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Les impacts du maraàŪchage sur la végétation ligneuse dans la région des Niayes centrales (Mboro- Diogo ) au Sénégal

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par Sierge NDJEKOUNEYOM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Diplôme d'études approfondies 2007
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE D.E.A

THEME : Les impacts du maraîchage sur la végétation ligneuse

dans la région des Niayes centrales (Mboro-Diogo)

Présenté par :

Sierge NDJEKOUNEYOM

+235 66 23 37 37

ndjek200@yahoo.fr

Direction : Encadrement scientifique :

Amadou .T. DIAW : Paul NDIAYE : Maître-assistant

Maître de conférences Diatou Thiaw FAYE : Assistante

AVANT-PROPOS

Notre précédent travail a porté sur une approche dynamique qui prenait en compte tous les aspects du complexe que constitue le paysage, la présente démarche se veut plus spécifique vis-à-vis notamment du couvert végétal dont elle se propose d'étudier la partie ligneuse en rapport avec les activités maraîchères. Cette progression analytique nous semble cohérente car le projet de DEA ne peut s'inscrire que dans une optique d'approfondissement des idées et de la méthode.

Notre premier constat dans ce milieu des Niayes centrales a révélé à l'évidence un processus de dégradation de la végétation dans l'indifférence presque absolue des autorités dont les préoccupations portaient davantage sur la stabilisation des dunes blanches et jaunes que sur la protection de ce qui reste de végétation dans les zones mises en culture, c'est-à-dire les dépressions inter- dunaires. L'intérêt de l'étude de la pression qu'exerce le maraîchage sur la végétation est décuplé par le caractère tout à fait original de cette dernière. En effet, des essences aux origines très différentes se côtoient avec des variations spatiales de seulement quelques mètres. On peut passer d'une association végétale à une autre simplement en quittant le bas-versant pour le sommet.

Ces variations topographiques apparemment anodines ont constituées, dans le cadre de ce travail, une véritable difficulté de mobilité pour les études de terrain de même d'ailleurs que la barrière linguistique pour les travaux sur la population locale. Cependant nous avons pu surmonter ces obstacles et bien d'autres grâce à la collaboration de personnes dont nous nous faisons ici un devoir d'honorer la participation.

J'exprime toute ma reconnaissance au professeur Amadou Tahirou DIAW pour avoir accepté la direction de ce mémoire. Ayant présidé lui-même le jury de mon mémoire de maîtrise, je tiens à lui témoigner ma gratitude pour ses conseils avisés, son amabilité et l'attention qu'il m'a toujours portée.

Je ne saurais trouver les mots justes pour manifester toute ma gratitude à Monsieur Paul NDIAYE pour la rigueur mais aussi la subtilité avec la quelle il me traite. C'est une richesse inestimable sur le plan scientifique et humain d'avoir bénéficié de son encadrement, de ses suggestions et de sa correction. Je tiens à témoigner mes plus chaleureux remerciements à madame Diatou THIAW FAYE pour le suivi qu'elle m'a accordé dans cette phase d'apprentissage. Je la remercie pour son soutien et son encadrement pour le présent et le précédent travail. Je remercie également Monsieur Alioune BA dont les appréciations concernant la méthodologie d'enquête ont été primordiales pour une bonne lecture du sujet. Je ne pourrai jamais oublier l'hospitalité avec laquelle j'ai été reçu à Diogo par la famille BODJAN. Leur amabilité et leur générosité m'ont permis de réaliser dans de bonnes conditions les travaux de terrains et d'enquête. Dans la même lancée je remercie Monsieur Mansour DIOP de Mboro pour son accueil, sa disponibilité et les précieux renseignements qu'il m'a fournis. Et enfin je remercie vivement Monsieur Abdoul Aziz CAMARA du département de Botanique et Monsieur Doudou DIOP de l'IFAN pour leur aide dans le cadre de l'identification des espèces. Je ne saurai ignorer la contribution d'Ibrahima NDIAYE de la DTGC, de Monsieur BOKOUM du CSE et l'aide fraternel apportée par Prosper MBAINDODJIM et Alaves BENGA.

Je dédie ce travail à Dieu le Père tout puissant pour son amour et sa fidélité :

A ma défunte soeur Nicole, que la terre lui soit légère.

A mon père et à ma mère pour leur dévouement et leur attention continuelle. A mon petit frère Mbaï pour sa présence et son indéfectible soutien.

A mon petit frère Guy pour assistance et ses judicieuses remarques. A mon cousin Real pour son engagement.

A mes tuteurs Yossanguem et Miaro.

A mes amis et compagnons de chaque jour : Soussia Lassou, Koutiéné Sanogo, Na-asra Togui Eric, Dangar Vania, Jean.Leon kaboré, Willy Mouendou Outou, Khady Boye Diallo, Flora Mavoungou. Carine, Prospère

A mes camarades du PSO Babacar Faye, Babacar Niang Mariama Thiandoum, Ndeye Awa Diop,

SIGLES ET ACRONYMES

BRGM : Bureau de Recherche Géologique et Minière

CDH : Centre de Développement Horticole

CER: Centre d'Expansion Rural

CERP : Centre d'Expansion Rural Polyvalent

CSE: Centre de Suivi Ecologique

CPM : Centre de Perfectionnement des Maraîchers

CTL: Conservation des Terroirs du Littoral

DEA : Diplôme d'Etude Approfondie

DTGC: Direction des Travaux Géographique et Cartographique

ENDA : Environnement et développement du tiers monde

FONG Fédération des ONG du Sénégal

GIE : Groupement d'Intérêt Economique

GPS : Global Positioning System

ICS : Industries Chimiques du Sénégal

IFAN : Institut Fondamental d'Afrique Noire

IRD: Institut de Recherché pour le Développement

JICA: Agence Japonaise de Coopération Internationale

ODI: Overseas Developpment Institute

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ORSTOM: Office de la Recherché Scientifique et Technique d'Outre-Mer

MDL: Mineral Deposits Limited

PAEP: Projet d'Appui à l'Entreprenariat Paysan

PGIES : Projet de Gestion Intégrée des Ecosystèmes du Sénégal

PLD : Plan Local de Développement

PME : Petites et Moyennes Entreprises

PMM : Projet Maraîcher de Méouane

PMEH Projet de promotion des PME horticoles

PRL: Programme de Restauration du Littoral

PRS: Projet de Reboisement du Sénégal

PSO : Programme Sénégal Oriental

PSNN : Projet de Suivi des Nappes des Niayes

SIG : Système d'Information Géographique

UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar

UGPM: Union et Groupement des Producteurs de Méouane

UNCA : Union Nationale des Coopératives Agricoles

ZIC : Zone Intertropicale de Convergence

SOMMAIRE

AVANT-PROPOS

SIGLES ET ACRONYMES

INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE : LE CADRE DE L'ETUDE

CHAPITRE I : Le cadre conceptuel

CHAPITRE II : Le cadre physique et humain de la zone des Niayes

DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE LA VEGETATION ET DE L'ACTIVITE MARAICHERE

CHAPITRE III : Analyse phytosociologique

CHAPITRE IV : Analyse descriptive de la végétation CHAPITREV : Les modalités de la production maraîchère

TROISIEME PARTIE : CONSEQUENCES SPATIALES ET SOCIALES DE L'INTERRELATION MARAICHAGE - VEGETATION LIGNEUSE

CHAPITRE VI : Evolution du paysage dans la région de Niayes : de l'écosystème à L'agrosystème

CHAPITRE VII : Association et incompatibilité entre le maraichage et la végétation ligneuse CHAPITRE VIII : Les facteurs de l'intensification du maraîchage

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

LISTE DES FIGURES LISTE DES TABLEAUX LISTE DES PHOTOS ANNEXES

TABLE DES MATIERES

" c,, 4 A eiii //in eg red, de ktr, ibierin, ow ee' eeimm i en e, en t ei ibiemteJt, ettitieei, et eykitei, xelft&xemient deg eriekrA, amoiff#144mt imibem dietvi &/ c~eet&m, de ee re Loo newrine "wetetti iet ettittriee. "

H. J. Von Maydell

LOCALISATION DE LA ZONE D'ETUDE

Figure 1 : Schéma de localisation de la zone d'étude Source : Fond de carte JICA et image satellite 2002. Traitement et cartographie : S. NDJEKOUNEYOM-2007

La zone qui fait l'objet de cette étude s'intègre entièrement dans la région naturelle dite de Niayes dont elle prend en compte une vingtaine de kilomètre de long sur une huitaine de kilomètre de large, soit 16.269 ha. Elle s'inscrit administrativement dans la région de Thiès, le département de Tivaouane et la communauté rurale de Darou Khoudoss. Elle prend également en écharpe une partie de la commune de Mboro.

Pour ce qui est des toponymies nous nous accorderons à priori sur celles des la carte de la JICA (Agence Japonaise de Coopération Internationale) réalisée en 2001.

INTRODUCTION

Occupant la frange littorale nord du Sénégal, les niayes sont des dépressions interdunaires marquant un contraste topographique avec les systèmes dunaires au creux desquels se pratique une intense activité maraichère. Cette étroite bande abrite une végétation typique par sa composition floristique complexe et colonisant un substrat particulièrement sableux.

Soumise à des conditions climatiques relativement modérées (au niveau de la température) notamment grâce à une humidité relative qui est toujours supérieur à 50%, la zone des Niayes est propice au maintien d'une végétation à affinité plus méridionale et à des cultures de légumes étalées sur toute l'année. La région qui fait l'objet de cette étude se présente donc comme un milieu au potentiel floristique important avec plus d'une trentaine de familles représentées renfermant pas moins de 80 espèces ligneuses et sous ligneuses, soit un total de 419 espèces si l'on considère toutes les strates.1Cette richesse végétale (20% de la flore du Sénégal) est d'autant plus spectaculaire que la bande considérée est d'une surprenante étroitesse.

A ce cortège floristique se superpose ou plutôt se substitue de plus en plus une activité maraîchère, elle aussi, nécessiteuse d'espace. Les périodes successives de sécheresse conjuguées à l'accroissement galopante des centres urbains consommateurs de légumes finissent par exercer sur ce milieu une pression de plus en plus insoutenable dont la diversité biologique est la première à pâtir.

En raison du caractère atypique de cette zone sur le plan géomorphologique et phytogéographique, elle a fait l'objet d'un intérêt particulier pour les premiers investigateurs qui s'y sont exprimés. C'est le lieu de rappeler ici, à titre indicatif, les travaux d'Aubréville, de Giffard, d'Adam, de Trochain ou encore de Raynal qui en ont étudié la végétation entre la période de 1940 à 1980. Mais les enjeux économiques grandissant ont mis un accent particulier sur les activités horticoles qui représentent, selon les études menées par le CDH (ISRA), 80% du total national. En dépit de cette riche documentation, les rapports entre la végétation naturelle et le maraîchage n'ont été que succinctement abordés d'où la nécessité pour nous aujourd'hui de mettre un accent plus prononcé sur les liens de cause à effet qui unissent sur un espace restreint, une activité en extension et un potentiel en régression.

Nous entendons, à travers cette étude, mettre en lumière les mécanismes complexes qui lient les différents acteurs aux composantes naturelles et artificielles dans cet espace que nous avons convenu d'appeler un agroécosystème. Il s'agit de proposer une lecture articulée d'une réalité spatiale qui s'étudie souvent de manière distincte (le maraîchage d'un côté et la végétation de l'autre).

Le premier intérêt accordé à un tel objectif est bien sûr de vouloir mettre en évidence les relations entre le maraîchage et au moins une strate de la végétation. Car bien souvent pour expliquer la régression du couvert végétal ou la raréfaction de certaines espèces de l'intérieur des cuvettes, on allègue volontiers la péjoration climatique ou l'érosion éolienne, or notre conviction est qu'il est plus facile d'agir sur des causes humaines que de vouloir contrôler les effets désastreux de la nature. La réduction floristique dans les niayes plus particulièrement, nous apparaît comme une conséquence (au moins en partie) de la mauvaise coordination et du

1 -Monographie nationale sur la biodiversité au Sénégal (ministère de l'environnement et de la protection de la nature)

manque de planification entre les services des Eaux et Forêts et des programmes de développement agricole qui semblent se complaire à fonctionner dans l'indifférence les uns des autres

L'augmentation de la pression humaine sur cet espace sous diverses formes provoque une importante dépendance de l'écosystème vis-à-vis des apports extérieurs (de nature anthropique) pour son fonctionnement. L'autorégulation inhérente à tout écosystème naturel disparaît progressivement, fragilisant énormément le milieu puisque celui-ci devient victime d'une intervention humaine qui elle-même n'est entretenue que par une ressource (la nappe phréatique) qui s'amenuise dangereusement. La végétation dans son évolution est sans doute ici l'un des indicateurs les plus fiables non seulement de la variabilité climatique mais aussi de la dégradation environnementale et du malaise social qu'il sous entend.

D'un point de vue méthodologique, la présente étude s'appuiera sur une approche phytosociologique en ce qui concerne la végétation suivie par la cartographie des surfaces maraîchères. A cela seront associés d'autres travaux de terrain avec notamment l'application de questionnaires et de guides d'entretien pour les aspects socioéconomiques et les pratiques paysannes.

Nous nous inscrivons d'emblée dans une démarche néopositiviste ou plus simplement une démarche déductive qui nous permettra de partir de la formulation d'hypothèses pour observer les processus en cours. La logique de cette démarche nous conduira avant tout à préciser le cadre d'ensemble de l'étude, nous aborderons par la suite plus spécifiquement la végétation ligneuse et l'activité maraîchère. La dernière partie de cette réflexion nous conduira à étudier les rapports qui existent entre cette végétation ligneuse et le maraîchage.

En dépit de cette approche quelque peu réductionniste notre sujet se veut fondamentalement systémique considérant le fonctionnement plus que les parties de cet agroécosystème.

PREMIERE PARTIE

Cadre de l'étude

Chapitre I : CADRE CONCEPTUEL

I. LA PROBLEMATIQUE

La région des Niayes située sur la Grande Côte sénégalaise offre un paysage particulièrement individualisé à travers une succession de dépressions inter-dunaires. Ce milieu marqué par des conditions hydro-climatiques et floristiques plus favorables que d'autres espaces situés à la même latitude a répondu favorablement à sa vocation maraîchère. Longtemps considéré comme un espace inhospitalier au Sénégal il a connu, à la faveur de la sécheresse de 1970, un regain d'intérêt. D'inhospitalier, il est passé à très attractif, les pressions se sont multipliées et diversifiées d'autant plus que le milieu d'origine était vulnérable.

Ces pressions diverses exercent sur la végétation un gradient sélectif de plus en plus significatif. La végétation des niayes qui avait déjà été sévèrement affectée par la péjoration des conditions climatiques et l'assèchement des nappes phréatiques se trouve confrontée à une réduction importante de sa composition floristique et de ses aires d'extension du fait de l'ampleur que prend le maraîchage. Commandé par un contexte économique extérieur influent et une réalité locale pesante (le besoin des populations locales de tirer partie des potentialités de leurs terroirs), le maraîchage participe jour après jour à l'appauvrissement du couvert végétal naturel.

Le déficit pluviométrique et la libération des cuvettes par l'assèchement des nappes de ces dernières années ont conduit cette région jadis déserte (en terme d'occupation humaine) à être l'un des pôles d'accueil des populations en provenance de l'intérieur, du sud et du nord du pays. Si partout la sécheresse du début des années 1970 a été un motif à l'émigration, dans cette zone au contraire elle a été la raison de l'intensification des activités agricoles (maraîchage). En effet depuis la Deuxième Guerre mondiale et l'introduction véritable du maraîchage par l'administration coloniale, la région des Niayes a connu un aménagement humain considérable qui en a fait un espace agricole à part entière. Très vite les terres disponibles pour cette activité deviennent insuffisantes pour contenter tout le monde, on procéda alors à un morcellement des cuvettes puis finalement à une extension des cultures dans d'autres compartiments du paysage (haut-versants) à tel enseigne que la végétation naturelle (et notamment les ligneux) se réfugie à présent sur les hauteurs où d'ailleurs elle n'est plus épargnée.

Le contexte économique dans lequel est placée la région, encadrée par de puissants centres urbains s'imprime de plus en plus sur la morphologie agraire des espaces ruraux que l'on y rencontre. Le secteur compris entre Mboro et Diogo abrite une population au comportement de plus en plus urbain à travers le mode vie et surtout le mode de consommation. Aussi cherche t-elle à accroître sa source de revenus en sollicitant autant que possible les terres de culture maraîchère. Or les surfaces les plus adaptées à cette culture sont également celles qui correspondent à la zone de concentration de la végétation typique des niayes.

Cette région qui, du fait de son originalité, notamment floristique, et de sa vulnérabilité, a fait l'objet d'un décret le classant en «périmètre de restauration « depuis 1957, subit de plus en plus l'influence d'une activité économique dont l'ampleur est dictée par l'importance des besoins et la rareté des alternatives viables. Le contexte à la fois géographique, économique et juridique de cette région la rend intéressante pour une étude des relations entre une ressource (la végétation) et une activité(le maraîchage).

En effet les pratiques maraîchères ont atteint une envergure inquiétante pour la préservation de certaines essences naturelles. Il a été constaté une disparition des essences naturelles dans les secteurs dépressionnaires et un regroupement de celles-ci sur les hauteurs, la difficulté d'utilisation des sommets constituent leur seul rempart.

Il est à noter également que la végétation ligneuse qui disparaît dans les bas-fonds (du fait du maraîchage) est de nature différente de celle qui se retranche sur les hauteurs d'où une véritable réduction de la diversité floristique. Il importe si cette intuition - issue de nos premiers travaux - est fondée de savoir au juste quelles sont les surfaces et les espèces concernées par cette réduction. Nous nous trouvons en fait devant une agriculture intensive pratiquée dans un environnement sensible et qui ne tolère que les espèces qui n'entravent pas son extension spatiale.

La concurrence spatiale entre végétation ligneuse naturelle (ou même parfois les essences du reboisement) et les cultures maraîchères prend une autre envergure dès lors que les techniques de culture sont systématiquement révolutionnées (par les progrès agronomiques et la motorisation entre autres).

L'intensification culturale n'affecte pas la végétation en terme uniquement quantitatif mais également en terme sélectif, donc qualitatif. Si certains individus d'espèces sont délibérément maintenus dans le paysage, beaucoup d'autres considérés comme encombrants pour le maraîchage sont décimés. Raynal2 exprimait déjà depuis 1963 cette préoccupation en ces termes : « Certains milieux sont floristiquement très appauvris en raison soit d'un facteur local soit d'une dégradation par l'homme dans ce cas le jeu différentiel de la concurrence entre espèces aboutit à rendre provisoirement l'une dominante ». Ce constat se confirme de plus en plus aujourd'hui et il serait intéressant de vérifier le degré d'anthropisation de la végétation et les risques qu'il comporte.

Les essences spontanées qui sont aujourd'hui les plus fréquentes dans les niayes ne le sont pas simplement du fait de la nature ou de ses effets mais aussi par l'action humaine qui contribue au remaniement de la végétation.

Au delà de l'enjeu purement écologique qui consiste à conserver à cette zone son originalité floristique, il est question ici de surveiller les variations de la végétation naturelle dans la mesure où elles peuvent induire, en cas de réduction sévère, des processus de dégradation irréversibles (ensablement). Il s'agit aussi de contrôler l'intensification du maraîchage qui peut introduire d'importantes quantités de toxines dans l'environnement. En effet, face au caractère discontinu et irrégulier des activités de reboisement et aux limites des essences choisies, il s'avère nécessaire de conserver quantitativement (et peut-être aussi qualitativement) certaines espèces. Le milieu choisi se présente comme un agroécosystème dans lequel le maintien de proportions écologiquement équilibrées de végétation naturelle est nécessaire à la pérennisation même du maraîchage. Eu égard au caractère dynamique de cet environnement dunaire, il importe donc de prendre au sérieux le rôle fondamental joué par la végétation ligneuse dans la stabilisation du matériel sableux afin de ne pas courir à une catastrophe écologique dans la zone.

2 Flore et végétation des environs de Kayar (Sénégal)

La problématique peut également poser d'autres questions, car beaucoup d'espaces abandonnés en raison de l'approfondissement de la nappe ou de sa pollution sont-ils aptes à accueillir à nouveau des essences naturelles ou sont ils dégradés au point que leur régénération ne s'envisage que dans un futur lointain ?

1.1 Objectifs

-L'objectif fondamental de cette étude est de mettre en évidence le fonctionnement de cet « agroécosystème », ses règles et ses limites ainsi que les processus socioéconomiques qui la soutiennent.

-Actualiser les informations sur la dynamique associative de la flore des Niayes à travers des inventaires et une analyse phytosociologique.

-Montrer les effets directs et indirects du maraîchage sur la végétation ligneuse (en termes de réduction spatiale et floristique) et les conséquences prévisibles de cette intensification de cultures.

1.2 Hypothèses

Pour soutenir cette réflexion nous formulons des hypothèses qu'il nous faudra infirmer ou confirmer au terme de cette étude.

-Nous formulons comme hypothèse que le paysage arboré qui résulte des pratiques culturales ne saurait être dans sa composition floristique et dans son organisation spatiale le fruit du pur hasard. Il résulte forcement d'une nécessité économique, écologique, de pratiques culturelles et des contraintes physiques.

-La pratique du maraîchage sous sa forme intensive provoque dans les niayes une fragilisation accélérée de l'écosystème à travers la raréfaction d'espèces végétales essentielles à sa stabilité.

-L'usage et l'utilité que le maraîcher trouve à une essence justifient largement son maintien ou son élimination.

II. LA METHODOLOGIE

Précisons ici que nous étudierons préférentiellement la végétation ligneuse spontanée et dans une moindre mesure les essences introduites par le reboisement pour voir leur degré d'intégration dans le paysage. Le but qui motive cette étude est de parvenir à élaborer une méthodologie cohérente et opérationnelle pour la quantification de la végétation et le suivi de son évolution. Mais la mise en place d'une méthodologie efficace dans le cadre d'une telle étude pose quelques difficultés qu'un bon exposé permet de réaliser.

Il sera question de considérer uniquement l'étroite bande constituée par les cuvettes logées à l'interface des dunes jaunes et rouges3, soit une superficie de 4 446 ha.

L'approche privilégiée dans cette étude est d'observer deux objets spatialement concurrents, le maraîchage et la végétation ligneuse, au moyen d'une cartographie faite sur la base d'imagerie satellitaire en corrélation avec les observations de terrain. Nous proposons donc deux échelles d'observation différentes mais tout compte fait complémentaires. La première prend en compte une vision d'ensemble sur un espace suffisamment large et la seconde

3 -A cet effet, à chaque fois que nous rapporterons aux dépressions et cuvettes de cette zone la terminologie niayes, nous l'écrirons avec un « n » minuscule.

considère les cuvettes individuellement pour arriver à un meilleur niveau de détail sans perdre l'information d'ensemble.

2.1 La revue documentaire

La région des Niayes a suscité très tôt la curiosité et l'intérêt de nombreux géographes et botanistes qui lui ont consacré une abondante bibliographie. Ainsi d'Aubréville à Raynal en passant par Chevalier, Trochain et Adam, sans oublier P. Ndiaye, la végétation a été particulièrement étudiée (même si on note parfois le manque d'accord entre les auteurs).

Mais contrairement à ce que pourrait laisser supposer une telle richesse bibliographique, les documents (plus spécifiquement sur la végétation) sont devenus très rares. La plupart de ces ouvrages sont en perdition dans les principaux centres de documentation (BU, IFAN, IRD..), il n'en subsiste que quelques exemplaires aux mains des particuliers qui en comprennent dès lors, jalousement, l'importance. Les travaux plus récents ne sont le plus souvent que des synthèses peu exhaustives et peu approfondies des études antérieures. Nous n'avons ainsi eu accès directement qu'aux travaux de Trochain et de Raynal pour ce qui est des anciennes publications. Les dernières études sont de niveau DEA et portent sur la strate des végétaux herbacés.

2.2 Les travaux de terrain

· Les travaux préliminaires

La phase préliminaire de l'étude de terrain a d'abord porté sur une observation d'ensemble des cuvettes dans le but de choisir des toposéquences représentatives des secteurs considérés. Car le danger est toujours grand lorsqu'on extrapole des informations prises à un niveau très détaillé sur de grands ensembles. Nous proposons donc à l'aide de GPS et d'observations sommaires de caractériser au préalable les cuvettes rencontrées sur le site afin de réduire les risques liés au choix d'une cuvette (de sorte qu'elle soit représentative). Nous avons réalisé par la suite des cartes au niveau de trois cuvettes en considérant les caractéristiques que sont la topographie, la pédologie, la couverture végétale, les types de cultures et la composition floristique.

· La démarche phytosociologique

Cette approche sous entend que les plantes ne se regroupent pas au hasard et qu'il existe des affinités qui les caractérisent. La présence d'une essence peut donc supposer celle d'un certain cortège floristique qui lui est généralement associé, ceci est d'autant plus intéressant qu'ici le recoupement des domaines sahéliens, soudaniens et même subguinéens introduit une certaine originalité.

-L'échantillonnage : l'approche phytosociologique se réalise à l'aide de relevés. Nous notons que tout relevé de ce type a sa part de subjectivité car l'échantillonnage du lieu de relevé ne peut être parfaitement représentatif de l'ensemble de l'espace considéré. Cela est d'autant plus vrai que le milieu que nous choisissons d'étudier est d'une grande hétérogénéité. Ce qui lui vaut la méthode à échantillonnage stratifié qui est adapté à des situations où la densité à estimer varie selon les particularités du milieu. Celui-ci est divisé en zones plus homogènes : Ici les sommets, les fonds des cuvettes, les bords des puits, les haies-vives et les versants ont été distingués. Il s'agit dans chaque secteur identifié d'appliquer une méthode aléatoire simple en prévoyant un effort d'observation plus important dans les secteurs à plus forte concentration.

- La période d'observation : ici elle ne revêt pas une signification primordiale dans la mesure où la strate observée est ligneuse, la période peut tout au plus induire des difficultés d'identification à cause du changement au niveau de certaines essences qui sont plus déprimées pendant la période sèche.

-La détermination de l'aire minimale : cette procédure simple consiste en un dénombrement des espèces au fur et à mesure des relevés, arrive un moment où forcement la flore ne s'enrichit plus de nouvelles espèces, c'est l'aire minimale caractérisant l'association végétale.

- L'abondance dominance : on appelle abondance la proportion relative d'une espèce donnée et dominance la surface couverte par cette espèce. Dans la pratique c'est l'échelle suivante qui est retenue :

v' Coefficient 5 : espèce couvrant plus de 3 /4 de la surface

v' Coefficient 4 : espèce recouvrant plus de1/2de la surface

v' Coefficient 3 : espèce recouvrant plus de1 :4 de la surface

v' Coefficient 2 : espèce bien représenté mais couvrant moins de1/20 de la surface v' Coefficient + : espèce présente mais d'une manière non chiffrable

Notons que dans le cas ou l'espèce est bien représentée c'est la dominance qui prime et dans le cas ou il s'agit d'une essence rares on considère surtout l'abondance.

-Procédure d'inventaire : pour le dimensionnement des placettes nous avons considéré, en fonction de l'éparpillement non négligeable des individus, des placettes de 50 m de côté soit une surface de 2 500 m2, la forme retenu sera donc carrée eu égard à sa facilité de réalisation.

Du fait du rabougrissement souvent constaté dans cette zone, nous ne retiendrons que 5 classes pour la stratification. [0-1m]; [1-3m]; [3-6m]; [6-10m] et [sup10m].

2.3 Exploitation de relevés

-Le tableau brut

-Le tableau de présence

-Test d'homogénéité-Analyse différentielle

-Détermination de groupements

-Stratification et densitéLe traitement des relevés fera l'objet de plus amples explications méthodologiques dans le chapitre 3 car il est mal aisé d'en exposer ici les modalités en l'absence d'exemples concrets.

2.4 Traitement cartographique

Le traitement des images satellites à été précédé par le choix de ce type d'image (préférentiellement aux photos aériennes qui sont difficilement géoreferenciables dans le cas présent) pour exprimer les variations du maraîchage car il apparaît distinctement par rapport à toutes les autres composantes du milieu. Le logiciel de traitement cartographique utilisé est Arcview 2.3 et nous permet de digitaliser aisément les espaces de maraîchage situés entre Mboro et Diogo.

2.5 Les enquêtes population

Les enquêtes à l'aide de guides d'entretien et de questionnaires ne s'attarderont plus sur les généralités (informations déjà acquises dans le précédent travail). Il est question surtout d'informations qualitatives sur l'organisation spatiale et le rapport avec les essences naturelles et reboisées.

2.5.1 La diversité des utilisateurs

Bien que majoritairement dominée par le maraîchage, la niaye est une zone à usages multiples et c'est souvent dans cette diversité d'utilisation que nous trouvons les réponses aux préoccupations qui sont les nôtres. Car axer le questionnaire uniquement sur les maraîchers risque de biaiser l'information dans la mesure où ces derniers ont leurs perceptions des rapports maraîchage-végétation subjectivement affectées par leur condition et l'appât du gain.

En contre partie, il est judicieux d'interroger aussi les producteurs de vin de palme pour qui cette ressource tirée d'Elaeis guineensis représente un capital vital. Par ailleurs les producteurs maraîchers eux mêmes ne sont pas tous du même genre et leur action sur le couvert végétal peut s'en ressentir. Nous avons donc eu à distinguer les producteurs exclusivement maraîchers, les producteurs pêcheurs et pasteurs, les producteurs horticoles, citadins. Sans omettre que la taille d'une exploitation peut jouer sur les techniques de mise en valeur et par conséquent sur l'évolution de la végétation tout au tour.

D'autres utilisateurs de la ressource ligneuse dont le maraîchage affecte les pratiques sont aussi à signaler. Ainsi on doit tenir compte des éleveurs, des tradipraticiens, des travailleurs de bois etc. Il s'agit donc dans cette approche de concevoir le maraîchage comme une activité qui produit des conséquences et des interactions multiples dans la société à travers la communauté de l'espace (considéré avec sa ressource ligneuse) et la diversité des types d'usagers.

2.5.2 L'échantillonnage

La méconnaissance de la population mère dans la zone d'étude rend extrêmement délicat le choix d'un échantillon assez représentatif. Les différents acteurs que nous avons identifiés cihaut ne sont que vaguement connus d'un point de vue démographique. A cela s'ajoute une difficulté majeure qui résulte du cumul, souvent constaté, d'activités dans cette étroite bande et sur cette maigre ressource ligneuse.

Face à cette complexité et à la diversité des perceptions qui peut en résulter, nous avons au préalable fait une étude sommaire de la population à travers un sondage qui nous a permis de définir des seuils raisonnables à partir desquels nous avons réalisé les enquêtes. Pour ce faire et en l'absence d'une base de données fiables sur la population de cette zone et en raison de l'agencement linéaire des établissements humains, nous choisissons de faire un échantillonnage aréolaire ou topographique sur la base des photos aériennes. Ce sondage fait de concession en concession, à pas régulier nous a permis de connaître la proportion des différents acteurs. C'est grâce à ce sondage, en respectant les pourcentages ainsi établis que nous avons appliqué les questionnaires que nous avions réalisés. Au total 150 questionnaires ont été appliqué proportionnellement au nombre des différents acteurs (Mboro a enregistré 50 questionnaires et Diogo 100).

III. LA DISCUTION DES CONCEPTS

Toute étude, qu'elle se veuille scientifique ou non, se doit en préambule de clarifier les terminologies qu'elle entend utiliser sous peine de créer de fâcheux malentendus. Certains concepts que nous aborderons ont à cet effet une forte polysémie ou relèvent d'une compréhension populaire marquée par une profonde confusion. Ainsi n'emploie t-on pas indifféremment le terme de flore en lieu et place de celui de végétation ou celui d'association pour caractériser une formation végétale ?

3.1 Le paysage

La notion de paysage est une notion particulièrement mal définie en ce sens qu'elle admet une multitude d'acceptions différentes. Nous avons tenté d'en montrer l'ambigüité dans notre précédent travail. Mais il semble nécessaire de procéder à nouveau à une analyse succincte afin de dissiper quelque peu le brouillard sémantique qui plane encore autour de ce concept. En effet chaque fait géographique est un système complexe dans lequel de multiples composantes visibles et invisibles sont en interaction permanente. La démarche paysagère rappelle avant tout qu'un phénomène géographique ne dépend jamais d'un seul facteur mais d'un complexe de facteurs, eux- même interdépendants. Nous entendrons donc le paysage ici, en particulier sous l'angle du relief, de la végétation et de l'interaction de différents facteurs anthropiques et naturels sur le milieu biophysique.

2.2 Le terroir

Le terme terroir admet également plusieurs acceptions (agronomique, géographique etc). Il peut s'entendre comme une étendue de terrain présentant certaines caractéristiques qui l'individualisent au point de vue agronomique. Cependant cette approche ne répond pas au souci de notre problématique ni à la réalité des campagnes sénégalaises. En 1964 une définition administrative considère cette entité territoriale comme comprenant autant que possible « les terres de culture, de jachère, de pâturage, de parcours et reboisement régulièrement utilisés par le ou les villages qu'il couvre, ainsi que les terres en friche jugées nécessaires à son extension ». Il s'agit donc d'une portion de territoire sur lequel une ou des communauté(s) s'identifie(ent) et exerce(nt) des activités. Cet espace est caractérisé par des données d'agroécologie et de société. Nous nous rangeons à cette dernière acception.

2.3 La dynamique ou l'évolution de la végétation

Il est à peine nécessaire de rappeler que la végétation est une des composantes les plus sensibles du milieu physique, elle est de ce fait sujette à d'importantes variations qui convoquent des notions comme dynamique ou évolution. Ces variations peuvent être la conséquence immédiate ou lointaine de modifications du milieu telle une sécheresse, une catastrophe naturelle ou plus ordinairement l'action de l'homme. Mais elles peuvent aussi être propres à la végétation elle-même qui évolue spontanément par étapes successives pour atteindre un état d'équilibre avec les conditions écologiques du milieu considéré.

C'est à cette évolution qui conduit au climax que cette notion de « dynamique de la végétation » doit être en principe réservé. L'action humaine peut par contre contrarier cette évolution ou si non provoquer un retour vers un stade antérieur dont le terme ultime n'est autre que le sol nu. Des pratiques comme le reboisement peuvent déterminer une nouvelle évolution progressive vers un stade similaire dit subclimax ou un stade différent ou paraclimax. Aussi aurons-nous plus souvent recours au terme « d'évolution de la végétation » qu'à celui de dynamique qui recouvre un contenu beaucoup plus précis.

Premièrement intuitive, l'espèce est une notion par laquelle on distingue un individu d'un autre en le rattachant à une communauté ayant les mêmes traits physionomiques. Cependant ce critère intuitif est fréquemment sujet à confusion. Aussi définit-on l'espèce au sens biologique comme un ensemble de populations effectivement ou potentiellement interfécondes dans les conditions naturelles et au sens taxinomique comme l'unité fondamentale de la classification qui distingue les grandes unités suivantes : le règne, embranchement, classe, ordre, famille, genre, espèce, variété.

3.5 La flore et la végétation

Ces deux notions renvoient dans l'inconscient collectif des non initiés à la même réalité, à telle enseigne que leur emploi n'est qu'exceptionnellement nuancé. Mais à ce niveau il est d'importance capitale que nous ne fassions pas d'amalgame à ce sujet.

-La flore désigne selon G. Long4 la liste de tous les végétaux divers (espèces sous espèces variété...) d'une localité ou d'un territoire géographique donné.

-La végétation est, selon le même auteur, l'ensemble architectural qui résulte de l'agencement dans l'espace de types de végétaux présents sur une portion quelconque de territoire géographique.

3.6 L'association végétale et la formation végétale

Ces deux concepts sont différents l'un de l'autre autant que la notion de flore diffère de celle de végétation. La formation végétale renvoie à des caractéristiques physionomiques (la forêt, la savane, la steppe, les marais maritime etc) indifféremment de la nature et de la diversité des essences constituant ce volume de couvert végétal. L'analyse devient plus pointue lorsqu'elle prend en compte la notion d'association végétale qui elle intègre la composition floristique. Il est généralement admis que les plantes ont un comportement qui leur permet de cohabiter et de se distinguer d'une autre association voisine. Ainsi une formation végétale peut recouvrir plusieurs associations.

3.7 L'écosystème

Terminologie assez récente, le mot écosystème est de plus en plus utilisé par la société moderne, ceci en rapport avec les préoccupations que sa transformation suscite. Un écosystème est un système biologique complexe formé par divers organismes vivant ensemble (une biocénose) dans un milieu qui intervient dans leur existence (le biotope).

Sa particularité réside dans le fait qu'il constitue une entité relativement autonome par rapport aux autres écosystèmes voisins. Il peut par conséquent être étudié du point de vue de son fonctionnement propre avec des échanges entre les organismes qui y vivent et des échanges entre organismes et matière nutritives. Les rapports entre les êtres vivants peuvent y être de différents ordres : la compétition, la symbiose, le parasitisme, la prédation. Notons que ce n'est pas la liste, fut-elle exhaustive, des espèces d'une biocénose qui compte mais bien la structure et le fonctionnement de l'écosystème.

3.8 La population

Une population est la pièce élémentaire de l'écosystème. C. Henry5 la définit comme « l'ensemble des individus appartenant à la même espèce occupant une aire géographique et pouvant se reproduire entre eux ».

4 -Diagnostique phytoécologique et aménagement du territoire

5 -Biologie des populations animales et végétales

3.9 La biodiversité

Néologisme composé en partie des mots biologie et diversité, la biodiversité se définit comme « la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris entre autre les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre les espèces ainsi que celle des écosystèmes. »6

3.10 La phytosociologie

La phytosociologie est l'étude descriptive et causale des associations végétales.

3.11 L'agroécosystème

Il s'agit d'un espace qui intègre des proportions équilibrées de forêt et de culture dans le but d'assurer une meilleure rentabilité par les pratiques agronomiques (une fertilisation ou une protection des cultures). Cette notion tirée de l'agroécologie n'est pas une approche purement technique mais intègre les dimensions sociales économiques et politiques de la vie humaine dans ce système.

3.12 La dégradation

L'emploi de ce terme est le plus souvent abusif dans la mesure où il suppose un processus de détérioration qui ne peut pas s'observer, généralement, à l'échelle d'une vie humaine. Rien n'atteste en vérité que ce que nous observons actuellement est une réelle dégradation compte tenu de la grande relativité de cette notion qui ne peut être appréciée que par rapport à un état originel que le plus souvent nous ne connaissons pas.

Aussi emploierons-nous ce terme dans le cadre de la zone des Niayes en faisant référence à un passé non lointain que la documentation et les témoignages nous permettent d'attester ou plus exceptionnellement pour parler de la période géologique (Quaternaire) qui aurait vu la formation de sa végétation.

3.13 La notion de disparition d'espèces

L'expression « disparition d'espèces«, généralement manipulée avec peu de précaution, est très répandue à cause du message alarmiste qu'elle véhicule et de la réaction positive qu'elle suscite chez les décideurs politiques. Néanmoins d'un point de vue scientifique, il doit être pris avec le maximum de prudence, car parler de disparition c'est parler d'un point de non retour. Par ailleurs la notion est scientifiquement très prétentieuse dans la mesure où les études qu'elle concerne (qu'il s'agisse de végétaux ou d'animaux) sont rarement exhaustives. Nous lui préférerons des expressions plus nuancées comme réduction, raréfaction ou en voie de disparition, traduisant ainsi une tendance et non plus un état irréversible.

3.14 La surexploitation

Le préfixe « sur » qui précède le terme exploitation signifie en réalité au dessus ou au-delà, or aucune ressource, fut elle non renouvelable, ne peut être exploitée au delà du disponible. Comment donc comprendre cette notion ? Le concept de surexploitation renvoie en réalité à une idée que sa définition traduit pleinement : exploiter à l'excès. Il s'agit d'une exploitation supérieure aux seuils de reconstitution ou de restitution de la ressource hypothéquant ainsi les possibilités de renouvellement.

6-Art.2 de la convention sur la diversité biologique 1992

3.15 Le développement durable

Le concept est né d'une double préoccupation, la recherche d'un développement humain (consécutif à la fracture nord-sud) et la crise écologique qui incite à la protection de l'environnement. Se définissant comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs 7». L'objectif du développement durable est de définir des schémas qui concilient les 3 aspects : économique, social et environnemental, des activités humaines. L'agriculture durable n'est de fait qu'une application des principes du développement durable à l'agriculture8.

3.16 La savane et la steppe

Les terminologies savane et steppe ont contracté dans les travaux des paysagistes, pédologues, agronomes, botanistes et phytogéographes des significations diverses et fort discutées. Les formes associées à ces deux appellations sont multiples à travers le monde, suscitant d'ailleurs chez bon nombre d'auteurs un point de vue très personnalisé et pour le moins contestés. Ce qui conduit naturellement à une confusion indicible qui oblige chaque chercheur à préciser sa position. Nous retiendrons en gros, pour notre part, la classification tirée de la conférence de Yangambi en 1956 à laquelle nous associerons pour les besoins de notre problématique les nuances assez subtiles apportées par G. Riou9.

Suivant la nature, la hauteur, l'organisation ou la densité de la couverture ligneuse, arbustive, herbeuse, nous aboutissons à plusieurs types de savanes et de steppes. Ainsi parle-t-on de savanes arborée, arbustive, boisée, herbeuse, buissonnante etc. Il en va de même pour la steppe encore appelée pseudo steppe10. D'autres désignations comme forêt claire (ou savane de forêt) font référence à une densité en arbre assez conséquente et un tapis herbacé régulier. Les savanes arborées ont une densité moindre en ligneux complantés dans une étendue d'herbes, elles présentent un aspect désorganisé et une gamme d'espèces variées. Les savanes boisées sont caractéristique d'un espace parsemé d'îlots forestiers se rapprochant de la forêt claire mais plus confuse, plus irrégulière et embroussaillée. « Elle comporte clairement des nappes à dominante herbeuse et d'autre part de touffes de ligneux »9.

Le point commun entre toutes ces formes savanicoles est la permanence de l'herbe de même que la particularité des steppes reste (en plus de la xérophilie) la discontinuité du couvert végétal laissant apercevoir le sol. L'ambigüité s'accroît dès qu'on intègre le paramètre anthropique par le biais duquel on parle de notions comme parc savane ou parc arboré...

La richesse thématique de la zone que nous avons choisie d'étudier révèle d'immenses possibilités en termes d'approches et de méthodologies et cela même dans le cas spécifique de notre sujet. Aussi la fixation du cadre théorique dans le quel sera mené le travail est un préalable indispensable à la compréhension de notre démarche, de nos résultats et des conclusions auxquelles nous parviendrons.

7- Rapport de Brundtland : commission mondiale sur le développement 1987

8-Mais libellé comme tel ce concept ressemble fort à un recueil de bonne intensions qui voudrait permettre tout à la fois sans vraiment dire comment. Comment en effet concilier les préoccupations sociales, économiques et écologiques alors que nos pays arrivent à peine à conjuguer les deux premiers termes ?

9 -Savane : l'herbe, l'arbre et l'homme en terres tropicales

10 -Afin de distinguer des cas des pays occidentaux d'où est tirée l'expression

Chapitre II : CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN DE LA ZONE DE NIAYES

La zone des Niayes réputée pour son exubérance sur le plan végétal se présente aujourd'hui, en certains endroits du périmètre, nettement entamée avec un éclaircissement général de la couverture végétale et un état végétatif médiocre de certaines essences ligneuses typiques de la région.

Cette évolution tient à la fois du cadre physique qu'humain qui imposent des conditions particulièrement sévères à la végétation. L'évolution constatée dans les trois éléments que sont les nappes, les systèmes dunaires et la végétation a été en réalité impulsée par la péjoration généralisée des conditions climatiques depuis quelques décennies. Les cadres géomorphologiques, climatologiques, hydrologiques, phytogéographiques ou humains présentent entre eux une remarquable interdépendance, ce qui contribue fondamentalement à la fragilité d'ensemble du milieu qui est fortement conditionné par l'évolution de chaque élément pris individuellement et dans ses relations avec les autres.

I. LE CADRE GEOMORPHOLOGIQUE

Le vaste manteau de sables qui recouvre et commande l'aspect du paysage dans la région des Niayes résulte de la juxtaposition de plusieurs systèmes dunaires marquant l'évolution morpho-climatique du Quaternaire.

Figure 2 : Coupe schématique ouest/est de la zone des Niayes Source : PEZERIL ET AL 1986

Deux systèmes dunaires principaux ont été individualisés dans l'espace et dans le temps : le système dunaire littoral constitués par les dunes vives (dunes blanches) et les dunes semi- fixées (dunes jaunes) et le système dunaire continental formé par les dunes fixées (dunes rouges).

Figure 3 : Schéma descriptif de la géomorphologie des Niayes Source : BRGM 1983

A l'interface de ce système apparaissent les niayes qui sont des dépressions interdunaires constituant un réseau de cuvettes morcelées et de chenaux qui découpent le système des dunes Ogoliennes

1.1 Les dunes blanches

Ce système borde le littoral de la Grande Côte avec une largeur rarement supérieure à 2km. Les dunes blanches contrastent nettement avec les autres formations. Appelée aussi dunes vives, cet ensemble présente des formes multiples et complexes en raison de l'intense activité géodynamique qui les caractérise. Elles présentent une végétation faible essentiellement halophile à cause de la présence d'embruns marins.

1.2 Les dunes jaunes

Les dunes jaunes ou dunes semi-fixées occupent l'arrière plan des dunes blanches. Elles s'étendent de Dakar à Saint Louis sur une profondeur de 0,2 à 2km. Cet ensemble bien individualisé se termine par une barre dunaire qui par endroit atteint 30m de haut. Semi-fixées par la végétation, ces dunes présentent néanmoins des secteurs qui traduisent une tendance au ravivement.

1.3 Les dunes rouges

Constituant l'ensemble le plus important, les dunes rouges ou dunes fixées font suite au
système de dunes jaunes. Leur mise en place remonte à l'Ogolien ce qui leur vaut aussi

l'appellation de dunes Ogoliennes. Servant de cadre aux niayes ce système se distingue par des altitudes faibles et son aspect « végétalisé ».

1.4 Les niayes

Entre les systèmes dunaires, les dépressions hydromorphes se rencontrent tout au long de la Grande Côte. Ces cuvettes sont caractérisées par des fluctuations de la nappe phréatique au cours de l'année. Principalement deux unités peuvent être distinguées dans ce que l'on a coutume d'appeler niayes :

-D'abord les ndioukis qui correspondent à des dépressions peu profondes logées dans les bas-fonds hydromorphes des dunes blanches

-Ensuite les khours situées à l'interface des dunes rouges correspondant à des vestiges d'anciens réseaux hydrographiques et sont de ce fait en dimension et en taille plus impressionnants que les ndioukis.

1.5 La dynamique des systèmes dunaires

Les conditions géomorphologiques décrites ci- haut sont de nature à engendrer d'importantes activités géodynamiques. Surtout si l'on considère la Grande Côte comme une zone aux conditions anémométriques relativement intenses.

La direction des principaux courants aériens conjuguée à la granulométrie et à la compacité des sables de la zone permet de définir 6m/s comme vitesse moyenne11 de mise en activité des sédiments. Par ailleurs cette vitesse est fréquemment atteinte sur la Grande Côte. Les conséquences d'une telle activité sont essentiellement l'ensablement, le saupoudrage des cuvettes et l'avancée du front dunaire vers l'intérieur des terres. « L'analyse diachronique des diverses prises de vue aériennes permet de mettre en évidence l'accroissement des faciès dunaires vifs dans les dunes blanches et la remise en mouvement des dunes jaunes semifixées ». (BLOUIN, 1990)12.

Il faut aussi mentionner que les rapports sont inverses entre la couverture végétale et l'efficience des vents sur les sols dans la mesure où un bon recouvrement permet de fixer le matériel sableux et de réduire considérablement la mobilité des particules.

II. LE CADRE CLIMATIQUE

La région des Niayes avec une pluviosité n'excédant pas 500mm parvient à entretenir des essences qui dans leur milieu d'origine ont des exigences hydriques qui culminent autours de 1500mm/an. Cette capacité à maintenir une végétation assez hydrophile à des latitudes qui ne s'y prêtent pas vraiment est en partie due à des conditions climatiques particulières. Par ailleurs on attribue, dans une large mesure, à la réduction des précipitations et à la migration des isohyètes vers le sud, ces dernières décennies, l'apparition de conditions drastiques qui ont servi de catalyseur pour les processus de dégradations naturelles et anthropiques.

De telles constations posent au moins trois questions majeures.


· D'abord comment expliquer cette originalité phytogéographique d'un point de vue climatique ?

11- Moyenne déterminée par A.T Diaw (1980) 12 -Conservation des terroirs du littoral

· Ensuite quelle analyse explicative apporter aux processus qui ont présidé à

l'installation prolongée d'une sécheresse, vecteur de désertification et
d'uniformisation du paysage végétal dans cette zone ?

· Quel avenir envisager pour la flore subguinéenne et dans une moindre mesure la flore soudanienne dans le cadre d'un durcissement des conditions climatiques ?

2.1 Les particularités climatiques

Inscrit par les premiers chercheurs dans un domaine dit subcanarien (à cause de l'influence du courant froid des Canaris), la région est aujourd'hui reconnue comme appartenant au domaine soudano-sahélien ou encore le domaine de l'alizé maritime stable. Cette bande littorale nord est un domaine de transition entre le climat tropical sec et le climat tropical subaride. Elle est divisée entre le domaine «sahélien sud« au nord et le domaine «soudanien nord« au sud. Les limites y sont très peu précises et dépendent des variations de hauteurs d'eau précipitées.

Les conditions climatiques sur la Grande Côte sont assujetties aux courants anticycloniques liés à l'existence de centres d'action localisés à des latitudes supérieures. L'anticyclone des Açores, le plus influent dans le secteur littoral, apporte au climat une composante boréale avec des vents qui soufflent de novembre à juin. A partir de février cet anticyclone se déplace vers les basses latitudes. L'anticyclone maghrébin est quant à lui à l'origine de l'harmattan qui est un vent chaud et sec se manifestant de février à mai. L'anticyclone de Saint Hélène venant de l'Atlantique sud provoque des flux qui engendrent la mousson. Les différentes discontinuités issues des fronts provoquent un jeu de forces qui détermine le type de temps sur la Grande Côte.

Cette région aux caractères azonaux marqués, est sous l'influence de conditions locales spéciales qui président au maintien d'un environnement particulier. Celui-ci est mis en évidence à travers certains éléments du climat, notamment la modération des températures, l'humidité atmosphérique, l'exposition aux alizés etc.

2.1.1 La température

La température est l'élément climatique le plus affecté par la situation géographique littorale de la région. L'importance des alizés contribue à modérer les températures qui descendent en dessous de 20° C. Notons qu'à l'approche du littoral on passe en régime uni- modal avec un maximum d'hivers boréal (décembre - mai) et un maximum localisé en octobre. Contrairement à l'intérieur du pays, l'amplitude thermique diurne est faible (15 à 17°C). En définitif c'est la température qui rend mieux compte de l'existence d'un domaine littoral qui s'oppose au domaine continental.

2.1.2 L'humidité atmosphérique

Les régimes pluviométriques et thermiques particuliers de la zone de Niayes influencent largement l'humidité relative. Le fait que l'air soit en permanence chargé de vapeur d'eau accroît la différence entre les conditions côtières et l'intérieur. L'humidité relative est à son maximum pendant la saison des pluies, elle demeure toujours supérieure à 50% en saison sèche sauf en cas d'incursion de l'harmattan. La fréquence des alizés est l'explication principale à la forte humidité relative. Cette humidité est favorable à la rosée matinale. Celleci étant un phénomène quasi quotidien, induit un impact non négligeable sur la végétation en compensation à l'absence de précipitation pendant la saison sèche.

Pmm

1000

400

200

900

800

700

600

500

300

100

0

1951 1954 1957 1960 1963 1966 1969 1972 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999

Evolution pluviometrique de 1951-2000
Louga

Années

2.1.3 Les vents

Considéré comme le facteur climatique qui impulse les conditions locales particulières, le vent est sans nul doute l'élément climatique le plus important de la région des Niayes. L'exposition de la bande littorale aux flux de l'alizé maritime est largement responsable de l'originalité du milieu.

Avec une composante essentiellement nord, les alizés maritimes sont capables de faire sentir leur effet jusqu'au 200 km à l'intérieur des terres. Dès le mois de mai, le régime de mousson s'annonce par un renforcement des vents du sud, au détriment des vents du nord. L'harmattan quant à lui n'est ressenti sur la Côte que durant une courte période, mais contribue à une hausse sensible de la température.

2.2 Le déficit pluviométrique

La diminution et la rareté des pluies sont les éléments fondamentaux qui ont déclenché tous les processus naturels et anthropiques que nous observons aujourd'hui. Le milieu connaît une péjoration climatique sans précédent par sa gravité et sa durée. Elle s'est accompagnée de modifications paysagères.

Il convient à cet effet de rappeler que la Grande Côte est soumise à un régime pluviométrique plus aléatoire que les zones de l'intérieur. La principale perturbation pluviométrique du Sénégal étant produite par les lignes de grains, alors que ces dernières à l'approche de la côte entrent en contact avec les flux océaniques qui, en fonction de leurs caractéristiques hygrométriques et thermiques, peuvent devenir des facteurs contraignants pour le déclenchement des précipitations, ce qui explique que parfois la pluviosité des zones côtières est défavorisée par rapport à celle de l'intérieur. Les moyennes enregistrées ne dépendent pas seulement de la position de l'équateur météorologique ou du nombre de perturbations pluvioorageuses mobiles mais également de l'activité des alizés maritimes qui à cette période de l'année (hivernage) sont censés être affaiblis.

La dépendance du Sénégal et surtout du domaine sahélien vis-à-vis des lignes de grains en termes d'apport pluvial expose le pays à une plus grande vulnérabilité en raison de la très grande variabilité interannuelle du nombre de lignes de grain.

Certains dates rendent à cet effet assez bien compte de cette vulnérabilité : 1950, 1975, 1983. La région des Niayes peut, selon les années et en raison de son caractère transitoire, enregistrer des pluviosités caractéristiques de la zone sahélienne ou de la zone soudanienne. En plus de cette variabilité importante, il est de plus en plus noté une régression d'ensemble des isohyètes 300, 400 et 500 mm vers le Sud.

La réduction généralisée des moyennes par rapport à la normale est constatée, mais plus inquiétant encore, on note un glissement des normales les unes par rapport aux autres. « A Saint Louis la normale (1901-1930) était de 409,6 mm ; elle passe à 341,7mm pour la période de 1931-1960 soit une baisse de 67,9 mm. La normale continue de descendre avec une baisse de 79,4 mm entre 1961-1990 par rapport à la précédente » (A.L Ndiaye 1995).

Ces fluctuations erratiques des facteurs climatiques font peser sur le devenir de la végétation des niayes une inquiétude d'autant plus justifiée que les actions anthropiques s'ajoutent à ces contraintes naturelles. La sécheresse générale dans laquelle a été plongé le pays tout entier a eu sur les niayes centrales des conséquences spécifiques en raison des systèmes dunaires sur lesquels repose le paysage. On constate sur la végétation une réduction de la diversité avec une raréfaction des essences guinéennes ou même soudaniennes. Sur ce plan la végétation se conforme de plus en plus au domaine climatique. Il est noté une réduction significative des effectifs d'Elaeis guineensis13 pourtant très caractéristiques de la zone.

III. LE CADRE HYDROLOGIQUE ET HYDROGEOLOGIQUE

Ce cadre sera abordé essentiellement sous deux angles, d'abord comme la conséquence de la variabilité climatique et comme principal facteur d'alimentation en eau de certaines essences à travers les nappes.

3.1 Les conditions hydrologiques et hydrogéologiques

La région des Niayes ne possède pas aujourd'hui de réseaux hydrographiques, cependant sa morphologie laisse entrevoir les vestiges d'une ancienne vallée fluviale exoréique perpendiculaire à la côte (M.Fall 1986). Il existe néanmoins des petits marigots qui autorisent un ruissellement pendant la saison des pluies et un chapelet de lacs pérennes ou le plus souvent temporaires.

Le massif dunaire qui jalonne le littoral constitue un système aquifère phréatique qui repose sur des nappes du Maestrichtien, du Paléocène, de l'Eocène et du Quaternaire.

La ressource hydrologique directement accessible pour les cultures et certaines essences ligneuses est constituée par les nappes du Quaternaire. A la base des sables se trouve un substratum marneux ou marno-calcaire. Les études menées par la FAO en 1974 montrent qu'il y a une remontée du substratum du Sud au Nord de la région. Le toit de la nappe est atteint entre 4m au niveau des dépressions et 11m sur les dunes les plus élevées, ce qui conditionnement fortement l'organisation des espèces des hauteurs vers les bas fond.

3 .2 Les implications pour la nappe phréatique

Même si selon le rapport final sur l'inventaire biophysique de la région, moins de 4% des possibilités des nappes du Quaternaire et du Continental Terminal sont actuellement exploitées, il faut reconnaître que la recharge de celles-ci reste absolument tributaire de la pluviosité d'où d'importantes variations du niveau de la nappe en fonction de la variabilité saisonnière et interannuelle. « Dans les niayes centrales les fluctuations piézométriques peuvent atteindre jusqu'à 0,27m /an » (R .Ndiaye.2000). L'analyse des photos aériennes de 1954 à 2000 montre un assèchement progressif des nappes affleurantes. En 1954 toutes les

cuvettes ou presque étaient inondées, en 1978 l'affleurement était de plus en plus temporaire pour devenir finalement exceptionnel aujourd'hui.

IV. LE CADRE PHYTOGEOGRAPHIQUE

Ce cadre est sans doute le plus important dans le contexte de notre analyse. Nous pourrions sans porter atteinte à la substance de notre étude la réserver pour la seconde partie mais il nous semble nécessaire de le fixer dès le départ. Eu égard à la limite spatiale que nous nous somme donnée14, il devient indispensable pour comprendre la dynamique d'ensemble qui régie la végétation dans cette zone, de procéder au préalable à une description sommaire de celle-ci à l'Est (dune rouge) et à l'ouest (dunes jaune) de la bande considérée afin de pouvoir, par la suite, l'éliminer de nos observations.

Car s'il est vrai que la végétation des niayes en question est atypique, il faut reconnaître qu'elle subit de plus en plus un processus d'uniformisation vis avis de la végétation plus steppique qui subsiste sur les dunes jaunes semi-fixées et celle à caractère plus savanicole des dunes rouges.

4.1 Les paysages végétaux

Les formations végétales qui s'étendent dans la partie centrale de la zone des Niayes présentent une certaine diversité qui peut rendre leur classification délicate.

Distinguons par simple commodité celles des dunes blanches et jaunes de celles des dunes rouges.

4.1.1 Les dunes blanches et jaunes

Cette végétation pseudo-steppique est une formation d'origine édaphique colonisant un substrat peu évolué et marqué par une dynamique éolienne intense qui entrave son développement vers la savane. Il s'agit d'une végétation composée d'espèces pionnières qui fait suite à un processus d'ensablement d'envergure considérable.

On note juste en arrière de la bande de filao des dunes blanches, une végétation qui perce un peu partout le mince placage d'apport sableux (sable blanc) constituant une couverture très clairsemée. En progressant vers l'Est on rencontre une densité plus importante composée essentiellement d'essences épineuses à l'exception de Parinari macrophylla qui se présente ici sous un aspect très rabougri. Du fait de ce nanisme, qui affecte d'ailleurs la majorité des essences, l'aspect d'ensemble de la formation est plutôt buissonnant avec toute fois des secteurs isolés que l'on peut associer à la savane arbustive ou boisée.

D'une faible diversité floristique, ces pseudo-steppes sont marquées par la présence d'essences telles que Acacia ataxacantha, Dychrostasys cinerea, Maytenus senegalensis, Opuntia tuna et Balanites aegyptiaca qui constituent, en dehors des essences exotiques, les espèces majoritaires.

4.1.2 Les dunes rouges

Sur ce flanc Est des niayes apparaît une interaction intéressante entre la végétation et les activités de l'homme, ceci du fait de l'agencement d'établissements humains tout le long de la régionale 70 bis qui sert souvent ici de limite artificielle. La topographie étant nettement moins marquée que vers l'ouest, l'organisation de la végétation ne s'y calque plus vraiment,

14- Uniquement la bande renfermant les dépressions ou niayes

on retrouve pratiquement les mêmes essences dans les dépressions et sur les sommets émoussés. Des individus esseulés d'Adansonia digitata, d'Acacia albida, d'Acacia seyal, de Balanites aegyptiaca et plus occasionnellement de Parinari et d'Anacardium se rencontrent çà et là. La strate sous ligneuse est dominée par trois essences caractéristiques que sont Guiera senegalensis, Anonna senegalensis et Boscia senegalensis. Les plantes herbacées sont peu développées avec une hauteur rarement supérieure à 50 cm. On y retrouve des graminées tels que Cenchrus biflorus mais également certaines rampantes à l'image de Leptadenia hastata, Ceropegia praetermissa, Merremia tridentata, Momordica balsamina.

Le statut de savane qui est associé à cette zone tient au paysage herbeux et buissonnant qu'elle présente en association avec plusieurs arbres et arbustes distribués de manière disparate. Cette savane à forte connotation sahélienne (par la nature des ligneux) comporte de nombreuses marques d'activités humaines qui rompent la continuité herbeuse faisant appelle à de nouvelles notions comme parc arboré ou boisé. On observe de nombreuses traces d'activités culturales (culture pluviale) qui font aujourd'hui l'objet d'un abandon de plus en plus systématique. Le secteur semble aussi s'être transformé en zone de pâturage pour le bétail.

V. LE CADRE SOCIO-ECONOMIQUE

En 1878, l'annuaire du Sénégal décrit les Niayes comme une région où se rencontrent une végétation forte, des lacs, des mares et des fontaines. Mais les années passant, les ressources végétales ont fortement régressé à mesure que s'affirmait l'emprise humaine sur le milieu15. Cette situation suscite pour nous des interrogations de fond. En effet comment légitimer une réflexion qui s'exerce sur une population à majorité rurale dont la principale activité agricole commence à poser des questions de plus en plus poignantes pour le devenir de l'écosystème naturel ?

Il semble de bon sens que nous commencions par comprendre la dynamique, la structure et l'organisation de cette population. Nous nous permettons de restreindre les considérations démographiques et socioéconomiques à la communauté rurale de Darou Khoudoss dans laquelle est entièrement logée notre zone d'étude et dans une moindre mesure à la commune de Mboro.

5.1 L'hiérarchisation sociale

Les sociétés de la Grande Côte ont hérité de leur tradition des modes d'organisation sociale qu'ils adaptent plus moins aux contraintes et réalités actuelles. Ces sociétés pour la plupart rurales sont structurées autour de codes hiérarchiques qui les consolident. Le pouvoir est détenu par un notable (par délégation), l'aîné de la famille issue de la génération la plus ancienne. Il appartient à ce chef d'exercer certaines prérogatives dont notamment l'organisation sociale de la vie, la gestion du patrimoine foncier de la communauté, la résolution de problèmes internes, la représentation du village devant les autorités administratives etc. D'autres personnes, Marabout, imam, notables ont un rôle d'assistants et de conseillers et peuvent dans certains domaines intervenir dans la gestion du village.

L'organisation des sociétés wolofs se fait selon une hiérarchisation en castes. On a donc la
caste des « geer » autrement dit la caste supérieure constituée d'agriculteurs de pêcheurs et

15 -Rappelons tout de même que la sécheresse et le déficit pluviométrique y sont pour beaucoup

d'éleveurs. Ensuite on a la caste des « neeon » qui est celles des artisans spécialisés. Chez les peuls le principe est sensiblement le même. Ainsi on a les hommes libres non « castés » qui dominent les groupes subalternes (pêcheur, artisans).

5.2 Le peuplement et l'occupation du sol

Actuellement très attractive la Grande Côte sénégalaise n'a pas toujours drainés les populations surtout dans les zones rurales. C'est au 13eme siècle que les premiers occupants, que certains disent originaires du Mandingue et d'autres du Niger, sont signalés. Vers 1680 des peul profitent de l'humidité estivale de cette zone pour transhumer avec leurs bétails et repartent durant la saison des pluies. Au 18eme siècle, les instabilités dans le Djolof conjuguées aux razzias des esclavagistes conduisent les wolof à se fixer sur la Grande Côte. Ensuite la période coloniale avec le passage du courrier de Dakar à Saint Louis par la Grande Côte est à l'origine de la naissance de la piste des Niayes.

Les postes fortifiés à Mboro, Lompoul, Pout et Mbidje attiraient de plus en plus la population. Des minorités s'ajoutent à ces ethnies pour constituer la population de la région des Niayes. Notons que la grande mobilité qui caractérisait les populations de la région qui se déplaçaient d'une zone écologique à une autre dans le but de tirer partie des ressources variées est aujourd'hui considérablement réduite par les contraintes foncières et l'appauvrissement de la zone en ressources.

Le peuplement humain d'une manière générale est plus important au Sud (vers le siège de CR et vers Mboro) qu'au Nord (avec des terroirs isolés comme Lompoul ou Mbétèt I) et à l'Est (à cause de la régionale70) qu'à l'Ouest (où il ya surtout des hameaux). Par ailleurs, le type d'habitat diffère que l'on soit à l'intérieur ou sur la côte. « La distribution des habitats dans la zone des Niayes reste fortement corrélée aux systèmes dunaires et aux conditions écologiques.» (J.M Chastel. 1982)16. Sur les dunes blanches, s'égrainent les hameaux peuls comme keur Samba Radié, Lite ou encore Keur Alle Mar dont la forme rappelle leur tradition nomade. Les hameaux sont marqués par une très forte dispersion et leur position sur les dunes littorales s'explique par le souci d'échapper aux moustiques. Plus à l'Est, on assiste à une densification de l'occupation par rapport aux dunes blanches. Les populations à majorité wolofs occupent alors les bords des niayes les plus fertiles, perchés au sommet des dunes.

5.3 La démographie

La population de la communauté rurale de Darou Khoudoss était estimée, selon le PLD, à 39 684 habitants en 2003, soit une densité moyenne de 76 habitants au km2. Notons cependant que les difficultés d'accès à certains villages rendent ces chiffres très relatifs. Cette population est inégalement repartie entre les 66 villages et les 24 hameaux officiellement répertoriés. La taille des villages dans la région des Niayes centrales demeure très variable, 72% d'entre eux demeurent inférieur à 500 personnes. Les villages de moins de 100 personnes se distribuent en parts à peu prés égales entre les dunes littorales et les dunes rouges. Quant aux villages qui comptent moins de 200 personnes, près de 60% se localisent sur les dunes littorales.

5.4 Les activités

Présentant à l'origine d'immenses avantages pour l'agriculture (culture de légumes ou de riz
dans les dépressions, culture pluviale dans le diéri) avec des ressources hydriques

apparemment inépuisables, la région des Niayes constituait une zone de prédilection pour bon nombre d'activités (ENDA17). Mais ce milieu exceptionnel à fait l'objet d'une exploitation sans borne de ses ressources provoquant une rupture d'équilibre18 qui a conduit à l'abandon progressif des secteurs moins rentables.

Même si la commune de Mboro dispose d'abondantes terres de culture (cuvettes, niayes) propices au maraîchage et à l'arboriculture, l'agriculture qui était naguère l'activité quasi-exclusive de presque toutes les familles, occupe de nos jours seulement 17,2% de la population active19. La zone voit certaines activités rurales de plus en plus délaissées, les cultures pluviales (manioc, mil, niébé) sont en voie d'abandon, la pèche et l'élevage qui sont des activités essentielles pour certaines communautés sont de plus en plus jumelées au maraîchage. Tout porte finalement à accentuer le rabattement de la population sur les cuvettes maraîchères dont l'exploitation semble seule à même d'apporter des revenus conséquents aux ménages de cette région.

L'exclusivité du rapport que nous avons choisi d'établir entre la végétation et le maraîchage nous a obligé donc en amont de cette réflexion à considérer les autres facteurs susceptibles d'influer sur l'évolution de la végétation. Car il est extrêmement périlleux dans le contexte d'un milieu aussi interactif de rattacher systématiquement à une seule cause les variations de la végétation

17 -Pratique de la conservation de l'eau et des sols dans la région des Niayes - ENDA, ODI (1999)

18 -Impossibilité de reconstitution ou de régénération de la ressource exploitée

19 - Etude d'impact du projet Zircon de la Grande Côte

DEUXIEMME PARTIE

Etude de la végétation et de l'activité maraîchère

Chapitre III : ANALYSE PHYTOSOCIOLOGIQUE

La question de l'urgence d'une prise de conscience de la dynamique régressive qui s'exerce sur la végétation des niayes centrales est quelque peu handicapée par l'ancienneté des informations la concernant. Reste gravée dans bien des esprits l'image d'une végétation luxuriante que les premiers chercheurs se sont évertués à peindre. Les récentes études se sont largement contentées de reprendre les termes consacrés de «végétation relictuelle«, de «végétation guinéenne «en déphasage parfois avec la réalité qui a considérablement évoluées. S'il est vrai que les cuvettes sont aujourd'hui à sec et que l'ont fait ardemment appel à la motorisation pour irriguer les plantes maraîchères, il va sans dire aussi que les informations sur une végétation dite hygrophile se doivent d'être actualisées.

L'analyse des communautés végétales à cet effet peut se faire selon plusieurs procédures basées sur des considérations d'ordre physionomique, floristique, écologique ou dynamique. L'approche phytosociologique que nous préconisons ici est fondée sur la notion d'association végétale. Cette notion admet, comme nous l'avons déjà dit, une certaine familiarité entre les espèces de sorte que la présence d'une espèce peut de fait induire celle d'un contingent d'espèces qui lui sont généralement rattaché.

Mais la zone d'étude présente des particularités qui peuvent fortement influencer la composition floristique et perturber l'analyse phytosociologique si elles ne sont pas prises en compte. Les irrégularités topographiques induisent une chaine de cause à effet. Les pentes déterminent la circulation latérale de l'eau, ce qui a pour conséquence l'accumulation de la matière organique et minérale dans les parties basses de ce paysage. Ces irrégularités topographiques déterminent des sols plus humides, plus développés et une végétation normalement plus riche et plus dense pour les bas-fonds d'où une organisation spécifique de la végétation suivant chaque compartiment de la toposéquence.

I. LA ZONE D'ETUDE ET LES LIMITES DE L'ECHANTILLONNAGE

La zone que nous avons retenue pour l'étude concerne uniquement l'étroite bande située à l'interface des dunes jaunes et des dunes rouges. Elle présente une extension latérale assez limitée, cette étroitesse est d'autant plus importante que la bande se rétrécit de plus en plus sous l'effet de l'ensablement à l'ouest et de l'abandon des cuvettes à l'Est.

La végétation dont il est ici question d'examiner la composition et l'évolution est logée dans une bande naturelle, elle s'y trouve en concurrence ou en association avec les cultures maraîchères.

Ces différentes observations sur le contexte où évolue la végétation ligneuse soulèvent des questions fondamentales qu'il faut élucider avant d'entamer l'exploitation des relevés.

-Quels espaces précisément ont fait l'objet d'échantillonnage compte tenu de l'importance spatiale des cultures maraîchères ?

-Quelle valeur l'échantillon a, si l'on considère la longueur et l'hétérogénéité de la zone d'étude ?

La question de l'hétérogénéité du milieu a trouvé une réponse dans le cadre méthodologique. Quant au problème que pose la longueur de la zone d'étude, on peut dire qu'il est mineur si on considère la faiblesse des largeurs. A la première question qui parait la plus pertinente, nous pouvons répondre en affirmant que ce milieu est entièrement humanisé et par conséquent tous les relevés doivent se faire en considérant l'emprise humaine sur la flore et la végétation. Par ailleurs compte tenu du développement du maraîchage les relevés sont réalisés dans des lambeaux de végétation situés entre deux secteurs cultivés ou carrément à l'intérieur des champs.

 
 

N

~

~~~
~

~


·

Fas boye

~
~~

~ ~

~ ~

~ ~

Golgaindé

re R18 R19

R17 R11

0 A a

~

~ ~

R15 ~ ~ ~~ ~~ ~~ ~~

~ ~

li ~~~~

R16 R13 R12 ~ ~ ~

~

R14 % ~~

~

· R20

RA

~~ R21

R22

~~ R23

~~ ~~ R25 R24

Beno

~ ~~

~ ~

Indal

R27

~~~~ R26

~~ 28 Touba Ndiaye

~~~~

~

~~

R29

~~ ~

~ ~ ~ ~~~~ R30

R33

~

R34 ~~

~

R32 . R35

· R31 R39

Diogo sur mer

Route régionale

R1
· ~

· ,,
·
·

~ ~~

~~ R5 R2 ~ Diogo

~~

.

R3

~~ R6 ~ ~

~~ Darou Fal

~~ ~~ ~

~~ R7 ~~ R4 ~ ~

~~ R8

~

R10 R9
·Fa

· l

~~

~ ~ ~ ~ Darou Ndoye

~~
~

~ ~ ~~

Darou Guéye

Route régionale

Placette

~ Etablissement humain

Piste

Route

Délimitation de la zone d'étude

 
 
 
 
 
 

Zone d'échantillonnage

5 Kilomètres


·
· ~~ ~ R37

~

~R36

: S Ndjekouneyom-2007 ~ 0 1 2 3 4

 
 
 
 
 

II. L'EXPLOITATION DES RESULTATS DE L'INVENTAIRE FLORISTIQUE

Les données issues de l'inventaire floristique feront l'objet d'un traitement dont les modalités seront exposées dans les pages suivantes. Mais signalons d'ores et déjà qu'il sera question de quelques clarifications méthodologiques, car la meilleure manière de rendre les résultats accessibles ici est de les rapprocher de la méthode qui les a produits20.

2.1 Le tableau brut

Le tableau brut bien que ne constituant pas, à proprement parler, une méthode de traitement offre une très bonne lisibilité des données dont il résume l'essentiel (liste des espèces par relevé, abondance dominance). La notation des relevés se fait en colonne et celle des espèces en ligne suivant l'ordre de leur apparition sur le terrain.

Le tableau ainsi établi a permis de lister 56 espèces, ce qui, compte tenu de la surface échantillonnée (10ha) et du type biologique retenu, montre un effectif intéressant d'autant plus que le total officiel des plantes ligneuses fait état de 80 espèces dans cette zone.

Nous avions dès le départ convenu d'exclure de l'inventaire les nombreuses essences rampantes et grimpantes comme Leptadenia hastata, Ceropegia praetermissa, Momordica balsamina, Ipomaea hederifolia, Ipomaea asarifolia, Merremia tridentata ou encore Rhynchosia alba-pauli et certains sous-ligneux comme Cassia occidentalis ou des essences crassulescentes comme Opuntia tuna dont la présence autour des champs peut créer des fourrées impénétrables. Ainsi trois types biologiques ont pu ressortir de ce recensement :

33 espèces arborescentes 13 espèces arbustives

10 espèces buissonnantes

Toute fois il reste à signaler que la plupart des espèces ne sont pas exclusives d'un type biologique en particulier. Elles peuvent appartenir à la fois au type buissonnant et arborescent et cela en fonction de leur biotope, Parinari illustre bien cette situation.

La lecture du tableau 1 montre une fluctuation des effectifs des espèces suivant les relevés. Le relevé 40 est le plus diversifié avec 13 espèces et contraste avec le relevé 8 qui n'en présente que 2 (avec néanmoins un bon coefficient d'abondance-dominance pour Eucalyptus).

20 -Faute de quoi la compréhension des résultats peut poser problème. Par ailleurs si on considère le DEA comme un approfondissement de la méthode et des idées (Paul Ndiaye), cette approche ne semble pas constituer une grave entorse à la procédure habituelle.

Tableau 1 : Tableau brut

Source :Inventaire floristique (S. NDJEKOUNEYOM -2007)

 

ESPECES

R1

R2

R3

R4

R5

R6

R7

R8

R9

R10

R11

R12

R13

R14

R15

R16

R17

R18

R19

R20

R21

R22

R23

R24

R25

R26

R27

R28

R29

R30

R31

R32

R33

R34

R35

R36

R37

R38

R39

R40

1

Euphorbia balsamifera

+

 
 
 

3

 

3

 
 
 
 
 

+

 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 

+

+

 
 
 
 
 

2

Tamarindus indica

+

 

+

 

+

 
 
 
 

2

+

 
 
 
 

+

+

 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 

3

Piliostigma reticulatum

+

 

+

 

+

 
 
 
 

+

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 

+

4

Acacia ataxacantha

+

 
 
 
 
 

+

 
 

3

 

+

 
 
 

2

 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

5

Dichrostachys cinerea

+

 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 

+

+

 
 

+

 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 

+

6

Acacia albida

+

 

+

 

+

 
 
 
 

+

+

+

 
 
 
 
 
 
 
 

2

 
 
 

+

 
 
 

+

+

+

 
 

+

+

 

+

 
 

+

7

Cocos nucifera

 

+

 

+

 
 
 
 

+

 
 
 
 

+

+

 

2

 

+

 
 
 
 
 
 

+

 
 

+

 

3

2

+

 
 

+

3

 

+

 

8

Mangifera indica

 

+

 

+

 

+

 
 

+

 
 
 
 

+

 
 
 
 

+

+

 
 
 
 
 

+

 

+

+

 

2

+

+

 
 

+

+

2

4

3

9

Azadirachta indica

 

+

 

2

 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 

+

 
 
 

+

 
 

2

3

+

 

+

10

Adansonia digitata

 

+

 

+

 
 

+

 
 
 
 
 
 
 

3

 
 

+

 
 
 

+

 
 

+

 
 
 

+

+

+

 

+

 
 
 
 
 
 

+

11

Elaeis guineensis

 

+

 
 
 
 
 

+

3

 

+

 

+

 
 
 
 

+

 
 
 

2

+

+

 

2

4

2

 
 
 

4

3

 
 

+

+

3

5

+

12

Capparis tomentosa

 

+

 
 
 
 

+

 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 

+

13

Phyllanthus reticularus

 

+

 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

+

+

+

+

14

Calotropis procera

 

+

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 

+

 
 
 
 

+

+

 
 
 
 
 

+

 
 
 

2

 
 

+

 
 

15

Ficus dicranostyla

 

+

 

+

 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

2

 
 
 
 
 

+

 
 
 
 

+

 
 

16

Eucalyptus camaldulensis

 
 

+

 
 

+

+

3

+

 
 
 
 
 
 
 
 

+

+

 
 

2

2

+

+

 

+

 
 
 
 
 

+

+

 
 
 
 
 
 

17

Lawsonia inermis

 
 
 

+

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 

+

18

Acacia holosericea

 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

19

Zizyphus mauritiana

 
 
 

+

 
 
 
 
 
 

+

 
 

+

 
 
 
 

+

+

 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 

20 Alchornea cordifolia

 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

21

Newbouldia laevis

 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 

22

Parinari macrophylla

 
 
 
 

+

 

+

 
 
 

+

+

+

+

 

2

 

+

 
 
 
 

2

+

 
 

+

 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 

23

Balanites aegyptiaca

 
 
 
 

+

 
 
 
 

2

 
 
 
 
 

+

 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2

 
 
 

3

+

 
 
 
 
 

24

Maytenus senegalensis

 
 
 
 

+

 
 
 
 
 

+

 
 

+

 
 
 

+

+

+

4

 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 

25

Acacia ehrenbergiana

 
 
 
 

+

 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 

+

 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

26

Borassus aethiopum

 
 
 
 
 

+

 
 
 
 

+

 
 
 

+

 

2

+

 
 
 
 

+

+

3

+

 

+

2

 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

+

27

Ficus ovata

 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 

2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

28

Anacardium occidentale

 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 

+

 
 

+

 
 
 
 
 

+

+

+

 
 

+

 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

29

Ficus exasperata

 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 

30

Annona senegalensis

 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 

31

Guiera senegalensis

 
 
 
 
 
 

+

 
 

3

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

32

Acacia seyal

 
 
 
 
 
 

+

 
 
 

3

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

33

Psidium guajava

 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

34

Citrus limon

 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 

+

 
 

+

 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

35

Ricinus communis

 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

36

Dialium guinense

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

37

Khaya senegalensis

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

38

Commiphora africana

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 

+

 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 

39

Boscia senegalensis

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 

+

 
 
 
 
 

40

Cassia bicapsularis

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

41

Xylopia aethiopica

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 

3

 

42

Lannea acida

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

43

Casuarina equisetifolia

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

44

Grewia bicolor

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

45

Sesbania sesban

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 

3

2

 
 
 

46

Cassia siamea

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 

47

Asparagus africanus

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

48

Jatropha gossypifolia

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

49

Annona muricata

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 

+

 
 
 
 

+

 

+

 
 
 
 
 

50

Ficus sur

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 

+

+

 

51

Prosopis juliflora

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 

+

 
 
 

52

Jatropha curcas

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

3

 
 
 
 

+

53

Melaleuca leucadendron

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

+

 
 
 

54

Aphania senegalensis

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 

55

Ceiba pentandra

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

56 Strophanthus sarmentosus

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

TOTAL 6

9

5

10

10

7

9

2

9

8

12

4

6

10

6

8

7

10

8

7

8

5

5

6

10

8

6

7

8

6

10

5

10

5

7

11

11

7

8

13

2.2 L'aire minimale

En utilisation le tableau brut on peut déterminer l'aire minimale. Pour ce faire nous avons divisé les 40 relevés en 10 classes de 4, ce qui nous a permis d'établir la courbe de l'évolution du nombre des espèces au fur et à mesure de l'augmentation de la surface échantillonnée.

On constate une augmentation spectaculaire du nombre des espèces sur une petite surface, plus de 20 espèces en l'espace d'un hectare. Puis l'enrichissement de la flore ralentit progressivement. Il est à noté que malgré la grande différence enregistrée au niveau de la densité végétale entre le nord et le sud de notre zone d'étude, la courbe ne signale pas véritablement l'entrée dans un nouvel individu d'association.

Figure 6 : Courbe de l'aire minimale

Source : Inventaire floristique (S. NDJEKOUNEYOM 2007)

2.3 Le tableau de présence

D'importantes disparités ressortent de l'observation du tableau brut. En effet certaines espèces sont marginalement représentées tandis que d'autres ont une fréquence d'apparition assez élevée. M.Gounot21 affirme à cet effet que « les espèces très rares ou de degré de présence très élevé sont peu intéressantes (...). On inclut dans le tableau de présence que des espèces de degré de présence ni trop grand ni trop petit ». Ellenberg22 propose de ne retenir que des espèces qui ont des degrés de présence compris entre 12 et 60%. Par le calcule du pourcentage on réussit à déterminer les espèces à retenir.

Les espèces affichant un taux de présence inferieur à 5 relevés sont éliminées, ce qui correspond à plus de la moitié des essences du tableau brut. Notons qu'il n'existe pratiquement pas d'espèces éliminées du fait de sa trop grande fréquence.

21 Note de biogéographie N°1

Tableau 2 : Tableau de présence

ESPECES

R1

R2

R3

R4

R5

R6

R7

R8

R9

R10

R11

R12

R13

R14

R15

R16

R17

R18

R19

R20

R21

R22

R23

R24

R25

R26

R27

R28

R29

R30

R31

R32

R33

R34

R35

R36

R37

R38

R39

R40

Pr,

Euphorbia balsamifera

*

 
 
 

*

 

*

 
 
 
 
 

*

 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 

*

*

 
 
 
 
 

8

9

8

7

8

14

15

18

11

12

19

6

8

10

7

15

6

7 12 7

9

13

8
5

Tamarindus indica

*

 

*

 

*

 
 
 
 

*

*

 
 
 
 

*

*

 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 

Piliostigma reticulatum

*

 

*

 

*

 
 
 
 

*

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 

*

Acacia ataxacantha

*

 
 
 
 
 

*

 
 

*

 

*

 
 
 

*

 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Dichrostachys cinerea

*

 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 

*

*

 
 

*

 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 

*

Acacia albida

*

 

*

 

*

 
 
 
 

*

*

*

 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 

*

 
 
 

*

*

*

 
 

*

*

 

*

 
 

*

Cocos nucifera

 

*

 

*

 
 
 
 

*

 
 
 
 

*

*

 

*

 

*

*

 
 
 
 
 

*

 
 

*

 

*

*

*

 
 

*

*

 

*

 

Mangifera indica

 

*

 

*

 

*

 
 

*

 
 
 
 

*

 
 
 
 

*

*

 
 
 
 
 

*

 

*

*

 

*

*

*

 
 

*

*

*

*

*

Azadirachta indica

 

*

 

*

 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 

*

 
 
 

*

 
 

*

*

*

 

*

Adansonia digitata

 

*

 

*

 
 

*

 
 
 
 
 
 
 

*

 
 

*

 
 
 

*

 
 

*

 
 
 

*

*

*

 

*

 
 
 
 
 
 

*

Elaeis guineensis

 

*

 
 
 
 
 

*

*

 

*

 

*

 
 
 
 

*

 
 
 

*

*

*

 

*

*

*

 
 
 

*

*

 
 

*

*

*

*

*

Capparis tomentosa

 

*

 
 
 
 

*

 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 

*

Phyllanthus
reticularus

 

*

 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

*

*

*

*

Calotropis procera

 

*

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 

*

*

 
 
 

*

*

 
 
 
 
 

*

 
 
 

*

 
 

*

 
 

Ficus dicranostyla

 

*

 

*

 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

*

 
 
 
 
 

*

 
 
 
 

*

 
 

Eucalyptus camaldulensis

 
 

*

 
 

*

*

*

*

 
 
 
 
 
 
 
 

*

*

*

 

*

*

*

*

 

*

 
 
 
 
 

*

*

 
 
 
 
 
 

Lawsonia inermis

 
 
 

*

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 

*

Zizyphus mauritiana

 
 
 

*

 
 
 
 
 
 

*

 
 

*

 
 
 
 

*

*

 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 

Parinari macrophylla

 
 
 
 

*

 

*

 
 
 

*

*

*

*

 

*

 

*

 
 
 
 

*

*

 
 

*

 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 

Balanites aegyptiaca

 
 
 
 

*

 
 
 
 

*

 
 
 
 
 

*

 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 

*

*

 
 
 
 
 

Maytenus senegalensis

 
 
 
 

*

 
 
 
 
 

*

 
 

*

 
 
 

*

*

*

*

 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 

Borasus aethiopum

 
 
 
 
 

*

 
 
 
 

*

 
 
 

*

 

*

*

 
 
 
 

*

*

*

*

 

*

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

*

Anacardium occidentale

 
 
 
 
 

*

 
 
 
 
 
 

*

 
 

*

 
 
 
 
 

*

*

*

 
 

*

 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Citrus limon

 
 
 
 
 
 
 
 

*

 
 
 
 

*

 
 

*

 
 

*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*

TOTAL:

6

9

5

8

8

5

6

2

7

6

8

3

4

7

5

6

6

8

6

8

3

4

5

6

9

6

6

3

7

5

9

4

7

3

3

7

6

6

5

12

 

Source : Inventaire floristique (S. Ndjekouneyom -2007)

Ceci s'explique par le fait que les biotopes étudiés sont fort dissemblables et cela relèverait d'un certain exploit qu'une espèce puisse s'adapter à des conditions aussi différentes.

2.4 Les espèces rares

Sur les 56 espèces préalablement répertoriées nous n'avons retenu que 24 dans le tableau de présence. L'élimination de certaines espèces soulève des interrogations. En effet des essences aussi caractéristiques des niayes que le sont devenues Casuarina equisetifolia (dunes blanches et jaunes) ou encore Boscia et Annona senegalensis (zone de terroir) sont supprimées de la liste. Ce qui révèle d'une part que la bande à l'intérieur de laquelle nous avons choisi de faire nos travaux d'inventaire présente une dynamique particulière parfois très différente de celle de sont voisinage immédiat en terme de composition floristique et d'autre part que les ensembles vraiment boisés sont rares et que ce sont plutôt les individus isolés qui sont bien représentés. Ceci conduit à dire que les espèces rares sont plus nombreuses que les espèces dominantes indiquant un certain appauvrissement dans les effectifs des essences considérés.

2.5 L'homogénéité des groupements

« Il faut signaler à ce niveau la différence d'approche entre le tableau de présence qui ne considère que certaines espèces et le teste d'homogénéité qui les prend toute en compte pour ne voire disparaître tout ou partie des classes I, II III, IV, V ». Cette procédure de validation se réalise en tenant compte du nombre de plantes dans 1 à 20% des relevés (classe I), puis celles dans 21 à 40% des relevés (classe II) etc. On réalise par la suite un histogramme de fréquence de classe I à V dont l'allure régulièrement décroissante indique l'homogénéité des relevés.

Figure 7 : Histogramme de présence des espèces

Source : (Inventaire floristique) -S. NDJEKOUNEYOM - 2007

On remarque que plus de 57% des espèces se retrouve dans la première classe et par ailleurs la différence entre la classe IV et V est minime. Mais notons que la variation souvent inexplicable de cette courbe fait qu'il est difficile d'accorder plein crédit à cette méthode.

2.6 L'analyse différentielle

L'inconvénient avec le tableau brut et même avec le tableau de présence c'est qu'ils ne permettent pas de rendre compte immédiatement de la proximité des relevés et donc des essences afin de déterminer des groupements.

L'analyse différentielle est, à cet effet, une méthode d'étude statistique des liaisons interspécifiques. Elle permet d'établir des similitudes floristiques entre les relevés. « L'évaluation de cette proximité repose sur le calcule d'un coefficient dit de similitude dont l'objet est de quantifier les ressemblances des listes d'espèces prises deux à deux »22. Plusieurs formules du coefficient de similitude existent (et certaines très complexes tiennent compte même de l'abondance des espèces dans les surfaces soumises à la comparaison) mais nous préférons utiliser ici celle de Jaccard dont la formulation est la suivante :

PJ = 100 C (A+B) - C

A - indique le nombre d'espèces du premier relevé

B - indique le nombre d'espèces du second relevé

C - correspond au nombre d'espèces communes

Le coefficient varie de 0 à 100, plus il est élevés, plus les deux relevés se ressemblent.

La formule de cet indice est simple mais son application à 40 relevés comparés deux à deux donne lieu à des opérations très longues et fastidieuses nécessitant pas moins de 1600 calculs.

L'utilisation des résultats du tableau de présence par opposition à ceux du tableau brut permet de renforcer incontestablement la similitude entre les relevés. L'utilisation du coefficient de Jaccard nous permet de faire une analyse différentielle de Czekanowski dont le principe consiste avant tout à repartir les coefficients en classe. Ensuite on trace un tableau à double entrée dans lequel on représente les relevés en ligne et en colonne. A chaque intersection on fait figurer une convention graphique (ici une couleur) correspondant à la classe. « La diagonale de ce tableau indique les valeurs maximales (100%) le long desquelles on va tenter de regrouper tous les relevés présentant entre eux des coefficients des similitude de valeur élevée »23.

Dans cette analyse différentielle (tableau 3), le premier réflexe consisterait à classer la flore inventoriée en fonction du biotope en raison de la grande irrégularité tant sur le plan pédologique, hydrogéologique, que topographique. Mais une telle procédure risque fort de biaiser l'information en gonflant anormalement le contingent soudanien ou de réduire excessivement les essences subguinéennes.

22 -Note de biogéographie N°1

Tableau 3: Matrice d'analyse différentielle I

Tableau 4 : Matrice d'analyse différentielle II

Pour une bonne appréciation des choses il convient de partir dans un premier temps sans à priori et de chercher les groupements existants et dans un second temps seulement d'intégrer les variations liées aux biotopes dans l'analyse. Afin de renforcer la cohésion des groupements un certain nombre de relevés ont été supprimé de la matrice d'analyse finale, il s'agit des relevés 6, 7,17, 15, 17,34 et 35.

2.7 Les limites de l'analyse des groupements par la méthode différentielle

La comparaison de la composition floristique de différents groupements d'un espace donné fait ressortir la localisation ou la simple préférence de certaines espèces pour des groupements particuliers. L'appartenance d'une espèce à un groupement peut donc relever d'une raison évidente comme la nature du biotope, les conditions hydrologiques ou d'une raison plus complexe liée aux différentes espèces présentes dans le groupement à leur taux de recouvrement respectif ou aux contraintes qu'elles s'imposent les unes aux autres, bref à un ensemble de paramètres difficilement mesurables.

Les groupements qui émergent de notre analyse différentielle présentent naturellement quelques incohérences liées essentiellement à l'action réorganisatrice de l'homme qui perturbe les associations naturelles. En raison de cette action anthropique et dans une autre mesure de la mobilité des sables et de l'assèchement des nappes, les associations qui se constituent peuvent être amputées d'un certain nombre d'espèces ou au contraire enrichies de quelques unes. Ce qui conduit le plus souvent à ne percevoir soit que des fragments d'associations soit au contraire des groupements emboités les uns dans les autres qu'une analyse plus affinée pourrait permettre de mettre en évidence.

Les correspondances entre les groupements définis et les unités topographiques qui ont été considérées ne sont pas toujours indiscutables. A l'exception du groupement I (tableau 5) dont les espèces semblent préférer des secteurs dépressionnaires la plupart des groupements s'accommodent, à un degré ou à un autre, des variations topographiques. Cela peut s'expliquer en partie par le fait que la surface retenue pour les placettes est relativement grande et que le plus souvent les relevés étaient faits dans des espaces de transition entre soit le bas-versant et le haut-versant soit entre le fond de la cuvette et le bas-versant ou encore entre le sommet et le haut-versant.

L'analyse met en évidence une autre réalité en montrant que la proximité géographique n'est pas gage de similitude des relevés qui peuvent être très dissemblables (même en considérant les mêmes types d'unités topographiques) à l'intérieur d'un même site et inversement très ressemblant malgré la distance.

2.8 Les groupements23

Le groupement à Elaeis guineensis essentiellement localisé dans les bas-fonds et les bas-versants constitue la relique d'une végétation autrefois luxuriante qui a tendance aujourd'hui à disparaître. Il est floristiquement et physionomiquement facile à identifier. Le peuplement d'Elaeis guineensis qui en est l'élément le plus caractéristique conserve, malgré une forte pression, une bonne vigueur dans les relevés 39-38 et 33 correspondant à la partie méridionale de notre zone d'étude. Ce groupement forme le plus souvent des galeries forestières dont les individus présentent une bonne stature à l'exemple de Cocos nucifera, de Borassus aethiopum ou encore d'Adansonia ou d'Eucalyptus.

Le groupement à Acacia albida est ici plus typique des sables dunaires mais il peut se rencontrer sur le bas-versant lorsque la dénivellation n'est pas trop importante ou à l'occasion d'un versant plat et allongé. Ce qui explique d'ailleurs certaines de ses compagnes comme Mangifera, Azadirachta indica ou même la présence accidentelle d'Elaeis guineensis comme espèces occasionnelle.

Un découpage plus méticuleux de la matrice d'analyse ferrait apparaître dans ce groupements deux unités de niveau hiérarchique plus fins avec d'une part Piliostigma reticulatum, Dichrostachys cinerea, Adansonia digitata, Calotropis procera et Lawsonia inermis et d'autre part Tamarindus indica, Acacia ataxacantha et pour faire la liaison entre les deux sous-groupements Acacia albida. Ce dernier est ici une espèce caractéristique exclusive du groupement, il n'apparaît dans les autres que comme compagne et le plus souvent occasionnelle.

Le groupement à Parinari macrophylla est ici celui qui a la plus large extension avec une préférence toute fois pour les fonds de cuvettes asséchées. Le groupement pourrait être caractérisé par Eucalyptus dont l'abondance-dominance est nettement supérieure à celle de Parinari (même si ce dernier est plus fréquent) mais en raison de la difficulté de germination naturelle de cette essence nous l'avons écarté pour designer le groupement. Elaeis guineensis est dans cette association une espèce différentielle puisqu'elle est très bien représentée tout en étant caractéristique du groupement I.

Le groupement à Maytenus senegalensis montre par sa composition une certaine filiation avec le groupement à Elaeis guineensis dont il semble être l'étape suivante lorsque les conditions hydrologiques se dégradent. Cocos nucifera et Mangifera indica qui sont également caractéristiques du groupement à Elaeis font preuve ici d'une vigueur intéressante en compagnie d'essences plus typiques des conditions de déficit hydrique comme Acacia et Parinari.

Il faut reconnaître dans cette analyse que, abstraction faite des facteurs locaux, la dégradation par l'homme peut conduire à la domination d'une espèce qui dans des conditions normales ne tient qu'une place modeste.

En plus de cela l'analyse met en évidence un nombre important d'espèces compagnes et un nombre encore plus élevé d'espèces occasionnelles qui n'apparaissent qu'une fois dans les relevés du groupement considéré. Mais en appliquant à la fois les deux critères24 utilisés pour qualifier une espèce de «compagne «, on se rend compte que seul trois espèces peuvent être considérées comme telle ici : Borassus aethiopum, Adansonia digitata et Calotropis

procera.

24 -Espèce présente dans un groupement mais pas caractéristiques -Espèce fréquente dans tous les groupements

Tableau 5: Groupements identifiés

GROUPEMENT

classe

I

classe
II

classe
III

classe
IV

Relevés

2, 33, 9, 26, 38, 37, 28, 39, 36 ,4

40, 31, 25,3, 1, 10, 21, 12, 30

18, 23, 24, 27, 22, 8, 13, 16, 5

11, 14, 20, 19, 32, 29

Esp. Caractéristiques

Elaeis guineensis
Mangifera indica
Cocos nucifera
Ficus dicranostyla
Azadirachta indica
Phyllanthus reticularus

Piliostigma reticulatum
Dichrostachys cinerea
Acacia albida
Tamarindus indica
Acacia ataxacantha

Eucalyptus camaldulensis
Elaeis guineensis
Anacardium occidentale
Parinari macrophylla

Cocos nucifera
Mangifera indica
Zizyphus mucronata
Maytenus senegalensis
Parinari macrophylla
Citrus limon

Esp. compagne

Borassus aethiopum
Capparis tomentosa
Adansonia digitata
Calotropis procera
Eucalyptus camaldulensis
Zizyphus mucronata

Adansonia digitata Lawsonia inermis Calotropis procera Mangifera indica Capparis tomentosa Azadirachta indica Borassus aethiopum

Borasus aethiopum
Euphorbia balsamifera
Balanites aegyptiaca

Tamarindus indica
Maytenus senegalensis

Adansonia digitata

Acacia albida
Borassus aethiopum
Elaeis guineensis
Calotropis procera

Esp. occasionnelles

Citrus limon
Acacia albida
Lawsonia inermis
Tamarindus indica
Maytenus senegalensis

Elaeis guineensis
Phyllanthus riticularus
Citrus limon
Euphorbia balsamifera
Balanites aegyptiaca
Maytenus senegalensis
Parinari macrophylla
Anacardium occidentale

Dichrostachys cinerea
Ficus dicranostyla
Zizyphus mucronata
Calotropis procera
Acacia ataxacantha
Piliostigma reticulatum
Acacia albida
Lawsonia inermis

Piliostigma reticulatum
Tamarindus indica
Dichrostachys cinerea
Capparis tomentosa
Eucalyptus camaldulensis
Euphorbia balsamifera
Adansonia digitata

Environnement

Bas-versant Fond de cuvette

Sommet

Haut-versant Bas-versant

Haie

Haut-versant

Fond de cuvette Bas versant

Sommet

Haut-versant

Bas-versant

Fond de cuvette

2.9 L'analyse de la végétation suivant les compartiments topographiques

Mise à part la sélection opérée par l'homme, la topographie est sans doute l'élément le plus déterminant dans la composition de la flore puisqu'elle caractérise des biotopes particuliers et détermine la proximité avec la nappe.

Cette analyse (tableau 6) a pour objectif de faire ressortir d'une part les essences qui ont une large extension écologique et d'autre part celles qui sont plus spécifiques à un compartiment ou à un autre, elle autorise aussi une comparaison avec les groupements définis. Pour y procéder nous avons supprimé certains relevés qui se trouvaient dans une position de transition entre deux compartiments. De plus étant donné la supériorité numérique des relevés de bas-fond nous en avons également supprimé quelques uns. Nous avons conservé en tout 20 relevés dont 5 pour chaque compartiment.

Cette analyse permet de constater que la plupart des espèces sont fidèles à leur biotope. Seuls Maytenus et Eucalyptus sont ici représentatifs de tous les compartiments. Les espèces des compartiments 2 et 3 ont une certaine élasticité écologique qui leur permet de descendre ou de monter sur le versant en respectant une certaine limite.

Tableau 6: Distribution des espèces par compartiment topographique

Topographie

Sommet

Haut versant

Bas versant

Fond de cuvette

Relevés

7-12-21-30-34

3-35-29-20-1

26-17-19-28-9

4-32-37-23-39

Espèces

Eucalyptus camaldulensis Euphorbia balsamifera

Euphorbia balsamifera

Elaeis guineensis

Azadirachta indica

Tamarindus indica

Cocos nucifera

Commiphora africana

Balanites aegyptiaca

Piliostigma reticulatum

Borassus aethiopum

Ficus dicranostyla

Annona senegalensis

Acacia ataxacantha

Mangifera indica

Zizyphus mauritiana

Acacia albida

Dichrostachys cinerea

Phyllanthus r.

Acacia holosericea

Adansonia digitata

Grewia bicolor

Ficus sur

Mangifera indica

Anacardium occidentale

Citrus limon

Ficus dicranostyla

Cocos nucifera

Boscia senegalensis

Zizyphus mauritiana

Ficus ovata

Adansonia digitata

Acacia ataxacantha Maytenus senegalensis Acacia ehrenbergiana

Maytenus senegalensis Capparis tomentosa

Citrus limon

Phyllanthus .r

Azadirachta indica

Ficus capensis

Mangifera indica

Calotropis procera

Elaeis guineensis

Commiphora africana

Lannea acida

Tamarindus indica

Xylopia aethiopica

Tamarindus indica

Borassus aethiopum

Sesbania sesban

Parinari .m

Asparagus africanus

Azadirachta indica

Psidium guajava

Anacardium .o

Eucalyptus

Borassus aethiopum

Jatropha gossypifolia

Cocos nucifera

Capparis tomentosa Eucalyptus

Parinari macrophylla

Phyllanthus reticularus

Guiera senegalensis

Adansonia digitata

Ricinus communis

Ficus sur

Capparis tomentosa

Annona muricata

Annona muricata

Acacia albida

Acacia seyal

Calotropis procera

Ficus exasperata

Melaleuca leucadendron Maytenus .s

Sesbania sesban

 

Jatropha curcas

Zizyphus mauritiana Maytenus .s

 

Boscia senegalensis

 

Acacia albida

Cassia siamea

 
 

Eucalyptus

 
 

Total effectif

19

23

22

21

Le tableau laisse apparaître également quelques incohérences concernant notamment la localisation de certaines essences. Nous savons empiriquement que Parinari à une bonne distribution, quel que soit le compartiment considéré, alors qu'ici on le retrouve exclusivement dans les bas-fonds, ce qui est lié au fait qu'il n'y avait pas assez de relevés dans chaque compartiment pour permettre une bonne interprétation25.

Par ailleurs l'assèchement de certains bas-fonds peut largement expliquer la présence de Maytenus, de Commiphora africana et même d'Acacia albida dans ces marges dépressionnaires.

Tableau 7: Niveau de présence par compartiment

4 compartiments Eucalyptus

3 compartiments

2 compartiments

Spécifique à un seul 1 compartiment

Acacia albida

Euphorbia balsamifera

Balanites aegyptiaca

Jatropha curcas

Eucalyptus

Adansonia digitata

Anacardium occidentale

Annona senegalensis

Ficus ovata

 

Tamarindus indica

Boscia senegalensis

Acacia ehrenbergiana

Citrus limon

 

Capparis tomentosa

Acacia ataxacantha

Asparagus africanus

Psidium guajava

 

Zizyphus mauritiana

Commiphora africana

Jatropha gossypifolia

Ricinus communis

 

Mangifera indica

Annona muricata

Parinari macrophylla

Ficus exasperata

 

Borassus aethiopum

Calotropis procera

Guiera .s

Cassia siamea

 

Azadirachta indica

Elaeis guineensis

Acacia seyal

Acacia holosericea

 

Cocos nucifera

Ficus sur

Piliostigma .r

Ficus capensis

 

Phyllanthus .r

Ficus dicranostyla

Dichrostachys .c

Xylopia aethiopica

 
 

Sesbania sesban

Grewia bicolor

Parinari .m

 
 
 

Citrus limon

Melaleuca leucadendron

 
 
 

Lannea acida

 

2 espèces

10 espèces

11 espèces

25 espèces

Source : Analyse phytosociologique (S. NDJEKOUNEYOM -2007)

Le véritable intérêt de cette analyse phytosociologique est qu'elle nous informe sur la composition floristique et sur les associations qu'elle forme en tant que conséquence de l'activité agricole. Outre donc cette diversité biologique qu'elle nous permet d'apprécier, cette analyse traduit concrètement le comportement associatif et les réactions de la flore à l'élément perturbateur qu'est l'homme. Les associations qu'elle définit sont déjà une merveilleuse expression des impacts du maraîchage sur la végétation ligneuse.

25 -L'idéal aurait été de disposer d'au moins 15 relevés par compartiment en omettant les situations de transition.

Chapitre IV : ANALYSE DESCRIPTIVE DE LA VEGETATION

La description de la végétation contrairement aux analyses statistiques des communautés végétales s'appuiera préalablement sur des observations empiriques faites au cours des nombreux transects et en second lieu seulement sur une analyse des différentes classes et de la densité de recouvrement végétal.

La végétation dans la zone des Niayes présente à tout égard une forte diversité. Les variations que l'on enregistre d'un système dunaire à un autre et plus spécifiquement d'un compartiment de la toposéquence à un autre se répercutent directement sur la composition de la végétation et à une plus grande échelle sur sa structuration. Les particularités édaphiques et hydrologiques dont découle cette diversité ainsi que la nature et l'intensité de l'utilisation par l'homme de l'espace sont les déterminants véritables de la végétation et de ses conditions d'évolution.

D'un point de vue dynamique, l'évaluation des données relatives à l'impact du maraîchage sur la végétation nécessite d'abord l'acquisition d'informations précises sur l'écosystème des niayes avant et après la perturbation qu'implique cette activité. Si les données post-perturbation ont pu être en partie rassemblées par le travail de terrain, il n'en va de même des données pré-perturbation. Il est en effet bien rare qu'un milieu ait été correctement échantillonné avant que la pérennité de ses différentes composantes ne se pose en termes de problème. Et quant bien même cela aurait été fait, les données peuvent être difficiles d'accès comme c'est le cas ici26.

C'est pour contourner cet obstacle que la zone d'étude à été délibérément élargie jusqu'à Mboro27 où il faut admettre une plus forte densité de la couverture végétale28et corrélativement une meilleure conservation des essences. Cette approche comparative, que nous adoptons par ailleurs dans tout le travail, nous permettra d'identifier dans l'activité maraichère les facteurs exacerbant la dégradation de la végétation ligneuse. Il s'agit de saisir l'amplitude des variations du couvert végétal sous l'influence de facteurs favorables et défavorables et d'apparenter le stade actuel de la végétation à une formation originelle.29

I. LA DESCRIPTION DU PAYSAGE VEGETAL ENTRE DIOGO ET MBORO

Par commodité nous avons subdivisé notre zone d'étude en trois secteurs pour en faciliter l'observation et éventuellement la comparaison (Figure 8)30.

1.1 Le secteur de Diogo

Les formes et les dimensions des cuvettes varient énormément dans ce secteur. La plupart
d'entre elles sont actuellement fonctionnelles en termes d'exploitation maraîchère. Ce qui se

26- Référence à la revue documentaire.

27- Au départ il était question de s'en tenir au terroir de Diogo.

28- En dépit, il faut le reconnaître, de la proximité urbaine.

29- Tout en ayant conscience qu'un groupement vraiment originel serait difficile, voir impossible à trouvé aujourd'hui. Néanmoins certains s'en rapprochent plus que d'autres et c'est tout l'intérêt de l'exercice.

30-Andal, Diogo et Mboro seront de fait souvent employés pour designer les secteurs et non seulement l'entité territoriale (terroir ou commune).

répercute immédiatement sur la végétation dont l'organisation régulière en auréoles concentriques si caractéristique des niayes inondées se perd progressivement.

1 0 1 2 3 4 Kilomètres

N

Beno

~~~~ ~~ ~~~~~~ ~~~~~ ~~

~~ ~~ ~~ ~

MBORO

~~

(secteur)

~~
~~~~
~~

Golgaindé

~~ ~~ ~~

~~

·

·
·

~~
~~

~~

Santhie touba Ndiaye

E N

~~

~~

~~

~~

~~

~~ ~~ ~~~~

~~~~

~~

~~

~~

~~

~~~~ ~~

Touba Ndiaye

Fas Boye

~~

~~

~~

~~

~~

ANDAL

~~

~~

Diogo sur Mer

(secteur)

~~ ~~

~~~~ ~~ ~~

~~ti

~~ ~~ ~~

Darou diouf

~~


·


·

~~ ~~ ~~

~~

~~~~~~ ~~ ~~

~~ ~~ ~~ al

~~

~~

~~ ~~

~~

Darou Guèye

~~ ~~ ~~ ~~

Route régionale 70 bis

Darou Ndiaye


·
·
~~

~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~

Darou Ndoye

~~

~~

~~

~~ ~~ Ndjiligne

~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~ ~~

· Etablisement humain

~~

.
·
·

~~

~~~~

~~ ~~

Darou Fal Diogo

~~

Sol nu

Savane

ligne de separation des secteurs étudiés

Culture maraîchère associée aux arbres

Culture maraîchère pure

Piste

Route

Plantation (projet UTP)

~~

Bande de filao

Pseudo-steppe

DIOGO

(secteur)

Route Régionale 70 bis

Figure 8 : Carte de l'occupation de l'espace par secteur Source : Image Landsat 2002- Traitement : S. Ndjekouneyom

Les boisements denses sont devenus de fait très rares et n'excédent pas 20% du couvert végétal ligneux. Les plantes sont plutôt distribuées de manière très isolée sur les versants et dans le fond des cuvettes. L'organisation du toit de la végétation reste inversement proportionnelle à la topographie, exception faite d'Adansonia digitata dont l'imposante silhouette ne passe pas inaperçu sur certains haut-versants. Sur ces dernières on rencontre généralement une végétation très basse, le plus souvent buissonnante à l'image de Lawsonia inermis, Commiphora africana et surtout d'Euphorbia balsamifera qui est ici l'essence la plus typique des sommets. En atteste d'ailleurs le relevé 7 qui en mentionne 113 individus. Des espèces comme de Guiera senegalensis qui préfèrent coloniser les espaces dégarnis sablonneux à tendance stérile prolifèrent aisément dans certains creux dunaires. Mais lorsque les dénivellations s'atténuent Dichrostachys cinerea, Piliostigma reticulatum et Tamarindus indica deviennent les incontournables associés d'Euphorbia balsamifera.

A la croisée de certains chemins apparaissent sur le tiérangal31 des espaces trop petits pour être mis en valeur. Ils abritent par conséquent des espèces assez exceptionnelles par leur rareté ici, comme Acacia ehrenbergiana ou Bauhinia rufescens en compagnie de Capparis tomentosa et d'Acacia albida qui bénéficient d'un égard particulier de la part des paysans.

Sur les bas-versants où règnent des conditions d'humidité plus intéressantes apparaissent des individus d'Elaeis guineensis et de Cocos nucifera. Lorsque la dépression est moins étroite et moins humide donc moins exploité on rencontre une plus grande richesse floristique. Outre Mangifera et Azadirachta indica, on croise un certain nombre de Ficus qui sont ici les indicateurs le plus souvent conservés d'un facies beaucoup plus riche et à forte connotation guinéenne. Dans ces mêmes bas-fonds on à pu observer à proximité du relevé 4 un peuplement intéressant d'Acacia holosericea dont le reflet argenté contraste bien avec ce paysage verdoyant.

Dans la grande dépression de Darou Fal dont le fond est plus ou moins plat, on note la prépondérance des espèces comme Anacardium occidentale, Eucalyptus et Casuarina equisetifolia dont l'agencement régulier en ligne droite trahit la main de l'homme. Vers Darou Ndoye on peut apercevoir une plantation dégradée d'Eucalyptus de 80 ha dont les individus sont dans un état précaire.

1.2 Le secteur d'Andal

Ce secteur reste sur le plan botanique assez ressemblant au précédent dont il n'est que le prolongement logique. Les nuances ici sont surtout dues à l'organisation géomorphologique des cuvettes qui ne sont plus aussi importantes, ni en dimension ni en nombre. La plupart d'entre elles longent la barre dunaire des dunes jaunes. Ce qui à pour effet de réduire l'importance spatiale et numérique des espèces de bas-fond. La disparition presque systématique de la couronne de palmeraie et de la première couronne externe de végétation autour de la cuvette à pour effet immédiat le saupoudrage plus rapide des bas-fonds par le sables mobiles des dunes jaunes. Du coup le fond est très plat et la végétation ne s'organise plus selon le niveau topographique mais se localise dans le fond des cuvettes (en particulier pour la végétation hygrophile : Elaeis, Cocos, Borassus ou même Eucalyptus).

31 -Le tiérangal est la partie de la niaye non inondées pendant l'hivernage.

La végétation que nous mettrons en exergue ici est la végétation xérophile des sables dunaires. Celle-ci est souvent fixée mais il faut reconnaître que l'instabilité du substrat par endroit provoque en termes de dynamique des fluctuations importantes de la composition floristique même en l'absence d'une mise en valeur effective des sols par l'homme pour l'agriculture. Les espèces caractéristiques peuvent donc changer dans le temps et dans l'espace.

Cette végétation xérophile s'illustre de deux manières différentes, d'une part par son caractère tout à fait spontané et d'autre part en tant que végétation résiduelle résultant d'une sélection humaine. La végétation xérophile spontanée est localisée juste à l'Est des cuvettes ou entre elles. Elle se caractérise par des espèces envahissantes comme Maytenus senegalensis qui forment ici des fourrées continues et parfois impénétrables. Dialium guinense qui est ici une espèce exceptionnelle n'apparaît qu'à la faveur d'un abri contre le vent sur le flanc des dunes. Parinari macrophylla et Aphania senegalensis y sont aussi les reliques d'une forêt sèche tandis que des espèces comme Jatropha gossypifolia, Asparagus africanus et Cassia bicapsularis n'ont été rencontré qu'en un seul exemplaire chacune.

La végétation résiduelle dont il a été question échappe parfois à la bande que nous avons délimitée pour faire nos placettes car située plus à l'Est. Cependant sa particularité et son étendue nous obligent à ne pas l'occulter. Acacia albida est ici l'espèce principale de cette sélection en compagnie de Guiera, d'Annona et de Boscia senegalensis qui apparaissent à la suite des défrichements. La sécheresse aidant, les champs de culture pluviale sont aujourd'hui rarement exploités néanmoins la végétation spontanée a du mal à reprendre tous ses droits.

La carte de la JICA (2001) s'est appuyée à cet effet sur les précédentes cartes pour représenter le fromager (Ceiba pentandra) et le Baobab (Adansonia digitata) comme espèces dominante dans cette partie du paysage alors que dans les conditions actuelles c'est bel et bien le Kad (Acacia albida) qui domine.

1.3 Le secteur de Mboro

La morphologie assez spécifique des bas-fonds à Mboro et tout autour pourrait justifier, au moins en partie, la densité plus élevée du couvert végétal comparativement à Diogo et Andal. Mboro est marqué, sur le plan morphologique, par des dépressions aux proportions exceptionnelles et qui le plus souvent communiquent, formant ainsi une même entité. La succession dunes-dépressions étroites des secteurs d'Andal et surtout de Diogo cesse ici pour faire place à des bas-fonds plats sans discontinu de plusieurs dizaines d'hectares.

Ces gigantesques organismes dépressionnaires sont bordés par des bourrelets de palmiers qui marquent une brutale rupture avec la végétation plus steppique des sables dunaires. Cette palmeraie occupe également les bas-fonds et s'organise en fonction de la nature de la dépression, de sa morphologie et du niveau de battement de la nappe phréatique qui, ici, n'est jamais bien profonde.

Ainsi dans des espaces continus et plats la palmeraie forme des ilots boisés bien distincts tandis qu'à l'intérieur des cuvettes logées dans les bas-fonds on observe de véritables galeries forestières large de 20, 50 voire 70m. Vers l'emplacement du relevé 39, la conservation de la flore authentique des niayes est assez impressionnante, elle est liée à son isolement et sa difficulté d'exploitation.

Plus loin au nord vers Touba Ndiaye la situation est moins favorable avec un éclaircissement plus important de la couverture végétale. Bien que le peuplement d'Elaeis guineensis garde sa vigueur, son sous-bois est considérablement dégarni. On note par ailleurs que les individus de Borassus aethiopum sont plus fréquents ici que partout ailleurs.

Malgré la prédominance des bas-fonds, la topographie enregistre quant même des élévations à la faveur desquelles Maytenus, Balanites, Acacia et Euphorbia se manifestent. De même des espèces à l'aise sur les versants comme Piliostigma sont assez fréquentes dans les bas-fonds asséchés ou Azadirachta et Sesbania, très envahissants, dominent.

II. LA STRATIFICATION ET LA DENSITE

L'analyse de la stratification et surtout de la densité du recouvrement végétal32 constitue, par opposition à l'analyse purement phytosociologique, une préoccupation nettement plus géographique bien que son expression numérique soit, dans le cas présent, quelque peu limitée par la nature de l'investigation et la modestie de notre instrumentation.

2.1 La stratification

L'un des faits les plus marquants qui ressort de l'observation de la végétation dans la zone des Niayes est le déséquilibre qui apparaît dans la stratification en faveur des individus de petite taille (classe I et II).

Figure 9: Diagramme de présence des espèces par classes Source : Inventaire floristique (S. NDJEKOUNEYOM - 2007)

A cet effet il convient de préciser que la plupart des essences considérées comme arborescentes atteignent ici rarement la dimension qui leur est donnée en moyenne dans les documents d'identification de la flore. Par conséquent le maximum de hauteur que nous avons retenu (10m) est d'autant plus justifié que les seuls individus d'espèce à le dépasser franchement sont Elaeis guineensis, Cocos nucifera et à certains égards Eucalyptus.

Il faut reconnaître aussi que la correspondance entre le type biologique et les classes de hauteur n'est pas toujours possible. Cela est dû d'une part au fait que les classes définies sont plus nombreuses que les types biologiques considérés et d'autre part que beaucoup d'individus se trouvant dans la première classe le sont par l'effet des coupes et non seulement naturellement.

32 -De même d'ailleurs que la descriptive de la végétation

A cela peuvent s'ajouter deux autres causes qui expliquent la présence de certains individus d'espèce dans cette strate. D'abord leur rabougrissement peut être rattaché à leur condition de développement c'est-à-dire au biotope, à l'accessibilité aux ressources nutritives (eau, matières minérales et vivantes). En second lieu à la nature buissonnante même de ces essences et enfin à la jeunesse des plantes. Il va sans dire qu'il serait difficile à partir de là d'estimer le degré de régénération d'ensemble de la végétation puisque ces différences n'ont pas été prises en compte dans l'élaboration de nos fiches de relevé phytosociologique.

La figure 10, au risque de paraître quelque peu compliquée, a le mérite d'autoriser une lecture simultanée de la fréquence de représentation des espèces par classe, d'abord à l'intérieur d'une même classe et ensuite d'une classe à une autre. Ce qui permet de remarquer aisément qu'aucune espèce arborescente à l'exception d'Elaeis n'est correctement représentée dans toutes les classes33.

Figure 10: Diagramme de fréquence des classes par espèces Source : Inventaire floristique (S. NDJEKOUNEYOM - 2007)

Nbr.
Espèces

On y remarque également que des essences comme Dichrostachys cinerea et Acacia ataxacantha sont bien représentées dans la strate II. Ce qui s'explique par certaines pratiques de jachère qui leur sont appliquées ou simplement par le choix du maraîcher de laisser la plante croitre tant qu'il ne la considère pas encore comme encombrante.

Ce qui justifie qu'une espèce arborescente comme Balanites aegyptiaca soit bien représentée dans la première et la deuxième strate et disparaisse subitement aux suivantes.

33- Par commodité nous n'avons retenu dans la représentation graphique que les essences du tableau de présence.

2.2 La densité de recouvrement

Il faut signaler que l'utilisation du tableau de présence pour l'analyse de la densité a pour effet d'exclure certaines essences dont les individus ont une représentativité pourtant acceptable mais qui restent très ponctuelles et très localisées pour être prise en compte. Ainsi à Mboro et Touba Ndiaye Prosopis juliflora qui est très bien représenté n'apparaît pas dans la figure 11 de même que Guiera senegalensis pour Diogo.

Nombre espèces

Figure 11: Diagramme de la densité par espèce34

Source : Inventaire floristique (S. NDJEKOUNEYOM - 2007)

Au total 1741 individus ont été enregistrés, ce qui représente pour la surface échantillonnée une moyenne de 43,5 individus par placette soit (174 individus par hectare). Mais cette moyenne ne doit pas cacher la répartition très inégale de la couverture végétale dans la zone d'étude. Nous nous trouvons dans un couvert végétal largement entaillé par l'activité agricole. A cet effet il faut reconnaître à nos relevés une part de subjectivité puisqu'ils ont surtout pris en compte les surfaces les mieux boisées.

34 -Cette représentation ne tient nullement compte des classes

Du tableau de présence Elaeis guineensis est largement l'espèce la mieux représentée suivi de Mangifera et Azadirachta indica et parmi les sous-ligneux Maytenus et Euphorbia.

La pulvérisation des groupements en une multitude d'individus est un des traits spécifiques de la combinaison végétation - maraîchage. Il importe par conséquent de garder à l'esprit que les différentes associations qui ressortent de ce traitement sont moins le résultat d'une composition floristique naturelle que la conséquence directe ou indirecte d'une intervention humaine. Ce qui n'ôte pas pour autant à cette approche phytosociologique sont intérêt car une association végétale reste fondamentalement régie par des relations interspécifiques et naturelles entre les espèces et les individus. En dépit de cette influence humaine, la concurrence, le neutralisme, la compatibilité et l'asociabilité entre espèces et entre individus est liées à la nature même de ces derniers. A cela s'ajoute les exigences spécifiques de certaines essences et les facteurs liés à la topographie qui imposent à l'homme des limites dans le remaniement de la flore.

Chapitre V : MODALITES DE LA PRODUCTION MARAICHERE

Etudier la végétation d'une part et d'autre le maraîchage dans cette zone des Niayes centrales revient, en quelque sorte, à parler implicitement d'un potentiel et de son principal facteur de destruction. En effet pour un milieu dont la vocation au maraîchage s'affirme de plus en plus, la destruction ou la construction du paysage végétal est foncièrement liée aux techniques, aux pratiques et aux contraintes spécifiques de cette activité.

Rappelons que le maraîchage reste un type d'agriculture très intensive qui vise à maximiser l'utilisation du sol et à produire dans des cycles de temps très courts. Les cultures légumières réagissent de manière spécifique aux conditions locales de température et d'insolation, de mêmes elles sont très exigeantes en ce qui concerne les caractères chimiques et physiques des sols, qui doivent être riches en matière organique et bien drainés. Elles demandent par conséquent non seulement une charge de travail considérable mais aussi des moyens importants et particuliers.

I. LES FACTEURS DE LA PRODUCTION

Le maraîchage est une activité qui repose sur des exigences spécifiques liées aux sols, à la disponibilité en eau et l'utilisation d'intrants.

1.1 La diversité et l'utilisation des sols

Les sols de la région présentent des caractéristiques générales assez distinctives, ils sont généralement jaunes peu évolués et marqués par une faible fertilité. La texture sableuse est très élevée (supérieure à 90 %) avec une structure particulaire, signe d'une faible teneur en argile.

-Nous avons les sols ferrugineux non lessivés (sol dior), fréquents dans toute la zone et plus spécifique dans les zones de terroir et sur les haut-versants. Plus propices aux cultures pluviales, leur utilisation pour le maraîchage se fait moyennant un important amendement et la présence d'un forage profond.

-Localisé au niveau des khours35 , les sols de bas-versant sont spécifiques aux niayes (sols argilo-limoneux hydromorphes) et communément appelés banne ou deck dior. Ils sont marqués dans un passé récent par une hydromorphie importante. La charge en humus et matière organique est considérable. Ils constituent indiscutablement le meilleur support des cultures maraîchères (tomate, chou, aubergine, pomme de terre etc). Ils portent parfois une importante superficie arboricole

-Dans les dépressions se rencontrent des sols argileux hydromorphes particulièrement enrichie part les dépôts organiques. Ils se prêtent à la culture de patate, de carotte, autre fois du riz mais l'hydromorphie n'y est plus vraiment d'actualité pour permettre cela. Parfois le fond des cuvettes peut être occupé par une matière noirâtre, les tourbes, qui rendent le sol inculte sauf pour la patate et le manioc qui s'en accommodent assez bien.

-Les sols halomorphes ont une répartition plus ponctuelle et constituent un handicap pour le maraîchage.

35 -Le Khour est la partie de la niaye constamment humide (aujourd'hui le terme reste mais la réalité qu'il désignait est peu fréquente)

1.2 La disponibilité en eau

L'eau constitue le second facteur limitant de cette activité et sans doute le plus indispensable. La récession pluviométrique dont le Sahel a été victime a eu d'évidentes conséquences sur l'activité maraichère avec le tarissement des mares et des marigots et le creusement de la nappe phréatique. Ce repli de la nappe pose de sérieux problèmes à son exploitation qui ne se réalise dès lors que par l'utilisation de certaines techniques, en occurrence les motopompes et les forages.

1.3 Les intrants

Dans les niayes les sols pauvres sont généralement fréquents, les sols riches et propices aux cultures maraîchères occupent un espace bien étroit que se discutent les légumes et les arbres. Ceci évoque naturellement une forte utilisation d'intrants pour compenser la pauvreté de certains sols qui ne servent, à toute fin utiles, que de support matériel aux cultures.

L'utilisation des semences améliorées, d'engrais chimiques et de produits phytosanitaires fait partie des nouvelles pratiques culturales du producteur pour faire face à ces conditions difficiles. Mais il faut reconnaître que l'approvisionnement en intrants est insuffisant. Dans toute notre zone d'étude on ne compte que quatre magasins spécialisés : un à Diogo, un à Fas boye et deux à Mboro.

Le recours aux engrais organiques qui constituait naguère la base de l'enrichissement des sols a beaucoup diminué36. L'approvisionnement en déchets organiques (la volaille et le bétail) est rendu difficile, il faut parfois se rendre jusqu'à Dakar pour en trouver.

L'engrais chimique est devenu malgré son cout élevé la règle et concerne tous les producteurs que nous avons interrogés, de Diogo à Mboro pas un seul ne fait exception. Les produits phytosanitaires sont également abondamment utilisés pour faire face aux parasites.

1.4 Les équipements

La pratique du maraîchage à Diogo et surtout à Mboro est soutenue par un outillage assez archaïque à l'exception de l'innovation que constituent les motopompes et les pulvérisateurs. Le matériel agricole est marqué par sa vétusté. Pour la majeure partie des exploitants, ce sont les accessoires classiques du cultivateur africain qui sont utilisés : houe, daba, coupe-coupe, pèle, râteaux, hache et à l'occasion d'une parcelle bien plate sur le versant, les accessoires de traction animale peuvent être pris en compte.

A Diogo, en raison de la difficulté d'accès aux champs, le principal moyen utilisé pour le transport des personnes et des produits demeure la charrette tandis qu'à Mboro la proximité du marché résout en partie ce problème.

L'utilisation parfois systématique des motopompes mérite un accent particulier, en raison de des effets néfastes entraînant la dégradation des sols par érosion et un épuisement des nappes phréatiques. Ce sont des engins capables de pomper l'eau des nappes phréatiques grâce à un puits traditionnel. L'eau ainsi tirée des puits est rejetée, à travers un système de tuyaux, à la surface. A l'heure actuelle, les motopompes constituent la principale technique d'irrigation des cultures maraîchères en particulier à Diogo et Andal, leur puissance permet d'atteindre tous les secteurs, du fond des cuvettes aux sommets. Ainsi tous les compartiments sont maintenant à porté du système d'irrigation. A Mboro étrangement et paradoxalement

36 -D'une part à cause de la transhumance du bétail.

d'ailleurs37 les motopompes sont moins fréquentes, l'arrosage traditionnel reste de mise même si tous les producteurs formulent le souhait de s'équiper en motopompe.

1.5 La charge de travail

Le travail nécessaire pour les cultures maraîchères est considérable, il n'est généralement pas dévolu à un seul homme lorsque la parcelle est supérieure à 0,5 ha. Il mobilise en moyenne dix heures par jours tant les tâches sont nombreuses et fastidieuses : défrichement, labour, semi, repiquage, arrosage, désherbage, traitement phytosanitaire, récolte. De plus, la mécanisation est exclue pour ce type de culture et dans ce type d'environnement.

En général si le travail de champs ne prend pas la forme d'une exploitation familiale, le propriétaire peut faire appelle, sous la forme de métayage, à un ou deux sourga(s) qui sont des travailleurs saisonniers externes à la communauté. En échange de leurs services ils sont logés et nourris dans la demeure du chef d'exploitation, ils reçoivent en compensation de leur travail une rémunération égale à la moitié de la valeur de la récolte.

Outre les sourgas les femmes et les enfants peuvent apporter respectivement leur contribution pour la récolte et l'arrosage. Mais en général le repiquage est assuré par le chef de famille en personne.

1.6 Les pratiques

La notion de pratique sous entend que le fait technique ne peut être dissocié de l'acteur. A l'exception des techniques classiques de mise en valeur comme le labour, l'irrigation, le désherbage, le cultivateur des niayes a développé un ensemble d'astuces qui le rendent intéressant. Les paysans ont acquis un savoir faire adapté aux conditions pédologiques et climatiques de leur zone d'activité. Les spéculations sont organisées selon un calendrier et les semences sont sélectionnées selon la saison, selon le degré de salinité des sols etc.

La structure particulaire des sables dunaires n'étant pas vraiment un avantage, pas plus que la valeur pédologique des sols qui décroissent des dépressions aux sommets. Le paysan des niayes s'est adapté et ne se laisse pas devancer par les innovations scientifiques dans le domaine agronomique et les produits phytosanitaires. Les semences sont par conséquent choisies selon la réalité du terrain.

Les cultures se pratiquent toute l'année et suivent un rythme soutenu sur les mêmes sols au prix d'un amendement intensif des sols. Même pendant l'hivernage, le producteur maraîcher trouve le moyen de cultiver des espèces pluviales adaptées.

Nous notons chez près de 98% des producteurs enquêtés, l'absence totale de jachère, jusqu'à présent cela semble leur réussir grâce notamment à la rotation des cultures qui atténue un peu l'appauvrissement des sols.

1.7 Les spéculations

La production maraîchère enregistre une gamme assez variée de spéculations. On distingue globalement deux types de produits, le type africain cultivé généralement pendant l'hivernage et le type européen.

Produits de type africain Produits de type européen

37- Il s'agit tout de même d'une commune, donc elle est plus moderne

Manioc Pomme de terre

Piment Oignon

Patate Chou pomme

Aubergine amère Tomate

Gombo Carotte

Bissap Aubergine

A Mboro comme à Diogo les spéculations sont dominées par le chou (figure12) mais tandis qu'on note une certaine irrégularité à Mboro, dans le secteur de Diogo la plus part des produits bénéficient d'une relative constance. La diversité des espèces cultivées est par ailleurs plus importante à Diogo.

45%

40%

35%

30%

25%

20%

15%

10%

0%

5%

Spéculations à Mboro Spéculations à Diogo

Figure12 : Fréquence des spéculations à Diogo et Mboro Source : - Enquête (S. NDJEKOUNEYOM 2007)

En plus des légumes, le maïs est souvent cultivé en toute saison en système irrigué. Cette gamme est répartie suivant un calendrier au cours de l'année. La période de production s'étend d'octobre à novembre et de mai à juin et correspond aux périodes de contre saison froide (novembre/février) et de contre saison chaude (mars/ juin). A partir de juillet cette gamme se trouve sévèrement réduite, seules certaines variétés résistantes s'adaptent à l'hivernage. Quantitativement et qualitativement il y a réduction de la production.

Même si cette période pluvieuse coïncide avec une hausse des prix, on note un ralentissement parfaitement perceptible des activités. Les risques de détérioration des récoltes, en cas de pluies diluviennes, sont trop élevés et refroidissent les ardeurs de la plupart des exploitants. Cette période de répit pour les sols est aussi motivée par la forte pression parasitaire qui induit des coûts élevés de traitements phytosanitaires d'une part et d'autre part il y a la difficulté de conservation des produits du fait de l'humidité et de la chaleur hivernale. Pendant cette saison des pluies, l'arachide fait son irruption dans la morphologie agraire et s'impose comme principale culture.

L'inventaire des produits commercialisés montre une gamme variée de spéculations mais l'analyse des fréquences de production laisse apparaître des disparités importantes entre ces dernières.

II. LA PRODUCTION MARAICHERE

Le maraîchage est, compte tenu des habitudes alimentaires au Sénégal38 et de l'augmentation de la population urbaine, une activité en pleine expansion, le marché intérieur absorbe la quasi-totalité du volume produit dans la région des Niayes. Le taux de couverture des besoins en produits maraîchers est de 70% sur une période de 6 à 8 mois de l'année (ISRA, 1996).

Les surfaces qui lui sont dévolues sont estimées39 à plus de 10 000 ha et la zone des Niayes en est le poumon principal. Dans la communauté rurale de Darou Khoudoss l'activité maraîchère couvre 30 % de l'ensemble des terres et occupe une place primordiale dans les stratégies de survie et de création de revenus des populations locales. La production globale peut être estimée à 150 000t parmi lesquelles l'oignon occupe la 1ère place avec une production de 10866 tonnes environ en l'an 2000, suivi du chou. La tomate vient en troisième position, suivie de l'aubergine blanche (diakhatou) et de la pomme de terre qui vient en dernière position.

Celle de la communauté rurale (tableau 8) de Darou Khoudoss s'élève à 34.140 t pour les principales spéculations.

Tableau 8: Production maraîchère de la communauté rurale de Darou Khoudoss

ANNEES

SPECULATIONS

1999

2000

2001

2002

2003

Sup. Cultivée (ha)

Product. (T)

Sup. Cultivée (ha

Product. (T)

Sup. Cultivée (ha

Product. (T)

Sup. Cultivée (ha

Product. (T)

Sup. Cultivée (ha

Product. (T)

6912
5322

Oignon

535

8200

556

10866

565

8904

449

6519

621

Chou

650

7150

492

5418

522

7839

474

4740

6912

Tomate

461

5325

488

5859

463

6216

640

6408

501

6520

Pomme de terre

245

4410

273

4914

320

5206

213

1481

405

6912 8474 34140

Diakhatou

237

4054

265

4535

274

5665

210

840

385

TOTAL

2128

29139

2074

31592

2144

33830

1986

19988

8824

Source : CERP de Méouane, 2004

On constate que même lorsque les superficies sont sensiblement égales, d'importantes disparités peuvent apparaître au niveau des rendements. Le tableau 8 permet de souligner le caractère très aléatoire de cette activité qui ne dépend pas uniquement des surfaces mises en valeurs. La production de tomate et de diakhatou en particulier peut augmenter d'une année à l'autre alors que les surfaces qui leurs sont consacrées diminuent. D'un autre côté on peut aussi enregistrer des augmentations considérables de la production d'une année à une autre, le cas de l'aubergine qui passe de 840 t à plus 8000 t en l'espace d'une année pour une augmentation de superficie de seulement 175 ha est pour le moins spectaculaire.

38- Les plats contiennent au moins 3 à 4 légumes différents.

39 -Niang laboratoire de l'agriculture irriguée en moyenne vallée du Sénégal -1995

Il faut savoir que les rendements sont fonctions des secteurs exploités (khour, ndiouki, tiérangal) ; des techniques d'exhaure et d'irrigation, des produits phytosanitaires utilisés, des semences choisis. A ces facteurs intrinsèques à la production il faut ajouter des facteurs exogènes comme la demande du marché ou sa capacité d'absorption qui seront traitées plus amplement dans la troisième partie.

II. LE CIRCUIT DE COMMERCIALISATION

Dans la majeure partie de la zone d'étude, l'agriculture se réduit au maraîchage qui constitue la source principale de revenu des terroirs. La commercialisation des produits issus de cette activité se fait selon différentes modalités.

Figure13 : Filière de commercialisation des produits maraîchers dans la zone de Diogo et Mboro Source : S. NDJEKOUNEYOM -2007

On a d'abord la vente sous contrainte qui est le fait de paysans qui dépendent des bana bana

fournisseurs d'intrants à crédit et auprès desquels ils se voient dans l'obligation de passer pour écouler leur récolte. Ensuite nous avons la vente libre qui est le fait de producteurs bana bana qui assurent eux mêmes l'écoulement de la production. Nous notons aussi dans cette même catégorie les producteurs qui sont devenus assez puissants pour ne pas dépendre des bana banas et qui peuvent donc traiter efficacement avec ces derniers. La figure 13 nous permet d'apprécier les interrelations qui existent entre les acteurs dans cette filière.

L'organisation de l'écoulement de la production par camion est assurée par des coxeurs qui ont pour rôle de collecter les marchandises en fonction de leur destination et les répartir dans les camions disponibles.

La filière crée ainsi un environnement favorable à l'émergence d'activités informelles différents acteurs interviennent de manière indépendante mais cohérente depuis la production

jusqu'à la commercialisation et la distribution. L'étude de cette filière implique l'analyse d'un circuit économique complexe qui part du producteur aux bana banas en passant par les coxeurs pour arriver aux semi-grossistes et enfin aux petits revendeurs.

III. LES CONTRAINTES DE L'ACTIVITE MARAICHERE

De nombreuses contraintes pèsent sur l'activité maraichère, l'une des plus importantes est celle qui est liée au caractère périssable de la production. En dehors des oignons et des pommes de terre qui autorisent un temps de conservation plus important, les autres spéculations courent toutes le risque de se détériorer.

Cette situation rend extrêmement vulnérables les paysans qui sont soumis ainsi à la loi des marchands et revendeurs. Dans la crainte d'une perte des récoltes, les exploitants sont contraints le plus souvent de brader la production à des prix dérisoires pour le plus grand bonheur des bana banas ou grossistes. C'est ce qui explique les énormes fluctuations sur le prix des produits qui peuvent aller du simple au triple ou au quintuple.

Comme autre source de difficultés nous pouvons mentionner le manque d'écoute du marché par les producteurs. Les principaux centres concernés à savoir Touba, Dakar, Tivaouane, Nouakchott, Louga, Mboro, Kaolack ne sont pas consultés avant la production ou la récolte, ce qui se solde souvent par une surproduction et par conséquent une chute du prix des produits en excédentaires. De plus les producteurs ne coordonnent absolument pas leurs actions. Chacun est laissé à sa seule appréciation et produit à sa guise ce qu'il estime profitable pour lui. A cela il faut ajouter la saisonnalité de la production (malgré l'existence de semences adaptées) et l'aversion au risque de diversification.

Tableau 9: Les contraintes de l'activité maraîchère

Protection des plantes
inadéquate

Irrigation difficile

Qualité des intrants et
dégradation des sols

Commercialisation en Conséquence sur la

produits maraîchers santé

difficile

-Disponibilité des produits

phytosanitaires inadéquate

-Suivi phytosanitaire inadéquat -Formation en protection des plantes insuffisante

-Puits mal construits

-Ressource en eau insuffisante

pour l'irrigation

-Recharge de la nappe

insuffisante

-Salinisation croissante des eaux

-Nappe d'eau surexploitée -Moyens d'exhaure inadéquate -Nombre de puits insuffisant pour utiliser d'autres terres

- Qualité des fumiers insuffisante

- Qualité des engrains insuffisants

- Système de contrôle des engrains déficient

-Disponibilité des intrants aux près des commerçants irrégulier (Fumier engrain)

-Fertilisation du sol en diminution -Qualité du fumier utilisé insuffisant

-Utilisation de la jachère

insuffisante

-Salinisation croissante des sols -Salinisation croissante des eaux -Ensablement de cuvette
maraîchère

-Information sur la filière -Non utilisation des

maraichère déficiente équipements de protection

-Information sur les prix -Formation en méthode

d'application insuffisante

indisponible

-Utilisation fréquente de

-Calendrier de culture

produits dangereux

uniforme

-Prix de vente trop bas

- Importation autorisée

-Absence de règlementation des prix

-Arrivée massive des produits locaux

-Système de rémunération des sourga contraignant

-Moyen de conservation

inexistant

-Route de Mboro Diogo peu praticable

Source : Enquête (S. NDJEKOUNEYOM 2007)

Le manque d'entente et de concertation entre les agriculteurs est l'une des principales causes de la mauvaise rentabilité du maraîchage à l'heure actuelle. A Diogo, les seuls groupements qui sont signalés dans ce cadre sont des coopératives villageoises ou des sections villageoises auxquelles d'ailleurs la plupart des cultivateurs du terroir n'adhèrent pas. Par ailleurs si à Diogo les terres dominantes sont convexes, à Mboro la situation est inverse. Dans l'un comme dans l'autre des cas les sols ne sont pas appropriés pour le maraîchage qui préfère, nous l'avons vu, les sols ni trop sableux ni trop argileux des bas-versants ou khours. D'autres contraintes comme l'érosion des sols, l'enclavement de certains villages, l'insuffisance des revenus ou encore le niveau d'instruction faible sont résumées dans le tableau ci-dessus.

Cette étude nous permet une double observation. D'abord on constate d'une part que le système défini fonctionne, d'un point de vue spatial, largement au dessus de ses potentialités avec un dopage des cultures mais d'autre part, d'un point de vue cette fois ci organisationnel, il y a des failles évidentes qui empêchent la valorisation et l'optimisation de la production.

Le circuit de commercialisation est inutilement alourdi par le nombre d'intervenants et d'acteurs au statut d'ailleurs très inégal. Dans ce système le principal concerné, à savoir le producteur, a les mains liées40 et ce sont les bana banas et les coxeurs, acteurs pourtant improvisés, qui finissent par avoir la maîtrise de l'écoulement de la production.

Le maraîchage dans le cadre de ce chapitre a été étudié en faisant abstraction, autant que possible, des impacts des cultures maraîchères sur la végétation ligneuse afin de resituer cette activité dans son contexte spécifique. Les chapitres suivants se chargeront d'établir les relations existantes entre ces deux composantes du milieu.

40 -Même si celui-ci constitue le première maillon de la chaine, force est de constater qu'il n'est pas indépendant financièrement.

TROISIEME PARTIE

Conséquences spatiales et sociales de l'interrelation maraîchage - végétation
ligneuse

Chapitre VI : EVOLUTION DU PAYSAGE DANS LA REGION DE NIAYES : DE L'ECOSYSTEME A L'AGROSYSTEME

Végétation exubérante, végétation luxuriante, les qualificatifs de densité n'ont pas manqués pour décrire le recouvrement végétal dans la zone des Niayes. Mais les processus de colmatages naturels favorisés par des actions anthropiques ont contribué à réduire diversement cette densité.

Ces dernières décennies en particulier le paysage végétal des niayes a subi des processus de fragmentation en général et plus précisément d'isolement des habitats humides. Même si les premières hypothèses pour expliquer cette évolution sont largement inféodées à la sécheresse, il faut reconnaître que la grande irrégularité du recouvrement végétal que nous avons constatée entre Mboro et Diogo montre bien que la nature et l'intensité de l'intervention humaine peuvent contribuer à maintenir ou à détruire plus ou moins rapidement cette couverture.

La pratique du maraîchage exerce aussi un gradient sélectif de plus en plus significatif sur la végétation originelle des niayes. Même si les oscillations climatiques du passé ont pu laisser des traces décelables dans la composition floristique, avec notamment les palmiers, la flore actuelle des niayes doit être considérée dans sa globalité comme une végétation composite avec d'une part les essences reliques associées à des espèces de plus en plus soudanosahéliennes et d'autre part des essences introduites par le reboisement.

Flores d'origines et d'époques très différentes se trouvent mélangées et distribuées dans les Niayes suivant un gradient topographique, un gradient de disponibilité hydrique et un gradient de sélection anthropique.

Mais dans l'ensemble le paysage végétal est dominé par des formes savanicoles malgré un potentiel forestier reconnu. La matrice floristique est composée d'espèces à très large distribution écologique et des espèces à affinité méridionale qui sont actuellement en situation plus précaire. Les espèces dont le développement s'harmonise avec les conditions locales s'affirment de plus en plus tandis que celles qui sont intolérantes aux nouvelles formes d'exploitation maraîchère voient leur population s'affaiblir. Dans ces conditions il importe de comprendre comment un paysage jadis très arboré s'est progressivement déboisé et jusqu'où cette humanisation peut aller dans un tel environnement et quels en sont les dommages ?

I. LA MISE EN PLACE DE LA VEGETATION DES NIAYES

La très grande dynamique liée à la nature particulaire du substrat et au caractère capricieux du climat rend extrêmement délicat l'étude de la mise en place de la végétation dans la région des Niayes. Cette difficulté tient aussi aux limites évidentes des procédés utilisés et à la subjectivité des extrapolations auxquelles ils peuvent donner lieu. L'étude de cette végétation par la méthode des graines fossiles (permettant de réaliser le diagramme pollinique par exemple) comporte de sérieux risques puisqu'elle met en évidence les échantillons des espèces les mieux conservées et ne renseigne pas sur ceux de celles qui ne résistent pas aux dégâts du temps quant bien même ces dernières seraient majoritaires. Par conséquent les

familles qu'elles nous permettent d'observer doivent être considérées avec toute la relativité possible41.

Rappelons que l'objectif dans ce sous chapitre est double :

-d'abord tenter de donner un aperçu, aussi vague soit-il, de la communauté végétale qui a précédé celle d'aujourd'hui.

-ensuite montrer que les fluctuations climatiques et la dynamique végétale qui s'en suivent ne sont ni des faits nouveaux, ni exceptionnels dans cette zone.

La thèse de M. Fall42 qui a traité des sédiments tourbeux entre Mboro et Diogo est à cet effet fort édifiante. Les travaux de cet auteur ont mis en évidence les espèces suivantes : Rhynchospora corymbosa, Heliocharis atrapurperea, Mariscus umbellatus, Pycreus polystachyos. Toutes ces espèces sont de la famille des Cypéracées que Raynal43 avait associé aux milieux humides en particulier Rhynchospora corymbosa qui serait une espèce caractéristique des niayes dégradées.

« Les fluctuations de la population des Cypéracées doivent être attribuées à des variations de plan d'eau dans les réceptacles, trois cas sont possibles. »40

-« Le premier épisode, intervenu probablement après la phase d'aridification qui a marqué la fin de l'Holocène inférieur, correspond à, une reprise de la pluviométrie et à une remontée lente et rythmique de la nappe des sables.

-L'épisode suivant correspond à une reprise relativement importante de la pluviométrie dont les conséquences sont une remontée progressive et rapide de la nappe et une amélioration générale de la flore herbacée de la tourbière.

-Le troisième épisode intervenu probablement à l'Holocène supérieur correspond à une faible reprise de la pluviométrie dont la conséquence est la régression progressive de la flore »40.

Lezine44 abordant dans le même sens affirme que l'environnement végétal des niayes a connu des épisodes de dégradations mineures dont une, très marquée, se serait produite vers 4000 BP.

On ne peut pas prétendre débattre de l'évolution de la végétation des niayes sans faire explicitement référence aux travaux de Trochain45 et de Raynal.

1.1 La formation végétale originelle des niayes

Malgré le consensus sur le caractère très dynamique de la zone, il faut reconnaître que les opinions diffèrent quant au passé de sa végétation. En effet la complexité floristique brouille quelque peu les données et favorise l'émergence de plusieurs scénarii.

S'il est vrai que Trochain inscrit le domaine qu'il nomme subguinéen dans les étages
adilittoral et paralittoral en y individualisant des îlots épars de végétation à affinité
guinéenne, Raynal insiste quant à lui sur l'existence antérieure d'une forêt qui relierait les

41 -Mais nous sommes bien obligés de nous soumettre à ces méthodes puisqu'il y a en aucune de vraiment fiable

42 -Environnements sédimentaires Quaternaires et actuels des tourbières des Niayes de la Grande Côte du Sénégal.

43 -Flore et végétation des environs de Kayar (Sénégal)-1962

44 -Environnement et paleoenvironnement des niayes depuis 12 000 ans BP-1986

45-Contribution à l'étude de la végétation du Sénégal-1933

46 -Ouljien : la plus humide des périodes du Quaternaire

47 -Dernière période humide du Quaternaire, correspondant au Néolithique et beauc humide que l'Ouljien

niayes les unes autres. Ces dernières ne seraient alors qu'un facies humide de la forêt avec des transitions beaucoup moins marquées qu'actuellement, l'ensemble serait assez cohérent pour qu'on puisse l'inclure dans un domaine subguinéen qui s'étendrait à toute la Presqu'île.

Ainsi Trochain conçoit cette végétation comme une anomalie favorisée par des conditions particulières alors que Raynal la considère comme la continuité même du domaine guinéen. Il soutient à l'opposé de Trochain une prédominance du contingent soudanien même s'il reconnait avec ce dernier que l'équilibre primitif à pu être beaucoup plus guinéen.

Les divergences ne s'arrêtent pas là, car Trochain avance l'hypothèse que les vestiges forestières hygrophiles du Cap-Vert, en somme les niayes, sont les dernières traces d'une période géologique plus humide : le Paléolithique ancien46. Raynal rétorque que l'installation de la forêt n'a pue se faire avant le Dunkerquien47. Cette dernière idée autorise un prolongement intéressant de la réflexion, car si finalement les conditions climatiques qui ont vu la naissance de cette forêt n'étaient pas si éloignées des conditions actuelles, c'est donc à l'homme qu'on doit la régression de son couvert. Et Raynal ne manque pas de le signaler sauf que son argumentation reste assez brève.

1.2 La complexité de la composition floristique

Le débat entre Raynal et Trochain, deux éminents spécialistes, ne fait que renforcer l'affirmation de la complexité de la zone des Niayes sur le plan botanique. Complexité qu'un aperçu chorologique nous permet de mieux appréhender.

Des essences sahéliennes caractéristiques des savanes occidentales du Sénégal comme Boscia senegalensis, Commiphora africana, Grewia bicolor sont ici en compagnie d'essences franchement soudaniennes comme Prosopis africana, Adansonia digitata, Tamarindus indica, Khaya senegalensis, Ceiba pentandra, Parinari macrophylla.

Figure 14: Représentation schématique de la végétation des niayes Source : G. PEZERIL 1986

A ces essences typiques des savanes soudano-sahéliennes, qu'il n'est finalement pas surprenant de croiser ensemble, il faut ajouter des essences relictuelles qui ont permis à Trochain de définir le domaine subguinéen. Ficus capensis qui est une espèce des savanes guinéennes et des forêts ombrophiles secondaires apparaît ici souvent sur le bord des puits. Fagara xanthoxyloides que nous n'avons pas personnellement eu l'occasion d'observer mais qui a récemment été signalé48 dans la zone est également originaire de la savane guinéenne et des forêts tropophiles de même que Dialium guinense. De Detarium .s. Trochain a pu dire : «cette espèce des forêts galeries et des forêts du littoral du Golfe de Guinée s'échappe au Sénégal des formations forestières et se rencontre (...) dans les savanes de l'étage paralittoral ». Aphania souvent observé dans cette étude à été décrit par Aubréville49 comme originaire du domaine guinéen.

Elaeis guineensis qui est l'essence la mieux représentée dans notre étude est connu pour avoir son berceau dans la forêt africaine même si les sites qu'il colonise ont la particularité d'avoir un manteau forestier déchiré et localisé en bordure d'une surface d'eau. Dans la région du Cap-Vert où elle occupe les niayes50, cette essence est considérée comme caractéristique puisqu'elle est la seule à pouvoir se constituer spontanément en véritable peuplement.51

II. L'INTRODUCTION DE L'ELEMENT PERTURBATEUR : LE MARAÎCHAGE

Dans la région des Niayes, la végétation subguinéenne qui est l'élément le plus atypique est isolée du fait de l'évolution climatique. La flore qu'elle comprend est caractéristique, comme nous venons de le voir, d'un domaine forestier dense (sec ou humide) auquel la majorité du pays n'appartient pas. Elle constitue par conséquent un stock riche et varié mais instable et fugace. Du fait de son caractère résiduel, elle a survécu grâce à des conditions bioclimatiques particulières que nous avons déjà évoquées plus haut. L'homme par son action a clairement accentué la fragilité de cette végétation relictuelle et fait pencher la balance en faveur des essences sahéliennes et soudaniennes très peu denses.

2.1 Le contexte d'apparition du maraîchage

48 -Etude d'impact projet Zircon de la Grande Côte

49 -Cité par Raynal -1962

50 -La terminologie « niayes« a subi une évolution sémantique qui a conduit à son utilisation pour designer toute la région du Cap-Vert. Alors qu'elle était primitivement associée aux palmiers à huile en wolof, son acception s'est largement étendue aux boisements où cette espèce domine. Mais à partir d'Adam l'expression s'est généralisée à toutes les dépressions humides douces ou salées de la zone. Aujourd'hui elle est ramenée pratiquement à l'unité morphologique que constitue la cuvette, qu'elle soit du reste humide ou pas. On peut dire à l'instar de Raynal que « la niayes est suffisamment original au point de vue physionomique, floristique et écologique pour qu'on conserve un substantif spécial pour le désigner » et que la polysémie dont elle fait l'objet actuellement ne peut que contribuer à répandre la confusion.

51-d'où la place exceptionnelle que nous lui accordons dans cette étude

En l'absence de toute intervention humaine, le fonctionnement de l'écosystème52 reste relativement complexe mais néanmoins autorégulé. L'intervention de l'homme contribue à la simplification et la fragilisation du système naturel en réduisant l'importance démographique de certaines populations végétales (mais aussi animales) qui jouent un rôle clé. Cette action anthropique se résume à la recherche d'une meilleure productivité sans tenir compte des risques qu'elle apporte. Une essence comme Acacia raddiana (tortilis) que nous avions croisée en 2006 mais qui cette fois-ci s'est faite plus rare fait l'objet (avec d'autres essences bien sûr) d'un défrichement systématique de ses individus sur les versants mis en culture. Or on sait de cette espèce qu'elle a d'extraordinaires capacités de remontée de l'eau située à des profondeurs de 20 voire 30m de fond pour la distribuer sous la surface53. Porter atteinte à une telle espèce dans un environnement comme celui des niayes c'est compromettre dangereusement la survie des autres.

A cet effet la majorité des essences observées par Trochain sont aujourd'hui introuvables et de la forêt sèche de Raynal seules trois espèces caractéristiques émergent encore (Parinarimacrophylla, Aphania senegalensis et Detarium senegalensis) et se rencontrent uniquement à l'état d'individus isolés.

2.2 Introduction du maraîchage

Aujourd'hui les activités anthropiques, notamment le maraîchage, n'ont jamais été aussi intenses, la pression sur la végétation naturelle suit une évolution graduelle autant dans l'espace que dans le temps. Une brève lecture évolutive du paysage agraire permet d'en prendre la mesure.

2.2.1 Les étapes du développement du maraîchage54

La période coloniale : la végétation des niayes était peu entamée de même que l'intervention humaine était peu prononcée. Les niayes étant très humides, les pratiques culturales se concentraient dans le diéri. Les niayes n'étaient sollicitées qu'en saison sèche à raison de quelques jours par semaine. Les principales spéculations d'aujourd'hui restaient très marginales.

La période de la Seconde Guerre mondiale : l'administration française fondent une société de prévoyance qui approvisionne les paysans en semence (riz, navet, poireaux, tomates, oignons ...). Les plants de pomme de terre, de bananier, de manguiers sont donnés aux cultivateurs. C'est une étape importante qui introduira certaines essences dans les niayes et verra d'ailleurs une bonne adaptation de ces dernières.

Les mauvais hivernages de 1940 et 1942 ont provoqué un rabattement des populations de l'intérieur sur les niayes. L'amélioration des conditions pluviométriques après 1945 a eu pour conséquence, un délaissement des niayes. Il faudra attendre 1956 avec la création du Centre d'Expansion Rural pour voir un regain d'intérêt pour cette zone. C'est à cette époque que les cocotiers sont plantés.

52-La connaissance des écosystèmes en termes de relation et de fonctionnement n'est pas une entreprise facile, elle nécessite de rassembler toutes les connaissances disponibles sur les plantes ainsi que le milieu et de compléter celles qui manquent. Cette étude constitue à cet effet une bien maigre participation.

53-On parle de 250 litre par nuit

54 -Cette étude du contexte d'apparition et de développement du maraîchage à été abordé plus amplement dans le précédent mémoire.

Après l'indépendance : avec la construction de la route Mboro-Diogo, des grandes métamorphoses vont s'enclencher dans la zone. Beaucoup de gens abandonnent les cultures pluviales pour s'adonner au maraîchage qui était devenu plus rentable. Désormais l'hivernage est mis à contribution pour la culture de l'arachide. Raynal écrivait que « Bien que les traces de dégradation par l'homme soient nombreuses en raison des multiples utilisations qu'il peut y trouver, la niaye55 conserve en 1960 certains endroits pratiquement intacts ». Mais après les premières années de sécheresse, les observations sont beaucoup moins favorables à la végétation et P. Ndiaye dans la Monographie nationale sur la biodiversité souligne qu'« il n'existe plus une seule dépression à l'état naturelle depuis la sécheresse dans les années 1970 ». Il ajoute que « l'occupation systématique et l'exploitation subie par les niayes depuis quelques décennies sont entrain d'en épuiser les potentialités ». Cette observation est clairement renforcée dans l'article numéro quatre (N°4) de la «note de biogéographie« où il est écrit : « Au cours de la période 1973 la zone des Niayes a fait l'objet de spéculations foncières et agricoles dont le résultat est l'occupation quasi intégrale de l'espace en dehors des périmètres classés et des systèmes dunaires » Cette sécheresse qui avait été perçue localement comme une aubaine au début (car permettant la libération de l'espace occupés par l'eau) a fini, par sa persistance, par constituer un véritable handicap pour le maraîchage et les

ressources ligneuses exigeantes.

Actuellement la tendance ne fait que se poursuivre et le cadre botanique actuel correspond à un stade avancé de la dégradation du couvert végétal.

III. LES IMPACTS DU MARAÎCHAGE

L'une des difficultés majeures dans le raisonnement que nous cherchons à poser réside dans le caractère indirect du rapport qu'il est question d'établir entre la végétation ligneuse et l'activité maraîchère. Force est de reconnaître qu'il n'y a pas ici, à proprement parler, de rapports de prélèvement entre une ressource et un potentiel (ligneux). La relation est d'abord concurrentielle, l'espace y intervenant comme un facteur limitant. De fait les effets que nous mettrons en avant sont davantage induits par le maraîchage plutôt que produits directement par lui.

3.1 L'influence des techniques de culture

Dans un environnement aussi meuble marqué par le caractère essentiellement minéral du sol, les essences ligneuses tiennent un rôle de premier plan autant dans la stabilisation du matériel sableux que dans la fertilisation. La plupart des légumineuses comme Acacia albida, Acacia ataxacantha, Cassia siamea, Parkia biglobosa, Prosopis africana, Prosopis juliflora ou encore Tamarindus indica sont une précieuse source de fertilité azotée56. Leur suppression massive par défrichement ou sur brûlis constitue un danger pour cet écosystème à dominance savanicole.

L'activité maraîchère est devenue par conséquent tributaire d'un amendement intensif pour compenser leur absence. L'utilisation de la fumure (animale) est une technique très ancienne

55-Entendu ici à la fois au sens morphologique et floristique

56 - L'azote est un élément fondamental de tout organisme en tant que constituant de protéine. Il est absorbé par les végétaux sous forme de minérale soit nitrique soit ammoniacale- Précis de biogéographie G. Lemée

mais la réduction du cheptel à posé quelques problèmes de disponibilité de matières organiques brutes. Des techniques nouvelles comme le compostage sont également utilisées mais leur maîtrise n'est pas aisée pour le paysan de même d'ailleurs que les apports de substances minérales non transformées qui bénéficient d'une subvention de l'Etat.

Le recours le plus systématique pour remplacer les effets bénéfiques de l'arbre est constitué par l'apport en substances et minéraux transformés (uré, nitrate, ammonitrates, potassium...). On note par ailleurs dans un autre registre les produits phytosanitaires comme le carbojuran, l'éthoprophos, le captafol, le manèbe...

Les effets de ce dopage des cultures sont à l'heure actuelle difficilement perceptibles sur la végétation mais parfaitement envisageables dans la mesure où ils affecteront à long terme négativement la fertilité du sol.

A ce niveau il convient de souligner aussi que les techniques de labour, même si elles demeurent essentiellement traditionnelles, ont une mauvaise incidence sur la conservation des graines. Les motopompes qui constituent l'innovation ne respectent pas les normes d'irrigation et provoque une érosion accélérée.

Par ailleurs on constate que l'usage du feu a été parmi les principaux moyens utilisés au lendemain des années de sécheresse pour l'élimination des ligneux en vu de libérer des espaces pour le maraîchage. Malgré l'interdiction, des hectares entiers de végétation ont été incendiés pour en réduire la densité. La grande dépression de Darou Fal en porte encore les indices de même que certaines cuvettes à Touba Ndiaye. Même si aujourd'hui la culture sur brûlis est peu pratiquée (grâce à la sensibilisation), ses effets n'en demeurent pas moins dramatiques sur la végétation.

En raison de l'importance de la matière combustible que constituent les tourbes et certains arbres enfouilles, le moindre feu peut prendre des proportions incontrôlables en survivant des semaines entières sous la surface où il se propage. A Diogo le dernier feu en date est du 13 juillet 2007 et continuait à se rependre jusqu'au 28 juillet (date de notre départ). Si ces feux souterrains sont moins spectaculaires qu'en surface, ils n'en sont pas moins dangereux57 et laissent le sol dans un état déplorable après avoir détruit les racines des ligneux au dessus d'eux.

3.2 Les effets du maraîchage sur la disponibiité hydrique58

Le maraîchage est une activité qui nécessite un prélèvement important sur la nappe dont bénéficient également certaines essences hygrophiles. Il est évident qu'avec la sécheresse, des essences comme Elaeis guineensis ne peuvent se contenter des précipitations hivernales et de l'hygrométrie élevée pour assurer leur vitalité. Elles doivent impérativement profiter des

57 -Celui de Diogo a fait une victime (une jeune fille de 12ans)

58 -Les réserves des nappes sont estimées par le PAEP à environ 22 milliard de m3 en 1999 et les ressources renouvelables de cet aquifère à 391000m3/an pour des besoins agricoles estimés à 217 million de m3/an.

Les seuils d'exploitation définis par le BRGM et l'UCAD sont largement dépassés conduisant à une baisse de 7 10 cm en moyenne par an au niveau de la nappe. Outre l'exploitation pour le maraîchage il faut évoquer pour être objectif les activités de prélèvement des ICS et le développement du reboisement avec les plantes phréatophytes.

nappes d'eau souterraines qui, malgré le durcissement du climat, restent dans des conditions
d'exploitation rationnelle tout de même à la porté de leurs racines. Mais la concurrence
imposée par les cultures maraîchères conduit souvent à dépasser les niveaux de profondeur

acceptables pour les racines. C'est ainsi qu'à Diogo et dans les cuvettes de Darou Ndiaye l'activité suit un rythme soutenu à l'aide de la motorisation, Le peuplement de palmier est en

piteux état. La profondeur des nappes dans les dépressions les plus creuses peut aller jusqu'à 8m, ce qui pour des essences qui subissaient une inondation temporaire partielle est un sérieux handicap. Le système traditionnel d'exhaure qui était manuel est complètement remplacé dans les terroirs de Diogo, de Golgaindé et d'Andal par les motopompes. Le nombre d'engins peut varier de un à dix (en fonctionnant en moyenne 4 à 10 heures par jours) suivant la dimension de la cuvette et les moyens financiers disponibles.

Même si cette eau abondamment pompée des nappes est immédiatement restituée grâce à la porosité des sables constitutifs du système, il faut reconnaître que ce n'est pas sans avoir contracté sur les sols et sur les plantes des substances chimiques diverses que le maraîchage introduit.

Par ailleurs la constance des vents agit comme un accélérateur de l'évaporation surtout que les cultivateurs arrosent aux heures les plus chaudes. Il ne faut pas non plus omettre le prélèvement direct des plantes maraîchères pour leur besoin de croissance. Ce système d'irrigation, déjà non viable pour l'activité maraîchère elle même, se répercute immédiatement sur la ressource ligneuse. D'ailleurs, de manière indirecte, les exigences hydriques de certaines essences ligneuses font que le producteur préfère ne pas les perpétuer, il ne voit pas pourquoi gaspiller davantage une ressource si précieuse pour ses cultures.

A tout égard le prélèvement créé par l'activité maraichère est supérieur à la restitution et constitue un manque à gagner important pour la végétation exigeante. A Diogo, Touba Ndiaye et Andal les motopompes sont les signes visibles de la profondeur de la nappe et par ailleurs de la décadence de la végétation.

3.3 La salinisation et ses effets

L'une des conséquences les plus immédiates de cette baisse est la salinisation. Indépendamment du biseau salé dont la pénétration, exception faite de Mboro, ne dépasse pas 100m, c'est l'exploitation (abusive) des nappes par les motopompes qui a provoqué cette salinisation de l'eau et par conséquent des sols. L'eau salée contenue dans les vallées fossiles est normalement maintenue en profondeur par une importante lame d'eau douce, la surexploitation de cette dernière provoque la remontée du sel (figure 2). Bien que le phénomène soit assez ponctuel il n'en demeure pas moins une des causes principales d'abandon de cuvettes. Près d'un puits sur trois est déclaré saumâtre et salé par les cultivateurs interrogés. Cette situation favorise d'une part des essences comme Casuarina equisetifolia, Tamarix senegalensis, Eucalyptus, Prosopis juliflora tandis que celles qui sont dites glycophytes ne tolèrent pas à ces conditions59.

3.4 L'extension anarchique des cultures

59 - La concentration en sel totaux exerce une action physiologique directe sur les forces osmotiques qu'elle développe, forces qui peuvent s'opposer au taux d'hydratation nécessaire aux organismes s'ils ne possèdent pas de moyens efficaces de régulation osmotique. -Précis de Biogéographie G. Lemée.

L'espace est présenté dans ce contexte comme un facteur limitant dont la réduction conditionne le type de rapport entre le maraîcher et la végétation ligneuse. Théoriquement plus l'espace disponible est important et moins le maraîcher a besoin de s'en prendre aux surfaces boisées. La situation inverse entraine une forme parfois intense de concurrence entre d'une part les surfaces vraiment boisées et les surfaces mise en culture et d'autre part entre les cultures et les individus des essences complantées avec elles.

La superposition des surfaces mises en culture sur le contour des cuvettes grâce à la cartographie (figure 15) laisse apparaître deux faits spatiaux majeurs :

-On constate en effet que les cultures maraîchères débordent largement de l'intérieur des cuvettes et occupent l'espace de manière quasi anarchique aujourd'hui.

-Ensuite on remarque une utilisation partielle ou un abandon total des cuvettes situées plus à l'Est.

En dépit de quoi cependant la majorité des producteurs s'accordent pour reconnaitre une augmentation de la production ces dernières années. Cette dernière remarque quelque peu contradictoire peut être rattachée au fait qu'avant la sécheresse seuls les bas-versants étaient exploités (après parfois le retrait de l'eau) en exceptant par ailleurs les boqueteaux de palmier. Mais aujourd'hui la situation a radicalement changée et même si beaucoup de cuvettes sont devenues incultes à l'Est, d'autres surfaces sont mises à contribution pour les cultures. Certains espaces boisés qui avaient survécus à la sécheresse ont été conquis au maraîchage. Des secteurs écologiquement sensibles comme les sommets dunaires qui sont le plus souvent fixés par une végétation basse et arbustive sont de plus en plus défrichés et labourés (photo1).

Photo1 : Escalade des versants par les cultures, zone des Niayes - Diogo Source : S. Ndjekouneyom (2006)

L'utilisation des bas-versants et des cuvettes était conditionnée à l'époque par la disponibilité de l'eau et par la fertilité des sols mais aujourd'hui ces deux contraintes sont aisément surmontées par l'amélioration des techniques de culture et les progrès de l'agronomie. Ce qui conduit à une escalade des hauts-versants réputés pourtant difficile d'accès et pauvres. Les secteurs les plus improbables comme certains creux dunaires situés à plus de 25m sont exploités. Désormais la menace concerne autant la végétation hygrophile des cuvettes que la végétation xérophile des sables dunaires.

Les impacts du maraîchage sur la végétation ligneuse dans la région des Niayes centrales

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Fas Boye

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Darou Guéye

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Route régionale

0 1 2 3 4 Kilomètres

Contour de cuvette

Culture maraîchère pure

Culture maraîchère associée aux arbres

Piste

Route

Délimitation. de la zone d'étude

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Darou Ndoye

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Diogo

297000

Figure 15: Carte de l'évolution spatiale des cultures maraîchères Source : Image Landsat 2002- Traitement : S. Ndjekouneyom

3.5 Les différentes étapes de l'abandon des cuvettes

L'abandon d'une cuvette devrait permettre dans des délais plus ou moins longs une recolonisation du site par une végétation similaire dont les caractéristiques ne devraient pas trop s'éloigner de celles de la végétation ayant précédemment occupé la cuvette. Mais ce processus généralement observé dans le cas d'un arrêt prolongé des cultures ne semble pas être le cas pour les cuvettes du nord de Mboro. Il semble que chaque cuvette évolue ici suivant un cycle qui le conduit inexorablement à l'épuisement de ses potentialités et à son abandon.

Avant de poursuivre cette réflexion signalons d'abord que plusieurs motifs peuvent conduire à l'abandon d'une cuvette.

-Le motif le plus fréquent est l'épuisement de la ressource hydrique ou sa pollution. -La perte de la fertilité.

-L'assèchement du fond de la cuvette du fait de l'importance de la fraction argileuse suite à l'aridité.

-D'autres cuvettes sont abandonnées sans raisons apparentes60.

Mais de manière générale l'abandon d'une cuvette reste lié à sa perte de productivité et à son mode d'exploitation anarchique.

L'abandon d'une cuvette n'est jamais brutal mais progressif, se faisant par étapes successives. La végétation sert facilement d'indicateur dans ce cas.

Photo 2 : (Mboro)-2007 Photo 3 : (Mboro)-2007 Photo 4 :(Mboro)-2007

Première phase : fragmentation et éclaircissement progressif du paysage

Photo 5 : (Mboro)-2007 Photo 6 : (Diogo)-2007 Photo7 :(Diogo)

Deuxième phase : réduction de la végétation et utilisation maximale des potentialités culturales de la cuvette

60 -Nous les rattachons à des causes humaines comme l'incapacité financières ou l'incompétence technique des propriétaires (souvent externe à la communauté) à le mettre en valeur.

Photo 8: (Diogo)-2007 Photo 9: (Diogo)-2007 Photo 10: (Diogo)-2007

Troisième phase : délaissement de certains secteurs, appauvrissement du sol et épuisement de la nappe.

Photo 11: (Diogo)-2007 Photo 12: (Diogo)-2007

Source: S. NDJEKOUNEYOM -2007

Quatrième phase : abandon total de la cuvette, disparition de la couverture végétale ligneuse et agricole.

Nous avons conscience que cette démonstration par étapes successives n'a aucune valeur chronologique dans la mesure où il ne s'agit pas de la même cuvette. Elle a néanmoins le mérite de permettre une lecture dynamique finalement assez proche de la réalité. Toutes ces situations existent simultanément et correspondent à une phase ou à une autre de l'évolution qui conduit les cuvettes à leur «terme«, leur abandon intégral.

Les cuvettes abandonnées ont des compositions floristiques très différentes qui définissent leur état. Ce dernier est souvent le résultat de pratiques qui ont précédées leur abandon. Ainsi une cuvette en phase d'abandon qui porterait encore des individus d'Elaeis ou de Cocos, même en dégénérescence, n'est pas dans les mêmes conditions écologiques que celle qui n'en à plus.

Il faut aussi distinguer les cuvettes qui ont fonctionné exclusivement comme dépression maraîchère de celles qui ont été par la suite utilisées pour des cultures pluviales ou pour la culture de l'arachide. Dans le premier cas l'exploitation se poursuivra jusqu'à épuisement des ressources et dans le second l'abandon est plus précoce.

Dans certaines cuvettes de Mboro, de Touba Ndiaye et une grande partie de celles de Darou Diouf une typhaie (Typha australis) vigoureuse apparaît. Cette formation est considérée par certains auteurs comme l'indice d'une niaye en dégradation.

La grande question qui anime toutes ces observations est de savoir si une cuvette par suite de son exploitation puis de son abandon peut enregistrer un retour de la végétation? La plupart des cuvettes abandonnées que nous avons visitées permettent de le confirmer mais il semble que le contraste qu'il y a entre les conditions d'avant et celles d'aujourd'hui soit tel que la végétation qui apparaît après tarissement des nappes affleurentes, exploitation et abandon n'est plus du tout atypique. Il s'agit au contraire d'une flore sèche et bien adaptée au domaine climatique.

Notons par ailleurs que le retour de la végétation est assez lent. On a constaté dans ces cuvettes que si certaines essences s'éloignent de leur optimum climatique à mesure que l'abandon dure, d'autres au contraire s'en rapproche. C'est ce qui explique le renforcement des essences sahéliennes avec une descente d'Euphorbia, d'Acacia albida, d'Acacia ataxacantha, dans les parties basses à mesure que s'affirme l'aridité dans la cuvette.

Malgré l'intensité des processus de dégradation du couvert végétal que nous avons observés, il importe de nuancer les conclusions car les seuls états de surfaces ne peuvent nous permettre d'affirmer une perte définitive de la diversité et de la densité végétale dans la mesure où nous sommes ignorants des capacités d'adaptation de graines dans le sol.

D'ailleurs Raynal relevant à la faveur d'un maximum de crue l'apparition d'un contingent d'espèces extrêmement rares affirme que « certaines espèces n'apparaissent qu'a la suite d'une inondation et que leurs graines doivent avoir la possibilité d'attendre plusieurs années le retour de conditions favorables. »

Malheureusement même si le potentiel biologique est théoriquement conservé, il ne peut s'exprimer que lors que le bilan hydrique est favorable et l'écosystème peu perturbé. D'ailleurs la mise en défens de certains sites à Mboro, où la nappe phréatique est parfois très accessible, a généré des peuplements plus denses et une richesse floristique accrue. Mais la même expérience réalisée à Diogo notamment entre les cuvettes abandonnées de Darou Fal et la route de Fas Boye (avant d'arriver à la cuvette de Mbeul) reste pour l'heure improductive. En définitive on peut dire que « l'écosystème des Niayes possède une plasticité et une rusticité qui lui confère un certain pouvoir de maintient même si d'autres facteurs déstabilisants continuent à agir sur lui »61. Par conséquent la notion d'irréversibilité des phénomènes de dégradation doit être manipulée ici avec beaucoup de prudence.

61 Pratique de conservation de l'eau et des sols dans la région des Niayes- ENDA -1999

Chapitre VII : ASSOCIATION ET INCOMPATIBILITE ENTRE LE MARAÎCHAGE ET LA VEGETATION LIGNEUSE

Le fonctionnement et l'organisation de l'agroécosystème supposent en effet qu'une part plus ou moins importante est faite à la composante naturelle, en occurrence la végétation ligneuse, dans le but d'assurer une fonction précise comme la fertilisation ou la stabilisation du milieu. Dans ce contexte les différents secteurs de notre zone d'étude répondent diversement à cette notion selon que la complicité ou l'antinomie entre végétation ligneuse et maraîchage sont grandes.

I. L'ORGANISATION SPATIALE

Dans les cuvettes comme celle de Ndiorokh (figure 16) une ceinture de végétation spécifique est disposée en auréole autour de la cuvette et s'organise en fonction des conditions édaphiques, du niveau de la nappe et des formes d'exploitation. Plus cette dernière est respectueuse de la végétation ligneuse et plus cette disposition est régulière mais plus l'exploitation est sans compromis et plus la végétation est irrégulière avec une dispersion aléatoire des individus.

1.1 Organisation et utilisation des cuvettes

Cette dernière situation est typique de la cuvette de Mband (route Fas Boye) dont la nappe
située à moins de 1,5m est assez proche de la surface. On dénombre malgré tout dans cette

cuvette seulement 3 palmiers à huile et 39 cocotiers alors qu'à Ndiorokh (Diogo) l'exploitation est plus modérée et la nappe plus profonde, les palmiers se chiffrent à 66 et les

cocotiers à 78.

Dans la cuvette de Guewel (Mboro) la situation est tout à fait différente des deux cas précédents. En effet la cuvette est très complexe du point de vue de son fonctionnement à cause de la diversité des usages dont elle fait l'objet. On note une association remarquable entre maraîchage et arboriculture. Les citronniers, les manguiers, les orangers ( parfois les bananiers, papayers) sont régulièrement représentés en compagnie d'un peuplement intéressant de palmiers à huile (326 individus) et de cocotiers (93 individus) sans oublier les rôniers, l'Eucalyptus et divers autres arbres. Outre les arbres et les légumes, le maïs et le manioc y sont aussi intensément cultivés. L'élevage n'est pas en reste et concerne les espaces laissés en jachère.

Tableau 10 : Composition floristique des cuvettes

Cuvette de Ndiorokh (22ha)
(Diogo)

Cuvette de Mband (28ha)
(route Fas boye)

Cuvette de Guewel (25ha)

(Mboro)

-Elaeis

-Piliostigma .r

-Elaeis guineensis

-Dichrostachys

-Citrus limon

-Xylopia aethiopica

-Cocos

-Jatropha curcas.

-Cocos nucifera

cinerea

-Cocos nucifera

-Parkia biglobosa

-Calotropis. p

-Dialium guinense

-Borassus a.

-Grewia bicolor

-Elaeis guineensis

-Phyllanthus .r

-Adansonia. d

-Capparis. t

-Azadirachta indica

-Acacia albida

-Annona muricata

-Acacia albida

-Acacia albida

-Acacia

-Sesbania sesban

-Commiphora a.

-Adansonia digitata

-Balanites a.

-Mangifera i.

ehrenbergiana

-Adansonia digitata

-Acacia holosericea

-Sesbania sesban

-Euphorbia b.

-Ficus ovata

-Anacardium .o

 
 

-Achras sapota

-Oxytenanthera

-Borassus

-Lawsonia inermis

 
 

-Prosopis juliflora

abyssinica

-Tamarindus

-Asparagus a.

 
 

-Mangifera indica

-Tamarindus indica

-Cassia siamea

-Dichrostachys. c

 
 

-Ficus sur.

-Anacardium o.

-Azadirachta indica

-Commiphora. a

-Parinari. m -Acacia

ataxacantha

 
 

-Azadirachta indica

 

Source : Enquête (S. NDJEKOUNEYOM -2007)

Les impacts du maraîchage sur la végétation ligneuse dans la région des Niayes centrales

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Cuvette de Mband

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Cuvette de Ndiorokh

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Cuvette de Guewel

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Construction urbaine


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Figure 16: Organisation spatiale des cuvettes Source : S. NDJEKOUNEYOM - relevés de terrain 2007

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Piste

Haie vive

Route

Bananeraie

Culture maraîchère

Végétation herbacée

0 50 100 Mètres

Manioc

Surface boisée

Surface dénudée

Cette cuvette par sa diversité d'utilisation ainsi que l'importance et la répétitivité de la jachère abrite une végétation très riche et conserve une nappe légèrement affleurante même en fin de saison des pluies (les motopompes ne sont pas utilisées).

1.2 Utilisation de haies-vives et de brises-vents

Dans les terroirs au nord de Mboro qui sont soumis à une menace d'ensablement plus élevée, la constitution de haies-vives et de brise-vent pour la protection des cuvettes est gage de préservation de la diversité biologique. On retrouve dans les haies-vives une gamme assez variée d'essences sur des épaisseurs intéressantes de 5 voire 10m. Ces haies-vives et brisesvents polarisent d'abord des essences spécifiquement sélectionnées à cette fin, c'est-à-dire Euphorbia balsamifera, Guiera senegalensis, Casuarina equisetifolia, Eucalyptus camaldulensis, Prosopis juliflora, Anacardium occidentale. Mais par la suite grâce à l'abondance de la matière sèche produite, d'autres essences y trouvent refuge, il s'agit Lannea acida, Tamarindus indica, Maytenus senegalensis, Capparis tomentosa, Piliostigma reticulatum ou encore de Balanite aegyptiaca. A Mboro où la pratique du bornage est moins répandue on enregistre quant même l'utilisation répétée de Jatropha curcas pour délimiter les champs.

1.3 L'agriculture multi-étagée de Mboro

Le choix du paysan de conserver ou non des plantes pérennes dans son système de culture à dominance herbacée peut être lié aux inconvénients que cette association a sur la productivité de ce système. En effet chaque arbre colonise l'espace aérien et souterrain à sa façon, certains sont plus gênants que d'autres. L'ombrage et le développement racinaire sont les inconvénients les plus souvent mentionnés lors de nos questionnaires, dans ce cas Azadirachta indica, Eucalyptus, Borassus aethiopum, Elaeis guineensis, Zizyphus mauritiana, Anacardium occidentale sont les essences les plus souvent indexées. Prosopis juliflora qui est une essence assez bien intégrée d'un point de vu écologique et social est cependant tenue en dehors des champs à cause de sa tendance à abriter des nématodes de même d'ailleurs que le manguier (qui lui est malgré tout associé aux cultures)

A Mboro on rencontre beaucoup de producteurs qui ont opté pour une association cultures maraîchères et cultures fruitières qui est, malgré les inconvénients, écologiquement et économiquement plus stable même si sa rentabilité est plus faible. En effet pratiquer exclusivement le maraîchage reste assez risqué à cause des aléas du marché et des problèmes de conservation des légumes.

La comparaison (tableau 11) des recettes d'un producteur maraîcher horticole à Mboro donne une idée des avantages de l'association maraîchage - arbres fruitiers.

Arbre fruitier

Recette

Légume

Recette

Manguier

200.000 F

Aubergine

52 500F

Cocotier

45 500 F

Choux

166 500 F

Citronnier

12 000 F

Diakhatou

254 500 F

Sapotier

70 000 F

 
 

Total

327 500 F

Total

473 500 F

Tableau 11 : Exploitation horticole de Sadibou Sow Source : Enquête - (S. NDJEKOUNEYOM - 2007)

Il convient de rappeler que des 473 500 F CFA gagnés par ce producteur sur la vente des légumes il faut déduire les frais d'intrants et la charge de travail qui peuvent être considérables alors que les arbres fruitiers, eux, n'ont besoin que d'eau.

La proportion de végétation conservée reste néanmoins très relative et varie selon les modalités. Certains producteurs privilégient sur le même espace trois niveaux avec d'abord les légumes suivis des arbres fruitiers de taille moyenne comme les manguiers, les orangers, les citronniers, les sapotiers et enfin dans la dernière strate des cocotiers et/ ou de palmiers à huile. D'autres se contentent de deux niveaux avec des arbres moyens et les légumes ou les légumes et les palmiers. Il y a enfin ceux qui conservent deux espaces bien distincts, un pour les arbres et l'autre pour les cultures légumières. Cette dernière disposition spatiale empêche les strates inferieures d'être gênées dans leur croissance par l'ombre des strates supérieures.

1.3 Typologie de la végétation

Plusieurs typologies peuvent résulter de l'organisation des cuvettes et des interactions entre cultures et arbres. Nous pouvons de prime abord distinguer les espèces anthropiques ou anthropogènes des espèces spontanées. Pour les essences dites anthropogènes nous avons premièrement celles qui sont épargnées et protégées par l'homme telle Acacia albida, Zizyphus mauritiana, Adansonia digitata, Euphorbia balsamifera et celles qui sont exotiques comme Casuarina equisetifolia, Eucalyptus camaldulensis, Prosopis juliflora, Jatropha curcas, Melaleuca leucadendron. Pour ce qui est des essences spontanées on peut faire mention de deux types aussi faciles à discriminer. Nous avons d'une part les essences réellement spontanées ou celles dont la dissémination a finie par le devenir comme Capensis tomentosa, Acacia ataxacantha, Heeria insignis, Combretum glutinosum, Aphania senegalensis ou encore Commiphora africana (ces essences sont surtout caractéristiques des sables dunaires) et celles qui croissent à la faveur des essences épargnées par l'homme à l'image de Lannea acida, Grewia bicolor, Calotropis procera, Ficus capensis. Ces essences sont dans les secteurs entre Diogo et Andal les témoins de possibilités écologiques rarement exprimées dans la zone. Aucune situation vraiment tranchée n'est observable mais cette distinction est pratique et commode.

A cela il faut ajouter un nouveau cortège d'arbres produits dans les pépinières de Mboro (initiative privé ou étatique) à des fins décoratives et ornementales qui subissent un glissement accidentel dans les dépressions en particulier à Mboro où les pépinières fleurissent. Ces dernières viennent finalement renforcer la diversité floristique en opérant une intégration dans le paysage. Crescentia cujete, Moringa Oleifera, Hura crepitans, Cordia sebestina illustrent cette catégorie.

Ce constat nous oblige à réviser notre approche et à poser une nouvelle question. Le problème de la végétation de la zone des Niayes se pose t-il véritablement en termes de réduction de la diversité ou plutôt en termes de remplacement de la diversité existante par une nouvelle ?

En effet nous avons enregistré, en comptant les taxons hors placettes, environ 87 espèces62 dont la majorité n'était pas signalée par Raynal et Trochain. Exotique ou originaire du domaine plus continental le nouveau contingent floristique des niayes semble se substituer de plus en plus à l'ancien.

62 -Quelques unes restées indéterminées n'ont pas été comptabilisées

En vérité cette relative63 augmentation de la diversité ne doit pas cacher le fait qu'au sein de chaque espèce les effectifs d'individus sont en baisse.

Une autre réflexion s'impose car la baisse de la nappe phréatique affecte premièrement les essences à affinité plus méridionale, en particulier celles qui sont caractéristiques des cuvettes plus ou moins humides. Or le pompage de l'eau des profondeurs jusqu'en surface à l'aide des engins est une garantie d'humidité autant pour les légumes que pour certaines essences épargnées par le maraîcher. Cocos nucifera, Elaeis guineensis, Mangifera indica, Citrus limon, certaines essences spontanées comme Ficus Ovata, Ficus capensis profitent largement de cette humidité produite artificiellement par le cultivateur pour se maintenir en bon état. Dans la majorité des cuvettes que nous avons observées la disposition des palmiers n'est jamais très éloignée des puits encore actifs. Dans la cuvette de Ndiorokh les surfaces laissées en jachère sur les deux versants (pendant 4 ans) voient une interruption de la ceinture de palmeraie, les seuls individus encore sur pied sont en très mauvais état. La comparaison de plusieurs cuvettes, les unes exploitées et les autres abandonnées permet de renforcer cette observation.

Le maraîchage par sa montée en puissance a permis d'achever un écosystème que la sécheresse avait déjà sévèrement éprouvé. On peut affirmer que ce dernier vit (pour ce qui est des secteurs entre Touba Ndiaye et Lompoul64) actuellement sous assistance et qu'aussi invraisemblable que cela puisse paraître c'est bel et bien le maraîchage qui permet d'une certaines façon à certaines plantes hygrophiles de subsister. Ce qui ne nous empêche pas de souligner la situation très précaire de celles-ci qui disparaissent ou se transforment avec l'arrêt des activités maraîchères.

On peut dire en dernier ressort qu'exception faite d'un renversement spectaculaire des conditions pluviométriques tout abandon prolongé de cuvettes dans les secteurs de Diogo et de Andal conduit à précipiter la fin de la végétation atypique que l'on y rencontre.

II. LE CHOIX DU PAYSAN

Il semble incontestable que le manteau végétal dans sa composition résulte premièrement des variations des éléments suivants : la topographie, la variation édaphique, la variation de la nappe phréatique. Néanmoins l'agencement, la composition et la densité répondent aussi, et de plus en plus, aux besoins et aux moyens des sociétés en place, aux conditions endogènes et exogènes qui pèsent sur leurs choix. Ce rapport complexe qui fait du maraîcher tantôt un défricheur tantôt un protecteur de l'arbre nous oblige à considérer le maraîchage et la végétation ligneuse sous un angle social et non purement spatial.

Entre Mboro et Diogo les méthodes de culture sont différentes et traduisent des choix différents de la part des maraîchers de ces zones respectives. En effet il est difficile de comprendre que Mboro en tant que commune puisse présenter un meilleur recouvrement végétal que Diogo qui est un espace rural. On sait que la pression sur la végétation est plus croissante à mesure que l'on se rapproche d'un centre urbain. Pour expliquer cette situation, outre les faits physiques que nous avons déjà évoqués plus haut, il convient de rappeler que Mboro est à l'origine une cité ouvrière (exploitation de phosphates), par conséquent une bonne partie de la population active ( 47,7%) vit directement ou indirectement de ICS

63 -Puisque d'autre part il y a disparition ou raréfaction de certaines espèces

64 - Situé au nord dans le prolongement de Diogo

(Industries Chimique du Sénégal) tandis que l'autre trouve dans les services offert par la commune le moyen de se passer des travaux champêtres.

En plus d'avoir bénéficié des programmes de développement agricole dont les sièges ont souvent été dans la commune, beaucoup de maraîchers à Mboro sont instruits. Ce qui introduit une différence fondamentale dans leur rapport avec l'environnement en termes de conservation des certaines essences spontanées, de reboisement ou de demande et de respect des permis de coupe accordés. Ainsi peut-on parler d'agriculteurs d'un côté et de l'autre de simples paysans.

Il faut reconnaître que l'arbre n'a pas à Diogo et surtout à Mboro la fonction d'être exclusivement l'auxiliaire des cultures il remplit d'autres rôles qui expliquent son maintien ou son entretien à côté des plantes maraîchères.

2.1 Le cas d'Eucalyptus

Les propriétés naturelles de cette essence rendent difficile l'explication de son abondance et de sa préférence par le maraîcher. A Diogo comme à Mboro les producteurs sont parfaitement conscients des exigences hydriques élevées d'Eucalyptus. Elle est pourtant avec Maytenus la seule essence à être représentée à tous les niveaux de la toposéquence.

Dans un milieu ou le problème fondamental est l'eau et l'espace, on découvre sur la photo 13 que l'essence fait même l'objet de culture à des fins non seulement forestière mais aussi individuelles. Mais son asociabilité est telle que ses individus pompent pratiquement toute l'eau dans les couches superficielles du sol de sorte que les autres espèces ne parviennent pas à pousser dans son environnement immédiat malgré l'importance de la litière. Eucalyptus émet par ailleurs des toxines qui neutralisent les individus des autres espèces65.

En dépit donc du fait que cette essence soit particulièrement pernicieuse, sa fréquence à Diogo et surtout à Mboro, où elle est plus à son aise, est à rattacher à des choix dont il faut comprendre les motivations d'autant plus que sa germination naturelle n'est pas toujours assurée ici.

Photo13 : Plantation d'Eucalyptus à l'intérieur d'une dépression à Mboro Source : S. NDJEKOUNEYOM 2007

65 Ce qui fait d'ailleurs réfléchir quant à son utilisation comme une des essences préférentielles du reboisement

A Mboro où il est cultivé, Eucalyptus est apprécié pour sa faculté à repousser très vite après la première coupe en produisant dix fois plus de branches qu'avant. Ces branches au fût droit sont très sollicitées pour la confection de balais, de meubles artisanaux, de charpentes et servent même de bois de chauffage66. A Diogo, en plus de sa fonction de brise vent, l'essence est associée par certains paysans à une croyance selon laquelle elle aurait des propriétés d'invocation de la pluie.

2.2 Le remplacement d'Elaeis guineensis par Cocos nucifera

Bien des facteurs convergent en défaveur d'Elaeis guineensis qui était pourtant l'identité même de la zone des Niayes. Actuellement l'essence est fortement concurrencée par Cocos nucifera qui présente sur le plan écologique, économique et social des avantages certains sur le palmier à huile.

Sur le plan écologique le cocotier est beaucoup moins exigeant et capable de supporter des situations de stress climatique élevé. Sa position dans la toposéquence est plus haute bien qu'il puisse s'accommoder également des conditions d'humidité des bas-fonds.

Sur le plan socio-économique, le palmier à huile a subi une perte de valeur qui explique sa marginalisation croissante. L'utilisation de ses fruits pour l'extraction de l'huile de palme et l'huile de noix de palme est de moins en moins répandue dans la zone. De même que l'utilisation des feuilles pour la confection de clôture et d'habitations précaires est devenue rare du fait de l'urbanisation et la disponibilité de matériaux de construction plus consistants. Les usages thérapeutiques n'ont été mentionnés que par quelques enquêtés.

Parallèlement à cette perte de valeur d'usage d'Elaeis, Cocos s'affirme de plus en plus. Introduit par le colonisateur pour borner et marquer les cuvettes au moment de l'affectation des terres, la plantation de Cocos a été particulièrement encouragée. De plus le maraîcher le trouve nettement plus rentable qu'Elaeis puisqu'il peut produire toute l'année des fruits qui sont très bien commercialisés surtout dans les centres urbains. A cela il faut ajouter que Cocos fait l'objet de plantation volontaire tandis que le mode de reproduction d'Elaeis reste essentiellement naturel.

Photo14 : Extraction de la sève pour la préparation du vin de palme -Mboro Source : S. NDJEKOUNEYOM 2007

66 -la commercialisé se fait à raison de 500 à 700 F la branche.

Sur le plan purement économique il faut reconnaître que l'opération de location qui se passe entre le maraîcher des niayes et le paysan diola n'est pas étrangère à la diminution de la vigueur végétative de la palmeraie et de l'augmentation de sa mortalité. Le prélèvement de sève pour la préparation du vin de palme peut atteindre 15 à 20 litres par jour et par individus.67 Une telle saignée réalisée quotidiennement sur un sujet provoque forcement son dépérissement accéléré68.

Les exploitants de vin de palme sont finalement d'excellents indicateurs du niveau de la vitalité de la palmeraie. Ceux de Diogo avec des chiffres d'affaire de 200 000F/exploitant (1000 litre environ par an et par exploitant) pour l'année 200569 affirment pourtant que l'activité a véritablement périclité et que beaucoup de sujets produisent à peine 1 litre par jour.

A Mboro même si la situation est plus favorable à la palmeraie, certains maraîchers refusent de louer leurs palmiers70 pour la production d'alcool, ce qu'ils perçoivent, étant musulmans, comme contraire à leur conviction religieuse (par ailleurs la transformation des produits d'Elaeis guineensis n'est pas propre aux milieux wolof et peul). Ils affirment par conséquent opérer volontiers le remplacement d'Elaeis guineensis par Cocos nucifera.

Cette substitution d'Elaeis par Cocos, si est elle affecte la végétation dans sa composition, ne change finalement pas grand chose à la physionomie des paysages où elle se réalise. Ainsi là où étaient plantés des palmiers on voit maintenant apparaître de plus en plus des cocotiers.

S'il est vrai que bien souvent la protection d'une espèce n'a rien à voir avec son rôle direct sur le maraîchage, c'est pourtant bien du fait du maraîcher qu'elle est présente. L'utilité que ce dernier lui assigne détermine sa duré dans l'environnement. Selon que la signification sociale, économique ou écologique est grande, un arbre ou un peuplement peut persister plus ou moins longuement au milieu du paysage agraire des Niayes.

2.3 De la nécessité d'une valorisation du potentiel ligneux

Les populations rurales des Niayes ne vivent plus directement de leur agriculture (autoconsommation) depuis longtemps, ce qui a produit certaines exigences et un mode vie calqué sur celui des centres urbains tributaires d'un revenu conséquent pour se procurer les produits de première nécessité essentiels à la subsistance quotidienne (huile, riz, gaz, produit manufacturés..).

Ainsi le passage d'une économie de subsistance à une économie d'échange par l'adoption et la généralisation du maraîchage s'est répercuté diversement sur le couvert végétal. Nous notons une perte de dépendance vis-à-vis des essences ligneuses qui ne sont plus perçues de manière spécifique. Beaucoup d'arbres sont de fait tombés dans la marginalisation, ce qui facilite énormément leur élimination par le maraîcher.

67-Pour les exploitants interrogés la production et la commercialisation sont meilleures dans les Niayes

par rapport à la Casamance ou il faut environ 5 palmiers pour obtenir 10 litres, le vin de palme est commercialisé à raison de 500 F le litre alors qu'il est à moins de 300F la bas

68 -La saignée est d'ailleurs interdite par les autorités sénégalaises

69 - Etude d'impact du projet Zircon de la Grande Côte

70 -5000F par ans et par individu

Des essences d'usages aussi variés qu'Adansonia, Elaeis et Borassus sont souvent réduites à un rôle décoratif. Dans bon nombre de cuvettes la présence d'arbre n'est finalement révélatrice que d'un besoin de récréation à cause de la dureté du travail.

Un paysan de Diogo s'est exclamé lors d'une question relative à la raréfaction d'Elaeis guineensis en disant « il n'a qu'à disparaître, je n'en ai que faire ». Un autre cette fois ci à Mboro a déclaré, en réponse à une question sur la gêne que constituent les plantes ligneuses pour les cultures maraîchères, que « c'est de la lumière du soleil dont mes plantes ont besoins et non de l'ombre des arbres ». Ce qui est révélateur de l'état d'esprit des maraîchers qui perçoivent de plus en plus la végétation ligneuse comme une menace à leur activité tout en oubliant les nombreux bénéfices dont ils peuvent profiter. Les essences à vocation alimentaire évidente ou de haute valeur gustative comme le manguier, l'anacardier, le cocotier sont bien connues mais le reste est négligé surtout par les jeunes maraîchers. A cet effet les mentalités à Mboro sont à un stade antérieur à celles de Diogo, certains producteurs s'apprêtent à se passer également de la valeur d'usage des arbres.

Quelques unes des essences que nous avons répertoriées méritent de retenir notre attention, ne serait ce que parce que cela permettrait de faire ressortir leur intérêt potentiel pour le maraîcher.

Le rôle fertilisant est la première justification qui explique le maintien d'un arbre à l'intérieur d'un champ. Acacia albida est à cet effet l'essence la plus classique à tout point de vue avec son rôle bénéfique sur le rendement ainsi que sa contribution à l'alimentation du bétail. Cependant cette espèce est de moins en moins sollicitée dans le cadre des cultures maraîchères alors que son association avec les cultures pluviales laisse encore dans le paysage des dunes émoussées des traces parfaitement décelables.

De même, le rônier qui est d'une étonnante élasticité écologique n'est que très peu sollicité dans le remplacement du palmier à huile alors qu'il présente, pour les connaisseurs, des avantages au moins aussi importants que le cocotier. Dans toute la zone d'étude, les seules rôneraies que nous ayons observées se localisent entre Santhie Touba Ndiaye et Touba Ndiaye (deux villages voisins), pourtant la flexibilité écologique de Borassus aethiopum est telle qu'il peut subsister des années entières dans des cuvettes arides et inexploitées. Même le Baobab, arbre mythique, dont toutes les parties sont utilisables, perd sa signification ici. Un tableau synthétique nous permettra de mieux apprécier la richesse des usages possibles pour cette flore et de déplorer par ailleurs le manque de valorisation dont fait l'objet la majorité des essences.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : recherche

documentaire, enquête
(S. NJEKOUNEYOM)

Tableau 12 : Usages et utilisations des arbres71

L'évolution de la végétation ligneuse dans sa composition et dans sa densité est le résultat de pratiques paysannes évoluant dans un environnement précis. Dans ce cas la protection qu'on accorde à une essence est largement définie par l'usage et l'intérêt qu'on lui trouve.

Mais il faut signaler que la présence d'un arbre ou d'un peuplement n'est pas forcement due à une fonction spécifique reconnue et appréciée par le maraîcher. En effet il y a des essences qui s'adaptent bien aux conditions écologiques et aux conditions d'exploitation et qui de fait se maintiennent en dépit de l'indifférence ou même de l'hostilité que leur témoigne le maraîcher. Inversement il existe beaucoup d'espèces dont la présence est souhaitée par ce dernier mais que les nouvelles conditions ne permettent plus de perpétuer.

Chapitre VIII : FACTEURS DE L'INTENSIFICATION DU MARAÎCHAGE

Les problèmes qui se posent à l'environnement et à l'écosystème des Niayes doivent être appréciés dans toutes leurs dimensions : écologique, sociale, économique et politique. S'il a été fait mention, dans les pages précédentes, plus spécifiquement des deux premières, il ne faut pas pour autant occulter le rôle joué par le contexte économique, les réglementations, la pression foncière ou encore l'incohérence des politiques appliquées.

La régression du couvert végétal est au moins autant imputable à ces facteurs qu'à la récession pluviométrique et à la pression démographique.

Il est évident que les facteurs de l'intensification de la pression maraîchère sur la végétation sont nombreux et variés d'où notre choix de privilégier seulement trois axes de réflexion bien précis. Nous aborderons donc cette étude des facteurs à travers :

-les facteurs juridico-institutionnels

-l'incohérence des politiques appliquées

-le contexte économique.

I. LES FACTEURS JURIDICO-INSTITUTIONNELS

Le statut foncier est l'un des traits sociaux qui s'imprime le plus visiblement sur les paysages agraires et sur l'écosystème. Cependant ce statut est au Sénégal et en particulier dans la zone des Niayes marqué par une imbrication entre les règles traditionnelles toujours en vigueurs et la règlementation moderne qui, ici, en plus de la loi sur le domaine national, inclut le statut particulier de la zone.

Dans la société traditionnelle wolof, le patrimoine foncier appartenait à la communauté, celleci délimitait son domaine par le feu. La gestion en était confiée à un législateur : le lamane. Le colonisateur a tenté de modifier les coutumes sur le territoire national. Mais les institutions proposées à savoir la propriété privée ne trouvaient pas l'approbation des populations qui conservaient leurs anciennes pratiques.

Par la suite pour éviter la confiscation de terres par des personnes intéressées, les autorités sénégalaises ont adopté le 17 juin 1964 la loi 64-46 qui incorpore toutes les terres non immatriculées dans le domaine national. Cette loi confère le droit d'usage mais les terres affectées ne sont pas en théorie sujettes à la transaction, la vente ou le contrat de location. Un peu plus tôt en 1957, face à l'insuffisance des actions de reboisement entreprises dans la zone, l'Etat a pris en conseil un arrêt qui classe un territoire de 82 000ha en «périmètre de restauration«.

Ce statut est similaire à celui de forêt classée, l'article R2 du code forestier affirme ceci : « Constitue le domaine forestier de l'Etat l'ensemble des zones classées comprenant les forêts classées, les réserves sylvo-pastorales, les périmètres de reboisement et de restauration, les parcs nationaux, les réserves spéciales ». L'article 5 précise que « les périmètres de reboisement et de restauration sont des terrains dénudés ou insuffisamment boisés sur lesquels s'exerce ou risque de s'exercer une érosion et dont le reboisement ou la restauration est reconnue nécessaire du point de vue agronomique, économique ou écologique. Ces terrains sont temporairement classés en vue d'en assurer la protection, la reconstitution ou le reboisement. Les buts atteints ils peuvent être soustraits de ce régime.»

En dépit de ces dispositions juridiques le statut foncier est sujet à bien des incohérences et des inégalités. Les nouvelles formes de réglementation s'ajoutent aux anciennes sans pour autant les faire disparaître. Cette situation d'interface permet de remarquer que les acteurs tant du côté de l'Etat que des populations sont confrontés à la diversité des normes qui finissent par paralyser les actions effectives dans ce domaine.

Cette complexité des statuts fonciers favorise insidieusement le contournement de la règlementation par exemple en invoquant, si besoin est, le droit d'usage ou le droit coutumier. Or ces derniers, pratiqués sous la forme que nous avons décrite, entrent clairement en contradiction avec le statut de la zone ci-dessus précisé.

En outre les paysans éprouvent, il faut le reconnaître, un fort sentiment d'insécurité vis-à-vis des terres qu'ils travaillent et dont ils ont conscience de ne pas être les véritables propriétaires. Ce qui contribue à intensifier la pression sur la terre avant que celle-ci ne leur soit arrachée72. L'exemple des ICS73 qui possèdent un immense domaine dans les Niayes ou celui, plus récent, du MDL74 qui s'apprêtent à entamer une exploitation de grande envergure sont tout à fait parlants.

Par ailleurs il faut relever l'application partielle ou approximative du statut de forêt classée par les services des Eaux et Forêts eux même. Les mesures coercitives sont totalement absentes dans la zone, seul le volet restauration est pris en compte et ce uniquement sur les dunes blanches et les dunes jaunes. De part et d'autre de notre zone d'étude les moyens et les effectifs assignés à cette surveillance sont largement insuffisants.

L'imprécision effective des textes relatifs au statut juridique de la zone rend toute action répressive difficile. On peut dire qu'en dehors du reboisement il a été procédé à un déclassement officient du périmètre de restauration. Les aspects relatifs à l'interdiction de coupe, l'interdiction de feu de brousse, l'interdiction de pratiquer la culture de l'arachide sur 20km de large sont mal appliqués. Pourtant la zone des Niayes abrite quelques unes des espèces les plus menacées (Borassus aethiopum, Parkia biglobosa, Khaya senegalensis) d'une part et de l'autre des espèces qui bénéficient d'une protection intégrale ou partielle à savoir Celtis integrifolia, Acacia albida, Adansonia digitata, Borassus, Tamarindus indica, Zizyphus mauritiana...

Nos questionnaires ont montré que lorsque la conscience des interdits relatifs à l'exploitation ou l'élimination des ligneux n'est pas absente, elle est bien souvent floue. En fait il faut savoir qu'on ne coupe pas n'importe où, n'importe quand et surtout n'importe quel sujet. Là encore les secteurs du nord sont plus déplorables que Mboro car la majorité des enquêtés affirme qu'il n'y a aucune restriction concernant les arbres hors mis les cas d'Eucalyptus et de Casuarina. Le propriétaire d'une cuvette est par conséquent considéré comme jouissant d'un droit absolu sur la ressource ligneuse qu'elle porte.

En réponse à l'insécurité foncière générée par les différentes réglementations, on peut citer l'approche participative qui s'inscrit dans une recherche de solution au problème de gestion des ressources naturelles.

72 -La réalisation de nos placettes par des mesures à provoquée par exemple une certaine panique

73 -Industries Chimiques du Sénégal

74 - Minéral Deposits Limited

Mais il faut reconnaître que si la ressource ligneuse est menacée ici, c'est moins par surexploitation que pure élimination pour faire de la place aux cultures maraîchères. Par conséquent la marginalisation de la valeur d'usage des arbres, contrairement à l'habitude, pose un problème d'autant plus difficile à résoudre que les espaces agricoles se rétrécissent de plus en plus. «Dans ce contexte le nouvel ordre institutionnel instauré par la décentralisation, même s'il apparaît comme une volonté réelle de responsabilisation des acteurs à la base, se révèle comme une équation aux dimensions multiples75». P. Ndiaye exprime cette inquiétude76 en ces termes : « La question ouverte renvoie à la possibilité légale d'impliquer les populations à la gestion durable des ressources obtenues sur des espaces aux statuts aussi précaires ». Dans la communauté rurale de Darou Khoudoss, les ambitions politiques prennent facilement le pas sur les préoccupations environnementales77.

A cela il faut ajouter que la perception populaire de la régression de la végétation ligneuse, même si elle est tout à fait claire (à cause de l'assèchement des nappes et de l'abandon des terres de culture pluviale), n'est rien en comparaison des besoins et des urgences liées à la subsistance quotidienne. Par conséquent si l'Etat souhaite appliquer correctement les règles de conservation du potentiel ligneux dans la perspective d'un développement durable, il doit offrir, sous une forme ou une autre, des compensations au moins aussi importantes que les pertes que cela suppose pour les paysans.

A cet effet, la création de réserves communautaire de base, même si elle ne concerne pas notre zone d'étude, est une initiative fort louable de même d'ailleurs que le projet d'exploitation de la bande de filao78.

II. L'INCOHERENCE DES POLITIQUES

La zone des Niayes a enregistré un nombre spectaculaire de projets qui se sont succédés durant ces dernières années et dont la vocation à été soit maraîchère soit forestière.

Evoluant sur des trajectoires différentes, ces programmes sont le reflet d'une lecture incomplète du milieu et de l'écosystème par leurs principaux instigateurs en occurrence l'Etat et ses partenaires extérieurs.

Une brève synthèse en montre la diversité et les principaux objectifs. Dès le début des années 80 on voit apparaître de nombreux projets dont l'un des plus étendu sur le plan spatial (Mboro, Fass Boye, Lompoul, Beytigueye et Sawo) est le PMM (Projet Maraîcher de Méouane) dont les objectifs, au lendemain des années de sécheresses, étaient d'accroitre les superficies cultivées en octroyant des moyens comme les motopompes, les engrais. Par ailleurs il faut signaler la présence du PAEP (Projet d'Appui à l'Entreprenariat Paysan) qui intervient dans la zone pour la croissance de la filière maraîchère, le PMEH (Projet de promotion des PME horticoles) qui accorde des subventions aux paysans qui sont exclus des crédits formels, le FONGS (Fédération des ONG du Sénégal) qui participe au financement de la production, le CPM (Centre de Perfectionnement des Maraîchers) qui joue un rôle important dans la formation des producteurs.

75 -PLD Communauté rurale de Darou Khoudoss 2004

76 -dans le contexte plus général d'un article sur «l'implication des populations dans la gestion des ressources naturelles«

77 - Il en résulte la nomination de personnes très peu compétentes et très peu impliquées à des postes ayant trait au volet environnement dans le conseil rural.

78 - En ce sens qu'ils font ressentir aux populations la nécessité et l'intérêt d'une préservation ou d'une gestion rationnelle de la ressource ligneuse

Mboro à souvent servi de siège à ces différents projets dont le financement était le plus souvent extérieur mais dont la structure a su se maintenir ou s'adapter au delà des délais d'exécution (GIE : groupement d'intérêt économique, UNCA : union nationale des coopératives agricoles ou encore UGPM : union des groupements paysans de Méouane...)

Parallèlement à ces programmes principalement agricoles, nous avons des initiatives qui reflètent une autre préoccupation. Il s'agit de programmes ou de projets forestiers qui ont débutés dès 1925 dans la zone. On note la réalisation en 1948 d'une bande de filao longeant la côte de Dakar à Saint-Louis suivi du projet de fixation des dunes en 1975. Les années 80 sont marquées par l'apparition de nouveaux projets, comme le PL 480, qui s'inscrivent dans la même dynamique. En 1984 on tente d'impliquer les populations au reboisement, cette initiative est dynamisée par le projet PRS (Projet de Reboisement du Sénégal). Viennent ensuite les projets de fixation des dunes et de restauration des sols diors, le projet de conservation des terroirs du littoral et dernièrement le projet de reboisement du littoral et le plan d'aménagement de la bande de filao.

Il faut remarquer, à l'exception de quelques projets horticoles comme le Projet de Production Fruitière (dont la plantation de 80ha à Darou Ndoye est actuellement tombée en désuétude), que l'intégration des paramètres environnementaux dans les programmes agricoles est rare tout autant que les considérations agricoles dans les projets forestiers.

On peut reprocher à ces deux principaux types de programmes d'avoir fonctionner dans l'ignorance et l'indifférence les uns des autres. Les premiers privilégiant l'idée de production au détriment de celui de conservation et les seconds l'inverse. C'est ce pilotage séparé qui peut expliquer leurs insuccès relatifs (épuisement des sols, abandon de cuvettes, destruction accélérée de la couverture végétale). Il en résulte une coresponsabilité à deux niveaux, le ministère de l'environnement et le ministère de l'agriculture79.

Cet écosystème ou plutôt cet agroécosystème doit être perçu et géré comme un tout, on ne peut pas reboiser sur les dunes blanches et jaunes pour protéger des cuvettes que de toute façon la surexploitation est entrain d'épuiser plus loin. La démarche est tout à fait incohérente car les préoccupations forestières sont en réalité parfaitement complémentaires de la durabilité des systèmes de production agricole qui les a d'ailleurs suscités.

La conciliation des objectifs forestiers et agricoles constitue un impératif incontournable dans la gestion durable tant des potentialités agricoles que des que des ressources ligneuses. Ainsi au lieu d'actions ponctuelles et dispersées dans le temps et dans l'espace, il convient de coordonner les opérations en répartissant uniformément mais proportionnellement les efforts.

Les activités agricoles doivent être circonscrites dans des surfaces précises en exceptant les secteurs écologiquement sensibles et en respectant les seuils de végétations nécessaires à la pérennité et à la reproductibilité du système dans l'avenir. Car le fait d'avoir rythmé le reboisement et les programmes agricoles au gré de bailleurs de fond n'est pas une contrainte qui à toujours servi les intérêts de l'écosystème.

Par ailleurs l'exclusivité de l'activité maraîchère au détriment des autres usages des niayes « interpelle sur la question de l'utilisation durable de cet écosystème en rapport avec la perte de diversité qu'il a déjà subie80 ». A cet effet, la cuvette de Guewel à Mboro est un excellent exemple de l'intégration de la notion d'agroécosystème dans toute sa diversité.

III. LES FACTEURS ECONOMIQUES

La végétation est l'un des meilleurs indicateurs de la «santé« d'un milieu. Elle reflète les conditions climatiques, l'état des sols et surtout elle peut aussi traduire un malaise social et économique sur lequel il importe de se pencher.

3.1 L'exclusivité du maraîchage

L'économie des terroirs entre Andal et Diogo repose exclusivement sur la production légumière et dans une moindre mesure sur la production animale et halieutique. Les paysans emploient donc toute leur énergie à travailler les niayes. Une telle obstination à des raisons profondes qu'il faut mettre en lumière :

· Le désir de la rentabilité immédiate est une des principales causes de l'engouement vers les niayes. Les produits maraîchers, bien que nécessitant un énorme travail, arrivent à maturité assez vite, ce qui permet de récolter rapidement le fruit des labeurs.

· La possibilité de cultiver toute l'année grâce aux nappes est un facteur à prendre en compte.

· La supériorité de la demande sur l'offre permet d'étendre les cultures tant que faire se peut et d'être assuré néanmoins d'écouler toute la production (à quelque prix que se soit).

· Il est aussi à noter que globalement les produits maraîchers ont une bonne rentabilité, surtout pour les propriétaires de terre.

· Enfin, le peu de solution qu'offre l'Etat contribue également à maintenir les populations dans les niayes.

Toutes ces raisons focalisent l'attention des paysans sur le maraîchage au détriment des autres potentialités de la zone.

3.2 Croissance urbaine

La position géographique de la région des Niayes dans un espace encadré par des puissants centres urbains (Dakar, Saint-Louis, Thiès, Louga sans oublier les villes de l'intérieur comme Kaolack ou des centres comme Touba et Tivaouane) n'est pas sans impact sur les activités agricoles des terroirs qu'on y rencontre.

D'un point de vue spatial cette croissance démographique des aires urbaines contribue à une réduction des surfaces culturales, ce qui nous conduit inéluctablement vers une saturation des aires de cultures donc à une intensification de la production. En dépit du fait que les marchés soient parfois lointains par rapport à notre zone d'étude, ils n'en sont pas pour autant moins déterminants dans l'évolution du paysage végétal. Sans être véritablement prise en compte par les agriculteurs au moment de commencer la production, la capacité des marchés urbains à absorber la totalité de la production justifie largement l'intensification des cultures.

3.3 Analyse de la position des autorités nationales

On voit donc que l'exigence alimentaire en légume des centres urbains a un impact indirect
mais combien important sur l'intensification du maraîchage. Cette situation complexe a

80 - Monographie de la biodiversité au Sénégal.- P. Ndiaye

conduit l'Etat à une position non moins compliquée et même très ambiguës. L'Etat adopte une démarche assez contradictoire concernant la zone des Niayes qu'il définit officiellement comme un « Périmètre de Restauration » et à qui il assigne parallèlement, on l'a vu, une vocation maraîchère. En dépit de l'adoption de ce statut particulier, nous avons donc un ensemble de mesures prises pour augmenter la production dans les Niayes. Les coopératives, les associations, les groupements, les mutuelles d'épargne et de crédit, la subvention des produits agricoles à Mboro attestent du soutien ou de l'encouragement de l'Etat. On constate paradoxalement aussi que les échelles considérées par les programmes de développement et le Ministère de l'agriculture ne collent pas avec les préoccupations écologiques. Si les phénomènes économiques sont des phénomènes à rentabilité immédiate, il en est tout autrement des phénomènes écologiques comme le reboisement dont les effets ne peuvent être attendus qu'à moyen et long terme.

Une analyse plus poussée des raisons d'une telle démarche dévoile le dilemme auquel l'Etat fait face dans cette zone. Le caractère périssable des produits maraîchers que nous avons déjà souligné pose un problème aux pouvoirs publics qui ne peuvent se risquer à une importation systématique de ceux-ci pour couvrir les besoins du pays et éviter ainsi à cet écosystème particulier de se dégrader. Les moyens nécessaires pour assurer le stockage et l'acheminement vers les centres de consommation dans des délais relativement courts sont assez importants. Les risques de détérioration aussi sont trop élevés pour qu'on prenne de telles mesures de manière systématique. Mais le véritable problème est lié à l'importance des populations vivant directement ou indirectement du maraîchage. Il serait irréaliste et « injuste« vis-à-vis d'eux de mettre fin à cette activité pour dépendre essentiellement de l'importation. Car cellesci subiraient alors le contre coup de la restriction significative que cela implique. Contre coup que l'Etat n'est pas prêt à assumer. Même s'il est préférable dans la logique des choses de perdre en termes de rentabilité 81 et de gagner en termes de durabilité, il faut se demander si la précarité des populations conjuguée à l'opportunité que représentent les marchés urbains sont de nature à permettre de telles initiatives. Par ailleurs, il ne serait pas aisé de délocaliser cette activité dans une zone moins sensible car c'est bien l'existence de conditions propres au littoral qui justifie la réussite de cette culture.

L'Etat est véritablement face à un dilemme qui l'oblige à prendre d'une part des mesures pour stabiliser et restaurer la végétation ligneuse dans cette région et d'autre part à conserver aux populations locales leur «gagne pain « pour permettre d'alimenter les centres en produits maraîchers.

Nous pouvons constater en guise de conclusion partielle une répartition très spécialisée, à chaque secteur correspond en effet des habitudes et des choix spécifiques. Même si le maraîchage reste l'activité principale, sa pratique enregistre néanmoins des formes surprenantes d'un secteur à un autre et c'est suivant ces formes qu'il impacte plus ou moins sévèrement sur le couvert végétal ligneux. Si dans les terroirs du nord (Andal, Diogo et

Lompoul82 ) il est pratiqué de manière très exclusive, à Mboro par contre il fait d'important compromis qui accorde une place plus importante à la végétation ligneuse83.

Nous avions émis au début de cette étude trois hypothèses dont il importe à présent de faire le bilan :

-La première hypothèse qui partait du principe que le paysage arboré des niayes ne pouvait être que le résultat d'une sélection anthropique a été totalement vérifiée.

- La deuxième hypothèse prétendait que l'activité maraîchère provoque la fragilisation du système écologique des niayes par la suppression d'espèces participant à sa stabilisation. Même si les conditions de l'étude ne nous permettaient pas d'individualiser les essences concernées, l'effet de masse sur la végétation, lui, est parfaitement perceptible dans l'espace.

-Pour ce qui est de la dernière hypothèse on peut dire que le choix qu'un maraîcher fait d'arracher une plante en croissance, de couper un arbre, de dégarnir un sous bois par défrichement ou de bruler est conditionné par un ensemble des paramètres qui agissent de manière insoupçonnée sur sa décision, paramètre physique, politique, économique, social, familiale, communautaire... L'acuité de son intervention sur la végétation est motivée par l'intensité de tous ces facteurs qui le conduisent à prendre la décision d'hypothéquer le long terme pour le court terme et la durabilité pour la rentabilité.

Finalement il n'existe pas à cette crise de l'environnement de réponses simples permettant de proposer des solutions efficaces et viables. Les solutions sont en réalité toujours complexes et chaque niveau d'information cache des faits que seul le niveau suivant plus vaste permet de comprendre.

Cette étude représente à cet effet une modeste contribution en comparaison de l'ampleur du problème et de ses ramifications. La figure ci-après, loin d'être complète, permet d'en prendre la mesure.

82 - Même si Lompoul ne fait pas partie de notre zone d'étude, il en est le prolongement logique

83 - A Notto plus au sud de Mboro ce sont les vergers qui sont la première source de revenu

Figure 17 : Diagramme de l'analyse des facteurs de décision du maraîcher Source : S .NDJEKOUNEYOM- 2007

CONCLUSION

Spontanée ou anthropogène, dégradée ou conservée, locale ou exotique, relictuelle ou conforme au domaine climatique, la végétation dans notre zone d'étude répond à bien des nuances de la notion de couverture végétale et de composition floristique. L'exercice qui consiste à en comprendre l'historique, l'évolution, la justification au contact du maraîchage en est rendu plus délicat.

En effet l'espace qui a été soumis à notre observation a subi une évolution de sa végétation qui s'est traduite graduellement par un éclaircissement de sa couverture. De la forêt dense guinéenne qui se prolongeait jusqu'au Cap-Vert, il ne reste plus grand chose. La formation originelle des niayes a subi une fragmentation qui en a isolé ses principaux vestiges dans les niches écologiques constituées par les niayes. Bénéficiant de conditions hygrométriques qui là soustrayaient aux rigueurs du climat soudano-sahélien, cette végétation relictuelle, en situation déjà précaire, a subi de plein fouet la sécheresse des années 1973 et 1984 qui a fragilisé ses habitats humides. L'important contingent guinéen qui a été recensé par les premiers chercheurs s'en n'est trouvé sévèrement réduit par l'assèchement des étangs et par la baisse du niveau de la nappe phréatique. A ces contraintes d'ordre naturel, il faut ajouter la pression des facteurs anthropiques divers.

Favorisé par des sols humifères et une fraicheur constante, la zone des Niayes est devenu le champ d'expression privilégiée des cultures maraîchères qui ont contribué a une diminution conséquente du couvert végétal général et des reliques hydrophiles. Aujourd'hui cet espace, presqu'entièrement investi par les activités humaines, est très irrégulièrement occupé par la végétation. Si dans les niayes de Mboro des surfaces relativement boisées s'observent encore, à Diogo par contre l'espace est simplement piqueté de quelques individus ou à la rigueur recouvert par un peuplement arboré ou buissonnant d'autant plus chétif que la pression maraîchère est grande.

La généralisation progressive du maraîchage a eu des conséquences diverses sur la végétation en termes de sélection et en termes de recouvrement. Ces conséquences sont d'autant plus difficiles à identifier et à isoler que les autres facteurs, notamment naturels, interagissent très fortement avec l'activité maraîchère tantôt en l'amplifiant tantôt en la limitant. Mais d'un point de vue spatial, l'augmentation démographique s'est traduite par une saturation de l'espace agricole, une mise en valeur de secteurs écologiquement sensibles comme les sommets fixés par une végétation xérophile.

La croissance de la population a provoqué, d'une génération à l'autre, un émiettement des parcelles entre les héritiers multiples. On sait que l'égard vis-à-vis de la végétation spontanée va de pair avec l'importance des surfaces disponibles, plus la parcelle exploitée est petite et moins les surfaces boisées et les individus d'espèces sont tolérées. Ce morcellement de surfaces d'exploitation à l'intérieur des cuvettes provoque fatalement une intensification des pratiques culturales à tous les niveaux : déboisement de plus en plus systématique, suppressions de la jachère arborée et arbustive, dopage des sols et des plantes légumières, surexploitation de la ressource hydrique disponible pour les plantes pérennes. Il en résulte un abandon de plus en plus fréquent de cuvettes qui sont exploitées au-delà de leur possibilité de reconstitution (en termes de végétation, de sol et de recharge de la nappe). Sur le plan floristique cette intensification des cultures à eu des conséquences non moins dramatiques par le remaniement important qu'elle a permis. Les associations végétales sont perturbées et

l'équilibre écologique rompu84. Si certains peuplements ont été favorisés par l'homme, d'autres par contre sont devenus marginaux. Les essences subguinéennes qui se refugiaient sur le bord des cuvettes inondables ont été progressivement réduites. D'abord par sélection (dégarni des sous bois) comme à Mboro puis par élimination de plus en plus systématique comme à Diogo.

Penser le maraîchage comme moyen de protection et de stabilisation du milieu est dès lors bien difficile. Le cas des associations multi-étagées de Mboro est ce qui s'en rapproche le plus mais dans l'ensemble l'activité s'inscrit dans une dynamique beaucoup plus destructrice en faisant de moins en moins de compromis avec la végétation ligneuse et notamment spontanée. Il en résulte un appauvrissement important des effectifs de la végétation hygrophile et un renforcement du cortège soudanien et sahélien.

On peut aussi remarquer que les pressions anthropiques et le durcissement des conditions climatiques ont pu provoquer des processus d'adaptation des caractères génétiques de la flore résiduelle des niayes qui est devenue plus résistante85. L'élimination de cette végétation serait non seulement une suppression des individus d'espèce mais également une perte du stock génétique exceptionnel que cette situation écogéographique a fini par générer.

L'activité maraîchère a provoqué d'abord une modification des rapports de l'homme avec son milieu mais également une modification des rapports entre les hommes autour de la ressource ligneuse qui tantôt est surexploitée86 et tantôt sous exploitée (par méconnaissance de sa valeur).

En effet le passage brutal d'une période d'abondance à une période de disette impulsé par la sécheresse conjugué à l'explosion des centres urbains qui encadrent la zone des Niayes a produit un effet d'entrainement sur l'intensification du maraîchage qui a favorisé à son tour la mise en veilleuse des valeurs écologiques et même la marginalisation de la ressource ligneuse. Cette situation de base alimentée par un contexte politique et juridico-institutionnel complexe et imprécis a provoqué des processus de dégradation incontrôlables sur l'écosystème. Or la gestion de ce dernier dans une perspective de durabilité ne peut s'entendre que sous l'angle étroit de la participation et de la prise de conscience des populations locales de la fragilité de leur milieu. S'il est vrai que tout système porte en germe les éléments de sa propre destruction, on peut dire que le système des niayes qui est à la fois écogéographique, agronomique et dunaire est particulièrement fragile. La végétation en est sans doute l'élément de consolidation le plus indispensable.

La perte de vue de cette valeur écologique au profit des préoccupations immédiates, fussentelles urgentes, peut finir par affecter profondément l'environnement et par compromettre ses possibilités de reconstitution comme nous l'avons observé pour les cuvettes abandonnées. De plus la poursuite des actions de développement agricole et de protection ou de restauration du milieu dans des trajectoires non conciliantes est le résultat d'une lecture partielle et erronée de cet agroécosystème qui ne doit être considéré que comme un tout.

84 -Nous pouvons le supposer même si ce dernier point a été difficile à démontrer

85 -Là encore nous n'avions pas de moyen techniques pour vérifier cette idée

86 -par les exploitants de vin de palme à qui le maraîcher loue illégalement les individus d'Elaeis guineensis

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LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Schéma de localisation de la zone d'étude VI

Figure 2 : Coupe schématique ouest/est de la zone des Niayes 14

Figure 3 : Schéma descriptif de la géomorphologie des Niayes 15

Figure 4 : Evolution pluviométrique de la station de Louga 19

Figure 5 : Carte de la zone d'échantillonnage 27

Figure 6 : Courbe de l'aire minimale 30

Figure 7 : Histogramme de présence des espèces 32

Figure 8 : Carte de l'occupation de l'espace par secteur 42

Figure 9 : Diagramme de présence des espèces par classes 45

Figure 10 : Diagramme de fréquence des classes par espèces 46

Figure 11 : Diagramme de la densité par espèce 47

Figure 12 : Fréquence des spéculations à Diogo et Mboro 52

Figure 13 : Filière de commercialisation des produits maraîchers dans la

zone de Diogo et Mboro 54

Figure 14 : Représentation schématique de la végétation des niayes 61

Figure 15 : Carte de l'évolution spatiale des cultures maraîchères 68

Figure 16 : Organisation spatiale des cuvettes 73

Figure 17 : Diagramme de l'analyse des facteurs de décision du maraîcher 90

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Tableau brut 29

Tableau 2 : Tableau de présence 31

Tableau 3 : Matrice d'analyse différentielle I 34

Tableau 4 : Matrice d'analyse différentielle II 35

Tableau 5 : Groupements identifiés 38

Tableau 6 : Distribution des espèces par compartiment topographique 39

Tableau 7 : Niveau de présence par compartiment 40

Tableau 8 : Production maraîchère de la communauté rurale de Darou Khoudoss 53

Tableau 9 : Les contraintes de l'activité maraîchère 56

Tableau 10 : Composition floristique des cuvettes 72

Tableau 11 : Exploitation horticole de Sadibou Sow 74

Tableau 12 : Usages et utilisations des arbres 81

LISTE DES PHOTOS

Photo 1: Escalade des versants par les cultures, zone des Niayes - Diogo 67

Photo 2: Mboro 69

Photo 3: Mboro 69

Photo 4: Mboro 69

Photo 5: Mboro 69

Photo 6: Diogo 69

Photo 7: Diogo 69

Photo 8: Diogo 70

Photo 9: Diogo 70

Photo 10: Diogo 70

Photo 11: Diogo 70

Photo 12: Diogo 70

Photo 13: Plantation d'Eucalyptus à l'intérieur d'une dépression à Mboro 77

Photo 14: Extraction de la sève pour la préparation du vin de palme -Mboro 77

ANNEXE I

Guide d'entretien : Relation entre producteurs et essences

Nom de l'enquêteur : Date:

IDENTIFICATION:

Nom de l'informateur: Sexe: Age: Groupe ethnique: Village

Niveau d'instruction : Profession Situation familiale

Le terroir villageois:

1. Organisation spatiale des terres.

2. Types de terres qu'on peut rencontrer

La législation foncière:

3. Quels sont les significations des termes tiérangal, khours, diéri, ndiouki et niayes

4. Droit foncier traditionnel (comment était attribuée la terre? Etait-elle vendue?

Y avait-il un chef de terres? Etc.)

5. A partir de quelle période la terre a commencé à manquer?

6. Comment cela se manifeste? Comment cela est-il ressenti?

7. Comment la terre est-elle gérée maintenant?

8. Le morcellement croissant des terres est il viable dans les conditions actuelles ?

9. Pensez vous que les cuvettes resteront productives si on continue à augmenter le nombre de propriétaires?

10. Y a-t-il des privilégiés? Des défavorisés?

11. Comment expliquer la non exploitation de certaines cuvettes ?

12. Est-ce lié à l'environnement ou à des problèmes fonciers ? Les ressources ligneuses

13. Comment étaient les niayes avant la sécheresse de 1973 ? (Quel était le niveau d'humidité ?

14. Comment se présentaient spatialement les champs)

15. Quelle était la situation du couvert végétal avant 1973 ?

16. Quels rôles les arbres ont joué dans votre vie?

17. Les arbres sont ils importants pour le maraîchage ?

18. Quelles sont les usages que vous faite de arbres des champs ?

19. Quelles sont les essences qui entrent dans votre consommation ?

20. L'exploitation forestière est elle significative ? (Comment la caractériser ?)

21. Les pratiques de coupe clandestine existent-elles ? Quelles sont les espèces ciblées ?)

22. La protection de certaines plantes vous paraît elle nécessaire? (Lesquelles ? Et pourquoi ? )

23. Les paysans pratiquent ils des reboisements (en dehors des activités des agents des Eaux et Forêts) ?

24. Quelles sont les essences favorisées de nos jours ?

25. Qu'est ce qui explique la disparition de certains arbres ?

26. Quelles est aujourd'hui l'essence la plus représentée ?

27. La salinité des eaux et des sols affectent elle aussi les essences naturelles? (comment le constate t-on ?)

28. Les produits chimiques (comme les pesticides et les produits phyto) ont-elles un impact visible sur les plantes non cultivées ?

29. Pensez-vous que le maraichage impact véritablement sur la végétation ? Si oui

30. comment ?

Appuis institutionnels

31. Les appuis reçus :

Types d'appuis reçus par le village.

Organismes d'appui

Degré de satisfaction

Les attentes par rapport à l'appui:

Quelles formes d'appui est préférable pour le village.

Quels rôles doivent être assignés aux différents partenaires?

Les différents programmes tiennent ils compte des aspects écologiques ? (de la protection des

arbres ?

32. Note t-on une collaboration entre les services des Eaux et Forêts et les programmes de développement agricole ?

28. Quelle est la vocation première de cette zone, maraîchère ou écologique ?

30. Comment s'est fait selon vous le remplacement des palmiers à huile par les cocotiers ?

ANNEXE II

Guide d'entretien : Aux autorités locales

Nom de l'enquêteur : Date:

I - IDENTIFICATION:

Nom de l'informateur: Sexe: Age: Groupe ethnique: Village

Niveau d'instruction : Profession Situation familiale

Les impacts du maraîchage

1- L'intensification de cultures provoque un appauvrissement certain des sols. Comment cela se ressent il sur les plantes spontanées ?

2- Quelles sont à votre avis les modalités selon lesquelles le maraîchage pourrait être un facteur de stabilisation du milieu ?

3- Une telle hypothèse est elle acceptable dans les conditions actuelles ?

4- Peut-on parler de coopération entre les agents des Eaux et Forêts et les programmes de développement agricoles ? Dans quel sens ?

5- Les politiques agricoles engagées dans cette zone tiennent elles compte des aspects écologiques ?

Le reboisement

6- Pensez-vous que le reboisement affecte dangereusement les ressources hydriques ?

7- Les essences retenues pour le reboisement concurrencent elles par leur exigence en eau les essences locales ?

8- Pourquoi ne pas avoir choisi des essences locales pour le reboisement compte tenu des avantages d'adaptation qu'elles présentent sur les essences exotiques ?

Les essences

9- Quelles sont ici les essences typiquement guinéennes à l'exception d'Elaeis guineensis ?

10- Qu'est ce qui justifie l'allure rabougrie de certains individus dans ce milieu ?

11- Certaines essences locales n'ont qu'un faible intérêt pratique, cela contribue t-il à leur élimination ?

12- Quelles sont les formes d'exploitation forestière que vous enregistrez ?

13- Quelles sont les essences concernées ?

14- La coupe frauduleuse est-elle une réalité à laquelle vous faites face ?

15- Quel en est le degré et quelles essences spécifiquement elle concerne ?

16-Comment s'est fait selon vous le remplacement des palmiers à huile par les cocotiers ?

Les questions environnementales

16- Quelles sont les conséquences de la salinisation sur les essences spontanée ?

17- Commence t-on à observer une sélection des espèces par rapport au degré de salinité ?

18- Quelles sont les conséquences des produits chimiques sur les plantes non cultivées ?

19- Cela crée t-il une croissance accélérée ou une inadaptation ?

20- Quelles sont les normes écologiquement et économiquement viables dans les conditions actuelles ?

21- Croyez-vous que la réduction faunique soit partiellement en cause dans les variations de la diversité végétale ?

22- Quels sont les impacts réels du statut « périmètre de restauration sur les pratiques agricoles (en terme de modération, d'interdit et de protection d'espace et d'espèces) ?

23- Quelles sont les mesures coercitives prévues et appliquées ?

24- La protection de certaines plantes vous paraît elle indispensables ?

25- Quelles essences en particulier et pourquoi ?

26- Les feux de brousse peuvent ils être en cause dans l'abandon de certaines cuvettes ?

27- Les feux de brousse ont-ils servis à détruire massivement la végétation en vue d'un élargissement des surfaces culturales ?

28- Si oui à quel moment et à quelle dimension ?

ANNEXE III

Questionnaires : Les modalités de la production

Nom de l'enquêteur : Date:

I - IDENTIFICATION:

Type de producteur : prd-exclusif? prd-pécheur ? prod-éleveur? prd-horticoles?

Nom de l'informateur: Sexe: Age: Groupe ethnique: Village

Niveau d'instruction : Profession Situation familiale

Le foncier et le maraichage :

1. Combien de champs possède le propriétaire de cette cuvette ?

2. Combien de copropriétaires y a-t-il ?

3. Quelle est la superficie de chaque champ et depuis combien de temps la cultivez-vous ?

4. Quel est le mode d'acquisition de vos terres ?

4.1 Location. ?

4.2 Héritage. ?

4.3 Prêt. ?

4.4 Achat. ?

4.5 Autre

5. Y a-t-il des gens qui veulent cultiver mais qui n'ont pas de terre ? Oui? Non?

Si oui pourquoi ?

6. Avez-vous des champs que vous ne cultivez plus? Oui? Non?

6.1 Si oui combien?

6.2 Quelles sont les raisons?

7. Combien d'exploitant compte votre champ ?

Les pratiques agricoles

8. Quelles plantes cultivez-vous?

9. Qu'est ce que les services des Eaux et Forêt vous interdisent-ils de faire ?

10. La production maraichère est elle plus importante maintenant qu'avant les sécheresses de 1973,1984 ? Oui? Non?

11. Quels sont les autres usages que vous faites des cuvettes ?

12. Les cuvettes abandonnées que vous connaissez ont-elles des propriétaires en mesure de les exploiter ? Oui? Non?

13. Utilisez-vous ou avez-vous utilisé des engrais chimiques dans vos champs ? Oui? Non?

1. N'utilise pas d'engrais chimiques ?

2. Utilise des engrais chimiques simples azotés. ?

2.1 Utilise des engrais chimiques composés ternaires. ?

2.2 Utilise des engrais chimiques composés binaires. ?

2.3 Utilise des engrais chimiques simples phosphatés. ?

2.4 Utilise des engrais chimiques simples potassiques. ?

14. Appliquez vous des techniques de conservation du sol ? Oui. Non

1. N'applique aucune technique de conservation du sol.

2. Fait des apports de matières:

2.1 Minérales brutes non transformées.?

2.3 Organiques brutes.?

2.4 Minérales transformées (chimiques)?

2.5 Composte.?

2.6 Engrais verts.?

15. Applique des techniques culturales améliorantes:

1. Jachère.?

2. Association de cultures.?

3. Rotation de cultures.?

4. Fait des aménagements de terrain:?

5. Plantation de brise-vents.?

6. Plantation de haies vives.?

7. Aménagements antiérosifs.?

Le maraichage et végétation

16. Les cultures maraichères ont elles besoin des arbres ? Oui? Non?

Si oui comment ?

17. Par quoi expliquez- vous la réduction de la végétation ?

18. Pensez vous que ce soit le maraîchage qui provoque la disparation de certaines plantes ? Oui? Non?

Si oui lesquelles et comment ?

19. Par quoi expliquez -vous la soudaine disparition des palmiers à huiles dans la zone des Niayes ?

20. Utilisez-vous des haies ? Oui? Non?

1. Pourquoi ?

2. Quelles sont les plantes que l'on retrouve dans les haies ?

21. Pratiquez-vous la jachère ? Oui? Non?

1. Combien de temps elle dure?

2. Quels sont ses effets ?

22. Quel sens donnez-vous à l'arbre que vous laissez dans les champs ?

23. Le fait de maintenir des arbres dans le champ et il une pratique traditionnelle ? Oui? Non?

24. Quelles sont les plantes utiles au maraîchage ?

Pourquoi ?

25. Quelles sont les plantes encombrantes pour le maraîchage ?

Pourquoi ?

26. Quelles sont les essences ligneuses qui ont le plus besoin d'eau ?

27. La présence d'arbre dans les cuvettes et sur les versants déranges t-il le travail ? Oui? Non?

28. Plantez-vous des arbres ? Oui? Non?

Si oui ou et quel arbres ?

29. Quels sont les effets indésirables du maraichage sur la végétation (quels arbres et quel effet) ?

30. Quelles sont les conséquences de la salinisation sur les plantes ?

31. Les surfaces conquises par le maraîchage sur le couvert végétal sont-elle significative c'est dernières années ? Oui? Non?

Quelles estimations pouvez-vous donner ?

32. Selon vous, qu'est ce qui provoque l'abandon des cuvettes ?

33. Comment s'est fait selon vous le remplacement des palmiers à huile par les cocotiers ?

34. Quelle est l'état des cuvettes abandonnées aujourd'hui ?

En reconstitution par la végétation spontanée?

En dégradation?

Etat inchangé ?

35. Avez-vous déjà travaillé dans une cuvette qui aujourd'hui est abandone ? Oui? Non?

Si oui depuis quand est -elle abandonnée et pourquoi ?

ANNEXE IV

Questionnaires : les variations qualitatives de la végétation ?

Nom de l'enquêteur : Date:

I - IDENTIFICATION:

Type d'usager : Producteur ( ) ? Collecteur de vin de palme? Eleveur? tradipraticien

? travailleur de bois?

Nom de l'informateur: Sexe: Age: Groupe ethnique: Village

Niveau d'instruction : Profession Situation familiale

1. Quels sont les arbres spontanés de votre cuvette ?

2. Quels sont les arbres plantés ?

3. Quelles sont les espèces favorisées par les cultivateurs ?

4. Quelles sont les espèces introduites par les paysans ?

5. Quelles sont les espèces les plus caractéristiques aujourd'hui ?

5.1 Des cuvettes,

5.2 Des versants

5.3 Des sommets

6. Quelles sont les espèces traditionnellement dominantes ?

7. Quelles sont les espèces dont la disparition est regrettable pour le paysan ?

8. Quelles sont les essences qui sont apparues dans le paysage récemment ?

9. Quelles sont les espèces que vous cherchez à maintenir mais qui malgré tout se raréfient ?

10. Qu'est ce qui explique leur disparition ?

10.1 La rareté de l'eau?

10.2 La pauvreté des sols?

10.3 Le maraîchage?

10.4 Les produits chimiques?

10.5 Le bétail?

10.6 Le prélèvement humain ?

10.7 Autre cause?

11Quelles sont les espèces qui ont disparues ou qui se sont raréfiées ?

12. Quelle est l'état des arbres ?

13. Leur renouvèlement est il assuré ? Oui? Non ?

14. Quelles sont les essences qui ont tendance à disparaître des cuvettes ?

15. Quelles sont celles qui s'y maintiennent ?

16. Qu'est ce qui explique cette évolution ?

17. Quels sont les usages que vous faites des arbres maintenus dans les champs ?

18. Quels sont les arbres qui produisent des fruits comestibles et/ou commercialisables ?

19. D'autres personnes ont-elles le droit de se servir des arbres de votre champ ?

20. Tolérez-vous des coupes faites par d'autres personnes dans votre champ ?

21 .Utilisez-vous les plantes qui se trouvent sur les sommets adjacents aux cuvettes exploitées ? Oui? Non ?

21.1 Si oui à quelles fins ?

22. Connaissez vous des espèces fréquentes dans les voisinages du terroir et absentes ici ? Oui? Non ?

22.1Lesquelles ?

23. La diminution des individus de palmier à huile est -elle liée :

23.1 Au maraîchage ?

23.2 Au déficit Hydrique ?

23.3 A l'exploitation ?

23.4 Autre cause ?

24. Avez-vous constaté des changements considérables au niveau des sommets en ce qui concerne la végétation ? Oui? Non ?

Si oui de quel type ?

25. Dans les cuvettes abandonnées avez-vous constaté une reconquête des sols par la végétation ligneuse ou herbacée ?

25.1 Ligneuse? herbacée?

25.2 Est-ce ? rapide? lente ?;

25.3 En combien de temps et quelles espèces ?

26. Le nombre de cuvettes non arboré est il important ? Oui? Non ?

Si oui à quoi est ce lié ?

27. Quelles sont les plantes qui ont une vertu médicale ?

28 .Quels usage thérapeutique en faite vous ?

29 En dehors d'eucalyptus et des filao, quelles essences fait l'objet d'une plantation volontaire ?

30 .Les besoins domestiques comme la cuisine provoquent- ils la coupe des arbres ? Oui? Non ?

Si oui quelles essences sont ciblées ?

31. Pensez vous que la présence des arbres soit indispensables pour les cultures dans une telle zone (dune, vent) ? Oui? Non ?

Si oui lesquels ?

Appréciations et opinions

32. Quelles sont les conséquences des produits chimiques sur les plantes non

cultivées ?

33. Cela crée t-il une croissance accélérée ou une inadaptation ?

34 .La protection de certaines plantes vous paraît elle indispensables ?

35. Quelles essences en particulier et pourquoi ?

36. Les feux de brousse peuvent ils être en cause dans l'abandon de certaines cuvettes ?

37. Les feux de brousse ont-ils servis à détruire massivement la végétation en vue d'un élargissement des surfaces culturales ? Oui? Non ?

Si oui à quel moment et à quelle dimension ?

38. . Par quoi expliquez- vous la réduction de la végétation ?

39. Pensez vous que ce soit le maraîchage qui provoque la disparation de certaines plantes ? Oui? Non?

Si oui lesquelles et comment ?

40. Quels sont les effets indésirables du maraichage sur la végétation (quels arbres et quel effet) ?

41. Par quoi expliquez -vous la soudaine disparition des palmiers à huiles dans la zone des Niayes ?

42. Quelles sont les plantes encombrantes pour le maraîchage ?

ANNEXE V

Relevés de reconnaissance

N° : Date : / /2007

Longitude (X)

Altitude

Latitude :(Y)

Topographie : Substrat :

Sommet Sableux

Fond de cuvette Argileux

Bord de puits Argilo-sableux

Bas versant Sablo-argileux

Haut versant Humus

Tiérangal Matière sèche

Couleur

Autre remarques

Anthropisation : Pression pastorale :

Emprise agricole forte Faible

Moyenne Forte

Emprise agricole faible Absente

Trace de feux Embranchage Elagage

Coupe

Etat apparent de la végétation :

 

Herbeuse

Arbustive

Arborée

Boisée

Claire

buissonnante

 
 
 

Savane

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Steppe

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Forêt

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Forme isolées Type biologique dominant : Espèces herbacée et liane

Fourré Ligneux

Brousse Sous-ligneux

Bosquet plantes herbacées

Autres

observations :

Cote d'abondance-dominance

- Coefficient 5 : espèce couvrant plus de 3 /4 de la surface
- Coefficient 4 : espèce recouvrant plus de1/2de la surface

NOM D'ESPECE

CLAS SE

COT E

A-D*

 
 

CLASS E

COTE A-D*

1

 
 
 

31

 
 
 

2

 
 
 

32

 
 
 

3

 
 
 

33

 
 
 

4

 
 
 

34

 
 
 

5

 
 
 

35

 
 
 

6

 
 
 

36

 
 
 

7

 
 
 

37

 
 
 

8

 
 
 

38

 
 
 

9

 
 
 

39

 
 
 

10

 
 
 

40

 
 
 

11

 
 
 

41

 
 
 

12

 
 
 

42

 
 
 

13

 
 
 

43

 
 
 

14

 
 
 

44

 
 
 

15

 
 
 

45

 
 
 

16

 
 
 

46

 
 
 

17

 
 
 

47

 
 
 

18

 
 
 

48

 
 
 

19

 
 
 

49

 
 
 

20

 
 
 

50

 
 
 

21

 
 
 

51

 
 
 

22

 
 
 

52

 
 
 

23

 
 
 

53

 
 
 

24

 
 
 

54

 
 
 

25

 
 
 

55

 
 
 

26

 
 
 

56

 
 
 

27

 
 
 

57

 
 
 

28

 
 
 

58

 
 
 

29

 
 
 

59

 
 
 

30

 
 
 

60

 
 
 

- Coefficient 3 : espèce recouvrant plus de1 :4 de la surface

- Coefficient 2 : espèce bien représenté mais couvrant moins de1/20 de la surface - Coefficient + : espèce présente mais d'une manière non chiffrable

ANNEXE VI

Fiche d'étude des cuvettes

Fiche N°

Propriétaire principal :

MORPHOLOGIE

Superficie : Orientation : Longueur maxi : Largeur maxi :

Longueur des versants :

Raideur des pentes :

La forme Type de forme

?Allongée

?Ovale

?Circulaire

?
?
?

Fond de la cuvette ( khour )

Largeur maxi :

Longueur maxi :

Surface :

Forme :

Communication

Ouverte? Fermé?

Emplacement

Description du paysage où est insérée la cuvette

Pédologie

Nature et aspect du sol (couleur, compacité, matière végétale) Versant

Sommet

Fond de cuvette

Topographie

Dénivellation maximale :

Irrégularité

Condition Hydrologique

Inondation : partielle ?, totale?, temporaire ?,

permanente?

Pas d'inondation :

Profondeur de la nappe :

Point

Longitude

Latitude

Coordonnées GPS (circonférence de cuvette)

OCCUPATION DU SOL

Type de cuvette

?Cuvette abandonnée

?Cuvette cultivée

Nombre de pistes :

Puit :

Dimension : Longueur Largeur Profondeur

Etat :

Emplacement :

Organisation et agencement des unités

Végétation : Régulière ? Irrégulière ?

Culture : Régulière? Irrégulière?

Ligneux

Organisation

Individus esseulés : dispersion linéaire?, dispersion aléatoire ?

Nombre d'individu : Comptage ? estimation ?

Regroupement (nombre, type) :

Espèce

Fonction écologique

Fonction économique

Fonction sociale

Autre observation utile

Information supplémentaire sur une espèce

spécifiquement :

Caractérisation des ligneux dans les cuvettes abandonnées

Etat de la cuvette (observation de la strate herbacée)

Processus de

recolonisation :

Organisation de la végétation : ?Individu

Liste des espèces

taille

?Groupe

densité

compartiment de la cuvette

Les impacts du maraîchage sur la végétation ligneuse dans la région des Niayes centrales

CULTURE

N°P

ethnie

Nom

rôle

Lien avec le Prt

Village d'orig

saison

Superficie totale

Engrais

Spéculation

investissement

Esp. Ligneuse compatible

position

Nbr° ouvriers

Nbr° Espèces

Nbr° Spéculation

S/m2

Propriétaire

Exigence spécifique de certaines spéculations

Travail : Eau : Engrais : Autre :

Organisation du personnel

HISTORIQUE

Acquisition de la cuvette : Etat initial : Morcellement : Prévision :

ANALYSE DE LA CUVETTE

Recherche des indicateurs

La valeur économique

-la ressource hydrique

-la dimension de la cuvette Le degré de complexité

Emprise humaine :

Emprise spatiale Intensité :

-engrais

-arrosage

-travail :

Déboisement (arbre et arbustes)

-sélectif,

-systématique

Elimination des lianes : totale, Partielle

Fonctionnement autonome

-Proportion d'espaces naturels

Organisation des parcelles : régulière irrégulière

ANNEXE VII

Coordonnées des placettes

 

X

y

1

305991

1688544

2

307156

1689023

3

307091

1688393

4

307133

1687747

5

306961

1687430

6

305572

1687727

7

305431

1687431

8

305808

1687089

9

305839

1687123

10

305453

1686424

11

301829

1683673

12

301757

1683356

13

301637

1683352

14

301502

1683698

15

301779

1684084

16

302247

1683637

17

302445

1684108

19

301502

1683878

20

301476

1683707

21

301268

1681899

22

300104

1681542

23

300790

1681103

24

300835

1681021

25

300919

1680906

26

299089

1678013

27

299297

1677895

28

298547

1677571

29

298446

1676787

30

298274

1676768

31

298039

1675296

32

298844

1675682

33

298904

1675748

34

298594

1674927

35

228628

1674961

36

299391

1672980

37

299409

1673061

38

299529

1673292

39

299927

1674226

40

299952

1674226

Résumé

Il est constate depuis quelques decennies une metamorphose acceleree des milieux naturels, produite par la pejoration des conditions climatiques et par une pression croissante de l'homme dans le reamenagement des espaces.

La region des Niayes qui presente un environnement particulierement sensible travers les systemes dunaires a subi de plein fouet la secheresse prolongee de ces dernieres annees qui a contribue a une reduction significative de sa couverture vegetale. La pression demographique aidant, cette zone ecologique est devenue le domaine de predilection de l'activite maraichere. Or les surfaces les mieux adaptees a cette culture sont egalement celles qui correspondent a la zone de concentration de la vegetation typique des niayes d'ou un veritable processus d'elimination de la vegetation ligneuse par les producteurs.

Au dela de l'enjeu purement ecologique qui consiste a conserver a cette zone son originalite floristique, il est question dans ce memoire d'analyser la dynamique associative de la vegetation en tant que consequence du maraichage a travers une methode phytosociologique et des observations de terrains. Car les variations de la couverture vegetale et de la composition floristique peuvent induire, en cas de reduction severe, des processus de degradation difficilement reversibles (l'ensablement des cuvettes).

Les arbres sont dans ce milieu des Niayes non seulement le gage d'une diversite biologique mais egalement les elements de structuration les plus indispensables a l'environnement.

Mots-clefs : Niayes, vegetation, maraichage, impact des activites anthropiques

UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES Département de géographie

Année universitaire 2006-2007






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