CONCLUSION PARTIELLE.
Après une analyse et discussion des différents
facteurs susceptibles de mieux expliqués les comportements sexuels
à risques des jeunes filles célibataires ; ces facteurs
sont presque convergents pour toutes les trois dimensions des comportements
sexuels à risque.
Les facteurs qui reviennent dans l'explication de toutes ces
trois dimensions des comportements sexuels à risque sont l'âge de
la fille, le niveau d'instruction, la province. Et en deuxième position,
on retrouve le niveau de vie de ménage qui explique la
précocité des rapports sexuels et le multi partenariat ; et
enfin c'est le milieu de résidence et la connaissance du condom qui
influencent l'utilisation du condom.
CONCLUSION GENERALE ET
RECOMMANDATIONS
La sexualité des jeunes filles célibataires est
un réel problème quand les risques pouvant entraîner des
grossesses précoces et non désirées ou encore des
IST/VIH/SIDA y sont pris, ou d'une façon générale, lorsque
les risques de compromettre sa vie future est évidente.
Au terme de cette étude qui a porté sur les
conditions socio-économiques des ménages congolais et
comportements sexuels à risques des jeunes filles célibataires,
nous sommes en mesure de présenter nos résultats.
De manière générale, par ce travail, nous
avons pensé à mettre à la disposition des décideurs
politiques des éléments nécessaires, sur base desquels il
faudra s'atteler pour promouvoir une santé sexuelle et reproductive
saine aux jeunes tout en évitant la sexualité précoce et
ses conséquences.
Pour arriver aux politiques à suggérer dans
cette étude, cette dernière avait pour objectif
général d'analyser la fréquence des comportements sexuels
à risques chez les jeunes célibataires congolaises et de tirer
des enseignements qui pourraient alimenter les stratégies et politiques
en rapport avec la santé sexuelle et reproductive des jeunes.
De ce fait, trois objectifs ont été
définis pour mener cette étude :
· Déterminer les caractéristiques des chefs
des ménages et des jeunes filles célibataires ;
· Identifier les facteurs qui expliquent mieux les
comportements sexuels à risque des jeunes filles
célibataires ;
· Confronter les résultats de l'étude
à ceux de la revue de la littérature.
Après avoir parcouru différentes études
antérieures sur les comportements sexuels des adolescentes beaucoup plus
en Afrique subsaharienne, trois approches ont été mises en
exergue pour l'explication des comportements sexuels des filles
célibataires (socioculturelle, économique et institutionnelle) et
ont constitué en effet, le fondement théorique de cette
étude. De cette littérature, un schéma conceptuel des
comportements sexuels a été conçu, dont la logique
montre que les facteurs socioculturels et économiques influencent
directement ou indirectement les comportements sexuels des jeunes filles
célibataires congolaises.
Pour rechercher les facteurs explicatifs ou
déterminants des comportements sexuels à risques des jeunes
filles, nous avons adopté l'approche globale utilisant les informations
individuelles. Pour y arriver, nous avons procédé aux recodages
des variables selon la littérature et /ou le contexte dans lequel
s'inscrit l'étude. Le CHAID est le modèle d'analyse choisi,
étant donné que notre variable dépendante est
dichotomique, quelque que soit sa dimension (âge aux premiers rapports
sexuels, les partenaires sexuels multiples, la non-utilisation du condom aux
premiers rapports sexuels).
L'analyse bivariée nous a permis d'établir le
lien entre les comportements sexuels à risques et les
caractéristiques des jeunes filles (au seuil de 5%). Cette approche a
mis en évidence l'importance des comportements sexuels à risques
vécus par les jeunes filles et les facteurs qui favorisent ces
comportements. Pour chaque groupe des caractéristiques des jeunes
filles, un grand nombre des variables indépendantes étaient
significatives au seuil de 5%.
Enfin, dans la globalité du modèle du CHAID
appliqué à chaque dimension exprimant un comportement à
risque, les variables déterminantes étaient
hiérarchisées selon la valeur du Kh2, de la première
composante qui a la valeur Kh2 la plus élevée.
Pour l'âge aux premiers rapports sexuels :
l'âge de la fille, le niveau de vie de ménage et le niveau
d'instruction étaient identifiés comme facteurs susceptibles
d'influencer ce comportement :
· L'âge aux premiers rapports sexuels est plus
précoce chez les jeunes filles qui résident les provinces de
Bandundu, province orientale, Equateur, Nord-Kivu, Katanga et Bas-Congo (52%)
par rapport à d'autres.
· L'âge aux premiers rapports sexuels chez les
jeunes filles des provinces de Bandundu, province orientale, Equateur,
Nord-Kivu, Katanga et Bas-Congo , et celles de Katanga et Maniema est plus
observé parmi les filles qui connaissent le condom comme moyen de
réduction du risque de contracter le VIH/SIDA que celles qui ne le
connaissent pas.
· L'âge aux premiers rapports sexuels chez les
jeunes filles des provinces de Bandundu, province orientale, Equateur,
Nord-Kivu, Katanga et Bas-Congo connaissant le condom est plus observé
chez des filles des ménages pauvre et moyen que des ménages
riches. Plus le niveau de vie est élevé, moins on accède
précocement aux rapports sexuels.
· L'âge aux premiers rapports sexuels chez les
jeunes filles des provinces de Katanga et Maniema connaissant le condom est
plus observé chez des filles de ménages pauvres et riches que
celles des ménages moyens.
· L'âge aux premiers rapports sexuels chez les
jeunes filles des provinces de Bandundu, province orientale, Equateur,
Nord-Kivu, Katanga et Bas-Congo ne connaissant pas le condom est plus
élevé pour les filles âgées de 15-19ans que celles
de 20-24ans. L'âge aux premiers rapports sexuels augmente avec
l'âge de la fille.
· L'âge aux premiers rapports sexuels chez les
jeunes filles des provinces de Kasaï oriental et Sud-Kivu est plus
observé chez des filles de milieu rural que celles du milieu urbain.
Pour le multipartenariat : la province, l'âge, le
niveau de vie, et le niveau d'instruction ont identifiés comme des
facteurs qui expliquent ce comportement :
· Le multipartenariat est plus observé dans les
provinces de Kasaï oriental, du Sud-Kivu et du Bas-Congo que dans
d'autres provinces.
· Le multipartenariat est plus observé dans la
tranche d'âges de 20-24ans que celle de 15-19ans. Le fait d'avoir
plusieurs partenaires augmente avec l'âge de la fille.
· Le multipartenariat est plus observé chez les
jeunes filles de niveau de vie pauvre ou moyen par rapport à celles des
ménages riches.
· Le multipartenariat est aussi plus observé chez
jeunes filles de niveau primaire que celles sans niveau ou de niveau secondaire
et plus.
Pour la non-utilisation du condom : l'Age de la fille, le
Milieu de résidence, la Province, la Connaissance du condom, le Niveau
d'instruction de la fille sont identifiés comme facteurs ou
déterminants de ce comportement.
· La non-utilisation du condom diminue avec l'âge.
C'est-à-dire plus l'âge de fille augmente, plus la chance
d'utiliser le condom augmente.
· La non-utilisation du condom est plus associé au
fait d'habiter en ville qu'en campagne. Plus on habite en milieu rural moins,
plus on utilise le condom.
· La non-utilisation du condom est plus observée
dans les provinces de Kinshasa, Katanga, Kasaï occidental et Kasaï
oriental par rapport à d'autres provinces.
· La non-utilisation du condom est plus observée
chez les filles le connaissent comme moyen de réduction du risque de
contracter le VIH/SIDA par rapport à celles qui le connait pas.
· La non-utilisation du condom est associée au
niveau d'instruction de la fille par le fait de ne pas connaitre le condom
comme moyen de réduction du risque de contracter le VIH/SIDA. Mais
l'utilisation ne varie pas avec le niveau d'instruction, car le fait un niveau
secondaire et plus de la fille n'influence pas l'utilisation du condom.
En qui concerne la vérification des hypothèses
de notre étude :
· L'hypothèse stipulant que les jeunes filles
habitant dans les ménages dont le lien de parenté avec le chef de
ménage est autre que « enfant du couple » ont plus
le risque d'adopter un comportement sexuel à risque que ceux qui sont
dans le toit paternel est rejetée du fait que, aucune dimension des
comportements sexuels à risque à travers le CHAID à mis
en exergue l'association entre lien de parenté de CM et le comportement
sexuel des jeunes filles.
Par ailleurs, les deux autres hypothèses relatives aux
comportements sexuels à risque des filles ont été
partiellement vérifiées :
· H1 : les jeunes filles vivant dans des
ménages à conditions de vie difficiles adoptent un comportement
sexuel à risque caractérisé par une
précocité des rapports sexuels et du multipartenariat. Ainsi, le
niveau de vie de ménage reste est un facteur incontournable dans
l'explication des risques que courent les jeunes filles.
· H2 : les jeunes filles ayant un niveau
d'instruction primaire adoptent un comportement sexuel à risque. Ainsi,
le fait que les filles soient instruites peut favorablement modifier son
comportement sexuel.
Enfin, les grandes théories explicatives
développées dans les études antérieures pour
montrer les circonstances des premiers rapports sexuels des jeunes filles et
d'autres dimensions de ce comportement sont soutenus dans cette étude
à travers tous les facteurs identifiés comme expliquant mieux les
comportements sexuels à risques des jeunes filles célibataires
congolaises. Il s'agit entre autres des facteurs socioculturels à
travers le niveau d'instruction de la fille, le milieu de résidence et
la province de résidence ; des facteurs économiques à
travers le niveau de vie de ménage. La connaissance du condom reste une
variable intermédiaire clé des connaissances en matière de
VIH/SIDA et de sa prévention qui explique le comportement des jeunes
filles à travers l'entrée en activité sexuelle et
l'utilisation du condom à l'entrée en activité sexuelle.
Mesurer le niveau de connaissances du condom nécessiterait à
approfondir aussi l'étude. Par ailleurs, l'âge est comme nous
l'avons dit, une variable importante dans l'explication des comportements des
individus soit la variable d'identification sociale.
En ce qui concerne les limites de l'étude et de la
politique en matière de la sexualité des jeunes filles
célibataires, il reste à mentionner que cette étude n'a
pas du tout la prétention d'avoir totalement atteint les objectifs
qu'elle s'est fixée. Certains d'entre eux mériteraient de faire
dans l'avenir l'objet des recherches beaucoup plus approfondies. Par ailleurs,
si nous considérons ces résultats comme vrais aujourd'hui, il est
difficile que les recherches ultérieures les soutiennent fortement.
Une autre raison à évoquer pour approfondir les
objectifs de cette étude, est qu'un certain nombre des variables
détaillées dans la littérature telles que la
dépendance économique des filles et l'éducation sexuelle
des filles, l'activité économique des parents et de la fille
etc., n'ont pas été prises en compte dans nos modèles
d'analyse, tout simplement parce que ces variables n'ont pas été
saisies lors de l'enquête ou suite à l'incohérence qu'elles
présentent statistiques.
Au niveau des politiques, les différents
résultats de cette recherche conduisent aux recommandations
suivantes :
· Pour ce faire, l'Etat et les organismes internationaux
doivent promouvoir l'utilisation des condoms tout en intensifiant les
programmes et services de santé sexuelle et reproductive des jeunes et
cela, en tenant compte des obstacles socioculturels, socio-économiques,
institutionnels qui influent négativement sur son utilisation et de
la répartition de ces programmes et services sur les différentes
entités géographiques du pays ;
· Le renforcement des programmes de santé sexuelle
et reproductive permettant la promotion des méthodes contraceptives,
par la mise en oeuvre des actions favorables à l'éducation des
jeunes adolescentes au niveau secondaire et plus ;
· L'implication des jeunes dans l'élaboration des
programmes de santé sexuelle et reproductive les concernant, afin de
déceler les facteurs qui handicapent le changement de leur
comportement ;
· Renforcer les actions de sensibilisation, d'information
et de conscientisation des jeunes sur les inconvénients et
conséquences du multipartenariat sexuel à l'ère de la
fameuse pandémie du VIH/SIDA, et sur les risques liés à la
sexualité précoce non protégée, qui sont
déjà en cours à travers différents projets et
programmes au pays menés par des organismes comme l'UNICEF, le FNUAP et
l'OMS.
· Discuter ouvertement de la sexualité avec les
enfants et les jeunes, et cela avec franchise, réduirait pour ces
derniers, le risque d'infection aux IST/ VIH/SIDA ;
· Améliorer les conditions de vie des populations
à travers une politique de création d'emplois (un moyen pour
réduire la pauvreté des populations), en vue d'accroitre le
pouvoir décisionnel des parents sur leurs enfants.
|