ABSTRACT
Yaounde, The administrative and political capital of Cameroon
had witnessed a demographic and spectacular spatial growth for the past four
decades. The demographic pressure had naturally subjected all nature's reserves
to high hills of the city at intense human activities, degreding the
environment and the exploitation of natural ressources.
The observation of socio-spatial mutation let us to the
principal objective of the study which was to identify, study the human
activities on the Yaounde hills and examine the environmental risks that
follow. To meet up with our objective, we use tools from Rapid Rural Appraisal
(RRA) and environmental impacts assessment. These tools helped us to carry out
census and to characterize interactions, and its impacts among activities,
environment, resources and its risks. We carry out a documentary research
connected to our topic and we had discussions and interviews with the
authorities of the Yaounde City Council (YCC). Our study in the field gave rise
to direct observations and discussions with the occupants and exploiters of the
study area.
From our results, it does can be clear to say that man is the
main destibilizer of the already fragile ecosystem. It is difficult to find any
hill in Yaounde which has not been colonised by the harmful human activities.
These activities interact on the natural ressources and bring impacts such as
the loss of biodiversity and the aesthetic landscape, global warming,
pollution. Some of these activities bring about risks where in the population
is exposed to. Two great categories of risks can be carried out on the Yaounde
hill: man's activities made risks and natural risks.
Dissuasive measures retained as of now by the competent
authorities to safeguard these sites have no results; the reason being that
nothing concret has been done on the site to restore it. Also, natives are not
implicated in decision making and management. Thus, there is the need for a
participatory and popular management approach for a progressive legal
injonction to evacuate the site in the regulation limits and without any
discrimination, immediatly followed by the putting in place of a direct action
to regenerate the already degraded zones. Recovery, restoration and
valorization shall open ways for the development of urban ecotourism.
Key words: anthropisation; hills; environmental
risks; Yaounde.
INTRODUCTION GENERALE
1- &1n\1I\efd1fl'é\ude
Dans le cadre de l'observation de la situation des villes
camerounaises afin d'explorer les problématiques relatives à la
vulnérabilité à laquelle les populations sont
exposées au quotidien, nous avons constaté en ce qui concerne la
ville de Yaoundé, que les inondations, les mouvements de terrain et le
réchauffement climatique constituent les problèmes
environnementaux majeurs de l'heure. Une question nous est alors venue à
l'esprit : quel lien existerait-il entre les phénomènes
d'inondation, de mouvements de masse, de réchauffement de la cité
et l'occupation sauvage et irrationnelle des espaces montagneux qui dominent le
relief de la ville ? Selon certains responsables que nous avons
approchés, la colonisation et l'humanisation des hauts sommets urbains
et périurbains de Yaoundé avec tous les risques y
afférents et les conséquences qui en découlent, confirment
le fait que les efforts fournis par les autorités administratives en vue
de préserver ces sites à écologie fragile sont
restés vains. Or, un aménagement judicieux de ces espaces
pourrait contribuer à lutter contre les inondations, les mouvements de
terrain et le réchauffement ambiant.
En effet, parler d'inondation dans un site comme celui
occupé par Yaoundé devrait relever d'un paradoxe ; car la
position géographique du site, avec une altitude moyenne de 700m, fait
que la surface dominante est très éloignée de la nappe
phréatique ; ce qui limite la remontée capillaire. Un autre
facteur concernant le relief « yaoundéen » est la
présence de multiples bassins versants et encaissants qui devraient
favoriser la circulation des eaux de pluie et le drainage facile des eaux
usées. Il est donc incontestable que le laminage systématique du
couvert végétal des collines de Yaoundé par le
ruissellement constitue l'une des causes majeures des inondations et mouvements
de masse ; à côté des caniveaux non curés et des
ordures non dégagées.
Par ailleurs, il convient de rappeler qu'il y a moins d'une
décennie, il ne faisait pas autant chaud à Yaoundé comme
on le ressent aujourd'hui. En saison sèche, l'ambiance chaude est
ressentie de façon quasi permanente de jour comme de nuit. Les «
Yaoundéens » sont contraints pour l'immense majorité
à dormir portes et fenétres ouvertes la nuit (avec tous les
risques que cela comporte), ou alors avec les ventilateurs et climatiseurs en
marche pour les plus nantis. Toutes ces observations et bien d'autres ont
contribué à nous décider du choix de ce thème,
persuadés qu'il y a encore quelque chose à faire pour redonner
à Yaoundé sa fraicheur d'antan par la restauration de sa «
ceinture verte ».
2- Problématique
Depuis 1960, Yaoundé a enregistré un taux de
croissance annuelle de population de 9%, soit un doublement de la population
tous les huit ans1. Selon A. Franqueville (1984), les deux
caractéristiques de cette croissance étaient sa continuité
et son accélération2. Mais, il convient de signaler
que méme si cette croissance n'est pas arrêtée aujourd'hui,
elle connaît tout de même un ralentissement depuis 1990. Selon les
travaux de J.P TIMNOU (1993)3 de l'IFORD, le taux de croissance
annuelle de la population se situait entre 5 et 7% au cours des années
90.
De plus, la valorisation des villes intermédiaires qui
devrait permettre de relancer d'autres pôles d'urbanisation, limiter
l'exode rural et l'implosion démographique interne dont souffre la ville
de Yaoundé n'a pas véritablement suivie. En effet, sur un rayon
de 100km, très peu de villes secondaires dépassent 50 000
habitants (PDUY)4. Les résultats du dernier recensement
général de la population situent le taux d'accroissement annuel
de nos jours à 5,7%. Ce qui fait que la ville de Yaoundé compte
aujourd'hui une population de 1 817 524 habitants et forme avec Douala le duo
de mégalopolis camerounaises de plus d'un million d'habitants (RGPH,
2005). Le tableau 0.1 ci-dessous montre l'évolution et la projection de
la population, de la superficie et de la densité de Yaoundé de
1956 à 2020.
1 KENGNE et YOUANA, « Yaoundé : du poste
militaire allemand à la grande ville. Un siècle
d'évolution démographique et spatiale ». Université
de Yaoundé I, Département de Géographie, 1996.
2 André Franqueville, « Yaoundé :
construire une capitale ». Editions de l'ORSTOM, Paris, 1984, p.11.
3 TIMNOU Joseph Pierre, « Migration, Urbanisation
et Développement au Cameroun ». Les cahiers de l'IFORD n°4,
juin 1993.
4 Plan Directeur d'Urbanisme de Yaoundé (PDUY),
horizon 2020, p.18
Tableau 0. 1 : Evolution et projection de la
population, de la superficie et de la densité de Yaoundé de
1956 à 2020.
Années
|
Population
|
Superficie (en ha)
|
Densité (hbts/ha)
|
1956
|
54 000
|
1740
|
31
|
1964
|
90 000
|
2250
|
40
|
1968
|
152 000
|
2930
|
52
|
1974
|
263 000
|
3830
|
69
|
1976
|
313 706
|
-
|
-
|
1981
|
-
|
5300
|
-
|
1987
|
649 252
|
-
|
-
|
1990
|
-
|
12 300
|
-
|
1992
|
914 000
|
13 500
|
74
|
2000
|
1 800 00
|
18 000
|
100
|
2005
|
1 817 524
|
22 000
|
82,61
|
2010
|
1 900 000
|
25 000
|
76
|
2020
|
2 800 000
|
31 000
|
90, 32
|
(Les cahiers de l'IFORD N°4, RGPH 2005, SDAU
1982).
Cette forte augmentation de la population depuis
l'indépendance s'est naturellement accompagnée d'une profonde
mutation de l'espace urbain de Yaoundé. Celle-ci s'est manifestée
par une extension spatiale rapide de la ville vers la périphérie,
une densification des quartiers centraux et péricentraux5. La
ville s'est progressivement étendue par émiettement des terres
agricoles et n'a cessé de voir son territoire conquérir
progressivement les multiples collines ceinturant son site d'origine. Cet essor
a été spectaculaire à partir de 1956. Yaoundé qui
occupait la moitié Nord du bassin versant du Mfoundi jusqu'en 1982,
occupe désormais l'ensemble du bassin versant.
5 KENGNE et YOUANA, op. cit.
Au départ, « l'urbanisation s'est faite au
détriment du couvert végétal naturel, englobant les bas
fonds inondables ou peu accessibles. Les zones périphériques ont
été et continuent à être colonisées de
façon peu contrôlée, avec une tendance au noyautage des
massifs existants » (PDUY, 2008)6. La figure 0.1 montre
l'évolution spatiale de Yaoundé entre 1885 et 2000.
Mefou et Akono
Lékié
Figure 0.1 : Croissance spatiale de Yaoundé
depuis 1885. (Tchindjang et al, (2009)).
Cette croissance urbaine a donc engendré de nombreux
problèmes parmi lesquels une occupation des zones à risque ;
notamment les collines et les vallées de Yaoundé qui sont
victimes des ruptures des équilibres écologiques, quotidiennement
traquées par une urbanisation peu respectueuse du milieu. Dans un tel
contexte, quelles sont les activités exposant les populations aux
risques et catastrophes sur les collines de Yaoundé et leurs terrains
attenants? En quoi ces activités peuvent-elles participer à la
détérioration de l'environnement? Une typologie des risques
environnementaux encourus par ces populations est-il possible? Quelles mesures
peut-on envisager pour limiter l'action humaine et ses effets sur les hauts
reliefs de Yaoundé? Quelles connaissances, attitudes et pratiques les
populations ont-elles vis-à-vis des risques?
6 PDUY, op. cit. p.12
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