Analyse financière d'une entreprise publique en difficulté et ses incidences sur l'évolution de la production: cas de la GCM de 2006 à 2009( Télécharger le fichier original )par Alexandre BATUHOLA MUNKANU Institut supérieur de commerce de Kinshasa - ISC/KIN - Graduat en comptabilité 2011 |
4. Organigramme de la GECAMINES5. Actualité récente de l'entrepriseNotre pays est en récession économique, bon nombre de ses entreprises dont la Gécamines, la SNCC, l'ONATRA, la Régideso, la SNEL, etc. sont en difficulté. Plusieurs études et approches sont proposées tant au gouvernement qu'à leurs conseils d'administration pour essayer de sauver la situation. Le comité de pilotage de transformation des entreprises du portefeuille de l'Etat (COPIREP) les a dénommé « canards boiteux », ce qui signifie que ces entreprises sont en difficulté. Le fait est tellement probant qu'il intéresserait quiconque aimerait scruter la question dans ses détails et envisager des pistes de solutions afférentes. Il nous semble qu'à la veille de l'indépendance de notre pays le 30 juin 1960, la contribution des entreprises publiques au budget de l'Etat était évaluée à 10%. Mais, aujourd'hui, le secteur public contribue à 1%58(*). Cette situation traduit non seulement un malaise au niveau de l'économie nationale mais également un paradoxe au regard d'immenses ressources naturelles que regorge la République Démocratique du Congo. S'agissant de la Générale des carrières et des mines, partant du principe selon lequel le risque est indubitablement lié à la notion d'incertitude ; et qu'Il se traduit par le non atteint d'un objectif causé par un facteur qui intervient à un moment donné et par le fait même perturbe le bon fonctionnement de l'entreprise, nous constatons qu'il y a deux risques auxquels s'expose l'entreprise concernée. Il s'agit du risque de l'exploitation et du risque financier. Le risque d'exploitation peut être perçu par la baisse du chiffres d'affaires et de la production de l'entreprise ayant automatiquement entrainé la baisse du résultat net. Le risque financier est très élevé à cause du manque d'autonomie financière. Les fonds propres de l'entreprise sont négatifs. En effet, au niveau de la gestion, le risque met en péril la compétitivité, l'image, les produits, la marque, les services et la santé financière. En un mot, nous disons que le risque met en danger la pérennité de l'entreprise. C'est pourquoi, une bonne politique financière pour réduire le risque de faillite s'avère nécessaire. Comme nous pouvons le percevoir, le risque de faillite commence dans l'activité de l'entreprise qui est créateur de la richesse. L'endettement assez élevé, les pertes récurrentes et l'irréversibilité des mesures préventives accroissent le risque de la faillite. Dès lors, au regard de sa santé financière, la Générale des carrières et des mines (Gécamines) est une entreprise de l'Etat qui se meure faute des moyens adéquats. De fait, jadis, la production moyenne de la Gécamines était autour de 450.000 tonnes de cuivre, 10.000 tonnes de cobalt et 50.000 tonnes de Zinc.59(*) Mais, depuis 1990, la société connaît une crise sans précédent résultant de plusieurs facteurs techniques, financiers, humains et environnementaux. A ce jour et au vu du volume de production qui est en moyenne de 20.000 tonnes pour le cuivre par an, de 633 tonnes pour le cobalt et de 12.000 tonnes pour le zinc, il apparait clairement que l'activité de l'entreprise a fortement baissée. La dégradation de la situation économique a occasionné automatiquement la baisse de la valeur ajoutée de l'entreprise. Par rapport aux différentes charges, il se dégage que les coûts sont très élevés à tel enseigne qu'ils absorbent la valeur ajoutée éventuellement dégagée. Plusieurs causes endogènes et exogènes sont à l'origine de la stagnation de la santé économique de notre pays et plus particulièrement du secteur public. Sans entrer en profondeur, retenons qu'après l'indépendance, le fonctionnement des entreprises du portefeuille avait été profondément handicapé par la séparation des sièges d'exploitation demeurés au Congo d'avec la structure administrative de décisions dont le siégé était transféré en Belgique60(*). Parmi les causes, récentes, il sied de noter la vétusté de l'outil de production et de l'exploitation, le déséquilibre de la structure financière de la plupart d'entreprise de l'Etat, la baisse du niveau d'activité, etc De surcroit, pour palier à la situation, la Gécamines a fait recours aux emprunts pour investir dans l'entreprise. On évalue ses dettes à près d'un milliard cinq cent millions des dollars américain. Pourtant, nous savons que l'endettement occasionne des intérêts à payer. Or, pour l'entreprise sous examen, nous assistons à situation où l'endettement diminue la rentabilité (l'effet de marteau ou de massue) de ladite entreprise plutôt que de l''augmenter (effet de levier). Ainsi, vue les multiples difficultés que connaissent les entreprises publiques et les risquent auxquels elles s'exposent, l'Etat Congolais a voté une loi facilitant le pilotage de la transformation des entreprises de l'Etat en entreprises commerciales. Cette transformation s'inscrit dans le cadre de redressement afin de relancer les activités des entreprises publiques. Le passage de l'entreprise publique à l'entreprise commerciale donne la possibilité aux privés de participer au capital de la GCM. Le processus de transformation des entreprises d'Etat en sociétés commerciales a aboutit pour la GCM en la date du 1er janvier 2011. Désormais, la Gécamines est actuellement une société par actions à responsabilité limitée(SARL). Pour l'instant, l'heure est à l'évaluation du patrimoine de l'entreprise puis il faudra apurer les dettes de l'entreprise pour éviter que cela pèse sur la nouvelle société. Il faudra aussi mettre en place des dispositifs permettant le désengagement progressif de l'Etat, la reforme des structures d'encadrement et de la gestion de l'entreprise. En outre, la transformation des entreprises d'Etat en sociétés commerciales pose le problème de la privatisation prônée depuis longtemps par la Banque mondiale et le fonds monétaire international. Parce que pour ces institutions, l'Etat devrait se désengager du secteur de production pour se concentrer sur la puissance publique dans la mesure où l'Etat entrepreneur serait à la base du gaspillage financier et d'inefficacité économique.61(*) D'après l'Institut Néerlandais pour l'Afrique Australe (NIZA) et le service d'information International Peace (IPIS) 62(*), ses tentatives de privatisation du secteur minier remontent au gouvernement de la 2ème République, à l'époque où Kengo-Wa-Dondo fut premier ministre(1995). Le projet avait échoué entre 1996 et 1998 à cause des guerres de libérations. Mais, après la mort du feu Laurent Désiré Kabila en 2001, la Banque Mondiale supervise la politique minière de la République Démocratique du Congo tout en encourageant la politique de la privatisation du secteur minier de la RDC. Cela a très vite suscité des intérêts de la part de certaines ONG et de la Société civile. Le réseau de lutte contre la corruption et la fraude « RELCOF » en sigle avait publié même un rapport portant sur « le bradage Criminel du Patrimoine Minier du Congo ». Tout porte à croire que la transformation des entreprises publiques en entreprises commerciales n'est que l'aboutissement d'un long processus de privatisation du secteur minier prônée depuis près de 25 ans par la banque Mondiale et le Fonds monétaire international. * 58 KABANGE NTABALA Clément, Droit des services et entreprises publics et problématique de la transformation des entreprises publiques en République Démocratique du Congo, Dieu est bon, Kinshasa, 2007, p.261 * 59 Rapport annuel 1977, p.8 * 60 KABANGE NTABALA Clément, Op-Cit., p.264 * 61 Ibid., p.280 * 62 NIZA, L'Etat contre le peuple : la gouvernance, l'exploitation minière et le régime transitoire en république Démocratique du Congo, Institut Néerlandais pour l'Afrique Australe (NIZA) et le service d'information d'International Peace (IPIS),2006 |
|