n v t
Université Cheikh Anta Diop Ecole
Supérieure Polytechnique
heikh Anta Dop
Département Gestion
Faculté des Sciences Économiques
et Sociales Institut des Sciences Économiques et
du Management
MEMOIRE DE DOUBLE MASTER 2
« Commerce et Management des Affaires
Internationales N
&
« Marketing et Management des Affaires
Internationales N
3ème Promotion
THEME
LES PARTENARIATS PUBLIC PRIVE SANTE
COMME OUTILS D'AMELIORATION DE LA RESPONSABILITE
SOCIETALE DES ENTREPRISES AU SENEGAL
Réalisé et soutenu par :
Directeur de mémoire
Bidossessi Gwladys ADANDEDJAN
Dr. Bruno Boidin
Maître de Conférence à l'Université de
Lille 1
Octobre 2011
Dédicaces
I
A tous mes bien-aimés, spécialement les membres de
ma famille pour leur amour et soutien permanents.
A tous ceux qui m'ont inspirée et m'ont permis de voir
loin et large, particulièrement mes enseignants du primaire, du
secondaire et du supérieur.
II
Remerciements
Le présent document a été
rédigé grâce au concours de plusieurs personnes auxquelles
il convient d'adresser
une vive et profonde gratitude.
Il s'agit de : Mr Bruno Boidin, superviseur, soutien, guide et
conseiller durant toute la recherche. L'équipe de la Cellule d'Appui au
Financement de la Santé et au Partenariat en particulier, la
Coordonnatrice Dr Phily, et la Responsable de l'Unité Partenariat
Public-Privé Ndiaye Fatou. Mes amis qui m'ont été d'un
soutien moral et spirituel indéfectible. Enfin, tous ceux qui n'ont pas
été cités, mais qui ont contribué à la
réalisation de ce travail.
A tous, je dis MERCI.
Sigles et Abréviations
III
APD: Aide Publique au Développement
ARV: Anti Retroviral
BOT: Build Operation Transfert
BTP : Bâtiment et Travaux Publics
CA : Chiffre d'Affaires
CAFSP: Cellule d'Appui au Financement de la Santé et au
Partenariat
CBAO: Compagnie Bancaire de l'Afrique de l'Ouest
CDSMT: Cadre de Dépense Sectorielle à Moyen
Terme
CET : Construction-Exploitation-Transfert
CFA : Communauté Financière Africaine
CMAI : Commerce et Management des Affaires Internationales
CNLS : Conseil National de Lutte contre le Sida
CPN : Consultation Prénatale
CSS : Caisse de Sécurité Sociale
DNDI : Drugs for Neglected Diseases Initiative
DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
EDS: Enquête Démographique et de Santé
ESP : Ecole Supérieure Polytechnique
FMI: Fonds Monétaire International
ICS: Industries Chimiques du Sénégal
IPM: Institution de Prévoyance Maladie
ISO: International Organization for Standardization
IRA: Infections Respiratoires Aiguës
MMAI: Master Management des Affaires Internationales
MTN: Maladies Tropicales Négligées
MW: Megawatt
OCDE: Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique
OIT : Organisation Internationale du Travail
OMD: Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMS: Organisation Mondiale de la Santé
ONG: Organisation Non Gouvernementale
ONU: Organisation des Nations Unies
PALPICS: Projet d'Appui à la Lutte contre la
Pauvreté dans les zones riveraines des ICS
PCIME: Prise en Charge Intégrée des Maladies de
l'Enfant
PED: Pays En Développement
PEV: Programme Elargi de Vaccination
PLCME: Projet de Lutte Contre les Maladies
Endémiques
PNDS: Plan National de Développement Sanitaire
IV
PNLP: Programme National de Lutte contre le Paludisme
PNUD: Programme des Nations Unies pour le
Développement
POCL : Plans Opérationnels des Collectivités
Locales
PPP : Partenariat Public-Privé
PTA : Plan de Travail Annuel
RSE : Responsabilité Sociétale des
Entreprises
SAP : Société Africaine de Pétrole
SAR : Société Africaine de Raffinage
SDE : Sénégalaise Des Eaux
SIDA : Syndrome de l'Immuno Déficience Acquise
SOCAS: Société de Conserves Alimentaires au
Sénégal
SOCOCIM: Société de Commercialisation du
Ciment
SODEFITEX: Société de Développement et
des Fibres Textiles
SONATEL: Société Nationale de
Télécommunication du Sénégal
SPPS: Syndicat des Pharmaciens Privés du
Sénégal
SRO: Sels de Réhydratation Orale
TPI: Traitement Préventif Intermittent
UCAD: Université Cheikh Anta Diop
UEMOA: Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UFCE : Union des Femmes Chefs d'Entreprise
UNICEF : United Nations International Children's Emergency
Fund
USTL : Université des Sciences et Technologies de
Lille
VIH : Virus de l'Immunodéficience Humaine
V
Liste des tableaux
Tableau N°1 : Les entreprises et la prise en charge
santé du personnel.
|
P 42
|
Tableau N°2 : Actions Santé des entreprises en faveur
de la société.
|
P 43
|
Tableau N°3 : Coût global des actions santé des
entreprises.
|
P 44
|
Tableau N°4 : Expérience en PPP Santé des
entreprises.
|
P 45
|
Liste des Encadrés
Encadré n°1 : Les Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
|
P 22
|
Liste des Annexes
Annexe n°1 : Guide d'entretien.
Annexe N°2 : Liste des entreprises
enquêtées.
VI
Sommaire
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : RSE, PPP, SANTE DANS LES PAYS EN
DEVELOPPEMENT
Chapitre 1 : Approche théorique
|
3
|
Section 1 : Etude des concepts théoriques
|
.3
|
Section 2 : RSE, PPP et Santé dans les PED
|
11
|
Chapitre 2 : Enjeux des PPP Santé au
Sénégal
|
22
|
Section 1 : Etat des lieux des OMD Santé au
Sénégal
|
.22
|
Section 2 : Rôle attendu des secteurs public et
privé dans les PPP Santé
|
30
|
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EMPIRIQUE
|
|
Chapitre 3 : Méthodologie de recherche
|
.36
|
Section 1 : Recueil des données
|
..36
|
Section 2 : Traitement des données
|
40
|
Chapitre 4 : Résultats et enseignements
|
..41
|
Section 1 : Résultats
|
41
|
Section 2 : Analyse des Résultats et enseignements
|
46
|
CONCLUSION
|
52
|
BIBLIOGRAPHIE 54
VII
Avant-propos
L'Ecole Supérieure Polytechnique (ESP) est un
établissement public d'enseignement supérieur qui fait partie
intégrante de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
L'école se divise en plusieurs départements :
génie civil, génie chimique et biologie appliquée,
génie mécanique, génie électrique, génie
informatique et gestion.
Le département de gestion offre plusieurs formations :
Ressources Humaines, Marketing et Affaires Internationales, Comptabilité
Gestion, Gestion touristique etc.
Depuis 2009, en coopération avec l'Université
des Sciences et Technologies de Lille (USTL Lille 1), l'ESP offre aux
étudiants et professionnels, la possibilité de préparer
à la fois, deux diplômes universitaires en formation continue :
- le Master Marketing et Management des Affaires
Internationales (MMAI) de l'ESP/UCAD et,
- le Master Commerce et Management des Affaires
Internationales (CMAI) de Lille 1.
L'obtention de ces diplômes est subordonnée
à l'exécution en fin de formation d'un
projet de recherche qui peut prendre l'une des trois formes
suivantes:
- mémoire académique,
- étude,
- rapport de stage en entreprise.
C'est dans ce cens, que le présent travail a
été réalisé sous la forme d'une étude, pour
atteindre un double objectif :
- faire une application pratique d'un concept théorique
abordé pendant la formation et valider l'année
académique;
- remplir une mission confiée par la Cellule d'Appui et
de Financement à la Santé et au Partenariat (CAFSP), dont le
besoin est de mobiliser certaines informations relatives aux actions RSE des
entreprises dans le domaine de la santé, en vue de définir une
stratégie de promotion du concept de Partenariat Public-Privé en
Santé (PPP) au Sénégal.
1
Introduction Générale
Considérations
générales
L'Afrique est le continent le plus touché par la
pauvreté, l'analphabétisme, la faim, le chômage, les
maladies. Sous l'effet de ces fléaux, la charge des maladies telles que
le VIH/Sida, le paludisme, la tuberculose et les maladies non transmissibles a
augmenté, de même que les mortalités maternelle et
infantile. Ce constat remet en cause la réalisation des Objectifs
santé du Millénaire pour le Développement (OMD).
Au Sénégal, la facilitation à
l'accès aux médicaments, la multiplication des actions des ONG,
acteurs publics nationaux et internationaux de la santé
(Ministère de la Santé, ONU SIDA, OMS etc.) n'ont pas suffit
à couvrir tous les besoins liés aux maladies, et à
résoudre les problèmes en santé du pays.
Dans ce contexte, les Partenariats Public-Privé
Santé (PPP Santé) constituent un nouveau paradigme de l'action
publique, susceptible de conjuguer les efforts du secteur public à
l'efficacité, les capacités de management et la culture de
l'évaluation du secteur privé qui s'y engage au nom de la
Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).
Un PPP Santé est une façon d'attaquer et de
résoudre des problèmes de santé publique et de
développement social, en associant les efforts d'organisations publiques
et privées.
L'engagement du secteur privé dans de tels
partenariats est donc une manifestation de leur comportement socialement
responsable.
La réussite d'une stratégie africaine de RSE
dans le secteur de la santé, n'est envisageable que dans le cadre d'un
Partenariat Public-Privé Santé, où la RSE servira de
catalyseur pour une amélioration des indicateurs de santé, face
au manque d'infrastructures sanitaires et à la difficulté
d'atteindre les OMD santé.
Problématique, justification, objectifs et
méthodologie
De nos jours, les Partenariats Public-Privé dans le
domaine de la santé sont rares, voire inexistants. Pourtant, c'est le
domaine où les partenariats doivent urgemment se développer et se
multiplier, si l'on veut atteindre les OMD Santé au
Sénégal d'ici 2015.
Les entreprises, dans l'accomplissement de leur
responsabilité sociétale, investissent certes de plus en plus
dans le secteur de la santé, mais de façon indépendante,
sans associer ou
2
interpeller les acteurs majeurs du domaine, qui sont
d'ailleurs mieux placés pour les orienter et les guider. Aussi, leurs
actions santé ne sont pas toujours connues ni contrôlées
par le secteur public. Or, ces dernières auraient pu être
élaborées et mises en oeuvre en synergie avec les pouvoirs
publics, pour une plus grande efficacité dans la résolution des
problèmes de santé.
Ces réalités soulèvent un
problème, celui du rôle effectif et potentiel des entreprises dans
l'amélioration des indicateurs de santé au Sénégal
: que font les entreprises concrètement comme actions santé au
Sénégal, et que sont-elles prêtent à faire encore
pour relever le niveau de santé du pays et favoriser la
réalisation des OMD Santé ?
Il devient donc important de connaître d'abord,
à quelle niveau le Sénégal se trouve dans l'atteinte des
OMD Santé, c'est-à-dire la performance du secteur sanitaire par
rapport aux objectifs fixés; ensuite, la participation des entreprises
à travers leurs actions santé à la réalisation de
cette performance, et enfin comment on peut les inciter à
coopérer avec les acteurs publics à travers des PPP
Santé.
L'objectif général de ce travail est donc
d'étudier une application de la notion de RSE dans le domaine de la
santé au Sénégal. De façon spécifique,
l'étude vise primo, à faire un état des lieux des actions
menées par les entreprises dans le secteur de la santé, et
secundo, à répondre à une mission confiée par la
Cellule d'Appui au Financement de la Santé et au Partenariat (CAFSP) qui
est de proposer une stratégie d'approche des entreprises pour la
promotion des PPP Santé comme outils de RSE.
Dans cette logique, il a été mené une
étude exploratoire qualitative auprès de quelques grandes
entreprises sénégalaises, surtout de Dakar, à travers des
entretiens avec leurs responsables en charge des pôles RSE ou
santé.
Plan de l'étude
Pour mieux appréhender les résultats de cette
recherche, il convient d'abord de bien en circonscrire le cadre
théorique par une étude des concepts de RSE et de PPP, et une
brève revue de littérature sur le sujet. Ensuite après
avoir posé le contexte de l'étude (état de l'avancement
des OMD Santé au Sénégal, rôle attendu des acteurs
publics et privés pour des PPP Santé), la méthodologie et
les résultats du travail seront présentés, pour permettre
enfin de dégager des enseignements que la CAFSP pourra exploiter pour
promouvoir les PPP Santé auprès des entreprises.
PREMIERE PARTIE :
RSE, PPP ET SANTE DANS LES PAYS EN VOIE DE
DEVELOPPEMENT
3
CHAPITRE 1 : Approche théorique
SECTION 1 : ETUDE DES CONCEPTS THEORIQUES : RSE ET
PPP
La Responsabilité Sociale des Entreprises et le
Partenariat Public-Privé sont des termes qui sont largement
évoqués ces dernières années. L'importance de plus
en plus accrue qui leur est accordée témoigne de la
nécessité d'en avoir une bonne connaissance, pour
réellement comprendre les enjeux qui y sont liés.
I- RSE : DEFINITIONS ET APPROCHES
A- DEFINITIONS
Le terme RSE désigne la Responsabilité Sociale
des Entreprises. A partir de 2010, d'autres termes jugés plus larges et
plus pertinents sont utilisés pour désigner ce concept notamment
: la Responsabilité Sociétale des Entreprises et la
Responsabilité Sociale et Environnementale des entreprises. La RSE est
une déclinaison pour les entreprises, de la notion de
Développement Durable, et ce, sous trois angles :
- économique : retombées
économiques de l'activité de l'entreprise (profits, dividendes,
salaires ...)
- social : conséquences sociales de
l'activité de l'entreprise sur la communauté
- environnemental : compatibilité entre
l'activité de l'entreprise et le maintien des
écosystèmes.
Il n'existe pas une définition précise, ni
unique, ni universelle pour expliquer le concept de la RSE.
Selon la Commission Européenne, la RSE est «
un concept qui désigne l'intégration volontaire par les
entreprises de préoccupations sociales et environnementales à
leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties
prenantes».1
Le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD),
définit la RSE comme la « contribution des entreprises au
développement économique durable, travaillant avec les
employés, leurs familles, la communauté locale et la
société au sens large pour améliorer leur qualité
de vie ».2
1 Voir :
http://ec.europa.eu/enterprise/policies/sustainable-business/corporate-social-responsibility/index_fr.htm
2
http://www.wbcsd.org/templates/TemplateWBCSD5/layout.asp?type=p&MenuId=MTE0OQ
4
Dans le même ordre d'idées, l'Organisation pour
la Coopération et le Développement Economique (OCDE)
considère la RSE comme « la contribution des entreprises au
développement de la durabilité »3. Ici,
l'entreprise doit non seulement assurer des dividendes aux actionnaires, des
salaires aux employés et des produits et services aux consommateurs,
mais elle doit répondre également aux préoccupations et
aux valeurs de la société et de l'environnement.
Quant au groupe de travail de la norme ISO 26000
intitulée "lignes directrices relatives à la
responsabilité sociale", la RSE est « la responsabilité
d'une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et
activités sur la société et sur l'environnement , se
traduisant par un comportement éthique et transparent qui contribue au
développement durable , y compris à la santé et au
bien-être de la société ; prend en compte les attentes des
parties prenantes ; respecte les lois en vigueur et compatible avec les normes
internationales; et est intégré dans l'ensemble de l'organisation
et mis en oeuvre dans ses relations » 4.
Ces définitions, quoique différentes de par leur
formulation et la divergence de leurs auteurs, se rejoignent néanmoins
sur un dominateur commun : la RSE est l'intégration simultanée et
volontaire par les entreprises de trois types de préoccupations
(économiques, sociales et environnementales) dans leurs activités
économiques et leurs interactions avec leurs parties prenantes.
Ces trois types de préoccupations qui se retrouvent
dans la RSE, permettent de la distinguer de la philanthropie et du
mécénat qui ne sont rien d'autres que des apports de dons ou
d'aides financières sporadiques. La RSE ne se limite pas non plus
à de simples actions sociales ou environnementales ponctuelles. Elle ne
vise pas un but égoïste pour l'entreprise de rehausser son image,
quoique ce soit l'une de ses conséquences logiques.
D'ailleurs, cette étude, au travers des enquêtes,
permettra d'identifier ces tendances auprès des entreprises pour savoir
si leurs actions relèvent véritablement de la RSE, si elles
mènent une réelle stratégie de RSE (forte
intégration de la RSE dans la politique générale de
l'entreprise) ou non (faible intégration de la RSE).
La RSE n'a pas non plus vocation pour l'entreprise de se
substituer à l'Etat dans sa mission régalienne. Elle ne
s'applique pas uniquement qu'aux entreprises, mais concerne également
d'autres acteurs tels que les Organisations Non Gouvernementales, l'Etat
etc.
3
http://www.oecdbookshop.org/oecd/display.asp?sf1=identifiers&st1=9789264195127
4
http://www.afnor.org/profils/centre-d-interet/rse-iso-26000/la-norme-iso-26000-en-quelques-mots
5
B- APPROCHES
La diversité des approches théoriques de la RSE
témoigne de la complexité de ce concept souvent
étayé par des thèses contradictoires.
Les analyses et les réflexions de Capron et Quairel
(2007) sur la RSE permettent de distinguer deux grandes approches de la RSE :
l'approche anglo-saxonne et l'approche latine. La première approche part
du principe selon lequel la RSE est un engagement volontaire des entreprises et
qu'on peut faire confiance au marché pour réguler ce volontariat.
A l'opposé, la seconde l'envisage plutôt comme une contrainte, une
obligation, un devoir des entreprises à s'engager envers la
société, dans un cadre règlementé par l'Etat.
La RSE se caractérise par deux conceptions: la
conception normative où l'entreprise se voit prescrire ce
qu'elle doit faire concrètement en matière de RSE, et la
conception analytique qui explique la stratégie de mise en
place d'une politique de RSE, les motivations et les démarches des
entreprises dans le cadre de la mise en oeuvre de la RSE.
Le cadre théorique de la RSE se divise également
en trois approches assez nettement délimitées : la vision
néolibérale, réticente vis-à-vis de la notion de
RSE ; la conception en termes de parties prenantes5
(stakeholders) ; enfin la perspective institutionnaliste.
Prônée par Milton Friedman qui est à
l'origine de cette approche, la vision néolibérale fut
pendant longtemps le concept dominant connu sous le nom de Shareholder model ou
du Profit-centred model6. Pour Friedman (1970), l'entreprise est
responsable uniquement devant les actionnaires, et doit par conséquent
pour satisfaire ces derniers, se concentrer sur la réalisation de ses
objectifs de profit, et non chercher à faire du social. L'argument
principal qui soutient cette approche est qu'en faisant du profit, l'entreprise
contribue indirectement à la croissance économique et à la
création d'emplois, et donc d'une certaine façon, est
déjà socialement responsable.
Mais les scandales économiques et écologiques
des années 80 - 90 remettent en cause cette approche, prouvant le
caractère potentiellement dommageable des activités des
entreprises à la société, et donc la
nécessité, pour elles, de prendre en compte non seulement le
profit, mais aussi les sphères sociales et environnementales.
5 Les parties prenantes (théorie de
stakeholders) d'une entreprise sont les acteurs avec lesquels ces
dernières est en relation. On distingue les parties prenantes
internes (actionnaires, salariés, syndicats) et les parties prenantes
externes (Etat, ONG, etc.)
6 Shareholder désignant les
détenteurs d'actions. Ce modèle s'oppose à celui
de stakeholders, car ici l'entreprise se limite et se concentre seulement
à la satisfaction des intérêts de ses actionnaires, et non
des autres parties prenantes.
6
7
L'approche par les parties prenantes (approche
contractuelle ou approche par les stakeholders) quant à elle, promue
activement par Freeman, est celle qui domine actuellement les travaux sur la
RSE. Freeman (1984) propose une autre conception, opposée à celle
de Friedman. L'entreprise doit désormais être
considérée, non plus comme une unité dont
l'activité est seulement orientée vers la production et le
profit, mais comme un noeud de contrats, qui associe les parties prenantes,
avec lesquelles, elle tisse des liens pour assurer son développement et
sa survie.
Cela signifie que l'entreprise ne s'auto suffit pas et par
conséquent ne doit pas orienter toutes ses activités uniquement
vers un seul but : le profit. Elle ne peut pas se replier sur elle-même
sans tenir compte de la société dans laquelle elle opère.
Elle doit être responsable envers tous ceux qui ont des enjeux dans les
affaires qu'elle mène, qu'il s'agisse d'individus, de groupes
d'individus ou de la société dans son ensemble.
Cette approche présente aussi ses limites : primo, les
grilles d'analyse7 qu'elle propose nécessitent
l'omniprésence des entreprises, qu'elles aient toutes les informations
possibles sur les parties prenantes. Secundo, elle tend à occulter les
rapports de force qui existent entre les entreprises et leurs parties
prenantes.
Enfin, l'approche institutionnaliste ouvre des
perspectives nouvelles dans le domaine de la RSE. Elle reste dominée par
la théorie des parties prenantes, mais, à la différence
qu'elle intègre les rapports de force entre les parties prenantes, et
prend en compte les questions d'éthique et de morale.
L'approche institutionnelle, met en évidence la
nécessité d'un cadre institutionnel pour armer les dispositifs de
la RSE8. Ainsi, la RSE devient une préoccupation
cadrée et gérée dans un échelon
macroéconomique, et non plus reposant sur des capacités
individuelles des entreprises à l'échelle
microéconomique.
7 Grille d'analyse basée sur le rôle
évolutif des institutions formelles (acteurs publics ou privés,
réglementation, etc.) ou informelles (valeurs, croyances,
etc.).
8 Nicolas Postel et Richard Sobel (2011)
II- PPP : DEFINITIONS ET EXEMPLES TYPES
A- DEFINITIONS
Apparus en Grande Bretagne vers 1992, les Partenariats
Public-Privé désignent une forme de coopération entre les
autorités publiques d'une part et les entreprises privées d'autre
part. De nombreux pays s'en sont inspirés et aujourd'hui, les PPP se
présentent à travers les pays sous des formes de plus en plus
variées notamment : les contrats d'exploitation et d'entretien; les
contrats de service; la conception, la construction et le financement; les
contrats de péage fictif; l'affermage, l'exploitation et le transfert;
les privatisations intermédiaires; construction-exploitation-transfert
ou Build Operate Transfert (BOT) ; construction-transfert-exploitation;
construction-propriété-exploitation et enfin, les contrats
clés en main.
Le Partenariat Public-Privé peut être
défini comme une entente contractuelle de longue durée entre des
partenaires publics et privés qui fixent les résultats à
atteindre pour améliorer une prestation de services publics. Cette
entente établit un partage des responsabilités, des
investissements, des risques et des bénéfices de manière
à procurer des avantages mutuels qui favorisent l'atteinte des
résultats.9
Frédéric Marty, Arnaud Voisin et Sylvie Trosa
(2006), définissent le Partenariat Public-Privé comme toutes
formes d'associations du secteur public et du secteur privé
destinées à mettre en oeuvre tout ou partie d'un service
public.
Selon le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), le PPP décrit le spectre des relations
possibles entre les acteurs publics et privés pour assurer la
délivrance de services publics en étroite coopération.
Pour le Fonds Monétaire International (FMI), le PPP
implique l'offre par le secteur privé d'infrastructures ou de services
traditionnellement fournis par le gouvernement.
Les PPP se caractérisent par quatre éléments
:
- la gestion par le secteur privé ;
- le suivi contractuel ou réglementaire de la prestation
de services ;
- l'exécution d'aménagements physiques ou de
travaux nouveaux pour améliorer les services et ;
- la restructuration financière (parfois avec des
prêts concessionnaires) qui permettra à l'opérateur
privé de faire un profit lorsque les services fournis aux consommateurs
sont plus accessibles et les normes de services respectés.
9 «Le dossier d'affaires - Guide
d'élaboration,» Septembre 2002, Secrétariat du Conseil du
Trésor du Québec, 77 pages, page 2.
8
B- EXEMPLES TYPES DE PPP EN AFRIQUE
Il existe actuellement une faible documentation des pratiques
et expériences de Partenariats Public-Privé, en raison du
caractère relativement récent de ce concept, surtout en Afrique
où ces quinze dernières années, les expériences de
PPP ont connu un sort mitigé allant du succès total à la
résiliation prématurée du contrat.
D'une façon générale, les PPP aboutis,
concernent plutôt des branches comme les routes, l'eau,
l'électricité, les installations portuaires, la
téléphonie mobile et le tourisme.10
Les exemples de PPP malheureux ne manquent pas. Entre 1990 et
2003, des projets comptant pour 9,2% des investissements avec participation du
secteur privé dans le monde ont été enterrés, ou
alors l'une des parties a demandé la résiliation du
contrat.11 Cependant, il existe quelques exemples de partenariats
efficaces et fructueux :
- L'énergie éolienne au Cap-Vert
Au Cap-Vert, les ressources naturelles sont rares.
L'énergie provient traditionnellement du bois des forêts locales.
L'archipel a cependant un fort potentiel d'énergie éolienne,
utilisé depuis longtemps pour pomper l'eau. Depuis 1994, des batteries
d'éoliennes produisent 2,6 MW d'électricité, ce qui
équivaut à 10-15% de l'approvisionnement
énergétique. Le Fonds pour l'environnement mondial de la Banque
mondiale a soutenu un Partenariat Public-Privé pour construire une usine
éolienne d'une capacité de 7,8 MW. Non seulement celle-ci a des
effets positifs sur l'approvisionnement énergétique du pays, mais
elle contribue aussi à réduire les rejets de CO2.12
- Une route à péage entre l'Afrique du Sud
et le Mozambique
La N4, route à péage qui mène de
l'Afrique du Sud au Mozambique, fait partie d'un programme de
développement régional. En plus de la réfection de la
route, le port de Maputo a été modernisé grâce
à un Partenariat Public-Privé.
Ni l'Afrique du Sud ni le Mozambique n'avaient suffisamment de
ressources pour entretenir et développer la route, alors, les
gouvernements des deux pays ont décidé de former un Partenariat
Public-Privé. Une concession de trente ans a été
accordée à un consortium privé. L'exploitant a remis la
route en état et a adopté un système de péage
différencié, qui fait que celui-ci est moindre au Mozambique, un
pays plus pauvre que l'Afrique du Sud.13
10 Peter Farlam (2005)
11 Stephen Thomsen (2005)
12 Commission Économique pour l'Afrique
(2004)
13 Peter Farlam (2005)
9
- L'approvisionnement en eau au
Sénégal
En 1995, le Sénégal a conclu un PPP dans le
domaine de l'approvisionnement en eau. Depuis lors, la fourniture d'eau a
augmenté de 20% et le nombre des raccordements de 35%. L'exploitant est
aussi une des premières sociétés hydrauliques d'Afrique
à avoir obtenu un certificat de qualité (ISO 9001 en 2000).
La phase préparatoire du PPP a été
longue. Des donateurs internationaux ont aidé le gouvernement à
former le personnel des ministères impliqués. Les pouvoirs
publics restent propriétaires des installations et définissent la
tarification. Le système choisi facture les dix premiers mètres
cube d'eau à un tarif préférentiel, puisqu'on suppose que
les petits consommateurs d'eau sont principalement des ménages à
faible revenu. L'exploitant privé est dédommagé sur la
base d'un système qui prévoit non seulement une
rémunération de base, mais aussi des primes pour
l'amélioration de la facturation et du recouvrement des sommes dues,
pour la réduction des pertes d'eau et pour l'extension des services
fournis.
Un facteur important du succès de ce PPP est la
souplesse dont ont fait preuve les deux partenaires. Le gouvernement s'est
ainsi montré disposé à renégocier le contrat quant
l'exploitant eut constaté que les canalisations existantes
étaient dans un état pire que supposé. Cela a permis
à l'exploitant d'effectuer les réparations et les
réfections nécessaires.14
Entre autres Partenariats Public-Privé au
Sénégal, figurent également:
· l'exploitation de la voie ferrée entre Dakar et
Bamako par la Compagnie Bi Nationale de Chemin de Fer ;
· la construction de route à péage de 48
km de long entre Dakar et Diamniadio (en cours) ;
· la construction du nouvel aéroport
international Blaise Diagne de Diass (en cours) ;
· la cité des affaires de l'Afrique de l'Ouest
sur le site de l'actuel aéroport Léopold Sédar Senghor de
Dakar dès que ce dernier sera libéré ;
· le chemin de fer à écartement standard
;
· les aménagements au port de Dakar ;
· le port minéral de transbordement de
Bargny.15
14 Stephen Thomsen (2005)
15 Chemonics International (ND)
D'autres exemples de PPP existent également dans
d'autres pays africains tels que16 : V' Ghana, Lesotho :
approches communautaires pour développer l'accès à l'eau
et l'assainissement en milieu rural :
· communautés impliquées dans la gestion ;
· recouvrement des coûts (Lesotho) ou partiel (Ghana)
;
· petites entreprises locales impliquées dans la
construction et l'entretien.
V' Burkina Faso
· Construction d'entrepôt public pour les
exportateurs (BOT)
· Société de chemin de fer, SITARAIL
(délégation de gestion)
· Transports urbains, Sotraco (délégation de
gestion)
V' Côte d'Ivoire : aéroport d'Abidjan
(BOT)
En résumé, la RSE est une forme de prise de
conscience par l'entreprise de son rôle en tant qu'acteur
économique. Cette prise de conscience se traduit par un apport
réel au développement économique et social, et à la
préservation de l'environnement.
En pratiquant la RSE, l'entreprise peut s'associer à
l'Etat, pour agir dans des domaines d'intérêts partagés. On
parlera de Partenariat Public-Privé, qui n'est rien d'autre que la
coopération entre le secteur public et celui privé, pour
réaliser un projet commun.
En Afrique, le recours aux PPP par les entreprises dans le
cadre de leur responsabilité sociale est très peu
développé, d'où le besoin de susciter leur
intérêt sur cette forme de partenariat, particulièrement
dans le domaine de la santé, où les expériences de PPP
sont très rares.
10
16 Peter Farlam (2005)
11
SECTION 2 : RSE, PPP ET SANTE DANS LES PED
Parler de la RSE et de PPP appliqués à la
santé, revêt un intérêt certain qu'il faille
souligner, de même qu'il importe de faire une synthèse des travaux
antérieurs ayant porté sur ces concepts.
I - INTERET THEORIQUE DE L'ETUDE DES PPP SANTE
A- POUR LA SCIENCE
A ce jour, la RSE a fait l'objet de beaucoup de recherches. De
profondes analyses ont été menées sur les fondements
théoriques de la RSE, ses approches, ses enjeux aussi bien dans les pays
développés qu'en développement, son impact sur le
développement, ses outils, les référentiels et normes de
la RSE, les démarches, politiques et stratégies RSE des
entreprises, les visions de la RSE pour les entreprises, les initiatives RSE
des entreprises, les bonnes pratiques de RSE, les investissements sociaux
responsables, les liens entre la RSE et la gouvernance, les liens entre la RSE
et l'éthique, les liens entre la RSE et le Développement Durable,
la RSE et les organismes internationaux etc.
En somme, la RSE a été et continue d'être
étudiée sous toutes ses formes : aspects médiatiques
(communication interne et externe), aspects éthiques et juridiques,
aspects opérationnels (culturel, management éthique,
macroéconomique, financier, risque, formation, souveraineté
etc.).
De même les différentes analyses abordent la
question de la RSE, sous la forme des relations de l'entreprise avec ses
parties prenantes à travers les partenariats qu'elle noue avec d'autres
acteurs, la typologie de ces partenariats, leurs enjeux, les conditions de
réussite, les perspectives futures de ces partenariats,
l'évaluation de leur performance, les expériences de partenariats
multi acteurs surtout dans les domaines de l'énergie, l'eau, les
transports, les télécom, l'environnement, l'écologie.
Cependant, la littérature, fait très peu cas du
domaine de la santé. Du fait de la rareté des partenariats pluri
acteurs dans le domaine, peu d'ouvrages ou d'articles ont été
rédigés sur des partenariats santé dans les PED. Les
quelques écrits y relatifs présentent plus les partenariats soit
entre les gouvernements étrangers et ceux des pays pauvres, soit entre
les grandes entreprises occidentales (firmes pharmaceutiques, filiales des
multinationales) et les gouvernements des PED, entre les ONG ou les
institutions internationales et les états des pays pauvres.
12
Les recherches portent moins sur les entreprises des pays
pauvres, leur pratiques RSE, leurs actions en faveurs de la santé, les
partenariats entre ces dernières et d'autres acteurs, notamment le
secteur public. La littérature ne dit pas ce que les entreprises des
pays pauvres entreprennent en matière de RSE. Elle parle encore moins de
leur contribution à l'amélioration de la santé.
Cela s'explique : la RSE est encore à l'étape
d'émergence et de diffusion dans les pays pauvres. Beaucoup
d'entreprises ne se le sont pas encore appropriée. Du coup, il n'y a pas
vraiment matière à battre sur ce sujet, comme dans les pays
développés, où les recherches, études
expérimentales et analyses y relatives foisonnent.
Cependant, le niveau peu avancé des pays pauvres dans
le domaine de la RSE devrait constituer une raison solide pour les chercheurs
de ces pays, pour engager des travaux sur ce concept, y intéresser et
impliquer tous les acteurs concernés afin de le faire évoluer, de
manière à s'en servir comme un outil de développement
durable.
Au Sénégal actuellement, il n'existe quasiment
pas une étude qui ait évalué quantitativement ou
qualitativement la participation des entreprises à la réalisation
des Objectifs santé du Millénaire pour le
Développement.
Or pour atteindre les OMD dans le domaine de la santé,
les pays pauvres ne peuvent plus compter que sur les aides
étrangères : attendre l'aide publique au développement,
rester accrochés aux dons de l'industrie pharmaceutique occidentale,
attendre les initiatives des grandes ONG ou des institutions
internationales.
Leurs entreprises doivent elles-mêmes contribuer
à l'amélioration des indicateurs santé dans leurs pays.
Cette responsabilité peut s'assumer en s'associant avec le secteur
public grâce à un Partenariat Public Privé. C'est un outil
qu'il faudra promouvoir et encourager, d'où l'intérêt de
réfléchir sur le sujet des Partenariats Public-Privé
Santé entre les entreprises et le secteur public; un tel sujet
nécessite d'analyser les initiatives du secteur privé dans la
santé, en vue de connaître le degré de participation actuel
des entreprises à l'amélioration de la santé, d'envisager
les moyens d'incitation du privé à un partenariat avec le secteur
public, d'étudier les formes et conditions éventuelles de ces
partenariats, d'identifier les domaines de la santé qui peut
intéresser les entreprises.
Cette étude propose donc d'analyser ces
différents aspects mentionnés ci- haut pour ajouter à
l'existant, des informations et connaissances sur les Partenariats
Public-Privé Santé au Sénégal.
13
B- POUR LES ACTEURS ECONOMIQUES
Face au déficit des ressources publiques pour les
dépenses nationales concernant la santé dans les pays pauvres, la
nécessité devient urgente que d'autres acteurs
économiques, en particulier le secteur privé, investissent dans
le système de santé. Mais c'est justement dans ce domaine que les
PPP s'avèrent difficiles et rares. Certes des privés
présents dans le secteur de la santé collaborent avec l'Etat dans
le cadre de la fourniture de services de santé, mais cette collaboration
saurait difficilement être qualifiée de Partenariat
Public-Privé.
Les entreprises poursuivent des buts lucratifs, et investir
dans la santé au travers d'un PPP peut ne pas leur paraître
évident. Pourtant, les Partenariats Public-Privé Santé
doivent devenir une réalité dans les pays pauvres si ces derniers
veulent se rapprocher ou mieux atteindre les OMD pour la santé d'ici
2015.
Ni l'Etat, ni les entreprises n'ignorent ce défi, mais
ce qu'ils ne maîtrisent pas, c'est comment le réaliser, quelles
stratégies ou outils utiliser pour l'atteindre. Cette étude
entend donc apporter à ces deux acteurs concernés un outil qui
aidera à l'atteinte de ces objectifs : il s'agit des Partenariats
Public-Privé.
L'intérêt de cette étude pour les
entreprises est qu'elle offre une piste de réflexion sur les
Partenariats Public-Privé, qu'elles peuvent utiliser comme un instrument
de manifestation de leur comportement responsable. Elles peuvent donc
désormais envisager une nouvelle façon de pratiquer la RSE, en
apportant leur soutien à l'Etat.
Aussi, les entreprises peuvent potentiellement vouloir
investir des ressources, mais sans savoir à quel domaine les allouer.
Cette étude leur donne une idée d'un axe social sur lequel ils
peuvent concentrer leurs efforts : la santé. Les expériences de
partenariats n'étant pas légion dans ce domaine, elles pourront
utiliser les leçons et analyses de cette étude pour cibler un
type de PPP Santé qui cadre avec leur vision sociale, l'acteur public
convenable, les stratégies de partage des droits, les risques et
responsabilités des parties.
Pour l'Etat, cette étude permet de cibler les
entreprises qui oeuvrent déjà en faveur de la santé, et
leurs actions dans le domaine. Elle permettra également d'une part de
connaître les entreprises voulant déjà s'engager dans un
partenariat sur la santé, et d'autre part d'intéresser les autres
qui ne le sont pas encore à s'associer à l'Etat pour la cause de
la santé.
14
II - SYNTHESE DE LA LITTERATURE
A- POLITIQUES RSE DES ENTREPRISES DANS LES PED
Les Pays En Développement (PED) sont
caractérisés par une vision latine de la RSE. Certes les
entreprises s'y voient attribuer un rôle clé dans les politiques
de développement, mais elles détiennent une forte marge de
manoeuvre dans l'exercice de ce rôle ; ce qui les place en position de
force devant leurs Etats.
Bruno Boidin17 affirme que : «La faiblesse
des Pouvoirs publics est un phénomène assez largement
partagé dans les pays pauvres. Elle se traduit dans le domaine de la RSE
par des comportements variés... Les politiques publiques dans
les PED tendent alors à suivre l'expansion du champ de la RSE
plutôt qu'à l'accompagner ou le précéder
». Cet auteur entend que, les pouvoirs publics des PED manquent
à leur rôle qui est de contrôler et de coordonner les
pratiques RSE des entreprises de façon à ce qu'elles soient en
harmonie avec les politiques nationales.
Michel Doucin (2011) sur la question du rôle des Etats
dans la RSE, stipule que: « la RSE ne peut se passer d'un encadrement par
les pouvoirs publics. L'Etat est le régulateur du domaine de la RSE
». Son analyse montre que la RSE ne doit pas seulement relever de l'ordre
de la Soft-Law, c'est-à-dire des politiques RSE volontaires de la part
des entreprises, comme c'est le cas en Afrique.
Il considère que la promotion des RSE doit faire place
aussi à des contraintes, des règles obligatoires, comme celles
que la France a initiées avec l'obligation légale de reporting
social et environnemental pour les grandes entreprises.
Les travaux d'Olivia Verger et Gavin White (2004) sur les
politiques d'ancrage des entreprises dans les pays pauvres, travaux
basés sur des échanges avec des entreprises et des ONG, ainsi que
sur le recueil d'informations publiques ayant trait aux conditions
d'implantation et de retrait d'activités dans les pays émergents,
révèlent que la démarche suivie en général
par ces dernières relève plus d'actions philanthropiques, de
mécénat et d'engagement citoyen, que de réelles politiques
RSE. Au nombre de ces politiques, menées bien trop souvent de
façon ponctuelle, sont cités : la préparation des
conditions d'implantation sur le site de l'entreprise, la contribution au
développement d'infrastructures et prestations de services locaux
(soutien à l'éducation, à la santé, aux services
essentiels, au logement) et le soutien au développement
économique local.
17 Bruno Boidin (A paraître) RSE et pays en
développement, in R. Sobel, N. Postel, Lexique de la RSE, Ed. du
Septentrion
15
Mamadou Lamine Ba et Marina Bambara (2011), dans leurs
recherches, élucident un autre aspect de la question d'ancrage des
entreprises, dans un contexte sénégalais. Leurs résultats
obtenus à travers l'étude d'engagements responsables
d'entreprises (SODEFITEX, SOCAS, OROMIN, IAMGOLD) à l'appui du
développement local à savoir, et la revue des expériences
d'autres entreprises (ICS à Mboro, CSS à Richard Toll, SOCOCIM
à Rufisque, SAR à Mbao), ont abouti aux conclusions suivantes
:
- les entreprises ont une faible intégration de la RSE
dans leur politique globale;
- les rapports de force entre les entreprises et les
collectivités locales sont déséquilibrés et en
faveur des entreprises ;
- il n'existe pas un cadre de dialogue structuré entre ces
deux parties ;
- les entreprises sont d'autant ouvertes à la pratique de
la RSE qu'elles le sont aux marchés internationaux.
B- PARTENARIATS MULTI ACTEURS ET ROLE DES
ENTREPRISES
D'un point de vue général, le PPP est une forme
de partenariat délicate tant dans sa conception que sa gestion à
cause de la nature opposée des deux acteurs qui contractent : d'une part
le privé avec ses buts lucratifs, et d'autre part le public, qui
priorise le bien-être social et économique et non le profit.
Un article de Benoît Aubert18 et Michel
Patry19 répertorie les dix conditions de succès d'un
Partenariat Public-Privé :
1. partage équitable des gains,
2. appui inconditionnel des dirigeants politiques,
3. démarche légitime,
4. protection des droits des travailleurs,
5. ressources humaines de qualité,
6. évaluation rigoureuse de la performance des services
publics,
7. définition précise des objectifs
visés,
8. sélection rigoureuse des partenaires,
9. design d'une entente originale,
10. régie efficace des ententes.
18 Professeur agrégé et directeur du groupe
de recherche en systèmes d'information à HEC
Montréal
19 Professeur titulaire et directeur adjoint au corps
professoral et à la planification stratégique à
HEC
16
Les PPP, dont les premières expériences sont
parties de la Grande Bretagne, se sont ensuite largement diffusés dans
les pays du monde entier, suscitant l'intérêt de plusieurs
chercheurs et auteurs autour de ce concept.
Toutefois, les travaux sur les PPP dans les PED ne sont pas
nombreux. Certains auteurs se sont penchés sur leurs domaines
d'application dans ces pays. L'un d'entre eux, par Peter Farlam (2005), a
étudié des exemples de PPP existants dans cinq secteurs notamment
le transport, la télécommunication, l'eau, l'énergie et le
tourisme. Mais son analyse tend plus à tirer des leçons de chaque
exemple de PPP, que de faire une typologie des domaines d'application des
PPP.
Par contre, Marty, Voisin et Trosa (2006) eux, ont fait une
analyse des domaines d'application des PPP en fonction des PED. Leurs
recherches spécifient que les PPP en Asie portent beaucoup plus sur les
infrastructures nouvelles à savoir l'énergie, les
télécoms, les assainissements, tandis qu'en Amérique
Latine et en Afrique, les secteurs les plus concernés sont les
transports et l'eau. Plus loin, leurs recherchent mettent en exergue, les
inégalités sectorielles et géographiques de la
réalisation des PPP dans les PED. Les partenariats se sont
concentrés dans les pays les plus financièrement attractifs
à savoir l'Asie et l'Amérique Latine au détriment de
l'Afrique.
Philippe Marin (1965), concernant les domaines d'application
des PPP, a appesanti son analyse sur le secteur de l'eau, pour en faire un
bilan des expériences dans les PED. Selon lui, les PPP dans le secteur
de l'eau dans les PED sont les plus utilisés et les plus
structurés. Il atteste que leur efficacité globale est
moyennement satisfaisante, qu'ils représentent une solution pour les
services d'eau des PED, mais que de nombreux PPP entrepris n'ont pas toujours
atteint les objectifs contractuels des partenaires. Le bilan sur les
performances des PPP en eau est donc mitigé.
En dehors de ces domaines privilégiés en
matière de PPP dans les PED, la santé devient une nouvelle piste
d'expérimentation des PPP, surtout dans le cadre de la
réalisation des OMD.
La littérature existante sur les partenariats
santé, abordent le thème sous divers angles, surtout celui des
partenariats des firmes pharmaceutiques avec les PED et leurs
responsabilités dans l'accès à la santé dans ces
pays.
Dans un article consacré à ce sujet, Bruno
Boidin (2009) envisage ces partenariats comme une stratégie
répondant au double enjeu rencontré par les pays pauvres dans
leur recherche d'un accès amélioré à la
santé à savoir :
17
18
19
- l'horizontalisation des actions de santé
(développement d'approche multi acteurs)
- le décloisonnement des disciplines de la santé
pour appréhender efficacement les problèmes des pays pauvres.
Ces partenariats reposent selon lui sur la théorie des
parties prenantes ce qui présente la limite de négliger les
rapports de force entre ces firmes et les états ou ONG faibles des pays
pauvres. Il déclare donc que : « Si les nouvelles formes de
partenariats reposent uniquement sur une approche contractualiste, il ne faut
probablement pas faire porter de grands espoirs sur les potentialités
qu'ils offrent pour les pays pauvres, dans la mesure où ils portent en
eux un danger de marginalisation des acteurs faibles (les pouvoirs publics des
pays les plus pauvres, les populations marginales, les ONG de petite taille...)
». Cela suppose qu'il faille rééquilibrer les relations
entre les partenaires, pour que ces partenariats portent le fruit
espéré et de façon durable.
Le même auteur et Lucie Lesaffre (2010), s'interrogent
dans un autre article sur les résultats à long terme des
partenariats pluri acteurs santé. Ils utilisent le cas des partenariats
ASAQ entre Sanofi Aventis et la DNDI, et de COARTEM entre Novartis et l'OMS
pour montrer qu'ils répondent globalement au double enjeu
énoncé plus haut, mais en revanche, ils posent des
problèmes quant à leur durabilité et la qualité des
médicaments. Ce qui constitue une menace pour la pérennité
de ces partenariats, et l'accès à la santé des pays
pauvres dans le long terme.
Lucie Machuron (2008) dans ses travaux sur les PPP
santé, a évalué deux programmes de donation de
médicaments par les entreprises pharmaceutiques dans le cadre de la
prise en charge du sida : le cas de la névirapine et du fluconazole en
Afrique. Son bilan des avantages et inconvénients de leurs initiatives
s'accorde aux conclusions de Boidin et Lesaffre. Les conseils apportés
par ces partenariats permettent un travail de qualité entre le public et
le privé, et les programmes de dons favorisent une meilleure prise en
charge des malades. Ce bilan positif des partenariats étudiés est
contrebalancé par les inconvénients listés de la
stratégie des firmes pharmaceutiques, qui remettent en cause
l'efficacité et la légitimité de leurs partenariats avec
les états des pays pauvres. Il s'agit :
- de l'aide à court terme que ces firmes offrent aux
PED ne permettant pas l'élaboration d'un plan à long terme ;
- un assistanat de la part des laboratoires court-circuitant
le marché des génériques ;
- une aide ne respectant pas les pratiques locales et
déstructurant les systèmes de santé ; - une aide se
caractérisant par la formation de coûts annexes.
Ces différents travaux de Boidin, Lesaffre et Machuron,
dévoilent la responsabilité des firmes pharmaceutiques dans
l'accès des pays pauvres à la santé : l'industrie
pharmaceutique ne parvient pas à opérer les changements
systématiques nécessaires permettant de répondre à
la demande des PED et assumer sa responsabilité qui est de fournir des
médicaments accessibles à tous.
Mais Robert Sebbag, Vice -Président `Accès au
médicament de Sanofi Aventis prend le contrepied de cette thèse
en affirmant : « Le médicament joue un rôle majeur, mais il
ne règle pas le problème à lui tout seul
»20. Il entend que pour améliorer l'accès aux
soins dans les PED, la seule mise à disposition de médicaments
n'est pas suffisante, mais que la solidité des structures locales de
soins est toute aussi déterminante, de même que la volonté
politique et le manque de personnel qualifié.
Cet argumentaire est également défendu par les
représentants des Entreprises du Médicament, qui estiment n'avoir
pas démérité en matière d'efforts pour
l'accès à la santé dans les pays pauvres ce qui relance le
débat de la responsabilité des firmes pharmaceutiques dans
l'accès à la santé des pays pauvres.
Le rôle des états et entreprises des PED dans
l'amélioration de la santé de leur population a pu être
révélé à travers diverses études.
Suite à l'enquête publiée par le forum
économique mondial en 2006 auprès de 8000 dirigeants africains
pour faire l'état des lieux des pertes économiques dues au
paludisme, de grandes multinationales africaines, se sont lancées dans
des PPP Santé. C'est le cas d'AngloGold Ashanti au Ghana, en
collaboration avec l'OMS. Les résultats étaient si pertinents que
le gouvernement ghanéen s'en est inspiré pour sa politique
nationale de santé.
Au Maroc, le Ministère de la Santé a
engagé une réforme pour le développement du PPP avec une
politique visant l'institutionnalisation de partenariats pérennes avec
les ONG et les professionnels de la santé exerçant dans le
privé. Cette réforme a permis un partenariat ente le
Ministère de la Santé, les collectivités locales et
l'UNICEF pour réduire le taux de mortalité de femmes enceintes ou
sur le point d'accoucher, et celle des enfants de moins de cinq ans.
Au Kenya, Marie Stopes constitue un exemple de PPP
Santé, lancé en 2004, pour étendre les services de
santé sexuelle et de la reproduction à travers des prestataires
existants du secteur privé.
20
www.destinationsante.com
Au Sénégal, un partenariat entre le
Ministère de la Santé du Sénégal, le gouvernement
Canadien, la compagnie minière Teck Ressources, l'ONG Initiative pour
les micros nutriments, fournit des traitements à base de zinc contre la
diarrhée. Dr Mbaye Gueye Dime déclare à propos de ce
partenariat : « le soutien technique et financier que nous apporte ce
partenariat, nous donne les ressources nécessaires pour élargir
ce nouveau traitement à tout le pays et ainsi sauver des vies d'enfants
»21. Il faut noter par ailleurs, que les expériences de
PPP au Sénégal, ne sont pas très avancées que ce
soit au niveau de la santé que d'autres domaines.
A ce propos, le rapport de Chemonics International (ND) sur le
potentiel des Partenariats Public-Privé au Sénégal,
établit les causes de l'échec ou des difficultés de
réalisation des PPP dans ce pays.
? D'abord, la non cohérence et harmonisation du cadre
juridique et règlementaire vis-à- vis des PPP. Ici, le rapport
souligne que le cadre juridique sénégalais n'a pas subi de
réforme profonde pour rendre les PPP attrayants ou pour atténuer
toute incohérence, ambiguïté ou risques d'investissement. Il
souligne des incohérences qui concernent :
? la Loi 2004-06 sur le Code des
Investissements22 : le Code évoque comme
secteurs concernés par le recours aux PPP, les services fournis dans les
sous-secteurs de la santé et de l'éducation, et l'infrastructure
portuaire, aéroportuaire et ferroviaire. Cependant, il reste muet sur
les autres secteurs commerciaux susceptibles d'être soumis aux contrats
PPP. Le résultat est que ces secteurs ne bénéficieraient
pas des garanties d'investissement établies dans le Code.
? Le Décret 2002-550 sur le Code des marchés
publics : pendant que l'article 3 du Code des Marchés Publics
stipule que les « contrats de concession et d'affermage sont soumis aux
règles de publication et d'ouverture à la concurrence selon des
conditions déterminées par décret», ce sont les
dispositions de la Loi CET23 qui régissent désormais
les contrats de concession et d'affermage. Ainsi, il existe apparemment un
conflit entre les deux textes en ce qui concerne la procédure de
soumission d'offres. De même, il existe une confusion entre les deux lois
(l'article 424 du Code des Marchés
21
http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/national/archives/2011/06/20110627-172904.html
22 Le code des investissements régit les garanties
accordées aux investisseurs qui souhaitent faire des affaires au
Sénégal.
23 Loi relative aux contrats de
Construction-Exploitation-Transfert d'infrastructure datant du 13
février 2004 et définissant le cadre juridique régissant
les PPP au Sénégal.
24 Article 4 : « Les contrats de marchés publics sont
des contrats administratifs qui sont écrits et signés par
l'État, les organisations locales, les établissements publics,
les entreprises nationales et les sociétés anonymes à
participation publique majoritaire afin d'acheter des fournitures ou d'obtenir
des services ou l'exécution d'une tâche. »
20
Publics et l'article 1 de la loi CET) sur ce qui distingue les
contrats de marchés publics des contrats de PPP.
? La Loi 76-66 sur le Code du domaine de l'État :
porte sur le régime de propriété publique et
privée au Sénégal. Elle n'est pas assez harmonisée
avec la loi CET et avec les concepts liés aux contrats PPP.
? L'Achat obligatoire : les textes
législatifs sur l'achat obligatoire de droits immobiliers pour des
motifs d'intérêt public prévoient le paiement d'une
compensation à l'individu touché par un achat obligatoire.
L'expérience de PPP sur des projets d'infrastructures montre que,
quoique largement utilisés, ces textes sont inadaptés aux
incidences que ces projets peuvent avoir sur la population directement
touchée.
? Ensuite, le manque d'informations des entreprises sur les PPP
et ses enjeux sociaux et
environnementaux, qui se traduit par la méconnaissance
par les entreprises, et même les populations des effets de modernisation
et autres pouvant résulter des PPP ( nouveaux systèmes de gestion
pour assurer de nouveaux services, des investissements dans les nouvelles
technologies et les équipements, l'importance donnée à des
sous secteurs compétitifs qui entraîneront des investissements
supplémentaires, la création de nouveaux emplois, l'augmentation
de la production, toutes choses pouvant améliorer la vie des
sénégalais.
? Et enfin le manque de ressources pour financer la mise en
place des PPP, cause d'échec,
qui pour ce rapport, découle de la faiblesse du secteur
bancaire, de l'insuffisance de la profondeur financière et du manque de
diversification des instruments financiers.
Le rapport de Chemonics International, a pu ainsi identifier
les raisons d'échec des PPP en général, raisons qui
pourront même être éventuellement confirmées,
à travers les enquêtes menées dans le cadre de cette
étude, sur les PPP Santé en particulier.
Par ailleurs, le rapport conclut aussi que les PPP, ne sont
pas fondés sur une vision de développement du pays, mais
plutôt sur des actions de correction de problèmes. Autrement dit,
les efforts pour établir des PPP au Sénégal ont eu pour
objet de résoudre un problème grave, au lieu de mettre en place
de nouvelles infrastructures et de nouveaux services fondés sur une
approche stratégique devant entraîner un Développement
Durable.
C'est le cas pour la SDE, le PPP est venu en réponse
à de graves pénuries d'eau ; l'autre exemple est celui de la
ligne de chemin de fer Bamako-Dakar, réalisé pour répondre
à l'inefficacité et au déclin des services de fret.
21
Les conclusions de ce rapport trouvent un écho
intéressant dans les travaux de Thomsen Stephen (2005). Ce dernier
ajoute à ces causes d'échec des PPP précédemment
citées:
- la gouvernance publique via les conflits entre autorités
publiques,
- les procédures d'attribution qui manquent de
transparence et ne reposent pas sur des critères d'évaluation
objectifs,
- la corruption dans le choix des partenaires
(sous-traitants),
- le traitement de faveur envers certains fournisseurs de
services déjà en place (surtout publics),
- et l'implication des responsables politiques.
Thomsen, en écrivant : « Si de nombreux PPP ne
sont pas parvenus à satisfaire leurs participants, c'est peut être
parce que les autorités des PED, ou les investisseurs, (ou les deux)
nourrissaient d'attentes démesurées quant aux résultats
escomptés », dénonce le manque d'objectivité à
la base lors de la contractualisation des PPP.
Pour pallier ces difficultés liées à la
mise en oeuvre efficace des PPP, il propose que l'Aide Publique au
Développement (APD) soit orientée de façon optimale vers
les PPP. Primo pour renforcer les capacités institutionnelles des PED,
et secundo, pour atténuer les risques pour les partenaires privés
grâce à l'aide des donneurs ; c'est pourquoi il déclare :
« une participation multilatérale dans les PPP, peut rassurer les
investisseurs privés sur le fait qu'ils ne resteront pas sans soutien si
le gouvernement modifie sa politique d'infrastructure ».
En somme, ces travaux montrent, que les politiques RSE des
entreprises diffèrent selon que l'on se situe dans les pays
développés, ou dans les PED.
Aussi, ils révèlent par ailleurs le rôle
plus ou moins passif que jouent les pouvoirs publics dans la
règlementation du domaine de la RSE, le libre arbitrage pratiqué
par les entreprises pour leurs actions RSE, l'insuffisance de leurs pratiques
RSE pour impulser une amélioration durable des conditions sociales et
environnementales.
CHAPITRE 2 : Enjeux des PPP Santé au
Sénégal
SECTION 1 : ETAT DES LIEUX DES OMD SANTE AU SENEGAL
Les OMD représentent l'engagement du monde entier
à éradiquer certains maux pour assurer un Développement
Durable. Parmi ces objectifs, le pôle santé tient une place de
choix. Dans les PED, au Sénégal en particulier, les
inquiétudes se forment sur la capacité des performances du
secteur sanitaire à réaliser les objectifs liés à
la santé avant 2015.
I- PRESENTATION GENERALE DES OMD
A- DESCRIPTION DES OBJECTIFS
Les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) sont le fruit des différentes recommandations
qui découlent de la conférence des Nations Unies, tenues à
New York, en septembre 2000. Ces objectifs, au nombre de huit, ont
été proclamés à travers la déclaration du
millénaire des Nations Unies adoptée par 191 pays dont 147
étaient représentés par leur Chef d'Etat. Les gouvernants
ont fixé un délai de 25 ans, entre 1990 (année de base) et
2015 (année horizon), pour atteindre lesdits objectifs.
Objectif n°1 : Réduire l'extrême
pauvreté et la faim
- Réduire de moitié entre 1990 et 2015, la
proportion de la population dont le revenu est inférieur à un
dollar par jour ;
- assurer le plein-emploi et la possibilité pour
chacun, y compris les femmes et les jeunes, de trouver un travail décent
et productif ;
- réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la
proportion de la population qui souffre de la faim.
Objectif n°2 : Assurer l'éducation primaire
pour tous
Il vise à donner à tous les enfants,
garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d'achever un cycle
complet d'études primaires d'ici 2015.
Objectif n°3 : Promouvoir l'égalité
des sexes et l'autonomisation des femmes
Il entend éliminer les disparités entre les
sexes dans les enseignements primaire et secondaire jusqu'en 2005 si possible,
et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015 au plus tard.
22
Encadré n°1 : Les Objectifs du
Millénaire pour le Développement
Objectif n°4 : Réduire la mortalité
infantile et post-infantile
Il consiste à réduire de deux tiers, entre 1990
et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans.
Objectif n°5 : Améliorer la santé
maternelle
- Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de
mortalité maternelle ; - rendre l'accès à la
médecine procréative universel d'ici 2015.
Objectif n°6 : Combattre le VIH/Sida, le paludisme
et d'autres maladies
- D'ici 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/sida
et avoir commencé à inverser la tendance actuelle ;
- d'ici 2010, assurer à tous ceux qui en ont besoin
l'accès aux traitements contre le VIH/sida ;
- d'ici 2015, avoir maîtrisé le paludisme et
d'autres maladies graves et commencer à inverser la tendance
actuelle.
Objectif n°7 : Préserver
l'environnement
- Intégrer les principes du développement
durable dans les politiques et programmes nationaux et inverser la tendance
actuelle à la déperdition des ressources environnementales ;
- réduire la perte de la biodiversité et
atteindre, d'ici à 2010, une diminution significative du taux de perte
;
- réduire de moitié, d'ici 2015, le pourcentage
de la population qui n'a pas accès à un approvisionnement en eau
potable ni à des services d'assainissement de base ;
- améliorer sensiblement, d'ici 2020, les conditions de
vie de 100 millions d'habitants des taudis.
Objectif n°8 : Mettre en place un partenariat pour
le développement
- Répondre aux besoins particuliers des Pays En
Développement sans littoral et des petits Etats insulaires en
développement ;
- poursuivre la mise en place d'un système commercial
et financier ouvert, réglementé, prévisible et non
discriminatoire ;
- traiter globalement le problème de la dette des pays en
PED ;
- en coopération avec l'industrie pharmaceutique,
rendre les médicaments essentiels disponibles et abordables dans les
PED.
23
24
B- EVALUATION DES OMD
De façon générale, les OMD ont connu
quelques avancées à divers niveaux. Des réductions
notables de la pauvreté ont eu lieu dans le monde entier. Des
améliorations appréciables se sont produites au niveau de la
scolarisation et de la parité des sexes dans les écoles. Des
progrès manifestes ont été réalisés dans la
réduction de la mortalité maternelle et infantile, dans
l'accroissement des traitements VIH et dans la promotion d'un environnement
durable et enfin, le partenariat mondial a connu des résultats
encourageants.
Paradoxalement, alors que les pauvres sont proportionnellement
moins nombreux, leur nombre absolu est en augmentation en Asie du Sud et en
Afrique subsaharienne. D'après la Banque Mondiale, le nombre de pauvres
vivants en Afrique sub-saharienne pourrait même augmenter de 8% d'ici
2015. Les pays qui ont réussi à réduire rapidement le taux
de la pauvreté ne font pas nécessairement les mêmes
progrès en matière d'égalité des sexes et
d'environnement durable. L'absence de progrès dans la lutte contre le
VIH freine les progrès dans le domaine des mortalités maternelle
et infantile. De plus, l'extension très rapide des services sanitaires
ou éducatifs s'est probablement faite au détriment de la
qualité de ces services.
Par ailleurs, les progrès dans l'atteinte des OMD sont
également menacés par les prix élevés des
denrées alimentaires et l'impact de la crise économique et
financière mondiale. La croissance économique s'est ralentie dans
de nombreux pays, accompagnée d'une réduction des investissements
étrangers directs et des transferts de fonds ainsi que d'une baisse des
exportations et du nombre de touristes, ce qui a provoqué des pertes
d'emplois substantielles. La réduction durable de la pauvreté et
de la faim est menacée en raison de la vulnérabilité aux
changements climatiques, en particulier dans le domaine de la production
agricole. La faiblesse des capacités institutionnelles dans les
situations de conflit ou d'après-conflit ralentit aussi les
progrès en matière d'OMD. Enfin, l'urbanisation rapide et le
nombre croissant de logements insalubres exercent une pression sur les services
sociaux.
Ce bilan des OMD montre qu'en l'état actuel des choses,
la plupart des objectifs ne seront pas atteints à l'horizon 2015, tout
particulièrement en Afrique sub-saharienne.
25
II- BILAN DES OMD SANTE AU SENEGAL
A- PERFOMANCES REALISEES
Les performances du secteur de la santé au
Sénégal, réalisées par rapport aux trois objectifs
de santé pour le millénaire sont :
? OMD 4 : Réduire la
mortalité infantile et post-infantile
Le taux de mortalité infanto-juvénile
est passé de 150%o en 1997 à 121%o en 2005 ; le taux de
mortalité infantile de 70,1%o en 1997 à 61%o en 2005.
Dans le domaine de la survie de l'enfant, la
mortalité néonatale reste très élevée, ce
qui explique l'insuffisance du recul de la mortalité infantile.
Plus de la moitié des décès avant 1 an interviennent avant
les vingt huitième jours. L'insuffisance de prise en charge des soins
postnatals participe à l'aggravation de ce
phénomène. Selon l'EDS IV moins de 3 femmes sur 10 en ont
bénéficié dans les deux jours ayant suivi l'accouchement
et une sur 10 entre le septième et le quarante deuxième
jour.
La mortalité infanto juvénile est de 91
%o en zone urbaine et 160 %o en zone rurale. En outre, la malnutrition
contribue pour près de 50% des décès chez les enfants de
moins de cinq ans.25
Dans un souci de rationalisation et
d'intégration des activités dans les formations
sanitaires de premier niveau, la Prise en Charge
Intégrée des Maladies de l'Enfant (PCIME) est mise en
oeuvre depuis 1998. En fin 2007, plus de 60% des districts ont
formé la plupart de leurs agents de santé
à la PCIME dont la composante communautaire s'installe
progressivement sur l'ensemble du territoire national (55
districts sur 65). L'enquête PCIME de 2006 confirme que les
maladies les plus courantes sont le paludisme (72%), les IRA (47%) et la
diarrhée (23%) sur fond de malnutrition. Les résultats montrent
une prise en charge correcte du paludisme (95%), des IRA (35%) et de la
diarrhée (56%), un index de disponibilité des huit
médicaments oraux de 0,63 (l'optimum étant de 1).
? OMD 5 : Améliorer la
santé maternelle
Le taux de mortalité maternelle est passé de
510/100 000 naissances vivantes en 1992 à 401/100 000 naissances
vivantes en 2005.
La mortalité maternelle est de 309 pour 100.000
naissances vivantes en milieu urbain contre 472 en milieu rural (EDS
IV). L'indice synthétique de fécondité est passé de
6,0 en 1992 à 5,3 en 2005.
25 Lancet (2005)
26
Selon l'EDS IV, la proportion de femmes enceintes ayant
effectué au moins une consultation prénatale auprès de
personnel de santé qualifié est passée de 82% en 1997
à 87% en 2005 avec un taux d'achèvement (4CPN) de 40%. Au cours
de la même période, la proportion de femmes dont l'accouchement
s'est déroulé en structure sanitaire est passée de 48%
à 62% avec 52% d'accouchements assistés par un personnel
qualifié.
Le taux de césarienne est de 3% inférieur au
seuil de 5% recommandé dans le cadre de la lutte contre la
mortalité maternelle.
La planification familiale connaît une progression
lente, passant de 8,1% en 1997 à 10,3% en 2005 (EDS IV) alors que
l'objectif était de 16%.
? OMD 6 : Combattre le
VIH/sida, le paludisme, et d'autres maladies
En ce qui concerne la lutte contre la maladie, le Programme
Elargi de Vaccination (PEV) enregistre, depuis 2001 une performance qui se
consolide d'année en année. Ainsi, la couverture au DTC3 est
passée de 45,3% en 2001 à 93% en 2007 au niveau national. Ces
résultats expliquent, entre autres, le recul des maladies cibles du PEV
telles que la rougeole et la poliomyélite dont le dernier cas remonte
à 1998.
Les autres priorités sanitaires concernent le SIDA, le
paludisme et la tuberculose.
En ce qui concerne le Sida, le Sénégal est
cité comme un pays de référence en Afrique dans la lutte
contre ce fléau. En effet, la séroprévalence au sein de la
population générale est estimée à 0,7% par l'EDS
IV(2005). Il faut, toutefois, rappeler que le Plan Stratégique de Lutte
contre le SIDA 2007-2011 a pour objectif de maintenir la prévalence du
VIH à moins de 2%. En 2008, près de 7000 personnes ont
bénéficié d'un traitement antirétroviral (ARV)
gratuit.
L'épidémie du VIH est de type concentré
avec au sein des groupes à risque des taux de prévalence de 20%
notamment chez les travailleuses du sexe et les hommes ayant des rapports avec
les hommes. En outre, il existe une féminisation de
l'épidémie avec un ratio Femme/Homme de 2,25. Des
disparités régionales sont également notées avec
des prévalences fortes dans les régions de Ziguinchor (2,2%) et
de Kolda (2%) d'après l'EDS IV.
Par rapport au paludisme, la tendance observée à
partir de 2001 est plutôt favorable, avec un taux de morbidité qui
est passé de 33,6 % en 2001 à 22,25 % en 2007. Quant à la
létalité hospitalière, elle est passée de 6,20% en
2006 à 3,36 % en 2007.
L'évaluation finale du Plan stratégique
2001-2005, réalisée en 2005, montre une amélioration des
taux d'utilisation des moustiquaires imprégnées entre 2000 et
2005.
27
Ainsi, le taux d'utilisation chez les enfants de moins de 5
ans passe de 1,2% à 18%, et chez les femmes enceintes de 1,7% à
39%. En 2006, l'enquête de couverture réalisée par le
Programme National de lutte contre le Paludisme (PNLP) révèle des
taux d'utilisation des moustiquaires de 32,6 % chez les femmes enceintes et de
45,6 chez les enfants de moins de 5ans. La même enquête a
montré un taux de couverture en traitement préventif intermittent
(TPI) à la SP (Sulfadoxine Pyrimétamine) en prise observée
de 64,3%.
Pour améliorer le dépistage et la prise en
charge des cas, les tests diagnostics rapides sont
généralisés à l'ensemble des districts sanitaires.
En outre, les Artémisinine Combined Treatment sont rendus disponibles et
accessibles à tous les niveaux de la pyramide sanitaire.
Dans le cadre de la lutte contre la tuberculose, on note une
lente évolution des indicateurs malgré les efforts consentis pour
assurer la gratuité du traitement. En effet, en 2006, le taux de
détection est estimé à 60% pour un objectif de 70% et le
taux de guérison de 76% pour un objectif de 85%. Par ailleurs, nous
assistons à un accroissement des cas multi résistants aux
anti-tuberculeux majeurs.
Quant aux Maladies Tropicales Négligées (MTN),
il convient de souligner que l'onchocercose n'est plus un problème de
santé publique au Sénégal. Toutefois, la prévalence
encore élevée dans certains pays de la sous région
constitue une menace d'une réinfestation. Pour le ver de Guinée,
la certification de l'interruption de la transmission par l'OMS a
été faite depuis mars 2004. Il importe, toutefois, de renforcer
la surveillance épidémiologique surtout celle à base
communautaire. Concernant le trachome, 2ème cause de
cécité après la cataracte, le traitement de masse par
l'Azithromycine ainsi que la chirurgie du trichiasis ont démarré
depuis 2004 dans les régions prioritaires. Quant à la
bilharziose, des campagnes de traitement de masse au Praziquantel ont
été initiées dans le cadre du Projet de Lutte contre les
Maladies Endémiques (PLCME) depuis 1997. Le seuil d'élimination
de la lèpre de 1 pour 10000 est atteint depuis une dizaine
d'années (en 2009, il à 1 pour 25 000). Les maladies à
potentiel épidémique, en particulier le choléra,
connaissent depuis 2004 une recrudescence avec une tendance endémique.
Les maladies non transmissibles chroniques à soins coûteux (le
cancer, l'insuffisance rénale et le diabète) sont de plus en plus
fréquentes dans toutes les couches de la population ; elles posent des
problèmes de prise en charge en termes de coûts, et les
interventions y afférentes restent encore timides.
28
B- ANALYSE DES PERFOMANCES PAR RAPPORT AUX OMD
SANTE
Des progrès significatifs ont été
enregistrés au plan des indicateurs sectoriels en termes de
réduction sensible de la mortalité des enfants et des
mères, de maîtrise de certaines maladies, de lutte contre le
paludisme et le sida.
Ces acquis détaillés plus haut, ont
été enregistrés au prix d'importants efforts en
matière d'investissements, en particulier dans les domaines de la
réalisation d'infrastructures sanitaires et de mise en place
d'équipements biomédicaux. De même, le développement
des ressources humaines a constitué un point de concentration avec
d'importantes mesures dans la formation, avec la création des centres
régionaux de formation, le recrutement, la rationalisation des
affectations et l'amélioration des rémunérations et des
systèmes de motivation.
Aussi, ces efforts ont été rendus possibles
grâce à un renforcement soutenu du financement public avec une
progression constante du budget de la santé qui a été
multiplié par quatre entre 1999 et 2007 passant de 20,5 milliards de
francs CFA à 84,5 milliards de francs CFA. La part du budget de la
santé dans le budget national est, quant à elle, passée de
8%, en 1999, à plus de 10% en 2007. Dans le même temps, le
partenariat avec les organisations de la société civile s'est
renforcé de même que la coordination avec les partenaires
techniques et financiers a été nettement
améliorée.
Toutefois, les performances enregistrées restent
insuffisantes pour atteindre les OMD. Les résultats atteints restent
globalement en deçà de ce qui pouvait être attendu au vu de
l'importance des ressources mobilisées en faveur du secteur.
Comme le soulignait Modou Diagne Fada, Ministre de la
Santé, de la Prévention et de l'Hygiène Publique le 18
Octobre 2010 à l'occasion du premier symposium sur la santé du
couple en Afrique 26, le Sénégal a un important gap
à combler en vue d'atteindre les OMD Santé, notamment en qui
concerne la réduction des mortalités maternelle et infantile,
qu'il faudra diminuer respectivement de 78 et de 263,5 points d'ici 2015.
L'accélération de la réalisation de ces
OMD constitue donc l'un des défis majeurs du secteur sanitaire.
L'importance des efforts à fournir pour les atteindre nécessite
toutefois un recadrage institutionnel rigoureux, l'opérationnalisation
de la carte sanitaire, la mobilisation de ressources adéquates
(humaines, matérielles et financières), une bonne politique
d'allocation de ressources et la culture de la performance.
26
www.aps.sn
29
Tel qu'il est dit dans le Plan National de
Développement Sanitaire (PNDS) 20092018, pour réduire les risques
que l'atteinte des OMD Santé soit compromise, il faudrait donc lever les
barrières actuelles qui freinent leur réalisation et faire des
efforts par rapport aux problèmes suivants:
le niveau encore élevé des indicateurs de la
mortalité maternelle, de la mortalité néonatale, de la
mortalité infantile et de la mortalité infanto juvénile la
faiblesse du niveau de la prévalence contraceptive ; les insuffisances
des systèmes de prévention et de prise en charge des maladies
chroniques à soins coûteux ;
les niveaux encore élevés de la morbidité et
de la mortalité dus aux maladies transmissibles comme le paludisme et la
tuberculose ; la recrudescence des maladies tropicales négligées
; les difficultés dans la formation, le recrutement et l'utilisation
optimales des ressources humaines ;
l'insuffisance des infrastructures et des équipements,
la défaillance du système de maintenance et la faible utilisation
des technologies de l'information et de la communication ;
les défaillances du système de planification, la
non systématisation du système de suivi-évaluation et la
faible utilisation de la recherche action pour améliorer les
interventions ;
les difficultés liées à la mise en oeuvre de
la réforme hospitalière ;
les insuffisances des systèmes de prise en charge des
urgences (médicales,
obstétricales, épidémiques, catastrophes
etc.) ;
l'insuffisance de l'accès aux médicaments ;
l'accès inégal aux soins lié aux
disparités régionales et la différence des
zones de résidence ;
l'inaccessibilité des services et soins de santé
pour les pauvres à cause entre autres de l'absence d'un système
universel de couverture du risque maladie.
Au total, l'évaluation des OMD Santé dans les
PED, particulièrement en Afrique Subsaharienne et plus
précisément au Sénégal, montre que les performances
réalisées sont encore loin de l'objectif visé, ce qui
nécessite de renforcer davantage les programme d'actions santé,
pour espérer changer la situation d'ici 2015.
30
SECTION 2 : ROLE ATTENDU DES SECTEURS PUBLIC ET PRIVE
DANS LES PPP SANTE
Une des fonctions régaliennes de l'Etat est d'investir
dans la santé publique, en assurant la santé pour tous à
travers la facilitation de l'accès des populations aux services de
santé. Mais l'apport public à la santé demeure insuffisant
; ceci fait appel à l'implication d'autres acteurs économiques,
notamment du secteur privé, à travers des PPP Santé, pour
aider à la réalisation des OMD santé au
Sénégal. Ainsi, des efforts sont attendus aussi bien du public
comme du privé pour assurer l'efficacité de ces PPP.
I- CONTEXTE SANITAIRE AU SENEGAL
A. POLITIQUE DE SANTE
La politique de santé reste basée sur les soins de
santé primaires et prend en compte
les engagements du Sénégal vis-à-vis des
organisations sous régionales, régionales et
mondiales en matière de santé, dont les OMD.
Cette politique s'articule autour des points suivants :
V' l'accès aux soins de santé de
qualité garantis à toute la population quel que
soit le statut socio-économique ;
V' l'approfondissement de la décentralisation et
de la gouvernance sanitaire
locale ;
V' la promotion de la couverture de l'assurance du
risque maladie ;
V' la protection des groupes vulnérables ;
V' le renforcement du Partenariat Public-Privé
;
V' la promotion de la multisectorialité ;
V' l'alignement de l'aide extérieure aux
priorités sanitaires nationales ;
V' la culture de la gestion axée sur les
résultats.
B . CADRE DE PLANIFICATION SANITAIRE ET
CONTRACTUALISATION
Le système de planification du secteur de la
santé comprend un plan stratégique décennal : le PNDS, un
plan triennal glissant : le Cadre de Dépense Sectorielle à Moyen
Terme (CDSMT) et un Plan de Travail Annuel (PTA) qui prend en compte les Plans
Opérationnels des Collectivités Locales (POCL-Santé).
31
Concernant le PNDS, le Sénégal en a connu deux,
un couvrant la période 1998-2007 et le plus récent couvrant la
période 2009-2018. Ce dernier s'inscrit dans la perspective de
l'accélération de la mise en oeuvre des différents
programmes de prévention et d'offres de services de santé. Son
objectif est de contribuer à l'atteinte des objectifs du Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) et des
Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Ainsi, ce plan vise à inverser la tendance
prévalente des maladies transmissibles et chroniques, de réduire
le risque de décès maternel, d'assurer la survie des enfants, de
renforcer et de moderniser l'infrastructure sanitaire ainsi que la performance
du secteur par la promotion de la gestion axée sur les
résultats.
Le PNDS est un document de référence pour
l'ensemble des acteurs de la santé principalement l'Etat, qui par leur
contribution doivent oeuvrer pour sa mise en oeuvre performante.
Mais face aux nombreux défis à relever dans le
secteur de la santé, notamment le manque notoire d'infrastructures
sanitaires, l'insuffisance du personnel et son manque de motivation pour
exécuter des activités sur l'ensemble du territoire national afin
de couvrir les zones pauvres les plus reculées, la
nécessité se fait sentir que d'autres acteurs en particulier le
secteur privé apportent leur soutien à l'Etat, dans l'atteinte
des objectifs de la politique nationale de santé, voire des OMD.
Ce besoin, a poussé l'Etat, à mettre en oeuvre
une politique de contractualisation avec les partenaires au
développement sanitaire, afin de créer un cadre de formalisation
des rôles et des responsabilités des différents acteurs.
La politique de contractualisation dans le secteur de la
santé au Sénégal a pour objectif de s'assurer que les
arrangements contractuels établis entre les acteurs de la santé
se font dans le respect de la politique nationale de santé et de ses
principes d'équité et contribuent à améliorer la
performance du système de santé.
Elle vise à amener les acteurs désireux de
s'engager dans des processus de contractualisation, à s'inscrire dans le
cadre d'une politique clairement définie.
Il ne s'agit pas à travers cette politique de remettre
en cause la liberté contractuelle mais de faire en sorte que cette
liberté s'inscrive dans un cadre cohérent visant à
harmoniser
32
les pratiques contractuelles afin d'éviter les effets
négatifs d'expériences aux objectifs et aux modalités de
mise en oeuvre contradictoires.
Plusieurs institutions du secteur privé et de la
société civile, même si elles restent en marge du
système de santé et de sa politique, contribuent à la
prestation de services de santé pour les populations.
L'objectif de la contractualisation est donc d'amener ces acteurs
à collaborer à la mise en oeuvre de la politique de santé
en leur proposant d'entrer en relations contractuelles d autres acteurs
notamment, l'administration publique sanitaire.
Par cet encouragement à l'engagement communautaire autour
de la santé, la politique de contractualisation vise à mobiliser
davantage de ressources tant humaines que financières pour la
santé des populations.
Par ailleurs, le recours à la contractualisation
permettra à l'Etat de mieux se consacrer à ses tâches
régaliennes et à ses missions essentielles que sont la
définition des politiques de santé, la protection des populations
les plus vulnérables, la coordination des partenaires extérieurs
ainsi qu'à l'élaboration des textes juridiques permettant une
mise en oeuvre efficace de la politique de santé.
Aussi, la contractualisation permet d'impliquer les
collectivités locales, les ONG, les entreprises et autres acteurs
à la mise en oeuvre du PNDS. Elle s'inscrit dans une logique de
Partenariat Public-Privé, et constitue le document de
référence qui gère la complexité des relations
entre les différents acteurs du secteur.
La contractualisation existe depuis des décennies au
Sénégal; mais elle se cantonnait presque exclusivement aux liens
de type "client - fournisseur" entre le Ministère de la Santé et
le secteur privé. Cependant l''impulsion majeure qui lui a
été donné ne sera concrétisée que lors de la
première phase du PNDS.
D'un point de vue général, la politique de
santé au Sénégal requiert des différents acteurs,
un réel engagement et une participation stratégique à la
réalisation des objectifs de santé. Les défis à
relever sont légion et conséquemment, les attentes relatives aux
acteurs pour réaliser ces défis sont très
élevées, surtout celles concernant l'Etat et les entreprises.
Cela nécessite donc que ces dernières aient une
compréhension bien claire de leurs rôles.
33
II- ATTENTES RELATIVES AUX ACTEURS DANS LES PPP
A- SECTEUR PUBLIC
Avec les réalités actuelles, l'Etat ne peut plus
prétendre être l'acteur exclusif de la prestation des services de
santé. Certes, il en est un acteur principal, mais désormais, il
doit promouvoir les PPP avec d'autres acteurs notamment le secteur
privé, et les associer à la réalisation des objectifs
nationaux, voire des OMD pour la santé.
D'après le document sur la politique de
contractualisation dans le domaine de la santé, une analyse des comptes
nationaux de la santé montre que la presque totalité du
financement public pour les dépenses sanitaires est orientée vers
les structures publiques alors que les structures privées participent
aussi à la prise en charge de la santé des populations. Pour
cette raison, l'attention de l'Etat est attirée sur le fait qu'il
devrait encourager le secteur privé et favoriser ainsi le Partenariat
Public-Privé en lui faisant bénéficier de son assistance
pour une meilleure prise en charge de la santé.
Le même document affirme que, dans les PPP, l'Etat est
l'acteur qui doit garantir le cadre général favorable du
partenariat. Qu'au plan politique et législatif, il doit
à travers les textes règlementaires, créer les
facilitations nécessaires pour inciter le secteur privé à
l'amélioration durable des performances dans le domaine de la
santé ; renforcer son rôle de régulateur dans le processus
de contractualisation, et prendre des mesures de protection des entreprises
dans le cadre du partenariat.
Sur le plan économique et fiscal, les efforts
attendus du secteur public (l'Etat et les collectivités locales
entendues) portent sur le renforcement du financement de la santé,
à travers une augmentation du budget public alloué à la
santé. L'Etat peut recourir à des mesures incitatives pour amener
les acteurs à contracter dans le sens des objectifs de la politique
nationale de santé. Par lesdites incitations, l'Etat peut agir sur la
prise de décision
des acteurs privés, en les amenant à
reconsidérer leurs intérêts pour des PPP.
En effet, les incitations ne sont pas contradictoires avec la
contractualisation pour autant qu'elles ne déséquilibrent pas
trop fortement les relations entre les acteurs. D'ailleurs, elles sont
pertinentes notamment, lorsqu'il s'agit d'amener le secteur privé
à travailler de concert avec le secteur public. Les incitations que le
secteur public, à travers le Ministère de la Santé peut
utiliser, sont essentiellement d'ordre financier. Il peut décider de
lier l'attribution d'une prime, d'une subvention ou d'une exonération
fiscale, à la signature d'arrangements contractuels.
34
Cependant, il peut aussi mobiliser d'autres instruments par
exemple la labellisation qui consiste pour le Ministère de la
Santé, à donner sa reconnaissance à un contrat entre des
acteurs publics et privés.
Par ailleurs, comme pour tout nouvel outil, les utilisateurs ont
besoin d'acquérir des compétences. La contractualisation fait
appel à de nombreuses notions, issues de disciplines diverses (droit,
économie, santé publique, science politique et administrative,
etc.). Une bonne maîtrise de ces outils constitue sans aucun doute un
pré requis au succès d'une expérience de PPP.
Par conséquent, le document sur la politique de
contractualisation, interpelle l'Etat, à s'assurer que chacun des
contractants, y compris lui-même, possède cette maîtrise, et
à renforcer le PPP par :
- l'identification, l'information et la sensibilisation des
différents acteurs : il est de la responsabilité de l'État
de mettre en place un système performant d'information (enregistrement,
analyse des contrats) sur la contractualisation ;
- l'élaboration de termes de référence
définissant les domaines d'interventions, les objectifs, les
résultats attendus, la méthodologie et le suivi-évaluation
du partenariat.
Le même document suggère que l'Etat doit
faciliter un dialogue constructif entre tous les acteurs publics et
privés du champ de la santé afin de les inciter à
rechercher ensemble les synergies qui peuvent améliorer la performance
du système. Il doit prendre en charge la planification et la
coordination du partenariat avec le privé. Il doit lui faire profiter de
son expertise en matière de santé, et aussi, l'aider à
mettre en oeuvre des stratégies qui épousent la politique
nationale de santé et qui concourent à la réalisation des
objectifs de santé définis par l'Etat. Egalement, il doit
susciter l'engagement de la collectivité au niveau local pour
accompagner et soutenir les actions du partenariat avec le privé. Enfin,
il doit fournir le cadre général du partenariat, y inciter les
entreprises, et assurer sa durabilité dans le temps.
B- SECTEUR PRIVE
Selon le document de la politique de contractualisation,
l'apport du privé en matière de santé, quoique non
négligeable, reste infime par rapport aux dépenses du secteur. Il
aurait été plus important si la politique de contractualisation
était bien mise en oeuvre, et si des cadres formels de collaboration
entre le public et le privé étaient créés et rendus
fonctionnels.
35
Il est du ressort de l'Etat de fournir ce cadre, et d'inviter
les entreprises à coopérer avec lui, pour combler les attentes
relatives au domaine de la santé.
Dans bien de pays, les préoccupations publiques
relatives à la santé sont bien souvent prises en compte par les
acteurs du privé. Quelques exemples illustrent bien cet engagement du
privé pour la santé27 :
- au Pakistan, pour les maladies diarrhéiques, une
collaboration entre les fabricants de Sels de Réhydratation Orale (SRO)
et le Ministère de la Santé du Pakistan a permis la
commercialisation durable de SRO dans ce pays. Cela a allégé le
fardeau du gouvernement tout en garantissant l'approvisionnement continu et
l'utilisation des SRO ;
- en Amérique centrale, avec la politique nationale de
santé pour la lutte contre la malnutrition, des producteurs de farine de
maïs (ingrédient principal des tortillas qui constituent la
nourriture de base), ont accepté d'enrichir leur produit avec du fer
afin d'éviter les carences en fer dans la population visée ;
- pour la lutte contre le paludisme, avec la collaboration des
ministères de la santé et d'agences de communication de six pays
africains, les fabricants d'insecticide et de moustiquaires ont lancé
ensemble une campagne de promotion de moustiquaires imprégnées
d'insecticide pour la prévention du paludisme.
De pareilles initiatives, sont entre autres ce que le
gouvernement sénégalais, en particulier le Ministère de la
Santé, de la Prévention et de l'hygiène Publique, attend
du secteur privé : une réelle implication dans la
santé.
En promouvant les PPP, l'Etat souhaite que les entreprises
complètent le déficit public dans les dépenses de
santé en apportant des ressources (financières, humaines et
matérielles). Elles pourraient aussi faire bénéficier le
partenariat d'expériences, techniques et nouvelles approches de leurs
expertises, susceptibles d'être utiles au secteur sanitaire.
En somme, les acteurs publics et privés unis au sein
d'un PPP Santé ont chacun leur rôle à jouer. Celui de
l'Etat ou du secteur public en général tel que décrit plus
haut est de fournir le cadre général du partenariat, mais en
retour, ce dernier attend que les entreprises conjuguent leurs efforts aux
siens pour assurer l'efficacité du partenariat.
27 Frances Tain et Diane Bendahmane (2002)
DEUXIEME PARTIE
ETUDE EMPIRIQUE
36
CHAPITRE 3 : Méthodologie de recherche
SECTION 1 : RECUEIL DES DONNEES
Les objectifs de cette étude consistent d'une part
à établir un état des lieux des actions RSE des
entreprises dans le domaine de la santé, et d'autre part à
étudier les possibilités d'un PPP Santé entre elles et
l'Etat. Pour cette raison, la méthodologie adoptée a
été choisie en fonction du type d'informations à
recueillir.
I- DEMARCHE METHODOLOGIQUE
A- TECHNIQUE DE COLLECTE
L'atteinte des objectifs de l'étude nécessite de
connaître :
- les actions menées par les entreprises dans le domaine
de la santé ;
- leur niveau de compréhension sur le concept de PPP ;
- leurs expériences en matière de PPP, ainsi que
les domaines d'interventions,
- leur volonté à former ou non un PPP Santé
avec l'Etat et ;
- les axes du PPP Santé privilégiés par les
entreprises.
Il a donc été mené une enquête
exploratoire, basée sur une étude qualitative auprès de
quelques entreprises de Dakar et d'autres villes. Des entretiens semi directifs
ont été réalisés avec un guide d'entretien
rédigé sous forme d'un questionnaire de questions ouvertes et
fermées (voir annexe 1).
En vue de percevoir le degré de responsabilité
sociale des entreprises par rapport aux questions de la santé, et de
mieux apprécier leur implication dans ce domaine, il leur a
été demandé une information quantitative relative au
coût global des actions RSE santé.
Néanmoins l'étude reste essentiellement
basée sur des questions qualitatives, qui sont celles qui aideront
à parvenir aux objectifs du présent travail.
Les entretiens se sont déroulés sur une
période de deux semaines de façon intermittente suivant la
disponibilité des répondants des entreprises de
l'échantillon retenu.
37
B- ECHANTILLONNAGE
Il a été retenu dans le cadre de cette
recherche, un échantillon de 26 entreprises composé de dix-huit
entreprises de secteurs différents et de huit associations
professionnelles (voir annexe 2).
Sur l'échantillon, seules sept (07) entreprises et deux
associations professionnelles ont été finalement prises en compte
dans le cadre de l'étude. Il s'agit de :
- CBAO :
La Compagnie Bancaire de l'Afrique de l'Ouest est la plus
ancienne banque de l'Afrique de l'Ouest et leader sur le marché bancaire
sénégalais. Elle est la filiale du groupe Maghrébin
Attijariwafa Banque. Elle emploie un millier de personnes et participe ainsi
à la réduction du chômage au Sénégal.
- EIFFAGE SENEGAL :
Filiale du groupe européen EIFFAGE de BTP, elle est
présente au Sénégal depuis 85 ans. L'effectif de son
personnel s'élève à 1412 employés. Avec un CA de 42
milliards de Francs CFA en 2008, c'est la seule entreprise de BTP au
Sénégal à recevoir une certification environnementale ISO
14 001 version 2004 ce qui prouve son engagement à la RSE et au
Développement Durable.
- ICS :
Les Industries Chimiques du Sénégal sont le
fruit d'une coopération Sud-Sud entre l'Inde et le
Sénégal. C'est le plus grand complexe industriel du
Sénégal produisant du phosphate, de l'acide phosphorique et des
engrais. Il compte 2000 employés permanents, 1000 employés
temporaires, et plus de 5000 emplois issus d'activités
dérivées localement des ICS. Les ICS ont réalisé
une étude d'impact environnemental en 2005, et mènent une
politique sociale soutenue, preuve de leur implication au Développement
Durable.
- LEMATEKI
Financée par Danone France et gérée par
l'ONG Enda Graf Sahel Sénégal, LEMATEKI distribue presque
gratuitement une pâte fortifiée à base de
céréales aux enfants en âge scolaire dans la banlieue de
Dakar, pour améliorer leur état nutritionnel. Le financement des
activités s'élève à près de 40 000 Euros par
an.
38
- SANOFI AVENTIS
Filiale du groupe pharmaceutique mondial Sanofi Aventis, cette
entreprise a pour métier de découvrir, développer et
mettre à la disposition des médecins et de leurs patients, des
traitements innovants, efficaces et bien tolérés. Au
Sénégal, Sanofi Aventis emploie 150 permanents et 100
temporaires.
- SAR :
Créée depuis 1963 sous l'initiative du
Gouvernement Sénégalais, de la Société Africaine de
Pétrole (SAP) et avec la participation des sociétés
pétrolières, la SAR est une société africaine qui a
pour vocation le raffinage du pétrole brut pour l'approvisionnement du
marché sénégalais en produits pétroliers. Elle
compte un effectif de 258 employés.
- SONATEL :
Leader au Sénégal, et présente au Mali,
en Guinée Conakry et Bissau, SONATEL est l'opérateur
télécom global et sous régional de
référence. Elle enregistre près de 3000 employés et
plus de 600 milliards de CA annuel depuis 2009. Elle est la première
entreprise de l'UEMOA à s'être résolument engagée
à la RSE partout où elle opère, à travers sa
fondation d'entreprise. En 2005, la SONATEL a publié son premier rapport
RSE.
- SPPS :
Créé en 2005 et comptant 205 membres, le
Syndicat des Pharmaciens Privés du Sénégal est une
association professionnelle qui regroupe les pharmaciens privés du
Sénégal. Il a pour vocation de prendre toutes les mesures utiles
pour rendre les médicaments accessibles financièrement.
- UFCE :
L'Union des Femmes Chefs d'Entreprises est une
fédération de 300 femmes chefs d'entreprises, dirigeantes de
sociétés ou d'organisations professionnelles féminines.
Elle a pour mission principale, de représenter les intérêts
des membres auprès des structures institutionnelles et
internationales.
L'échantillonnage a été
réalisé avec la méthode non probabiliste,
précisément la méthode de convenance ou des choix
raisonnés. Les entreprises choisies ont donc été celles
qui présentent un intérêt particulier pour la Cellule de
Financement et d'Appui de la Santé et au Partenariat (CAFSP), en raison
de leur participation antérieure, les 12 et 13 février 2011,
à l'atelier organisé par la CAFSP pour la concertation d'acteurs
publics et privés sur les PPP.
39
II- LIMITES DE LA DEMARCHE
Les principales limites de la démarche adoptée,
sont liées à l'échantillonnage. En effet,
l'échantillon de convenance de départ fixé à
vingt-six entreprises, s'est vu réduit pendant la phase pratique de
conduite des entretiens. Sur les vingt-six (26) entreprises retenues, seules
les neuf (09) présentées dans le paragraphe
précédent ont accepté de participer à
l'étude et de fournir les informations recherchées ; ce qui
représente, à peine la moitié de l'échantillon de
départ.
Cependant, ces entreprises présentent une pertinence
certaine pour l'enquête. D'après le classement des 20
premières entreprises du Sénégal28, la SAR, les
ICS et SONATEL occupent respectivement les 1ère, 2ème
et 4ème places. La CBAO et EIFFAGE sont leaders sur leurs
marchés respectifs. SANOFI AVENTIS est la filiale d'un groupe
mondialement reconnu et LEMATEKI bénéficie de l'assistance
financière et technique du très populaire groupe Danone. UFCE
regroupe des femmes propriétaires d'entreprises qui peuvent
répondre à des questions liées à la RSE, et enfin
SPPS rassemble des professionnels de la santé.
Ce sont là toutes de grandes entreprises, avec des CA
et effectifs de personnel impressionnants, qui peuvent servir de témoins
d'entreprises représentants une diversité de secteurs : BTP,
banque, exploitation chimique, santé, nutrition, raffinerie.
La réduction involontaire de l'échantillon de
base, a été aussi liée aux contraintes de temps. Une bonne
partie des entreprises a affirmé n'être disposée à
entreprendre les entretiens que courant le mois de novembre, délai qui
se trouve être largement ultérieur à
l'échéance de dépôt de ce travail, fixé au 20
octobre. De plus, la CAFSP a souhaité disposer d'un minimum
d'informations sur les entreprises avant le démarrage de l'atelier de
concertation entre le public et le privé sur les PPP, qui s'est tenu les
14 et 15 octobre 2011.
L'étude qualitative s'est donc limitée à
cet échantillon restreint d'entreprises, dans une logique de respecter
la contrainte majeure qui est la date de dépôt de ce
présent document, mais aussi, de réunir des informations utiles
à la CAFSP pour l'atelier de concertation.
Cependant, il est à préciser que la
présente étude, qui a un caractère exploratoire sera
approfondie ultérieurement, pour les besoins du cadre de dialogue entre
les acteurs publics et privés.
28
http://www.senegal-online.com/français/economie/20-entreprises.htm
40
SECTION 2 : TRAITEMENT DES DONNEES
Les données qualitatives étant non mesurables, ni
quantifiables, leur traitement est plus ou moins délicat et requiert une
plus grande habileté.
I- VERIFICATION ET RETRANSCRIPTION DES DONNEES
Les informations préalablement recueillies avec le guide
d'entretien ont été relues et remises au propre par
entreprise.
Les informations obtenues auprès des entreprises et
n'ayant pas été prévues dans le guide d'entretien, ont
été ajoutées par retranscription écrite.
Dans certaines entreprises, l'entretien s'est
déroulé avec deux personnes, mais de façon
séparée ; cela a permis de confronter les informations et de
vérifier leur véracité et fiabilité.
II- ANALYSE DES DONNEES
L'étude menée est basée sur des
données qualitatives. La méthode de traitement de données
retenue est donc celle de l'analyse du contenu.
L'analyse s'est déroulée par les étapes
successives suivantes :
1. la constitution de supports écrits (pour chaque
entreprise) qui restituent par chaque thème abordé pendant les
entretiens, les réponses des entreprises ;
2. la relecture des documents constitués ;
3. la classification des données obtenues par
regroupement des entreprises en catégories : nature de l'organisation
(entreprise, association professionnelle), taille de l'entreprise (grande,
petite ou moyenne) ;
4. l'interprétation des données en fonction de
la classification établie.
Comme indiqué dans la démarche
méthodologique, il a été recherché malgré le
caractère qualitatif de l'étude, une information quantitative
concernant le coût global des actions santé que supportent les
entreprises.
Ces informations ne feront pas l'objet d'un traitement
statistique, mais seront juste utilisées d'une part, pour comprendre
l'importance que les entreprises réservent à la santé, et
d'autre part pour expliquer le lien entre la nature ou la taille de
l'organisation, et ses actions santé.
41
CHAPITRE 4 : Résultats et Enseignements
SECTION 1 : RESULTATS
Les résultats de cette étude ont permis de faire
une synthèse des actions que les entreprises mènent dans le
domaine de la santé et d'avoir une idée sur leur participation
à l'amélioration de la santé au Sénégal.
Ces résultats sont présentés à
travers deux parties : la première partie vise à lister les
actions santé que les entreprises entreprennent d'une part envers leur
personnel, et d'autre part envers la communauté. La seconde partie vise
à présenter la connaissance qu'ont les entreprises des PPP
à travers une synthèse de leurs expériences en
partenariats.
I- BILAN DES ACTIONS SANTE DES ENTREPRISES
Les actions santé des entreprises se décomposent
en actions internes et en actions externes. La différence entre ces deux
types d'actions est liée à leur cible. Pendant que les actions
internes visent le personnel de l'entreprise et leur famille de façon
intrinsèque, les actions externes, elles ciblent plutôt la
communauté dans son ensemble.
Les raisons de cette distinction pour notre étude se
justifient par le fait qu'il existe un bon nombre d'entreprises qui
investissent beaucoup socialement dans leur entreprise, sans pour autant
être engagées envers la communauté. Or cette étude,
s'intéresse beaucoup plus à la RSE santé des entreprises
envers la société en général, en vue de
l'amélioration des indicateurs de santé au Sénégal
; d'où l'intérêt de les présenter
séparément.
A- ACTIONS INTERNES
Les différentes modalités de prise en charge de
la santé du personnel par les entreprises sont : la prévention,
la prise en charge médicale : par l'assurance maladie (IPM, Caisse de
Sécurité Sociale ou par offre de soins et de médicaments
(service médical d'entreprise ou un médecin externe) ou encore
par financement direct à travers un fonds social d'entreprise.
Le tableau ci-après positionne les entreprises par les
différents types de prise en charge de la santé
pratiqués.
42
Tableau N°1 : Les entreprises et la prise en
charge santé du personnel
Modalités de prise en charge
|
Entreprises
|
Personnes prises en charge
|
Coût prestations
|
Caisse de Sécurité Sociale (CSS)
|
SONATEL, ICS
|
Personnel
|
Défini
|
Fonds social
|
SONATEL, ICS
|
Personnel
|
gratuit
|
Prévention
|
Sensibilisation sur le palu, distribution de
moustiquaires.
|
EIFFAGE, SAR
|
Personnel
|
Gratuit
|
Sensibilisation sur le sida, distribution de
préservatifs.
|
CBAO, SAR, EIFFAGE
|
Personnel
|
Gratuit
|
Soins et médicaments
|
Infirmerie
|
CBAO, ICS, EIFFAGE, SAR SONATEL
|
Personnel et leur famille
|
Gratuit
|
Médecin externe
|
SANOFI AVENTIS
|
Personnel et leur famille
|
Payant
|
IPM
|
Analyses
|
EIFFAGE, ICS, SONATEL
|
Personnel et leur famille
|
Pourcentage gratuit défini
|
Evacuations
|
ICS, SONATEL
|
Personnel
|
Pourcentage gratuit défini
|
Hospitalisations
|
ICS, CBAO, EIFFAGE, SONATEL
|
Personnel et leur famille
|
Pourcentage gratuit défini
|
Interventions chirurgicales
|
EIFFAGE, ICS, SONATEL
|
Personnel et leur famille
|
Pourcentage gratuit défini
|
Lunetteries
|
SAR, ICS, SONATEL
|
Personnel et leur famille.
|
Pourcentage gratuit défini
|
Maternités
|
SAR, SANOFI, ICS, EIFFAGE, SONATEL
|
Personnel et leur famille.
|
Pourcentage gratuit défini
|
Médicaments et soins
|
SAR, SANOFI, ICS, CBAO, SONATEL, EIFFAGE
|
Personnel et leur famille
|
Gratuit
|
43
B- ACTIONS EXTERNES
Le bilan des actions santé par entreprise en faveur de la
communauté se présente comme suit :
Tableau N°2 : Actions santé des
entreprises en faveur de la société.
Entreprises
|
Actions santé
|
CBAO
|
Financement d'un matériel médical de
près
de 3 millions de francs CFA au service
de réanimation et de chirurgie de l'hôpital Le
Dantec à Dakar.
|
EIFFAGE SENEGAL
|
Campagnes de sensibilisation sur le sida et le paludisme,
distribution de préservatifs et de moustiquaires
imprégnées, dépistage de VIH,
soutien logistique à l'association
Kinkéliba pour la lutte contre le paludisme chez les
enfants.
|
ICS
|
Dépistage de VIH et de tuberculose, offre de soins, de
CPN, vaccinations de mères et des enfants en bas âge, dons de
moustiquaires, de
médicaments, d'ambulances,
développement de programmes d'Information Education et
Communication sur les maladies hydriques, financement de la
construction de postes et cases de santé (Programme PALPICS).
|
LEMATEKI
|
Distribution de sticks Moss Teki (pâte
fortifiée à base de céréale) aux
enfants en âge
scolaire dans la banlieue de Dakar, élaboration de
supports pédagogiques pour l'éducation nutritionnelle des
enfants.
|
SANOFI AVENTIS
|
Organisation de consultations gratuites et de séances
de sensibilisation et de dépistage du
cancer du sein, dons de médicaments,
financement d'associations soutenant
le développement sanitaire.
|
44
|
Organisation de séances de consultations
prénatales et gynécologiques, de causeries et
|
SAR
|
sensibilisations sur le planning familial, le
|
|
VIH et le palu, distribution de moustiquaires
et de préservatifs, vaccination des enfants.
|
|
Financement d'équipements de centres
médicaux, soutien financier aux initiatives de
|
SONATEL
|
|
|
lutte contre le cancer, le diabète, l'épilepsie
le palu, et les maladies cardiovasculaires.
|
|
Ils ne mènent pas d'actions santé du point de
vue de toute l'entité, mais quelques membres
du SPPS, indépendamment du syndicat,
|
SPPS et UFCE
|
organisent individuellement des actions de
dépistage de diabète, de sensibilisation
et d'information sur le paludisme et le cancer.
|
Pour apprécier de façon chiffrée,
l'importance de ces actions santé des entreprises, il est
nécessaire de présenter le coût global qu'elles supportent
pour ces actions.
Tableau N°3 : Coût global des actions
santé des entreprises (en Millions FCFA).
Coûts
|
|
[0-1[
|
[1-2[
|
|
[2-5[
|
[5-10[
|
[10- + [
|
Entreprises
|
5.
6.
|
SPPS UFCE
|
|
7.
|
SAR
|
|
8. CBAO
9. EIFFAGE
10. ICS
11. LEMATEKI
12. SANOFI
13. SONATEL
|
Les différents tableaux présentés feront
l'objet de commentaires dans la partie analyse des résultats.
45
II- EXPERIENCE DES ENTREPRISES EN PPP SANTE
Interrogées, toutes les entreprises à
l'exception de la CBAO, affirment connaître la notion de Partenariat
Public-Privé. Parmi elles, la SAR avoue n'en jamais avoir fait
l'expérience. Le reste déclare avoir une expérience des
PPP en matière de santé.
Le tableau ci-dessous récapitule l'expérience en
PPP SANTE de ces cinq entreprises.
Tableau N°4 : Expérience en PPP
Santé des entreprises.
ENTREPRISES
|
PARTENAIRES
|
DOMAINE DU PARTENARIAT
|
EIFFAGE
|
Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS)
|
Sida
|
Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP)
|
Paludisme
|
ICS
|
Districts sanitaires (MSP)
|
Dépistage du VIH et Tuberculose
|
Vaccinations, Consultations Prénatales
|
PNUD et le Bureau International du Travail (OIT)
|
Programme PALPICS : Construction de postes et cases de
santé
|
LEMATEKI
|
Ministère de l'Education
|
Nutrition dans les écoles
|
SANOFI AVENTIS
|
Institut Joliot Curie - Le Dantec
|
Dépistage cancer du sein
|
SONATEL
|
Ministère de la Santé
|
Paludisme, équipement de centres médicaux
|
Aussi, toutes les entreprises affichent une volonté et
un intérêt pour un PPP Santé avec le Ministère de la
santé. Les domaines de partenariat qui ont été
cités par les entreprises concordent en majorité avec ceux
priorisés par le MSP dans le cadre de la réalisation des OMD,
à savoir les OMD 4, 5 et 6. Toutefois, d'autres domaines semblent aussi
intéresser les entreprises : l'hépatite B, la bilharziose,
l'épilepsie, le cancer (utérus, prostate, sein), le
diabète, la nutrition, l'hypertension, la
télémédecine.
En somme, les résultats ont permis de connaître
les actions et partenariats des entreprises dans le domaine de la santé.
Puisqu'il s'agit d'une enquête exploratoire, ils ne sont pas de la plus
grande précision, mais ils sont tout de même exploitables pour une
analyse.
46
47
SECTION 2 : ANALYSE DES RESULTATS ET ENSEIGNEMENTS
Après la présentation générale des
actions des entreprises et de leurs expériences en PPP santé, une
évaluation de ces actions mérite d'être faite, afin de
pouvoir en tirer des leçons pour la promotion de PPP Santé entre
le Ministère de la Santé et les entreprises.
I- ANALYSE DES RESULTATS
A- ANALYSE DES ACTIONS SANTE DES ENTREPRISES
Analyse des actions internes
Deux constats peuvent être faits après examen du
tableau N°1.
- Le premier constat est que l'UFCE, le SPPS et LEMATEKI ne
figurent pas dans le tableau. En effet, UFCE et SPPS sont des associations
et n'ont pas de personnel à prendre en charge médicalement ;
LEMATEKI quant à elle n'a qu'une dizaine d'employés et ne
mène pas d'actions santé envers ces derniers.
- Le second constat est que les six entreprises restantes
ont une diversité de pratiques pour la prise en charge santé
du personnel : financement direct à travers un fonds social, assurance
des risques et accidents de travail auprès de la CSS, assurance maladies
par l'IPM, et l'offre de soins basiques médicaments par les services
médicaux d'entreprises.
Les prestations offertes par l'IPM sont très
variées et l'assurance couvre non seulement le personnel, mais aussi,
leur famille directe. Sur les six entreprises, au moins cinq offrent une
assurance maladie qui couvre les soins et médicaments, les
maternités et les hospitalisations; ces prestations constituent donc la
tendance générale.
Par contre, les analyses, les évacuations à
l'étranger et les interventions chirurgicales, ne sont prévues
dans le cadre de l'IPM, que dans trois entreprises : les ICS, la SONATEL et
EIFFAGE. Ceci s'explique par le fait que le coût de ces prestations est
généralement élevé, et les entreprises qui
acceptent en supporter une partie sont souvent de grosses entreprises comme ces
trois dernières.
En somme, on peut retenir que les entreprises sont
socialement impliquées à l'interne. Mais en réalité
ce sont de grandes structures, employant des centaines voire milliers de
travailleurs, donc certaines de leurs actions relèvent du minimum des
dispositions légales du droit des travailleurs, par exemple la
détention d'un service médical d'entreprise.
Analyse des actions externes
La lecture du tableau N°2 permet d'affirmer que les
actions des entreprises enquêtées envers la communauté,
sont plus orientées vers la prévention du paludisme et du sida.
Ce sont des maladies qui sévissent actuellement en Afrique Subsaharienne
et auxquelles les populations sont les plus exposées. Ces raisons
peuvent justifier leur choix par les entreprises.
Les vaccinations d'enfants et de mères, les
consultations gratuites (générales, prénatales,
gynécologiques), le dépistage de cas de cancer de sein et de
tuberculose, sont d'autres formes d'interventions des entreprises.
Le tableau N°3 témoigne de l'intérêt
des entreprises à améliorer la santé des populations. Sur
sept entreprises, six y compris LEMATEKI qui n'est qu'une petite entreprise
encore en constitution, dépensent annuellement plus de dix millions de
francs CFA dans la santé. C'est un effort non négligeable,
surtout quand on sait que, dans un contexte africain économiquement
contraignant et difficile, les entreprises en général sont plus
focalisées sur la recherche de profit que sur tout autre objectif.
Mais cet effort demeure encore insuffisant pour plusieurs
raisons :
1- Les entreprises n'ont pas en leur sein, une réelle
politique de santé qui justifie leurs choix stratégiques des
maladies auxquelles elles veulent s'attaquer. De même, elles ne
planifient par leurs actions pour la santé. Seule EIFFAGE a un
comité de santé en interne, pour définir
méthodiquement les choix de la société en termes de
domaines d'interventions en santé, en tenant compte des moyens
financiers et humains de l'entreprise. De plus, l'enquête a
révélé qu'elles ignorent même les OMD et autres axes
de priorité de l'Etat en matière de santé ; ainsi, leurs
actions peuvent présenter le risque d'être peu efficaces ou en
déphasage avec la politique publique sanitaire.
2- A l'exception d'EIFFAGE, les autres entreprises ne
budgétisent pas leurs dépenses pour la santé, ce qui
limite la portée et l'efficacité de leurs actions.
3- Enfin, les entreprises affichent un défaut de
communication avec des parties prenantes (surtout publiques) du domaine de la
santé. A la question de savoir si elles pouvaient citer les acteurs
publics du domaine de la santé, elles répondent presque toutes
par la négation, sans même mentionner le Ministère de la
Santé. Ceci est d'autant plus grave, que l'espoir de PPP Santé
fructueux, devrait passer par une collaboration efficace entre ces entreprises
et le Ministère de la Santé ; est-ce dernier qui ne se rend pas
assez
48
visible auprès des entreprises comme étant un
acteur primordial du domaine de la santé, ou est-ce le fait d'une
négligence de la part des entreprises ?
Ces interrogations posent le problème de
l'expérience partenariale des entreprises en matière de PPP
Santé.
B- ANALYSE DE L'EXPERIENCE DES ENTREPRISES EN PPP
SANTE
Le tableau N°4 met en évidence les partenaires
avec lesquels les entreprises ont collaboré pour déployer des
actions santé, ainsi que les différents domaines
d'intervention.
La première remarque qui peut se faire est que la CBAO,
la SAR, l'UFCE et le SPPS ne figurent pas dans le tableau. Cette absence est
due au fait que les uns (UFCE ET SPPS) n'ont pas mené des actions
concrètes en santé, et les autres (CBAO et SAR) certes en ont
mené mais sans une collaboration avec d'autres acteurs.
Les cinq entreprises restantes et qui figurent dans le tableau
à savoir EIFFAGE, ICS, LEMATEKI, SANOFI AVENTIS et SONATEL, ont eut
à collaborer avec des acteurs publics dans le cadre d'actions
santé, mais de façon ponctuelle, sans engagement écrit, ni
signé. Dans ces conditions, ces partenariats ne peuvent pas être
qualifiés de PPP qui revêt plutôt le sens d'une relation
contractuelle formelle.
Seules ICS et EIFFAGE ont des partenariats structurés
et formalisés, programmés sur une durée, avec des
conventions écrites et bien spécifiées.
Par exemple, pour les ICS, ils ont mis en place le Programme
d'Appui de Lutte contre la Pauvreté dans les zones riveraines des ICS
(PALPICS) en partenariat avec le Système des Nations Unies : SNU
(PNUD/OIT). Dans ce cadre, il a été signé un protocole
d'accord d'un montant de 700 000 dollars entre le PNUD et les ICS de 2002
à 2006 pour permettre aux ICS d'exécuter le projet. Entres autres
actions du projet, figure la construction de cases et postes de santé. A
la fin du projet, le taux de satisfaction des deux partenaires et des
populations a été jugé acceptable.
Pour le cas d'EIFFAGE, le partenariat a été
noué avec le CNLS et porte sur le projet d'accélération de
l'accès universel aux services de prévention, de traitement et de
soutien. Les deux partenaires ont signé une convention par laquelle le
CNLS apporte 80% du financement du projet, et EIFFAGE exécute le projet
en complétant les 20% restants.
49
Le projet a été exécuté et les
résultats ont été jugés satisfaisants par les
parties, qui ont d'ailleurs reconduit le partenariat.
Ces deux expériences de PPP Santé sont une
preuve non seulement de l'engagement des ICS et d'EIFFAGE au concept de RSE,
mais aussi de leur aptitude à conduire efficacement des projets de
PPP.
Au total, sur le lot d'organisations interviewées,
seules deux ont des relations partenariales sérieuses et
formalisées avec des acteurs publics. On note donc à leur niveau,
une faiblesse d'expérience en PPP Santé. Leur approche
partenariale n'est pas encore suffisamment développée, ce qui
pourrait représenter un obstacle à une véritable
contractualisation avec elles. Mais, leur volonté exprimée lors
des entretiens à former des PPP avec le Ministère de la
Santé est un élément positif qui pourra combler cette
lacune (faible expérience en PPP) et favoriser la promotion et le
développement de partenariats efficaces dans le domaine de la
santé.
II- ENSEIGNEMENTS
L'ensemble des entreprises interviewées n'est pas
représentatif de tout le secteur privé. En conséquence, il
serait difficile d'établir à partir des informations
collectées à leur niveau, des diagnostics
généralisables à tout le secteur privé, et plus
loin, de formuler des recommandations à l'endroit de l'Etat sur la
façon dont il doit procéder pour obtenir une participation des
entreprises à des PPP Santé.
Néanmoins, il faut préciser que ces entreprises
sont pour la grande majorité de très grosses entreprises, avec
des milliers d'employés. Elles représentent des entreprises
phares dans leurs domaines d'activités respectifs, donc leurs
expériences sont quand même assez significatives pour permettre de
dégager des leçons exploitables par l'Etat voire même, le
secteur privé.
Au total, les enseignements à tirer de cette recherche
effectuée auprès des entreprises sont nombreux et très
riches.
Ces enseignements peuvent être regroupés sous trois
thématiques :
50
1) situation des entreprises en termes de RSE dans le domaine
de la santé
Les entreprises en interne ont des actions santé en
faveur du personnel. Mais on peut constater que ces actions relèvent
juste du minimum légal requis. La définition de la Commission
Européenne (2001) dit : « Etre socialement responsable signifie non
seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables, mais
aller au-delà et investir davantage dans le capital humain,
l'environnement et les relations avec les parties prenantes. » On en
déduit que, les entreprises n'ont pas réellement pris la mesure
de leur responsabilité sociale. Il leur reste alors de gros efforts
à fournir sur ce plan.
Les entreprises sons conscientes des enjeux de
développement du secteur sanitaire. Elles s'intéressent à
la santé des populations qui les entourent, et de façon
spontanée mènent des actions de santé. C'est un
élément très positif qui témoigne de leur
disposition à améliorer leur responsabilité
sociétale.
Elles s'attaquent en grande majorité au paludisme et au
sida (pour les raisons expliquées plus haut), maladies ciblées
dans l'OMD 6 et qui rentrent dans les préoccupations du Ministère
de la Santé. Ces maladies peuvent d'ores et déjà, faire
l'objet de cibles potentielles pour les domaines de PPP Santé à
envisager par le Ministère de la Santé, puisque les entreprises
ont déjà exprimé leur volonté à
coopérer, et mis en place une stratégie pour lutter contre ces
maladies.
Les entreprises mènent aussi beaucoup d'actions dans le
domaine des maladies chroniques (cancer, diabète, hépatite B,
hypertension, épilepsie, maladies cardiovasculaires) et des maladies
hydriques,. Ce sont là aussi des domaines de partenariats possibles,
bien que ce ne soient pas les cibles immédiates des OMD Santé.
2) connaissance des entreprises des mécanismes de
partenariat, des politiques publiques et des acteurs publics
Dans les actions des entreprises, l'accent n'est pas beaucoup
mis sur les OMD 3 et 4 respectivement la réduction de la
mortalité infantile et de la mortalité maternelle. Ce sont
là des points sur lesquels le Ministère pourra travailler en
initiant des dialogues avec les entreprises pour attirer leur attention.
Les entreprises, ne connaissent pas vraiment les
priorités de l'Etat Sénégalais en matière de
politique sanitaire, mieux, elles ignorent même les OMD Santé.
51
Dans ces conditions, si elles ne comprennent pas d'abord les
OMD Santé, les enjeux y relatifs et la nécessité de les
atteindre d'ici l'horizon 2015, il serait difficile d'obtenir leur engagement
pour des PPP dans le domaine.
Pour cette raison, la politique de promotion des PPP
auprès d'elles doit commencer d'abord par des communications permanentes
du Ministère sur ce que sont ces OMD, quelles performances sont
déjà réalisées, quels sont les OMD sur lesquels ces
performances demeurent insuffisantes, quels sont les moyens et les
stratégies que le Ministère pense déployer à cet
effet, sur quel plan il a besoin de l'aide des entreprises, et quelles sont ses
attentes concrètes concernant la participation des entreprises.
3) Disposition à s'associer à des
partenariats
Les entreprises ont exprimé la volonté de former
des PPP Santé avec l'Etat, et leurs domaines d'intérêt sont
presque déjà connus : paludisme, sida, maladies chroniques,
tuberculose, ce qui converge partiellement vers les préoccupations du
Ministère.
Déjà, le Ministère via la CAFSP, a
pensé à mettre en place un cadre de concertation entre le public
et le privé. Un atelier s'est déjà tenu les 12 et 13
Février 2011 à cet effet, et le 14 et 15 Octobre 2011, un autre
atelier s'est tenu à Dakar entre les acteurs publics et privés
pour la même cause.
Cet atelier qui se veut être un cadre de
réflexion et de concertation entre les secteurs public et privé,
montre la volonté du Ministère de s'ouvrir aux acteurs
privés pour partager leurs expériences, et aussi son approche
partenariale basé sur l'argumentaire du gagnant - gagnant.
Maintenant, il faudrait penser à adopter une
démarche plus rapide et qui respecte le mode de fonctionnement du
secteur privé. La CAFSP devrait partir avec des propositions de contrats
déjà pensés et basés sur du concret, des
conventions aux modalités pré-étudiées en fonction
du profil des entreprises
52
CONCLUSION
Au terme de nos investigations, il ressort qu'au
Sénégal, des entreprises dans l'accomplissement de leur
responsabilité sociétale et environnementale, entreprennent des
actions pour améliorer la santé de leur personnel mais aussi des
populations environnantes.
Ces actions regroupent : des dons de médicaments ; des
actions de prévention de maladies (des campagnes de sensibilisation et
d'informations sur le paludisme et le sida des dépistages de maladies
telles que le sida, la tuberculose, le cancer, des dons de préservatifs
et de moustiquaires imprégnées) ; des campagnes d'informations et
de communication sur la santé de la reproduction et le planning familial
; des campagnes de vaccination, des programmes de vaccination, des projets
d'amélioration de l'état nutritionnel des enfants en âge
scolaire, des financements d'équipements et matériels
médicaux.
Dans la mise en oeuvre de ces actions, elles s'associent de
façon ponctuelle aux acteurs publics, mais cette forme de collaboration
ne saurait être qualifiée de PPP Santé, car ces
partenariats pour la majorité, ne sont pas formalisés, ni n'ont
une durée significative dans le temps. Autrement dit, les entreprises
n'ont pas vraiment une expérience en termes de PPP Santé.
Les enseignements à tirer de ces résultats
concernent la façon dont le Ministère de la Santé doit
s'organiser pour promouvoir avec succès les PPP Santé
auprès des entreprises.
Une première leçon à dégager est
que les entreprises sont ouvertes à une éventualité de PPP
Santé avec le Ministère, mais elles ne connaissent pas vraiment
ses priorités en matière d'objectifs liés à la
santé. Il revient donc au Ministère de la Santé de mettre
en oeuvre une politique de communication avec le secteur privé, pour
l'amener au même niveau de compréhension des enjeux liés
à l'atteinte des OMD santé pour 2015, à travers la
création d'un espace ou cadre de dialogue permanent.
Deuxième leçon, les domaines de partenariat
à privilégier sont ceux qui respectent la double coïncidence
des intérêts du public et du privé. Les résultats
ont permis de savoir que ces domaines sont surtout ceux du paludisme et du VIH
Sida. Pour ce qui concerne les mortalités infantiles et maternelles, qui
sont moins prises en compte par le privé, le Ministère pourra
attirer leur attention par des communications sur les écarts entre les
performances réalisées dans le domaine et les résultats
souhaités.
53
Enfin, les propositions du ministère pour susciter
l'intérêt des entreprises à ce concept, doivent êtres
concrètes et sur des bases écrites, par exemple à travers
des conventions à soumettre au privé. Ceci présente le
double avantage de gagner en temps et de montrer au privé les
caractères sérieux et opérationnels de l'initiative.
Le présent travail, pour des contraintes de temps et
d'indisponibilité des entreprises, a eu la faiblesse de ne prendre en
compte dans les investigations, qu'une dizaine d'entreprises. Dans ces
conditions, il n'est pas encore possible de généraliser ses
résultats à tout le secteur privé quand bien même
les structures choisies sont de très grosses sociétés dans
le parc des entreprises sénégalaises.
Il est donc clair que ces recommandations constituent juste
des pistes de réflexion pour le Ministère de la Santé
quant à la stratégie à adopter pour la promotion des PPP
Santé.
Ces pistes feront d'ailleurs l'objet d'approfondissement de la
réflexion après cette étude, surtout pour les questions
relatives aux stratégies à déployer et les
différentes modalités de PPP Santé à adopter.
54
Références bibliographiques
Ouvrages
- Boidin B, Lesaffre L. (2010), L'accès des pays
pauvres aux médicaments et la propriété intellectuelle :
quel apport des partenariats multiacteurs ?, Revue internationale de droit
économique, n°3, p325-350.
- Bruno Boidin (à paraître), RSE et pays en
développement, in R. Sobel, N. Postel, Lexique de la RSE, Ed. du
Septentrion.
- Capron et Quairel (2007) [a responsabilité sociale
d'entreprise, Repères, [a découverte, Paris 122p.
- Edward Freeman (1984), Strategic management: a
stakeholder approach, Harpercollins College Div.
- Mamadou Lamine Ba, Marina Bambara (2011), L'ancrage
territorial des entreprises dans le cadre de la RSE, Mémoire,
Institut des Sciences de l'Environnement.
- Marin Philippe (1965), Public-private partnerships for
urban water utilities: a review of experiences in developing countries,
Washington, DC, World Bank.
- Marty, Trosa, Voisin (2006) Les partenariats
public-privé, Editions La Découverte, Paris.
- Michel Doucin (2011), La responsabilité sociale
des entreprises plébiscitée par les pays émergents,
Réalités industrielles, p23.
- Nicolas Postel, Richard Sobel (2011), Polanyi contre
Freeman, Revue de la régulation, Numéro n°9, RSE,
régulation et diversité du capitalisme.
- Olivia Verger, Gavin White (2004), L'ancrage des
entreprises dans les pays en développement, Etude exploratoire,
Institut du Mécénat et de la solidarité.
- Paul Lignières (2000), Les Partenariats Publics
Privés, Litec Paris, pages 1 et 2.
- Peter Farlam (2005), Assessing Public-Private
Partnerships in Africa, Nepad Policy Focus Report No. 2
- Stephen Thomsen (2005), Perspectives de
l'investissement international, Chapitre 3, Edition OCDE.
55
Communications / Rapports
- Bruno Boidin (2009), La RSE : une nouvelle
régulation de l'aide au développement? L'expériences des
partenariats multi acteurs", Communication au colloque RIODD, Clerse,
Lille 1
- Chemonics International INC (ND), Rapport sur le potentiel
des partenariats public-privé au Sénégal,
USAID/Sénégal.
- Commission Économique pour l'Afrique (2004),
Libérer le potentiel commercial de l'Afrique Rapport
économique sur l'Afrique Addis-Abeba.
- Ministère de la Santé, de la Prévention
et de l'Hygiène Publique, Plan National de Développement
Sanitaire 2009-2018, (2009).
- Ministère de la Santé, de la Prévention
et de l'Hygiène Publique, Politique de contractualisation dans le
secteur de la santé au Sénégal, (2004)
Sites internet
http://www.rse-et-ped.info
http://www.partenariats-public-prive.fr
http://www.rsesenegal.com
http://www.wikipedia.org
http://ec.europa.eu/enterprise/policies/sustainable-business/corporate-social-responsibility/index_fr.htm
http://www.wbcsd.org/templates/TemplateWBCSD5/layout.asp?type=p&MenuId=MTE0OQ
http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/national/archives/2011/06/20110627-172904.html
http: //
www.aps.sn
ANNEXES
Annexe N° 1 : Guide d'entretien
REPUBLIQUE DU SENEGAL Un Peuple - Un But - Une Foi
MINISTERE DE LA SANTE, DE L'HYGIENE PUBLIQUE
ET DE LA PREVENTION
Cellule d'Appui au Financement de la Santé et
au Partenariat
*******
GUIDE D'ENTRETIEN SUR LA RSE SANTE
SECTION 1 : IDENTIFICATION DE L'ENTREPRISE
Raisonsociale :
---------------------------------------------------------------------------------------------
Adresse: -------- ------------------ ------------
------------------
Date de création : ----------------
------------------------------------------------------------
Taille:
--------------------------------------------------------------------------------------------------------
Nombre d'employés : Permanents
----------------- Temporaires ------
Lien : Nom ---------------- Fonction -------------------
Adresse -
10- A combien s'élève le
coût annuel(en millions de FCFA) que supporte l'entreprise pour
ces actions ?
[1-2[ [2-5[ [5-10[
[10- + [
SECTION 2 : LA RSE AU SEIN DE L'ENTREPRISE
1- Avez-vous entendu parler de la RSE ? Si oui, depuis quand ?
2- Que signifie ce terme pour vous ?
Investir dans Préserver Remplir son
le social l'environnement devoir citoyen
Prendre bien Autres
soin des employés
3- Concernant vos actions pour la santé du personnel,
existe-t-il une assurance maladie ?
4- Elle recouvre quelles prestations ?
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
5- Quelles sont les personnes prises en charge ?
Le personnel Leurs familles Autres
6- Existe-t-il un service médical ?
7- Quels sont les personnes prises en charge ?
Le personnel
|
Leurs familles
|
Autres
|
|
8- Quel est le coût des prestations
Soins : Payants (% ?) Gratuits
Médicaments : Payants (% ?) Gratuits
9- Existe- t-il une autre forme de prise en charge maladie ?
Si oui laquelle ?
SECTION 3 : ACTIONS RSE DE L'ENTREPRISE AVEC ET
DANS LA COMMUNAUTE
11- Menez-vous des actions santé en faveur de la
communauté ?
12- Ces actions s'articulent autour de :
Sida
|
Palu
|
Tuberculose
|
Réduction de la mortalité infantile
|
Réduction de la mortalité maternelle Rien Autres
13- Pouvez- vous énumérer ces actions ?
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
14- Travaillez-vous avec des partenaires pour mettre en oeuvre
ces actions ? Si oui
Non
lesquels ? Oui
15- Quel est le budget total de ces actions en millions de
FCFA?
[1-2[ [2-5[ [5-10[ [10- + [
SECTION 4 : PPP AVEC LES ENTREPRISES
11- Connaissez-vous le terme Partenariat Public-Privé
?
12- En avez-vous l'expérience ? Si oui avec quels acteurs
?
13- Dans quels domaines ?
Education Santé Pauvreté Autres
14- Savez-vous qu'il existe des PPP dans le domaine de la
santé ?
15- Si oui, lesquels connaissez-vous ?
---------------------------------------------------------------------------------------------------------
---------------------------------------------------------------------------------------------------------
---------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------
---------
---------------------------------------------------------------------------------------------------------
16- Connaissez-vous les acteurs publics de la santé ?
Si oui lesquels ?
Oui Non
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
17- Aimeriez-vous développer un PPP Santé avec
l'un de ces acteurs ? Lequel (s)?
Oui Non
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
18- Dans quel(s) domaine(s) ?
OMD 4 OMD 5 Sida Palu Tuberculose Autres
Annexe N° 2: Liste des entreprises
enquêtées
1. Conseil National du Patronat du Sénégal
(CNP)
2. Confédération Nationale des employeurs du
Sénégal (CNES)
3. Association des Cliniques Privées du
Sénégal (ACPS)
4. Syndicat des Médecins Privés du
Sénégal (SMPS)
5. Syndicat des Pharmaciens Privés du
Sénégal (SPPS)
6. Associations des Infirmiers Privés
7. Association des Infirmiers d'Entreprises
8. PFEIZER
9. SANOFI
10. Union des femmes Chefs d'entreprises du
Sénégal (UFCE)
11. Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS)
12. Société de production des oléagineux
à partir de graines d'arachide cultivées localement (SUNEOR)
13. Société Industrielle de Papeterie du
Sénégal (SIPS)
14. Industries de Fabrication de fûts métalliques
et de fûts et bidons en plastiques (FUMOA & COFISAC)
15. Industries Chimiques du Sénégal (ICS)
16. OROMIN Exploitations du Sénégal
17. EIFFAGE Sénégal
18. Total Sénégal
19. Société africaine de raffinage
20. Société Nationale des
Télécommunications
21. Banque de l'habitat du Sénégal
22. Groupe Attijariwafa Bank (CBAO)
23. Société Général des Banques du
Sénégal
24. Banque Islamique de Développement
25. Société d'Equipement et de
Représentation automobile (SERA)
26. Lemateki (Danone - Enda Graf Sénégal)
Table des matières
DEDICACES ..I
REMERCIEMENTS .II
SIGLES ET ABREVIATIONS III
LISTE DES TABLEAUX, ENCADRES ET ANNEXES ..V
SOMMAIRE VI
AVANT-PROPOS ...VII
INTRODUCTION .1
PREMIERE PARTIE : RSE, PPP, SANTE DANS LES PAYS EN
DEVELOPPEMENT
Chapitre 1 : Approche théorique 3
Section 1 : Etude des concepts théoriques .3
I- RSE : Définitions et approches ..3
A- Définitions 3
B- Approches ...5
II- PPP : Définitions et exemples types .7
A- Définitions 7
B- Exemples types de PPP en Afrique 8
Section 2 : RSE, PPP et Santé dans les PED ...11
I- Intérêt théorique de l'étude des
PPP Santé ..11
A- Pour la science 11
B- Pour les acteurs économiques 13
II- Synthèse de la littérature .14
A- Politique RSE des entreprises dans les PED .14
B- Partenariats multi acteurs et rôle des entreprises
15
Chapitre 2 : Enjeux des PPP Santé au Sénégal
22
Section 1 : Etat des lieux des OMD Santé au
Sénégal .22
I- Présentation Générale des OMD ..22
A- Description des objectifs 22
B- Evaluation des OMD .24
II- Bilan des OMD Santé au Sénégal 25
A- Performances réalisées ..25
B- Analyse des performances par rapport aux OMD Santé
28
Section 2 : Rôle attendu des secteurs public et
privé dans les PPP Santé
|
30
|
I- Contexte sanitaire au Sénégal
|
..30
|
A- Politique de santé
|
.30
|
B- Cadre de planification sanitaire et contractualisation
|
30
|
|
II- Attentes relatives aux acteurs dans les PPP Santé
|
..33
|
A- Secteur public
|
33
|
B- Secteur privé
|
..34
|
|
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EMPIRIQUE
|
|
Chapitre 3 : Méthodologie de recherche
|
..36
|
Section 1 : Recueil des données
|
36
|
I- Démarche méthodologique
|
36
|
A- Technique de collecte
|
36
|
B- Echantillonnage
|
.37
|
|
II- Limites de la démarche
|
39
|
Section 2 : Traitement des données
|
.40
|
I- Vérification et retranscription des données
|
.40
|
II- Analyse des données
|
..40
|
|
Chapitre 4 : Résultats et enseignements
|
..41
|
Section 1 : Résultats
|
41
|
I- Bilan des actions santé des entreprises
|
41
|
A- Actions internes
|
41
|
B- Actions externes
|
43
|
|
II- Expérience des entreprises en PPP Santé
|
45
|
Section 2 : Analyse des Résultats et enseignements
|
46
|
I- Analyse des Résultats
|
46
|
A- Analyse des actions santé des entreprises
|
.46
|
B- Analyse de l'expérience des entreprises en PPP
Santé
|
.48
|
|
II- Enseignements
|
49
|
CONCLUSION
|
...52
|
BIBLIOGRAPHIE
|
54
|
ANNEXES
|
|
TABLE DES MATIERES
|
|
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