CHAPITRE 1 : CADRES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
1.1. Cadre
théorique
1.1.1. Contexte de l'étude
La ville de Parakou accueille au cours des différentes
étapes de son développement, des vagues de migrants en provenance
de diverses régions et particulièrement la commune de
Ouaké pour des motifs variés. Nous nous intéressons ici au
processus d'installation des Lokpa depuis les années 1960 à nos
jours, en relation avec les changements ayant affecté les familles
migrantes.
En effet, la ville de Parakou comptait en 1961, 14 000
habitants avec un taux de croissance urbaine de 13,7% par an (Thomas 1983
:117). La population en ce temps était majoritairement composée
de Batombu, de Dendi et de Yoruba. A ces groupes s'ajoutaient les
minorités Fon, Peulh, Otamari et Adja. Dans les années 70 et 80,
Parakou a connu un développement impressionnant des infrastructures
urbaines et des services. Ce processus d'urbanisation de la ville a
nécessité une main d'oeuvre venant de toutes les régions
du Bénin. Dans cette logique d'amélioration du cadre de vie de la
ville et de la région nord Bénin, le Lycée Mathieu
Bouké a été construit en 1969, l'E.N.I.I.A.B en 1976,
beaucoup d'autres services publics comme l'O.B.S.S, le C.A.R.D.E.R, la B.C.B,
ont été installés dans cette période. En 1970, un
chantier agricole de la Société Dahoméenne de Kénaf
(SODAK) a été également ouvert et a entraîné
une immigration de travailleurs agricoles. De plus, le déclenchement de
la
10
ENVIRONNEMENT URBAIN ET CHAGEMENTS
FAMILIAUX
campagne pour la production agricole en 1976 par le
Gouvernement Révolutionnaire a incité beaucoup de bras valides
Lokpa à venir s'installer à Parakou.
Ainsi Thomas Omer (1983), relate ce fait en ces termes :
« Depuis 1976, on assiste à une migration des paysans de l'Atacora
vers la ville de Parakou et sa campagne. Ce mouvement livre sur le
marché du travail des personnels de maison et des ouvriers» (Thomas
1983 :105). En 1979, Parakou et sa périphérie comptait 60541
habitants dont 1911 Yora (Lokpa et apparentés), ce qui correspond
à 3,13% de la population de Parakou (RGPH 1, 1979). Alors que le taux de
croissance urbaine de Parakou était de 8,33% par an le taux
d'accroissement naturel était de 3,6% (RGPH 1, 1979). Aujourd'hui,
Parakou compte 149 819 habitants dont 8869 Lokpa (RGPH 3, 2002). D'après
les analyses des résultats du même recensement, l'accroissement
des populations de Cotonou et de Parakou est en partie lié à
l'importance de l'exode rural et des migrations en provenance des villes
moyennes. Ce qui semble confirmer le constat de Thomas Omer : « même
si la majorité (migrants paysans venus de l'Atacora) vit de
l'agriculture et de la vente du bois de chauffe dans les fermes, ces migrants
s'installent aussi dans de nouveaux quartiers créés par des
autochtones du noyau urbain (Banikanni) » (Thomas 1983 :105).
Cette migration interne est de plusieurs types. Elle peut
être saisonnière (campagne agricole), de courte durée (main
d'oeuvre, migration de travail) ou définitive. Ainsi, la famille Lokpa
subit des transformations aussi bien au cours de son établissement
à Parakou, que pendant l'accueil de nouveaux membres en son sein. De
plus, suite au départ de certains de ses membres pour l'emploi
domestique ou pour les travaux occasionnels, la famille subit des
transformations aussi bien structurelles qu'organisationnelles. Ce sont ces
transformations, de même que les causes qui les provoquent que nous
tenterons de comprendre et d'analyser sur la base des données produites
sur le terrain et de la recherche documentaire. Nous avons ainsi orienté
les recherches aussi
11
ENVIRONNEMENT URBAIN ET CHAGEMENTS
FAMILIAUX
bien vers les familles Lokpa anciennement établies que
vers celles qui sont nouvellement installées.
|