N° :... REPUBLIQUE DU CAMEROUN
PAIX - TRAVAIL - PATRIE
UNIVERSITE DE DSCHANG
FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES
(FASA)
CENTRE REGIONAL D'ENSEIGNEMENT SPECIALISE EN AGRICULTURE
FORET-BOIS
Anthropisation et risques
environnementaux
sur les collines de Yaoundé
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Mémoire soumis pour l'évaluation
partielle en vue de l'obtention
du Master Professionnel en Etudes d'impacts
environnementaux
Par FEKOUA
DieudonnéMaître ès
Géographie
Juillet 2011
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REPUBLIQUE DU CAMEROUN
PAIX - TRAVAIL - PATRIE
CENTRE REGIONAL D'ENSEIGNEMENT SPECIALISE EN
AGRICULTURE FORET-BOIS
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UNIVERSITE DE DSCHANG FACULTE D'AGRONOMIE ET DES
SCIENCES AGRICOLES
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ANTHROPISATION ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX SUR
LES COLLINES DEYAOUNDE
Mémoire soumis pour l'évaluation partielle en
vue de l'obtention DU DIPLOME DE MASTER PROFESSIONNEL
EN ETUDES D'IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
Par FEKOUA
Dieudonné Maître ès Géographie
ENCADREUR TECHNIQUE SUPERVISEUR ACADEMIQUE
Mr Onana Owona Clément S., Dr TCHINDJANG
Mesmin,
Ingénieur agronome, Coordonnateur de la filière
EIE,
Chef service des parcs et jardins, CUY. Chargé de cours,
UY I.
FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU
TRAVAIL
Je soussigné FEKOUA Dieudonné
atteste que le présent mémoire est le fruit de mes propres
travaux effectués au Service des Parcs et Jardins (SPJ) de la
Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY) sur les monts
Fébé, Mbankolo, Messa, Akok Ndoué, Mbog Ndum, Minloa et
Nkol Edoa (Ebaminala).
Ce travail a été effectué sous la
supervision technique de Mr ONANA OWONA Clément Serge,
chef service des parcs et jardins à la CUY, et académique du
Dr TCHINDJANG Mesmin, coordonnateur de la filière EIE
au CRESA et chargé de cours à l'UY I.
Ce mémoire est authentique et n'a pas été
présenté antérieurement pour l'obtention de quelque grade
universitaire que ce soit.
Le Stagiaire FEKOUA Dieudonné
Date ~~~~~~~
Le Superviseur Le Responsable de la filière
Dr TCHINDJANG Mesmin Dr TCHINDJANG Mesmin
Date ~~~~~~. Date ~~~~~~~~.
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES
SOUTENANCE
Le présent mémoire a été revu et
corrigé conformément aux observations du jury
Le Stagiaire FEKOUA Dieudonné
Date......................
Le Superviseur Le Président du jury
Dr TCHINDJANG Mesmin
Date ~~~~~~~~~. Date ~~~~~~~
Le Responsable de la filière Dr Tchindjang
Mesmin
Date............................
La Coordonnatrice du CRESA Dr Moulende
Thérèse épouse Fouda
Date...............................
DEDICACE
Je dédie ce travail à ma mère
MBEUMEU Lydie, décédée alors que
j'étais encore très jeune et avais encore besoin de sa tendresse
et de son éducation chrétienne.
A ma tendre et fidèle compagne, TCHONANG Edvige
Verlaine épouse FEKOUA pour tous les sacrifices consentis et
qui a su m'encourager pour cette formation, jouant parfois le rôle de
maîtresse de la maison et de chef de famille en mon absence avec tout ce
que cela implique.
A mes enfants Ruth Naomi, Abigaëlle
Abicha et Nathanaëlle Grâce qui ont
souffert de mes absences répétées à la maison.
A mes meilleurs amis et enseignants de toujours, les enfants en
général et particulièrement ceux du Culte d'Enfants de
l'Eglise Evangélique du Cameroun.
REMERCIEMENTS
Je remercie M. TSIMI EVOUNA Gilbert,
Délégué du Gouvernement auprès de la CUY qui a
accepté de m'accueillir pour le stage. Il en est de meme de l'ensemble
de son personnel, particulièrement M. ONDOA AKOA Alphonse
Roger, Secrétaire Général, M. NDZANA
Arnauld Philippe, Directeur des Services Techniques, M. ONANA
OWONA Clément Serge, Chef service des parcs et jardins,
M. ANGONO ATANGANA Martin, Chef service du courrier, pour leur
soutien multiforme et leur constante disponibilité.
J'adresse mes sincères remerciements au Dr.
MOULENDE épouse FOUDA, Coordonnatrice du CRESA pour les
facilités administratives et académiques qu'elle m'a
apportées pendant cette formation. Je n'oublie pas le staff
administratif du CRESA, mes enseignants, mes camarades de la 6e
promotion EIE, sans lesquels je n'aurais pas conduit ce travail à son
terme.
Mes remerciements vont particulièrement au Dr.
TCHINDJANG Mesmin, coordonnateur de la filière EIE et
enseignant à l'UYI pour avoir dirigé et contribué
efficacement à l'orientation et à la réalisation de ce
travail.
Qu'il me soit également permis de dire merci à :
- M. et Mme TCHOUMBA, nos parents et parrains
spirituels qui m'ont soutenu et encouragé pour cette formation.
- M. MBOUTHIEU Norbert, qui, malgré
l'éloignement m'a apporté son expérience de part ses
conseils pratiques.
- Mme MOYOU KAMGA Jacqueline, pour la
compréhension, la patience et l'assistance.
- M. et Mme NGANWOUO, pour leur intervention
déterminante pour la finalisation de ma formation.
- / INKEILEOeL 2 0 °A$ I7 ThW,
Député à l'Assemblée Nationale, pour ses conseils
et ses encouragements.
- Toutes les personnes qui, par leurs idées, leur
collaboration, leur soutien tant moral, physique que financier ont
contribué de près ou de loin à l'aboutissement de ma
formation.
Je rends enfin infiniment grâce à Dieu à qui
je dois toute chose.
TABLE DES MATIERES
FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU TRAVAIL
ii
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES SOUTENANCE
iii
DEDICACE iv
REMERCIEMENTS v
TABLE DES MATIERES vi
ANNEXES x
LISTE DES TABLEAUX xi
LISTE DES FIGURES xii
LISTE DES PHOTOS xiii
LISTE DES ABREVIATIONS xiv
RESUME xv
ABSTRACT xvi
INTRODUCTION GENERALE
1- Contexte de l'étude . 1
2- Problématique 2
3- Objectifs de l'étude . 5
3. 1- Objectif principal de l'étude .
5
3. 2- Objectifs spécifiques de
l'étude . 5
4- Hypoth~ses de l'étude . 5
4. 1 - Hypoth~se principale de l'étude .
5
4. 2 - Hypoth~ses spécifiques de
l'étude . 5
5- Importance de l'étude . 6
6- Plan de l'étude . 6
Chapitre 1 : PRESENTATION DE LA STRUCTURE DE STAGE,
APPROCHE
CONCEPTUELLE ET REVUE DE LA LITTERATURE 8
1.1 -- PRESENTATION DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE YAOUNDE (CUY)
8
1.1.1 -- Historique et évolution 8
1.1.2 -- Fonctionnement et rôle de la CUY 9
1.1.3 -- Activités menées à la CUY pendant
le stage 10
1.2 -- APPROCHE CONCEPTUELLE 11
1.2.1 - Notion de risque 11
1.2.2 - Risques environnementaux 12
1.2.3 - Concept d'anthropisation 13
1.3 - REVUE DE LA LITTERATURE 14
Chapitre 2 : PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE ET
DESCRIPTION DES
SITES ETUDIES 19
2.1 - PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE 19
2.1.1 - Pression humaine constante 28
2.1.2 - Pluviométrie toujours importante 23
2.1.3 - Blocs forestiers en voie de disparition 23
2.2 - DESCRIPTION DES COLLINES ETUDIEES ET LEUR DIMENSION
HISTORIQUE
25
2.2.1 - Mont Akok Ndoué : un massif rocheux-forestier
« étranglé » 28
2.2.2 - Massif forestier naturel sacré de Mbog Ndum 31
2.2.3 - Minloa : un important massif rocheux de l'Ouest
Yaoundé 34
2.2.4 - Immense massif rocheux-forestier Ebaminala (Nkol Edoa)
36
2.2.5 - Monts Messa : un héritage naturel à
restaurer 39
2.2.6 - Colline emblématique de Mbankolo 41
2.2.7- Mont Fébé, source du cours d'eau Mfoundi
44
Chapitre 3 : APPROCHE METHODOLOGIQUE 47
3.1- MATERIELS 47
3.1.1- Récepteur-GPS (Global Positioning System) et
logiciel Google Earth 47
3.1.2 -- Carte topographique de Yaoundé au 1/200 000 48
3.1.3 - Appareil photo numérique et image satellitaire de
Yaoundé 49
3.2 -- METHODOLOGIE 51
3.2.1 - Technique de la MARP (Méthode
Accélérée de Recherche Participative) 51
3.2.1.1 - Observation directe 51
3.2.1.2 - Données secondaires 52
3.2.1.3 - Interviews semi-structurées (ISS) 52
3.2.1.4 - Témoignages 52
3.2.1.5 - Transects 53
3.2.2 - Evaluation Environnementale 53
3.2.2.1 - Liste de contrôle ou « check-list »
53
3.2.2.2 - Matrice d'interactions (de Léopold) 54
3.2.2.3 - Matrice de Fecteau 54
3.2.2.4 - Fiche d'impact 54
3.2.2.5 - SIG (Système d'information géographique)
54
3.2.3 - Cartographie 55
Chapitre 4 : RESULTATS ET DISCUSSION 57
4.1- PRESENTATION DES RESULTATS 57
4.1.1 - Activités anthropiques relevées sur les
collines de Yaoundé 57
4.1.1.1 - Description des principales activités humaines
sur les collines de Yaoundé 57
4.1.1.2- Impact des activités anthropiques sur les
ressources naturelles 64
4.1.1.3- Evaluation des impacts des activités humaines et
des ressources naturelles 65
4.1.1.4 - Caractérisation des impacts des activités
sur les collines de Yaoundé 65
4.1.2 -- Risques sur les collines de Yaoundé 69
4.1.2.1- Causes des risques sur les collines de Yaoundé
69
- L'urbanisation galopante 69
- La paupérisation ambiante 70
- L'insécurité foncière 71
- La faible perception du risque 71
4.1.2.2- Typologie des risques sur les collines de Yaoundé
71
- Les risques naturels 71
· Les mouvements de terrain. 72
· Les inondations. 73
· Les séismes 73
-Les risques induits par les activités humaines. 73
· L'érosion 73
· La déforestation 74
· Le feu de brousse 74
· La contamination de l'eau et de l'air 74
4.2 - DISCUSSION DES RESULTATS 77
4.2.1 - Tentatives
d'aménagement/réaménagement sans suite 77
4.2.2 - Faible perception et facterus favorisant du risque 9
78
PERSPECTIVES 80
- Sur le plan social et institutionnel 80
-Sur le plan environnemental et de loisirs 81
-Sur le plan de la recherche et de l'éducation
environnementale 81
-Sur le plan économique et de lutte contre la
pauvreté 82
RECOMMANDATIONS 84
· Recommandations site par site. 84
· Recommandations sur le plan général
87 CONCLUSION GENERALE
PERSONNES RENCONTREES~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
94
BIBLIOGRAPHIE 96
ANNEXES
Annexe 1 : Lettre de transmission du
CRESA......................................................100
Annexe 2 : Accord de la CUY pour le stage de fin de
formation.................................101 Annexe 3 :
Convention tripartite de
stage...........................................................102
Annexe 4 : Autorisation de recherche de la
CUY..................................................103 Annexe
5 : Proposition de programme de stage a la
CUY........................................104 Annexe 6 :
Coordonnées des points GPS relevés sur le
terrain...................................105 Annexe 7 : Liste
des collines remarquables de
Yaoundé..........................................106
Annexe 8 : Convention de collaboration MINFOF, MINEP,
CUY..............................107 Annexe 9 : Lettre du
Délégué au
NESDA..........................................................108
Annexe 10 : Lettre DST/SPJ au
Délégué............................................................109
Annexe 11 : Arrêté n° 000160/Y.
14.4/MINDAF/D200 du 31/01/08............................110
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 0.1 - Population et superficie de
Yaoundé de 1956 à 2020...............................3
Tableau 2.1 - Population, superficie et
densité des communes de Yaoundé................... 21
Tableau 2.2- Températures et
précipitations à
Yaoundé...........................................24 Tableau 2.3
-- Récapitulatif des collines étudiées
...................................................46 Tableau 3.1
- Objectifs, hypothèses, méthodologie et
résultats de l'étude .....................56 Tableau 4.1
- Liste de contrôle des
activités........................................................61
Tableau 4.2 - Fiche d'interaction entre les
ressources et les activités...........................65
Tableau 4.3 - Synthèse des impacts
générés.........................................................66
Tableau 4.4 - Fiche de synthèse de
caractérisation des
impacts..................................68
Tableau 4.5 - Typologie des
risques..................................................................74
Tableau 4.6 - Récapitulatif des problèmes,
solutions et acteurs..................................82 Tableau 4.7
- Principales essences pouvant être
plantées.........................................89
Tableau 00.1 - Personnes
rencontrées...............................................................94
LISTE DES FIGURES
Figure 0.1 : Croissance spatiale de
Yaoundé depuis
1885...........................................4 Figure 2.1
: Carte de localisation de la zone
d'étude................................................20 Figure
2.2 : Carte de la densité de la
population.....................................................22
Figure 2.3 : Diagramme ombrothermique de
Yaoundé.............................................24
Figure 2.4 : Carte des réserves
naturelles à
Yaoundé...............................................26
Figure 2.5 : Carte des collines
étudiées...............................................................29
Figure 2.6 : Transet du flanc Sud-est d'Akok
Ndoué...............................................31
Figure 2.7 : Transet sur le front Nord de Mbog
Ndum.............................................33
Figure 2.8 : Transet sur la façade
Sud-est d'Ebaminala.............................................37
Figure 2.9 : Transet réalisé à l'Est de
Messa.........................................................41 Figure
3.1 : Observation et extraction de l'image Google
Earth..................................48 Figure 3.2 :
Collines étudiées sur fond d'image
Aster..............................................50 Figure 4.1
: Répartition spatiale des activités
humaines............................................62
Figure 4.2 : Limite de la trame
urbaine...............................................................69
Figure 4.3 : Schémas de principe de
chutes de blocs et mouvement de terrain..................71
Figure 4.4 : Carte des risques de la zone
d'étude...................................................75
Figure 00.1 : Zone de déguerpissement
à Akok
Ndoué.............................................84 Figure
00.2 : Secteur de déguerpissement à
Mbankolo.............................................86
Figure 00.3 : Zonage des collines de
Yaoundé......................................................88
LISTE DES PHOTOS
Photo 1.1 : Hôtel de ville, bâtiment
principal de la CUY
Photo 1.2 : Exemple d'anthropisation
complète d'une colline à Yaoundé.
Photo 2.1 : Affleurement rocheux à Akok
Ndoué. Photo 2.2 : Les PFL à Mbog Ndum.
Photo 2.3 : Le rocher sacré de Mbog Ndum.
Photo 2.4 : PFNL à Mbog Ndum.
Photo 2.5 : Un aspect du Mont Minloa.
Photo 2.6 : Les Monts Minloa et Messebe.
Photo 2.7 : Groupement saxicole à
Minloa.
Photo 2.8 : Sommet du Mont Ebaminala.
Photo 2. 9a et 2.9b : Lieux de prière et
de recueillement à Ebaminala.
Photo 2.10 : Borne du cadastre à
Ebaminala.
Photo 2.11 : Vue des Monts Messa à partir
d'Oliga. Photo 2.12 : Relique de forêt à
Messa.
Photo 2.13 : Mont Mbankolo à partir du
camp sonel. Photo 2.14a et 2.14b : Aspects du Mont Mbankolo.
Photo 2.15 : Le Mont Fébé.
Photo 2.16 : Hôtel Sofitel.
Photo 2.17 : Golf club de Yaoundé.
Photo 4.1a et 4.1b : Champs de femmes.
Photo 4.2 : Habitats à Akok
Ndoué.
Photo 4.3a et 3b : Activités
illégales.
Photo 4.4a et 4.4b : Autres activités
humaines. Photo 4.5 : Glissement de terrain à Mvog
Beti. Photo 4.6 : Terrassement à Messa.
Photo 4.7 : Risque de décollement
rocheux.
LISTE DES ABREVIATIONS
AUF : Agence Universitaire de la
Francophonie.
CDE : Camerounaise des eaux.
CRESA Forêt-Bois : Centre Régional
d'Enseignement Spécialisé en Agriculture Forét-Bois.
CRTV : Cameroon Radio Television.
CUA : Commune Urbaine d'Arrondissement.
CUY : Communauté Urbaine de Yaoundé.
DESS : Diplôme d'Etude Supérieure
Spécialisée.
DSP : Directeur des Services Techniques.
DUP : Domaine d'Utilité Publique.
EE : Evaluation Environnementale.
EIE : Etude d'Impacts Environnementaux.
GPS : Global Positioning System.
IFORD : Institut de Formation et de recherche
Démographique.
MARP : Méthode
Accélérée (ou Active) de Recherche Participative.
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
PDL : Plan de Développement Local.
PDUY : Plan Directeur d'Urbanisme de
Yaoundé.
PFL : Produits Forestiers Ligneux
PFNL : Produits Forestiers Non-Ligneux.
PUF : Presse Universitaire de France. RCA :
République Centre Africaine.
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat.
RRA : Rapid Rural Appraisal (MARP en
Français).
SDAU : Schéma Directeur
d'Aménagement et d'Urbanisme.
SIG : Système d'Information
Géographique (GIS en anglais).
SPJ : Service des Parcs et Jardins
SPOT : Satellite Probatoire d'Observation de la
Terre.
RESUME
Yaoundé, capitale politique et administrative du
Cameroun a connu une croissance démographique et spatiale spectaculaire
ces quatre dernières décennies. La pression démographique
sans précédent a naturellement soumis les réserves
naturelles des hauts sommets de la ville à d'intenses activités
humaines dégradantes de l'environnement.
L'observation de ces mutations socio spatiales nous ont permis
d'adopter un objectif principal de l'étude qui était
d'identifier, d'étudier les activités humaines sur les collines
de Yaoundé et d'examiner les risques environnementaux qui en
découlent. Pour atteindre cet objectif, nous avons utilisé les
outils de la MARP et de l'EE. Ces outils nous ont permis de recenser et de
caractériser les interactions et les impacts entre les activités,
l'environnement, les ressources et les risques. Nous avons fait une recherche
documentaire en rapport avec le thème et nous avons eu des entretiens
avec les responsables de la CUY. Les descentes sur le terrain ont donné
lieu à des observations directes et des discussions avec les occupants
et exploitants.
Il ressort de nos résultats que l'homme est le
principal agent déstabilisateur de ces écosystèmes
déjà fragiles. Il n'y a plus une seule colline à
Yaoundé qui ne soit marquée par l'anthropisation. Ces
activités interagissent sur les ressources naturelles et
génèrent des impacts tels que la perte de la biodiversité
et de l'esthétique du paysage, le réchauffement climatique,
l'érosion et la pollution. De ces activités découlent des
risques environnementaux auxquels les populations sont exposées. Une
typologie des risques sur les collines de Yaoundé permet d'avoir deux
grandes catégories de risques : les risques naturels et ceux induits par
les activités de l'homme.
Les mesures dissuasives prises jusqu'à présent
par les autorités pour sauvegarder ces sites n'ont pas porté leur
fruit parce que rien de concret n'a été fait sur le terrain. De
plus, les riverains ne sont pas impliqués dans la gestion et la prise de
décision. Il faut donc développer une approche participative et
populaire de gestion pour un déguerpissement progressif, sans
discrimination et dans les limites réglementaires ; suivi aussitôt
de la mise en oeuvre des actions directes de régénération
de ces zones dégradées. La récupération, la
restauration et la valorisation ouvriraient la voie au développement
d'un écotourisme urbain.
Mots dles : anthropisation ; collines ; risques
environnementaux ; Yaoundé.
ABSTRACT
Yaounde, The administrative and political capital of Cameroon
had witnessed a demographic and spectacular spatial growth for the past four
decades. The demographic pressure had naturally subjected all nature's reserves
to high hills of the city at intense human activities, degreding the
environment and the exploitation of natural ressources.
The observation of socio-spatial mutation let us to the
principal objective of the study which was to identify, study the human
activities on the Yaounde hills and examine the environmental risks that
follow. To meet up with our objective, we use tools from Rapid Rural Appraisal
(RRA) and environmental impacts assessment. These tools helped us to carry out
census and to characterize interactions, and its impacts among activities,
environment, resources and its risks. We carry out a documentary research
connected to our topic and we had discussions and interviews with the
authorities of the Yaounde City Council (YCC). Our study in the field gave rise
to direct observations and discussions with the occupants and exploiters of the
study area.
From our results, it does can be clear to say that man is the
main destibilizer of the already fragile ecosystem. It is difficult to find any
hill in Yaounde which has not been colonised by the harmful human activities.
These activities interact on the natural ressources and bring impacts such as
the loss of biodiversity and the aesthetic landscape, global warming,
pollution. Some of these activities bring about risks where in the population
is exposed to. Two great categories of risks can be carried out on the Yaounde
hill: man's activities made risks and natural risks.
Dissuasive measures retained as of now by the competent
authorities to safeguard these sites have no results; the reason being that
nothing concret has been done on the site to restore it. Also, natives are not
implicated in decision making and management. Thus, there is the need for a
participatory and popular management approach for a progressive legal
injonction to evacuate the site in the regulation limits and without any
discrimination, immediatly followed by the putting in place of a direct action
to regenerate the already degraded zones. Recovery, restoration and
valorization shall open ways for the development of urban ecotourism.
Key words: anthropisation; hills; environmental
risks; Yaounde.
INTRODUCTION GENERALE
1- &1n\1I\efd1fl'é\ude
Dans le cadre de l'observation de la situation des villes
camerounaises afin d'explorer les problématiques relatives à la
vulnérabilité à laquelle les populations sont
exposées au quotidien, nous avons constaté en ce qui concerne la
ville de Yaoundé, que les inondations, les mouvements de terrain et le
réchauffement climatique constituent les problèmes
environnementaux majeurs de l'heure. Une question nous est alors venue à
l'esprit : quel lien existerait-il entre les phénomènes
d'inondation, de mouvements de masse, de réchauffement de la cité
et l'occupation sauvage et irrationnelle des espaces montagneux qui dominent le
relief de la ville ? Selon certains responsables que nous avons
approchés, la colonisation et l'humanisation des hauts sommets urbains
et périurbains de Yaoundé avec tous les risques y
afférents et les conséquences qui en découlent, confirment
le fait que les efforts fournis par les autorités administratives en vue
de préserver ces sites à écologie fragile sont
restés vains. Or, un aménagement judicieux de ces espaces
pourrait contribuer à lutter contre les inondations, les mouvements de
terrain et le réchauffement ambiant.
En effet, parler d'inondation dans un site comme celui
occupé par Yaoundé devrait relever d'un paradoxe ; car la
position géographique du site, avec une altitude moyenne de 700m, fait
que la surface dominante est très éloignée de la nappe
phréatique ; ce qui limite la remontée capillaire. Un autre
facteur concernant le relief « yaoundéen » est la
présence de multiples bassins versants et encaissants qui devraient
favoriser la circulation des eaux de pluie et le drainage facile des eaux
usées. Il est donc incontestable que le laminage systématique du
couvert végétal des collines de Yaoundé par le
ruissellement constitue l'une des causes majeures des inondations et mouvements
de masse ; à côté des caniveaux non curés et des
ordures non dégagées.
Par ailleurs, il convient de rappeler qu'il y a moins d'une
décennie, il ne faisait pas autant chaud à Yaoundé comme
on le ressent aujourd'hui. En saison sèche, l'ambiance chaude est
ressentie de façon quasi permanente de jour comme de nuit. Les «
Yaoundéens » sont contraints pour l'immense majorité
à dormir portes et fenétres ouvertes la nuit (avec tous les
risques que cela comporte), ou alors avec les ventilateurs et climatiseurs en
marche pour les plus nantis. Toutes ces observations et bien d'autres ont
contribué à nous décider du choix de ce thème,
persuadés qu'il y a encore quelque chose à faire pour redonner
à Yaoundé sa fraicheur d'antan par la restauration de sa «
ceinture verte ».
2- Problématique
Depuis 1960, Yaoundé a enregistré un taux de
croissance annuelle de population de 9%, soit un doublement de la population
tous les huit ans1. Selon A. Franqueville (1984), les deux
caractéristiques de cette croissance étaient sa continuité
et son accélération2. Mais, il convient de signaler
que méme si cette croissance n'est pas arrêtée aujourd'hui,
elle connaît tout de même un ralentissement depuis 1990. Selon les
travaux de J.P TIMNOU (1993)3 de l'IFORD, le taux de croissance
annuelle de la population se situait entre 5 et 7% au cours des années
90.
De plus, la valorisation des villes intermédiaires qui
devrait permettre de relancer d'autres pôles d'urbanisation, limiter
l'exode rural et l'implosion démographique interne dont souffre la ville
de Yaoundé n'a pas véritablement suivie. En effet, sur un rayon
de 100km, très peu de villes secondaires dépassent 50 000
habitants (PDUY)4. Les résultats du dernier recensement
général de la population situent le taux d'accroissement annuel
de nos jours à 5,7%. Ce qui fait que la ville de Yaoundé compte
aujourd'hui une population de 1 817 524 habitants et forme avec Douala le duo
de mégalopolis camerounaises de plus d'un million d'habitants (RGPH,
2005). Le tableau 0.1 ci-dessous montre l'évolution et la projection de
la population, de la superficie et de la densité de Yaoundé de
1956 à 2020.
1 KENGNE et YOUANA, « Yaoundé : du poste
militaire allemand à la grande ville. Un siècle
d'évolution démographique et spatiale ». Université
de Yaoundé I, Département de Géographie, 1996.
2 André Franqueville, « Yaoundé :
construire une capitale ». Editions de l'ORSTOM, Paris, 1984, p.11.
3 TIMNOU Joseph Pierre, « Migration, Urbanisation
et Développement au Cameroun ». Les cahiers de l'IFORD n°4,
juin 1993.
4 Plan Directeur d'Urbanisme de Yaoundé (PDUY),
horizon 2020, p.18
Tableau 0. 1 : Evolution et projection de la
population, de la superficie et de la densité de Yaoundé de
1956 à 2020.
Années
|
Population
|
Superficie (en ha)
|
Densité (hbts/ha)
|
1956
|
54 000
|
1740
|
31
|
1964
|
90 000
|
2250
|
40
|
1968
|
152 000
|
2930
|
52
|
1974
|
263 000
|
3830
|
69
|
1976
|
313 706
|
-
|
-
|
1981
|
-
|
5300
|
-
|
1987
|
649 252
|
-
|
-
|
1990
|
-
|
12 300
|
-
|
1992
|
914 000
|
13 500
|
74
|
2000
|
1 800 00
|
18 000
|
100
|
2005
|
1 817 524
|
22 000
|
82,61
|
2010
|
1 900 000
|
25 000
|
76
|
2020
|
2 800 000
|
31 000
|
90, 32
|
(Les cahiers de l'IFORD N°4, RGPH 2005, SDAU
1982).
Cette forte augmentation de la population depuis
l'indépendance s'est naturellement accompagnée d'une profonde
mutation de l'espace urbain de Yaoundé. Celle-ci s'est manifestée
par une extension spatiale rapide de la ville vers la périphérie,
une densification des quartiers centraux et péricentraux5. La
ville s'est progressivement étendue par émiettement des terres
agricoles et n'a cessé de voir son territoire conquérir
progressivement les multiples collines ceinturant son site d'origine. Cet essor
a été spectaculaire à partir de 1956. Yaoundé qui
occupait la moitié Nord du bassin versant du Mfoundi jusqu'en 1982,
occupe désormais l'ensemble du bassin versant.
5 KENGNE et YOUANA, op. cit.
Au départ, « l'urbanisation s'est faite au
détriment du couvert végétal naturel, englobant les bas
fonds inondables ou peu accessibles. Les zones périphériques ont
été et continuent à être colonisées de
façon peu contrôlée, avec une tendance au noyautage des
massifs existants » (PDUY, 2008)6. La figure 0.1 montre
l'évolution spatiale de Yaoundé entre 1885 et 2000.
Mefou et Akono
Lékié
Figure 0.1 : Croissance spatiale de Yaoundé
depuis 1885. (Tchindjang et al, (2009)).
Cette croissance urbaine a donc engendré de nombreux
problèmes parmi lesquels une occupation des zones à risque ;
notamment les collines et les vallées de Yaoundé qui sont
victimes des ruptures des équilibres écologiques, quotidiennement
traquées par une urbanisation peu respectueuse du milieu. Dans un tel
contexte, quelles sont les activités exposant les populations aux
risques et catastrophes sur les collines de Yaoundé et leurs terrains
attenants? En quoi ces activités peuvent-elles participer à la
détérioration de l'environnement? Une typologie des risques
environnementaux encourus par ces populations est-il possible? Quelles mesures
peut-on envisager pour limiter l'action humaine et ses effets sur les hauts
reliefs de Yaoundé? Quelles connaissances, attitudes et pratiques les
populations ont-elles vis-à-vis des risques?
6 PDUY, op. cit. p.12
3- Objectifs de l'étude
Pour mener à bien cette etude, nous avons degage un
objectif principal et des objectifs specifiques.
3. 1- Objectif principal de l'étude
Cette étude vise à montrer le lien entre
l'anthropisation c'est-à-dire la transformation d'espaces, de paysages
ou de milieux naturels sous l'action de l'homme et les risques environnementaux
qui en decoulent sur les collines de Yaounde.
3. 2- Objectifs spécifiques de l'étude
Plus specifiquement, nous voulons :
I -- recenser les activites exposant les
populations aux risques autour des collines de Yaounde.
ii -- etudier les risques environnementaux
potentiels et existants sur les hauts reliefs de Yaounde et en degager une
typologie.
Iii - déterminer par l'approche participative les
connaissances, les comportements, les attitudes et les pratiques des
populations vis-à-vis des risques.
4- HypothCses de l'étude
Pour parvenir aux objectifs que nous nous sommes fixes, nous
avons enonce une hypothèse principale et des hypothèses
specifiques.
4. 1 - HypothCse principale de l'étude
Les activites menees par les populations sur les collines de
Yaounde les exposeraient à des risques environnementaux.
4. 2 - HypothCses spécifiques de l'étude
H1- Les activites exposant les populations aux risques sur les
collines de Yaounde seraient très multiformes.
H2- Les risques encourus par les populations sur les hauts
reliefs et leurs terrains attenants seraient essentiellement induits par les
activites humaines.
H3- Les populations installees sur les hauts reliefs de Yaounde
auraient des connaissances, des attitudes et des pratiques approximatives de la
notion de risque.
5- Importance de l'étude
Les objectifs et les hypothèses du sujet ainsi
définis, nous pensons que cette étude contribuera sur le plan
pratique, à la maîtrise du développement de la ville et
à la planification de sa gestion. Elle permettra de formuler des
recommandations concrètes à la Gommunauté Urbaine de
Yaoundé en vue du zonage de la ville et du reverdissement des collines
de Yaoundé.
Sur le plan théorique, ce travail ouvre une
brèche sur la problématique de la foresterie urbaine et le suivi
de la dynamique à long terme des écosystèmes naturels de
colline et l'établissement des liens entre les changements climatiques
et ces écosystèmes.
6- Plan de l'étude
Ayant défini et exposé ci-dessus les objectifs,
les hypothèses et l'importance de cette étude, il convient
maintenant de présenter le « squelette » autour duquel le
travail est bâti. Précédé d'une introduction et
suivi d'une conclusion, le travail s'organise autour de quatre chapitres
comportant deux principaux points chacun.
Le premier chapitre porte sur la présentation de la
Gommunauté Urbaine de Yaoundé et de l'approche conceptuelle. Nous
avons sommairement passé en revue l'historique et l'évolution de
la GUY ; ainsi que les activités que nous y avons menées pendant
le stage. Le second point a porté sur l'analyse des concepts de risques,
de risque environnemental et d'anthropisation.
Le deuxième chapitre qui parle de la revue de la
littérature nous a permis de présenter un certain nombre de
travaux que nous avons consultés pour mieux cerner la thématique.
Nous y avons également parlé du cadre d'étude qui insiste
sur la pression humaine, la pluviométrie et la déforestation
à Yaoundé.
Le troisième chapitre présente dans un premier
temps les matériels utilisés pour collecter les données
sur le terrain ; et dans un second temps la méthode adoptée pour
le traitement de l'information recueillie.
Le quatrième et dernier chapitre traite des
résultats de l'étude et de la discussion. Les collines
étudiées sont décrites ainsi que les activités et
les risques relevés sur les sites. La discussion qui s'en suit se
termine sur des perspectives et des recommandations.
Chapitre 1 : PRESENTATION DE LA STRUCTURE DE STAGE,
APPROCHE CONCEPTUELLE ET REVUE DE LA LITTERATURE
Le Centre Régional d'Enseignement
Spécialisé en Agriculture (CRESA) Forét-bois, forme des
experts dans plusieurs domaines (Forêt, Aménagement,
Environnement). La formation qui dure un an comporte deux modules principaux :
un module de six mois de cours théoriques intensifs ponctués
d'études de cas sur le terrain, et un module de quatre mois de stage en
entreprise qui permet de mettre en pratique les connaissances acquises lors des
cours magistraux. Les deux derniers mois de formation étant
consacrés à la rédaction et la soutenance d'un
mémoire de sortie. C'est dans ce sens que la CUY nous a accueillis
à la demande du CRESA, en tant que stagiaire. Passer en revue les
principaux concepts de l'étude après une brève
présentation de la structure de stage ; et se faire une idée
précise sur quelques travaux déjà effectués sur le
même thème ici ou ailleurs sont les objectifs que nous voulons
atteindre dans cette partie de notre travail.
1.1 - PRESENTATION DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE YAOUNDE
(CUY)
La Communauté Urbaine de Yaoundé est une
collectivité publique décentralisée et une personne morale
de droit publique. Elle est dotée de la personnalité juridique et
de l'autonomie financière. Elle gère sous la tutelle de l'Etat,
les affaires locales en vue du développement économique, social
et culturel de ses populations.
Elle a été créée par un
Décret présidentiel qui fixe la dénomination, le
siège et les limites territoriales. La Communauté Urbaine est de
plein droit le maître d'ouvrage des équipements et des
infrastructures d'intérêt communautaire financés par le
budget de l'Etat.
1.1.1 - Historique et évolution
La Municipalité de Yaoundé a été
créée par l'arrêté du Gouverneur colonial du
Cameroun du 15 juin 1941, instituant les Communes Mixtes Urbaines de Douala et
de Yaoundé dirigée par un Administrateur-maire européen.
Le 18 novembre 1955, la loi N°55- 1489 décrète la
création de la Commune Urbaine de Plein Exercice de Yaoundé avec
à sa tête le premier Maire camerounais M. FOUDA OMGBA André
qui devient par la suite le premier Délégué du
Gouvernement auprès de la Commune Urbaine de plein Exercice de
Yaoundé par le décret N°67-128/COR du Premier Ministre. Le
05 décembre 1974, la Commune de Urbaine de plein Exercice devient
simplement la Commune Urbaine de Yaoundé par la loi N°74/23.
Cette Commune Urbaine est abritée à
l'hôtel de ville de Yaoundé construit à partir du 29 mai
1976 et inauguré le 14 octobre 1978 (photo 1.1). La dénomination
de Commune Urbaine de Yaoundé passe à celle de Communauté
Urbaine de Yaoundé par décret N°87/1365 du 15 juillet 1987.
La nouvelle structure a à sa tête un Délégué
du Gouvernement.
Photo 1.1 : Hôtel de vile, bâtiment
principal de la CUY. (Fékoua, novembre 2010).
1.1.2 - Fonctionnement et rôle de la CUY
La Communauté Urbaine de Yaoundé est
administrée par un Délégué du Gouvernement
nommé par décret présidentiel. Il est assisté de
plusieurs adjoints nommés également par arrêté du
Président de la République. Les organes directeurs de la
Communauté Urbaine de Yaoundé sont : le Conseil de
Communauté et le Délégué du Gouvernement. Les
bureaux de la Communauté Urbaine de Yaoundé sont abrités
par des bâtiments administratifs situés à des sites
différents dans la ville de Yaoundé. L'hôtel de ville de
Yaoundé qui est le bâtiment principal de la Communauté
Urbaine, abrite la majeure partie des bureaux et est situé en plein
coeur de la cité capitale au lieu dit Hippodrome.
Certains bureaux de la Communauté Urbaine de
Yaoundé sont également basés au lieu dit Voirie Municipale
; ceux-ci contiennent des parcs de stationnement des véhicules et les
espaces pour la fourrière. Le bâtiment administratif du
cimetière municipal et la Voirie municipale sont sous la tutelle du
bâtiment principal (Hôtel de ville de Yaoundé).
La CUY s'occupe des problèmes d'intérêt
communautaire. Elle a donc compétence dans les domaines de l'urbanisme
et aménagement urbain, des équipements et infrastructures
d'intérêt communautaire, de l'entretien de la voirie municipale et
de la signalisation, de l'éclairage public et l'approvisionnement en eau
potable, de la circulation et des transports, des parkings publics et parcs de
stationnement, des abattoirs municipaux, des marchés et foires, des
musées municipaux, des parcs et jardins, des cimetières
communaux, de l'exécution des mesures foncières et domaniales,
des permis de construire, des dénominations des rues et édifices
publics, hygiène et salubrité, etc....
1.1.3 - Activités menées à la CUY
pendant le stage
Nous avons été accueilli à l'Hôtel
de ville, bâtiment principal de la CUY par le Directeur des Services
Techniques (DST) qui nous a tout de suite recommandé au Chef Service des
Parcs et Jardins (SPJ) pour une organisation pratique du stage
académique. Au niveau du SPJ, notre insertion a été
facile. Nous avons reçu un accueil des plus chaleureux. Des conseils
nous ont été prodigués, du matériel et de la
documentation ont été mis à notre disposition. Le
thème retenu de commun accord avec nos encadreurs technique et
académique a été : Anthropisation et risques
environnementaux sur les collines de Yaoundé. Le travail
axé sur cette thématique nous a permis de :
- Assister aux réunions de la DST
En effet, la DST tient ses rencontres tous les premiers lundis
du mois dès 7h 30' avec le Délégué. Cette
réunion est ouverte à toute personne étrangère
à la CUY. Tous les autres lundis matin du mois, le
Délégué réunit la DST pour le suivi
évaluation des travaux dans les différents chantiers à
travers la ville. Les autres jours, la DST se réunit à partir de
7h 30' pour le suivi au quotidien et la signature des ordres de service.
- Consulter la documentation sur
Yaoundé
L'accès au Service des archives et de la documentation
de la CUY nous a permis de consulter d'importants documents en rapport avec
notre thème d'étude. Nous avons pu ainsi, par nos visites
fréquentes dans ce service, consulter les SDAU, le PDL et le PDU de
Yaoundé horizon 2020 ainsi que les travaux effectués par des
étudiants et des chercheurs sur l'aménagement, l'environnement et
le développement urbain de Yaoundé.
- Boiser certains espaces dans la yille de
Yaoundé
Nous avons activement participé au boisement de la
« Place des jeunes » à Etétak. Le travail consistait
dans un premier temps à faire des « fouilles » d'environ 40cm
de profondeur x 40cm de diamètre. Ensuite, on allait dans un bosquet
à Nkolbisson pour couper les tuteurs. Les espèces plantées
étaient achetées à l'IRAD et transportées sur le
site d'implantation à Etétak. Ges espèces étaient
mises en terre suivant un ordre et une technique simple. On les arrosait tous
les matins pour optimiser le pourcentage de prise.
- Descendre sur les différents sites
étudiés
Nous avons effectué des visites systématiques
sur les sept collines étudiées. Au cours de ces visites, nous
commencions par nous entretenir avec les chefs traditionnels locaux ainsi que
les populations riveraines. Nous avons collecté une somme importante
d'informations par des techniques de la MARP et de l'EIE, des prises de vues et
des levés de points GPS. Nous disposions de toutes les autorisations
signées par la GUY pour effectuer des recherches sur ces sites.
1.2 - APPROCHE CONCEPTUELLE
1.2.1 - Notion de risque
Le risque est la perception d'un danger possible, plus ou
moins prévisible par un groupe social ou un individu qui y est
exposé (Veyret, 2003). De manière classique, le risque est
défini comme l'association entre un aléa et une
vulnérabilité. L'aléa renvoie à l'occurrence
incertaine d'un évènement, et la vulnérabilité
à la capacité d'endommagement partiel ou total des personnes ou
des biens, ou collectivement la société. Ainsi défini, le
risque est une notion nécessairement « anthropocentrée
» ; c'est-à-dire qu'il ne saurait y avoir de risque sans
implication humaine. Une chute potentielle de pierres du sommet d'un
escarpement par exemple, ne constitue un risque que pour autant que peuvent y
être exposés des passants, une habitation et ses occupants, des
plantations. Nous voyons que le risque s'appuie en règle
générale sur deux composantes : l'aléa et la
vulnérabilité. L'important est de comprendre que c'est la
combinaison de deux éléments qui définie la dynamique du
risque.
1.2.2 - Risques environnementaux
Les risques environnementaux associent les risques naturels et
les risques résultant de processus naturels aggravés par les
activités humaines et les aménagements (Veyret, 2003). Par risque
naturel, l'auteur désigne « le risque que ressent, perçoit,
et subit un groupe social ou un individu soumis à l'action possible d'un
processus physique, d'un aléa ». D'autres risques peuvent
résulter d'aléas dont l'efficacité est accrue par les
activités humaines et les aménagements (Veyret, 2003). Les
risques environnementaux, tels qu'ils ont apparus durant la seconde
moitié du siècle, les dommages auxquels ils ont pu et pourront
à l'avenir correspondre, ont contraints les spécialistes à
élargir et à repenser la catégorie risque. Le risque
dispose aujourd'hui d'une variété de qualificatifs qui parfois se
superposent, sans que leurs contours soient clairement balisés VertigO
(2009). On parle ainsi de risques alimentaires, sanitaires, naturels,
industriels, technologiques, économiques, sociaux,
environnementaux...
Vincent, H. (2009) remarque que depuis quelques années,
un nombre croissant de publications, de colloques, de programmes de recherche,
se référent aux risques environnementaux, une forme
émergente de risques, et qui apparait de plus en plus présente
dans l'univers moderne de « la société du risque ". Or,
aucun de ses travaux ne pose de définition générique de
cette catégorie qui serait unanimement reprise. Les expressions
associées à ce phénomène varient d'un auteur
à l'autre. La littérature internationale use plus couramment de
l'expression « environmental risks ", même si on retrouve de
manière assez marginale les qualificatifs « ecological risks " ou,
plus rarement « environmental hazards ".
Le recours à l'expression de « risque
environnemental " conduit à couvrir une variété de
phénomènes qui sont générés par
l'interaction entre la sphère environnementale et la sphère des
activités humaines. Les auteurs parleront donc de risques
environnementaux ou de risques écologiques, tantôt pour
désigner les risques générés par l'activité
humaine sur l'environnement, tantôt pour qualifier les « risques
pesant sur la vie humaine, la santé et l'activité
économique du fait des dégradations infligées aux
capacités de fonction, de production et d'assimilation des
systèmes écologiques ". Dans cette dernière acception, les
risques environnementaux sont parfois synonymes de risques sanitaires
générés par l'environnement. On peut donc à partir
de ces deux positions, envisager deux manières de définir le
risque environnemental selon que l'on s'intéresse à la
santé de l'homme (position anthropocentrée) ou à
l'environnement (position écocentrée).
Il se dégage clairement de cette analyse que la notion
de risque environnemental est controversée et qu'il n'existe pas,
à strictement parler, de définition rigoureuse. Pour ce qui est
du travail sur les collines de Yaoundé, nous avons opté
d'emblée pour l'expression de risque environnemental pour qualifier les
risques générés par l'activité humaine sur
l'environnement, et pour qualifier en méme temps des situations plus
communément comprises comme relevant de risques naturels ; qui
pèsent sur la vie de l'homme et ses biens. Nous avons donc une position
intermédiaire (anthropoécocentrée), parce que dans cette
étude sur les collines de Yaoundé, nous nous intéressons
à la préservation de l'environnement et à la santé
de l'homme et de ses biens.
1.2.3 - Concept d'anthropisation
Les activités, les entreprises humaines
inconsidérées ont conduit le monde aujourd'hui à une
véritable crise anthropique. En géographie et en écologie,
l'anthropisation est la transformation d'espaces, de paysages ou de milieux
naturels sous l'action de l'homme. La dégradation anthropique d'un
milieu comme celui de la « barrière montagneuse occidentale »
de Yaoundé est l'ensemble des processus de dégradation du milieu
(relief, sol, végétation, eau, air, etc....) dü à
l'action de l'homme. Dire que le changement climatique par exemple est
d'origine anthropique, signifie que les activités humaines sont la cause
du changement climatique. Des espaces peuvent être qualifiés
d'anthropisé bien qu'ils aient une apparence naturelle, comme des
prairies qui ont succédé à une déforestation due
à l'homme. La détection des marques de l'anthropisation peut
apparaître difficile étant donné qu'elle implique de
connaître ou estimer l'état d'un milieu ou d'un paysage avant
toute action sensible de l'homme. Les premiers leviers par lesquels
l'espèce humaine a transformé sensiblement un milieu ont
été l'élevage et l'écobuage. La photo 1.2
ci-dessous montre un exemple d'anthropisation complète.
Photo 1.2 : Anthropisation complète par les
constructions sur la coiine Abobo à Yaoundé.
(Source : Fékoua, décembre 2010).
Sur cette photo, on observe au premier plan quelques
habitations et des bananiers. Au second plan, une verdure constituée
pour l'essentiel d'arbres fruitiers (manguiers). En arrière plan, la
colline Abobo complètement anthropisée, avec des maisons
construites jusqu'au sommet. Seuls quelques arbres fruitiers isolés sont
visibles sur la colline.
La colline Abobo est frontalière avec Messa au Sud-est,
du côté d'Oyom-Abang. L'abiergue draine sa vallée au niveau
d'Etétak ; pour se jeter dans la Mefou à Nkolbisson.
D'après le chef de 3e degré d'Etétak, ce sommet
était un lieu de chasse aux rongeurs il y a moins de deux
décennies. Aujourd'hui, l'urbanisation a totalement investi le site. Les
maisons occupent tous les flancs de la colline jusqu'à son sommet ;
à plus de 800 mètres d'altitude. On n'y observe que quelques
grands arbres fruitiers isolés. Après cette présentation
synthétique de la GUY, des activités que nous y avons
menées et une analyse des deux concepts principaux qui sous-tendent
notre sujet, nous allons aborder la revue de la littérature et la
présentation du milieu d'étude.
1.3 - REVUE DE LA LITTERATURE
La revue de la littérature m'a permis de consulter et
de constituer une banque de données secondaires sur le thème
d'étude pour mieux cerner la question. Les recherches ont
été faites sur Internet, au centre de documentation de la GUY,
dans les bibliothèques publiques et privées. Il ressort de nos
lectures que plusieurs auteurs ont écrit sur Yaoundé et sur ses
massifs forestiers collinaires. Nous vous présentons ci-après
l'économie des travaux de
quelques auteurs sur cette thématique à
Yaoundé et ailleurs ainsi que les principaux résultats auxquels
ils sont parvenus :
- Franqueville A. (1984), dans son livre sur
Yaoundé aborde globalement les problèmes socio-environnementaux.
Il met l'accent sur le ravitaillement en eau potable dans les quartiers
populeux de Yaoundé. Son propos est de montrer les problèmes
d'approvisionnement posés par la croissance urbaine. Son approche est
double : sur le plan technique, les limites de l'appareil de distribution d'eau
à Yaoundé sont atteintes et le réseau dans la ville «
laisse beaucoup à désirer ». Sur le plan social,
l'urbanisation fait que ~ des habitants des quartiers populeux n'ont pas
facilement accès à l'eau. Ce qui a le plus retenu notre attention
dans ce travail ; c'est la description que l'auteur fait de l'urbanisation
anarchique et les conséquences qui en découlent. Cette
urbanisation est sans doute encore un facteur aggravant de la
dégradation des collines de Yaoundé. C'est une question sur
laquelle nous allons nous pencher dans ce travail pour savoir ce qu'il en est
aujourd'hui.
- Mougoué B. (1985), dans un article
intitulé « La municipalité et l'occupation des sites
inconstructibles à Yaoundé », publié dans
Cameroon Urban Review, donne « une description synoptique de la
cité Capitale ». L'auteur commence par « placer le cadre
urbain dans son environnement naturel ". Il distingue ensuite les zones
urbanisables qui sont « facilement colonisées par l'homme " et des
sites inconstructibles que sont les zones marécageuses. Il
présente les zones de fortes pentes comme des sites où « se
développent de graves phénomènes d'érosion et de
dégradation du sol accentués par l'action de l'homme qui
décape le couvert végétal et accroit le ruissellement
diffus ". En ce qui concerne les zones marécageuses, Mougoué
(1985), remarque simplement que « les conditions d'hygiène y sont
déplorables. Le milieu est propice à l'expansion du paludisme et
des maladies hydriques. Ces sites, bien que relevant du domaine national, sont
néanmoins occupés par une frange de la population. Après
avoir examiné les aspects sociaux économiques des occupants,
l'auteur pense qu'en plus de la pauvreté, il y aurait « la
défaillance des structures étatiques et municipales de
contrôle de l'urbanisation qui expliqueraient l'installation des
populations dans ces milieux dont il présente les mécanismes qui
prévalent à leur occupation. Face à l'obstination des
populations à occuper ces sites, la municipalité est
obligée d'intervenir pour déguerpir et réaliser les
projets d'intérêt communautaire. L'auteur décrit ces
opérations de déguerpissement comme étant spectaculaires
et controversées. Il préconise un aménagement des sites
inconstructibles et reconnait en conclusion que le déguerpissement est
inévitable ; seulement il doit être toujours accompagné
d'un programme de travaux à réaliser sur les sites
libérés. Cette étude de Mougoué
(1985) nous a servi de baromètre pour comprendre par rapport à la
situation actuelle, ce qu'il en était il y a 1/4 de siècle.
- Achoundong G. (1996), s'est investi «
à rechercher dans les collines de Yaoundé les
éléments typiques de la végétation submontagnarde
et tenté de définir les groupements propres à cette
végétation par leurs espèces les plus
caractéristiques ». Ce travail est la preuve que jusqu'à une
époque récente, les collines de Yaoundé étaient
riches en flore et en faune. En effet, l'auteur conclut son étude en
remarquant que les observations sur les sommets des collines de Yaoundé
sont conformes aux conclusions d'A. Aubréville (1932) et R. Schnell
(1952) sur les montagnes de l'Ouest africain. A Yaoundé comme au Mont
Nimba (Guinée), la forét sommitale s'individualise par
l'abondance et la constance remarquable de ce noyau caractéristique qui
est liée aux conditions écologiques particulières de leur
habitat, opérant une sélection qui favorise ces espèces.
Il constate clairement que « sur les pentes des collines de
Yaoundé, la proportion des grands arbres diminue quand l'altitude
augmente ». A cette réduction de taille s'ajoute celle du nombre
d'espèces, c'est-à-dire que le nombre d'espèces diminue
quand l'altitude augmente. Seulement, il faut dire pour le décrier
qu'aujourd'hui, la tendance est complètement inversée ;
puisqu'à la base des collines, il n'y a pratiquement plus
d'espèces. On retrouve à peine quelques sommets avec des lambeaux
de forêt. Or il se dégage de l'étude d'Achoundong que les
collines de Yaoundé et leurs terrains attenants ont été
peuplés, il n'y a pas longtemps d'espèces végétales
diversifiées. A partir des observations faites sur les Monts Eloundem,
Kala et Mbam Minkom, l'auteur présente les essences qu'on retrouve dans
les foréts mésophiles à la base, jusqu'aux foréts
sommitales au-dessus de 1100 mètres. Il nous revient de montrer ce qu'il
en reste encore de cette végétation originelle et voir ce qu'il y
a lieu de faire pour la restaurer ; compte tenu de l'agression anthropique que
subissent ces milieux.
- Fékoua D. (1998), dans une
étude sur l'eau et la santé à Yaoundé, part du
constat que la distribution moderne d'eau potable est insuffisante pour
justifier la persistance de modes d'approvisionnement traditionnels lourds de
conséquences sur la santé générale des populations
dans les quartiers tels que Ndjong-melen. La situation est aggravée par
la présence de nombreuses sources de pollution (tas d'ordures, fosses
d'aisance, eaux stagnantes) qui côtoient les puits. L'étude a
consisté à faire une enquête par questionnaire sur un
échantillon représentatif des ménages du quartier Ndjong-
melen. Il ressort de cette enquête que 84% de la population puise l'eau
de boisson à un équipement moderne, contrairement à ce
qu'on pourrait penser. Les populations ont un bon comportement et un
niveau de connaissance appréciable vis-à-vis de
l'eau et la santé. Ce travail nous a permis d'avoir une idée
précise sur le péril fécal et les risques sanitaires
liés à l'eau dans certains quartiers de Yaoundé.
Seulement, l'étude ne pose pas la question de la préservation des
sites dans les quartiers où les populations, en s'installant, perturbent
le milieu et s'exposent à des risques.
- Abéga R. (2006), dans une
étude sur les monts Messa a tenté de mieux « cerner la
situation du développement et de l'environnement de ce site à
travers la réalisation de son profil environnemental dans la perspective
de la mise en place d'une stratégie de gestion durable ». Il
ressort que les activités sont en cours dans plusieurs secteurs.
L'auteur utilise les outils de l'EE pour relever les impacts et les risques
environnementaux que ces activités de développement engendrent.
Il convient de signaler que nous utiliserons en plus des mêmes outils, la
MARP et la cartographie pour mesurer et montrer l'évolution de l'impact
de l'emprise humaine sur les hauts reliefs de Yaoundé. Après
avoir mis en évidence la gestion urbaine et environnementale de la zone
et analysé la situation, l'auteur constate que l'afflux des populations
défavorisées et la multiplication des activités mal
maîtrisées qu'elles y exercent aggravent les risques
environnementaux. Il conclut son travail en suggérant à
l'autorité municipale de faire une gestion participative du site sur une
base institutionnalisée. Seulement, il faut reconnaître que le
cadre de cette recherche nous semble restreint ; car un seul site sur la
problématique des zones non constructibles de hauts reliefs à
Yaoundé ne nous semble pas assez représentatif. Ce travail a
néanmoins contribué à déblayer le chemin pour
l'étude de la reconquête des milieux naturels de hauts sommets et
d'amélioration du cadre de vie à Yaoundé.
- Le travail de Mani M. L. (2008), qui porte
sur la mise en valeur des bas-fonds de l'Arrondissement de Yaoundé
3e met un accent particulier sur les conséquences
environnementales. Les données ont été obtenues
après une série d'enquêtes initiées de
décembre 2006 à juin 2007 au moyen d'un questionnaire
structuré et mené auprès de 100 exploitants sur les les
sites d'Obobogo, Ahala, Etoa, Afanoya. Il se dégage de sa
problématique que « la croissance démographique est à
l'origine de l'évolution de l'exploitation des bas-fonds de
l'Arrondissement de Yaoundé 3e». Tout comme Mani qui
veut savoir pourquoi les Yaoundéens manifestent-ils autant d'engouement
pour l'exploitation des bas-fonds, nous voulons savoir ce qui pousse les gens
à conquérir les sommets des collines de Yaoundé et quelles
sont les conséquences environnementales qui en découlent. Cette
étude
a suscité et aiguisé notre curiosité sur
l'intérêt qu'il y aurait à analyser les impacts des
activités humaines sur les collines de Yaoundé.
- Tagboka-Yakana B. (2009), dans ses travaux
sur « L'impact des actions de régénération des zones
dégradées de la Réserve spéciale de forêt de
Gbazabangui (RCA) », commence par rappeler que la destruction des
forêts naturelles au profit des plantations industrielles, des cultures
de rente et vivrières sur brûlis conduisent à une perte de
la biodiversité. A ces pratiques culturales, on peut ajouter « une
exploitation difficilement contrôlable des ressources forestières
(PFNL, carrières, exploitation du bois d'oeuvre et du bois de chauffe)
». Il pose le problème de détermination de l'impact des
actions de régénération de ces zones
dégradées. A l'aide d'outils et de techniques de sciences
sociales, l'auteur identifie et décrit l'impact des actions de
régénération des zones dégradées de la
Réserve spéciale de forêt de la colline de Gbazabangui sur
les quartiers riverains. Il ressort de cette étude que les actions
directes (reboisement, agroforesterie, pare-feu, surveillance) et indirects
(développement des activités alternatives, information,
sensibilisation, communication et formation) de
régénération des zones dégradées de la
Réserve ont des impacts positifs sur l'environnement biophysique et
humain des quartiers riverains. Il nous revient dans notre travail, de montrer
que les collines de Yaoundé, comme celle de Gbazabangui, subissent une
forte agression du fait de l'action de l'homme, que les populations s'exposent
à des risques graves en rapport avec ces activités, et qu'il y a
urgence que les autorités municipales prennent des mesures pour
récupérer ces hauts sommets dégradées et y
restaurer leur nature d'antan par la mise en place des actions de
régénération de la forêt ; ce qui à terme,
pourra impacter positivement l'environnement biophysique et humain de
Yaoundé.
Chapitre 2 : PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE ET
DESCRIPTION DES SITES ETUDIES
Dans ce chapitre, nous voulons avoir une idée
précise sur le milieu et les collines étudiées tels qu'ils
se présentent au moment où cette étude est
initiée.
2.1 - PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE
Yaoundé, capitale départementale du Mfoundi,
capitale régionale du Centre et capitale politique et administrative du
Cameroun (voir figure II.1, carte de localisation) a connu comme la plupart des
villes de l'Afrique sud-saharienne, une croissance démographique et
spatiale spectaculaire ces trente-cinq dernières années.
2.1.1 - Pression humaine constante
La population de Yaoundé représente de nos jours
58,7% de la population totale de la Région du Centre (3e
RGPH, 2005). Cette métropole s'étend aujourd'hui sur un peu plus
de 20 000ha et comprend sur le plan administratif sept communes
d'arrondissement (figure 2.1). Son site est hérissé de collines
résiduelles ; d'où son surnom de « ville aux sept collines
»7. La barrière montagneuse d'orientation Nord,
Nord-Ouest et Sud, Sud-Ouest où le mont Nkolondom culmine à plus
de 1200 mètres ne facilite pas l'urbanisation de ce côté.
Le tableau 2.1 ci-dessous présente des données sur la population,
la superficie et la densité actuelles par arrondissement de
Yaoundé d'après le RGPH réalisé en 2005.
7 En réalité, Yaoundé compte
près d'une vingtaine de collines (voir annexe) dont les plus en vue sont
les monts Mbankolo, Eloundem, Messa, Akok Ndoué, Nkolondom, Ngoa
Ekélé, Fébé...
Figure 2.1 : Localisation des coiines
étudiées à Yaoundé. (Fekoua,
2010).
Tableau 2.1 : Population, superficie et
densité dans les CUA de Yaoundé.
Commune d'Arr14disseP e4t
|
Siège
|
Population (hbt)
|
Superficie (ha)
|
Densité (hbt/ha)
|
Yaoundé 1er
|
Nlongkak I
|
471000
|
5464
|
86,20
|
Yaoundé 2e
|
Tsinga I
|
284000
|
2256
|
126,22
|
Yaoundé 3e
|
Efoulan
|
744000
|
6834
|
108,86
|
Yaoundé 4e
|
Kondengui
|
408000
|
5867
|
69,54
|
Yaoundé 5e
|
Nkol Messeng
|
307000
|
2652
|
115,76
|
Yaoundé 6e
|
Biyem Assi
|
155000
|
2235
|
69,35
|
Yaoundé 7e
|
Nkolbisson
|
440000
|
3490
|
126,67
|
(PDUY, 2020 et RGPH, 2005).
La forte densité des habitants par hectare est la
preuve que la pression humaine est énorme sur l'espace à
Yaoundé. Quatre communes d'arrondissement de Yaoundé ont une
densité de plus de 100 habitants par hectare sur les sept que compte la
ville. Il s'agit des communes de Yaoundé 2e 126,22
habitants/ha, Yaoundé 3e 108,86, Yaoundé 5e
115,76 et Yaoundé 7e 126,67. La densité moyenne des
trois autres communes (Yaoundé 1er, 4e et 6e) est
d'environ 75 hbts/ha. La commune la plus densément peuplée est
celle de Yaoundé 7e (126,67 hbts/ha). La pression
démographique sans précèdent soumet la plupart des
réserves naturelles des hauts sommets de Yaoundé à
l'urbanisation anarchique caractérisée par un habitat
spontané et sommaire qui occupe les flancs des montagnes. Le PDL (2009)
de Yaoundé affirme à ce sujet que « la plupart de ces hauts
reliefs sont colonisés à près de 40 à 50% par une
urbanisation sauvage et incontrôlée, dont les conséquences
sont : l'érosion et les éboulements fréquents de terrain
causant de nombreuses victimes et des dégâts matériels
»8. La figure 2.2 montre la densité de la population
dans les sept communes d'arrondissement de Yaoundé. Les communes
d'arrondissement de Yaoundé 2e et 7e sont les plus
densément peuplées à l'hectare. Les collines
étudiées se situent dans ces deux circonscriptions
administratives (figure 2.2).
8 Plan de Développement Local de
Yaoundé, 2009.
Figure 2.2 : Densité de la population dans les
arrondissements de Yaoundé. (Fékoua,
2010).
22
La construction des antennes (Messa, Mbankolo) est
précédée d'une ouverture de voie d'accès et de
l'espace à bâtir qui s'accompagnent d'une redoutable destruction
du couvert végétal réduisant l'infiltration, favorisant
ainsi le ruissellement des eaux de pluie. Les voies ainsi ouvertes servent
d'accès aux populations riveraines pour anthropiser davantage les
collines. L'agriculture pratiquée ici ne respecte pas les règles
d'une agriculture d'altitude. L'agriculture urbaine et périurbaine se
fait avec le billonnage non respectueux des courbes de niveaux, l'utilisation
des feux de brousse et la coupe abusive des arbres. Ces pratiques favorisent le
ruissellement et l'exposition de la roche mère incapable d'absorber la
moindre goutte d'eau.
La colonisation agricole des espaces doublée de
l'exploitation sauvage d'essences ligneuses qui s'y trouvent, réduit la
biodiversité végétale de ces milieux. « Les
réserves du cordon forestier, au lieu d'être reboisées,
sont profondément modifiés par l'action humaine dans une
forêt dégradée et en récession continue
»9. On peut dire aujourd'hui sans risque de se tromper que la
dégradation environnementale qui menace la ville de Yaoundé ira
grandissante, tant que les montagnes seront dénudées de leur
couvert végétal. Il en est de même pour le
réchauffement de la ville. A. Franqueville (1984) écrivait
à ce sujet : « la profonde transformation ainsi apportée du
milieu écologique sans aucune contrepartie contribue très
vraisemblablement à élever les températures au sol
».
2.1.2 - Pluviométrie toujours importante
La ville de Yaoundé est localisée entre les
latitudes 3°45'N et 3°94'N et les longitudes 10°94'E et
10°58'E. Elle a une précipitation annuelle moyenne de 1700mm
répartie en 150 jours, divisée en quatre saisons : deux saisons
de pluie (août-novembre pour la grande saison de pluie et avril-juin pour
la courte saison de pluie) et deux saisons sèches (novembre-mars pour la
grande saison sèche et juin-août pour la petite saison
sèche). Elle se situe donc dans une région dont le climat est du
type subéquatorial, tempéré par l'altitude qui
modère les écarts de températures. Actuellement, ce climat
évolue vers une situation de température en hausse et de
déficit pluviométrique (bien qu'étant toujours
élevée), à cause de la destruction progressive du couvert
végétal. Le tableau 2.2 ci-dessous présente les moyennes
annuelles de température et précipitation dans la ville de
Yaoundé en 2003.
9 PDUY, op. cit. p. 12
Tableau 2.2 : Températures et
précipitations moyennes à Yaoundé.
Mois
|
jan
|
fév
|
mar
|
avr
|
ma
|
jun
|
jui
|
ao
|
sep
|
oct
|
nov
|
déc
|
Année
|
Précipitation (en mm)
|
22
|
63
|
146
|
182
|
204
|
151
|
56
|
174
|
202
|
300
|
127
|
120
|
1747
|
Température (en °c)
|
24
|
25
|
24
|
24
|
24
|
23
|
22
|
22
|
23
|
23
|
22
|
24
|
23.3
|
(
wwww.afrik.com)
La température moyenne annuelle est de 23,3 °C. La
période la plus chaude va de décembre à mai ; avec un pic
en février (la température atteignant les 25°C). La
température ne connait pas de grandes variations à
Yaoundé. Les précipitations par contre varient entre 22 mm en
janvier et 300 mm en octobre. Les pluies sont abondantes de mi-août
à mi-novembre et de mi-mars à mi-juin correspondant aux deux
saisons pluvieuses à Yaoundé. Des données du tableau
ci-dessus, nous avons réalisé la figure 2.3 qui est un diagramme
ombrothermique de la ville de Yaoundé.
Figure 2.3 : Diagramme ombrothermique de la ville de
Yaoundé. Fékoua, 2010.
Ce type de diagramme climatique représente les
variations mensuelles sur une année des températures et des
précipitations selon des gradations standardisées : une gradation
de l'échelle des précipitations correspond à deux
gradations de l'échelle des températures (P=2T). Ce diagramme
permet de mettre en évidence les périodes de sécheresse
définies par une courbe de précipitation (histogramme, ici en
bleu) se situant en dessous de la courbe de température (courbe, ici en
rouge).
2.1.3 - Blocs forestiers en voie de disparition
Jusque dans les années 80, période où de
grands changements vont se faire sentir sur les plans démographique et
spatial, les hauts reliefs de Yaoundé notamment ceux des parties
Nord-Ouest et ouest de la ville, d'altitude variant entre 700 et 1200
mètres que nous appelons symboliquement « la dorsale
yaoundéenne », étaient véritablement verts
composés de massifs forestiers en altitude. Ces hauts reliefs
constituaient un important cordon forestier allant du Nord (Mont Nkolondom) au
Sud-ouest (Mont Eloundem), en passant par l'Ouest (Monts Messa). Parce que
difficilement urbanisables, ces hauts sommets ont été
constitués en trois réserves naturelles présentant une
multitude d'intérêts pour la capitale politique à savoir :
touristique, climatique et scientifique. Il s'agit de :
- La réserve naturelle du mont Fébé et des
Monts Messa d'une superficie d'environ 4000 ha. - La réserve du barrage
de la Mefou de 10 500 ha.
- La réserve du Massif de l'Eloundem de 4300 ha environ
prévue pour devenir un parc zoologique et botanique (figure 2.4).
Figure 2.4 : Les hauts sommets constitués en
réserves naturelles à Yaoundé.
(Fékoua, 2010).
Aujourd'hui, le cordon forestier des années 80
perceptible à travers « la dorsale Yaoundéenne » est
brisé par une urbanisation incontrôlée. En effet, la
plupart de ces hauts reliefs sont colonisés par une urbanisation
anarchique dont les conséquences sont sans précèdent pour
l'ensemble de la ville de Yaoundé. Les réserves qui couvraient
cette « barrière montagneuse occidentale » sont en voie
d'être profondément modifiées par l'action humaine
(culture, pâturages, carrières de prélèvement de
pierres), malgré la présence d'une forêt
dégradée en régression continue (PDL, 2001). Des
aménagements avaient été programmés sur ces sites
dits inconstructibles et protégés10 (reboisement de 78
ha). Face à l'inertie des pouvoirs publics, les populations riveraines
ont lancé un véritable assaut sur les forêts
préexistantes qui ont pratiquement disparu.
La verdure perçue à distance n'est qu'apparente.
Elle est formée de mousses et groupements saxicoles qui poussent sur des
rochers dénudés par l'érosion, de recrues et de quelques
îlots d'arbres et d'arbustes (Mandengue, 2009). Toutes les collines de
Yaoundé sont aujourd'hui menacées ; bien qu'il y ait quelques
unes qui conservent encore des reliques forestières. Si rien n'est fait,
« les hauts reliefs et leurs réserves qui constituaient jadis
l'essentiel du grand cordon forestier de la ville de Yaoundé » vont
disparaître.
La vaste campagne de reconquête des milieux
naturels11 et d'amélioration du cadre de vie lancée
par la CUY et dans laquelle s'intègre notre étude, sont autant
d'initiatives pouvant permettre d'explorer les voies et moyens pour redonner
à Yaoundé sa verdure et sa fraicheur d'antan. Après cette
analyse documentaire qui nous a donné une idée précise sur
ce que nous pouvons faire compte tenu des travaux précédents, et
la connaissance du cadre d'étude, il est question dans ce qui suit, de
dire un mot sur les matériels et la méthode les mieux
adaptés pour aborder une telle étude.
10 La Convention sur la diversité biologique
définit en son article 2, une zone protégée comme «
toute zone géographiquement délimitée qui est
désignée, ou réglementée, et gérée en
vue d'atteindre des objectifs spécifiques de conservation ».
11 La CUY a demandé et obtenu du
Ministère compétent, que ces zones soient déclarées
d'utilité publique. Voir l'Arrêté du Ministre des domaines
et des affaires foncières en annexe.
2.2 - DESCRIPTION DES COLLINES ETUDIEES ET LEUR
DIMENSION HISTORIQUE
Nous avons effectué des descentes sur le terrain et
avons visité plusieurs collines dont nous vous donnons une description
sommaire de sept (figure 2.5, collines visitées) sur lesquelles nous
avons choisi de mener cette étude. Toutes ces collines appartiennent
selon la CUY, à la zone interdite de construction de type D. En effet,
la CUY définit quatre types de zones inconstructibles. Le type A
représente les rivières et bas-fonds. Le type B les espaces
routiers futurs ou existants. Le type C concerne les espaces ayant un statut de
zone industrielle. Le type D est celui dans lequel s'inscrivent les hauts
reliefs et les espaces ayant un statut d'espaces verts interdits de
construction. Malheureusement, rien n'est fait sur le terrain pour faire
respecter cette typologie.
2.2.1 - Mont Akok Ndoué : un massif
rocheux-forestier « étranglé »
Le mont Akok Ndoué s'étend de Nkolbisson
à Mendong. Il est à cheval entre les communes d'Arrondissement de
Yaoundé 7e (flanc Quest, côté Nkolbisson) et de
Yaoundé 6e (flanc Est, côté Mendong et Etoug-Ebé).
La rivière Mewoulou qui prend sa source au pied de cette colline
(Nord-Est), représente sa frontière naturelle au niveau
d'Etoug-Ebé. D'une altitude d'environ 970 mètres, il
possède trois grottes naturelles. Son nom, composé de « Akok
» (rocher) et de « Ndoué » (éperviers) en langue
locale (Ewondo), vient du fait qu'à l'époque, il y avait beaucoup
de rapaces qui vivaient dans l'une des grottes dont l'entrée
qu'empruntaient ces oiseaux pour accéder dans un véritable
labyrinthe rocheux est encore visible aujourd'hui (voir photo 2.1) sur le flanc
Sud-Est du côté de Mendong.
Figure 2.5 : Carte des collines étudiées
à Yaoundé. (Fékoua, 2010)
Photo 2.1 : Affleurement rocheux a Akok Ndoé.
(Source : Fekoua, décembre 2010).
Cette photo montre un aspect de l'affleurement rocheux au
lieu dit Akok Ndoué II (N : 03°51'07,9»E :
11°27'56,1»). Au centre de la photo, l'entrée de la grotte
qu'empruntaient les éperviers. On observe sur le rochée, des
groupements saxicoles et quelques grands arbres isolés qui
témoignent de l'existence de la foret sur ce sommet à une
époque.
D'après les informations recueillies auprès du
chef de bloc de Akok Ndoé II, les panthères vivaient sur la
colline jusqu'à une époque récente ; notamment jusqu'en
1973, année à laquelle il aurait lui-même tué le
dernier de ces fauves. Selon le même patriarche, il y a moins d'une
décennie (2005), le « Rocher des éperviers »
était le territoire d'un énorme gorille (dos argenté), qui
se baladait régulièrement entre les Monts Akok Ndoé et
Eloundem, distant d'environ 4km. Le massif est aujourd'hui complètement
cerné par diverses activités humaines qui l'étranglent et
le dénaturent complètement ; bien qu'au sommet, un lambeau de
forêt (gros arbres) est encore visible. Tout autour de ce massif, les
activités anthropiques sont perceptibles ; seuls d'importants
affleurements rocheux au Nord-Ouest (Nkolbisson) et au Sud-Est (Mendong),
empêchent la construction des maisons au-delà de 800
mètres. La figure 2.6 ci-dessous est un transect qui donne une
description verticale du Mont Akok Ndoué faite à partir des
observations sur le flanc Sud-est.
Pied du mont
Mi-pente (777m)
Versant
Sommet
(820m)
(700m)
Vallées
Etage
(660m)
(970m)
Boisement anthropique, arbres fruitiers
Végétation anthropique
Végétation
Rivière Nkounda
Groupement saxicole
Relique forestière
Champs, manioc, bananiers, arachides, avocatiers, chasse
Construction, élevage, carrière
Maison, école, église, centre santé,
boutiques, agriculture
Affleurement rocheux, chasse
Maison, école, église, centre santé,
boutiques
Occupation du sol/activité
Glissement de terrain, érosion
Erosion, feu de brousse
Chute de pierre
Eboulement de terrain
Inondation
Risque associé
Mont Akok Ndoé
Figure 2.6 : Description verticale
réalisée à partir du flanc Sud-est d'Akok
Ndoé.
(Enquêtes de terrain, décembre 2010).
2.2.2 - Massif forestier naturel sacré de Mbog
Ndum
Des sept sommets sur lesquels nous avons travaillé,
Mbog Ndum est la colline qui garde encore un aspect véritablement
naturel quoique perturbée. La photo 2.2 ci-après présente
un aspect des Produits Forestiers Ligneux (PFL) qu'on peut encore observer sur
le versant Nord.
|
Les grands arbres sur cette image sont effectivement des
essences naturelles. Mais ils cachent en fait la déforestation qui se
déroule à l'intérieur de ce massif. (N :
03°51'38,4»E : 11°26'36,8»)
|
Photo 2.2 : Un aspect des ligneux sur le flanc Nord
du Mont Mbog Ndum. (Fekoua, décembre
2010).
Ce sommet est situé dans l'Arrondissement de
Yaoundé 7e. Le Mont Mbog Ndum c'està-dire «
baobab troué », était une colline sacrée. En effet,
c'est dans une grotte visible encore aujourd'hui, au dessus duquel se trouvait
un énorme baobab comportant un trou où les représentants
des différentes communautés de la contrée se
réunissaient six jours consécutifs par an pour prier et demander
la bénédiction des dieux pour leurs activités
champêtres. La photo 2.3 ci-dessous montre la face externe de la grotte
au-dessus duquel se dressait le baobab troué.
Photo 2.3 : La grotte sacrée de Mbog Ndum.
(Source : Fekoua, décembre 2010).
Au centre de la photo, entourer de gros arbres, le rocher
qui abritait autrefois la grotte sacrée. Sur ce rocher trônait le
baobab troué (Mbog Ndum) qui n'existe plu. (E :
03°51'38,4» N : 11°26'36,8»)
Le chef de 3e degré de Mbog Ndum affirme que
chaque délégué de communauté apportait des semences
et les prières devaient se faire jusqu'à ce qu'une fumée
sorte du baobab ; ce qui était la preuve de l'exaucement. Au sortir de
ces jours de prières, une chèvre était
égorgée, une grande fête était organisée
à laquelle étaient conviées toutes les populations des
villages concernés à qui les semences bénites
étaient distribués. La face Nord (côté Nkolfoulou)
commence à subir un début d'agression humaine (construction,
agriculture). La figure 2.7 ci-après est une coupe descriptive de ce
front Nord.
Piedmont
(812m) Mi-pente
(780m)
Versant
Sommet
Vallées
(700m)
(660m)
Etage
(877m)
Savane herbeuse et essences
Champs de
fruiters légumes, gombo, maïs
Essences naturelles dense
Végétation
Relique
Champs de maïs et autres
Laverie automobile
Occupation
du sol/Activité
Champs de femmes, chasse
Agriculture
Chasse
Chasse
Glissement de terrain
Inondation
Chute de pierres
Déforestation
Erosion
Risque
Colline Mbog Ndum
Figure 2.7 : Transet descriptif du front Nord
(côté Nkolfoulou) du Mont Mbog Ndum.
(Enquêtes de terrain, décembre 2010).
Le Mont Mbog Ndum culmine à plus de 880 mètres
d'altitude. A 877 mètres, au point GPS de coordonnées
N:03°51'34,6»et E:11°26'39,5» la forét sommitale
ancienne est remarquable, avec de gros arbres, des Produits Forestiers
Non-Ligneux (PFNL, photo 2.4). Le sol ferralitique de couleur rouge est
très caractéristique de la zone.
|
Le jujubier produit les jujubes qui sont des PFNL
très prisés sur presque tous les marchés des
régions du Cameroun. Ils sont généralement vendus
après séchage. Il existe plusieurs espèces ; sur cette
photo les jujubes sucrés.
|
Photo 2.4 : Deux variétés de jujubes
filmés dans la forêt sommitale de Mbog Ndum.
(N:03°51'34,6»et E:11°26'39,5»). Source :
Fékoua, 2010).
2.2.3 - Minloa : un important massif rocheux de l'Ouest
Yaoundé
C'est un affleurement essentiellement rocheux (plus de 85% de
sa surface). Une poche de végétation faite de culture (maïs,
bananiers) et quelques reliques de gros arbres sont visibles au sommet. C'est
un site propice au divertissement, au tourisme, aux loisirs et au recueillement
(Photo 2.5).
Photo 2.5 : Le sommet du Mont Minloa vu à
partir de Nkolbisson. N : 03°51'34,6»E
: 11°26'39,5» (Fekoua, décembre
2010).
Sur ce cliché, on observe au 1er plan
(pied du mont), des bananiers, des palmiers et des arbres fruitiers ; ce qui
est la preuve que l'homme y est très actif. Au second plan, le massif
rocheux avec des poches de forêt résiduelle au sommet.
Le massif rocheux Minloa est limité au Sud-ouest par
l'usine de traitement des eaux de Nkolfoulou, au Nord par le Mont Messebe
(995m). Les Monts Minloa et Messebe (Photo 2.6 ci-dessous) constituent à
ce niveau une frontière naturelle entre les Départements du
Mfoundi et de la Lékié c'est-à-dire entre les peuples Eton
(à l'Ouest) et Ewondo (à l'Est).
Photo 2.6 : A gauche, le Mont Minloa et à
droite le Mont Messebe ; limite naturelle des départements du Mfoundi
et de la Lékié. N : 03°51'34,6»E :
11°26'39,5»
(Source : Fekoua, décembre 2010).
La photo ci-dessus montre à l'avant, les palmiers
à huile, les arbres fruitiers et quelques essences naturelles
isolées. En arrière plan, les monts Minloa et Messebe
séparés par un couloir d'environ 500 mètres de large,
abritant la végétation.
Akok Minloa (en Ewondo) c'est-à-dire « Rocher des
mouches » se caractérise par la couleur noir du rocher sur lequel
poussent des groupements saxicoles qui sont complètement «
calcinés » par le soleil en saison sèche (photo 2.7).
Photo 2.7: Plantes séchées par le
soleil, flanc Nord-ouest de Minloa. N : 03°53'60,6»E
:11°26'19,2»
(Source : Fekoua, décembre 2010).
Cette photo montre au 1er plan, l'affleurement
de la roche de couleur noire. Au second plan, un groupement saxicole
séché par la chaleur du soleil. En arrière plan, le sommet
du mont Messebe avec une végétation parsemée.
Le cours d'eau Mefou, une limite naturelle entre les Communes
d'Arrondissement de Yaoundé 6e et 7e, prend sa
source au pied de ce rocher qui culmine à 966 mètres d'altitude.
A 791 mètres d'altitude, au point GPS de coordonnées
N:03°53'09,1»et E:11°26'13,0» sur le flanc Nord-est du
massif, un regard en aval permet de constater qu'il y a les activités
dont les principales sont l'agriculture, l'exploitation du sable, la
pisciculture. Aucune construction ou habitation n'est encore présente
sur le site. Une autre activité et non la moindre, est celle de
l'exploitation de carrière qui consiste sur le flanc Est (Nkolbisson) au
ramassage de morceaux de pierres détachés du rocher suite
á son exposition constante aux intempéries ; ce qui provoque
l'éclatement de la croüte et le décapage facile des blocs de
roche qui sont enlevés au moyen de burin, balancés au bas de la
colline et concassés pour en faire du gravier.
2.2.4 - Immense massif rocheux-forestier Ebaminala (Nkol
Edoa)
Ebaminala encore appelé Nkol Edoa, c'est-á-dire
la colline d'Edoa, du nom d'un des premiers allogènes à
s'installer dans le village. D'après un descendant direct d'Edoa que
nous avons rencontré, ce dernier aurait vécu au sommet de la
colline et c'est là qu'il aurait trouvé la mort ; sa tombe y
serait encore visible. C'est un énorme massif comportant à la
fois d'importants affleurements rocheux et une grande forêt sommitale
(photos 2.8).
Photo 2.8 : Vue rapprochée de la foret et de
l'affleurement rocheux au sommet du Mont. N :
03°53'44,1»E : 11°27'58,1» (Source : Fekoua.,
décembre 2010).
Cette image du sommet d'Ebaminala montre de l'avant vers
l'arrière, l'affleurement de la roche recouverte de groupements
saxicoles. On distingue ensuite nettement la forêt sommitale avec de gros
arbres. Cette forêt est menacée par la
déforestation.
Il s'étend de Zamengoué à l'Ouest,
jusqu'aux confins du Mont Messa à l'Est. La rivière
Afémé au point de coordonnées GPS
N:03°50'22,8»et E:11°28'12,6», prend sa source sur le Mont
Ebaminala et se jette dans la Mefou. Il constitue une limite naturelle entre
les Départements du Mfoundi et la Lékié. Les allemands
auraient utilisé de grosses chaines pour bloquer l'entrée d'une
immense grotte qui se trouverait sur le massif ; afin d'éviter les
accidents. Du côté de Nkolafémé à l'Est du
massif, la colline se présente en paliers. Sur cette même
façade, nous avons fait des observations qui nous ont permis de
réaliser la coupe descriptive dont les résultats sont
présentés sur la figure 2.8.
2e et 3e palier (828 et
854m)
1er palier (784m)
5e palier (948m)
4e palier (880m)
Vallées
(724m)
Etage
Groupements saxicoles, arbres fruitiers
Végétation
Maïs, bananiers, manguiers, ananas
Groupements Saxicoles
Cours d'eau Afémé
Reliques forestières
Elevage, champs, habitation, école, église,
boutique
Champs de femmes, chasse, exploitation de bois
Occupation du sol/Activité
Laverie moto, champs légumes
Aménagements de religieux, champs, source,
borne
Affleurement rocheux, chasse
Déforestation, feu de brousse
Glissement de terrain
Inondation
Chute de pierres
Risque associé
Erosion, chute de pierres
Rocher Ebaminala
Figure 2.8 : Coupe verticale descriptive de la
façade Sud-est d'Ebaminala.
(Observations de terrain, décembre 2010).
Nous avons sur la façade orientale du mont, de la base
jusqu'à 948 mètres d'altitude au point GPS
N:03°54'04,0» E:11°27'50,2», cinq paliers. Au premier
palier il y a les habitations et les champs ainsi que les arbres fruitiers. La
culture des ananas y est pratiquée. Les deuxième et
troisième paliers respectivement à 828 mètres et 854
mètres sont le domaine de l'affleurement rocheux de couleur noire et
doté d'une végétation singulière. Le
quatrième palier à 880m d'altitude, au point GPS
3°53'48,1»de latitude Nord et 11°27'59,4»de
longitude Est, est une plate forme qui a connu des
aménagements. Un Prêtre catholique aurait reçu
l'autorisation du chef traditionnel pour placer l'effigie de Marie et une
grande croix et en a fait un haut lieu de recueillement et de prière
(photos 2.9a et 2.9b). On y observe également les champs et des arbres
fruitiers. La Direction du cadastre y a placé une borne (photo 2.10). Le
cinquième et dernier palier à 948 mètres d'altitude se
caractérise par une forét sommitale comportant de gros arbres.
C'est le site d'exploitation anarchique du bois. Il y existe quelques espaces
cultivés et des Produits Forestiers Non-Ligneux (PFNL). La chasse y est
également pratiquée.
2.9a 2.9b
Photo 2.9 : Effigie de marie et croix
installées au quatrième palier à l'Est de la
colline. N : 03°53'50,3» E :
11°27'54,9» (Source : Fekoua., décembre
2010).
Sur la photo de gauche (2.9a), l'effigie de Marie repose
une stèle construite avec des pierres récupérées
sur la colline. Au second plan à gauche, des pierres disposées
pour servir de banc. On note ensuite en arrière plan, les champs de
maïs, de manioc et quelques grands arbres. Sur la photo de droite (2.9b),
la grande croix repose sur un support en pierres. Derrière la croix, on
observe une végétation résiduelle.
Photo 2.10 : Borne du cadastre à Ebaminala
(880m d'altitude). (Fekoua., décembre 2010).
2.2.5 - Monts Messa : un héritage naturel à
restaurer
Les Monts Messa culminent à environ 1015m d'altitude.
En langue Ewondo, « Messa » est le pluriel de « Assa » qui
désigne le prunier (nom scientifique : Prunus). C'est un mont qui
s'allonge sur les Communes d'Arrondissement de Yaoundé 2e au
Nord-est où il est frontalier avec Mbankolo (photo 2.11), jusqu'à
Yaoundé 7e au Sud-Ouest à Nkolbisson. A l'Ouest, Messa
est limité par Oliga et Ebaminala. La rivière Afémé
coule dans la vallée longeant les Monts Messa (Sud-ouest) et Ebaminala
(vers Nkolbisson). A l'Est, du côté d'Etétak, les blocs
rocheux libres, susceptibles de mouvement vers l'aval sont visibles
(Abéga, 2006).
Photo 2.11 : Un aspect des monts Messa filmé
depuis Oliga (côté Mbankolo). N
: 03°53'44,3»E : 11°28'48,1» (Source : Fekoua.,
décembre 2010).
Ce cliché montre les maisons sur le flanc
Nord-ouest de Messa. Les champs de maïs sont visibles au sommet où
il n'y a plus que de rares arbres isolés. Si rien n'est fait, ces champs
vont bientôt être remplacés par les habitations
Les Monts Messa porte aujourd'hui près d'une dizaine
d'antennes de télécommunication et un château d'eau dont
l'installation a nécessité l'ouverture de pistes à
plusieurs endroits du massif, favorisant ainsi l'accès des populations
riveraines aux sommets pour développer des activités qui ont
profondément entamé le milieu, perturbant les
écosystèmes et exposant les populations à des risques. Des
sept collines sur lesquelles nous avons travaillé, Messa est de loin la
plus anthropisée. L'intervention musclée de l'autorité
municipale sur le site en 2006 a certainement contribué à sauver
la poche de forêt sommitale qui y est encore observable au Sud-ouest du
côté de Nkolbisson. Les pentes sur les flancs des Monts Messa sont
supérieures à 20% (Abéga, 2006).
La végétation est entièrement
dégradée par les activités humaines ; notamment
l'urbanisation et l'agriculture, facilité par l'ouverture des pistes sur
la colline pour poser les antennes émettrices. On observe encore
quelques reliques forestières sur les hauteurs, du côté de
Nkolbisson (photo 2.12).
Photo 2.12 : Relique de forêt au sommet de
messa, versant Sud-ouest à Nkolbisson. (Source :
Fekoua, décembre 2010).
Au premier plan sur cette photo, un champ de maïs,
des bananiers et des habitations au pied du mont Messa. Au second plan, le
flanc Sud-ouest de la colline avec les champs de maïs qui sont
pratiquement au sommet où on note encore une relique de
forêt
La société d'exploitation de pierre
Dragages-Cameroun, y a exercé jusqu'en 1984. L'énorme trou
béant laissé au centre du flanc Est de la colline témoigne
de l'activité de cette entreprise. En 1980, la GUY avait classé
les hauts reliefs de Messa « zone verte » interdite de construction.
Des plaques avaient été posées avec l'indication : «
Gommunauté Urbaine de Yaoundé, zone verte interdite à la
construction ». Il convient de signaler que les Monts Messa comme toutes
les autres collines que nous avons étudiées appartiennent
à la zone interdite de construction de type D ; c'est-à-dire les
milieux ayant un statut d'espaces verts ou de hauts reliefs selon la GUY. La
figure 2.9 suivante montre les résultats d'un transect
réalisé sur le flanc Est des Monts Messa.
Etage
Sommet
|
Végétation Lambeau de
|
Occupation
du sol/Activité
Champs de
|
Risque
Déforestation, Chute
|
|
forêt
|
femmes, antennes
|
de pierres
|
(1015m)
|
|
|
|
Versant (930m)
|
Cultures, arbres isolés
|
Champs de maïs, Arbres fruitiers isolés
|
Erosion, feu de brousse
|
Versant
|
Cultures, fruitiers
|
Maisons, champs de maïs, arbres
|
Glissement/éboule ment de terrain
|
(880m)
|
isolés
|
fruitiers
|
|
Piedmont (800m)
|
Bananier, manguier, papayers
|
Maisons, école,
église, centre santé, boutiques, élevage
|
Coulée boueuse
|
Vallées
|
Rivière
|
Champs de légume
|
Inondation
|
|
Afémé
|
|
|
(728m)
|
|
|
|
Monts Messa
Figure 2.9 : Transect réalisé sur le
flanc Est des Monts Messa. (Observations de terrain,
2010).
2.2.6 - Colline emblématique de Mbankolo
Le Mont Mbankolo (1096m) présente deux sommets portant
les antennes de la radio et de la TV nationale camerounaise (photo 2.13). Le
premier pic du côté d'Oliga (carrefour Mbankolo) est un
affleurement rocheux (photo 4.14a). A partir d'Oliga, une route serpente le
flanc du Mont et permet d'accéder au sommet. Une autre route traverse le
Mont Mbankolo à l'Est en direction de Fébé. C'est la
partie de la colline la plus humanisée. Les constructions sont
présentes à une altitude de plus de 800 mètres. Une radio
privée, en plus de son antenne émettrice, y a construit ses
bâtiments (N:03°53'51,7»et E:11°29'18,9») à
plus de 834 mètres d'altitude. Du carrefour Mbankolo à
Fébé, de nombreuses constructions sont en chantier vers l'amont
où une forét dégradée est encore visible.
D'après les informations recueillies auprès des populations, il y
a moins d'une décennie, un morceau de roche s'était
détaché de la colline, dévalant la pente en direction des
populations installées en aval qui avaient eu la vie sauve grâce
aux gros arbres qui avaient arrêté sa course folle.
Photo 2.13 : En arrière plan, les deux sommets
du Mont Mbankolo portant des antennes.
(Source : Fekoua, décembre 2010).
Au premier plan sur cette image, le mont Oliga avec des
bananiers, les champs de maïs et des arbres isolés. En
arrière plan, les deux sommets du mont Mbankolo portant des
antennes.
Le second sommet du Mont Mbankolo présente un couvert
végétal important. Il est limité à l'Ouest par le
village Fébé et le Mont qui porte le méme nom
(Fébé). C'est de ce côté que se trouve la grotte de
Mbankolo ; au lieu dit « Cité de la Vierge Marie » au point de
coordonnées GPS N:03°54'37,6»et E:11°29'08,6»
à 891 mètres d'altitude. L'activité principale ici est
l'agriculture. Il faut tout de méme signaler que les constructions sont
entrain de coloniser progressivement ce flanc Quest du Mont. Nous avons
d'ailleurs constaté au moment où nous étions sur le
terrain qu'une route y a été récemment ouverte (photo
2.14b), à plus de 800 mètres d'altitude et permet de rallier
Oliga et Fébé village (point GPS N:03°54'18,8»et
E:11°28'42,0» à 842 mètres d'altitude).
Au pied du mont Mbankolo (côté Oliga), la
photo 2.14a ci-dessus nous montre une zone récemment déguerpie.
On y observe encore des traces de terrassement et des murs de
soutènement construits pour empêcher un éboulement de
terrain. Sur la photo 2.14b cidessous, on voit une route ouverte
récemment sur le flanc de la colline à plus de 800m d'altitude,
au milieu de la végétation.
Photo 2.14a : Le sommet à affleurement
rocheux de Mbankolo et 2.14b : Une route récemment ouverte sur le
versant Ouest vers Fébé village. N :
03°54'18,8»E : 11°28'42,0» (Source : Fekoua,
décembre 2010).
La forêt résiduelle sommitale est
constituée de gros arbres. On y rencontre encore quelques rongeurs. Le
Mont Mbankolo aurait constitué un point stratégique pour la
résistance à la colonisation allemande. D'après les
informations collectées auprès des populations riveraines, les
Allemands auraient utilisé l'aviation, après plusieurs tentatives
infructueuses d'approche terrestre, pour venir à bout des
résistants qui s'étaient refugiés au sommet de la colline
et en avaient fait un poste d'observation et de défense efficace.
2.2.7- Mont Fébé, source du cours d'eau
Mfoundi
Le Mont Fébé porte le nom du village où
il se situe. Il a une altitude de 1073 mètres (photo 2.15). Le Mfoundi
qui est le principal cours d'eau drainant la ville de Yaoundé prend sa
source sur cette colline.
Photo 2.15 : Une vue du Mont Fébé
à partir de Mbankolo. N : 03°54'38,7»E :
11°29'24,6» (Source : Fekoua, décembre
2010).
Au premier plan sur ce cliché, Fébé
village avec des arbres fruitiers. Au second plan, le mont Fébé
avec une relique de forêt au sommet, quelques maisons isolées et
des champs de maïs sur son versant ; preuve que malgré les mesures
de sécurité, l'homme y est très actif.
Plusieurs infrastructures ont été construites et
des aménagements ont été entrepris sur la colline : l'un
des plus grands Hôtel de Yaoundé (photo 2.16) est bâti sur
le flanc Est de ce sommet. Il en est de même du Monastère des
Bénédictins. Au pied du Mont Fébé, toujours sur le
côté Est ont été aménagé le terrain de
Golf et le parcours Vita (photo 2.17).
|
En arrière plan sur cette photo, à droite,
peint en blanc et entouré d'arbres, le monastère des
bénédictins. (Source : Fekoua, décembre 2010).
|
Photo 2.16 : Une vue de l'Hôtel Sofitel
construit sur le flanc Est de la colline Fébé.
|
Au premier plan sur cette photo, une poche de forêt
résiduelle. Au second plan, le terrain de golfe parsemé de
plantes ornementales. (Source : Fekoua, décembre 2010).
|
Photo 2.17 : Une vue du terrain de golfe
aménagé au pied du Mont fébé.
L'accès au sommet du Mont Fébé tout comme
au sommet du Mont Mbankolo est interdite pour des raisons de
sécurité. En effet, des stations abritant les antennes
émettrices de la CRTV et de la Présidence y ont été
construites. Le souci de sécurité (et non de préservation)
de cet écosystème fragile est tel qu'une clôture en
parpaings a été élevée à une certaine
altitude sur le flanc Sud du Mont (côté Fébé
village), pour empêcher tout accès aux riverains en direction du
sommet. Au point GPS de coordonnées N:03°54'38,7»et
E:11°29'24,6» d'altitude 950 mètres, passe la route qui vient
de Mbankolo jusqu'à Tsinga en desservant l'antenne de communication,
l'Hôtel, le Monastère et ses structures annexes, le Golf et le
parcours Vita. Une simple promenade sur ce flanc Est du Mont
Fébé, avec tout ce qu'on y découvre permet d'affirmer que
c'est un véritable joyau touristique qu'il faut simplement valoriser. Le
tableau 2.3 suivant récapitule les collines sur lesquelles nous avons
travaillé.
Tableau 2.3 : Récapitulatif des collines
étudiées.
N° d'ordre
|
Nom de la colline
|
Localisation
|
Altitude (en mètre)
|
1
|
Akok Ndoué
|
Yaoundé 6e et 7e
|
967
|
2
|
Mbog Ndum
|
Yaoundé 7e
|
900
|
3
|
Minloa
|
Yaoundé 7e
|
966
|
4
|
Ebaminala
|
Yaoundé 7e
|
1005
|
5
|
Messa
|
Yaoundé 2e et 7e
|
1015
|
6
|
Mbankolo
|
Yaoundé 2e
|
1096
|
7
|
Febe
|
Yaoundé 2e
|
1073
|
Source : données de terrain et SDAU de
Yaoundé.
Il ressort de ce tableau que cinq des sept collines
étudiées se situent dans la Commune d'Arrondissement de
Yaoundé 7e et font partie des massifs qui forment la
barrière montagneuse occidentale de Yaoundé. Deux massifs
à savoir les monts Messa et Akok Ndoué sont à cheval entre
les Communes d'Arrondissement de Yaoundé 2e et 7e
pour le premier et de 6e et 7e pour le second. Trois
sommets sont dans la Commune d'Arrondissement de Yaoundé 2e ;
il s'agit de Febe, Messa et Mbankolo.
Chapitre 3 : APPROCHE METHODOLOGIQUE
Afin d'étudier le plus adéquatement possible la
situation des collines de Yaoundé, nous avons identifié un
échantillon représentatif de 07 collines (Akok Ndoué, Mbog
Ndum, Minloa, Ebaminala, Messa, Mbankolo, Fébé) pour deux raisons
: elles sont situées dans les Communes d'Arrondissement (6e
et 7e) les plus densément peuplées i.e. où les
sites sont plus exposés aux actions de l'homme. De plus, elles sont
localisées comme la plupart des collines dans la partie occidentale de
la capitale ; d'où le nom de « barrière montagneuse
occidentale »12 et que nous avons baptisé par analogie
« Dorsale yaoundéenne »13. Nous voulions ainsi
garder la symbolique de « Yaoundé, ville aux 07 collines » ;
car en réalité, il y a près d'une vingtaine de collines
qui surplombent le site de Yaoundé. Nous avons à cet effet
utilisé un certain nombre de matériels que nous présentons
dans ce chapitre ainsi que la méthode de collecte des données.
3.1- MATERIELS
3.1.1- Récepteur-GPS (Global Positioning System) et
logiciel Google Earth
- Récepteur-GPS : C'est un appareil
qui permet à une personne de déterminer sa position ou celle de
tout autre objet en tout point de la terre et à tout moment avec une
certaine précision (qui peut varier de quelques centaines de
mètres à quelques centimètres). Le récepteur-GPS
que nous avons utilisé est de marque Etrex GARMIN, version 3.20. Il nous
a servi à localiser, relever les coordonnées (Longitudes,
Latitudes, Altitudes) des sept (7) collines étudiées. Les
données collectées ont permis de créer un Système
d'Information Géographique (SIG).
- Logiciel Google Earth : C'est un logiciel
qui permet de « voyager au quatre coins du monde en visualisant des images
satellites, des cartes, des reliefs ou des bâtiments en 3D ». Il
permet de visualiser des vues aériennes et satellitales de toute la
planète ; avec la possibilité d'afficher les frontières,
les noms des villes, de fleuves. .Ce logiciel nous a permis par simple
observation directe d'avoir une idée sur ce qu'il en reste encore du
massif forestier de la « barrière montagneuse occidentale » de
Yaoundé.
12 PDU de Yaoundé, 2020.
13 Cette appellation fait référence
à la Dorsale camerounaise, qui est cette chaine de collines qui part des
monts Mandara aux Nord-ouest Cameroun, jusqu'au mont Cameroun dans le Sud-ouest
en passant par les monts de l'Ouest.
La figure 3.1 ci-dessous montre un exemple d'observation et
d'extraction de l'image Google Earth sur internet pour localiser les massifs
forestiers à protéger en guise de mesures en faveur de la
biodiversité sur la voie de contournement Est de Yaoundé.
Figure 3.1 : Observation et extraction de l'image
Google Earth sur internet pour localiser les massifs forestiers à
protéger sur la voie de contournement Est de Yaoundé.
(Tchindjang,
2009).
3.1.2 - Carte topographique de Yaoundé au 1/200
000
Une coupure topographique est une carte à
l'échelle réduite représentant le relief
déterminé par altimétrie et les aménagements
humains d'une région géographique de manière
précise et détaillée sur un plan horizontal. Les autres
cartes à échelle plus réduite et les plans de ville ne
sont pas des cartes topographiques, car ils ne respectent pas l'échelle
de réduction pour représenter les routes. En effet, l'usage
principal de ces cartes routières et des plans est le repérage
d'un tracé routier. Néanmoins, le fond de carte et de plan
contient des informations topographiques parfaitement
représentées, comme la végétation de surface, le
relief, etc. La carte topographique de Yaoundé au 1/200 000 nous servira
de guide sur le terrain afin de repérer et de localiser les hauts
sommets de Yaoundé et éventuellement d'autres
éléments topographiques et d'anthropisation remarquables. A
partir de la version électronique, nous utiliserons le Logiciel de
cartographie ArcView 3.2 pour réaliser les cartes.
Toutes les coordonnées et les données GPS
collectées sur ces collines seront projetées sur la version
numérique de la carte mère de Yaoundé grâce à
ce logiciel. Ce qui nous permettra d'apprécier l'évolution de
l'action humaine sur ces milieux et de formuler objectivement quelques
recommandations. L'objectif de ce travail étant l'étude des
activités et des risques environnementaux sur les collines de
Yaoundé et leurs terrains attenants.
3.1.3 - Appareil photo numérique et image
satellitaire de Yaoundé
- Appareil photo numérique que nous
disposions pour les prises de vues sur les différents sites de notre
étude était un Panasonic LUMIX DMC-FZ8, de très haute
résolution (12 mégapixels), doté d'un zoom, d'un flash
incorporé et d'une carte mémoire de 2G. L'appareil photo est
devenu un matériel incontournable pour la recherche scientifique. Il
permet de collecter des données en temps réels sur le
phénomène étudié. En effet, nous avons
réalisé des photos pour illustrer et mieux préciser notre
pensée en rapport avec certains aspects de cette étude.
- Image satellitaire Aster : En 1972, les
américains ont lancé le programme satellitaire LANDSAT,
destiné à l'étude du sol. La France, en 1985, lança
à son tour ses satellites SPOT (Satellite Probatoire d'Observation de la
Terre). L'observation de l'image Aster composite de Yaoundé (2009)
consultée au SPJ de la CUY, nous a donné de comprendre et d'avoir
une idée précise sur l'évolution de l'anthropisation des
collines de Yaoundé. La figure 3.2 présente d'ailleurs les
collines étudiées sur fond d'image Aster de Yaoundé
(2009). Sur cette image, la couleur bleue correspond à l'extension
spatiale ouest de la ville. Le rouge magenta représente ce qui reste
encore de la végétation. Le noir n'est autre que le lac d'Esse.
Le blanc correspond aux nuages et le vert sombre indique les massifs forestiers
qui sont aujourd'hui en voie de disparition.
3.2 - METHODOLOGIE
Pour recenser, collecter, analyser et caractériser les
données sur les 07 collines étudiées et examiner comment
elles ont évolué ainsi que les impacts des activités
d'humanisation des collines et de leurs terrains attenants, nous avons
utilisé les outils de l'EE, la MARP et la cartographie qui sont des
méthodes beaucoup plus complètes et qui offrent une gamme
variée de moyens pour analyser les interactions entre les
activités, l'environnement, les ressources et les risques encourus par
les populations.
3.2.1 - Technique de la MARP (Méthode
Accélérée de Recherche Participative)14
Il s'agit d'une méthode de recherche participative et d'un
outil d'apprentissage quicomble le vide laissé par les
méthodes de recherche traditionnelle, qui ne permettent pas de
mieux comprendre la réalité rurale. Cette
méthode se trouve entre la recherche formelle (coûteuse et longue)
et la recherche informelle (trop courte pour donner de résultats fiables
et qualifiés de « tourisme rural ». La MARP est un ensemble
d'approches et d'outils, utilisés pour permettre aux populations rurales
et urbaines de présenter leurs connaissances sur leur situation et leurs
conditions de vie. Cette technique établit un processus de communication
plus proche et plus révélateur que les questionnaires. La MARP ou
RRA (Rapid Rural Appraisal, en anglais) est un processus d'apprentissage
intensif, itératif et rapide, orienté pour connaître des
situations spécifiques (URD, 2002). Pour une utilisation efficace de la
MARP afin d'identifier l'information à obtenir, les objectifs, qu'est-ce
que l'on veut apprendre et bien choisir les zones à étudier pour
poser un diagnostic sans complaisance de l'environnement collinaire de
Yaoundé, nous avons puisé dans la panoplie des outils de la MARP
les méthodes suivantes :
3.2.1.1 - Observation directe
Il s'agit de la première partie du recueil des
données. Grace à l'observation, on a pu obtenir une validation
des statistiques et données théoriques obtenues sur les dommages
et sur les activités sociales et économiques des sites
concernés. Nous avons effectué au moins trois descentes sur
chaque colline pour faire des observations directes. Ces visites consistaient
à se balader sur les sites et d'observer les faits tant physiques
qu'humains afin de comparer la réalité du terrain et les
informations théoriques dont nous disposions.
14 L'appellation «Méthode
Accélérée de Recherche Participative » est la
traduction française donnée à Rapid Rural Appraisal par
les participants francophones à la session de formation sur le RRA tenue
à Mbour, Sénégal en 1989.
3.2.1.2 - Données secondaires
C'est la première technique que nous avons mis en place
pour étudier l'histoire de la ville de Yaoundé et ses collines.
Cette recherche bibliographique sur internet et dans les bibliothèques
publiques, privés et des particuliers nous a également permis de
bâtir notre revue de littérature que nous avons
présenté dans le chapitre deux de cette étude.
3.2.1.3 - Interviews semi-structurées (ISS)
C'est le principal outil de la MARP ; car outil et accompagne
d'autres outils. Ces entretiens ont constitué la base de notre recherche
puisqu'ils ont aidé à compléter les autres techniques. Les
questions ouvertes telles que : Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Quand ? Où ?
Comment ?, nous ont donné de collecter une somme importante
d'informations. Nous avons interviewé les chefs de bloc d'Akok
Ndoué et Nkol Edoa, les chefs traditionnels de 3e
degré de Mbog Ndum et Mbankolo, le chef du quartier à Minloa. En
plus des chefs, nous nous sommes entretenus formellement avec les riverains et
exploitants que nous avons rencontrés sur le terrain à Akok
Ndoué (06 dont 01 exploitant de pierre), à Mbog Ndum (03
cultivateurs), à Minloa (04 dont 01 exploitant de sable), à
Ebaminala (04 dont 01 exploitant de bois, et 02 religieux), à Messa (03
habitants) et à Mbankolo (04 dont 01 exploitant de pierre). Soit au
total : 05 chefs et 24 riverains et exploitants c'est-à-dire un total de
29 personnes.
3.2.1.4 - Témoignages
L'illustration des faits et des effets de ces milieux sur la
vie des personnes et des familles ainsi que l'impact des rites pratiqués
sur certaines collines dans la vie de la communauté nous ont
donné une vision plus riche de l'ensemble de la situation. Les
témoignages des chefs traditionnels et de leurs sujets nous ont
été d'un grand apport. Ces outils et techniques nous ont permis
de remplir un document journalier (carnet de bord) qui nous a servi de
référence pour la planification, ainsi qu'un guide des objectifs
et des hypothèses fondamentaux de notre recherche. Ces processus
d'apprentissage « en temps réel » dynamique, ouverte,
visuelle, comparative et flexible nous ont donné des résultats
utiles que nous avons interprétés et utilisés
rapidement.
3.2.1.5 - Transects
Les transects et les cartes sont des supports
complémentaires : les cartes donnent une vision aérienne de
l'espace tandis que le transect en donne une coupe verticale. Pour
réaliser un transect, nous avons grimpé sur les sommets en
faisant des levés GPS, des observations sur le flanc de la base au
sommet pour couvrir l'essentiel des variations de l'écosystème
collinaire. Nous avons construit des transects sur les monts Akok Ndoué,
Mbog Ndum, Messa et Ebaminala.
3.2.2 - Evaluation Environnementale
L'évaluation environnementale désigne (au sens
large), l'évaluation de la composition et des conditions de
l'environnement biophysique et de l'environnement humain. La
caractérisation de l'état et des tendances environnementales, le
calcul des pressions anthropiques faites sur l'environnement, des
répercussions ou des modèles de gestion apportées par
l'humain sont des aspects de l'évaluation environnementale. Nous avons
retenu l'audit comme type d'évaluation environnementale. C'est un outil
d'amélioration continue, car il permet de faire le point sur l'existant
(état des lieux) afin d'en dégager les points faibles et/ou non
conformes. Cela, afin de mener ou de proposer par la suite les actions
adéquates qui permettront de corriger les écarts et
dysfonctionnement constatés. Pour établir la nature et
l'étendue de quelques problèmes environnementaux sur les collines
de Yaoundé, nous nous sommes servi de :
3.2.2.1 - Liste de contrôle ou « check-list
»
C'est un instrument qui nous a servi à
énumérer les activités anthropiques et les risques
potentiels ou réels susceptibles de se trouver sur les
différentes collines. Pour cette étude, nous avons opté
pour une liste de contrôle simple, qui est descriptive, facile
d'utilisation, flexible et se présente sous forme de tableau à
trois colonnes (N° ordre, activités, existence sur le site).
L'objectif de cette liste était de mettre en évidence les
points-clefs sur chacun des sites étudiés.
3.2.2.2 - Matrice d'interactions (de
Léopold)
Une matrice est un outil pour reconnaître les
interactions entre les enjeux, les composantes et les phases d'un projet. Il
existe plusieurs matrices dont l'utilisation varie selon la complexité
de l'information à présenter. Pour cette étude, nous avons
jugé la matrice simple suffisante pour identifier les risques, les
activités et les interactions entre les caractéristiques des
activités humaines et les éléments de l'environnement.
3.2.2.3 - Matrice de Fecteau
La matrice ou grille de Fecteau en EIE se présente sous
forme d'un tableau à deux entrées qui recense d'une part les
activités du projet à différentes phases et les composants
du milieu biophysique, humain et socio économique, puis mesure l'impact
sur la base des méthodes logiques pour en donner une valeur
d'appréciation (Tchindjang, 2009
www.cm.refer.org AUF). Elle a
permis sur la base de certains indicateurs de déterminer l'importance
des risques ou interactions sur l'environnement.
3.2.2.4 - Fiche d'impact
C'est un tableau qui recense les caractéristiques
descriptives de chaque impact (Tchindjang, 2009
www.cm.refer.org AUF). Nous avons
utilisé cette fiche dans le cadre de cette étude pour
décrire les causes et les manifestations des risques et présenter
ce que les riverains savent au sujet des risques, caractériser les
risques et décrire ce qu'effectivement les populations riveraines disent
faire face à une catastrophe, évaluer l'importance absolue des
impacts réels et présenter ce que les populations font
réellement devant de tels risques pour les atténuer.
3.2.2.5 - SIG (Syst~me d'information
géographique)
Le système d'information géographique est un
« ensemble de données repérées dans l'espace,
structuré de façon à pouvoir en extraire
commodément des synthèses utiles à la décision
» (Michel Didier, 1990). Nous avons représenté grâce
à un SIG les composantes graphique et attributaire des informations
géographiques collectées sur le terrain ; notamment avec le
GPS.
3.2.3 - Cartographie
Le principe majeur de la cartographie est la
représentation de données sur un support réduit
représentant un espace généralement réel.
L'objectif de la carte, c'est une représentation concise et efficace, la
simplification de phénomènes complexes à l'oeuvre sur
l'espace représenté afin de permettre une compréhension
rapide et pertinente. En ce qui concerne les travaux cartographiques de cette
étude sur l'anthropisation et les risques environnementaux sur les
collines de Yaoundé, la collecte des données s'est
déroulée en deux parties :
1 - La recherche des fonds de carte de Yaoundé.
2 - Les descentes sur le terrain pour lever les points GPS sur
les 07 sites retenus pour l'étude.
Les informations enregistrées étaient
également notées sur une fiche de collecte de données
(voir en annexe). Les données GPS ainsi collectées ont
été projetées sur la version numérique du fond de
carte de Yaoundé grâce au logiciel de cartographie Arview 3.2.
Nous avons ensuite digitalisé quelques éléments
caractéristiques de la zone d'étude pour réaliser nos
cartes. En résumé, le tableau 3.1 suivant récapitule les
objectifs, les hypothèses, la méthodologie et les
résultats attendus de notre étude qui vont faire l'objet de
présentation, d'analyse et de discussion dans le chapitre 4 de ce
travail.
Tableau 3.1 : Récapitulatif des objectifs, des
hypothèses, de la méthodologie et des résultats de
l'étude sur les activités humaines et les risques sur les
collines de Yaoundé.
Objectifs
|
Hypothèses
|
Méthodologie
|
Résultats
|
Objectif principal : montrer
|
Hypothèse principale : les
|
Descente sur le
terrain, collecte des données sur les
risques et les activités humaines, projection sur la carte
topographique.
|
Une carte des
risques sur les collines de Yaoundé est produite.
|
l'anthropisation et les risques
environnementaux qui en découlent sur les collines de
Yaoundé.
|
activités humaines sur les collines de Yaoundé
exposeraient les populations aux risques et catastrophes.
|
Objectifs spécifiques :
|
Hypothèses spécifiques :
|
1- Identification de toutes les activités humaines sur
chaque colline.
2- décomptage des risques potentiels et existants
après identification
3- Enquête de terrain, interviews semi- structurées
et étude MARP.
4- Questionnaire
étude MARP
(Méthode Accélérée de Recherche
Participative) et socio économique.
|
1-Une typologie des activités humaines est
réalisée.
2-Un classement des risques par origine et par ampleur est
réalisé.
3-Les facteurs qui déterminent l'installation des
populations sur les zones à risques sont examinés.
4-Les connaissances, les attitudes et les pratiques des
populations vis-à-vis des risques et catastrophes sont connues.
|
1- recenser les activités exposant les populations aux
risques et catastrophes.
2- étudier les risques environnementaux potentiels et
existants sur les collines de Yaoundé.
3- examiner les facteurs socio- économiques
d'occupation des zones élevées de Yaoundé.
4- déterminer les
connaissances, les attitudes et les pratiques des populations
vis-à-vis des risques.
|
1- les activités exposant les populations aux risques
seraient très diversifiées.
2- les risques encourus par les populations seraient
essentiellement induits par les activités humaines.
3- les facteurs socio- économiques
détermineraient
l'installation des populations sur les collines de
Yaoundé.
4- les populations sur les collines de Yaoundé auraient
des connaissances et des pratiques approximatives sur les risques
environnementaux.
|
Chapitre 4 : RESULTATS ET DISCUSSION
De multiples descentes sur le terrain et la mise en oeuvre de
l'approche participative et celle de l'EE ont permis de collecter des
données qui vont faire l'objet des résultats et de discussion
dans ce chapitre.
4.1- PRSENTATION DES RESULTATS
4.1.1 - Activités anthropiques relevées sur
les collines de Yaoundé
Les activités anthropiques ici concernent toute action
ou opération humaine dirigée vers une finalité et qui
provoque directement ou indirectement un élément tel que
l'érosion des sols, la pollution de l'eau, de l'air et des sols, la
végétation naturelle, le relief, etc.
4.1.1.1- Description des principales activités
humaines sur les collines de Yaoundé
Diverses activités humaines sont présentes sur
toutes les collines étudiées. Parmi ces activités
perturbatrices du milieu, les plus importantes en termes d'occupation spatiale
et meme de leur impact sur l'environnement sont :
- L'agriculture itinérante sur brûlis :
Elle se pratique sur les flancs des collines et leurs terrains
attenants. Elle se fait de manière traditionnelle ; sans aucune
technique culturale qui prenne en compte la fragilité du milieu. Les
sommets des monts Messa, Akok Ndoué, Ebaminala et même la poche de
forêt sommitale du massif rocheux de Minloa sont totalement
dégradées du fait de l'agriculture. Les produits de cette
agriculture essentiellement vivrière sont destinés à
l'autoconsommation et les petits marchés locaux (Nkolbisson, Mbankolo,
Carrière) et dans les grands marchés tels que Madagascar et
Mokolo. A côté des arbres fruitiers et des bananiers, il existe
des champs de maïs, d'arachides, de haricot, de patate et de manioc (voir
photo 4.1a) qui sont les plus prisés. A Ebaminala, nous avons
visité un champ d'ananas (voir photo 4.1b). A Mbog Ndum (colline la
moins humanisée), les champs de maïs et de manioc commencent
à coloniser le versant Nord jusqu'à 812 m d'altitude au point de
coordonnées GPS 03°51'38,4» latitude Nord,
11°26'36,8»longitude Est. Cette pratique culturale inadaptée
s'accompagne de la destruction des arbres, favorisant le ruissellement des eaux
de pluie. L'utilisation des feux de brousse (Akok Ndoué, Messa,
Ebaminala) expose la roche mère.
4.1b
4.1a
Photo 4.1a : Champs de maïs et de manioc au pied
de Minloa. (Source : Fékoua, déc.
2010).
Sur la photo 4.1a, N : 03°53'00,4»E :
11°26'16,7»on voit bien les champs de maïs, de manioc, et
des arbres fruitiers au pied du massif rocheux de Minloa. Sur la photo 4.1b,
E : 03°53'39,0»E : 11°27'59,9» nous avons un champ
d'ananas à Ebaminala. Observez la grosseur d'un fruit au premier
plan.
4.1b : Champs d'ananas à
Ebaminala.
- I <1Eit1t sommaire qu'on rencontre sur
les flancs des collines découle de l'urbanisation
désordonnée observée sur le terrain. Des maisons
construites sur des sites précaires et parfois à plus de 850
mètres d'altitude, colonisent les flancs des monts Akok Ndoué
(photo 4.2), Messa, Ebaminala et Mbankolo. Les cases sont pour la
majorité en briques de terre et en planches ; d'où leur
caractère précaire. La construction de ces cases est
précédée de terrassement et de fouille qui contribue
à fragiliser et à déstabiliser le versant. Cette
occupation anarchique des zones non-constructibles par les populations ne se
fait pas sans conséquences : érosion et mouvement de terrain
installent la désolation dans les familles et causent des
dégâts importants. A Mbog Ndum, nous avons compté trois
maisons situées dans la zone non-constructible. A Minloa, il n'y a pas
de maison ni de construction sur la colline et ses terrains attenants.
Photo 4.2 : Les maisons sur le flanc d'Akok
Ndoué. (Source : Fekoua, décembre
2010).
Sur cette image, seul cet affleurement rocheux visible
à l'Ouest d'Akok Ndoé empêche encore les constructions qui
sont déjà à plus de 850 mètres d'atteindre le
sommet.
- L'exploitation illégale du bois et du gravier
: Cette exploitation socio-économique a profondément
marqué le cours de l'évolution des collines de Yaoundé en
général et particulièrement celui des produits forestiers
ligneux (PFL) et non-ligneux. Les besoins des ménages urbains en bois de
chauffage, en matériaux locaux de construction se sont
intensifiés et le chômage des jeunes ont conduit à une
déforestation et un décapage accéléré des
collines, exposant les sols à l'érosion (Tagboka, 2009). Les
arbres, tels que nous avons observé sur le terrain sont coupés
pour le bois d'oeuvre et la construction (photo 4.3a). Seuls les riverains
prélèvent encore le bois directement sur les collines pour
l'auto-chauffage et moins pour la vente. Les activités d'exploitation de
graviers qui consistent à casser des morceaux de roches par
thermoclastie15 sur les collines et à les concasser avec un
matériel rudimentaire pour en faire du gravier ont été
identifiées à Akok Ndoué (photo 4.3b), Minloa, Messa et
Mbankolo. A côté de ces activités majeures, s'exercent
d'autres exploitations qui participent à la dégradation de ces
écosystèmes à écologie fragile. La liste de
contrôle ci-dessous (tableau 4.1) nous présente l'ensemble des
activités recensées sur les collines de Yaoundé.
15 Effets produits sur les roches par les brusques
changements de température. Il s'agit notamment d'éclatement.
Ici, on brule les vieux pneus et les morceaux de bois pour fragiliser la
roche.
4.3a 4.3b
Photos 4.3a : Exploitation de pierres à Akok
Ndoué. N : 03°51'07,9»E :
11°27'56,1» 4.3b : Coupe ilégale du bois au
sommet d'Ebaminala. N :
03°54'04,0»E :
11°27'50,2» (Source : Fekoua,
décembre 2010).
La photo 4.3a montre des blocs de pierres arrachés
sur le mont Akok Ndoué à plus de 850 mètres d'altitude,
qu'on fait rouler jusqu'à cet endroit pour être concassés
et vendus sous forme de graviers ou de moellons. La photo 4.3b quant à
elle présente l'exploitation anarchique du bois à plus de 900
mètres au sommet du mont Ebaminala. On voit bien ici un arbre abattu et
scié sous forme de débités.
Tableau 4.1 : Liste de contrôle des
différentes activités encours sur les collines
de Yaoundé.
Activités potentielles
|
Présence effective de l'activité
(1)
|
1- Agriculture
|
X
|
2- Habitat
|
X
|
3- Industrie
|
|
4- Compostage
|
|
5- Secteur informel
|
X
|
6- Construction
|
X
|
7- Energie
|
|
8- Foresterie
|
X
|
9- Elevage
|
X
|
10- Tourisme
|
|
11- Zones vertes
|
|
12- Education
|
X
|
13- Santé
|
X
|
14- Activités religieuses
|
X
|
15- Infrastructure hydraulique
|
|
16- Infrastructure communication
|
X
|
17- Chasse
|
X
|
|
Source : enquête de terrain, décembre
2010.
(1) : Cocher veut dire que l'activité existe
effectivement sur le terrain.
Il ressort de ce tableau que onze activités ont
été recensées sur les collines visitées et leurs
terrains attenants. Les principales activités sont :
- l'agroforesterie, qui se pratique sur tous les sites.
- l'habitat et la construction sont présents à
Messa, Akok Ndoué, Mbankolo et dans une moindre mesure à
Fébé, Ebaminala et Mbog Ndum. Il n'en existe pas à
Minloa.
- la chasse aux rongeurs tels que le rat, le porc-épic,
l'hérisson et l'écureuil se fait périodiquement sur
presque tous les sites.
- l'éducation (écoles privées), la
santé (centres de santé clandestins), les infrastructures de
communication (antennes), les activités religieuses (Eglises et sites de
recueillement) ont été observées à des altitudes de
plus de 800m à Akok Ndoué, Ebaminala, Messa, Fébé
et Mbankolo.
- L'exploitation de pierre et de sable est visible à
Akok Ndoué, Minloa et Mbankolo. L'importance spatiale des
activités humaines sur les collines de Yaoundé estimée sur
la base des observations faites sur le terrain est présentée
à la figure 4.1.
Habitat, construction
Figure 4.1 : Répartition spatiale des
activités humaines sur les coiines de Yaoundé.
Source : enquête de terrain, décembre
2010.
De manière globale, l'agroforesterie constitue 78% des
activités, l'habitat et la construction 12%, l'exploitation de pierres
et de sable 3% (photo 4.4a), la chasse 2% et les autres activités telles
que la pisciculture (photo 4.4b), la communication (antennes), la religion, la
santé, l'éducation et l'élevage 5%. Ces activités
impactent sur les ressources naturelles.
|
Le cliché 4.4a ci-contre montre de l'eau stagnant
dans un trou creusé pour extraire du sable. Cette activité
perturbe l'environnement et crée de véritable gite à
moustiques. N : 03°53'00,4»E : 11°26'16,7»
4.4a
|
|
Le cliché 4.4b présente un étang
piscicole sur le cours d'une rivière. Cette activité est
pratiquée ici dans des conditions naturelles. Seul le débit de la
rivière a été modifié. N :
03°53'60,6»E : 11°26'19,2»
4.4b
|
Photo 4.4a : Carrière de sable et 4.4b : Etang
de poissons au pied du Mont Minloa.
(Source : Fekoua, décembre 2010).
4.1.1.2- Impact des activités anthropiques sur
les ressources naturelles
Les activités humaines ci-dessus identifiées et
décrites, perturbent les ressources naturelles telles que la terre, la
végétation naturelle, l'eau et l'air.
- La terre : Sur les collines de
Yaoundé comme partout ailleurs, cette ressource naturelle est
très convoitée. Elle joue un très grand rôle dans
l'entretien de la vie végétale et animale. Elle contribue
à la préservation de la diversité biologique terrestre,
à la régulation du cycle hydrologique, au stockage et au
recyclage du carbone et autres services de l'écosystème.
La terre sur les hauts sommets de Yaoundé est utilisée
pour implanter les cases, fabriquer les blocs de terre. Elle offre l'espace
à l'habitat et à l'agriculture qui en sont les deux principales
consommatrices.
- La végétation naturelle :
Jusqu'à une époque récente, les collines de
Yaoundé étaient un important réservoir de produits
forestier ligneux et non ligneux. Elles étaient couvertes d'une
forét très riche en diversité biologique. Aujourd'hui, ces
foréts sommitales sont fortement dégradées. Il ne
résiste que quelques reliques et lambeaux sur certains sommets qui sont
menacées par l'agriculture et la construction. La
végétation naturelle et la forêt ont été
presqu'entièrement détruites au profit des cultures, des maisons,
et pour servir de bois d'oeuvre, de chauffe et de pharmacopée. Les
foréts sur les collines de Yaoundé ont longtemps servi de lieu de
récréation et de rites sacrés pour les populations
autochtones. Les gens y allaient pour se rafraichir pendant la saison
sèche. Actuellement, du fait des activités humaines, cette
végétation naturelle est en voie de totale disparition. Il faut
donc réintroduire les essences naturelles auxquelles les populations
étaient habituées et dont la croissance poserait moins de
problème au milieu.
- L'air : Les descentes sur le terrain ne
nous ont pas permis de déceler une source de pollution majeure de l'air.
Ceci peut être compréhensible dans la mesure où les
activités industrielles ou de traitement de déchets n'existent
pas sur les sites étudiés. Il convient tout de même de
signaler que les effets cumulés de la fragilisation de la roche par les
pneus brulés et du concassage des pierres pour en faire du gravier
peuvent constituer une source de pollution de l'air (épaisse
fumée noire et poussière) ; méme si l'impact n'est pas
significatif. Il n'y a que sur le flanc Est des Monts Messa au lieu dit «
Le Caire » que les risques de pollution de l'air sont importantes :
l'abattoir et le marché des porcs qui y sont installés à
ciel ouvert, tous les déchets issus de ces activités sont
jetés dans la nature. Cette pratique rend l'air difficilement respirable
dans ce milieu.
- L'eau : La plupart des cours d'eau dans les
vallées et bas-fond des collines de Yaoundé sont pollués.
Ils « servent de décharge pour les occupants de leurs abords. On y
jette toutes sortes de déchets. Elles servent aussi de vidange pour les
latrines » comme à Messa (Abéga, 2009). C'est donc dire que
la ressource en eau pure est rare sur les hauts sommets de
Yaoundé. A Messa par exemple, seule une source a
été « aménagée » sur la rivière
Meba'a oüles riverains s'approvisionnent. La situation est
moins alarmante autour des sommets tels que
Mbog Ndum et Ebaminala où des aménagements ont
été faits par la CDE et une ONG. A Akok Ndoué, Mbankolo et
Fébé, la menace de pollution de l'eau dans les vallées
existe.
4.1.1.3 -Evaluation des impacts des activités
humaines et des ressources naturelles
Les activités humaines (agriculture, habitat,
exploitation de carrière, foresterie) entre en action avec les
ressources naturelles (terre, végétation naturelle, air, eau). Le
tableau 4.2 cidessous résume l'interaction des ressources naturelles
avec les activités anthropiques.
Tableau 4.2 : Fiche d'interaction entre les
ressources naturelles et les activités
sur les collines de Yaoundé.
(Source : Enquête de terrain, déc.
2010).
Ressources naturelles
Activités anthropiques A ct ivités
source d'impacts Terre Végétation naturelle Air
Eau
Agriculture et déforestation
|
|
|
X
|
|
|
Débroussaillage + d'arbres
coupe
|
Labour
|
X
|
|
|
|
Production de déchets (porcs)
|
|
|
X
|
X
|
Habitat
|
Coupe arbres+débroussaillage
|
|
X
|
|
|
Terrassement+fouille
|
X
|
|
|
|
Fabrication blocs de terre
|
X
|
|
|
|
Occupation du sol
|
X
|
|
|
|
Production de déchets
|
|
|
|
X
|
Carrière
|
Incinération de pneus sur roche
|
|
|
X
|
X
|
Concassage de roche
|
|
|
X
|
|
4.1.1.4- Caractérisation des impacts des
activités sur les collines de Yaoundé
La caractérisation d'impacts des principales
activités s'est faite en fonction de la nature, de l'interaction, de la
durée, de l'étendue, de l'intensité, de l'occurrence et de
la réversibilité. Le tableau 4.3 ci-dessous montre les
différents impacts générés par ces activités
humaines sur les collines de Yaoundé.
Tableau 4.3 : Synthèse des impacts
générés par les activités humaines sur les
collines de Yaoundé.
Principales activités
|
Activités source O'imSEFW
|
Ressources naturelles exploitées
|
Impacts générés
|
Agriculture+déforestation
|
Débroussaillage+coupe des arbres
|
Végétation naturelle
|
- - Dégradation/Perte de la
biodiversité -
- Esthétique du paysage
- - Réchauffement climatique
|
Rejet des déchets de porc et/ou
incinération
|
Air
|
Contamination/Pollution de l'air
|
habitat
|
Occupation de l'espace
|
Terre
|
- Perte de l'espace
agricole et forestier
- Imperméabilisation du
sol
|
Rejet des déchets dans les cours d'eau
|
Eau
|
Contamination/Pollution des cours d'eau
|
carrière
|
Incinération de pneus et concassage de pierre
|
Air
|
Contamination de l'air
|
Source : enquête de terrain, décembre
2010.
La déforestation agit sur la végétation
naturelle et génère trois impacts négatifs
(dégradation ou perte de la biodiversité, de l'esthétique
du paysage et le réchauffement climatique) sur les sept impacts
relevés. L'habitat est responsable de deux impacts négatifs que
subit la terre : la perte de l'espace agricole et forestier, et
l'imperméabilisation du sol. Les incinérations de pneus et le
rejet des ordures dans la nature sont responsables de la contamination de l'air
et de l'eau. La synthèse de la caractérisation et de
l'évaluation de tous les impacts générés par les
activités de l'homme sur les collines de Yaoundé est
présentée dans le tableau 4.4 ci-après.
Tableau 4.4 : Fiche de
synthèse de caractérisation des impacts des activités
anthropiques sur l'ensemble des coiines étudiées à
Yaoundé.
Source : Enquête de terrain. Fékoua,
2010.
|
Nature
|
Interaction
|
Durée
|
Etendue
|
Intensité
|
Occurrence
|
Réversibilité
|
Valeur de la composante affectée
|
Importance
|
Impacts
|
Positive
|
Negative
|
Directe
|
I ndi recte
|
Courte
|
M oyenne
|
Longue
|
Nationale
|
Regionale
|
Locale
|
Forte
|
M oyenne
|
Faible
|
Probable
|
Certaine
|
Reversible
|
Non reversible
|
!Ade
|
Scientif ique
|
M edi ci nal e
|
Social e
|
Pol itique
|
Culture)
|
Educatif
|
Economique
|
Absolue
|
Relative
|
M ineure
|
M oyenne
|
Majeure
|
M ineure
|
M oyenne
|
Majeure
|
Perte de la biodiversité et de l'esthétique du
paysage
|
|
X
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
X
|
Réchauffement climatique
|
|
X
|
|
X
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
X
|
Pollution de l'air
|
|
X
|
X
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
Perte de l'espace agricole et forestier
|
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
|
|
X
|
Imperméabilisation du sol
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
X
|
Pollution des cours d'eau
|
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
Erosion du sol
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
X
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
X
|
|
|
X
|
|
Deux de ces impacts ont une importance absolue majeure ; il
s'agit de la perte de la biodiversité et de l'esthétique du
paysage et le réchauffement climatique. Les impacts des activités
anthropiques sur les collines de Yaoundé ont un caractère
significatif sur l'environnement. Il convient de signaler que de tous les
impacts générés par les activités humaines sur les
collines de Yaoundé, les populations riveraines ne préconisent
aucune mesure pour les éliminer ou tout au moins les réduire.
Elles n'ont pas souvent conscience des dégâts qu'elles
occasionnent par leurs activités et des dangers auxquels elles sont
exposées.
4.1.2 - Risques sur les collines de Yaoundé
Des multiples activités anthropiques
précédemment présentées, découlent
évidemment des risques environnementaux dégradants pour
l'environnement et auxquels les populations sont exposées.
4.1.2.1- Causes des risques sur les collines de
Yaoundé
Les facteurs aggravants des risques sur les collines de
Yaoundé sont : - L'urbanisation galopante.
Yaoundé compte aujourd'hui 1.817.524 habitants (RGPH,
2005) ; ce qui représente près de 60% de la population totale de
la région du centre. De 1987 à 2005, la population de la
cité capitale a pratiquement triplée. Plus de 95% de cette
population vit en zone urbaine. La ville concentre un habitat urbain dense,
situé sur des espaces montagnards et marécageux menacés
par des mouvements de terrain et des inondations. La poussée
démographique à Yaoundé, liée aux effets
conjugués de l'exode rural et de l'excèdent naturel, s'est
traduite par une extension démesurée de la ville. La figure 4.2
montre les limites de la trame urbaine à l'ouest de Yaoundé sur
une image Aster de 2009.
Figure 4.2 : Limite de la trame urbaine à
l'ouest de Yaoundé, autour des sites
étudiés.
Jusqu'en 2002, la tache urbaine se limitait au niveau de
l'échangeur simplifié de Nkolbisson. L'urbanisation a
gagné du terrain et le site initial de Yaoundé est largement
dépassé. Aujourd'hui, la ville a atteint le lac Esse vers
Nkolfoulou, dépassé Leboudi du côté de
Zamengoué et Fébé village comme on peut l'observer sur la
figure 4.7 ci-dessus. (Source : Image Aster de Yaoundé 2009,
DST/CUY). Fékoua, 2010.
- La paupérisation ambiante
C'est un autre facteur de risque à Yaoundé. En
effet, plus de 80% des citadins à Yaoundé sont pauvres et 60%
environ vivent dans un habitat précaire situé sur les flancs des
collines et les vallées marécageuses où le terrain
coûte moins cher. De plus, la pauvreté a forcé ces
populations au défrichement et à la déforestation,
à l'exploitation des carrières de sable et des pierres pour
subvenir aux besoins vitaux (se loger, se soigner, se nourrir, etc.). Ces
dégradations du milieu urbain favorisent des accidents directs et
parfois meurtriers.
- L'insécurité
foncière
Elle accentue le risque : la plupart de propriétaires
terriens ne dispose pas d'un titre foncier. La Communauté Urbaine de
Yaoundé, bien qu'ayant déclaré ces sites « zones
inconstructibles », ne prend aucune mesure pour empécher les
populations de s'y installer. On comprend que les propriétaires
coutumiers ont intérêt à vendre au plus vite leur terrain
avant l'intervention de la CUY pour l'aménagement ou le
déguerpissement.
- La faible perception du risque
Les populations ont une faible perception du risque. En effet,
les riveraines ne sont pas souvent conscientes des dégâts qu'elles
causent à l'environnement ; encore moins des dangers auxquels elles
s'exposent.
4.1.2.2- Typologie des risques sur les collines de
Yaoundé
Nous nous sommes essayés à une typologie de ces
risques mais, il faut signaler que nous avons été
confrontés au fait que différents facteurs de risque
interagissent les uns avec les autres de sorte que certains risques
relèvent de plusieurs catégories à la fois. Nous avons dit
au départ que l'expression de « risques environnementaux »
dans le cadre de cette étude intègre les risques
générés par les activités humaines sur
l'environnement, et les risques compris comme relevant du naturel ; pesant sur
la vie de l'homme et sur ces biens. Compte tenu de cette définition,
nous avons regroupé les risques environnementaux relevés sur le
terrain en deux grands types : les risques naturels et les risques induits par
les activités humaines.
- Les risques naturels
Ils désignent « le risque que ressent,
perçoit et subit un groupe social ou un individu soumis à
l'action possible d'un processus physique, d'un aléa
»16. Ils ne sont qu'une composante du risque environnemental et
se caractérisent par des aléas naturels ; sousentendu que tous
les risques sont aggravés par les activités humaines. Ils
concernent :
16 Veyret et al. Op cit.
Les mouvements de terrain
Par mouvements de terrain nous entendons un ensemble de
déplacements, plus ou moins brutaux du sol, d'origine naturelle ou
anthropique. Les déplacements peuvent être lents ou très
rapide. Les mouvements de terrain les plus à même de se produire
sur les collines de Yaoundé sont : les glissements de terrain (photo
4.5), les éboulements et les écroulements qui sont le
déplacement d'une masse de terrains meubles ou rocheux au long d'une
surface de rupture par cisaillement qui correspond souvent à une
discontinuité préexistante. Ils se produisent
généralement en situation de forte saturation des sols en eau.
Ils mobilisent des volumes considérables de terrain, qui se
déplacent le long d'une pente. Il y a ensuite les chutes de blocs ou les
décollements rocheux : l'évolution de versants rocheux engendre
des chutes de pierres, des chutes de blocs.
Les blocs isolés rebondissent ou roulent sur le versant
(cas de Mbankolo en 1986). Enfin, on a noté une possibilité de
coulées boueuses et torrentielles à Messa, qui sont
caractérisées par un transport de matériaux sous forme
plus ou moins fluide. Les coulées boueuses se produisent sur des pentes,
par dégénérescence de certains glissements avec afflux
d'eau. La figure 4.3 ci-dessous montre le principe de chute de blocs et de
certains mouvements de masse.
Ecroulement d'escarpement
Figure 4.3 : Schémas de principe de chutes de
blocs et de mouvement de terrain.
(Source : BRGM, Risques, 2009).
Les inondations
C'est le débordement d'eau qui submerge les terrains
environnants ; détruisant tout au passage et causant parfois des pertes
en vie humaines. L'inondation peut être provoquée par les eaux
d'une rivière en crue et/ou par remontée de nappes, par du
ruissellement (issu de précipitations) sur substrat imperméable
(saturation). Les inondations ne sont qu'une conséquence des crues.
Les séismes
Dans une moindre mesure ; comme celui qui a eu lieu
dernièrement dont l'épicentre était à
Monatélé qui a été ressenti à
Yaoundé. Ils peuvent provoquer des mouvements de blocs instables qu'on
rencontre un peu partout sur les hauts sommets de Yaoundé.
|
Cette photo montre le point de rupture de la terre,
large d'environ 15 mètres qui a glissésur près
d'une trentaine de mètres,
emportant la végétation. Une menace
sérieuse pour les populations installées en aval.
|
Photo 4.5 : Glissement de terrain sur le flanc du
Mont Mvog Beti à Yaoundé. (Source : Fekoua,
décembre 2010).
- Les risques induits par les activités
humaines.
Ce sont ceux qui résultent d'aléas dont
l'efficacité est accrue par les activités humaines et les
aménagements. Les risques provoqués ou aggravés par les
activités humaines sur les collines de Yaoundé et leurs terrains
attenants en dehors des mouvements de terrain et des inondations sont :
l'érosion
C'est l'action par laquelle divers éléments
constituants les horizons superficiels de la couverture pédologique sont
enlevés par le vent, la pluie, les rivières, les glaciers. Sur
les collines de Yaoundé, les activités de fouille, de
terrassement (photo 4.6), de prélèvement de pierres (photo 4.7)
et de sable, la pratique culturale, déstabilisent le sol et favorisent
l'érosion.
la déforestation
C'est le phénomène de régression des
surfaces couvertes de forét. Elle résulte des actions du
déboisement puis du défrichement, liées à
l'extension des terres agricoles, à l'urbanisation. La perte d'arbres,
qui ancrent le sol avec leurs racines, cause une érosion répandue
sur les hauts sommets et vallées de Yaoundé.
le feu de brousse
Il est couramment pratiqué par les riverains pour
chasser les parasites, brûler les herbes et pour la chasse (à
Ebaminala). L'utilisation fréquent des feux de brousse jusqu'aux abords
des habitations constitue une menace pour l'environnement et les
populations.
la contamination de l'eau et de l'air
L'incinération des pneus pour fragiliser la roche dans
les carrières impacte sur la qualité de l'air. Il en est de
méme du rejet des ordures dans les cours d'eau et des déchets de
la boucherie à Messa. La typologie des risques environnementaux
observés sur les collines de Yaoundé est résumée
dans le tableau 4.5.
Photo 4.6 : Terrassement à Messa. Photo 4.7 :
Blocs instables à Mvog Béti
La photo 4.6 ci-dessus montre un terrassement
effectué sur une zone pentue en aval d'une maison déjà
construite ; ce qui représente un risque. (Source : Fékoua,
déc.2010).
|
La photo 4.7 montre des blocs de roches fragilisés
par chauffage avec des pneus. Un risque permanent de chute et une contamination
de l'air. (Source : Fékoua, décembre 2010).
|
Tableau 4.5 : Typologie des risques environnementaux
sur les coiines de Yaoundé.
Types de risques
|
Aléas
|
Risques environnementaux
|
|
|
- Inondation
|
|
|
- Mouvements de terrain
|
|
- Précipitations
|
|
|
- Précipitations
|
(glissement, éboulements,
|
Naturels
|
abondantes
|
chutes de blocs, coulées boueuses)
|
|
- Sismiques
|
|
|
|
- Séismes
|
|
|
- Erosion
|
|
- Pratique culturale
|
- Déforestation
|
|
- Coupe des arbres
|
- Feu de brousse
|
|
- Exploitation de carrière
|
- Contamination de l'eau et
|
Induits par les activités
|
- Défrichement
|
de l'air
|
|
|
- Inondation
|
|
|
- Mouvement de terrain
|
Source : Enquête de terrain, décembre
2010.
Il convient de rappeler que tous les risques qu'ils soient
induits par les activités humaines sur l'environnement ou compris comme
relevant de la nature, sont aggravés par les actions de l'homme. Le
constat est tout simplement inquiétant ; compte tenu de la constante
pression humaine sur ces hauts sommets. En effet, nous avons relevé que
96% de risques environnementaux sur les collines de Yaoundé sont induits
par les activités menées par l'homme et seulement 4% peuvent
être compris comme provenant de la nature. En somme, les observations sur
le terrain ont montré que les zones de végétation
naturelle et les reliques forestières sommitales où on trouve
encore quelques grands arbres isolés sont susceptibles à la
déforestation. Les sommets des collines où les affleurements
rocheux et les blocs de pierres instables sont visibles à plus de 900
mètres d'altitude présentent des risques de chute. Les
escarpements et les talus sont des zones de mi-pente susceptibles aux
glissements/éboulement de terrain. Les zones de champs et de cultures
sur les versants à plus de 800 mètres d'altitude sont plus
susceptibles à l'érosion et au feu de brousse. Les coulées
boueuses et les effondrements surviennent au piedmont des collines ; entre 700
et 800 mètres d'altitude. Les vallées (660 mètres
d'altitude) sont des zones d'inondation. La figure 4.4 est une
représentation spatiale des zones à risques à l'ouest de
Yaoundé.
Figure 4.4 : Zones à risques à l'ouest
de Yaoundé. (Enquête de terrain, Fékoua,
2010)
76
4.2 - DISCUSSION DES RESULTATS
4.2.1 - Tentatives
d'aménagement/réaménagement sans suite
Les collines de Yaoundé constituaient jusque dans les
années 80 d'importantes réserves forestières. Ces
réserves qui couvraient ces monts et qui, selon les programmations
antérieures devraient être strictement conservées
conformément à la réglementation et même
reboisées à hauteur de 78 ha jusqu'en l'an 2000, font partie du
domaine national et ont été pour la plupart classées
« zone interdite de construction " ; bien que les autochtones
considèrent ces espaces comme leur propriété compte tenu
du droit d'usage qu'ils ont toujours exercé dans le cadre de leurs
activités agricoles et autres. De plus, la CUY a demandé et
obtenu depuis janvier 2008 (voir arrété en annexe) la
Déclaration d'Utilité Publique (DUP) sur les hauts sommets et
leurs terrains attenants tels que Fébé, Mbankolo, Messa, Akok
Ndoué et autres ; ce qui est une preuve que la CUY envisage
aménager ces lieux dans un futur proche. Seulement, les projets de
restauration de la biodiversité de ces milieux tardent à se
mettre en place ; alors que des conventions dans ce sens ont été
signées entre le Minfof, le Minep, la CUY et certaines associations
(voir annexes). Ces initiatives sont restées sur du papier et rien n'est
encore visible sur le terrain.
Comment donc comprendre que malgré toutes ces mesures,
les populations continuent à s'activer sur ces sites. En effet, Il y a
un peu plus de deux décennies, la CUY avait installé des
pancartes (au lieu de délimiter clairement des zones) à partir de
la zone d'altitude 800 mètres sur lesquelles on pouvait lire : «
République du Cameroun, Communauté Urbaine de Yaoundé,
zone de hauts reliefs protégés, interdite à la
construction ». Mais, ces mesures n'ont pas été suffisantes
pour dissuader les occupants illégaux qui continuent d'investir les
lieux comme le remarque le rapport d'étude de
SéverinCécile Abéga : « Ni les pancartes, ni les
avertissements de l'administration n'ont dissuadé l'investissement de la
zone ». Il faut aussi reconnaitre que le message de ces pancartes
n'était pas clair et précis pour arrêter toute action
destructrice sur ces collines. En effet, en y mettant « interdite à
la construction ", le message laissait entrevoir implicitement que seuls les
chantiers de construction y étaient proscrits. Les autres
activités toutes aussi dégradantes pouvaient donc être
menées.
C'est sans doute, comme le fait remarquer Mandengue (2009),
« la raison pour laquelle ces zones d'altitude continuent jusqu'à
ce jour de subir d'énormes pressions humaines à travers les feux
de brousse, les cultures itinérantes sur brûlis
»17, la déforestation, l'exploitation de
carrière, l'élevage, les antennes émettrices ; méme
si l'habitat spontané y connaît un certain ralentissement.
Au-delà de la lenteur voire la léthargie des
autorités municipales à mettre en oeuvre des actions
concrètes de réappropriation et de restauration des collines et
l'ambiguïté qui se dégage sur le libellé des plaques
de la CUY, il y a le manque d'information et la non implication des populations
qui ne sont pas souvent conscientes des dégâts qu'elles causent et
des risques auxquels elles s'exposent qui peuvent expliquer que les
activités anthropiques restent croissantes sur les collines de
Yaoundé.
L'urgence de déguerpir progressivement et sans
ménagement tous les habitats et construction situés
au-delà de 800 mètres et de mettre en oeuvre immédiatement
un programme d'aménagement et de valorisation des sites environnementaux
étudiés est véritablement d'actualité ; compte tenu
de la pression urbaine constatée sur le terrain.
Notre propos n'est pas de soutenir que les flancs des collines
ne sont pas habitables. « Bien au contraire, les terrains en montagnes
sont les plus chers sous d'autres cieux, pour leur exploitation
hôtelière et touristique, l'essentiel étant aux normes de
construction ». Nous préconisons à cet effet, des actions de
régénération des zones dégradées comme
celles qui ont fait l'objet d'une étude à Gbazanbangui en RCA
(Tagboka, 2009) et qui ont montré leur efficacité. Il s'agit des
actions directes de régénération telles que le reboisement
et la surveillance qui peuvent impacter positivement l'environnement
biophysique et humain des riverains. Il y a également
l'expérience du reboisement à Kaélé dans le Nord
Cameroun où de 2008 à 2009, trois sites de reboisement ont
été crées comprenant essentiellement des essences
naturelles locales adaptées au milieu et auxquelles les populations sont
habituées. D'après le Délégué du MINEP
à Maroua, le taux de réussite de ce projet se situe autour de
80%. Il souligne que dans le site de 1500ha crée en 2008 à
Léra, on a enregistré le retour de la faune (singes, lapins,
gazelles, oiseaux) et un regain d'activités liées aux PFNL.
17 Mandengue, S. (2009) : « La micro foresterie
en milieux urbain et périurbain camerounais : enjeux et perspectives (le
cas de la ville de Yaoundé), p.73
4.2.2 - Faible perception et facteurs favorisant du
risque
Toute activité humaine, et par conséquent toute
activité économique, a un impact environnemental plus ou moins
important. Il existe par ailleurs pour nombre d'entre elles des risques
d'accidents ou d'évènements susceptibles d'entrainer une
pollution ou un préjudice pour l'environnement. Identifier,
prévoir et gérer les risques exige de comprendre les
transformations physiques, le rôle amplificateur des activités
humaines, l'accélération des seuils de déclenchement, les
conditions de réduction de la vulnérabilité, les
possibilités d'adaptation des pratiques collectives et des comportements
individuels. Les interventions de l'homme sur les collines de Yaoundé
dans le but de produire de la nourriture et de se loger entrainent des
préjudices pour l'environnement et l'exposent aux risques divers. Il
ressort de notre étude que plus de 95% de risques environnementaux sur
les hauts reliefs de Yaoundé sont amplifiés par des
activités humaines. Certains mouvements de terrain peuvent survenir
lorsque les activités de l'homme favorisent la pénétration
de l'eau dans un sol instable comme c'est le cas à certains endroits sur
les collines étudiées. Il en est de méme de l'exploitation
de carrière de pierres. Ces activités, combinées aux
abondantes pluies de Yaoundé et à l'instabilité des
horizons du sol peuvent provoquer des mouvements de masse de la terre et des
décollements rocheux. Les versants abrupts et les bas fonds
marécageux sont dits zones à écologie fragile parce que
ces terrains sont très instables et par conséquent exposés
respectivement aux risques de mouvements et d'inondations. En effet, dans les
vallées et bas fonds des collines de Yaoundé, les inondations
sont récurrentes. A la moindre pluie, les affluents du Mfoundi qui est
le principal collecteur drainant la ville, sortent de leur lit ; « cela
arrive non seulement parce que les lits de rivières sont
encombrés par les constructions, mais aussi parce que le ruissellement
devient très important d'année en année à cause de
toutes les surfaces occupées définitivement par les
établissements humains et la perte de la végétation
naturelle ». Les résultats sur le terrain ont montré que les
activités humaines sont celles qui font le plus de mal dans ces sites.
Autrement dit, l'homme est le principal perturbateur de l'environnement
collinaire à Yaoundé. Il se dégage clairement des
observations que si ces sites avaient été conservés dans
leur état naturel, il y aurait moins de risques pour l'environnement et
pour les populations.
Bien qu'il n'existe pas de risque zéro, le
développement durable nécessite une évaluation exacte du
risque et une décision judicieuse. En aménageant les zones
collinaires de Yaoundé, une évaluation du risque pourrait
être réalisé plus efficacement à l'aide d'une
approche coordonnée d'analyse et de gestion des risques
environnementaux, par la planification et la minimisation des risques pour les
communautés locales par :
- L'identification et la compréhension de la nature et de
l'ampleur des risques environnementaux sur les collines de Yaoundé et
leurs terrains attenants ;
- L'orientation des activités humaines vers les zones les
plus appropriées ; - L'assurance que les activités n'engendrent
pas des risques inacceptables ;
- L'assurance que les activités potentielles de
développement n'engendrent pas le risque pour les populations.
Il convient de relever pour le dénoncer que la
situation foncière et la pauvreté grandissante d'une couche de la
population ont contribué à l'occupation désordonnée
de ces zones réservées. En effet, l'insécurité
foncière, la pauvreté et le faible revenu de la majorité
de la population yaoundéenne favorisent l'installation et l'exploitation
des sites pour la survie. D'après Abéga (2006), le terrain
coûte moins cher dans ces zones ; que se soit en termes de location ou de
vente. Les autochtones se considèrent toujours comme de légitimes
propriétaires de ces espaces et pensent en disposer comme ils
veulent.
PERSPECTIVES.
Les propositions énoncées visent à
trouver des voies et moyens permettant la réappropriation et la
restauration rapide et efficace de la biodiversité sur les collines de
Yaoundé et leurs terrains attenants. Une gestion environnementale de ces
sites devrait par conséquent intégrer prioritairement le
déguerpissement et le reboisement. La GUY pourrait plus urgemment
envisager :
- Sur le plan social et institutionnel
|
entreprendre une sensibilisation de tous les acteurs en
général et particulièrement des populations riveraines
à travers les canaux de communication tels que la radio, la TV, la
presse, la diffusion des plans et des dépliants.
|
Susciter la réflexion sur l'élaboration et
l'adoption d'une loi sur les espaces montagneux par les ministères
sectoriels et l'organe compétent.
une analyse approfondie des meilleures pratiques et des
besoins prioritaires en matière d'éducation et de sensibilisation
pouvant permettre une bonne implication des communautés locales à
la préservation et la conservation des ressources naturelles ;
un inventaire de toutes les parties prenantes dans la mise en
oeuvre des actions de reboisement sur ces collines ;
une identification des canaux de communication pouvant soutenir
un programme de restauration des écosystèmes
dégradés sur les collines de Yaoundé.
Ceci pourra à termes conduire à :
-Sur le plan environnemental et de loisirs
un aménagement de ces sites à travers des projets
de foresterie communautaire qui les protégerait des risques ;
une amélioration du cadre de vie par le renouvellement
naturel de l'air (séquestration du carbone) et l'embellissement du
paysage ;
une diminution substantielle des risques environnementaux sur les
collines et autour (inondation, mouvements de terrain, décollement
rocheux...)
une récupération, un aménagement et un
équipement des collines de Yaoundé pour éventuellement y
créer des centres de loisir et de détente ;
l'assurance d'une approche de boisement intégrant la prise
en compte des paysages, des ressources en eau, de la diversité
biologique et de l'intérêt récréatif.
-Sur le plan de la recherche et de l'éducation
environnementale
|
une intégration de la foresterie dans les programmes
d'éducation à l'environnement en milieu scolaire ;
une documentation sur les caractéristiques essentielles
des écosystèmes naturels des hauts reliefs ;
le suivi de la dynamique à long terme de ces
écosystèmes forestiers naturels de colline et
l'établissement des liens entre les changements climatiques et ces
écosystèmes ;
la coordination des formations des partenaires (Associations,
ONG...) de la CUY dans le sens de l'appropriation du reboisement des collines
de Yaoundé.
|
-Sur le plan économique et de lutte contre la
pauvreté
un aménagement de ces collines (restauration, reboisement)
permettrait á coup sûr l'écotourisme en milieu urbain ;
une réduction des dépenses de santé par la
promotion de la pharmacopée traditionnelle.
une valorisation de la l'horticulture c'est-á-dire la
culture des fleurs qui est un produit qui peut être bien vendu à
l'extérieur du pays, d'où une lutte contre la pauvreté
;
un développement économique, social et culturel
des localités concernées en particulier et de la ville en
général, les PFNL étant une source de devises ainsi que
l'écotourisme. Le tableau 4.6 ci-dessous synthétise les
problèmes, les solutions et les acteurs pouvant éventuellement
intervenir pour la réhabilitation des collines de Yaoundé.
Tableau 4.6 : Problèmes, solutions et acteurs
pouvant intervenir sur les collines de Yaoundé.
Problèmes
|
Solutions
|
Acteurs
|
Dysfonctionnement sur le plan institutionnel
et règlementaire
|
Sensibilisation/communication et gestion urbaine
participative
|
CUY, CUA, Ministères sectoriels
compétents, ONG, privé, population
|
Dégradation de la biodiversité et
de l'esthétique du paysage, réchauffement climatique
|
Reboisement
|
CUY, CUA, Ministères sectoriels
compétents, ONG, privé, population
|
Insuffisance de l'éducation environnementale
|
Education a l'environnement, formation des partenaires
|
CUY, CUA, Ministères sectoriels
compétents, ONG, privé, population
|
Chômage et pauvreté des riverains
|
Aménagement et valorisation (écotourisme,
pharmacopée traditionnelle)
|
CUY, CUA, population locale
|
Perte de l'espace agricole et forestier, érosion
|
Déguerpissement et recasement
|
CUY, CUA, Ministères sectoriels
compétents, ONG, privé, population
|
Zonage peu connu
|
Délimitation effective et matérielle
des espaces réservés, communication
|
CUY, CUA Ministères sectoriels
compétents, population
|
Insuffisance de connaissances des risques
|
Sensibilisation/information/communication
|
CUY, CUA, Ministères sectoriels
compétents, ONG, privé, population
|
En somme, la résolution des problèmes
posés par les risques environnementaux ne peut être le fruit des
seuls pouvoirs publics, ni l'apanage des seuls experts. Dès lors, la
recherche d'une solution négociée avec l'ensemble des acteurs,
c'est-à-dire la recherche de nouveaux modes de gouvernance
s'avère primordiale.
RECOMMANDATIONS.
Cette étude avait pour objectif principal de montrer la
transformation d'espaces, de paysages ou de milieux naturels sous l'action de
l'homme et les risques environnementaux qui en découlent ; notamment sur
les collines de Yaoundé et leurs terrains attenants. Nous avons
recensé grace aux outils de la MARP et de l'EE les activités de
l'homme sur les collines de Yaoundé, identifié les risques et
proposé une typologie, déterminé le niveau de connaissance
des populations sur les notions de risque. En termes de recommandations, nous
en avons fait pour chaque site étudié et sur le plan
général.
Recommandations site par site.
Pour chacun des sites étudiés, nous pensons que la
Communauté Urbaine de Yaoundé doit :
- A Akok Ndoué, considérer la
route qui part de derrière l'IRAD (NW), et longe le flanc de la colline
jusqu'à Mewoulou (façade Est), en passant par Akok Ndoué I
et II comme limite de déguerpissement. Autrement dit, toute la zone
située le long de cette route en amont doit être déguerpie,
reboisée et classée comme zone interdite de toute activité
humaine dégradante pour l'environnement. Le côté droit de
la route selon que l'on va de l'IRAD vers Akok Ndoué II étant
totalement humanisé aujourd'hui jusque dans la vallée. La figure
00.1 est une représentation des limites de ces zones.
Zone à reboiser
Zone à déguerpir et à
reboiser
Zone complètement
urbanisée
Altitude (en mètre) 970
900
800
777
660
NW (vers l'IRAD)
Akok Ndoué
SE (vers Akok Ndoué II)
Figure 00.1 : Zone à déguerpir sur la
façade NW/SE du mont Akok Ndoué
(Source : Observations de terrain, déc.
2010)
Il va se poser un problème de relogement des
populations sur ce site. Nous y avons compté en 2010, environ 193
maisons ; ce qui fait à près 1351 ménages si l'on
considère la moyenne de 07 personnes par foyer. La GUY doit
étudier les possibilités de dédommagement de tous les
occupants du site en organisant leur recasement dans les nouveaux quartiers
comme à Mendong ou à Simbock.
- A Mbog Ndum, trois maisons seulement sont
concernées par le déguerpissement. Ge site, qui de loin semble
encore naturelle, est déjà suffisamment attaqué par les
activités de coupe illégale du bois et les champs. La GUY doit
donc interdire toute activité destructrice du milieu au-delà de
800 mètres d'altitude. En deçà de cette altitude, les
activités doivent être règlementées. La GAY
7e doit assurer la mise en oeuvre et le suivi de la
réglementation à ce niveau.
- A Minloa, aucune habitation ne se trouve
aux environs immédiats du massif. La GUY doit restaurer la poche de
forêt sommitale qui est en voie de disparition. Elle doit y interdire
l'activité agricole. Il en est de méme de l'exploitation de
pierre sur la colline et du sable dans la vallée (côté
Est). Par contre, la pisciculture qui n'a nécessité aucun
aménagement artificiel et qui exploite le milieu naturel sans le
perturber peut être maintenue. Ge massif rocheux très proche du
mont Messebe (800m environ), offre des possibilités à la GUY pour
des aménagements à caractère touristique.
- A Ebaminala, la CUY doit interdire
l'exploitation du bois, l'agriculture et réglementer la chasse aux
rongeurs qui, selon les riverains se fait avec le feu de brousse. Le
déguerpissement est à envisager et ne concerne qu'une vingtaine
de maisons sur le flanc SE ; où les populations commencent à
s'installer à plus de 800 mètres d'altitude. Les activités
religieuses qui s'y déroulent en font un lieu de recueillement et de
loisir qui est peu connu.
- Aux monts Messa, la GUY a lancé il y
a peu les opérations de déguerpissement et de reboisement ;
notamment sur la façade Est et Sud (côté Oyom Abang). Ges
opérations doivent se poursuivre jusque dans les vallées à
Ekorozok et Etétak par exemple, où les inondations et les risques
de chutes de blocs sont perceptibles. A l'Ouest du mont, du côté
du Camp SONEL (SO), jusqu'à Oliga (NO), la GUY doit déguerpir les
populations qui sont entrain de s'installer sur le mont et méme dans la
vallée drainée par la rivière Afémé. Nous
suggérons que la vallée à l'Ouest de Messa constitue la
limite entre le mont et la zone urbanisable.
- A Mbankolo, nous recommandons à la
GUY de préserver le flanc Ouest où une route a été
récemment ouverte en direction de Fébé village par
l'interdiction des activités dangereuses pour l'environnement. Les
maisons situées en amont de cette route doivent être
déguerpies et la zone reboisée. La figure 00.2 montre les limites
possibles à déguerpir et à boiser à l'Ouest du mont
Mbankolo.
Mbankolo
1000
900
Zone à déguerpir et à
reboiser
800
Zone urbanisée
700
660
SW (Oliga) SE (carrefour Mbankolo)
Figure 00.2 : Secteur de déguerpissement sur
le flanc Sud-ouest/Sud-est de Mbankolo.
(Source : Observation de terrain, déc. 2010)
Recommandations sur le plan
général Dans un cadre beaucoup plus
général, nous pensons :
- Qu'il est impérieux d'interdire toute
activité humaine destructrice du milieu (agriculture,
déforestation, carrière, construction, etc.) au-delà de
800 mètres d'altitude sur les collines Akok Ndoué, Mbog Ndum,
Minloa, Ebaminala, Messa, Mbankolo, Fébé et tous les autres hauts
sommets de Yaoundé qui peuvent être encore
récupérés (Eloumden, Messebe, Abannanga, Mbekum, Mbam
Mimkom, Nkolondom, Yéyé, etc.). Toutes ces actions ne peuvent
être efficaces qu'avec la participation et l'adhésion de tous les
acteurs. C'est pourquoi nous recommandons à la GUY l'approche
participative.
- Le recours à l'approche
participative, à l'adhésion populaire de la gestion
environnementale des hauts sommets de Yaoundé est d'actualité.
Ceci suppose donc une sensibilisation des populations locales et environnantes.
Des campagnes d'éducation, d'information/communication et de
sensibilisation permettront d'apporter des connaissances aux populations sur la
protection et la gestion durable des ressources sur les collines de
Yaoundé ; ce qui pourra contribuer à impliquer ces populations
à la restauration de ces sites pour une cogestion avec la CUY.
- Une sensibilisation permanente des
riverains permettra de modifier véritablement les comportements. Elle
contribuera à l'amélioration de la flore et de la faune, à
la restauration de la biodiversité des collines dégradées.
La mise en oeuvre d'une telle démarche aboutira à un
déguerpissement beaucoup plus pacifique et humain des collines de
Yaoundé ainsi que leurs vallées et bas fonds ; puisque les
décisions seront prises sur la base d'un consensus.
- Nous pensons aussi qu'un zonage à
Yaoundé en général et particulièrement sur les
hauts sommets s'impose. Le zonage consiste à diviser après
enquête publique, le territoire de la ville en zones et d'en
déterminer la vocation afin d'y contrôler l'usage des terrains et
des bâtiments ainsi que l'implantation, la forme et l'apparence des
constructions. Un tel zonage permettra d'avoir la visibilité dans la
croissance des limites de l'espace urbain, une planification et une maitrise du
développement de la ville. De plus, il va assurer la
sécurité foncière et atténuer les conflits fonciers
entre les occupants, les autochtones et la CUY. La figure 00.3 est un profil
montrant un zonage possible des collines de Yaoundé.
Altitude (en mètre)
+900
Zone interdite de toute activité
destructrice de l'environnement
800
Colline
Zone à activités
règlementées
700
Vallée
Zone inconstructible
660
Figure 00.3 : Proposition de zonage des coiines de
Yaoundé. Fékoua, 2010.
- En ce qui concerne les pistes ouvertes sur les collines de
Yaoundé et menant aux antennes de communication qui y sont
installées, nous recommandons que la GUY exige que deux rangées
de haies vives, avec un écartement de cinq mètres soient
plantées de part et d'autres de ces pistes et qu'à partir de 800
mètres d'altitude, un poste de surveillance soit
installé pour dissuader les populations d'accéder au sommet. En
effet, les riverains ont exploité ces pistes pour accéder
à la zone interdite et mener des activités nocives pour
l'environnement.
- Pour assurer la mise en oeuvre d'un
reboisement légal, et compte tenu du caractère
permanent de la forét qu'il faut restaurer et l'urgence de ces effets
attendus, nous pensons qu'on peut mettre en place des essences naturelles
locales à croissance rapide qui formeront la strate supérieure,
tandis que d'autres espèces naturelles locales de tailles moyennes
seront introduites dans les intervalles en vue de la production des PFNL dont
la consommation est courante dans la région et auxquels les populations
peuvent facilement s'adapter. Pour assurer une bonne couverture du sol des
terrains très accidentés et exposés à une forte
érosion sur les
collines de Yaoundé, les équidistances de 5 m
entre les essences principales sont recommandées ; les essences
secondaires étant simplement intercalaires. Les essences naturelles
locales suivantes, du tableau 4.7 peuvent être retenues pour le
reboisement des collines dégradées de Yaoundé.
Tableau 4.7 : Principales essences locales
antérieures et pouvant être plantées sur les collines de
Yaoundé.
Essences principales
|
Nom scientifique
|
Nom commercial
|
Nom vernaculaire
|
Terminalia ivorensis
|
Framiré
|
Lidia
|
Terminalia superba
|
Fraké
|
Akom
|
Canarium schweinfurthi
|
Aïélé
|
Abel/Otui
|
Anthrocarium klaineana
|
Onzambili
|
Angongui
|
Detarium macrocarpum
|
Mambodé
|
Amouk
|
Afzelia pachyloba
|
Pachyloba
|
Mbanga afum
|
Chlorofora excelsa
|
Iroko
|
Abang
|
Inga edulis
|
Longeon
|
|
Vitex ciliata
|
Vitex
|
Evoula
|
Essences secondaires
|
Garcinia kola
|
Bitter cola
|
Oyié
|
Kola acuminata
|
Kola
|
Abeu
|
Tricocipha acuminata
|
Mvut
|
Mvut
|
Cola pachycarpa
|
Kola des singes
|
Ekom
|
Mirianthus arborea
|
Ananas des singes
|
Engokom
|
Source : CUY/DST/SPJ Yaoundé, 2010
La loi N°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime
des forêts et de la faune, dans son article 33 a prévu un taux de
reboisement de 800 m2 pour 1000 habitants. Ce qui veut dire que pour
une ville comme Yaoundé qui compte aujourd'hui environ 1 800 000
habitants, la surface boisée devrait se situer autour de 1 440 000
m2 ; soit environ 14.400 ha.
Sur le terrain, « les réserves du cordon
forestier, au lieu d'être reboisées, sont profondément
modifiées par l'action humaine dans une forêt
dégradée et en récession continue ". Au lieu de reboiser
et de préserver, on a procédé à la destruction de
la forêt sous l'oeil complice ou impuissant des autorités qui
n'ont rien entrepris pour mettre fin ou mieux limiter le désastre. Selon
certaines informations, Yaoundé ne posséderait même plus la
moitié de forêt qu'elle disposait au moment de l'adoption de la
loi de 1994.
Les résultats de l'étude à Gbazabangui
précédemment cité, montrent qu'en un peu plus d'une
décennie de reboisement, « sur une superficie totale de 70 ha de
zones hautement dégradées à hauts risques, 42 ha ont
été réhabilités. La biodiversité de la
colline a connu une restauration potentielle avec le retour des champignons,
des papillons et chenilles, des céphalophes, des cercopithèques,
des cercocèbes, du serpent boa et des aulacodes qui pullulent notamment
dans la zone protégée. Les chutes de pierres dans les fronts Est,
Sud-est et Sud-ouest qui causaient des accidents ont cessé. Le volume
des eaux de ruissellement a baissé, entrainant ainsi la baisse des
inondations dans les quartiers tels que Benzvi et Gbakondja situés
à faible altitude. Les dépenses publiques affectées
annuellement au débouchage des canaux d'évacuation ont
été réduites de plus de la moitié. Elles sont
passées de 565 000 000 de F.cfa/an en 1997 à 252 000 000 de
F.cfa/an en 2007. En outre, le financement des microprojets et les multiples
campagnes de sensibilisation ont permis la réduction des pénuries
alimentaires dans les quartiers riverains ainsi que les pressions anthropiques
sur les ressources de la réserve ".
Au Cameroun par contre, l'Etat continu de dépenser
beaucoup d'argent pour lutter contre les inondations. En 2008 par exemple, une
somme d'environ 190 000 000 de F.cfa a été consacrée aux
inondations à Nkobisson, au curage des caniveaux à Etétak,
Oyom Abang et au calibrage des berges de l'Abiergue. Cet argent aurait
certainement servi à financer autre chose s'il n'y a avait pas eu de
déforestation sur les collines de Yaoundé. Nous croyons qu'un
projet comme celui de Gbazabangui, s'il est adopté et mis en pratique
à Yaoundé, permettra à coup sûr de restaurer la
végétation naturelle et la biodiversité ; ce qui
favorisera à termes le développement d'un écotourisme sur
ces sites qui sont à Yaoundé d'importants sites touristiques et
de divertissement qu'il faut tout simplement récupérer, restaurer
et valoriser.
Pour ce qui est justement de la restauration et de la mise en
valeur des écosystèmes montagnards de Yaoundé, nous allons
monter un projet de reboisement d'un site en accord avec la CUY pour
concrétiser notre souci partagé avec le
Délégué du gouvernement de redonner à
Yaoundé sa verdure et sa fraicheur d'antan. En ce qui concerne la
valorisation des sites, nous sommes disposé si la CUY nous permet de
poursuivre la réflexion, de recenser tous les sites touristiques
naturels de colline à Yaoundé et d'en faire des propositions
d'aménagement simple et à moindre coüt pour une exploitation
rentable et durable.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, il convient de dire que nous
sommes partis du constat qu'il y a environ quatre décennies,
Yaoundé a enregistré une croissance démographique
spectaculaire. Cette forte augmentation de la population s'est
accompagnée d'une mutation de l'espace urbain ; qui s'est
manifestée par une extension spatiale rapide de la ville vers la
périphérie. L'urbanisation non contrôlée
doublée de l'insécurité foncière et la
pauvreté ont amené les populations à conquérir
progressivement les collines ceinturant le site de Yaoundé pour mener
des activités pouvant leur permettre de survivre.
De plus, la valorisation des villes intermédiaires qui
devait permettre de relancer d'autres pôles d'urbanisation et absorber
l'implosion démographique interne dont souffre Yaoundé n'a pas
suivie. L'exploitation de ces sites à écologie fragile ne s'est
pas faite sans conséquences pour l'environnement, les populations et
leurs biens. C'est ainsi que dans le cadre de l'observation de la situation des
villes camerounaises afin d'explorer les problématiques relatives
à la vulnérabilité à laquelle les populations sont
exposées chaque jour, nous nous sommes rendu compte en ce qui concerne
Yaoundé ; que les inondations et le réchauffement constituent les
problèmes majeurs de l'heure. Nous nous sommes alors posé la
question de savoir quel lien pourrait-il exister entre les
phénomènes d'inondation, de réchauffement et
l'anthropisation des hauts sommets de Yaoundé. Au sortir du contexte
cidessus résumé, on s'est fixé comme objectif
d'étude de montrer la transformation d'espaces, de paysages ou de
milieux naturels sous l'action de l'homme et les risques environnementaux qui
en découlent sur les collines de Yaoundé et leurs terrains
attenant.
Pour mener à bien cette étude, nous avons fait
une recherche documentaire dans les bibliothèques publiques et
privées. Nous avons opté pour des raisons d'efficacité,
pour la méthode accélérée de recherche
participative (MARP) et les outils de l'évaluation environnementale (EE)
; pour recenser, collecter, analyser et caractériser les données
sur les sites étudiés. La cartographie et les images Aster nous
ont permis d'évaluer l'évolution et les impacts des
activités humaines sur la zone d'étude. Les descentes sur le
terrain ont permis de lever des points GPS sur les sept collines retenues de
manière aléatoire pour l'étude sur la vingtaine de
collines que compte Yaoundé. Toutes les données GPS
collectées et enregistrées étaient notées sur une
fiche. Ces données ont été projetées sur la version
numérique de la carte topographique de Yaoundé grâce aux
logiciels MapSource et Arview ; ce qui nous a permis de digitaliser des
éléments caractéristiques de la zone d'étude pour
réaliser nos cartes.
Il ressort des résultats de ce travail que les
activités humaines sont le principal facteur de destruction du milieu et
d'aggravation des risques. Ces activités qui impactent
négativement les sites et aggravent les risques auxquels les populations
s'exposent sont : l'agriculture, l'habitat, l'exploitation de pierres et de
sable et la foresterie. Les risques sur les collines de Yaoundé sont
induits à 96% par les activités humaines. Ces risques induits
sont : l'érosion, la déforestation, les feux de brousse et les
risques de contamination de l'eau et de l'air. A côté des risques
liés aux activités humaines, il y a les risques naturels qui
concernent les mouvements de terrain (glissement, éboulement,
écroulement, chutes de blocs, coulée boueuse), les inondations et
les risques liés au séisme.
Il faut reconnaître que depuis l'avènement du
Délégué du Gouvernement auprès de la
Communauté Urbaine de Yaoundé actuel, des efforts sont faits en
vue d'atténuer ces risques. On peut citer entre autres le calibrage des
berges du Mfoundi (qui est en cours), la création de multiples parcs et
jardins dans la ville, le déguerpissement et le reboisement de la
façade Est de Messa. Cependant, beaucoup reste encore à faire
pour préserver l'environnement et réduire les risques auxquels
les populations, du fait de l'urbanisation croissante, sont exposées au
quotidien.
Les populations ne sont pas souvent conscientes des
dégâts qu'elles causent et des dangers auxquels elles s'exposent ;
parce qu'elles ne sont ni informées, ni impliquées dans la
gestion de l'espace urbain tant il est vrai que c'est à la CUY
qu'incombe la responsabilité de garantir un cadre de vie sain et
agréable à tous les citadins ; car « ils ont droit à
une vie saine et harmonieuse avec la nature » comme le relève le
principe I de le Déclaration de Rio de 1992. Mais, on ne saurait
gérer durablement les ressources sur les collines de Yaoundé sans
implication des populations locales comme c'est le cas en ce moment. C'est
pourquoi nous recommandons à la CUY une approche participative, une
adhésion populaire devant déboucher sur une cogestion des
sites.
A l'état actuel de l'étude, le
déguerpissement progressif, l'interdiction formelle de toute
activité humaine dangereuse pour l'environnement au-delà de 800
mètres d'altitude et la délimitation claire et précise
(zonage) sur les monts Akok Ndoué, Mbog Ndum, Minloa, Ebaminala, Messa,
Mbankolo et Febe s'avèrent indispensables. Les actions à mettre
en oeuvre pour la récupération, la restauration et la
valorisation des sites collinaires à Yaoundé par la CUY sont :
les actions directes de régénération telles que le
reboisement et la surveillance qui ont fait leurs preuves dans une ville comme
Bangui ; et les actions indirectes telles que
l'information/communication, la formation et la
sensibilisation. Ces actions supposent que le politique renforce davantage la
sécurité foncière, la simplification des procédures
d'obtention d'une propriété foncière et la transparence
dans sa mise en application. La mise en oeuvre de telles actions contribuera
véritablement à restaurer ces milieux qui sont « un don de
la nature » pour la capitale Yaoundé ; car pouvant ouvrir la voie
à un développement écotouristique durable.
LISTE DES PERSONNES RENCONTREES
Noms
|
Statut/adresses
|
Sites
|
Fonction
|
Remarques
|
Amougou Ngoumou Pierre
|
Adjudant militaire à la retraite
|
Akok Ndoué
|
Chef de bloc
|
Propriétaire terrien
|
Nama Herman
|
-
|
Mbog Ndum
|
Chef de 3e degré
|
Autochtone
|
Bouli Onambélé
|
96427036
|
Minloa
|
-
|
Propriétaire terrien
|
Mballa Tsanga Joseph
|
-
|
Minloa
|
Chef de quartier
|
Patriarche
|
Akono
|
Capitaine de gendarmerie retraité
|
Ngoulemakong
|
Chef de 3e degré
|
Localité entre Minloa et Ebaminala
|
Edoa Janvier
|
Petit-fils d'Edoa
|
Nkol Edoa ou Ebaminala
|
-
|
Propriétaire terrien
|
Ongbwa B.
|
Arrière petit-fils d'Ongbwa Bissogo
|
Mbankolo
|
Chef de 3e degré
|
Famille ayant dirigé la résistance
aux colons allemands
|
-
|
-
|
Etétak
|
Chef de 3e degré
|
Entretien avec le fils du chef
|
BIBLIOGRAPHIE
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Textes règlementaires et lois du Cameroun
1. Arrêté
N°0160/Y.14.4/MINDAF/D200 du 31 janvier 2008.
2. Loi N° 2004-003 du 21 avril 2004
régissant l'urbanisme au Cameroun.
3. Loi N° 94-01 du 20 janvier 1994 portant
régime des forêts, de la faune et de la chasse au Cameroun.
4. Loi N° 96-12 du 05 août 1996
portant Loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.
5. Ordonnance N° 74-1 du 06 juillet 1974
fixant le régime foncier.
6. Ordonnance N° 74-2 du 06 juillet 1974
fixant le régime domanial.
Webographie
1.
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=52810008
2.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropisation
3.
http://www.afrik.com/article16138.html
4.
http://www.lapartderisque.fr/Qu'est-ce-qu-un-risque.html
Dominique Bourg.
5.
http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?
6.
www.data.cameroun-foret.com
7.
www.icra-edu.org
8.
www.wikipedia.org
Annexe 1
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4
Annexe 5
Annexe 6
Annexe 7
Annexe 8
Annexe 9
Annexe 10
Annexe 11
Communauté Urbaine de Yaoundé
Yaoundé, capitale politique et administrative du
Cameroun a connu une croissance démographique et spatiale sans
précèdent ces dernières décennies. La pression
démographique spectaculaire a naturellement soumis les réserves
naturelles des hauts sommets de la ville à d'intenses activités
humaines dégradantes de l'environnement. La population n'est pas souvent
consciente des dégâts qu'elles causent et des dangers auxquels
elle s'expose au quotidien. Les outils de la MARP et de l'EE nous ont permis
d'identifier, de recenser, de décrire les activités et de
proposer une typologie des risques afin d'attirer l'attention de l'Etat et de
faire des propositions pour la réhabilitation des collines de
Yaoundé qui sont de véritables mines touristiques.
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Yaounde, the administrative and political capital of Cameroon
has experienced demographic and spatial growth at the previous decades. The
spectacular demographic pressure had naturally submitted all the natural
reserves of the high tops of the city to intense human activities degrading the
environment. The population has not been aware of the damages it causes and the
dangers to which it is exposed daily. The tools from RRA and EA helped us to
identify, census, describe the activities and make proposals to the type of
risks before drawing the attention of the State and advance possible
suggestions for the rehabilitation of the Yaounde hills which are veritable
touristic mines.
FEKOUA Dieudonné, Maître
ès Géographie. E. mail :
dieufekou@justice.com Tél.
(+237) 99 82 76 93 B.P : 3706 Messa - Yaoundé,
Cameroun.
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