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Volonté et liberté dans " Fondements de la métaphysiques des moeurs " de Kant

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par Juvet NGOULOU IPARI
Université Marien Ngouabi - MaàŪttrise en philosophie 2012
  

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2. La liberté

Le concept de liberté trouve ses fondements dans une tradition située bien avant Kant. Comme nous l'avons annoncé dans l'explication de la volonté, le concept de liberté quant à lui aussi n'a pas commencé avec Kant. Bien avant lui, ce concept avait déjà fait l'objet de plusieurs réflexions philosophiques. Ce qui veut dire que depuis l'Antiquité, plusieurs interrogations et réflexions ont été déjà soulevées.

Qu'est-ce donc que la liberté chez Kant ? La liberté est une question métaphysique, voire anthropologique de la morale. Ainsi, au sujet de la liberté, Kant pose ce problème en termes de causalité et fait de ce sujet unes des questions de fond dans sa philosophie, disant que la liberté est la clé de voûte de son système, c'est-à-dire de la loi morale kantienne. Voilà pourquoi il remarque en ces termes que : «la loi morale est bien en effet une loi de la causalité par liberté, (...)17(*) ».

Nous remarquons par exemple avec Platon le voeu de la liberté lorsqu'il pose la question de savoir: « Comment en effet un homme pourrait-il être heureux, s'il est esclave de quelqu'un18(*) ?». Cette question, est à la fois métaphysique, anthropologique et philosophique, et donc parler de la ·liberté· comme concept signifie qu'il nous faut au préalable nous référer à son étymologie. Car le concept de ·liberté · vient du mot latin ·liber· ou ·libertas· qui signifie libre, sans chaînes, sans entraves et qui s'oppose à ·servus·, esclave. Etymologiquement, la liberté désigne la condition de l'homme libre qui peut agir à sa guise. C'est l'autonomie, puisque l'autonomie relève de la morale. En effet, le sujet ne s'aurait se soumettre librement qu'à la loi qu'il s'est prescrite.

En réalité, qu'il s'agisse des philosophes de l'Antiquité comme Platon ou des lumières comme Kant, le problème philosophique de la liberté est bien sûr, celui de la définition et de la preuve. Avec Kant, précisément dans sa troisième section des Fondements de la métaphysique des moeurs intitulé : passage de la métaphysique des moeurs à la critique de la raison pure pratique, il s'attelle à étendre le concept de liberté tout en posant les bases. Cette liberté est, pour lui, l'un des concepts opératoires d'une importance cardinale pivot de toute sa morale.

Emprunté à ses prédécesseurs, parmi lesquels nous citons, entre autre, Rousseau, philosophe français auquel Kant a lu attentivement et qui l'influencera considérablement, et à partir de qui, il s'est inspiré, la pensée morale de Rousseau s'impose à l'attention de Kant tout en lui fournissant des analyses décisives, source d'inspiration énorme, au sujet de la liberté. Car selon Rousseau : « (...) l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté19(*)». En d'autres termes, la liberté c'est le respect de la loi ; et la loi c'est la morale. La solution proposée à travers cette réflexion, est celle de soumettre les individus à la loi. Cette loi qui pour Rousseau n'est entre autre que l'expression d'une volonté générale. Ce qui, chez Kant se comprend comme un impératif. Relativement à Rousseau qui emploie le terme de volonté générale, Kant, lui emploie le terme de principe d'une législation universelle qui est la loi de volonté autonome et donc morale. Par ailleurs, il ressort au sujet de la liberté deux points de vue fondamentaux selon Kant, à savoir, le point de vue négatif et le point de vue positif.

Négativement, Kant pense que : « la liberté serait la propriété qu'aurait cette causalité de pouvoir agir indépendamment des causes étrangères qui la déterminent (...)20(*)». Autrement dit, la liberté c'est l'absence de contrainte. Etre libre c'est ne pas être déterminé ou contraint par une cause extérieure, puisque la liberté n'est pas l'expression d'une pression extérieure. Elle n'est pas non plus la soumission à la volonté d'un autre, cette forme de liberté est dite négative, en ce qu'elle justifie l'absence de contrainte et témoigne l'approche selon laquelle, l'individu peut faire tout ce qu'il a envie de faire.

Ce que nous voulons, c'est le fait que la liberté soit l'acte d'un sujet libre, d'un sujet doué de raison. Pour ce faire, il faut se défaire de la définition courante de la liberté comme `'pouvoir de faire ce que l'on veut''. Car, en faire une simple absence des limites c'est aussi se condamner à n'y voir qu'une illusion. Si la liberté ne pouvait se définir que par la négativité, avec par exemple des formules de type « ne pas», néanmoins, elle implique le fait qu'elle doit se penser à partir des contraires.

Or, le service de la liberté requiert une conscience normative ou législative de la raison, c'est-à-dire de la loi. Et donc ce qui nous intéresse ici davantage est le fait de savoir que ces principes ne donnent jamais d'autre premier fondement à la moralité que l'autonomie de la volonté. C'est pourquoi les Fondements de la métaphysique des moeurs mettent en place le concept d'autonomie avec évidence pour signifier justement le lien qui consolide la volonté et la liberté à la forme universelle de la loi morale.

Voilà pourquoi chez Kant, pour mener à bien une telle entreprise, il est de la plus haute importance de tenir ceci pour dit, c'est-à-dire de trouver dans sa démarche la nécessité impérieuse de mettre en place la dimension positive de la liberté.

Entendue positivement, la liberté est, selon Kant comprise comme «la faculté de se donner à soi-même la loi : c'est l'autonomie21(*)». Cela dit, il faut promouvoir la loi qui serait la loi morale bien sûre. Et, la formation de cette loi morale se détermine par les moyens de rompre avec la décadence ou encore d'en finir avec les extravagances. Ce qui par suite donnerait accès à une sorte de ·gage de salut· pour les sociétés humaines. Dans toute société où vivent les êtres raisonnables, il faut qu'il y ait une prise de conscience de la loi et donc de la règle morale. De là, il y a lieu de dire que c'est dans la liberté que l'homme trouve sa détermination, son orientation et sa réalisation. C'est pour cela qu'il incombe le besoin de la liberté positive.

En effet, lorsque Kant parle de la positivité de la liberté, cela revient à dire que la liberté est reconnue comme devoir. Puisque, pour Kant : « le devoir est la nécessité d'accomplir une action par respect pour la loi22(*)». Cette liberté n'est authentiquement humaine que lorsqu'elle coïncide avec la loi morale que la raison lui présente. Etre libre c'est vouloir la loi. Et, pour Kant, ceci ne prend effet qu'à partir du concept d'·autonomie· (du grec autos : lui-même et de nomos : loi), qui, prend certes de la place dans l'héritage kantien. D'où, la nécessité de parler de la morale, puisque être libre, c'est vouloir non pas que ce que l'on aime mais ce que la raison exige de tout homme.

Dans ce contexte philosophique, il s'agit de faire de la morale un enjeu stratégique et décisif. C'est pourquoi les Fondements de la métaphysique des moeurs déduisent toutes les vertus positives en des vertus morales et donnent des obligations possibles des raisons d'agir librement.

De ce fait, il se dégage l'idée que c'est même la pureté des devoirs qui garantit l'influence de la morale.

A vrai dire, l'homme comme semble l'affirmer Kant, doit mener une réflexion sur ce qu'il veut faire, tant au niveau individuel que collectif. Bref, il doit déterminer sa détermination. Car, c'est par la liberté que l'homme trouve son orientation. Il doit fixer les limites de ce qui est indigne pour être un homme digne. Ce qui ferait en effet de l'homme un être véritablement libre. C'est aussi cette raison qui a poussée la philosophie à porter au langage, théoriquement ou pratiquement le concept de liberté. Et aussi, de réaliser un être authentique. Voilà ce qui est un idéal humain pour l'actualisation de l'homme.

La liberté c'est aussi le lieu de la transcendance de l'être ; c'est le moyen d'accès à l'intelligibilité. La Critique de la raison pure déjà nous demandait de considérer l'homme en deux dimensions : comme phénomène et comme noumène.

Du point de vue de la nature des phénomènes, l'homme est voué à la sensibilité, et est soumis à des lois de la nature. A cet effet, il sa nature sensible ne n'est pas du tout disposé à suivre les indications de la raison. Sa volonté à cet effet est hétéronome, et est enfermée par des tendances, par des penchants, et donc aux instincts animaux.

Du point de vue des noumènes, il appartient au monde intelligible et est régit par des lois purement rationnelles. Sa volonté dans ce cas est bien loin de subir des influences extérieures. Il promulgue des maximes qui se donnent, tout en donnant une autonomie.

Naturellement, comme nous appartenons aux deux mondes : sensible et intelligible, étant donné que la liberté fait beaucoup plus corps avec le monde intelligible, le monde intelligible est donc le fondement du monde sensible. C'est pourquoi l'intelligible prime sur le sensible, parce qu'il est nécessairement idéal et pratique.

Finalement, l'homme à des devoirs de se conformer aux exigences du monde intelligible. En effet, cet argument, justifie par le fait que selon Kant : « Or l'homme, ainsi que nous l'avons dit, a le droit de se concevoir de double manière, de rapporter ses inclinations au monde sensible, sa volonté à un monde intelligible23(*)». C'est pour dire que le monde intelligible élève l'homme aux normes et aux valeurs universelles ; à la législation universelle. Cela dit, il faut qu'il y ait dans la connaissance humaine de tels jugements nécessaires et, au sens rigoureux du terme, universels.

Pour ce qui est de savoir si le champ de la possibilité de la liberté est plus grand, nous sommes parvenus à le dégager de cette situation équivoque, et, par là, en même temps et, en tout état de cause, admettre un pouvoir transcendantal de la liberté pour faire commencer le changement du monde par une idée cosmologique d'une spontanéité absolue, résultant de l'élévation de la catégorie de causalité. Nous voudrions expliquer cela à travers le cas où la raison se trouve nécessaire parmi les diverses espèces à savoir que l'homme comme être de raison a une nature intelligible et est capable d'être libre. Cela dit, le concept positif de la liberté chez Kant part du résultat final de l'analyse de l'impératif catégorique, articulé selon le concept d'autonomie. Car, l'autonomie suppose la liberté.

Pour pouvoir alors dénombrer ces idées selon un principe et avec une précision systématique, force est pour nous de recourir à l'analyse fondamentale de la morale relative à la volonté et de la liberté qui constitue le deuxième chapitre de notre thème.

* 17 Kant (E), Critique de la raison pratique, trad. de l'allemand par Luc Ferry et Heinz Wismann, Paris, éd. Gallimard, 1985, p. 75.

* 18 Platon, Gorgias trad., Chambry, Baccou, Paris, éd., Garnier Flammarion, 1967, p.235.

* 19 Rousseau(J.J), Du contrat social, « coll. Les intégrales de philo », Notes et commentaires de J.F.Braunstein, Paris, éd., Nathan, 1998, p.127.

* 20 Kant (E), Ibid., p.127.

* 21Kant (E), Ibid., p.184.

* 22 Kant (E), Ibid., p.66.

* 23 Kant (E),Ibid., p.187.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery