense ont
été conclus : le traité de l'Atlantique Nord (1949), le
pacte de Varsovie (1955)...
27. Zourek, J « La notion de
légitime défense en droit international - Rapport provisoire
», AIDI 56 (1975), p. 1-80.
28 Dinh, N. Q ; Droit
international public, LGDJ, coll. « Traités »,
1999.
40
La multiplication de ces pactes a mis en danger la
stabilité internationale, car dès qu'un Etat partie au pacte
était agressé, tous les autres signataires pouvaient intervenir
au titre de la légitime défense.
Selon la coutume :
? l'accord de défense collective doit avoir
été librement consenti (pas imposé à l'Etat).
? les Etats-parties à l'accord ne peuvent intervenir
qu'en cas d'agression dirigée contre l'un des Etats-parties au pacte.
Chaque Etat a un droit personnel à utiliser la force armée pour
défendre l'Etat agressé. Ex : en 1967, les USA sont intervenus au
Vietnam en vertu du Traité de l'OTASE (1954).
CIJ, 1986 Activités militaires et paramilitaires des
USA au Nicaragua et contre celui-ci, a posé 2 autres conditions :
? l'Etat agressé doit faire une déclaration
expresse vis-à-vis de ceux dont il sollicite le secours.
? l'agressé doit lui-même qualifier les faits,
d'agression nécessitant l'état de légitime
défense.
3) Un membre des Nations-Unies
La légitime défense de l'art.51 ne devrait
s'appliquer qu'aux parties contractantes des Nations-Unies. En fait, il
s'applique aussi aux autres Etats (Suisse,...) et pourrait même
s'appliquer aux organisations internationales.
4) Un Etat faisant l'objet d'une agression
armée.
La légitime défense ne peut être
invoquée que par un Etat qui a fait l'objet d'une agression
armée.
La Charte des Nations-Unies ne définit pas la notion
d'agression armée : les rédacteurs ne se sont pas entendus sur
une définition (économique ou non,...) et craignaient de
définir trop strictement cette notion.
5) La procédure à suivre.
41
Un Comité spécial a été
créé en 1967 par l'AGONU pour définir la notion
d'agression : l'art.1 de la résolution 33/14 du 14/12/1974 portant
définition de l'agression, précise que l'agression correspond
à l'emploi de la force armée par un Etat contre la
souveraineté d'un autre Etat, son intégrité territoriale
ou son indépendance politique, ou de toute autre manière
incompatible avec la Charte des Nations-Unies. Cette définition reprend
grossièrement les thèmes énoncés à
l'art.2§4 de la Charte des Nations-Unies.
La CIJ a précisé cette notion : - CIJ, 1986
Activités militaires et paramilitaires des USA au Nicaragua et contre
celui-ci : l'agression armée n'existe qu'en cas d'opération
militaire de grande ampleur. Il n'y a pas forcement une confrontation directe
d'armée à armée : l'envoi de bandes armées dans un
autre Etat suffit.
- Avis CIJ, 1996 Licéité de la menace ou de
l'emploi d'armes nucléaires : la légitime défense ne peut
être invoquée que si l'agression perpétrée contre
l'Etat met en cause sa survie.
? L'art.51 de la Charte n'indique pas si la menace d'une
agression armée permet d'invoquer la légitime défense, et
la résolution de 1974 ne comble pas ce vide juridique. Pour certains
auteurs, la pratique des Etats montre qu'une menace précise et claire
d'emploi de la force armée doit suffire à invoquer la
légitime défense. Mais, pour la majorité des
internationalistes, une simple menace d'agression ne peut suffire, du fait de
la difficulté à prouver le caractère extrêmement
dangereux de la menace, et en raison de la stratégie de dissuasion
nucléaire, qui utilise la menace comme gage de stabilité
internationale. Pour certains, seule la menace d'emploi d'armes non
nucléaires pourrait rentrer dans le cadre de cet article.
Ce vide juridique n'est pas comblé : la solution
pourrait résulter d'une convention, coutume, ou de la CIJ.
42
Le droit de légitime défense ne peut être
exercé que si le CSONU n'a pas pris les mesures nécessaires pour
maintenir la paix.
Le CSONU doit être tenu informé des mesures
prises dans le cadre de la légitime défense.
Cette saisine a été instaurée afin que le
CSONU qualifie la situation, qu'il décide d'une action dans le cadre de
l'ONU, ou à défaut, que l'Etat sache s'il peut utiliser la force
armée pour légitime défense.29
Cette procédure n'a pas été suivie : avec
la guerre froide, le CSONU s'est retrouvé bloqué, et n'a jamais
pu qualifier une situation ni se substituer à un Etat agressé. La
procédure est devenue obsolète : les Etats n'ont plus saisis le
CSONU, ou, lorsqu'ils le saisissaient, ils agissaient avant qu'il ne se
prononce.
Dans l'affaire des Malouines (1982), suite à l'invasion
des Iles Malouines par l'Argentine, la GB a invoqué le droit de
légitime défense, a saisi le CSONU et a engagé des forces
militaires sans attendre de décisions. La résolution 502 du CSONU
constate la rupture de la paix, mais demande juste aux parties de cesser leurs
opérations militaires et de régler pacifiquement leur
différend.
6) Une condition non inscrite à l'art.51 :
l'exigence de proportionnalité des moyens mis en
oeuvre.30
L'agresseur doit répondre à l'agressé de
façon strictement proportionnelle à l'agression. Ce principe de
proportionnalité est un principe coutumier contenu dans le droit des
conflits armés.
29 Greig, D. W. « Self-Defence and the Security
Council: What Does Article 51 require? », International and
Comparative Law Quarterly, 40 (1991).
30 J.-P. Cot et A. Pellet, La Charte des
Nations unies, Economica, 1991
43
SECTION II : ARMÉE COMME INSTRUMENT DE
DISSUASION
? La sécurité par dissuasion
Les dirigeants idéalistes penchent a priori pour la
sécurité par la conciliation, tandis que les réalistes ont
plutôt tendance à s'en remettre à la dissuasion.
La condition déterminante du succès d'une
politique de sécurité par apaisement est le caractère
satiable de la puissance révisionniste ou l'aspect limité des
objectifs. En effet, le succès d'une politique de conciliation «
dépend de la volonté ou de la capacité des antagonistes de
trouver un terrain d'attente. Dans le cas ou les antagonistes sont en
permanence agressifs et sans espoir de conciliation, une politique de pure
dissuasion devient la politique rationnelle. Dans ce cas, la conciliation n'est
pas seulement peu indiquée mais positivement dangereuse, elle encourage
l'existence des nouvelles concessions, d'une part, et de l'autre part, elle
renforce l'adversaire potentiel qui devrait au contraire être affaibli
».31
La sécurité est celle qui prend son partie de la
conjonction entre l'hostilité et la force, une conjonction d'autant plus
courante que l'accommodement est rare et que la suppression de la force, par
négociation ou guerre, l'est autant. Place le plus souvent devant un
fait accompli de H+F, l'adversaire n'a plus qu'à jouer sa
sécurité sur O, en ôtant à l'ennemi de recourir
rationnellement à ses forces armées. Alors que la
sécurité par la guerre ou le désarmement est la
sécurité par la suppression de capacité de contrainte
elles- mêmes, la sécurité par la dissuasion vise seulement
à empêcher qu'il soit fait d'une capacité dont l'existence
elle- même n'est pas mise en cause. Le recours aux forces armées
est empêché par la création d'un rapport de force tel qu'il
rend ce recours irrationnel, du fait de la perspective ce couts égaux ou
supérieurs à la valeur de l'enjeu. Les fondements psychologiques
et matériels de la sécurité par dissuasion sont donc
respectivement la rationalité de l'adversaire et l'existence d'un
rapport de forces propre à dissuader un acteur rationnel.
31 E. LUARD: cite par Mulamba N.: Conciliation and
deterrence. Comparison of biotical strategies in interwar and postwar periods,
Wolds politics, XIX, 2 janvier 1967, P. 177
44
En somme, la dissuasion repose sur la rationalité de
l'agresseur potentiel. Cette rationalité met en balance les coûts
que l'agresseur en puissance aura probablement à subir s'il met ses
intentions à exécution et la valeur qu'il attribue à
l'enjeu qu'il convoite.32
Dissuasion nucléaire, dans les relations
internationales, terme désignant une stratégie qui vise à
décourager toute possibilité d'action hostile de la part d'une
puissance ennemie. Une stratégie de dissuasion réussie implique
qu'on puisse mettre l'agresseur potentiel dans un certain état d'esprit.
Un tel effet peut être obtenu soit en convainquant l'agresseur que son
attaque échouera -- « dissuasion par déni » -- ou que
le prix du succès sera très élevé -- «
dissuasion par punition ». La punition peut être infligée, ou
le prix exigé, soit en organisant une défense efficace, soit en
lançant une riposte.
La possibilité de parvenir à une situation de
dissuasion est présente dans toute situation d'équilibre
militaire relatif et ne constitue en aucune façon un
phénomène moderne.
C'est cependant l'apparition des armes nucléaires qui a
conféré une place centrale à la dissuasion dans le domaine
de la réflexion stratégique. Plusieurs caractéristiques
des armes nucléaires sont à l'origine de ce
phénomène :
? une défense efficace contre une attaque
nucléaire massive étant pratiquement impossible, la
sécurité ne peut être assurée qu'en empêchant
une première attaque ;
? l'efficacité destructrice des armes nucléaires
permet de punir toute agression par une riposte aussi efficace ;
? la destruction occasionnée par une riposte
nucléaire peut être d'une telle ampleur qu'elle annule tout
avantage produit par l'attaque initiale. Ces considérations propres
à toute stratégie de dissuasion furent renforcées durant
la guerre froide par le fait que les puissances
32 MULAMBA NGELEKA : Cours de
Géostratégie L1 R.I, /UNILU, 2009-2010, inédit
45
de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN)
disposaient d'un arsenal nucléaire important tout en se
considérant inférieures sur le plan de l'armement conventionnel.
Par conséquent, la menace de riposte nucléaire semblait un bon
moyen de dissuader toute agression, conventionnelle autant que
nucléaire. Sous la présidence de Charles de Gaulle, la France
adopta pour sa part une politique nationale de dissuasion, dite « du
faible au fort ».
Au fil du temps, on s'aperçut que la dissuasion
nucléaire présentait des difficultés. Elle ne pouvait
fonctionner que si la menace de riposte était crédible. La
crédibilité requérait à la fois une capacité
matérielle reconnue de riposter et une volonté affichée de
le faire. On s'efforça alors de rendre les capacités de riposte
invulnérables à une « première frappe », par des
dispositifs comme l'installation de missiles dans des silos blindés ou
dans des sous-marins cachés, pour garantir une « deuxième
frappe ». Des divergences apparurent concernant la
crédibilité politique voire de la légitimité morale
d'une riposte nucléaire en cas d'attaques conventionnelles, même
limitées. Certains stratèges avancèrent qu'il
n'était souhaitable d'avoir recours à la menace de riposte
nucléaire que si les attaques étaient elles-mêmes
nucléaires, en d'autres termes, d'adopter une politique de «
non-recours en premier » à l'arme nucléaire. Aujourd'hui, si
le rôle des armes nucléaires dans la sécurité
internationale fait l'objet de nouveaux débats, le principe même
de la dissuasion demeure au centre de la réflexion
stratégique.33
SECTION III : ARMÉE COMME INSTRUMENT DE
COERCITION
D'abord, les stratégies militaires sont souvent
discutées de manière abstraite et elles ne sont pas
reliées aux objectifs politiques qu'elles doivent servir. Des objectifs
différents nécessitent la mise en oeuvre de stratégies
différentes.
Ensuite, le débat sur la meilleure façon
d'utiliser la force armée occulte le fait que l'efficacité de la
force armée ne dépend pas seulement de
33 "Dissuasion nucléaire." Microsoft Encarta,
op.cit
46
la volonté et des capacités de celui qui cherche
à faire pression sur un pays ou une cible, mais aussi et surtout des
vulnérabilités des cibles. Les vulnérabilités
déterminent dans quelle mesure les menaces de l'emploi de la force
armée vont pouvoir pousser la cible à modifier son comportement.
Les vulnérabilités déterminent aussi l'efficacité
des stratégies aériennes, terrestres ou maritimes. Les
caractéristiques politiques et militaires des cibles doivent guider les
dirigeants politiques et les chefs militaires lorsqu'ils élaborent leurs
stratégies militaires - des cibles différentes et des situations
différentes nécessitent des stratégies
différentes.
De manière générale, les actions
coercitives fonctionnent le plus efficacement quand elles sont mises en place
au début d'un conflit avant que les parties ne se soient ancrées
dans leurs positions et avant que le conflit soit entré dans une phase
d'affrontement ouvert et violent. Les stratégies coercitives efficaces
doivent pouvoir faire appel à un large éventail de moyens.
À cet égard les mesures économiques à buts
coercitifs et l'usage de la force doivent être pensés comme deux
points complémentaires sur un même spectre coercitif, et non comme
deux instruments coercitifs distincts et indépendants.
47
CHAPITRE III. AUTOPSIE DES ARMEES CONGOLAISE ET
RWANDAISE
Ce chapitre tente d'examiner l'armée rwandaise,
armée de la R .D Congo, sa constitution (création), son emploi,
sa doctrine, ses missions ainsi ses moyens matériels et humains.
SECTION I. ARMÉE CONGOLAISE
Les Forces Armées de la République
Démocratique du Congo (FARDC) sont dans un processus de reconstruction
après la deuxième guerre
du Congo finie en 2003. Le gouvernement à Kinshasa,
les Nations unies (avec la MONUC d'un effectif total de 22 000 personnels
fin 2009), l'Union européenne (avec sa mission militaire EUSEC RD Congo
et sa mission en 2006 EUFOR RD Congo) et des partenaires bilatéraux
comme l'Angola, l'Afrique du Sud et la Belgique essaie de créer une
force viable capable de réaliser les missions qui leur sont
confiées, la plus importante étant la sécurité et
stabilité pour la nation.
Cependant, la réussite de ce processus paraît
incertaine car on assiste à un retour de la corruption et le
gouvernement congolais éprouve énormément de
difficulté à gérer et contrôler ses forces
armées. On note également un manque de coordination entre les
donateurs internationaux. Enfin, il est très important de souligner que
les FARDC se constituent en partie sur base d'une tentative de regroupement et
d'intégration (le "brassage" et le "mixage") au sein d'une structure de
commandement unique des forces militaires tant du gouvernement légal de
Kinshasa que des anciens mouvements de rébellion qui ont divisé
le pays, en particulier depuis la seconde guerre d'août 2008. Il s'agit
en particulier des mouvements Maï Maï, des troupes du RCD Goma, du
MLC de Jean Pierre Bemba. De vieux antagonismes existent entre ces forces qui
sont néanmoins censées opérer en harmonie au sein de
l'armée. Les tentatives récentes d'intégrer des
éléments militaires sous l'obédience du
Général Laurent Nkunda au Nord Kivu ont montré la
difficulté et les limites de cette stratégie. Les conflits
internes dans l'armée sont de plus en plus fréquents.
48
Mais le problème le plus important ne se trouve pas
là. En dépit de l'aide internationale, la R.D.C. Auparavant le
Zaïre, au vu du profond sous-développement dans laquelle elle s'est
enfoncée, n'a pas les ressources suffisantes pour se doter d'une
armée régulière, bien gérée, dont les forces
sont casernées. L'impossibilité de survivre dans ces conditions
les amène à vivre sur le dos de la population par le biais
d'exactions et de spoliations constantes, principalement en zones rurales. La
paysannerie, déjà la partie la plus pauvre de la population, paye
le plus lourd tribut alors qu'elles sont celles qui devraient être
protégées par l'armée qui exerce en principe un rôle
de maintien de l'ordre public, aux côtés de la police nationale.
On assiste donc à un retour à la situation que le pays a connu
à la fin de l'ère mobutisme où les militaires
étaient devenus la crainte majeure de la population. La MONUC se voit
donc obligée dans certains cas de protéger les populations
civiles des violences qui sont le fait des forces armées.
Cette dramatique évolution s'est encore aggravée
par le nombre croissant de violences sexuelles perpétrées par les
militaires dans les campagnes dans un contexte de relative impunité, les
poursuites engagées contre les auteurs de ces sévices par la
juridiction militaire étant très limitées au regard de
l'étendue du phénomène.
L'Armée congolaise doit être :
? Apolitique
Pour cela, il faut débriefer sur la guerre et les briefer
sur la paix, leur
nouvelle mission. Dès lors, aucune mention ne devra
être faite des origines
politiques des éléments.
? Nationale
- Elle doit être ouverte à des Nationaux sans
distinction et sans
discrimination,
- Elle doit avoir :
- le même drill
- la même standardisation des équipements
- une seule langue de commandement
- un même uniforme
49
- une même instruction de base
- une unité de commandement.
? Républicaine
En tant que telle, elle est au service des institutions et de
la communauté nationale, elle ne peut donc être attachée
à une personne ou à un groupe. C'est pourquoi il faut supprimer
le système des Gardes Présidentielles pour les remplacer par un
système de Garde Républicaine.
§1. Constitution ou création
La constitution et l'emploi d'une armée
républicaine sont des tâches herculéennes. Leur
réalisation exige lucidité, détermination, courage,
patience, débat public entre Congolais, afin de dégager des
idées originales et oser faire table rase des forces armées
fabriquées de bric et des brocs pendant la transition, en vue de parer
au plus pressé et répondre à l'impératif de la
paix. A cette fin, deux préalables sont à accomplir : pas
d'armée républicaine sans une République
démocratique ; les FARDC sont l'antidote à une armée
républicaine.34
? Une République démocratique :
comme condition d'existence d'une armée
républicaine
L'horizon de la République démocratique
était une simple profession de foi, au moment où
s'éteignaient les lampions du dialogue intercongolais de Sun City, par
la signature de l'Accord global et inclusif (2002). Aujourd'hui, il est
plausible de penser, même s'il reste encore beaucoup de progrès
à faire, que les fondations d'une république démocratique
ont été érigées dans la constitution du 18
février 2006, qui ne demande qu'à être
améliorée par la réforme.
? Les FARDC : obstacle à l'armée
républicaine
Selon l'esprit de l'Accord global et inclusif (2002), les
FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du
Congo) désignent un conglomérat
34 Mwayila Tshiyembe : GUERRE ET PAIX : RECONCILIATION
NATIONALE, PREVENTION DES CONFLITS,
FORMATION ET CONSOLIDATION D'UNE ARMEE REPUBLICAINE. Essai sur
la République Démocratique du Congo (thème exposé
au Symposium du cinquantenaire tenu à Kinshasa du 29 Novembre au 02
Décembre 2010)
50
des soldats et des milices qui se sont affrontés, les
armes à la main, avant d'être malaxés en vue de
créer les conditions de la paix, par le partage de pouvoir d'Etat entre
les belligérants (leadership pentagonal 1+4) et la mise en commun de
leur capacité militaire. 35
Dès lors, le chantier FARDC doit être
pensé comme le label d'une armée de transition sinon un
laboratoire d'essais et erreurs, des succès et des échecs devant
servir à imaginer et à façonner les conditions optimales
à la naissance d'une Armée Républicaine de la RDC(AR-RDC).
Or, aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'ingénierie de
l'Etat et de ses partenaires va dans le sens contraire. En effet, faute de
perception stratégique d'une armée républicaine, il est
à craindre que les intelligences ne soient pas réveillées,
les dévouements rassemblés, les efforts et l'argent
épargnés. Car, dans l'état actuel de la
déstructuration des FARDC, il est impossible d'en faire une armée
républicaine, même au prix du sang et des larmes.36
? Professionnalisation d'une armée
républicaine
Dire que l'armée républicaine est
professionnelle, c'est postuler qu'elle doit être une armée des
spécialistes détenant une compétence et un savoir-faire
toujours renouvelés, adaptés à l'évolution de la
stratégie militaire, selon les menaces, les technologies, les champs
d'action, les métiers de trois forces (terrestre, aérienne,
navale), selon l'article 187 de la constitution.
Il va de soi que l'armée nouvelle a besoin d'une main
d'oeuvre hautement qualifiée notamment dans les domaines de
l'électronique, l'aéronautique, l'automatique, la maintenance des
engins mécaniques ou robotisés, etc. Ce professionnalisme doit se
traduire également dans les modes de commandement, d'équipement,
d'entraînement, de formation, de gestion des carrières, de
recrutement, de la condition militaire, etc.
? Recrutement qualitatif
Le premier goulot d'étranglement du professionnalisme
à faire est sauter, est le recrutement des soldats. Celui-ci doit offrir
une quadruple
35 Idem
36 Mwayila Tshiyembe : Op cit.
51
garantie : garantie juridique (respect du droit à
l'égalité d'accès aux emplois publics, reconnu à
tout congolais ; garantie intellectuelle (la compétence ou le
savoir-faire) ; garantie physique (bonne santé) ; garantie
éthique (une moralité éprouvée), au sens de
l'article 189 de la constitution.
Compte tenu de la dégradation
généralisée du niveau d'instruction en RDC, le
diplôme d'Etat de l'enseignement secondaire doit être le seuil
minimal des compétences exigées au recrutement des militaires du
rang.
Pour atteindre cet objectif, l'armée nouvelle doit
être ouverte sur la société notamment les
universités, les instituts supérieurs, les centres de recherche,
sous forme de partenariat de formation et de brassage des savoirs sur les
études de défense devant être intégrées dans
le cursus universitaire. En amont, la construction ou la réhabilitation
des écoles et des centres militaires, doit être une
priorité des priorités.
? Gabarit réduit
Le second goulot d'étranglement à faire sauter
est le gabarit de l'armée, en ligne de mire du recrutement. Il s'agit de
répondre à la question suivante : combien faut-il des troupes ou
des soldats pour optimiser le rendement sinon l'efficacité de
l'armée nouvelle ?
Poser le problème en ces termes, c'est rompre
radicalement avec les vieilles lunes d'une armée révolutionnaire,
peuplée des soldats d'analphabètes, puisant leur force dans des
pratiques magico-religieuses.37
En finir avec ce passé milicien, c'est tenter de mettre
en adéquation les fins et les moyens de la défense nationale, en
fonction des mutations de la stratégie militaire, du profil du soldat du
21ème siècle (polyvalence, technicité), de la
mission de défense (défense des intérêts vitaux de
la RDC et contribution à la co-sécurité régionale),
des moyens (humains, matériels, moraux). L'enjeu d'une telle politique
de défense est de déterminer rationnellement le coût
à payer pour cette modernisation et dire qui doit payer, afin que la RDC
se dote d'une capacité de défense dissuasive. Alors, la
polyvalence et la technicité du soldat militent en faveur d'une
armée
37 Mwayila Tshiyembe : Op cit.
52
qualitative (sur la barre de 100.000 hommes), au
détriment d'une armée quantitative ou armée de masse
(au-dessus de la barre de 100.000 hommes).
Dans cet ordre d'idées, la sagesse commande qu'à
l'horizon de la dixième année d'existence des FARDC, les soldats
ne répondant pas aux exigences de l'article 189, soient
méthodiquement préparés à la retraite, dans
l'honneur et la dignité. A condition que, dès maintenant, le
gouvernement mette en oeuvre une nouvelle politique de formation
professionnelle cofinancée avec les partenaires, en vue de leur procurer
un métier plus tard.
Autrement dit, plus drastique sera la réduction des
effectifs, meilleure sera la perspective de constitution d'une armée
nouvelle.38
? La condition militaire
Par condition militaire, il faut entendre l'ensemble des
dispositifs organisationnels particuliers encadrant les conditions de travail
et de vie des personnels des armées. Par-delà les
modalités par lesquelles ces conditions de vie et de travail sont
érigées en politique publique par le gouvernement et les
états-majors confrontés au processus de professionnalisation des
armées, il faut souligner que la condition militaire est un
élément central de l'identité revendiquée par
l'institution militaire.39
Parmi les éléments constitutifs de la condition
militaire, il y a lieu de citer les droits civils et politiques, les
obligations, la gestion des carrières, la responsabilité, la
rémunération, la discipline, le logement, la nourriture,
l'habillement, la formation continue, l'entrainement, les soins de
santé, la mobilité, la féminisation, le retour à la
vie civile et la reconversion dans le secteur public ou privé,
l'équipement, le célibat, l'éducation des enfants, les
aides et les compensations diverses, etc.
En effet, aussi loin que l'on puisse remonter dans le temps,
la faillite de la condition militaire est l'une des
vulnérabilités absolues de la RDC. Chemin faisant, le pari de la
professionnalisation de l'armée républicaine ne
38 Mwayila Tshiyembe : Op cit.
39 Idem
53
peut être gagné, que si la condition militaire
était modernisée de fond en comble. Car, la condition militaire,
on ne le répétera jamais assez, est consubstantielle à la
disponibilité permanente des soldats et de l'encadrement corolaire
à l'efficacité exigée à la tâche.
Pour ce faire, force est de créer un Observatoire
permanent d'évaluation de la condition militaire dont la mission est
d'informer le Gouvernement, le Parlement et l'opinion publique sur les atouts
et les vulnérabilités de l'armée nouvelle ainsi que sur
les moyens d'éradiquer les disfonctionnements.
La publication des études annuelles sur l'état
de la défense nationale, l'organisation des débats de
sensibilisation du pays sur l'effort de la défense, peuvent contribuer
à améliorer la perception et le rendement de l'institution
militaire.
§ 2. Emploi de la force ou commandement
Une dualité de commandement militaire est
instaurée par la constitution de 18 février 2006. L'article 91
énonce que « Le gouvernement définit en concertation avec le
Président de la République la politique de la Nation et en assume
la responsabilité. Le Gouvernement conduit la politique de la nation. La
défense, la sécurité et les affaires
étrangères sont des domaines de collaboration entre le
Président de la République et le gouvernement. Le Gouvernement
dispose de l'administration publique, des Forces armées, de la Police
nationale et des services de sécurité ».
Concomitamment à cet article, il est stipulé que
« le Président de la République est le commandant
suprême des Forces armées. Il préside le Conseil
supérieur de la défense » (article 83) ; Il « nomme,
les officiers généraux, relève de leurs fonctions et, le
cas échéant, révoque, sur proposition du Gouvernement
délibérée en Conseil des ministres, les officiers
généraux et supérieurs des forces armées et de la
police nationale, le Conseil supérieur de la défense entendu ; le
chef d'état-major général, les chefs d'état-major
et les commandants des grandes unités des forces armées, le
conseil supérieur de la défense entendu » (article 81).
En effet, « Un Etat qui n'élabore pas un concept
de défense adapté à ses besoins, à ses
potentialités, à ses caractères, manque à sa
mission
54
Cette ambiguïté est inhérente au
régime semi-présidentiel. En effet, faute de choix
éclairé entre le régime présidentiel et le
régime parlementaire, l'irresponsabilité politique du
Président de la République et la responsabilité politique
du gouvernement devant l'Assemblée (article 91), se chevauchent au point
de jeter le doute sur la responsabilité de la gouvernance militaire.
Néanmoins, cette dualité juridique n'est que
symbolique, car la réalité du pouvoir de commandement militaire
en RDC, est exercée par le Président de la République,
assisté du gouvernement et de l'état-major général
des armées. La modernisation des procédures ainsi que la
clarification des responsabilités hiérarchiques sont des
innovations indispensables à l'efficacité et à
l'adaptabilité du commandement suprême aux défis. La
modernisation du pouvoir de commandement militaire doit déboucher sur la
gouvernance militaire dont l'enjeu est double : la rationalisation et
l'optimisation de la chaine de commandement, c'est-à-dire l'action
commandante du Président de la République, du Gouvernement et des
états-majors des armées.
§3. Doctrine
Une doctrine militaire est constituée des principes
fondamentaux selon lesquels l'armée ou certaines de ses parties
accomplissent leurs tâches pour atteindre les objectifs nationaux. Ces
principes sont déterminants, mais ont besoin pour être
concrétisés d'une évaluation de la situation. La doctrine
militaire fournit également les conditions cadres pour le
développement de l'armée.
? Doctrine de défense : stratégie de
projection des forces
a. Armature conceptuelle
Il ne suffit pas de créer une armée
républicaine. Encore faut-il doter la République d'une politique
de défense innovante, adaptée aux menaces multiformes, en vue
d'optimiser les opportunités et de minimiser les
vulnérabilités.
55
principale et se condamne à la soumission,
peut-être à la disparition 40», pour paraphraser
Alain Plantey.
Faute d'avoir compris cette leçon des choses, la RDC
l'a appris à ses dépens depuis l'indépendance,
balançant entre sécessions et rébellions, occupation
étrangère et pillages, massacres et viols systématiques,
zones de non droit et menaces de balkanisation, etc.
Alors, l'urgence s'impose, pour élaborer une
pensée stratégique congolaise au coeur de laquelle, l'Afrique
médiane41 est l'horizon sinon la nouvelle frontière de
sécurité et de paix pour la RDC. Et ce, d'autant plus que la RDC
y est contrainte et forcée par ses 2.345.000 km2 de
superficie et ses neuf frontières partagées avec neuf pays
voisins, dont les quatre polarités (Afrique centrale, Afrique australe,
Région des Grands, Golfe de Guinée) constituent les pièces
du puzzle.
En d'autres termes, la projection des forces est la
stratégie de défense imposée à la RDC en tant
qu'Etat contingent, aussi bien par sa géographie que par la conscience
historique des menaces et des vulnérabilités de ces cinquante
années d'indépendance.
Certes, on peut objecter que la projection des forces est la
posture stratégique de grandes puissances. Néanmoins, rien
n'interdit aux pays moins puissants de s'en approprier la philosophie,
dès lors que par projection des forces, l'on entend la capacité
à déployer rapidement les unités interarmées
prêtes au combat sur les théâtres des opérations les
plus éloignés possibles du centre décisionnel (mer, terre,
air).
Et ce, non point pour mener des expéditions militaires
à travers le monde, mais plutôt pour optimiser une
stratégie de défense nationale, spécifique aux Etats
continents écartelés par l'immensité de leur espace, la
diversité de leurs richesses, la pluralité culturelle et
identitaire de leurs nations.
40 Alain Plantey, « Une diplomatie de la
défense », in Stratégique, 2ème
trimestre, 1985
41 Mwayila Tshiyembe, La géopolitique de
paix en Afrique médiane, Paris, L'Harmattan, 2003
56
Abordée sous cet angle, la projection des forces est
une stratégie de maîtrise de l'immensité spatiale, y
compris des conflictualités réelles ou virtuelles. Dans le cas de
la RDC, la projection des forces est la doctrine des forces localisées
ou des forces pré-positionnées sur les théâtres
d'opérations internes, en fonction des menaces réelles ou
potentielles, selon les scénarios préétablis et
adaptés à la trilogie attaque/défense/riposte.
b. Variables dépendantes
La projection des forces implique une mobilisation et une
disponibilité pleines et entières des hommes, des systèmes
d'armes, de la logistique, des savoir-faire, du renseignement, des
systèmes d'information et de communication etc.
Articulée autour de la mobilité, la
flexibilité, la polyvalence des forces, sa mise en oeuvre est
également dépendante de la maîtrise de l'immensité
spatiale congolaise.
? La mobilité des forces
La mobilité des forces en tout temps et en tout lieu
est l'une des clefs de la stratégie de projection des forces. Pour ce
faire, la planification, la coordination, la conduite des opérations
d'attaque ou de soutien s'imposent sur les théâtres internes
préalablement sélectionnés. Elle dépend
également de la modernité technologique des systèmes
d'équipement, de transport et des ravitaillements terre/air/mer.
? La flexibilité des forces
La flexibilité des forces, c'est l'idée selon
laquelle une armée moderne doit être « une armée
modulaire », c'est-à-dire composé des petites brigades,
indépendantes, interchangeables, disponibles pour travailler dans
n'importe quelle division.
Le but de la flexibilité est d'accroitre
l'efficacité par l'adaptation précise et sans délai de la
force, au niveau d'effet à produire et de la supériorité
opérationnelle dans tout type d'engagement, en combinant
57
l'emploi des capacités disponibles avec l'organisation
correspondante des forces interarmées.
Dans cette configuration, la rotation des forces et des moyens
est le défi à relever. Il s'agit d'améliorer la
capacité d'anticipation et l'efficacité d'attaque des forces
projetées, grâce à la disponibilité des hommes et
des systèmes d'armes.
? La polyvalence des forces
La polyvalence des forces, c'est l'idée d'après
laquelle, les armées modernes sont celles où le caractère
interarmées des forces est consacré. Le but de cette
modernisation est de créer les conditions d'adaptabilité de la
capacité d'action aux systèmes des commandements et
d'armes.42
Dès lors, la nécessité d'une rupture
radicale avec l'ancien profil du soldat dont la formation était
cloisonnée au métier spécifique de l'armée de
l'air, de l'armée de terre ou de l'armée de mer, s'impose
Dorénavant, un soldat moderne doit être polyvalent,
c'est-à-dire à la fois marin, aviateur et fantassin, voire un
combattant super-formé, super-équipé,
super-entraîné. Tant et si bien que la baisse du nombre des
soldats, est compensée par la polyvalence des soldats, des
systèmes d'armes et la mobilité.
§ 4. Maîtrise de l'immensité spatiale
? Maîtrise infrastructurelle de
l'espace
Au point de vue géographique, la RDC est un espace
éclaté dont l'épine dorsale est le fleuve Congo. Le centre
du pays correspond à la cuvette, constituée d'étendues
forestières et marécageuses où domine la puissance
du vide. A cause de ce vide central, la RDC est un
espace discontinu (à cheval sur l'équateur et les tropiques)
et largement ouvert à l'extérieur, aussi bien, par
l'excentralité de sa capitale Kinshasa que par le basculement
géopolitique des provinces frontalières enclavées (les
plus
42 Mwayila Tshiyembe : GUERRE ET PAIX. Op
cit
58
peuplées et les plus actives économiquement),
vers l'Afrique centrale, la région des Grands lacs, l'Afrique australe,
le Golfe de Guinée.
Il en résulte que la construction à grande
échelle et sur la longue durée des infrastructures
routières, ferroviaires, fluviales, lacustres, aériennes, est la
condition sine qua non de maîtriser l'immensité spatiale de la
République Démocratique du Congo
? Maitrise militaire de l'espace
A la maîtrise infrastructurelle, s'ajoute la
maîtrise militaire de l'immensité spatiale congolaise. Dans ce
but, la modernisation de l'armée républicaine suppose une
nouvelle configuration de la géographie militaire de la RDC, axée
sur la mobilité des commandements militaires interarmées au
détriment de la fixité des régions militaires.
L'armature conceptuelle des commandements militaires
interarmées est la mobilité, la flexibilité et la
polyvalence. Placés sous l'autorité du chef d'état major
général des armées, les commandements militaires
interarmées ont pour mission la connaissance et l'anticipation, pour
garantir l'efficacité
des fonctions stratégiques. A cette fin, il est
nécessaire de créer six commandements interarmées
dotés chacun des moyens de riposte air/terre/mer, proportionnels
à la nature des menaces, des vulnérabilités et d'appui
tactique en première ligne, selon les scénarios
préétablis, en lieu et place de six anciennes régions
militaire.
Dans cette optique, la nouvelle géographie militaire de
la RDC se présenterait de la manière suivante : le commandement
interarmées Nord (la province de l'Équateur, la Province
Orientale et leurs provinces démembrées par la
décentralisation) avec Kisangani comme pivot ; le commandement
interarmées Est (les trois provinces du Kivu) avec pivot à
Bukavu; le commandement interarmées Sud (le Katanga et ses provinces
démembrées) avec pivot à Lubumbashi; le commandement
interarmées Centre (le Kasaï Occidental, le Kasaï Oriental et
leurs provinces démembrées) avec pivot à Kananga; le
commandement interarmées Ouest (le Bas-Congo, le Bandundu et les
provinces démembrées) avec pivot à Kikwit; le commandement
interarmées de la province capitale, avec pivot Kinshasa.
59
Une nouvelle cartographie militaire doit passer au peigne fin
les massifs montagneux, les plateaux, les massifs forestiers, le fleuve et ses
affluents, la savane, les lacs, la cuvette et ses marais, le climat, la
végétation, les hautes terres, les groupements humains et
animaux, les zones d'activités industrielles, économiques,
commerciales, touristiques, artistiques, intellectuelles, les noeuds de
communication, les sites minières et énergétiques, etc.
Le défi est de faire de la connaissance et de la
pratique militaire de l'espace national, l'une des tâches primordiales de
la défense nationale. En effet, la connaissance et la pratique
militaires de l'espace sont des ingrédients susceptibles de
débusquer l'ennemi, d'établir les cantonnements, de mettre les
forces en ordre de bataille, de peaufiner les cibles militaires et non
militaires, les villes et les campagnes, etc.
§ 5. Missions
La scène diplomatique régionale est
dominée par la question de la paix et de la Sécurité. Tout
en soutenant les différents efforts de paix, la RDC ne peut exister sans
défense et stratégie, bref, la RDC a besoin d'une Armée.
Cette armée doit être un instrument de dissuasion contre. Tout
danger d'agression, d'anarchie et de division.
La pensée stratégique de l'Armée de
transition est donc d'assister et d'aider la MONUC à assurer
l'intégrité, la paix, la souveraineté, la protection des
personnes et des biens sur toute l'étendue du territoire national. A cet
effet, l'Armée de Transition doit viser la réduction de l'effort
de guerre et la reconstruction d'un environnement pacifique durable en
réduisant l'état de guerre actuel en état de tension de
basse intensité pour dégager la complémentarité qui
doit transformer les différences en forces
Cynégétiques.
Par-delà sa double mission de sauvegarder les
intérêts vitaux de la RDC et de contribuer à la
co-sécurité régionale (dans le cadre soit du Pacte sur la
sécurité, la stabilité et le développement de la
région des grands lacs; soit de l'Union africaine; soit des Nations
unies), l'armée républicaine doit dissuader (faire peur voire
contraindre les forces hostiles potentielles à ne pas prendre des
risques inacceptables en agressant la RDC) et assumer les
60
fonctions de prévention, de protection,
d'intégration nationale, de résolution des conflits.
§ 6. Moyens matériels et humains
En 2004, le budget de la défense est officiellement de
93,5 millions de dollars US soit 1,5 % du produit national brut. En 2006, il
est estimé à 2,5 % du PNB. 43
Fin 2006, l'armée congolaise compte près de 350
000 hommes selon le lieutenant général Kisempia, alors chef
d'état-major général des FARDC, qui a reconnu l'existence
de problèmes d'hébergements des troupes.
Les observateurs militaires étrangers estimait alors
les effectifs de cette armée, en pleine restructuration, à
environ 200 000 hommes, les milices ayant étaient officiellement
intégré dans celle-ci.
En avril 2009, le ministère de la Défense et
l'état-major des Forces armées de la République
démocratique du Congo recense 129 000 hommes sous les
armes44
? Matériels terrestres
· FN FAL
· FN FNC
· FN MAG
· M16A1
· AKM-59 et ses copies
· Mitrailleuse PKM
· char T-54/55 20
43 CIA -The World Fact book
44 RDC : les effectifs des FARDC désormais
connus : 129.000 hommes, RTL, 25 avril 2009
Le taux de disponibilité et l'entretien de la majeure
partie des moyens aériens est alors minimal voire nul.
61
· char type-62 48
· char type-59 30/20 (produit par l'industrie de l'armement
de la République populaire de Chine.
· véhicules blindés de reconnaissance AML-60
et 90 (60 acheter d'origine)
· véhicule de transport de troupes M113 (12)
· véhicule de transport de troupes Panhard M3 (60
acheter d'origine)
· véhicule de transport de troupes VAB 6x6 (une
dizaine)
· véhicule de transport de troupes BTR-60 (36)
· une centaine d'obusiers de calibres divers (75mm, 122,
152), 6 2S1
· une trentaine de lance-roquettes multiples d'origine
russe (107mm, 122mm) et autant de mortiers (81 et 120mm), 6 BM-21
tchécoslovaque
· défense anti aérienne : missile sol-air
9K32 Strela-2, Rapier (système suisse)
La grande majorité du parc de véhicules
blindés est alors hors d'usage. Les principaux moyens de transports sont
divers 4x4 et camions.
? Matériels aériens
· 6 hélicoptères de combat Mi-24 Hind
· 5 hélicoptères Bell 47 (hors-service)
· 4 hélicoptères Puma
· 2 hélicoptères SA-316 Alouette III
· 4 avions d'attaque Soukhoï Su-25
· 5 avions d'attaque Dassault Mirage 5
· 14 avions Aermacchi MB-326
· 2 avions de transport Lockheed C-130 Hercules
· 12 avions de transport Cessna 150 et 3 Cessna 310
· 1 727
· 2 MI-17
62
? Moyens navals
· 1 patrouilleur classe Shanghai II de 120 t
fabriqué en république populaire de Chine (un second a
coulé en 2000) 45
· 3 patrouilleurs type Piraña de 125 t
fabriqué en Espagne.
· 3 patrouilleurs type Zhuk de 40 t fabriqué en
Russie.
· 2 vedettes
Même remarque que pour les moyens aériens.
Situation en 2010
Les effectifs en 2010 sont d'environ 130 000 militaires pour
l'armée de terre, environ 2 500 pour la marine et 2 000 pour
l'armée de l'air, techniciens compris.
Des investissements ont était fait durant la
décennie pour renouveler le matériel. Pour le 50e anniversaire de
l'indépendance du Congo le 30 juin 2010, un grand défilé
de 15 000 militaires marchant au Pas de l'oie avec 400 véhicules
militaires dont 70 chars de combat à présenté ceux ci.
Voire les types d'armements recensés 46
· 20 T-72 achetés à l'Ukraine début
2010 pour 84 millions de dollars américains
· Minimum de 20 T-55
· T-59
· 20 BMP-1
· LRM BM-21 Grad
· LRM RM-70
· LRM tracté Type 63 de 107 mm
· Obusier automoteur 2S1 Gvozdika
· Obusier tracté Type 59 de 130 mm
· ZPU-2 de 14,5 mm sur camions Unimog
45 "
http://www.wikipedia.org"
www.wikipedia.org, 2011
46 Thierry Charlier, « Défilé
militaire à Kinshasa », dans Raids, no
294, novembre 2010, p. 46-47
63
? 4x4 Toyota
SECTION II. ARMÉE RWANDAISE
Les Forces armées rwandaises
(FAR) représentent l'armée du Rwanda
sous le régime de Grégoire Kayibanda, puis de Juvénal
Habyarimana. Cette armée était composée presque
entièrement des Hutu, selon l'ethnisme en vigueur au Rwanda de 1959
à juillet 1994. En 1975, deux ans après le coup d'État de
Juvénal Habyarimana, un accord d'assistance militaire est signé
entre la France et le Rwanda. Dès le début de la guerre civile au
Rwanda en octobre 1990, les FAR subissent une défaite, malgré la
mort de Fred Rwigema, chef du FPR, qui est aussitôt remplacé par
Paul Kagamé. La France envoie un contingent bien équipé
pour aider les FAR à stopper le FPR. C'est l'Opération Noroit.
Pour réorganiser les FAR, la France décide de mettre en place un
détachement d'aide militaire dont la fonction est de former les hommes
des FAR. Ce détachement d'aide militaire en vient à former
indirectement les miliciens Interahamwe. Les FAR, composées en 1990
d'environ 5000 hommes, comptent plus de 50 000 hommes en 1994. Les soldats de
cette armée Hutu sont les initiateurs du génocide de 1994 contre
les Tutsi et les Hutu modérés. Dès le début des
tueries, le FPR lance une offensive qui lui permet de gagner du terrain
rapidement. Les FAR, mobilisées par le génocide trop loin du
front, ne réagissent pas assez rapidement pour contrer l'attaque du FPR.
Malgré leur supériorité numérique (le FPR ne compte
que 15 000 hommes), les FAR sont mises en déroute. Elles
entraînent dans leur sillage la milice Interahamwe et des centaines de
milliers de civils Hutu qui fuient l'avancée du FPR.
Des éléments de cette armée sont encore
en fuite au Zaïre (aujourd'hui République démocratique du
Congo), notamment au sein des FDLR, et dans divers autres pays africains.
Depuis 1994 et la prise du pouvoir par le FPR, l'armée
du Rwanda s'appelle l'Armée patriotique rwandaise, dite APR. Son nom
actuel est les Forces rwandaises de défense (FRD).
64
Selon un récent rapport de la CIA, le Rwanda se trouve
au premier rang mondial des pays qui dépensent le plus dans l'achat de
l'armement. En 2006, il a consacré 13,30% de son Produit
Intérieur Brut (GDP=Gross Domestic Product) aux dépenses
militaires.47
Pour avoir une idée de la monstruosité de ces
dépenses, les États-Unis ont dépensé sur la
même période, 4,06% de son PIB, la Chine 4,30% alors que la
moyenne mondiale se situe à 2,00%. Avec son arsenal, le Rwanda peut se
permettre de désorganiser ses voisins impunément : en 2006, le
Burundi n'a consacré que 5,90% des son PIB aux dépenses
militaires ; l'Ouganda 2,40% et la République Démocratique du
Congo 2,10%. 48
Un autre fait à souligner est que ces dépenses
militaires du Rwanda se font au détriment de la population. Ainsi, alors
que le secteur de l'agriculture occupe 80% de citoyens rwandais, le budget
alloué au Ministère de l'Agriculture pour 2007 est de 19, 542
milliards contre 43, 02 milliards pour les dépenses militaires et 35,84
milliards de francs rwandais pour les services de sécurité (Les
Points Focaux n° 285, du 22 au 28 Juin 2007).
Les conséquences seront désastreuses pour le
Congo. Il va donc continuer la guerre. Or, Kagame est un militariste. Sa
doctrine est fondée sur la guerre préventive et
celle de paix armée qui provient de la doctrine selon
laquelle la force militaire est la première ou la principale garantie
pour maintenir la paix.
En août 1993, au cours d'un séminaire pour le
comité central du FPR, Kagame a fait un exposé sur sa
pensée militaire. Il avait dit : « Nous ne sommes pas nombreux.
Nous ne pouvons en aucune manière nous défendre de façon
passive. Notre seule façon de nous défendre est de prendre
l'initiative et d'attaquer. Notre seule force est l'infanterie avec des armes
légères, c'est le mouvement et la surprise pour prendre l'ennemi
de flanc ou de revers. Il faut avancer en cercle, prendre l'ennemi en tenaille,
encercler
47Cité sur
sadie.markandbeth.net
48 Cité sur
www.musabyimana.be
65
ses forces par une guerre de mouvement. Le Rwanda ne peut
jamais être attaqué, nous devons faire la guerre sur le terrain
des autres. » Or Kagame estime qu'un danger pour son régime ne peut
venir ni du Burundi, ni de l'Ouganda, ni de la Tanzanie, mais uniquement du
Congo. Les autorités congolaises doivent prendre au sérieux cette
considération dans leur politique de défense.
66
CHAPITRE IV : DE L'ARMEE OUTIL DE GUERRE A L'ARMEE
FACTEUR DE PAIX REGIONALE
Ce chapitre analyse différents points dont :
Armée outil de guerre ; FRD et occupation de la RDC ; Armée
facteur de paix régionale armée instrument de légitime
défense (charte e l'ONU) ; armée instrument de maintien de la
paix (dans le cadre de l'ONU, de l'UA, du Pacte sur la sécurité,
la stabilité et développement de la région des grands
lacs.
Rappelons ici que, la géopolitique, selon une
définition du général français Pierre Maurice
Gallois, enseigne les voies de la puissance ; elle étudie les relations
qui existent entre la conduite d'une politique de puissance portée sur
le plan international et le cadre géographique dans lequel elle
s'exerce. Et la politique de puissance par excellence c'est la guerre,
activité définie par le général Prussien Von Carl
Clausewitz comme un conflit de grands intérêts réglé
par le sang et comme l'opération militaire, l'exercice de la contrainte
destinée à continuer la politique (de paix) par d'autres moyens.
Et pour souligner l'importance de la relation de la guerre avec la politique,
le Maréchal Montgomery écrit dans son histoire de la guerre que
les conflits armés ont toujours affecté foncièrement, en
bien ou en mal, les progrès de l'humanité dans tous les domaines
; le verdict des armes a constitué à tout moment le facteur
décisif dans l'évolution historique sans être le seul bien
entendu. Les guerres sont inhérentes à la nature humaine ; elle a
toujours constitué un moyen d'arbitrage quand toutes les autres
manières d'aboutir à un accord échouaient et que son
jugement dépendait plus de la force que du droit. C'est pour cette
raison que Nicolas Machiavel faisait aux princes le devoir de faire de l'art de
la guerre, leur unique étude et leur seule occupation parce que
l'existence et la grandeur d'un Etat n'étaient possibles que si le
pouvoir militaire avait sa place propre dans le système politique,
puisque une bonne organisation militaire demeure le fondement de tout Etat.
La géopolitique d'une guerre concerne donc l'analyse
des intentions des acteurs ou la perception et la définition des menaces
à contrer ou les
67
ambitions à réaliser ; la mise en perspective
dans la durée des intentions et de comportements (continuité,
permanence, constantes, ruptures et changements) et surtout saisir comment ces
intentions et comportements structurant la guerre s'inscrivent territorialement
soit, l'impact sur la géographie des intentions ou opérations de
guerre. Appliquée aux institutions de paix post-conflit, la
géopolitique nous renseigne sur la qualité et la solidité
des diplomaties et des politiques de défense en présence et
surtout sur la certitude et l'efficacité institutionnelle du
système de `gouvernance post-conflit.
Il convient ici de mentionner que deux conditions sont
essentielles pour le succès d'une stratégie :
? connaître l'adversaire, ses forces, ses intentions,
ses mouvements,
? bénéficier de la surprise.
C'est pour ces raisons que le renseignement est une fonction
indispensable, un maillon incontournable de la stratégie, et que
l'espionnage est « un des plus vieux métiers du monde ».
Tout stratège se préoccupe du moral de ses
troupes et s'emploie aussi à agir sur l'esprit de l'adversaire, au
niveau de ses dirigeants et de son
opinion publique. Les manipulations de l'information,
les ruses, les mensonges sont de « bonne guerre » s'ils
permettent de tromper, d'intoxiquer, de dérouter l'ennemi.
La Stratégie militaire quant
à elle, est un nom collectif pour projeter la conduite de guerre.
Dérivé du Grec strategos, la stratégie a
été
vue comme « art de généralités". La
stratégie militaire traite la planification et la conduite des
campagnes, le mouvement et la disposition des forces, et la déception de
l'ennemi. Le père de l'étude stratégique moderne, Karl Von
Clausewitz, définit la stratégie militaire comme « emploi
49 Jean- Claude WILLAME, « Laurent
Désiré Kabila : les origines d'une anabase », in Politique
Africaine, n° 72, 1998, p. 72.
68
des batailles pour gagner la fin de la guerre. ». La
stratégie militaire était une d'un trivium des « arts »
ou des « sciences » qui régissent la conduite de la guerre ;
les autres étant la tactique, l'exécution des plans et manoeuvre
des forces dans la bataille, et logistique, l'entretien d'une armée. La
ligne de frontière entre la stratégie et la tactique est
brouillée et parfois la catégorisation d'une décision est
une question d'opinion presque personnelle.
Stratégie et la tactique sont étroitement
liées. Tous les deux traitent la distance, le temps et la force mais la
stratégie est grande échelle tandis que la tactique est petite
échelle. À l'origine on a compris que la stratégie
régit le prélude à une bataille tandis que la tactique
commandait son exécution. Cependant, dans guerres mondiales du
20ème siècle, la distinction entre la manoeuvre et la bataille,
stratégie et tactique, sont devenues brouillées. L'art des
stratégies définit les buts pour réaliser dans une
campagne militaire, alors que la tactique définit les méthodes
pour réaliser ces buts. Les buts stratégiques pourraient
être « nous voulons conquérir le secteur X », ou «
nous voulons arrêter l'expansion du y de pays dans le commerce mondial
dans le produit Z » ; tandis que les décisions tactiques
s'étendent de « nous allons faire ceci par une invasion navale du
nord du pays X », « nous allons bloquer les ports du pays Y »,
toute manière vers le bas « peloton de C attaquerons tandis que le
peloton de D fournit la couverture du feu ».
L'existence de l'espace territoriale rwandais a toujours
constitué une préoccupation pour les dirigeants de cet
Etat-cité. En conduisant la « guerre de libération » au
Congo, le Rwanda ne cache pas ses visées expansionnistes. Il veut, par
cette guerre, arriver à « l'organisation d'une conférence
internationale pour redistribuer des terres des Grands Lacs, quitte à
réviser les frontières, puisque avec une densité
démographique de 265 habitants au km2, ce pays ne peut abriter tous les
Hutus et les Tutsis devenus par Hasard des Rwandais »49 Le
manque de terre justifie ainsi la participation du
69
Rwanda à la guerre de libération du Congo. Le
discours du chef de l'Etat rwandais prononcé à Cyangugu en
octobre 1996 est explicite à ce sujet : « je voudrais dire,
commence-t-il, à tous les rwandais éparpillés ici et
là à l'étranger qu'à l'arrivé des Blancs au
Rwanda (...) il s'étendait des Lacs Rweru et Cyohoha franchissant la
chaîne des volcans jusqu'au Lac Rusumo. Il s'étendait aussi de
Rusumo jusqu'aux frontières du Buhunde et (...) Même la
région appelée Bishugi et les autres situés actuellement
au Zaïre, faisaient partie du Rwanda »50. Plus loin, le
Chef de l'Etat rwandais considère les Banyamulenge comme leurs «
congénères » et les territoires qu'ils habitent comme des
espaces géographiques rwandais. Il invite les Banyamulenge à y
demeurer, à rester donc « chez eux pour corriger et donner la
leçon de savoir vivre à ceux là qui veulent les chasser
»51
Ce discours autorise-t-il à penser que le Rwanda
cherche un redécoupage des frontières territoriales ?
Tout porte à répondre par affirmative dans la
mesure où le 30 octobre 1996, la présidence de la
République rwandaise diffusait un communiqué par lequel elle
proposait la tenue d'une conférence de Berlin II qui rediscuterait des
frontières africaines.52
SECTION I. ARMÉE OUTIL DE GUERRE : ARMEE
PATRIOTIQUE RWANDAISE ET OCCUPATION DE LA R.D.CONGO
Le Rwanda s'est principalement impliqué dans la guerre
de libération au Congo pour des raisons liées à la
sécurité nationale, à l'économie (en contre partie
de l'appui que leur accorde le Rwanda dans la guerre de libération du
Congo, les responsables de l'AFDL auraient pris l'engagement d'aider les
autorités rwandaises à accéder aux richesses naturelles de
la République Démocratique du Congo) ainsi qu'à une
visée expansionniste.
50 Discours du Pasteur Bizimungu, ex- président
de la République du Rwanda, prononcé à Cyangugu, le 10
octobre 1996 cité par Jean Claude Willame, les
Banyarwanda...op.cit, p. 41
51 Idem
52 MULAMBA NGELEKA : « Alliances
stratégiques et conflits armés dans la Région des Grands
Lacs : op.cit
70
Dans une interview accordée au Washington Post, le
Général Kagame avait dit avoir planifié la marche de
l'AFDL sur Kinshasa53. Pour lui, « les rebelles congolais ne
jouent qu'un rôle d'appoint à un processus mené de bout en
bout par le Rwanda »54 qui cherche à tout prix à
« extirper du zaïre le reliquat des ex-forces armées
rwandaises et des milices extrémistes hutus »55 tant que
ceux-ci se servaient « de centaines de milliers de boucliers humains
». Le général rwandais confirme que son « plan de
bataille était simple. Le premier était de démanteler les
camps. Le second était de détruire la structure de l'armée
hutu et des milices (Interahamwe) basés dans et autour des camps, soit
en les contraignant à rentrer au Rwanda, soit à les combattre ou
à les disperser. Le troisième but était plus large :
abattre Mobutu »56. Paul Kagame avait pris cette grave
décision à l'issue d'un voyage qu'il avait effectué aux
États-Unis d'Amérique au mois d'août 1996. Au
département d'Etat américain, il avait déclaré que
« les camps des refugiés devraient être
démantelés et que si les Etats- Unis ne s'en chargeaient pas,
quelqu'un d'outre pourrait le faire » 57
La sécurité nationale commandait une telle
mesure quand on sait que des milliers des Hutus fuyant le Rwanda, à la
suite de la victoire de l'APR sur les Hutus, s'étaient entassés
dans des camps des réfugiés en RDC. Dans certains camps comme
ceux de Panzi, Kashusha, Mugunga « qui abritaient surtout les
réfugiés Hutus, les entrainements avaient continué, tous
les jeunes en âge de porter les armes avaient été
recrutés et formés en milices lesquels effectuaient des
expéditions-commandos au Rwanda, dans le but d'éliminer les
témoins gênants, des survivants Tutsis, ou à s'attaquer aux
autorités communales qui avaient eu l'imprudence de collaborer avec le
régime de Kigali » 58 . Les autorités de Kigali avaient une
autre raison particulière d'en vouloir au régime de Mobutu.
Celui-ci allié au Président Juvénal Habyarimana lui avait
prêté main forte en octobre 1990, en lui
53 DIALOGUE, n° 201 Cité par Mulamba
Ngeleka, Op.cit P. 321
54 Jean Claude Willame Op.cit p. 75
55 Frederic FRISTER, in Le Monde, 18 mars 1997, p.2
56 John POMFERT, « Rwanda led revolt in
Congo» in Washington Post, 9 juillet 1997. P.127
57 Jean Claude Willame, Laurent Désiré.
Op.cit
58 Colette BRAEKMAN et al. Kabila prend le
pouvoir, Bruxelles, GRIP, 1998. P.98
71
envoyant un contingent de 500 hommes pour aider les F.A.R
à repousser l'A.P.R
Le Rwanda mène une politique d'une rigidité et
d'une fermeté impressionnante qu'il amène à garantir ses
intérêts régionaux immédiats par les forces des
armes en cela, elle mène une politique de puissance agressive. Par cette
agressivité, le Rwanda entend instaurer un équilibre de forces
à sa manière, pour ne pas avoir à subir la loi des
autres.
La priorité est faite à la
sécurité. Celle-ci, en même temps qu'elle favorise une
gestion durable du génocide de 1994, permet de faire face à la
menace que constituent les bandes armée appelées « forces
négative » d'idéologie génocidaire opérant au
Burundi et en RDC Joseph MUTABOBA déclare à cet effet «
qu'après tous les conflits que nous avons eus (...) la
sécurité reste la priorité des priorités ».
Sans doute ceci explique-t-il l'écart déjà comblé
par le Rwanda en matière d'armement pour pouvoir compter sur la
scène régionale et rendre vaine toute tentative d'agression ou de
déstabilisation. En effet, l'armée rwandaise paraît
être la plus redoutable de la région. Elle est dotée d'une
impressionnante capacité de projection. Cette notion signifie qu'elle
peut intervenir et employer une force adaptée à
l'extérieur des frontières, incluant des hommes, système
d'armes et logistiques à plusieurs milliers de Kilomètre dans un
bref délai, avec la possibilité de la soutenir dans la
durée, voire préparer le retour de la paix. Elle est
également dotée de moyens de prévention (renseignements,
alliances) extérieures et présentent un atout dissuasif qui
protège le territoire national.
C'est de cet avantage offensif que provient l'orgueil dont le
Rwanda se vante dans la région des Grands Lacs. Cela avait
déjà été démontré lors de l'agression
de la RDC de 1996 à 2003. Elle a constitué par la suite un
puissant instrument de pression sur le gouvernement congolais, chaque fois que
le Rwanda menaçait d'intervenir militairement en RDC depuis la
transition, alors que le gouvernement congolais était accusé
d'armer et de coopérer avec les FDLR, forces négatives
menaçant en permanence l'intégrité territoriale du Rwanda.
Face à la menace des forces négatives, le Rwanda conçoit
le Kivu, en RDC, comme une zone tampon, sur laquelle importent
72
ses problèmes d'insécurité, en
créant une force de barrage qui permet d'assurer une
sécurité relative à ses frontières. Il s'agit
là d'un mécanisme subversif visant à créer une
menace chez autrui pour assurer sa sécurité. C'est dans ce cadre
que nous comprenons le soutien longtemps décrié du Rwanda, aux
rébellions en RDC depuis 2004. De la guerre de 14 jours à Bukavu
en 2004 à la dernière guerre du CNDP de NKUNDA que nous appelons
« guerre du Kivu de 2004 à 2009, la main invisible du Rwanda a agi
à travers ses intermédiaires congolais.
L'existence de cette alliance à toujours
été à la base de sérieuses inquiétudes du
côté rwandais, ce qui a expliqué cette fermeté du
Rwanda à l'égard du Congo. Le poids de l'ingérence aurait
été d'autant plus lourd en cas d'une éventuelle
réconciliation du gouvernement rwandais avec les rebelles Hutus. Dans
ces conditions, le Rwanda serait alors un gouvernement contrôlé.
La meilleure solution donc serait d'inverser les rôles en concevant un
mécanisme de pénétration du côté congolais.
Cette dernière option concourt notamment à la volonté du
Rwanda d'avoir des hommes de confiance dans le régime en place en RDC.
L'intégration du CNDP au sein de l'armée et des institutions du
pays verra cette dernière se réaliser.
§ 1. Armée facteur de paix régionale
Chaque Etat sérieux doit se doter d'une politique
régionale, nous sous entendons ici son comportement, ses orientations,
et ses options politiques, diplomatiques et stratégiques adoptées
et appliquées une région spécifique.
La région des Grands Lacs africains, pour le rappeler,
est une zone de guerre s'étendant de Luanda à Asmara, espace
géopolitique compris entre l'océan Atlantique et l'océan
Indien. Cet espace a connu cinq grandes crises, mieux six mais dont trois ont
fait l'objet d'un processus régional de paix : la crise de l'Angola, du
Burundi et de la RDC ; tandis que celles de l'Ouganda, du Rwanda et de
l'Éthiopie-Érythrée ont connu une fortune
différente.
73
Cinq de ses six crises avaient une origine interne,
excepté celle de l'Éthiopie-Érythrée qui
était une guerre internationale de dispute des frontières. Ces
crises dues à l'instabilité politique interne ont eu un
rebondissement régional. Trois de ces cinq crises ont fait l'objet d'un
processus de paix avec implication de missions onusiennes de maintien de la
paix ; seule la crise congolaise et celle du Burundi ont connu des processus de
paix à dimension régionale : le processus d'Arusha pour le
Burundi et celui de Lusaka pour la RDC. Ces deux processus auraient eu les
mêmes
faiblesses que celui de la crise angolaise ; soit, la
difficulté vraiment de dominer la conjoncture et d'accoucher d'un
changement de contexte et de solutions de paix durable et consensuelle. Dans
tous ces cas l'objectif stratégique aura été de sauver la
médiation ou la facilitation plutôt que d'aplanir les
différends. La paix obtenue aura été souvent fragile et
précaire ; elle n'est devenue durable en Angola par exemple que par la
victoire militaire du MPLA sur l'Unita à la suite de la mort de Jonas
Savimbi.
La quête régionale de paix et de stabilité
dans la crise de la région des Grands Lacs en RDC aura eu ceci de
particulier, l'incapacité des pays de la région de parvenir par
la guerre à mettre en place un semblant d'ordre sécuritaire
régionale ou de parvenir à un règlement
général et global de la première guerre mondiale africaine
au moyen d'une architecture régionale de sécurité et de
stabilité engageant tous les intervenants externes. La guerre
d'agression contre la RDC traitée comme une guerre civile
internationalisée aboutit à un creux ou un vide
stratégique là où avait existé l'ex-Zaïre
comme pivot géopolitique de l'équilibre régional parce que
la stabilité recherchée dans le cadre de la Conférence
internationale de la région des Grands Lacs manquait et manque
aujourd'hui encore cruellement de supports nationaux et régionaux.
§ 2. Armée, instrument de maintien de la paix
(OMP)
a. dans le cadre de l'ONU,
L'ONU ne disposant donc pas de troupes permanentes, les OMP
sont des forces destinées aux opérations entreprises au coup par
coup et de façon plus ou moins empirique, sous le pavillon de
l'Organisation. Dans ces
74
conditions le terme OMP correspondra à un terme global
comprenant à la fois le soutien militaire aux initiatives diplomatiques,
l'engagement des observateurs et de moniteurs, les actions traditionnelles de
maintien de la paix, le déploiement préventif, l'assistance
humanitaire, la protection et la distribution de secours, la mise en oeuvre des
sanctions et l'imposition de la paix. De même, sera également
considérée comme opération de maintien de la paix, toute
action qui consiste en la prévention, la limitation, la
modération et la cessation d'hostilités internes ou entre Etats
par l'intervention d'un tiers, dirigées par des éléments
internationaux, utilisant des forces militaires, policières et civiles
multinationales, pour maintenir, rétablir, consolider et le cas
échéant imposer la paix59
Au total, le maintien de la paix englobe des situations de
prévention, de « rétablissement de la paix 60
», « d'imposition de la paix 61 » et de « consolidation de
la paix 62». Dans ce cadre, la prévention militaire a
pour mandat d'éviter que les différends ne surgissent entre les
parties, d'empêcher qu'un différend existant ne se transforme en
conflit ouvert et, si un conflit éclate, de faire en sorte qu'il ne
s'étende pas.
La relance de l'ONU observée lors de la crise du golf
en 1990 par l'autorité nouvelle du Conseil de Sécurité
(CS) s'est accompagnée d'une évolution rapide de la nature des
OMP. Ce phénomène s'est traduit par l'utilisation du vocable de
`' Générations d'OMP". C'est ainsi qu'on distingue :
59 Lieutenant colonel Louis Marie Kouna, « les
opérations de maintien de la paix genèse, développement et
complexité » in honneur et fidélité numéro
spécial `' force de défense au service de la paix en Afrique et
dans le monde", 20 mai 2005
60 Le rétablissement de la paix vise à rapprocher
des parties hostiles, essentiellement par des moyens pacifiques prévues
par la diplomatie classique visée dans le chapitre VI de la Charte des
nations unies.
61 L'imposition de la paix est une action collective,
coercitive qui peut être déclenchée par le conseil de
sécurité en vue de mettre fin à une menace à la
paix et à la sécurité internationale ou à une
rupture de la paix au moyen d'éventail de mesures allant de la
démonstration de la force( mesure de blocus, sanctions
économiques) à l'emploi effectif de la force(action
armée).
62 La consolidation de la paix définit l'action
menée après les conflits, en vue de reconstituer des bases
propres à affermir la paix. En effet le passage de la guerre à la
paix, s'il constitue un soulagement évident est toujours chaotique et
douloureux. Depuis la chute du mur de Berlin, la communauté
internationale tente, à travers l'action humanitaire, la présence
militaire et la promotion de la justice pénale internationale
d'accompagner les pays qui sortent de la guerre, présageant que c'est le
meilleur moyen pour que la paix soit durable.
75
- Les OMP dites de `'Première
Génération'' encore appelées maintien de la paix
traditionnel, instrument aux ambitions modestes qui a été
rarement utilisé, à peine 13 fois au cours des 45
premières années d'existence de l'ONU63 ; et
- les OMP de `'Deuxième génération"
apparues dès la fin des années 80 et caractérisées
par une expansion remarquable tant sur le plan quantitatif (avec un
accroissement de leur nombre dû aux multiplications des conflits dans le
monde ayant caractérisé la période d'après guerre
froide) que sur le plan qualitatif (avec une complexité de plus en plus
grande des missions des soldats de la paix) qui intègre également
des ambitions plus grandes et des risques (dangers) plus
marqués64
b. Dans le cadre de l'UA,
La décennie 1990, marquée par la chute du mur de
Berlin, et la fin de la guerre froide a donné lieu à un
reprofilage des engagements internationaux en vue du maintien ou de la
restauration de la paix et la sécurité sur les terrains instables
du continent. En effet, l'écroulement de la menace soviétique sur
les espaces d'influence des puissances occidentales en Afrique est allé
de paire avec la réduction drastique des interventions militaires
occidentales. Ce changement s'est ainsi opéré en donnant lieu
simultanément à une multiplication d'initiatives et
résolutions visant une plus grande responsabilisation des Gouvernements
et armées africaines dans la gestion des crises sur le Continent.
De cette mutation contextuelle, qui a eu la
particularité d'inviter ou même de « contraindre »
l'Afrique à prendre conscience de ces obligations (face au vide
créé par le retrait des interventions sécuritaire
occidentales et devant l'accentuation du défi de la paix et de la
sécurité), il en a résulté un
63 Louise Fréchette, « grandeur et
misère du maintien de la paix » in S/D Jocelyn Coulon, guide du
maintien de la paix 2005, Athéna édition, 2008, page52
64 Les missions de paix sont appelées à
aller au-delà de faire respecter un cessez-le feu. Leurs mandats
comprennent généralement toute la gamme des activités
nécessaires à la reconstruction des sociétés
déchirées par la guerre. En termes de dangerosité il
convient de tenir compte qu'on déploie les contingents dans des
environnements peu réceptifs à leur présence.
76
renforcement des prérogatives et des actions des
Organisations régionales et sous-régionales africaines dans la
conduite des opérations de maintien de la paix, mettant prioritairement
à contribution les armées africaines.
C'est tout le sens des innovations profondes observées
depuis près d'une décennie dans la restructuration et le
renforcement des compétences de l'organisation panafricaine (UA), pour
la gestion des questions de paix et de sécurité sur le continent.
Le rôle majeur qui incombe désormais au Conseil de Paix et de
Sécurité de l'UA, qui adopte des résolutions et instruit
des actions avec le soutien de l'ONU, témoigne de la
responsabilité accrue qui est celle des Etats africains, qui sont
individuellement interpellés à un engagement plus fort en faveur
de l'appui aux initiatives politiques et militaires utiles à la
préservation de la paix sur le continent.
Cette logique de responsabilisation des africains a
également présidé aux mutations profondes observées
dans le fonctionnement des organisations sous-régionales, de plus en
plus dynamiques dans la gestion des conflits 65; au même titre
qu'il a déterminé l'avènement des multiples programmes de
renforcement des capacités des armées africaines dans la conduite
des missions de paix.66
? Notion de paix et de sécurité
Les notions de Paix et sécurité, sont
indissociables et complémentaires. La paix
:
La Paix fait référence à des notions de
tranquillité, de sérénité, de quiétude pour
un individu et pour une population. Pour un Etat, être en Paix, c'est
n'être pas en situation de guerre. On se rend compte ainsi que la
65 Il convient à cet égard de rappeler
les rôles déterminants joués par les forces ouest
africaines d'interposition dans les conflits de Sierra Léone, du
Libéria,..., l'implication active des forces FOMAC et FOMUC d'Afrique
Centrale dans le maintien de la paix en RCA etc.
66 Programmes proposés par les
États-Unis (Africa Crisis Response Initiative -ACRI- créé
en 1996 et devenu en 2002 African Crisis Operations Training Assistance -
ACOTA-), la France (avec le Renforcement des Capacités Africaine de
Maintien de la Paix -RECAMP-), la Grande Bretagne, et autres programmes
financés par l'UE, le Japon, le Canada...
77
paix a laquelle peuvent aspirer les populations n'est pas
seulement l'absence de guerre, la paix est étroitement liée a une
notion de sécurité et de progrès.
La sécurité :
La notion de sécurité comporte plusieurs aspects
;
La sécurité nationale : a
été la première préoccupation des Etats au
lendemain des Indépendances. Elle implique une conception basée
sur des préoccupations de souveraineté, il s'agit d'assurer la
protection de l'Etat, de la Nation toute entière.
La sécurité collective : c'est «
la sécurité de tous assurée par tous », elle fait
référence encore une fois a des Etats qui peuvent mettre en
commun leurs moyens ou conclure un Pacte pour assurer leur
sécurité face a une
agression extérieure ou a un danger interne
(rebellions). Il s'agit là d'une sorte d'Union sacrée pour la
défense commune. Cette notion de « sécurité
collective » fait également référence à des
notions de
développement et de prospérité, on parle
ainsi de « sécurité alimentaire ».
« Il n'y a pas de loi pour celui qui a faim
»- proverbe africain.
La sécurité humaine est une notion qui
place l'individu au centre des préoccupations. Cette notion et son
développement récent, montre que les dirigeants ont compris que
la Paix et la stabilité ne sont pas possibles sans que soit
assurée une certaine sécurité aux populations. Chacun a le
droit de vivre dans un environnement qui lui garantisse un minimum de
sécurité, de libertés, et de bien-être.
Les Etats Africains à travers l'UA reconnaissent et
incluent désormais ces 3 notions dans leur perception de la Paix et de
la Sécurité en Afrique. Ainsi, l'Union Africaine traite de la
« sécurité humaine » en ces termes :
« Les causes des conflits inter-états exigent
qu'on accorde une nouvelle importance à la sécurité
humaine basée non seulement sur des valeurs politiques mais aussi sur
des exigences sociales et économiques... »
78
Les Etats proclament dans l'Acte constitutif de l'Union
Africaine :
« Conscients du fait que le
fléau des conflits en Afrique constitue un obstacle majeur au
développement socio -économique du continent, et de la
nécessité de promouvoir la paix, la sécurité et la
stabilité, comme condition préalable à la mise en oeuvre
de notre agenda dans le domaine du développement et de
l'intégration » (Acte constitutif de l'UA
-Préambule).
Ils se fixent pour objectif prioritaire de «
promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le
continent » (Art.3 acte constitutif).
Le pacte de non agression et de défense commune de
l'Union Africaine du 31 janvier 2005 stipule en son article 3 point c :
Toute agression ou menace d'agression dirigée
contre l'un quelconque des Etats membres constitue une menace ou une agression
contre l'ensemble des Etats membres de l'Union » (Art.3 c).
Il n'y a pas de paix sans sécurité mais il n'y a
pas de sécurité sans la Paix.
§ 3. Les principes fondamentaux et la politique
africaine commune de défense et de sécurité
A l'examen des principes proclames dans l'Acte constitutif de
l'Union Africaine et dans celui relatif au CPS, on constate que tout en
rappelant leur attachement a des principes traditionnels de droit international
public, les Etats ont par ailleurs également retenu des principes plus
novateurs.
1. Des principes traditionnels respectueux de la
souveraine et des Etats
L'Union africaine s'inscrit dans le cadre des principes
fondamentaux de la coopération entre Etats définis par le Droit
International Public. Sont ainsi retenus notamment, les principes de
souveraineté, de non ingérence dans les affaires
intérieures des états, de coopération entre Etats, de
Règlement pacifique des différents internationaux... Elle reprend
également à son compte le principe de l'OUA sur
l'intangibilité des frontières issues de la
79
colonisation. Elle condamne et rejette expressément les
changements anticonstitutionnels de gouvernements.
2. Des principes novateurs : le droit
d'ingérence et d'intervention
a) Intervention à l'initiative de l'Union : en cas
de violations graves du Droit International Humanitaire
Ainsi, l'Union Africaine proclame le droit de l'Union
d'intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence
dans le cas de violation graves du droit international humanitaire : crimes de
guerre, génocide ou crimes contre l'humanité.
b) Intervention sur demande d'un Etat membre : pour
rétablir la paix et la sécurité
Elle proclame également le droit pour les Etats membres
de solliciter l'intervention de l'Union pour restaurer la paix et la
sécurité sur leur territoire.
§ 4. La politique africaine commune de défense
et de sécurité
« La sécurité de chaque pays africain est
indissolublement liée à celle des autres pays africains et du
continent dans son ensemble »(UA)
Cette politique reprend les principes contenus dans l'Acte
constitutif mais rajoute d'autres principes et valeurs :
? L'indivisibilité de la sécurité des
Pays africains (un pour tous, tous pour un) ;
? La promotion de la collaboration entre l'union africaine et
les organisations régionales et sous-régionales ;
? Le principe de vigilance et de sécurité
collective : chaque Etat doit veiller a ne pas mener des activités ni
permettre que soient menées des activités dans un autre pays
incitant a la haine raciale, ethnique, sexiste ou religieuse, ou a la violence
;
? Le renforcement des liens entre les Nations-Unies et
l'UA.
80
Suivent ensuite un certain nombre d'objectifs propres à
réaliser ces principes.
Pour la mise en oeuvre de cette politique commune, l'UA met en
place une Architecture de Paix et de sécurité (AAPS)
§ 5. Le conseil de paix et de sécurité
(CPS)
Le PROTOCOLE relatif a la création du CPS a
été adopté à DURBAN le 9 juillet 2002, il est
entré en vigueur le 26 décembre 2003.
Sa mission et ses objectifs : C'est un organe
permanent et un organe de décision. Il est défini comme
étant un « système de sécurité
collective et d'alerte rapide visant à permettre une réaction
rapide et efficace aux situations de conflit et de crise en Afrique
»
Il intervient dans la prévention, la gestion et le
règlement des conflits, ainsi que dans la période de
consolidation de la paix et de la reconstruction.
? Du Pacte sur la sécurité, la
stabilité et développement de la région des grands
lacs.
Le réflexe géopoliticien devant chaque crise,
consiste à se demander qui veut quoi ? Comment ? Pourquoi ? Que veut ce
pays qui vient de déclencher une crise, un conflit, une guerre ? De qui
ou de quoi a-t-il peur ? Qu'est-ce qu'il cherche à étouffer ou
à contrarier par la guerre ou quel avantage géographique ou
stratégique et politique veut-il disposer au terme de la guerre à
travers les accords ou pacte de paix et de stabilité ?
Parce que pour dire qu'une guerre s'est terminée et que
l'on serait vraiment entré dans une période post-conflit, il faut
avoir répondu sans complaisance à cette série de
questions, pour savoir à l'avantage duquel des protagonistes se fait la
paix, et, aussi pour développer à cet égard un mode
conséquent de gouvernance pour que la sécurité, la paix,
la stabilité et l'espoir du développement ne soient fondés
sur des mirages, sur l'illusion et sur l'absence de politique
géostratégique.
? La géostratégie de la paix et de la
stabilité régionales :
81
Elle prend en charge l'examen des actions et des gestes
concernant la gestion des intérêts géopolitiques des
acteurs.
La paix, dit-on, ce n'est pas seulement l'absence de guerre ;
et la guerre, ce n'est pas toujours non plus les affrontements armés.
C'est bien souvent un état d'esprit. C'est pourquoi l'Unesco a-t-elle
été fondée sur le principe que c'est dans l'esprit des
hommes que commence la guerre et c'est par les activités d'esprit, dont
la science et l'éducation qu'il faut combattre la guerre et construire
la culture de la paix.
La paix et la stabilité régionales post-conflits
autour de la guerre de la Région des Grands Lacs en RDC, ce n'est pas
seulement la conclusion d'un pacte de paix et de stabilité et de
nombreux autres accords et protocoles de paix ou de partage en commun des
ressources. C'est de s'assurer que réellement les raisons de la guerre
ont disparu ; que les intentions qui la portaient ont cessé et que la
paix a été réellement signée, surtout que le
post-conflit entretient un nouvel état d'esprit à la base des
diplomaties d'amitié et de solidarité pacificatrices.
Comme signalé ci-haut, la nécessité d'une
conférence internationale sur la paix, la sécurité, la
démocratie et le développement en Afrique des grands lacs s'est
imposée comme une des 9 Voies pour trouver une solution durable aux
conflagrations politiques de l'Afrique des grands Lacs ainsi qu'à
l'amorce de son développement. Aussitôt arrivé au pouvoir
en en mai 1997, le Président Laurent-Désiré Kabila a
tenté de s'approprier l'initiative. Il convoquera en mai 1998, à
Kinshasa, cette conférence avec à l'ordre du jour la
sécurité et la paix en Afrique des Grands lacs. Chacun de ses
principaux invités trouvera chacun des excuses et la conférence
n'aura pas lieu. Ce rendez-vous manqué qui cachait un malaise sera suivi
par le déclenchement des hostilités qui impliqueront, dès
octobre 1996, certains invités d'hier comme le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi.
Fin décembre 1999, le Secrétaire
Général de l'organisation des Nations Unies, M. Kofi Annan,
charge son Représentant spécial pour la région des grands
lacs de recueillir les vues des dirigeants de la région concernant ce
projet. Cette volonté a été rapidement renforcée
par les résolutions 1291 du 24 février 2000 et 1304 du 16 juin
2000 du Conseil de
82
sécurité des Nations Unies qui ont mis en
exergue les menaces pour la paix et la sécurité internationales
que représentait la situation de guerre en République
Démocratique du Congo. Cette conférence internationale
viserait
:
- « Inaugurer un processus dans le cadre duquel les
dirigeants des pays de la région des Grands Lacs seront invités
à se réunir en vue de parvenir à un accord sur un ensemble
de principes et de formuler et lancer des programmes d'action visant à
mettre fin au retour cyclique des crises et à garantir une paix, une
sécurité, une démocratie et un développement
durables dans la région. Ce processus sera conçu de façon
à être aussi ouvert que possible et l'on s'efforcera d'y associer
d'autres parties prenantes, et notamment les acteurs non étatiques et la
communauté internationale des bailleurs de fonds. La conférence
sera organisée de façon à manifester l'appui collectif de
la communauté internationale aux efforts déployés par la
région en faveur de la paix, de la stabilité et du
développement. »67
C'est en définitive en novembre 2004 que le premier
sommet de chefs d'Etat et de gouvernement a lieu à Dar-es-Salaam et se
termine par une déclaration d'intention de différentes
délégations. Les onze délégations (Angola, Burundi,
Centrafrique, République du Congo, R.D.Congo, Kenya, Rwanda, Soudan,
Ouganda, Tanzanie et Zambie) décident de construire une région
des grands lacs ouverte à d'autres régions du continent en
bâtissant leur coopération autour des axes prioritaires que sont
la paix et la sécurité, la démocratie et la bonne
gouvernance, le développement économique et l'intégration
régionale, les questions humanitaires et sociales.
Dans l'axe »paix et sécurité», la
lecture des conflits cycliques dans les pays de la région des grands
lacs est basée sur une analyse qui situe les causes à deux
niveaux : interne et externe.
Malgré tout ce qui les sépare, la
République démocratique du Congo, le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi sont unis dans une même conviction, à savoir que le
déclenchement, l'aggravation et la persistance des
67 International Conference on Peace, Security, Democracy and
Development in the Great Lakes Region. A Concept Paper, paragraphe 27.
83
conflits à l'intérieur de leurs territoires
respectifs sont entièrement le produit des machinations de leurs
voisins.
C'est pourquoi ces Etats signataires se sont engagés
à :
- appuyer les processus nationaux de paix dans la
région,68
- coopérer de façon bilatérale et
régionale grâce à l'adoption et l'application effective de
pactes de non agression et de défense commune,
- mettre en place un cadre régional de
sécurité pour la prévention,
- la gestion et le règlement pacifique des conflits,
- lutter contre le génocide,
- renforcer la coopération en matière de
défense et sécurité et promouvoir la confiance,
- promouvoir des politiques communes de lutte contre la
prolifération et le trafic illicite des armes légères et
de petit calibre, ainsi que des mines anti-personnel,
- sécuriser les frontières communes dans le
cadre de stratégies de gestion de proximité des questions
transfrontalières, en consultation avec les populations des ces
zones,
- empêcher tout soutien direct et indirect, toute
livraison d'armes ou toute autre forme d'assistance aux groupes armés
opérant dans la région,
- adopter et mettre en oeuvre des programmes nationaux de
désarmement, de démobilisation et de réinsertion et
assurer une coordination régionale pour le rapatriement et la
réinstallation,
- intensifier la lutte contre la criminalité
transfrontalière et le terrorisme,
- protéger les groupes vulnérables, les
impliquer dans les efforts de paix, la lutte contre la violence sexuelle et
mettre en oeuvre une stratégie régionale de lutte contre la
pandémie du sida.
68 Voir aussi la Déclaration de Dar-es-Salam sur la
paix, la sécurité, la démocratie et le
développement dans la région des grands lacs, premier sommet
des chefs d'Etat et de Gouvernement Dar-es-Salaam, 19-20 novembre 2004, le
paragraphe 5.
84
Le Pacte de Nairobi de Paix et de Stabilisation de la
Région des Grands Lacs n'aurait pas de force encore moins de moyens de
transformer la région des Grands Lacs africains de système de
guerre en système de paix.
L'absence de processus de paix particuliers autour des crises
ougandaise et rwandaise qui se poursuivent par la présence de mouvement
rebelles ou de forces négatives de ces pays sur le territoire congolais;
le refus autrefois de les incorporer dans le processus de paix de Lusaka dont
ces pays étaient signataires dé l'Accord de cessez-le-feu
faisaient acte de reconnaissance du droit de regard de ces pays sur les
affaires congolaises et implicitement feraient prévaloir qu'ils
posséderaient de ce fait de droits acquis en territoire congolais.
? Protocole sur la Non-agression et la défense
mutuelle dans la région des Grands Lacs Africains
Conformément à la disposition de l'article 5 du
Pacte qui stipule que les Etats membres s'engagent à maintenir la paix
et la sécurité eu égard au protocole sur la non-agression
et de la défense mutuelle dans la région des Grands Lacs
Africains, à renoncer à la menace ou à l'utilisation de la
force comme politique ou instrument visant à régler les
différends ou litiges, à atteindre les objectifs nationaux dans
la région des Grands Lacs Africains, à s'abstenir d'envoyer ou de
soutenir des oppositions armées ou des groupes armés et rebelles
sur le territoire d'un autre Etat membre ou de tolérer sur leur
territoire des groupes armés engagés dans les actes de violence
ou de subversion contre le Gouvernement d'un autre Etat, à
coopérer à tous les niveaux en vue du désarmement et du
démantèlement des groupes rebelles armés existants et
à promouvoir une gestion participative conjointe de la
sécurité étatique et humaine aux frontières
communes.
Il sied de noter cependant que ce Pacte a été
conçu et voulu par les Etats signataires comme un traité
international. Les Etats membres ont voulu se conformer à la
volonté exprimée par les chefs d'Etat dans la Déclaration
de Dar-Es-Salaam, de respecter les principes fondamentaux du
85
droit international pouvant régir les rapports entre
ces Etats au-delà de leurs frontières.
En ce domaine de la non-agression et de la défense
mutuelle, les Etats doivent établir leurs rapports en
considération de la nature et du caractère conflictuels
constatés dans la région depuis une décennie et envisager
certains mécanismes qui peuvent harmoniser leur coopération et
pacifier la région des Grands Lacs Africains. Ils doivent tenir compte
des facteurs qui créent souvent des conflits et perturbent la
sécurité dans la région. Ils s'engagent à
régler pacifiquement leurs conflits et s'invitent au respect des
principes fondamentaux de non-recours à la force entre les Etats
membres.
§ 6. Opération militaire conjointe RDF-FARDC
contre le FDLR au nord Kivu : opération « Umoja Wetu »
Rappelons qu'après l'agression de la RDC par les Rwanda
et ses alliés, après avoir occupé une partie du territoire
national de la RDC, en faisant près de Cinq millions de morts sans
qu'ils aient indemnisé les familles des victimes ni
présenté des excuses à l'Etat congolais. Fort
curieusement, cette même armée rwandaise avait été
permis par l'Etat congolais à entrer officiellement en RDC pour mener
une opération militaire, conjointement avec les FARDC, contre les FDLR
dans le Nord-Kivu. Situation qui serait à la basa de la destitution du
bureau de l'Assemblée nationale avec à sa tête VITAL
KAMERHE.
Le Rwanda mène une politique d'une rigidité et
d'une fermeté impressionnante qu'il amène à garantir ses
intérêts régionaux immédiats par les forces des
armes en cela, elle mène une politique de puissance agressive. Par cette
agressivité, le Rwanda entend instaurer un équilibre de forces
à sa manière, pour ne pas avoir à subir la loi des
autres.
La priorité est faite à la
sécurité. Celle-ci, en même temps qu'elle favorise une
gestion durable du génocide de 1994, permet de faire face à la
menace que constituent les bandes armée appelées «
forces négative » d'idéologie génocidaire
opérant au Burundi et en RDC Joseph MUTABOBA déclare à
cet
69 LAURENT MUGISHO : De stratégie militaire
dans la politique étrangère des Etats de la région des
Grands Lacs, TFC (inédit) en R.I, FSSAP, U.O.B, 2008-2009
86
effet « qu'après tous les conflits que nous
avons eus (...) la sécurité
reste la priorité des priorités ».
Sans doute ceci explique-t-il l'écart déjà comblé
par le Rwanda en matière d'armement pour pouvoir compter sur la
scène régionale et rendre vaine toute tentative d'agression ou de
déstabilisation. En effet, l'armée rwandaise paraît
être la plus redoutable de la région. Elle est dotée d'une
impressionnante capacité de projection. Cette notion signifie qu'elle
peut intervenir et employer une force adaptée à
l'extérieur des frontières, incluant des hommes, système
d'armes et logistiques à plusieurs milliers de Kilomètre dans un
bref délai, avec la possibilité de la soutenir dans la
durée, voire préparer le retour de la paix. Elle est
également dotée de moyens de prévention (renseignements,
alliances) extérieures et présentent un atout dissuasif qui
protège le territoire national.
C'est de cet avantage offensif que provient l'orgueil dont le
Rwanda se vante dans la région des Grands Lacs. Cela avait
déjà été démontré lors de l'agression
de la RDC de 1996 à 2003. Elle a constitué par la suite un
puissant instrument de pression sur le gouvernement congolais, chaque fois que
le Rwanda menaçait d'intervenir militairement en RDC depuis la
transition, alors que le gouvernement congolais était accusé
d'armer et de coopérer avec les FDLR, forces négatives
menaçant en permanence l'intégrité territoriale du Rwanda.
Face à la menace des forces négatives, le Rwanda conçoit
le Kivu, en RDC, comme une zone tampon, sur laquelle importent ses
problèmes d'insécurité, en créant une force de
barrage qui permet d'assurer une sécurité relative à ses
frontières. Il s'agit là d'un mécanisme subversif visant
à créer une menace chez autrui pour assurer sa
sécurité. C'est dans ce cadre que nous comprenons le soutien
longtemps décrié du Rwanda, aux rébellions en RDC depuis
2004. De la guerre de 14 jours à Bukavu en 2004 à la
dernière guerre du CNDP de NKUNDA que nous appelons « guerre du
Kivu de 2004 à 2009, la main invisible du Rwanda a agit à travers
ses intermédiaires congolais.69
L'existence de cette alliance à toujours
été à la base de sérieuses inquiétudes du
côté rwandais, ce qui a expliqué cette fermeté du
Rwanda à l'égard du Congo. Le poids de l'ingérence aurait
été d'autant plus lourd en
87
cas d'une éventuelle réconciliation du
gouvernement rwandais avec les rebelles Hutus. Dans ces conditions, le Rwanda
serait alors un gouvernement contrôlé. La meilleure solution donc
serait d'inverser les rôles en concevant un mécanisme de
pénétration du côté congolais. Cette dernière
option concourt notamment à la volonté du Rwanda d'avoir des
hommes de confiance dans le régime en place en RDC. L'intégration
du CNDP au sein de l'armée et des institutions du pays verra cette
dernière se réaliser. Toute cette situation pousse le Rwanda, sur
proposition de l'administration Bush, à signer un accord avec la RDC
pour mener cette fameuse opération conjointe RDC - FARDC contre les
FDLR.
Lors du lancement officiel du retrait des troupes Rwandaises
le mercredi 25 février 2009 à Goma sous la présidence des
Ministres Congolais des Affaires Étrangères et son homologue
Rwandais, Représentants des Chef d'Etat de deux pays. Cette
manifestation purement militaires avait connu deux moments forts à
savoir la prononciation des discours des personnalités principales et le
défilé de troupes conjointes RDF et FARDC, signe marquant la fin
de l'opération « Umoja Wetu ».
Le Général John NUMBI, commandant des
opérations conjointes RDF FARDC, avait, dans son allocution,
donné le bilan d'un peu plus de 2 mois d'opération militaire
conjointe entre le Rwanda et la RDC au Nord-Kivu : 153 FDLR tués, 13
blessés, 37 capturés, 103 rendus et rapatriés dans leur
pays le Rwanda par le biais de la DDRRR/ Monuc.
A son tour le Ministre des affaires étrangères
de la RDC avait expliqué en critiquant les politiciens du fait qu'ils
prennent toujours des décisions faciles. Il avait ajouté en
louant le Président Joseph KABILA, lui en tant qu'homme politique avait
choisi de prendre une décision difficile alors que ce processus avait
des conséquences graves. Alexis TAMBWE MWAMBA avait tout de même
appelé la Monuc à appuyer les FARDC pour anéantir
totalement les poches résistantes des FDLR. 70
70 Voir le site :
www.provincenordkivu.org
88
Cette cérémonie avait connu la présence
de 2 Chefs d'Etats Majors des armées rwandaises et congolaises, de 2
ministres de la défense du Rwanda et de la RDC, du représentant
du Secrétaire Général des Nations Unies ainsi que des
ambassadeurs accrédités en RDC, du Secrétaire de la
Conférence des Pays des Grands Lacs et d'une foule nombreuse venue pour
vivre personnellement le retrait des soldats rwandais de la RDC.
L'opérations « Umoja Wetu » : cette
opération conjointe entre les FARD et les FRD longtemps ennemies a
permis à ces deux armées d'intervenir militairement sur le
territoire congolais en Province du Nord-Kivu dans un contexte surprenant de
retournement d'alliances, cette opération visant la traque des FDLR a
aussi scellé l'arrestation de Laurent NKUNDA, son éviction du
CNDP par son chef d'État-major et l'intégration rapide des
troupes du CNDP au sein des FARDC, mettant ainsi une fin brutale à leur
campagne victorieuse.
Néanmoins, quand bien même les autorités
congolaises ne veulent pas avouer que cette mission suicide proposé par
l'administration Bush a été un échec, cette
opération à occasionné des morts et un déplacement
massif de la population civile victime des faits collatéraux.
Malgré le bilan ci-dessus donné par le Général John
NUMBI, cette opération n'a pas été capable
d'anéantir les FDLR.
89
CHAPITRE 5 : FAIBLESSE DES CAPACITES MILITAIRES DE LA
RDC ET
SECURITE REGIONALE
Dans ce chapitre nous analysons les différentes
faiblesses des FARDC et envisage la création d'une armée
républicain et défi de la diplomatie congolaise de la
défense.
Il y a une multitude des faiblesses que la République
Démocratique du Congo affiche, ces faiblesses sont d'ordre
organisationnel, car au sein de l'armée, la défense est
fragilisée suite au niveau d'éducation ou d'instruction, suite au
manque de connaissance des missions des militaires, par manque de connaissance
des objectifs de la sécurité ou mieux des besoins de la
sécurité.
Ceci étant, il est évident que la
sécurité, qu'elle soit nationale ou régionale est un
phénomène globale. Elle implique la mobilisation des forces
productives (capacité de progrès et de survie), des forces
culturelles (capacité de cohésion), des forces militaires
(capacités, d'action, en vue de réaliser des projets vitaux
d'intérêts communs à une ou plusieurs
nations71.
En faisant l'évaluation de la politique de
défense et de la sécurité de la République
Démocratique du Congo face aux menaces extérieurs, nous trouvons
que cette politique n'a jamais été à la hauteur de
défendre l'intégrité territoriale, contre les
différentes attaques, compte tenu de son incompétence, une
armée : sans connaissance de sa mission, non structurée
c'est-à-dire une armée rempli de désordres.
Tous ces éléments ne peuvent pas permettre
à la République Démocratique du Congo de faire face aux
menaces extérieures car la politique de sécurité va de
paire avec la politique de bon voisinage.
Pour ce faire, il faut à la République
Démocratique du Congo une réorganisation de sa politique de
défense et de sécurité. Il lui sera nécessaire
d'avoir une armée Républicaine, bien équipé,
structurée, avoir
71 TSHIYEMBE MWAYILA et BUKASA MAYELE, l'Afrique
face à ses problèmes de sécurité, Paris,
éd. Présence Afrique, 1989, p.241
90
une politique de bon voisinage, voir toutes les informations
possibles concernant la sécurité du pays, le ministère de
la défense et de la sécurité doit être bien
organisé.
Ces dernières années de la République
Démocratique du Congo a été ébranlée par une
politique de défense et de sécurité, donnant lieu à
des conflits les plus meurtriers et les plus dévastateurs de toute son
histoire contemporaine. Aujourd'hui de nombreux conflits usent encore en
permanence le pays et ne cessent de livrer au monde un spectacle d'horreurs,
d'atrocités et de barbarie que la communauté internationale
observe médusée.
A ce point, les problèmes de défense et de
sécurité continuent d'être vivement préoccupants en
République Démocratique du Congo. Le pays semble être
marqué de plus en plus du sceau de la violence armée au point
d'apparaitre comme son propre bourreau même après son
affranchissement des tutelles diplomatiques étrangères.
Cette situation s'aggrave encore d'avantage compte tenu des
conséquences néfastes produites par la récente guerre
régionale de près de cinq ans c'est-à-dire entre
1998-2003. L'armée et la police de la République
Démocratique du Congo sont constituées par des
éléments issus de différentes fractions
ex-belligérantes.
Comprendre les enjeux stratégiques de la réforme
du secteur de sécurité en RDC passe par un examen du contexte
historique et politique dans lequel ces institutions ont évolué
depuis l'époque coloniale.
Pendant la colonie, la force publique avait pour rôle
essentiel l'implantation de la colonie et la protection des
intérêts de cette dernière par la force.
? De la défense et de la sécurité de
la R.D.C pendant la première République : 1960-1965
Depuis l'époque coloniale, la République
Démocratique du Congo connaissait toujours des problèmes
sérieux au sein de son armée, appelé
91
« Force Publique ». Cette armée était
dirigée par des officiers militaires étrangers, qui au lieu de
chercher la consolidation de l'armée congolaise de l'époque, ces
derniers privilégiant plus leurs intérêts et ceux de la
Belgique. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas souhaité préparer
une armée nationale ou républicaine qui pourra défendre
l'intégrité territoriale contre toutes les attaques provenant de
l'extérieure.
Leurs ambitions étaient de former une armée
politique qui allait travailler au profit de leurs intérêts en
cherchant à manipuler les Congolais car le niveau d'instruction
militaire n'était pas formidable, au sein de cette
armée appelé « Force Publique ». Les
Congolais occupaient des postes inférieurs, c'est-à-dire que
les Congolais étaient des sous-officiers qui n'avaient aucun pouvoir de
commandement.72
Après le départ des colons Belges, la situation
de l'armée Congolaise avait pris une autre ampleur. Pendant la
1ère République, le pays fut plongé dans le
chaos au sein de l'armée. Et chaque parti politique gardait ses
militaires. Au lieu que cette armée soit une armée nationale
capable de défendre et d'assurer la sécurité du pays
contre les agressions extérieures, cette dernière s'est fait au
profit d'un groupe des personnes.73
En effet, cette armée accusait une certaine
vulnérabilité, par le biais de l'appartenance tribale. Les
militaires ne pouvaient rester ensembles à l'action des politiciens avec
lesquels ils partageaient les mêmes préférences tribales.
Certains politiciens favorisèrent la mutinerie. Ce n'est pas donc un
hasard si les tensions de ce mouvement se recrutèrent essentiellement
parmi les militaires du sud équateur et du sud Kasaï, ils
bénéficiaient en fait des encouragements de la PUNA (BOLIKANGO)
et du MNC (KALONJI). La même explication justifie l'attachement du
général LUNDULA à LUMUMBA, Tetela comme lui. Le mouvement
général de la promotion et d'affectation des premiers officiers
nationaux tient compte de ce critère.74
72MASPERO, François, Les fleurs du
Congo, éd. Bruxelles, 1972, p.190 73NDAYWEL, è
N'ZIEM, Isidore, Histoire du Congo, Afrique, éd. 1997, p.589
74NDAYWEL, è N'ZIEM, Isidore, Op.cit, p.600
75 Idem, p.601
92
Pour affirmer l'hypothèse selon laquelle l'armée
était au profit d'un groupe de personnes et tribale ; l'exemple que nous
illustrons ici veut montrer déjà le désordre qui
régnait au sein de l'armée Congolaise.
Le règne de la division s'instaure avec les
sécessions. La
gendarmerie Katangaise fut organisée par le major
Crève-coeur et équipée d'un important armement
hérité de la force publique. Cette armée se
caractérisait par le fait que ses troupes étaient presque
exclusivement la plus part renvoyé et qu'elle eut recours à des
mercenaires européens, Belges, Français, et autres venus
d'Afrique du Nord, du Zimbabwe, sous la pression de l'ONU. Un katangais, le
général Norbert MUKE, fut nommé commandant en chef. Mais
le Katanga se distingue par ses autres armées particulières
directement rattachés à des autorités
coutumières.75
Cet exemple montre combien de fois cette armée
était de caractère tribale qui privilégiée les
intérêts de leurs parties au lieu qu'elle soit en mesure de
sauvegarder les institutions de la République et de sécuriser
l'intégrité territoriale contre les menaces extérieures.
Mais cette armée ne respectait que le commandement de leurs chefs, des
partis politiques ou de leurs groupes.
? De la défense et de la sécurité
pendant la deuxième République : 1965-1997
Cette période est marquée par la prise du
pouvoir par le président MOBUTU qui arrivé au pouvoir, essaie de
relever le niveau des officiers militaires en les envoyant suivre les
formations et mis fin aux désordres qui régnaient pendant la
première République au sein de l'armée. Cela a permis
à la République du Zaïre d'être une puissance
militaire en Afrique ; nous pouvons le confirmer par les interventions au
Tchad, en Angola, au Rwanda, etc. Toutes ces interventions montrent l'effort
qu'a fourni le présidant MOBUTU pour faire de la République du
Zaïre une puissance militaire régionale. Mais malgré toutes
les formations suivies et ces interventions, cette armée restait
toujours une armée tribale, dénationalisée,
personnalisée qui était au profit d'un groupe des personnes.
93
Nous pouvons le confirmer lors de la guerre de
libération par l'AFDL nous avions vu certains officiers militaires fuir
en abandonnant leur poste pour aller s'installer ailleurs. Tous ces
éléments montrent que l'armée n'était pas un profit
de la nation ainsi que les institutions pour les sécuriser contre toutes
les menaces extérieures car c'était une armée
politisée qui privilégiait les intérêts de leurs
dignitaires.76
Cette armée respectait le commandement de leurs chefs.
Ils y avaient un grand désordre qui régnait au sein de cette
armée ; la population Congolaise était sacrifiée à
la tracasserie militaire, en plus le recrutement se faisait selon leur
affinité tribale. L'armée est l'outillage pour le peuple. Le
comportement des militaires Congolais envers la population était
catastrophiques c'est-à-dire un comportement de
supériorité.
Prenons l'exemple de la division spéciale
présidentielle (DSP) qui était une division spéciale du
chef de l'Etat pour assurer sa propre sécurité et dirigée
sous son commandement. Pendant cette période il y avait le
désordre énorme au sein de l'armée qui avait crée
un fossé à l'accomplissement de ses objectifs traditionnels et
des personnes ainsi que de leurs biens. Une armée qui ne savait se
départager entre la protection présidentielle à celle de
la nation toute entière : c'est une armée au service d'un
individu qui devait subir sa réduction avec la disparition du
régime de Maréchal MOBUTU.
Bref, Pour asseoir son pouvoir, Mobutu s'est appuyé sur
l'armée,
baptisée «Forces armées congolaises»
(FAC), instaurant une dictature militaire doublée d'un monopartisme
politique où les pouvoirs de l'État étaient
organisés au sein d'un unique parti, le Mouvement populaire de la
révolution (MPR, 1967-1990), parti-État.
Depuis l'avènement de la guerre de libération
par l'AFDL marquant l'arrivée du président Laurent
Désiré KABILA au pouvoir, la situation de la défense et de
la sécurité s'est empirée suite à la mise en place
de certaines autorités étrangères quand bien même
que son propre fils Joseph KABILA
76NDAYWEL, è N'ZIEM, Isidore, Op.cit, p.
730
94
était l'adjoint du chef de l'Etat Major
Général intérimaire James KABAREBE. On avait
remarqué une insécurité totale au sein de l'armée
et en plus tous ceux qui occupaient les postes clefs n'étaient que ceux
qui l'avaient amené au pouvoir.
Les officiers supérieurs n'étaient, pour la
plupart, que les proches du président KABILA c'est-à-dire
Balubakat. Cette armée donnait l'impression d'une armée tribale
au profit d'une personne ou d'un groupe des personnes.77
Il n'y avait aucune franche collaboration entre la population
et les militaires, car le peuple ne se trouvait pas en
sécurité.
Cette situation a amené une confusion totale dans le
pays. On ne savait pas se prononcer réellement si c'était une
armée Congolaise pouvant sécuriser le pays ou une armée
étrangère ou une milice au profit d'un groupe des personnes, car
elle ne sécurisait que le chef de l'Etat et son environnement.
Mais suite au coup d'Etat monté par les
étrangers qui formaient la ceinture de sécurité du chef de
l'Etat, ce dernier s'était senti dans l'obligation de prendre une
décision de les écarter auprès de lui en confiant ces
postes stratégiques aux Congolais. Cette décision prise par le
chef de l'Etat a poussé les ex-commandants de l'armée à
mener une guerre contre la République Démocratique du Congo.
C'est la guerre dite d'agression du 02 Aout 1998. Les mêmes personnes qui
occupaient des postes stratégiques : des généraux, des
colonels et des officiers militaires ont pris la décision d'agresser le
pays.78
Et l'élément montre que l'armée n'avait
pas une bonne politique de défense et de sécurité
nationale, mais l'armée, constituée des étrangers qui ne
pouvaient pas défendre l'intégrité territoriale de la
République Démocratique du Congo ou ses institutions politiques
contre les menaces extérieures.
77BRAECKMAN, C., La R.D.C : chronique politique
d'une entre deux guerres, Paris, éd. Cerdaf, 1996-1998
78BRAECKMAN, C., Op.cit, p.9
95
Relevons certains cas qui nous prouvent que cette armée
était un profit d'un groupe de personnes : les fortes discriminations en
matière de solde au profit des Rwandais et des autres étrangers
qui épaulent les FAC provoquent les rancoeurs, le solde mensuelle d'un
simple soldat Rwandais s'élève à 100 dollars
américains, celle des nationaux à 10 dollars et ces derniers sont
irrégulièrement payés.79
Du point de vue des unités constitutives de FAC on
évoque surtout l'existence de la 50ème
(cinquantième) brigade, unité de la force terrestre qui
bénéficie en matière de formation d'une coopération
Tanzanienne. Il y a une autre unité importante : la garde
spéciale pour la sécurité présidentielle (GSSP).
Cette unité a peut être commencé à se mettre en
place à l'étape de la prise de Lubumbashi, son commandant se
nomme Ango-Ango. C'est un fils de Célestin KIFWA et donc un neveu du
chef de l'Etat.
Le commandant adjoint est Mr. MBUMB (un Rund Katangais) qui
fut sous MOBUTU un major au camp CETA du Kinshasa. La GSSP qui comprendra peut
être cinq à six mille (5 à 6000) hommes recrutés
majoritairement parmi les LUBAKAT (surtout dans le territoire de
Manono)80.
Il est très nécessaire pour nous de confirmer
encore que les mêmes erreurs continues au sein de notre armée qui
est dirigée par les étrangers. Cette situation est de plus en
plus catastrophique car les grades des officiers militaires sont
distribués comme des gâteaux. Suite aux désordres qui
règnent dans l'armée, les autorités politiques et
militaires échappent à l'effectif même de leurs militaires
pour bien mener le contrôle.
Nous pouvons affirmer que cette armée est
dénationalisée au profit et pour l'intérêt d'un
groupe de s gens car chaque composante a son armée et de toutes ces
armées où les militaires ne respectent que la protection des
leaders, elle n'est pas au service de la nation au contraire la population
devient ennemi auprès de l'armée.
79 Idem, p.97
80BRAECKMAN, C., Op.cit, p.97
81 Idem, p.99.
96
Cette situation ne permet pas à l'armée de bien
sécurisé la population. Prenons la situation de l'Est de la
République Démocratique du Congo où la paix a
été troublée dans la province du Nord-Kivu où les
troupes insurgées du général déchu des forces
armées des FARDC, Laurent NKUNDA BATWARE, ont livré des combats
meurtriers contre les troupes Congolaises entre le 27 de cette même
année.81
Malgré le programme de réinsertion lancé
par le vice président chargé de la défense et de la
sécurité, son excellence RUBERWA, politique dite de
désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), cette
situation semble encore compliquée dans le sens que jusqu'aujourd'hui
toutes ces composante à l'Est de la République
Démocratique du Congo par les troupes de Laurent NKUNDA BATWARE qui
cherchait chaque fois à attaquer la position de l'armée
Congolaise.
L'insécurité ainsi que les cas des violations
règnent sur toute l'étendue de la République
Démocratique du Congo.
Quand on parle de l'armée nationale on sous-entend une
armée au service de la nation chargée de protéger les
personnes et leurs biens, qui veillent à la stabilité des
institutions d'un Etat, sécurise l'intégrité territoriale
contre toutes les attaques.
Mais nous constatons que cette armée contribue à
déstabiliser les institutions de l'Etat. Par exemple le coup d'Etat
organisé par LENGE qui est parvenu à donner la déclaration
à la chaine nationale et échappant d'être capturé
par l'armé Congolaise.
Tous ces éléments montrent que c'est une
armée dénationalisé, personnalisé qu'est au service
et profit de leurs dignitaires.
Les observateurs tiennent pour responsable des
problèmes actuels à la fois la communauté internationale
et le gouvernement : la première parce qu'elle n'a pas su comprendre la
complexité de l'environnement des réformes, fournir une mission
de maintien de la paix d'une ampleur et d'une
97
force suffisantes, investir les ressources nécessaires
et coordonner efficacement les nombreux initiatives d'assistance
bilatérale et multilatérale ; le gouvernement est, pour sa part,
critiqué pour son manque d'engagement politique dans le processus de
réforme, pour avoir accordé la priorité aux
opérations militaires pour défaire les rebelles au
détriment des réformes institutionnelles et à la
protection de la population civile et pour ne pas avoir su s'attaquer à
la culture de l'impunité qui caractérise les forces de la
sécurité.
L'absence de vision commune de la réforme à
mener garantit que la « demande » de réformes continue
d'être exprimée le plus fortement par la communauté
internationale plutôt que par les acteurs nationaux eux-mêmes. Or,
non seulement cette situation accroît la probabilité selon
laquelle les réformes seront soumises aux priorités politiques
d'acteurs extérieurs, mais elle a également des
conséquences pour la durabilité du processus de réforme.
Le renforcement de la demande nationale de réforme en RDC doit donc
être considéré comme une priorité de long terme
fondamentale pour la RSS, sans laquelle il est peu probable que le processus de
réforme puisse durer ou répondre à la situation et aux
besoins spécifiques du pays.
Malgré la prise de conscience de la
nécessité d'une réforme du secteur de la
sécurité et de la justice depuis les dialogues intercongolais,
aucune vision globale congolaise de la réforme de ce secteur ne s'est
dégagée avant la première tentative organisée lors
de la table-ronde sur la réforme du secteur de la sécurité
de février 2008. Depuis, aucun plan stratégique global de la
réforme du secteur de la sécurité n'a suivi, laissant aux
différents acteurs le champ libre de s'organiser sans définir les
interdépendances pouvant conduire à une RRS avec des plans
sectoriels évoluant dans différents sens.
Parallèlement à cette inexistence d'une vision
globale de la réforme du secteur de la sécurité dans le
pays, plusieurs autres facteurs entrent en ligne de compte, notamment le
rôle de plus en plus prépondérant de la coopération
multilatérale et bilatérale et le manque de ressources tant
financières qu'humaines. La volonté politique et les enjeux
sécuritaires dans
98
les provinces de l'Est, dominées par des guerres
successives impliquant des groupes armés congolais et étrangers
contre les Forces armées de la République Démocratique du
Congo, constituent des facteurs supplémentaires non
négligeables.
SECTION I : FARDC À LA CRÉATION D'UNE
ARMÉE RÉPUBLICAINE
En effet, le décryptage du qualificatif «
républicaine » fournit un double éclairage : d'une part, il
établit un lien de causalité entre l'armée nouvelle et le
régime politique la sous-tendant, c'est-à-dire la
république et la démocratie; d'autre part, il donne un sens
à la volonté des élites de rompre radicalement avec les
moeurs sinon les turpitudes d'une force armée au service du mal,
c'est-à-dire le despotisme ou la tyrannie à savoir : l'ANC
(Armée nationale congolais), les FAZ (Forces armées
zaïroises), sans ignorer les milices à la solde d'un homme, d'un
groupe ou des puissances étrangères (AFDL, RCD, MLC, etc.).
Tels sont l'esprit et la lettre de l'article 188 de la
constitution, énonçant que « Les forces armées sont
républicaines. Elles sont au service de la nation. Elles sont
apolitiques et soumises à l'autorité civile ».
Il s'agit d'une révolution culturelle provoquée
par le traumatisme de la dictature et des guerres rebelles à
répétition, dont les massacres, les viols, les pillages de
ressources, les zones de non droit, traduisent les pires abominations que la
RDC ait connues durant cinquante ans d'indépendance.
A la lumière de cette révolution culturelle,
l'armée républicaine peut être définie comme la
capacité de défense dissuasive au service de la démocratie
(valeurs, lois, institutions), afin de préserver les
intérêts vitaux de la RDC (l'intégrité territoriale,
la protection des personnes et de leurs biens,
99
au sens des articles 187 et 188 de la constitution) et
participer aux actions en faveur de la paix régionale (Pacte sur la
sécurité, la stabilité et le développement dans la
région des Grands lacs, Protocole sur la Non-agression et la
défense mutuelle dans la région des Grands lacs, article 5,
alinéa C ; la charte de l'Union africaine (la Force en attente); CEEAC
(Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale) et la
FOMAC(Force multinationale de l'Afrique centrale) ; ONU et les
Opérations de maintien de la paix).
SECTION II : ARMÉE RÉPUBLICAINE ET
DÉFI DE LA DIPLOMATIE CONGOLAISE DE LA DÉFENSE
La conséquence sur le plan diplomatique en serait le
devoir de reconnaissance et de soutien mutuels des régimes ainsi
constitués et la recherche en commun par l'association, la
négociation soutenue par le principe de puissance. Ce qui ne passe pas
nécessairement pas la création
des institutions régionales communes
d'intégration. La gestion commune des menaces que constituent les
présences étrangères dangereuses sur le sol des pays
voisins aurait besoin d'une structure de coopération sécuritaire
dont seraient membres tous les anciens belligérants
de la première guerre mondiale africaine en RDC. Car,
la leçon stratégique à tirer de la belligérance
entre pays de la région est celle de leur incapacité collective
à parvenir à une paix régionale imposée ou
construite et assumée ensemble.
La diplomatie congolaise aurait à cet égard un
devoir d'intransigeance et de fermeté assortie cependant de l'engagement
à régionaliser son économie nationale et à mettre
son développement économique et non ses ressources au service de
l'intégration économique régionale et mondiale. Pour y
parvenir, l'Etat congolais aurait aujourd'hui le devoir de réussir la
décentralisation au double plan géopolitique et
économique. La décentralisation doit être perçue
comme la réforme majeure destinée à refonder l'Etat autour
de la quête de la reconstruction de la puissance nationale en vertu des
agressions armées subies et dans le but de renforcement de
l'intégrité territoriale par le renforcement et la
surveillance
100
des frontières. Une politique de défense
nationale tous azimut, vaudrait mieux qu'une politique de dissuasion
très peu crédible dans la phase actuelle de la nation. Il nous
faut reterritorialiser le pouvoir par une plus grande participation citoyenne
à la défense nationale.82
L'immensité du territoire de la République
Démocratique du Congo, oblige cette dernière à adopter une
certaine ligne de conduite vis-à-vis des pays limitrophes.
Elle doit par exemple après avoir formé une
armée forte et républicaine développer certains
mécanismes lui permettant d'être en parfaites communion avec les
pays limitrophes fournissant beaucoup d'effort dans le seul but d'inciter les
autres pays de la sous-région des grands lacs à pouvoir
s'intégrer dans le cadre des organisations internationales
d'intégrations.
C'est dans ce cadre d'idée que nous avons
consacré ce paragraphe à l'étude de quelques
mécanismes pouvant suppléer à l'armée dans le
maintien de l'ordre, de la sécurité et de la défense
nationale.
1. Le renforcement de la politique de bon voisinage.
Il est vrai que jadis le recours au principe de bon voisinage
justifiait la faiblesse de la République Démocratique du Congo
compte tenu des multiples crises qu'elle a connue à partir du 30 juin
1960. Ainsi, il était tout à fait logique que les dirigeants
Congolais face à tous ces problèmes politiques puissent bien
évidement faire recours à ce principe afin de sauvegarder
l'indépendance nouvellement acquise et protéger la
souveraineté de l'Etat et son intégrité territoriale
vis-à-vis des Etats qui l'entourent.
S'il reste vrai qu'entre les Etats seuls les
intérêts sont éternels et perpétuels, il y a donc
risque que les pays voisins de la République Démocratique du
Congo prennent toujours le lux d'agresser le Congo pour obtenir ce dont ils ont
besoin. C'est pourquoi, nous osons croire que le renforcement de la politique
de bon voisinage est plus que nécessaire dans la défense et la
sécurité du territoire national Congolais car, elle empêche
qu'il
82 Freddy Mulumba : Op Cit
101
soit fait usage de la force par les pays limitrophes pour
obtenir ce dont ils cherchent et les contraint de ce fait à le faire
dans le respect des règles internationales préalables
établies dans le cadre de la coopération bilatérale ou
multilatérale.
2. La Co-sécurité régionale
Le recours à la notion de Co-sécurité
régionale se justifie par le fait que l'Afrique apparait aujourd'hui
comme le continent ou mieux comme la région la plus affecté par
les guerres et les conflits armées de tout genre.
Ainsi la République Démocratique du Congo devra
par la signature d'accords et traités avec les Etats de la sous
régions des grands lacs Africains amener ces derniers à opter
pour une Co-sécurité régionale vis-à-vis des
menaces qui règnent autour de leurs frontières respectives.
S'agissant par exemple de la question des FDLR dans la partie
Est de la République Démocratique du Congo, ces derniers
constituent une épine dans le pied de la sécurité en
République Démocratique du Congo.
La présence des ces FDLR interhamwe sur le territoire
de la République Démocratique du Congo est devenue aujourd'hui la
raison majeur avancée par le Rwanda pour justifier ses incursions
militaires en République Démocratique du Congo. En disant que ces
derniers constituent une menace permanente du pouvoir politique de
Kigali.83
Or, si le Rwanda souffre réellement de la
présence des FDLR Interahamwe sur le territoire Congolais et que la
République Démocratique du Congo dénonce depuis des
années déjà l'insécurité causée par
les milices d'autres pays de la sous région puissent coaliser pour
finalement mettre fin à cette question. D'autant plus que
l'insécurité causé par les FDLR sur le territoire
Congolais a des répercutions sur les autres pays de la sous
région.
Donc, il est plus nécessaire que les pays de la
sous-région des grands lacs Africains s'inscrivent dans la perspective
de la Co-sécurité de
83 TSHIYEMBE MWAYILA et BUKASA MAYELE, Op.
Cit., p.249.
102
manière à pouvoir identifier ensembles les
menaces qui pèsent sur la survie collective et déterminer les
points de vulnérabilités de leurs pays respectifs.
§ 1. La politique de défense et de
sécurité face aux menaces extérieures en RDC
La reforme du secteur de la défense et de la
sécurité constitue le grand défi que doit relever le
République Démocratique du Congo pour assurer le retour à
la paix durable et la stabilité sur l'ensemble du territoire
nationale.
La lecture de l'histoire de nos forces armées renseigne
que de tout temps, les forces armées sont demeurées
monolithiques, de tendance coloniale avec en toile de fond la protection d'un
individu au détriment des institutions de la République
Démocratique du Congo. Cette tendance dont la conséquence majeure
est l'absence d'une doctrine militaire capable de générer un
système de défense fiable et efficient, basé sur la menace
et l'environnement géostratégique, n'a pas permis au pays de
répondre positivement à la consolidation de son tissu
militaire.
La République Démocratique du Congo doit
être dotée d'une armée bien formée, avoir des armes
sophistiquées pour contrecarrer toute agression, en plus de relever le
niveau d'instruction ou de formation militaire tout en leurs faisant connaitre
leurs missions en temps de paix et temps de guerre.
La République Démocratique du Congo étant
l'un des pays du monde qui ont le plus grand nombre de pays voisins et
doté d'une diversité des ressources naturelles, elle est souvent
l'objet de convoitise particulièrement par ces pays voisins et
généralement par les différentes puissances de ce monde .
Il n'est pas facile pour qu'un Etat, entouré par neuf frontières
voisines d'être en paix, s'il n'a pas une bonne politique de
défense et de sécurité qui lui permettra d'assurer la
sécurité de l'intégrité territoriale ou de faire
face aux différentes sortes d'attaques extérieures.
Cette politique de défense et de sécurité
doit avoir des moyens mis en oeuvre par la nation pour assurer sa
défense. Les moyens sont soit de nature militaire et non militaire, la
nation doit avoir la politique qui sera en
103
mesure de défendre les intérêts
fondamentaux en tout temps, en toute circonstance et contre toutes les formes
de menaces.
Cette politique doit avoir les objectifs à atteindre et
s'opposer en tout temps et en toute circonstance par des moyens militaires
à toute forme d'agression dirigée contre les
intérêts fondamentaux de la nation.
Pour bien organiser sa défense et sa
sécurité, la République Démocratique du Congo doit
organiser sa politique de défense qui veut une stratégie
englobant les mesures militaires, diplomatiques, économiques,
scientifiques et d'autres pouvant en permanence garantir au gouvernement la
capacité de parier à toute menace contre
l'intégrité territoriale, la souveraineté et la survie de
la nation. La diversité des menaces doit corresponde à une
diversité des parades pour assurer au gouvernement une grande souplesse
et une liberté d'action dans la gestion des crises, la stratégie
militaire de la République Démocratique du Congo consiste
à dissuader tout ennemi susceptible de menaces d'intégrité
territoriale par l'emploi de la force.
La géostratégie de la République
Démocratique du Congo doit dorénavant être une science
majeure pour permettre à ce pays de jouer une politique de puissance
dans la région de l'Afrique centrale, une politique de défense et
de sécurité en Afrique et celle d'interdépendance dans le
monde.84
L'armée républicaine seule ne suffit pas pour
déterminer une politique de défense et de sécurité
pouvant faire face aux menaces extérieures. Il lui faut une diplomatie
qui est la stratégie qu'on peut mettre en place pour maintenir la paix
durable, et qui peut lui permettre aussi de défendre
l'intégrité territoriale ainsi que les institutions politiques de
la République Démocratique du Congo
Il faudra que cette diplomatie soit basée sur les
effets réels pour qu'il y ait des solutions durables il faut :
l'organisation de la diplomatie, que l'on tienne compte des exigences
géopolitiques, de la République Démocratique du Congo, de
son statut parmi d'autre Etats en Afrique et son
84MOVA, S. Henri, Op.cit, p119
104
organisation social politique. Ces exigences deviennent comme
des valeurs structurales devant être mise en valeur.85
La République Démocratique du Congo est l'un des
rares pays au monde ayant à lui seul neuf pays avec lesquels elle
partage les frontières, avec une petite ouverture sur l'océan, sa
position au centre de l'Afrique lui impose une certaine politique. D'où
elle ne peut qu'être structurante. Cette position géographique
l'oblige aussi à être un Etat militairement fort.
La République Démocratique du Congo, doit
s'ouvrir à ses voisins à travers des communications de toute
nature : commerciale, économique, culturelle et politique.
Notre pays, la République Démocratique du Congo,
a un avantage considérable d'avoir des peuples qui se retrouvent dans
chacun des pays voisins, c'est donc un élément à
capitaliser afin qu'à travers cette ouverture, le peuple Congolais soit
connu et compris ; c'est ce qui a fait défaut jusqu'ici en
République Démocratique du Congo alors que cet
élément profite grandement dans sa politique
extérieure.
La politique de bon voisinage, cette politique dite de bon
voisinage consisterait à protéger les frontières du pays
par la sécurisation des frontières des Etats voisins.
Ainsi la République Démocratique du Congo devra
éviter pour quelque raison que ce soit de servir de base arrière
pour des groupes armés afin de stabiliser d'autres Etats.
Cela implique que la République Démocratique du
Congo doit rester attachée aux chartes des nations-Unies et de l'OUA
ainsi qu'aux résolutions y afférentes en encourageant
l'initiative de la CEPGL.86
Voyons les mérites que le principe de bon voisinage
à apporter pendant la deuxième république. Le principe de
bon voisinage a été productif et a entrainé des fruits
diplomatiques. La réalité à ses frontières a
85 MUNGALA ASSINDIE ZANZANG : Le consensus
politique et la renaissance de la RDC, CERDAF, 2002, p.87
86 Idem, p.57
87NGOIE TSHIBAMBE, Germain, « La politique de
bon voisinage. Analyse d'un principe de politique étrangère de la
RDC », in Congo Afrique, n°344, Mai 2008, p.45.
105
été renforcée avec les deux pays de l'Est
qui faisaient partie comme lui des territoires coloniaux de la Belgique avec
l'aide de la CEPGL, celles aux dires des observateurs a plus tourné
comme une sécuritaire que comme une organisation promouvant le
développement économique des Etats membres. Ce principe de bon
voisinage lui a servi à amener la sécurité à ses
nombreuses frontières avec les pays limitrophes.87
Il est aussi important que la R.D.C ait encore une politique
d'attraction qui lui permettra d'être considérée comme un
lieu favorable pour décoller politiquement ou économiquement et
d'être considérée aussi comme une plaque tournante en
Afrique.
D'où l'avantage de mettre en valeur ses vertus
géographiques structurantes. Pour se donner un statut structurant, il
faut se faire indispensable et incontournable pour les autres.
C'est-à-dire là que vient le statut et éventuellement son
degré. C`est à partir de ce statut qu'on peut se faire
l'idée du rôle que l'on peut jouer dans le concert des nations.
Si, à travers l'organisation sociale, économique, politique et
culturelle, les autres Etats se rendent compte que leur coopération avec
la République Démocratique du Congo peut leur être utile et
profitable, ils finiront par voir celle-ci jouer un rôle important entant
qu'Etat pouvant permettre une intégration avantageuse pour tous.
Dans ce conditions, il est plus qu'important que des reformes
souvent faites au niveau de l'armée et de la police nationale
Congolais.
La reforme du système de défense et de
sécurité en République Démocratique du Congo
s'appui sur plusieurs documents qui lui donnent
toute sa légitimité. Le premier, l'accord global
et inclusif, signé le 17 décembre 2002 à Pretoria en
Afrique du Sud par la plupart des ex-belligérants Congolais consacre
tout un chapitre à l'armée. Il prévoit ainsi la
création d'un conseil supérieur de la défense
dirigé par le président de la
106
République et chargé entre autres de donner un
avis sur la formation d'une armée intégré et sur la
politique de défense.88
Le deuxième document est la constitution de la
transition ratifié le 02 Avril 2003.89 Le troisième
est l'acte d'engagement de Dra-es-Salaam signé par les autres chefs des
groupes armées non signataires de l'accord de Pretoria.
C'est dans ce cadre que le gouvernement Congolais a
adopté en Mai 2005 un plan stratégique de reforme de
l'armée. Ce cadre devrait être basé sur les actions
à mener, évaluer les moyens à mobiliser pour mettre en
oeuvre, et identifier les rôles des différends.
En outre ce plan prévoyait trois étapes dans le
processus de formation d'une armée forte, puissante et
intégrée après le brassage des différentes forces
appartenant aux différents groupes rebelles.
Il s'agit de :
? La formation des brigades d'infanteries pour le maintien de la
sécurité nationale.
? La formation d'une unité de réaction rapide
et,
? L'établissement d'une force de défense forte
à l'horizon 2010.90
Ainsi cette intégration de l'armée et de police
envisagée dans ces trois documents et compris dans les dispositions de
la constitution de la République concerne les forces et groupes suivants
:
? Les ex-mouvements pour la libération du Congo (MLC)
dirigé par Jean-Pierre BEMBA, ex-Vice président Congolais de la
transition et actuel sénateur ;
? Le Rassemblement Congolais pou la démocratie (RCD)
autres fois appelé RCD-Goma dirigé par Azarias RUBERWA, l'un des
ex-quatre vices président de la transition ;
88 TSHIYEMBE MWAYILA et BUKASA MAYELE, Op.cit.,
p.243.
89 Journal officiel de la RDC du 04 Avril 2003 :
http://www.grands
lacs.net / doc/ 2814.pdf
90BOSCHOFF Henri, « Up date on the status of
army integration in the DRC», situation in Report, ISS, 2/09/2003,
p.1.
107
? Le Rassemblement Congolais pour la démocratie
mouvement de libération (RCD-ML), crée par WAMBA DIA WAMBA, puis
dirigé par MBUSA NYA MWISI ;
? le Rassemblement Congolais pour la démocratie
nationale (RCD-N) basé au Nord du l'Iturie ;
? Les Mai-Mai qui recouvrent une pluralité des milices
ethniques et parfois des groupes d'auto-défense, organisés en
force militaire au Nord et Sud-Kivu ainsi que dans le Katanga ;
? Les signataires de l'acte d'engagement de Dar-es-Salaam,
c'est-à-dire les groupes FENI-PUSIC-UPC/RP, FAP, FDPC ;
? Enfin les combattants Congolais encore à
l'extérieur du pays.91
La longue liste des ex-belligérants concernés
par le processus de brassage et d'intégration témoigne de
l'ampleur des défis à relever pour réussir la
restructuration.
S'agissant strictement de la structuration de la force
armée, il faut dire que la force armée revêt une importance
capitale dans la défense et la sécurité nationale de la RD
Congo. Elle se présente aujourd'hui comme une condition sine qua non
dans la refondation de la nation Congolaise.
La République Démocratique du Congo doit cesser
de toujours crier à la violation de son intégrité
territoriale, elle doit mettre en tête que dans le réal politique
les Etats n'ont pas d'alliés ou d'amis éternels et des
perpétuels ennemis, seuls les intérêts sont éternels
entre les Etats.
Tant que les pays limitrophes et autres trouveront leurs
intérêts en République Démocratique du Congo, ces
derniers useront de tous les moyens possibles pour les obtenir, y compris la
guerre. Ne dit-on pas que : qui veut la paix prépare la guerre !92
91 TSHIYEMBE MWAYILA et BUKASA MAYELE, op.Cit,
p.243.
92 Idem
108
Les militaires Congolais doivent avoir une conscience de
combattants de façon à se familiariser avec le danger et
banaliser la mort. Mais ce que nous constatons actuellement avec nos forces
militaires armées est très déplorable surtout sur le champ
de bataille. Les militaires Congolais ont très peur de la mort, ils sont
plusieurs à déserter lorsqu'il faut aller combattre l'ennemi.
Ainsi, seule une formation militaire bien solide peut assurer
un tel
courage. A cette formation, il faut ajouter
l'élément équipement
militaire. Le monde a tellement évolué qu'il n'est
question aujourd'hui
d'ignorer dans les nouvelles stratégies concernant la
reforme du système de défense et de sécurité
l'élément technologique. L'évolution technologique impose
aux stratégies militaires une adaptation au changement de
l'environnement militaire, non seulement on doit recruter des nouveaux hommes
pour une nouvelle force mais on doit également les adapter en fonction
des besoins de la défense et de la sécurité.
Les soldats Congolais ne doivent pas à cause de la
mauvaise gestion des ressources de l'Etat se sentir inférieur du point
de vue équipement militaire sur le champ des opérations. Le
contraire, affecte dangereusement la morale du combattant.
Ils doivent disposer d'une capacité défensive
crédible sur le respect strict des exigences à savoir :
? L'alerte avancée : Le positionnement des
troupes sur l'étendue de la République doit être en mesure
de repérer très rapidement les points de
vulnérabilité, propice à une attaque extérieur,
connaitre la géographie militaire.
? La réaction rapide : Ce déploiement
des troupes doit se faire rapidement dès qu'une situation de crise est
créée. Ceci oblige des moyens suffisants de transports
adaptés.
? La défense armée
généralisée : Celle-ci est d'autant importante, dans
la capacité défensive crédible, dans la mesure où
elle
109
permet d'avoir un système de défense capable de
repousser toute agression.93
Or, aujourd'hui, il est même difficile de dire si
réellement la République Démocratique du Congo a
réellement une armée. Toutefois, le diagnostic est posé,
il ne reste maintenant que la volonté du pouvoir politique pour la
matérialisation de toutes ces recommandations faites en faveur de la
restructuration et la fondation d'une armée républicaine en
République Démocratique du Congo. 94 Les exigences
externes seront présentées dans le paragraphe suivant.
§ 2. Champ de la coopération militaire et
partenariats stratégiques
Après avoir indiqué les conditions de
constitution et d'emploi d'une capacité de défense dissuasive en
RDC, il reste à souligner que toute politique de défense a un
coût, et les Congolais doivent en prendre
conscience et se préparer à en payer le
prix. Certes, on peut objecter que l'état misérable des
finances publiques de la RDC peut faire sourire un esprit cartésien.
Néanmoins, il ne faut point insulter l'avenir. Car, si les immenses
potentialités de la RDC étaient mises en valeur et
gérées d'une manière optimale, le pays disposerait des
atouts solides pour financer une politique de défense crédible,
à moyen et à long terme. Toutefois, quand bien même la RDC
aurait eu les moyens de sa politique de défense, il lui manquerait un
savoir-faire sinon une l'expertise militaire avisée détenue par
les puissances militaires mondiales.
C'est ici qu'il sied de distinguer des simples accords de
coopération militaire avec les partenariats militaires
stratégiques. Or, pour disposer d'une capacité de défense
dissuasive, la RDC a besoin d'un partenariat militaire stratégique
reposant sur deux critères objectifs : Primo, s'adresser aux meilleurs
afin de pouvoir choisir les puissances disposant d'une industrie militaire
performante, à la lumière des besoins de l'armée
républicaine en équipement, en formation, en entrainement, en
logistique, en management, etc.
93 TSHIYEMBE MWAYILA et BUKASA MAYELE, Op.
Cit., p.247.
94 Colonel Jacques EBENGA, Op.cit, p.102
110
Secundo, à l'industrie militaire performance,
s'ajoutent la culture de projection des forces et l'offre publique de
sécurité et de défense à l'échelle mondiale.
Force est, partant de ce portrait-robot, de signer un traité
définissant les termes du partenariat militaire stratégique,
fondé sur le principe que les Etats n'ont pas d'amis, ils n'ont que des
intérêts.
Dans cet ordre d'idées, la RDC doit tenir une balance
égale entre ses intérêts légitimes, à
défendre bec et ongles, et les intérêts légitimes du
ou des partenaires. Tel est le sens de partenariat militaire stratégique
gagnant/gagnant, débarrassé de sentimentalisme, d'amateurisme et
de myopie politique.
En terme d'hypothèses à ces questions nous avons
estimé que :
111
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre étude qui a porté sur «
rôle de l'armée dans la pacification entre les nations : cas de la
RDC et du RWANDA ». Il a été question pour nous de
rechercher quel rôle doit-on attendre des nos forces armées dans
la quête de la paix entre les nations en vu d'évaluer leurs
chances de réussite en période de crise ou de guerre. La
poursuite de cette quête était alimentée par un
double-souci de compléter les recherches disponibles en théorie
stratégique dans la région des Grands Lacs et en même temps
permettre de comprendre les rôles et considérations qui
président l'engagement des nos gouvernements quant à
l'efficacité et les buts poursuivis par nos forces armées. De
même, cette réflexion pourrait également être pour
les décideurs politiques, un moyen d'évaluer nos armées
par rapport à d'autres armées modernes et un moyen
d'évaluation des décisions prises dans la perspective de
l'amélioration de la politique nationale en matière de
défense.
Cette étude, menée sur la RDC et le Rwanda, a
pris en compte les événements qui se sont déroulées
entre 1960 et 2010, analysés selon la vision réaliste des
relations internationales qui vise l'intérêt
général, et bien entendu, nous nous sommes plus appuyés
sur la période de 1996 à 2003 à cause des conflits qui
caractérisaient les deux pays.
Nous sommes partis du triple questionnement ci - après
:
- pourquoi les armées congolaise et rwandaise
(actuellement FARDC et FRD) ne jouent-elles pas bien leurs rôles ?
- Est- ce que les FARDC et les FRD sont des armées
républicaines ?;
- Quels types de faiblesses peut-on retenir dans les
capacités militaires de la RDC ?
112
? En tant qu'armée des Pays Satellites, ces deux
armées ont souvent été là pour protéger les
intérêts de Grandes puissances et aider aussi les Dirigeants de
ces deux pays à se maintenir au pouvoir.
? Considérant les abus commis par ces deux
armées contre ceux qu'elles sont sensées protéger, la
désorganisation qui y règnent, la qualité des hommes qui
les constituent etc. Ces armées ne sont pas des armées
républicaines.
? Les faiblesses au sein des ces armées sont d'ordre :
technique, qualitatif, quantitatifs, organisationnel etc.
Comme outils d'analyse, nous permettant de parvenir de
façon adéquate à une réponse à la question
sus-énoncée et vérifier cette anticipation, nous avons
opté pour la méthode comparative ainsi que la méthode
systémique conceptualisée par David Easton, à cause de son
aptitude à rendre lisible le fonctionnement des systèmes et
à cause de son adaptabilité à l'analyse d'une armée
en tant qu'instrument de la politique. Dans la perspective d'une
compréhension suffisante du phénomène nous nous
proposions, le cas échéant, de compléter les limites de
l'approche systémique par l'approche stratégique surtout en ce
qui est de l'explication du fonctionnement interne des FARDC FRD. Nous avons
aussi utilisé la technique documentaire ; la technique d'entretien et
celle d'analyse du contenu pour faciliter l'analyse sous examen et nous
permettre d'amener ce travail à bon port.
Rappelons ici que, outre l'introduction et la conclusion, le
présent travail est compartimenté en cinq chapitres :
? Le premier chapitre qui a traité sur «
les considérations générales » et
fournit des précisions sur les concepts opérationnels de notre
étude. Il s'agit de l'Armée, la pacification, la nation, ainsi
qu'une présentation synthétique de la RDC et du Rwanda.
113
? Le deuxième chapitre s'est intitulé
« Armée dans la théorie stratégique ou
théorie de la sécurité » et analyse
l'armée comme instrument de défense, comme instrument de
dissuasion, comme instrument de coercition ainsi que comme instrument de statu
quo.
? Le troisième chapitre a porté sur
« L'Autopsie des armées congolaise et rwandaise »
et nous a permis d'examiner l'armée rwandaise, armée
congolaise, sa constitution (création), son emploi, sa doctrine, ses
missions ainsi ses moyens matériels et humains.
? Le quatrième chapitre quant à lui,
porte le titre: « De l'armée outil de guerre à
l'armée facteur de paix régionale » et analyse
différents points dont : Armée outil de guerre ; FRD et
occupation de la RDC ; Armée facteur de paix régionale
armée instrument de légitime défense (charte e l'ONU) ;
armée instrument de maintien de la paix ( dans le cadre de l'ONU, de
l'UA, du Pacte sur la sécurité, la stabilité et
développement de la région des grands lacs.
? Le cinquième chapitre parle de :
« Faiblesse des capacités militaires de la RDC et
sécurité régionale » il analyse les points
suivant : Des FARDC à la création d'une armée
républicaine ainsi que l'Armée républicaine et défi
de la diplomatie congolaise de la défense.
Après une bonne analyse, nous avons corroboré
toutes nos trois hypothèses par et à travers la
démonstration des faits et des les situations qui, malheureusement,
caractérisent l'armée qui est censées protéger les
institutions de la république, le territoire national et la population.
La RDC doit se doter d'une armée républicaine et moderne arriver
à jouer un rôle mondial, régional, et sous-
régional, c'est-à-dire d'intervenir dans toutes les parties du
monde ou de la région selon le cadre de besoin. Il peut s'agir
d'interventions militaires, mais aussi bien d'interventions politiques ou
114
diplomatiques, économiques ou idéologiques. Seul
le cumul des capacités d'intervention peut conférer à un
Etat le rôle de la puissance.
Il n'y a pas une vraie croissance politique, un vrai
développement sans engagement de refuser de subir la loi de la nature ou
des hommes nos semblables et nos égaux, sans ambition internationale,
toutes ces qualités ou vertus qui manquent cruellement à
l'intention congolaise de leadership. Pour qu'une armée joue pleinement
son rôle et arrive à assurer la pacification des nations, il faut
avoir une bonne politique de la défense nationale conçue par des
autorités compétentes et ayant une vision claire de ce que sera
la RDC dans les future. «Gouverner, c'est prévoir ; prévoir,
c'est savoir», dit la sagesse populaire. L'heure des choix difficiles a
sonné, pour que la RDC franchisse le cap de l'armée de transition
(les FARDC) vers «l'Armée républicaine de la RDC», au
sens de l'article 188 de la constitution. A cette fin, la RDC doit inventer une
diplomatie de la défense dont la mission est d'acquérir une
capacité de faire, faire faire et interdire de faire.
Il s'agit de combiner la stratégie de
sécurité contre l'autre (par la capacité de se
défendre ou de dissuader) et la stratégie de
sécurité avec l'autre (par la diplomatie, les institutions
d'intégration économique ou de coopération en
matière de défense).
Le champ d'étude est immense, et l'intérêt
que nous pouvons lui accorder trop vaste. Nous n'avons fait qu'affleurer
certains aspects de la réalité de ces deux armées. Notre
humble étude ne peut se prévaloir en effet d'une totalité,
d'une globalité et d'une perfection qu'elle n'a pas. Il demeure encore
de la place dans le vase de la théorie stratégique entant qu'une
composante de la théorie réaliste. Autrement dit, comme nous
l'avons souligné ci haut, dans les questions de sécurité,
de défense et de recherche de la paix, avec la possibilité de
faire usage des moyens militaires pour atteindre des fins politiques, nous
laissons donc un vide que d'autres chercheurs bien désireux de
compléter ce champ pourront combler.
115
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