INTRODUCTION
L'Afrique au Sud du Sahara est dotée d'une grande
diversité de plantes alimentaires. Parmi celles-ci se trouvent les
légumes-feuilles traditionnels (LFT) (Okigbo, 1977 ; Almekinders, 2000).
Ils jouent un grand rôle dans l'agriculture et dans l'alimentation et
génèrent des revenus non négligeables aussi bien dans les
zones rurales que dans les zones urbaines (Chweya and Eyzaguirre 1999). Ils
sont d'importantes sources de vitamines (surtout A, B, C),
d'oligo-éléments, de protéines, de fibres et de glucides
(Stevels, 1990 ; Mnzava, 1991 ; Chweya and Eyzaguirre, 1999) et de ce fait,
contribuent à l'amélioration de l'état nutritionnel des
populations aussi bien dans les zones rurales que dans les zones urbaines.
Certains LFT comme Hibiscus sabdariffa (L.) et Ocimum
gratissimum (L.) possèdent des propriétés
médicinales (Chweya, 1985 ; Schippers, 1997 ; Mnzava, 1997) et sont
utilisés pour soigner diverses maladies (paludisme, parasites
intestinaux, infection, etc.). Certaines espèces de légumes comme
Amaranthus sp. sont cultivées mais beaucoup d'autres poussent
à l'état sauvage où ils sont récoltés.
Malgré l'importance économique, nutritionnelle
et médicinale des LFT, très peu de recherches leur avaient
été consacrées au Bénin. En conséquence, les
espèces consommées, surtout celles faisant l'objet de cueillette,
sont encore mal connues. La persistance d'une telle négligence
accentuera l'érosion de leurs ressources génétiques avec
des conséquences immédiates sur l'état nutritionnel et la
sécurité alimentaire des populations surtout celles des zones
rurales.
La présente étude a pour objectif
général la valorisation des LFT à travers l'analyse de
leur biodiversité et la documentation des connaissances endogènes
qui leur sont associées. Elle est conduite dans le département
rural de l'Atakora caractérisée par une pluralité
d'ethnies très différentes sur le plan culturel et où la
vie est encore très naturelle. De façon spécifique
l'étude consistera à :
- Recenser les différentes espèces de LFT
consommés dans les différentes aires ethniques de la zone
d'étude ;
- Identifier de façon participative les espèces
importantes (les plus consommées) dans chaque aire ethnique et dans la
zone d'étude ;
- Recenser pour chaque espèce les connaissances
endogènes relatives à la diversité
(interspécifique), la production, la ceuillette, l'utilisation
(alimentaire, médicinale, etc.) et à la commercialisation ;
- Etablir dans chaque aire ethnique et dans la zone
d'étude une classification des principaux légumes selon leur
dégré de préférence puis identifier et
hiérarchiser les critères de préférences ; -
Comprendre le rôle du genre dans la production, l'utilisation et la
conservation des LFT ;
- Etablir un répertoire compréhensible des LFT du
département de l'Atakora pour les besoins de la recherche scientifique
et des programmes de développement ;
- Formuler des recommandations concrêtes pour leur
valorisation dans la zone d'étude.
Le mémoire s'articule autour des points suivants :
après une revue bibliographique, nous présenterons successivement
le milieu d'étude, la méthodologie de collecte et d'analyse de
données, les résultats et discussion et la conclusion qui
dégage les grands traits des résultats obtenus ainsi que quelques
recommandations.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1. Quelques définitions
Les légumes désignent les plantes (herbe,
lianes, arbuste, arbre) dont les feuilles, les tiges, les fleurs, les fruits,
les graines, les racines, les bulbes et les tubercules sont utilisés
dans la préparation de sauce (Westphal et al., 1985 ; FAO, 1988 ; CTA,
2004).
Les légumes-feuilles (LF) sont les plantes (herbe,
liane, arbustre, arbre) dont les feuilles sont utilisées dans la
préparation de sauce (Westphal et al., 1985 ; FAO, 1988 ; Chweya and
Eyzaguirre 1999 ; CTA, 2004). Ils sont constitués d'espèces
modernes du type européen comme le chou (Brassica oleracea
Linn) et la laitue (Lactuca sativa Linn) et d'espèces
traditionnelles comme Talinum triangulare (Jacq.).
Les LFT désignent les espèces
végétales cultivées ou sauvages originaires de l'Afrique
(ou qui se sont naturalisés dans différents pays africains) dont
les feuilles sont utilisées dans l'alimentation (Ogoye, 2003 ; CTA,
2004). En Afrique subsaharienne, il existe plus de 45 000 espèces
végétales dont un millier peuvent être consommé
comme tel (Maundu et al., 1993).
2. Importance des LFT 2.1. Importance
nutritionnelle
Ce sont des aliments de haute valeur nutritive. Le tableau I
présente les résultats des analyses biochimiques
effectuées sur 21 espèces de LF cultivés et sauvages
(Busson, 1965 ; Waithaka et Chweya 1991). Il montre que ceux issus de
cueillette sont aussi riches en éléments nutritifs que les
cultivés.
Les LF constituent des sources précieuses de vitamines
tels que la vitamine A, la riboflavine, la thiamine et les acides ascorbique et
folique. Par exemple les feuilles de Manihot esculentus, Moringa
oleifera et de Vigna unguiculata sont de meilleures sources de
vitamines C. Okigbo (1990) montre que dans les zones de savane sèche,
leur insuffisance dans l'alimentation humaine peut être une des causes du
déficit en vitamine A.
Ils peuvent apporter de nombreux minéraux
nécessaires au bon fonctionnement de l'organisme. Les minéraux
les plus importants qu'on y retrouvent sont : le calcium, le fer et le
phosphore. Dans les pays subsahariens où les populations souffrent
d'anémies fréquentes causées par le paludisme, l'apport du
fer est très important (OMS, 1972). En effet 100 g de feuilles fournit
journellement 4 à 7 mg de fer suffisant pour un enfant et constitue un
apport non négligeable pour un adulte (Diouf et al., 1999).
Certains sont relativement riches en protéines et
apportent des protéines nécessaires aux populations surtout aux
femmes enceintes ou nourrices et aux enfants en période de croissance.
Les feuilles d'Amaranthus hybridus L., Gynandropsis gynandra
L., Manihot esculentus Crantz. et Vigna unguiculata (L.)
Walp. contiennent respectivement 28,3 % ; 16,6% ; 36,8% et 30,6% de
protéines (Maundu et al., 1999). Par ailleurs, ils renferment en
quantités importantes de l'amidon et des polymères de glucose et
constituent de bonnes sources énergétiques. Ils sont
particulièrement riches en carbohydrates et fibres qui ont un effet
laxatif doux (Davidson et Passmore, 1972). En effet les feuilles sèches
de Celosia argentea possèdent 48.3% de glucides.
Ils contiennent très peu de lipides. Toutefois
l'alimentation végétale à base de LF apporte à
l'organisme la quantité indispensable de lipides grâce à la
consommation élevée des corps gras qui rentrent dans la
préparation des sauces. Les lipides jouent un rôle essentiel dans
la constitution des membranes cellulaires. On observe une faible teneur soit
4.0% et 5.8 % de lipides respectivement dans les feuilles de Amaranthus
hybridus L. et Celosia argentea L. (Grubben, 1975).
Ils sont caractérisés par une forte teneur en
eau. Corchorus olitorius, Amaranthus cruentus, Celosia argentea, Solanum
aethiopicum, Basella alba et Talinum triangulare par exemple ne renferment
respectivement que 26.4%, 20.0%, 13.8%, 13.5%, 9.9% et 9.9 % de matière
sèche (Grubben 1971).
Les diverses composantes biochimiques (protéines bien
équilibrées, lipides riches en acides gras polyinsaturés,
glucides riches en fibres et nombreuses vitamines) favorisent leurs effets
positifs sur l'organisme.
Ils doivent être cuits avant la consommation. En effet,
la consommation de LF non cuits peut avoir des inconvénients sur le
fonctionnement de l'organisme. Des études ont
révélé que des LFT (Amaranthus hibridus L.,
Celosia argentea L., Solanum macrocarpum L.,
Cucurbita maxima Duchesne ex Lam., Manihot esculentus
Crantz, Sesamum calycimum Welw., etc.) contiennent des substances
antinutritives telles que les acides cyanhydriques, les acides oxaliques, les
alcaloïdes, les saponines, les cardénolides, les flavonoïdes
et les polyphénols (tableau II). Ceux-ci peuvent présenter des
risques pour la santé des consommateurs (Srivastava et al., 1959 ; Oke
et al., 1968 ; Schmidt et al., 1971 ; Grubben, 1975 ; Wolters, 1992 ; Orech et
al. 2005). Par exemple la présence d'acide oxalique dans les
légumes-feuilles empêche l'absorption des ions calcium. Il se lie
à celui-ci dans le sang en formant des calculs rénaux (Grubben,
1975). La cuisson suivie de l'élimination de l'eau de cuisson les
débarrasse partiellement ou totalement de leurs substances nocives
(Grubben, 1975 ; Westphal et al., 1985 ; Sorensen et al, 1994 ; Babik et al.,
1996).
Tableau I: Composition chimique de quelques
légumes-feuilles (pour 100g de feuilles)
Espèces
|
Fer (mg)
|
Calcium (mg)
|
Phosphore (mg)
|
Vit C (mg)
|
Vit A (mg)
|
Protéine (g)
|
Amaranthus hybridus
|
4.1
|
320
|
86
|
44
|
5.7
|
4.58
|
Cassia tora
|
6
|
608
|
95
|
120
|
3.7
|
5.66
|
Hibiscus sabdariffa
|
4.9
|
214
|
88
|
50
|
1.9
|
3.50
|
Leptadenia hastata
|
5.4
|
417
|
94
|
78
|
4.9
|
5.0
|
Manihot utilissima
|
8.5
|
382
|
130
|
370
|
6
|
8.50
|
Moringa pterygosperma
|
11.7
|
531
|
142
|
220
|
5.6
|
8.10
|
Ipomoea batatas
|
4
|
168
|
89
|
72
|
3.45
|
4.8
|
Vigna unguiculata
|
6
|
295
|
58
|
60
|
3.774
|
4.8
|
Adansonia digitata
|
25
|
2266
|
261
|
traces
|
4.9
|
12.5
|
Corchorus olitorius
|
8
|
380
|
133
|
100
|
3.04
|
5.1
|
Basella alba
|
1.2
|
109
|
52
|
102
|
8.0
|
1.8
|
Triantherma portulacastrum
|
4
|
195
|
77
|
30
|
2.860
|
3.2
|
Ficus gnaphalocarpa
|
15.8
|
74
|
163
|
35
|
-
|
6.1
|
Arachis hypogea
|
4
|
249
|
92
|
112
|
3.94
|
5.4
|
Sesamum radiatum
|
-
|
77
|
203
|
-
|
-
|
3.4
|
Cerathoteca sesamoïdes
|
-
|
174
|
75
|
28
|
Traces
|
4.4
|
Spinacia oleracea
|
0.8-4.5
|
6-595
|
-
|
1-59
|
2.8-7.4
|
2.3-3.3
|
Lactuca sativa
|
0.5-4
|
17-107
|
-
|
3-33
|
0.15-7.8
|
0.8-1.6
|
Brassica oleracea
|
0.9-1.9
|
30-204
|
-
|
20-220
|
Tr-4.8
|
1.4-3.3
|
Lycopersicon esculentum
|
2
|
15
|
23
|
31
|
0.18
|
0.7
|
Gynandropsis gynandra
|
6.0
|
288
|
111
|
13
|
-
|
4.8
|
Source: Busson 1965; Source: Waithaka et Chweya
1991
Tableau II: Toxicité de quelques LF consommés au
Kenya d'après Orech (2005) (+ présent ; - absent)
Espèces
|
Phytochimiques toxiques
|
Alkaloïdes
|
Saponines
|
Cardénolides
|
flavonoïdes
|
Polyphenols
|
Amaranthus hybridus
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Asystasia mysorensis
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Coccinia grandis
|
-
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Crotalaria ochroleuca
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Cucurbita maxima
|
-
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Portulaca quadrifida
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Sesamum calycimum
|
-
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Senna occidentalis
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Sida acuta
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
2.2. Importance socio-économique
a. Importance socio-économique au niveau des zones
rurales
Dans les zones rurales, les LFT sont cultivés ou
ceuillis. Près de 90% de la production ou de la ceuillette est
destinée à l'autoconsommation et le reste est vendu aussi bien
dans les marchés locaux que dans les marchés urbains
environnants. Le niveau de consommation annuelle en LF au Bénin serait
de 6 kg par personne en 1975 (Grubben, 1975) et de 12 kg par personne en 1995
(Mbaye et al., 1997).
Leurs prix subissent de très fortes variations
saisonnières. Au cours de la saison sèche, les femmes se
regroupent parfois pour les cultiver dans les bas-fonds. Selon Grubben (1971),
la période séche comprise entre deux saisons pluvieuses constitue
le moment où les cultures contre saison sont très rentables. En
saison pluvieuse, leurs prix baissent considérablement sur les
marchés (Matlhare et al., 1999).
Leur commerce dans les zones rurales n'est pas très
florissant compte tenu des difficultés que rencontrent les producteurs.
Sur les marchés locaux, la demande en LF est souvent faible car chaque
ménage tend à assurer plus ou moins ses propres besoins (Maundu,
1999). Le mauvais état des pistes en saison pluvieuse, période
d'abondance constitue une autre contrainte pour les zones de production de LF.
Une autre contrainte majeure est la difficulté de conservation
post-récolte. Ce sont des denrées périssables dont le
non-écoulement peut entraîner de lourdes pertes
financières.
Malgré les nombreuses difficultés
énumérées ci-dessus, leur commerce est une source de
revenus non négligeables pour les ménages (Hessou, 1995 ; Mbaye
et al., 1997). Cette activité est presque exclusivement assurée
par les femmes, mais les revenus qui en sont issus sont souvent destinés
aux besoins de toute la famille (Maundu et al., 1999).
b. Importance socio-économique au niveau des zones
urbaines
Dans les grandes villes, le maraîchage est
générateur d'emplois et de revenus. Au Sud Bénin, environs
85.000 emplois directs et indirects ont été créés
dans ce secteur en 2002 (PADAF, 2003). Dans la ville de Cotonou, le revenu net
global de l'ensemble des maraîchers est de l'ordre de 300 millions FCFA
par an en dehors de leur propre consommation. Assogba-Komlan (2002) estime que
le revenu des maraîchers peut atteindre 16,395 millions FCFA par ha soit
4,31 milliards pour les 236 hectares exploités en 2002. Les
enquêtes socio-économiques conduites au Brazzaville (Congo)
évaluent à 200 000 FCFA le revenu mensuel moyen d'un
maraîcher (Torreille, 1989).
Les activités maraîchères résolvent
donc d'énormes problèmes de chômage et
d'insécurité alimentaire auxquels sont confrontés les
populations (Moustier et al., 2005). Dans les zones urbaines et
périurbaines, leur culture n'est pas l'apanage des femmes. On rencontre
sur les nombreux sites maraîchers autant de femmes que d'hommes. Parfois
les hommes dépassent les femmes en effectif comme c'est le cas en
Côte d'Ivoire où plus de 90 % des producteurs maraîchers
sont du sexe masculin (Moustier et al., 2005). Parmi ces hommes
maraîchers, figurent de nombreux adolescents qui partent des villages
à la recherche du travail.
Margiotta (1997) montre que les activités de
maraîchage permettent de nourrir les familles toute l'année
puisque la période d'approvisionnement en LF est plus longue en
agriculture urbaine (9 mois sur 12) qu'en agriculture rurale (3 mois sur 12).
En Côte d'Ivoire, la persistance du
maraîchage urbain et péri-urbain s'explique par
le fait que c'est une activité de survie pour de nombreux ménages
(Yappi Affou, 1999). Il permet aux ménages les plus
défavorisés de s'alimenter en légumes frais et
d'améliorer la valeur des repas en protéines et en vitamines,
tout en réalisant des économies (Moustier et David, 1997 ; Jacobi
et al., 2000 ; Mougeot, 2000).
Le tableau III présente les atouts et les contraintes
liés aux cultures maraîchères dans les zones urbaines et
péri-urbaines et montre qu'en ville, les maraîchers sont aussi
confrontés à d'énormes difficultés dans la
production. La pression parasitaire constitue par exemple un goulot
d'étranglement particulièrement pendant la saison des pluies
(Jansen et al., 1994 ; Moustier et Essang, 1996 ; Gockowski, 1999).
Malgré l'utilisation des pesticides les dégâts sont
importants. Ils sont aussi confrontés aux problèmes de vols, de
divagations et de pollution de l'air, du sol et surtout de l'eau qui sert
à arroser les légumes (De Bon et al., 1999 ; Sanny, 2002). Comme
atouts, les maraîchers des villes sont par exemple situés à
proximité des marchés si bien que le transport et
l'écoulement de la production ne leur constituent plus de soucis majeurs
(Grubben, 1971 ; Moustier, 1997). Les grossistes viennent eux-mêmes
s'approvisionner dans les jardins.
Tableau III : Atouts et contraintes du maraîchage urbain et
périurbain (Moustier et David 1997)
|
Production
|
Commercialisation
|
Atouts
|
Flux d'intrants et de savoir-faire
|
Proximité du marché
|
|
Accès aux intrants
|
Faibles coûts de transport
|
|
Accès aux déchets urbains
|
Accès à l'information commerciale
|
|
Diversité des savoir-faire
|
Relations de confiance entre producteurs et vendeurs
|
|
Diversité des sources de revenus
|
|
|
Diversité de capital (fonctionnaires, commerçants,
expatriés...)
|
|
|
Accès à l'appui technique
|
|
Contraintes
|
Risque de production
|
Risque de commercialisation
|
|
Accès précaire au foncier
|
Caractères périssable et instable de l'offre
|
|
Manque de reconnaissance institutionnelle
|
Forte élasticité de la demande (légumes
tempérés)
|
|
Pollution du sol, de l'air et de l'eau
|
Risques sanitaires
|
|
Vols et divagations
|
Entreprises dispersées
|
|
Menaces sur la fertilité des sols
|
|
|
Pression phytosanitaire
|
|
c. Importances culturelle et
médicinale
- Importance culturelle
Les populations ont recours aux LFT non seulement pour assurer
leur survie mais aussi à des fins culturelles. Sur le plan culturel, il
existe des interdits, des rituels ou certaines anecdotes liées à
la consommation de certains LF. Batawila (2005) rapporte que chez les Mossi du
Togo, des rituels précèdent d'abord la consommation de feuilles
d'Adansonia digitata. Selon les Kabyè de la région Nord
Togo, les feuilles de Bombax costatum et de Cerathoteca
sesamoides anéantissent les pouvoirs mystiques et ne doivent pas
être consommées par les hommes qui en possèdent. Dans
l'aire culturelle Ouatchi au Sud-Est du Togo, les adeptes du fétiche
Tchabaga ne consomment pas
Corchorus aestuans L. Au Bénin, Lactuca
taraxacifolia L. est formellement interdit aux adeptes du fétiche
Sagbata (Dieu de la terre).
- Importance médicinale
Beaucoup de LF ont des vertus médicinales et peuvent
servir d'alicaments. En effet, leur consommation, à travers la sauce,
pourrait permettre de prevenir ou de traiter beaucoup de maladies ainsi que des
insuffisances nutritionnelles. Par exemple, les feuilles de Moringa
oleifera sont efficaces contre l'anémie, le diabète et
l'hypertension artérielle (Diouf et al., 1999) ; l'infusion des feuilles
de bissap (Hibiscus sabdariffa) peut être utilisée en
lutte préventive contre le paludisme. Les feuilles séchées
et réduites en poudre de Cerathoteca sesamoides, Adansonia
digitata, Corchorus tridens, Cassia tora, Hibiscus
sabdariffa et Vigna unguiculata sont utilisées contre la
constipation (Diouf et al., 1999). Le jus des feuilles de Jacquemontia
tamnifolia est absorbé comme antidote pour traiter les morsures des
serpents et l'infusion des feuilles est utilisée pour soigner les plaies
(Grubben et al, 2004). Au Congo, les jeunes feuilles de Corchorus
olitorus sont utilisées contre les troubles cardiaques (Grubben et
al, 2004). L'infusion des feuilles de Gynandropsis gynandra est
efficace contre l'anémie (Grubben et al, 2004). La macération des
feuilles de Cerathoteca sesamoides facilite l'accouchement et traite
la conjonctivite. Une infusion froide de feuilles de Sesamum radiatum
facilite également la délivrance chez la femme enceinte. Au
Kenya, les feuilles de Basella alba sont utilisées pour traiter
les maux de ventre et la constipation après l'accouchement. Les feuilles
de Talinum triangulare sont utilisées pour soigner la rougeole
au Cameroun (Grubben et al, 2004).
3. Etat actuel des connaissances sur les LFT
Des études ethnobotaniques ont été
réalisées dans certains pays africains (Botswana, Cameroun,
Kenya, Sénégal, Togo, Zimbabwe) dans le cadre d'un projet
régional initié par l'IPGRI (Chweya and Eyzaguirre 1999). Les
résultats de ces études ont montré que l'Afrique est un
réservoir d'une forte diversité. En effet, plus d'un millier
d'espèces végétales sont utilisées à des
fins alimentaires (Maundu, 1993) mais le nombre de LF locaux consommés
habituellement varient d'un pays à un autre. Au Botswana et au cameroun,
62 et 67 espèces ont été respectivement identifiés
(Matlhare et al., 1999 ; Poubom et al., 1999). Au Sénégal plus de
1500 espèces ont été retrouvées mais seulement 38
sont régulièrement consommés (Diouf et al., 1999). Au
Zimbabwe et au Kenya, respectivement 36 et 220 espèces ont
été dénombrées (Ngwerume et Mvere, 1999 ; Maundu et
al., 1999). Les travaux de Batawila et al. (2005) montrent que la
végétation togolaise est dotée d'une importante richesse
en plantes légumières. En dehors des espèces
cultivées, 105
espèces légumières regroupées en
82 genres et 45 familles sont cueillis dans les différentes formations
végétales, les champs et les jardins de case localisés
dans les différentes aires ethnoculturelles du Togo.
Au Bénin, les différents travaux
effectués sur les LFT concernent surtout les espèces
cultivées sur les sites maraîchers. Grubben (1975) a montré
l'existence d'une diversité intraspécifique au sein des amarantes
cultivées dans le sud Bénin. Assogba-Komlan (2003) signale la
présence d'éléments anti-nutritionnels tels que les
nitrates, les résidus de pesticides, les métaux lourds et les
glucosides cyanogènes dans les feuilles de la grande morelle
(Solanum macrocarpum) et celles d'autres légumes du type
européen comme le chou (Brassica oleracea) cultivés sur
les sites maraichers de Cotonou.
Dans le cadre du projet "Healthy Vegetable Through Participary
Integrated Pest Management in Urban and Peri-urban Gardens of Benin",
l'Institut International de l'Agriculture Tropicale (IITA), après avoir
identifié les ravageurs et les maladies des légumes auxquels sont
confrontés les maraîchers, a mis au point les stratégies de
lutte biologique contre ceux-ci comme alternative aux pesticides chimiques. Des
biopesticides tels que des virus ou des champignons entomopathogènes ont
été mises au point pour lutter contre l'espèce
Plutella xylostella qui est un parasite du chou (Atcha-Ahowe et al.,
2005).
Les espèces de LFT utilisées au Bénin ont
fait l'objet de peu de recherche et sont peu connues. Une attention
particulière doit leur être accordée.
MATERIEL ET METHODES
1. Présentation du milieu d'étude
1.1. Situation géographique
D'une superficie de 20.499 km2, le
département de l'Atakora est situé dans la région
Nordouest du Bénin (figure 1). Il est limité au Nord par le
Burkina-Faso, au Sud par le département de la Donga, à l'Est par
les Départements de l'Alibori et de Borgou et à l'Ouest par le
Togo (Adam et Boco, 1983). Il est subdivisé en 9 communes que sont :
Boukoumbé, Cobli, Kérou, Kouandé, Matéri,
Natitingou (chef lieu du département), Péhounco, Tanguiéta
et Toucountounan.
1.2. Démographie et diversité ethnique
Le département de l'Atakora a une population de 519.417
habitants (50,76% de femmes et 49,24% d'hommes) et une densité de 26,8
habitants/Km2 (CADER Atakora, 2004). Il est occupé par six
principaux groupes ethniques que sont : Bariba (Kérou, Kouandé,
Péhounco), Berba ou Biali (Matéri), Ditamari (Boukoumbé),
M'bermin ou Gnindé (Cobli), Natimba (Tanguiéta et Toucountounan)
et Wama (Natitingou et Toucountounan). Animisme, christianiste et islam sont
les religions pratiquées (Adam et Boco, 1983).
1.3. Climat
Le département de l'Atakora jouit d'un climat
soudano-guinéen marqué par deux saisons dont une saison
sèche allant de Novembre à Mai et une saison pluvieuse qui couvre
la période de Juin à Octobre. La température varie de
17°C à 35°C avec une moyenne de 27°C. L'harmattan,
souffle de novembre à février. La pluviométrie,
située entre 900mm et 1.100mm avec des maxima en août ou
septembre, est généralement mal répartie dans le temps et
dans l'espace.
1.4. Hydrographie
Le réseau hydrique fait partie intégrante du
bassin de l'Ouémé. Deux fleuves (Mékrou et Pendjari) qui
prennent source dans l'Atakora traversent plusieurs communes du
département. Des retenues d'eau et quelques bas-fonds
disséminés par endroits offrent des possibilités de
maraîchage (CADER Atakora, 2004).
Figure 1 : Le département de l'Atakora montrant les
communes et les sites (villages) d'enquêtes
1.5. Végétation
La végétation est de type savane arborée
à arbustive. Elle est dense le long de la Pendjari et au niveau des
forêts classées de Kérou et de Kouandé (Adomon,
2005). Cette végétation est dominée par le karité
(Blighia sapida L.), le néré (Parkia biglobosa
L.) et le baobab (Adansonia digitata L.)
1.6. Relief et sols
Le département de l'Atakora a un relief très
accidenté dominé par la chaîne de l'Atakora d'une altitude
de 700m en moyenne. Les sols de l'Atakora sont de diverses natures. On
rencontre des sols ferrugineux tropicaux moyennement
concrétionnés, des sols ferralitiques et des sols à
tendance hydromorphes favorables aussi bien à la culture des
céréales que des plantes à racines et tubercules.
1.7. Activités économiques
L'agriculture est la principale activité et est
pratiquée par près de 95% de la population avec des instruments
rudimentaires. L'igname, le sorgho, le maïs, l'arachide, le riz, le coton,
le haricot, le mil, le fonio, l'anacarde constituent les principales cultures
de la région (CADER Atacora, 2004).
L'élevage est une activité secondaire et est
pratiquée par les Peulh et les agro-éleveurs. L'ensemble des
animaux est soumis à la divagation, à la vaine pâture et
autres risques ; ce qui entraîne quelquefois la destruction des champs
qui est à l'origine des conflits meurtriers entre les éleveurs et
les producteurs.
Le commerce représente 16% des activités
économiques et est bien développé. Il est exercé
surtout par les femmes qui servent d'intermédiaires entre les
producteurs et les consommateurs.
L'industrie est pratiquement inexistante dans le
département. L'artisanat est par contre assez développé.
On y rencontre des forgerons, des portiers, des tisserands, etc.
Beaucoup de sites touristiques (Tata-somba de Koussoukouangou,
les grottes sacrées des Tanéka-koko, les chutes ou cascades de
Tanougou et de Kota) existent et drainent une foule de touristes chaque
année.
2. Méthodologie
2.1. Choix de la zone d'étude
Le département de l'Atakora a été choisi
pour deux raisons fondamentales :
- L'importante diversité ethnique observé dans
la zone. En effet six principaux groupes ethniques (Bariba, Berba ou Biali,
Ditamari, M'bermin ou Gnindé, Natimba, Wama) partagent la région
en six aires ethniques géographiquement bien délimitées.
Cette pluralité d'ethnies permet d'avoir une variabilité
d'espèces et de savoirs endogènes ;
- L'Atakora est rural à plus de 90%. Son niveau de
développemnt est très faible et la vie est encore traditionnelle.
Les populations de cette zone vivent encore très proches de la nature
dont les ressources constituent en majeure partie leurs moyens de subsistance.
Une telle zone offre beaucoup de chance pour la documentation des
légumes sauvages.
2.2. Choix des villages
Les unités de sélection au sein de la zone
d'étude sont les six aires culturelles géographiquement bien
délimitées. Deux villages ont été
selectionnés au hasard dans chaque aire ethnique à partir d'une
liste de villages préselectionnés sur la base de trois
critères que sont : le faible niveau de développement,
l'accessibilité en toute saison et la présence de marché.
Au total, douze villages ont été retenus pour la prospection
(tableau IV).
Tableau IV : Liste et position géographique des villages
parcourus dans la zone d'étude
Ethnies
|
Communes
|
Villages
|
Latitude
|
Longitude
|
Altitude (m)
|
Bariba
|
Kouandé
|
Béké
|
10°16'00''
|
01°47'00»
|
395
|
Tamsé
|
10°25'00''
|
01°41'00»
|
390
|
Berba
|
Matéri
|
Monmonsa
|
10°43'02.2»
|
01°11'25.5»
|
397
|
Toubougnidi
|
10°42'51.6»
|
01°02'02.05»
|
397
|
Ditamari
|
Boucoumbé
|
Koussoukouangou
|
10°09'53.4»
|
01°12'11.8»
|
522
|
Koutagou
|
10°08'43.0»
|
01°08'11.8»
|
252
|
M'bermin
|
Kobli
|
Namontiaga
|
10°26'02.6»
|
00°26'02.6»
|
200
|
Nouagou
|
10°30'39.6»
|
01°00'30.4»
|
251
|
Natimba
|
Tanguiéta
|
Nafayoti
|
10°20'26.4»
|
01°21'05.9»
|
480
|
Toukountouna
|
Toukountouna Centre
|
10°32'48.8»
|
01°12'42.9»
|
231
|
Wama
|
Natitingou
|
Perpoyakou
|
10°27'41.5»
|
01°38'14.5»
|
576
|
Toukountouna
|
Tchakalakou
|
10°32'22.4»
|
01°20'46.5»
|
425
|
2.3. Collecte des données
La collecte des données est faite à travers les
enquêtes de groupe (au niveau des villages) et des entretiens individuels
(au niveau des ménages) sur la base d'un questionnaire établi
à partir de celui utilisé dans le projet régional sur la
biodiversité des LFT du type africain récemment
élaboré et exécuté par l'Institut International des
Ressources phytogénétiques (Chweya and Eyzaguirre, 1999). Dans
chaque village retenu, les discussions ont été orientées
vers les femmes parce que les activités liées aux LFT sont
presqu'exclusivement réservées aux femmes ; cependant, les hommes
n'ont pas été exclus. Dans les villages, les données ont
été collectées avec l'aide des secrétaires de
groupements villageois (GV) et des présidentes des associations de
femmes qui ont servi de guide et d'interprète.
a. Enquête de groupe
La taille minimale d'un groupe constitué de femmes et
d'hommes de tous les ages est fixée à 30. Les vieilles femmes ont
de nombreuses connaissances sur les légumes anciens, les méthodes
anciennes de préparation et les vertus médicinales. Les jeunes
ont beaucoup plus d'informations sur les légumes actuels, les nouvelles
méthodes de préparation et les légumes cultivés ou
introduits.
A la veille de la séance dans chaque village et par
l'intermédiaire de la présidente du groupement féminin et
du secrétaire du GV, il a été demandé aux femmes de
chercher pour la circonstance, des échantillons de LF qu'elles
consomment, qu'elles connaissent ou dont elles ont entendu parler dans le
village.
En groupe, et après un exposé clair des
objectifs de l'étude, les LF consommés dans le village sont
inventoriés et les échantillons (disposés au sol et au
milieu de l'assistance) sont étiquétés en langue
vernaculaire. Sur chaque espèce et à l'aide d'un guide
d'entretien, les informations suivantes ont été collectées
:
· Nom scientifique (déterminé par le
taxonomiste de l'herbier national),
· Noms vernaculaires dans d'autres langues,
· Signification (si possible) du nom vernaculaire,
· Origine,
· Statut (sauvage, semi-sauvage ou domestiqué,
cultivé),
· Habitat (pour les sauvages),
· Période de disponibilité,
· Mode de multiplication,
· Production,
· Cueillette,
· Conservation post-récolte,
· Préparation,
· Commercialisation,
· Valeur marchande,
· Valeur nutritive (perception paysanne),
· Vertus médicinales,
· Importance culturelle,
· Tabous,
· Traits préferables,
· Traits indésirables,
· Niveau de consommation (détermination des
espèces importantes) et possibilité de domestication.
Des échantillons d'herbier ont été
prélevés pour les espèces difficiles à identifier
sur le terrain. Leur détermination est effectuée à
l'herbier national de l'Université d'Abomey-Calavi. La nomenclature
adoptée est celle de Lebrun et Stork (1997).
b. Enquête individuelle
L'unité d'enquête est le ménage. Dans
chaque village, les ménages enquêtés ont été
aussi choisis au hasard mais suivant la méthode de transect. Ici, une
ruelle principale traversant tout le village est considérée comme
la ligne de base ou transect. Les ménages ont été choisis
le long du transect et de part et d'autre suivant un intervalle fixe de cinq
maisons. Au total, 10 ménages ont été retenus par village
soit 20 par aire ethnique. Dans toute la zone d'étude 120 ménages
ont été enquêtés.
Dans un village donné et au niveau de chaque
ménage, les entretiens ont eu lieu avec la femme (ou l'une des femmes en
cas de de polygamie) du chef de ménage en présence ou non de
celui-ci.). De façon participative, sans aucune limitation de temps
(Christinck et al., 2000) et sur la base d'une matrice de comparaison (Kamara
et al., 1996 ; Defoer et al., 1997 ; Chweya and Eyzaguirre, 1999) les 10
espèces les plus consommées par la communauté
(identifiées en groupe) ont été comparées entre
elles deux à deux. Pour chaque paire de légumes, la femme
enquêtée est amenée à choisir celui qu'elle
préfère et à avancer librement les raisons (gout,
disponibilité, facilité de cuisson etc.) de son choix. Cette
approche permet non seulement de classer les principaux légumes selon
leur dégré de préférence mais aussi d'identifier et
de hiérarchiser les critères de
choix. Les entretiens individuels au niveau ménage ont
aussi permis, à travers les raisons de choix, de complèter les
données ethnobotaniques collectées en groupes.
c. Visite de terrain et exploration des marchés
Les enquêtes ont été
complètées par des observations directes suivies de discussions
dans les jardins de case, les champs à proximité des maisons et
dans les jachères où ils sont cultivés ou cueillis. Afin
d'évaluer les légumes-feuilles vendus de même que leur
valeur marchande, les marchés ont été aussi
visités.
3. Analyse statistique des données
Les données recueillies sur le terrain ont
été dépouillées, saisies et analysées par
village et ensuite par groupe ethnique en partie par la statistique descriptive
(moyenne, écart-type, fréquence, pourcentage). Les
résultats de l'analyse descriptive sont présentés sous
forme de tableaux et de graphiques construits avec le logiciel
Excel®.
L'indice de diversité de Shannon-Wiener (Dajoz, 1985) a
été calculé selon la formule - pi
log2 pi (Pi = ni / N ; ni = nombre d'espèces de
légumes-feuilles consommées par l'ethnie i
et N = Óni) pour apprécier la diversité des
espèces de LF consommées dans la zone d'étude.
L'indice de similarité de Jaccard (Jaccard, 1908) a
été utilisé selon la formule suivante
SJ = Nxy / (Nx + Ny) - Nxy
(Nx est le nombre d'espèce dans l'ethnie x, Ny le
nombre d'espèces dans l'ethnie y et Nxy le nombre
d'espèces communes aux ethnies x et y) pour calculer le taux de
similarité entre les différentes ethnies et construire une
matrice de similarité. Un dendrogramme a été construit
avec le logiciel SAS® et a permis de classer les ethnies sur la
base de leur similarité. Pour construire le dendrogramme, les ethnies
ont été considérées comme des individus et les
espèces comme des variables. Un tableau de contingence à deux
valeurs (0 et 1) a été alors construit avec 6 individus et 61
variables. Pour chaque ethnie donnée, lorsque l'espèce est
consommée, elle est codée 1 et lorsqu'elle n'est pas
consommée elle est codée 0.
RESULTATS ET DISCUSSION
1. Situations démographiques des ménages
et profil socioéconomique des enquêtés
1.1. Données démographiques des
ménages
a. Taille des ménages
La taille du ménage renseigne sur le nombre d'individus
qui partage le même repas au sein d'un ménage et pourrait
déterminer le choix des LF à préparer. Chez les Bariba
(tableau V) un ménage compte en moyenne 10 individus alors que chez les
cinq autres ethnies la taille moyenne du ménage est plus faible et varie
entre 6 et 7.
Tableau V: Taille des ménages enquêtés dans
les différentes aires ethniques
Ethnies
|
Taille minimale
|
Taille maximale
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Bariba
|
5
|
16
|
10,05
|
3,66
|
Berba
|
4
|
12
|
6,85
|
2,47
|
Ditamari
|
3
|
12
|
6,45
|
3,05
|
M'bermin
|
4
|
11
|
7,15
|
2,25
|
Natimba
|
3
|
9
|
6,15
|
1.42
|
Wama
|
3
|
11
|
6,40
|
2,56
|
b. Ages des femmes enquêtées
Le tableau VI montre une variation de l'âge moyen des
femmes enquêtées dans les différentes ethnies. En effet
l'âge moyen est faible chez les M'bermin (34 ans), les Wama (34 ans), les
Bariba (35 ans) et les Berba (36 ans) tandis que chez les Natimba et les
Ditamari, la moyenne d'âge est élevée et équivaut
respectivement à 39 ans et 41ans. Dans l'ensemble, la tranche
d'âge de la population enquêtée varie de 18 à 62
ans.
Parmi les 120 femmes enquêtées, 99 ont entre 20
ans et 50 ans et 21 femmes ont plus de 50 ans (figure 2). Elles sont donc en
majorité relativement jeunes. La présence bien que faible de
femmes relativement agées permet l'accès à des
connaissances et des pratiques endogènes anciennes.
Tableau VI: Variation de l'âge des enquêtés
selon les differentes aires ethniques
Ethnies
|
Age minimal
|
Age maximal
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Bariba
|
18
|
54
|
35
|
10,38
|
Berba
|
19
|
59
|
36,45
|
13,37
|
Ditamari
|
20
|
60
|
40,9
|
12,35
|
M'bermin
|
18
|
52
|
33,9
|
8,89
|
Natimba
|
22
|
62
|
38,75
|
11,62
|
Wama
|
20
|
56
|
34,4
|
10,59
|
Nombre de femmes
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
[20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ Tranches
d'âge
Figure 2 : Répartition des femmes enquêtées
par tranche d'âge dans la zone d'étude
1.2. Profil socioéconomique des
enquêtés
a. Religions des enquêtées
Le tableau VII présente le statut religieux des
populations ciblées. On note une forte dominance du christianisme chez
les Berba (65%), les M'bermin (60%) et les Wama (60%). Chez les Natimba et
surtout chez les Ditamari, l'animisme est pratiquée par respectivement
60% et 70% des enquêtées. Dans l'aire culturelle Bariba les femmes
enquêtées sont en majorité (70%) musulmanes. En
considérant la région étudiée dans son ensemble,
43,34% des enquêtées pratiquent le christianisme, 42,5% l'animiste
et 14,16% l'islam.
Tableau VII: Répartition des ménages suivant leurs
religions pratiquées
Religions pratiquées
|
Ethnies (%)
|
|
Berba
|
Ditamari
|
M'bermin
|
Natimba
|
Waama
|
Animiste
|
20
|
35
|
70
|
40
|
60
|
30
|
Christianisme
|
10
|
65
|
30
|
60
|
35
|
60
|
Islam
|
70
|
0
|
0
|
0
|
5
|
10
|
|
b. Niveau d'instruction des
enquêtées
La figure 3 et le tableau VIII résument la
répartition du niveau d'instruction des enquêtées de la
zone d'étude. Les femmes enquêtées sont en grande
majorité (76,66%) des analphabètes, 20% sont instruites à
un niveau faible (cours primaire) et seulement 2,5% ont suivi des cours
d'alphabétisation. Le taux d'analphabètes est plus
élévé chez les femmes Ditamari (95%) et M'bermin (90%) et
relativement plus faible chez les Wama et les Natimba.
%de femmes enquetees
40
60
20
90
80
70
50
30
10
0
Niveau d'instruction
Figure 3 : Répartition du niveau d'instruction des femmes
enquêtées
Tableau VIII: Variation du niveau d'instruction des femmes
enquêtées selon leurs ethnies
Niveau d'instruction
|
Ethnies (%)
|
Bariba
|
Berba
|
Ditamari
|
M'bermin
|
Natimba
|
Waama
|
Aucun
|
80
|
70
|
95
|
90
|
65
|
60
|
Primaire
|
15
|
30
|
5
|
10
|
25
|
35
|
Secondaire
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
Alphabétisée
|
5
|
0
|
0
|
0
|
10
|
0
|
c. Occupation des enquêtées
Les résultats sur les différentes occupations
quotidiennes des femmes enquêtées sont consignés dans le
tableau IX. La totalité des femmes rencontrées dans les
différentes aires culturelles Berba, Ditamari et Wama sont des
ménagères et s'occupent de la plupart du temps des travaux des
champs. Chez les Bariba, les M'bermin et les Natimba, une à deux femmes
interwievées sont soit des artisans (couturière, tricoteuse),
soit des commerçantes. Notons que parmi les ménagères
quelques unes se livrent à la transformation de certains produits de
récolte tels que la boisson locale « tchoukoutou» à
base de sorgho, des galettes à partir de l'arachide, etc.
Tableau IX: Occupation des femmes enquêtées selon
leurs ethnies
Occupation des enquetés
|
Ethnies (%)
|
Bariba
|
Berba
|
Ditamari
|
M'bermin
|
Natimba
|
Waama
|
Ménagères
|
90
|
100
|
100
|
90
|
95
|
100
|
Artisans
|
10
|
0
|
0
|
5
|
0
|
0
|
Commerçants
|
0
|
0
|
0
|
5
|
5
|
0
|
2. Diversité des LFT consommés dans le
département de l'Atakora
Une forte diversité de LF est consommée par les
populations de l'Atakora. Soixante et une (61) espèces de plantes
consommées comme LFT, ont été recensées (tableau
XII). Ces LFT sont regroupés en 44 genres et 29 familles. Les familles
les plus representées sont les Solanaceae (5), les Amaranthaceae (5),
les Tiliaceae (4), les Cucurbitaceae (4), les Maraceae (4), les Acanthaceae
(3), les Caesalpiniaceae (3), les Vitaceae (3), les Malvaceae (3); ensuite les
Pedaliaceae (2), les Bombacaceae (2), les Convolvulaceae (2), les Verbenaceae
(2), les Araceae (2), les Asteraceae (2) et les 14 autres familles, pas moins
importantes, sont représentées pas une seule espèce (tab.
XII).
Considérant le type de plante, 54% des espèces
consommées sont des herbacées, 21 % sont des lianes, 14 % sont
des arbustres et les arbres ne représentent que 11 %.
La figure 4 montre les différentes natures des
espèces de LFT consommés dans la zone étude. En effet, sur
les 61 espèces recencées, seulement 21 sont cultivées
(dans les champs et jardins de case) et 40 sont sauvages et font l'objet de
cueillette. Les sauvages dominent donc largement les cultivés. Ce
résultat est attendu vu le niveau de développement de la zone
d'étude.
21
40
L F cultivés
L F sauvages
Figure 4 : Nature des LF consommés
Leur nombre varie d'une ethnie à une autre. On compte
en moyenne 32 espèces par ethnie. La plus faible diversité
spécifique est obtenue chez les Ditamari (28 espèces) et la plus
forte diversité spécifique (37 espèces) chez les Wama
(tableau X). A l'instar de la zone d'étude, les LFT de cueillette sont
plus nombreux dans toutes les ethnies à l'exception des Ditamari qui
vivent dans une zone agroécologique très accidentée qui
constitue un facteur limitant à la cueillette des espèces
sauvages (figure 5).
Tableau X : Nature et types de LF consommés selon les
ethnies
Ethnies
|
Statut des espèces consommées
|
Types de légumes
|
Cultivés
|
Sauvages
|
Total
|
Gluants
|
Epinards
|
Accomp.
|
Aromatiques
|
Bariba
|
15
|
18
|
33
|
7
|
11
|
14
|
1
|
Berba
|
13
|
16
|
29
|
12
|
10
|
5
|
2
|
Ditamari
|
15
|
13
|
28
|
9
|
13
|
4
|
2
|
M'bermin
|
15
|
17
|
32
|
9
|
13
|
8
|
2
|
Natimba
|
14
|
18
|
32
|
8
|
12
|
10
|
2
|
Wama
|
17
|
20
|
37
|
11
|
17
|
7
|
2
|
Legumes feuilles
25
20
15
10
5
0
20
17
18 17 18
16 15
14 13 13
15 15
Ethnies
Espèces sauvages
Espèces cultivées
Figure 5: Importance relative des LF cultivés et sauvages
dans les différentes ethnies
Parmi les espèces consommées, on distingue
suivant le processus de préparation plusieurs types de LF (tableau X).
Certaines espèces utilisées pendant les périodes de
soudure ou en association avec d'autres LF sont appelées LF
d'accompagnement et sont les plus nombreux. D'autres espèces sont
bouillies ou précuites et sont dénommées des
épinards. Les gluants sont des espèces mucilagineuses et les LF
aromatiques sont des espèces odoriférantes. Ainsi on
dénombre 23 LF d'accompagnement, 20 sont des épinards, 16 sont
des gluants et seulement deux LF aromatiques.
L'observation de la figure 6 révèle que le
nombre de ces différents légumes varie d'une ethnie à une
autre. Les Berba disposent plus de gluants tandis que chez les Wama, ce sont
les épinards qui dominent en effectif et les Bariba quant à eux,
utilisent beaucoup plus de LF d'accompagnement. Deux espèces
odoriférantes (Cymbopogon giganteus Chiov. et Ocimum
gratissimum L.) utilisées comme LF aromatiques sont les mêmes
partout à l'exception de l'aire culturelle Bariba qui ne consomme que
Ocimum gratissimum L.
Nombre de type de LF
18
16
14
12
10
4
8
6
2
0
Ethnies
Accomp. Epinards Gluants Aromatiques
Figure 6 : Variation des différents types de LF selon les
ethnies
L'indice de diversité de Shannon-Wiener (fonction de
l'abondance et de la richesse spécifique des LF) calculé pour
apprécier la diversité spécifique de la zone détude
est H'= 2,58. Cette valeur élevée (0,5 < H'< 4,5) traduit
une importante diversité des LFT dans le département de
l'Atacora.
Pour comparer la diversité entre les ethnies (deux
à deux), l'indice de similarité de Jaccard (SJ) a
été calculé. L'analyse du tableau XI montre que SJ est
supérieur à 25% dans tous les cas. Il existe donc une forte
similarité entre les différentes ethnies. Le plus faible taux de
similarité (40,42%) est obtenu entre les Wama et les Berba alors que le
plus fort taux de similarité (71,42%) entre les Ditamari et les
Natimba.
Le dendrogramme de la figure 7 a permis d'identifier les
groupes ethniques de diversité semblables et de les classer sur la base
de leur similarité. En se basant sur l'algorithme de WARD, on obtient
pour R2 = 57 % trois groupes d'ethnies :
- Le premier groupe qui consomme 72,13 % des LFT
inventoriés, englobe les ethnies Ditamari, Natimba et Wama situés
au Centre de la zone d'étude.
- Le second groupe utilise 62,3% des LFT étudiés et
englobe les ethnies Berba et M'bermin situés à l'Ouest du
département de l'Atakora.
- Le troisième groupe consomme 54,10% desdits LFT et est
constitué uniquement de l'ethnie Bariba qui se retrouve à l'Est
de la zone d'étude.
Cette configuration montre que les populations des ethnies
d'une même aire géographique ont sensiblement les mêmes
habitudes alimentaires. En effet il existe une parfaite intégration
ethnique entre les populations de différentes aires culturelles.
L'importante diversité des LFT observée
s'explique par la variabilité agroécologique et la
diversité ethnique. Les différents résultats montrent que
dans chaque ethnie et à travers toute la zone d'étude, les LF de
cueillette sont fortement représentés. La
prépondérance de ces derniers est dûe à la
proximité des formations végétales des habitations dans
les zones rurales et cela nous amène à dire que l'alimentation de
ces populations repose encore sur la cueillette
Tableau XI : La matrice de similarité de Jaccard (%) des
ethnies
|
Bariba
|
Bariba
|
100
|
Berba
|
44,18
|
Ditamari
|
41,86
|
M'bermin
|
44,12
|
Natimba
|
41,30
|
Wama
|
42,85
|
Berba Ditamari M'bermin Natimba Wama
100
42,50 100
60,05 58 100
48,78 71,42 60 100
40,42 66,66 50 56,52 100
Figure 7 : Dendrogramme des Ethnies en fonction de leur
consommation des LFT.
Tableau XII : Répartition, distribution et description des
LFT consommés dans l'Atacora
N°
|
Noms scientifiques
|
Noms vernaculaires, ethnies d'appellation et degré de
consommation
|
Statut
|
Période de disponibilité
|
Type de plante
|
Type de légume
|
1
|
Abelmoschus esculentus L. Moench. (Malvaceae)
|
Nitti (Natimba, +++) ; Laakoua-fiatou (Berba, +)
Mamfaaman(Wama, +++) ; Tinonxanté (M'bermin, +) ; Tinoufanti (Ditamari,
+) ; Kôbusa (Bariba, +++)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Gluant
|
2
|
Acmella iluginosa Sw. (Asteraceae)
|
Tambiéti (Natimba, +) ; Tipébouoti (Ditamari, +) ;
Oubouonou /ibouoni (M'bermin, +++) ; Yoritampoobou (Wama, +)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard
|
3
|
Adansonia digitata Linn. (Bombacaceae)
|
Kpêêbouofa (Wama, +++) ; Soutri (Natimba, +++) ;
Titolikaaté (M'bermin, +++ ; Titonankanti (Ditamari, +++) ;
Toféhoun (Berba, +++) ; Sônan (Bariba, +++)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbre
|
Gluant
|
4
|
Afzelia africana Sm. (Caesalpiniaceae)
|
Kouan'di (Natimba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbre
|
Accomp.*
|
5
|
Amaranthus hybridus Linn. (Amaranthaceae)
|
Apén'kênonkouanain (M'bermin, +) ;
Aléfô (Ditamari, +++); Aléfô perti (Natimba) ;
Effô (Berba, +++); Yonbinan kponan (Wama, +++) ; Afônu (Bariba,
+++)
|
Cultivé
|
Toute saison
|
Herbe
|
Epinard
|
6
|
Amaranthus dubius Mart. ex Thell. (Amaranthaceae)
|
Yombibitrinan (Wama, +) ; Titanman pémannouan n'ti
(Ditamari, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard
|
7
|
Amaranthus spinosus Linn. (Amaranthaceae)
|
Tipiékannonté (M'bermin, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard
|
8
|
Basella alba Linn. (Basellaceae)
|
Tchôôssikpékpééfa (Wama, +)
|
Cultivé
|
Toute saison
|
Liane
|
Epinard
|
9
|
Boerhavia diffusa (L.) T. Anders.(Acanthaceae)
|
Kurô kuntônu (Bariba, +++)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Accomp.
|
10
|
Capsicum frutescens Linn. (Solanaceae)
|
Santofanti (Natimba, +) ; Tchieng-fiatou (Berba, +) ;
Tikalmanixanté (M'bermin,+)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Arbustre
|
Accomp.
|
11
|
Cassia occidentalis Linn. (Caesalpiniaceae)
|
Konkouandi (Natimba, +) ; Kpêwounkpêwountou (Wama, +)
; Toutoukouyoôti (Ditamari, +) ; Gnangninou (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Accomp.
|
12
|
Cassia tora Linn. (Caesalpiniaceae)
|
Iwanwanki (M'bermin, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Accomp.
|
13
|
Ceiba pentandra (L.) Gaertn. (Bombacaceae)
|
Tixoxanté /Tixon'té (M'bermin, +++) ; Xouwoundou
(Berba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbre
|
Gluant
|
14
|
Celosia argentea Linn. (Amaranthaceae)
|
Aléfô (Berba, +); Aléfô (Natimba, +);
Tipékênonté (M'bermin, +) ; Yonbinan bitinan(Wama, +);
Aléfô (Ditamari, +); Aléfô (Bariba,+)
|
Cultivé
|
Toute saison
|
Herbe
|
Epinard
|
15
|
Celosia trigyna Linn. (Amaranthaceae)
|
Sounainriman (Wama,+); Tixouxékitê (M'bermin,+);
Sombékékéssou (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard
|
16
|
Ceratotheca sesamoides Endl. (Pedaliaceae)
|
Tikpain n'tissêdon n'té (M'bermin, +++) ;
Taanonwonman (Wama, +++) ; Toohoun (Berba, +++) ; Siwadompéi (Ditamari,
+++) ; Xangalan'ndé (Natimba, +++) ; Kpee Wori (Bariba, +++)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Gluant
|
17
|
Chrysantellum americanum (L.) Vatke (Composae)
|
Kparokonataro (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Accomp.
|
18
|
Cissus palmatifolia (Bak.) Planch. (Vitaceae)
|
Djougou'ngnoué (Berba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Gluant
|
19
|
Cissus populnea Guill. & Perr. (Vitaceae)
|
Diyôn'yon'dé (M'bermin, +) ; Youani (Berba, +) ;
Sararu (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Gluant
|
20
|
Citrullus colocynthis (L.) Schrad. (Cucurbitaceae)
|
Nandéétou (Wama, +) ; Agoussiwouloussou (Bariba,
+)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Accomp.
|
21
|
Colocasia esculenta (L.) Schott (Araceae)
|
Kokoobou (Wama, +) ; Tikowounkofanti (Ditamari, +) ; Mangari
(Bariba, +) ; Timoukan n'té (M'bermin, +)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Accomp.
|
22
|
Corchorus olitorius Linn. (Tiliaceae)
|
Tifanwounti (Ditamari, +++) ; Ayôyô (Natimba, +++) ;
Fouam(Berba, +++) ; Sékéfêman(Wama, +++) ;
Tikpanouxanté(M'bermin, +++); Wurô-wurôku (Bariba, +++)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Gluant
|
23
|
Corchorus tridens Linn. (Tiliaceae)
|
Fanwounfanti (Natimba, +) ; Fêêman (Wama, +) ;
Fouassimou(Berba, +) Ifanyéé (Ditamari, +) ; Tixanté
/ouxanxoun (M'bermin, +) ; Nonmonnon (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Gluant
|
24
|
Cucurbita moschata (Duch. ex Lam.) Duch. ex Poir
(Cucurbitaceae)
|
Naindibou (Wama, +); Piéti /piéka (Natimba, +) ;
Tipété (M'bermin, +++) ; Tipétifanti (Ditamari, +) ;
Gbôôrô (Bariba, +)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Accomp.
|
25
|
Cymbopogon giganteus Chiov. (Poaceae)
|
Dimongnonsidé (M'bermin, +++) ; Kinwounkou (Natimba, +) ;
Elakômounra (Ditamari, +) ; Xaassoun (Berba, +) ; Yakimonrbou (Wama,
+)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Aromatique /Accomp
|
26
|
Cyphostemma adenocaule Steud. ex A. Rich. (Vitaceae)
|
Tawounkorékapémainsitou(Wama,+)
;Tidodikon'té (M'bermin, +) ; Téwoungakoundi ( Natimba, +) ;
Tiyankwoun'ti (Ditamari, +) ; Sannonmounon (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison sèche
|
Liane
|
Gluant.
|
27
|
Dyschoriste perrottetii (Nees) O. Ktze. (Acanthaceae)
|
Kpatawounkpaakou (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Accomp.
|
28
|
Ficus sur Forsk. (Moraceae)
|
Kamboussboug (Berba, +) ; Kannsaaribou(Wama, +) ; Kankandri
(Natimba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbuste
|
Gluant
|
29
|
Ficus ingens (Miq.) Miq. (Moraceae)
|
Piatou /Piarfiatou (Berba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbre
|
Accomp.
|
30
|
Ficus sycomorus Linn. (Moraceae)
|
Tipénouann'ti (Ditamari, +) ; Pékalan'di (Natimba,
+) ; Trootou(Wama, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbuste
|
Gluant
|
31
|
Gardenia ternifolia Schum & Thonn. (Rubiaceae)
|
Som'ti (Natimba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbuste
|
Accomp.
|
32
|
Gmelina arborea Ronb. (Verbenaceae)
|
Monwouloussou (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbre
|
Accomp.
|
33
|
Grewia lasiodiscus K. Schum. (Tiliaceae)
|
Saarhoun (Berba, +) ; Sarikibou (Wama, +) Tissanti (Ditamari,+) ;
Kobitri ( Natimba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbuste
|
Gluant
|
34
|
Gynandropsis gynandra (L.) Briq. (Capparaceae)
|
Kaassia (Wama, +) ; Kiyépiéti(Natimba, +)
Titchéfouwounti (Ditamari, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Accomp.
|
35
|
Hibiscus asper Hook. (Malvaceae)
|
Bootaman (Wama, +) ; Kantabooti (Natimba, +) Kouandou (Berba,
+++) ; Tikômignanatité (M'bermin, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard
|
36
|
Hibiscus sabdariffa Linn. (Malvaceae)
|
Bayouani (Berba, +++) ; Bitri (Natimba, +++); Mainsitou (Wama, +)
; Tikwouann'ti (Ditamari, +++) ; Tikonn'té (M'bermin, +++) ;
Titchanbouoti (Ditamari, +++) ; Sééri (Bariba, +++)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard
|
37
|
Hybanthus enneaspermus (L.) F. v. Muell.( Violaceae)
|
Gbogokou (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Gluant
|
38
|
Ipomea batatas (L.) Lam. (Convolvulaceae)
|
Frôwontêman (Wama, +)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Accomp
|
39
|
Jacquemotia tamnifolia (L.) Griseb.( Convolvulaceae)
|
Kôôtibitrita (Wama, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Epinard
|
40
|
Justicia tenella (Nees) T. Anders (Acanthaceae)
|
Diimounn' tchro (Wama +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard
|
41
|
Lagenaria siceraria (Molina) Standl. (Cucurbitaceae)
|
Gbessèrou (Bariba, +)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Accomp.
|
42
|
Lepistemon owariense (P. Beauv.) Hallier f.
|
Agbérékousséri (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Accomp.
|
43
|
Leptadenia hastata (Pers.) Decne (Asclepiadaceae)
|
Irg-irou (Berba, +); Outilinoukou (M'bermin, +);
Souadobirikérou (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Toute saison
|
Liane
|
Accomp.
|
44
|
Luffa cylindrica (L.) M. J. Roem. (Cucurbitaceae )
|
Kôrôrô (Wama, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Accomp.
|
45
|
Manihot esculenta Crantz (Euphorbiaceae)
|
Fangnouo-fiatou (Berba, +) ; Kpakiwouloussou (Bariba, +)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Arbuste
|
Epinard
|
46
|
Melochia corchorifolia Linn. (Tiliaceae )
|
Nambitou /kanabitou (Berba, +); Trampoun'tou (Wama, +)
Tibaabouonté (M'bermin, +)
|
Sauvage
|
Toute saison
|
Herbe
|
Gluant
|
47
|
Moringa oleifera Linn. (Moringaceae)
|
Kêpiénouakê (M'bermin, +) ; Lapouonouog
(Berba, +++) ; Mansamanbou (Wama, +) ; Mounpêkom (Ditamari, +) ;
Tiékpaimm(Natimba, +) ; Yorou yara (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbustre
|
Epinard
|
48
|
Ocimum gratissimum Linn. (Lamiaceae)
|
Kakabohoun (Berba, +) ; Tignainti (Ditamari,+) ;
Wanriman(Wama, +) Tignainté (ougnainhoun) (M'bermin, +) ; Wounonwounon
(Bariba, +) Kowountiti (Natimba, +)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Aromatique/ Accomp.
|
49
|
Sesamum radiatum Schum. & Thonn (Pedaliaceae)
|
Nonman (Wama, +++); Tissêdôonté(M'bermin,
+++) ; Toohoun(Berba, +++) ; Touwadouanti(Ditamari, +++) ;
Xangalamboati(Natimba, +++) ; Dossi (Bariba, +++)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Gluant
|
50
|
Solanum aethiopicum Schum. & Linn.
(Solanaceae)
|
Kainton'ko(M'bermin); Kanwountowoungo(Natimba, +++);
Kawountowoungla(Ditamari,+); Kpanwounsatou(Wama, +)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard.
|
51
|
Solanum nigrum Linn. (Solanaceae )
|
Kowounpti (Natimba, +); M'bôôtakam(Ditamari, +);
Akoribouotê(M'bermin, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard
|
52
|
Solanum americanum Linn. (Solanaceae )
|
Krokotou (Wama, +);
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard
|
53
|
Solanum licopersicum Linn. (Solanaceae )
|
Tomati xanté (M'bermin,+) ; Tomatifanti (Natimba,+) ;
Sématou(Berba,+) ; Timantiwouloussou(Bariba,+)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Accomp.
|
54
|
Solanum macrocarpon Linn. (Solanaceae )
|
Babatou (Wama, +++); Boualakamdi(Natimba, +++);
Kôrôfiatou / Korfiatou (Berba, +++); Tikann'té M'bermin, +)
; Tikawounfanti(Ditamari, +) ; Sanbinu (Bariba, +++)
|
Cultivé
|
Toute saison
|
Herbe
|
Epinard
|
55
|
Sterculia setigera Del. (Sterculiaceae)
|
Tabdiéhoun (Berba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbre
|
Gluant
|
56
|
Strychnos spinosa Lam. (Loganiaceae)
|
Bolon'boti (Natimba, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Arbuste
|
Accomp.
|
57
|
Stylochiton lancifolius Lepr. (Araceae)
|
Kètèkoussou (Bariba, +)
|
Sauvage
|
Saison sèche
|
Herbe
|
Accomp.
|
58
|
Talinum triangularis (Jacq.) Willd. (Portulacaceae)
|
Yêmontouo (Ditamari, +)
|
Sauvage
|
Saison pluvieuse
|
Herbe
|
Epinard
|
59
|
Vernonia amygdalina Del. (Asteraceae)
|
Kakawaabou (Wama, +++) ; Tifinhouti (Ditamari, +++) ;
Tchagrtouwounssou (Berba, +) ; Tikountéété (M'bermin, +) ;
Touwan (Bariba, +) ; Kankansoti (Natimba, +)
|
Cultivé
|
Toute Saison
|
Arbuste
|
Epinard
|
60
|
Vigna unguiculata (L.) Walp. (Fabaceae)
|
Gnanwounguitou (Wama, +++) Titouti(Ditamari, +++) ; Tiwounti
(Natimba, +++) ; Toun'dou(Berba, +++) ; Tnainyériton n'té
(M'bermin, +) ; Suiwouloussou (Bariba, +)
|
Cultivé
|
Saison pluvieuse
|
Liane
|
Accomp.
|
61
|
Vitex doniana Sweet (Verbenaceae)
|
Timantoun n'ti (Ditamari, +++) ; Tiwatonn'té (M'bermin,
+++) ; Xaatou (Berba, +++) ; Xantiri (Natimba, +) ; Yainrikowountou (Wama, +++)
; Kounonkou (Bariba, +++)
|
Sauvage
|
Saison sèche
|
Arbre
|
Epinard
|
* Accompagnement ; +++ : fortement consommé ; + :
faiblement consommé
3. Variation des LF à travers les
différentes zones ethniques
Les espèces de LF varient largement d'une ethnie
à une autre. Parmi les 61 espèces, vingt dont 11 cultivés
et 9 sauvages (tableau XII) sont privilégiés et donc
consommés en majorité par au moins une ethnie. Dans l'ensemble,
on note une importante proportion (45%) des LF de cueillette parmi les LF
fondamentales. Les populations des ethnies Berba, Ditamari, Natimba, M'bermin
et Bariba leur accordent beaucoup plus d'importance vue qu'ils occupent une
place de choix dans leur alimentation quotidienne. Aussi, les espèces
mucilagineuses dont les feuilles donnent une sauce gluante, sont au nombre de
sept (7) au sein de la diversité des LFT.
Quinze espèces (10 cultivées et 5 sauvages) sont
communes et consommées à dégré divers par toutes
les ethnies et ont donc une importance zonale (Tableau XII). Parmi celles-ci,
10 sont de
grande importance et sont prioritaires ou fortement
consommées dans toute la zone d'étude. Iis'agit de :
Adansonia digitata ; Amaranthus hybridus ; Ceratotheca sesamoïdes ;
Corchorus
olitorius ; Hibiscus esculentus ; Hibiscus sabdariffa ;
Sesamum radiatum ; Solanum
macrocarpum ; Vigna unguiculata et Vitex
doniana.
Beaucoup de LF (23 au total) sont spécifiques à
des groupes ethniques donnés et ne sont consommés que par ceux-ci
(tableau XIII). Dans cet ensemble les espèces sauvages sont majoritaires
et représentent 95 % des LF spécifiques. En dehors de
Boerhavia diffusa qui est hautement consommé et même
privilégié chez les Bariba, les légumes spécifiques
à des ethnies se retrouvent tous dans la categorie des légumes
rarement consommés.
La spécificité ethnique de certains
légumes pourraient s'expliquer par l'héritage (les enfants ont vu
leurs parents consommer les feuilles de certaines espèces
spontanées comme Jacquemontia tamnifolia retrouvée
uniquement chez les Waama) ou par la copie d'habitude alimentaire
empruntée à une autre ethnie (exemple de Talinum
triangulare avec l'ethnie fon du sud Bénin).
Tableau XIII: Répartition des LFT spécifiques
à chaque groupe ethnique
Ethnies
|
LFT spécifiques
|
Bariba
|
Boerhavia diffusa, Chrysantellum americanum,
Dyschoriste perrottetii, Gmelina arborea, Hybanthus
enneaspermus, Lagenaria siceraria, Lepistemon owariense,
Stylochiton lancifolius.
|
Berba
|
Cissus palmatifolia, Ficus ingens,
Sterculia setigera.
|
Ditamari
|
Talinum triangularis
|
M'bermin
|
Amaranthus spinosus, Cassia tora
|
Natimba
|
Afzelia africana, Gardenia ternifolia,
Strychnos spinosa
|
Wama
|
Basella alba, Ipomea batatas, Jacquemotia
taminifolia, Justicia tenella, Luffa cylindrica,
Solanum americanum.
|
4. Classification des principaux LF et identification
des critères de préférence
4.1. Classification des principaux LF
Dans chaque groupe ethnique, les principaux LF
identifiés de façon participative lors des entretiens de groupe,
ont été soumis à une comparaison binaire (deux à
deux) individuelle à partir d'une matrice de comparaison. Cette
comparaison a permis de classer les principaux LF dans chaque ethnie selon leur
dégré de préference (tableau XIV). Les 10 légumes
d'importance régionale ont été ensuite classés en
sommant les différents rangs qu'ils ont occupés dans les
différentes classifications (tableau XV).
Adansonia digitata, très répandue dans
toute la zone d'étude, est l'espèce la plus
appréciée. Elle est présente aux alentours des maisons,
dans les formations végétales et aux abords des routes ou
ruelles. Elle est pérenne et produit les jeunes feuilles (partie
consommée) pendant les saisons des pluies. Les femmes disposent des
feuilles fraîches pendant la période humide tandis que les
feuilles séchées et réduites en poudre couvrent la
période sèche de l'année. Adansonia digitata est
donc consommée toute l'année et constitue aussi une importante
source de revenu (à travers la commercialisation) pour les femmes. Cela
justifie l'importance accordée à cette espèce sauvage dans
le milieu d'étude.
Tableau XIV: Hiérarchisation des principaux LF par zone
ethnique
Espèces
|
Ethnies
|
Bariba
|
Berba
|
Ditamari
|
M'bermin
|
Natimba
|
Waama
|
Acmella illuginosa
|
|
|
|
1
|
|
|
Adansonia digitata
|
3
|
1
|
1
|
4
|
1
|
6
|
Amaranthus hybridus
|
9
|
8
|
5
|
|
5
|
2
|
Boerhavia diffusa
|
5
|
|
|
|
|
|
Ceiba pentandra
|
|
|
|
3
|
|
|
Cerathoteca sesamoïdes
|
10
|
5
|
2
|
2
|
2
|
9
|
Corchorus olitorius
|
8
|
3
|
6
|
7
|
8
|
8
|
Corchorus tridens
|
|
|
10
|
|
|
|
Cucurbita moschata
|
|
|
|
8
|
|
|
Cymbopogon giganteus
|
|
|
|
10
|
|
|
Hibiscus asper
|
|
7
|
|
|
|
|
Hibiscus esculentus
|
7
|
|
|
|
7
|
5
|
Hibiscus sabdariffa
|
2
|
9
|
4
|
9
|
9
|
|
Moringa oleifera
|
|
4
|
|
|
|
|
Sesamum radiatum
|
4
|
6
|
3
|
6
|
3
|
7
|
Solanum macrocarpum
|
6
|
10
|
|
|
4
|
3
|
Solanum aethiopicum
|
|
|
|
|
5
|
|
Vernonia amygdalina
|
|
|
7
|
|
|
4
|
Vigna unguiculata
|
|
11
|
8
|
|
10
|
10
|
Vitex doniana
|
1
|
2
|
8
|
5
|
|
1
|
Tableau XV : Principaux LFT de la zone d'étude
Espèces
|
Ethnies
|
Total
|
Rang
|
Bariba
|
Berba
|
Dit.
|
M'ber
|
Natim
|
Wama
|
Adansonia digitata
|
3
|
1
|
1
|
4
|
1
|
6
|
16
|
1er
|
Sesamum radiatum
|
4
|
5
|
3
|
6
|
3
|
7
|
28
|
2è
|
Cerathoteca sesamoides
|
10
|
5
|
2
|
2
|
2
|
9
|
30
|
3è
|
Vitex doniana
|
1
|
2
|
8
|
5
|
21
|
1
|
38
|
4è
|
Corchorus olitorius
|
8
|
3
|
6
|
7
|
8
|
8
|
40
|
5è
|
Amaranthus hybridus
|
9
|
7
|
5
|
21
|
5
|
2
|
49
|
6è
|
Hibiscus sabdariffa
|
2
|
8
|
4
|
9
|
9
|
21
|
53
|
7è
|
Solanum macrocarpum
|
6
|
9
|
21
|
21
|
4
|
3
|
64
|
8è
|
Vigna unguiculata
|
21
|
10
|
8
|
21
|
10
|
10
|
80
|
9è
|
Hibiscus esculentus
|
7
|
21
|
21
|
21
|
7
|
5
|
82
|
10è
|
Deux autres espèces morphologiquement très
semblables l'une cultivée, Sesamum radiatum et l'autre sauvage,
Cerathoteca sesamoides sont aussi très appréciées
par les populations. Tandis que les femmes Berba, Ditamari, M'bermin, Natimba
apprécient mieux Cerathoteca sesamoides, c'est plutôt
Sesamum radiatum qui est plus ou moins appréciée par les
Bariba et Wama.
Les trois premières espèces qui viennent en
tête sont toutes des gluants. Pour les populations, les sauces gluantes
surtout celles de Adansonia digitata, Cerathoteca sesamoides, Sesamum
radiatum et de Corchorius olitorius accompagnent mieux l'igname
pilée et la pâte (maïs, sorgho, mil) qui constituent leur
aliment de base.
Acmella iluginosa, légume-feuille
cultivé qui vient en tête chez les M'bermin, ne fait même
pas partir des principaux LF chez les cinq autres ethnies. Il s'agit en effet
d'un LF nouvellement introduit dans la zone d'etude mais
particulièrement adopté par les femmes M'bermin. Selon ces
dernières, Acmella iluginosa est un légume-feuille
très nutritif, antihelmintique, antibiotique et galactogène
utilisé comme alicament. Selon les populations, sa consommation
régulière permet de lutter contre les vers intestinaux, de
prévenir et de traiter les infections éventuelles qui surviennent
après l'accouchement, de déclencher et de stimuler la
sécrétion de lait maternel. L'importance de ce légume fait
qu'il est cultivé dans les champs et jardins de case de presque tous les
ménages M'bermin.
Les feuilles de Ceiba pentandra sont très
prisées dans l'aire culturelle M'bermin vu que la
végétation de cette localité est particulièrement
parsemée de ces plantes ligneuses.
L'analyse des résultats obtenus chez les Wama indique que
les femmes de cette ethnie préfèrent plus les LF cultivés
aux légumes de cueillette. Cela se justifie par la proximité
d'un
marché urbain où les produits maraîchers
notamment les LF constituent une source de revenu non négligeable
nécessaire à l'amélioration de leur niveau de vie. Ainsi
elles s'investissent dans la culture de LF tels que Amaranthus hybridus,
Solanum macrocarpon, Solanum aethiopicum, Abelmoschus esculentus et
Hibsicus sabdariffa étant donné que la demande au
marché en ces légumes est trop forte. A la récolte, une
bonne partie de la production est alors destinée à
l'autoconsommation, ce qui justifie également la forte consommation de
ces LF par les femmes de l'ethnie Wama. Toutefois, ces populations
privilégient Vitex doniana, LF de cueillette, qui produit des
jeunes feuilles pendant la période sèche, moment de rareté
des autres légumes.
Planche I : Quelques LFT importants consommés dans
l'Atakora
Photo 1: Quelques pieds d'Abelmoschus Photo 2: Quelques
pieds d'Hibiscus
esculentus L. Moench. sabdariffa Linn
Photo 3: Des tiges de Cerathoteca
sesamoïdes Endl. Photo 4 : Feuilles et fruits verts
de Cissus
populnea Guill. & Perr.
Photo 5 : Rameaux feuillés et
fructifères d'Ocimum gratissimum Photo 6 :
Rameaux feuillés de Vernonia
amygdalina Del.
Photo 7 : Fuits et feuilles d'Adansonia digitata
Linn.
|
Photo 8 : Quelques pieds de Acmella iluginosa Sw.
Photo 8 : Quelques
|
Photo 9 : Une femme Wama Photo 10 : Quelques pieds de
tenant un pied de Gynandropsis Basella alba Linn. et
de Colocasia
gynandra (L.) Briq. esculenta Linn près
d'une case
Photo 11 : Quelques pieds de Photo 12: Rameau feuillé
Sesamum radiatum Schum. d'Amaranthus hybridus
Linn.
5. Critères de préférence des
LFT
Outre la classification des principaux LF, la matrice de
comparaison a aussi permis d'identifier et de hiérarchiser les
critères de choix des LFT. Au total 11 critères clés de
préférence (tableau XVI) ont été relevés
dans les comparaisons. Les critères recensés sont les mêmes
dans les différentes ethnies de la zone d'étude et sont soit
culinaires, économiques ou culturels.
D'une manière générale le goût, la
disponibilité et la rapidité de cuisson sont les trois
critères les plus importants et représentent à eux seuls
60,21 % des reponses obtenues. Ils sont suivis de la gratuité (faible
coût), le type de sauce (capacité à donner une sauce
gluante) et la faible exigence en condiments. Les autres critères sont
secondaires (figure 8).
Le goût (24,44% de réponses) constitue le premier
critère recherché pour toute sorte d'aliment. Les
ménagères de la zone d'étude mettent un accent particulier
sur le goût qui émane de la sauce de LF.
La disponibilité (19,51% de réponses) est un
critère aussi important. Certains légumes comme Solanum
macrocarpum, Sesamum radiatum, Corchorus olitorius, Melochia
corchorifolia etc. sont cultivés ou sauvages et ne
sont disponibles que pendant la saison pluvieuse. D'autres comme
Cerathotheca sesamoides, Adansonia digitata sont disponibles ou
peuvent être rendus disponibles toute l'année par les techniques
traditionnelles de conservation post-récolte. A coté de ces deux
groupes existe une troisième catégorie de légumes qu'on ne
consomme que dans la saison sèche. C'est le cas de Vitex doniana
et de Ficus sycomorus. Les femmes achètent rarement les LF
de contre saison au marché. Leur consommation varie donc suivant leur
période de disponibilité et une importance particulière
est accordée aux légumes disponibles pendant une longue
période.
La facilité de cuisson apparaît aussi comme un
critère important (16,26% de réponses). Ce résultat est
attendu. En effet, les femmes paysannes qui partent au champ le matin
reviennent tard le soir au village et ne disposent pas d'assez de temps et
d'energie pour préparer le repas familial.
Tableau XVI : Classification des critères de
préférence
Critères de choix
|
% de réponse
|
Rang
|
Goût
|
24,44
|
1er
|
Disponibilité
|
19,51
|
2e
|
Rapidité de cuisson
|
16,26
|
3e
|
Gratuité ou faible coût
|
8
|
4e
|
Faible exigence en condiments
|
7,5
|
5e
|
Capacité à donner sauce gluante
|
7.05
|
6e
|
Valeur nutritive
|
3,95
|
7e
|
Valeur marchande élevée
|
2,66
|
8e
|
Odeur
|
2,66
|
9e
|
Capacité d'accompagnement de plusieurs mets
|
2,44
|
10e
|
Vertu médicinale
|
1,44
|
11e
|
Frequence
30,00%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
Critères de préférence
1
Goût
Disponibilité
Rapidité de cuisson
Gratuité ou faible coût
Faible exigence en condiments
Capacité à donner sauce gluante
Valeur nutritive
Valeur marchande
Odeur
Capacité d'accompagnement de plusieurs mets
Vertu médicinale
Figure 1
Figure 8 : Classification hiérarchique des critères
de préférence dans la zone d'étude
Dans ces cas, les légumes comme Sesamum radiatum,
Cerathotheca sesamoides, Corchorus olitorius ou encore la poudre de
feuilles séchées de baobab (Adansonia digitata) qui sont
très faciles à préparer sont alors
préférés.
Deux critères (gratuité ou faible coût,
faible exigence en condiments) sont liés au niveau de vie ou de
pauvreté des populations. Dans les zones rurales, les ménages
sont pauvres et généralement de grande taille. Les femmes n'ont
souvent pas suffisamment d'argent et préfèrent baser leur cuisine
sur des légumes qu'elles cultivent elles-mêmes ou sur des
légumes de cueillette et qui preparés seulement avec la mourtade,
le piment et sel peuvent etre mangé avec satisfaction.
Le caractère gluant est un facteur qui oriente beaucoup
le choix des LF. En fait la sauce gluante obtenue à base des feuilles de
Adansonia digitata, Ceiba pentendra, Corchorius olitorius, Cerathoteca
sesamoides, etc. accompagne mieux la pâte de maïs, de sorgho,
de mil et surtout de l'igname pilée qui est l'aliment de base de la zone
d'étude.
Les autres critères de choix qui sont certes moins
importants, sont souvent mis en exergue dans certaines circonstances ; il
s'agit par exemple des vertus médicinales des LFT qui peuvent servir
à traiter certaines pathologies lorsqu'on mange une sauce à base
de ces feuilles (alicament). Sans être réellement un
critère de préference, notons que les interdits ou totem
orientent parfois le choix des légumes dans les ménages
6. Production, cueillette et conservation
post-récolte des LFT
6.1. La production et cueillette des LF
Leur production est une activité essentiellement
féminine et a lieu surtout pendant la saison pluvieuse. Certaines
espèces comme Sesamum radiatum et Solanum macrocarpum
sont produites uniquement pour leurs feuilles. D'autres espèces
comme Vigna unguiculata et Ipomea batatas sont
cultivées notamment pour les racines, les fruits ou les fleurs et
secondairement pour les feuilles. Pendant la saison sèche, les champs de
LF sont installés le long des cours d'eau, dans les marécages ou
les bas-fonds. En effet, Moustier et al. (2005) révèlent que les
zones rurales sont caractérisées par une production en plein
champ de LF en saison humide et seuls les cultivateurs disposant des parcelles
près des cours d'eau s'y consacrent pendant la saison chaude.
A l'échelle du village, les semences sont
prélevées sur les productions précédentes et sont
rarement achetées au marché local. L'investissement financier est
quasiment nul puisque les populations rurales ne disposent et n'utilisent ni
d'engrais, ni de pesticides pour la culture des LF aussi bien dans les jardins
de case que dans les champs. Cependant les sols autour des
agglomérations ou les jardins de case sont enrichis par les ordures
ménagères et le fumier des animaux domestiques qui constituent
généralement les seuls éléments organiques
fertilisants. Ainsi les LF produits dans ces conditions sont alors des
légumes biologiques exempts d'éléments indésirables
tels que les nitrates, les résidus de pesticides et de métaux
lourds (Barcker, 1975 ; Tittonell et al., 2003). Par ailleurs, ils sont
cultivés en association avec d'autres cultures vivrières dans les
champs. Ils ont une croissance rapide, ne demandent pas beaucoup d'entretien et
de plus, sont très productifs. Selon Westphal et al. (1985), une petite
parcelle de 50 m2 fournit suffisamment de LF.
La récolte de LF cultivés comme Amaranthus
hybridus, est échelonnée dans les champs et se fait par
coupes régulières et au fur et à mesure des besoins. Pour
d'autres d'espèces comme Acmella uliginosa, les femmes vont les
cueillir en arrachant toute la plante avec les racines. Les espèces
sauvages sont cueillies dans la brousse (ensemble des formations
végétales comprenant les jachères, les milieux savanicoles
et les milieux forestiers) soit en élaguant les branches pour cueillir
les jeunes feuilles ( cas des plantes ligneuses comme Ceiba pentandra,
Ficus sycomorus, Vitex doniana) soit en déterrant la plante
entière (cas des plantes herbacées comme Talinum triangulare,
Jacquemontia tamnifolia, Cerathoteca sesamoides), des lianes
(Lagenaria siceraria, Luffa cylindrica).
La figure 9 montre que les femmes s'approvisionnent surtout
dans les jardins de case (55% de réponse) et dans les champs (27% de
réponse). Une proportion non négligeable (18% de réponse)
de LF est cueillie dans les jachères, les milieux savanicoles et
forestiers et aussi dans les bas-fonds
18%
27%
Jardins de case Champ
Brousse
55%
Figure 9: Différents lieux de prélèvement
des LF
Les jardins de case se trouvent à proximité des
habitations et jouent un rôle très important dans l'alimentation
des communautés rurales. Ils occupent des espaces plus limités
que les champs et on y retrouve un nombre indéfini de légumes,
des arbres fruitiers, de cultures vivrières, des plantes
médicinales et aussi des arbres à ombrages comme le souligne
Rubaihayo (2002). Ce sont en fait des micro-environnements renfermant une
multitude de diversité génétique, culturale et agronomique
(Engels, 2002 ; Eyzaguirre, 2002). La composition des jardins de case varie
suivant les productions agronomiques des différentes zones
agro-écologiques (Rubaihayo 2002 ; Engels, 2002 ; Eyzaguirre, 2002).
Ainsi ceux rencontrés dans la zone d'étude renferment les
cultures vivrières spécifiques à la zone d'étude
à savoir le sorgho, le taro, le colas, le maïs, le
niébé, l'igname, les LF tels que Solanum sp.,
Amaranthus sp., Ocimum sp., Hibiscus sp. ; certains
ligneux dont les feuilles sont utilisées comme des légumes tels
que Adansonia digitata et quelques espèces herbacées
spontanées utilisées comme des LF surtout pendant les
périodes de soudure.
Ces jardins de case ressemblent à ceux
étudiés au Togo, qui sont de micro-écosystèmes
près des cases (Padakalé, 2003 ; Tata, 2004). Ce type
d'exploitation permet d'assurer une certaine subsistance pour les
ménages les plus défavorisés. Ils sont installés
pour permettre à la femme de s'approvisionner à proximité
afin d'apprêter assez tôt le repas familial. Des travaux
effectués en Bangui montre que 99% des ménages subviennent en
partie à leurs besoin en légumes et en condiments grâce
à leurs jardins de case (Villien, 1987). On qualifie donc les jardins de
case de garde-manger car ils renferment en partie tous les produits
nécessaires à la femme de ménage et représentent
des sources de réserves des espèces (Leiva, 2002).
6.2. Conservation post-récolte des LF
Beaucoup de LF très appréciés et
très consommés comme Adansonia digitata, Cerathoteca
sesamoides et Vitex doniana sont saisonniers alors que leurs
feuilles fraîches sont hautement périssables et ne se conservent
pas au-delà d'une semaine. Pour disposer de ces légumes tout le
long de l'année, les femmes ont développé une technique de
conservation basée sur le séchage des feuilles fraîches.
Par exemple, les feuilles fraîches de Adansonia digitata et de
Cerathoteca sesamoides récoltée en quantité
suffisante sont directement séchées, réduites en poudre et
stoquées dans des calebasses pour être consommées ou
vendues au marché pendant les périodes de pénurie. Dans
certains cas (Ceiba pentandra, Gynandropsis gynandra), les
feuilles sont d'abord pré-cuites avant d'être
séchées. Des résultats similaires sont obtenus au
Sénégal (Diouf et al., 1999) et au Togo (Batawila et al., 2005).
Selon Chweya and Eyzaguirre (1999), le séchage des feuilles permet leur
utilisation ultérieure mais diminue leur valeur nutritionnelle (surtout
en vitamines C et B12) et peut avoir un impact sur la digestibilité des
protéines
6.3. Utilisation des LF
a. Utilisations alimentaires
- Mode de préparation et
catégorisation
v' Mode de préparation
Leur mode de préparation varie selon les
différentes espèces (annexe 1) et parfois selon les ethnies.
Quatre principaux modes de préparation sont décrits à
travers les ethnies :
- Quelques jeunes feuilles débarrassées des
pétioles sont écrasées, pilées ou
découpées en petites tranches et saupoudrées dans une
sauce d'huile à base de tomate, de sésame (egussi), de
niébé, d'arachide ou de gombo. Les légumes
préparés de cette manière sont seulement utilisés
pour donner un certain goût (Vernonia amygdalina), un
arôme particulier (Ocimum gratissimum, Cymbopogon giganteus) ou
une légère viscosité (Grewia lasiodiscus,
Cissus populnea) à la sauce.
- Des jeunes feuilles (en quantité suffisante)
débarassées des pétioles sont découpées en
petites tranches, et pré-cuites dans de l'eau. Une fois cuites, les
feuilles sont pressées entre les paumes de la main pour en faire des
boules. L'eau de cuisson qui peut être fade, amère ou acide est
alors éliminée. Les feuilles cuites sont ensuite introduites dans
une sauce d'huile à base de tomate, de sésame (egussi), de
niébé et d'arachide.
- Des jeunes feuilles (en quantité suffisante)
débarassées des pétioles sont découpées en
petites tranches et, sans pré-cuisson, sont directement
préparées dans l'eau (additionnée d'un peu de potasse)
avec les condiments nécessaires pour en faire une sauce. Les
espèces mucilagineuses comme Corchorus olitorius, Sesamum
radiatum donnant des sauces gluantes sont toutes préparées
de cette manière.
- Une poudre issue de feuilles séchée et
broyée (pour les besoins de la conservation) est ajoutée à
une eau bouillante et assaisonnée pour obtenir une sauce. Les
légumes comme Adansonia digitata, Hibiscus esculentus dont les
feuilles peuvent séchées, sont ceux préparés de
cette manière.
Beaucoup de LF comme Manihot esculentus renferment,
même à faible dose, des substances toxiques telles que les acides
hydrocyaniques, les composés phénoliques qui sont dangereux pour
la santé (Oomen et Oubben. 1978 ; Chweya and Eyzaguirre 1999). Pour ces
espèces, la précuisson suivie de l'élimination de l'eau
est nécessaire et obligatoire. Pour la pré-cuisson de certains
légumes comme Celosia argentea et Amaranthus dubius,
du sel est parfois ajouté à l'eau de cuisson. De meme, la potasse
(ou parfois de la cendre) est ajoutée à l'eau de cuisson de
certains légumes pour accélérer la cuisson (cas de
Solanum macrocarpum) ou pour diminuer l'amertume (cas de Vernonia
amydanina) ou l'acidité (cas de Hibiscus sabdariffa)
contenue dans les feuilles. Selon Westphal et al. (1985) l'addition de
potasse permet aussi de neutraliser les éléments toxiques
présents dans les feuilles.
1' Catégorisation des légumes selon les
modes de préparation
Trois groupes de LF se dégagent des informations
recueillies sur le processus de préparation des LF dans les
différentes aires culturelles. Il s'agit des légumes
d'accompagnement, des épinards et des gluants (figure10).
Les légumes d'accompagnement sont ceux qui sont
préparés selon le premier mode de préparation
décrit ci-dessus. Ils sont plus nombreux et représentent 46 % des
légumes inventoriés. Ils sont utilisés surtout pendant le
période de soudure ou de saison sèche. Les épinards qui
représentent 33 % des légumes inventoriés (figure 10)
regroupent les LF dont la préparation répond au deuxième
mode decrit-ci-dessus. Selon les ménagères, leur
préparation demande beaucoup de temps et de condiments. Le plus souvent
ils ne sont préparés que pendant les jours de repos ou de
fêtes (mariage, cérémonies religieuses ou culturelles,
etc.). Les gluants sont des espèces mucilagineuses dont les feuilles
préparées donnent une sauce gluante. Ils représentent 21%
des espèces recencées et leur preparation suit le
troisième et quatrième mode. Selon les femmes, ces LF sont
faciles à préparer et ne nécessitent que très peu
de condiments.
46%
33%
21%
Gluant
Epinard
LF d'accompagnement
Figure 10: Catégorisation des LF par rapport à la
préparation
- Niveau de consommation des LF
Durant la période de l'enquête, 90% des sauces
préparées dans les ménages sont à base de LF. Ce
chiffre montre qu'une très grande importance est accordée aux LF
dans l'alimentation des populations de cette region. Les sauces légumes
préparées sont majoritairement de type gluant (52%) ou
épinard (40%). Les sauces de type soupes obtenues par saupoudrage de
légumes dit d'accompagenement ne représentent que 8%. La
fréquence moyenne de consommation des LF dans la zone est de 0,75 (trois
jours sur quatre). Cette fréquence varie cependant selon les
ménages et aussi suivant les ethnies. Elle est respectivement de 60%,
66%, 70%, 76%, 86% et 90% chez les Ditamari, les Berba, les Gnindé ou
M'bermin, les Bariba, les Natimba et les Wama. Les repas quotidiens,
constitués la plupart du temps de l'igname pilée, de la
pâte de sorgho ou de mil, sont presque toujours accompagnés de
sauce de LF qu'ils soient cultivés ou de cueillette.
b. Utilisation médicinale
Les populations du milieu rural ont recours au plantes
médicinales pour traiter les affections courantes (diarrhée,
dysenterie, constipation, coliques, jaunisse, paludisme, plaies, infections
postnatales, insuffisance de lait maternel, hypertension artérielle,
etc.).
Selon les populations, certaines sauces de LF peuvent
prévenir ou soigner certaines pathologies (annexe 2). Ainsi,
Vernonia amygdalina permet de lutter, à travers la sauce,
contre la constipation et les vers parasites. La sauce à base de
Acmella uliginosa constitue un bon vermifuge et antibiotique. Elle
permet aussi d'éliminer les caillots de sang après l'accouchement
et stimule la sécrétion de lait maternel chez la nourrice. La
sauce de Hybanthus enneaspermus facilite la sortie du foetus lors d'un
accouchement. La consommation régulière de la sauce de
Adansonia digitata régularise les battements du coeur, lutte
contre la fatigue (donne du souffle) et régularise le cycle menstruel
des femmes. La sauce Cissus populnea est aphrodisiaque et est surtout
préparée par les hommes dans la brousse pendant les
périodes de chasse. La consommation régulière de la sauce
de
Moringa oleifera permet de prévenir ou de
traiter l'anémie, le paludisme, le diabète, l'hypertension et les
courbatures. La sauce de Cassia occidentalis permet de traiter le
paludisme et l'ictère. La sauce de Ocimum gratissimum
(légume aromatique) est antibiotique et permet de lutter contre les vers
intestinaux. Les feuilles de Grewia lasiodiscus
préparées dans une bonne sauce traite la diarrhée. La
sauce de Hibiscus sabdariffa, régulièrement
consommée par les populations de cette région constitue l'un des
moyens de lutte contre le paludisme, le rhume et est aussi aphrodisiaque alors
que celle de Hibiscus asper traite l'indigestion.
6.4. Perception paysanne sur la valeur nutritive
Les LFT font partie des habitudes alimentaires depuis des
millénaires. Les populations détiennent, par expérience,
beaucoup de connaissances endogènes sur leur valeur nutritive. Elles
pensent que les sauces de Acmella uliginosa, de Adansonia digitata
de Cerathoteca sesamoides et de Sesamum radiatum sont très
riches en vitamines donc très nutritives. A cause de leur valeur
nutritive, ils sont conseillés aux malades et enfants maigres qui
retrouvent une bonne corpulence. Les femmes Wama et Berba pensent que
Moringa oleifera donne du sang.
6.5. Tabous, interdits et traits
indésirables
Selon les populations enquêtées, la sauce de
Cerathoteca sesamoides ou de Sesamum radiatum donne le
vertige à certaines personnes. La consommation des feuilles de Vigna
unguiculata donne la diarrhée et la nausée chez certaines
personnes et gène les hernies chez les hommes. Il a été
dit dans toute la zone d'étude, les hommes qui ont des pouvoirs
surnaturels ne doivent pas consommer Cerathoteca sesamoides. Selon les
vieux, ce legume réduit la puissance des pouvoirs occultes. Sa
consommation est aussi interdite aux chasseurs qui utilisent les
flèches. Il les rend maladroits en réduisant leur acuité
visuelle. Sur ce dernier aspect, des analyses biochimiques sont
nécessaires pour rechercher d'éventuelles substances toxiques
pouvant affecter la vision puisque l'espèce est largement
consommée.
7. Gestion de la biodiversité des LFT
7.1. Domestication des LFT
La domestication est un savoir-faire des communautés
rurales qui permet de transférer des espèces sauvages utiles dans
le pool des espèces cultivées. Une fois cultivées, ces
espèces sont alors constamment disponibles et utilisées de
façon durable. L'inventaire a permis de constater que les populations
consomment beaucoup de LF de cueillette. Beaucoup d'espèces
spontanées comme Ceratotheca sesamoides, Jacquemontia tamnifolia,
Grewia lasiodiscus et Melochia corchorifolia
sont prélevées dans la brousse ou dans les
bas-fonds très loin des habitations. Pour rapprocher des légumes
sauvages très utiles des habitations, les populations se sont
attelées à la domestication. Ainsi, les femmes Wama cultivent
depuis trois ans Ceratotheca sesamoides, Gynandropsis gynandra, Cassia
occidentalis et Corchorus tridens dans les champs et dans les
jardins de case. Selon les femmes M'bermin, Acmella iluginosa a
été domestiquée de cette manière dans sa zone
d'origine il y a environ 10 ans. Le processus de domestication qui a
été observé seulement chez les Wama mérite d'etre
mieux étudié.
7.2. Jardins de case et la conservation de la
biodiversité des LFT
Les jardins de case encore appelés jardins familiaux
représentent un modèle traditionnel de conservation des
ressources phytogénétiques (Midmore et al., 1991 ; Bennett-Lartey
et al., 2002). Caractérisés par leur faible dimension, ils sont
composés d'un assortiment de plantes alimentaires très utiles aux
ménages.
Plusieurs espèces sont cultivées sans soins
particuliers dans ces jardins de case. En effet, les entretiens individuels, au
niveau des ménages suivis de visites d'une centaine de jardins de case,
ont permis d'y noter des cultures vivrières telles que le maïs, le
sorgho, le manioc, l'igname, le taro, le gombo, le niébé, les
courges (Cucurbita spp.), les ndoles (Vernonia spp. ), les
spiderplants (Cleome spp.), les corètes (Corchorus
spp.), les morelles (Solanum spp.), les amarantes (Amanrathus spp.),
les oseilles (Hibiscus spp.), les liserons (Ipomea spp.),
etc. Parmi ces plantes, environs 80 % sont utilisées comme LF. Beaucoup
de leurs espèces repoussent spontanément après une pluie.
Parfois la présence d'un puits permet de cultiver des espèces de
contre saison et de disposer de LF pendant toute l'année.
Généralement cette production est destinée à
l'autoconsommation. Mais le plus souvent, le surplus de la récolte est
vendu si le transport au marché ne constitue pas un facteur limitant.
Les éventuelles ressources financières issues de leur
commercialisation permettent d'assurer une certaine autonomie pour les
ménages particulièrement pour les femmes.
Cette pratique d'exploitation a aussi l'avantage de maintenir
un savoir-faire, un lien avec les valeurs culturelles et de préserver la
biodiversité végétale (Moustier, 2005).
7.3. Taxonomie traditionnelle et gestion de la
biodiversité des LFT
Les noms vernaculaires des LFT varient d'une ethnie à
une autre. Chaque ethnie dispose d'une série de noms qui permettent de
distinguer les LF entre eux. Au total, cent quatre vingt treize (193) noms
vernaculaires ont été recensés (annexe3). Ainsi une
même espèce de LF porte des noms
différents d'une aire culturelle à une autre et
parfois les espèces différentes portent le même nom. Cela
rend confus l'utilisation des LFT dans la zone.
Quelque soit leur ethnie d'appartenance, les populations des
zones rurales séparent les LFT en espèces sauvages et
cultivées sur la base de certaines caractéristiques que sont la
morphologie de la plante, l'origine de la semence, la présence
d'épines, la saveur des feuilles, etc. Les communautés rurales
reconnaissent parfaitement la diversité interspécifique et
intraspécifique des espèces de LF rencontrées ; par
exemple plusieurs espèces d'amaranthe ont été
identifiées comme l'ont montré les études
effectuées par Grubben (1971). C'est également le cas de bissap
(Hibiscus sabdariffa) qui présente deux variétés
dont l'une est consommée comme LF et l'autre est utilisée dans la
préparation de jus de bissap ; de plus on observe d'autres
espèces sauvages comme Hibiscus asper et Hibiscus
sp.
Les traits considérés pour dénommer une
espèce donnée varie d'une ethnie à une autre. Quelques
significations des noms locaux sont obtenues surtout chez les Wama. Que le
légume soit cultivé ou sauvage, les dénominations se
fondent sur certains paramètres spécifiques tels que les
caractères morphologiques, agronomiques des plantes et aussi de leurs
qualités culinaires. Ainsi on a pu identifier les plantes
utilisées comme LF dont les noms se rapportent à :
- leur morphologie : Kootibitrita en Wama (Jacquemontia
tamnifolia) qui signifie liane noire ;
Taanonman en Wama (Cerathoteca sesamoides) pour dire
que c'est l'espèce qui s'étale et le
distinguer de Nonman (Sesamum radiatum) qui est une herbe
très haute et bien dressée.
- l'habitat naturel : Tikpain'tissèdon'té en
M'bermin (Cerathoteca sesamoides) qui veut dire
plante qui pousse sur les sols gravillonnaires.
- au goût : Mainsitou en Wama (Hibiscus
sabdariffa) qui veut dire légume-feuille acide
- à la qualité de la sauce : Diimounn'tchro en Wama
(Justicia tenella) qui signifie que la femme a mangé toute la
sauce et a oublié son mari
- à la couleur des feuilles : Aléfo perti en Berba
ou Natimba (Celosia argentea) qui veut dire LF blanc pour
spécifier la variété de feuilles vertes.
Parfois les populations désignent une grande ou une
petite quantité de LF par leur pluriel ou singulier ; c'est le cas de
Acmella iluginosa dont le singulier est appelé Oubouonou et
Ibouoni représente le pluriel chez les M'bermin. De même une botte
de Ocimum gratissimum est dénommée Tignainti alors que
quelques feuilles seraient désignées par Ougnainhoun. Les noms
locaux de certains LF, d'ailleurs très familiers, n'ont pas de
significations. Il s'agit de noms d'origine ancienne qui se rapportent aux
grains ou fruits, aux racines ou tubercules des différentes
espèces recensées ou tout simplement d'une appellation
commune.
Du fait de la multiplicité des noms vernaculaires qui
varient d'une ethnie à une autre et par conséquent suivant les
régions, la nécessité d'établir un
répertoire des LFT trouve son importance pour les besoins de la
recherche scientifique et des programmes de développement.
7.4. Le rôle des femmes dans la gestion des
LF
La production, l'utilisation et la commercialisation sont des
activités relatives aux LFT et constituent presqu'exclusivement
l'affaire des femmes. Ces dernières ont acquis énormément
des connaissances qui leur permettent de gérer ces LF.
Les femmes produisent les LF avec d'autres cultures
vivrières dans les jardins de case ou sur de petites parcelles que leur
réservent leurs époux dans les champs. Dans toute la zone
d'étude, surtout chez les Wama, les femmes sont des domesticateurs des
LF. De même la cueillette des LF est aussi l'oeuvre des femmes vue que ce
sont elles qui savent non seulement quand faut-il les récolter mais
aussi les différentes parties utilisables de la pante ayant des
propriétés nutritives et des vertus thérapeutiques. Les
semences (graines ou boutures) prélevées de la production sont
séchées et stockées dans les calebasses pour la plantation
ultérieure. Les feuilles fraîches récoltées ou
cueillies sont séchées, réduites en poudre et aussi
conservées dans les calebasses ou dans les sachets. Les tâches de
consommation incombent également à la femme. En effet de part
leur génie, elles savent distinguer les plantes selon qu'elles ont un
goût amer, acidulé et les mélangent pour en faire des mets
plus attrayants et savoureux.
Les LF jouent un rôle décisif dans la
création de revenus et la subsistance des populations. Cette
étude nous a permis de constater que les LF constituent une importante
source de revenus aux populations rurales. Ainsi dans les marchés locaux
situés dans les villages ou les marchés régionaux
installés dans les villes à proximité des campagnes, ce
sont effectivement les femmes qui assurent leur commercialisation comme l'ont
montrées Diouf et al. (1999), Nesamvuni et al. (2001), Steyn et al.
(2001) ainsi que Batawila et al. (2005).
En somme les femmes jouent un rôle déterminant
dans la production, la conservation, la consommation et la commercialisation
des LFT et consituent pour ce fait des acteurs incontournables dans la mise au
point des programmes de valorisation des LF locaux.
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Cette étude, menée dans le département de
l'atacora, nous a permis d'identifier 61 LFT regroupés en 44 genres et
29 familles. Ces résultats montrent que cette région de
l'extrême NordOuest regorge d'une importante richesse en LFT. Parmi les
espèces consommées, on distingue 21 espèces
cultivées et 40 sauvages qui sont prélevées dans les
jardins de case, les jachères ou champs abandonnés et aussi dans
les formations végétales (forêts et savanes).
Les principaux LFT varient d'un groupe ethnique à un
autre. Les critères de sélection sont : le goût, la
disponibilité et la rapidité de cuisson. Ces LF identifiés
dans le département de l'Atakora sont A. digitata, A.
hybridus, C. pentandra, C. sesamoides, C.
olitorius, H. sabdariffa, S. radiatum, A. iluginosa,
S. macrocarpum et V. doniana. Beaucoup de LFT possède
également des propriétés médicinales.
Les femmes sont au centre des activités liées
aux LFT. Elles interviennent dans la production, la commercialisation et la
consommation. De plus en plus, les femmes surtout M'bermin et Wama forment de
petits groupes pour cultiver ou domestiquer certains LF connus pour leurs
valeurs nutritives ou médicinales. C'est le cas par exemple d'A.
uliginosa. Elles constituent ainsi des partenaires cibles dans la
réalisation des programmes liés aux LFT.
Les études ultérieures permettront
d'étendre les investigations dans tout le pays afin de constituer un
catalogue de LFT consommés au Bénin. Elles seront l'occasion
d'identifier les principaux LF sur le plan national et, déterminer leurs
rôles alimentaires et médicinaux par des analyses biochimiques.
Ces travaux pourront permettre de développer des techniques de
cueillette, de stockage et de cuisson qui préservent la diversité
et les valeurs nutritives des LF.
Aussi, est-il important que les programmes de conservation des
ressources phytogénétiques s'intéressent à la
conservation ex situ et in situ des LFT notamment les LF de
cueillette, importants pour la sécurité alimentaire en zones
rurales et urbaines. Il est nécessaire d'encourager les femmes dans la
domestication et motiver les groupements féminins.
L'incitation des organisations non-gouvernementales (ONG)
intervenant dans le domaine à s'implanter dans ces zones peut contribuer
à la sensibilisation des populations sur l'importance des valeurs
nutritives des LFT, et promouvoir ainsi, leur consommation.
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ANNEXE
Annexe 1: Préparation culinaire des LFT
consommés dans l'Atakora
Mode de préparation
|
LFT concernées (N° d'ordre dans le tableau
11)
|
|
Légumes d'accompagnement : Les jeunes
feuilles, en petite quantité, débarrassées des
pétioles sont écrasées, pilées ou simplement
|
4 ; 31
|
8 ; 10 ; 11 ; 12 ; 17 ; 20 ; 21 ; 24 ; 25 ; 27 ; 29
; 32 ; 38 ; 40 ; 41 ; 42 ; 43 ; 44 ; 48 ; 53 ; 56 ;
|
;
|
découpées en petites tranches et saupoudrées
dans une sauce d'huile à base de tomate, de sésame (egussi), de
niébé, d'arachide ou de gombo.
|
57
|
; 60
|
|
Epinard : Les jeunes fraiches, en
quantité suffisante, débarassées des
|
2 ;
|
5 ; 6 ; 7 ; 9 ; 14 ; 15 ; 34 ; 35 ; 36 ; 39 ; 45 ; 47
|
;
|
pétioles sont découpées en petites tranches,
et pré-cuites dans de l'eau.
|
50
|
; 51 ; 52 ; 54 ; 58 ; 59 ; 61
|
|
Une fois cuites, les feuilles sont pressées entre les
paumes de la main pour en faire des boules. L'eau de cuisson qui peut
être fade, amère ou acide est alors éliminée. Les
feuilles cuites sont ensuite introduites dans une sauce d'huile à base
de tomate, de sésame (egussi), de niébé ou d'arachide.
|
|
|
|
Gluants à base de feuilles fraiches : Les
jeunes feuilles, en quantité
|
1 ;
|
3 ; 13 ; 16 ; 18 ; 19 ; 22 ; 23 ; 26 ; 28 ; 30 ; 33 ;
|
|
suffisante, débarassées des pétioles sont
découpées en petites tranches et, sans pré-cuisson, sont
directement préparées dans l'eau additionnée d'un peu de
potasse ou de cendre, avec les condiments nécessaires, pour en faire une
sauce gluante.
|
37
|
; 46 ; 49 ; 55
|
|
Gluants à base de feuilles
séchées transformées en poudre : La poudre issue
de feuilles séchées et broyées est ajoutée à
une eau bouillante et assaisonnée pour obtenir une sauce gluante.
|
1 ;
|
3 ; 13 ; 16 ; 18 ; 19 ; 30 ; 49
|
|
Annexe 2 : Quelques LF utilisés comme
plantes médicinales (alicaments)
Domaines d'utilisation
|
LFT concernés
|
Accouchements
|
Acmella iluginosa, Cerathoteca sesamoïdes,
Hybanthus enneaspermus, Sesamum radiatum
|
Anémie
|
Moringa oleifera
|
Antibiotiques
|
Ocimum gratissimum
|
Maux de ventre
|
Hibiscus asper, Grewia lasiodiscus,
Vernonia amygdalina
|
Paludisme
|
Moringa oleifera, Hibiscus sabdariffa
|
Plantes aphrodisiaques
|
Hibiscus sabdariffa, Cissus populnea
|
Plantes galactogènes
|
Acmella iluginosa
|
Plantes helminthes
|
Ocimum gratissimum, Vernonia amygdalina
|
Annexe 3 : Identification des LF
consommés par leurs noms vernaculaires
N°
|
Noms vernaculaires
|
Ethnies
|
Noms scientifiques
|
1
|
Afônu
|
Bariba
|
Amaranthus hybridus
|
2
|
Agbérékousséri
|
Bariba
|
Lepistemon owariense
|
3
|
Agoussiwouloussou
|
Bariba
|
Citrullus colocynthis
|
4
|
Akoribouotê
|
M'bermin
|
Solanum nigrum
|
5
|
Aléfô
|
Berba ; Natimba
|
Celosia argentea
|
6
|
Aléfô
|
Ditamari
|
Amaranthus hybridus
|
7
|
Aléfô perti
|
Natimba
|
Amaranthus hybridus
|
8
|
Apén'kênonkouanain
|
M'bermin
|
Amanrathus hybridus
|
9
|
Ayôyô
|
Natimba
|
Corchorus olitorius
|
10
|
Babatou
|
Wama
|
Solanum macrocarpum
|
11
|
Bayouani
|
Berba
|
Hibiscus sabdariffa
|
12
|
Bitri
|
Natimba
|
Hibiscus sabdariffa
|
13
|
Bolon'boti
|
Natimba
|
Strychnos spinosa
|
14
|
Bootaman
|
Wama
|
Hibiscus asper
|
15
|
Boualakandi
|
Natimba
|
Solanum macrocarpum
|
16
|
Diimounn' tchro
|
Wama
|
Justicia tenella
|
17
|
Dimongnonsidé
|
M'bermin
|
Cymbopogon gigantea
|
18
|
Diyôn'yon'dé
|
M'bermin
|
Cissus populnea
|
19
|
Djougou'ngnoué
|
Berba
|
Cissus palmatifolia
|
20
|
Dossi
|
Bariba
|
Sesamum radiatum
|
21
|
Effô
|
Berba
|
Amaranthus hybridus
|
22
|
Elakômounra
|
Ditamari
|
Cymbopogon giganteus
|
23
|
Fangnouo-fiatou
|
Berba
|
Manihot esculenta
|
24
|
Fanwounfanti
|
Natimba
|
Corchorus tridens
|
25
|
Fêêman
|
Wama
|
Corchorus tridens
|
26
|
Fouam
|
Berba
|
Corchorus olitorius
|
27
|
Fouassimou
|
Berba
|
Corchorus tridens
|
28
|
Fôrôwontêman
|
Wama
|
Ipomea batatas
|
29
|
Gbôôro
|
Bariba
|
Cucurbita moschata
|
30
|
Gnangninou
|
Bariba
|
Cassia occidentalis
|
31
|
Gnanwounguitou
|
Wama
|
Vigna unguiculata
|
32
|
Googoku
|
Bariba
|
Hybanthus enneaspermus
|
33
|
Ifanyéé
|
Ditamari
|
Corchorus tridens
|
34
|
Irg-irou
|
Berba
|
Leptadenia hastata
|
35
|
Iwanwanki
|
M'bermin
|
Cassia tora
|
36
|
Kaassia
|
Wama
|
Gynandropsis gynandra
|
37
|
Kainton'ko
|
M'bermin
|
Solanum aethiopicum
|
38
|
Kakabohoun
|
Berba
|
Ocimum gratissimum
|
39
|
Kakawaabou
|
Wama
|
Vernonia amygdalina
|
40
|
Kambousboug
|
Berba
|
Ficus sur
|
41
|
Kankandri
|
Natimba
|
Ficus sur
|
42
|
Kankansoti
|
Natimba
|
Vernonia amygdalina
|
43
|
Kannsaaribou
|
Wama
|
Ficus sur
|
44
|
Kantabooti
|
Natimba
|
Hibiscus asper
|
45
|
Kanwountowoungo
|
Natimba
|
Solanum aethiopicum
|
46
|
Kawountowoungla
|
Ditamari
|
Solanum aethiopicum
|
47
|
Kêpiénouakê
|
M'bermin
|
Moringa oleifera
|
48
|
Kètèkoussou
|
Bariba
|
Stylochiton lancifolius
|
49
|
Kinwounkou
|
Natimba
|
Cymbopogon gigantea
|
50
|
Kiyépiéti
|
Natimba
|
Gynandropsis gynandra
|
51
|
Kobitri
|
Natimba
|
Grewia lasiodiscus
|
52
|
Kôbusa
|
Bariba
|
Abelmoschus esculentus
|
53
|
Kokoobou
|
Wama
|
Colocasia esculenta
|
54
|
Kôkounwountou
|
Wama
|
Talinum triangularis
|
55
|
Konkouandi
|
Natimba
|
Cassia occidentalis
|
56
|
Kôôtibitrita
|
Wama
|
Jacquemonia tamnifolia
|
57
|
Korofiatou
|
Berba
|
Solanum macrocarpum
|
58
|
Kôrôrô
|
Wama
|
Luffa cylindrica
|
59
|
Kouan'di
|
Natimba
|
Afzelia africana
|
60
|
Kouandou
|
Berba
|
Hibiscus asper
|
61
|
Kounonkou
|
Bariba
|
Vitex doniana
|
62
|
Kowounpti
|
Natimba
|
Solanum nigrum
|
63
|
Kowountiti
|
Natimba
|
Ocimum gratissimum
|
64
|
Kpakiwouloussou
|
Bariba
|
Manihot esculenta
|
65
|
Kpanwounsatou
|
Wama
|
Solanum aethiopicum
|
66
|
Kparokonataro
|
Bariba
|
Chrysantellum americanum
|
67
68
|
Kpatawounkpaakou Kpee wori
|
Bariba Bariba
|
Dyschoriste perrottetiiCeratotheca sesamoides
|
69
|
Kpêêbouofa
|
Wama
|
Adansonia digitata
|
70
|
Kpékonan
|
Bariba
|
Lagenaria siceraria
|
71
|
Kpêwounkpêwountou
|
Wama
|
Cassia occidentalis
|
72
|
Krokotou
|
Wama
|
Solanum americanum
|
73
|
Kurô kuntônu
|
Bariba
|
Boerhavia diffusa
|
74
|
Laakoua-fiatou
|
Berba
|
Abelmoschus esculentus
|
75
|
Lapouonouog
|
Berba
|
Moringa oleifera
|
76
|
M'bôôtakam
|
Ditamari
|
Solanum nigrum
|
77
|
Mainsitou
|
Wama
|
Hibiscus sabdariffa
|
78
|
Mamfaaman
|
Wama
|
Abelmoschus esculentus
|
79
|
Mangani
|
Bariba
|
Colocasia esculenta
|
80
|
Mansamanbou
|
Wama
|
Moringa oleifera
|
81
|
Monwouloussou
|
Bariba
|
Gmélina arborea
|
82
|
Moringa
|
M'bermin
|
Moringa oleifera
|
83
|
Mounpêkom
|
Ditamari
|
Moringa oleifera
|
84
|
Naindibou
|
Wama
|
Cucurbita moschata
|
85
|
Nambitou
|
Berba
|
Melochia corchorifolia
|
86
|
Nandéétou
|
Wama
|
Citullus colocynthis
|
87
|
Nitti
|
Natimba
|
Abelmoschus esculentus
|
88
|
Nonman
|
Wama
|
Sesamum radiatum
|
89
|
Nonmonnon
|
Bariba
|
Corchorus tridens
|
90
|
Oubouonou ( ibouoni)
|
M'bermin
|
Acmella iluginosa
|
91
|
Outilinoukou
|
M'bermin
|
Leptadenia hastata
|
92
|
Pékalan'di
|
Natimba
|
Ficus sycomorus
|
93
|
Piatou /Piarfiatou
|
Berba
|
Ficus ingens
|
94
|
Piéti (piéka)
|
Natimba
|
Cucurbita moschata
|
95
|
Saarhoun
|
Berba
|
Grewia lasidiscus
|
96
|
Sambinu
|
Bariba
|
Solanum macrocarpum
|
97
|
Sannonmounon
|
Bariba
|
Cyphostemma adenocaule
|
98
|
Santofanti
|
Natimba
|
Capsicum frutescens
|
99
|
Sararu
|
Bariba
|
Cissus populnea
|
100
|
Sarikibou
|
Wama
|
Grewia lasiodiscus
|
101
|
Sèéri
|
Bariba
|
Hibiscus sabdariffa
|
102
|
Sékéfêman /yôyô
|
Wama
|
Corchorus olitorius
|
103
|
Sématou
|
Berba
|
Solanum licopersicum
|
104
|
Siwadompéi
|
Ditamari
|
Ceratotheca sesamoides
|
105
|
Sombékékéssou
|
Bariba
|
Celosia trigyna
|
106
|
Som'ti
|
Natimba
|
Gardenia ternifolia
|
107
|
Sônan
|
Bariba
|
Adansonia digitata
|
108
|
Souadobirikérou
|
Bariba
|
Leptadenia hastata
|
109
|
Sounainriman
|
Wama
|
Celosia trigyna
|
110
|
Soutri
|
Natimba
|
Adansonia digitata
|
111
|
Suiwouloussou
|
Bariba
|
Vigna unguiculata
|
112
|
Taanonwonman
|
Wama
|
Ceratotheca sesamoides
|
113
|
Tabdiéhoun
|
Berba
|
Sterculia setigera
|
114
|
Tambiéti
|
Natimba
|
Acmella iluginosa
|
115
|
Tawounkorékapémainsitou
|
Wama
|
Cympobogon gigantea
|
116
|
Tchagrtouwounssou
|
Berba
|
Vernonia amygdalina
|
117
|
Tchieng-fiatou
|
Berba
|
Capsicum frutescens
|
118
|
Tchôôssikpékpééfa
|
Wama
|
Basella alba
|
119
|
Téwoungakounn'di
|
Natimba
|
Cyphostemma adenaule
|
120
|
Tibaabouonté
|
M'bermin
|
Melochia corchorifolia
|
121
|
Tidodikon'té
|
M'bermin
|
Cyphostemma adenocaule
|
122
|
Tiékpaimm
|
Natimba
|
Moringa oleifera
|
123
|
Tifanwounti
|
Ditamari
|
Corchorus olitorius
|
124
|
Tifinhouti
|
Ditamari
|
Vernonia amygdalina
|
125
|
Tignainté
|
M'bermin
|
Ocimum gratissimum
|
126
|
Tignainti
|
Ditamari
|
Ocimum gratissimum
|
127
|
Tikalmanixanté
|
M'bermin
|
Capsicum frutescens
|
128
|
Tikan n'té
|
M'bermin
|
Solanum macrocarpum
|
129
|
Tikawounfanti
|
Ditamari
|
Solanum macrocarpum
|
130
|
Tikômignakité
|
M'bermin
|
Hibiscus asper
|
131
|
Tikôn'té
|
M'bermin
|
Hibiscus sabdariffa
|
132
|
Tikountéété
|
M'bermin
|
Vernonia amygdalina
|
133
|
Tikouwounkofanti
|
Ditamari
|
Colocasia esculenta
|
134
|
Tikpain n'tissêdon n'té
|
M'bermin
|
Cerathotheca sesamoides
|
135
|
Tikpanouxanté
|
M'bermin
|
Corchorus olitorius
|
136
|
Tikwouann'ti
|
Ditamari
|
Hibiscus sabdariffa
|
137
|
Timantiwouloussou
|
Bariba
|
Solanum licopersicum
|
138
|
Timantoun n'ti
|
Ditamari
|
Vitex doniana
|
139
|
Timoukan n'té
|
M'bermin
|
Colocasia esculenta
|
140
|
Tinonxanté
|
M'bermin
|
Abelmoschus esculentus
|
141
|
Tinoufanti
|
Ditamari
|
Abelmoschus esculentus
|
142
|
Tipébouoti
|
Ditamari
|
Acmella uliginosa
|
143
|
Tipékênonté
|
M'bermin
|
Celosia argentea
|
144
|
Tipénouann'ti
|
Ditamari
|
Ficus sycomorus
|
145
|
Tipété
|
M'bermin
|
Cucurbita moschata
|
146
|
Tipétifanti
|
Ditamari
|
Cucurbita moschata
|
147
|
Tipiékannonté
|
M'bermin
|
Amaranthus spinosus
|
148
|
Tissanti
|
Ditamari
|
Grewia lasiodiscus
|
149
|
Tissêdôonté
|
M'bermin
|
Sesamum radiatum
|
150
|
Titanman pémannouan n'ti
|
Ditamari
|
Amaranthus dubius
|
151
|
Titchanbouoti
|
Ditamari
|
Hibiscus asper
|
152
|
Titchéfouwanti
|
Ditamari
|
Gynandropsis gynandra
|
153
|
Titorikaté
|
M'bermin
|
Adansonia digitata
|
154
|
Titonankanti
|
Ditamari
|
Adansonia digitata
|
155
|
Titouté
|
M'bermin
|
Vigna unguiculata
|
156
|
Titouti
|
Ditamari
|
Vigna unguiculata
|
157
|
Tiwaton n'té
|
M'bermin
|
Vitex doniana
|
158
|
Tiwounti
|
Natimba
|
Vigna unguiculata
|
159
|
Tixanté (ouxanxoun)
|
M'bermin
|
Corchorus tridens
|
160
|
Tixouxékitê
|
M'bermin
|
Celosia trygina
|
161
|
Tixoxanté
|
M'bermin
|
Ceiba pentandra
|
162
|
Tiyankwoun'ti
|
Ditamari
|
Cyphostemma adenocaule
|
163
|
Tiyoyo n'té
|
M'bermin
|
Cissus populnea
|
164
|
Tnainyériton n'té
|
M'bermin
|
Vigna unguiculata
|
165
|
Toféhoun
|
Berba
|
Adansonia digitata
|
166
|
Tomati xanté
|
M'bermin
|
Solanum licopersicum
|
167
|
Tomatifanti
|
Natimba
|
Solanum licopersicum
|
168
|
Toohoun
|
Berba
|
Sesamum radiatum
|
169
|
Toohoun
|
Berba
|
Ceratotheca sesamoides
|
170
|
Toun'dou
|
Berba
|
Vigna unguiculata
|
171
|
Toutoukouyoôti
|
Ditamari
|
Cassia occidentalis
|
172
|
Touwadouanti
|
Ditamari
|
Sesamum radiatum
|
173
|
Touwan
|
Bariba
|
Vernonia amygdalina
|
174
|
Trampoun'tou
|
Wama
|
Melochia corchorifolia
|
175
|
Trootou
|
Wama
|
Ficus sycomorus
|
176
|
Wanriman
|
Wama
|
Ocimum gratissimum
|
177
|
Wounonwounon
|
Bariba
|
Ocimum gratissimum
|
178
|
Wurô-wurôku
|
Bariba
|
Corchorus olitorius
|
179
|
Xaassoun
|
Berba
|
Cymbopogon giganteus
|
180
|
Xaatou
|
Berba
|
Vitex doniana
|
181
|
Xangalamboati
|
Natimba
|
Sesamum radiatum
|
182
|
Xangalan'ndé
|
Natimba
|
Ceratotheca sesamoides
|
183
|
Xantiri
|
Natimba
|
Vitex doniana
|
184
|
Xouwoundou
|
Berba
|
Ceiba pentandra
|
185
|
Yainrikowountou
|
Wama
|
Vitex doniana
|
186
|
Yakimonrbou
|
Wama
|
Cymbopogon giganteus
|
187
|
Yêmontouo
|
Ditamari
|
Talinum triangularis
|
188
|
Yombibitrinan
|
Wama
|
Amaranthus dubius
|
189
|
Yonbinan bitinan
|
Wama
|
Celosia argentea
|
190
|
Yonbinan kponan
|
Wama
|
Amaranthus hybridus
|
191
|
Yoritampoobou
|
Wama
|
Acmella iluginosa
|
192
|
Yorouyara
|
Bariba
|
Moringa oleifera
|
193
|
Youani
|
Berba
|
Cissus populnea
|
|
|