UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
MEMOIRE DE D.E.A
THEME : Les impacts du maraîchage sur la
végétation ligneuse
dans la région des Niayes centrales
(Mboro-Diogo)
|
Présenté par :
Sierge NDJEKOUNEYOM
+235 66 23 37 37
ndjek200@yahoo.fr
Direction : Encadrement scientifique
:
Amadou .T. DIAW : Paul NDIAYE :
Maître-assistant
Maître de conférences Diatou Thiaw FAYE :
Assistante
AVANT-PROPOS
Notre précédent travail a porté sur une
approche dynamique qui prenait en compte tous les aspects du complexe que
constitue le paysage, la présente démarche se veut plus
spécifique vis-à-vis notamment du couvert végétal
dont elle se propose d'étudier la partie ligneuse en rapport avec les
activités maraîchères. Cette progression analytique nous
semble cohérente car le projet de DEA ne peut s'inscrire que dans une
optique d'approfondissement des idées et de la méthode.
Notre premier constat dans ce milieu des Niayes centrales a
révélé à l'évidence un processus de
dégradation de la végétation dans l'indifférence
presque absolue des autorités dont les préoccupations portaient
davantage sur la stabilisation des dunes blanches et jaunes que sur la
protection de ce qui reste de végétation dans les zones mises en
culture, c'est-à-dire les dépressions inter- dunaires.
L'intérêt de l'étude de la pression qu'exerce le
maraîchage sur la végétation est décuplé par
le caractère tout à fait original de cette dernière. En
effet, des essences aux origines très différentes se
côtoient avec des variations spatiales de seulement quelques
mètres. On peut passer d'une association végétale à
une autre simplement en quittant le bas-versant pour le sommet.
Ces variations topographiques apparemment anodines ont
constituées, dans le cadre de ce travail, une véritable
difficulté de mobilité pour les études de terrain de
même d'ailleurs que la barrière linguistique pour les travaux sur
la population locale. Cependant nous avons pu surmonter ces obstacles et bien
d'autres grâce à la collaboration de personnes dont nous nous
faisons ici un devoir d'honorer la participation.
J'exprime toute ma reconnaissance au professeur Amadou Tahirou
DIAW pour avoir accepté la direction de ce mémoire. Ayant
présidé lui-même le jury de mon mémoire de
maîtrise, je tiens à lui témoigner ma gratitude pour ses
conseils avisés, son amabilité et l'attention qu'il m'a toujours
portée.
Je ne saurais trouver les mots justes pour manifester toute ma
gratitude à Monsieur Paul NDIAYE pour la rigueur mais aussi la
subtilité avec la quelle il me traite. C'est une richesse inestimable
sur le plan scientifique et humain d'avoir bénéficié de
son encadrement, de ses suggestions et de sa correction. Je tiens à
témoigner mes plus chaleureux remerciements à madame Diatou THIAW
FAYE pour le suivi qu'elle m'a accordé dans cette phase d'apprentissage.
Je la remercie pour son soutien et son encadrement pour le présent et le
précédent travail. Je remercie également Monsieur Alioune
BA dont les appréciations concernant la méthodologie
d'enquête ont été primordiales pour une bonne lecture du
sujet. Je ne pourrai jamais oublier l'hospitalité avec laquelle j'ai
été reçu à Diogo par la famille BODJAN. Leur
amabilité et leur générosité m'ont permis de
réaliser dans de bonnes conditions les travaux de terrains et
d'enquête. Dans la même lancée je remercie Monsieur Mansour
DIOP de Mboro pour son accueil, sa disponibilité et les précieux
renseignements qu'il m'a fournis. Et enfin je remercie vivement Monsieur Abdoul
Aziz CAMARA du département de Botanique et Monsieur Doudou DIOP de
l'IFAN pour leur aide dans le cadre de l'identification des espèces. Je
ne saurai ignorer la contribution d'Ibrahima NDIAYE de la DTGC, de Monsieur
BOKOUM du CSE et l'aide fraternel apportée par Prosper MBAINDODJIM et
Alaves BENGA.
Je dédie ce travail à Dieu le Père tout
puissant pour son amour et sa fidélité :
A ma défunte soeur Nicole, que la terre lui soit
légère.
A mon père et à ma mère pour leur
dévouement et leur attention continuelle. A mon petit frère
Mbaï pour sa présence et son indéfectible soutien.
A mon petit frère Guy pour assistance et ses judicieuses
remarques. A mon cousin Real pour son engagement.
A mes tuteurs Yossanguem et Miaro.
A mes amis et compagnons de chaque jour : Soussia Lassou,
Koutiéné Sanogo, Na-asra Togui Eric, Dangar Vania, Jean.Leon
kaboré, Willy Mouendou Outou, Khady Boye Diallo, Flora Mavoungou.
Carine, Prospère
A mes camarades du PSO Babacar Faye, Babacar Niang Mariama
Thiandoum, Ndeye Awa Diop,
SIGLES ET ACRONYMES
BRGM : Bureau de Recherche Géologique et Minière
CDH : Centre de Développement Horticole
CER: Centre d'Expansion Rural
CERP : Centre d'Expansion Rural Polyvalent
CSE: Centre de Suivi Ecologique
CPM : Centre de Perfectionnement des Maraîchers
CTL: Conservation des Terroirs du Littoral
DEA : Diplôme d'Etude Approfondie
DTGC: Direction des Travaux Géographique et
Cartographique
ENDA : Environnement et développement du tiers monde
FONG Fédération des ONG du Sénégal
GIE : Groupement d'Intérêt Economique
GPS : Global Positioning System
ICS : Industries Chimiques du Sénégal
IFAN : Institut Fondamental d'Afrique Noire
IRD: Institut de Recherché pour le Développement
JICA: Agence Japonaise de Coopération Internationale
ODI: Overseas Developpment Institute
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ORSTOM: Office de la Recherché Scientifique et Technique
d'Outre-Mer
MDL: Mineral Deposits Limited
PAEP: Projet d'Appui à l'Entreprenariat Paysan
PGIES : Projet de Gestion Intégrée des
Ecosystèmes du Sénégal
PLD : Plan Local de Développement
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PMM : Projet Maraîcher de Méouane
PMEH Projet de promotion des PME horticoles
PRL: Programme de Restauration du Littoral
PRS: Projet de Reboisement du Sénégal
PSO : Programme Sénégal Oriental
PSNN : Projet de Suivi des Nappes des Niayes
SIG : Système d'Information Géographique
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar
UGPM: Union et Groupement des Producteurs de Méouane
UNCA : Union Nationale des Coopératives Agricoles
ZIC : Zone Intertropicale de Convergence
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS
SIGLES ET ACRONYMES
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LE CADRE DE L'ETUDE
CHAPITRE I : Le cadre conceptuel
CHAPITRE II : Le cadre physique et humain de la zone des
Niayes
DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE LA VEGETATION ET DE L'ACTIVITE
MARAICHERE
CHAPITRE III : Analyse phytosociologique
CHAPITRE IV : Analyse descriptive de la végétation
CHAPITREV : Les modalités de la production maraîchère
TROISIEME PARTIE : CONSEQUENCES SPATIALES ET SOCIALES DE
L'INTERRELATION MARAICHAGE - VEGETATION LIGNEUSE
CHAPITRE VI : Evolution du paysage dans la région de
Niayes : de l'écosystème à L'agrosystème
CHAPITRE VII : Association et incompatibilité entre le
maraichage et la végétation ligneuse CHAPITRE VIII : Les facteurs
de l'intensification du maraîchage
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES LISTE DES TABLEAUX LISTE DES PHOTOS ANNEXES
TABLE DES MATIERES
" c,, 4 A eiii //in eg red, de ktr,
ibierin, ow ee' eeimm i en e, en t ei ibiemteJt,
ettitieei, et eykitei, xelft&xemient deg eriekrA, amoiff#144mt
imibem dietvi &/ c~eet&m, de ee re Loo newrine
"wetetti iet ettittriee. "
H. J. Von Maydell
LOCALISATION DE LA ZONE D'ETUDE
Figure 1 : Schéma de localisation de la zone
d'étude Source : Fond de carte
JICA et image satellite 2002. Traitement et cartographie : S.
NDJEKOUNEYOM-2007
La zone qui fait l'objet de cette étude
s'intègre entièrement dans la région naturelle dite de
Niayes dont elle prend en compte une vingtaine de kilomètre de long sur
une huitaine de kilomètre de large, soit 16.269 ha. Elle s'inscrit
administrativement dans la région de Thiès, le département
de Tivaouane et la communauté rurale de Darou Khoudoss. Elle prend
également en écharpe une partie de la commune de Mboro.
Pour ce qui est des toponymies nous nous accorderons à
priori sur celles des la carte de la JICA (Agence Japonaise de
Coopération Internationale) réalisée en 2001.
INTRODUCTION
Occupant la frange littorale nord du Sénégal,
les niayes sont des dépressions interdunaires marquant un contraste
topographique avec les systèmes dunaires au creux desquels se pratique
une intense activité maraichère. Cette étroite bande
abrite une végétation typique par sa composition floristique
complexe et colonisant un substrat particulièrement sableux.
Soumise à des conditions climatiques relativement
modérées (au niveau de la température) notamment
grâce à une humidité relative qui est toujours
supérieur à 50%, la zone des Niayes est propice au maintien d'une
végétation à affinité plus méridionale et
à des cultures de légumes étalées sur toute
l'année. La région qui fait l'objet de cette étude se
présente donc comme un milieu au potentiel floristique important avec
plus d'une trentaine de familles représentées renfermant pas
moins de 80 espèces ligneuses et sous ligneuses, soit un total de 419
espèces si l'on considère toutes les strates.1Cette
richesse végétale (20% de la flore du Sénégal) est
d'autant plus spectaculaire que la bande considérée est d'une
surprenante étroitesse.
A ce cortège floristique se superpose ou plutôt
se substitue de plus en plus une activité maraîchère, elle
aussi, nécessiteuse d'espace. Les périodes successives de
sécheresse conjuguées à l'accroissement galopante des
centres urbains consommateurs de légumes finissent par exercer sur ce
milieu une pression de plus en plus insoutenable dont la diversité
biologique est la première à pâtir.
En raison du caractère atypique de cette zone sur le
plan géomorphologique et phytogéographique, elle a fait l'objet
d'un intérêt particulier pour les premiers investigateurs qui s'y
sont exprimés. C'est le lieu de rappeler ici, à titre indicatif,
les travaux d'Aubréville, de Giffard, d'Adam, de Trochain ou encore de
Raynal qui en ont étudié la végétation entre la
période de 1940 à 1980. Mais les enjeux économiques
grandissant ont mis un accent particulier sur les activités horticoles
qui représentent, selon les études menées par le CDH
(ISRA), 80% du total national. En dépit de cette riche documentation,
les rapports entre la végétation naturelle et le maraîchage
n'ont été que succinctement abordés d'où la
nécessité pour nous aujourd'hui de mettre un accent plus
prononcé sur les liens de cause à effet qui unissent sur un
espace restreint, une activité en extension et un potentiel en
régression.
Nous entendons, à travers cette étude, mettre en
lumière les mécanismes complexes qui lient les différents
acteurs aux composantes naturelles et artificielles dans cet espace que nous
avons convenu d'appeler un agroécosystème. Il s'agit de proposer
une lecture articulée d'une réalité spatiale qui
s'étudie souvent de manière distincte (le maraîchage d'un
côté et la végétation de l'autre).
Le premier intérêt accordé à un tel
objectif est bien sûr de vouloir mettre en évidence les relations
entre le maraîchage et au moins une strate de la
végétation. Car bien souvent pour expliquer la régression
du couvert végétal ou la raréfaction de certaines
espèces de l'intérieur des cuvettes, on allègue volontiers
la péjoration climatique ou l'érosion éolienne, or notre
conviction est qu'il est plus facile d'agir sur des causes humaines que de
vouloir contrôler les effets désastreux de la nature. La
réduction floristique dans les niayes plus particulièrement, nous
apparaît comme une conséquence (au moins en partie) de la mauvaise
coordination et du
1 -Monographie nationale sur la biodiversité au
Sénégal (ministère de l'environnement et de la protection
de la nature)
manque de planification entre les services des Eaux et
Forêts et des programmes de développement agricole qui semblent se
complaire à fonctionner dans l'indifférence les uns des autres
L'augmentation de la pression humaine sur cet espace sous
diverses formes provoque une importante dépendance de
l'écosystème vis-à-vis des apports extérieurs (de
nature anthropique) pour son fonctionnement. L'autorégulation
inhérente à tout écosystème naturel disparaît
progressivement, fragilisant énormément le milieu puisque
celui-ci devient victime d'une intervention humaine qui elle-même n'est
entretenue que par une ressource (la nappe phréatique) qui s'amenuise
dangereusement. La végétation dans son évolution est sans
doute ici l'un des indicateurs les plus fiables non seulement de la
variabilité climatique mais aussi de la dégradation
environnementale et du malaise social qu'il sous entend.
D'un point de vue méthodologique, la présente
étude s'appuiera sur une approche phytosociologique en ce qui concerne
la végétation suivie par la cartographie des surfaces
maraîchères. A cela seront associés d'autres travaux de
terrain avec notamment l'application de questionnaires et de guides d'entretien
pour les aspects socioéconomiques et les pratiques paysannes.
Nous nous inscrivons d'emblée dans une démarche
néopositiviste ou plus simplement une démarche déductive
qui nous permettra de partir de la formulation d'hypothèses pour
observer les processus en cours. La logique de cette démarche nous
conduira avant tout à préciser le cadre d'ensemble de
l'étude, nous aborderons par la suite plus spécifiquement la
végétation ligneuse et l'activité maraîchère.
La dernière partie de cette réflexion nous conduira à
étudier les rapports qui existent entre cette végétation
ligneuse et le maraîchage.
En dépit de cette approche quelque peu
réductionniste notre sujet se veut fondamentalement systémique
considérant le fonctionnement plus que les parties de cet
agroécosystème.
PREMIERE PARTIE
Cadre de l'étude
Chapitre I : CADRE CONCEPTUEL
I. LA PROBLEMATIQUE
La région des Niayes située sur la Grande
Côte sénégalaise offre un paysage particulièrement
individualisé à travers une succession de dépressions
inter-dunaires. Ce milieu marqué par des conditions hydro-climatiques et
floristiques plus favorables que d'autres espaces situés à la
même latitude a répondu favorablement à sa vocation
maraîchère. Longtemps considéré comme un espace
inhospitalier au Sénégal il a connu, à la faveur de la
sécheresse de 1970, un regain d'intérêt. D'inhospitalier,
il est passé à très attractif, les pressions se sont
multipliées et diversifiées d'autant plus que le milieu d'origine
était vulnérable.
Ces pressions diverses exercent sur la
végétation un gradient sélectif de plus en plus
significatif. La végétation des niayes qui avait
déjà été sévèrement affectée
par la péjoration des conditions climatiques et l'assèchement des
nappes phréatiques se trouve confrontée à une
réduction importante de sa composition floristique et de ses aires
d'extension du fait de l'ampleur que prend le maraîchage. Commandé
par un contexte économique extérieur influent et une
réalité locale pesante (le besoin des populations locales de
tirer partie des potentialités de leurs terroirs), le maraîchage
participe jour après jour à l'appauvrissement du couvert
végétal naturel.
Le déficit pluviométrique et la
libération des cuvettes par l'assèchement des nappes de ces
dernières années ont conduit cette région jadis
déserte (en terme d'occupation humaine) à être l'un des
pôles d'accueil des populations en provenance de l'intérieur, du
sud et du nord du pays. Si partout la sécheresse du début des
années 1970 a été un motif à l'émigration,
dans cette zone au contraire elle a été la raison de
l'intensification des activités agricoles (maraîchage). En effet
depuis la Deuxième Guerre mondiale et l'introduction véritable du
maraîchage par l'administration coloniale, la région des Niayes a
connu un aménagement humain considérable qui en a fait un espace
agricole à part entière. Très vite les terres disponibles
pour cette activité deviennent insuffisantes pour contenter tout le
monde, on procéda alors à un morcellement des cuvettes puis
finalement à une extension des cultures dans d'autres compartiments du
paysage (haut-versants) à tel enseigne que la végétation
naturelle (et notamment les ligneux) se réfugie à présent
sur les hauteurs où d'ailleurs elle n'est plus
épargnée.
Le contexte économique dans lequel est placée la
région, encadrée par de puissants centres urbains s'imprime de
plus en plus sur la morphologie agraire des espaces ruraux que l'on y
rencontre. Le secteur compris entre Mboro et Diogo abrite une population au
comportement de plus en plus urbain à travers le mode vie et surtout le
mode de consommation. Aussi cherche t-elle à accroître sa source
de revenus en sollicitant autant que possible les terres de culture
maraîchère. Or les surfaces les plus adaptées à
cette culture sont également celles qui correspondent à la zone
de concentration de la végétation typique des niayes.
Cette région qui, du fait de son originalité,
notamment floristique, et de sa vulnérabilité, a fait l'objet
d'un décret le classant en «périmètre de restauration
« depuis 1957, subit de plus en plus l'influence d'une activité
économique dont l'ampleur est dictée par l'importance des besoins
et la rareté des alternatives viables. Le contexte à la fois
géographique, économique et juridique de cette région la
rend intéressante pour une étude des relations entre une
ressource (la végétation) et une activité(le
maraîchage).
En effet les pratiques maraîchères ont atteint
une envergure inquiétante pour la préservation de certaines
essences naturelles. Il a été constaté une disparition des
essences naturelles dans les secteurs dépressionnaires et un
regroupement de celles-ci sur les hauteurs, la difficulté d'utilisation
des sommets constituent leur seul rempart.
Il est à noter également que la
végétation ligneuse qui disparaît dans les bas-fonds (du
fait du maraîchage) est de nature différente de celle qui se
retranche sur les hauteurs d'où une véritable réduction de
la diversité floristique. Il importe si cette intuition - issue de nos
premiers travaux - est fondée de savoir au juste quelles sont les
surfaces et les espèces concernées par cette réduction.
Nous nous trouvons en fait devant une agriculture intensive pratiquée
dans un environnement sensible et qui ne tolère que les espèces
qui n'entravent pas son extension spatiale.
La concurrence spatiale entre végétation
ligneuse naturelle (ou même parfois les essences du reboisement) et les
cultures maraîchères prend une autre envergure dès lors que
les techniques de culture sont systématiquement
révolutionnées (par les progrès agronomiques et la
motorisation entre autres).
L'intensification culturale n'affecte pas la
végétation en terme uniquement quantitatif mais également
en terme sélectif, donc qualitatif. Si certains individus
d'espèces sont délibérément maintenus dans le
paysage, beaucoup d'autres considérés comme encombrants pour le
maraîchage sont décimés. Raynal2 exprimait
déjà depuis 1963 cette préoccupation en ces termes :
« Certains milieux sont floristiquement très appauvris en raison
soit d'un facteur local soit d'une dégradation par l'homme dans ce cas
le jeu différentiel de la concurrence entre espèces aboutit
à rendre provisoirement l'une dominante ». Ce constat se confirme
de plus en plus aujourd'hui et il serait intéressant de vérifier
le degré d'anthropisation de la végétation et les risques
qu'il comporte.
Les essences spontanées qui sont aujourd'hui les plus
fréquentes dans les niayes ne le sont pas simplement du fait de la
nature ou de ses effets mais aussi par l'action humaine qui contribue au
remaniement de la végétation.
Au delà de l'enjeu purement écologique qui
consiste à conserver à cette zone son originalité
floristique, il est question ici de surveiller les variations de la
végétation naturelle dans la mesure où elles peuvent
induire, en cas de réduction sévère, des processus de
dégradation irréversibles (ensablement). Il s'agit aussi de
contrôler l'intensification du maraîchage qui peut introduire
d'importantes quantités de toxines dans l'environnement. En effet, face
au caractère discontinu et irrégulier des activités de
reboisement et aux limites des essences choisies, il s'avère
nécessaire de conserver quantitativement (et peut-être aussi
qualitativement) certaines espèces. Le milieu choisi se présente
comme un agroécosystème dans lequel le maintien de proportions
écologiquement équilibrées de végétation
naturelle est nécessaire à la pérennisation même du
maraîchage. Eu égard au caractère dynamique de cet
environnement dunaire, il importe donc de prendre au sérieux le
rôle fondamental joué par la végétation ligneuse
dans la stabilisation du matériel sableux afin de ne pas courir à
une catastrophe écologique dans la zone.
2 Flore et végétation des environs de
Kayar (Sénégal)
La problématique peut également poser d'autres
questions, car beaucoup d'espaces abandonnés en raison de
l'approfondissement de la nappe ou de sa pollution sont-ils aptes à
accueillir à nouveau des essences naturelles ou sont ils
dégradés au point que leur régénération ne
s'envisage que dans un futur lointain ?
1.1 Objectifs
-L'objectif fondamental de cette étude
est de mettre en évidence le fonctionnement de cet «
agroécosystème », ses règles et ses limites ainsi que
les processus socioéconomiques qui la soutiennent.
-Actualiser les informations sur la dynamique associative de la
flore des Niayes à travers des inventaires et une analyse
phytosociologique.
-Montrer les effets directs et indirects du maraîchage
sur la végétation ligneuse (en termes de réduction
spatiale et floristique) et les conséquences prévisibles de cette
intensification de cultures.
1.2 Hypothèses
Pour soutenir cette réflexion nous formulons des
hypothèses qu'il nous faudra infirmer ou confirmer au terme de cette
étude.
-Nous formulons comme hypothèse que le paysage
arboré qui résulte des pratiques culturales ne saurait être
dans sa composition floristique et dans son organisation spatiale le fruit du
pur hasard. Il résulte forcement d'une nécessité
économique, écologique, de pratiques culturelles et des
contraintes physiques.
-La pratique du maraîchage sous sa forme intensive
provoque dans les niayes une fragilisation accélérée de
l'écosystème à travers la raréfaction
d'espèces végétales essentielles à sa
stabilité.
-L'usage et l'utilité que le maraîcher trouve
à une essence justifient largement son maintien ou son
élimination.
II. LA METHODOLOGIE
Précisons ici que nous étudierons
préférentiellement la végétation ligneuse
spontanée et dans une moindre mesure les essences introduites par le
reboisement pour voir leur degré d'intégration dans le paysage.
Le but qui motive cette étude est de parvenir à élaborer
une méthodologie cohérente et opérationnelle pour la
quantification de la végétation et le suivi de son
évolution. Mais la mise en place d'une méthodologie efficace dans
le cadre d'une telle étude pose quelques difficultés qu'un bon
exposé permet de réaliser.
Il sera question de considérer uniquement l'étroite
bande constituée par les cuvettes logées à l'interface des
dunes jaunes et rouges3, soit une superficie de 4 446 ha.
L'approche privilégiée dans cette étude
est d'observer deux objets spatialement concurrents, le maraîchage et la
végétation ligneuse, au moyen d'une cartographie faite sur la
base d'imagerie satellitaire en corrélation avec les observations de
terrain. Nous proposons donc deux échelles d'observation
différentes mais tout compte fait complémentaires. La
première prend en compte une vision d'ensemble sur un espace
suffisamment large et la seconde
3 -A cet effet, à chaque fois que nous
rapporterons aux dépressions et cuvettes de cette zone la terminologie
niayes, nous l'écrirons avec un « n » minuscule.
considère les cuvettes individuellement pour arriver
à un meilleur niveau de détail sans perdre l'information
d'ensemble.
2.1 La revue documentaire
La région des Niayes a suscité très
tôt la curiosité et l'intérêt de nombreux
géographes et botanistes qui lui ont consacré une abondante
bibliographie. Ainsi d'Aubréville à Raynal en passant par
Chevalier, Trochain et Adam, sans oublier P. Ndiaye, la
végétation a été particulièrement
étudiée (même si on note parfois le manque d'accord entre
les auteurs).
Mais contrairement à ce que pourrait laisser supposer
une telle richesse bibliographique, les documents (plus spécifiquement
sur la végétation) sont devenus très rares. La plupart de
ces ouvrages sont en perdition dans les principaux centres de documentation
(BU, IFAN, IRD..), il n'en subsiste que quelques exemplaires aux mains des
particuliers qui en comprennent dès lors, jalousement, l'importance. Les
travaux plus récents ne sont le plus souvent que des synthèses
peu exhaustives et peu approfondies des études antérieures. Nous
n'avons ainsi eu accès directement qu'aux travaux de Trochain et de
Raynal pour ce qui est des anciennes publications. Les dernières
études sont de niveau DEA et portent sur la strate des
végétaux herbacés.
2.2 Les travaux de terrain
· Les travaux préliminaires
La phase préliminaire de l'étude de terrain a
d'abord porté sur une observation d'ensemble des cuvettes dans le but de
choisir des toposéquences représentatives des secteurs
considérés. Car le danger est toujours grand lorsqu'on extrapole
des informations prises à un niveau très détaillé
sur de grands ensembles. Nous proposons donc à l'aide de GPS et
d'observations sommaires de caractériser au préalable les
cuvettes rencontrées sur le site afin de réduire les risques
liés au choix d'une cuvette (de sorte qu'elle soit
représentative). Nous avons réalisé par la suite des
cartes au niveau de trois cuvettes en considérant les
caractéristiques que sont la topographie, la pédologie, la
couverture végétale, les types de cultures et la composition
floristique.
· La démarche phytosociologique
Cette approche sous entend que les plantes ne se regroupent
pas au hasard et qu'il existe des affinités qui les
caractérisent. La présence d'une essence peut donc supposer celle
d'un certain cortège floristique qui lui est généralement
associé, ceci est d'autant plus intéressant qu'ici le recoupement
des domaines sahéliens, soudaniens et même subguinéens
introduit une certaine originalité.
-L'échantillonnage : l'approche phytosociologique se
réalise à l'aide de relevés. Nous notons que tout
relevé de ce type a sa part de subjectivité car
l'échantillonnage du lieu de relevé ne peut être
parfaitement représentatif de l'ensemble de l'espace
considéré. Cela est d'autant plus vrai que le milieu que nous
choisissons d'étudier est d'une grande
hétérogénéité. Ce qui lui vaut la
méthode à échantillonnage stratifié qui
est adapté à des situations où la densité à
estimer varie selon les particularités du milieu. Celui-ci est
divisé en zones plus homogènes : Ici les sommets, les fonds des
cuvettes, les bords des puits, les haies-vives et les versants ont
été distingués. Il s'agit dans chaque secteur
identifié d'appliquer une méthode aléatoire simple en
prévoyant un effort d'observation plus important dans les secteurs
à plus forte concentration.
- La période d'observation : ici elle ne revêt
pas une signification primordiale dans la mesure où la strate
observée est ligneuse, la période peut tout au plus induire des
difficultés d'identification à cause du changement au niveau de
certaines essences qui sont plus déprimées pendant la
période sèche.
-La détermination de l'aire minimale : cette
procédure simple consiste en un dénombrement des espèces
au fur et à mesure des relevés, arrive un moment où
forcement la flore ne s'enrichit plus de nouvelles espèces, c'est l'aire
minimale caractérisant l'association végétale.
- L'abondance dominance : on appelle abondance la proportion
relative d'une espèce donnée et dominance la surface couverte par
cette espèce. Dans la pratique c'est l'échelle suivante qui est
retenue :
v' Coefficient 5 : espèce couvrant plus de 3 /4 de la
surface
v' Coefficient 4 : espèce recouvrant plus de1/2de la
surface
v' Coefficient 3 : espèce recouvrant plus de1 :4 de la
surface
v' Coefficient 2 : espèce bien représenté
mais couvrant moins de1/20 de la surface v' Coefficient + : espèce
présente mais d'une manière non chiffrable
Notons que dans le cas ou l'espèce est bien
représentée c'est la dominance qui prime et dans le cas ou il
s'agit d'une essence rares on considère surtout l'abondance.
-Procédure d'inventaire : pour le dimensionnement des
placettes nous avons considéré, en fonction de
l'éparpillement non négligeable des individus, des placettes de
50 m de côté soit une surface de 2 500 m2, la forme
retenu sera donc carrée eu égard à sa facilité de
réalisation.
Du fait du rabougrissement souvent constaté dans cette
zone, nous ne retiendrons que 5 classes pour la stratification. [0-1m]; [1-3m];
[3-6m]; [6-10m] et [sup10m].
2.3 Exploitation de relevés
-Le tableau brut
-Le tableau de présence
-Test d'homogénéité-Analyse
différentielle
-Détermination de groupements
-Stratification et densitéLe traitement des
relevés fera l'objet de plus amples explications méthodologiques
dans le chapitre 3 car il est mal aisé d'en exposer ici les
modalités en l'absence d'exemples concrets.
2.4 Traitement cartographique
Le traitement des images satellites à
été précédé par le choix de ce type d'image
(préférentiellement aux photos aériennes qui sont
difficilement géoreferenciables dans le cas présent) pour
exprimer les variations du maraîchage car il apparaît distinctement
par rapport à toutes les autres composantes du milieu. Le logiciel de
traitement cartographique utilisé est Arcview 2.3 et nous permet de
digitaliser aisément les espaces de maraîchage situés entre
Mboro et Diogo.
2.5 Les enquêtes population
Les enquêtes à l'aide de guides d'entretien et
de questionnaires ne s'attarderont plus sur les
généralités (informations déjà acquises dans
le précédent travail). Il est question surtout d'informations
qualitatives sur l'organisation spatiale et le rapport avec les essences
naturelles et reboisées.
2.5.1 La diversité des utilisateurs
Bien que majoritairement dominée par le
maraîchage, la niaye est une zone à usages multiples et
c'est souvent dans cette diversité d'utilisation que nous trouvons les
réponses aux préoccupations qui sont les nôtres. Car axer
le questionnaire uniquement sur les maraîchers risque de biaiser
l'information dans la mesure où ces derniers ont leurs perceptions des
rapports maraîchage-végétation subjectivement
affectées par leur condition et l'appât du gain.
En contre partie, il est judicieux d'interroger aussi les
producteurs de vin de palme pour qui cette ressource tirée d'Elaeis
guineensis représente un capital vital. Par ailleurs les
producteurs maraîchers eux mêmes ne sont pas tous du même
genre et leur action sur le couvert végétal peut s'en ressentir.
Nous avons donc eu à distinguer les producteurs exclusivement
maraîchers, les producteurs pêcheurs et pasteurs, les producteurs
horticoles, citadins. Sans omettre que la taille d'une exploitation peut jouer
sur les techniques de mise en valeur et par conséquent sur
l'évolution de la végétation tout au tour.
D'autres utilisateurs de la ressource ligneuse dont le
maraîchage affecte les pratiques sont aussi à signaler. Ainsi on
doit tenir compte des éleveurs, des tradipraticiens, des travailleurs de
bois etc. Il s'agit donc dans cette approche de concevoir le maraîchage
comme une activité qui produit des conséquences et des
interactions multiples dans la société à travers la
communauté de l'espace (considéré avec sa ressource
ligneuse) et la diversité des types d'usagers.
2.5.2 L'échantillonnage
La méconnaissance de la population mère dans la
zone d'étude rend extrêmement délicat le choix d'un
échantillon assez représentatif. Les différents acteurs
que nous avons identifiés cihaut ne sont que vaguement connus d'un point
de vue démographique. A cela s'ajoute une difficulté majeure qui
résulte du cumul, souvent constaté, d'activités dans cette
étroite bande et sur cette maigre ressource ligneuse.
Face à cette complexité et à la
diversité des perceptions qui peut en résulter, nous avons au
préalable fait une étude sommaire de la population à
travers un sondage qui nous a permis de définir des seuils raisonnables
à partir desquels nous avons réalisé les enquêtes.
Pour ce faire et en l'absence d'une base de données fiables sur la
population de cette zone et en raison de l'agencement linéaire des
établissements humains, nous choisissons de faire un
échantillonnage aréolaire ou topographique sur la base des photos
aériennes. Ce sondage fait de concession en concession, à pas
régulier nous a permis de connaître la proportion des
différents acteurs. C'est grâce à ce sondage, en respectant
les pourcentages ainsi établis que nous avons appliqué les
questionnaires que nous avions réalisés. Au total 150
questionnaires ont été appliqué proportionnellement au
nombre des différents acteurs (Mboro a enregistré 50
questionnaires et Diogo 100).
III. LA DISCUTION DES CONCEPTS
Toute étude, qu'elle se veuille scientifique ou non,
se doit en préambule de clarifier les terminologies qu'elle entend
utiliser sous peine de créer de fâcheux malentendus. Certains
concepts que nous aborderons ont à cet effet une forte polysémie
ou relèvent d'une compréhension populaire marquée par une
profonde confusion. Ainsi n'emploie t-on pas indifféremment le terme de
flore en lieu et place de celui de végétation ou celui
d'association pour caractériser une formation végétale
?
3.1 Le paysage
La notion de paysage est une notion
particulièrement mal définie en ce sens qu'elle admet une
multitude d'acceptions différentes. Nous avons tenté d'en montrer
l'ambigüité dans notre précédent travail. Mais il
semble nécessaire de procéder à nouveau à une
analyse succincte afin de dissiper quelque peu le brouillard sémantique
qui plane encore autour de ce concept. En effet chaque fait géographique
est un système complexe dans lequel de multiples composantes visibles et
invisibles sont en interaction permanente. La démarche paysagère
rappelle avant tout qu'un phénomène géographique ne
dépend jamais d'un seul facteur mais d'un complexe de facteurs, eux-
même interdépendants. Nous entendrons donc le paysage ici, en
particulier sous l'angle du relief, de la végétation et de
l'interaction de différents facteurs anthropiques et
naturels sur le milieu biophysique.
2.2 Le terroir
Le terme terroir admet également plusieurs
acceptions (agronomique, géographique etc). Il peut s'entendre comme une
étendue de terrain présentant certaines caractéristiques
qui l'individualisent au point de vue agronomique. Cependant cette approche ne
répond pas au souci de notre problématique ni à la
réalité des campagnes sénégalaises. En 1964 une
définition administrative considère cette entité
territoriale comme comprenant autant que possible « les terres de culture,
de jachère, de pâturage, de parcours et reboisement
régulièrement utilisés par le ou les villages qu'il
couvre, ainsi que les terres en friche jugées nécessaires
à son extension ». Il s'agit donc d'une portion de territoire sur
lequel une ou des communauté(s) s'identifie(ent) et exerce(nt) des
activités. Cet espace est caractérisé par des
données d'agroécologie et de société. Nous nous
rangeons à cette dernière acception.
2.3 La dynamique ou l'évolution de la
végétation
Il est à peine nécessaire de rappeler que la
végétation est une des composantes les plus sensibles du milieu
physique, elle est de ce fait sujette à d'importantes variations qui
convoquent des notions comme dynamique ou évolution.
Ces variations peuvent être la conséquence immédiate ou
lointaine de modifications du milieu telle une sécheresse, une
catastrophe naturelle ou plus ordinairement l'action de l'homme. Mais elles
peuvent aussi être propres à la végétation
elle-même qui évolue spontanément par étapes
successives pour atteindre un état d'équilibre avec les
conditions écologiques du milieu considéré.
C'est à cette évolution qui conduit au
climax que cette notion de « dynamique de la
végétation » doit être en principe
réservé. L'action humaine peut par contre contrarier cette
évolution ou si non provoquer un retour vers un stade antérieur
dont le terme ultime n'est autre que le sol nu. Des pratiques comme le
reboisement peuvent déterminer une nouvelle évolution progressive
vers un stade similaire dit subclimax ou un stade différent ou
paraclimax. Aussi aurons-nous plus souvent recours au terme «
d'évolution de la végétation » qu'à celui de
dynamique qui recouvre un contenu beaucoup plus précis.
Premièrement intuitive, l'espèce est une notion
par laquelle on distingue un individu d'un autre en le rattachant à une
communauté ayant les mêmes traits physionomiques. Cependant ce
critère intuitif est fréquemment sujet à confusion. Aussi
définit-on l'espèce au sens biologique comme un ensemble de
populations effectivement ou potentiellement interfécondes dans les
conditions naturelles et au sens taxinomique comme l'unité fondamentale
de la classification qui distingue les grandes unités suivantes : le
règne, embranchement, classe, ordre, famille, genre,
espèce, variété.
3.5 La flore et la végétation
Ces deux notions renvoient dans l'inconscient collectif des
non initiés à la même réalité, à telle
enseigne que leur emploi n'est qu'exceptionnellement nuancé. Mais
à ce niveau il est d'importance capitale que nous ne fassions pas
d'amalgame à ce sujet.
-La flore désigne selon G. Long4 la
liste de tous les végétaux divers (espèces sous
espèces variété...) d'une localité ou d'un
territoire géographique donné.
-La végétation est, selon le
même auteur, l'ensemble architectural qui résulte de l'agencement
dans l'espace de types de végétaux présents sur une
portion quelconque de territoire géographique.
3.6 L'association végétale et la formation
végétale
Ces deux concepts sont différents l'un de l'autre
autant que la notion de flore diffère de celle de
végétation. La formation végétale renvoie
à des caractéristiques physionomiques (la forêt, la savane,
la steppe, les marais maritime etc) indifféremment de la nature et de la
diversité des essences constituant ce volume de couvert
végétal. L'analyse devient plus pointue lorsqu'elle prend en
compte la notion d'association végétale qui elle
intègre la composition floristique. Il est généralement
admis que les plantes ont un comportement qui leur permet de cohabiter et de se
distinguer d'une autre association voisine. Ainsi une formation
végétale peut recouvrir plusieurs associations.
3.7 L'écosystème
Terminologie assez récente, le mot
écosystème est de plus en plus utilisé par la
société moderne, ceci en rapport avec les préoccupations
que sa transformation suscite. Un écosystème est un
système biologique complexe formé par divers organismes vivant
ensemble (une biocénose) dans un milieu qui intervient dans
leur existence (le biotope).
Sa particularité réside dans le fait qu'il
constitue une entité relativement autonome par rapport aux autres
écosystèmes voisins. Il peut par conséquent être
étudié du point de vue de son fonctionnement propre avec des
échanges entre les organismes qui y vivent et des échanges entre
organismes et matière nutritives. Les rapports entre les êtres
vivants peuvent y être de différents ordres : la
compétition, la symbiose, le parasitisme, la prédation. Notons
que ce n'est pas la liste, fut-elle exhaustive, des espèces d'une
biocénose qui compte mais bien la structure et le fonctionnement de
l'écosystème.
3.8 La population
Une population est la pièce
élémentaire de l'écosystème. C. Henry5
la définit comme « l'ensemble des individus appartenant à la
même espèce occupant une aire géographique et pouvant se
reproduire entre eux ».
4 -Diagnostique phytoécologique et
aménagement du territoire
5 -Biologie des populations animales et
végétales
3.9 La biodiversité
Néologisme composé en partie des mots biologie
et diversité, la biodiversité se définit comme « la
variabilité des organismes vivants de toute origine y compris entre
autre les écosystèmes terrestres, marins et autres
écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont
ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces
et entre les espèces ainsi que celle des écosystèmes.
»6
3.10 La phytosociologie
La phytosociologie est l'étude descriptive et causale des
associations végétales.
3.11 L'agroécosystème
Il s'agit d'un espace qui intègre des proportions
équilibrées de forêt et de culture dans le but d'assurer
une meilleure rentabilité par les pratiques agronomiques (une
fertilisation ou une protection des cultures). Cette notion tirée de
l'agroécologie n'est pas une approche purement technique mais
intègre les dimensions sociales économiques et politiques de la
vie humaine dans ce système.
3.12 La dégradation
L'emploi de ce terme est le plus souvent abusif dans la
mesure où il suppose un processus de détérioration qui ne
peut pas s'observer, généralement, à l'échelle
d'une vie humaine. Rien n'atteste en vérité que ce que nous
observons actuellement est une réelle dégradation compte tenu de
la grande relativité de cette notion qui ne peut être
appréciée que par rapport à un état originel que le
plus souvent nous ne connaissons pas.
Aussi emploierons-nous ce terme dans le cadre de la zone des
Niayes en faisant référence à un passé non lointain
que la documentation et les témoignages nous permettent d'attester ou
plus exceptionnellement pour parler de la période géologique
(Quaternaire) qui aurait vu la formation de sa végétation.
3.13 La notion de disparition d'espèces
L'expression « disparition
d'espèces«, généralement manipulée avec
peu de précaution, est très répandue à cause du
message alarmiste qu'elle véhicule et de la réaction positive
qu'elle suscite chez les décideurs politiques. Néanmoins d'un
point de vue scientifique, il doit être pris avec le maximum de prudence,
car parler de disparition c'est parler d'un point de non retour. Par ailleurs
la notion est scientifiquement très prétentieuse dans la mesure
où les études qu'elle concerne (qu'il s'agisse de
végétaux ou d'animaux) sont rarement exhaustives. Nous lui
préférerons des expressions plus nuancées comme
réduction, raréfaction ou en voie de disparition, traduisant
ainsi une tendance et non plus un état irréversible.
3.14 La surexploitation
Le préfixe « sur » qui
précède le terme exploitation signifie en
réalité au dessus ou au-delà, or aucune
ressource, fut elle non renouvelable, ne peut être exploitée au
delà du disponible. Comment donc comprendre cette notion ? Le concept de
surexploitation renvoie en réalité à une idée que
sa définition traduit pleinement : exploiter à l'excès. Il
s'agit d'une exploitation supérieure aux seuils de reconstitution ou de
restitution de la ressource hypothéquant ainsi les possibilités
de renouvellement.
6-Art.2 de la convention sur la diversité
biologique 1992
3.15 Le développement durable
Le concept est né d'une double préoccupation,
la recherche d'un développement humain (consécutif à la
fracture nord-sud) et la crise écologique qui incite à la
protection de l'environnement. Se définissant comme « un
développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs 7». L'objectif du
développement durable est de définir des schémas qui
concilient les 3 aspects : économique, social et environnemental, des
activités humaines. L'agriculture durable n'est de fait
qu'une application des principes du développement durable à
l'agriculture8.
3.16 La savane et la steppe
Les terminologies savane et steppe ont
contracté dans les travaux des paysagistes, pédologues,
agronomes, botanistes et phytogéographes des significations diverses et
fort discutées. Les formes associées à ces deux
appellations sont multiples à travers le monde, suscitant d'ailleurs
chez bon nombre d'auteurs un point de vue très personnalisé et
pour le moins contestés. Ce qui conduit naturellement à une
confusion indicible qui oblige chaque chercheur à préciser sa
position. Nous retiendrons en gros, pour notre part, la classification
tirée de la conférence de Yangambi en 1956 à laquelle nous
associerons pour les besoins de notre problématique les nuances assez
subtiles apportées par G. Riou9.
Suivant la nature, la hauteur, l'organisation ou la
densité de la couverture ligneuse, arbustive, herbeuse, nous aboutissons
à plusieurs types de savanes et de steppes. Ainsi parle-t-on de savanes
arborée, arbustive, boisée, herbeuse, buissonnante etc. Il en va
de même pour la steppe encore appelée pseudo steppe10.
D'autres désignations comme forêt claire (ou
savane de forêt) font référence à une densité
en arbre assez conséquente et un tapis herbacé régulier.
Les savanes arborées ont une densité moindre en
ligneux complantés dans une étendue d'herbes, elles
présentent un aspect désorganisé et une gamme
d'espèces variées. Les savanes boisées
sont caractéristique d'un espace parsemé d'îlots forestiers
se rapprochant de la forêt claire mais plus confuse, plus
irrégulière et embroussaillée. « Elle comporte
clairement des nappes à dominante herbeuse et d'autre part de touffes de
ligneux »9.
Le point commun entre toutes ces formes
savanicoles est la permanence de l'herbe de même que la
particularité des steppes reste (en plus de la
xérophilie) la discontinuité du couvert végétal
laissant apercevoir le sol. L'ambigüité s'accroît dès
qu'on intègre le paramètre anthropique par le biais duquel on
parle de notions comme parc savane ou parc
arboré...
La richesse thématique de la zone que nous avons
choisie d'étudier révèle d'immenses possibilités en
termes d'approches et de méthodologies et cela même dans le cas
spécifique de notre sujet. Aussi la fixation du cadre théorique
dans le quel sera mené le travail est un préalable indispensable
à la compréhension de notre démarche, de nos
résultats et des conclusions auxquelles nous parviendrons.
7- Rapport de Brundtland : commission mondiale sur le
développement 1987
8-Mais libellé comme tel ce concept
ressemble fort à un recueil de bonne intensions qui voudrait permettre
tout à la fois sans vraiment dire comment. Comment en effet concilier
les préoccupations sociales, économiques et écologiques
alors que nos pays arrivent à peine à conjuguer les deux premiers
termes ?
9 -Savane : l'herbe, l'arbre et l'homme en terres
tropicales
10 -Afin de distinguer des cas des pays occidentaux
d'où est tirée l'expression
Chapitre II : CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN DE LA ZONE DE
NIAYES
La zone des Niayes réputée pour son
exubérance sur le plan végétal se présente
aujourd'hui, en certains endroits du périmètre, nettement
entamée avec un éclaircissement général de la
couverture végétale et un état végétatif
médiocre de certaines essences ligneuses typiques de la
région.
Cette évolution tient à la fois du cadre
physique qu'humain qui imposent des conditions particulièrement
sévères à la végétation. L'évolution
constatée dans les trois éléments que sont les nappes, les
systèmes dunaires et la végétation a été en
réalité impulsée par la péjoration
généralisée des conditions climatiques depuis quelques
décennies. Les cadres géomorphologiques, climatologiques,
hydrologiques, phytogéographiques ou humains présentent entre eux
une remarquable interdépendance, ce qui contribue fondamentalement
à la fragilité d'ensemble du milieu qui est fortement
conditionné par l'évolution de chaque élément pris
individuellement et dans ses relations avec les autres.
I. LE CADRE GEOMORPHOLOGIQUE
Le vaste manteau de sables qui recouvre et commande l'aspect
du paysage dans la région des Niayes résulte de la juxtaposition
de plusieurs systèmes dunaires marquant l'évolution
morpho-climatique du Quaternaire.
Figure 2 : Coupe schématique ouest/est de la zone
des Niayes Source : PEZERIL ET AL
1986
Deux systèmes dunaires principaux ont
été individualisés dans l'espace et dans le temps : le
système dunaire littoral constitués par les dunes vives (dunes
blanches) et les dunes semi- fixées (dunes jaunes) et le système
dunaire continental formé par les dunes fixées (dunes rouges).
Figure 3 : Schéma descriptif de la
géomorphologie des Niayes Source : BRGM 1983
A l'interface de ce système apparaissent les
niayes qui sont des dépressions interdunaires constituant un
réseau de cuvettes morcelées et de chenaux qui découpent
le système des dunes Ogoliennes
1.1 Les dunes blanches
Ce système borde le littoral de la Grande Côte
avec une largeur rarement supérieure à 2km. Les dunes blanches
contrastent nettement avec les autres formations. Appelée aussi dunes
vives, cet ensemble présente des formes multiples et complexes en raison
de l'intense activité géodynamique qui les caractérise.
Elles présentent une végétation faible essentiellement
halophile à cause de la présence d'embruns marins.
1.2 Les dunes jaunes
Les dunes jaunes ou dunes semi-fixées occupent
l'arrière plan des dunes blanches. Elles s'étendent de Dakar
à Saint Louis sur une profondeur de 0,2 à 2km. Cet ensemble bien
individualisé se termine par une barre dunaire qui par endroit atteint
30m de haut. Semi-fixées par la végétation, ces dunes
présentent néanmoins des secteurs qui traduisent une tendance au
ravivement.
1.3 Les dunes rouges
Constituant l'ensemble le plus important, les dunes rouges ou
dunes fixées font suite au système de dunes jaunes. Leur mise
en place remonte à l'Ogolien ce qui leur vaut aussi
l'appellation de dunes Ogoliennes. Servant de cadre aux
niayes ce système se distingue par des altitudes faibles et son
aspect « végétalisé ».
1.4 Les niayes
Entre les systèmes dunaires, les dépressions
hydromorphes se rencontrent tout au long de la Grande Côte. Ces cuvettes
sont caractérisées par des fluctuations de la nappe
phréatique au cours de l'année. Principalement deux unités
peuvent être distinguées dans ce que l'on a coutume d'appeler
niayes :
-D'abord les ndioukis qui correspondent à des
dépressions peu profondes logées dans les bas-fonds hydromorphes
des dunes blanches
-Ensuite les khours situées à
l'interface des dunes rouges correspondant à des vestiges d'anciens
réseaux hydrographiques et sont de ce fait en dimension et en taille
plus impressionnants que les ndioukis.
1.5 La dynamique des systèmes dunaires
Les conditions géomorphologiques décrites ci-
haut sont de nature à engendrer d'importantes activités
géodynamiques. Surtout si l'on considère la Grande Côte
comme une zone aux conditions anémométriques relativement
intenses.
La direction des principaux courants aériens
conjuguée à la granulométrie et à la
compacité des sables de la zone permet de définir 6m/s comme
vitesse moyenne11 de mise en activité des sédiments.
Par ailleurs cette vitesse est fréquemment atteinte sur la Grande
Côte. Les conséquences d'une telle activité sont
essentiellement l'ensablement, le saupoudrage des cuvettes et l'avancée
du front dunaire vers l'intérieur des terres. « L'analyse
diachronique des diverses prises de vue aériennes permet de mettre en
évidence l'accroissement des faciès dunaires vifs dans les dunes
blanches et la remise en mouvement des dunes jaunes semifixées ».
(BLOUIN, 1990)12.
Il faut aussi mentionner que les rapports sont inverses entre
la couverture végétale et l'efficience des vents sur les sols
dans la mesure où un bon recouvrement permet de fixer le matériel
sableux et de réduire considérablement la mobilité des
particules.
II. LE CADRE CLIMATIQUE
La région des Niayes avec une pluviosité
n'excédant pas 500mm parvient à entretenir des essences qui dans
leur milieu d'origine ont des exigences hydriques qui culminent autours de
1500mm/an. Cette capacité à maintenir une
végétation assez hydrophile à des latitudes qui ne s'y
prêtent pas vraiment est en partie due à des conditions
climatiques particulières. Par ailleurs on attribue, dans une large
mesure, à la réduction des précipitations et à la
migration des isohyètes vers le sud, ces dernières
décennies, l'apparition de conditions drastiques qui ont servi de
catalyseur pour les processus de dégradations naturelles et
anthropiques.
De telles constations posent au moins trois questions
majeures.
· D'abord comment expliquer cette originalité
phytogéographique d'un point de vue climatique ?
11- Moyenne déterminée par A.T Diaw
(1980) 12 -Conservation des terroirs du littoral
· Ensuite quelle analyse explicative apporter aux
processus qui ont présidé à
l'installation prolongée d'une sécheresse, vecteur
de désertification et d'uniformisation du paysage
végétal dans cette zone ?
· Quel avenir envisager pour la flore subguinéenne
et dans une moindre mesure la flore soudanienne dans le cadre d'un durcissement
des conditions climatiques ?
2.1 Les particularités climatiques
Inscrit par les premiers chercheurs dans un domaine dit
subcanarien (à cause de l'influence du courant froid des Canaris), la
région est aujourd'hui reconnue comme appartenant au domaine
soudano-sahélien ou encore le domaine de l'alizé maritime stable.
Cette bande littorale nord est un domaine de transition entre le climat
tropical sec et le climat tropical subaride. Elle est divisée entre le
domaine «sahélien sud« au nord et le domaine «soudanien
nord« au sud. Les limites y sont très peu précises et
dépendent des variations de hauteurs d'eau précipitées.
Les conditions climatiques sur la Grande Côte sont
assujetties aux courants anticycloniques liés à l'existence de
centres d'action localisés à des latitudes supérieures.
L'anticyclone des Açores, le plus influent dans le secteur littoral,
apporte au climat une composante boréale avec des vents qui soufflent de
novembre à juin. A partir de février cet anticyclone se
déplace vers les basses latitudes. L'anticyclone maghrébin est
quant à lui à l'origine de l'harmattan qui est un vent chaud et
sec se manifestant de février à mai. L'anticyclone de Saint
Hélène venant de l'Atlantique sud provoque des flux qui
engendrent la mousson. Les différentes discontinuités issues des
fronts provoquent un jeu de forces qui détermine le type de temps sur la
Grande Côte.
Cette région aux caractères azonaux
marqués, est sous l'influence de conditions locales spéciales qui
président au maintien d'un environnement particulier. Celui-ci est mis
en évidence à travers certains éléments du climat,
notamment la modération des températures, l'humidité
atmosphérique, l'exposition aux alizés etc.
2.1.1 La température
La température est l'élément climatique
le plus affecté par la situation géographique littorale de la
région. L'importance des alizés contribue à modérer
les températures qui descendent en dessous de 20° C. Notons
qu'à l'approche du littoral on passe en régime uni- modal avec un
maximum d'hivers boréal (décembre - mai) et un maximum
localisé en octobre. Contrairement à l'intérieur du pays,
l'amplitude thermique diurne est faible (15 à 17°C). En
définitif c'est la température qui rend mieux compte de
l'existence d'un domaine littoral qui s'oppose au domaine continental.
2.1.2 L'humidité atmosphérique
Les régimes pluviométriques et
thermiques particuliers de la zone de Niayes influencent largement
l'humidité relative. Le fait que l'air soit en permanence chargé
de vapeur d'eau accroît la différence entre les conditions
côtières et l'intérieur. L'humidité relative est
à son maximum pendant la saison des pluies, elle demeure toujours
supérieure à 50% en saison sèche sauf en cas d'incursion
de l'harmattan. La fréquence des alizés est l'explication
principale à la forte humidité relative. Cette humidité
est favorable à la rosée matinale. Celleci étant un
phénomène quasi quotidien, induit un impact non
négligeable sur la végétation en compensation à
l'absence de précipitation pendant la saison sèche.
Pmm
1000
400
200
900
800
700
600
500
300
100
0
1951 1954 1957 1960 1963 1966 1969 1972 1975
1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999
Evolution pluviometrique de 1951-2000 Louga
Années
2.1.3 Les vents
Considéré comme le facteur climatique qui
impulse les conditions locales particulières, le vent est sans nul doute
l'élément climatique le plus important de la région des
Niayes. L'exposition de la bande littorale aux flux de l'alizé maritime
est largement responsable de l'originalité du milieu.
Avec une composante essentiellement nord, les alizés
maritimes sont capables de faire sentir leur effet jusqu'au 200 km à
l'intérieur des terres. Dès le mois de mai, le régime de
mousson s'annonce par un renforcement des vents du sud, au détriment des
vents du nord. L'harmattan quant à lui n'est ressenti sur la Côte
que durant une courte période, mais contribue à une hausse
sensible de la température.
2.2 Le déficit pluviométrique
La diminution et la rareté des pluies sont les
éléments fondamentaux qui ont déclenché tous les
processus naturels et anthropiques que nous observons aujourd'hui. Le milieu
connaît une péjoration climatique sans précédent par
sa gravité et sa durée. Elle s'est accompagnée de
modifications paysagères.
Il convient à cet effet de rappeler que la Grande
Côte est soumise à un régime pluviométrique plus
aléatoire que les zones de l'intérieur. La principale
perturbation pluviométrique du Sénégal étant
produite par les lignes de grains, alors que ces dernières à
l'approche de la côte entrent en contact avec les flux océaniques
qui, en fonction de leurs caractéristiques hygrométriques et
thermiques, peuvent devenir des facteurs contraignants pour le
déclenchement des précipitations, ce qui explique que parfois la
pluviosité des zones côtières est défavorisée
par rapport à celle de l'intérieur. Les moyennes
enregistrées ne dépendent pas seulement de la position de
l'équateur météorologique ou du nombre de perturbations
pluvioorageuses mobiles mais également de l'activité des
alizés maritimes qui à cette période de l'année
(hivernage) sont censés être affaiblis.
La dépendance du Sénégal et surtout du
domaine sahélien vis-à-vis des lignes de grains en termes
d'apport pluvial expose le pays à une plus grande
vulnérabilité en raison de la très grande
variabilité interannuelle du nombre de lignes de grain.
Certains dates rendent à cet effet assez bien compte de
cette vulnérabilité : 1950, 1975, 1983. La région des
Niayes peut, selon les années et en raison de son caractère
transitoire, enregistrer des pluviosités caractéristiques de la
zone sahélienne ou de la zone soudanienne. En plus de cette
variabilité importante, il est de plus en plus noté une
régression d'ensemble des isohyètes 300, 400 et 500 mm vers le
Sud.
La réduction généralisée des
moyennes par rapport à la normale est constatée, mais plus
inquiétant encore, on note un glissement des normales les unes par
rapport aux autres. « A Saint Louis la normale (1901-1930) était de
409,6 mm ; elle passe à 341,7mm pour la période de 1931-1960 soit
une baisse de 67,9 mm. La normale continue de descendre avec une baisse de 79,4
mm entre 1961-1990 par rapport à la précédente » (A.L
Ndiaye 1995).
Ces fluctuations erratiques des facteurs climatiques font
peser sur le devenir de la végétation des niayes une
inquiétude d'autant plus justifiée que les actions anthropiques
s'ajoutent à ces contraintes naturelles. La sécheresse
générale dans laquelle a été plongé le pays
tout entier a eu sur les niayes centrales des conséquences
spécifiques en raison des systèmes dunaires sur lesquels repose
le paysage. On constate sur la végétation une réduction de
la diversité avec une raréfaction des essences guinéennes
ou même soudaniennes. Sur ce plan la végétation se conforme
de plus en plus au domaine climatique. Il est noté une réduction
significative des effectifs d'Elaeis guineensis13 pourtant
très caractéristiques de la zone.
III. LE CADRE HYDROLOGIQUE ET HYDROGEOLOGIQUE
Ce cadre sera abordé essentiellement sous deux angles,
d'abord comme la conséquence de la variabilité climatique et
comme principal facteur d'alimentation en eau de certaines essences à
travers les nappes.
3.1 Les conditions hydrologiques et
hydrogéologiques
La région des Niayes ne possède pas aujourd'hui
de réseaux hydrographiques, cependant sa morphologie laisse entrevoir
les vestiges d'une ancienne vallée fluviale exoréique
perpendiculaire à la côte (M.Fall 1986). Il existe
néanmoins des petits marigots qui autorisent un ruissellement pendant la
saison des pluies et un chapelet de lacs pérennes ou le plus souvent
temporaires.
Le massif dunaire qui jalonne le littoral constitue un
système aquifère phréatique qui repose sur des nappes du
Maestrichtien, du Paléocène, de l'Eocène et du
Quaternaire.
La ressource hydrologique directement accessible pour les
cultures et certaines essences ligneuses est constituée par les nappes
du Quaternaire. A la base des sables se trouve un substratum marneux ou
marno-calcaire. Les études menées par la FAO en 1974 montrent
qu'il y a une remontée du substratum du Sud au Nord de la région.
Le toit de la nappe est atteint entre 4m au niveau des dépressions et
11m sur les dunes les plus élevées, ce qui conditionnement
fortement l'organisation des espèces des hauteurs vers les bas fond.
3 .2 Les implications pour la nappe phréatique
Même si selon le rapport final sur l'inventaire
biophysique de la région, moins de 4% des possibilités des nappes
du Quaternaire et du Continental Terminal sont actuellement exploitées,
il faut reconnaître que la recharge de celles-ci reste absolument
tributaire de la pluviosité d'où d'importantes variations du
niveau de la nappe en fonction de la variabilité saisonnière et
interannuelle. « Dans les niayes centrales les fluctuations
piézométriques peuvent atteindre jusqu'à 0,27m /an »
(R .Ndiaye.2000). L'analyse des photos aériennes de 1954 à 2000
montre un assèchement progressif des nappes affleurantes. En 1954 toutes
les
cuvettes ou presque étaient inondées, en 1978
l'affleurement était de plus en plus temporaire pour devenir finalement
exceptionnel aujourd'hui.
IV. LE CADRE PHYTOGEOGRAPHIQUE
Ce cadre est sans doute le plus important dans le contexte de
notre analyse. Nous pourrions sans porter atteinte à la substance de
notre étude la réserver pour la seconde partie mais il nous
semble nécessaire de le fixer dès le départ. Eu
égard à la limite spatiale que nous nous somme
donnée14, il devient indispensable pour comprendre la
dynamique d'ensemble qui régie la végétation dans cette
zone, de procéder au préalable à une description sommaire
de celle-ci à l'Est (dune rouge) et à l'ouest (dunes jaune) de la
bande considérée afin de pouvoir, par la suite, l'éliminer
de nos observations.
Car s'il est vrai que la végétation des
niayes en question est atypique, il faut reconnaître qu'elle
subit de plus en plus un processus d'uniformisation vis avis de la
végétation plus steppique qui subsiste sur les dunes jaunes
semi-fixées et celle à caractère plus savanicole des dunes
rouges.
4.1 Les paysages végétaux
Les formations végétales qui s'étendent
dans la partie centrale de la zone des Niayes présentent une certaine
diversité qui peut rendre leur classification délicate.
Distinguons par simple commodité celles des dunes blanches
et jaunes de celles des dunes rouges.
4.1.1 Les dunes blanches et jaunes
Cette végétation pseudo-steppique est une
formation d'origine édaphique colonisant un substrat peu
évolué et marqué par une dynamique éolienne intense
qui entrave son développement vers la savane. Il s'agit d'une
végétation composée d'espèces pionnières qui
fait suite à un processus d'ensablement d'envergure
considérable.
On note juste en arrière de la bande de filao des
dunes blanches, une végétation qui perce un peu partout le mince
placage d'apport sableux (sable blanc) constituant une couverture très
clairsemée. En progressant vers l'Est on rencontre une densité
plus importante composée essentiellement d'essences épineuses
à l'exception de Parinari macrophylla qui se présente
ici sous un aspect très rabougri. Du fait de ce nanisme, qui affecte
d'ailleurs la majorité des essences, l'aspect d'ensemble de la formation
est plutôt buissonnant avec toute fois des secteurs isolés que
l'on peut associer à la savane arbustive ou boisée.
D'une faible diversité floristique, ces pseudo-steppes
sont marquées par la présence d'essences telles que Acacia
ataxacantha, Dychrostasys cinerea, Maytenus senegalensis, Opuntia tuna et
Balanites aegyptiaca qui constituent, en dehors des essences exotiques,
les espèces majoritaires.
4.1.2 Les dunes rouges
Sur ce flanc Est des niayes apparaît une interaction
intéressante entre la végétation et les activités
de l'homme, ceci du fait de l'agencement d'établissements humains tout
le long de la régionale 70 bis qui sert souvent ici de limite
artificielle. La topographie étant nettement moins marquée que
vers l'ouest, l'organisation de la végétation ne s'y calque plus
vraiment,
14- Uniquement la bande renfermant les
dépressions ou niayes
on retrouve pratiquement les mêmes essences dans les
dépressions et sur les sommets émoussés. Des individus
esseulés d'Adansonia digitata, d'Acacia albida,
d'Acacia seyal, de Balanites aegyptiaca et plus
occasionnellement de Parinari et d'Anacardium se rencontrent
çà et là. La strate sous ligneuse est dominée par
trois essences caractéristiques que sont Guiera senegalensis,
Anonna senegalensis et Boscia senegalensis. Les plantes
herbacées sont peu développées avec une hauteur rarement
supérieure à 50 cm. On y retrouve des graminées tels que
Cenchrus biflorus mais également certaines rampantes à
l'image de Leptadenia hastata, Ceropegia praetermissa, Merremia
tridentata, Momordica balsamina.
Le statut de savane qui est associé à cette
zone tient au paysage herbeux et buissonnant qu'elle présente en
association avec plusieurs arbres et arbustes distribués de
manière disparate. Cette savane à forte connotation
sahélienne (par la nature des ligneux) comporte de nombreuses marques
d'activités humaines qui rompent la continuité herbeuse faisant
appelle à de nouvelles notions comme parc arboré ou boisé.
On observe de nombreuses traces d'activités culturales (culture
pluviale) qui font aujourd'hui l'objet d'un abandon de plus en plus
systématique. Le secteur semble aussi s'être transformé en
zone de pâturage pour le bétail.
V. LE CADRE SOCIO-ECONOMIQUE
En 1878, l'annuaire du Sénégal décrit
les Niayes comme une région où se rencontrent une
végétation forte, des lacs, des mares et des fontaines. Mais les
années passant, les ressources végétales ont fortement
régressé à mesure que s'affirmait l'emprise humaine sur le
milieu15. Cette situation suscite pour nous des interrogations de
fond. En effet comment légitimer une réflexion qui s'exerce sur
une population à majorité rurale dont la principale
activité agricole commence à poser des questions de plus en plus
poignantes pour le devenir de l'écosystème naturel ?
Il semble de bon sens que nous commencions par comprendre la
dynamique, la structure et l'organisation de cette population. Nous nous
permettons de restreindre les considérations démographiques et
socioéconomiques à la communauté rurale de Darou Khoudoss
dans laquelle est entièrement logée notre zone d'étude et
dans une moindre mesure à la commune de Mboro.
5.1 L'hiérarchisation sociale
Les sociétés de la Grande Côte ont
hérité de leur tradition des modes d'organisation sociale qu'ils
adaptent plus moins aux contraintes et réalités actuelles. Ces
sociétés pour la plupart rurales sont structurées autour
de codes hiérarchiques qui les consolident. Le pouvoir est détenu
par un notable (par délégation), l'aîné de la
famille issue de la génération la plus ancienne. Il appartient
à ce chef d'exercer certaines prérogatives dont notamment
l'organisation sociale de la vie, la gestion du patrimoine foncier de la
communauté, la résolution de problèmes internes, la
représentation du village devant les autorités administratives
etc. D'autres personnes, Marabout, imam, notables ont un rôle
d'assistants et de conseillers et peuvent dans certains domaines intervenir
dans la gestion du village.
L'organisation des sociétés wolofs se fait selon
une hiérarchisation en castes. On a donc la caste des «
geer » autrement dit la caste supérieure constituée
d'agriculteurs de pêcheurs et
15 -Rappelons tout de même que la
sécheresse et le déficit pluviométrique y sont pour
beaucoup
d'éleveurs. Ensuite on a la caste des «
neeon » qui est celles des artisans spécialisés. Chez
les peuls le principe est sensiblement le même. Ainsi on a les hommes
libres non « castés » qui dominent les groupes subalternes
(pêcheur, artisans).
5.2 Le peuplement et l'occupation du sol
Actuellement très attractive la Grande Côte
sénégalaise n'a pas toujours drainés les populations
surtout dans les zones rurales. C'est au 13eme siècle que les
premiers occupants, que certains disent originaires du Mandingue et d'autres du
Niger, sont signalés. Vers 1680 des peul profitent de l'humidité
estivale de cette zone pour transhumer avec leurs bétails et repartent
durant la saison des pluies. Au 18eme siècle, les
instabilités dans le Djolof conjuguées aux razzias des
esclavagistes conduisent les wolof à se fixer sur la Grande Côte.
Ensuite la période coloniale avec le passage du courrier de Dakar
à Saint Louis par la Grande Côte est à l'origine de la
naissance de la piste des Niayes.
Les postes fortifiés à Mboro, Lompoul, Pout et
Mbidje attiraient de plus en plus la population. Des minorités
s'ajoutent à ces ethnies pour constituer la population de la
région des Niayes. Notons que la grande mobilité qui
caractérisait les populations de la région qui se
déplaçaient d'une zone écologique à une autre dans
le but de tirer partie des ressources variées est aujourd'hui
considérablement réduite par les contraintes foncières et
l'appauvrissement de la zone en ressources.
Le peuplement humain d'une manière
générale est plus important au Sud (vers le siège de CR et
vers Mboro) qu'au Nord (avec des terroirs isolés comme Lompoul ou
Mbétèt I) et à l'Est (à cause de la
régionale70) qu'à l'Ouest (où il ya surtout des hameaux).
Par ailleurs, le type d'habitat diffère que l'on soit à
l'intérieur ou sur la côte. « La distribution des habitats
dans la zone des Niayes reste fortement corrélée aux
systèmes dunaires et aux conditions écologiques.» (J.M
Chastel. 1982)16. Sur les dunes blanches, s'égrainent les
hameaux peuls comme keur Samba Radié, Lite ou encore Keur Alle Mar dont
la forme rappelle leur tradition nomade. Les hameaux sont marqués par
une très forte dispersion et leur position sur les dunes littorales
s'explique par le souci d'échapper aux moustiques. Plus à l'Est,
on assiste à une densification de l'occupation par rapport aux dunes
blanches. Les populations à majorité wolofs occupent alors les
bords des niayes les plus fertiles, perchés au sommet des dunes.
5.3 La démographie
La population de la communauté rurale de Darou
Khoudoss était estimée, selon le PLD, à 39 684 habitants
en 2003, soit une densité moyenne de 76 habitants au km2.
Notons cependant que les difficultés d'accès à certains
villages rendent ces chiffres très relatifs. Cette population est
inégalement repartie entre les 66 villages et les 24 hameaux
officiellement répertoriés. La taille des villages dans la
région des Niayes centrales demeure très variable, 72% d'entre
eux demeurent inférieur à 500 personnes. Les villages de moins de
100 personnes se distribuent en parts à peu prés égales
entre les dunes littorales et les dunes rouges. Quant aux villages qui comptent
moins de 200 personnes, près de 60% se localisent sur les dunes
littorales.
5.4 Les activités
Présentant à l'origine d'immenses avantages pour
l'agriculture (culture de légumes ou de riz dans les
dépressions, culture pluviale dans le diéri) avec des
ressources hydriques
apparemment inépuisables, la région des Niayes
constituait une zone de prédilection pour bon nombre d'activités
(ENDA17). Mais ce milieu exceptionnel à fait l'objet d'une
exploitation sans borne de ses ressources provoquant une rupture
d'équilibre18 qui a conduit à l'abandon progressif des
secteurs moins rentables.
Même si la commune de Mboro dispose d'abondantes terres
de culture (cuvettes, niayes) propices au maraîchage et à
l'arboriculture, l'agriculture qui était naguère
l'activité quasi-exclusive de presque toutes les familles, occupe de nos
jours seulement 17,2% de la population active19. La zone voit
certaines activités rurales de plus en plus délaissées,
les cultures pluviales (manioc, mil, niébé) sont en voie
d'abandon, la pèche et l'élevage qui sont des activités
essentielles pour certaines communautés sont de plus en plus
jumelées au maraîchage. Tout porte finalement à accentuer
le rabattement de la population sur les cuvettes maraîchères dont
l'exploitation semble seule à même d'apporter des revenus
conséquents aux ménages de cette région.
L'exclusivité du rapport que nous avons choisi
d'établir entre la végétation et le maraîchage nous
a obligé donc en amont de cette réflexion à
considérer les autres facteurs susceptibles d'influer sur
l'évolution de la végétation. Car il est extrêmement
périlleux dans le contexte d'un milieu aussi interactif de rattacher
systématiquement à une seule cause les variations de la
végétation
17 -Pratique de la conservation de l'eau et des sols
dans la région des Niayes - ENDA, ODI (1999)
18 -Impossibilité de reconstitution ou de
régénération de la ressource exploitée
19 - Etude d'impact du projet Zircon de la Grande
Côte
DEUXIEMME PARTIE
Etude de la végétation et de
l'activité maraîchère
Chapitre III : ANALYSE PHYTOSOCIOLOGIQUE
La question de l'urgence d'une prise de conscience de la
dynamique régressive qui s'exerce sur la végétation des
niayes centrales est quelque peu handicapée par l'ancienneté des
informations la concernant. Reste gravée dans bien des esprits l'image
d'une végétation luxuriante que les premiers chercheurs se sont
évertués à peindre. Les récentes études se
sont largement contentées de reprendre les termes consacrés de
«végétation relictuelle«, de
«végétation guinéenne «en déphasage
parfois avec la réalité qui a considérablement
évoluées. S'il est vrai que les cuvettes sont aujourd'hui
à sec et que l'ont fait ardemment appel à la motorisation pour
irriguer les plantes maraîchères, il va sans dire aussi que les
informations sur une végétation dite hygrophile se doivent
d'être actualisées.
L'analyse des communautés végétales
à cet effet peut se faire selon plusieurs procédures
basées sur des considérations d'ordre physionomique, floristique,
écologique ou dynamique. L'approche phytosociologique que nous
préconisons ici est fondée sur la notion d'association
végétale. Cette notion admet, comme nous l'avons
déjà dit, une certaine familiarité entre les
espèces de sorte que la présence d'une espèce peut de fait
induire celle d'un contingent d'espèces qui lui sont
généralement rattaché.
Mais la zone d'étude présente des
particularités qui peuvent fortement influencer la composition
floristique et perturber l'analyse phytosociologique si elles ne sont pas
prises en compte. Les irrégularités topographiques induisent une
chaine de cause à effet. Les pentes déterminent la circulation
latérale de l'eau, ce qui a pour conséquence l'accumulation de la
matière organique et minérale dans les parties basses de ce
paysage. Ces irrégularités topographiques déterminent des
sols plus humides, plus développés et une
végétation normalement plus riche et plus dense pour les
bas-fonds d'où une organisation spécifique de la
végétation suivant chaque compartiment de la
toposéquence.
I. LA ZONE D'ETUDE ET LES LIMITES DE
L'ECHANTILLONNAGE
La zone que nous avons retenue pour l'étude concerne
uniquement l'étroite bande située à l'interface des dunes
jaunes et des dunes rouges. Elle présente une extension latérale
assez limitée, cette étroitesse est d'autant plus importante que
la bande se rétrécit de plus en plus sous l'effet de
l'ensablement à l'ouest et de l'abandon des cuvettes à l'Est.
La végétation dont il est ici question
d'examiner la composition et l'évolution est logée dans une bande
naturelle, elle s'y trouve en concurrence ou en association avec les cultures
maraîchères.
Ces différentes observations sur le contexte où
évolue la végétation ligneuse soulèvent des
questions fondamentales qu'il faut élucider avant d'entamer
l'exploitation des relevés.
-Quels espaces précisément ont fait l'objet
d'échantillonnage compte tenu de l'importance spatiale des cultures
maraîchères ?
-Quelle valeur l'échantillon a, si l'on considère
la longueur et l'hétérogénéité de la zone
d'étude ?
La question de
l'hétérogénéité du milieu a trouvé
une réponse dans le cadre méthodologique. Quant au
problème que pose la longueur de la zone d'étude, on peut dire
qu'il est mineur si on considère la faiblesse des largeurs. A la
première question qui parait la plus pertinente, nous pouvons
répondre en affirmant que ce milieu est entièrement
humanisé et par conséquent tous les relevés doivent se
faire en considérant l'emprise humaine sur la flore et la
végétation. Par ailleurs compte tenu du développement du
maraîchage les relevés sont réalisés dans des
lambeaux de végétation situés entre deux secteurs
cultivés ou carrément à l'intérieur des
champs.
|
|
N
|
~
~~~ ~
~
·
Fas boye
~ ~~
~ ~
~ ~
~ ~
Golgaindé
re R18 R19
R17 R11
0 A a
~
~ ~
R15 ~ ~ ~~ ~~ ~~ ~~
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R16 R13 R12 ~ ~ ~
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R14 % ~~
~
· R20
RA
~~ R21
R22
~~ R23
~~ ~~ R25 R24
Beno
~ ~~
~ ~
Indal
R27
~~~~ R26
~~ 28 Touba Ndiaye
~~~~
~
~~
R29
~~ ~
~ ~ ~ ~~~~ R30
R33
~
R34 ~~
~
R32 . R35
· R31 R39
|
Diogo sur mer
Route régionale
R1 · ~
· ,, · ·
~ ~~
~~ R5 R2 ~ Diogo
~~
.
R3
~~ R6 ~ ~
~~ Darou Fal
~~ ~~ ~
~~ R7 ~~ R4 ~ ~
~~ R8
~
R10 R9 ·Fa
· l
~~
~ ~ ~ ~ Darou Ndoye
~~ ~
~ ~ ~~
Darou Guéye
Route régionale
Placette
~ Etablissement humain
Piste
Route
Délimitation de la zone d'étude
|
|
|
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|
Zone d'échantillonnage
|
5 Kilomètres
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· · ~~ ~ R37
~
~R36
: S Ndjekouneyom-2007 ~ 0 1 2 3 4
|
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|
II. L'EXPLOITATION DES RESULTATS DE L'INVENTAIRE
FLORISTIQUE
Les données issues de l'inventaire floristique feront
l'objet d'un traitement dont les modalités seront exposées dans
les pages suivantes. Mais signalons d'ores et déjà qu'il sera
question de quelques clarifications méthodologiques, car la meilleure
manière de rendre les résultats accessibles ici est de les
rapprocher de la méthode qui les a produits20.
2.1 Le tableau brut
Le tableau brut bien que ne constituant pas, à
proprement parler, une méthode de traitement offre une très bonne
lisibilité des données dont il résume l'essentiel (liste
des espèces par relevé, abondance dominance). La notation des
relevés se fait en colonne et celle des espèces en ligne suivant
l'ordre de leur apparition sur le terrain.
Le tableau ainsi établi a permis de lister 56
espèces, ce qui, compte tenu de la surface échantillonnée
(10ha) et du type biologique retenu, montre un effectif intéressant
d'autant plus que le total officiel des plantes ligneuses fait état de
80 espèces dans cette zone.
Nous avions dès le départ convenu d'exclure de
l'inventaire les nombreuses essences rampantes et grimpantes comme
Leptadenia hastata, Ceropegia praetermissa, Momordica
balsamina, Ipomaea hederifolia, Ipomaea asarifolia, Merremia
tridentata ou encore Rhynchosia alba-pauli et certains
sous-ligneux comme Cassia occidentalis ou des essences crassulescentes
comme Opuntia tuna dont la présence autour des champs peut
créer des fourrées impénétrables. Ainsi trois types
biologiques ont pu ressortir de ce recensement :
33 espèces arborescentes 13 espèces arbustives
10 espèces buissonnantes
Toute fois il reste à signaler que la plupart des
espèces ne sont pas exclusives d'un type biologique en particulier.
Elles peuvent appartenir à la fois au type buissonnant et arborescent et
cela en fonction de leur biotope, Parinari illustre bien cette
situation.
La lecture du tableau 1 montre une fluctuation des effectifs
des espèces suivant les relevés. Le relevé 40 est le plus
diversifié avec 13 espèces et contraste avec le relevé 8
qui n'en présente que 2 (avec néanmoins un bon coefficient
d'abondance-dominance pour Eucalyptus).
20 -Faute de quoi la compréhension des
résultats peut poser problème. Par ailleurs si on
considère le DEA comme un approfondissement de la méthode et des
idées (Paul Ndiaye), cette approche ne semble pas constituer une grave
entorse à la procédure habituelle.
Tableau 1 : Tableau brut
Source :Inventaire floristique (S. NDJEKOUNEYOM
-2007)
|
ESPECES
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R1
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R2
|
R3
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R4
|
R5
|
R6
|
R7
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R8
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R9
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R10
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R11
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R12
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R13
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R14
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R15
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R16
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R17
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R18
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R19
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R20
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R21
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R22
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R23
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R24
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R25
|
R26
|
R27
|
R28
|
R29
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R30
|
R31
|
R32
|
R33
|
R34
|
R35
|
R36
|
R37
|
R38
|
R39
|
R40
|
1
|
Euphorbia balsamifera
|
+
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3
|
|
3
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+
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|
|
+
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|
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|
+
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|
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|
+
|
+
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|
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2
|
Tamarindus indica
|
+
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
2
|
+
|
|
|
|
|
+
|
+
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|
|
|
+
|
|
|
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|
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|
|
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|
|
+
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|
|
|
|
3
|
Piliostigma reticulatum
|
+
|
|
+
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|
+
|
|
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|
+
|
+
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+
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|
+
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|
+
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4
|
Acacia ataxacantha
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+
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|
+
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3
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|
+
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2
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+
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|
|
|
|
|
|
+
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|
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|
|
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|
5
|
Dichrostachys cinerea
|
+
|
|
|
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|
|
|
|
+
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|
|
|
+
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+
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+
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|
+
|
|
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|
|
|
+
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|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
6
|
Acacia albida
|
+
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
+
|
+
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|
|
|
|
|
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|
2
|
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
|
|
+
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
7
|
Cocos nucifera
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
2
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
3
|
2
|
+
|
|
|
+
|
3
|
|
+
|
|
8
|
Mangifera indica
|
|
+
|
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
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|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
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|
+
|
|
+
|
+
|
|
2
|
+
|
+
|
|
|
+
|
+
|
2
|
4
|
3
|
9
|
Azadirachta indica
|
|
+
|
|
2
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
+
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|
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|
|
|
+
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|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
2
|
3
|
+
|
|
+
|
10
|
Adansonia digitata
|
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
3
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
11
|
Elaeis guineensis
|
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
3
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
2
|
+
|
+
|
|
2
|
4
|
2
|
|
|
|
4
|
3
|
|
|
+
|
+
|
3
|
5
|
+
|
12
|
Capparis tomentosa
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
13
|
Phyllanthus reticularus
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
14
|
Calotropis procera
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
2
|
|
|
+
|
|
|
15
|
Ficus dicranostyla
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
2
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
16
|
Eucalyptus camaldulensis
|
|
|
+
|
|
|
+
|
+
|
3
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
2
|
2
|
+
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
|
|
17
|
Lawsonia inermis
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
18
|
Acacia holosericea
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
19
|
Zizyphus mauritiana
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
20 Alchornea cordifolia
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
21
|
Newbouldia laevis
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
22
|
Parinari macrophylla
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
+
|
|
2
|
|
+
|
|
|
|
|
2
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
23
|
Balanites aegyptiaca
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
2
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2
|
|
|
|
3
|
+
|
|
|
|
|
|
24
|
Maytenus senegalensis
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
4
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
25
|
Acacia ehrenbergiana
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
26
|
Borassus aethiopum
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
2
|
+
|
|
|
|
|
+
|
+
|
3
|
+
|
|
+
|
2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
27
|
Ficus ovata
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
28
|
Anacardium occidentale
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
29
|
Ficus exasperata
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
30
|
Annona senegalensis
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
31
|
Guiera senegalensis
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
32
|
Acacia seyal
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
33
|
Psidium guajava
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
34
|
Citrus limon
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
35
|
Ricinus communis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
36
|
Dialium guinense
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
37
|
Khaya senegalensis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
38
|
Commiphora africana
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
39
|
Boscia senegalensis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
40
|
Cassia bicapsularis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
41
|
Xylopia aethiopica
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
3
|
|
42
|
Lannea acida
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
43
|
Casuarina equisetifolia
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
44
|
Grewia bicolor
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
45
|
Sesbania sesban
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
3
|
2
|
|
|
|
46
|
Cassia siamea
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
47
|
Asparagus africanus
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
48
|
Jatropha gossypifolia
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
49
|
Annona muricata
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
|
50
|
Ficus sur
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
51
|
Prosopis juliflora
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
52
|
Jatropha curcas
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3
|
|
|
|
|
+
|
53
|
Melaleuca leucadendron
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
54
|
Aphania senegalensis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
55
|
Ceiba pentandra
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
56 Strophanthus sarmentosus
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL 6
|
9
|
5
|
10
|
10
|
7
|
9
|
2
|
9
|
8
|
12
|
4
|
6
|
10
|
6
|
8
|
7
|
10
|
8
|
7
|
8
|
5
|
5
|
6
|
10
|
8
|
6
|
7
|
8
|
6
|
10
|
5
|
10
|
5
|
7
|
11
|
11
|
7
|
8
|
13
|
2.2 L'aire minimale
En utilisation le tableau brut on peut déterminer
l'aire minimale. Pour ce faire nous avons divisé les 40 relevés
en 10 classes de 4, ce qui nous a permis d'établir la courbe de
l'évolution du nombre des espèces au fur et à mesure de
l'augmentation de la surface échantillonnée.
On constate une augmentation spectaculaire du nombre des
espèces sur une petite surface, plus de 20 espèces en l'espace
d'un hectare. Puis l'enrichissement de la flore ralentit progressivement. Il
est à noté que malgré la grande différence
enregistrée au niveau de la densité végétale entre
le nord et le sud de notre zone d'étude, la courbe ne signale pas
véritablement l'entrée dans un nouvel individu d'association.
Figure 6 : Courbe de l'aire minimale
Source : Inventaire floristique (S.
NDJEKOUNEYOM 2007)
2.3 Le tableau de présence
D'importantes disparités ressortent de l'observation du
tableau brut. En effet certaines espèces sont marginalement
représentées tandis que d'autres ont une fréquence
d'apparition assez élevée. M.Gounot21 affirme à
cet effet que « les espèces très rares ou de degré de
présence très élevé sont peu intéressantes
(...). On inclut dans le tableau de présence que des espèces de
degré de présence ni trop grand ni trop petit ».
Ellenberg22 propose de ne retenir que des espèces qui ont des
degrés de présence compris entre 12 et 60%. Par le calcule du
pourcentage on réussit à déterminer les espèces
à retenir.
Les espèces affichant un taux de présence
inferieur à 5 relevés sont éliminées, ce qui
correspond à plus de la moitié des essences du tableau brut.
Notons qu'il n'existe pratiquement pas d'espèces éliminées
du fait de sa trop grande fréquence.
21 Note de biogéographie N°1
Tableau 2 : Tableau de présence
ESPECES
|
R1
|
R2
|
R3
|
R4
|
R5
|
R6
|
R7
|
R8
|
R9
|
R10
|
R11
|
R12
|
R13
|
R14
|
R15
|
R16
|
R17
|
R18
|
R19
|
R20
|
R21
|
R22
|
R23
|
R24
|
R25
|
R26
|
R27
|
R28
|
R29
|
R30
|
R31
|
R32
|
R33
|
R34
|
R35
|
R36
|
R37
|
R38
|
R39
|
R40
|
Pr,
|
Euphorbia balsamifera
|
*
|
|
|
|
*
|
|
*
|
|
|
|
|
|
*
|
|
|
*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*
|
|
|
|
|
*
|
*
|
|
|
|
|
|
8
9
8
7
8
14
15
18
11
12
19
6
8
10
7
15
6
7 12 7
9
13
8 5
|
Tamarindus indica
|
*
|
|
*
|
|
*
|
|
|
|
|
*
|
*
|
|
|
|
|
*
|
*
|
|
|
|
*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*
|
|
|
|
|
Piliostigma reticulatum
|
*
|
|
*
|
|
*
|
|
|
|
|
*
|
*
|
|
|
|
|
|
|
|
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Acacia ataxacantha
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Dichrostachys cinerea
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Acacia albida
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Cocos nucifera
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Mangifera indica
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Azadirachta indica
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Adansonia digitata
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Elaeis guineensis
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Capparis tomentosa
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Phyllanthus reticularus
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Calotropis procera
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Ficus dicranostyla
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Eucalyptus camaldulensis
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Lawsonia inermis
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Zizyphus mauritiana
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Parinari macrophylla
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Balanites aegyptiaca
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Maytenus senegalensis
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Borasus aethiopum
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Anacardium occidentale
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Citrus limon
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TOTAL:
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5
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8
|
5
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6
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2
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7
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6
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8
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3
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4
|
7
|
5
|
6
|
6
|
8
|
6
|
8
|
3
|
4
|
5
|
6
|
9
|
6
|
6
|
3
|
7
|
5
|
9
|
4
|
7
|
3
|
3
|
7
|
6
|
6
|
5
|
12
|
|
Source : Inventaire floristique (S. Ndjekouneyom
-2007)
Ceci s'explique par le fait que les biotopes
étudiés sont fort dissemblables et cela relèverait d'un
certain exploit qu'une espèce puisse s'adapter à des conditions
aussi différentes.
2.4 Les espèces rares
Sur les 56 espèces préalablement
répertoriées nous n'avons retenu que 24 dans le tableau de
présence. L'élimination de certaines espèces
soulève des interrogations. En effet des essences aussi
caractéristiques des niayes que le sont devenues Casuarina
equisetifolia (dunes blanches et jaunes) ou encore Boscia et
Annona senegalensis (zone de terroir) sont supprimées de la liste.
Ce qui révèle d'une part que la bande à l'intérieur
de laquelle nous avons choisi de faire nos travaux d'inventaire présente
une dynamique particulière parfois très différente de
celle de sont voisinage immédiat en terme de composition floristique et
d'autre part que les ensembles vraiment boisés sont rares et que ce sont
plutôt les individus isolés qui sont bien
représentés. Ceci conduit à dire que les espèces
rares sont plus nombreuses que les espèces dominantes indiquant un
certain appauvrissement dans les effectifs des essences
considérés.
2.5 L'homogénéité des groupements
« Il faut signaler à ce niveau la
différence d'approche entre le tableau de présence qui ne
considère que certaines espèces et le teste
d'homogénéité qui les prend toute en compte pour ne voire
disparaître tout ou partie des classes I, II III, IV, V ». Cette
procédure de validation se réalise en tenant compte du nombre de
plantes dans 1 à 20% des relevés (classe I), puis celles dans 21
à 40% des relevés (classe II) etc. On réalise par la suite
un histogramme de fréquence de classe I à V dont l'allure
régulièrement décroissante indique
l'homogénéité des relevés.
Figure 7 : Histogramme de présence des
espèces
Source : (Inventaire floristique) -S.
NDJEKOUNEYOM - 2007
On remarque que plus de 57% des espèces se retrouve
dans la première classe et par ailleurs la différence entre la
classe IV et V est minime. Mais notons que la variation souvent inexplicable de
cette courbe fait qu'il est difficile d'accorder plein crédit à
cette méthode.
2.6 L'analyse différentielle
L'inconvénient avec le tableau brut et même avec
le tableau de présence c'est qu'ils ne permettent pas de rendre compte
immédiatement de la proximité des relevés et donc des
essences afin de déterminer des groupements.
L'analyse différentielle est, à cet effet, une
méthode d'étude statistique des liaisons interspécifiques.
Elle permet d'établir des similitudes floristiques entre les
relevés. « L'évaluation de cette proximité repose sur
le calcule d'un coefficient dit de similitude dont l'objet est de quantifier
les ressemblances des listes d'espèces prises deux à deux
»22. Plusieurs formules du coefficient de similitude existent
(et certaines très complexes tiennent compte même de l'abondance
des espèces dans les surfaces soumises à la comparaison) mais
nous préférons utiliser ici celle de Jaccard dont la formulation
est la suivante :
A - indique le nombre d'espèces du
premier relevé
B - indique le nombre d'espèces du second
relevé
C - correspond au nombre d'espèces
communes
Le coefficient varie de 0 à 100, plus il est
élevés, plus les deux relevés se ressemblent.
La formule de cet indice est simple mais son application à
40 relevés comparés deux à deux donne lieu à des
opérations très longues et fastidieuses nécessitant pas
moins de 1600 calculs.
L'utilisation des résultats du tableau de
présence par opposition à ceux du tableau brut permet de
renforcer incontestablement la similitude entre les relevés.
L'utilisation du coefficient de Jaccard nous permet de faire une analyse
différentielle de Czekanowski dont le principe consiste avant tout
à repartir les coefficients en classe. Ensuite on trace un tableau
à double entrée dans lequel on représente les
relevés en ligne et en colonne. A chaque intersection on fait figurer
une convention graphique (ici une couleur) correspondant à la classe.
« La diagonale de ce tableau indique les valeurs maximales (100%) le long
desquelles on va tenter de regrouper tous les relevés présentant
entre eux des coefficients des similitude de valeur élevée
»23.
Dans cette analyse différentielle (tableau 3), le
premier réflexe consisterait à classer la flore
inventoriée en fonction du biotope en raison de la grande
irrégularité tant sur le plan pédologique,
hydrogéologique, que topographique. Mais une telle procédure
risque fort de biaiser l'information en gonflant anormalement le contingent
soudanien ou de réduire excessivement les essences
subguinéennes.
22 -Note de biogéographie N°1
Tableau 3: Matrice d'analyse différentielle
I
Tableau 4 : Matrice d'analyse différentielle
II
Pour une bonne appréciation des choses il convient de
partir dans un premier temps sans à priori et de chercher les
groupements existants et dans un second temps seulement d'intégrer les
variations liées aux biotopes dans l'analyse. Afin de renforcer la
cohésion des groupements un certain nombre de relevés ont
été supprimé de la matrice d'analyse finale, il s'agit des
relevés 6, 7,17, 15, 17,34 et 35.
2.7 Les limites de l'analyse des groupements par la
méthode différentielle
La comparaison de la composition floristique de
différents groupements d'un espace donné fait ressortir la
localisation ou la simple préférence de certaines espèces
pour des groupements particuliers. L'appartenance d'une espèce à
un groupement peut donc relever d'une raison évidente comme la nature du
biotope, les conditions hydrologiques ou d'une raison plus complexe liée
aux différentes espèces présentes dans le groupement
à leur taux de recouvrement respectif ou aux contraintes qu'elles
s'imposent les unes aux autres, bref à un ensemble de paramètres
difficilement mesurables.
Les groupements qui émergent de notre analyse
différentielle présentent naturellement quelques
incohérences liées essentiellement à l'action
réorganisatrice de l'homme qui perturbe les associations naturelles. En
raison de cette action anthropique et dans une autre mesure de la
mobilité des sables et de l'assèchement des nappes, les
associations qui se constituent peuvent être amputées d'un certain
nombre d'espèces ou au contraire enrichies de quelques unes. Ce qui
conduit le plus souvent à ne percevoir soit que des fragments
d'associations soit au contraire des groupements emboités les uns dans
les autres qu'une analyse plus affinée pourrait permettre de mettre en
évidence.
Les correspondances entre les groupements définis et
les unités topographiques qui ont été
considérées ne sont pas toujours indiscutables. A l'exception du
groupement I (tableau 5) dont les espèces semblent
préférer des secteurs dépressionnaires la plupart des
groupements s'accommodent, à un degré ou à un autre, des
variations topographiques. Cela peut s'expliquer en partie par le fait que la
surface retenue pour les placettes est relativement grande et que le plus
souvent les relevés étaient faits dans des espaces de transition
entre soit le bas-versant et le haut-versant soit entre le fond de la cuvette
et le bas-versant ou encore entre le sommet et le haut-versant.
L'analyse met en évidence une autre
réalité en montrant que la proximité géographique
n'est pas gage de similitude des relevés qui peuvent être
très dissemblables (même en considérant les mêmes
types d'unités topographiques) à l'intérieur d'un
même site et inversement très ressemblant malgré la
distance.
2.8 Les groupements23
Le groupement à Elaeis guineensis
essentiellement localisé dans les bas-fonds et les bas-versants
constitue la relique d'une végétation autrefois luxuriante qui a
tendance aujourd'hui à disparaître. Il est floristiquement et
physionomiquement facile à identifier. Le peuplement d'Elaeis
guineensis qui en est l'élément le plus
caractéristique conserve, malgré une forte pression, une bonne
vigueur dans les relevés 39-38 et 33 correspondant à la partie
méridionale de notre zone d'étude. Ce groupement forme le plus
souvent des galeries forestières dont les individus présentent
une bonne stature à l'exemple de Cocos nucifera, de
Borassus aethiopum ou encore d'Adansonia ou
d'Eucalyptus.
Le groupement à Acacia albida est ici
plus typique des sables dunaires mais il peut se rencontrer sur le bas-versant
lorsque la dénivellation n'est pas trop importante ou à
l'occasion d'un versant plat et allongé. Ce qui explique d'ailleurs
certaines de ses compagnes comme Mangifera, Azadirachta indica ou
même la présence accidentelle d'Elaeis guineensis comme
espèces occasionnelle.
Un découpage plus méticuleux de la matrice
d'analyse ferrait apparaître dans ce groupements deux unités de
niveau hiérarchique plus fins avec d'une part Piliostigma
reticulatum, Dichrostachys cinerea, Adansonia digitata, Calotropis
procera et Lawsonia inermis et d'autre part Tamarindus
indica, Acacia ataxacantha et pour faire la liaison entre les deux
sous-groupements Acacia albida. Ce dernier est ici une espèce
caractéristique exclusive du groupement, il n'apparaît dans les
autres que comme compagne et le plus souvent occasionnelle.
Le groupement à Parinari macrophylla
est ici celui qui a la plus large extension avec une préférence
toute fois pour les fonds de cuvettes asséchées. Le groupement
pourrait être caractérisé par Eucalyptus dont
l'abondance-dominance est nettement supérieure à celle de
Parinari (même si ce dernier est plus fréquent) mais en
raison de la difficulté de germination naturelle de cette essence nous
l'avons écarté pour designer le groupement. Elaeis
guineensis est dans cette association une espèce
différentielle puisqu'elle est très bien
représentée tout en étant caractéristique du
groupement I.
Le groupement à Maytenus senegalensis
montre par sa composition une certaine filiation avec le groupement à
Elaeis guineensis dont il semble être l'étape suivante
lorsque les conditions hydrologiques se dégradent. Cocos
nucifera et Mangifera indica qui sont également
caractéristiques du groupement à Elaeis font preuve ici
d'une vigueur intéressante en compagnie d'essences plus typiques des
conditions de déficit hydrique comme Acacia et
Parinari.
Il faut reconnaître dans cette analyse que, abstraction
faite des facteurs locaux, la dégradation par l'homme peut conduire
à la domination d'une espèce qui dans des conditions normales ne
tient qu'une place modeste.
En plus de cela l'analyse met en évidence un nombre
important d'espèces compagnes et un nombre encore plus
élevé d'espèces occasionnelles qui n'apparaissent qu'une
fois dans les relevés du groupement considéré. Mais en
appliquant à la fois les deux critères24
utilisés pour qualifier une espèce de «compagne «, on
se rend compte que seul trois espèces peuvent être
considérées comme telle ici : Borassus aethiopum, Adansonia
digitata et Calotropis
procera.
24 -Espèce présente dans un groupement
mais pas caractéristiques -Espèce fréquente dans tous les
groupements
Tableau 5: Groupements identifiés
GROUPEMENT
|
classe
I
|
classe II
|
classe III
|
classe IV
|
Relevés
|
2, 33, 9, 26, 38, 37, 28, 39, 36 ,4
|
40, 31, 25,3, 1, 10, 21, 12, 30
|
18, 23, 24, 27, 22, 8, 13, 16, 5
|
11, 14, 20, 19, 32, 29
|
Esp. Caractéristiques
|
Elaeis guineensis Mangifera
indica Cocos nucifera Ficus dicranostyla Azadirachta
indica Phyllanthus reticularus
|
Piliostigma reticulatum Dichrostachys
cinerea Acacia albida Tamarindus indica Acacia
ataxacantha
|
Eucalyptus camaldulensis Elaeis guineensis Anacardium
occidentale Parinari macrophylla
|
Cocos nucifera Mangifera indica Zizyphus
mucronata Maytenus senegalensis Parinari
macrophylla Citrus limon
|
Esp. compagne
|
Borassus aethiopum Capparis tomentosa Adansonia
digitata Calotropis procera Eucalyptus camaldulensis Zizyphus
mucronata
|
Adansonia digitata Lawsonia inermis Calotropis procera
Mangifera indica Capparis tomentosa Azadirachta indica Borassus
aethiopum
|
Borasus aethiopum Euphorbia balsamifera Balanites
aegyptiaca
Tamarindus indica Maytenus senegalensis
Adansonia digitata
|
Acacia albida Borassus aethiopum Elaeis
guineensis Calotropis procera
|
Esp. occasionnelles
|
Citrus limon Acacia albida Lawsonia
inermis Tamarindus indica Maytenus senegalensis
|
Elaeis guineensis Phyllanthus riticularus Citrus
limon Euphorbia balsamifera Balanites aegyptiaca Maytenus
senegalensis Parinari macrophylla Anacardium occidentale
|
Dichrostachys cinerea Ficus dicranostyla Zizyphus
mucronata Calotropis procera Acacia ataxacantha Piliostigma
reticulatum Acacia albida Lawsonia inermis
|
Piliostigma reticulatum Tamarindus
indica Dichrostachys cinerea Capparis tomentosa Eucalyptus
camaldulensis Euphorbia balsamifera Adansonia digitata
|
Environnement
|
Bas-versant Fond de cuvette
|
Sommet
Haut-versant Bas-versant
|
Haie
Haut-versant
Fond de cuvette Bas versant
|
Sommet
Haut-versant
Bas-versant
Fond de cuvette
|
2.9 L'analyse de la végétation suivant les
compartiments topographiques
Mise à part la sélection opérée
par l'homme, la topographie est sans doute l'élément le plus
déterminant dans la composition de la flore puisqu'elle
caractérise des biotopes particuliers et détermine la
proximité avec la nappe.
Cette analyse (tableau 6) a pour objectif de faire ressortir
d'une part les essences qui ont une large extension écologique et
d'autre part celles qui sont plus spécifiques à un compartiment
ou à un autre, elle autorise aussi une comparaison avec les groupements
définis. Pour y procéder nous avons supprimé certains
relevés qui se trouvaient dans une position de transition entre deux
compartiments. De plus étant donné la supériorité
numérique des relevés de bas-fond nous en avons également
supprimé quelques uns. Nous avons conservé en tout 20
relevés dont 5 pour chaque compartiment.
Cette analyse permet de constater que la plupart des
espèces sont fidèles à leur biotope. Seuls
Maytenus et Eucalyptus sont ici représentatifs de tous
les compartiments. Les espèces des compartiments 2 et 3 ont une certaine
élasticité écologique qui leur permet de descendre ou de
monter sur le versant en respectant une certaine limite.
Tableau 6: Distribution des espèces par
compartiment topographique
Topographie
|
Sommet
|
Haut versant
|
Bas versant
|
Fond de cuvette
|
Relevés
|
7-12-21-30-34
|
3-35-29-20-1
|
26-17-19-28-9
|
4-32-37-23-39
|
Espèces
|
Eucalyptus camaldulensis Euphorbia balsamifera
|
Euphorbia balsamifera
|
Elaeis guineensis
|
Azadirachta indica
|
Tamarindus indica
|
Cocos nucifera
|
Commiphora africana
|
Balanites aegyptiaca
|
Piliostigma reticulatum
|
Borassus aethiopum
|
Ficus dicranostyla
|
Annona senegalensis
|
Acacia ataxacantha
|
Mangifera indica
|
Zizyphus mauritiana
|
Acacia albida
|
Dichrostachys cinerea
|
Phyllanthus r.
|
Acacia holosericea
|
Adansonia digitata
|
Grewia bicolor
|
Ficus sur
|
Mangifera indica
|
Anacardium occidentale
|
Citrus limon
|
Ficus dicranostyla
|
Cocos nucifera
|
Boscia senegalensis
|
Zizyphus mauritiana
|
Ficus ovata
|
Adansonia digitata
|
Acacia ataxacantha Maytenus senegalensis Acacia
ehrenbergiana
|
Maytenus senegalensis Capparis
tomentosa
|
Citrus limon
|
Phyllanthus .r
|
Azadirachta indica
|
Ficus capensis
|
Mangifera indica
|
Calotropis procera
|
Elaeis guineensis
|
Commiphora africana
|
Lannea acida
|
Tamarindus indica
|
Xylopia aethiopica
|
Tamarindus indica
|
Borassus aethiopum
|
Sesbania sesban
|
Parinari .m
|
Asparagus africanus
|
Azadirachta indica
|
Psidium guajava
|
Anacardium .o
Eucalyptus
Borassus aethiopum
|
Jatropha gossypifolia
|
Cocos nucifera
|
Capparis tomentosa
Eucalyptus
|
Parinari macrophylla
|
Phyllanthus reticularus
|
Guiera senegalensis
|
Adansonia digitata
|
Ricinus communis
|
Ficus sur
|
Capparis tomentosa
|
Annona muricata
|
Annona muricata
|
Acacia albida
|
Acacia seyal
|
Calotropis procera
|
Ficus exasperata
|
Melaleuca leucadendron Maytenus .s
Sesbania sesban
|
|
Jatropha curcas
|
Zizyphus mauritiana Maytenus
.s
|
|
Boscia senegalensis
|
|
Acacia albida
|
Cassia siamea
|
|
|
Eucalyptus
|
|
|
Total effectif
|
19
|
23
|
22
|
21
|
Le tableau laisse apparaître également quelques
incohérences concernant notamment la localisation de certaines essences.
Nous savons empiriquement que Parinari à une bonne
distribution, quel que soit le compartiment considéré, alors
qu'ici on le retrouve exclusivement dans les bas-fonds, ce qui est lié
au fait qu'il n'y avait pas assez de relevés dans chaque compartiment
pour permettre une bonne interprétation25.
Par ailleurs l'assèchement de certains bas-fonds peut
largement expliquer la présence de Maytenus, de Commiphora
africana et même d'Acacia albida dans ces marges
dépressionnaires.
Tableau 7: Niveau de présence par
compartiment
4 compartiments Eucalyptus
|
3 compartiments
|
2 compartiments
|
Spécifique à un seul 1
compartiment
|
Acacia albida
|
Euphorbia balsamifera
|
Balanites aegyptiaca
|
Jatropha curcas
|
Eucalyptus
|
Adansonia digitata
|
Anacardium occidentale
|
Annona senegalensis
|
Ficus ovata
|
|
Tamarindus indica
|
Boscia senegalensis
|
Acacia ehrenbergiana
|
Citrus limon
|
|
Capparis tomentosa
|
Acacia ataxacantha
|
Asparagus africanus
|
Psidium guajava
|
|
Zizyphus mauritiana
|
Commiphora africana
|
Jatropha gossypifolia
|
Ricinus communis
|
|
Mangifera indica
|
Annona muricata
|
Parinari macrophylla
|
Ficus exasperata
|
|
Borassus aethiopum
|
Calotropis procera
|
Guiera .s
|
Cassia siamea
|
|
Azadirachta indica
|
Elaeis guineensis
|
Acacia seyal
|
Acacia holosericea
|
|
Cocos nucifera
|
Ficus sur
|
Piliostigma .r
|
Ficus capensis
|
|
Phyllanthus .r
|
Ficus dicranostyla
|
Dichrostachys .c
|
Xylopia aethiopica
|
|
|
Sesbania sesban
|
Grewia bicolor
|
Parinari .m
|
|
|
|
Citrus limon
|
Melaleuca leucadendron
|
|
|
|
Lannea acida
|
|
2 espèces
|
10 espèces
|
11 espèces
|
25 espèces
|
Source : Analyse phytosociologique (S.
NDJEKOUNEYOM -2007)
Le véritable intérêt de cette analyse
phytosociologique est qu'elle nous informe sur la composition floristique et
sur les associations qu'elle forme en tant que conséquence de
l'activité agricole. Outre donc cette diversité biologique
qu'elle nous permet d'apprécier, cette analyse traduit
concrètement le comportement associatif et les réactions de la
flore à l'élément perturbateur qu'est l'homme. Les
associations qu'elle définit sont déjà une merveilleuse
expression des impacts du maraîchage sur la végétation
ligneuse.
25 -L'idéal aurait été de
disposer d'au moins 15 relevés par compartiment en omettant les
situations de transition.
Chapitre IV : ANALYSE DESCRIPTIVE DE LA VEGETATION
La description de la végétation contrairement
aux analyses statistiques des communautés végétales
s'appuiera préalablement sur des observations empiriques faites au cours
des nombreux transects et en second lieu seulement sur une analyse des
différentes classes et de la densité de recouvrement
végétal.
La végétation dans la zone des Niayes
présente à tout égard une forte diversité. Les
variations que l'on enregistre d'un système dunaire à un autre et
plus spécifiquement d'un compartiment de la toposéquence à
un autre se répercutent directement sur la composition de la
végétation et à une plus grande échelle sur sa
structuration. Les particularités édaphiques et hydrologiques
dont découle cette diversité ainsi que la nature et
l'intensité de l'utilisation par l'homme de l'espace sont les
déterminants véritables de la végétation et de ses
conditions d'évolution.
D'un point de vue dynamique, l'évaluation des
données relatives à l'impact du maraîchage sur la
végétation nécessite d'abord l'acquisition d'informations
précises sur l'écosystème des niayes avant et après
la perturbation qu'implique cette activité. Si les données
post-perturbation ont pu être en partie rassemblées par le travail
de terrain, il n'en va de même des données
pré-perturbation. Il est en effet bien rare qu'un milieu ait
été correctement échantillonné avant que la
pérennité de ses différentes composantes ne se pose en
termes de problème. Et quant bien même cela aurait
été fait, les données peuvent être difficiles
d'accès comme c'est le cas ici26.
C'est pour contourner cet obstacle que la zone d'étude
à été délibérément élargie
jusqu'à Mboro27 où il faut admettre une plus forte
densité de la couverture végétale28et
corrélativement une meilleure conservation des essences. Cette approche
comparative, que nous adoptons par ailleurs dans tout le travail, nous
permettra d'identifier dans l'activité maraichère les facteurs
exacerbant la dégradation de la végétation ligneuse. Il
s'agit de saisir l'amplitude des variations du couvert végétal
sous l'influence de facteurs favorables et défavorables et d'apparenter
le stade actuel de la végétation à une formation
originelle.29
I. LA DESCRIPTION DU PAYSAGE VEGETAL ENTRE DIOGO ET
MBORO
Par commodité nous avons subdivisé notre zone
d'étude en trois secteurs pour en faciliter l'observation et
éventuellement la comparaison (Figure 8)30.
1.1 Le secteur de Diogo
Les formes et les dimensions des cuvettes varient
énormément dans ce secteur. La plupart d'entre elles sont
actuellement fonctionnelles en termes d'exploitation maraîchère.
Ce qui se
26- Référence à la revue documentaire.
27- Au départ il était question de s'en tenir au
terroir de Diogo.
28- En dépit, il faut le reconnaître, de la
proximité urbaine.
29- Tout en ayant conscience qu'un groupement vraiment originel
serait difficile, voir impossible à trouvé aujourd'hui.
Néanmoins certains s'en rapprochent plus que d'autres et c'est tout
l'intérêt de l'exercice.
30-Andal, Diogo et Mboro seront de fait souvent
employés pour designer les secteurs et non seulement l'entité
territoriale (terroir ou commune).
répercute immédiatement sur la
végétation dont l'organisation régulière en
auréoles concentriques si caractéristique des niayes
inondées se perd progressivement.
1 0 1 2 3 4 Kilomètres
N
Beno
~~~~ ~~ ~~~~~~ ~~~~~ ~~
~~ ~~ ~~ ~
MBORO
~~
(secteur)
~~ ~~~~ ~~
Golgaindé
~~ ~~ ~~
~~
·
· ·
~~ ~~
~~
Santhie touba Ndiaye
E N
~~
~~
~~
~~
~~
~~ ~~ ~~~~
~~~~
~~
~~
~~
~~
~~~~ ~~
Touba Ndiaye
Fas Boye
~~
~~
~~
~~
~~
ANDAL
~~
~~
Diogo sur Mer
(secteur)
~~ ~~
~~~~ ~~ ~~
~~ti
~~ ~~ ~~
Darou diouf
~~
·
·
~~ ~~ ~~
~~
~~~~~~ ~~ ~~
~~ ~~ ~~ al
~~
~~
~~ ~~
~~
Darou Guèye
~~ ~~ ~~ ~~
Route régionale 70 bis
Darou Ndiaye
· · ~~
~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~
Darou Ndoye
~~
~~
~~
~~ ~~ Ndjiligne
~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~
· Etablisement humain
~~
. · ·
~~
~~~~
~~ ~~
Darou Fal Diogo
~~
Sol nu
Savane
ligne de separation des secteurs étudiés
Culture maraîchère associée aux arbres
Culture maraîchère pure
Piste
Route
Plantation (projet UTP)
~~
Bande de filao
Pseudo-steppe
DIOGO
(secteur)
Route Régionale 70 bis
Figure 8 : Carte de l'occupation de l'espace par secteur
Source : Image Landsat 2002- Traitement : S.
Ndjekouneyom
Les boisements denses sont devenus de fait très rares
et n'excédent pas 20% du couvert végétal ligneux. Les
plantes sont plutôt distribuées de manière très
isolée sur les versants et dans le fond des cuvettes. L'organisation du
toit de la végétation reste inversement proportionnelle à
la topographie, exception faite d'Adansonia digitata dont l'imposante
silhouette ne passe pas inaperçu sur certains haut-versants. Sur ces
dernières on rencontre généralement une
végétation très basse, le plus souvent buissonnante
à l'image de Lawsonia inermis, Commiphora africana et
surtout d'Euphorbia balsamifera qui est ici l'essence la plus typique
des sommets. En atteste d'ailleurs le relevé 7 qui en mentionne 113
individus. Des espèces comme de Guiera senegalensis qui
préfèrent coloniser les espaces dégarnis sablonneux
à tendance stérile prolifèrent aisément dans
certains creux dunaires. Mais lorsque les dénivellations
s'atténuent Dichrostachys cinerea, Piliostigma reticulatum et
Tamarindus indica deviennent les incontournables associés
d'Euphorbia balsamifera.
A la croisée de certains chemins apparaissent sur le
tiérangal31 des espaces trop petits pour être
mis en valeur. Ils abritent par conséquent des espèces assez
exceptionnelles par leur rareté ici, comme Acacia ehrenbergiana
ou Bauhinia rufescens en compagnie de Capparis tomentosa
et d'Acacia albida qui bénéficient d'un
égard particulier de la part des paysans.
Sur les bas-versants où règnent des conditions
d'humidité plus intéressantes apparaissent des individus
d'Elaeis guineensis et de Cocos nucifera. Lorsque la
dépression est moins étroite et moins humide donc moins
exploité on rencontre une plus grande richesse floristique. Outre
Mangifera et Azadirachta indica, on croise un certain nombre
de Ficus qui sont ici les indicateurs le plus souvent conservés
d'un facies beaucoup plus riche et à forte connotation guinéenne.
Dans ces mêmes bas-fonds on à pu observer à
proximité du relevé 4 un peuplement intéressant
d'Acacia holosericea dont le reflet argenté contraste bien avec
ce paysage verdoyant.
Dans la grande dépression de Darou Fal dont le fond est
plus ou moins plat, on note la prépondérance des espèces
comme Anacardium occidentale, Eucalyptus et Casuarina
equisetifolia dont l'agencement régulier en ligne droite trahit la
main de l'homme. Vers Darou Ndoye on peut apercevoir une plantation
dégradée d'Eucalyptus de 80 ha dont les individus sont
dans un état précaire.
1.2 Le secteur d'Andal
Ce secteur reste sur le plan botanique assez ressemblant au
précédent dont il n'est que le prolongement logique. Les nuances
ici sont surtout dues à l'organisation géomorphologique des
cuvettes qui ne sont plus aussi importantes, ni en dimension ni en nombre. La
plupart d'entre elles longent la barre dunaire des dunes jaunes. Ce qui
à pour effet de réduire l'importance spatiale et numérique
des espèces de bas-fond. La disparition presque systématique de
la couronne de palmeraie et de la première couronne externe de
végétation autour de la cuvette à pour effet
immédiat le saupoudrage plus rapide des bas-fonds par le sables mobiles
des dunes jaunes. Du coup le fond est très plat et la
végétation ne s'organise plus selon le niveau topographique mais
se localise dans le fond des cuvettes (en particulier pour la
végétation hygrophile : Elaeis, Cocos, Borassus ou
même Eucalyptus).
31 -Le tiérangal est la partie de la
niaye non inondées pendant l'hivernage.
La végétation que nous mettrons en exergue ici
est la végétation xérophile des sables dunaires. Celle-ci
est souvent fixée mais il faut reconnaître que
l'instabilité du substrat par endroit provoque en termes de dynamique
des fluctuations importantes de la composition floristique même en
l'absence d'une mise en valeur effective des sols par l'homme pour
l'agriculture. Les espèces caractéristiques peuvent donc changer
dans le temps et dans l'espace.
Cette végétation xérophile s'illustre de
deux manières différentes, d'une part par son caractère
tout à fait spontané et d'autre part en tant que
végétation résiduelle résultant d'une
sélection humaine. La végétation xérophile
spontanée est localisée juste à l'Est des cuvettes ou
entre elles. Elle se caractérise par des espèces envahissantes
comme Maytenus senegalensis qui forment ici des fourrées
continues et parfois impénétrables. Dialium guinense qui
est ici une espèce exceptionnelle n'apparaît qu'à la faveur
d'un abri contre le vent sur le flanc des dunes. Parinari macrophylla
et Aphania senegalensis y sont aussi les reliques d'une forêt
sèche tandis que des espèces comme Jatropha gossypifolia,
Asparagus africanus et Cassia bicapsularis n'ont été
rencontré qu'en un seul exemplaire chacune.
La végétation résiduelle dont il a
été question échappe parfois à la bande que nous
avons délimitée pour faire nos placettes car située plus
à l'Est. Cependant sa particularité et son étendue nous
obligent à ne pas l'occulter. Acacia albida est ici
l'espèce principale de cette sélection en compagnie de
Guiera, d'Annona et de Boscia senegalensis qui
apparaissent à la suite des défrichements. La sécheresse
aidant, les champs de culture pluviale sont aujourd'hui rarement
exploités néanmoins la végétation spontanée
a du mal à reprendre tous ses droits.
La carte de la JICA (2001) s'est appuyée à cet
effet sur les précédentes cartes pour représenter le
fromager (Ceiba pentandra) et le Baobab (Adansonia digitata)
comme espèces dominante dans cette partie du paysage alors que dans
les conditions actuelles c'est bel et bien le Kad (Acacia albida) qui
domine.
1.3 Le secteur de Mboro
La morphologie assez spécifique des bas-fonds à
Mboro et tout autour pourrait justifier, au moins en partie, la densité
plus élevée du couvert végétal comparativement
à Diogo et Andal. Mboro est marqué, sur le plan morphologique,
par des dépressions aux proportions exceptionnelles et qui le plus
souvent communiquent, formant ainsi une même entité. La succession
dunes-dépressions étroites des secteurs d'Andal et surtout de
Diogo cesse ici pour faire place à des bas-fonds plats sans discontinu
de plusieurs dizaines d'hectares.
Ces gigantesques organismes dépressionnaires sont
bordés par des bourrelets de palmiers qui marquent une brutale rupture
avec la végétation plus steppique des sables dunaires. Cette
palmeraie occupe également les bas-fonds et s'organise en fonction de la
nature de la dépression, de sa morphologie et du niveau de battement de
la nappe phréatique qui, ici, n'est jamais bien profonde.
Ainsi dans des espaces continus et plats la palmeraie forme
des ilots boisés bien distincts tandis qu'à l'intérieur
des cuvettes logées dans les bas-fonds on observe de véritables
galeries forestières large de 20, 50 voire 70m. Vers l'emplacement du
relevé 39, la conservation de la flore authentique des niayes est assez
impressionnante, elle est liée à son isolement et sa
difficulté d'exploitation.
Plus loin au nord vers Touba Ndiaye la situation est moins
favorable avec un éclaircissement plus important de la couverture
végétale. Bien que le peuplement d'Elaeis guineensis
garde sa vigueur, son sous-bois est considérablement
dégarni. On note par ailleurs que les individus de Borassus
aethiopum sont plus fréquents ici que partout ailleurs.
Malgré la prédominance des bas-fonds, la
topographie enregistre quant même des élévations à
la faveur desquelles Maytenus, Balanites, Acacia et Euphorbia
se manifestent. De même des espèces à l'aise sur les
versants comme Piliostigma sont assez fréquentes dans les
bas-fonds asséchés ou Azadirachta et Sesbania,
très envahissants, dominent.
II. LA STRATIFICATION ET LA
DENSITE
L'analyse de la stratification et surtout de la densité
du recouvrement végétal32 constitue, par opposition
à l'analyse purement phytosociologique, une préoccupation
nettement plus géographique bien que son expression numérique
soit, dans le cas présent, quelque peu limitée par la nature de
l'investigation et la modestie de notre instrumentation.
2.1 La stratification
L'un des faits les plus marquants qui ressort de l'observation
de la végétation dans la zone des Niayes est le
déséquilibre qui apparaît dans la stratification en faveur
des individus de petite taille (classe I et II).
Figure 9: Diagramme de présence des espèces
par classes Source : Inventaire floristique (S. NDJEKOUNEYOM -
2007)
A cet effet il convient de préciser que la plupart des
essences considérées comme arborescentes atteignent ici rarement
la dimension qui leur est donnée en moyenne dans les documents
d'identification de la flore. Par conséquent le maximum de hauteur que
nous avons retenu (10m) est d'autant plus justifié que les seuls
individus d'espèce à le dépasser franchement sont
Elaeis guineensis, Cocos nucifera et à certains égards
Eucalyptus.
Il faut reconnaître aussi que la correspondance entre le
type biologique et les classes de hauteur n'est pas toujours possible. Cela est
dû d'une part au fait que les classes définies sont plus
nombreuses que les types biologiques considérés et d'autre part
que beaucoup d'individus se trouvant dans la première classe le sont par
l'effet des coupes et non seulement naturellement.
32 -De même d'ailleurs que la descriptive de la
végétation
A cela peuvent s'ajouter deux autres causes qui expliquent la
présence de certains individus d'espèce dans cette strate.
D'abord leur rabougrissement peut être rattaché à leur
condition de développement c'est-à-dire au biotope, à
l'accessibilité aux ressources nutritives (eau, matières
minérales et vivantes). En second lieu à la nature buissonnante
même de ces essences et enfin à la jeunesse des plantes. Il va
sans dire qu'il serait difficile à partir de là d'estimer le
degré de régénération d'ensemble de la
végétation puisque ces différences n'ont pas
été prises en compte dans l'élaboration de nos fiches de
relevé phytosociologique.
La figure 10, au risque de paraître quelque peu
compliquée, a le mérite d'autoriser une lecture simultanée
de la fréquence de représentation des espèces par classe,
d'abord à l'intérieur d'une même classe et ensuite d'une
classe à une autre. Ce qui permet de remarquer aisément qu'aucune
espèce arborescente à l'exception d'Elaeis n'est
correctement représentée dans toutes les classes33.
Figure 10: Diagramme de fréquence des classes par
espèces Source : Inventaire floristique (S. NDJEKOUNEYOM -
2007)
Nbr. Espèces
On y remarque également que des essences comme
Dichrostachys cinerea et Acacia ataxacantha sont bien
représentées dans la strate II. Ce qui s'explique par certaines
pratiques de jachère qui leur sont appliquées ou simplement par
le choix du maraîcher de laisser la plante croitre tant qu'il ne la
considère pas encore comme encombrante.
Ce qui justifie qu'une espèce arborescente comme
Balanites aegyptiaca soit bien représentée dans la
première et la deuxième strate et disparaisse subitement aux
suivantes.
33- Par commodité nous n'avons retenu dans la
représentation graphique que les essences du tableau de
présence.
2.2 La densité de recouvrement
Il faut signaler que l'utilisation du tableau de
présence pour l'analyse de la densité a pour effet d'exclure
certaines essences dont les individus ont une représentativité
pourtant acceptable mais qui restent très ponctuelles et très
localisées pour être prise en compte. Ainsi à Mboro et
Touba Ndiaye Prosopis juliflora qui est très bien
représenté n'apparaît pas dans la figure 11 de même
que Guiera senegalensis pour Diogo.
Nombre espèces
Figure 11: Diagramme de la densité par
espèce34
Source : Inventaire floristique (S.
NDJEKOUNEYOM - 2007)
Au total 1741 individus ont été
enregistrés, ce qui représente pour la surface
échantillonnée une moyenne de 43,5 individus par placette soit
(174 individus par hectare). Mais cette moyenne ne doit pas cacher la
répartition très inégale de la couverture
végétale dans la zone d'étude. Nous nous trouvons dans un
couvert végétal largement entaillé par l'activité
agricole. A cet effet il faut reconnaître à nos relevés une
part de subjectivité puisqu'ils ont surtout pris en compte les surfaces
les mieux boisées.
34 -Cette représentation ne tient nullement
compte des classes
Du tableau de présence Elaeis guineensis est
largement l'espèce la mieux représentée suivi de
Mangifera et Azadirachta indica et parmi les sous-ligneux
Maytenus et Euphorbia.
La pulvérisation des groupements en une multitude
d'individus est un des traits spécifiques de la combinaison
végétation - maraîchage. Il importe par conséquent
de garder à l'esprit que les différentes associations qui
ressortent de ce traitement sont moins le résultat d'une composition
floristique naturelle que la conséquence directe ou indirecte d'une
intervention humaine. Ce qui n'ôte pas pour autant à cette
approche phytosociologique sont intérêt car une association
végétale reste fondamentalement régie par des relations
interspécifiques et naturelles entre les espèces et les
individus. En dépit de cette influence humaine, la concurrence, le
neutralisme, la compatibilité et l'asociabilité entre
espèces et entre individus est liées à la nature
même de ces derniers. A cela s'ajoute les exigences spécifiques de
certaines essences et les facteurs liés à la topographie qui
imposent à l'homme des limites dans le remaniement de la flore.
Chapitre V : MODALITES DE LA PRODUCTION MARAICHERE
Etudier la végétation d'une part et d'autre le
maraîchage dans cette zone des Niayes centrales revient, en quelque
sorte, à parler implicitement d'un potentiel et de son principal facteur
de destruction. En effet pour un milieu dont la vocation au maraîchage
s'affirme de plus en plus, la destruction ou la construction du paysage
végétal est foncièrement liée aux techniques, aux
pratiques et aux contraintes spécifiques de cette activité.
Rappelons que le maraîchage reste un type d'agriculture
très intensive qui vise à maximiser l'utilisation du sol et
à produire dans des cycles de temps très courts. Les cultures
légumières réagissent de manière spécifique
aux conditions locales de température et d'insolation, de mêmes
elles sont très exigeantes en ce qui concerne les caractères
chimiques et physiques des sols, qui doivent être riches en
matière organique et bien drainés. Elles demandent par
conséquent non seulement une charge de travail considérable mais
aussi des moyens importants et particuliers.
I. LES FACTEURS DE LA PRODUCTION
Le maraîchage est une activité qui repose sur des
exigences spécifiques liées aux sols, à la
disponibilité en eau et l'utilisation d'intrants.
1.1 La diversité et l'utilisation des sols
Les sols de la région présentent des
caractéristiques générales assez distinctives, ils sont
généralement jaunes peu évolués et marqués
par une faible fertilité. La texture sableuse est très
élevée (supérieure à 90 %) avec une structure
particulaire, signe d'une faible teneur en argile.
-Nous avons les sols ferrugineux non lessivés (sol
dior), fréquents dans toute la zone et plus spécifique
dans les zones de terroir et sur les haut-versants. Plus propices aux cultures
pluviales, leur utilisation pour le maraîchage se fait moyennant un
important amendement et la présence d'un forage profond.
-Localisé au niveau des khours35 ,
les sols de bas-versant sont spécifiques aux niayes (sols
argilo-limoneux hydromorphes) et communément appelés
banne ou deck dior. Ils sont marqués dans un
passé récent par une hydromorphie importante. La charge en humus
et matière organique est considérable. Ils constituent
indiscutablement le meilleur support des cultures maraîchères
(tomate, chou, aubergine, pomme de terre etc). Ils portent parfois une
importante superficie arboricole
-Dans les dépressions se rencontrent des sols argileux
hydromorphes particulièrement enrichie part les dépôts
organiques. Ils se prêtent à la culture de patate, de carotte,
autre fois du riz mais l'hydromorphie n'y est plus vraiment d'actualité
pour permettre cela. Parfois le fond des cuvettes peut être occupé
par une matière noirâtre, les tourbes, qui rendent le sol inculte
sauf pour la patate et le manioc qui s'en accommodent assez bien.
-Les sols halomorphes ont une répartition plus ponctuelle
et constituent un handicap pour le maraîchage.
35 -Le Khour est la partie de la
niaye constamment humide (aujourd'hui le terme reste mais la
réalité qu'il désignait est peu fréquente)
1.2 La disponibilité en eau
L'eau constitue le second facteur limitant de cette
activité et sans doute le plus indispensable. La récession
pluviométrique dont le Sahel a été victime a eu
d'évidentes conséquences sur l'activité maraichère
avec le tarissement des mares et des marigots et le creusement de la nappe
phréatique. Ce repli de la nappe pose de sérieux problèmes
à son exploitation qui ne se réalise dès lors que par
l'utilisation de certaines techniques, en occurrence les motopompes et les
forages.
1.3 Les intrants
Dans les niayes les sols pauvres sont
généralement fréquents, les sols riches et propices aux
cultures maraîchères occupent un espace bien étroit que se
discutent les légumes et les arbres. Ceci évoque naturellement
une forte utilisation d'intrants pour compenser la pauvreté de certains
sols qui ne servent, à toute fin utiles, que de support matériel
aux cultures.
L'utilisation des semences améliorées, d'engrais
chimiques et de produits phytosanitaires fait partie des nouvelles pratiques
culturales du producteur pour faire face à ces conditions difficiles.
Mais il faut reconnaître que l'approvisionnement en intrants est
insuffisant. Dans toute notre zone d'étude on ne compte que quatre
magasins spécialisés : un à Diogo, un à Fas boye et
deux à Mboro.
Le recours aux engrais organiques qui constituait
naguère la base de l'enrichissement des sols a beaucoup
diminué36. L'approvisionnement en déchets organiques
(la volaille et le bétail) est rendu difficile, il faut parfois se
rendre jusqu'à Dakar pour en trouver.
L'engrais chimique est devenu malgré son cout
élevé la règle et concerne tous les producteurs que nous
avons interrogés, de Diogo à Mboro pas un seul ne fait exception.
Les produits phytosanitaires sont également abondamment utilisés
pour faire face aux parasites.
1.4 Les équipements
La pratique du maraîchage à Diogo et surtout
à Mboro est soutenue par un outillage assez archaïque à
l'exception de l'innovation que constituent les motopompes et les
pulvérisateurs. Le matériel agricole est marqué par sa
vétusté. Pour la majeure partie des exploitants, ce sont les
accessoires classiques du cultivateur africain qui sont utilisés : houe,
daba, coupe-coupe, pèle, râteaux, hache et à l'occasion
d'une parcelle bien plate sur le versant, les accessoires de traction animale
peuvent être pris en compte.
A Diogo, en raison de la difficulté d'accès aux
champs, le principal moyen utilisé pour le transport des personnes et
des produits demeure la charrette tandis qu'à Mboro la proximité
du marché résout en partie ce problème.
L'utilisation parfois systématique des motopompes
mérite un accent particulier, en raison de des effets néfastes
entraînant la dégradation des sols par érosion et un
épuisement des nappes phréatiques. Ce sont des engins capables de
pomper l'eau des nappes phréatiques grâce à un puits
traditionnel. L'eau ainsi tirée des puits est rejetée, à
travers un système de tuyaux, à la surface. A l'heure actuelle,
les motopompes constituent la principale technique d'irrigation des cultures
maraîchères en particulier à Diogo et Andal, leur puissance
permet d'atteindre tous les secteurs, du fond des cuvettes aux sommets. Ainsi
tous les compartiments sont maintenant à porté du système
d'irrigation. A Mboro étrangement et paradoxalement
36 -D'une part à cause de la transhumance du
bétail.
d'ailleurs37 les motopompes sont moins
fréquentes, l'arrosage traditionnel reste de mise même si tous les
producteurs formulent le souhait de s'équiper en motopompe.
1.5 La charge de travail
Le travail nécessaire pour les cultures
maraîchères est considérable, il n'est
généralement pas dévolu à un seul homme lorsque la
parcelle est supérieure à 0,5 ha. Il mobilise en moyenne dix
heures par jours tant les tâches sont nombreuses et fastidieuses :
défrichement, labour, semi, repiquage, arrosage, désherbage,
traitement phytosanitaire, récolte. De plus, la mécanisation est
exclue pour ce type de culture et dans ce type d'environnement.
En général si le travail de champs ne prend pas
la forme d'une exploitation familiale, le propriétaire peut faire
appelle, sous la forme de métayage, à un ou deux sourga(s)
qui sont des travailleurs saisonniers externes à la
communauté. En échange de leurs services ils sont logés et
nourris dans la demeure du chef d'exploitation, ils reçoivent en
compensation de leur travail une rémunération égale
à la moitié de la valeur de la récolte.
Outre les sourgas les femmes et les enfants peuvent
apporter respectivement leur contribution pour la récolte et l'arrosage.
Mais en général le repiquage est assuré par le chef de
famille en personne.
1.6 Les pratiques
La notion de pratique sous entend que le fait technique ne
peut être dissocié de l'acteur. A l'exception des techniques
classiques de mise en valeur comme le labour, l'irrigation, le
désherbage, le cultivateur des niayes a développé un
ensemble d'astuces qui le rendent intéressant. Les paysans ont acquis un
savoir faire adapté aux conditions pédologiques et climatiques de
leur zone d'activité. Les spéculations sont organisées
selon un calendrier et les semences sont sélectionnées selon la
saison, selon le degré de salinité des sols etc.
La structure particulaire des sables dunaires n'étant
pas vraiment un avantage, pas plus que la valeur pédologique des sols
qui décroissent des dépressions aux sommets. Le paysan des niayes
s'est adapté et ne se laisse pas devancer par les innovations
scientifiques dans le domaine agronomique et les produits phytosanitaires. Les
semences sont par conséquent choisies selon la réalité du
terrain.
Les cultures se pratiquent toute l'année et suivent un
rythme soutenu sur les mêmes sols au prix d'un amendement intensif des
sols. Même pendant l'hivernage, le producteur maraîcher trouve le
moyen de cultiver des espèces pluviales adaptées.
Nous notons chez près de 98% des producteurs
enquêtés, l'absence totale de jachère, jusqu'à
présent cela semble leur réussir grâce notamment à
la rotation des cultures qui atténue un peu l'appauvrissement des
sols.
1.7 Les spéculations
La production maraîchère enregistre une gamme
assez variée de spéculations. On distingue globalement deux types
de produits, le type africain cultivé généralement pendant
l'hivernage et le type européen.
Produits de type africain Produits de type
européen
37- Il s'agit tout de même d'une commune, donc
elle est plus moderne
Manioc Pomme de terre
Piment Oignon
Patate Chou pomme
Aubergine amère Tomate
Gombo Carotte
Bissap Aubergine
A Mboro comme à Diogo les spéculations sont
dominées par le chou (figure12) mais tandis qu'on note une certaine
irrégularité à Mboro, dans le secteur de Diogo la plus
part des produits bénéficient d'une relative constance. La
diversité des espèces cultivées est par ailleurs plus
importante à Diogo.
45%
40%
35%
30%
25%
20%
15%
10%
0%
5%
Spéculations à Mboro Spéculations à
Diogo
Figure12 : Fréquence des spéculations
à Diogo et Mboro Source : - Enquête (S.
NDJEKOUNEYOM 2007)
En plus des légumes, le maïs est souvent
cultivé en toute saison en système irrigué. Cette gamme
est répartie suivant un calendrier au cours de l'année. La
période de production s'étend d'octobre à novembre et de
mai à juin et correspond aux périodes de contre saison froide
(novembre/février) et de contre saison chaude (mars/ juin). A partir de
juillet cette gamme se trouve sévèrement réduite, seules
certaines variétés résistantes s'adaptent à
l'hivernage. Quantitativement et qualitativement il y a réduction de la
production.
Même si cette période pluvieuse coïncide
avec une hausse des prix, on note un ralentissement parfaitement perceptible
des activités. Les risques de détérioration des
récoltes, en cas de pluies diluviennes, sont trop élevés
et refroidissent les ardeurs de la plupart des exploitants. Cette
période de répit pour les sols est aussi motivée par la
forte pression parasitaire qui induit des coûts élevés de
traitements phytosanitaires d'une part et d'autre part il y a la
difficulté de conservation des produits du fait de l'humidité et
de la chaleur hivernale. Pendant cette saison des pluies, l'arachide fait son
irruption dans la morphologie agraire et s'impose comme principale culture.
L'inventaire des produits commercialisés montre une
gamme variée de spéculations mais l'analyse des fréquences
de production laisse apparaître des disparités importantes entre
ces dernières.
II. LA PRODUCTION MARAICHERE
Le maraîchage est, compte tenu des habitudes
alimentaires au Sénégal38 et de l'augmentation de la
population urbaine, une activité en pleine expansion, le marché
intérieur absorbe la quasi-totalité du volume produit dans la
région des Niayes. Le taux de couverture des besoins en produits
maraîchers est de 70% sur une période de 6 à 8 mois de
l'année (ISRA, 1996).
Les surfaces qui lui sont dévolues sont
estimées39 à plus de 10 000 ha et la zone des Niayes
en est le poumon principal. Dans la communauté rurale de Darou Khoudoss
l'activité maraîchère couvre 30 % de l'ensemble des terres
et occupe une place primordiale dans les stratégies de survie et de
création de revenus des populations locales. La production globale peut
être estimée à 150 000t parmi lesquelles l'oignon occupe la
1ère place avec une production de 10866 tonnes environ en l'an 2000,
suivi du chou. La tomate vient en troisième position, suivie de
l'aubergine blanche (diakhatou) et de la pomme de terre qui vient en
dernière position.
Celle de la communauté rurale (tableau 8) de Darou
Khoudoss s'élève à 34.140 t pour les principales
spéculations.
Tableau 8: Production maraîchère de la
communauté rurale de Darou Khoudoss
ANNEES
SPECULATIONS
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Sup. Cultivée (ha)
|
Product. (T)
|
Sup. Cultivée (ha
|
Product. (T)
|
Sup. Cultivée (ha
|
Product. (T)
|
Sup. Cultivée (ha
|
Product. (T)
|
Sup. Cultivée (ha
|
Product. (T)
6912 5322
|
Oignon
|
535
|
8200
|
556
|
10866
|
565
|
8904
|
449
|
6519
|
621
|
Chou
|
650
|
7150
|
492
|
5418
|
522
|
7839
|
474
|
4740
|
6912
|
Tomate
|
461
|
5325
|
488
|
5859
|
463
|
6216
|
640
|
6408
|
501
|
6520
|
Pomme de terre
|
245
|
4410
|
273
|
4914
|
320
|
5206
|
213
|
1481
|
405
|
6912 8474 34140
|
Diakhatou
|
237
|
4054
|
265
|
4535
|
274
|
5665
|
210
|
840
|
385
|
TOTAL
|
2128
|
29139
|
2074
|
31592
|
2144
|
33830
|
1986
|
19988
|
8824
|
Source : CERP de Méouane,
2004
On constate que même lorsque les superficies sont
sensiblement égales, d'importantes disparités peuvent
apparaître au niveau des rendements. Le tableau 8 permet de souligner le
caractère très aléatoire de cette activité qui ne
dépend pas uniquement des surfaces mises en valeurs. La production de
tomate et de diakhatou en particulier peut augmenter d'une année
à l'autre alors que les surfaces qui leurs sont consacrées
diminuent. D'un autre côté on peut aussi enregistrer des
augmentations considérables de la production d'une année à
une autre, le cas de l'aubergine qui passe de 840 t à plus 8000 t en
l'espace d'une année pour une augmentation de superficie de seulement
175 ha est pour le moins spectaculaire.
38- Les plats contiennent au moins 3 à 4
légumes différents.
39 -Niang laboratoire de l'agriculture irriguée
en moyenne vallée du Sénégal -1995
Il faut savoir que les rendements sont fonctions des secteurs
exploités (khour, ndiouki, tiérangal) ; des techniques
d'exhaure et d'irrigation, des produits phytosanitaires utilisés, des
semences choisis. A ces facteurs intrinsèques à la production il
faut ajouter des facteurs exogènes comme la demande du marché ou
sa capacité d'absorption qui seront traitées plus amplement dans
la troisième partie.
II. LE CIRCUIT DE COMMERCIALISATION
Dans la majeure partie de la zone d'étude,
l'agriculture se réduit au maraîchage qui constitue la source
principale de revenu des terroirs. La commercialisation des produits issus de
cette activité se fait selon différentes modalités.
Figure13 : Filière de commercialisation des
produits maraîchers dans la zone de Diogo et Mboro Source
: S. NDJEKOUNEYOM -2007
On a d'abord la vente sous contrainte qui est le fait de paysans
qui dépendent des bana bana
fournisseurs d'intrants à crédit et
auprès desquels ils se voient dans l'obligation de passer pour
écouler leur récolte. Ensuite nous avons la vente libre qui est
le fait de producteurs bana bana qui assurent eux mêmes
l'écoulement de la production. Nous notons aussi dans cette même
catégorie les producteurs qui sont devenus assez puissants pour ne pas
dépendre des bana banas et qui peuvent donc traiter
efficacement avec ces derniers. La figure 13 nous permet d'apprécier les
interrelations qui existent entre les acteurs dans cette filière.
L'organisation de l'écoulement de la production par
camion est assurée par des coxeurs qui ont pour rôle de
collecter les marchandises en fonction de leur destination et les
répartir dans les camions disponibles.
La filière crée ainsi un environnement favorable
à l'émergence d'activités informelles
oüdifférents acteurs interviennent de manière
indépendante mais cohérente depuis la production
jusqu'à la commercialisation et la distribution.
L'étude de cette filière implique l'analyse d'un circuit
économique complexe qui part du producteur aux bana banas en
passant par les coxeurs pour arriver aux semi-grossistes et enfin aux
petits revendeurs.
III. LES CONTRAINTES DE L'ACTIVITE MARAICHERE
De nombreuses contraintes pèsent sur l'activité
maraichère, l'une des plus importantes est celle qui est liée au
caractère périssable de la production. En dehors des oignons et
des pommes de terre qui autorisent un temps de conservation plus important, les
autres spéculations courent toutes le risque de se
détériorer.
Cette situation rend extrêmement vulnérables les
paysans qui sont soumis ainsi à la loi des marchands et revendeurs. Dans
la crainte d'une perte des récoltes, les exploitants sont contraints le
plus souvent de brader la production à des prix dérisoires pour
le plus grand bonheur des bana banas ou grossistes. C'est ce qui
explique les énormes fluctuations sur le prix des produits qui peuvent
aller du simple au triple ou au quintuple.
Comme autre source de difficultés nous pouvons
mentionner le manque d'écoute du marché par les producteurs. Les
principaux centres concernés à savoir Touba, Dakar, Tivaouane,
Nouakchott, Louga, Mboro, Kaolack ne sont pas consultés avant la
production ou la récolte, ce qui se solde souvent par une surproduction
et par conséquent une chute du prix des produits en
excédentaires. De plus les producteurs ne coordonnent absolument pas
leurs actions. Chacun est laissé à sa seule appréciation
et produit à sa guise ce qu'il estime profitable pour lui. A cela il
faut ajouter la saisonnalité de la production (malgré l'existence
de semences adaptées) et l'aversion au risque de diversification.
Tableau 9: Les contraintes de l'activité
maraîchère
Protection des plantes inadéquate
|
Irrigation difficile
|
Qualité des intrants et dégradation
des sols
|
Commercialisation en Conséquence sur
la
produits maraîchers santé
difficile
|
-Disponibilité des produits
phytosanitaires inadéquate
-Suivi phytosanitaire inadéquat -Formation en
protection des plantes insuffisante
|
-Puits mal construits
-Ressource en eau insuffisante
pour l'irrigation
-Recharge de la nappe
insuffisante
-Salinisation croissante des eaux
-Nappe d'eau surexploitée -Moyens d'exhaure
inadéquate -Nombre de puits insuffisant pour utiliser d'autres
terres
|
- Qualité des fumiers insuffisante
- Qualité des engrains insuffisants
- Système de contrôle des engrains
déficient
-Disponibilité des intrants aux près des
commerçants irrégulier (Fumier engrain)
-Fertilisation du sol en diminution -Qualité du
fumier utilisé insuffisant
-Utilisation de la jachère
insuffisante
-Salinisation croissante des sols -Salinisation croissante
des eaux -Ensablement de cuvette maraîchère
|
-Information sur la filière -Non utilisation
des
maraichère déficiente équipements de
protection
-Information sur les prix -Formation en
méthode
d'application insuffisante
indisponible
-Utilisation fréquente de
-Calendrier de culture
produits dangereux
uniforme
-Prix de vente trop bas
- Importation autorisée
-Absence de règlementation des prix
-Arrivée massive des produits locaux
-Système de rémunération des sourga
contraignant
-Moyen de conservation
inexistant
-Route de Mboro Diogo peu praticable
|
Source : Enquête (S. NDJEKOUNEYOM
2007)
Le manque d'entente et de concertation entre les agriculteurs
est l'une des principales causes de la mauvaise rentabilité du
maraîchage à l'heure actuelle. A Diogo, les seuls groupements qui
sont signalés dans ce cadre sont des coopératives villageoises ou
des sections villageoises auxquelles d'ailleurs la plupart des cultivateurs du
terroir n'adhèrent pas. Par ailleurs si à Diogo les terres
dominantes sont convexes, à Mboro la situation est inverse. Dans l'un
comme dans l'autre des cas les sols ne sont pas appropriés pour le
maraîchage qui préfère, nous l'avons vu, les sols ni trop
sableux ni trop argileux des bas-versants ou khours. D'autres
contraintes comme l'érosion des sols, l'enclavement de certains
villages, l'insuffisance des revenus ou encore le niveau d'instruction faible
sont résumées dans le tableau ci-dessus.
Cette étude nous permet une double observation. D'abord
on constate d'une part que le système défini fonctionne, d'un
point de vue spatial, largement au dessus de ses potentialités avec un
dopage des cultures mais d'autre part, d'un point de vue cette fois ci
organisationnel, il y a des failles évidentes qui empêchent la
valorisation et l'optimisation de la production.
Le circuit de commercialisation est inutilement alourdi par le
nombre d'intervenants et d'acteurs au statut d'ailleurs très
inégal. Dans ce système le principal concerné, à
savoir le producteur, a les mains liées40 et ce sont les
bana banas et les coxeurs, acteurs pourtant
improvisés, qui finissent par avoir la maîtrise de
l'écoulement de la production.
Le maraîchage dans le cadre de ce chapitre a
été étudié en faisant abstraction, autant que
possible, des impacts des cultures maraîchères sur la
végétation ligneuse afin de resituer cette activité dans
son contexte spécifique. Les chapitres suivants se chargeront
d'établir les relations existantes entre ces deux composantes du
milieu.
40 -Même si celui-ci constitue le
première maillon de la chaine, force est de constater qu'il n'est pas
indépendant financièrement.
TROISIEME PARTIE
Conséquences spatiales et sociales de
l'interrelation maraîchage - végétation ligneuse
Chapitre VI : EVOLUTION DU PAYSAGE DANS LA REGION DE
NIAYES : DE L'ECOSYSTEME A L'AGROSYSTEME
Végétation exubérante,
végétation luxuriante, les qualificatifs de densité n'ont
pas manqués pour décrire le recouvrement végétal
dans la zone des Niayes. Mais les processus de colmatages naturels
favorisés par des actions anthropiques ont contribué à
réduire diversement cette densité.
Ces dernières décennies en particulier le
paysage végétal des niayes a subi des processus de fragmentation
en général et plus précisément d'isolement des
habitats humides. Même si les premières hypothèses pour
expliquer cette évolution sont largement inféodées
à la sécheresse, il faut reconnaître que la grande
irrégularité du recouvrement végétal que nous avons
constatée entre Mboro et Diogo montre bien que la nature et
l'intensité de l'intervention humaine peuvent contribuer à
maintenir ou à détruire plus ou moins rapidement cette
couverture.
La pratique du maraîchage exerce aussi un gradient
sélectif de plus en plus significatif sur la végétation
originelle des niayes. Même si les oscillations climatiques du
passé ont pu laisser des traces décelables dans la composition
floristique, avec notamment les palmiers, la flore actuelle des niayes doit
être considérée dans sa globalité comme une
végétation composite avec d'une part les essences reliques
associées à des espèces de plus en plus
soudanosahéliennes et d'autre part des essences introduites par le
reboisement.
Flores d'origines et d'époques très
différentes se trouvent mélangées et distribuées
dans les Niayes suivant un gradient topographique, un gradient de
disponibilité hydrique et un gradient de sélection
anthropique.
Mais dans l'ensemble le paysage végétal est
dominé par des formes savanicoles malgré un potentiel forestier
reconnu. La matrice floristique est composée d'espèces à
très large distribution écologique et des espèces à
affinité méridionale qui sont actuellement en situation plus
précaire. Les espèces dont le développement s'harmonise
avec les conditions locales s'affirment de plus en plus tandis que celles qui
sont intolérantes aux nouvelles formes d'exploitation
maraîchère voient leur population s'affaiblir. Dans ces conditions
il importe de comprendre comment un paysage jadis très arboré
s'est progressivement déboisé et jusqu'où cette
humanisation peut aller dans un tel environnement et quels en sont les dommages
?
I. LA MISE EN PLACE DE LA VEGETATION DES NIAYES
La très grande dynamique liée à la nature
particulaire du substrat et au caractère capricieux du climat rend
extrêmement délicat l'étude de la mise en place de la
végétation dans la région des Niayes. Cette
difficulté tient aussi aux limites évidentes des
procédés utilisés et à la subjectivité des
extrapolations auxquelles ils peuvent donner lieu. L'étude de cette
végétation par la méthode des graines fossiles (permettant
de réaliser le diagramme pollinique par exemple) comporte de
sérieux risques puisqu'elle met en évidence les
échantillons des espèces les mieux conservées et ne
renseigne pas sur ceux de celles qui ne résistent pas aux
dégâts du temps quant bien même ces dernières
seraient majoritaires. Par conséquent les
familles qu'elles nous permettent d'observer doivent être
considérées avec toute la relativité
possible41.
Rappelons que l'objectif dans ce sous chapitre est double :
-d'abord tenter de donner un aperçu, aussi vague soit-il,
de la communauté végétale qui a
précédé celle d'aujourd'hui.
-ensuite montrer que les fluctuations climatiques et la dynamique
végétale qui s'en suivent ne sont ni des faits nouveaux, ni
exceptionnels dans cette zone.
La thèse de M. Fall42 qui a traité
des sédiments tourbeux entre Mboro et Diogo est à cet effet fort
édifiante. Les travaux de cet auteur ont mis en évidence les
espèces suivantes : Rhynchospora corymbosa, Heliocharis
atrapurperea, Mariscus umbellatus, Pycreus polystachyos.
Toutes ces espèces sont de la famille des Cypéracées
que Raynal43 avait associé aux milieux humides en particulier
Rhynchospora corymbosa qui serait une espèce
caractéristique des niayes dégradées.
« Les fluctuations de la population des
Cypéracées doivent être attribuées à
des variations de plan d'eau dans les réceptacles, trois cas sont
possibles. »40
-« Le premier épisode, intervenu probablement
après la phase d'aridification qui a marqué la fin de
l'Holocène inférieur, correspond à, une reprise de la
pluviométrie et à une remontée lente et rythmique de la
nappe des sables.
-L'épisode suivant correspond à une reprise
relativement importante de la pluviométrie dont les conséquences
sont une remontée progressive et rapide de la nappe et une
amélioration générale de la flore herbacée de la
tourbière.
-Le troisième épisode intervenu probablement
à l'Holocène supérieur correspond à une faible
reprise de la pluviométrie dont la conséquence est la
régression progressive de la flore »40.
Lezine44 abordant dans le même sens affirme
que l'environnement végétal des niayes a connu des
épisodes de dégradations mineures dont une, très
marquée, se serait produite vers 4000 BP.
On ne peut pas prétendre débattre de
l'évolution de la végétation des niayes sans faire
explicitement référence aux travaux de Trochain45 et
de Raynal.
1.1 La formation végétale originelle des
niayes
Malgré le consensus sur le caractère très
dynamique de la zone, il faut reconnaître que les opinions
diffèrent quant au passé de sa végétation. En effet
la complexité floristique brouille quelque peu les données et
favorise l'émergence de plusieurs scénarii.
S'il est vrai que Trochain inscrit le domaine qu'il nomme
subguinéen dans les étages adilittoral et paralittoral en y
individualisant des îlots épars de végétation
à affinité guinéenne, Raynal insiste quant à lui
sur l'existence antérieure d'une forêt qui relierait les
41 -Mais nous sommes bien obligés de nous
soumettre à ces méthodes puisqu'il y a en aucune de vraiment
fiable
42 -Environnements sédimentaires Quaternaires et actuels
des tourbières des Niayes de la Grande Côte du
Sénégal.
43 -Flore et végétation des environs de
Kayar (Sénégal)-1962
44 -Environnement et paleoenvironnement des niayes
depuis 12 000 ans BP-1986
45-Contribution à l'étude de la
végétation du Sénégal-1933
46 -Ouljien : la plus humide des périodes du
Quaternaire
47 -Dernière période humide du
Quaternaire, correspondant au Néolithique et beauc humide que
l'Ouljien
niayes les unes autres. Ces dernières ne seraient alors
qu'un facies humide de la forêt avec des transitions beaucoup moins
marquées qu'actuellement, l'ensemble serait assez cohérent pour
qu'on puisse l'inclure dans un domaine subguinéen qui s'étendrait
à toute la Presqu'île.
Ainsi Trochain conçoit cette végétation
comme une anomalie favorisée par des conditions particulières
alors que Raynal la considère comme la continuité même du
domaine guinéen. Il soutient à l'opposé de Trochain une
prédominance du contingent soudanien même s'il reconnait avec ce
dernier que l'équilibre primitif à pu être beaucoup plus
guinéen.
Les divergences ne s'arrêtent pas là, car
Trochain avance l'hypothèse que les vestiges forestières
hygrophiles du Cap-Vert, en somme les niayes, sont les dernières traces
d'une période géologique plus humide : le Paléolithique
ancien46. Raynal rétorque que l'installation de la
forêt n'a pue se faire avant le Dunkerquien47. Cette
dernière idée autorise un prolongement intéressant de la
réflexion, car si finalement les conditions climatiques qui ont vu la
naissance de cette forêt n'étaient pas si éloignées
des conditions actuelles, c'est donc à l'homme qu'on doit la
régression de son couvert. Et Raynal ne manque pas de le signaler sauf
que son argumentation reste assez brève.
1.2 La complexité de la composition floristique
Le débat entre Raynal et Trochain, deux éminents
spécialistes, ne fait que renforcer l'affirmation de la
complexité de la zone des Niayes sur le plan botanique.
Complexité qu'un aperçu chorologique nous permet de mieux
appréhender.
Des essences sahéliennes caractéristiques des
savanes occidentales du Sénégal comme Boscia senegalensis,
Commiphora africana, Grewia bicolor sont ici en compagnie d'essences
franchement soudaniennes comme Prosopis africana, Adansonia digitata,
Tamarindus indica, Khaya senegalensis, Ceiba pentandra, Parinari
macrophylla.
Figure 14: Représentation schématique de la
végétation des niayes Source : G. PEZERIL
1986
A ces essences typiques des savanes
soudano-sahéliennes, qu'il n'est finalement pas surprenant de croiser
ensemble, il faut ajouter des essences relictuelles qui ont permis à
Trochain de définir le domaine subguinéen. Ficus
capensis qui est une espèce des savanes guinéennes et des
forêts ombrophiles secondaires apparaît ici souvent sur le bord des
puits. Fagara xanthoxyloides que nous n'avons pas personnellement eu
l'occasion d'observer mais qui a récemment été
signalé48 dans la zone est également originaire de la
savane guinéenne et des forêts tropophiles de même que
Dialium guinense. De Detarium .s. Trochain a pu dire :
«cette espèce des forêts galeries et des forêts du
littoral du Golfe de Guinée s'échappe au Sénégal
des formations forestières et se rencontre (...) dans les savanes de
l'étage paralittoral ». Aphania souvent observé
dans cette étude à été décrit par
Aubréville49 comme originaire du domaine guinéen.
Elaeis guineensis qui est l'essence la mieux
représentée dans notre étude est connu pour avoir son
berceau dans la forêt africaine même si les sites qu'il colonise
ont la particularité d'avoir un manteau forestier déchiré
et localisé en bordure d'une surface d'eau. Dans la région du
Cap-Vert où elle occupe les niayes50, cette essence
est considérée comme caractéristique puisqu'elle est la
seule à pouvoir se constituer spontanément en véritable
peuplement.51
II. L'INTRODUCTION DE L'ELEMENT PERTURBATEUR : LE
MARAÎCHAGE
Dans la région des Niayes, la végétation
subguinéenne qui est l'élément le plus atypique est
isolée du fait de l'évolution climatique. La flore qu'elle
comprend est caractéristique, comme nous venons de le voir, d'un domaine
forestier dense (sec ou humide) auquel la majorité du pays n'appartient
pas. Elle constitue par conséquent un stock riche et varié mais
instable et fugace. Du fait de son caractère résiduel, elle a
survécu grâce à des conditions bioclimatiques
particulières que nous avons déjà évoquées
plus haut. L'homme par son action a clairement accentué la
fragilité de cette végétation relictuelle et fait pencher
la balance en faveur des essences sahéliennes et soudaniennes
très peu denses.
2.1 Le contexte d'apparition du maraîchage
48 -Etude d'impact projet Zircon de la Grande
Côte
49 -Cité par Raynal -1962
50 -La terminologie « niayes« a subi une
évolution sémantique qui a conduit à son utilisation pour
designer toute la région du Cap-Vert. Alors qu'elle était
primitivement associée aux palmiers à huile en wolof, son
acception s'est largement étendue aux boisements où cette
espèce domine. Mais à partir d'Adam l'expression s'est
généralisée à toutes les dépressions humides
douces ou salées de la zone. Aujourd'hui elle est ramenée
pratiquement à l'unité morphologique que constitue la cuvette,
qu'elle soit du reste humide ou pas. On peut dire à l'instar de Raynal
que « la niayes est suffisamment original au point de vue physionomique,
floristique et écologique pour qu'on conserve un substantif
spécial pour le désigner » et que la polysémie dont
elle fait l'objet actuellement ne peut que contribuer à répandre
la confusion.
51-d'où la place exceptionnelle que nous lui
accordons dans cette étude
En l'absence de toute intervention humaine, le fonctionnement
de l'écosystème52 reste relativement complexe mais
néanmoins autorégulé. L'intervention de l'homme contribue
à la simplification et la fragilisation du système naturel en
réduisant l'importance démographique de certaines populations
végétales (mais aussi animales) qui jouent un rôle
clé. Cette action anthropique se résume à la recherche
d'une meilleure productivité sans tenir compte des risques qu'elle
apporte. Une essence comme Acacia raddiana (tortilis) que nous avions
croisée en 2006 mais qui cette fois-ci s'est faite plus rare fait
l'objet (avec d'autres essences bien sûr) d'un défrichement
systématique de ses individus sur les versants mis en culture. Or on
sait de cette espèce qu'elle a d'extraordinaires capacités de
remontée de l'eau située à des profondeurs de 20 voire 30m
de fond pour la distribuer sous la surface53. Porter atteinte
à une telle espèce dans un environnement comme celui des niayes
c'est compromettre dangereusement la survie des autres.
A cet effet la majorité des essences observées
par Trochain sont aujourd'hui introuvables et de la forêt sèche de
Raynal seules trois espèces caractéristiques émergent
encore (Parinarimacrophylla, Aphania senegalensis et
Detarium senegalensis) et se rencontrent uniquement à l'état
d'individus isolés.
2.2 Introduction du maraîchage
Aujourd'hui les activités anthropiques, notamment le
maraîchage, n'ont jamais été aussi intenses, la pression
sur la végétation naturelle suit une évolution graduelle
autant dans l'espace que dans le temps. Une brève lecture
évolutive du paysage agraire permet d'en prendre la mesure.
2.2.1 Les étapes du développement du
maraîchage54
La période coloniale : la
végétation des niayes était peu entamée de
même que l'intervention humaine était peu prononcée. Les
niayes étant très humides, les pratiques culturales se
concentraient dans le diéri. Les niayes n'étaient
sollicitées qu'en saison sèche à raison de quelques jours
par semaine. Les principales spéculations d'aujourd'hui restaient
très marginales.
La période de la Seconde Guerre mondiale :
l'administration française fondent une société de
prévoyance qui approvisionne les paysans en semence (riz, navet,
poireaux, tomates, oignons ...). Les plants de pomme de terre, de bananier, de
manguiers sont donnés aux cultivateurs. C'est une étape
importante qui introduira certaines essences dans les niayes et verra
d'ailleurs une bonne adaptation de ces dernières.
Les mauvais hivernages de 1940 et 1942 ont provoqué un
rabattement des populations de l'intérieur sur les niayes.
L'amélioration des conditions pluviométriques après 1945 a
eu pour conséquence, un délaissement des niayes. Il faudra
attendre 1956 avec la création du Centre d'Expansion Rural pour voir un
regain d'intérêt pour cette zone. C'est à cette
époque que les cocotiers sont plantés.
52-La connaissance des écosystèmes en
termes de relation et de fonctionnement n'est pas une entreprise facile, elle
nécessite de rassembler toutes les connaissances disponibles sur les
plantes ainsi que le milieu et de compléter celles qui manquent. Cette
étude constitue à cet effet une bien maigre participation.
53-On parle de 250 litre par nuit
54 -Cette étude du contexte d'apparition et de
développement du maraîchage à été
abordé plus amplement dans le précédent mémoire.
Après l'indépendance : avec la
construction de la route Mboro-Diogo, des grandes métamorphoses vont
s'enclencher dans la zone. Beaucoup de gens abandonnent les cultures pluviales
pour s'adonner au maraîchage qui était devenu plus rentable.
Désormais l'hivernage est mis à contribution pour la culture de
l'arachide. Raynal écrivait que « Bien que les traces de
dégradation par l'homme soient nombreuses en raison des multiples
utilisations qu'il peut y trouver, la niaye55 conserve en
1960 certains endroits pratiquement intacts ». Mais après les
premières années de sécheresse, les observations sont
beaucoup moins favorables à la végétation et P. Ndiaye
dans la Monographie nationale sur la biodiversité souligne qu'« il
n'existe plus une seule dépression à l'état naturelle
depuis la sécheresse dans les années 1970 ». Il ajoute que
« l'occupation systématique et l'exploitation subie par les niayes
depuis quelques décennies sont entrain d'en épuiser les
potentialités ». Cette observation est clairement renforcée
dans l'article numéro quatre (N°4) de la «note de
biogéographie« où il est écrit : « Au cours de
la période 1973 la zone des Niayes a fait l'objet de spéculations
foncières et agricoles dont le résultat est l'occupation quasi
intégrale de l'espace en dehors des périmètres
classés et des systèmes dunaires » Cette sécheresse
qui avait été perçue localement comme une aubaine au
début (car permettant la libération de l'espace occupés
par l'eau) a fini, par sa persistance, par constituer un véritable
handicap pour le maraîchage et les
ressources ligneuses exigeantes.
Actuellement la tendance ne fait que se poursuivre et le cadre
botanique actuel correspond à un stade avancé de la
dégradation du couvert végétal.
III. LES IMPACTS DU MARAÎCHAGE
L'une des difficultés majeures dans le raisonnement que
nous cherchons à poser réside dans le caractère indirect
du rapport qu'il est question d'établir entre la
végétation ligneuse et l'activité maraîchère.
Force est de reconnaître qu'il n'y a pas ici, à proprement parler,
de rapports de prélèvement entre une ressource et un potentiel
(ligneux). La relation est d'abord concurrentielle, l'espace y intervenant
comme un facteur limitant. De fait les effets que nous mettrons en avant sont
davantage induits par le maraîchage plutôt que produits directement
par lui.
3.1 L'influence des techniques de culture
Dans un environnement aussi meuble marqué par le
caractère essentiellement minéral du sol, les essences ligneuses
tiennent un rôle de premier plan autant dans la stabilisation du
matériel sableux que dans la fertilisation. La plupart des
légumineuses comme Acacia albida, Acacia ataxacantha,
Cassia siamea, Parkia biglobosa, Prosopis africana, Prosopis juliflora ou
encore Tamarindus indica sont une précieuse source de
fertilité azotée56. Leur suppression massive par
défrichement ou sur brûlis constitue un danger pour cet
écosystème à dominance savanicole.
L'activité maraîchère est devenue par
conséquent tributaire d'un amendement intensif pour compenser leur
absence. L'utilisation de la fumure (animale) est une technique très
ancienne
55-Entendu ici à la fois au sens morphologique
et floristique
56 - L'azote est un élément fondamental
de tout organisme en tant que constituant de protéine. Il est
absorbé par les végétaux sous forme de minérale
soit nitrique soit ammoniacale- Précis de biogéographie G.
Lemée
mais la réduction du cheptel à posé
quelques problèmes de disponibilité de matières organiques
brutes. Des techniques nouvelles comme le compostage sont également
utilisées mais leur maîtrise n'est pas aisée pour le paysan
de même d'ailleurs que les apports de substances minérales non
transformées qui bénéficient d'une subvention de
l'Etat.
Le recours le plus systématique pour remplacer les
effets bénéfiques de l'arbre est constitué par l'apport en
substances et minéraux transformés (uré, nitrate,
ammonitrates, potassium...). On note par ailleurs dans un autre registre les
produits phytosanitaires comme le carbojuran, l'éthoprophos, le
captafol, le manèbe...
Les effets de ce dopage des cultures sont à l'heure
actuelle difficilement perceptibles sur la végétation mais
parfaitement envisageables dans la mesure où ils affecteront à
long terme négativement la fertilité du sol.
A ce niveau il convient de souligner aussi que les techniques
de labour, même si elles demeurent essentiellement traditionnelles, ont
une mauvaise incidence sur la conservation des graines. Les motopompes qui
constituent l'innovation ne respectent pas les normes d'irrigation et provoque
une érosion accélérée.
Par ailleurs on constate que l'usage du feu a
été parmi les principaux moyens utilisés au lendemain des
années de sécheresse pour l'élimination des ligneux en vu
de libérer des espaces pour le maraîchage. Malgré
l'interdiction, des hectares entiers de végétation ont
été incendiés pour en réduire la densité. La
grande dépression de Darou Fal en porte encore les indices de même
que certaines cuvettes à Touba Ndiaye. Même si aujourd'hui la
culture sur brûlis est peu pratiquée (grâce à la
sensibilisation), ses effets n'en demeurent pas moins dramatiques sur la
végétation.
En raison de l'importance de la matière combustible que
constituent les tourbes et certains arbres enfouilles, le moindre feu peut
prendre des proportions incontrôlables en survivant des semaines
entières sous la surface où il se propage. A Diogo le dernier feu
en date est du 13 juillet 2007 et continuait à se rependre jusqu'au 28
juillet (date de notre départ). Si ces feux souterrains sont moins
spectaculaires qu'en surface, ils n'en sont pas moins dangereux57 et
laissent le sol dans un état déplorable après avoir
détruit les racines des ligneux au dessus d'eux.
3.2 Les effets du maraîchage sur la
disponibiité hydrique58
Le maraîchage est une activité qui
nécessite un prélèvement important sur la nappe dont
bénéficient également certaines essences hygrophiles. Il
est évident qu'avec la sécheresse, des essences comme Elaeis
guineensis ne peuvent se contenter des précipitations hivernales et
de l'hygrométrie élevée pour assurer leur vitalité.
Elles doivent impérativement profiter des
57 -Celui de Diogo a fait une victime (une jeune fille
de 12ans)
58 -Les réserves des nappes sont
estimées par le PAEP à environ 22 milliard de m3 en
1999 et les ressources renouvelables de cet aquifère à
391000m3/an pour des besoins agricoles estimés à 217
million de m3/an.
Les seuils d'exploitation définis par le BRGM et l'UCAD
sont largement dépassés conduisant à une baisse de 7 10 cm
en moyenne par an au niveau de la nappe. Outre l'exploitation pour le
maraîchage il faut évoquer pour être objectif les
activités de prélèvement des ICS et le
développement du reboisement avec les plantes phréatophytes.
nappes d'eau souterraines qui, malgré le durcissement du
climat, restent dans des conditions d'exploitation rationnelle tout de
même à la porté de leurs racines. Mais la
concurrence imposée par les cultures maraîchères conduit
souvent à dépasser les niveaux de profondeur
acceptables pour les racines. C'est ainsi qu'à Diogo et
dans les cuvettes de Darou Ndiaye oül'activité suit un
rythme soutenu à l'aide de la motorisation, Le peuplement de palmier est
en
piteux état. La profondeur des nappes dans les
dépressions les plus creuses peut aller jusqu'à 8m, ce qui pour
des essences qui subissaient une inondation temporaire partielle est un
sérieux handicap. Le système traditionnel d'exhaure qui
était manuel est complètement remplacé dans les terroirs
de Diogo, de Golgaindé et d'Andal par les motopompes. Le nombre d'engins
peut varier de un à dix (en fonctionnant en moyenne 4 à 10 heures
par jours) suivant la dimension de la cuvette et les moyens financiers
disponibles.
Même si cette eau abondamment pompée des nappes
est immédiatement restituée grâce à la
porosité des sables constitutifs du système, il faut
reconnaître que ce n'est pas sans avoir contracté sur les sols et
sur les plantes des substances chimiques diverses que le maraîchage
introduit.
Par ailleurs la constance des vents agit comme un
accélérateur de l'évaporation surtout que les cultivateurs
arrosent aux heures les plus chaudes. Il ne faut pas non plus omettre le
prélèvement direct des plantes maraîchères pour leur
besoin de croissance. Ce système d'irrigation, déjà non
viable pour l'activité maraîchère elle même, se
répercute immédiatement sur la ressource ligneuse. D'ailleurs, de
manière indirecte, les exigences hydriques de certaines essences
ligneuses font que le producteur préfère ne pas les
perpétuer, il ne voit pas pourquoi gaspiller davantage une ressource si
précieuse pour ses cultures.
A tout égard le prélèvement
créé par l'activité maraichère est supérieur
à la restitution et constitue un manque à gagner important pour
la végétation exigeante. A Diogo, Touba Ndiaye et Andal les
motopompes sont les signes visibles de la profondeur de la nappe et par
ailleurs de la décadence de la végétation.
3.3 La salinisation et ses effets
L'une des conséquences les plus immédiates de
cette baisse est la salinisation. Indépendamment du biseau salé
dont la pénétration, exception faite de Mboro, ne dépasse
pas 100m, c'est l'exploitation (abusive) des nappes par les motopompes qui a
provoqué cette salinisation de l'eau et par conséquent des sols.
L'eau salée contenue dans les vallées fossiles est normalement
maintenue en profondeur par une importante lame d'eau douce, la surexploitation
de cette dernière provoque la remontée du sel (figure 2). Bien
que le phénomène soit assez ponctuel il n'en demeure pas moins
une des causes principales d'abandon de cuvettes. Près d'un puits sur
trois est déclaré saumâtre et salé par les
cultivateurs interrogés. Cette situation favorise d'une part des
essences comme Casuarina equisetifolia, Tamarix senegalensis, Eucalyptus,
Prosopis juliflora tandis que celles qui sont dites glycophytes ne
tolèrent pas à ces conditions59.
3.4 L'extension anarchique des cultures
59 - La concentration en sel totaux exerce une action
physiologique directe sur les forces osmotiques qu'elle développe,
forces qui peuvent s'opposer au taux d'hydratation nécessaire aux
organismes s'ils ne possèdent pas de moyens efficaces de
régulation osmotique. -Précis de Biogéographie G.
Lemée.
L'espace est présenté dans ce contexte comme un
facteur limitant dont la réduction conditionne le type de rapport entre
le maraîcher et la végétation ligneuse.
Théoriquement plus l'espace disponible est important et moins le
maraîcher a besoin de s'en prendre aux surfaces boisées. La
situation inverse entraine une forme parfois intense de concurrence entre d'une
part les surfaces vraiment boisées et les surfaces mise en culture et
d'autre part entre les cultures et les individus des essences
complantées avec elles.
La superposition des surfaces mises en culture sur le contour des
cuvettes grâce à la cartographie (figure 15) laisse
apparaître deux faits spatiaux majeurs :
-On constate en effet que les cultures maraîchères
débordent largement de l'intérieur des cuvettes et occupent
l'espace de manière quasi anarchique aujourd'hui.
-Ensuite on remarque une utilisation partielle ou un abandon
total des cuvettes situées plus à l'Est.
En dépit de quoi cependant la majorité des
producteurs s'accordent pour reconnaitre une augmentation de la production ces
dernières années. Cette dernière remarque quelque peu
contradictoire peut être rattachée au fait qu'avant la
sécheresse seuls les bas-versants étaient exploités
(après parfois le retrait de l'eau) en exceptant par ailleurs les
boqueteaux de palmier. Mais aujourd'hui la situation a radicalement
changée et même si beaucoup de cuvettes sont devenues incultes
à l'Est, d'autres surfaces sont mises à contribution pour les
cultures. Certains espaces boisés qui avaient survécus à
la sécheresse ont été conquis au maraîchage. Des
secteurs écologiquement sensibles comme les sommets dunaires qui sont le
plus souvent fixés par une végétation basse et arbustive
sont de plus en plus défrichés et labourés (photo1).
Photo1 : Escalade des versants par les cultures, zone des
Niayes - Diogo Source : S. Ndjekouneyom (2006)
L'utilisation des bas-versants et des cuvettes était
conditionnée à l'époque par la disponibilité de
l'eau et par la fertilité des sols mais aujourd'hui ces deux contraintes
sont aisément surmontées par l'amélioration des techniques
de culture et les progrès de l'agronomie. Ce qui conduit à une
escalade des hauts-versants réputés pourtant difficile
d'accès et pauvres. Les secteurs les plus improbables comme certains
creux dunaires situés à plus de 25m sont exploités.
Désormais la menace concerne autant la végétation
hygrophile des cuvettes que la végétation xérophile des
sables dunaires.
Les impacts du maraîchage sur la végétation
ligneuse dans la région des Niayes centrales
N
Beno
MBORO
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Fas Boye
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Darou Guéye
~ Etablissement humain
Route régionale
0 1 2 3 4 Kilomètres
Contour de cuvette
Culture maraîchère pure
Culture maraîchère associée aux arbres
Piste
Route
Délimitation. de la zone d'étude
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Darou Ndoye
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Diogo
297000
Figure 15: Carte de l'évolution
spatiale des cultures maraîchères Source : Image
Landsat 2002- Traitement : S. Ndjekouneyom
3.5 Les différentes étapes de l'abandon des
cuvettes
L'abandon d'une cuvette devrait permettre dans des
délais plus ou moins longs une recolonisation du site par une
végétation similaire dont les caractéristiques ne
devraient pas trop s'éloigner de celles de la végétation
ayant précédemment occupé la cuvette. Mais ce processus
généralement observé dans le cas d'un arrêt
prolongé des cultures ne semble pas être le cas pour les cuvettes
du nord de Mboro. Il semble que chaque cuvette évolue ici suivant un
cycle qui le conduit inexorablement à l'épuisement de ses
potentialités et à son abandon.
Avant de poursuivre cette réflexion signalons d'abord que
plusieurs motifs peuvent conduire à l'abandon d'une cuvette.
-Le motif le plus fréquent est l'épuisement de la
ressource hydrique ou sa pollution. -La perte de la fertilité.
-L'assèchement du fond de la cuvette du fait de
l'importance de la fraction argileuse suite à l'aridité.
-D'autres cuvettes sont abandonnées sans raisons
apparentes60.
Mais de manière générale l'abandon d'une
cuvette reste lié à sa perte de productivité et à
son mode d'exploitation anarchique.
L'abandon d'une cuvette n'est jamais brutal mais progressif, se
faisant par étapes successives. La végétation sert
facilement d'indicateur dans ce cas.
Photo 2 : (Mboro)-2007 Photo 3 : (Mboro)-2007 Photo 4
:(Mboro)-2007
Première phase : fragmentation et
éclaircissement progressif du paysage
Photo 5 : (Mboro)-2007 Photo 6 : (Diogo)-2007 Photo7
:(Diogo)
Deuxième phase : réduction de la
végétation et utilisation maximale des potentialités
culturales de la cuvette
60 -Nous les rattachons à des causes humaines
comme l'incapacité financières ou l'incompétence technique
des propriétaires (souvent externe à la communauté)
à le mettre en valeur.
Photo 8: (Diogo)-2007 Photo 9: (Diogo)-2007 Photo 10:
(Diogo)-2007
Troisième phase : délaissement de
certains secteurs, appauvrissement du sol et épuisement de la nappe.
Photo 11: (Diogo)-2007 Photo 12: (Diogo)-2007
Source: S. NDJEKOUNEYOM -2007
Quatrième phase : abandon total de la
cuvette, disparition de la couverture végétale ligneuse et
agricole.
Nous avons conscience que cette démonstration par
étapes successives n'a aucune valeur chronologique dans la mesure
où il ne s'agit pas de la même cuvette. Elle a néanmoins le
mérite de permettre une lecture dynamique finalement assez proche de la
réalité. Toutes ces situations existent simultanément et
correspondent à une phase ou à une autre de l'évolution
qui conduit les cuvettes à leur «terme«, leur abandon
intégral.
Les cuvettes abandonnées ont des compositions
floristiques très différentes qui définissent leur
état. Ce dernier est souvent le résultat de pratiques qui ont
précédées leur abandon. Ainsi une cuvette en phase
d'abandon qui porterait encore des individus d'Elaeis ou de Cocos,
même en dégénérescence, n'est pas dans les
mêmes conditions écologiques que celle qui n'en à plus.
Il faut aussi distinguer les cuvettes qui ont
fonctionné exclusivement comme dépression maraîchère
de celles qui ont été par la suite utilisées pour des
cultures pluviales ou pour la culture de l'arachide. Dans le premier cas
l'exploitation se poursuivra jusqu'à épuisement des ressources et
dans le second l'abandon est plus précoce.
Dans certaines cuvettes de Mboro, de Touba Ndiaye et une
grande partie de celles de Darou Diouf une typhaie (Typha australis)
vigoureuse apparaît. Cette formation est considérée par
certains auteurs comme l'indice d'une niaye en dégradation.
La grande question qui anime toutes ces observations est de
savoir si une cuvette par suite de son exploitation puis de son abandon peut
enregistrer un retour de la végétation? La plupart des cuvettes
abandonnées que nous avons visitées permettent de le confirmer
mais il semble que le contraste qu'il y a entre les conditions d'avant et
celles d'aujourd'hui soit tel que la végétation qui
apparaît après tarissement des nappes affleurentes, exploitation
et abandon n'est plus du tout atypique. Il s'agit au contraire d'une flore
sèche et bien adaptée au domaine climatique.
Notons par ailleurs que le retour de la
végétation est assez lent. On a constaté dans ces cuvettes
que si certaines essences s'éloignent de leur optimum climatique
à mesure que l'abandon dure, d'autres au contraire s'en rapproche. C'est
ce qui explique le renforcement des essences sahéliennes avec une
descente d'Euphorbia, d'Acacia albida, d'Acacia ataxacantha,
dans les parties basses à mesure que s'affirme l'aridité dans la
cuvette.
Malgré l'intensité des processus de
dégradation du couvert végétal que nous avons
observés, il importe de nuancer les conclusions car les seuls
états de surfaces ne peuvent nous permettre d'affirmer une perte
définitive de la diversité et de la densité
végétale dans la mesure où nous sommes ignorants des
capacités d'adaptation de graines dans le sol.
D'ailleurs Raynal relevant à la faveur d'un maximum de
crue l'apparition d'un contingent d'espèces extrêmement rares
affirme que « certaines espèces n'apparaissent qu'a la suite d'une
inondation et que leurs graines doivent avoir la possibilité d'attendre
plusieurs années le retour de conditions favorables. »
Malheureusement même si le potentiel biologique est
théoriquement conservé, il ne peut s'exprimer que lors que le
bilan hydrique est favorable et l'écosystème peu perturbé.
D'ailleurs la mise en défens de certains sites à Mboro, où
la nappe phréatique est parfois très accessible, a
généré des peuplements plus denses et une richesse
floristique accrue. Mais la même expérience réalisée
à Diogo notamment entre les cuvettes abandonnées de Darou Fal et
la route de Fas Boye (avant d'arriver à la cuvette de Mbeul) reste pour
l'heure improductive. En définitive on peut dire que «
l'écosystème des Niayes possède une plasticité et
une rusticité qui lui confère un certain pouvoir de maintient
même si d'autres facteurs déstabilisants continuent à agir
sur lui »61. Par conséquent la notion
d'irréversibilité des phénomènes de
dégradation doit être manipulée ici avec beaucoup de
prudence.
61 Pratique de conservation de l'eau et des sols dans
la région des Niayes- ENDA -1999
Chapitre VII : ASSOCIATION ET INCOMPATIBILITE ENTRE LE
MARAÎCHAGE ET LA VEGETATION LIGNEUSE
Le fonctionnement et l'organisation de
l'agroécosystème supposent en effet qu'une part plus ou moins
importante est faite à la composante naturelle, en occurrence la
végétation ligneuse, dans le but d'assurer une fonction
précise comme la fertilisation ou la stabilisation du milieu. Dans ce
contexte les différents secteurs de notre zone d'étude
répondent diversement à cette notion selon que la
complicité ou l'antinomie entre végétation ligneuse et
maraîchage sont grandes.
I. L'ORGANISATION SPATIALE
Dans les cuvettes comme celle de Ndiorokh (figure 16) une
ceinture de végétation spécifique est disposée en
auréole autour de la cuvette et s'organise en fonction des conditions
édaphiques, du niveau de la nappe et des formes d'exploitation. Plus
cette dernière est respectueuse de la végétation ligneuse
et plus cette disposition est régulière mais plus l'exploitation
est sans compromis et plus la végétation est
irrégulière avec une dispersion aléatoire des
individus.
1.1 Organisation et utilisation des cuvettes
Cette dernière situation est typique de la cuvette de
Mband (route Fas Boye) dont la nappe située à moins de 1,5m
est assez proche de la surface. On dénombre malgré tout dans
cette
cuvette seulement 3 palmiers à huile et 39 cocotiers
alors qu'à Ndiorokh (Diogo) oül'exploitation est plus
modérée et la nappe plus profonde, les palmiers se chiffrent
à 66 et les
cocotiers à 78.
Dans la cuvette de Guewel (Mboro) la situation est tout
à fait différente des deux cas précédents. En effet
la cuvette est très complexe du point de vue de son fonctionnement
à cause de la diversité des usages dont elle fait l'objet. On
note une association remarquable entre maraîchage et arboriculture. Les
citronniers, les manguiers, les orangers ( parfois les bananiers, papayers)
sont régulièrement représentés en compagnie d'un
peuplement intéressant de palmiers à huile (326 individus) et de
cocotiers (93 individus) sans oublier les rôniers, l'Eucalyptus
et divers autres arbres. Outre les arbres et les légumes, le maïs
et le manioc y sont aussi intensément cultivés. L'élevage
n'est pas en reste et concerne les espaces laissés en jachère.
Tableau 10 : Composition floristique des
cuvettes
Cuvette de Ndiorokh (22ha) (Diogo)
|
Cuvette de Mband (28ha) (route Fas boye)
|
Cuvette de Guewel (25ha)
(Mboro)
|
-Elaeis
|
-Piliostigma .r
|
-Elaeis guineensis
|
-Dichrostachys
|
-Citrus limon
|
-Xylopia aethiopica
|
-Cocos
|
-Jatropha curcas.
|
-Cocos nucifera
|
cinerea
|
-Cocos nucifera
|
-Parkia biglobosa
|
-Calotropis. p
|
-Dialium guinense
|
-Borassus a.
|
-Grewia bicolor
|
-Elaeis guineensis
|
-Phyllanthus .r
|
-Adansonia. d
|
-Capparis. t
|
-Azadirachta indica
|
-Acacia albida
|
-Annona muricata
|
-Acacia albida
|
-Acacia albida
|
-Acacia
|
-Sesbania sesban
|
-Commiphora a.
|
-Adansonia digitata
|
-Balanites a.
|
-Mangifera i.
|
ehrenbergiana
|
-Adansonia digitata
|
-Acacia holosericea
|
-Sesbania sesban
|
-Euphorbia b.
|
-Ficus ovata
|
-Anacardium .o
|
|
|
-Achras sapota
|
-Oxytenanthera
|
-Borassus
|
-Lawsonia inermis
|
|
|
-Prosopis juliflora
|
abyssinica
|
-Tamarindus
|
-Asparagus a.
|
|
|
-Mangifera indica
|
-Tamarindus indica
|
-Cassia siamea
|
-Dichrostachys. c
|
|
|
-Ficus sur.
|
-Anacardium o.
|
-Azadirachta indica
-Commiphora. a
|
-Parinari. m -Acacia
ataxacantha
|
|
|
-Azadirachta indica
|
|
Source : Enquête (S. NDJEKOUNEYOM
-2007)
Les impacts du maraîchage sur la végétation
ligneuse dans la région des Niayes centrales
N
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Cuvette de Mband
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Cuvette de Ndiorokh
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Cuvette de Guewel
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Construction urbaine
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Jachère
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Figure 16: Organisation spatiale des cuvettes
Source : S. NDJEKOUNEYOM - relevés de terrain
2007
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. Arbre
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Piste
Haie vive
Route
Bananeraie
Culture maraîchère
Végétation herbacée
0 50 100 Mètres
Manioc
Surface boisée
Surface dénudée
Cette cuvette par sa diversité d'utilisation ainsi que
l'importance et la répétitivité de la jachère
abrite une végétation très riche et conserve une nappe
légèrement affleurante même en fin de saison des pluies
(les motopompes ne sont pas utilisées).
1.2 Utilisation de haies-vives et de brises-vents
Dans les terroirs au nord de Mboro qui sont soumis à
une menace d'ensablement plus élevée, la constitution de
haies-vives et de brise-vent pour la protection des cuvettes est gage de
préservation de la diversité biologique. On retrouve dans les
haies-vives une gamme assez variée d'essences sur des épaisseurs
intéressantes de 5 voire 10m. Ces haies-vives et brisesvents polarisent
d'abord des essences spécifiquement sélectionnées à
cette fin, c'est-à-dire Euphorbia balsamifera, Guiera senegalensis,
Casuarina equisetifolia, Eucalyptus camaldulensis, Prosopis juliflora,
Anacardium occidentale. Mais par la suite grâce à l'abondance
de la matière sèche produite, d'autres essences y trouvent
refuge, il s'agit Lannea acida, Tamarindus indica, Maytenus senegalensis,
Capparis tomentosa, Piliostigma reticulatum ou encore de Balanite
aegyptiaca. A Mboro où la pratique du bornage est moins
répandue on enregistre quant même l'utilisation
répétée de Jatropha curcas pour délimiter
les champs.
1.3 L'agriculture multi-étagée de Mboro
Le choix du paysan de conserver ou non des plantes
pérennes dans son système de culture à dominance
herbacée peut être lié aux inconvénients que cette
association a sur la productivité de ce système. En effet chaque
arbre colonise l'espace aérien et souterrain à sa façon,
certains sont plus gênants que d'autres. L'ombrage et le
développement racinaire sont les inconvénients les plus souvent
mentionnés lors de nos questionnaires, dans ce cas Azadirachta
indica, Eucalyptus, Borassus aethiopum, Elaeis guineensis, Zizyphus mauritiana,
Anacardium occidentale sont les essences les plus souvent indexées.
Prosopis juliflora qui est une essence assez bien
intégrée d'un point de vu écologique et social est
cependant tenue en dehors des champs à cause de sa tendance à
abriter des nématodes de même d'ailleurs que le manguier (qui lui
est malgré tout associé aux cultures)
A Mboro on rencontre beaucoup de producteurs qui ont
opté pour une association cultures maraîchères et cultures
fruitières qui est, malgré les inconvénients,
écologiquement et économiquement plus stable même si sa
rentabilité est plus faible. En effet pratiquer exclusivement le
maraîchage reste assez risqué à cause des aléas du
marché et des problèmes de conservation des légumes.
La comparaison (tableau 11) des recettes d'un producteur
maraîcher horticole à Mboro donne une idée des avantages de
l'association maraîchage - arbres fruitiers.
Arbre fruitier
|
Recette
|
Légume
|
Recette
|
Manguier
|
200.000 F
|
Aubergine
|
52 500F
|
Cocotier
|
45 500 F
|
Choux
|
166 500 F
|
Citronnier
|
12 000 F
|
Diakhatou
|
254 500 F
|
Sapotier
|
70 000 F
|
|
|
Total
|
327 500 F
|
Total
|
473 500 F
|
Tableau 11 : Exploitation horticole de Sadibou Sow
Source : Enquête - (S. NDJEKOUNEYOM - 2007)
Il convient de rappeler que des 473 500 F CFA gagnés
par ce producteur sur la vente des légumes il faut déduire les
frais d'intrants et la charge de travail qui peuvent être
considérables alors que les arbres fruitiers, eux, n'ont besoin que
d'eau.
La proportion de végétation conservée
reste néanmoins très relative et varie selon les
modalités. Certains producteurs privilégient sur le même
espace trois niveaux avec d'abord les légumes suivis des arbres
fruitiers de taille moyenne comme les manguiers, les orangers, les citronniers,
les sapotiers et enfin dans la dernière strate des cocotiers et/ ou de
palmiers à huile. D'autres se contentent de deux niveaux avec des arbres
moyens et les légumes ou les légumes et les palmiers. Il y a
enfin ceux qui conservent deux espaces bien distincts, un pour les arbres et
l'autre pour les cultures légumières. Cette dernière
disposition spatiale empêche les strates inferieures d'être
gênées dans leur croissance par l'ombre des strates
supérieures.
1.3 Typologie de la végétation
Plusieurs typologies peuvent résulter de l'organisation
des cuvettes et des interactions entre cultures et arbres. Nous pouvons de
prime abord distinguer les espèces anthropiques ou anthropogènes
des espèces spontanées. Pour les essences dites
anthropogènes nous avons premièrement celles qui sont
épargnées et protégées par l'homme telle Acacia
albida, Zizyphus mauritiana, Adansonia digitata, Euphorbia balsamifera et
celles qui sont exotiques comme Casuarina equisetifolia, Eucalyptus
camaldulensis, Prosopis juliflora, Jatropha curcas, Melaleuca leucadendron.
Pour ce qui est des essences spontanées on peut faire mention de
deux types aussi faciles à discriminer. Nous avons d'une part les
essences réellement spontanées ou celles dont la
dissémination a finie par le devenir comme Capensis tomentosa,
Acacia ataxacantha, Heeria insignis, Combretum glutinosum, Aphania
senegalensis ou encore Commiphora africana (ces essences sont
surtout caractéristiques des sables dunaires) et celles qui croissent
à la faveur des essences épargnées par l'homme à
l'image de Lannea acida, Grewia bicolor, Calotropis procera, Ficus
capensis. Ces essences sont dans les secteurs entre Diogo et Andal les
témoins de possibilités écologiques rarement
exprimées dans la zone. Aucune situation vraiment tranchée n'est
observable mais cette distinction est pratique et commode.
A cela il faut ajouter un nouveau cortège d'arbres
produits dans les pépinières de Mboro (initiative privé ou
étatique) à des fins décoratives et ornementales qui
subissent un glissement accidentel dans les dépressions en particulier
à Mboro où les pépinières fleurissent. Ces
dernières viennent finalement renforcer la diversité floristique
en opérant une intégration dans le paysage. Crescentia
cujete, Moringa Oleifera, Hura crepitans, Cordia sebestina illustrent
cette catégorie.
Ce constat nous oblige à réviser notre approche
et à poser une nouvelle question. Le problème de la
végétation de la zone des Niayes se pose t-il
véritablement en termes de réduction de la diversité ou
plutôt en termes de remplacement de la diversité existante par une
nouvelle ?
En effet nous avons enregistré, en comptant les taxons
hors placettes, environ 87 espèces62 dont la majorité
n'était pas signalée par Raynal et Trochain. Exotique ou
originaire du domaine plus continental le nouveau contingent floristique des
niayes semble se substituer de plus en plus à l'ancien.
62 -Quelques unes restées
indéterminées n'ont pas été
comptabilisées
En vérité cette relative63 augmentation
de la diversité ne doit pas cacher le fait qu'au sein de chaque
espèce les effectifs d'individus sont en baisse.
Une autre réflexion s'impose car la baisse de la nappe
phréatique affecte premièrement les essences à
affinité plus méridionale, en particulier celles qui sont
caractéristiques des cuvettes plus ou moins humides. Or le pompage de
l'eau des profondeurs jusqu'en surface à l'aide des engins est une
garantie d'humidité autant pour les légumes que pour certaines
essences épargnées par le maraîcher. Cocos nucifera,
Elaeis guineensis, Mangifera indica, Citrus limon, certaines essences
spontanées comme Ficus Ovata, Ficus capensis profitent
largement de cette humidité produite artificiellement par le cultivateur
pour se maintenir en bon état. Dans la majorité des cuvettes que
nous avons observées la disposition des palmiers n'est jamais
très éloignée des puits encore actifs. Dans la cuvette de
Ndiorokh les surfaces laissées en jachère sur les deux versants
(pendant 4 ans) voient une interruption de la ceinture de palmeraie, les seuls
individus encore sur pied sont en très mauvais état. La
comparaison de plusieurs cuvettes, les unes exploitées et les autres
abandonnées permet de renforcer cette observation.
Le maraîchage par sa montée en puissance a permis
d'achever un écosystème que la sécheresse avait
déjà sévèrement éprouvé. On peut
affirmer que ce dernier vit (pour ce qui est des secteurs entre Touba Ndiaye et
Lompoul64) actuellement sous assistance et qu'aussi invraisemblable
que cela puisse paraître c'est bel et bien le maraîchage qui permet
d'une certaines façon à certaines plantes hygrophiles de
subsister. Ce qui ne nous empêche pas de souligner la situation
très précaire de celles-ci qui disparaissent ou se transforment
avec l'arrêt des activités maraîchères.
On peut dire en dernier ressort qu'exception faite d'un
renversement spectaculaire des conditions pluviométriques tout abandon
prolongé de cuvettes dans les secteurs de Diogo et de Andal conduit
à précipiter la fin de la végétation atypique que
l'on y rencontre.
II. LE CHOIX DU PAYSAN
Il semble incontestable que le manteau végétal
dans sa composition résulte premièrement des variations des
éléments suivants : la topographie, la variation
édaphique, la variation de la nappe phréatique. Néanmoins
l'agencement, la composition et la densité répondent aussi, et de
plus en plus, aux besoins et aux moyens des sociétés en place,
aux conditions endogènes et exogènes qui pèsent sur leurs
choix. Ce rapport complexe qui fait du maraîcher tantôt un
défricheur tantôt un protecteur de l'arbre nous oblige à
considérer le maraîchage et la végétation ligneuse
sous un angle social et non purement spatial.
Entre Mboro et Diogo les méthodes de culture sont
différentes et traduisent des choix différents de la part des
maraîchers de ces zones respectives. En effet il est difficile de
comprendre que Mboro en tant que commune puisse présenter un meilleur
recouvrement végétal que Diogo qui est un espace rural. On sait
que la pression sur la végétation est plus croissante à
mesure que l'on se rapproche d'un centre urbain. Pour expliquer cette
situation, outre les faits physiques que nous avons déjà
évoqués plus haut, il convient de rappeler que Mboro est à
l'origine une cité ouvrière (exploitation de phosphates), par
conséquent une bonne partie de la population active ( 47,7%) vit
directement ou indirectement de ICS
63 -Puisque d'autre part il y a disparition ou
raréfaction de certaines espèces
64 - Situé au nord dans le prolongement de
Diogo
(Industries Chimique du Sénégal) tandis que l'autre
trouve dans les services offert par la commune le moyen de se passer des
travaux champêtres.
En plus d'avoir bénéficié des programmes
de développement agricole dont les sièges ont souvent
été dans la commune, beaucoup de maraîchers à Mboro
sont instruits. Ce qui introduit une différence fondamentale dans leur
rapport avec l'environnement en termes de conservation des certaines essences
spontanées, de reboisement ou de demande et de respect des permis de
coupe accordés. Ainsi peut-on parler d'agriculteurs d'un
côté et de l'autre de simples paysans.
Il faut reconnaître que l'arbre n'a pas à Diogo
et surtout à Mboro la fonction d'être exclusivement l'auxiliaire
des cultures il remplit d'autres rôles qui expliquent son maintien ou son
entretien à côté des plantes maraîchères.
2.1 Le cas d'Eucalyptus
Les propriétés naturelles de cette essence
rendent difficile l'explication de son abondance et de sa
préférence par le maraîcher. A Diogo comme à Mboro
les producteurs sont parfaitement conscients des exigences hydriques
élevées d'Eucalyptus. Elle est pourtant avec
Maytenus la seule essence à être
représentée à tous les niveaux de la
toposéquence.
Dans un milieu ou le problème fondamental est l'eau et
l'espace, on découvre sur la photo 13 que l'essence fait même
l'objet de culture à des fins non seulement forestière mais aussi
individuelles. Mais son asociabilité est telle que ses individus pompent
pratiquement toute l'eau dans les couches superficielles du sol de sorte que
les autres espèces ne parviennent pas à pousser dans son
environnement immédiat malgré l'importance de la litière.
Eucalyptus émet par ailleurs des toxines qui neutralisent les
individus des autres espèces65.
En dépit donc du fait que cette essence soit
particulièrement pernicieuse, sa fréquence à Diogo et
surtout à Mboro, où elle est plus à son aise, est à
rattacher à des choix dont il faut comprendre les motivations d'autant
plus que sa germination naturelle n'est pas toujours assurée ici.
Photo13 : Plantation d'Eucalyptus à
l'intérieur d'une dépression à Mboro
Source : S. NDJEKOUNEYOM 2007
65 Ce qui fait d'ailleurs réfléchir
quant à son utilisation comme une des essences
préférentielles du reboisement
A Mboro où il est cultivé, Eucalyptus
est apprécié pour sa faculté à repousser
très vite après la première coupe en produisant dix fois
plus de branches qu'avant. Ces branches au fût droit sont très
sollicitées pour la confection de balais, de meubles artisanaux, de
charpentes et servent même de bois de chauffage66. A Diogo, en
plus de sa fonction de brise vent, l'essence est associée par certains
paysans à une croyance selon laquelle elle aurait des
propriétés d'invocation de la pluie.
2.2 Le remplacement d'Elaeis guineensis par Cocos
nucifera
Bien des facteurs convergent en défaveur d'Elaeis
guineensis qui était pourtant l'identité même de la
zone des Niayes. Actuellement l'essence est fortement concurrencée par
Cocos nucifera qui présente sur le plan écologique,
économique et social des avantages certains sur le palmier à
huile.
Sur le plan écologique le cocotier est beaucoup moins
exigeant et capable de supporter des situations de stress climatique
élevé. Sa position dans la toposéquence est plus haute
bien qu'il puisse s'accommoder également des conditions
d'humidité des bas-fonds.
Sur le plan socio-économique, le palmier à huile
a subi une perte de valeur qui explique sa marginalisation croissante.
L'utilisation de ses fruits pour l'extraction de l'huile de palme et l'huile de
noix de palme est de moins en moins répandue dans la zone. De même
que l'utilisation des feuilles pour la confection de clôture et
d'habitations précaires est devenue rare du fait de l'urbanisation et la
disponibilité de matériaux de construction plus consistants. Les
usages thérapeutiques n'ont été mentionnés que par
quelques enquêtés.
Parallèlement à cette perte de valeur d'usage
d'Elaeis, Cocos s'affirme de plus en plus. Introduit par le
colonisateur pour borner et marquer les cuvettes au moment de l'affectation des
terres, la plantation de Cocos a été
particulièrement encouragée. De plus le maraîcher le trouve
nettement plus rentable qu'Elaeis puisqu'il peut produire toute
l'année des fruits qui sont très bien commercialisés
surtout dans les centres urbains. A cela il faut ajouter que Cocos
fait l'objet de plantation volontaire tandis que le mode de reproduction
d'Elaeis reste essentiellement naturel.
Photo14 : Extraction de la sève pour la
préparation du vin de palme -Mboro Source : S.
NDJEKOUNEYOM 2007
66 -la commercialisé se fait à raison de
500 à 700 F la branche.
Sur le plan purement économique il faut
reconnaître que l'opération de location qui se passe entre le
maraîcher des niayes et le paysan diola n'est pas étrangère
à la diminution de la vigueur végétative de la palmeraie
et de l'augmentation de sa mortalité. Le prélèvement de
sève pour la préparation du vin de palme peut atteindre 15
à 20 litres par jour et par individus.67 Une telle
saignée réalisée quotidiennement sur un sujet provoque
forcement son dépérissement
accéléré68.
Les exploitants de vin de palme sont finalement d'excellents
indicateurs du niveau de la vitalité de la palmeraie. Ceux de Diogo avec
des chiffres d'affaire de 200 000F/exploitant (1000 litre environ par an et par
exploitant) pour l'année 200569 affirment pourtant que
l'activité a véritablement périclité et que
beaucoup de sujets produisent à peine 1 litre par jour.
A Mboro même si la situation est plus favorable à
la palmeraie, certains maraîchers refusent de louer leurs
palmiers70 pour la production d'alcool, ce qu'ils perçoivent,
étant musulmans, comme contraire à leur conviction religieuse
(par ailleurs la transformation des produits d'Elaeis guineensis n'est
pas propre aux milieux wolof et peul). Ils affirment par conséquent
opérer volontiers le remplacement d'Elaeis guineensis par
Cocos nucifera.
Cette substitution d'Elaeis par Cocos, si
est elle affecte la végétation dans sa composition, ne change
finalement pas grand chose à la physionomie des paysages où elle
se réalise. Ainsi là où étaient plantés des
palmiers on voit maintenant apparaître de plus en plus des cocotiers.
S'il est vrai que bien souvent la protection d'une
espèce n'a rien à voir avec son rôle direct sur le
maraîchage, c'est pourtant bien du fait du maraîcher qu'elle est
présente. L'utilité que ce dernier lui assigne détermine
sa duré dans l'environnement. Selon que la signification sociale,
économique ou écologique est grande, un arbre ou un peuplement
peut persister plus ou moins longuement au milieu du paysage agraire des
Niayes.
2.3 De la nécessité d'une valorisation du
potentiel ligneux
Les populations rurales des Niayes ne vivent plus directement
de leur agriculture (autoconsommation) depuis longtemps, ce qui a produit
certaines exigences et un mode vie calqué sur celui des centres urbains
tributaires d'un revenu conséquent pour se procurer les produits de
première nécessité essentiels à la subsistance
quotidienne (huile, riz, gaz, produit manufacturés..).
Ainsi le passage d'une économie de subsistance à
une économie d'échange par l'adoption et la
généralisation du maraîchage s'est répercuté
diversement sur le couvert végétal. Nous notons une perte de
dépendance vis-à-vis des essences ligneuses qui ne sont plus
perçues de manière spécifique. Beaucoup d'arbres sont de
fait tombés dans la marginalisation, ce qui facilite
énormément leur élimination par le maraîcher.
67-Pour les exploitants interrogés la
production et la commercialisation sont meilleures dans les Niayes
par rapport à la Casamance ou il faut environ 5 palmiers
pour obtenir 10 litres, le vin de palme est commercialisé à
raison de 500 F le litre alors qu'il est à moins de 300F la bas
68 -La saignée est d'ailleurs interdite par les
autorités sénégalaises
69 - Etude d'impact du projet Zircon de la Grande
Côte
70 -5000F par ans et par individu
Des essences d'usages aussi variés qu'Adansonia,
Elaeis et Borassus sont souvent réduites à un rôle
décoratif. Dans bon nombre de cuvettes la présence d'arbre n'est
finalement révélatrice que d'un besoin de
récréation à cause de la dureté du travail.
Un paysan de Diogo s'est exclamé lors d'une question
relative à la raréfaction d'Elaeis guineensis en disant
« il n'a qu'à disparaître, je n'en ai que faire ». Un
autre cette fois ci à Mboro a déclaré, en réponse
à une question sur la gêne que constituent les plantes ligneuses
pour les cultures maraîchères, que « c'est de la
lumière du soleil dont mes plantes ont besoins et non de l'ombre des
arbres ». Ce qui est révélateur de l'état d'esprit
des maraîchers qui perçoivent de plus en plus la
végétation ligneuse comme une menace à leur
activité tout en oubliant les nombreux bénéfices dont ils
peuvent profiter. Les essences à vocation alimentaire évidente ou
de haute valeur gustative comme le manguier, l'anacardier, le cocotier sont
bien connues mais le reste est négligé surtout par les jeunes
maraîchers. A cet effet les mentalités à Mboro sont
à un stade antérieur à celles de Diogo, certains
producteurs s'apprêtent à se passer également de la valeur
d'usage des arbres.
Quelques unes des essences que nous avons
répertoriées méritent de retenir notre attention, ne
serait ce que parce que cela permettrait de faire ressortir leur
intérêt potentiel pour le maraîcher.
Le rôle fertilisant est la première justification
qui explique le maintien d'un arbre à l'intérieur d'un champ.
Acacia albida est à cet effet l'essence la plus classique
à tout point de vue avec son rôle bénéfique sur le
rendement ainsi que sa contribution à l'alimentation du bétail.
Cependant cette espèce est de moins en moins sollicitée dans le
cadre des cultures maraîchères alors que son association avec les
cultures pluviales laisse encore dans le paysage des dunes
émoussées des traces parfaitement décelables.
De même, le rônier qui est d'une étonnante
élasticité écologique n'est que très peu
sollicité dans le remplacement du palmier à huile alors qu'il
présente, pour les connaisseurs, des avantages au moins aussi importants
que le cocotier. Dans toute la zone d'étude, les seules rôneraies
que nous ayons observées se localisent entre Santhie Touba Ndiaye et
Touba Ndiaye (deux villages voisins), pourtant la flexibilité
écologique de Borassus aethiopum est telle qu'il peut subsister
des années entières dans des cuvettes arides et
inexploitées. Même le Baobab, arbre mythique, dont toutes les
parties sont utilisables, perd sa signification ici. Un tableau
synthétique nous permettra de mieux apprécier la richesse des
usages possibles pour cette flore et de déplorer par ailleurs le manque
de valorisation dont fait l'objet la majorité des essences.
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Source : recherche
documentaire, enquête (S.
NJEKOUNEYOM)
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Tableau 12 : Usages et utilisations des
arbres71
L'évolution de la végétation ligneuse
dans sa composition et dans sa densité est le résultat de
pratiques paysannes évoluant dans un environnement précis. Dans
ce cas la protection qu'on accorde à une essence est largement
définie par l'usage et l'intérêt qu'on lui trouve.
Mais il faut signaler que la présence d'un arbre ou
d'un peuplement n'est pas forcement due à une fonction spécifique
reconnue et appréciée par le maraîcher. En effet il y a des
essences qui s'adaptent bien aux conditions écologiques et aux
conditions d'exploitation et qui de fait se maintiennent en dépit de
l'indifférence ou même de l'hostilité que leur
témoigne le maraîcher. Inversement il existe beaucoup
d'espèces dont la présence est souhaitée par ce dernier
mais que les nouvelles conditions ne permettent plus de perpétuer.
Chapitre VIII : FACTEURS DE L'INTENSIFICATION DU
MARAÎCHAGE
Les problèmes qui se posent à l'environnement et
à l'écosystème des Niayes doivent être
appréciés dans toutes leurs dimensions : écologique,
sociale, économique et politique. S'il a été fait mention,
dans les pages précédentes, plus spécifiquement des deux
premières, il ne faut pas pour autant occulter le rôle joué
par le contexte économique, les réglementations, la pression
foncière ou encore l'incohérence des politiques
appliquées.
La régression du couvert végétal est au
moins autant imputable à ces facteurs qu'à la récession
pluviométrique et à la pression démographique.
Il est évident que les facteurs de l'intensification de
la pression maraîchère sur la végétation sont
nombreux et variés d'où notre choix de privilégier
seulement trois axes de réflexion bien précis. Nous aborderons
donc cette étude des facteurs à travers :
-les facteurs juridico-institutionnels
-l'incohérence des politiques appliquées
-le contexte économique.
I. LES FACTEURS JURIDICO-INSTITUTIONNELS
Le statut foncier est l'un des traits sociaux qui s'imprime le
plus visiblement sur les paysages agraires et sur l'écosystème.
Cependant ce statut est au Sénégal et en particulier dans la zone
des Niayes marqué par une imbrication entre les règles
traditionnelles toujours en vigueurs et la règlementation moderne qui,
ici, en plus de la loi sur le domaine national, inclut le statut particulier de
la zone.
Dans la société traditionnelle wolof, le
patrimoine foncier appartenait à la communauté, celleci
délimitait son domaine par le feu. La gestion en était
confiée à un législateur : le lamane. Le
colonisateur a tenté de modifier les coutumes sur le territoire
national. Mais les institutions proposées à savoir la
propriété privée ne trouvaient pas l'approbation des
populations qui conservaient leurs anciennes pratiques.
Par la suite pour éviter la confiscation de terres par
des personnes intéressées, les autorités
sénégalaises ont adopté le 17 juin 1964 la loi 64-46 qui
incorpore toutes les terres non immatriculées dans le domaine national.
Cette loi confère le droit d'usage mais les terres affectées ne
sont pas en théorie sujettes à la transaction, la vente ou le
contrat de location. Un peu plus tôt en 1957, face à
l'insuffisance des actions de reboisement entreprises dans la zone, l'Etat a
pris en conseil un arrêt qui classe un territoire de 82 000ha en
«périmètre de restauration«.
Ce statut est similaire à celui de forêt
classée, l'article R2 du code forestier affirme ceci : « Constitue
le domaine forestier de l'Etat l'ensemble des zones classées comprenant
les forêts classées, les réserves sylvo-pastorales, les
périmètres de reboisement et de restauration, les parcs
nationaux, les réserves spéciales ». L'article 5
précise que « les périmètres de reboisement et de
restauration sont des terrains dénudés ou insuffisamment
boisés sur lesquels s'exerce ou risque de s'exercer une érosion
et dont le reboisement ou la restauration est reconnue nécessaire du
point de vue agronomique, économique ou écologique. Ces terrains
sont temporairement classés en vue d'en assurer la protection, la
reconstitution ou le reboisement. Les buts atteints ils peuvent être
soustraits de ce régime.»
En dépit de ces dispositions juridiques le statut
foncier est sujet à bien des incohérences et des
inégalités. Les nouvelles formes de réglementation
s'ajoutent aux anciennes sans pour autant les faire disparaître. Cette
situation d'interface permet de remarquer que les acteurs tant du
côté de l'Etat que des populations sont confrontés à
la diversité des normes qui finissent par paralyser les actions
effectives dans ce domaine.
Cette complexité des statuts fonciers favorise
insidieusement le contournement de la règlementation par exemple en
invoquant, si besoin est, le droit d'usage ou le droit coutumier. Or ces
derniers, pratiqués sous la forme que nous avons décrite, entrent
clairement en contradiction avec le statut de la zone ci-dessus
précisé.
En outre les paysans éprouvent, il faut le
reconnaître, un fort sentiment d'insécurité
vis-à-vis des terres qu'ils travaillent et dont ils ont conscience de ne
pas être les véritables propriétaires. Ce qui contribue
à intensifier la pression sur la terre avant que celle-ci ne leur soit
arrachée72. L'exemple des ICS73 qui
possèdent un immense domaine dans les Niayes ou celui, plus
récent, du MDL74 qui s'apprêtent à entamer une
exploitation de grande envergure sont tout à fait parlants.
Par ailleurs il faut relever l'application partielle ou
approximative du statut de forêt classée par les services des Eaux
et Forêts eux même. Les mesures coercitives sont totalement
absentes dans la zone, seul le volet restauration est pris en compte et ce
uniquement sur les dunes blanches et les dunes jaunes. De part et d'autre de
notre zone d'étude les moyens et les effectifs assignés à
cette surveillance sont largement insuffisants.
L'imprécision effective des textes relatifs au statut
juridique de la zone rend toute action répressive difficile. On peut
dire qu'en dehors du reboisement il a été procédé
à un déclassement officient du périmètre de
restauration. Les aspects relatifs à l'interdiction de coupe,
l'interdiction de feu de brousse, l'interdiction de pratiquer la culture de
l'arachide sur 20km de large sont mal appliqués. Pourtant la zone des
Niayes abrite quelques unes des espèces les plus menacées
(Borassus aethiopum, Parkia biglobosa, Khaya senegalensis) d'une part
et de l'autre des espèces qui bénéficient d'une protection
intégrale ou partielle à savoir Celtis integrifolia, Acacia
albida, Adansonia digitata, Borassus, Tamarindus indica, Zizyphus
mauritiana...
Nos questionnaires ont montré que lorsque la conscience
des interdits relatifs à l'exploitation ou l'élimination des
ligneux n'est pas absente, elle est bien souvent floue. En fait il faut savoir
qu'on ne coupe pas n'importe où, n'importe quand et surtout n'importe
quel sujet. Là encore les secteurs du nord sont plus déplorables
que Mboro car la majorité des enquêtés affirme qu'il n'y a
aucune restriction concernant les arbres hors mis les cas d'Eucalyptus
et de Casuarina. Le propriétaire d'une cuvette est par
conséquent considéré comme jouissant d'un droit absolu sur
la ressource ligneuse qu'elle porte.
En réponse à l'insécurité
foncière générée par les différentes
réglementations, on peut citer l'approche participative qui s'inscrit
dans une recherche de solution au problème de gestion des ressources
naturelles.
72 -La réalisation de nos placettes par des
mesures à provoquée par exemple une certaine panique
73 -Industries Chimiques du Sénégal
74 - Minéral Deposits Limited
Mais il faut reconnaître que si la ressource ligneuse
est menacée ici, c'est moins par surexploitation que pure
élimination pour faire de la place aux cultures
maraîchères. Par conséquent la marginalisation de la valeur
d'usage des arbres, contrairement à l'habitude, pose un problème
d'autant plus difficile à résoudre que les espaces agricoles se
rétrécissent de plus en plus. «Dans ce contexte le nouvel
ordre institutionnel instauré par la décentralisation, même
s'il apparaît comme une volonté réelle de
responsabilisation des acteurs à la base, se révèle comme
une équation aux dimensions multiples75». P. Ndiaye
exprime cette inquiétude76 en ces termes : « La question
ouverte renvoie à la possibilité légale d'impliquer les
populations à la gestion durable des ressources obtenues sur des espaces
aux statuts aussi précaires ». Dans la communauté rurale de
Darou Khoudoss, les ambitions politiques prennent facilement le pas sur les
préoccupations environnementales77.
A cela il faut ajouter que la perception populaire de la
régression de la végétation ligneuse, même si elle
est tout à fait claire (à cause de l'assèchement des
nappes et de l'abandon des terres de culture pluviale), n'est rien en
comparaison des besoins et des urgences liées à la subsistance
quotidienne. Par conséquent si l'Etat souhaite appliquer correctement
les règles de conservation du potentiel ligneux dans la perspective d'un
développement durable, il doit offrir, sous une forme ou une autre, des
compensations au moins aussi importantes que les pertes que cela suppose pour
les paysans.
A cet effet, la création de réserves
communautaire de base, même si elle ne concerne pas notre zone
d'étude, est une initiative fort louable de même d'ailleurs que le
projet d'exploitation de la bande de filao78.
II. L'INCOHERENCE DES POLITIQUES
La zone des Niayes a enregistré un nombre spectaculaire
de projets qui se sont succédés durant ces dernières
années et dont la vocation à été soit
maraîchère soit forestière.
Evoluant sur des trajectoires différentes, ces
programmes sont le reflet d'une lecture incomplète du milieu et de
l'écosystème par leurs principaux instigateurs en occurrence
l'Etat et ses partenaires extérieurs.
Une brève synthèse en montre la diversité
et les principaux objectifs. Dès le début des années 80 on
voit apparaître de nombreux projets dont l'un des plus étendu sur
le plan spatial (Mboro, Fass Boye, Lompoul, Beytigueye et Sawo) est le PMM
(Projet Maraîcher de Méouane) dont les objectifs, au lendemain des
années de sécheresses, étaient d'accroitre les superficies
cultivées en octroyant des moyens comme les motopompes, les engrais. Par
ailleurs il faut signaler la présence du PAEP (Projet d'Appui à
l'Entreprenariat Paysan) qui intervient dans la zone pour la croissance de la
filière maraîchère, le PMEH (Projet de promotion des PME
horticoles) qui accorde des subventions aux paysans qui sont exclus des
crédits formels, le FONGS (Fédération des ONG du
Sénégal) qui participe au financement de la production, le CPM
(Centre de Perfectionnement des Maraîchers) qui joue un rôle
important dans la formation des producteurs.
75 -PLD Communauté rurale de Darou Khoudoss
2004
76 -dans le contexte plus général d'un
article sur «l'implication des populations dans la gestion des ressources
naturelles«
77 - Il en résulte la nomination de personnes très
peu compétentes et très peu impliquées à des postes
ayant trait au volet environnement dans le conseil rural.
78 - En ce sens qu'ils font ressentir aux populations
la nécessité et l'intérêt d'une préservation
ou d'une gestion rationnelle de la ressource ligneuse
Mboro à souvent servi de siège à ces
différents projets dont le financement était le plus souvent
extérieur mais dont la structure a su se maintenir ou s'adapter au
delà des délais d'exécution (GIE : groupement
d'intérêt économique, UNCA : union nationale des
coopératives agricoles ou encore UGPM : union des groupements paysans de
Méouane...)
Parallèlement à ces programmes principalement
agricoles, nous avons des initiatives qui reflètent une autre
préoccupation. Il s'agit de programmes ou de projets forestiers qui ont
débutés dès 1925 dans la zone. On note la
réalisation en 1948 d'une bande de filao longeant la côte de Dakar
à Saint-Louis suivi du projet de fixation des dunes en 1975. Les
années 80 sont marquées par l'apparition de nouveaux projets,
comme le PL 480, qui s'inscrivent dans la même dynamique. En 1984 on
tente d'impliquer les populations au reboisement, cette initiative est
dynamisée par le projet PRS (Projet de Reboisement du
Sénégal). Viennent ensuite les projets de fixation des dunes et
de restauration des sols diors, le projet de conservation des terroirs du
littoral et dernièrement le projet de reboisement du littoral et le plan
d'aménagement de la bande de filao.
Il faut remarquer, à l'exception de quelques projets
horticoles comme le Projet de Production Fruitière (dont la plantation
de 80ha à Darou Ndoye est actuellement tombée en
désuétude), que l'intégration des paramètres
environnementaux dans les programmes agricoles est rare tout autant que les
considérations agricoles dans les projets forestiers.
On peut reprocher à ces deux principaux types de
programmes d'avoir fonctionner dans l'ignorance et l'indifférence les
uns des autres. Les premiers privilégiant l'idée de production au
détriment de celui de conservation et les seconds l'inverse. C'est ce
pilotage séparé qui peut expliquer leurs insuccès relatifs
(épuisement des sols, abandon de cuvettes, destruction
accélérée de la couverture végétale). Il en
résulte une coresponsabilité à deux niveaux, le
ministère de l'environnement et le ministère de
l'agriculture79.
Cet écosystème ou plutôt cet
agroécosystème doit être perçu et géré
comme un tout, on ne peut pas reboiser sur les dunes blanches et jaunes pour
protéger des cuvettes que de toute façon la surexploitation est
entrain d'épuiser plus loin. La démarche est tout à fait
incohérente car les préoccupations forestières sont en
réalité parfaitement complémentaires de la
durabilité des systèmes de production agricole qui les a
d'ailleurs suscités.
La conciliation des objectifs forestiers et agricoles
constitue un impératif incontournable dans la gestion durable tant des
potentialités agricoles que des que des ressources ligneuses. Ainsi au
lieu d'actions ponctuelles et dispersées dans le temps et dans l'espace,
il convient de coordonner les opérations en répartissant
uniformément mais proportionnellement les efforts.
Les activités agricoles doivent être
circonscrites dans des surfaces précises en exceptant les secteurs
écologiquement sensibles et en respectant les seuils de
végétations nécessaires à la
pérennité et à la reproductibilité du
système dans l'avenir. Car le fait d'avoir rythmé le reboisement
et les programmes agricoles au gré de bailleurs de fond n'est pas une
contrainte qui à toujours servi les intérêts de
l'écosystème.
Par ailleurs l'exclusivité de l'activité
maraîchère au détriment des autres usages des niayes «
interpelle sur la question de l'utilisation durable de cet
écosystème en rapport avec la perte de diversité qu'il a
déjà subie80 ». A cet effet, la cuvette de Guewel
à Mboro est un excellent exemple de l'intégration de la notion
d'agroécosystème dans toute sa diversité.
III. LES FACTEURS ECONOMIQUES
La végétation est l'un des meilleurs indicateurs
de la «santé« d'un milieu. Elle reflète les conditions
climatiques, l'état des sols et surtout elle peut aussi traduire un
malaise social et économique sur lequel il importe de se pencher.
3.1 L'exclusivité du maraîchage
L'économie des terroirs entre Andal et Diogo repose
exclusivement sur la production légumière et dans une moindre
mesure sur la production animale et halieutique. Les paysans emploient donc
toute leur énergie à travailler les niayes. Une telle obstination
à des raisons profondes qu'il faut mettre en lumière :
· Le désir de la rentabilité
immédiate est une des principales causes de l'engouement vers les
niayes. Les produits maraîchers, bien que nécessitant un
énorme travail, arrivent à maturité assez vite, ce qui
permet de récolter rapidement le fruit des labeurs.
· La possibilité de cultiver toute l'année
grâce aux nappes est un facteur à prendre en compte.
· La supériorité de la demande sur l'offre
permet d'étendre les cultures tant que faire se peut et d'être
assuré néanmoins d'écouler toute la production (à
quelque prix que se soit).
· Il est aussi à noter que globalement les produits
maraîchers ont une bonne rentabilité, surtout pour les
propriétaires de terre.
· Enfin, le peu de solution qu'offre l'Etat contribue
également à maintenir les populations dans les niayes.
Toutes ces raisons focalisent l'attention des paysans sur le
maraîchage au détriment des autres potentialités de la
zone.
3.2 Croissance urbaine
La position géographique de la région des Niayes
dans un espace encadré par des puissants centres urbains (Dakar,
Saint-Louis, Thiès, Louga sans oublier les villes de l'intérieur
comme Kaolack ou des centres comme Touba et Tivaouane) n'est pas sans impact
sur les activités agricoles des terroirs qu'on y rencontre.
D'un point de vue spatial cette croissance
démographique des aires urbaines contribue à une réduction
des surfaces culturales, ce qui nous conduit inéluctablement vers une
saturation des aires de cultures donc à une intensification de la
production. En dépit du fait que les marchés soient parfois
lointains par rapport à notre zone d'étude, ils n'en sont pas
pour autant moins déterminants dans l'évolution du paysage
végétal. Sans être véritablement prise en compte par
les agriculteurs au moment de commencer la production, la capacité des
marchés urbains à absorber la totalité de la production
justifie largement l'intensification des cultures.
3.3 Analyse de la position des autorités
nationales
On voit donc que l'exigence alimentaire en légume des
centres urbains a un impact indirect mais combien important sur
l'intensification du maraîchage. Cette situation complexe a
80 - Monographie de la biodiversité au
Sénégal.- P. Ndiaye
conduit l'Etat à une position non moins
compliquée et même très ambiguës. L'Etat adopte une
démarche assez contradictoire concernant la zone des Niayes qu'il
définit officiellement comme un « Périmètre de
Restauration » et à qui il assigne parallèlement, on l'a vu,
une vocation maraîchère. En dépit de l'adoption de ce
statut particulier, nous avons donc un ensemble de mesures prises pour
augmenter la production dans les Niayes. Les coopératives, les
associations, les groupements, les mutuelles d'épargne et de
crédit, la subvention des produits agricoles à Mboro attestent du
soutien ou de l'encouragement de l'Etat. On constate paradoxalement aussi que
les échelles considérées par les programmes de
développement et le Ministère de l'agriculture ne collent pas
avec les préoccupations écologiques. Si les
phénomènes économiques sont des phénomènes
à rentabilité immédiate, il en est tout autrement des
phénomènes écologiques comme le reboisement dont les
effets ne peuvent être attendus qu'à moyen et long terme.
Une analyse plus poussée des raisons d'une telle
démarche dévoile le dilemme auquel l'Etat fait face dans cette
zone. Le caractère périssable des produits maraîchers que
nous avons déjà souligné pose un problème aux
pouvoirs publics qui ne peuvent se risquer à une importation
systématique de ceux-ci pour couvrir les besoins du pays et
éviter ainsi à cet écosystème particulier de se
dégrader. Les moyens nécessaires pour assurer le stockage et
l'acheminement vers les centres de consommation dans des délais
relativement courts sont assez importants. Les risques de
détérioration aussi sont trop élevés pour qu'on
prenne de telles mesures de manière systématique. Mais le
véritable problème est lié à l'importance des
populations vivant directement ou indirectement du maraîchage. Il serait
irréaliste et « injuste« vis-à-vis d'eux de mettre fin
à cette activité pour dépendre essentiellement de
l'importation. Car cellesci subiraient alors le contre coup de la restriction
significative que cela implique. Contre coup que l'Etat n'est pas prêt
à assumer. Même s'il est préférable dans la logique
des choses de perdre en termes de rentabilité 81 et de gagner
en termes de durabilité, il faut se demander si la
précarité des populations conjuguée à
l'opportunité que représentent les marchés urbains sont de
nature à permettre de telles initiatives. Par ailleurs, il ne serait pas
aisé de délocaliser cette activité dans une zone moins
sensible car c'est bien l'existence de conditions propres au littoral qui
justifie la réussite de cette culture.
L'Etat est véritablement face à un dilemme qui
l'oblige à prendre d'une part des mesures pour stabiliser et restaurer
la végétation ligneuse dans cette région et d'autre part
à conserver aux populations locales leur «gagne pain « pour
permettre d'alimenter les centres en produits maraîchers.
Nous pouvons constater en guise de conclusion partielle une
répartition très spécialisée, à chaque
secteur correspond en effet des habitudes et des choix spécifiques.
Même si le maraîchage reste l'activité principale, sa
pratique enregistre néanmoins des formes surprenantes d'un secteur
à un autre et c'est suivant ces formes qu'il impacte plus ou moins
sévèrement sur le couvert végétal ligneux. Si dans
les terroirs du nord (Andal, Diogo et
Lompoul82 ) il est pratiqué de manière
très exclusive, à Mboro par contre il fait d'important compromis
qui accorde une place plus importante à la végétation
ligneuse83.
Nous avions émis au début de cette étude
trois hypothèses dont il importe à présent de faire le
bilan :
-La première hypothèse qui partait du principe que
le paysage arboré des niayes ne pouvait être que le
résultat d'une sélection anthropique a été
totalement vérifiée.
- La deuxième hypothèse prétendait que
l'activité maraîchère provoque la fragilisation du
système écologique des niayes par la suppression d'espèces
participant à sa stabilisation. Même si les conditions de
l'étude ne nous permettaient pas d'individualiser les essences
concernées, l'effet de masse sur la végétation, lui, est
parfaitement perceptible dans l'espace.
-Pour ce qui est de la dernière hypothèse on
peut dire que le choix qu'un maraîcher fait d'arracher une plante en
croissance, de couper un arbre, de dégarnir un sous bois par
défrichement ou de bruler est conditionné par un ensemble des
paramètres qui agissent de manière insoupçonnée sur
sa décision, paramètre physique, politique, économique,
social, familiale, communautaire... L'acuité de son intervention sur la
végétation est motivée par l'intensité de tous ces
facteurs qui le conduisent à prendre la décision
d'hypothéquer le long terme pour le court terme et la durabilité
pour la rentabilité.
Finalement il n'existe pas à cette crise de
l'environnement de réponses simples permettant de proposer des solutions
efficaces et viables. Les solutions sont en réalité toujours
complexes et chaque niveau d'information cache des faits que seul le niveau
suivant plus vaste permet de comprendre.
Cette étude représente à cet effet une
modeste contribution en comparaison de l'ampleur du problème et de ses
ramifications. La figure ci-après, loin d'être complète,
permet d'en prendre la mesure.
82 - Même si Lompoul ne fait pas partie de notre
zone d'étude, il en est le prolongement logique
83 - A Notto plus au sud de Mboro ce sont les vergers
qui sont la première source de revenu
Figure 17 : Diagramme de l'analyse des facteurs de
décision du maraîcher Source : S .NDJEKOUNEYOM-
2007
CONCLUSION
Spontanée ou anthropogène,
dégradée ou conservée, locale ou exotique, relictuelle ou
conforme au domaine climatique, la végétation dans notre zone
d'étude répond à bien des nuances de la notion de
couverture végétale et de composition floristique. L'exercice qui
consiste à en comprendre l'historique, l'évolution, la
justification au contact du maraîchage en est rendu plus
délicat.
En effet l'espace qui a été soumis à
notre observation a subi une évolution de sa végétation
qui s'est traduite graduellement par un éclaircissement de sa
couverture. De la forêt dense guinéenne qui se prolongeait
jusqu'au Cap-Vert, il ne reste plus grand chose. La formation originelle des
niayes a subi une fragmentation qui en a isolé ses principaux vestiges
dans les niches écologiques constituées par les niayes.
Bénéficiant de conditions hygrométriques qui là
soustrayaient aux rigueurs du climat soudano-sahélien, cette
végétation relictuelle, en situation déjà
précaire, a subi de plein fouet la sécheresse des années
1973 et 1984 qui a fragilisé ses habitats humides. L'important
contingent guinéen qui a été recensé par les
premiers chercheurs s'en n'est trouvé sévèrement
réduit par l'assèchement des étangs et par la baisse du
niveau de la nappe phréatique. A ces contraintes d'ordre naturel, il
faut ajouter la pression des facteurs anthropiques divers.
Favorisé par des sols humifères et une fraicheur
constante, la zone des Niayes est devenu le champ d'expression
privilégiée des cultures maraîchères qui ont
contribué a une diminution conséquente du couvert
végétal général et des reliques hydrophiles.
Aujourd'hui cet espace, presqu'entièrement investi par les
activités humaines, est très irrégulièrement
occupé par la végétation. Si dans les niayes de Mboro des
surfaces relativement boisées s'observent encore, à Diogo par
contre l'espace est simplement piqueté de quelques individus ou à
la rigueur recouvert par un peuplement arboré ou buissonnant d'autant
plus chétif que la pression maraîchère est grande.
La généralisation progressive du
maraîchage a eu des conséquences diverses sur la
végétation en termes de sélection et en termes de
recouvrement. Ces conséquences sont d'autant plus difficiles à
identifier et à isoler que les autres facteurs, notamment naturels,
interagissent très fortement avec l'activité
maraîchère tantôt en l'amplifiant tantôt en la
limitant. Mais d'un point de vue spatial, l'augmentation démographique
s'est traduite par une saturation de l'espace agricole, une mise en valeur de
secteurs écologiquement sensibles comme les sommets fixés par une
végétation xérophile.
La croissance de la population a provoqué, d'une
génération à l'autre, un émiettement des parcelles
entre les héritiers multiples. On sait que l'égard
vis-à-vis de la végétation spontanée va de pair
avec l'importance des surfaces disponibles, plus la parcelle exploitée
est petite et moins les surfaces boisées et les individus
d'espèces sont tolérées. Ce morcellement de surfaces
d'exploitation à l'intérieur des cuvettes provoque fatalement une
intensification des pratiques culturales à tous les niveaux :
déboisement de plus en plus systématique, suppressions de la
jachère arborée et arbustive, dopage des sols et des plantes
légumières, surexploitation de la ressource hydrique disponible
pour les plantes pérennes. Il en résulte un abandon de plus en
plus fréquent de cuvettes qui sont exploitées au-delà de
leur possibilité de reconstitution (en termes de
végétation, de sol et de recharge de la nappe). Sur le plan
floristique cette intensification des cultures à eu des
conséquences non moins dramatiques par le remaniement important qu'elle
a permis. Les associations végétales sont perturbées et
l'équilibre écologique rompu84. Si
certains peuplements ont été favorisés par l'homme,
d'autres par contre sont devenus marginaux. Les essences subguinéennes
qui se refugiaient sur le bord des cuvettes inondables ont été
progressivement réduites. D'abord par sélection (dégarni
des sous bois) comme à Mboro puis par élimination de plus en plus
systématique comme à Diogo.
Penser le maraîchage comme moyen de protection et de
stabilisation du milieu est dès lors bien difficile. Le cas des
associations multi-étagées de Mboro est ce qui s'en rapproche le
plus mais dans l'ensemble l'activité s'inscrit dans une dynamique
beaucoup plus destructrice en faisant de moins en moins de compromis avec la
végétation ligneuse et notamment spontanée. Il en
résulte un appauvrissement important des effectifs de la
végétation hygrophile et un renforcement du cortège
soudanien et sahélien.
On peut aussi remarquer que les pressions anthropiques et le
durcissement des conditions climatiques ont pu provoquer des processus
d'adaptation des caractères génétiques de la flore
résiduelle des niayes qui est devenue plus
résistante85. L'élimination de cette
végétation serait non seulement une suppression des individus
d'espèce mais également une perte du stock
génétique exceptionnel que cette situation
écogéographique a fini par générer.
L'activité maraîchère a provoqué
d'abord une modification des rapports de l'homme avec son milieu mais
également une modification des rapports entre les hommes autour de la
ressource ligneuse qui tantôt est surexploitée86 et
tantôt sous exploitée (par méconnaissance de sa valeur).
En effet le passage brutal d'une période d'abondance
à une période de disette impulsé par la sécheresse
conjugué à l'explosion des centres urbains qui encadrent la zone
des Niayes a produit un effet d'entrainement sur l'intensification du
maraîchage qui a favorisé à son tour la mise en veilleuse
des valeurs écologiques et même la marginalisation de la ressource
ligneuse. Cette situation de base alimentée par un contexte politique et
juridico-institutionnel complexe et imprécis a provoqué des
processus de dégradation incontrôlables sur
l'écosystème. Or la gestion de ce dernier dans une perspective de
durabilité ne peut s'entendre que sous l'angle étroit de la
participation et de la prise de conscience des populations locales de la
fragilité de leur milieu. S'il est vrai que tout système porte en
germe les éléments de sa propre destruction, on peut dire que le
système des niayes qui est à la fois
écogéographique, agronomique et dunaire est
particulièrement fragile. La végétation en est sans doute
l'élément de consolidation le plus indispensable.
La perte de vue de cette valeur écologique au profit
des préoccupations immédiates, fussentelles urgentes, peut finir
par affecter profondément l'environnement et par compromettre ses
possibilités de reconstitution comme nous l'avons observé pour
les cuvettes abandonnées. De plus la poursuite des actions de
développement agricole et de protection ou de restauration du milieu
dans des trajectoires non conciliantes est le résultat d'une lecture
partielle et erronée de cet agroécosystème qui ne doit
être considéré que comme un tout.
84 -Nous pouvons le supposer même si ce dernier
point a été difficile à démontrer
85 -Là encore nous n'avions pas de moyen
techniques pour vérifier cette idée
86 -par les exploitants de vin de palme à qui
le maraîcher loue illégalement les individus d'Elaeis
guineensis
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l'homme en terres tropicales. Masson/Armand Colin, Paris 270 pg
SAGNA P. (2005) : Dynamique du climat et son
évolution récente dans la partie de l'Afrique occidentale (tome
I). Thèse, UCAD 270 pg
SALL M M. (1971) : Dynamique et
morphogenèse actuelles contribution à l'étude
morphodynamique du Sénégal occidental.
Thèse, UCAD, 290 pg
SCHNELL R. (1977) : (tome II)
Introduction à la phytogéographie des pays tropicaux, flores et
végétation de l'Afrique tropicale : les milieux les groupements
végétaux. Gauthier Villars, Paris. 951 pg
TANGARA A. (1997) : Les systèmes
dunaires de la Côte Nord du Sénégal : de
l'instabilité climacique à la pénéstrabilité
par le reboisement, secteur sud (Cap-Vert). Thèse, UCAD, 291 pg
THIAW D. (2002) : Identification utilisation et
valorisation des ressources végétales dans la communauté
rurale de Tomboronkoto de la cueillette à la production.
Thèse, UCAD 320 pg TROCHAIN J. (1940) :
Contribution à l'étude de la végétation au
Sénégal. Mémoire de l'IFAN, 433 pg
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Schéma de localisation de la zone
d'étude VI
Figure 2 : Coupe schématique ouest/est de la zone des
Niayes 14
Figure 3 : Schéma descriptif de la géomorphologie
des Niayes 15
Figure 4 : Evolution pluviométrique de la station de Louga
19
Figure 5 : Carte de la zone d'échantillonnage 27
Figure 6 : Courbe de l'aire minimale 30
Figure 7 : Histogramme de présence des espèces
32
Figure 8 : Carte de l'occupation de l'espace par secteur 42
Figure 9 : Diagramme de présence des espèces par
classes 45
Figure 10 : Diagramme de fréquence des classes par
espèces 46
Figure 11 : Diagramme de la densité par espèce
47
Figure 12 : Fréquence des spéculations à
Diogo et Mboro 52
Figure 13 : Filière de commercialisation des produits
maraîchers dans la
zone de Diogo et Mboro 54
Figure 14 : Représentation schématique de la
végétation des niayes 61
Figure 15 : Carte de l'évolution spatiale des cultures
maraîchères 68
Figure 16 : Organisation spatiale des cuvettes 73
Figure 17 : Diagramme de l'analyse des facteurs de
décision du maraîcher 90
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Tableau brut 29
Tableau 2 : Tableau de présence 31
Tableau 3 : Matrice d'analyse différentielle I 34
Tableau 4 : Matrice d'analyse différentielle II 35
Tableau 5 : Groupements identifiés 38
Tableau 6 : Distribution des espèces par compartiment
topographique 39
Tableau 7 : Niveau de présence par compartiment 40
Tableau 8 : Production maraîchère de la
communauté rurale de Darou Khoudoss 53
Tableau 9 : Les contraintes de l'activité
maraîchère 56
Tableau 10 : Composition floristique des cuvettes 72
Tableau 11 : Exploitation horticole de Sadibou Sow 74
Tableau 12 : Usages et utilisations des arbres 81
LISTE DES PHOTOS
Photo 1: Escalade des versants par les cultures, zone des Niayes
- Diogo 67
Photo 2: Mboro 69
Photo 3: Mboro 69
Photo 4: Mboro 69
Photo 5: Mboro 69
Photo 6: Diogo 69
Photo 7: Diogo 69
Photo 8: Diogo 70
Photo 9: Diogo 70
Photo 10: Diogo 70
Photo 11: Diogo 70
Photo 12: Diogo 70
Photo 13: Plantation d'Eucalyptus à l'intérieur
d'une dépression à Mboro 77
Photo 14: Extraction de la sève pour la préparation
du vin de palme -Mboro 77
ANNEXE I
Guide d'entretien : Relation entre producteurs et
essences
Nom de l'enquêteur : Date:
IDENTIFICATION:
Nom de l'informateur: Sexe: Age: Groupe ethnique:
Village
Niveau d'instruction : Profession Situation familiale
Le terroir villageois:
1. Organisation spatiale des terres.
2. Types de terres qu'on peut rencontrer
La législation foncière:
3. Quels sont les significations des termes
tiérangal, khours, diéri, ndiouki et niayes
4. Droit foncier traditionnel (comment était
attribuée la terre? Etait-elle vendue?
Y avait-il un chef de terres? Etc.)
5. A partir de quelle période la terre a commencé
à manquer?
6. Comment cela se manifeste? Comment cela est-il ressenti?
7. Comment la terre est-elle gérée maintenant?
8. Le morcellement croissant des terres est il viable dans les
conditions actuelles ?
9. Pensez vous que les cuvettes resteront productives si on
continue à augmenter le nombre de propriétaires?
10. Y a-t-il des privilégiés? Des
défavorisés?
11. Comment expliquer la non exploitation de certaines cuvettes
?
12. Est-ce lié à l'environnement ou à des
problèmes fonciers ? Les ressources
ligneuses
13. Comment étaient les niayes avant la sécheresse
de 1973 ? (Quel était le niveau d'humidité ?
14. Comment se présentaient spatialement les champs)
15. Quelle était la situation du couvert
végétal avant 1973 ?
16. Quels rôles les arbres ont joué dans votre
vie?
17. Les arbres sont ils importants pour le maraîchage ?
18. Quelles sont les usages que vous faite de arbres des champs
?
19. Quelles sont les essences qui entrent dans votre
consommation ?
20. L'exploitation forestière est elle significative ?
(Comment la caractériser ?)
21. Les pratiques de coupe clandestine existent-elles ? Quelles
sont les espèces ciblées ?)
22. La protection de certaines plantes vous paraît elle
nécessaire? (Lesquelles ? Et pourquoi ? )
23. Les paysans pratiquent ils des reboisements (en dehors des
activités des agents des Eaux et Forêts) ?
24. Quelles sont les essences favorisées de nos jours
?
25. Qu'est ce qui explique la disparition de certains arbres
?
26. Quelles est aujourd'hui l'essence la plus
représentée ?
27. La salinité des eaux et des sols affectent elle aussi
les essences naturelles? (comment le constate t-on ?)
28. Les produits chimiques (comme les pesticides et les produits
phyto) ont-elles un impact visible sur les plantes non cultivées ?
29. Pensez-vous que le maraichage impact véritablement
sur la végétation ? Si oui
30. comment ?
Appuis institutionnels
31. Les appuis reçus :
Types d'appuis reçus par le village.
Organismes d'appui
Degré de satisfaction
Les attentes par rapport à l'appui:
Quelles formes d'appui est préférable pour le
village.
Quels rôles doivent être assignés aux
différents partenaires?
Les différents programmes tiennent ils compte des
aspects écologiques ? (de la protection des
arbres ?
32. Note t-on une collaboration entre les services des Eaux et
Forêts et les programmes de développement agricole ?
28. Quelle est la vocation première de cette zone,
maraîchère ou écologique ?
30. Comment s'est fait selon vous le remplacement des palmiers
à huile par les cocotiers ?
ANNEXE II
Guide d'entretien : Aux autorités
locales
Nom de l'enquêteur : Date:
I - IDENTIFICATION:
Nom de l'informateur: Sexe: Age: Groupe ethnique:
Village
Niveau d'instruction : Profession Situation familiale
Les impacts du maraîchage
1- L'intensification de cultures provoque un appauvrissement
certain des sols. Comment cela se ressent il sur les plantes spontanées
?
2- Quelles sont à votre avis les modalités selon
lesquelles le maraîchage pourrait être un facteur de stabilisation
du milieu ?
3- Une telle hypothèse est elle acceptable dans les
conditions actuelles ?
4- Peut-on parler de coopération entre les agents des
Eaux et Forêts et les programmes de développement agricoles ? Dans
quel sens ?
5- Les politiques agricoles engagées dans cette zone
tiennent elles compte des aspects écologiques ?
Le reboisement
6- Pensez-vous que le reboisement affecte dangereusement les
ressources hydriques ?
7- Les essences retenues pour le reboisement concurrencent elles
par leur exigence en eau les essences locales ?
8- Pourquoi ne pas avoir choisi des essences locales pour le
reboisement compte tenu des avantages d'adaptation qu'elles présentent
sur les essences exotiques ?
Les essences
9- Quelles sont ici les essences typiquement guinéennes
à l'exception d'Elaeis guineensis ?
10- Qu'est ce qui justifie l'allure rabougrie de certains
individus dans ce milieu ?
11- Certaines essences locales n'ont qu'un faible
intérêt pratique, cela contribue t-il à leur
élimination ?
12- Quelles sont les formes d'exploitation forestière que
vous enregistrez ?
13- Quelles sont les essences concernées ?
14- La coupe frauduleuse est-elle une réalité
à laquelle vous faites face ?
15- Quel en est le degré et quelles essences
spécifiquement elle concerne ?
16-Comment s'est fait selon vous le remplacement des palmiers
à huile par les cocotiers ?
Les questions environnementales
16- Quelles sont les conséquences de la salinisation sur
les essences spontanée ?
17- Commence t-on à observer une sélection des
espèces par rapport au degré de salinité ?
18- Quelles sont les conséquences des produits chimiques
sur les plantes non cultivées ?
19- Cela crée t-il une croissance
accélérée ou une inadaptation ?
20- Quelles sont les normes écologiquement et
économiquement viables dans les conditions actuelles ?
21- Croyez-vous que la réduction faunique soit
partiellement en cause dans les variations de la diversité
végétale ?
22- Quels sont les impacts réels du statut «
périmètre de restauration sur les pratiques agricoles (en terme
de modération, d'interdit et de protection d'espace et d'espèces)
?
23- Quelles sont les mesures coercitives prévues et
appliquées ?
24- La protection de certaines plantes vous paraît elle
indispensables ?
25- Quelles essences en particulier et pourquoi ?
26- Les feux de brousse peuvent ils être en cause dans
l'abandon de certaines cuvettes ?
27- Les feux de brousse ont-ils servis à détruire
massivement la végétation en vue d'un élargissement des
surfaces culturales ?
28- Si oui à quel moment et à quelle dimension
?
ANNEXE III
Questionnaires : Les modalités de la
production
Nom de l'enquêteur : Date:
I - IDENTIFICATION:
Type de producteur : prd-exclusif? prd-pécheur ?
prod-éleveur? prd-horticoles?
Nom de l'informateur: Sexe: Age: Groupe ethnique:
Village
Niveau d'instruction : Profession Situation familiale
Le foncier et le maraichage :
1. Combien de champs possède le propriétaire de
cette cuvette ?
2. Combien de copropriétaires y a-t-il ?
3. Quelle est la superficie de chaque champ et depuis combien de
temps la cultivez-vous ?
4. Quel est le mode d'acquisition de vos terres ?
4.1 Location. ?
4.2 Héritage. ?
4.3 Prêt. ?
4.4 Achat. ?
4.5 Autre
5. Y a-t-il des gens qui veulent cultiver mais qui n'ont pas de
terre ? Oui? Non?
Si oui pourquoi ?
6. Avez-vous des champs que vous ne cultivez plus? Oui? Non?
6.1 Si oui combien?
6.2 Quelles sont les raisons?
7. Combien d'exploitant compte votre champ ?
Les pratiques agricoles
8. Quelles plantes cultivez-vous?
9. Qu'est ce que les services des Eaux et Forêt vous
interdisent-ils de faire ?
10. La production maraichère est elle plus importante
maintenant qu'avant les sécheresses de 1973,1984 ? Oui? Non?
11. Quels sont les autres usages que vous faites des cuvettes ?
12. Les cuvettes abandonnées que vous connaissez ont-elles
des propriétaires en mesure de les exploiter ? Oui? Non?
13. Utilisez-vous ou avez-vous utilisé des engrais
chimiques dans vos champs ? Oui? Non?
1. N'utilise pas d'engrais chimiques ?
2. Utilise des engrais chimiques simples azotés. ?
2.1 Utilise des engrais chimiques composés ternaires. ?
2.2 Utilise des engrais chimiques composés binaires. ?
2.3 Utilise des engrais chimiques simples phosphatés. ?
2.4 Utilise des engrais chimiques simples potassiques. ?
14. Appliquez vous des techniques de conservation du sol ? Oui.
Non
1. N'applique aucune technique de conservation du sol.
2. Fait des apports de matières:
2.1 Minérales brutes non transformées.?
2.3 Organiques brutes.?
2.4 Minérales transformées (chimiques)?
2.5 Composte.?
2.6 Engrais verts.?
15. Applique des techniques culturales améliorantes:
1. Jachère.?
2. Association de cultures.?
3. Rotation de cultures.?
4. Fait des aménagements de terrain:?
5. Plantation de brise-vents.?
6. Plantation de haies vives.?
7. Aménagements antiérosifs.?
Le maraichage et végétation
16. Les cultures maraichères ont elles besoin des arbres
? Oui? Non?
Si oui comment ?
17. Par quoi expliquez- vous la réduction de la
végétation ?
18. Pensez vous que ce soit le maraîchage qui provoque la
disparation de certaines plantes ? Oui? Non?
Si oui lesquelles et comment ?
19. Par quoi expliquez -vous la soudaine disparition des
palmiers à huiles dans la zone des Niayes ?
20. Utilisez-vous des haies ? Oui? Non?
1. Pourquoi ?
2. Quelles sont les plantes que l'on retrouve dans les haies ?
21. Pratiquez-vous la jachère ? Oui? Non?
1. Combien de temps elle dure?
2. Quels sont ses effets ?
22. Quel sens donnez-vous à l'arbre que vous laissez dans
les champs ?
23. Le fait de maintenir des arbres dans le champ et il une
pratique traditionnelle ? Oui? Non?
24. Quelles sont les plantes utiles au maraîchage ?
Pourquoi ?
25. Quelles sont les plantes encombrantes pour le
maraîchage ?
Pourquoi ?
26. Quelles sont les essences ligneuses qui ont le plus besoin
d'eau ?
27. La présence d'arbre dans les cuvettes et sur les
versants déranges t-il le travail ? Oui? Non?
28. Plantez-vous des arbres ? Oui? Non?
Si oui ou et quel arbres ?
29. Quels sont les effets indésirables du maraichage sur
la végétation (quels arbres et quel effet) ?
30. Quelles sont les conséquences de la salinisation sur
les plantes ?
31. Les surfaces conquises par le maraîchage sur le
couvert végétal sont-elle significative c'est dernières
années ? Oui? Non?
Quelles estimations pouvez-vous donner ?
32. Selon vous, qu'est ce qui provoque l'abandon des cuvettes ?
33. Comment s'est fait selon vous le remplacement des palmiers
à huile par les cocotiers ?
34. Quelle est l'état des cuvettes abandonnées
aujourd'hui ?
En reconstitution par la végétation
spontanée?
En dégradation?
Etat inchangé ?
35. Avez-vous déjà travaillé dans une
cuvette qui aujourd'hui est abandone ? Oui? Non?
Si oui depuis quand est -elle abandonnée et pourquoi ?
ANNEXE IV
Questionnaires : les variations qualitatives de la
végétation ?
Nom de l'enquêteur : Date:
I - IDENTIFICATION:
Type d'usager : Producteur ( ) ? Collecteur de
vin de palme? Eleveur? tradipraticien
? travailleur de bois?
Nom de l'informateur: Sexe: Age: Groupe ethnique:
Village
Niveau d'instruction : Profession Situation familiale
1. Quels sont les arbres spontanés de votre cuvette ?
2. Quels sont les arbres plantés ?
3. Quelles sont les espèces favorisées par les
cultivateurs ?
4. Quelles sont les espèces introduites par les paysans ?
5. Quelles sont les espèces les plus
caractéristiques aujourd'hui ?
5.1 Des cuvettes,
5.2 Des versants
5.3 Des sommets
6. Quelles sont les espèces traditionnellement dominantes
?
7. Quelles sont les espèces dont la disparition est
regrettable pour le paysan ?
8. Quelles sont les essences qui sont apparues dans le paysage
récemment ?
9. Quelles sont les espèces que vous cherchez à
maintenir mais qui malgré tout se raréfient ?
10. Qu'est ce qui explique leur disparition ?
10.1 La rareté de l'eau?
10.2 La pauvreté des sols?
10.3 Le maraîchage?
10.4 Les produits chimiques?
10.5 Le bétail?
10.6 Le prélèvement humain ?
10.7 Autre cause?
11Quelles sont les espèces qui ont disparues ou qui se
sont raréfiées ?
12. Quelle est l'état des arbres ?
13. Leur renouvèlement est il assuré ? Oui? Non
?
14. Quelles sont les essences qui ont tendance à
disparaître des cuvettes ?
15. Quelles sont celles qui s'y maintiennent ?
16. Qu'est ce qui explique cette évolution ?
17. Quels sont les usages que vous faites des arbres maintenus
dans les champs ?
18. Quels sont les arbres qui produisent des fruits comestibles
et/ou commercialisables ?
19. D'autres personnes ont-elles le droit de se servir des
arbres de votre champ ?
20. Tolérez-vous des coupes faites par d'autres
personnes dans votre champ ?
21 .Utilisez-vous les plantes qui se trouvent sur les sommets
adjacents aux cuvettes exploitées ? Oui? Non ?
21.1 Si oui à quelles fins ?
22. Connaissez vous des espèces fréquentes dans les
voisinages du terroir et absentes ici ? Oui? Non ?
22.1Lesquelles ?
23. La diminution des individus de palmier à huile est
-elle liée :
23.1 Au maraîchage ?
23.2 Au déficit Hydrique ?
23.3 A l'exploitation ?
23.4 Autre cause ?
24. Avez-vous constaté des changements
considérables au niveau des sommets en ce qui concerne la
végétation ? Oui? Non ?
Si oui de quel type ?
25. Dans les cuvettes abandonnées avez-vous
constaté une reconquête des sols par la végétation
ligneuse ou herbacée ?
25.1 Ligneuse? herbacée?
25.2 Est-ce ? rapide? lente ?;
25.3 En combien de temps et quelles espèces ?
26. Le nombre de cuvettes non arboré est il important ?
Oui? Non ?
Si oui à quoi est ce lié ?
27. Quelles sont les plantes qui ont une vertu médicale ?
28 .Quels usage thérapeutique en faite vous ?
29 En dehors d'eucalyptus et des filao, quelles essences fait
l'objet d'une plantation volontaire ?
30 .Les besoins domestiques comme la cuisine provoquent- ils la
coupe des arbres ? Oui? Non ?
Si oui quelles essences sont ciblées ?
31. Pensez vous que la présence des arbres soit
indispensables pour les cultures dans une telle zone (dune, vent) ? Oui? Non
?
Si oui lesquels ?
Appréciations et opinions
32. Quelles sont les conséquences des produits chimiques
sur les plantes non
cultivées ?
33. Cela crée t-il une croissance
accélérée ou une inadaptation ?
34 .La protection de certaines plantes vous paraît elle
indispensables ?
35. Quelles essences en particulier et pourquoi ?
36. Les feux de brousse peuvent ils être en cause dans
l'abandon de certaines cuvettes ?
37. Les feux de brousse ont-ils servis à détruire
massivement la végétation en vue d'un élargissement des
surfaces culturales ? Oui? Non ?
Si oui à quel moment et à quelle dimension ?
38. . Par quoi expliquez- vous la réduction de la
végétation ?
39. Pensez vous que ce soit le maraîchage qui provoque la
disparation de certaines plantes ? Oui? Non?
Si oui lesquelles et comment ?
40. Quels sont les effets indésirables du maraichage sur
la végétation (quels arbres et quel effet) ?
41. Par quoi expliquez -vous la soudaine disparition des
palmiers à huiles dans la zone des Niayes ?
42. Quelles sont les plantes encombrantes pour le
maraîchage ?
ANNEXE V
Relevés de reconnaissance
N° : Date : / /2007
Longitude (X)
Altitude
Latitude :(Y)
Topographie : Substrat :
Sommet Sableux
Fond de cuvette Argileux
Bord de puits Argilo-sableux
Bas versant Sablo-argileux
Haut versant Humus
Tiérangal Matière sèche
Couleur
Autre remarques
Anthropisation : Pression pastorale :
Emprise agricole forte Faible
Moyenne Forte
Emprise agricole faible Absente
Trace de feux Embranchage Elagage
Coupe
Etat apparent de la végétation
:
|
Herbeuse
|
Arbustive
|
Arborée
|
Boisée
|
Claire
|
buissonnante
|
|
|
|
Savane
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Steppe
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Forêt
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Forme isolées Type biologique dominant :
Espèces herbacée et liane
Fourré Ligneux
Brousse Sous-ligneux
Bosquet plantes herbacées
Autres
observations :
Cote d'abondance-dominance
- Coefficient 5 : espèce couvrant plus de 3 /4 de la
surface - Coefficient 4 : espèce recouvrant plus de1/2de la
surface
NOM D'ESPECE
|
CLAS SE
|
COT E
A-D*
|
|
|
CLASS E
|
COTE A-D*
|
1
|
|
|
|
31
|
|
|
|
2
|
|
|
|
32
|
|
|
|
3
|
|
|
|
33
|
|
|
|
4
|
|
|
|
34
|
|
|
|
5
|
|
|
|
35
|
|
|
|
6
|
|
|
|
36
|
|
|
|
7
|
|
|
|
37
|
|
|
|
8
|
|
|
|
38
|
|
|
|
9
|
|
|
|
39
|
|
|
|
10
|
|
|
|
40
|
|
|
|
11
|
|
|
|
41
|
|
|
|
12
|
|
|
|
42
|
|
|
|
13
|
|
|
|
43
|
|
|
|
14
|
|
|
|
44
|
|
|
|
15
|
|
|
|
45
|
|
|
|
16
|
|
|
|
46
|
|
|
|
17
|
|
|
|
47
|
|
|
|
18
|
|
|
|
48
|
|
|
|
19
|
|
|
|
49
|
|
|
|
20
|
|
|
|
50
|
|
|
|
21
|
|
|
|
51
|
|
|
|
22
|
|
|
|
52
|
|
|
|
23
|
|
|
|
53
|
|
|
|
24
|
|
|
|
54
|
|
|
|
25
|
|
|
|
55
|
|
|
|
26
|
|
|
|
56
|
|
|
|
27
|
|
|
|
57
|
|
|
|
28
|
|
|
|
58
|
|
|
|
29
|
|
|
|
59
|
|
|
|
30
|
|
|
|
60
|
|
|
|
- Coefficient 3 : espèce recouvrant plus de1 :4 de la
surface
- Coefficient 2 : espèce bien représenté
mais couvrant moins de1/20 de la surface - Coefficient + : espèce
présente mais d'une manière non chiffrable
ANNEXE VI
Fiche d'étude des cuvettes
Fiche N°
Propriétaire principal :
MORPHOLOGIE
Superficie : Orientation : Longueur maxi : Largeur maxi :
Longueur des versants :
Raideur des pentes :
La forme Type de forme
?Allongée
?Ovale
?Circulaire
? ? ?
Fond de la cuvette ( khour )
Largeur maxi :
Longueur maxi :
Surface :
Forme :
Communication
Ouverte? Fermé?
Emplacement
Description du paysage où est insérée la
cuvette
Pédologie
Nature et aspect du sol (couleur, compacité,
matière végétale) Versant
Sommet
Fond de cuvette
Topographie
Dénivellation maximale :
Irrégularité
Condition Hydrologique
Inondation : partielle ?, totale?, temporaire ?,
permanente?
Pas d'inondation :
Profondeur de la nappe :
Point
Longitude
Latitude
Coordonnées GPS (circonférence de
cuvette)
OCCUPATION DU SOL
Type de cuvette
?Cuvette abandonnée
?Cuvette cultivée
Nombre de pistes :
Puit :
Dimension : Longueur Largeur Profondeur
Etat :
Emplacement :
Organisation et agencement des unités
Végétation : Régulière ?
Irrégulière ?
Culture : Régulière? Irrégulière?
Ligneux
Organisation
Individus esseulés : dispersion linéaire?,
dispersion aléatoire ?
Nombre d'individu : Comptage ? estimation ?
Regroupement (nombre, type) :
Espèce
|
Fonction écologique
|
Fonction économique
|
Fonction sociale
|
Autre observation utile
|
Information supplémentaire sur une espèce
spécifiquement :
Caractérisation des ligneux dans les cuvettes
abandonnées
Etat de la cuvette (observation de la strate herbacée)
Processus de
recolonisation :
Organisation de la végétation :
?Individu
Liste des espèces
taille
?Groupe
densité
compartiment de la cuvette
Les impacts du maraîchage sur la végétation
ligneuse dans la région des Niayes centrales
CULTURE
N°P
ethnie
Nom
rôle
Lien avec le Prt
Village d'orig
saison
Superficie totale
Engrais
Spéculation
investissement
Esp. Ligneuse compatible
N°
position
Nbr° ouvriers
Nbr° Espèces
Nbr° Spéculation
S/m2
Propriétaire
Exigence spécifique de certaines spéculations
Travail : Eau : Engrais : Autre :
Organisation du personnel
HISTORIQUE
Acquisition de la cuvette : Etat initial :
Morcellement : Prévision :
ANALYSE DE LA CUVETTE
Recherche des indicateurs
La valeur économique
-la ressource hydrique
-la dimension de la cuvette Le degré de
complexité
Emprise humaine :
Emprise spatiale Intensité :
-engrais
-arrosage
-travail :
Déboisement (arbre et arbustes)
-sélectif,
-systématique
Elimination des lianes : totale, Partielle
Fonctionnement autonome
-Proportion d'espaces naturels
Organisation des parcelles : régulière
irrégulière
ANNEXE VII
Coordonnées des placettes
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X
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y
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1
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305991
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1688544
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2
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307156
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1689023
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3
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307091
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1688393
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4
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307133
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1687747
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5
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306961
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1687430
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6
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305572
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1687727
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7
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305431
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1687431
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8
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305808
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1687089
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9
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305839
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1687123
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10
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305453
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1686424
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11
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301829
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1683673
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301757
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1683356
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13
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301637
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1683352
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301502
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1683698
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15
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301779
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1684084
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302247
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1683637
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17
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302445
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1684108
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301502
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1683878
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20
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301476
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1683707
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301268
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1681899
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300104
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1681542
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23
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300790
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1681103
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24
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300835
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1681021
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25
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300919
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1680906
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299089
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1678013
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27
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299297
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1677895
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298547
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1677571
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298446
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1676787
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298274
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1676768
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31
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298039
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1675296
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298844
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1675682
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33
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298904
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1675748
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34
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298594
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1674927
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35
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228628
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1674961
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36
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299391
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1672980
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299409
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1673061
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38
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299529
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1673292
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39
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299927
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1674226
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40
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299952
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1674226
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Résumé
Il est constate depuis quelques decennies une
metamorphose acceleree des milieux naturels, produite par la pejoration des
conditions climatiques et par une pression croissante de l'homme dans le
reamenagement des espaces.
La region des Niayes qui presente un environnement
particulierement sensible travers les systemes dunaires a subi de plein fouet
la secheresse prolongee de ces dernieres annees qui a contribue a une reduction
significative de sa couverture vegetale. La pression demographique aidant,
cette zone ecologique est devenue le domaine de predilection de l'activite
maraichere. Or les surfaces les mieux adaptees a cette culture sont egalement
celles qui correspondent a la zone de concentration de la vegetation typique
des niayes d'ou un veritable processus d'elimination de la vegetation ligneuse
par les producteurs.
Au dela de l'enjeu purement ecologique qui consiste a
conserver a cette zone son originalite floristique, il est question dans ce
memoire d'analyser la dynamique associative de la vegetation en tant que
consequence du maraichage a travers une methode phytosociologique et des
observations de terrains. Car les variations de la couverture vegetale et de la
composition floristique peuvent induire, en cas de reduction severe, des
processus de degradation difficilement reversibles (l'ensablement des
cuvettes).
Les arbres sont dans ce milieu des Niayes non
seulement le gage d'une diversite biologique mais egalement les elements de
structuration les plus indispensables a l'environnement.
Mots-clefs : Niayes, vegetation, maraichage,
impact des activites anthropiques
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES Département de
géographie
Année universitaire 2006-2007
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