CHAPITRE IV : INTERPRETATION DES RESULTATS,
VERIFICATION DES HYPOTHESES ET SUGGESTIONS
L'objectif visé par notre recherche est de
vérifier le fondement de notre hypothèse à la base des
résultats de notre enquête ; l'hypothèse principale est la
suivante : «L'ethnie est un instrument qui favorise l'accès
à un parti politique et qui influence son fonctionnement. » Cette
partie sera donc consacrée à l'interprétation des
résultats, ce qui permettra de procéder à la
vérification de nos hypothèses, pour enfin aboutir sur les
suggestions.
IV.1- INTERPRETATIONS DES RESULTATS ET VERIFICATIONS
DES HYPOTHESES
Dans les lignes qui vont suivre, nous procéderons
à l'interprétation des données présentées
après dépouillement, tout en tenant compte des observations et
des entretiens menés sur le terrain. Nous essayerons alors de
bâtir cette partie sur deux points essentiels dont le premier concernera
l'engagement politique qui dépend de plusieurs paramètres, et le
second va se pencher sur la relation ethnie/fonctionnement des partis
politiques. Nous procéderons à la fin à la
vérification de notre hypothèse du départ.
IV.1.1- Engagement politique
Il s'agit ici de montrer quels sont les paramètres qui
rentrent en jeu dans l'engagement politique d'un individu.
IV.1.1.1- Appartenance à une ethnie
donnée.
Nous avons dans le but d'aboutir à notre recherche,
introduite la question qui nous permettra de savoir au sein des partis
politiques, quelle ethnie ou quelles sont les ethnies les plus
représentatives. Selon le résultat recueilli dans le tableau
n°3, plus d'une dizaine d'ethnies ont été
mentionnées, mais nous pouvons remarquer que quatre principales ethnies
dépassent la barre des 10%. On voit en premier les Ewé avec
22,7%, suivi des Guin avec 21,3%, ensuite les Ouatchi 16,7% et enfin les
Kabyè avec 10%. Ces pourcentages nous révèlent alors que
les ethnies Ewé, Guin, Ouatchi et Kabyè s'intéressent plus
à la politique, ou s'engagent plus dans un parti politique que les
autres ethnies.
En procédant à un croisement des tableaux
n°3 et n°9, « quelle est votre ethnie ? Et à quel
parti politique appartenez-vous ? », et en ne considérant que
les quatre ethnies nous avons le tableau ci-dessous :
Tableau n°24 : croisement entre l'ethnie d'origine
des enquêtés et leur appartenance
politique
Modalités
|
Non-réponse
|
CAR
|
ex-RPT
|
UFC
|
TOTAL
|
Ewe
|
8,8
|
20,6
|
38,2
|
32,4
|
100
|
Guin
|
6,3
|
12,5
|
43,8
|
37,5
|
100
|
Kabyè
|
40
|
0
|
53,3
|
6,7
|
100
|
Ouatchi
|
0
|
36
|
32
|
32
|
100
|
N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne
établis sur 150 observations.
Ici on voit clairement dans quel parti politique s'engagent
plus les ethnies. Les Ewé, par exemple, sont nombreux dans l'ex-RPT
(38,2%), ensuite l'UFC et le CAR. Avec les Guin, c'est la même analyse.
Pour les Kabyè, 53,3% sont de l'ex-RPT, ensuite 6,7% dans l'UFC et aucun
dans le CAR. Les Ouatchi, on le voit est plus dans le CAR et partage le
même pourcentage dans l'ex-RPT et l'UFC.
Retenons donc qu'à part la présence massive de
ces quatre ethnies, elles ont chacune une attirante vers un parti politique
bien précis. Les Ouatchi optent plus pour le CAR ; les Kabyè, les
Guin et les Ewé sont plus tournés vers l'ex-RPT. Néanmoins
la présence des Guin et Ewé est importante dans l'UFC
également. Cela nous conduit à dire qu'à un parti
politique une ethnie. Et c'est à bon droit que l'on pense vulgairement
que le CAR c'est pour les Ouatchi, puisque le fondateur est de cette ethnie et
de même que le nouveau président de ce parti ; l'ex-RPT pour les
Kabyès, parce qu'aussi << le fondateur » était
kabyè, de même que leur secrétaire général,
et le président de la république qui est de ce parti ; et l'UFC
pour les Guin et Ewé, pour les mêmes raisons que les
précedents.
Pour cela, un cadre de l'ex-RPT nous révèle en
ces termes : << l'homme a tendance à faire confiance à
sa cellule de base. Le parti étant dirigé par un Kabyè et
comme les Kabyè lui doivent tout puisqu'ils pensent qu'il les a
sauvés des griffes de Sylvanus Olympio, ils adhèrent tous
à ce parti pour conserver le pouvoir afin d'être
protégés et par gratitude. C'est ce qui continue aujourd'hui. En
plus de cela, c'est mal vu aussi d'être Kabyè et de ne pas
être du RPT ». Mais cette analyse porte des insuffisances que
nous allons relever en introduisant, dans l'engagement politique le niveau
d'étude.
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