CONCLUSION
En somme, << il y a au Togo, un problème dont on
n'aime pas parler : ni publiquement, ni officiellement. Et pourtant il se pose
dans sa complexité et dans sa laideur destructrice. » (V. Alipui
in préface T. G. Tété-Adjalogo, 2007) Nous sommes
face à un problème de << dissension ethnique» qui
plongeant ses racines dans le passé historico-colonial du Togo, mine
tous les domaines à savoir administratif, social, culturel, religieux,
économique, éducatif, et politique du pays. Mais c'est plus en
politique que ce phénomène s'exprime, ce pour quoi le but
poursuivi par ce modeste travail est de se pencher sur le thème,
<< l'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du
CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC ».
La question donc qui a orienté notre travail et qui
fonde son objectif est de savoir en quoi l'appartenance à une ethnie
conditionne l'accès à un parti politique et à son
fonctionnement au Togo. Tout au long de ce travail dont l'objectif était
de démontrer le rôle que joue l'ethnie dans le processus
d'adhésion aux partis politiques et dans leur fonctionnement au Togo,
nous avions eu à démontrer sans distinction que les partis
politiques retenus pour notre recherche sont tous influencés d'une
manière ou d'une autre par le facteur ethnique. Cela n'est pas toujours
voulu ou affiché, mais rien ne se fait pour pouvoir pallier au sein de
ses partis politiques cette situation.
Au terme de cette étude, que donc retenir. Il est bon
de savoir que l'étude du domaine politique rappelle parfois qu'il y a
des interrogations oubliées, moins par négligence que par une
imprégnation idéologique, qui conduit à considérer
spontanément comme allant de soi des situations qui ne sont que le
produit toujours précaire de l'histoire sociale. (F. Constantin, 1989 :
335) Par conséquent, la vie politique togolaise regorge de ces
interrogations oubliées, quant à ce qu'il s'agit de la question
ethnique. L'étude révèle que les partis politiques de
façon subtile, ne conditionne pas, mais privilégie
l'affinité ethnique dans l'adhésion à ces derniers. Cela
se dessine dans leur mode de fonctionnement qui est un facteur de la
cristallisation de du clivage ethnique, source, non d'affaiblissement, mais
d'une éventuelle destruction de la cohésion sociale de la
population togolaise. Aussi, le passé politique et social coloniale, la
volonté de maintenir le pouvoir pour jouir des avantages y
afférent, l'instinct grégaire toujours présent sont entre
autres les causent qui font persister le phénomène
d'ethnicisation des partis politiques.
Conscients de ce mal, l'enquête ressort qu'il
nécessaire d'arriver à estomper ce fait. Loin de
l'éradiquer, car faisant partie de nos réalités, il peut
par la sensibilisation, s'il n'est pas instrumentalisé, devenir une base
pour une unité dans la diversité. L'éducation n'est pas
aussi à nébligée, car comme le souligne R. Danioué
« un peuple qui n'est pas éduqué est exposé
à toutes sortes de manipulations mesquines des ambitieux forcenés
et est à la merci de n'importe quel rebouteux. » (Op. cit.:
124) Il est donc impérieux que les aspirations au développement,
les aspirations au bien-être pour tous, constituent désormais le
principe et la valeur de référence ainsi que le facteur de
fédération des intérêts du pays.
Aujourd'hui dans les pays issus de la colonisation, comme le
Togo, nous venons de le montrer que le phénomène ethnique est
indexé comme l'un des obstacles majeurs au fonctionnement de l'Etat, au
processus de démocratisation et surtout à la réalisation
d'un développement durable. C'est un facteur de tension et de conflit.
L'édification de l'Etat à l'opposé de toute reconnaissance
de la participation des ethnies à l'exercice du pouvoir ; ce qui se
concrétise dans la Constitution. Or, l'ethnie fait partie de nos
réalités existentielles.
Nous pouvons donc déduire que l'absence d'une
formalisation de la participation des ethnies à l'exercice du pouvoir
serait la cause des manipulations, qui font de l'ethnicité un facteur de
tension au bon fonctionnement de l'État. La question qui se
dégage et qui pourra être objet d'une recherche postérieure
est de savoir si l'ethnicité comme épreuve peut ainsi être
surmontée par son incorporation formelle au fonctionnement de
l'État ?
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