CHAPITRE I
PRÉSENTATION DE
L'INSTRUCTION «AETATIS NOVAE» DANS LE CONTEXTE DE L'HISTOIRE
MÉDIATIQUE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
Dans l'Eglise catholique romaine, les médias ont pris
une importance sans précédent. Cela n'est pas un fait
spontané ; il y a eu un cheminement jusqu'à nos
jours.Pendant trois décennies les trois plus importants documents de
l'Eglise sur les moyens de communication sociale vont être
publiés. Il s'agit du décret conciliaire Inter Mirifica,
Communio et Progressio et enfin Aetatis Novae que nous
analysons dans ce premier chapitre.
Pour ce faire, nous procéderons en trois
moments : d'abord, dans les deux premiers,nous présenterons les
documents précurseurs, notamment le décret conciliaire Inter
Mirifica et l'instruction pastorale Communio et progressio,
endonnant, pour chacun des documents,la nature et le contenu ; enfin, au
troisième moment, nous présenterons et analyserons l'instruction
pastoraleAetatis Novae.
I.1. Les principaux
documents précurseurs et leur visionsur médias.
I.1.1. Le décret
conciliaire« Inter Mirifica » sur les communications
sociales
A) Genèse et nature du document
Soumis au vote du Concile le 24 Nov. 1963, le schéma
sur les moyens de communication sociale obtint plus de deux tiers des voix. Le
décret fut promulgué lors de l'assemblée
plénière du 04 Déc. 1963après un ultime vote
où 164 pères continuèrent à manifester leur
opposition. A ce sujet A. Falconi écrit : « Parmi les
documents du Concile Vatican II, celui-ci a été voté
à la plus faible majorité.
Considérégénéralement comme le moins réussi,
le texte a rencontré le plus d'opposition de la part des
évêques... »4(*). C'est dans ce contexte que naquit Inter
Mirifica qui devint ainsi non seulement le premier document
approuvé et promulgué par le Concile Vatican II, mais aussi le
premier document des temps modernes sur les médias.
Quel en est le contenu?
B) Contenu
Le décret comprend une introduction, deux chapitres et
une conclusion.L'introduction expose implicitement la raison du choix des
termes moyens de communication sociale au lieu de mass-média. Selon ce
décret, le terme « communication » est
préférable parce qu'il manifeste mieux le sens de la transmission
entre les hommes. L'adjectif social a remplacé mass qui a une
tonalité et une connotation péjorative5(*). Toujours dans l'introduction,
le décret traite explicitement de la façon dont l'Eglise envisage
les médias et son droit d'en parler.
Dans le premier chapitre intitulé « la
Doctrine de l'Eglise », le décret rappelle les droits de
l'Eglise : « L'Eglise a donc le droit inné d'utiliser et
de posséder ces moyens sans exception, dans la mesure où ils sont
nécessaires ou utiles à la formation chrétienne et
à toutes autre action pastorale »6(*). Ensuite le document
évoqueen ce termes le devoir des pasteurs: « Les pasteurs ont
le devoir d'instruire et d'orienter les fidèles en sorte que ceux-ci
utilisent ces moyens de manière à assurer leur propre salut et
perfection, comme ceux de l'humanité entière »7(*). Après avoir
signalé la compétence des laïcs, le décret indique
les principes moraux très généraux qui règlent le
bon usage de ces moyens : « Pour qu'il soit fait un usage
correct de ces moyens, il est absolument nécessaire que tous ceux qui
les utilisent connaissent les principes de l'ordre moral et les appliquent
fidèlement ».8(*)Plus loin , le décret évoque trois
problèmes actuellement discutés, notamment le droit à
l'information, l'art et la morale ainsi que le mal moral. Au passage, il salue
les opinions publiques et précise des usagers, des producteurs, et
autorités publiques dans l'utilisation des moyens de communication
sociale.
La deuxième partie est intitulée
« L'action pastorale de l'Eglise ». Ici, le décret
passe en revue ce que l'on doit faire dans l'Eglise à tous les
échelons pour que ces moyens si puissants soient mis au service des
multiples oeuvres d'apostolat. Le concours des laïcs est très
attendu. Le décret déclare ceci à propos :
« Les laïcs qui par profession sont engagés dans ces
moyens, cherchant à rendre témoignage à
Jésus-Christ : d'abord en accomplissant leur métier avec
compétence et esprit apostolique, puis en collaborant directement
à l'action pastorale de l'Eglise par une contribution technique,
économique, culturelle ou artistique, selon les possibilités de
chacun »9(*). En
outre, dans la deuxième partie, le décret étudie
successivement la presse, le cinéma, la radio et la
télévision et insiste sur la préparation des producteurs
dans des centres spécialisés. Les initiatives prises en vue de la
formation des usagers et principalement des jeunes sont encouragées.
Toutes ces réalisations requièrent beaucoup de compétence
technique et de grands investissements. Voilà pourquoi il importe de
sensibiliser l'opinion publique des catholiques : tel est le but d'une
journée mondiale. Le décret affirme ceci à propos :
« pour donner plus d'efficacité à l'apostolat
multiforme de l'Eglise dans le secteur des moyens de communications sociales,
on organisera chaque année dans les diocèses, au jugement des
évêques, une journée pendant laquelle les fidèles
seront instruits de leurs devoirs en ce domaine »10(*). Toujours dans le
deuxième chapitre, le décret indique les diverses structures
d'Eglises pour le Saint-siège, les diocèses, les pays. Est aussi
mise en relief l'action des organisations internationales catholiques
spécialisées.
Le décret s'achève par la portée de la
présente instruction pastorale, document plus pratique et plus complet.
Pour les pères conciliaires ; le but de ce document est que
« les principes et les règles du Concile sur les moyens de
communication sociale soient tous appliqués... »11(*)
Si nous pouvons nous permettre d'apprécier ce document
dont nous venons de donner un excursus sur le contenu, en nous appuyant sur A.
Falconi, de ce décret sur les moyens de communication sociale, nous
pouvons retenir deux mérites: d'une part, il reconnaît que les
médias sont désormais la place publique de la
société moderne et, d'autre part, il demande qu'un autre texte
sur les médias soit élaboré12(*). Aussi, ce qui fait
l'importance du document ce que par lui les moyens de communication sociale
font leur entrée officielle dans l`Eglise et sont élevés
à la même dignité que l'évangélisation orale.
Ainsi, à côté de la prédication homilétique
il faudra désormais, quand cela est nécessaire, placer la
prédication instrumentale.
Par ailleurs, selon le même auteur, Inter
Mirifican'a pas l'ambition d'être exhaustif. Les documents
conciliaires Gaudium et Spes et Lumen Gentium ont
comblé ses lacunes. En outre, il souligne que le document n'est pas
à la hauteur du sujet q'il traite13(*).
* 4FALCONI A.,
L'Église proclame. Commentaire des documents : Inter mirifica,
communio et progressio et Aetatis novae. Kinshasa, Médiaspaul,
2002, p.9
* 5Cfr. E.
GABEL, « Présentation et traduction du décret sur
les moyens de communication sociale Inter Mirifica », dans Concile
oecuménique Vatican II, Les seize documents conciliaires Vol
II. Paris, Cerf, 1968.
* 6Inter Mirifica,
n°3.
* 7Ibidem.
* 8Ibidem, n°
4.
* 9Ibidem, n°
13.
* 10Ibidem, 18.
* 11Ibidem, 23.
* 12FALCONI A.,
L'Église proclame. Commentaire des documents : Inter mirifica,
communio et progressio et Aetatis novae. Kinshasa, Médiaspaul,
2002,p.9-10.
* 13Ibidem.
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