UNIVERSITE MARIEN NGOUABI
FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES
(F.L.S.H)
DEPARTEMENT DE PHILOSOPHIE
OPTION : PHILOSOPHIE COMPAREE
VOLONTE ET LIBERTE DANS
FONDEMENTS DE LA METAPHYSIQUE DES MOEURS
DE KANT
Mémoire pour l'obtention du diplôme de
Maîtrise
Présenté et soutenu publiquement
par :
Juvet IPARI NGOULOU
Sous la direction de :
Monsieur David MAVOUANGUI,
Maître Assistant (CAMES)
Année académique 2011-2012
Brazzaville (Congo)
DEDICACES
Je dédie ce travail à :
- Mon père : Bernard NGOULOU,
- Ma mère : Marie Suzanne MBONDO,
- Ma tendre et mon petit coeur Hornela NKABA, pour tant d'amour
et de soutien
- Mon oncle : Docteur Jean Erick MASSAMBA,
- Tous ceux qui sont au service de l'éducation et de
l'instruction civique.
Affectueusement !
REMERCIEMENTS
Au terme de notre analyse qui se veut une modeste contribution
à la réflexion sur la question de la volonté et de la
liberté, nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à
l'endroit de tous ceux qui nous ont soutenus tout au long de notre parcours
académique jusqu'aujourd'hui.
Nos remerciements vont particulièrement, et en
premier lieu à l'endroit de Monsieur David MAVOUANGUI qui, en
dépit de ses multiples occupations, a bien voulu assurer la direction
de nos travaux. Sa constante disponibilité, sa clairvoyance, son esprit
critique ainsi que sa franchise et sa rigueur au travail, nous ont
été aussi précieux que nous lui savons gré. Il a su
cultiver en nous le goût pour la philosophie.
Nous profitons aussi pour exprimer notre profonde gratitude
à tout le corps enseignant du département de philosophie de
l'Université Marien NGOUABI, surtout à ceux qui nous ont
initiés à la lecture des textes philosophiques et qui nous ont
transmis les connaissances nécessaires.
Notre reconnaissance ne peut passer outre la contribution
apportée par nos parents, et nous n'ignorons pas leur aide
matérielle apportée d'une manière ou d'une autre
à la réalisation dudit mémoire, en l'occurrence :
Bernard NGOULOU, Marie Suzanne MBONDO.
Enfin, nous remercions tous nos ami(e)s et connaissances
notamment : Alain Francis KINTOMBO, Homet MIYALA, Régis IVOUNGOU,
Jacques TCHISSAMBOU, Claude MATSIONA, Hornela NKABA, Isabelle BAYERILA.
A tous ceux dont les noms n'ont pu être cités,
qu'ils retrouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.
INTRODUCTION
La nécessité de conformité entre la
nature, en tant que système des fins et la raison humaine
téléologiquement déterminée par des principes
suprêmes de la morale, exige une harmonie, sans cesse porteuse de
liberté pure. Cette liberté qui se veut respect scrupuleux des
fondements logiques du vouloir comme la loi, la volonté ou la bonne
volonté. Dans ce sens la volonté devient déterminante pour
la raison humaine en devenant, avec la liberté, deux premiers postulats
qui apparaissent comme des éléments fondamentaux de la question
morale chez Kant.
En effet, le problème de la volonté et de la
liberté qu'aborde Kant surgit naturellement quand la raison humaine
cherche à unifier les différents éléments de la
représentation du monde, par des lois et des devoirs. Car, si la
philosophie comprend dans son explication la réalité du monde au
moins idéalement, cette explication suscite un effort d'authentification
de la connaissance par la causalité unique et exigible, donc
nécessaire au moyen de la morale. Il s'agit ici de construire un
dialogue sur les contours et les alentours entre la volonté et la
liberté pour montrer comment est possible la morale.
Ainsi, vouloir en effet comprendre la portée de
cette entreprise philosophique relative aux idées de la volonté
et liberté, importe de rendre à Kant un visage humain, puisque
Kant, comme tous les grands penseurs du « siècle des
lumières » est un humaniste dont l'oeuvre traite des
moeurs, la nature et de la condition humaine. Il veut que l'esprit humain
notamment la raison humine soit une source d'épanouissement ; une
source des dispositions positives à travers lesquelles l'homme doit
fonder son caractère à la fois empirique et intelligible en
édifiant à jamais l'éthique des valeurs morales. Le
caractère empirique relève de la détermination et le
caractère intelligible est la loi de nos actes. Cela étant, il
faut désormais dire que c'est l'homme lui-même qui dirige sa
conduite, sans quoi l'agent moral ne serait responsable. Aussi, allons-nous
ajouter que, dans la question de la volonté et de la liberté,
Kant place l'homme au coeur de sa philosophie morale. Cette philosophie qui
bien évidemment, peut être définie comme une reprise
radicale du « connais-toi toi-même1(*)» socratique ;
question dont beaucoup des philosophes s'accordent à reconnaître.
Il en découle, de ce fait, que la philosophie morale de
Kant est une philosophie de la liberté qui, arrache l'homme du
déterminisme de la nature et de son passé pour le faire
accéder à l' « autonomie »
intellectuelle et morale. Toutefois, prenant et trouvant ces termes de la
volonté et de la liberté dans l'expérience humaine, dans
le prolongement de Rousseau, la pensée kantienne s'oriente vers la
pratique et porte sur le rapport de l'expérience humaine ; dans son
unité et dans sa diversité aux idées et aux concepts.
C'est ainsi que, dans cette optique, Kant propose dans sa
philosophie une architecture morale fondée sur la volonté et sur
la liberté humaine. Car la liberté peut se comprendre dans cette
perspective comme étant la capacité pour l'homme d'abord, de
transcender, ensuite de se dépouiller de l'animalité pour se
soumettre enfin à l'ordre moral et rationnel, c'est-à-dire cesser
d'être mineur ou irresponsable, devenir majeur ou responsable pour se
servir de son propre « entendement » comme directeur de
conscience. C'est un processus permettant de passer de l'animalité
à l'humanité en faisant appel à l'éducation. C'est
ainsi que Kant fait de cette philosophie morale sa base surtout dans les deux
affirmations de la volonté et de la liberté.
Cette analyse donne une amorce philosophique du devenir de
l'être raisonnable. D'où, il pense
d'ailleurs qu' « en matière morale la raison humaine,
même dans l'intelligence la plus commune, peut être aisément
portée à un haut degré d'exactitude et de
perfection2(*) ».
Comme telle, cette amorce d'analyse philosophique donne à penser
à ce titre que le monde évolue vers une société
idéale, dans laquelle la raison serait un passage obligé
instituant à chacun des lois, de telle sorte qu'elles soient issues de
la volonté unie d'un peuple entier et, aussi, à considérer
chaque sujet pour autant qu'il aspire à être citoyen sur la base
de la conformité de la volonté et de la liberté.
Avec Kant, « la volonté est conçue
comme une faculté de se déterminer soi-même à agir
conformément à la représentation de certaines lois3(*)». Autrement dit, par
la volonté, la liberté humaine doit pouvoir ouvrir tous les
moyens possibles en produisant les actions non déterminées, donc
indépendantes notamment des inclinations de notre sensibilité, et
notre volonté, de ce point de vue, n'a alors aucune cause
antécédente. D'où l'expression qui résume souvent
l'argumentation suivante : « Tous les hommes se
conçoivent libres dans leur volonté4(*)».
Il en résulte même de ce fait que, la
liberté n'est pas seulement une réalité
intelligible ; elle constitue de ce point de vue une sorte de miracle,
d'où le caractère presqu'indicible ou extraordinaire de ce
concept. La liberté semble être dans ce cas au-delà de la
portée de l'intellect humain. Cependant, en cherchant à unifier
nos connaissances, soit on fait de l'homme un être
déterminé dont la volonté est immanente à la
nature, soit on fait de l'homme un être raisonnable, irréductible
en particulier à sa nature animale : ce qui est pour Kant
l'autonomie de l'homme, c'est-à-dire la sortie de la
« minorité » et même, la
capacité de penser librement par soi-même. Et nous pouvons ajouter
à l'acquis de cette conception philosophique, que c'est la
liberté morale qui seule rend l'homme vraiment maître de
lui-même.
Toutefois, les limites ne sont pas les limites contraignant la
liberté de la volonté humaine ; bien au contraire, ces
limites définissent en réalité le domaine d'action
où la liberté peut exister. Comme le remarque d'ailleurs
très pertinemment Kant: «la liberté se trouvait
toujours définie à partir de la loi morale5(*)». Expliquer cela,
c'est précisément le problème que nous essayerons de
résoudre. Il est de même de la limite extrême de toute
investigation morale. Or, déterminer la volonté et la
liberté c'est déjà cela la grande question et la grande
importance. En effet, Kant est resté fidèle à cette
remarque ; partant de cette idée, que la loi morale se commande non
seulement par des actes, mais aussi par des maximes, il voit la preuve qu'elle
ne peut déterminer de manière absolument précise. Comment
et jusqu'à quel point faut-il agir pour obéir à la
volonté et à la liberté ?
Déjà, l'on sait que chez Kant, pour tout
être raisonnable fini, la volonté est pure, c'est-à-dire
libre et réside en dehors de tous les mobiles sensibles. Et, la
liberté quant à elle, fonde le choix de la destinée
morale ; elle montre la clé de la fondation du caractère
intelligible et détermine même le mouvement de l'humain au divin.
Cette liberté qui réside dans l'indépendance de la
pensée en dehors des penchants de la sensibilité pour ressortir
enfin de compte, ce qui fait la valeur morale d'une action, Kant met l'action
morale en opposition avec les inclinations et se voit obliger de
démontrer la possibilité de la volonté et de la
liberté, sinon les inclinations rendraient la loi morale vile et sans
objet.
Autrement dit, quand Kant pose la question de la
volonté et de la liberté, ce n'est pas pour dire simplement la
nature de la volonté et de liberté. C'est plutôt pour
savoir que la volonté est identique à la liberté.
L'interpellation ou alors la convocation de cette problématique chez
Kant va dans le sens de leur aptitude à relever le défi
philosophique qui veut que la vie humaine, notamment l'existence humaine, soit
soumise à la loi morale. Et, l'esprit humain, de ce point de vue
reprend ses titres de grandeur morale et de dignité.
Le problème qui se pose est celui de l'éthique
et de la morale dans la vie des lumières, c'est-à-dire au XVIIIe
siècle avec Kant. Ainsi, l'interrogation fondamentale porte-t-elle sur
le problème moral et sur le problème du progrès de
l'esprit humain à savoir : comment la liberté même est
possible comme causalité d'une volonté ?
Après avoir posé la question de la
volonté et de la liberté, Kant en vient à dégager
son intérêt philosophique. Notre recherche porte sur la
volonté et la liberté, c'est-à-dire sur la valeur morale
d'une action dans les buts qu'elle cherche à atteindre. La
problématique, le champ de recherche et de sa résolution, pour
tenter de répondre à cette question qu'est la question de la
volonté et liberté ont pour corollaire fondamental la morale.
En d'autres termes, l'enquête sur cette question
naît d'un questionnement portant sur la morale en général,
visant à répondre à un vaste ensemble de questions dont
les plus fondamentales sont : qu'est ce que la volonté? Qu'est ce
que la liberté ? Peut-on les distinguer ou les dissocier de la
morale ? Ont-elles un lien avec la vérité et avec la
justification rationnelle ? Comment fonctionnent-elles et quels rapports
entretiennent-elles dans le cheminement conduisant la société au
bien moral ?
Toutes ces interrogations cherchent à savoir si la
détermination finale de l'homme couronne l'intégration du monde,
mieux, la charte morale. En d'autres termes, il s'agit de la loi morale
kantienne, protectrice de l'individu dans toute sa dignité et dans sa
valeur absolue, ce qui apparait comme l'indice de la destination morale de
l'humanité. D'autant plus, que les concepts de la volonté et de
la liberté font signe vers les moeurs en édifiant
l'éthique des valeurs morales et en assignant des nouvelles tâches
par des lois et des devoirs. C'est aussi réaliser les fins universelles
de l'homme au détriment de tous ceux qui apparaissent comme irrationnels
au moyen des intérêts, des affects et des passions.
Notre intérêt se veut philosophique. Il s'agit
aussi de dire si la loi morale kantienne protectrice de l'individu dans toute
sa dignité et dans sa valeur absolue est-elle une source
inébranlable de coexistence et de fraternisation d'une nouvelle
socialisation des consciences, voire du salut d'une nouvelle
société en perpétuel devenir.
Notre approche est analytique, et réflexive. Au niveau
réflexif, nous réfléchirons sur les deux principaux grands
concepts mis en jeu : ·volonté· et
·liberté·. Au niveau analytique, nous nous
attèlerons à donner une approche procédurale, parce que
dans la problématique de la volonté et de la liberté,
c'est la procédure de l'argumentation morale qui prend en avant le pas
sur les autres. Ce qui constituerait un effort de réflexion permettant
de subsumer la volonté et la liberté dans la philosophie morale
kantienne.
Ainsi, mise à part l'introduction qui pourra
circonscrire la problématique de la volonté et la liberté,
et la méthode à utiliser, notre travail de recherche sera
centré sur trois axes constituant les grandes articulations de notre
étude qui, en définitive s'articulera de la manière
suivante :
D'abord, au premier chapitre intitulé
élucidation des concepts en oeuvre dans la morale kantienne, il sera
question d'élucider, de façon succincte les concepts de
·volonté· et de ·liberté·, pour la
compréhension de notre sujet ;
Ensuite, au deuxième chapitre que nous intitulons
analyse fondamentale de la morale relative à la conception de la
volonté et de la liberté, nous allons scruter de façon
structurelle la conception morale de la volonté et de la liberté,
parce que requise par la raison pure pratique, globalement positive pour toute
la morale kantienne et son amélioration. Autrement dit, l'argument
essentiel de notre analyse portera sur les lois morales ;
Au troisième chapitre enfin, il sera question de
parler de la liberté comme fondement du libre arbitre ; ce qui nous
permettra tout de même d'analyser et d'évaluer la question de la
volonté et la liberté.
CHAPITRE PREMIER :
ELUCIDATION DES CONCEPTS EN OEUVRE DANS LA MORALE
KANTIENNE
Avant d'exposer l'analyse que Kant fait de l'idée de la
volonté et de la liberté, dans les Fondements de la
métaphysique des moeurs, et d'en élucider les concepts en
oeuvre dans la problématique, nous avons jugé bon et important de
commencer d'abord par exposer le problème philosophique de la morale
kantienne qui est l'une des préoccupations majeure de notre philosophe
des Lumières.
Cependant, nous n'allons pas exposer ici de manière
approfondie ou exhaustive la conception kantienne de la morale. Mais, nous
allons seulement donner quelques approches qui semblent essentielles pour la
compréhension du problème moral de la volonté et de la
liberté.
En effet, dans cette analyse, Kant se concentre et se consacre
presqu'entièrement à la résolution du problème de
la morale. Morale qui se donne à voir comme base de conduite. C'est
pourquoi, au début de ses investigations, il fait un constat qui va
marquer cette philosophie en ces termes: «La philosophie morale
est donnée comme synonyme de l'éthique.6(*) » en quoi
consiste la pertinence de cette annonce ? Cette annonce se veut pour la
philosophie, qu'elle soit non pas seulement comme une simple spéculation
théorique mais plutôt comme une pratique de bonne conduite,
c'est-à-dire que toute action morale suppose un accord avec le principe
de la moralité, et par conséquent un sentiment pour la loi
morale. Vue de cette façon, la loi morale de Kant est formulée en
termes de contrainte intérieure commandée par le respect de la
dignité humaine. Mais, ce n'est pas seulement parce que l'être
raisonnable détient la loi morale, que le sujet possède une
éminente dignité, mais parce qu'il en est aussi la source.
C'est ainsi que s'impose une enquête méthodique
et rigoureuse. De même ajoute l'auteur : «La règle
pratique est toujours un produit de la raison parce qu'elle prescrit l'action
comme moyen en vue d'un effet comme intention7(*)». Cela dit, cette conception vient encore
une fois de plus renchérir la première idée pouvant
justifier l'efficacité de la conduite morale en la rendant pratique.
De là même, il est à reconnaître que
pour Kant, la règle pratique que la morale se donne est aussi prise
comme un principe de la vie. Ce qui se justifie aussi bien dans la mesure
où, si la morale est une dans ses principes, alors la moralité
quant à elle, peut bien être multiple dans ses actions. Par suite
la morale a son fondement dans l'autonomie de la volonté,
c'est-à-dire qu'elle a la possibilité de poser en elle-même
ses lois. Puisque, l'autonomie est bien celle du sujet moral, volontaire et
libre ; d'un être raisonnable qui se réalise pleinement.
Aujourd'hui, le terme de la morale ne s'emploie
généralement que pour qualifier des réflexions
théoriques portant sur des pratiques et aussi sur les conditions de ces
pratiques. Ainsi, la morale aurait ses fondements non seulement dans le
traditionnel d'un pays mais dans une décision rationnelle. Voilà
pourquoi nous disons que c'est seulement dans le domaine de la morale que la
raison va pouvoir à bon droit se manifester dans toute sa puissance. Ce
qui nous importe est de signaler que, toutes ces théories rationnelles
de l'action morale répondent à la question «que dois-je
faire ? », ou « que dois-je
vouloir ? 8(*)»
En effet, pour répondre à ces questions, il faut
poser comme point de départ l'idée du Souverain Bien, car le
Souverain Bien est l'idée d'un bonheur associée à la
conscience pour s'en être rendu digne par la soumission à la loi
morale. Ces questions montrent que la morale de Kant est bien une
réforme de la métaphysique traditionnelle. Elle vise avant tout,
l'accord avec le souverain bien, puisque Dieu est, chez Kant le gouverneur
moral. Cela dit, il en résulte même le primat de la raison
pratique sur la raison spéculative. Car la moralité est une
effectuation du suprasensible dans le sensible, garantissant un progrès
pratique indéfini et un Dieu comme cause suprême de la nature,
dont la causalité est conforme à l'intention morale.
Généralement, les théories morales de la volonté et
de la liberté établissent les normes universellement valables
pour des actions, en tenant compte des intérêts et des fins. Pour
ce faire, la première des taches de la philosophie morale va être
ainsi de justifier son primat sur des choses situées au-delà de
la nature sensible, donc au-delà des inclinations.
C'est en cela que s'explique le fait que la condition
suprême du souverain bien est la vertu, c'est-à-dire la
conformité complète des intentions à la loi morale, la
disposition naturelle au bien. C'est, aussi une présentation
méthodiquement organisée de l'ensemble des devoirs dans une
métaphysique des moeurs. Cette méthode n'est entre autre que la
construction a priori qui administre la preuve des concepts moraux tels la
volonté, la liberté, le devoir, le souverain bien (...), dont
l'origine première n'est pas dans la sensibilité, mais dans la
seule raison pratique. La référence à laquelle renvoie la
description morale est simplement postulée de cette
façon : « Appliquer la morale à l'homme,
ce n'est pas la réduire à l'humain, mais élever l'homme
à l'humanité9(*)».
Ce propos de Kant montre que l'homme, inspiré par la
loi morale dont il exprime l'éminente dignité, s'étend
à tout être raisonnable en tant que détenteur de la loi
morale et révèle du même coup la vocation suprasensible.
C'est pourquoi en respectant l'humanité en nous-mêmes, comme en
autrui, nous faisons de l'être raisonnable la fin ultime de notre action.
Voilà qu'au regard de cette analyse, il ressort que le devoir morale de
l'homme est de faire ce qui peut être appliqué à
l'humanité pour fonder en même temps le progrès de
l'espèce humaine.
Après avoir donné quelques aspects
philosophiques de la morale chez Kant, force est de ramener cette conception
morale, à la pertinence des concepts de notre problématique.
D'où l'appel à l'élucidation des concepts en oeuvre
fondant la clé de notre problématique à savoir : les
concepts de ·volonté· et de
·liberté·, contenus dans les Fondements de
la métaphysique des moeurs.
1. La volonté
La préoccupation fondamentale de Kant a
été celle de comprendre le sens de la morale bien entendue. En
effet, pour arriver à la bonne compréhension de son sens, Kant
s'est essentiellement appuyé sur un certain nombre de
concepts généraux à partir d'une étude
approfondie. C'est ainsi que figurent entre autre les concepts de
·volonté· et de
·liberté·.
L'étude que nous allons mener ici fera d'abord, dans un
premier moment, l'objet d'une description de la volonté ; ensuite
elle constituera, dans un deuxième moment la description de la
liberté.
Ce faisant, le concept de · volonté·, en
tant que concept philosophique a fait l'objet de plusieurs réflexions,
notamment depuis l'Antiquité, et Kant n'a fait de cette expression
qu'une simple « reprise radicale » comme le disait
Socrate. Reprise radicale qui lui a permis de justifier la manifestation de la
morale et des moeurs dans la puissance d'action et d'agir.
En effet, le concept de volonté énoncé
par Kant, a été emprunté aux prédécesseurs.
Bien avant Kant, Locke (1632-1704), l'un aussi de ses précurseurs, a
fait de la volonté l'une des préoccupations dans ses
investigations philosophiques. Ce qui lui a permis de remarquer à ce
titre que : « La Volonté est cette
Faculté supérieure de l'Ame qui règle et ordonne toutes
choses, qu'elle est ou n'est pas libre, qu'elle détermine les
Facultés intérieures, (...)10(*).»
En examinant de près cette pensée de Locke,
l'idée qui se dégage nous fait dire que, la Faculté
supérieure de l'âme dont il se fait écho, montre le fait
que, que ce soit en philosophie ou bien encore en religion, cette
faculté détermine le principe même de pensée ;
et se révèle par conséquent comme le principe des
qualités morales. Puisqu'il est ici question de son usage et de sa juste
valeur. C'est pourquoi avec Kant : « La volonté
est un «je veux » qui vaut pour tout être raisonnable, à
la condition que chez lui la raison soit pratique sans
empêchement11(*)».
En d'autres termes, la volonté est apte à se
donner à elle-même la loi de son agir en dehors des mobiles de la
sensibilité, et donc ne voulant rien d'autre que la forme pure de sa
propre législation. En conséquence, pour tout être
raisonnable fini, la volonté peut être pure, c'est-à-dire
libre, et indépendante des mobiles sensibles. Ainsi, on assiste à
un affranchissement de la volonté à l'égard des attraits
sensibles, des penchants, ce que Kant appelle des déterminations
pathologiques. Voilà pourquoi, par la volonté, il s'agit
«d'apprendre ou à vouloir autrement 12(*)». C'est-à-dire apprendre ou à
vouloir autrement que la force morale de la volonté d'un être
raisonnable dans l'accomplissement du devoir. Ici, l'individu est à la
fois législateur et sujet de la loi qu'il s'impose à
lui-même.
D'ailleurs chez Kant, la volonté s'exprime en allemand
en termes de « die Wilkhür13(*)», souvent traduit par arbitraire ou encore
par «der Wille14(*)», traduit par volonté, dessein,
intention. De même, elle est l'usage actuel que nous faisons de
cette puissance en produisant ou en cessant de produire telle ou telle action.
Mais, cette cessation ou cette production volontaire s'appelle pour cela
volonté.
Bien sûr, la volonté implique les fins. Ce qui
constitue pour la morale la fin ultime pour l'éthique de la vie.
Étant donné que la volonté est soumise au devoir, elle
doit être comprise en dehors des mobiles subjectifs afin de s'accorder
avec la loi pratique objective. La volonté constitue la voie
d'accès à l'universalité de la loi morale. Voilà
pourquoi selon Kant, « La volonté est conçue
comme une faculté de se déterminer soi-même à agir
conformément à la représentation de certaines lois. Et une
telle faculté ne peut se rencontrer que dans des êtres
raisonnables15(*)».
Il se dégage par delà que, la volonté s'investit dans
un usage pratique permettant l'élaboration des lois morales capables
d'effectuer une mutation des consciences, pour enfin parvenir à une
révolution des moeurs.
Par conséquent, la volonté exprime donc l'agir
libre. Elle est la manifestation de la capacité de choisir sans
influence extérieure. A vrai dire, la volonté est une
faculté humaine. Par la volonté, l'homme outrepasse et transcende
les tendances naturelles et lui permet d'agir librement comme le pensent aussi
bien d'ailleurs de nombreux philosophes comme par exemple Descartes et plus
tard Kant.
Dès lors, nous jugeons que cette volonté qui
détermine l'être raisonnable est bien une faculté visant
à réguler le comportement de l'homme. Elle est un vouloir, ou
encore un choix. Toutefois, l'on peut convoquer Ernst Bloch lorsqu'il
s'exprime : «Celui qui veut a déjà jeté son
dévolu, il sait ce qu'il préfère, son choix est
fait16(*)». Cela
justifie le fait que, l'homme selon Kant, n'est homme que lorsqu'il agit par sa
volonté de façon à choisir le bien, au détriment du
mal, c'est-à-dire, lorsqu'il agit moralement, lorsqu'il pratique la
vertu. Et chez Kant, l'homme est un sujet moral qui a pour base la raison
pratique, la bonne volonté et l'autonomie de la volonté. Il
convient de relever que, la réalisation morale de l'homme se veut
être de toute évidence, le résultat interne du choix qu'est
la volonté.
Ensuite, de façon claire, il est à
reconnaître que, la volonté est aussi synonyme de progression,
progression active vers un but. C'est une prise de position dans le monde.
Vouloir c'est déjà agir, puisque l'action détermine la
volonté, et la volonté détermine la puissance d'agir.
En outre, par la volonté, l'homme se dénonce, se
détermine et s'affirme moralement. Cela sous-entend que chez Kant, la
volonté est le principe de la morale. Justement, parce que la
volonté détermine déjà en elle-même la loi,
puisque morale. Aussi, parce que le processus de détermination y est
libre et pratique. La volonté est une perspective d'avenir par le fait
que tout homme est une fin en soi. Elle est une éducation, un
précepte de portée universelle et est exprimée dans ses
Fondements de la métaphysique des moeurs ; cet ouvrage de
prédilection de la morale et de bonne conduite.
Finalement, la définition et les enjeux du concept de
volonté sont pour la grande partie liés à la conception
que nous faisons de la raison. De cette conception découlent aussi les
notions de responsabilité et de liberté qui posent les fondements
de la morale et même du droit. Mais les problèmes relatifs
à la notion de volonté appartiennent surtout à
l'éthique ou à la philosophie morale, et en particulier à
la théorie de l'action. Cela nous conduit définitivement à
la liberté pratique ou morale.
2. La liberté
Le concept de liberté trouve ses fondements dans une
tradition située bien avant Kant. Comme nous l'avons annoncé dans
l'explication de la volonté, le concept de liberté quant à
lui aussi n'a pas commencé avec Kant. Bien avant lui, ce concept avait
déjà fait l'objet de plusieurs réflexions philosophiques.
Ce qui veut dire que depuis l'Antiquité, plusieurs interrogations et
réflexions ont été déjà soulevées.
Qu'est-ce donc que la liberté chez Kant ? La
liberté est une question métaphysique, voire anthropologique de
la morale. Ainsi, au sujet de la liberté, Kant pose ce problème
en termes de causalité et fait de ce sujet unes des questions de fond
dans sa philosophie, disant que la liberté est la clé de
voûte de son système, c'est-à-dire de la loi morale
kantienne. Voilà pourquoi il remarque en ces termes
que : «la loi morale est bien en effet une loi de la
causalité par liberté, (...)17(*) ».
Nous remarquons par exemple avec Platon le voeu de la
liberté lorsqu'il pose la question de savoir: « Comment en
effet un homme pourrait-il être heureux, s'il est esclave de
quelqu'un18(*) ?». Cette question, est à la
fois métaphysique, anthropologique et philosophique, et donc parler de
la ·liberté· comme concept signifie qu'il nous
faut au préalable nous référer à son
étymologie. Car le concept de ·liberté · vient du
mot latin ·liber· ou ·libertas·
qui signifie libre, sans chaînes, sans entraves et qui s'oppose à
·servus·, esclave. Etymologiquement, la liberté
désigne la condition de l'homme libre qui peut agir à sa guise.
C'est l'autonomie, puisque l'autonomie relève de la morale. En effet,
le sujet ne s'aurait se soumettre librement qu'à la loi qu'il s'est
prescrite.
En réalité, qu'il s'agisse des philosophes de
l'Antiquité comme Platon ou des lumières comme Kant, le
problème philosophique de la liberté est bien sûr, celui de
la définition et de la preuve. Avec Kant, précisément dans
sa troisième section des Fondements de la métaphysique des
moeurs intitulé : passage de la métaphysique des moeurs
à la critique de la raison pure pratique, il s'attelle à
étendre le concept de liberté tout en posant les bases. Cette
liberté est, pour lui, l'un des concepts opératoires d'une
importance cardinale pivot de toute sa morale.
Emprunté à ses prédécesseurs,
parmi lesquels nous citons, entre autre, Rousseau, philosophe français
auquel Kant a lu attentivement et qui l'influencera considérablement, et
à partir de qui, il s'est inspiré, la pensée morale de
Rousseau s'impose à l'attention de Kant tout en lui fournissant des
analyses décisives, source d'inspiration énorme, au sujet de la
liberté. Car selon Rousseau : « (...)
l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est
liberté19(*)». En d'autres termes, la liberté
c'est le respect de la loi ; et la loi c'est la morale. La solution
proposée à travers cette réflexion, est celle de soumettre
les individus à la loi. Cette loi qui pour Rousseau n'est entre autre
que l'expression d'une volonté générale. Ce qui, chez Kant
se comprend comme un impératif. Relativement à Rousseau qui
emploie le terme de volonté générale, Kant, lui emploie le
terme de principe d'une législation universelle qui est la loi de
volonté autonome et donc morale. Par ailleurs, il ressort au sujet de
la liberté deux points de vue fondamentaux selon Kant, à savoir,
le point de vue négatif et le point de vue positif.
Négativement, Kant pense
que : « la liberté serait la
propriété qu'aurait cette causalité de pouvoir agir
indépendamment des causes étrangères qui la
déterminent (...)20(*)». Autrement dit, la liberté c'est
l'absence de contrainte. Etre libre c'est ne pas être
déterminé ou contraint par une cause extérieure, puisque
la liberté n'est pas l'expression d'une pression extérieure.
Elle n'est pas non plus la soumission à la volonté d'un autre,
cette forme de liberté est dite négative, en ce qu'elle justifie
l'absence de contrainte et témoigne l'approche selon laquelle,
l'individu peut faire tout ce qu'il a envie de faire.
Ce que nous voulons, c'est le fait que la liberté soit
l'acte d'un sujet libre, d'un sujet doué de raison. Pour ce faire, il
faut se défaire de la définition courante de la liberté
comme `'pouvoir de faire ce que l'on veut''. Car, en faire une simple absence
des limites c'est aussi se condamner à n'y voir qu'une illusion. Si la
liberté ne pouvait se définir que par la
négativité, avec par exemple des formules de
type « ne pas», néanmoins, elle implique le
fait qu'elle doit se penser à partir des contraires.
Or, le service de la liberté requiert une conscience
normative ou législative de la raison, c'est-à-dire de la loi. Et
donc ce qui nous intéresse ici davantage est le fait de savoir que ces
principes ne donnent jamais d'autre premier fondement à la
moralité que l'autonomie de la volonté. C'est pourquoi les
Fondements de la métaphysique des moeurs mettent en place le
concept d'autonomie avec évidence pour signifier justement le lien qui
consolide la volonté et la liberté à la forme universelle
de la loi morale.
Voilà pourquoi chez Kant, pour mener à bien une
telle entreprise, il est de la plus haute importance de tenir ceci pour dit,
c'est-à-dire de trouver dans sa démarche la
nécessité impérieuse de mettre en place la dimension
positive de la liberté.
Entendue positivement, la liberté est, selon Kant
comprise comme «la faculté de se donner à
soi-même la loi : c'est l'autonomie21(*)». Cela dit, il faut promouvoir la loi qui
serait la loi morale bien sûre. Et, la formation de cette loi morale se
détermine par les moyens de rompre avec la décadence ou encore
d'en finir avec les extravagances. Ce qui par suite donnerait accès
à une sorte de ·gage de salut· pour les
sociétés humaines. Dans toute société où
vivent les êtres raisonnables, il faut qu'il y ait une prise de
conscience de la loi et donc de la règle morale. De là, il y a
lieu de dire que c'est dans la liberté que l'homme trouve sa
détermination, son orientation et sa réalisation. C'est pour cela
qu'il incombe le besoin de la liberté positive.
En effet, lorsque Kant parle de la positivité de la
liberté, cela revient à dire que la liberté est reconnue
comme devoir. Puisque, pour Kant : « le devoir est la
nécessité d'accomplir une action par respect pour la loi22(*)». Cette
liberté n'est authentiquement humaine que lorsqu'elle coïncide avec
la loi morale que la raison lui présente. Etre libre c'est vouloir la
loi. Et, pour Kant, ceci ne prend effet qu'à partir du concept
d'·autonomie· (du grec autos :
lui-même et de nomos : loi), qui, prend certes de la place
dans l'héritage kantien. D'où, la nécessité de
parler de la morale, puisque être libre, c'est vouloir non pas que ce que
l'on aime mais ce que la raison exige de tout homme.
Dans ce contexte philosophique, il s'agit de faire de la
morale un enjeu stratégique et décisif. C'est pourquoi les
Fondements de la métaphysique des moeurs déduisent
toutes les vertus positives en des vertus morales et donnent des obligations
possibles des raisons d'agir librement.
De ce fait, il se dégage l'idée que c'est
même la pureté des devoirs qui garantit l'influence de la morale.
A vrai dire, l'homme comme semble l'affirmer Kant, doit mener
une réflexion sur ce qu'il veut faire, tant au niveau individuel que
collectif. Bref, il doit déterminer sa détermination. Car, c'est
par la liberté que l'homme trouve son orientation. Il doit fixer les
limites de ce qui est indigne pour être un homme digne. Ce qui ferait en
effet de l'homme un être véritablement libre. C'est aussi cette
raison qui a poussée la philosophie à porter au langage,
théoriquement ou pratiquement le concept de liberté. Et aussi, de
réaliser un être authentique. Voilà ce qui est un
idéal humain pour l'actualisation de l'homme.
La liberté c'est aussi le lieu de la transcendance de
l'être ; c'est le moyen d'accès à
l'intelligibilité. La Critique de la raison pure
déjà nous demandait de considérer l'homme en deux
dimensions : comme phénomène et comme noumène.
Du point de vue de la nature des phénomènes,
l'homme est voué à la sensibilité, et est soumis à
des lois de la nature. A cet effet, il sa nature sensible ne n'est pas du tout
disposé à suivre les indications de la raison. Sa volonté
à cet effet est hétéronome, et est enfermée par des
tendances, par des penchants, et donc aux instincts animaux.
Du point de vue des noumènes, il appartient au monde
intelligible et est régit par des lois purement rationnelles. Sa
volonté dans ce cas est bien loin de subir des influences
extérieures. Il promulgue des maximes qui se donnent, tout en donnant
une autonomie.
Naturellement, comme nous appartenons aux deux mondes :
sensible et intelligible, étant donné que la liberté fait
beaucoup plus corps avec le monde intelligible, le monde intelligible est donc
le fondement du monde sensible. C'est pourquoi l'intelligible prime sur le
sensible, parce qu'il est nécessairement idéal et pratique.
Finalement, l'homme à des devoirs de se conformer aux
exigences du monde intelligible. En effet, cet argument, justifie par le fait
que selon Kant : « Or l'homme, ainsi que nous l'avons dit, a
le droit de se concevoir de double manière, de rapporter ses
inclinations au monde sensible, sa volonté à un monde
intelligible23(*)». C'est pour dire que le monde
intelligible élève l'homme aux normes et aux valeurs
universelles ; à la législation universelle. Cela dit, il
faut qu'il y ait dans la connaissance humaine de tels jugements
nécessaires et, au sens rigoureux du terme, universels.
Pour ce qui est de savoir si le champ de la possibilité
de la liberté est plus grand, nous sommes parvenus à le
dégager de cette situation équivoque, et, par là, en
même temps et, en tout état de cause, admettre un pouvoir
transcendantal de la liberté pour faire commencer le changement du monde
par une idée cosmologique d'une spontanéité absolue,
résultant de l'élévation de la catégorie de
causalité. Nous voudrions expliquer cela à travers le cas
où la raison se trouve nécessaire parmi les diverses
espèces à savoir que l'homme comme être de raison a une
nature intelligible et est capable d'être libre. Cela dit, le concept
positif de la liberté chez Kant part du résultat final de
l'analyse de l'impératif catégorique, articulé selon le
concept d'autonomie. Car, l'autonomie suppose la liberté.
Pour pouvoir alors dénombrer ces idées selon un
principe et avec une précision systématique, force est pour nous
de recourir à l'analyse fondamentale de la morale relative à la
volonté et de la liberté qui constitue le deuxième
chapitre de notre thème.
CHAPITRE DEUXIEME :
L'ANALYSE FONDAMENTALE DE LA MORALE RELATIVE A LA
CONCEPTION DE LA VOLONTE ET DE LA LIBERTE
La thématique de la morale est au coeur de l'oeuvre de
Kant intitulée : Fondements de la métaphysique des
moeurs. En effet, dans cette oeuvre, se trouve poser la
question ou le problème philosophique de la morale, relative à la
conception de la volonté et de la liberté. Si elle est une, voire
l'unique question fondamentale, alors le questionnement exige un degré
suffisant d'éclaircissement.
En d'autres termes, cette question exige une
élaboration nécessaire dans la position de ladite question,
question qui ne peut être comprise ou saisissable qu'à partir
d'une étude sérieusement approfondie de l'homme, donc une
étude anthropologique et des moeurs de ·l'être
raisonnable·, afin de se rendre meilleur, de se cultiver soi-même
et de faire naître en soi la moralité. Car, la disposition
préalable en l'homme de la conscience morale suscite en lui le besoin de
détermination d'un idéal qui peut être un bien à
réaliser, à obtenir ; un devoir à accomplir. Cet
idéal, une fois déterminé, l'agent moral doit
désormais agir, se conduire de manière à réaliser
ledit idéal.
Comme nous le savons, la définition étymologique
de la morale renvoie aux moeurs, aux caractères, aux attitudes humaines
en général et, en particulier aux règles de conduite et
à leur justification. Ainsi, définir la morale c'est dire
d'elle, qu'elle est le système par excellence des règles que
l'homme suit ou doit suivre dans la vie personnelle ou sociale. Comme telle, la
morale peut être comprise comme un ensemble normatif des directions et
des règles de l'action.
En d'autres termes, le fondement de la morale ne peut
être que le devoir de l'homme au moyen de la volonté et de la
liberté. Nous remarquons que c'est déjà là, le
principe de la morale qui est inscrit sous forme d'une
« règle d'or » et qui est
profondément marquée de façon ou d'autre par la conscience
morale de tous les êtres raisonnables. Ce principe même se trouve
formulé en termes positifs dans le Nouveau
Testament : « Ainsi, tout ce que
vous désirez que les autres fassent pour vous, faites le
vous-mêmes pour eux, car c'est la loi(...)24(*)» (Matthieu7 :12).
Il ressort de cette analyse qu'il se dégage une
règle universelle, c'est-à-dire une sorte d'invite, de
disposition au bien dans l'ordre de la morale. Ce qui se manifeste donc
implicitement avec l'apport de la volonté et de la liberté.
Ce précepte est une voie de la conscience de
l'être raisonnable, façonnée par la morale. Et la morale ne
serait en effet que la réalité du même ordre que le rituel
de la politesse ; elle implique des règles et des valeurs. Car, le
maître mot en morale c'est la valeur. La valeur c'est ce que tout le
monde recherche. C'est le sens même que lui donne René Le Senne
qui affirme à ce titre que : «Ce qui est digne
d'être recherché est ce que tout le monde appelle valeur25(*)». C'est pourquoi
nous disons à cet effet qu'en matière morale, la vertu vaut mieux
que le vice, le courage est préférable à la
lâcheté, le bien au mal et celui qui se soumet aux règles
de la vertu, du courage, du bien, n'agit pas sous la pression de ses
préjugés. Mais en tant qu'être moral, c'est-à-dire
qui suit une morale, l'homme porte en lui et sur les autres les jugements
moraux des valeurs.
En effet, les hommes sont tenus de conformer leur conduite
à des règles morales. Cela dit, l'homme qui agit selon la
volonté morale, agit selon les objectifs à atteindre,
c'est-à-dire qu'il agit selon une forme de détermination morale
qu'est donc la valeur. Et par valeur, nous entendons le respect pour la loi
morale, la bonne volonté, la légalité morale, et la
liberté comme pouvoir d'accomplir quelque chose par la pureté des
intentions. C'est pourquoi, la morale va pouvoir à bon droit se
manifester dans toute sa puissance par le biais de la volonté d'un
sujet libre et raisonnable.
Il s'agit aussi de dire que l'analyse fondamentale de la
morale, une fois en relation avec la volonté et la liberté, exige
bien qu'il faut au préalable et nécessairement sauvegarder
à la fois le caractère de transcendance et celui
d'intériorité des valeurs morales. C'est
précisément ce qu'avait tenté de faire au XVIIIe
siècle le philosophe Kant.
Justement, parce que chez Kant, la morale est
intérieure ; c'est la faculté supérieure de
l'âme. A ce titre, Monique Castillo corrobore l'affirmation de Kant et
énonce que : « la morale n'est fondée que si
elle est pure, (...)26(*)».
C'est pour dire que Kant a découvert successivement et
de manière régulière les éléments a priori
de la conscience morale. La loi en effet, ne décrit pas ce qui est, mais
prescrit plutôt ce qu'il faut faire. Par conséquent, loin de
découler de l'expérience, c'est elle au contraire qui nous permet
de juger ce qui est préférable, à savoir le bien et ce qui
est détestable, le mal. La conscience morale se révèle
ainsi une voie intérieure qui prescrit ce que l'on doit faire, ordonne
ce qui doit être. La loi morale nous apparaît à cet effet
comme une raison qui commande à la volonté.
En résumé sur ce point, Kant a bien voulu que
l'analyse fondamentale de la morale exige tout d'abord une réponse
philosophique. Ainsi, pour sauver la morale, il s'est vu contraint de
procéder autrement et d'une manière tout à fait originale,
en se référant à la volonté et à la
liberté. En outre, l'unique solution à ce problème est en
effet, que notre propre volonté instaure la législation à
laquelle nous devons nous soumettre et obéir : c'est la loi morale.
Kant à cet effet, est convaincu au même titre que ses
prédécesseurs que l'homme ne deviendra un être raisonnable
que par la morale en ayant conscience de la volonté et liberté.
Il fait la morale un ensemble normatif des règles à suivre, ce
qui a permis à l'homme de devenir homme, par sa propre raison. C'est ce
qui nous fait dire avec Kant que : « la nature a
délégué la raison au gouvernement de notre
volonté27(*)
». Cela dit, c'est la dimension morale qui est fondamentale ici.
Cette dimension introduit l'idée d'une raison humaine qui est effective.
Sa présence affermit le sujet raisonnable ; cet être de
raison qui décide librement.
Il s'agit au final de considérer que, le but que
propose la morale dans cette analyse est d'abord d'instruire, ensuite
d'adapter, voire socialement, enfin de former un jugement libre et universel.
Par conséquent, la morale détermine le point d'achèvement
de l'humanité, exigée par la loi. Ce qui ne se détermine
que par la volonté et par la liberté. Ces deux caractères
ne peuvent se justifier que véritablement que dans
l'interprétation des actes humains.
Il s'agit là d'une démarche
méthodologique des Fondements de la métaphysique des
moeurs. Et Kant s'exprime : « les Fondements expliquent
aussi que la philosophie morale doit appliquer ses lois « à la
volonté de l'homme en tant qu'elle est affectée par la
nature», que la « métaphysique » désigne
à la fois une procédure rationnelle a priori et une
reconnaissance de soi de la volonté libre de la loi, que la
démarche méthodologique a directement une valeur
pratique28(*) ». Dès lors, la liberté
humaine trouve alors son orientation et sa détermination dans la morale.
Il est à en croire aussi que le fait d'utiliser la raison montre bien
que cette raison ne traduit pas une fermeture : ce sont plutôt
là des activités ouvertes qui témoignent une forme de
liberté dans son mouvement qui n'est concrète que par des choix
qu'elles proposent. Toutefois, l'action universelle suppose une
équivalence entre une raison constitutive du sujet et de la pratique.
Cette équivalence ne vaut que pour l'impératif. En fait,
l'équivalence ne vaut que pour l'impératif catégorique en
tant qu'elle exprime la loi morale et s'impose au sujet auquel il faut
connaître la connaissance rationnelle de la liberté.
Naturellement, les valeurs intellectuelles et les valeurs
morales incombent au choix rationnel. Et aussi à la mise en oeuvre d'une
action qui dépend de la connaissance du vrai ; du bien par l'homme,
puisque la raison est le propre de l'homme, sujet raisonnable.
D'un point de vue philosophique, la morale est une sorte
d'émancipation, c'est-à-dire une liberté acquise par la
suppression des contraintes externes telles des penchants, des inclinations ou
des affects pathologiques. Et la morale bannit toute sorte de contrainte
externe, la morale se veut globale et universelle. Elle est à la
portée émancipatrice ; cette pensée nous aide
d'autant, à définir ce que peut être un être
raisonnable. Voilà qui se définit comme la conquête
d'autonomie de la volonté et de la liberté.
Pareille analyse nous pousse à convoquer Hannah Arendt
qui corrobore l'affirmation de Kant en ces
termes : « Avant de devenir un attribut de la
pensée ou une qualité de la volonté, la liberté a
été comprise comme le statut de l'homme libre, qui lui
permettrait de se déplacer, de sortir de son foyer, d'aller dans le
monde et de rencontrer d'autres gens en actes et en paroles(...)29(*)». C'est dire que, la
volonté ou encore la liberté fonde la sortie de l'homme de la
minorité, c'est-à-dire de l'insociabilité, et, son usage
indique le début de l'histoire humaine. A cet effet, l'homme rompt son
unité avec la nature sensible et conditionne la victoire progressive de
la liberté ; c'est la sociabilité. D'où le l'appel
à l'·insociable sociabilité·, c'est-à-dire
la sortie de la minorité, la capacité de l'homme de transcender
le stade de l'animalité pour parvenir enfin à sa destination
première, c'est-à-dire de sortir de sa brutalité pour
s'humaniser et se socialiser. Car la communauté pratique des hommes
n'est possible que si tous reconnaissent leur origine commune comme des
êtres libres et raisonnables. Enfin, l'antagonisme humain chez Kant
dégage implicitement les prémisses et les perspectives du
progrès de l'espèce humain. Ce progrès qui se
dévoile par le triomphe de la loi morale. Cette ambition ne serait
possible que si l'homme réussit à créer l'unité de
son être, à transformer et à transcender son antinomie,
source de régression.
Kant à cet effet, est bien un moraliste, un
rationaliste pour qui, la raison doit suffire à tous, parce qu'elle est
la partie essentielle de l'homme. Dans l'unité la plus parfaite de la
pure philosophie, cette dimension de l'analyse fondamentale de la question
morale nous a paru nécessaire de donner dans cet ouvrage une analyse
nouvelle où nous avons consciencieusement réfléchi
à rendre avec clarté et précision la pensée de
Kant.
Pour Kant, « la loi morale est par
elle-même un mobile au jugement de la raison ; et la prendre pour
maxime c'est être bon moralement30(*) ».
Dans ce cas, il est parfaitement possible d'accorder avec
sagesse que le problème moral, c'est-à-dire de la conduite
humaine est un problème lié à la raison et aussi à
la foi. Par conséquent, la seule voie possible de la raison c'est celle
de l'honnêteté morale. C'est ainsi que nous admettons et
plaçons la morale kantienne au rang de devoir comme une obligation.
En effet, après avoir fait le compte de cette analyse,
nous sommes conduits éventuellement à dire que la morale de Kant
est une sorte de « perfectionnement sans fin ». Elle a
prouvé même par l'idée de participation, qu'elle est une
élucidation, voire une clarification des concepts a priori comme Dieu,
l'âme, la liberté et l'immortalité ; ces concepts dits
de la transcendance et donc de l'élévation de l'être
raisonnable fini. Cette morale relève de l'ordre de la
possibilité ; elle est pratique. Car, est pratique ce qui est
possible en liberté. Et le principe supérieur en liberté
est toujours de l'ordre des représentations métaphysiques et n'a
rien à avoir avec la vie sensible. Ces données sont au fondement
de l'agir humain et supposent préalablement la possibilité de la
représentation telle la morale, la volonté et la
liberté.
La morale de Kant est une morale à vocation
universelle. Elle, il faut brise la sensibilité pour accéder au
Souverain Bien, donc à l'intelligibilité. Par-dessus tout, la
morale échappe au système, cette sorte d'enfermement. Elle
s'éclate et est ouverte et veut qu'on obéisse à la raison.
Par conséquent, tout ce qui est intérêt personnel n'est pas
moral, car cela est un assouvissement des sensibilités, des passions,
des affects, des inclinations. Ces actes pathologiques excluent l'ordre moral.
De là, il ressort l'idée de la nature sensible qui n'est pas du
tout disposée à suivre les indications de la raison.
Il convient de dire que philosophiquement, la morale admet
pour la première fois une rigueur critique avec Kant dans l'histoire de
la philosophie. Tant mieux, l'action morale est pour Kant celle qui n'a d'autre
souci que de respecter la forme même de la raison. Et nos devoirs peuvent
se déduire a priori de la structure formelle de la raison. Ainsi, la
morale à cet effet apparaît rigoureusement comme une logique de
l'action. Le respect dû à la raison s'étend
évidemment au sujet raisonnable, c'est-à-dire à la
personne humaine.
Une telle analyse, conduit avec évidence à
remarquer avec Kant qu' « en matière morale la raison
humaine, même dans l'intelligence la plus commune peut être
aisément portée à un haut degré d'exactitude et de
perfection31(*)
». Pour le dire autrement, la personne raisonnable n'est pas
seulement la source des valeurs, elle est aussi la valeur par excellence. C'est
là, l'importance même de l'autonomie morale, c'est-à-dire
les hommes sujets raisonnables se trouvent soumis à la loi. C'est l'acte
authentiquement moral, bien intentionné et efficace. Cet acte suppose
donc l'intelligence et la réflexion. C'est aussi la bonne intention qui
est la condition nécessaire de la valeur morale. Cette bonne intention
est évidemment celle qui a le courage et la volonté de se
concrétiser dans l'acte d'un sujet libre et raisonnable.
Précisément, c'est un acte moral qui doit être
apprécié par rapport à l'intention morale qui l'inspire.
Nous pouvons dire réellement à la suite de Kant
que la morale explicite et éclaire l'homme en tant que sujet
raisonnable, puisque c'est lui, le seul être supérieur par rapport
aux autres : « ce qui à coup sûr n'a lieu que
dans un être raisonnable32(*) ». Pour prétendre comprendre
une telle analyse, Kant renchérit en ces termes :
« le principe déterminant de la volonté, cela seul
peut constituer ce bien si excellent que nous qualifions de moral33(*) ». Voilà
que cette proposition nous emmène avec dynamisme à mettre en
relief la volonté comme une ambition morale.
1. La volonté comme une ambition de la
morale
Si l'être de l'homme est un être
nécessaire, cette nécessité ne s'accommode dans
l'existence qu'auprès d'une volonté pratique pure dont jouiraient
la pensée et l'action humaine. Comme la volonté ne se
définit que comme la faculté de se déterminer à
agir selon la représentation de certaines lois, la volonté est
donc déterminée par la loi morale. Et l'autonomie de la
volonté de ce point serait conforme aux lois morales et de tous les
devoirs. Ce pouvoir rationnel de se déterminer par la raison. C'est la
raison pratique déterminant la liberté empire du sujet moral sur
la nature empirique, pour accomplir le devoir moral. Elle conduit à
postuler un règne des fins, à savoir, un ordre intelligible, une
société idéale, constituée par la totalité
des êtres raisonnables.
Il reste tout de même à savoir comment la
volonté peut être comprise comme une ambition ou encore comme une
aspiration à la morale ? La volonté, comprise ici comme
ambition morale ne peut être que cette volonté bonne. Autrement
dit, celle dont la maxime enferme en elle-même la loi universelle et
qu'elle est capable d'être.
Du point de vue philosophique, la volonté peut se
comprendre comme une délibération consciente, une faculté
de choix, comme pouvoir de se déterminer librement à agir ou de
s'abstenir à agir en vertu des motifs. Cette marque de l'acte volontaire
qui s'oppose à l'acte qui procède de l'instinct, des pulsions,
d'un reflexe ou d'une habitude. Ces pulsions incontrôlables et
irréfléchies, si elles guident la conduite d'un individu, cette
conduite ne serait nullement pas morale. C'est ainsi que nous nous
interrogeons quoi qu'il puisse soit, sur l'intervention de la volonté en
tant que système des fins morales. En effet, l'intervention de la
volonté sur la moralité en tant que système de fins
s'explique par le fait que la volonté est une puissance et que rien
d'extérieur ne peut venir la contraindre.
Dès lors, il résulte clairement que la majeure
du raisonnement sur la volonté morale est celle qui nous permet de
concevoir une société organisée, réconciliant la
fin ultime de l'éducation morale et les volontés autonomes devant
être appliquées en société. Voilà ce qui
constitue l'une des solutions de ce problème. Car, la volonté
morale instaure la législation à laquelle nous devons nous
soumettre à obéir.
Kant dans sa pratique philosophique fait de cette
volonté le principe suprême de la morale. Voilà pourquoi il
l'explicite en termes d' « autonomie ». Selon lui en
effet : « l'autonomie, c'est l'expression même de la
loi morale : si bien qu'une volonté libre et une volonté
soumise à la loi morale ne font qu'un34(*) ». Ce qui permet à l'homme de
fixer sa propre loi, non pas d'après ses penchants égoïstes,
des déterminations « pathologiques», mais
d'après la représentation fixée par la seule raison donc
une loi qui serait bonne absolument. Elle met fin à toutes les
aliénations dont pourrait rencontrer le sujet moral. Par
conséquent, seul celui qui agit par devoir (et non par
intérêt), c'est-à-dire par bonne volonté, par
respect pour la loi, agit de manière proprement morale. Il est tout
à fait louable de dire que dans cette mesure, l'acte volontaire
décèle toujours la trace d'un accomplissement. Ainsi, nous avons
besoin pour la volonté d'un point d'appui dans le monde. Ce point
d'appui n'est entre autre que la morale.
Comme telle, la volonté à cet effet se
conçoit bien comme une ambition morale. A cet effet, l'humanité
et la moralisation de l'homme se déterminent et se réalisent par
une éminente dignité qui s'étend à la
volonté de vouloir la forme de la loi. Autrement dit, la volonté
morale est la volonté de l'universel.
Une telle conception se résout par le souci
d'universalité qui traverse la morale de Kant. Pour qui la seule
volonté a une évidente condition qu'elle soit toujours bonne,
c'est-à-dire orientée par l'idée de la loi en
général et déterminant ce qui est bien. Voilà
pourquoi il le qualifie de bonne absolument. Cette approche nous conduit
à une relecture même des Fondements de la métaphysique
des moeurs de Kant selon laquelle : «la moralité
est donc le rapport des actions à l'autonomie de la volonté,
c'est-à-dire à la législation universelle possible par
les maximes de cette volonté35(*) ». C'est encore cette même
volonté qui constitue dans la mesure du possible ,capable de
déterminer à elle seule les règles de la conduite par
l'autonomie, contrairement à l'hétéronomie.
Cependant, l'hétéronomie quant à elle,
est vaine et trompeuse puisqu'elle soumet la morale à un principe qui
lui est extérieur. L'hétéronomie est la dépendance
à l'égard des mobiles pathologiques sensibles ou d'une loi
extérieure. Elle est vaine et illégitime. C'est pourquoi Kant
corrobore l'affirmation suivante en ces termes: « Comme
l'autonomie de la volonté est le vrai principe moral, l'admission de
l'hétéronomie de la volonté a été l'origine
des fausses doctrines morales36(*) ». Cela dit, l'hétéronomie
présente toujours ce grand risque de tomber dans le
« fanatisme des fins », ce qui justifierait
n'importe quel moyen en vue des inclinations sensibles. Or le monde des
exigences morales, interdit les penchants, les inclinations, les désirs
de la sensibilité.
De ce point de vue, il est sans contredit de dire que c'est
seulement l'autonomie de la volonté qui fonde véritablement la
morale. Elle s'inscrit dans la mesure où elle est le seul système
qui tient l'individu pour être rationnellement responsable des ses choix,
et, en même temps accordée à l'universalité de la
raison. C'est même la raison qui a conduit Aristote à dire que
·la volonté est dans la raison ·. Par suite, ce
qui est de la volonté dépend de l'intelligence, et ce qui est de
l'intelligence peut dépendre de la volonté. Comme l'avait
énoncé Saint Thomas d'Aquin : « la volonté a
pour objet le bien et la fin suprême37(*) ». Etant donné que chez Kant,
c'est le bien qui est la fin suprême de la morale, le progrès
à l'infini vers la conformité totale de la volonté
à la loi morale ne se manifeste en ce sens qu'en rapport avec les
concepts tels l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu qui sont
des conditions de possibilité du souverain bien.
A ce titre, l'essentiel serait donc de sauvegarder le
caractère d'intériorité des valeurs morales. Ainsi,
sauvegarder le caractère d'intériorité des valeurs morales
exige qu'il faille nécessairement se méfier des passions, de la
sensibilité, des tendances spontanées, c'est-à-dire ne pas
se subordonner davantage à la nature mais plutôt aux principes
purs. Il ne s'agit nullement d'une conscience instinctive et
sentimentale ; mais plutôt d'une conscience morale qui n'est rien
d'autre que la raison elle-même.
A partir de là, nous comprenons que la volonté
est une ambition morale, parce qu'elle fait signe à la de vie.
Malgré son souci d'autonomie de la volonté, Kant a bel et bien
introduit à l'intérieur de l'homme une transcendance se
déterminant par la liberté. Cela le conduit de toute
évidence à reconnaître l'existence d'un mobile moral.
Autrement dit, c'est le sentiment de respect. Ce sentiment humilie notre
égoïsme et nous exalte dans l'accomplissement de la loi morale.
C'est là qu'intervient véritablement la conception kantienne de
l'« autonomie de la volonté » qui a exercée
une influence capitale, notamment en France, dans la pensée morale et
juridique du XIXe et du XXe siècle. Ceci ne
se détermine autrement qu'au moyen de la liberté. Voilà
comment la liberté est, elle aussi de ce point de vue, comprise comme
une affirmation morale.
2. Le fondement moral de la liberté
L'être de l'homme est un être nécessaire
parce qu'il est déterminé par Dieu. Ce Dieu qui est le gouverneur
moral par une volonté autonome de la moralité qui lie la
téléologie naturelle d'un coté et la raison morale de
l'autre, se justifiant par le règne de fin avec la conscience morale. La
tendance philosophique du fondement moral de la liberté serait de dire
si, ce que nous entendons par fondement moral de la liberté triomphe
dans la marche radicale de la bonne conduite. Car, seul tout individu
éduqué moralement est libre, parce qu'elle est la clé de
l'autonomie de la volonté. Ainsi, « la volonté d'un
être raisonnable ne peut être une volonté lui appartenant en
propre que sous l'idée de la liberté, (...) 38(*)». Cela dit, la
volonté d'un être raisonnable ne trouve les fondements moraux
qu'en accord avec la liberté. A cela, il faut comprendre comment
l'existence d'un être libre dont l'action est irréductible
à tous déterminisme naturel est possible dans l'histoire de la
philosophie. Et Kant dispose par la nécessité de
conformité du vouloir humain, la nature de tout homme, d'être
autonome, libre et raisonnable, il doit être considéré
comme une fin en soi. Par ailleurs, l'homme dans son humanité est saint
et il est de ce fait le sujet de la loi morale.
A ce propos, nous comprenons que la liberté n'est en
réalité qu'une application de la morale, puisqu'elle donne
l'explication dernière et la justification de l'impératif
catégorique. Ce qui se justifie aussi par le fait que la fin essentielle
et dernière de l'impératif catégorique de Kant c'est
l'homme. Car, «tous les progrès de la culture par lesquels
l'homme fait son éducation ont pour but d'appliquer les connaissances et
les techniques ainsi acquises à l'usage du monde ; mais l'objet le
plus important en ce monde auquel il puisse les utiliser est l'homme :
parce qu'il est à lui-même sa fin dernière 39(*)». En d'autres termes, la
liberté, au sens où elle est considérée comme
fondement moral, est l'acte le plus réfléchi, le plus
profondément motivé, justifié, voire le plus
légitimé. Cela signifie que le principe de liberté comme
fondement de l'action morale, ne peut rien emprunter à des motifs
empiriques.
Certes, il importe de dire dans le même ordre
d'idée que, si la loi morale fait signe par la volonté d'un acte
libre, aussi bien par son caractère rationnel, de ce fait, elle n'est
par conséquent rien d'autre que cette maxime absolument universelle de
cette volonté qui se veut bonne par un choix libre. Et la liberté
de ce point de vue, n'est saisie que dans le sens où elle est une
affirmation morale ; elle n'est rien d'autre qu'un choix et n'est rien
d'autre encore que cet acte qui correspondrait avec le développement
intégral de l'homme (sujet raisonnable). Elle est donc
l'équivalent de l'autonomie et de la moralité, puisque
l'autonomie c'est toujours celle du sujet moral. C'est même ce qui a
conduit Kant à identifier la liberté par rapport à la
moralité ; cette identification à laquelle paraissait
être rapportée essentiellement la décision radicale qui
faisait que notre conduite soit bonne ; et qui peut aussi se faire sur
l'agréable et l'utile, autant que sur le bien.
Voyons donc, c'est grâce à la mise en
lumière de l'idée d'autonomie que la forme de la liberté
paraît trouver dans la moralité et même dans la notion de la
volonté, un contenu adéquat. Admettons que la thèse soit
nécessaire, il paraît d'accord de recourir à ce que nous
dit Kant : « Si donc la liberté de la
volonté est supposée, il suffit d'en analyser le concept pour en
déduire la moralité avec son principe40(*)». La loi s'impose
au sujet auquel il faut connaître la ·ratio
cognoscendi· de la liberté.
En outre, tout sujet moral, capable d'exercer une autonomie
lors de la libération, son action s'avoue authentique et
légitime. Car : « Etre libre c'est être
pleinement et authentiquement soi-même41(*) ». La liberté au sens où elle
est comprise comme une affirmation morale désigne le pouvoir propre
à la volonté de l'homme de se déterminer par
elle-même, sans être entièrement déterminée
d'avance. Et nous la définissons comme liberté intérieure,
initiative et autonomie, parce que morale.
C'est aussi un accomplissement de notre destin, destin
d'être raisonnable. Notons à ce propos que tout individu est
réellement libre quand il vit dans un milieu social qui lui permet de
vivre dignement en homme, c'est-à-dire qui favorise son
épanouissement moral, spirituel et matériel.
Par ailleurs, la liberté est aussi un postulat de la
raison pratique. A en croire Kant, la liberté, comme l'idée de
Dieu et l'immortalité de l'âme sont des postulats de la raison
pratique. Autrement dit, toutes ces idées : la liberté,
Dieu, l'immortalité de l'âme ne sont que des reflets de
l'intelligence et ne sont jamais données par l'expérience. Ces
idées ne se montrent pas mais plutôt se démontrent. Son
objectivité étant établie, elle n'est pas une idée
chimérique ; objectivité non plus scientifique (ou
théorique au sens restreint du terme), mais morale.
Objectivité ici nous renvoie à la
théorie, à l'impartialité, à
l'équité, à la justice, à la pensée,
à l'idée de liberté. Ainsi, nous disons que son vrai sens
est moral. Ce sont des idées qui dépassent les limites de
l'expérience possible, comme les Idées de Platon. D'où, le
règne de la liberté que Kant appelle par
« règne des fins ». Cela vient aussi pour
dire que l'inclination ne peut nullement donner des lois universellement
raisonnables à la liberté. En effet, seules la raison et
l'idée du devoir sans lesquelles l'homme est méprisable et
punissable et non la nature et l'inclination, peuvent donner des lois à
la liberté.
Par conséquent, la liberté peut-elle être
une oeuvre de la raison ? D'une part la liberté morale repose sur
la loi morale ; d'autre part cette même liberté fonde la loi
morale. Donc la détermination morale de la volonté est
liberté. C'est d'ailleurs ce qu'explique
Kant : « s'il n'y avait pas de liberté, la loi
morale ne serait pas en nous. En revanche, si la loi morale n'était pas
connue, nous ignorerions la liberté. Or, la loi morale nous est connue.
Nous pouvons donc à partir d'elle, savoir que nous sommes
libres42(*)».
Ici, la liberté n'est rien d'autre qu'une articulation de la loi morale.
C'est pourquoi la liberté est une affirmation de la morale. C'est la
condition d'une forme rationnelle.
La liberté telle qu'elle est vécue, devient de
ce fait une exigence, c'est-à-dire une contrainte imposée par la
morale à laquelle nous devons nous plier à suivre les
indications. Cette loi, inscrite ainsi au coeur de la nature humaine, commande
de manière catégorique, tel un impératif, imposant aux
hommes un devoir moral qui est en même temps une manifestation de leur
liberté véritable. Comme l'a si bien dit Kant : «
tous les impératifs sont exprimés par le verbe devoir
(sollen), 43(*)».
Cette preuve de la liberté est du ressort de la
compétence ou de la responsabilité de notre action, non pas de
quelques actes particuliers, mais de notre activité quotidienne
grâce à la valeur existentielle. C'est par la liberté que
nous acquérons une dimension nouvelle, à la fois dans nos
pensées et dans nos actes. Ainsi, ce qui est absolu, c'est la
liberté telle qu'elle nous interpelle à tout moment. Elle doit
déterminer nos conduites et nos comportements en rapport bien sûr
à la loi morale. Etre libre c'est être pleinement conduit par le
principe de responsabilité. Cette conduite qui s'éclaire dans la
recherche philosophique, celle de l'homme en tant qu'homme.
Comme fondement moral, la liberté s'implique en
l'homme, c'est-à-dire en l'être raisonnable l'exigeant appel
à la dignité. Elle éclaire la vision de ses
possibilités et guette le message de la transcendance. C'est pourquoi,
penser la liberté et s'orienter vers elle, est une affaire de la
philosophie.
L'appel de la liberté s'adresse à chaque homme
qui doit devenir lui-même, par son activité intérieure,
afin de trouver en soi sa direction. Cette direction rassemble tout son savoir
et tous ses buts en un seul faisceau, les lui fera soumettre à la
condition qui leur donne sens. Autrement dit, c'est le domaine où elle
doit construire ses plans pour l'avenir ; et la philosophie de ce point de
vue lui donne le sens de l'origine, issue de la volonté existentielle
qui est de l'essence de l'homme. Comme le dit Sartre à ce
propos, « l'existence précède
l'essence44(*) ». Ici, ce qui est mise en jeu, c'est
la valorisation de la nature humaine comme condition première. C'est
pourquoi le fondement moral de la liberté rénove les valeurs
humaines pour son progrès. Car la morale est absolue et sans faille.
C'est pour autant dire que l'accroissement de la
liberté coïncide donc avec celui de la morale qui nous lie, morale
que nous ne pouvons nullement fabriquer, mais qui naît au fond de notre
être individuel et qui devient par la suite autonomie. Il faut sans cesse
qu'il se manifeste, tout en se créant à nouveau et moralement.
Cet accroissement est un élan d'une bonne volonté.
3. Le primat de la procédure morale des
impératifs : catégorique et hypothétique
La recherche de la possibilité des impératifs
n'est qu'un aspect particulier du problème le plus général
des fondements de la morale. Car, l'action morale s'impose à l'homme
comme devoir, le premier devoir de la conscience morale en tant qu'elle juge
les maximes, c'est-à-dire les règles de conduite, les
règles de la morale, par rapport à leur possibilité
d'universalité c'est de ne pas mentir ou encore se mentir au moment
où on juge ses propres maximes.
Deux types d'impératifs se montrent dans les
Fondements de la métaphysique des moeurs de Kant :
l'impératif catégorique et les impératifs
hypothétiques.
S'agissant tout d'abord de l'impératif
catégorique, ce type d'impératif incombe le devoir de la
conscience morale, se donne comme un impératif que chacun porte en lui
en tant qu'il se veut libre et raisonnable. Cet impératif, est un
impératif moral parce que catégorique, c'est-à-dire sans
condition, et, est en même temps universel et ne saurait changer avec les
circonstances. L'impératif catégorique s'impose à nous
sans condition. Exemple : ·ne mens pas ; aime ton prochain
comme toi-même·. « Si l'impératif
catégorique est un commandement absolu de la raison qui pose une loi
universelle, l'acte moral auquel, par lui, nous sommes obligés, doit lui
aussi participer à cette universalité 45(*)».
C'est-à-dire, l'impératif catégorique se veut
dévoilement de la vie ; le projet kantien à travers
l'impératif catégorique est une découverte successive des
éléments a priori de la conscience morale.
L'impératif catégorique correspond à
ce qui doit être fait inconditionnellement. Seules, les actions dont la
maxime sera conforme à ce principe seront morales. Toujours, est-il vrai
et nécessaire pour nous de noter à ce propos que
l'impératif catégorique s'inscrit aussi bien dans la critique
antique de l'homme, c'est-à-dire la fin de celui-ci n'est plus
d'être heureux, mais d'être moral. Malgré tout, l'action
morale doit être jugée non pas en fonction de son résultat
mais selon les motivations ; si la volonté qui la commande est
bonne alors l'action est moralement juste.
L'impératif catégorique de Kant consiste en
l'accomplissement du devoir, c'est-à-dire que l'action juste est
inexorablement gratuite et désintéressée. Tout de
même, l'acte gratuit est dans le corpus kantien possible du fait de la
liberté humaine.
En effet, bien que l'opinion commune pense que la morale
s'oppose à la liberté, mais selon Kant, la moralité a le
devoir de s'affranchir des instincts égoïstes afin de pouvoir agir
raisonnablement pour être libre. La maxime kantienne ci-dessous
citée traduit l'importance de l'autonomie morale et la soumission de
tous les hommes, sujets raisonnables à une loi dont ils sont
eux-mêmes les législateurs : « Agis uniquement
d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps
qu'elle devienne une loi universelle 46(*)». C'est là une affaire de la morale
pure, morale de la seule pureté des intentions. Dans cette forme
morale, le devoir ne doit être fondé que sur la conscience de la
loi. En d'autres termes, il faut avoir conscience que la loi existe, qu'il faut
la respecter, lui obéir, et agir conformément par elle. Elle
seule doit guider nos actions, sans rien emprunter à des motifs
empiriques. Pour le dire autrement, la loi morale prend en nous la forme
coercitive d'un impératif. Seul l'impératif catégorique
qui commande absolument constitue une sorte de contrainte inconditionnelle.
Cette obligation fait apparaître un rapport synthétique entre la
loi de la raison et l'attitude de la volonté. Tel est le sens de la
formule proposée par Kant comme pierre de touche de la moralité.
Par elle, nous éviterons de nous confondre avec ce
qui est particulier tels que les habitudes et les désirs
égoïstes. C'est ainsi que la loi ne fait que prescrire l'harmonie,
la conformité de la maxime. Elle rejette toute sorte de maximes
contraires à l'idée de législation pour des êtres
libres et raisonnables.
Dans la même perspective, l'impératif
catégorique peut aussi s'exprimer d'après cette
maxime : « Agis selon des maximes qui puissent se
prendre en même temps elle-même pour objet comme lois universelles
de la nature 47(*)». En t clair, les hommes, sujets
raisonnables se trouvent soumis à la même loi. C'est la
société idéale qui apparaît comme une
république d'hommes libres dont l'harmonie résulte de ce que
chacun pose pour lui même ainsi que pour les autres, des règles
universellement valables. Cette maxime fondée sur le caractère
universel de la loi n'est pas sans prise sur la réalité
concrète: qu'il s'agisse de devoirs à l'égard de soi
même ou à l'égard d'autrui, elle donne une règle
générale par rapport à laquelle se détermine la
moralité de l'action.
Dans ce cas, même dans les sociétés
démocratiques, le subordonné doit nécessairement
obéir au chef sans pour autant renier l'autonomie de la conscience parce
que, ce que son chef lui commande est ce que sa propre raison (qui est la
raison universelle) lui dicte. Lui-même (le subordonné) s'il
était chef donnerait exactement les mêmes ordres. Ceci
éclaire en quelque sorte l'idée chère à Rousseau de
« volonté générale ». C'est
une expression pure et simple des exigences de la raison universelle dans le
contexte moral de l'impératif catégorique.
Ce qui revient à dire que l'impératif
catégorique part de la plus haute dignité humaine. C'est un
impératif qui commande absolument. A cet effet, la loi morale s'impose
à nous comme commandement divin, puisqu'au coeur de l'impératif
catégorique, il y a le respect de la personne humaine.
L'impératif catégorique n'est imbu de
·spontanéité pure·. Sa fin est
téléologiquement morale. Le sujet moral est traversé de
part en part par l'impératif catégorique par des fins et non
des moyens. D'où la maxime suivante : « Agis de telle
sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la
personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais
simplement comme un moyen48(*) ». Cette maxime corrobore les
conclusions des exemples précédents. En d'autres termes, l'homme
qui fait une fausse promesse par exemple considère son prochain non
comme une fin mais comme un moyen dont il veut tirer certains avantages.
Mais, chaque fois que l'impératif catégorique
s'impose en nous, c'est la loi morale qui s'affiche. Sinon, autrement, ce
serait la manipulation. Il faut que cela soit valable non pas seulement pour le
·Moi·, mais pour les autres aussi. C'est un principe pratique
suprême. Autant, nous disons que dans la philosophie morale de Kant, il y
a élimination des moyens au profit des fins qui part déjà
de l'impératif catégorique. Puisque, la grandeur de l'homme se
mesure toujours du côté des fins et l'homme de ce point devient
grand et incomparable comme le disait Pascal. A ce stade, c'est
l'humanité qui est perçue comme vertu, comme perfection, et comme
dignité ; elle réside dans le respect de la loi morale.
L'on peut dire au-delà de toutes les analyses, sur la
problématique de l'impératif catégorique chez Kant que la
question se pose en termes de réforme morale et sociale, de
révolution des moeurs pour un progrès de total du genre humain.
Ensuite, contrairement à l'impératif
catégorique qui, lui est moral et qui s'inscrit toujours sans condition,
s'ajoute l'impératif hypothétique. Il n'est pas un
impératif moral, puisqu'il n'est soumis qu'à une condition
·si·. La caractéristique essentielle de cet
impératif dit hypothétique peut se comprendre à travers
cet exemple : ·ne vole pas si tu ne veux pas aller en
prison·. Et nous remarquons à cet effet qu'il y a là,
une condition. L'impératif hypothétique n'est pas du tout moral
par lui-même, puisqu'il poursuit une action en vue d'atteindre un moyen,
c'est-à-dire un but particulier. Dans cette perspective surgit alors un
grave problème : si se soumettre à la loi est pour nous la
seule manière d'être moraux, ne sommes nous pas sous son
commandement des simples moyens ?
Les impératifs hypothétiques correspondent
à ce qu'il faut faire en vue d'une fin particulière. Ces
impératifs poursuivent un but. En impératif hypothétique,
pour réussir tel projet « X », il faut
accomplir telle action « Y »,
« Z » etc. Ses actions sont des obligations
liées à un but poursuivi. Elles ne sont obligations que dans la
mesure où ce but est recherché et n'ont aucune composante
morale.
Par ailleurs, nous estimons qu'il y a bien là une
opposition tranchée entre les impératifs hypothétiques,
qui peuvent être nombreux et qui sont reliés à une fin
externe, et l'impératif catégorique, unique, qui vaut pour
lui-même et par rapport à un élément
intérieur. Dans ce cas, la place des impératifs dans la
pensée kantienne s'inscrit dans la disposition morale, dans le processus
de la réforme intérieure, du refus du mal et de l'acceptation du
bien.
Les impératifs hypothétiques sont
caractérisés par un accroissement à un
intérêt subjectif. Ces impératifs incluent en eux les
attentes personnelles, c'est-à-dire les intérêts
particuliers à nos « appétits
sensibles », donc à nos ambitions ou à nos envies
personnelles. Voilà pourquoi, avec Kant, il énonce clairement
l'attitude de l'impératif hypothétique de cette
manière : « L'impératif hypothétique
exprime seulement que l'action est bonne en vue de quelque fin, possible ou
réelle49(*) ». Et chez
Kant : « L'impératif hypothétique qui
représente la nécessité pratique de l'action comme moyen
d'arriver au bonheur est assertorique50(*)». Cela dit, toute proposition indiquant la
façon d'être heureux par intérêt, n'est pas un
impératif catégorique, c'est-à-dire inconditionné,
mais un impératif hypothétique, puisqu'il concerne le choix des
moyens en vue de son bonheur personnel, et est par conséquent, le moyen
des intérêts subjectifs.
Il se rapporte à chaque fois au rapport moyen-fin,
soit en ce qui concerne une fin quelconque, autrement dit :
·l'habilité·. Les impératifs
hypothétiques « pourvoient à l'habilité dans
l'emploi des moyens en vue de toutes sortes de fins (...)51(*) ». Bien
sûr, aussi soit relativement au bonheur c'est la
·prudence· : « Or on peut donner
le nom de prudence, en prenant ce mot dans son sens le plus étroit,
à l'habileté dans le choix des moyens qui nous conduisent
à notre plus grand bien être52(*) ».
Le champ de la recherche implique ici la question de la
liberté. Il peut s'agir donc d'une loi morale (impératif
catégorique) ou d'une loi relative, soumise à une condition
(impératif hypothétique), dont les attentes personnelles
diffèrent de celles que l'on désir pour soi. Or
l'impératif catégorique, puisqu'il est moral, implique que nous
agissons de telle sorte que tous nous souhaiterions qu'il s'agisse là
d'un principe universel comme le définit Kant lui-même dans les
Fondements de la métaphysique des moeurs.
L'équivalence ne vaut que pour l'impératif
catégorique en tant qu'elle exprime la loi morale et s'impose au sujet
auquel il faut connaître la liberté. Puisque, « le
sentier de la liberté est le seul où il est possible d'user de sa
raison dans la conduite de la vie53(*) ».
Nous comprenons dès à présent que la
thèse de la liberté est surtout en accord avec la morale qui,
mettant ce qui doit être est au dessus de ce qui est, c'est-à-dire
cette thèse suppose le pouvoir de réaliser ce qui doit
être. Car la liberté n'est rien d'autre que la volonté
morale. Elle est une instruction. Instruction de fonder moralement les vrais
principes et de produire toutes sortes de dispositions morales pures dans les
âmes pour le plus grand bien du monde.
De ce fait, si nous avançons dans le jugement moral,
il se pose le problème de la résolution de comme fondement du
libre arbitre qui est le troisième et dernier moment de notre chapitre.
CHAPITRE TROISIEME :
LA VOLONTE COMME FONDEMENT DE LA LIBERTE
La question de la liberté se pose comme nous le savons,
pour la première fois dans la troisième antinomie de la
Critique de la raison pure. Elle s'y pose en dehors de toute
préoccupation morale. Il s'agit précisément de
l'explication des évènements de ce monde par leurs causes.
A première vue, lorsqu'il s'agit du libre arbitre,
il nous revient de dire que les philosophes depuis Saint Augustin parlent du
libre arbitre pour désigner cette capacité qu'à l'homme
d'acquiescer ou de résister ce qui s'impose à lui, autrement dit
d'arbitrer et de trancher de manière souveraine.
C'est un droit disposant d'une possibilité d'agir ou de
se déterminer à sa guise. C'est pour autant dire que le libre
arbitre est non soumis à une domination étrangère ou
encore à un quelconque pouvoir tyrannique. Si la liberté se
comprend comme fondement du libre arbitre, alors ce problème doit se
poser en termes de la volonté morale, et même, en termes
techniques. Techniques parce qu'ils peuvent être formulés de
manière suivante par différentes interrogations telles : `'
Ai-je les moyens d'agir ? `', `'Ai-je le droit (positif) d'agir, la
liberté me l'autorise-t-elle?''.
Cette liberté, dite intérieure soulève
là un problème d'ordre moral mais aussi métaphysique,
puisqu'à partir de ces deux interrogations ci-dessus, il revient tout
de même de comprendre par la suite que, si nous sommes parfois la cause
de nous-mêmes, nous sommes aussi capables de notre choix. Historiquement,
la question du libre arbitre, de la liberté du choix ou de la
volonté est au fondement même de l'anthropologie. Certes, on dira
que le libre arbitre oriente la réflexion sur un plan qui lui est propre
et qui reflète bien l'esprit de l'anthropologie en le plaçant au
centre d'une dynamique entre la volonté et la liberté. Ce qui
parait bien fondé.
Justement, cette preuve, est-elle une ? Cette attitude
pourrait aussi être, non seulement le résultat d'un choix, mais
l'effet intériorisé des circonstances extérieures. Comment
donc le savoir ? Pour cela, il conviendrait de fonder philosophiquement
l'idée du libre arbitre en démontrant qu'elle est rationnellement
nécessaire ou à défaut possible. Déjà avec
Descartes pour parler du libre arbitre, le sujet humain selon lui se saisit
comme une substance qui pense dans l'expérience du doute
méthodique. C'est ainsi que nous pouvons le lire lorsqu'il
écrit : « Maintenant donc que mon esprit est
libre, de tous soins, et que je me suis procuré un repos assuré
dans une paisible solitude, je m'appliquerai sérieusement et avec
liberté54(*)».
Cela veut justement dire que c'est bien `'moi'' (sujet), qui
pense en tant que sujet libre, qui décide de ce qui est vrai, faux ou
douteux dans mes représentations. C'est aussi le pouvoir de se
déterminer à l'égard de nos pensées. Raison de
plus, la liberté comme libre arbitre de la volonté morale
implique l'idée de liberté intérieure fondée sur
une expérience objective et universelle. C'est une conscience de soi et
un pouvoir de juger en toute autonomie, sans qu'aucune détermination
externe ne puisse être suffisante pour abolir en droit, sinon en fait, la
réflexivité en quoi réside cette autonomie.
L'explication suivante est encore nécessaire pour
déterminer le concept du libre arbitre dans la volonté morale.
C'est pourquoi l'idée de liberté est problématique. Il
faut la supposer pour éviter de faire de l'homme un simple objet soumis
à des déterminations internes ou externes. Par là, nous
pensons à des déterminations d'ordre biologiques, psychologiques
sociales, etc. Mais, sans elle, l'homme ne pourrait être ni responsable
de ses pensées et de ses actes, ni être considéré
comme un sujet moral. Mais, le libre arbitre ici, dont Kant nous parle,
signifie que chacun peut par la volonté morale se déterminer
arbitrairement selon des motifs raisonnables ou non. Ainsi, se demande Saint
Bernard : « Que fait donc le libre
arbitre ? Dis-tu55(*)». La réponse à cette question
conditionne toute la suite du traité de la liberté comme
fondement du libre arbitre. A ce stade, la marge de manoeuvre du libre arbitre
tient dans l'acte du consentement volontaire à l'oeuvre grâce
à la liberté. Donc, où il ya consentement, il y a la
volonté ; aussi, où il y a la volonté, il y a la
liberté. Voilà pourquoi on l'appelle libre arbitre.
Mais, ce pouvoir de libre arbitre serait donc en tant que tel,
extérieur à la raison. De plus, la réalité d'un tel
pouvoir ne peut ni être démontrée a priori, car alors elle
ne serait qu'une simple idée, ni être expérimentée
objectivement. Puisque, la liberté en tant que cause de soi absolue
échappe à la relativité nécessaire de toute
expérience objective possible. Alors, le libre arbitre pour ce faire, ne
serait ni prouvable, ni même rationnel.
Là-dessus, nous sommes tout à fait d'accord avec
la démarche ; puisqu'il n'en reste pas moins que l'action de
l'homme est libre, qu'elle n'est déterminée par aucune de ces
causes et qu'elle peut et doit toujours être une conséquent pour
un usage originel du libre arbitre. C'est pourquoi l'homme est parfois
responsable même de ces conséquences résultant des actions
contraires à la loi qu'il a autrefois entreprises. Or supposer que cette
liberté soit comprise comme libre arbitre de la volonté morale
importe que, Kant confère ainsi à la
« liberté la valeur, non seulement d'une cause efficace,
mais encore d'une fin objective, loin d'être extérieur à la
volonté, est au contraire la volonté même se manifestant
sous son aspect d'universalité et dans son identité essentielle
avec la loi56(*) ».
Examinons ici la position de Kant, pour Kant le libre arbitre
est une idée métaphysique et en tant que telle, la
réalité de son objet n'est ni démontrable logiquement, ni
prouvable expérimentalement. La liberté s'épanouit
à l'extrême pointe de l'instant, dans un espace mental qui est
hors temps, hors image et hors concept.
La philosophie morale se présente comme un guide de la
vie et sans le libre arbitre, la théorie morale de Kant n'aurait aucun
sens. Suivant ce dernier, le libre arbitre est donc le fondement
nécessaire de toute moralité. Pouvoir démontrer ce
système philosophique est indispensable à la morale. A cet effet,
nous sommes amenés à constater que l'imposition à la loi,
à la volonté, engage un nouveau rapport de la liberté au
libre arbitre. Finalement, la réponse qu'on donne à la question
posée suivant la méthode de solution est, et se base sur
l'observation, importante pour la morale, que le libre arbitre est doué
d'une liberté d'un caractère tout à fait particulier,
laquelle ne peut être déterminée à un acte par un
mobile « qu'autant que l'homme a fait de ce mobile sa
maxime 57(*)». Maxime pris pour règle
générale, suivant laquelle il veut se comporter ; c'est
ainsi seulement qu'un mobile quelconque peut subsister conjointement avec
l'absolue spontanéité du libre arbitre avec la liberté.
Elle représente même une qualité du
silence intérieur. C'est d'ailleurs ainsi que les choses se passent dans
une certaine organisation d'ordre d'idée telle que la philosophie morale
de Kant soit féconde. Car, elle nous donne un libre cours,
c'est-à-dire qu'elle nous enseigne, nous guide et nous éduque
à suivre la raison et la loi morale. C'est tout le mérite de Kant
et de Sartre d'avoir approfondi ce concept de libre arbitre en identifiant en
son sein le retour d'une certaine forme de contrainte. Ce qui d'ailleurs nous
conduit à l'idée de responsabilité. D'où la
nécessité de parler de liberté et responsabilité
morale des êtres raisonnables.
1. Liberté et la responsabilité morale
des êtres raisonnables
La thèse de la liberté et de la
responsabilité des êtres raisonnables est surtout et souvent en
accord avec la morale. En effet, le mot responsabilité vient du latin
·respondere·, qui signifie répondre. L'être
responsable c'est l'être qui peut avoir à répondre de ses
actes parce qu'il en a eu la maîtrise. La responsabilité qui
consiste pour l'être de répondre de ses actes découle d'une
responsabilité plus profonde qui se définit comme une
maîtrise des actes que l'on pose. Mais, cette maîtrise, à
quelle condition l'a-t-on ? On est responsable quand on agit selon les
lumières de la raison ; autrement dit, quand on agit selon la
conscience et la liberté de soi.
Parler de la responsabilité dans la philosophie de
Kant revêt un caractère particulier dans l'agir moral. Parce que
toute définition respectable de la responsabilité doit
nécessairement inclure en elle l'idée de
·Zurechnung ·, idée que Kant utilise et
thématise. C'est-à-dire dans le dessein de découvrir ce
qu'il serait convenu de penser sous une expression telle la
responsabilité chez Kant.
L'idée de la responsabilité, est
adéquatement comprise et porte le poids de son étymologie,
d'assimiler la vertu pour des fins utiles, scellant du même coup la
destinée humaine. Par la responsabilité, Kant se livre à
la rigueur intérieure et surtout à l'obligation de vouloir toute
la perfection dont l'être raisonnable est capable.
En effet, sentir le prix de la responsabilité morale
des êtres raisonnables en liberté c'est vivre ensemble avec les
autres selon les normes tout en sachant qu'on ne doit pas être
dérangé ; c'est aussi avoir l'assurance que d'autres ne nous
porterons pas atteintes ou ne nous gênerons pas à tout instant.
C'est d'abord une liberté sociale qui intervient, ensuite morale et
enfin protégée. Voilà pourquoi nous remarquons
l'idée de responsabilité des êtres, sujets raisonnables.
En tant que possibilité de choix entre des possibles
réputés contingents dont nous porterons la responsabilité
devant les autres et surtout devant soi, devant le « tribunal de la
conscience » pour citer Kant lui-même « Le sentier de
la liberté est le seul où il soit possible d'user de sa raison
dans la conduite de la vie58(*)». Il y a là déjà dans
l'idée de la liberté et de la responsabilité des
êtres raisonnables, une condition de l'existence d'une règle qui
nous empêche d'être privés de la liberté : c'est
la responsabilité morale.
Malgré tout cela, l'idée de la liberté et
de la responsabilité des êtres raisonnables à des
conséquences dont nous pouvons relever parmi tant d'autres. La
conséquence est que, l'homme responsable est libre, cependant, pour
être nécessairement libre, il doit répondre à ses
actes, c'est-à-dire aux actes qu'il pose et dont il a conscience, que
ce soit en morale ou encore en droit. Parce qu'il en est l'auteur, donc
responsable bien sûr. Parler de la responsabilité en termes de la
morale signifie que tout acte humain est susceptible d'être jugé
soit par le ·bien· ou par ·mal·, car l'être
humain responsable sa source dans le libre choix. Et qu'à ce titre, la
responsabilité qu'incombe la liberté est aussi la
possibilité de la faute.
Cependant, la liberté introduit la
responsabilité morale qui, elle se dessine en plusieurs fonctions dont
la plus déterminante est la synthèse critique des pressions
extérieures, de la sensibilité ou des apories. A ce niveau par
exemple nous évoquons l'idée des penchants de besoins et de
passions dans le champ de la sensibilité, d'esclavage de tutelle et
d'oppression dans le champ politique, de déterminisme dans le champ
psychologique et socio culturel, de destin dans le champ métaphysique,
d'aliénation dans le champ existentiel ou encore de
nécessité dans le champ de la raison pour ne citer que
ceux-là. Dans chacun de ces domaines, nous remarquons qu'une contrainte
s'impose à l'individu.
Compte tenu de la nature différente de cette
contrainte, la liberté quand elle est possible est susceptible elle
aussi au-delà de tout cela, il va de soi que toute théorie qui
prend l'homme, en tant que sujet raisonnable, sujet moral et responsable, en
dehors du moment où il s'atteint lui-même, où il s'affirme
et s'élève au rang de la dignité est d'abord une
théorie qui supprime l'homme de la vérité. En second lieu,
cette même théorie de la responsabilité est la seule
à donner une dignité à l'homme. Par elle, nous voulons
constituer le règne humain comme un ensemble de valeurs, des valeurs
morales et éthiques.
Et l'homme par rapport à sa condition de responsable,
ne se définit que par rapport à un engagement moral. Il doit se
conformer aux prescriptions de la règle morale. Car, la liberté
suppose une loi morale et exclue une volonté mauvaise qui se
détermine non par la loi morale, mais par la sensibilité.
Voilà qui se justifie dans la mesure où «l'idée
de liberté donne lieu à une antinomie de la raison pure opposant
causalité déterminée et causalité
libre 59(*)». Notre responsabilité est morale car en
tant que sujets libres, nous sommes des êtres de raison. Or, la raison
est précisément cette faculté qui nous permet de ne suivre
que des règles que nous dicte la morale, sans êtres le jouet des
circonstances extérieures, des penchants ou des pulsions animales non
maîtrisées.
La responsabilité morale ici peut se dessiner à
la lumière de cette réflexion comme une prise de conscience de la
condition humaine. Puisque pour ce qui est de la responsabilité morale,
elle est sans faille ; elle permet d'actualiser notre nature d'être
raisonnable. En corroborant cette idée, Hans Jonas
pense: «agis de façon que les effets de ton action soient
compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine ou encore ne
compromets pas les conditions pour la survie indéfinie de
l'humanité60(*)». Pour Hans Jonas, la principale
obligation morale doit devenir la responsabilité fondée sur
l'autonomie du sujet et sur l'universalité de l'action. La
responsabilité c'est aussi le devoir moral, permettant toujours
d'accomplir une action par le respect pour la loi morale.
La responsabilité se présente sous forme d'un
humanisme et d'une philosophie de la liberté qui est au fond un
·pré-engagement· comme le dit Sartre dans
L'existentialisme est un humanisme, pour la dignité de l'homme.
En outre, « s'il est possible de trouver en chaque homme une
essence universelle qui serait la nature humaine, il existe pourtant une
universalité de condition 61(*)». Ainsi, l'éminente dignité
de la personne c'est la condition humaine. Et le point fondamentale au regard
de tout cela ne peut être que la morale.
2. Les différentes sortes de
libertés : la liberté transcendantale et la liberté
pratique ou morale
Tout au long de l'histoire de la philosophie notamment de la
philosophie morale ou de la philosophie politique, les modernes tels Rousseau,
Locke, Kant, Fichte, Hegel et bien d'autres encore, ont plus ou moins bien
abordé les questions philosophiques de la liberté. La
véritable liberté, au contraire, s'applique à une action
qui a des motifs et des buts. Elle doit être intentionnelle,
projetée et décidée. Nous devons pouvoir en rendre compte
de manière intelligible, à soi-même comme à autrui.
Il y a donc quelque chose qui détermine en quelque sorte nos actions,
mais ce quelque chose n'est pas une cause, une pulsion, un désir, une
force, notre milieu social etc. ; c'est plutôt une raison. La
liberté n'est autre qu'une capacité de choix
réfléchi, non nécessité par des penchants.
En sus, en se demandant comment un sujet raisonnable peut
vivre sa liberté vis-à-vis de la société qui a ses
lois, voire, vis-à-vis de ses éducateurs, ainsi que des personnes
qui constituent son cercle de vie, Kant soulève des questions
d'éthique possibles autour de l'autonomie; aussi bien pour être
amené à d'autres réalités qui éprouvent la
liberté. Voilà pourquoi Kant aborde sous cet angle une certaine
démarche, lui permettant de démontrer les possibilités
des libertés dont nous retiendrons entre autres, la liberté
transcendantale et la liberté pratique ou morale. Déjà,
dans la Critique de la raison pure, Kant distingue la liberté
transcendantale de la liberté pratique.
S'agissant de la liberté transcendantale, cette
liberté selon Kant, est une idée cosmologique pure. La
liberté transcendantale fait appel à l'idée d'une
spontanéité pure, absolue dont l'objet ne peut être
donné dans aucune expérience. Puisque, selon lui,
« ce fondement intelligible ne touche aucunement aux questions
empiriques, mais concerne pour ainsi dire uniquement la pensée dans
l'entendement pur ;(...)62(*) ». La liberté transcendantale
n'est que logiquement possible, grâce à la distinction des choses
en soi et des phénomènes.
Certes, quoiqu'elle soit théoriquement
indéterminée, Kant en fait à la volonté humaine une
application. Application pour laquelle elle retient les attributs de la chose
en soi. De là dérive notamment la notion du caractère
intelligible. Ainsi, en expliquant ensuite comment cette liberté est
concevable, il reprend dans la Critique de la raison pure, tout en
l'adaptant plus étroitement aux exigences de la morale, de la
théorie de la liberté intemporelle et du caractère
intelligible.la liberté transcendantale est incompréhensive, et
c'est pourquoi elle est un postulat de la raison pratique. En effet, il admet
la liberté, non plus comme principe de tout le système de la
raison, mais comme postulat, et il semble entendre par là la foi dans la
puissance qu'a la volonté humaine de produire la vertu et de
préparer ainsi l'avènement du souverain bien.
Dans ce contexte, Kant considère la liberté
transcendantale comme une existence supra-sensible, et énonce même
la possibilité qu'elle ne fasse qu'avec ce qu'il appelle comme le dit
Victor Delbos, comme « le substratum supra-sensible de la
nature63(*)».
C'est pourquoi, dans la Religion dans les limites de la simple raison,
Kant paraît prêter au libre arbitre humain un caractère
intelligible comme celui qu'avait la liberté transcendantale.
D'où il « résulte l'adoption dans le libre arbitre
de la maxime souveraine64(*) ». À cet effet, la disposition
naturelle au bien est inséparable de la liberté. Par
conséquent, l'homme dans cet état, devrait toujours se soumettre
à la loi morale, qui s'impose à lui sous forme de défense,
car il n'est pas un être pur, mais au contraire un être
tenté par des inclinations.
Du point de vue du monde intelligible, l'homme est libre. Mais
la liberté est un mystère. Elle est un mystère, parce que
la connaissance de la liberté transcendantale est réservée
à son créateur : Dieu, l'être suprême. On ne
peut pas la prouver la liberté, on ne peut pas non plus la nier. Cette
impossibilité de prouver la liberté transcendantale,
détermine l'intérêt même que l'homme porte à
la loi morale, en voulant atteindre les noumènes. Or, les
noumènes sont inconnaissables pour l'être humain ; les
noumènes relèvent de l'ordre du monde intelligible. Pour Kant,
la liberté n'est pas un phénomène sensible, mais elle est
un phénomène intelligible. Ce qui finalement à conduit
Kant à l'idée de la division de deux mondes : le monde des
phénomènes et le monde des noumènes. Cette idée
éclaire en quelque sorte le fait pour l'homme de pouvoir être
déterminé par les phénomènes et, cependant
être libre en soi. Le caractère intelligible est la cause des
actes de l'homme. Mais, reconnaître le caractère intelligible
comme cause de la liberté de l'homme c'est dans une certaine mesure
mettre en péril la liberté morale de l'homme. « On
ne peut pas connaître la liberté on la pense et Kant voit en la
liberté un fait 65(*)», écrit Eric Weil. Cela dit, étant
donné que la liberté est indémontrable, elle est donc une
idée de la raison dont la réalité objective est en soi
douteuse. Expliquer cela serait la défigurer.
Ensuite, dans le deuxième axe, nous focalisons notre
réflexion sur la liberté pratique ou morale. En effet, entendue
comme telle, dans l'optique kantienne, la liberté pratique ou morale
est la simple indépendance de notre volonté à
l'égard des mobiles sensibles et peut être démontrée
par l'expérience. Contrairement à la liberté
transcendantale qui ne peut être donnée dans aucune
expérience, Kant distingue la liberté transcendantale de la
liberté pratique.
Dans les Fondements de la métaphysique des
moeurs, Kant, part de l'idée même d'autonomie pour concilier
ou pour identifier la liberté transcendantale et la liberté
pratique. Il s'exprime en ces termes : « Supposé
que la volonté d'une intelligence est libre, il en résulte alors
nécessairement son autonomie, comme la condition formelle qui est la
seule sous laquelle elle peut-être déterminée66(*)». Il est
évident que la liberté morale préside à la
fondation du caractère, c'est-à-dire, être libre ce n'est
pas seulement se conformer à la loi du devoir, mais c'est aussi
obéir à l'ordre du monde.
Contrairement à la liberté intelligible ou
encore transcendantale qui se soustrait à la condition de la
temporalité, la liberté pratique ou morale est, une
élucidation de la raison éclairée pour le triomphe de
l'humanité. En effet, la liberté morale, fondement du devoir, est
la faculté qu'a tout être raisonnable d'agir indépendamment
des lois de la nature. La nature humaine est donc faite de raison et de
liberté. En ce sens, le concept de liberté prend le sens
purement rationnel. C'est pourquoi dans la Critique de la raison
pratique, Kant commence par développer systématiquement
l'idée de liberté comme causalité pratique
inconditionnée ; il l'explicite de la manière
suivante : « si l'on percevait la possibilité de
la liberté d'une cause efficiente, on percevait aussi, non simplement
la possibilité, mais bien encore la nécessité de la loi
morale comme loi pratique suprême des êtres raisonnables, à
la volonté desquels on attribue la liberté de la
causalité, parce que ces deux concepts sont si inséparablement
liés qu'on pourrait également définir la liberté
pratique par l'indépendance de la volonté à l'égard
de toute loi autre que la loi morale67(*)».
La liberté pratique, puisque la question de la
liberté transcendantale est réputée décidable chez
Kant, dans la Critique de la raison pure est le pouvoir du
·Bien·. La liberté de ce fait serait le sens même de
l'existence humaine, le Bien serait immanent à la liberté. Or,
la liberté en tant qu'elle est liberté, n'échappe pas
à la définition nominale, c'est-à-dire qu'elle serait la
capacité d'actions pensées qui deviendrait le but suprême
de l'homme. Dans cette mesure, la liberté, qu'elle soit pratique ou
morale, implique l'usage de la pensée, plus précisément de
la raison, afin de former des idées adéquates sur le monde.
Donc, dans le cas du philosophe allemand, la liberté
n'offre qu'une unique possibilité, celle de devoir faire le bien.
Certes, on a un choix premier, celui d'être libre. Mais, une fois qu'on a
choisi d'être libre, une fois qu'on s'est acquitté de la
tâche de devenir libre, il ne reste alors qu'une seule
possibilité, celle de faire le bien. A cela, on peut répondre
certainement que la liberté contraire à celle de faire le bien
est celle de faire la mal.
Admettons que nous ayons toujours le choix entre être
libre dans le bien ou devenir esclave du mal, on s'enfonce après dans
une contradiction bien plus indénouable. Il se dégage clairement
l'idée de liberté de toutes les contradictions liées
à son interprétation en termes de spontanéité, et
en termes d'absence de contrainte. Or chez Kant, nous devons être
libres. Si cette loi morale qui nous impose le bien en échange de la
liberté est universelle, elle ne supportera nulle singularité,
nulle contingence et nous serons libres à cet effet de la suivre.la
liberté morale ou pratique a un solide fondement souhaitable ; elle
donne du prix à la simple progression vers plus de liberté,
c'est-à-dire que l'idéal de liberté morale ou pratique
pourrait exprimer un investissement positif de l'avenir. Il serait pleinement
humain en ce qu'il impliquerait totalement la capacité de penser
rationnellement.
C'est ainsi que, l'analyse de la liberté morale est
à cet égard significative. Toute expérience morale est
indissolublement expérience de la loi et expérience du choix.
L'expérience morale qui impose l'idée de cette liberté
n'est pas seulement celle de la bonne volonté, c'est aussi celle de
l'impératif catégorique. Entre ces deux conceptions de la
liberté, il n'y a pas selon Kant contradiction, mais
réciprocité : sans l'existence de celle qui pose la loi, il
ne serait pas possible de connaître la seconde.
La conception kantienne de la liberté morale n'est
pas simple et elle ne va pas de soi. Elle est héritière et
tributaire des grandes thèses de la Critique de la raison
pur ; ce qui ne peut se comprendre que si l'on admet la distinction
entre les phénomènes et les noumènes. Comme chez Platon,
il y a aussi chez Kant le souci de sauver les apparences et de justifier
l'expérience morale elle-même qui n'est que la face visible et
connaissable d'un monde intelligible existant en soi et que nous participions
en quelque manière. C'est pourquoi, s'il admet une liberté
capable de dire non à sa propre loi, seule est définie
positivement celle qui est législatrice universelle, raison pratique et
autonomie, cette liberté qui doit constituer le fondement ultime de la
moralité.
Et Kant renchérit : « tout
être qui ne peut agir autrement que sous l'idée de la
liberté est par cela même, au point de vue pratique,
réellement libre, c'est-à-dire que toutes les lois
inséparablement liées à la liberté valent pour lui
exactement de la même façon que si sa volonté eût
été aussi reconnue libre en elle-même et par des raisons
valables au regard de la philosophie théorique68(*)». Il soutient
encore « qu'à tout être raisonnable, qui a une
volonté, nous devons attribuer nécessairement aussi l'idée
de la liberté, et qu'il n'y a que sous cette idée qu'il puisse
agir69(*)». Pour
lui, la nature humaine est donc faite de raison et de liberté. Ainsi,
l'homme conçu comme raison et comme liberté, devient par
lui-même le vecteur de la loi morale.
Ce sont là quelques aspects d'une morale que Kant a
voulu aussi rigoureusement construire que sa théorie de la connaissance,
et qui répondent au souci de sauver les valeurs morales menacées
par le dogmatisme maladroit autant que pour le scepticisme et le
matérialisme du XVIIIe siècle. Ainsi, pour faire apparaître
la liberté morale dans toute sa pureté, Kant procède
à la manière d'un chimiste, c'est-à-dire il institue une
expérience cruciale qui permet de dégager, de façon libre,
toutes souillures, le corps pur de bonne volonté.
Cette résolution de toujours distinguer le corps
pur de l'empirisme est dominée par son entreprise morale. Car la
liberté n'est pas un être, mais, l'être même de
l'homme. Et donc, la condition première de l'homme c'est la
liberté ; elle est l'action. Comme l'a si bien dit Sartre :
«L'homme est libre, l'homme est liberté70(*)».
Si l'homme est libre, la morale kantienne implique en tout
être raisonnable la liberté et la recherche de cette
liberté dite morale part toujours de l'ordre de la dimension
intérieure de la conscience humaine. Donc, ce que nous avons de
spécifiquement humain à cet effet, c'est la part
d'humanité à rester libre. Car la catégorie
fondamentale de la vie c'est la liberté. Et Rousseau
écrit: « En renonçant à sa
liberté, l'homme renonce à sa qualité d'homme, et rien ne
peut compenser la perte de sa liberté71(*)». Si l'homme pert sa liberté, il
pert aussi sa dignité et s'aliène ; à ce moment il
devient vil et méprisable. Toute valeur morale conduit l'homme à
l'humanité, puisque l'humanité en l'homme exige une part de
raison. En d'autres termes, c'est la loi prise en termes de devoir qui ne
doit pas être subordonnée aux besoins empiriques ou aux mobiles
pathologiques.
Le devoir à cette dignité chez Kant est que
la morale conjugue la loi et la liberté. Et la conscience de
l'obligation morale donne à l'homme l'assurance de la valeur infinie de
son être. Contrairement à ses prédécesseurs, chez
Kant c'est la présence de la loi morale qui est au coeur de l'homme qui
lui manifeste son indépendance à l'égard de
l'animalité et donne à son existence une détermination.
En outre, d'une part, l'affirmation de la liberté
repose sur celle de la loi morale ; d'autre part, cette même
liberté fonde la loi morale. La liberté morale avec la raison
pratique, se conçoivent vraie que dans le monde intelligible dont
l'idéal est contraignant pour un être qui fait partie de l'univers
des phénomènes. Sans être connue comme telle, elle est
possible, puisque l'homme se pense être à la fois libre et
déterminé. Ce résultat apparemment assez mince,
répond pourtant à l'intention de Kant. Dans les Fondements de
la métaphysique des moeurs, il a voulu fonder à priori la
morale hors de toute expérience, hors de l'expérience morale
elle-même, puisque rien ne prouve qu'il eût jamais un acte accompli
par bonne volonté. A ce titre, Jean Ferrari reprenant les idées
de Kant, intervient et affirme : « La liberté est
seulement la condition dernière de l'impératif
catégorique, cela suffit à en faire la clé de voûte
et le principe suprême de toute moralité72(*)».
Toutes ces diverses conceptions de la liberté :
liberté transcendantale, pratique et morale, doivent être
indistinctement unies dans un exposé ou un examen de la doctrine
kantienne. Mais, si l'on veut tâcher d'en expliquer la diversité,
ou même l'apparent désaccord, il faut tenir compte des
différences des points de vue auxquels Kant a considéré la
liberté, et de la hiérarchie qu'il établissait,
implicitement ou explicitement entre les différentes significations de
ce concept ; de l'évolution de sa pensée qui l'a conduite de
plus en plus à exclure ou omettre l'idée de la liberté les
éléments transcendants et inapplicables pour en retenir les
éléments applicables et immanents sans préjudice,
toutefois pour un système même de la raison pure.
Quand on lit par exemple, l'une des trois critiques, on ne
peut s'empêcher de reconnaître que diverses parties n'en sont pas
d'une même venue, et que l'effort de production nouvelle ou de
démonstration rigoureuse ne s'étend pas également, tant
s'en faut, à l'oeuvre entière. Kant s'est donc
référé à des développements
antérieurs de sa pensée, exprimés le plus souvent dans ses
leçons. Quant à cette concordance interne des idées sur la
liberté, elle n'a été souvent aperçue et
établie par Kant qu'à la suite d'un long effort. Avant de
construire son système, et pour le construire, Kant à commencer
par éprouver isolément la plupart des concepts qui devaient y
entrer pour en examiner le sens et les conditions de validité.
3. Analyse et évaluation de la question de la
volonté et la liberté.
La question de la volonté et de la liberté tient
dans la conduite morale. A l'évidence, la loi morale ne connait aucune
présupposition. Elle commande absolument et l'action doit être
accomplie par la bonne volonté ou encore avec une volonté
autonome. L'on doit se proposer une dignité en établissant les
règles et les normes universelles de conduite. Quoiqu'il en soit, si tel
est le cas, alors tout être raisonnable ne doit vivre pleinement en
conformité avec les autres que sous le respect de la loi morale.
En réfléchissant sur l'idéal
libérateur, nous pouvons dire tout de même que, la liberté
recherchée, serait la qualité d'une existence qui ne serait
entravée par aucun pouvoir arbitraire. C'est la visée de la vie
sociale et morale qui aurait éliminée tout pouvoir
procédant de l'intérêt particulier de ceux qui le
possèdent ou le contrôlent au détriment de
l'intérêt d'autrui. Dans la question de la volonté et de la
liberté il faudrait à cet effet, organiser la
société de telle manière que toute règle et tout
pouvoir qui en procèdent se donnent comme parfaitement justifiés
en raison.
S'il est permis par exemple de tout permettre, nous ouvrons la
porte aux penchants, aux inclinations, et la liberté de ce point de
vue se trouverait bafouer et ne serait nullement érigée en
précepte moral de portée universelle. Donc, dans cette
universalité de la condition humaine, il faut des règles,
d'où la question de l'identité humaine. La discussion rationnelle
étant la règle des exigences, la morale doit ancrer de
manière définitive, en ayant la plénitude du sens de
responsabilité. On peut cependant dresser une philosophie de l'histoire,
en supposant une éducation de la liberté raisonnable, en faisant
appel à la raison que l'homme porte en lui. La question de la
volonté et de la liberté se pose beaucoup plus là
où l'insécurité morale est ressentie ; c'est
pourquoi, elle doit guider les actions et la conduite des hommes. Et Kant
écrit à l'évidence que : «l'homme ne doit
pas simplement être apte à toutes sortes de fins, mais il doit
aussi acquérir une disposition <Gesinung> à ne choisir
que les fins bonnes. Des fins bonnes sont celles qui sont nécessairement
approuvées par chacun et qui au même moment pourrait être
les fins de chacun 73(*)». Cette conception kantienne doit
être prise en termes de devoir, puisque l'homme foncièrement
déterminé par des lois morales du devoir, c'est-à-dire,
qu'il être soumis à des fins universelles
désintéressées.
Nous devons accepter nos différences afin qu'elles
soient une source d'acceptation de nos enrichissements culturels. Et, c'est ce
qui fait que vivre moralement est une bonne chose ; nous devons
gérer pacifiquement nos intérêts du jeu,
c'est-à-dire faire de telle sorte qu'ils soient reconnus universellement
par tous. Kant le montre aussi bien lorsqu'il
affirme : « l'acte de poser de soi-même une
législation universelle suffit pour intéresser la volonté
et la rendre capable d'y obéir74(*) ». En d'autre termes, veut que nous
puissions nous détacher de tout intérêt empirique afin que
nous nous considérions comme des êtres libres et raisonnables dans
l'action, et cependant nous tenir pour soumis à certaines lois, afin de
trouver dans notre seule personne une valeur. Cette analyse de la
volonté et de la liberté cristallise notre manière
d'être spécifique dans le sens qui s'intéresse à la
pensée de l'avenir et du potentiel de développement de
l'intelligence humaine.
A partir de ce point de vue, que nous soyons dans nos ethnies,
nos langues, nous devons reconnaître notre identité culturelle de
façon à reconnaitre l'autre et dans le sens de
l'universalité. D'où l'appel à l'éthique morale ou
encore à la responsabilité morale, pour enfin aller à la
rencontre de ce qui est bien. C'est aussi vivre en harmonie et ensemble, de
façon cohérente. C'est la perspective du ·vivre
ensemble collectif·, pour paraphraser Ernest Renan. Au fond donc de
cette analyse nous dirons que le fondement de toute morale possible
c'est-à-dire qui puisse se justifier comme morale d'une volonté
pure qui se veut universelle, à pour critère le concept de
possibilité d'une société humaine. A la limite, la morale
pure se contente de condamner telle morale donnée qui a pour fond le
mensonge, la transformation des êtres humains en instruments du non
respect pour la dignité humaine, et donc vers la barbarie ou la
violence.
A cet effet, la solution sera envisagée par une
éducation, par la volonté et la liberté, faisant appel
à la raison que l'homme porte en lui, raison qui doit amener les hommes
à se soumettre à la volonté générale, la
volonté d'universalité qui est toujours droite. De la philosophie
morale, naît une réflexion sur les morales
développée, comme le dit Eric
Weil : « comme théorie par l'homme agissant, qui
la veut valable, acte de diriger son action de façon non arbitraire vers
un bonheur déterminé sans arbitraire, c'est-à-dire qui
veut une théorie vraie (universelle)75(*)».
A partir de ce moment, il est inutile de raisonner de
façon absurde. Et en tant qu'africain, nous ne pouvons pas rester en
marge de ce type de débat à l'échelle planétaire,
que ce soit au point de vue politique, social, économique et moral, nous
devons toujours exprimer la part de notre volonté, de notre
liberté et de notre responsabilité morale. Cette part qui est
inhérente en chacun de nous au niveau des institutions et grâce
à la systématisation du dialogue. Et la morale ici se trouve
formulée comme la principale vertu des institutions sociales. «
C'est la nature de la vertu76(*) », a dit Aristote. Ainsi, l'homme est
raison, capacité d'action, volonté. Par elle, il faut
développer la justice, la tempérance et le courage. D'autant que
la morale a pour but suprême d'organiser une société
proprement humaine dont les membres puissent vivre en paix.
De plus, l'on ne peut plus non plus nier que dans la
philosophie kantienne, le raisonnement se double en filigrane, d'une
pensée morale, voire religieuse. Selon Kant, même le sujet
individuel est doué d'une puissance raisonnante qui lui permet de
dépasser l'agencement mécanique de son existence animale et que
c'est uniquement à ce titre que sa participation au progrès est
possible. Ainsi, Darbelley en commentant Kant le soutient et
écrit qu'il faut «demeurer constamment au sentier du
devoir afin que la raison puisse nous fournir des lumières
nécessaires et nous révéler notre but final, tendre
d'abord au règle de la raison pure pratique et à sa
justice77(*)».
Cela dit, la nature raisonnable oriente les comportements humains vers un but
positif et empêche les pulsions humaines de contrecarrer son
développement culturel. Voilà pourquoi Darbelley ajoute à
ce propos : « Il ne suffit pas de faire confiance
à la nature, (...), il faut rechercher la justice dans chacune de nos
actions78(*)».
Car, la moralité ne pourrait être réalisée sans un
minimum de bonne volonté de la part des hommes.
La solution à ce propos ne peut se laisser trouver que
dans l'accord nécessaire entre mécanisme universel et raison
pratique, avec prééminence de celle-ci sur celle-là. C'est
la bonté du vouloir humain l'emportant sur le bien être. Comme
nous le savons, Kant réserve une place importante à la valeur
morale de l'homme, à sa dignité, sa valeur absolue et
sacrée mais aussi par sa conviction intérieure, par une ferme
assurance qui établit même sa filiation avec Dieu. Kant enseigne
qu'on ne peut faire un pas sans avoir d'abord rendu hommage à morale par
la volonté et par la liberté. Le règne de la morale nous
demande le dépassement du mécanisme purement naturel par la
raison humaine.
Toutefois, affirme Cassirer : « Kant ne prend
donc pas l'idée de l'homme naturel au sens purement scientifique ou
historique, et lui donne plutôt une signification éthique et
téléologique (...). Kant cherche la cohérence non dans ce
que l'homme est, mais dans ce qu'il devrait être, et il fait gloire
à Rousseau, philosophe éthique, d'avoir discerné
« l'homme réel » en dépit des
déformations qui le dissimulent et de tous les masques que l'homme
à créés pour lui-même et qu'il a portés au
cours de son histoire79(*)
». En caractérisant les pensées et écrits,
Cassirer souligne à l'instar des philosophes anciens tels Platon par
exemple, une étroite affinité entre Rousseau et Kant, en liant la
volonté générale à la volonté autonome
conduisant toutes deux à la liberté. Vu de cette façon,
Victor Delbos ajoute que : « Rousseau est selon Kant le
Newton du monde moral. Comme Newton a trouvé le principe qui relie
entre elles les lois de la nature matérielle, Rousseau a
découvert la vérité simple qui éclaire dans toutes
ses profondeurs la nature humaine80(*)». C'est pour dire que la
détermination morale est un paradigme, c'est-à-dire un moyen
absolu de défaire l'homme de l'animalité. Toutes les valeurs
morales prises dans cette dimension, représente selon Kant le point
d'achèvement de l'histoire de l'humanité.
Au regard des analyses portées, sur la
volonté et la liberté pour saisir l'homme, il convient finalement
de repréciser que l'homme chez Kant, soumis à la loi morale est
défini à la fois comme sujet de connaissance, sujet moral et
sujet d'espérance. En d'autres termes, il est à la fois raison
pure, raison pratique ou volonté autonome et foi pratique. Kant a donc
dégagé à la fois, le sens ontologique, métaphysique
pragmatique et pieux, c'est-à-dire de l'accomplissement religieux de
l'homme. Ce qui peut faire de l'homme le fondement de la loi morale.
L'idée essentielle qui se dégage de notre
étude révèle bien suivant la conception kantienne de la
morale la volonté et la liberté, deux concepts contenus dans les
Fondements métaphysiques des moeurs, l'étude de la
nature intrinsèque de l'homme. Car « la nature ne fait
rien en vain81(*) ».
Si la philosophie morale est une oeuvre qui doit se parfaire
à travers de multiples générations, dont chacun
progressera vers la perfection, l'humanité quant à elle
progressera par un développement gradué et conforme à la
finalité universelle par la volonté et par la liberté. Et
le problème moral reste à cet effet, le problème le plus
grand voire le plus ardu qui puisse se poser à l'homme. Car, il est si
vrai que cette activité fait partie intégrante de la vie
culturelle de l'humanité. Cette problématique de la
volonté et liberté exposée dans les Fondements de la
métaphysique des moeurs de Kant a pour tâches majeurs de
discipliner la pensée, de cultiver, de civiliser et de moraliser.
Notons tout de même à ce propos que Kant n'ignore
pas l'inclination, l'intérêt et le plaisir. Simplement, il ne leur
accorde qu'une valeur relative, subordonnée chez l'individu à
l'amour du prochain et au bien-être universel. Mais, si grand que soit le
penchant animal de l'homme, sa tendance à l'anarchie, à la
bestialité, à corrompre la liberté et a se livrer
passivement aux inclinations, sa raison le destine à l'inverse à
se rendre digne à l'humanité, de manière agissante, se
dépouillant de la grossièreté de la nature. Mais Kant
promulgue le primat du devoir avec l'intention très de former le citoyen
du monde. D'autant que la morale a pour but suprême d'organiser une
société purement humaine dont les membres puissent vivre ne paix.
A cet effet, l'accord portera sur le principe de la conduite
dont nous citons entre autre la bonne volonté, l'impératif
catégorique, la volonté, la liberté, etc. Comme l'a su
dire Josiane Boulad Ayoub par la suite que : « Kant a
dû éprouver une nouvelle satisfaction par cette tentative82(*)».
CONCLUSION
Il est généralement admis que l'existence
humaine ne peut se constituer sans corpus éthique soutenu par la
pensée rationnelle. C'est d'ailleurs la condition du passage de
l'animalité à l'humanité chez l'homme. Kant s'est donc
fondé en raison pour postuler une morale rigoureuse basée sur le
principe moral qui invite une lecture plus ou moins critique, permettant d'en
énoncer trois (3) logiques essentielles : la logique du bon, du
beau et du bien. Celle du goût n'étant pas sans importance.
Au premier chapitre, nous avons l'inventaire de quelques
concepts de cette philosophie à savoir : les concepts de
·volonté · et de ·liberté· selon
lesquels, chez Kant, il énonce qu'ils apparaissent comme toute
faculté tendant au bien connu par l'intelligence et, qui cherche
à éviter le mal, connu de la même manière. Mais,
puisqu'on définit la liberté comme « l'état
de la personne qui fait ce qu'elle veut 83(*)», les rapports entre la volonté et
la liberté doivent être mis en lumière.
D'où : « L'être raisonnable doit toujours
se considérer comme législateur dans un règne de fins qui
est possible par la liberté de la volonté 84(*)».
Au deuxième chapitre, nous avons scruté de
façon structurelle les résultats obtenus, en appliquant la
volonté et la liberté comme des fondements moraux. C'est
pourquoi, la liberté et la volonté, plongées dans la trame
de la philosophie de Kant, deviennent des éléments de la raison
pure pratique, limitée dans l'action morale dont la fonction
législatrice, à cause des épreuves des inclination, est
soutenue par « l'autonomie », avec laquelle, la
volonté et la liberté exercent une croisade dialectique comme
fondement du sujet moral, en ce qu'il assure la répression du mal pour
permettre l'accès au bien connu par la loi morale.
C'est ainsi que nous soulignons la priorité
donnée à la procédure d'argumentation, issue du paradigme
de la philosophie morale, prescriptive de l'impératif
catégorique, bien sûr, sous l'éclairage de la
post-modernité et de la néo-modernité. L'exigence
d'émancipation devrait être amorcée par le vouloir
pratique de la morale selon lequel ·l'homme, est-ce un moyen ou une
fin en soi ?· Il est absolument une fin en soi. Car, au regard
de la finitude et de l'essence de l'homme, Kant conçoit une loi morale
dont tous les principes et préceptes ont une exigence de perfection.
Cela traduit sans ambiguïté et, dans le même fil que, la
théorie kantienne de la volonté et de la liberté comme
équité morale, énonce déjà un des principes
des droits de l'homme selon lequel : ·nul ne peut être
privé de sa liberté pour un plus grand bien de la
communauté ou des autres·.
Au troisième chapitre, nous avons mis en exergue la
nécessité de la circulation de l'expertise générale
de la société à travers le model procédural et le
model institutionnel du centre à la périphérie du
système moral. Ce téléguidage de la conduite humaine
plaît aux pouvoirs, quels qu'ils soient : politique, militaire,
syndical, parental, religieux, etc. c'est donc installer la conscience comme
phare de la vie humaine. C'est insérer entre l'ordre transmis et
l'exécution de l'ordre. Autant dire que la raison pousse suffisamment
chacun de nous vers les fins de l'être humain pour que l'immense
majorité puisse prendre dans chaque situation, la décision lui
convienne. Et nous pouvons corroborer l'idée de ces résultats aux
observations que faisait déjà Voltaire à ce propos
que: « la morale est la même chez tous les hommes qui font
usage de leur raison85(*)».
Il en découle à cet effet que, c'est dans la
problématique de la volonté et de la liberté,
soulevée par Kant dans les Fondements de la métaphysique des
moeurs, que la morale demeure la condition sine qua non de possibilité
de la vie, de toute activité humaine, aussi petite qu'elle soit.
Impérieuse nécessité, exigence ou besoin de la raison. Et
nous pouvons ajouter que c'est la morale qui justifie le cadre a priori de
notre existence, de la réalisation de la meilleure forme de vie,
authentique, digne et vertueuse.
C'est même la raison pour laquelle, nous inviterons
l'intellectuel philosophe à devenir un soldat de la morale, bien
éduqué. Dans le souci d'élucider la question, nous
convoquons à ce propos Alain qui affirme : « Entrer
dans la vie morale, c'est justement se délivrer des règles, juger
par soi-même, et, en définitive, n'obéir qu'à
soi86(*) ».
Cela dit, suivre en toute sa conscience, c'est la seule manière de
fonctionner qui convienne à un être raisonnable. Et Sartre a eu
raison de dire que nous sommes « condamnés »
à la liberté.
Autrement dit, le mot liberté n'évoque qu'une
seule catégorie de valeurs, les valeurs morales. Et la valeur morale
à cet effet ne peut se définir, elle aussi, qu'en terme de
liberté. Comme la liberté permet de faire le choix, la
qualité morale sera une qualité qui permet à l'être
humain de faire tourner à son avantage l'exercice de sa liberté.
Nous pouvons aussi retenir que la volonté et la liberté sont des
phénomènes qui font l'apanage de l'être humain, et qui
échappent à l'instinct.
Partant de ce constat, l'être humain est donc
doué d'une volonté libre et, d'une liberté. Il est
d'autant plus important de bien distinguer ces deux catégories de
valeurs, que c'est un lieu commun de dire que, nous vivons dans un monde qui
substitue les moyens aux fins. Car le but poursuivi est d'aboutir à une
refondation éthique, nécessaire par la reformulation de
l'impératif kantien, du devoir et de l'action à partir de la
relecture des principes d'·universalité· chers à
Kant.
En quelques mots, soulignons qu'à l'école de la
philosophie morale, nous sommes appelés à réunir les
conditions de transformation des mentalités ; c'est le lieu pour
nous, de nous enrichir de la leçon kantienne de la démarche de
l'auteur des Fondements de la métaphysiques des moeurs.
Nous devons, à la suite de Kant renforcer la
médiation de l'universel aussi bien au niveau des relations
interpersonnelles, nationales qu'internationales, c'est-à-dire redonner
à l'être humain le rôle et la place qui lui revient de
droit.les exigences morales de la volonté et de la liberté,
formulées par Kant nous présentent un immense gerbe de
qualité morales telles :la sobriété, la
tempérance, le courage, la générosité, la douceur,
la justice, la tolérance, les valeurs civiques, morales et universelles
qui sont en même temps aussi des vertus de la paix ; vertu qu'il a
cueilli dans la jardin de la vie humaine et qui nous offrent une solution
satisfaisante. Cette solution, n'est autre que celle qui concerne l'acceptation
d'un autre que soi, la vie en groupe ou en société, les
appartenances ethniques, familiales et raciales.
Tout cela suppose la proscription des actes immoraux tels
l'incivisme, la haine, le racisme, et la xénophobie qui dénigrent
et déshumanise l'homme. D'où l'appel à l'éduction
morale. Puisque pour Kant « la vie possède un sens,
une valeur, elle est le lieu de l'action et loin de subir le temps comme un
destin, l'homme l'ordonne87(*)». L'on comprend donc pourquoi l'idée
de volonté et de liberté définit une tâche immense,
noble à réaliser ensemble dans la légalité morale.
Il faut conclure avec Kant que la question de la
volonté et de la liberté ouvre des perspectives sur l'importance
morale en l'homme ; la liberté, l'immortalité et
l'accomplissement religieux. Il y a toujours pour Kant une place pour l'espoir,
de telle manière que dans certaines conditions, l'impossible devient
possible. Cela dépend de notre volonté d'agir, de notre sens du
devoir envers soi-même et envers les autres, du respect pour la vie.
L'esprit d'équité, d'égalité, de concorde et de
bonté que reconnaît en tout homme la même identité
humaine fin que le même destin puisse guider chaque homme, sitôt
que celui-ci écoute la voix de la raison pratique qui résonne au
plus profond de son coeur et de son âme.
Vouloir faire de ses éléments de volonté
et de liberté un exposé procédant selon une logique
interne serait allé au-delà de ce qu'offre l'original et
relèverait davantage de l'interprétation. Il est possible, en
revanche de poser quelques questions : qu'est ce que la
volonté ? Qu'est ce que la liberté ? A qui
s'adressent-elles ? Quelle volonté et quelle liberté faut-il
donner ou recevoir pour former des esprits éclairés et
épris de morale ? Cependant toutes ces questions laissent ouvrir le
débat.
Mais, au-delà des résultats de toutes
études consacrées pour la question morale chez Kant, nous disons
en définitive que, la problématique de la volonté et de la
liberté, selon l'indication thématique de notre réflexion,
est à l'évidence une source de coexistence pacifique ; le
socle même de fraternisation des consciences. Ce socle, constitue selon
nous, la charte du troisième millénaire portée vers la
mondialisation.
Dès lors, il se dégage que l'homme est, du
point de sa volonté autonome et de sa liberté, capable
d'instituer définitivement les lumières par une
métamorphose morale pour enfin protéger le genre humain dans sa
dignité et dans sa valeur absolue. Ce qui à coup sûr,
permettra aujourd'hui d combler le vide éthique. Autrement dit, la
perfection morale réalise la liberté par delà le
progrès de l'humanité. La nature humaine est donc faite de
volonté et de liberté comme point d'achèvement de
l'humanité. Voici là quelques pistes pouvant aider
l'humanité à renouveler le questionnement sur l'actualité
de la morale kantienne.
BIBLIOGRAPHIE
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présentation par Alain
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l'allemand par Luc Ferry et
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moeurs, traduction Victor Delbos,
Paris, Librairie Générale
française (LGF), 2010.
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de vue cosmopolitique, traduit
par S.Piobetta, Paris, éditions Aubier
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raison, traduction
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traduction, présentation et commentaires de
J-J. Barrère et C. Roche, Paris,
édition, Nathan, 1991.
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Paris, huitième édition,
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Essai philosophique, traduction
précédée
d'introduction historique et critique, Paris, PUF, éditions
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traduit de l'allemand et
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collection dirigée par André
Robinet, Paris, édition Seghers,
1971.
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dirigée par Jean Pierre
Zarader, Ellipses, édition
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édition Vrin, 1963.
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C. Autres ouvrages
Alain, Propos d'un normand, Paris, édition
Gallimard, Tome III, 1956.
Aristote, Ethique à Nicomaque, traduction J.
Tricot, Paris, édition Vrin, 1983.
Arendt (H), La crise de la culture, traduction P.
Levy, Paris, édition Gallimard,
« collections
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Birault (H), Heidegger et l'expérience de la
pensée, Paris, édition Gallimard,
1978.
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édition Fidès, Montréal, Québec,
1984.
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espérance 1959, traduction F. Wuilmart, Paris, éd.
Gallimard.
De Clairvaux (B), La Grâce et le libre arbitre,
introduction et traduction par
Françoise Callerot, Paris,
édition Cerf, n°393, 1993.
Delbos (V), Figures et doctrines des philosophes,
Paris, édition Plon, 1929
Descartes (R), Discours de la méthode, suivi
des Méditations métaphysiques,
présentation et annotation par
François Misrachi, édition 10 /18,
Paris, collection dirigée par
Christian Bonnet, juillet 1988.
Huisman (D) et Vergez (A), Court traité de
philosophie, Paris, édition Nathan,
1969.
Jonas (H), Le principe responsabilité, essai
d'une éthique pour la révolution
technique, traduction, J. Greisch, Paris,
édition Cerf, 1990.
Second (L), Le Nouveau Testament, traduction
d'après le texte grec par Louis
Second, Version revue, 1975.
Le Senne (R), Traité de morale
générale, Paris, P.U.F, 1967.
Locke (J), Essai philosophique concernant l'entendement
humain 1690,
traduction Costes, Paris, édition
Vrin, 1972.
Rousseau (J.J), Du Contrat social,
« collection les Intégrales de Philo », Notes et
commentaires de J. Braunstein, Paris,
édition Nathan, 1998.
Sartre (J.P), L'Existentialisme est un humanisme,
Présentation et note par Arlette
Elkaïm Sartre, Paris, édition
Gallimard, 1996.
Thomas d'Aquin (St), Somme
théologique (1267-1268), cité par J. Rassam,
« coll.
Sup », Paris, PUF, 1969
Platon, Gorgias, traduction Chambry, Paris,
édition Garnier-Flammarion, 1967.
Voltaire, Dictionnaire philosophique, Paris,
Garnier-Flammarion, n°28, 1964.
D. Articles
Delbos (V), « Sur la théorie
kantienne de la liberté», Bulletin de la
société
française de philosophie,
n°1, janvier 1905, (Ve année),
séance du 27 Octobre 1904.
INDEX DES NOMS
Alain, 66.
Arendt (H), 24.
Aristote 3, 61.
Augustin (St) 45.
Ayoub (JB) 64.
Bloch (E), 13.
Darbelley (J), 61,62.
Descartes (R), 13, 46.
Ferrari (J), 56.
Jonas (H),
Kant (E), 1-5, 6, 7, 8-10, 11, 12, 13, 14, 15- 21, 23, 24, 28-
36, 38, 39, 41-43, 47, 49, 5152, 53-56, 57, 59, 60, 61, 62, 63, 64,
66-68.
Le Senne (R), 22.
Locke (J), 11, 51.
Pascal (B), 4.
Platon, 14, 35, 56.
Renan (E), 60.
Rousseau (JJ), 2, 15, 16, 40, 51, 62.
Sartre (JP), 37, 48, 51, 67.
INDEX DES MATIERES
A.
Acte 4, 25, 28, 29,35, 40, 49,50, 51, 61
Action
4,5,9,10,11,13,15,22,26,28,32,35,36,38,40,41,43,48,53,54,58,64,66
Affect 6, 26,28
Ame 12, 28, 36,45
Animalité 2,55, 61
Autonomie 3, 9,14,16,18, 19, 20,,21,29,30,32,33,34,35,39,
41,43,48,53,54,57,59
B.
Bien 5, 10, 14,23, 24, 26, 32, 35, 44, 51, 58
Bonne volonté 1,14,16,23,30,31,39,59,60,61,68
C.
Catégorique 21, 25, 34, 37,39, 43, 59, 60
Causalité 3, 5, 10, 15, 17, 21, 48, 52,57
Citoyen 63
Conduite 1,8,13,22,23,30,34,45,62,63,68
Connaissance 1, 3, 26,56, 60,67
Contrainte 8, 17, 26, 37, 41, 49,52
D.
Déterminisme 2, 52
Devoir 1,6,10,12,13, 18,19,20,22, 27,30,36,31, 37,40,41,
57,61,68
Dieu 10, 28, 33, 34, 36,66
Dignité 5, 6, 8, 10, 19,31, 38, 41, 43, 52, 61,66
E.
Education 2, 35, 36, 63
Egoïsme 33, 40, 41
Equité 37
Ethique 1, 5, 6, 7, 13, 15, 52, 54, 64,66
Etre raisonnable 2, 3,4, 6, 8,9, 10, 12, 13, 18, 22,26, 28,
30, 36,38, 50,57
F.
Fin 1, 6, 10, 13, 16, 30, 34, 40,41, 42,44, 50, 57
H.
Hétéronomie 20,32
Humanité 2, 6,10, 25, 31, 33, 43,57, 60, 67, 68
Hypothétique 43,44
I.
Immortalité 28, 32, 36
Impératif 15, 17,25, 37, 39, 41
Inclination 3,4, 10, 20, 28, 32, 37, 56, 63, 68
Instinct 30
Intelligible 1,3, 4, 20, 21,28, 30, 54, 55, 56, 59, 61
J.
Justice 37, 65
L.
Liberté1,2,3,4,5,6,8,10,11,14,15,16,17,18,19,20,21n22,23,24,26,28,30,34,35,36,
37,38,40,44,45,46,48,49,50,51,52,54,56,57,59,60,61,62,63,64,65,66,67,68
Libre arbitre 45, 46, 47, 48,49
Loi morale 2, 4, 5, 6, 7, 8, 9,10, 13, 14, 16, 18, 19, 23, 24,
26, 30, 35, 37, 38, 41, 42,44, 45, 49, 52,53, 55, 58, 61, 67
M.
Mal 14, 23, 24, 44, 51, 58
Maxime 4, 20, 27, 30, 35, 40, 41, 49
Métaphysique 10, 15, 25,28 46, 49,52
Minorité 2, 3, 26
Moeurs 6, 11, 13, 22, 43
Morale 1, 2,4, 5,8, 10, 11,12, 13,14, 15,16, 17, 19,22, 24,
25, 27, 28, 30, 31, 36, 39, 40,44, 45, 46, 50, 52, 53, 60, 63, 64, 65, 67.
Moyen 18, 42, 44, 47
N.
Nécessité 1
Norme 1, 18, 19, 30, 34, 50, 52, 59, 53
Noumène 55,56, 59
O.
Obligation 19, 27, 41, 43, 50, 53
P.
Passion 6, 28, 33,52
Penchant 4, 12, 15, 20, 26, 31, 32, 52, 54, 63
Perfection 2, 26, 39,63,
Phénomène 9, 18,54
Postulat 8,34,
Pratique 2, 7, 8, 11, 13, 24, 25,50
Principe 8, 11, 19, 20, 27, 29,42
Progrès 61
R.
Raison 1,7-9,11,12,13,16,19,22,23,26,39,46,49,60
Réalité 1
Responsabilité 1, 2, 13, 30, 34, 45, 46, 47,58
S.
Sensibilité 3, 18, 25, 26, 29, 31, 48,52
Société 3, 5, 8, 17, 28, 38, 57,60
Souverain bien 10,26
T.
Téléologie 39,62
Transcendantal 16, 19, 25, 35,50
U.
Universel 12,13,17,19,23,26,37,38,42,45,60,67
V.
Valeur 9, 11, 21, 23, 26, 48, 55, 57, 59,66
Vérité
Vertu 18, 21, 39, 60,67
Volonté
1,2,3,4,5,6,7,8-13,16,17,21-24,27,43,51,57,60,64,65.
Volonté générale 15
TABLE DES MATIERES
DEDICACES
...........................................................................................2
REMERCIEMENTS
.............................................................................................3
INTRODUCTION.......................................................................................4
CHAPITRE PREMIER : ELUCIDATION DES CONCEPTS EN
OEUVRE
DANS LA MORALE
KANTIENNE................................................................12
1. La
volonté...............................................................16
2. La
liberté................................................................20
CHAPITRE DEUXIEME: L'ANALYSE FONDAMENTALE DE LA
MORALE RELATIVE A LA CONCEPTION DE LA VOLONTE ET DE
LA
LIBERTE............ ...............................................................27
1. La volonté comme ambition de la
morale.............................36
2. La liberté comme affirmation de la
morale...............................40
3. La possibilité des impératifs au primat de la
procédure
morale............................................................................................45
CHAPITRE TROISIEME : LA VOLONTE COMME FONDEMENT
DE
LA LIBERTE
..............................................................................52
1. La liberté et la responsabilité des
êtres raisonnables...............57
2. Les différentes sortes de liberté:
transcendantale et pratique ou
morale.....................................................................61
3. Analyse et évaluation de la question de la
volonté et
liberté......................................................................69
CONCLUSION.....................................................................................................76
BIBLIOGRAPHIE...............................................................................................82
INDEX DES
NOMS.............................................................................................86
INDEX DES
MATIERES.....................................................................................87
..............................
FIN.....................
* 1 Ferrari(J), Kant ou
l'invention de l'homme, coll. Dirigée par André Robinet,
Paris, éd., Seghers, 1971, p.10.
* 2 Kant(E), Fondements de
la métaphysique des moeurs, trad., Victor Delbos, Paris,Librairie
Générale Française (LGF), 2010, p.55.
* 3Kant (E), Ibid ,
p.103.
* 4 Kant
(E),Ibid., p.39.
* 5 Kant(E), Critique de la
raison pratique, éd. Publiée sous la direction de
Alquié F., Traduit de l'allemand par Luc Ferry, et Heinz Wismann, Paris,
éd. Gallimard, 1985, p.11.
* 6 Kant (E),Op.cit.,
p.7.
* 7 Kant(E), Critique de la
raison pratique, traduction de l'allemand par Luc Ferry et Heinz Wismann,
Paris, éd., Gallimard, 1985, p.38.
* 8 Kant(E), Op.cit,
p.42.
* 9 Kant (E), Ibid,
p.41.
* 10Locke(J), Essai
philosophique concernant l'entendement humain (1650), trad., Costes,
Paris, éd.,Vrin, 1972, p.184.
* 11 Kant(E), Op.Cit.,
p.131.
* 12 Birault (H), Heidegger
et l'expérience de la pensée, Paris, Gallimard, 1978,
p.189.
* 13 Kant(E), Projet de
paix perpétuelle, trad., présentation et commentaires de
J.-J. Barrère et C. Roche, Paris, éd., Nathan, 1991, p.92.
* 14 Kant
(E),Ibidem.
* 15 Kant(E), Op.cit.,
p.103.
* 16Bloch (E), Le Principe
espérance (1959), trad., F. Wuilmart, Paris, éd., Gallimard,
1976, p.63.
* 17 Kant (E), Critique de
la raison pratique, trad. de l'allemand par Luc Ferry et Heinz Wismann,
Paris, éd. Gallimard, 1985, p. 75.
* 18 Platon, Gorgias
trad., Chambry, Baccou, Paris, éd., Garnier Flammarion, 1967, p.235.
* 19 Rousseau(J.J), Du
contrat social, « coll. Les intégrales de
philo », Notes et commentaires de J.F.Braunstein, Paris, éd.,
Nathan, 1998, p.127.
* 20 Kant (E), Ibid.,
p.127.
* 21Kant (E), Ibid.,
p.184.
* 22 Kant (E), Ibid.,
p.66.
* 23 Kant (E),Ibid.,
p.187.
* 24 Louis Second, Le
Nouveau Testament, traduction d'après le texte grec de Louis
Second, version revue, 1975.
* 25 René Le Senne,
Traité de morale générale, Paris, P.U.F, 1967,
p.22.
* 26 Monique Castillo, Kant
et l'avenir de la culture, Paris, P.U.F, 1990, p.56.
* 27 Kant (E),
op.cit., p.59.
* 28Kant, (E), Ibid,
p.10.
* 29 Arendt (H), La crise
de la culture, trad., P. Levy, Paris, éd., Gallimard,
« Coll. Les Idées», 1972, pp.192-193.
* 30 Kant (E), La Religion
dans les limites de la simple raison, trad., A.Tremesaygues,(un document
produit en version numérique par Pierre Tremblay),Paris, éd., F.
Alcan, 1913,p.26.
* 31 Kant (E), Fondements
de la métaphysique des moeurs, trad, Victor Delbos, Paris,
Librairie générale Française, (L.G.F), 2010, p.55.
* 32Kant (E), Ibid.,
p.67.
* 33Kant
(E),Ibidem.
* 34 Kant (E),Ibid.,
p.184.
* 35Kant (E), Ibid,
p.120.
* 36Kant (E), Ibid,
p.181.
* 37Thomas D'Aquin, Somme
théologique (1267-1268), I, q.87, a.4, ad.2 et q.82, ,
a.4,cité par J. Rassam, Paris, P.U.F.,1969, coll.sup., pp.102-103.
* 38 Kant (E), Op.
cit, p. 130.
* 39 Kant (E), OEuvres
philosophiques, Tome II, publiées sous la direction de F.
Alquié, Bibliothèque la Pléiade, Paris,éd.
Gallimard, 1980, p.939.
* 40 Kant
(E),Ibid., p.128.
* 41 Huisman (D) et Vergez
(A), Court traité de Philosophie, Paris, éd. Fernand
Nathan, 1969, p.359.
* 42 Kant (E), Critique de
la raison pratique, p.10.
* 43 Kant(E), Fondements de
la métaphysique des moeurs, p.83.
* 44 Sartre(J.P),
L'existentialisme est un humanisme, Présentation et notes par
Arlette Elkaïm-Sartre, Paris, éd., Gallimard, p.
* 45 Ferrari(J), Kant ou
l'invention de l'homme, p.62.
* 46 Kant(E), Op.cit.
p.94.
* 47Kant (E), Ibid,
p.116.
* 48 Kant (E) ,Ibid,
p.105.
* 49Kant (E), Ibid,
p.86.
* 50Kant (E), Ibid,
p.87.
* 51 Kant (E), Ibid,
p.86.
* 52Kant (E), Ibid,
p.87.
* 53Kant (E), Ibid,
p.140.
* 54 R. Descartes, Discours
de la méthode, suivi des Méditations métaphysiques,
Présentation et annotation par François Misrachi, éd.,
10 /18, Paris, coll., dirigée par Christian Bourgeois, Juillet
1988, p.171.
* 55 De Clairvaux (B), La
Grâce et le libre arbitre, Introduction et traduction par
Françoise Callerot, Paris éd. Cerf, Sources
chrétiennes,n°393,1993, §2, p. 245.
* 56 Kant (E),Op.cit.,
p.168.
* 57 Kant (E), La Religion
dans les limites de la simple raison, traduction de André
Tremsaygues, ( produit en version numérique par Pierre Tremblay),
éd. F. Alcan, Paris, 1913, p.26.
* 58Kant (E), Ibid.,
p.140.
* 59 Vaysse (J-M), Le
vocabulaire de Kant, coll. Dirigé par Jean Pierre Zarader, Paris,
éd. Ellipses Marketing S.A., 2010,p. 61.
* 60 Jonas (H), Le Principe
de responsabilité, essai d'une éthique pour la révolution
technique,trad. Greisch, Paris, éd. Cerf, 1990, p. 40.
* 61 Sartre (JP),
L'existentialisme est un humanisme, Présentation et note par Arlette
Elkaïm Sartre, paris, éd. Gallimard, 1996, p.59.
* 62Kant(E), Critique de la
raison pure, Traduction et présentation par Alain Renaut, Paris,
3è édition corrigée, Flammarion, 2006, pp. 502-503.
* 63 Victor Delbos,
« Sur la théorie kantienne de la
liberté », Bulletin de la société
française de philosophie, n°1, Janvier 1905, (Ve année),
p.25. Séance du 27 Octobre 1904
* 64 Kant(E), Religion dans
les limites de la simple raison, p. 31.
* 65 Weil (E),
Problèmes kantiens, Paris, éd. Vrin, 1963, p. 18.
* 66 Kant (E),
Op.cit., pp.147-148.
* 67 Kant (E), Critique de
la raison pratique, p. 132.
* 68 Kant(E), Fondements de
la métaphysique des moeurs, pp 139-140.
* 69 Kant (E), Ibid.,
p.130.
* 70 Sartre (J.P),
l'Existentialisme est un humanisme p. 39.
* 71 Rousseau(J.J), Du
contrat social, Livres I à IV, p. 161.
* 72 Ferrari(J), Kant ou
l'invention de l'homme, p. 65.
* 73 Kant (E),
Réflexions sur l'éducation, introduit et traduit par
Alexis Philonenko, Paris, huitième édition, Librairie
philosophique, J.Vrin, 2004,p. 112.
* 74 Kant (E),
Op.cit., p. 179.
* 75 Weil(E), Philosophie
morale, Paris, éd., Vrin, 1981, p.30.
* 76 Aristote, Ethique
à Nicomaque, trad., Jules Tricot, Paris, éd. Vrin, 1983,
p.80.
* 77 Darbelley (J), Kant.
Vers la paix perpétuelle. Essai philosophique, traduction
précédée d'introduction historique et critique, Paris,
P.U.F., éd., Saint Augustin- Saint Maurice (Suisse), 1958,
p.p119-120.
* 78Darbelley (J), Ibid,
p.63.
* 79 Ernest Cassirer,
Rousseau, Goethe, Kant : Deux essais, traduit de l'allemand et
présenté par Jean Lacoste, éd., Belin, 1991, p.51.
* 80 Delbos (V), Figures et
doctrines des philosophes, Paris, édition Plon, 192, p. 228.
* 81 Kant (E), Idée
d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique, Trad.,
S.Piobetta, Paris, éd., Aubier, Montaigne,1951, III° prop.,
p.72.
* 82 Ayoub (J.B), Fiches
pour l'étude de Kant, «collection Symbolique et
idéologie », Université de Québec à
Montréal, Département de philosophie, 3è éd., 1990,
pp 91-92.
* 83 Blais (M), Une morale
de la responsabilité, éd. Fidès, Montréal,
Québec, 1984, p. 33
* 84 Kant (E), Fondements
de la métaphysique des moeurs, p. 112.
* 85 Voltaire (J.M),
Dictionnaire philosophique, Paris, éd. Garnier Flammarion,n°28,
1964, p. 299.
* 86 Alain, Propos d'un
Normand, Paris, éd. Gallimard, Tome III, 1956, XXII, p. 51.
* 87 Kant (E),
Réflexions sur l'éducation, introduit et traduit par A.
Philonenko, Paris, huitième édition, Librairie philosophique, J.
Vrin, 2004,p. 58.
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