5.2.2- Variabilité interannuelle de la
pluviométrie à Boukombé
Les précipitations moyennes annuelles à
Boukombé sont comprises entre 1000 mm et 1300 mm par an (682 mm en 1984
contre 1529,6 mm en 1931)13. La moyenne sur 80 ans (1923 -- 2002)
est de 1065,7mm de pluie/an alors que la première normale de 1931
à 1960 est 1053,6 mm et la dernière, celle de 1961 à 1990
est 1020,1 mm.
Pour exprimer les relations entre les déficits et les
excédents de chaque mois pour toutes les années, des courbes de
variabilité interannuelle de chaque mois pour la série 1923
à 2002 ont été tracées (Figure 14).
13 ASECNA: Relevés pluviométriques --
Poste de Boukombé
- - - 47 -Page 47 sur 162
§ :
vil
5 i
Fve
6
ars
Jnve
Figure14 a : Variabilités
pluviométriques interannuelles mensuelles(janvier-avril) Source
des données statistiques : ASECNA - Cotonou, 2002
- - - 48 -Page 48 sur 162
g i
g i
;
ule
Aû
Mai
in
Figure14 b : Variabilités
pluviométriques interannuelles mensuelles(mai-août) Source
des données statistiques : ASECNA - Cotonou, 2002
- - - 49 -Page 49 sur 162
Sptmbr
3 f
cobe
3~
Nvmre
S S
Decmre
Figure14 c : Variabilités
pluviométriques interannuelles
mensuelles(septembredécembre)
Source des données statistiques : ASECNA -
Cotonou, 2002
P
- - - 50 -Page 50 sur 162
La comparaison des excédents et des déficits
des mois humides et des mois secs a montré qu'il n'y a aucune relation
entre l'excédent et le déficit du mois humide et celui du mois
sec. Par ailleurs les anomalies exceptionnelles ont été
différemment ressenties en ces mois. En effet les pics
excédentaires observés au mois humide (Septembre) ont
été pour la plupart ceux des années excédentaires
et les pics déficitaires ont été ceux des années
déficitaires. Par contre dans le mois de Janvier (mois sec) où on
ne peut déterminer les déficits, les pics excédentaires
ont été ceux des années déficitaires. Ce qui
pourrait constituer un signe de prévision de la sécheresse.
Afin de déceler les épisodes
pluviométriques annuels enregistrés à Boukombé les
pluviométries annuelles de toute la série (1923-2002) ont
été transformées en graphique de variabilité
interannuelle avec les différentes moyennes calculées plus haut
(Figure 15).
Figure 15 : Variabilité inter annuelle de la
pluviométrie à Boukombé (1923-2002) Source des
données statistiques :
L'observation du graphique permet de distinguer globalement une
période excédentaire (1923 -- 1935); deux periodes défici
taires (1936 -- 1947 et 1977 -- 1990) et - 20%
- - - 51 -Page 51 sur 162
deux périodes normales (1948 - 1976 et 1991 - 2002) avec
des pics en 1949, 1953, 1957, 1962, 1971, et 1991 et des déficits en
1961, 1993 et 2000.
Les années déficitaires, normales et
excédentaires sur les 80 ans à la station pluviométrique
de Boukombé ont été exprimées en pourcentage
(figure 16).
Figure 16: Répartition temporelle des
épisodes pluviométriques à
BoukombéSource des données statistiques :
ASECNA - Cotonou, 2002
Le pourcentage plus élevé (67.5%)
d'années normales permet de dire que les précipitations ont
été favorables sur les 80 dernières années dans la
commune de Boukombé.
Par ailleurs, la courbe de tendance des variations
interannuelles de la
67,0%
pluviométrie (Figure 17) donne l'évolution des
précipitations durant la période considérée et
permet de dire que les précipitations ont subit une évolution
régressive de 1923 à nos jours. La comparaison de la
première normale (1931-1960) 1053,6 mm
5%
avec la deuxième (1961-1990) 1020,1 mm montre que la
première est supérieure à la dernière ; ce qui
confirme la régression des pluies à Boukombé au fil du
temps.
- - - 52 -Page 52 sur 162
Figure 17: Evolution des précipitations de
1923 à 2002 - Station Boukombé Source des données
statistiques : ASECNA -- Cotonou, 2002
5.2.3. Perceptions paysannes de la variabilité
pluviométrique Tableau IX : Les articulations
saisonnières
Saison sèche
|
Saison de pluies
|
0Dénominations (langues)
|
Ditammari
|
Dipaà
|
Diyõ
|
|
dipaari
|
diyuri
|
|
Nurå
|
Yélémta
|
0 Variantes
|
Inter-saison sèche (Diténwaà)
d'octobre à décembre, pleine saison sèche
(Dipaà) de janvier à mars.
|
Inter-saison pluvieuse (Diyînkambonkidi) d'Avril
à Juin; pleine saison pluvieuse (Diyontchuokà) de
Juillet à Septembre.
|
Caractéristiques
|
Pas de pluie, harmattan, repos, fêtes et
cérémonies, forte chaleur, pénurie d'eau,
le soleil semble se lever au Nord, un groupe d'étoiles appelé
"mukorimu" en ditammari se trouve à l'Ouest
|
Pluies; travaux de champs ; de l'eau partout; Le soleil semble
se lever à l'Est ; un groupe d'étoiles appelé
"mukorimu" en ditammari se trouve à l'Est
|
Durée t) 0
4
MN
CD
|
6 mois a) 3 cp. cn
|
6 mois a) 3 cp.
Cl)
|
Intensité
|
Forte
g c7
|
Faible
é
|
|
Source: Résultat d'enquête, 2003
Tableau X : Les prévisions
saisonnières
|
Saison sèche
|
Saison de pluies
|
|
Maturité des cultures
Le mil et le sorgho portent des épis
Apparition du brouillard L'herbe commence à se
sécher
Les fruits de ficus commencent à mûrir Apparition
des feuilles sur l'acacia albida ("Fako nkafoota" en
ditammari)
|
La chaleur devient atroce et persistante
Les fruits de néré et de Karité
mûrissent,
Humidité sous les pierres les matins;
|
Signes de
|
Les feuilles de baobab et d'Afzelia jaunissent et
|
L'acacia albida ("Fako nkafoota" en
|
Démarrage
|
tombent
|
ditammari) perd ses feuilles
|
|
On voit au ciel une ligne d'étoiles au faîte des
|
La cigale (Diyonkri) crie
|
|
têtes appelée "kouyînkanyaku"qui
indique le
|
intempestivement dans la journée
|
|
niveau avancé de la saison sèche sur la saison
|
Un oiseau appelé "Tayonkanontà"
|
|
pluvieuse
|
chante les chants des labours le
|
|
Les hérons viennent
|
matin et le soir.
|
|
Les tourterelles blanches à anneau noir au cou commencent
à chanter.
|
|
|
|
Maturité des cultures
|
|
|
Le mil et le sorgho portent des épis
|
|
|
Apparition du brouillard ;
|
|
|
L'herbe commence à se sécher
|
|
La chaleur devient atroce et persistante;
|
Les fruits de Fucus commencent à
|
|
Les fruits de néré mûrissent,
Humidité sous les pierres les matins;
|
mûrir
Apparition des feuilles sur l'acacia
|
|
Préparation des terrains de champs
|
albida ("Fako nkafoota" en
|
|
L'acacia albida ("Fako nkafoota") perd ses
|
ditammari)
|
|
feuilles
|
On commence à percevoir la voix
|
Signes de Fin
|
La cigale (Diyôkri) crie intempestivement dans
la
|
d'un cohabitant qui parle chez lui;
|
|
journée
|
Les feuilles de baobab et d'iroko
|
|
Un oiseau appelé "Tayôkanontà"
chante les
|
jaunissent et tombent
|
|
chants des labours le matin et le soir.
|
On voit au ciel une ligne d'étoiles au
|
|
Les arbres bourgeonnent et portent de nouveaux
|
faîte des têtes appelée
|
|
feuillages
|
"kouyînkanyaku"qui indique le niveau
avancé de la saison sèche sur la saison pluvieuse
|
|
|
Les hérons arrivent
|
|
|
Les tourterelles blanches à anneau au cou commencent
à chanter.
|
|
Source : Résultat d'enquête, 2003
- - - 54 -Page 54 sur 162
Les tableaux IX et X ci-dessus montrent que les
communautés rurales de Boukombé connaissent bien l'alternance
saisonnière. Chacune des saisons a deux variantes. L'ensemble de ces
variantes constitue une subdivision de l'année en trimestres dont le
premier trimestre est celui de Diyinkambokri (d'avril en juin) et le
dernier est celui de Dipaà tchuokà (de janvier en
mars).
Les deux saisons ont de façon globale la même
durée (6 mois), mais on note une fluctuation en plus ou en moins au
niveau de chacune d'elles. En effet la durée de la saison pluvieuse
varie entre 5 et 6 mois alors que celle de la saison sèche fluctue entre
6 et 7 mois. Les signes préventifs de démarrage ou de fin de
chaque saison sont multiples et divers. On remarque que les signes de
démarrage de la saison sèche sont en même temps ceux de fin
de la saison pluvieuse.
- - - 55 -Page 55 sur 162
Tableau XI : Les épisodes
climatiques
|
Sécheresses / Ruptures de pluie
|
Excès pluviométriques
|
|
Ditammari
|
kutayiåti
|
kutapipikù
|
|
utèåriwièåtu
|
kutåpipiku / Fåtådifåpiiki
|
|
Asalontå / Tuhulso
|
Yiålém / Tuwiinu
|
caractéristiques
|
Pas de pluie, sol sec et dur, cours d'eau s'assèchent,
les puits tarissent, les plante et les cultures s'assèchent, chaleur
intense, trop de vent dans tous les sens, les animaux meurent, les hommes
fuient, beaucoup de poussière.
|
Beaucoup de pluie, il pleut pendant plusieurs jours
|
|
|
Eléments de prévision
|
Il pleut un peu en saison sèche .
Retard de la saison pluvieuse.
Le vent souffle en période de chaleur . La pluie
s'annonce et ne vient pas .
Le brouillard sec réapparaît .
Les jeunes pousses meurent.
|
La saison pluvieuse commence tôt et il pleut
régulièrement abondamment.
|
Variantes
|
- Sécheresse intermittente (elle entrecoupe la saison
pluvieuse en périodes sèches et celles pluvieuses)
- Sécheresse de longue durée et forte (elle arrive
après un peu de pluie et la pluie ne revient que vers la fin de la
saison)
|
- Excès toute la saison pluvieuse
- Excès en un seul mois (Août - Septembre)
|
|
Source: Résultat d'enquête, 2003
Tableau XII : Intensité, durée et
années d'apparition / repères des épisodes
climatiques
|
Sécheresses
|
Excès pluviométriques
|
Intensité
|
Forte
|
Forte
|
Durée
|
15 jours, 1 mois, 2 mois
|
3 jours à 5 jours successifs, 1 mois, 2 mois.
|
Années d'apparition
|
1961, 1965, 1977, 1980, 1981,
1987, 1988, 1990, 1993, 2000
|
1971, 1991, 1995, 1998,
1999, 2001,
|
|
Source: Résultat d'enquête, 2003
Les tableaux XI et XII ci-dessus indiquent que les
sécheresses et les excès pluviométriques sont souvent
fortes à Boukombé.
Les sécheresses à Boukombé durent au
maximum deux mois et au minimum 15 jours; mais la durée habituellement
enregistrée est de 1 à 1,5 mois. Quant aux excès
pluviométriques, ils ont une durée variable de 3 jours successifs
de pluies sans cesse à 1 mois de pluies excessives.
En faisant un rapprochement des années de
sécheresse avec les épisodes pluviométriques
déterminées graphiquement (figure 15 plus haut), on remarque que
la plupart de ces années sont dans la période déficitaire
1977-1990 et les autres années (1961, 1965,1993 et 2000) correspondent
aux pics déficitaires dans les périodes normales. Quant aux
années d'excès pluviométriques, elles correspondent aux
pics excédentaires dans les périodes normales.
Les épisodes pluviométriques
déficitaires, excédentaires et normales constituent l'essentiel
des variations pluviométriques interannuelles. Mais les
précipitations ont été favorables sur les 80
dernières années dans la commune de Boukombé
(67,5% d'années de précipitations normales). Les populations
rurales ont de bonnes connaissances des différentes articulations et
épisodes climatiques et maîtrisent bien les signes de
prévision.
Les ressources en eau d'origine atmosphérique constituent
la source des eaux de surface dont dispose la commune de
Boukombé.
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|