II.4. La Causalité circulaire
La notion de système d'interaction apporte aussi avec
elle la notion de causalité circulaire. Cela signifie que le
comportement de chacun est pris dans un jeu complexe d'implications mutuelles
d'actions et de rétro actions. Ce faisant, comprendre la signification
d'une conduite, en tant que communication exige de la replacer dans le
système total.
En plus, le principe fondamental qui fonde l'approche du
système d'assurer sa pérennité se maintient grâce
à l'homéostasie qui est un principe d'autorégulation
interne au système.
II.5. Le système et son homéostasie
Comme nous l'avons dit plus haut, un système n'est pas
une simple addition d'éléments. Il possède des
caractéristiques qui lui sont propres, différentes de celles des
éléments pris isolement.
Ainsi, pour étudier un système, il ne faut pas
considérer les éléments de manière isolée,
mais plutôt dépasser le niveau de seuls éléments
pour se pénétrer de la complexité du système.
Le système détient une force propre de
structuration qui s'exerce sur les éléments en vue d'aboutir
à leur intégration dans le système. Outre cette force de
structuration, le système déploie aussi une force de
résistance face à toute intervention interne ou externe qui
pourrait amener à roder le fonctionnement du système. C'est
cette force de maintenir l'équilibre que l'on appelle
homéostasie.
La théorie systémique de la
communication
Du point de vue de la systémique, le fonctionnement
particulier et la compréhension d'un système sont
déterminés par la nature des interactions qui s'y
déroulent. L'élément central est donc constitué par
l'ensemble des interactions, qui doivent pouvoir être
interprétés en fonction du contexte dans lequel elles
apparaissent. Ce contexte est pour partie lui-même le résultat des
individus et des groupes avec des éléments de l'environnement
plus large.
La théorie systémique tire son fondement de
l'école de Palo Alto qui postule que l'on ne peut pas ne pas
communiquer, la communication est inhérente à tout individu et
que tout est communication. Pour les tenants de cette école, tout
comportement de l'individu est une communication pour celui qui l'observe. Mais
ce comportement n'est compréhensible et explicable que dans un contexte
donné et par des acteurs bien définis qui compose le
système.
Il convient cependant de relever que le modèle de Palo
- Alto s'attache à étudier les interactions à l'oeuvre
dans tout système. Cette communication permet de comprendre le
système, son sens, son fonctionnement, les événements qui
s'y découlent.
Mais qu'appelle-t-on
« système » ?
Le système selon Edgar Morin est défini comme
une « unité globale organisée d'interaction entre des
éléments, actions ou individus ».
De manière générale un système est
un ensemble d'objets, de relations entre ces objets et entre leurs
attributs.
Les objets ici sont les composantes ou éléments
du système, les attributs sont les propriétés des objets
et les relations, ce qui fait tenir ensemble le système.
En effet un système n'est pas une simple addition
d'éléments, mais possède des caractéristiques
propres, différentes de celles des éléments pris
isolement. Le système ainsi compris répond à une dynamique
spécifique qui ne peut être déduite des traits de chaque
participant.
Une organisation peut en effet comme tout ensemble social
être considérée comme un système de
communication.
Un système de communication est un ensemble
récurrent, régulier et repérable de formes
d'échanges existant, dans une certaine temporalité, entre des
acteurs participants d'un cadre d'action pertinent, ensemble qui entraîne
les acteurs dans sa dynamique propre. Cet ensemble peut être
schématisé de telle sorte que l'on puisse parcourir, en divers
circuits, les communications qui s'enchainent les uns les autres en
s'impliquant réciproquement, et que l'on puisse accéder à
une compréhension globale de cet enchaînement à travers la
construction de la logique de son fonctionnement et ensuite, à travers
l'explication des diverses émergences dues à ce fonctionnement,
tant au niveau de segments de communication ou des boucles qui le composent
qu'au niveau des valeurs fondamentales qui en constituent, par construction
intellectuelle, les organisateurs latents, ces derniers pouvant renvoyer
à des relations avec des systèmes englobant.
De ce point de vue, une organisation telle que la banque ainsi
que tout ensemble social, peut être considéré comme un
système de communication. Ce qui signifie qu'elle comprend un ensemble
d'individus en interaction, entre eux ainsi qu'avec des éléments
qui ne sont ni des individus ni des groupes, mais des produits humains tels que
les machines, les systèmes de production, les règlements, les
structures organisationnelles, les statuts, etc..
Il convient cependant de noter que la théorie
systémique élaboré par Alex Mucchielle repose sur des
principes qu'il convient d'analyser.
Les six principes de la systémique et leur application
au sein de l'organisation
1. Toute communication n'existe que dans un
système de communication
Selon ce principe, aucun phénomène n'existe
isolement, que son existence même se concrétise par une insertion
dans un ensemble d'autres phénomènes qui forment un
système avec lui.
Ainsi, on ne peut jamais considérer une communication
comme un phénomène isolé. Une communication fait toujours
partie d'un ensemble de communications. Le contexte occupe donc une place
importante dans la compréhension des phénomènes. Ces
derniers ne peuvent être compris et expliqués que lors qu'on les
replace dans un contexte.
Au sein de l'organisation, un série de contextes sont
également à l'oeuvre, comme les éléments physiques
(bureaux, bâtiments, parkings) mais aussi les règlements,
systèmes techniques, structures qui fournissent des indicateurs de
contexte à l'employé, à l'ouvrier, au cadre, au
visiteur... et les aident à se repérer socialement.
Le comportement de l'employé dans l'entreprise ne peut
être interprété que dans le cadre de ces contextes et
celui-ci ne peut être responsable des actes qu'il pose et qui engage
l'entreprise seulement dans les cadres de ces contextes. C'est par rapport
à ces contextes que les employés arrivent à se forger une
culture et un esprit commun qui les distinguent des autres individus. C'est
enfin dans le cadre de ces contextes que l'on peut retrouver différents
rôles joués par les acteurs de l'organisation et les
différents statuts qu'ils occupent.
Outre le contexte, ce principe met en évidence le
contenu et la relation comme partie composant le système.
Le contenu dans la communication renvoi au message
volontairement encodé et transmis. La relation quant à elle
renvoi à un autre type de message qui passe dans la situation de
communication de manière subtile parce que non explicite et la plupart
du temps, n'est pas traité de manière consciente. La relation
apparaît au sein de l'interaction plutôt que dans le discours.
C'est la relation qui permet à chaque acteur dans l'entreprise
d'attribuer à l'un ou à l'autre des partenaires de la
communication une position dans l'interaction.
Le contenu de la communication au sein de l'entreprise est
perceptible à travers les signaux digitaux qui sont les actions, les
mots, les discours, les écrits qui sont compréhensibles par un
code précis. Il peut s'agir aussi des règlements et des principes
émis par l'entreprise à l'intention de ses membres. La relation
utilise les signaux analogiques que sont les attitudes, les paralanges et tous
les éléments de forme qui accompagnent le contenu. La relation ne
renvoie pas à des codes précis et fait donc l'objet
d'interprétation. L'attitude conviviale et fraternelle d'un
supérieur vis - à - vis d'un agent en particulier dans
l'entreprise peut s'expliquer par la relation entretenue par ces acteurs et
cela peut avoir pour explication un certain degré d'affinité
entre eux et peut être interprété de diverses
manières par n'importe quel observateur. La relation ne peut donc pas
être expliqué de façon rationnelle, elle relève
souvent de l'inconscient.
2. Tout système de communication forme un
premier contexte par rapport auquel les communications qui le composent
prennent un sens.
Le système dans lequel toute communication
s'insère forme nécessairement un contexte à cette
communication. Le contexte est un environnement par rapport auquel un
phénomène prend un sens qui est toujours une affaire de mise en
relation avec des phénomènes concomitants. Le sens naît
toujours de la mise en relation de quelque chose avec un contexte dans lequel
il se déroule.
En effet, comme dans tout système, l'information qui
circule au sein de l'entreprise permet à un observateur d'en tirer du
sens et donc, finalement de l'expliquer. Cette information émerge
à travers les interactions qui ont lieu au sein de l'entreprise et ces
interactions peuvent être prises comme des contextes dans lesquels
naissent des phénomènes qui peuvent être perçue et
expliqué par les observateurs de différentes manières.
3. Le principe de la causalité circulaire
et de l'équifinalité
Les communications d'un système de communication
agissent à travers des boucles d'interaction sur les autres
communications du système et sur elle-même résultat final
sur un des éléments du système.
Etant donné qu'il est impossible de ne pas se comporter
et de ne pas interpréter le comportement, la première forme de
communication en entreprise comme partout ailleurs est constituée par
l'ensemble des comportements en interaction de tous les acteurs de
l'entreprise. Ces comportements quotidiens, habituels ou surprenants, attendus
ou inattendus, sont constamment perçu et interprété par
les acteurs de la situation. Ces interprétations à leur tour,
initient le comportement en réponse et la chaîne se poursuit.
Ce sont ces interactions de nature chaque fois
spécifique qui différencient les organisations qui, dans des
contextes semblables, peuvent faire intervenir des éléments de
structure largement identiques. Tout ceci dans le seul but de la recherche de
l'efficacité au sein de l'entreprise. Toutes les interaction au sein de
l'entreprise ont pur seul finalité de maintenir et de faire avancer
celle-ci
4. Un système de communication est
régi par des règles qui composent la logique de son
fonctionnement ;
Les systèmes vivants ouverts sur l'extérieur ont
tendance à se maintenir à un niveau d'équilibres. Ces
systèmes sont confrontés à des pressions externes ou
internes. Face à ces perturbations, le système doit trouver une
manière de réagir pour les annuler ou tout au moins pour en
limiter les conséquences. C'est ce qui va déterminer un
équilibre dynamique fait de changements internes constants qu'on
désignerait par l'homéostasie.
Cette homéostasie se construit autour d'une norme qui
définie une sorte de point d'équilibre pour le système. La
norme permet de contrôler les perturbations et faire en sorte que ces
dernières ne sortent pas de limites qui amèneraient le
système trop loin de ses capacités d'équilibrage.
En tant que système, l'entreprise, la banque pour notre
cas fait l'objet de pressions diverses notamment la concurrence entre les
différents acteurs de ce secteur. Ces pressions ont une certaine
influence sur l'entreprise. Face à cela l'entreprisse met en place des
normes qui lui permettront de se maintenir. Ce sont ces normes qui feront
adhérer les membres de l'entreprise à l'effort de
développement de celle-ci.
Cette adhésion des membres se concrétise par
rapport aux avantages qu'ils retirent au sein de l'entreprise, ce qui
crée une certaine dynamique de progrès au sein de
l'entreprise.
5. Les émergences
systémiques
Des phénomènes émergents trouvent leur
existence à travers et dans le fonctionnement du système de
communication.
Selon ce principe, quelque chose prend un sens dans un
contexte. Le sens en communication n'est donc pas donné d'avance, il se
construit. Le fonctionnement d'un système génère des
émergences et ce, en dehors des phénomènes de sens qui se
créent du fait de la contextualisation de toutes les communications qui
le composent.
Au sein de l'entreprise ces émergences
systémiques sont perceptible au travers de la culture d'entreprise qui
caractérise le fonctionnement interne de l'entreprise et qui assure et
maintien l'équilibre au sein de celle-ci.
6. Le principe des paradoxes
Les systèmes de communication et les
éléments qui les composent sont le siège de
phénomènes paradoxaux.
Les phénomènes paradoxaux au sein des
systèmes sont liés aux types d'interactions à la position
occupée par les acteurs de la communication. Dans une situation de
communication, les acteurs peuvent se retrouver en position systémique
ou complémentaire.
Les individus en position systémique se
considèrent mutuellement comme équivalents et le comportement est
fondé sur l'égalité de traitement. Ce type de
communication est conflictuel et souvent facteur de blocage au sein de
l'entreprise.
Les individus en position complémentaires agissent
d'une manière qui implique que la relation ne peut se poursuivre s'ils
ne complètent pas mutuellement leurs comportements. Ce type de
communication assure l'équilibre mutuel auprès des acteurs de la
communication. Ce type de communication se veut être consensuel et non
conflictuel et favorise l'éclosion des idées constructives pour
l'entreprise et accroit la participation des membres de l'entreprise.
Mais ces deux types de communication se retrouvent toujours et
presque concomitamment dans l'entreprise.
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