Le missionnaire chrétien et l'entrepreneuriat( Télécharger le fichier original )par Samuel BANDE Faculté de théologie des assemblées de Dieu - Licence 2012 |
B) Le réalisme du terrain missionnaire et entreprendre en tant que missionnaireCette approche explicative de l'entrepreneuriat, associée à l'identité du missionnaire, permettent de développer les raisons qui peuvent pousser le missionnaire chrétien à vouloir entreprendre en terrain missionnaire. Il s'agira pour nous à cet effet de comprendre le terrain missionnaire et les implications qui exigent qu'on doive s'y adapter. Le terrain missionnaire constitue le site ou les sites sur lesquels vont se dérouler l'oeuvre missionnaire. Comme souligné plus haut, le lieu de la mission est avant tout le choix du saint Esprit qui nous dirige en fonction de l'urgence spirituelle. Mais Dieu nous habille également de sagesse pour que nous puissions mieux aborder notre tâche, notamment par nos aptitudes spirituelles et sociales. Si avant notre départ, nous avons connaissance de notre destination, nous devrions pouvoir nous préparer en menant une étude du terrain .C'est ainsi que nous pourrons savoir que certaines zones sont entièrement dénuées : eau potable, électricité, centres commerciaux de ravitaillement, des besoins élémentaires de vie commode. Souvent une fois sur le terrain, le constat est amer, au-delà de la pauvreté, les populations locales sont analphabètes, n'ont pas de sources de revenus satisfaisantes, ou l'environnement ne leur permet pas d'oeuvrer ouvertement. Dans ces cas précis, le missionnaire devient un levier qui doit permettre de changer la donne. En effet, « la dimension de justice inhérente à la foi chrétienne a souvent été négligée parce qu'elle était formulée en des termes assez différents de ceux que nous rencontrons dans l'ancien testament ».8(*) Pour ce faire, une réactualisation et une nouvelle compréhension des objectifs de la mission sont repensées. « Il n'y a pas de place pour un évangile indifférent aux besoins de l'homme total ». 9(*) Plusieurs situations peuvent se présenter à lui nécessitant un apport supplémentaire en termes de finances autres que celles fournies par l'Eglise d'envoi : · Obligation d'assister sa famille restée au pays ; · Rejet des premiers chrétiens par leurs familles, les plaçant dans une situation de précarité absolue. Dans cette optique, c'est l'amour du prochain prêché par Jésus Christ qui doit se manifester ; · Méfiance accrue des étrangers qui implique de trouver un intérêt majeur pour eux qui leur soit utile ; · Période de famine, qui dérègle le mode de vie de toute la communauté, basée sur les travaux champêtres, nécessitant une solution ; · Culture de paresse qui provoque le besoin continuel d'assistanat ; · Situation politique qui interdit l'évangélisation, nécessitant de fait de recourir par d'autres moyens, dans ce précis l'entrepreneuriat sous forme d'Organisations Non Gouvernementales ; Cette liste non exhaustive, permet de comprendre le processus, qui sur le terrain missionnaire, aboutit à la nécessité de travailler pour subvenir à ses besoins, auquel cas, c'est l'échec assuré pour la mission pour manque de sagesse et de discernement. Ce n'est que par la force des circonstances que le missionnaire est obligé d'entreprendre et de développer des moyens pour subvenir à ses besoins. En général, lorsque nous parcourons le nouveau testament, l'exemple de l'apôtre Paul est celui qui permet d'abord de fonder bibliquement l'importance du travail pour le missionnaire lorsqu'il se trouve confronté à des situations qui empêchent son église d'origine de prendre soin de lui et de sa famille. A travers l'apôtre, bâtisseur de tentes, nous pouvons comprendre que le missionnaire chrétien est également appelé à évangéliser par l'oeuvre de ses mains, et par l'amour qu'il a le devoir de partager, montrer des voies pour améliorer les conditions de vie des populations ciblées si le besoin se présente : « Il faut souligner ici un aspect important du projet de Dieu :il s'agit d'un projet communautaire et non pas uniquement individuel. Le salut des individus a pour finalité la transformation des sociétés ».10(*) C'est ce à quoi s'astreint en partie l'oeuvre d'entreprendre en terre de mission, qui combine le spirituel au matériel. Pendant longtemps, les évangéliques ont surtout maximisé sur le salut de l'âme ignorant que l'acte de rédemption comporte le volet immédiat pour le corps, pendant que l'homme se trouve sur terre. En dépit de contre courants, on a toujours eu tendance, depuis augustin à établir un contraste entre la lumière de la sainteté divine et l'ombre du monde .Cet héritage passa catholicisme au protestantisme sous toutes ses formes. Le monde étant mauvais, sans espoir de rachat, le changement de ses structures n'était pas vraiment du ressort de l'Eglise.11(*) Nous devons comprendre que le missionnaire qui travaille, loin de l'empêcher de mener à bien sa mission, au contraire est un moyen pour mieux présenter l'évangile qui libère de la pauvreté, de la faim, de la paresse, des soucis quotidiens arrimés au manque de moyens financiers : « la délivrance d'une aide humanitaire est parfois , pour les missionnaires , la seule façon d'obtenir un visa d'entrée dans un pays ».12(*) Ce n'est pas l'occasion par contre d'avoir une dépendance complète envers l'argent, sapant ainsi les bases d'une saine mission, mais plutôt l'opportunité d'affirmer avec force que l'équilibre doit être de mise afin de pouvoir continuer à oeuvrer avec Dieu. * 8 David J Bosch, DYNAMIQUE DE LA MISSION CHRETIENNE. (France : Ed. Haho, Karthala, Labor et Fides, 1995), 540 * 9 Ibid., 544 * 10 Etienne Atger, PLAIDOYER POUR LA MISSION. (Suisse : Ed. Jeunesse en Mission, 1998), 22 * 11David J. Bosch, DYNAMIQUE DE LA MISSION CHRETIENNE. (France : Ed. Haho, Karthala, Labor et Fides, 1995),540 * 12 Samuel Escobar, LA MISSION. (France, Marne-La-vallée : Ed. Farel, 2005), 68 |
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