UNIVERSITE DE LOME
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES (FLESH)
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
L'ETHNIE DANS LE FONCTIONNEMENT DES
PARTIS POLITIQUES AU TOGO : CAS DU CAR, DE L'EX-RPT
ET DE L'UFC
Mémoire pour l'obtention du Diplôme de
Maîtrise ès-Lettres et Sciences Humaines
OPTION : POLITIQUE ET COMMUNICATION
Présenté et soutenu par :
Sous la co-direction de :
M. AGBODJAN-PRINCE Labité
Sodjiné
Dr AGBOVI K.
Kwassi Maître-Assistant Département de
Sociologie à l'Université de Lomé
Et de
Dr AKOUBIA
Koshi Assistant Département de Sociologie à
l'Université de Lomé
Juillet 2012
L'ETHNIE DANS LE FONCTIONNEMENT DES
PARTIS POLITIQUES AU TOGO : CAS DU CAR, DE L'EX-RPT
ET DE L'UFC
DEDICACE
A la communauté des Carmes Déchaux de
Lomé.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce mémoire a été
possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui nous
voudrons témoigner toute notre reconnaissance :
- nous désirons remercier sincèrement M. Agbovi K.
Kwassi qui malgré ses occupations multiples a su diriger ce
mémoire de main de maître ;
- nos remerciements vont également à M. Akoubia
Koshi qui nous a été d'un grand apport dans l'élaboration
de ce mémoire ;
- sincère merci aux membres du jury pour leur
disponibilité, afin d'évaluer ce travail ;
- merci au Corps Enseignant du Département de Sociologie
pour leur formation donnée ;
- nous disons merci à papa et à maman pour avoir
fait de nous ce que nous sommes ;
- nous adressons toute notre gratitude aux
révérends pères Adzoguidzi Victor, Awunyo Festus et Ruiz
Espirindio de l'Ordre des Carmes Déchaux, et à tous les
Frères de la Communauté de Lomé, qui n'ont
ménagé aucun effort pour la réussite de notre travail ;
- nous exprimons notre reconnaissance à toutes les
personnes qui de près ou de loin ont contribué à
l'aboutissement de ce travail, qu'ils soient bénis ;
A vous tous, nous disons un sincère merci.
SOMMAIRE
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL, METHODOLOGIQUE ET
PHYSIQUE DE L'ETUDE
CHAPITRE I : CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE CHAPITRE
II : CADRES PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES -
INTERPRETATION DES RESULTATS ET VERIFICATION DES HYPOTHESES - SUGGESTIONS
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
CHAPITRE IV : INTERPRETATION DES RESULTATS, VERIFICATION DES
HYPOTHESES ET SUGGESTIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES MATIERES
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
ALLIANCE : Alliance démocratique pour la
Patrie ANC : Alliance Nationale pour le Changement ANR
: Agence Nationale de Renseignement
APG : Accord Politique Global
ATC : Association Togolaise des consommateurs
CAR : Comité d'Action pour le Renouveau
CDP : Congrès pour la Démocratie
et le Progrès
CEDEAO : Communauté Economique Des Etats
de l'Afrique de l'Ouest
CFA : Communauté Financière
Africaine
CHU: Centre Hospitalier Universitaire
CINU : Centre d'Information des Nations Unies
CNAO: Centre National d'Apareillage Orthopédique
CNTS : Centre National de Transfusion Sanguine CUT :
Comité de l'Unité Togolaise
CVJR : Commission Vérité Justice
et Réconciliation
DGSCN : Direction Générale de la
Statistique et de la Comptabilité Nationale DSRP-C :
Document Complet de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
FER : Fonds d'Entretien Routier
FPI : Front Populaire Ivoirien
FR : Fonds Routier
FRAC : Front Républicain pour
l'Alternance et le Changement IDH : Indice du
Développement Humain
INH : Institut National d'Hygiène
JUVENTO : Mouvement de la Jeunesse Togolaise
MNLA : Mouvement National pour la
Libération de l'Azawad
MOE-Togo : Mission d'Observation Electorale de
l'Union Européenne au Togo MPT : Mouvement Populaire
Togolais
MSP : Ministère de la Santé
Publique
OBUTS : Organisation pour Bâtir dans
l'Union un Togo Solidaire
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unis
OTP : Office Togolais des Phosphates
PAS : Programmes d'Ajustement Structurel
PDCI : Parti Démocratique de Côte
d'Ivoire
PIB : Produit International Brut
PIP : Programme d'Investissement Public
PMA : Pays les Moins Avancés
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement PPTE : Pays Pauvres et Très
Endettés
PTP : Parti Togolais du Progrès
RDR : Rassemblement Des Républicains
RPT : Rassemblement du Peuple Togolais
SDN : Société Des Nations
SNPT : Société Nouvelle des
Phosphates du Togo
UCPN : Union des Chefs et Populations du Nord
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africain UFC : Union des Forces de Changement
UNIR : Union pour la République
URSS : Union des Républiques Socialistes
Soviétiques
UTD : Union Togolaise pour la
Démocratie
INTRODUCTION
L'indépendance des Etats africains a fait miroiter pour
quelque temps une lueur d'une vraie autonomie, focalisée autour d'une
nation forte et unie, devant entrainer un développement effectif. L'Etat
post-colonial dans le contexte africain n'a pas réussi à fonder
une telle société qui serait l'expression d'un véritable
Etat-Nation. Remarquons que depuis lors, la représentation de <<
l'image [de la nation] joue un rôle éminent dans le processus
d'adhésion à l'idée de nation >> (R. Pourtier, 2010
: 153), créant un blocage systématique fonctionnel et structurel
au niveau des Etats.
Juan José Linz, sociologue politique espagnol, a
élaboré des modèles étatiques à partir des
régimes totalitaires qu'il qualifie de << non démocratiques
>>. De son analyse nous pourrons dire que les Etats africains
répondent à certains de ces différents modèles :
régimes du type << bureautico-militaire >>, <<
post-démocratique >>, << démocraties raciales ou
ethniques >>, << multiethnique sans consensus >>. (J. J.
Linz, 2006 : 174-441) On peut s'apercevoir que les régimes politiques
des Etats africains, cinquante ans après les indépendances, se
rapprochent encore aujourd'hui de ces modèles.
Les Etats africains après leurs indépendances
ont connu au cours de leurs processus politiques, l'<< autoritarisme
bourgeois >>, les coups d'Etat, le parti unique avec la <<
personnalisation du pouvoir >>, le népotisme, la dictature, qui
ont conduit à un processus de démocratisation dans les
années 1990. Ce processus entaché de corruption,
d'élection truquée, de gouvernement patrimonial et clanique, de
manipulation constitutionnelle, de multipartisme de pacotille, de manipulation
ethnique... demeure un échec sur le continent.
En outre, ces difficultés rencontrées sont en
partie expliquées aussi par le facteur ethnique. Ce dernier
considéré comme vestige du passé est vu comme un nouveau
paradigme de la situation politique actuelle africaine. (R. Pourtier, 2010 :
141-159) C'est une source de potentiels conflits qui minent l'Afrique, si cela
ne l'est déjà.
Dans ces Etats qui sont issus de la colonisation,
l'ethnicité se révèle comme l'un des obstacles au
fonctionnement de la société. Elle plonge l'Etat dans
l'incapacité d'assumer ses fonctions régaliennes et remet ainsi
en cause le constitutionnalisme qui le fonde. L'usage de l'ethnicité
confère de facto à des individus ou à des
groupes, des missions qui rentrent dans l'exercice de l'Etat. Cet aspect
consacre l'effondrement de l'Etat, et instrumentalisé, il est une bombe
destructrice de la stabilité de l'Etat et du tissu social. (Zartman,
1997 : 3-14) Dans une recherche (Etude sur les dissensions ethniques et
régionales au Togo) du Ministère des Droits de l'homme, de
la Démocratie et de la Réconciliation réalisée par
Boona Ketehouli en 2005, il
ressort de cela que << d'une manière
consciente ou inconsciente l'homme politique utilisera les différences
entre les ethnies et exacerbera les clivages nés de ces
différences. L'action du politicien surclassera les
préjugés et autres pesanteurs sociologiques. » (B.
Ketehouli, 2005)
A tort ou à raison donc, les partis politiques
pilotés par les politiciens revêtent un caractère ethnique
remarquable, dans leurs fonctionnements et organisations structurelles, et
aussi dans les milieux où leur côte de popularité est le
plus en vogue. Nous pouvons dire que << les dirigeants africains ont
tribalisé l'action politique en créant ou en réactivant
des stéréotypes ethniques et régionalistes » (K.
F.Hetcheli, 2007 : 82). Aussi, selon l'étude de Ketehouli, l'un des
catalyseurs ayant joué un rôle néfaste dans la
cristallisation des dissensions ethniques et régionales concerne les
<< partis politiques qui se créent sur des bases
ethnico-régionales que sur la base de projets de société.
» (Ketehouli, résumé, 2005)
C'est pour essayer de déterminer les facteurs
explicatifs de la place qu'occupe l'ethnie dans le processus d'adhésion
aux partis politiques et dans leur fonctionnement que nous avons mené
cette étude. Le thème de l'étude est ainsi
intitulé, << l'ethnie dans le fonctionnement des partis
politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC ».
Qu'est-ce qui peut expliquer ou orienter l'attitude ethniciste
des partis politiques ? Comment aussi, le peuple togolais se fourvoie-t-il sur
ces questions de clivages, jusqu'à les cristalliser comme un
agrégat légitime ou légal ? Les différences
culturelles et ethniques sontelles incompatibles avec la paix sociale et les
valeurs de la démocratie ? Le rôle que jouent les partis
politiques, dans la civitas togolaise, montre-t-il que cette situation
de précarité à laquelle est soumis le tissu social ou la
cohésion sociale, c'est-à-dire le risque de
dégénérescence d'un affrontement inter ou intra ethnique,
peut être dépassé ? Voilà les quelques questions
auxquelles nous tenterons de résoudre dans ce travail.
De toutes ces interrogations, notre étude ne prendra en
compte que l'aspect du facteur ethnique qui touche de façon directe le
fonctionnement des partis politiques. Nous nous limiterons dans ce cas à
l'Union des Forces de Changement (UFC), au Comité d'Action pour le
Renouveau (CAR) et à l'ex-Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), qui
sont les trois (3) partis politiques représentatifs lors des
élections législative de 2007 et présidentielle de 2010
et, qui ont marqué ou continuent de marquer la vie politique togolaise
depuis des dizaines d'années. Il s'agira de voir comment le facteur
ethnique influence, la formation des comités directeurs ou des bureaux
exécutifs de ces partis et leurs activités sur le terrain.
Le rapport de la mission d'établissement des faits
chargée de faire la lumière sur les violences et les
allégations de violations des droits de l'homme survenues au Togo
avant,
pendant et après l'élection
présidentielle du 24 avril 2005, dit rapport Koffigoh, a
suffisamment révélé cette situation : << la crise
Togolaise s'est également traduite par une exacerbation du facteur
ethnique et xénophobe dans la vie politique et sociale de ce pays
>> et il en ressort également que << l'implication des
partis politiques ne peut être écartée. >>
(Rapport Koffigoh, 2005 : 35)
Le phénomène toujours présent de
l'instrumentalisation de l'ethnie surtout sur le plan politique reste un
défi pour l'Afrique et pour le Togo. Aujourd'hui encore, la politique
est un cadre de groupement ethnique, que cela soit dans l'administration, ou
dans le social, l'ethnie dominante est celle du parti politique en exercice. A
en croire, tout concourt à maintenir une telle situation.
Pour la recherche ou pour ce présent mémoire, il
s'agira dans une première partie de poser le problème et
d'explorer ses contours, d'expliquer la méthode de collecte des
données en décrivant l'instrument et en spécifiant la
population-cible de l'étude à travers un cadre théorique,
conceptuel, physique et méthodologique. La deuxième partie sera
centrée sur la présentation, l'analyse et l'interprétation
des résultats de la recherche, qui débouchera sur la
vérification des hypothèses suivie de quelques suggestions ou
recommandations à l'endroit des structures concernées.
- CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL
- CADRES PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE
PREMIERE PARTIE :
CHAPITRE I : CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE
I.1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Dans le cadre de la présente étude, notre
attention a été attirée par des échanges
menés avec des amis, par des interventions sur les médias, par
des discussions perçues entre des personnes dans la rue. A partir de ce
que notre attention a saisi çà et là, nous avons pu
établir de façon informelle qu'au Togo, on en vient à
étiqueter certains partis politiques d'avoir une existence à
dominance ethnique de celle du président du parti ou de son fondateur.
Ainsi, parle-t-on de l'ex-Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) comme le parti
des << Kabyè », du Comité d'Action pour le Renouveau
(CAR) comme un parti des << Ouatchi », de l'Union des Forces du
Changement (UFC) comme un parti des gens d'<< Aného » ou des
<< Ewé ».
Cette affirmation sans fondement au prime abord, nous pousse
à mener une pré-étude dans ce sens, afin de voir
jusqu'à quel point le facteur ethnique a un effet sur la structure et le
fonctionnement des partis politiques.
L'effondrement du mur de Berlin, et par là de l'Union
Soviétique au début des années 1990, a permis un nouvel
essor dans la vie politique, économique et sociale de la plupart des
pays africains. C'est un évènement dit salutaire, qui a
enclenché un processus de démocratisation et d'instauration du
multipartisme en Afrique. Dans le cadre de cette démocratisation donc,
plusieurs partis politiques ont été créés au Togo
pour compléter le RPT (en tant que parti unique) dont les principaux
sont entre autres, le CAR et l'UFC.
Aussi, montre dans son analyse le rapport de la Mission
d'Observation Electorale de l'Union Européenne au Togo (MOE-Togo)
que l'attribution des sièges dans chaque circonscription
électorale présente un pays divisé en deux entre le Nord
et le Sud :
<< Les sièges du Nord ont été
entièrement attribués au RPT tandis que les sièges du Sud
ont été attribués dans leur grande majorité
à l'UFC. Les sièges restant du Sud ont été
attribués au CAR ainsi qu'un siège au RPT. La région des
plateaux qui se situe entre le Sud et le Nord du pays est moins
homogène. Les deux principaux partis se sont réparti les
sièges : 12 pour le RPT et 11 pour l'UFC. » (Cf. Rapport
MOE-Togo, 2007 : 55)
On constate donc par là que la victoire des partis
politiques ou des candidats revêt un caractère quasi ethnique.
(cf. annexe II)
Par ailleurs, le document Synthèse du rapport
final de la Commission Vérité Justice et
Réconciliation (CVJR) en son point concernant les partis politiques
montre
<< qu'à partir des années 1990, avec
le vent de la démocratie qui souffle sur le Togo, les nouveaux clivages
politiques donnent l'impression d'une réédition des anciens
affrontements ayant marqué les partis, voire d'une
régionalisation et tribalisation à outrance du débat
politique. En plus de cela, les rivalités et les conflits qui
caractérisent les relations interpersonnelles des principaux leaders
vont contribuer à accentuer les difficultés qui
jalonnent la marche de plus d'une décennie du pays
vers l'Etat de droit. » (Synthèse du rapport final de
la CVJR, 2012 : 5)
Ce rapport montre à quel point les partis politiques
togolais sont imprégnés de l'aspect ethnique qui entre même
dans la marge de manoeuvre leur servant de moyen de fonctionnement et de
structuration.
En dehors de tout cela, il apparaît que lors de certains
débats sur les médias de l'Etat ou privés, des
personnalités invitées dans ce cadre, affirment avec regret que
les principaux partis politiques au Togo sont etiquetés par rapport aux
ethnies de leurs présidents. Même parfois, on entend des gens
confirmer cela dans la rue lorsqu'il leur est donné l'occasion de
s'exprimer sur l'ethnicisation de la vie politique au Togo. A partir de
là, l'ethnicité semble aujourd'hui être au centre de la
structuration de la réalité politique et même sociale au
Togo.
Tous ces constats montrent que le phénomène
d'ethnicisation des partis politiques au Togo est un phénomène
social qui présente certainement un intérêt sociologique.
D'où la nécessité de faire des recherches à ce
sujet pour apprehender ce fait social dans toute sa dimension en partant de sa
problématique.
I.2- PROBLEMATIQUE
Au lendemain de leur liberté institutionnelle et
constitutionnelle, l'indépendance, de nombreux régimes politiques
en Afrique ont basculé dans le désordre social et politique. Pour
pallier cette situation, le système de parti unique fut instauré
avec pour objectif de fédérer la compétence de tous, pour
la création ou la consolidation de l'Etat-Nation. C'est de là
qu'en 1969 un parti unique, le RPT est fondé au Togo et Etienne
Gnassingbé Eyadema est élu à sa tête le 29 novembre
de la même année ; parti qui vient tout récemment
d'être dissout à son 5e congrès extraordinaire, le 14 avril
2012.
Le Togo, à l'instar de bon nombre de pays africains,
étant dans des régimes « monopartisans depuis trois
décennies, avec le prétexte de mettre ensemble les forces
politiques au service du développement » (K. M. Kuakuvi, 2011
: 7), n'a que davantage renforcé sa « résistance du
parti unique dont l'un des piliers les plus solides est l'armée, ce qui
nous conduit tout droit au refus de l'alternance » (K. M. Kuakuvi,
idem), entrainant le pays dans une crise sans fin. En effet, l'alternance
hypothéquée, les centaines de partis politiques que compte le
Togo deviennent des avatars idéologiques, une menace continuelle pour la
stabilité sociale.
Le multipartisme fut alors considéré comme un
risque de ralentissement du progrès social, mieux un gaspillage
d'énergie dans la construction nationale. Il fut alors combattu et
traité comme une véritable nuisance à la cohésion
nationale. Il n'était plus question de la formation d'une équipe
de rechange puisque par définition, celle qui est au pouvoir est la
meilleure. (R. Danioué, 1997 : 156) A cet effet, Godinec rapporte que
Julius Nyerere affirmait en 1963 ceci : « là oil il y a un seul
parti oil ce parti s'identifie à la nation tout entière, les
fondements de la démocratie sont plus solides qu'elles ne le seront
jamais là oil il existe deux partis ou davantage dont chacun
représente seulement une fraction de la communauté ».
(J. Nyerere in Godinec, 1978 : 165)
Mais cette solution n'a pas satisfait les besoins et
libertés de la population togolaise. En effet, pour Massina Palouki
(1997 : 304) :
« le parti unique qui devait servir de lieu
d'expression des différents courants d'opinion, et partant des moyens de
démocratisation du pouvoir, a en fait servi à bâillonner
les opinions différentes de celles émises par les organes
centraux et à renforcer la puissance des gouvernants. »
Le régime du parti unique ressemblait, à ceux
peints par La Bruyère cité par Dumont (1991 : 22) dans lesquels
si « l'on doit se taire sur les puissants, il y a du péril
à en dire du mal pendant qu'ils vivent et de lâcheté quand
ils sont morts ». Les principales caractéristiques du
monopartisme selon Maurice Pierre Roy (les régimes politiques du
tiers monde, 1997) sont les manifestations obligatoires, le poids
croissant de la police, l'altération des libertés fondamentales,
la disparition de toute vie politique pluraliste, d'où l'absence de
démocratie réelle.
Une démocratie forte et durable dépend de
l'existence de partis politiques bien structurés et bien fonctionnels.
Les partis politiques ont un rôle primordial dans la mise en commun de
divers intérêts, le recrutement et la présentation de
candidats, l'élaboration de propositions de politiques concurrentes
donnant au peuple la possibilité de choix. Dans cette délicate
tâche, les partis politiques sont confrontés à beaucoup
d'obstacles, causant leurs impopularités du jour au lendemain, voire
même leurs discrédits. Nous pouvons relevés, la diminution
de leurs membres due à la transhumance politique, les fonctionnements
drastiques imposés souvent par le système de parti, les
méthodes de gestions faibles et peu démocratiques, sont des
situations qui rendent entre autre la vie des partis politiques difficile.
Au Togo, les problèmes auxquels les partis politiques
sont confrontés sont relatifs à ces mêmes
réalités que nous venons d'évoquer. Leur fonctionnement
rencontre depuis l'avènement du multipartisme des difficultés
majeures qui endiguent la vie politique et sociale. L'analyse du fonctionnement
de ces partis politiques demeure tributaire du paradigme
ethnique, malgré tous les garde-fous que la Charte
des partis politiques adoptée en 1991 avait prévus.
Le facteur ethnique entrainant << la dissension
ethnique >> dans nos partis politiques et par là dans notre
pays se trouve être d'origine politique. En d'autres termes, il s'agit
d'une manipulation politique. Pour cela, John Aglo affirme dans une
communication à la (CVJR) que :
<< la thèse qui va être défendue
ici est la suivante : il existe dans notre patrie le Togo des dissensions et
que ces dissensions prennent souvent et non pas toujours des formes ethniques.
Cependant, les vraies causes de ces dissensions ne sont pas à situer ni
dans notre diversité ethnique ni dans notre diversité culturelle.
En d'autres termes, les causes véritables de nos dissensions dites
ethniques ne sont pas ethniques, elles sont ailleurs. Elles sont politiques.
[...J Dès lors, la question qui consiste à savoir quelles sont
les vraies causes de nos dissensions ethniques, devient : « comment la
politique procède ou a procédé pour créer entre
nous de dissensions pouvant avoir un impact si profond et miner de façon
si désastreuse notre vivre-ensemble et nos principes
métaphysiques fondamentaux ? >> (Les dissensions
ethniques au Togo, 2012 : 1)
Le rapport de la MOE-Togo évoque quant à lui que
:
<< selon plusieurs sources d'information, les
allogènes ont été sujets à des pressions de la part
du RPT et des propriétaires terriens afin de voter pour ce parti, l'un
des arguments utilisés étant que si l'UFC remportait la
majorité des sièges, ils seraient renvoyés vers leur
région d'origine, le Nord. >>
Ce fait montre qu'au niveau des fonctionnements des partis
politiques << la conquête et l'exercice du pouvoir >> se
fondent sur l'achat de conscience, sur l'intimidation, et surtout sur la
manipulation de l'outil ethnique ; l'un des paradigmes aujourd'hui de la vie
politique africaine. Dans son oeuvre La politique du ventre
(1989), Jean-François Bayard évoque à cet effet
que, les situations des hommes politiques africains qui ne sont autres que le
reflet du fonctionnement des partis politiques. Des exemples ne manquent pas
pour justifier cette réalité.
En poussant notre curiosité à la
vérification des affirmations soulevées, nous avons
analysé la liste du comité directeur ou du bureau exécutif
de quelques partis politiques.
En prenant le cas du bureau directeur de L'UFC mis sur pied au
congrès du 12 août 2010 composé au total de 33 membres,
nous remarquons que 21 des membres sont du Sud Togo soit 63,63% et parmi 21
membres 14 sont d'Aneho (Guin ou Mina) soit 66,66% des 21 membres. Le Nord,
toutes ethnies confondues compte 12 membres soit 36,37% des 33membres. Ces
chiffres montrent que la structure de ce parti à une dominance des gens
du Sud.
En prenant également la composition du comité
exécutif de l'Alliance Nationale pour le Changement (ANC) parti
créé le 10 octobre 2010, qui s'élève à 17
membres, nous constatons que 5 membres sont du Nord (deux Kabyè, un
Moba, un Kotokoli et un Bassar) soit un pourcentage de 29,41% et les 12 autres
membres soit 70,59% sont du Sud. Dans ces 12 personnes, 10 sont Guin ou Mina
soit un pourcentage de 83,33% par rapport au 12 membres du Sud.
Le CAR quant à lui dispose dans son bureau national
exécutif de 25 membres, dont on peut déterminer l'origine
ethnique comme suit : 18 membres sont du Sud, soit 72% et 7 membres du Nord
soit 28%. Dans ces 18 membres, il y a 11 membres soit 61,11% qui sont de
l'ethnie du président, c'est-à-dire qu'ils osnt Ouatchi et les
38,89% appartiennent à l'ethnie Ewé et Mina. Pour les membres du
Nord 5 sont de la région de Sokodé et les deux autres de la
région des Savanes. Cela montre une disproportionnalité dans la
répartition des postes. Nous pourrions remarquer aussi, qu'après
le départ du président fondateur Me Yawvi Agboyibor qui est
Ouatchi, c'est un autre Ouatchi qui est actuellement président à
savoir Me Dodji Apévon.
La situation de l'ex-RPT est un peu exemplaire sur le plan
structurel. La composition de son comité directeur qui n'est que de 7
membres, tient compte de la diversité ethnique du pays ou comme ils le
disent du << panachage ethnique ». En effet, seul le
secrétaire général du parti est élu sans
distinction. Les autres postes sont sujets à des nominations qui
prennent en considération ce panachage. Ainsi, l'ex-secrétaire
général étant Kabyè, son premier secrétaire
est Moba, son second est Adja et les autres postes se répartissent entre
Koktokoli, Ewé, Guin et Kabyè. Mais malgré cette parfaite
répartition structurelle, un cadre du parti déplore que :
<< l'homme a tendance à faire confiance
à sa cellule de base. Le parti étant dirigé par un
Kabyè et comme les Kabyè lui doivent tout puisqu'ils pensent
qu'il les a sauvés des griffes de Sylvanus Olympio, ils adhèrent
tous à ce parti pour conserver le pouvoir et par gratitude. C'est ce qui
continue aujourd'hui. En plus de cela, c'est mal vu aussi d'être
Kabyè et de ne pas être du RPT ». Dans son
fonctionnement donc, le parti est donc représentatif au niveau des
organes, mais dans le fonctionnement et dans l'activisme, une ethnie en fait sa
chasse gardée.
C'est pour éviter ces dérives de l'ethnicisme
dans les partis politiques que la Loi Fondamentale du Togo en ses articles 6, 7
et 8 donne des orientations. L'article 6 spécifie que le rôle
principal d'un parti politique est de concourir << à la
formation et à l'expression de la volonté politique du peuple
» avec une liberté de se former et d'exercer leurs
activités << dans le respect des lois et
règlements » et l'article 8 ajoute qu'ils << ont le
devoir de contribuer à
l'éducation politique et civique des citoyens,
à la consolidation de la démocratie et à la construction
de l'unité nationale ». Tout cela ne peut se faire si les
partis politiques revêtent un caractère ethnique. C'est ce que
prévoit l'article 7 : les partis politiques << ne peuvent
s'identifier à une région, à une ethnie ou à une
religion ».
La charte des partis politiques de 1991 insiste aussi sur cet
aspect. Il stipule dans son article 6 qu'<< aucun parti politique ne
peut s'identifier à une région, à une ethnie, à une
religion ou à une corporation », sous peine de sanction
évoquée dans l'article 26 comme suit : << sera puni
conformément aux lois en vigueur, tout dirigeant de parti politique qui,
par ses déclarations publiques, écrits ou démarches,
incite à la violence, au tribalisme, au régionalisme, au racisme,
à la xénophobie ou à l'intolérance religieuse
». Mais on constate sur le terrain, fortuitement ou pas, l'opposé
de ces législations.
Les conflits ou les dissensions ethniques émergent
souvent dans les sociétés pluriethniques, lorsque l'Etat semble
être dominé par un groupe particulier, ou lorsque toutes les
instances publiques sont aux mains d'une même ethnie, comme le cas des
responsables de l'armée (cf. annexe III), ou encore lorsque des
communautés marginalisées vivent dans la pauvreté, le
chômage et bien d'autres choses. C'est ce que souligne le rapport
Koffigoh :
<< l'origine ethnique, notamment Kabyè, et
l'appartenance ou l'allégeance au clan Eyadema, plus que toute forme
d'idéologie politique ont constitué les critères
fondamentaux de nomination aux postes les plus importants de l'appareil d'Etat
et en particulier dans l'armée, l'appareil sécuritaire et les
structures de gestion et de contrôle de l'économie. »
(2005 : 35)
Par conséquent, << vu les aspects de
clientélisme, et de tribalisme que le pays a connus et connaît
depuis 1963, (avec ou sans statistiques, parce que les gens nient tout le temps
le tribalisme, alors qu'il suffit de se rendre dans les ministères et
d'ouvrir ses oreilles et ses yeux) » (M Kuakuvi, 2011 : 7), le Togo
n'est pas loin de cette réalité ethnique.
En revenant au parti politique, l'adhésion qui se fait
par rapport au projet de société que propose ce regroupement,
laisse place à deux critères essentiels d'adhésion : les
privilèges et avantages, et l'appartenance ethnique. Certains peuvent
cumuler les deux. Ce qui fait que la constitution des partis politiques
ressemble à une association de ressortissants ethniques qui oeuvre pour
une bonne condition de vie.
La réalité s'apparente à une redevance
que l'on doit à son groupe ethnique en adhérant au parti
politique qui s'y rattache. A cet effet, un membre de l'ex-parti RPT dissout va
jusqu'à déclarer lors d'une émission sur un média
privé que << la dissolution de ce parti sera une
libération pour l'élite kabyè, ayant été
pour la plupart boursier. Car étant kabyè, ne pas appartenir
à ce parti ressemble à une trahison, et par conséquent on
est mal vu, vilipendé ».
Notons par ailleurs que, la structure de certains partis
politiques depuis leur création, n'a pas changé de façon
véritable. C'est soit le même qui est à la tête
entouré de ses familiaux, soit il est parti, mais remplacé par un
individu de la même localité que lui. Tout cela oriente aussi les
activités de ces partis sur le terrain en les poussant à
privilégier une population par rapport à une autre. Les
précédents développements nous ont permis
d'appréhender, de justifier et de mieux comprendre cette situation,
objet de notre étude.
Au vu de tout ceci, l'on peut se demander qu'est ce qui
pourrait expliquer qu'un demisiècle après les
indépendances les dirigeants politiques togolais n'ont pas encore
compris que l'exigence démocratique doit nécessairement subsumer
(sens kantien), c'est-à-dire penser les ethnies comme un tout, une
nation, pour son unification ?
L'influence qu'ont joué et continuent de jouer les
partis politiques, dans la civitas togolaise, montre qu'avec une
volonté bien déterminée, cette situation de
précarité à laquelle est soumise le tissu social ou la
cohésion sociale, c'est-à-dire le risque de
dégénérescence en un affrontement inter ou intra ethnique,
peut être dépassée. Qu'est-ce qui peut expliquer alors
cette persistance vers l'attitude ethniciste des partis politiques ? Comment
aussi, le peuple togolais se fourvoie-t-il sur ces questions de clivages,
jusqu'à les cristalliser comme un agrégat légitime ou
légal ?
Voilà quelques questions qui jalonnent notre
étude et qui corroborent la question principale de notre
problématique à savoir, en quoi l'appartenance à une
ethnie conditionne l'accès à un parti politique et à son
fonctionnement au Togo.
Les réponses à cette question ont
été trouvées suite à la recherche proprement dite
menée sur le terrain. Ainsi l'intention générale, le but
de la recherche, ce que vise cette étude sont traduits en
hypothèses et en objectifs.
I.3- HYPOTHESES
Afin de rendre notre étude plus scientifique, nous posons
comme conjecture les différentes affirmations suivantes.
I.3.1- Hypothèse générale
L'ethnie est un instrument qui favorise l'accès à
un parti politique et qui influence son fonctionnement.
I.3.2- Hypothèses spécifiques
De cette hypothèse générale, découle
les hypothèses spécifiques suivantes :
· les partis politiques tiennent compte de l'aspect
ethnique dans leur recrutement, ainsi que dans leur mode de fonctionnement ;
· l'ethnicisation des partis politiques cause la
fragilisation du lien social et la cristallisation du clivage Nord et Sud ;
· l'amoindrissement du pouvoir de l'Etat provient de
l'ethnicisation des structures des partis politiques.
I.4- OBJECTIFS
Les objectifs sont à une étude, ce que l'oeil
est au corps. C'est par eux que l'on retrouve le but ou la finalité de
l'étude, et l'on parvient à préciser les moyens par
lesquels on aboutit à la recherche.
I.4.1- Objectif général
Démontrer le rôle que joue l'ethnie dans le
processus d'adhésion aux partis politiques et dans leur fonctionnement
au Togo.
I.4.2- Objectifs spécifiques
Pour mieux cerner l'objectif général, les
objectifs spécifiques visent à :
· examiner l'influence du facteur ethnique sur le mode de
recrutement et de fonctionnement des partis politiques ;
· montrer que l'ethnicisation des partis politiques peut
être source de division et d'affaiblissement de la cohésion
nationale ;
· déterminer les causes de l'ethnicisation des
partis politiques et relever les conséquences de cette dernière
sur la vie politique et sociale.
I.5- REVUE DE LITTERATURE ET CADRE THEORIQUE DE
REFERENCE
I.5.1- Revue de litterature
La problématique des partis politiques ne peut
être élaborée sans faire cas de la participation politique,
principe même du multipartisme dans une démocratie. Ainsi nous
avions consulté des documentations à cet effet pour asseoir une
méthodologie de travail. Nous
nous sommes référés à des travaux
précédents, qui nous ont permis non seulement de saisir de
façon générale les théories explicatives de la
participation politique, de l'ethnicisation de cette dernière, mais
aussi de relever les avis du phénomène ethnique comme paradigme
néocolonialiste de l'Afrique.
I.5.1.1- Les formes de la participation politique
La démocratie conçue comme le gouvernement du
peuple implique la participation de ce dernier à la gestion du pays,
dans la prise de décision politique..., et cela passe
nécessairement par la participation politique. C'est ce que souligne ici
le professeur Lavroff :
<< le fondement philosophique de la
démocratie est la croyance dans la valeur de l'individu et dans son
droit naturel à participer à l'organisation et à la
gestion de la société. L'idée qu'il y a plus de sagesse
dans la délibération de plusieurs que dans la décision
d'un seul, fut-il le plus intelligent. C'est le postulat de base de la
démocratie. » (1991 : 128)
La participation politique << est l'ensemble des
activités, individuelles ou collectives, susceptible de donner aux
gouvernés une influence sur le fonctionnement du système
politique ». (P. Braud, 2008 : 442) On distingue dans ces
différentes activités entre autres, le vote,
l'éligibilité, l'appartenance à un parti politique ou
organisation politique, la participation à une campagne
électorale, la contribution au financement d'un parti politique ce qu'on
nomme participation conventionnelle ; et les manifestations ou grèves
illégales, la désobéissance civile, les affrontements avec
les forces de l'ordre, la révolution, qu'on appelle participation non
conventionnelle. (R. Danioué, 2009 : 14-23)
Aujourd'hui, l'analyse des sciences politiques reconnaît
dans le vote une modalité essentielle de participation politique, raison
pour laquelle Braud affirme que << bien loin d'être un simple
choix d'hommes ou d'équipes, le vote s'inscrit dans un processus
efficace de légitimation des instances de gouvernement si, du moins, la
participation demeure à un niveau socialement acceptable ».
(2008 : 446) L'activité proprement dite commence avec la démarche
même de s'inscrire sur une liste électorale, garantie d'une
possibilité de voter. Néanmoins, elle est encore présente
dans cette attitude générale qui consiste à rechercher
dans les médias une information susceptible de nourrir la discussion des
événements d'actualité et surtout dans la perspective d'un
vote, de se forger un jugement sur les personnalités politiques,
représentant les partis politiques.
Par ailleurs, Pierre Favre lui, voit le seuil de l'engagement
de l'individu lorsqu'il pose des actes qui l'associent à une action
collective. Engagement non permanent dans la simple participation à des
manifestations et des campagnes de mobilisations, engagement permanent
avec l'adhésion à des organisations de types
associations politiques, syndicats ou partis politiques. Cette dernière
peut demeurer passive ou recouvrir un activisme de grande intensité qui
mobilise beaucoup de temps et d'énergie.
De là, l'auteur distingue 3 types de manifestations (P.
Favre, 1990 : 32-36) :
- La première qu'il appelle << initiatrice
>> a pour fonction majeure d'imposer sur la scène politique avec
le maximum de visibilité, un enjeu ou un problème occulté
par le jeu institutionnel. C'est de cette manière que dans les
années 1990, les féministes en France ont réussi à
faire prendre en compte leurs exigences concernant la législation de la
contraception et de l'avortement, et les écologistes, une
législation pour la protection de l'environnement.
- La seconde dite << routinière >> permet
à des organisations de rappeler périodiquement leur
capacité mobilisatrice et leur représentativité. Les mots
d'ordre revendicatifs ont alors la double fonction d'exprimer les
préoccupations du moment : défense du pouvoir d'achat et des
droits de l'homme. Nous pourrons faire cas du Togo en 2009, où aux
côtés de l'Association Togolaise des consommateurs (ATC), quelques
partis politiques ont marché pour réclamer la réduction de
<< la vie chère >>. Aussi, en janvier 2012, les associations
des droits de l'homme ont marché pour exiger le respect des droits de
l'homme au niveau de l'Agence Nationale de Renseignement (ANR).
- La troisième enfin, est associée à des
crises politiques globales. Forme violente de contestation.
Le plus important à souligner peut-être est la
double dimension instrumentale et identitaire de toute manifestation,
même si elle bascule souvent dans des proportions qui peuvent être
fort inégales. Ainsi observe-t-on des connexions entre le jeu politique
institutionnel et les rassemblements dans les rues. La capacité d'un
parti à mobiliser ses partisans directement ou par
l'intermédiaire d'une organisation de relais constitue une source
politique importante, c'est-à-dire un moyen important de pression sur
les gouvernements, sur les autres partis ou sur les partenaires sociaux. Encore
faut-il que la manifestation soit perçue comme un succès, ce qui
repose sur des critères d'évaluation numérique assez
fluide, mais aussi sur l'intensité médiatique qu'elle a
suscitée. La marche du Collectif << Sauvons le Togo >> du 12
et 13 à Lomé est illustratif de cela.
A cela s'ajoute aujourd'hui, de façon plus
récurrente et plus subtile, l'aspect ethnique de la participation
politique ; qui n'est qu'une manipulation d'une politique
néo-colonialiste.
I.5.1.2- Ethnicité comme paradigme
néo-colonialiste
La théorie politique du multiculturalisme mérite
plus qu'une mise en congé expéditive. Les catégories de
l'ethnicité peuvent contribuer à approfondir et à
problématiser avec lucidité le Nouveau Monde social auquel nous
avons affaire. Comme le dit Césaire, << il est temps de mettre
à la raison, ces Nègres qui croient que la révolution,
ça consiste à prendre la place des Blancs et continuer, en lieu
et place, je veux dire sur le dos des Nègres, à faire le
Blanc ». (A. Césaire, 1963 : 84) Nous devons prendre
conscience alors des réalités auxquelles l'Afrique est
confrontée et les prendre de façon raisonnable.
Au début des années 1990, certains chercheurs
pensaient que le vent de la démocratisation et de la
libéralisation économique allaient endiguer, sinon réduire
le phénomène ethnique et tribal en Afrique. Mais Jean Marc Ela
soutient que, << suite au désengagement trop prononcé
de l'Etat dans la vie économique, le processus démocratique
pourrait connaître un coup d'arrêt ». (Boukongou, 2002 :
8) Dans cette perspective et s'agissant de l'Afrique Centrale, Boukoungou note
que les transitions démocratiques << ont été
marquées par les clivages ethno-identitaires ». (Idem) En
conséquence, l'ethnicité semble aujourd'hui plus que jamais,
être au centre de la structuration de la réalité sociale,
que ce soit au niveau de la société considérée
globalement, qu'au niveau restreint des organisations, des associations, des
partis politiques.
Beaucoup d'auteurs semblent s'accorder sur le fait qu'il y
aurait un lien direct entre la décomposition de l'Etat en Afrique et le
regain du phénomène de l'ethnicité. A ce propos, P. Hugon
note que << dans les sociétés où l'Etat-Nation
demeure en voie de constitution et où les réseaux personnels et
les solidarités ethniques l'emportent sur l'institutionnalisation de
l'Etat, la crise économique a renforcé la décomposition de
l'Etat ». (1993 : 56) C'est cette situation d'affaiblissement de
l'Etat qui fut pour certains pays avec l'instauration du multipartisme,
à l'origine du développement du secteur associatif et des ONG.
Par ailleurs, le néo-libéralisme imposé
par les institutions de Bretton Woods dans le cadre des Programmes d'Ajustement
Structurel (PAS), dicte la réduction de l'intervention de l'Etat dans
l'économie ; l'Etat étant << l'ennemi » du
néo-libéralisme. Dans ces circonstances où, comme le dit
Ela, prévaut désormais << la mise sous tutelle de l'Etat
africain », on va assister à l'accroissement et au renforcement des
inégalités, à la marginalisation des groupes sociaux et
à la dégradation des conditions de vie. Le
rétrécissement de la fonction de l'Etat a entraîné
donc d'énormes conséquences sur le plan social et humain, dont
entre autres le mécontentement, les grèves, les
rébellions, les guerres civiles...
C'est ainsi que, comme va le relever M. Dia, << le
relâchement des liens entre l'individu et l'Etat a renforcé les
liens entre l'individu, la famille et son ethnie ». (1994 : 198) Par
là, la culture ethno-tribale devient une dimension importante dans la
gestion des organisations et semble même constituer un des fondements de
la logique du pouvoir africain. (Kamdem, Management et
interculturalité en Afrique : expérience camerounaise,
2002)
I.5.1.3- Ethnicité, une nouvelle forme de
participation politique
L'ethnicité n'a pas une appréhension unique. Sa
compréhension et son usage reposent sur les dimensions qui sont
privilégiées dans la pratique ou dans l'analyse. Ainsi dans
l'appréhension de l'ethnicité comme une forme de participation
politique, allons-nous nous appuyer sur deux approches théoriques
(instrumentaliste et constructiviste) pour faire ressortir cette forme
paticipationnelle, et aussi nous évoquerons la théorie du vote
ethnique comme forme de participation politique ethnique.
I.5.1.3.1- L'approche instrumentaliste du facteur
ethnique
L'approche instrumentaliste est un courant d'idée qui
prend en compte la compétition politique autant que les pratiques
politiques de l'exercice du pouvoir comme constitutives de
réalités ethniques. Ce courant circonscrit l'ethnicité
comme une idéologie servant non seulement à conquérir,
mais aussi à exercer et à conserver le pouvoir. Dans ce sens,
l'ethnicité fait état de l'appartenance à une
communauté par rapport à d'autres et intègre de cette
manière, la manipulation dans les relations socio-politiques afin de
comprendre les dynamiques du politique que Bayart (l'Etat en Afrique. La
politique du ventre, 1990, p. 288) perçoit comme une
réappropriation de l'Etat par les ethnies.
C'est dans cette marge qu'il faut appréhender les nouveaux
phénomènes sociaux qui sont apparus dans les années 1960
et 1970. Il s'agit notamment:
> Aux Etats-Unis :
- des émeutes dans les ghettos noirs des grandes villes au
début des années 60,
- de l'ampleur du mouvement des droits civiques traduisant le
désir de citoyenneté des
Noirs jusqu'alors exclus de la vie politique américaine
formant un << groupe de pression »,
- des descendants des immigrés européens,
entraînés dans le sillage des Noirs qui
commencèrent à mettre en exergue une
prétendue spécificité ethnique au sein d'un parti.
> En Europe, au début des années 70, on
enregistre des regains de mouvements régionalistes. La France,
société assimilationniste par excellence, connaît une
floraison de mouvements bretons, occitans, revendiquant des
égards particuliers et une reconnaissance culturelle.
> En Afrique et dans d'autres pays colonisés, on est
face aux idéologies nationalistes qui revendiquent
l'indépendance.
Dès lors, la pensée pluraliste commençait
à se développer notamment par N. Glazer et D. P. Moynihan. Elle
chercha à expliquer ce que signifiaient toutes ces revendications
à la différence, à l'authenticité, à
l'indépendance, à l'autonomie, à
l'auto-détermination et à l'autosuffisance qu'exprimaient toutes
sortes de minorités ethniques et raciales aux quatre coins du monde.
Michael Novak (The Rise of Unmeltable Ethnics, 1971)
développe aussi une approche pluraliste traditionnelle de type
primordialiste axé sur le caractère indestructible des
identités ethniques, ces dernières semblant résister
même à l'assimilation culturelle objective. Les
événements qui marquent cette période permettent aux
chercheurs en sciences humaines de mettre en évidence un fait nouveau.
Cette ethnicité était différente des liens primordiaux
traditionnels. M. Martiniello indique qu'il s'agissait << d'un
phénomène identitaire neuf favorisant l'émergence de
nouveaux acteurs politiques. » (op. cit., p. 56)
L'ethnicité est une forme d'identification, foyer
effectif de mobilisation de groupe pour des buts politiques concrets. La
contribution particulière de l'ethnicité à cette
mobilisation politique est de fournir un idiome qui favorise la
solidarité de groupe et qui d'une certaine manière dissimule les
intérêts spécifiques communs pour lesquels la bataille est
menée.
<< La nouvelle ethnicité est donc
considérée non comme un résidu de l'histoire, mais comme
une option stratégique particulièrement appropriée aux
exigences de la mobilisation sociale et politique dans les
sociétés modernes (...). L'ascension de cette nouvelle
ethnicité est liée à l'élargissement des fonctions
de l'Etat et à la nécessité de s'organiser selon les
critères ethniques pour profiter des ressources distribuées par
l'Etat dans le cadre de ses nouvelles compétences. » (M.
Martiniello, op. cit. : 55)
Les approches instrumentalistes situent donc
l'ethnicité comme ressource mobilisable dans la conquête du
pouvoir politique et des biens économiques. Leur mérite est de
montrer que l'ethnicité n'est pas une réalité primordiale
ineffable, mais qu'elle peut évoluer en fonction des circonstances et
dans une certaine mesure du choix des individus.
I.5.1.3.2- L'approche constructiviste
Dans les pays africains, après les
indépendances, le rôle de l'État a été
toujours de contrôler la mobilisation des groupes ethniques dans la vie
politique afin d'éviter l'extension des conflits, raison de l'adoption
un peu partout sur le continent du monopartisme.
Les Etats africains doivent être
considérés comme des acteurs centraux dans la création, la
reproduction et la mobilisation de l'ethnicité à travers la
reconnaissance qu'ils octroient éventuellement aux groupes ethniques et
à travers les processus qu'ils mettent en oeuvre en vue de les
institutionnaliser.
Le cas de la politique d'équilibre ethnique et
régionale au Rwanda est un cas d'école. En se
référant aux travaux de J. Nagel et al. (1986), nous nous rendons
compte que la reconnaissance et l'institutionnalisation de l'ethnicité
dans la politique accroissent le niveau de mobilisation ethnique parmi tous les
groupes ethniques et déterminent les frontières selon
<< lesquelles la mobilisation et le conflit ethnique
vont se produire en fixant les règles régissant la participation
politique et l'accès au pouvoir. Les mécanismes de construction
politique de l'ethnicité peuvent être rangés en deux
grandes catégories, la structure de l'adhésion et du pouvoir
politique, d'une part et le contenu des politiques publiques, d'autre part.
>> (M. Martiniello, op. cit., 61)
Selon J. Nagel toujours,
<< la mobilisation ethnique dans un Etat est probable
lorsque les structures de la participation, de l'adhésion et du pouvoir
politique sont organisées selon les clivages ethniques. La
régionalisation et la reconnaissance institutionnelle de la
participation ethnique notamment peuvent promouvoir la mobilisation
ethnique. >> (J. Nagel cité par M. Martiniello, op. cit., p.
61)
Deux moyens permettent d'arriver à une participation
politique ethniquement structurée :
- la reconnaissance constitutionnelle de l'ethnicité
comme base pour la participation politique. Exemples de la République
Démocratique du Congo, des circonscriptions électorales
unilingues en Belgique.
- la régionalisation de facto de la
représentation pour la faire coïncider avec les frontières
ethno-régionales.
Dans les deux cas, les groupes ethniques sont
transformés en groupes d'intérêts et par conséquent
la compétition est accentuée.
L'approche constructiviste met en évidence des facteurs
externes aux individus, notamment l'État, et nuance ainsi le choix
rationnel sur les contraintes. Elle est utile pour expliquer les cas des
politiques de certains pays qui se basent sur ce facteur ethnique.
Nous pensons que cette théorie, combinée avec la
théorie instrumentaliste serait de bons instruments pour étudier
l'ethnicisation de la vie politique des pays africains et par là
l'influence ethnique sur les partis politiques.
I.5.1.3.3- Le vote ethnique
Le vote est un phénomène complexe. C'est un acte
personnel, mais qui s'inscrit dans des démarches collectives, des
cultures et des traditions. La sociologie électorale en Afrique noire ne
saurait se faire sans considération des études en cas par cas.
Dans une démarche explicative, Théodore Bakary
(1985 : 64) tente de prouver pourquoi l'ethnicité serait source des
attitudes électorales. Il démontre que, plus que les programmes,
ce qui importe en compétition électorale, c'est l'identification
des électeurs à un candidat considéré comme un
<< natif du terroir ». A ce propos, les programmes électoraux
importent peu en définitive dans les pays africains, puisque les choix
se portent d'abord sur les candidats et non sur les idées.
Bakary part du postulat que dans les sociétés
africaines, les appartenances ethniques déterminent très souvent
les comportements politiques même si cela n'est pas systématique.
Pour lui, le choix électoral effectué par les votants lors des
scrutins organisés dans les systèmes politiques d'Afrique
subsaharienne est largement présenté comme le point de chute des
sentiments de solidarité, de loyauté et d'allégeance
témoignés par les électeurs à leur groupe ethnique
d'appartenance et non comme une volonté d'obtenir des avantages
personnels. Il va loin en disant que << l'unité de base en
politique ne serait pas l'individu, mais le groupe défini comme une
somme d'individus liés par une origine tribale, une langue, des
croyances ésotériques ou encore une cause commune
chapeautée par des intérêts similaires dans une
unité ethnique articulée. » (Op. cit, p.66)
Conscients de l'influence qu'exerce l'ethnie sur les attitudes
électorales, les gourous politiciens s'en servent intelligemment pour
étancher leur soif du pouvoir politique. A ce propos, J.-P.
Chrétien dit de ne pas négliger le rôle controversé
de l'Occident dans les manipulations ethniques pendant les élections en
Afrique. Cette récurrence de vote ethnique en Afrique amène
Chrétien à dénoncer les circuits occultes par lesquels
s'opèrent les soutiens des colonisateurs au tribalisme africain qui
n'ont pour visée essentielle que de nourrir des manoeuvres de la
géopolitique internationale. (Les ethnies ont une histoire,
1989)
Il faut noter aussi que, les démocraties
avancées ne sont pas non plus épargnées de l'ethnicisation
des votes. En France, à la différence de ce qui se passait dans
les pays anglosaxons ou même en Belgique, les campagnes
électorales ont longtemps ignoré le facteur ethnique. Ce n'est
plus le cas aujourd'hui. La logique de la diversité a conduit à
une ethnicisation des listes et des candidatures aux élections
municipales. Et, pour la première fois en France à l'occasion de
l'élection présidentielle de 2007, le vote ethnique s'est
manifesté de
manière puissante. Le vote ethnique n'a pas
changé le résultat du scrutin, mais il a accentué
l'écart entre Royal et Sarkozy.
Le déterminant ethnique est très important donc
dans le vote comme forme de participation. Les acteurs politiques en ont bien
conscience et jouent sur cet aspect. Il faut là reconnaître comme
P. F. Gonidec que « malgré les attaques dirigées par les
hommes politiques africains contre le tribalisme, il n'est pas douteux que ce
phénomène joue un rôle important en matière
électorale dans tous les Etats oil les ethnies demeurent bien
vivantes ». (1978 : 255)
Ce qu'il faut alors décrier, c'est la
récupération politique du phénomène ethnique pour
exclure d'autres ethnies dans la gestion du pouvoir d'Etat. Le problème
est plus profond que ce que l'on suppose, car en Afrique l'immaturité
politique des électeurs d'une part, et l'analphabétisme d'autre
part se posent avec acuité. Aussi longtemps que l'analphabétisme
sévira dans ces sociétés, le phénomène
restera réel.
I.5.1.4- Approche ethniciste des partis politiques
Au Togo, nous ne pouvons parler de partis politiques
qu'à partir du milieu des années 1950, c'est-à-dire
après la conférence de Brazzaville, elle-même suivie par
l`adoption de la loi-cadre de 1956. Les partis politiques ont toujours
existé jusqu'à nos jours, exeptée la période du
parti unique qui a duré près de deux décennies. Bien
qu'ils existent, il faudra attendre la pression de l'Union européenne
sur le gouvernement en 2002, conduisant à une signature d'un accord en
22 engagements et la facilitation du dialogue politique national, pour que le
régime du président Gnassingbé Eyadema concède
l'espace politique à la démocratie pluraliste.
Pour les analystes politiques, l'influence du facteur ethnique
sur les partis politiques est un obstacle encore plus drastique à
l'évolution démocratique des Etats africains en
général et du Togo en particulier. Ces critiques si elles sont
fondées, isolent le phénomène de son environnement
socio-historique.
Aussi si ce phénomène peut avoir un impact
à court terme sur la vie politique à raison de l'usage
ethnocentrique que certains leaders politiques peuvent faire de leurs partis
politiques, il reste que les ethnies sont une composante intégrante et
intégrée de la population Togolaise et qu'à ce titre
l'ethnicisation sera à coup sûr perceptible quels que soient les
cas de figure qui peuvent être envisagés dans un avenir
très proche.
Ceci explique aussi le fait que les partis politiques tiennent
de plus en plus compte des origines ethniques dans la désignation de
leurs candidats aux différents postes fonctionnels et aux
différentes consultations politiques. Analysant ce
phénomène, P. F. Gonidec estime que
« dans tous les cas, le problème ethnique
revêt une importance capitale dans les Etats où le polyethnisme
continue de caractériser les structures sociales, car même dans
les grands centres urbains, les solidarités ethniques demeurent solides
et informent la participation à la vie sociale. » (Op. cit :
173)
Ce problème qui est à la fois complexe en ce
qu'il compromet les données d'une saine démocratie, s'est
particulièrement exprimé et vérifié lors de
l'élection présidentielle de 2010 au Togo. Le candidat de
l'ex-RPT d'alors, Faure Gnassimbgé a eu plus de voix au Nord surtout
dans sa localité natale, et son adversaire Jean-Pierre Fabre de l'UFC
d'alors a remporté presque toutes les voix du Sud. (cf. Annexe II)
L'ethnicité est tour à tour comprise, selon
Poutignat et Streiff-fenart (Théories de l'ethnicité,
1995), comme une extension de la parenté, une revendication
d'intérêts communs, un reflet des antagonismes économiques,
un système culturel et un système d'interaction sociale. Vu sous
cet angle, le phénomène ethnique appliqué aux partis
politiques renvoie à des formes variées de structuration et de
fonctionnement du lien social.
Cela remet en cause la question de la démocratie
interne et du fonctionnement efficace des partis politiques, un problème
majeur commun aux partis politiques dans les pays d'Afrique, dont le Togo n'est
pas du reste.
I.5.2- cadre de reference theorique
Le nouveau paysage de la politique africaine multipartiste
reste fortement influencé par l'instrumentalisation du
phénomène ethnique. (P. Hugon, 2009, p. 67)
A cet effet, en arborant le modèle psychologique de
l'analyse des comportements politiques, basé sur le déterminisme
social évoqué par l'école de Columbia sous l'égide
du sociologue américain Paul Lazarsfeld (The people's choice,
1994), qui soutient que les caractéristiques sociales telles que le
statut socio-économique, la religion et le lieu de résidence,
sans oublier le rapport historique agissent sur la psychologie des acteurs
sociaux, nous décelons l'impact de l'ethnie dans la situation politique
actuelle du Togo.
Appliquée à la situation des partis politiques,
qui eux-mêmes sont souvent sous l'effet de l'ethnicisation, on ne peut
que dire comme Lazarsfeld qu' « une personne pense politiquement comme
elle est socialement. » (1944 : 27)
Pour aller plus loin, prévoir le vote d'un
électeur revient aussi à connaître l'orientation et
l'intensité de son attitude à l'égard des divers objets
politiques (candidats, partis, programmes). Cette théorie de
l'identification partisane avancée par les tenants de
l'université de Michigan, sous le nom de paradigme de Michigan,
rentre dans le dynamisme des votes ethniques que l'on remarque un peu partout
dans nos pays. On adhère au parti politique ou l'on vote un candidat
ayant un lien ethnique avec nous.
Il y a aussi la conception de l'ethnicité comme reflet
des antagonismes économiques. Elle se focalise, sur le problème
de rapport économique entre des groupes ethniques organisés en
catégories rivales dans un champ de compétition. Cela se
déplace dans les secteurs d'activités, où la
rivalité est plus considérée. D'inspiration marxiste,
cette théorie reconnaît au groupe ethnique la même fonction
sociale que celle attribuée aux classes sociales dans un système
capitaliste. (E. Balibar et I. Wallrstein, Race, Nation, classe. Les
identités ambiguës, 1997) Nous sommes face alors, à une
classe des dominants et à une classe des dominés, conjecture qui
va bien avec la réalité Nord / Sud au Togo.
Cette étude tente d'approfondir ainsi la théorie
du déterminisme comme justifiant l'influence ethnique sur la
participation des individus dans la vie politique ; et tente de
considérer le rapport ethnie/classe sociale, comme une
instrumentalisation à des fins politiques.
I.6- CLARIFICATION DES CONCEPTS OPERATIONNELS
La définition des concepts est une étape
essentielle dans la compréhension d'un thème d'étude en
sciences sociales. Le chercheur doit expliquer ou définir les principaux
concepts qu'il étudie, afin de lever toute équivocité dans
la compréhension. Pour cette étude, les concepts suivants ont
été retenus :
Ethnie
La question ethnique constitue aujourd'hui un passage
obligé de toute étude sur l'Afrique. Le mot ethnie est apparu en
1896 dans la langue française, chez le théoricien du racisme
Georges Vacher de Lapouge, qui distingue les races qui ont selon lui une base
biologique et les ethnies une base linguistique et culturelle (Amselle et
M'Bokolo, 1999 : 14). Du grec ancien éthnos c'est-à-dire
<< groupe d'êtres d'origine ou de condition commune, nation, peuple
», elle désigne selon le dictionnaire Robert un <<
ensemble d'individus que rapprochent un certain nombre de caractère
de civilisation, notamment la communauté de langue et de culture
». Elle se distingue de la race qui concerne les caractères
biologiques et
morphologiques liés à des ancêtres communs
et non à la culture ; et se rapproche néanmoins de la tribu et du
clan, qui lui est une << division ethnique de la tribu».
Tout compte fait, la tribu se définit comme une
subdivision de l'ethnie, une forme d'organisation sociale dont les membres sont
liés essentiellement par la communauté de langue, de culture et
de terroir. L'usage de ce concept a été accentué en langue
française depuis le XIXe siècle, avec pour intention
de classer les sociétés auxquelles on déniait une
évolution. Ainsi, sous cette appellation étaient
représentées durant la période coloniale les
sociétés amérindiennes, africaines, océaniennes et
certaines sociétés asiatiques, en les présentant comme des
sociétés sans histoire, autrement dit comme des
sociétés dont les membres ne participaient pas à une
humanité commune (J.-L. Amselle, 1999 : 11-48). Mais avec
<< les Anglo-Saxons, tribe s'applique aux
sociétés lignagères, pour les distinguer de celles qui
vivent dans les collectivités de type étatique. Les auteurs
français parleront aujourd'hui plutôt de groupe, ou de
minorité ethnique, mais le mot tribu a longtemps été
d'usage courant et il l'est parmi les Africains francophones pour
désigner l'ethnie. » (R. Pourtier, 2010 : 144)
Par conséquent, tribu et ethnie dans ce travail
revêtent la même signification.
EthnicitéL'ethnicité
est le caractère ethnique de quelque chose, ce qui comporte des
caractères spécifiques à une ethnie. Max Weber
définit l'ethnicité, dans Economie et
société comme étant le sentiment de partager une
ascendance commune, que ce soit à cause de la langue, des coutumes, de
ressemblances physiques ou de l'histoire vécue. L'ethnicité est
un concept qui << vise donc à rendre compte, d'un point de vue
sociologique, de la façon dont les acteurs sociaux utilisent les
catégories ethniques dans leurs interactions sociales »
(Lexique de sociologie, 2010). C'est alors un concept technique dans
la recherche, qui permet l'étude des impacts économique, social
et politique de la société en terme ethnique.
L'ethnicité comme donnée primordiale est une
approche développée par Shils (1957) qui met l'accent sur la
prédominance de l'héritage culturel issu des ancêtres d'une
communauté et transmis aux différentes générations
successives. L'ethnicité est vécue comme une forme
d'héritage collectif par différentes personnes se reconnaissant
des liens fondamentaux visant à préserver l'unité et la
stabilité de la communauté d'origine.
Ainsi, elle découle directement de l'ethnie. Cette notion
est aussi le fondement de la notion d'identité. (cf. R. Pourtier, 2010 :
116-160)
Ethnicisation
L'ethnicisation n'est alors que l'attribution des avantages,
de la cause d'un fait divers, d'un événement ou d'un
phénomène économique, social, culturel, ou le plus souvent
d'ordre public (délinquance, trafic, émeute, violence,
insécurité, etc.) à des fractions de populations
identifiées préférentiellement, non par leur position,
leur condition sociale ou leur compétence, mais par l'origine ou
l'identité ethnique qui leur est dans le même temps
attribuée.
L'ethnicisation se présente comme un processus qui
conduit les catégories ethniques à accéder à des
niveaux élevés dans la vie sociale, dans leur interaction et
même dans la politique.
Groupe ethnique
Max Weber définissait le groupe ethnique dans Economie
et Société comme :
<< ces groupes humains qui nourrissent une croyance
subjective à une communauté d'origine fondée sur des
similitudes de l'habitus extérieur ou des moeurs, ou des deux, ou sur
des souvenirs de la colonisation ou de la migration, de sorte que cette
croyance devient importante pour la propagation de la communalisation - peu
importe qu'une communauté de sang existe ou pas. >>
De cette définition, il ressort que le groupe ethnique
chez Weber a pour aspect primordial, une caractéristique culturelle.
C'est la même conception qui prévaut de nos jours, pour aller
contre celle des ethnologues coloniales pour qui la race désignait tout
bonnement ce qu'on appelle aujourd'hui le groupe ethnique.
De nos jours les expressions groupe ethnique ou
communauté ethnique désignent un groupe humain possédant
un héritage socioculturel commun, comme une langue, une religion ou des
traditions communes. C'est un ensemble ethnique dans lequel << la
conscience ethnique se traduit par le sentiment d'appartenance à un seul
et même groupe, différent de celui des autres. >> (M.
S. Bamba et G. Gonnin, 1989 : 168)
Démocratie
Selon son étymologie Démos et
kratos (pouvoir du peuple), la démocratie désigne le
régime politique dans lequel le pouvoir est entre les mains du
peuple.
Dans l'antiquité grecque, c'est un régime
politique dans lequel les citoyens décident en votant à la
majorité et puis tirent au sort lesquels d'entre eux seront
chargés de tel ou tel office pour une période
déterminée. Pour Bertrand Russel, dans Histoire de la
philosophie occidentale (2002), le pouvoir politique revient aux
citoyens, et c'est le sens véritable du mot
démocratie. Une démocratie pure peut fonctionner
aussi longtemps que l'on peut rassembler tous les citoyens sur la place du
marché. Ainsi, elle est conçue comme un modèle
constitutionnel et désigne donc une forme d'organisation de la
«Polis».
Dans la conception politique moderne, son usage et sa
signification ont connu une extension considérable. Cette extension
s'accompagne d'un changement de statut : la démocratie ne désigne
plus un régime parmi d'autres, mais « elle est un idéal
universellement reconnu et un objectif fondé sur des valeurs communes
à tous les peuples, indépendamment des différences
culturelles, politiques, sociales ou économiques. » (C.
Djabaku, 2012 : 9) Elle serait donc conçue comme une sorte
d'idéal-type wébérien dont les réalisations
concrètes jalonnent l'histoire mouvementée des peuples à
travers l'espace et le temps. Elle intègre aussi le concept de
citoyenneté fondé sur le respect des normes civiles, des normes
politiques et des normes économiques et sociales. Mais l'aspect qui nous
intéresse dans ces définitions de la démocratie, c'est la
vision athénienne reprise par Russel.
Parti politique
C'est une organisation politique durable, qui a pour objectif
la conquête du pouvoir politique et dont l'apparition est
généralement liée à l'existence d'un parlement ou
d'élections (partis issus des comités électoraux et
groupes parlementaires au 19e siècle comme c'est le cas en
Grande-Bretagne), mais qui peut aussi se développer dans un
régime dans lequel les élections n'offrent pas le choix entre
plusieurs tendances (parti unique).
Pour Weber, le parti politique relève de la notion
d'entreprise politique, pour signifier que des individus mettent leurs
ressources ensemble pour peser sur l'échiquier politique et forment
ainsi une structure bureaucratique grâce à la rationalisation de
leurs activités sociales. Il se définit de façon
concrète comme « des organisations, relativement stables, qui
mobilisent des soutiens en vue de participer directement à l'exercice du
pouvoir politique au niveau central et/ou local ». (P. Braud, 2008 : 519)
Il adopte une structure juridique d'où son institutionnalisation
(Duverger) et a une capacité de mobilisation (Oberschall).
Multipartisme
Il est un système dans lequel plusieurs partis
politiques luttent pour accéder au pouvoir. Favorisé par le mode
de scrutin proportionnel, il provoque des instabilités gouvernementales
qui peuvent être corrigées par l'adoption d'un mode de scrutin
majoritaire.
Le multipartisme est un élément capital de la
démocratie puisqu'il engendre les libertés d'expression,
d'opinion et d'association. Dans ce genre de régime, avec la
liberté de la presse, c'est l'une des garanties qu'ont les citoyens du
contrôle du pouvoir exécutif.
Pluralisme politique
Le pluralisme est un système admettant l'existence
d'opinions politiques et religieuses, de comportements culturels et sociaux
différents, au sein d'un groupe organisé ; chacun des groupes qui
composent le système fait preuve de tolérance et de respect
envers les autres, permettant une coexistence harmonieuse sans volonté
d'assimilation des autres groupes. (Dictionnaire Le Petit Robert)
En politique, le pluralisme est un système
d'organisation, qui reconnaît et accepte la diversité des courants
d'opinions, de leurs représentants et des partis politiques. Il peut
cependant aller au-delà du simple multipartisme selon le degré de
liberté d'exercice de la politique qui est accordé aux partis et
le rôle que leur confèrent les institutions.
Système de partis
Un système de parti désigne les relations
qu'entretiennent les divers partis politiques d'un Etat entre eux.
C'est un concept comparatif dans la science politique qui permet de «
comprendre le fonctionnement d'un parti que dans ses reports
d'interdépendance et d'opposition avec les autres partis ».
(Lexique de Sociologie, 2010) L'idée est que les partis
politiques présentent des similitudes de base : ils contrôlent le
gouvernement, ont une base stable de soutien populaire de masse, et
créent des mécanismes internes pour le contrôle du
financement, de l'information et des nominations.
Le concept a été développé par des
chercheurs européens qui étudient aux États-Unis, en
particulier James Bryce et Moisey Ostrogorsky , et a été
étendu pour couvrir d'autres démocraties. Giovanni Sartori a
conçu la méthode de classification plus largement utilisée
pour les systèmes de partis, distinguée par le nombre effectif de
partis . (Partis et systèmes de partis. Un cadre d'analyse,
1976). Le système de parti conditionne largement la nature et la
portée de l'action d'un parti au sein d'un système politique et
peut donc jouer sur sa stabilité.
Paradigme
Ensemble de propositions conventionnellement acceptées
dans tout ou partie de la communauté savante, à partir desquelles
se construit une tradition de recherche. (T. Kuhn, La
structure des révolutions scientifiques, 1983)
Claude Dubar, sociologue français, donne une interprétation
sociologique du paradigme en ces termes :
« C'est le lien entre une vision de la
société et une manière de faire de la sociologie. On voit
donc bien, ici, que la clé de compréhension d'une théorie
scientifique, c'est la relation entre l'image que les scientifiques se font du
monde (l'image du social, si l'on parle de sociologie) et la manière
dont ils procèdent pour produire leurs résultats. »
(Faire de la sociologie, un parcours d'enquêtes, 2006)
Vie politique
C'est tout ce qui entre dans la conquête et l'exercice
du pouvoir politique. Elle prend en compte la gestion des biens publics,
l'organisation de la société sur le plan social,
économique, éducatif, sanitaire et politique. Elle
détermine aussi le fonctionnement des institutions publiques et la
réussite de la politique étrangère d'un pays.
CHAPITRE II : CADRES PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
II.1- CADRE PHYSIQUE OU CHAMP D'ETUDE
II.1.1- Présentation historico-politique du Togo
Historiquement, le Togo tire son nom de celui du village
appelé Togodo, sis au bord du lac Togo, aujourd'hui appelé
Togoville. L'attribution de ce nom au pays remonte à la deuxième
moitié du XIXe siècle. Ancien protectorat allemand
(1884-1914), par la signature d'un traité entre l'explorateur allemand
Gustav Natchigal et le roi Mlapa III de Togoville à Baguida, le Togo
actuel suite au partage survenu après la défaite de l'Allemagne
à la Première Guerre mondiale sera confié à la
France, mais placé sous mandat de la Société Des Nations
(SDN). Le Togo-Britanique quuant à lui est confié à la
Grande-Bretagne, rattaché au Ghana indépendant en 1956.
L'aspiration du Togo actuel à l'indépendance l'a
placé sous mandat de la SDN. Mais il a été placé
sous tutelle de la France entre de 1919 à 1958, date à laquelle
opta pour son autonomie lors d'un référendum organisé par
l'ONU. Deux plutard, le 27 avril 1960, le Togo accéda à son
indépendance. Il est doté, depuis le 14 octobre 1992, d'une
constitution démocratique caractérisée par la
séparation des pouvoirs exécutif, législatif et
judiciaire. L'une des difficultés du Togo se situe au niveau de sa
diversité ethnique, à l'instar de la plupart des pays
d'Afrique.
Si dès l'origine jusqu'à la moitié des
années 1950, une certaine harmonie régnait au sein des groupes
ethniques en Afrique, contrairement à ce que pense Balandier
Sociologie actuelle de l'Afrique noire, 1982 : 58), cette
cohérence a été mise à mal de manière
ouverte depuis l'application de la loi déferre (loi-cadre ou loi
Déferre adoptée par le parlement français le 23 juin
1956 et mise en application à partir de 1957) qui consacrait la
nécessaire décentralisation administrative et la participation
des indigènes à la gestion de leurs propres affaires, donc la
participation à la vie politique. Cette nouvelle organisation par le jeu
des formations politiques a forgé au cours de cette période,
les bases de la différenciation ethnique entre groupes, et plus tard
favorisé une hiérarchisation entre eux dans la conquête du
pouvoir. En outre, l'application des recommandations de la Conférence
de Brazzaville, convoquée le 30 décembre 1944 par le chef de
la France libre, le général de Gaulle
est considérée à juste titre comme l'une des
étapes majeures d'une évolution qui devait conduire à
la décolonisation de l'Afrique noire française, a permis à
des partis politiques de se lancer dans la lutte pour l'indépendance,
conséquence directe du contrôle de la vie politique
togolaise. Nous pouvons citer : Comité de
l'Unité Togolaise (CUT), Parti Togolais du Progrès (PTP),
Mouvement de la Jeunesse Togolaise (JUVENTO), Mouvement Populaire Togolais
(MPT), Union des Chefs et Populations du Nord (UCPN). En prenant l'analyse de
TétéAdjalogo dans son oeuvre Histoire du Togo
publiée en 2008, << deux courants d'opinion >> suffisent
pour classer les partis politiques togolais d'alors.
Soit, ils optent pour le radicalisme, car <<
convaincus de la maturité de leur peuple, [ils]
demandaient la réunification ethno-territoriale et
l'indépendance immédiates de leur pays >> ; soit, ils
optent pour le réformisme << disant que
l'immédiateté de ce but se confond avec de l'aventurisme,
prônaient une démarche progressive, en <<
amitié >> et en << collaboration franche
>> avec la métropole. >> (Tété-Adjalogo,
Op.cit. : 167) Au-delà de cet aspect idéologique il faut d'ores
et déjà souligner l'important de l'ethnicisation de ces
structures que ce soit sous la main manipulatrice du Colon, ou par les
actes mêmes des citoyens togolais.
Ce qu'il faut reconnaître pour le courant radical, c'est
l'influence qu'il a eue sur la partie Sud du Togo. L'organisation de leur
bureau politique sur tout le temps qu'il a duré est composée de
plus de 90% des personnalités sudistes. (cf. annexe IV)
Même après les indépendances beaucoup de
reproches ont été faits à l'encontre du gouvernement de
Sylvanus Olympio, qui usait de représailles contre ceux qui
n'approuvaient pas l'indépendance du Togo et surtout ceux du Nord du
pays considérés comme étant à la solde du colon.
Comme l'écrit W. O. Yagla << il est vrai que, au lendemain de
sa victoire, le pouvoir « cutiste » a fait dresser des barrages dans
le Nord du pays dont les habitants sont présumés être
hostiles au gouvernement et à l'administration, lesquels,
composés en majorité de personnalité évé et
mina. >> (L'édification de la nation togolaise, 1978
: 95)
Même dans son discours prononcé à
l'occasion de la fête nationale de la libération (le 13 janvier
1973) Eyadéma revient sur les événements qui ont
poussé l'armée à prendre le pouvoir.
<< Il y a dix ans, votre armée intervenait
dans la vie politique du pays pour libérer le peuple togolais de
l'emprise d'un parti qui avait : confisqué la liberté des
citoyens au profit de ses seuls partisans, érigé en lui
l'arbitraire, le tribalisme et le népotisme, et fait de l'Etat sa
propriété personnelle. [...J Ce n'était pas pour passer de
la dépendance de l'étranger à la dictature d'une
minorité de leurs propres frères qu'ils avaient retrouvé
la dignité d'hommes libres ! >> (Togo-Presse 12 janvier 1973
in C. Toulabor, 1986 : 209)
Tout cela montre l'aspect ethniciste du pouvoir au
début de la vie politique du nouveau Togo indépendant. Mais ce
phénomène ethnique sera plus accentué après
l'arrivée au pouvoir en 1967 de Etienne Eyadéma avec la
création en 1969 du parti unique, le RPT.
A cet effet, Comi Toulabor écrit :
<< bien que, pour le général
Eyadéma, « les associations des ressortissants des
différentes régions autorisées et créées ne
doivent pas être interprétées comme ayant une coloration
régionaliste ou tribaliste » (Togo-Presse, 30 août 1979),
l'on doit reconnaître que la pratique effective du pouvoir consistant
à désigner son ennemi en termes primordiaux, à centraliser
certaines institutions de l'Etat, l'armée en l'occurrence, autour des
Kabyè, l'ethnie présidentielle, à répartir
systématiquement les postes et les ressources nationales en termes
régionalistes et tribalistes, bref la politique de gestion des groupes
ethniques, contribue à introduire une émulation dangeureuse parmi
elles, à les mobiliser dans une surenchère de soutien au
régime. Le pouvoir leur a conféré un statut de groupe de
pression quand ce n'est pas de parti. Et les « sudistes », parce que
le grand distributeur des ressources n'est pas les leurs, mais pour le
séduire, vont jusqu'à coupler militantisme avec délation,
croyant par cette tactique obtenir une école, un dispensaire, un puits
pour la localité. Le discours politique condamne à coups de
slogans et chansons le tribalisme et le régionalisme, mais comme
ailleurs en Afrique, le pouvoir tend à les activer. » (1986 :
210)
Ce survol historique nous fait constater que la manipulation
du référent ethnique par le politique, le plus souvent par
l'entremise des partis politiques, a expliqué par elle-même tous
les débordements qui ont jalonné la vie politique togolaise. A
cet effet, les partis politiques au Togo sont depuis confrontés à
ce danger d'ethnicisation, que cela soit de la part des colonisateurs pour
uniquement préserver les intérêts de la métropole,
ou que cela soit de la part des citoyens togolais par manque de maturité
pour arriver à un sursaut patriotique, ou par ambition
effrénée du pouvoir.
Depuis le début des années 1990, après
une longue période de parti unique, le régime cède contre
le vent de l'Est, vent démocratique soufflant sur tous les pays en
développement, suite à la destruction du mur de Berlin et
à la dislocation de l'URSS (Union des républiques socialistes
soviétiques). Une crise politique profonde s'installe, conduisant le
pays à la Conférence Nationale Souveraine. Cela met fin à
la troisième république, tout en donnant le ton à une
transition démocratique avec la promulgation de la IVe
république le 27 avril 1991, et bien avant, la promulgation de la charte
des partis politiques en avril 1991 ouvrant la voie au multipartisme.
D'une façon générale, depuis 1991
à 2008, la politique togolaise est essentiellement marquée par
une série d'événements majeurs. Outre l'adoption des
textes sus-cités, il s'agit des élections législatives de
1994, 1999, 2002, 2007, l'organisation des élections
présidentielles de 1993, 1998, 2003, celle de 2005 due au
décès du président Gnassingbé Eyadéma le 5
février de cette année, et celle de 2010. Il faut
reconnaître que de toutes, celle de 2005 a été plus
sanglante faisant selon le rapport ONU près de 800 morts et selon le
rapport << Koffigoh » environ 400 morts, et cela hormis le fond
contestataire et frauduleux dont elle a été. On citera aussi, les
<< 22 engagements » pris par le gouvernement en avril 2004 avec
l'Union Européenne (UE) pour une reprise des coopérations.
Mais la crise sanglante de 2005 après une série
de concertation a conduit les protagonistes (le gouvernement, les
représentants des partis politiques et de la société
civile) à la signature sous la facilitation du président
Burkinabé Blaise Compaoré, d'un Accord Politique Global (APG) le
20 août 2006 à Lomé. C'est la mise en oeuvre de cet APG qui
a abouti à l'organisation en octobre 2007 des élections
législatives anticipées qui se sont déroulées sans
violence et de façon plus ou moins transparente. Ces élections
ont ainsi ouvert la voie à la reprise de la coopération avec
l'Union Européenne et les institutions financières
internationales.
En définitive, la politique togolaise est
caractérisée depuis la restauration de la démocratie en
1991 par la médiatisation des principes démocratiques. Mais, en
dépit de la cohabitation politique qui avance à grands pas, force
est de constater que l'ethnicisme ou le tribalisme demeure un handicap qui
remet toujours en cause les progrès démocratiques acquis. A
l'issue de la dernière élection législative le paysage
électoral est fortement basé sur le régionalisme que sur
le programme politique des candidats.
II.1.2- Présentation du cadre légal des
partis politiques
Les partis politiques comme nous l'avions mentionné
plus haut, sont des éléments de participation à la vie
politique. Ils sont une des conditions de la démocratie. Au Togo, ils
sont régis par une charte adoptée le 12 avril 1991 sous la loi
N°91-04. Leur création nécessite le respect de plusieurs
règles.
Ainsi, au Togo la charte des partis politiques
définit les critères ou les conditions dans lesquelles un parti
politique peut être créé. En son article 10, la charte
dispose que « nul ne peut être fondateur d'un parti politique
s'il ne remplit les conditions ci-après :
> Etre âgé de 25 ans au moins ;
> Avoir la nationalité togolaise d'origine ou
acquise depuis au moins 10 ans ; Jouir de ses droits civils et politiques
;
> Etre domicilié au Togo. >>
L'article 11 dans ses alinéas 1 et 2 dispose que «
les fondateurs d'un parti politique doivent être au minimum au nombre
de 30 provenant des 2/3 au moins des préfectures. Est
considéré comme provenant d'une préfecture, le citoyen qui
en est originaire ou qui y réside depuis plus de cinq (5) ans.
>> Nous pouvons dire que cette disposition a favorisé la
prolifération des partis politiques, car de par la trajectoire sociale
des individus, occupant des fonctions administratives ou privées, nombre
de personnes sont mobiles sur le territoire.
L'exemple de l'enseignant ou du fonctionnaire qui au profit
des affectations a vu sa famille s'élargir et en même temps
devient originaire des milieux où il a eu à travailler. De fait
les enfants ou les petits enfants de l'enseignant de part leurs trajectoires
peuvent réunir les 30 personnes. Les articles 12 à 16 viendront
corroborer les formalités pour la création d'un parti
politique.
Par ailleurs, quelques dispositions ont été
prises pour éviter la catégorisation des partis politiques de
part l'appartenance ethnique et autres. L'article 3 dans son alinéa 3
dispose que les partis politiques pour sauvegarder un ordre démocratique
doivent dans leurs objectifs, programmes, déclarations et
activités << proscrire toutes formes de tribalisme,
d'ethnocentrisme, de régionalisme, de racisme, de xénophobie et
d'intolérance religieuse >>. Ils ne peuvent en aucun cas
<< s'identifier à une région, à une ethnie,
à une religion ou à une corporation >> stipule
l'article 6.
Plus loin dans le Titre IV concernant des sanctions
applicables aux partis, l'article 26 nous dit ceci :
<< Sera puni conformément aux lois en
vigueur, tout dirigeant de parti politique qui, par ses déclarations
publiques, écrits ou démarches, incite à la violence, au
tribalisme, au régionalisme, au racisme, à la xénophobie
ou à l'intolérance religieuse.
A défaut de dispositions pénales
réprimant de tels faits, le dirigeant sera puni des peines
prévues à l'article 25 de la présente Charte.
>>
Toutes les dispositions nécessaires existent pour
empêcher les partis politiques d'aller vers la dérive d'un
phénomène ethnique, qui n'est autre qu'une forme de
ségrégation, d'exclusion, de marginalisation et de division
sociales au sein d'une société.
Les troubles socio-politiques des années 1991 à
1994 ont permis au Togo de faire une relance au niveau politique grâce
à l'adoption d'une constitutuion et d'une charte des partis
politiques.
Depuis lors, la création des partis politiques ne fait
qu'augmenter davantage. D'une dizaine en 1994, aujourd'hui selon le
ministère de l'Administration territoriale, les partis politiques
s'élèvent à 92 en 2011.
II.1.3- Historique des partis politiques concernés
par l'étude
La présentation de ces partis politiques choisis pour
l'étude nous permettra de voir la place que chacun d'eux occupe ou a
occupé dans la vie politique du Togo, afin de déceler son
importance pour cette étude.
II.1.3.1- Le parti CAR
Le Comité d'Action pour le Renouveau est le tout
premier parti politique de l'opposition créé le 30 avril 1991,
tout juste après l'adoption de la Charte des partis politiques
le 12 avril de la même année. C'est le début du
multipartisme au Togo et le début du processus démocratique. Son
premier président fut Me Agboyibo Yawvi, remplacé lors de son 3e
congrès ordinaire en septembre 2008 par Me Apévon Dodji. A sa
création, le CAR comportait trois vice-présidents à savoir
: Me Hegbor, M. Ali Diabacté et Me Apévon Dodji ; et comme
secrétaire général le Professeur Afan Houenou Madji.
Le CAR a marqué de façon exceptionnelle les
grands moments de la vie politique togolaise. En 1994, il a remporté 36
sièges sur les 81 au parlement et devrait former avec l'Union Togolaise
pour la Démocratie (UTD), de l'opposition également, la
majorité au parlement. Mais l'UTD avait accordé son siège
au RPT pour pouvoir bénéficier du poste de premier ministre,
mettant l'opposition en minorité face au parti au pouvoir.
Le CAR a par ailleurs, boycotté l'élection
présidentielle de 1993, pour dénoncer le refus de la candidature
du candidat de l'UFC, qu'il jugeait anti-constitutionnelle. Le RPT avait
remporté cette élection à plus de 90% de voix.
Le CAR s'est impliqué dans la reprise de la
coopération du Togo avec l'UE, en février 2001. En effet, suite
à la répression d'une marche de protestation du CAR en septembre
1999 contre la tenue des élections législatives non
transparentes, l'UE avait suspendu sa coopération avec le Togo. Pour
rétablir cette coopération, un accord de << 21 engagements
>> a été pris par le gouvernement et les partis
politiques.
L'implication de ce parti dans la résolution des
troubles suite au décès du feu président Eyadéma
Gnassingbé en 2005, a conduit à la signature de l'APG en
août 2006. C'est le responsable de ce parti qui a conduit le <<
gouvernement d'union nationale >> à l'organisation des
élections législatives de 2007, élections que les
observateurs, entre autres l'UE, l'UA, la CEDEAO, ont qualifié de
<< transparentes et paisibles >>.
Le CAR est considéré comme le parti << des
causes des déshéritées >>, le parti des <<
sans voix >>. Ainsi, cherche-t-il à être davantage proche du
peuple à travers ses actions dans le respect des droits de
l'Homme1, de la liberté publique, de la défense de la
démocratie et de la promotion de l'Etat de droit, de la promotion d'une
politique d'apaisement. Cela se traduit
1 Rappelons ici que Me Agboyibo Yawvi a
été le promotteur de la Commission Notionale des Droits de
l'Homme (CNDH) avec feu Eyadéma Gnassingbé, qui fut
créée le 21 octobre 1987. Me Agboyibo fut son premier
président.
dans ses actions sur la scène politique. Le parti est dans
sa 21e année et est toujours présent dans la vie
politique du pays.
II.1.3.3- Le parti ex-RPT
L'ex-RPT est créé le 30 novembre 1969, par
Eyadéma Gnassingbé, présidentfondateur, suite
à l'appel historique lancé à Kpalimé le 30
août 1969. Il s'agit d'un parti unique ou parti Etat qui regroupait toute
la population togolaise sans distinction. Le RPT s'est ensuite conformé
à la charte des partis politiques du 12 avril 1991,
adopté suite au processus de démocratisation dont l'une des
exigences est le multipartisme.
Ainsi, au congrès de novembre-décembre 1991, le
RPT dans l'article 1er de son nouveau statut, change de
dénomination. Il passe de son identité de << parti unique
» à celle de << parti politique », tout en gardant la
même idéologie que celle du RPT parti unique. M. Amedegnato
Vigniko est le secrétaire général du nouveau RPT. Il est
remplacé au congrès de novembre 1994 par M. Drama Dramani, qui,
reconduit en 1997, est remplacé par M. Sama Koffi en 2000. M. Drama
Dramani reprend le secrétariat général de 2003 en 2006, un
an après le décès du président-fondateur.
C'est finalement M. Solitoki Esso qui prendra les rennes du
parti jusqu'à sa dissolution au 5e congrès
extraordinaire le samedi 14 avril 2012 à Blitta, 275 kilomètres
au nord de Lomé ; pour << renaître à Blitta en
Union pour la République (UNIR). Après le rassemblement, il faut
penser à UNIR, c'est le souci du Chef de l'Etat » selon les
propos d'un responsable du parti.
Le RPT est un parti qui a oeuvré pour la paix, l'union,
la solidarité, les droits de l'Homme, la démocratie, le
progrès et le développement du Togo. Très attaché
à la protection et à la promotion des droits humains, le RPT a
fait siens l'ensemble des instruments pertinents en la matière.
D'après l'idéologie de ce parti le plein exercice des
libertés individuelles et collectives est la condition essentielle pour
l'épanouissement et le triomphe de la démocratie (cf.
Préambule du Statut du parti).
Le RPT a marqué la vie du Togo pendant ces cinquante
dernières années. C'est le parti qui était au pouvoir
depuis 1969 jusqu'à sa dissolution en 2010. Des différentes
élections qui ont eu lieu, le RPT les a remportées avec une
majorité absolue mais avec beaucoup de contestations. La dernière
en date est celle de 2010 pour laquelle, certains partis politiques
regroupés sous le Front Républicain pour l'Alternance et le
Changement (FRAC), continuent de protester par des << marches » tous
les samedis.
II.1.3.2- Le parti UFC
L'UFC a été créée le
1er Février 1992, quelques mois après le
rétablissement du multipartisme au Togo, en tant que
fédération de partis politiques se réclamant de
l'héritage du CUT (1941-1967), suite à la suppression du parti
unique,. En raison de divergences majeures, certains partis politiques ont
quitté la fédération vers le milieu de l'année
1993, avant que celle-ci ne se transforme en un parti politique unifié.
Son premier président est Gilchrist Olympio, fils du premier
président togolais Sylvanus Olympio. Il est toujours l'actuel
président du parti.
En Août 1993, le candidat du parti UFC, s'est vu exclu
du preocessus électoral. Ainsi, il n'a pas pu participer à la
première élection après l'ère du parti unique. Il a
boycotté les législatives de février 1994, pour
d'après ses propos « ne pas légitimer le retour de la
dictature au Togo ». Il prend alors la tête de l'opposition
extra-parlemmentaire. Ce fut aussi le cas pour celle de 2002. Néanmoins
le parti a participé à toutes les élections
présidentielles tenues au cours de ces dernières années.
Bien que les résultats officiels ne le donnent pas gagnant, il a
toujours revendiqué la victoire.
Le parti est toujours connu pour son radicalisme face au refus
de dialoguer avec le système au pouvoir. Mais depuis la signature de
l'APG à Ouaga (Burkina-Faso) en août 2005, le parti à
renouer le dialogue avec qui. Cela a conduit aux élections
présidentielles de 2005 et législatives de 2007, où l'UFC
a pu remporter 27 sièges sur les 81.
Le 26 mai 2010 la décision a été prise
dans le parti, sans le consentement de tous les membres du bureau
exécutif, de rejoindre le gouvernement de Faure Gnassingbé. Cet
incident a créé une division au sein du principal parti
d'opposition. À l'Assemblée nationale où l'UFC avait 27
députés, 20 membres ont soutenu la position du
sécrétaire général Jean-Pierre Fabre et les membres
du bureau national du parti pour exclure temporairement Gilchrist Olympio et
les députés l'ayant suivi dans cette dans la signature de
l'accord RPT/UFC. Le 10 août 2010, il est élu président
national de l'UFC lors d'un congrès organisé par le parti dans un
climat de contestation, où les forces de l'ordre cherchaient aussi
à empêcher la tenue du congrès. Un autre congrès,
cette fois du camp Olympio, est organisé le 12 août 2010 pour
décider de l'exclusion de Jean-Pierre Fabre et ses collègues.
La lutte de leadership engagée au sein de l'UFC
à la suite de cette situation aboutit au schisme du parti avec la
création de l'ANC le 10 octobre 2010.
L'UFC se distingue par un engagement résolu en faveur d'un
changement politique et social authentique au Togo. Il oeuvre pour une
démocratie politique fondée sur le
multipartisme, la liberté du vote et l'alternance, la
séparation des pouvoirs, la liberté de la presse et la libre
circulation de l'information, la liberté de pensée, le respect
des droits universels de l'homme, la responsabilité des dirigeants
devant les citoyens, et l'Etat de droit.
L'UFC s'investit dans une démocratie sociale
fondée sur l'égalité des chances, la solidarité, le
droit à l'éducation, à la santé et à la
sécurité, la tolérance (notamment entre les groupes
ethniques) et la non-discrimination, tout en promouvant le sentiment
patriotique chez les citoyens.
II.1.4- Les données géographiques du Togo
Le Togo est situé entre les latitudes 6°06' et
11°08' nord et les longitudes 0°09' Ouest et 1°49' Est. Il est
limité à l'est par la République du Bénin, à
l'ouest par la République du Ghana, au nord par la République du
Burkina Faso. Au sud, il s'ouvre sur l'océan Atlantique dans le Golfe du
Bénin lui-même inscrit dans le Golfe de Guinée sur la
côte ouest africaine. Le pays couvre une superficie de 56.600
km2. Le découpage administratif subdivise le pays en cinq
régions qui regroupent 35 préfectures :
- Région Maritime, avec 7 préfectures ;
- Région des Plateaux, avec 12 préfectures ;
- Région Centrale, avec 4 préfectures ;
- Région de la Kara, avec 7 préfectures ;
- Région des Savanes, avec 5 préfectures. (Source
DGSCN, 2010)
Le climat est caractérisé par deux
régimes pluviométriques bien distincts : un régime
équatorial bimodal dans la moitié méridionale (avec deux
saisons pluvieuses de mars-avril à juillet et de septembre à
octobre-novembre, entre lesquelles s'intercalent deux saisons sèches) et
un régime tropical uni-modal dans la moitié septentrionale (avec
une saison sèche de novembre à avril-mai). Les
précipitations moyennes annuelles correspondantes varient entre 800 et
1800 mm d'une part et 1000 et 1500 mm d'autre part. Les moyennes thermiques
annuelles respectives dépassent rarement 27°4 C et 28°2 C.
Il dispose d'une faune et d'une flore très attractives
pour les touristes sur toute l'étendue du territoire. Nous pouvons citer
entre autres, le parc national de Fazao - Malfakassa, la réserve de
Mandouri et la fosse de Dung, la réserve de faune du Sarakawa...
Trois bassins hydrographiques se partagent le territoire
national : au nord, le bassin de la Volta, par l'intermédiaire du fleuve
Oti connectant notamment les eaux du Koumongou, de la Kara, et du Mô ; au
Centre, le bassin du Mono, fleuve le plus long du pays (450 km) ; au
sud, le groupe des rivières côtières
comprenant principalement le Zio et le Haho qui se jettent dans le Lac Togo.
Le relief du Togo se résume essentiellement autour de
la chaîne de l'Atakora dont la plus grande largeur atteint 60 km avec une
altitude moyenne de 800 m. Le pic d'Agou est le sommet le plus haut du pays
avec 986 m d'altitude.
II.1.5- Les données socio-démographiques du
Togo
Selon les données des résultats du recensement
national (novembre 2010) de la Direction Générale de la
Statistique et de la Comptabilité Nationale (DGSCN), la population
togolaise est à ce jour estimée à environ 6.191.155
d'habitants pour une densité de 109 hbts/ km2, avec un taux
d'accroissement annuel de 2,4%. Cette population compte 3.009.095 hommes
(48,6%) contre 3.182.060 femmes (51,4%). Près de la moitié de la
population a moins de 15 ans (49,93%). L'Indice du Développement Humain
(IDH) pour le Togo est 0,435 avec un rang de 162e sur 177 pays du
PNUD en 2011.
(
http://www.tg.undp.org/undptogo/togo.htm,
site du PNUD au Togo, consulté le 6/03/2012)
La pyramide des âges présente une base
très large. Ce qui caractérise la jeunesse de la population. Plus
de 42% des Togolais sont âgés de moins de 15 ans et 60% de moins
de 25 ans. La population potentiellement active (15-64 ans) représente
54%. Les personnes âgées sont de 4%. Mais ce taux est en baisse
par rapport à 1981, cela montre la baisse du taux de mortalité
des personnes adultes.
Lomé est sa capitale administrative depuis 1897, avec
pour population 837.437 habitants. Les autres grandes villes sont : Kara,
94.878 hbts; Sokodé, 95.070 hbts; Atakpamé, 69.261 hbts;
Kpalimé, 75.084 hbts; Dapaong, 58.071 hbts; Aného, 24.891 hbts.
(Source DGSCN, 2010.)
Lorsqu'on s'intéresse à la posture ethnique,
Nicoué Gayibor (2005 : 16) dénombre 38 ethnies réparties
en grands groupes :
- le groupe « adja-éwé » composé
des Ewé, Adja, Ouatchi, Guin (44%)2
- le groupe des populations du Moyen-mono : Ifè, Fon
(3%)
- le groupe des populations des plateaux de l'Ouest : Akposso,
Akébou (4%)
2 D. E. K. Amenumey dans son oeuvre Le
mouvement de la réunification des Ewé. Une histoire politique,
Paris Harmattan, 2009, p 132, montre comment la distinction des ethnies
Ouatchi, Guin, Ewé, Mina, n'est que pure manipulation politique du
colon. J. Aglo dans Les Fondements philosophiques de la morale dans une
société à tradition orale. Le système
«Aäaçu», Paris, L'Harmattan, 2001, pp.
44-48, et aussi dans La vie et le vivre-ensemble. Le principe organisateur
de la vie dans le système «Aäaçu»,
Paris, L'Harmattan, 2002, p. 18, dénonce également cette
distinction arbitraire du colon qui ne tient compte d'aucune
réalité.
- le groupe des « paragourma » du Nord : Kotokoli,
Tchamba, Tchokossi, Bassar (10%)
- le groupe des populations des massifs et piémonts du
Nord : Kabyè, Nawdeba, Lamba (21%)
- le groupe des populations des plaines et plateaux de
l'extrême Nord : Moba, Gourma, Konkomba, Peuhl (14%)
- et enfin les groupes Haoussa, Yorouba et les non-Togolais (4%).
(Source : Gayibor, 2005)
La multitude de ces ethnies rendent aussi dynamique la vie
électorale.
II.1.6- Les données socioculturelles du Togo
II.1.6.1- Sur le plan scolaire
Le taux net de scolarisation du primaire au supérieur
est de 62% pour l'ensemble du pays en 2011 (cf.
www.tg.undp.org). Les
inégalités scolaires selon le sexe ne sont guère grandes ;
le taux de scolarisation des filles étant assez proche de celui des
garçons (76,2 % contre 82,2 %). Cependant les différences
régionales sont assez importantes. Les taux nets de scolarisation sont
plus élevés à Lomé et plus faibles dans la
région des Savanes (91,5 % à Lomé ; 87,4 % dans la
région Maritime ; 83,1 % dans la région Centrale ; 82,7 % dans la
région des Plateaux ; 68,4 % dans la région de la Kara et 51,9 %
dans la région des Savanes). La différence de scolarisation entre
filles et garçons est également plus marquée dans la
région des Savanes (45,5 % contre 57,7 %).
L'analphabétisme touche 43,1 % des adultes (15 ans et
plus). Le taux d'analphabétisme est de 29,7 % chez les hommes et de 55,6
% chez les femmes en 2006.
II.1.6.2- Sur le plan matrimonial
La polygamie est autorisée au Togo selon le Code des
Personnes et de la Famille. Environ 54 % des femmes mariées au Togo sont
dans une union polygamique. L'âge moyen au premier mariage est de 20 ans
pour l'homme et de 17 ans pour la femme. Les taux des mariages précoces
sont particulièrement élevés en zones rurales.
II.1.7- Les données sanitaires du Togo
Le Togo est divisé en six régions sanitaires. La
capitale Lomé se détache de la région Maritime et devient
une sixième région sanitaire. Le système de santé
est organisé en une pyramide à trois niveaux :
- la base de la pyramide représente le niveau
périphérique. C'est le niveau opérationnel comprenant 35
Directions Préfectorales de Santé correspondant aux 35 districts
sanitaires, 30 hôpitaux de préfecture, 700 unités de soins
périphériques et les services privés de soins.
- le milieu de la pyramide représente le niveau
intermédiaire, correspondant aux 6 régions sanitaires comprenant
chacune une direction régionale de la santé et ses services
connexes, un centre hospitalier régional, les services privés de
soins à portée régionale.
- le sommet de la pyramide représente le niveau central
ou national, correspondant au Ministère et à la Direction
Générale de la Santé Publique, aux directions centrales,
aux divisions et services, ainsi que les spécificités à
intérêt national (CHU, INH, CNAO, CNTS et les écoles de
formation en santé), les services privés de soins à
portée nationale.
La couverture géographique de l'offre de soins est
assez bonne : 88% de la population en moyenne sont situés à moins
de 5km d'une formation sanitaire et 62% à moins de 2,5km. Plus de 83%
des femmes enceintes font le suivi de leur grossesse dans une formation
sanitaire agréée et 63% des accouchements ont lieu dans une
formation sanitaire avec l'assistance d'un personnel de santé
qualifié. Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est
de 123 pour mille en 2006 et celui des enfants de moins de 1 an est de 77 pour
mille. La mortalité maternelle est de 478 pour 100 000 naissances
vivantes en 1998 et l'espérance de vie à la naissance de 51,6
ans. (Source MSP, 2010)
II.1.8- Les données économiques du Togo
Le Togo est membre de l'UEMOA et de la CEDEAO. Avec un PNB par
habitant de 360 dollars US en 2007, le Togo se classe parmi les Pays les Moins
Avancés (PMA). Le Togo est aussi membre de la Zone Franche. Son
économie est soutenue par le Franc CFA, qui jouit d'une parité
fixe avec l'Euro et de la libre convertibilité.
L'économie togolaise dépend traditionnellement
du secteur primaire. Ce secteur représente environ 40% du PIB et occupe
plus de 70% de la population active. Les secteurs secondaire et tertiaire
représentent respectivement 23 % et 36 % du PIB en 2004. Le Togo a une
économie de type libéral. Les exportations du pays portent
principalement sur les phosphates, le coton, le ciment, le café et le
cacao qui représentaient, en moyenne annuelle,
34 % du PIB entre 2002 et 2005. Cela est bien en dessous de la
moyenne de 45 % qui prévalait dans les années 80.
Le Togo dépend de l'assistance étrangère
pour le financement d'une bonne partie de son Programme d'Investissement Public
(PIP). Cependant, en raison de la suspension de l'appui des bailleurs de fonds
depuis le début des années 90, le niveau de l'investissement
public est passé de 13,8 % du PIB en 1990 à 3,3 % du PIB en 2005.
Ce qui a fortement réduit les capacités de production du pays et
ralenti la croissance économique.
Malgré cette situation socio-économique peu
enviable, l'avenir de l'économie togolaise est rassurant avec :
- la reprise de la coopération avec l'Union
Européenne et la normalisation des relations entre le pays et la
communauté internationale au lendemain de la conférence des
bailleurs de fonds à Bruxelles en octobre 2008 ;
- l'atteinte du pays, le 25 novembre 2008, au Point de
Décision de l'initiative PPTE (Pays Pauvres et Très
Endettés) lui permettant ainsi de bénéficier d'un
allègement partiel de la dette ;
- l'élaboration du Document complet de Stratégie
de Réduction de la Pauvreté (DSRPC) qui accorde une grande
priorité aux secteurs sociaux, dont les secteurs de la Santé et
de l'Education.
Les infrastructures routières font, depuis quelques
mois, l'objet d'une attention particulière de la part des
autorités gouvernementales ; alors qu'elles étaient plusieurs
années peu praticables. Ainsi en matière de voies de
communication, on peut citer les principaux axes routiers
Lomé-Ouagadougou (Burkina-Faso), Lomé-Accra (Ghana) et
Lomé-Cotonou (République du Bénin) ainsi qu'un certain
nombre de routes transversales qui sont entièrement bitumées.
Quoique fortement concurrencées, voire supplantées parfois par
les routes, les voies ferrées sont toujours opérationnelles et
peuvent connaître une extension et un accroissement de trafic (notamment
l'axe Lomé-Blitta).
Sur le plan maritime, le Togo dispose d'un port en eau
profonde, pouvant accueillir les navires de n'importe quel tonnage, et d'une
zone franche industrielle. Quant aux liaisons aériennes, le Togo dispose
de deux aéroports de classe internationale à Lomé et
à Niamtougou (environ 400 km au nord de Lomé) où peuvent
se poser tous les gros porteurs.
En matière de télécommunication un effort
de modernisation des infrastructures est engagé, mais ce secteur reste
toujours le plus coûteux de la zone UEMOA. Sur le plan
énergétique, le pays dispose de centrales thermiques, de deux
barrages hydroélectriques et est aussi alimenté à partir
du grand barrage d'Akosombo au Ghana. Par ailleurs avec le projet de
construction du barrage d'Adjarala commun au Togo et au
Bénin ainsi que le projet de fourniture de gaz nigérian par
pipe-line (gazoduc) commun au Togo, au Bénin et au Ghana, le pays aura
des atouts supplémentaires dans le domaine de l'énergie.
II.2- CADRE METHODOLOGIQUE
Une recherche sociologique n'est valable que si les
informations utilisées pour la résolution d'un problème
dans une société proviennent de ladite société. La
collecte des informations nécessite souvent une méthodologie
appropriée.
D'après M. Guidère « une recherche
effectuée sans méthodologie préalable se condamnerait
à errer sur les chemins sinueux de l'herméneutique et de
l'extrapolation ». (2004 : 4)
La méthodologie adoptée pour cette recherche est
fondée sur les recherches documentaires, quantitatives et
qualitatives.
II.2.1- la recherche documentaire
Pour toute étude scientifique et
particulièrement en science sociale, la recherche documentaire est une
étape primordiale et indispensable. C'est pourquoi R. Quivy et L.V.
Campenhoudt affirment que :
« les lectures préparatoires servent d'abord
à s'informer des recherches déjà menées sur le
thème du travail et situer les nouvelles contributions envisagées
par rapport à elles. Grâce à ces lectures, le chercheur
pourra en outre mettre en évidence la perspective qui lui paraît
la plus pertinente pour aborder son objet de recherche. » (1995 :
81)
Cette étape exploratoire consiste en la consultation
des documents disponibles et relatifs au sujet de notre étude. Ainsi,
nous avons fait nos investigations au Centre d'Information des Nations Unies
(CINU), à la bibliothèque de la Faculté des Lettres et
Sciences Humaines (Flesh) et de l'université de Lomé, lu quelques
ouvrages achetés et empruntés, des articles de journaux ou de
revues. Même l'internet a été utilisé dans ce
cadre.
Plusieurs ouvrages traitent de façon
générale ce thème. Il s'agit des ouvrages abordant des
concepts de l'ethnie, de la politique, du colonialisme et du
néo-colonialisme, de la démocratie, des partis politiques, des
crises socio-politiques en Afrique. Bien que des études sur ces
thèmes n'abondent pas pour le Togo, nous avons pu néanmoins faire
un rapprochement, tant ces phénomènes sont identiques pour
l'Afrique.
Cette recherche documentaire nous a permis de nous
familiariser avec les réalités, les notions spécifiques et
d'établir la revue de la littérature. Elle a permis aussi de
reformuler la
problématique, les hypothèses, les objectifs de
l'étude, d'établir les variables et les indicateurs, et de
procéder au choix de l'échantillon sans oublier la
présentation de la bibliographie. Elle a servi également dans
l'interprétation des résultats.
II.2.2-La recherche quantitative
La recherche quantitative a permis de quantifier les
perceptions, les attitudes par les données statistiques. Elle a rendu
mesurables les informations recueillies afin de vérifier les
hypothèses de travail.
Cette partie de l'étude comprend la population cible,
l'échantillonnage, la sélection et la justification des variables
et indicateurs, l'élaboration du questionnaire, le test des outils de
collecte de données et l'administration du questionnaire.
II.2.2.1- La population-cible
La popukation-cible est de 3000 membres actifs et sympathisants
confondus appartenant aux trois principaux parits politiques à savoir le
CAR, l'UFC et l'ex-RPT.
II. 2.2.2- L'échantillonnage
Tout comme le questionnaire, le prélèvement de
l'échantillon d'une population donnée est un
élément qui entre dans le cadre de l'élaboration d'un
dispositif pratique pour mener à bien une enquête sociale. Sa
justification se trouve dans la difficulté de s'adresser à
l'ensemble de la population.
Pour déterminer l'échantillon, nous avons choisi
au hasard 5% de notre populationcible qui n'est autre que les 3000 membres
actifs et sympathisants confondus des partis politiques choisis.
Ainsi, avons-nous obtenus 150 membres actifs et sympathisants
confondus ; ce qui fait de notre échantillon 150 membres actifs et
sympathisants confondus appartenant aux partis politiques CAR, ex-RPT et
UFC.
La répartition de l'échantillon selon les partis se
présente comme suit :
- ex-RPT : 70
- UFC : 44 - CAR : 36
II.2.2.4- Variables
II.2.2.4.1- Variable dépendante
La variable dépendante est celle à expliquer. Sa
compréhension et son changement dépendent de la clarté de
l'explication ou de la quantité des variables indépendantes. Dans
le cadre de cette étude, nous avons retenu :
- les modes de recrutement et des fonctionnements
basés sur l'ethnie au sein des partis politiques.
Cette variable permettra de mieux cerner comprendre la
causalité du facteur ethnique dans la vie des partis politiques et par
là son incidence sur la société.
II.2.2.4.2- Les variables
indépendantes
Ce sont des variables qui sont traitées de façon
à voir les effets de leurs différences entre elles et la variable
dépendante. Elles expliquent également les résultats des
investigations dans les recherches et constituent les causes des variables
dépendantes. Elles servent à expliquer le phénomène
observé.
Dans le cadre de notre étude, nous avons relevé
:
- Age :
C'est une variable qui peut être
révélatrice du degré de participation des individus. A ce
niveau on pourrait par exemple dire que les adultes s'engagent plus ou moins
dans la vie politique que les jeunes en âges de voter. Aussi cela peut
montrer si c'est les adultes ou les jeunes qui sont plus vulnérables ou
manipulables par rapport au phénomène ethnique.
- Niveau d'étude :
Le niveau d'étude, et des acteurs politiques et des
électeurs, est une variable qui détermine l'intérêt
et la compréhension du phénomène. Les observations ont
montré qu'en majorité, les mieux instruits ou les intellectuels
adoptent une attitude plus responsable et légaliste.
- Ethnie :
Cette variable nous permet de vérifier si
l'adhésion à un parti politique est conditionnée par
l'appartenance ethnique. Un individu a souvent tendance à choisir le
parti qui s'identifie à son ethnie. Un parti politique dans lequel il
peut sympathiser facilement avec
les autres militants parce que partageant les mêmes
pratiques culturelles que lui, peut influer sur son choix.
- Appartenance politique :
Il s'agit de voir la représentativité des partis
politiques à travers la structure sociale de leurs adhérents et
de leurs électeurs. Aussi, le contenu de leurs programmes, leurs
idéologies et leurs modes de fonctionnement sont susceptibles d'orienter
la perception des adhérents ou des électeurs.
- Impact de l'ethnicisation sur le recrutement et le
fonctionnement des partis : Cette variable montre l'implication du
facteur ethnique dans la formation des comités directeurs des partis et
sur leur activité sur le terrain.
II.2.2.5- Les indicateurs
Les indicateurs mettent à découvert des concepts et
notions, et précisent les variables expliquées et explicatives.
Ils sont des données quantifiables pour l'étude. Ce sont :
- Pourcentage des membres du bureau exécutif ou du
comité directeur des partis politiques par ethnie :
Cet indicateur nous permettra de démontrer l'effet de
l'ethnicisation sur la structure même des partis politiques.
- Fréquence entre l'ethnie majoritaire dans le
parti et les résultats aux différentes élections
:
Cet indicateur fait ressortir l'aspect du vote ethnique et par
là montre l'orientation des activités des partis politiques.
II.2.2.6- L'élaboration du questionnaire
L'outil principal de collecte de données quantitatives
dans notre étude demeure le questionnaire. Ainsi, pour cette
étude, un questionnaire semi-structuré a été
élaboré et comporte :
- des questions fermées à réponses binaires,
imposant à l'enquêté de répondre par oui ou par
non,
- des questions à choix multiples, offrant à
l'enquêté la possibilité de choisir plus d'une
modalité selon ses convenances,
- des questions semi-fermées où en plus des
réponses proposées aux enquêtés, ceux-ci ont la
latitude d'en générer d'autres,
- des questions ouvertes qui donnent plus de liberté
à l'enquêté dans l'expression de ses opinions.
Le questionnaire est structuré en quatre sections :
- Section I : Identification des enquêtés,
- Section II: Perception de la cause du phénomène
ethnique au sein des partis politiques, - Section III: Impact de
l'ethnicisation sur la structure et le fonctionnement des partis politiques,
- Section IV : Attitude à adopter face à cette
pratique.
II.2.2.7- Test du questionnaire
Dans le souci de vérifier l'efficacité du
questionnaire, un test a été effectué. Il a porté
sur 20 étudiants de l'Université de Lomé et de l'Institut
de Philosophie - Don Bosco. Grâce à ce test, nous avons revu la
reformulation de certaines questions, ajoutées de nouvelles et
supprimées également d'autres, dans l'intention
d'améliorer l'étude.
II.2.2.8- Administration du questionnaire
Les questionnaires ont été administrés du
19 mars 2012 au 10 juin 2012 aux 150 membres des partis politiques choisis. La
collecte des informations a été faite de façon
individuelle pour maintenir la confiance accordée lors de l'autorisation
d'enquête au sein des partis. En dépit du fait que
l'administration a été directe, les enquêteurs ont
reçu une modeste orientation qui leur a permis de mieux comprendre
l'objectif de la recherche et de se familiariser avec le questionnaire.
II.2.2.9- Le traitement des données
quantitatives
C'est la manière d'extraire des informations
portées dans le questionnaire. Le dépouillement des informations
recueillies a été traité à base du logiciel Sphinx
; qui nous apermis également d'ajuster les pourcentages et de construire
les graphiques. Enfin le logiciel Word a servi pour la saisie et le traitement
de texte.
II.2.3- La recherche qualitative
Les méthodes qualitatives sont des techniques qui
permettent d'étudier les phénomènes complexes qui sont
difficiles à représenter sous forme d'indicateurs quantifiables.
P. N'da affirme que : « l'approche qualitative vise à donner un
sens au phénomène à travers, ou au-delà de
l'observation, de la description, de l'interprétation et de
l'appréciation du milieu et du phénomène tel qu'il se
présente ». (Méthodologie de la recherche de la
problématique à la discussion des résultats, 2006)
Pour étudier des faits particuliers, l'approche qualitative use des
techniques appropriées, dont l'observation, l'étude de cas, et
les entretiens.
Dans le cadre de cette étude, seules les techniques
d'entretien individuel semi-directif et l'observation directe ont
été utilisées.
II.2.3.1- Entretien individuel semi-direct
Il s'agit d'un procédé d'investigation
scientifique utilisant un processus de communication verbale pour recueillir
des informations sur un sujet précis. Il se caractérise par des
questions ouvertes libellées d'avance suivant un ordre prévu. Les
informations recueillies aident à mieux comprendre ou cerner les
réponses obtenues par la méthode quantitative.
L'interview est faite à chaque responsable ou
délégué de parti politique retenu. Nous avons
également interviewé d'autres responsables de partis politiques
et un responsable d'une organisation de la société civile.
II.2.3.2- Observation directe
L'observation a été essentiellement directe
à travers les déclarations et les comportements politiques, des
membres et responsables des partis politiques. Cette dernière est d'une
importance capitale pour la recherche des raisons profondes du
phénomène de l'ethnicisation des partis politiques aux Togo.
II.2.3.3- Méthode de traitement de
données qualitatives
Le traitement des données qualitatives a
été exclusivement manuel. Durant cette phase, nous avons
dégagé d'abord des idées semblables en visant les
hypothèses et objectifs fixés. Ensuite, une synthèse des
réponses a été faite et portée comme
complément à l'interprétation des données
quantitatives.
II.3 - LES DIFFICULTES RENCONTREES
La réalisation de ce mémoire a été
notre première expérience de chercheur en sciences sociales.
Ainsi, depuis la phase théorique et conceptuelle jusqu'à
l'analyse des données et l'interprétation des résultats,
la tâche n'a pas été facile. Les difficultés
rencontrées pendant l'exécution de ce travail sur le terrain ont
été considérables.
Mis à part, les difficultés traditionnelles
d'une enquête allant de la limite de moyens financiers au
caractère intrinsèque d'une enquête, nous avons eu à
connaître des difficultés particulières dans la
réalisation de notre recherche sur le terrain. En premier lieu,
l'accès aux responsables de partis politiques et en second lieu les
difficultés liées à l'administration du questionnaire. Il
faut noter aussi que la connotation négative du mot « enquête
» au Togo à susciter beaucoup de méfiance et de refus
même de certains individus dans l'attribution du questionnaire.
En effet, notre thème qui porte sur « l'ethnie
dans le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT
et de l'UFC » est a priori un sujet délicat et très
sensible, dans la mesure où ce phénomène est réel,
rentrant dans ce qu'on appelle l'histoire immédiate, et est
source de méfiance dans la sphère politique. Ainsi, certains
membres de l'ex-RPT, bien que nous ayons reçu l'autorisation et qu'ayant
été contacté pour ma recherche, n'n'ont pas
souhaité répondre à nos questions et d'autres nous avaient
évité par des reports répétés de rendez-vous
jusqu'à la fin. L'autre grande difficulté était
liée à l'administration du questionnaire. La difficulté
vient de la dissolution du parti au cours de notre étude. Il a
été difficile de trouver et de recevoir favorablement l'apport
des membres, et ce malgré l'autorisation des responsables sortants. Une
méfiance et répulsion farouche nous ont été
adressées, néanmoins nous avons bénéficié de
l'accueil chaleureux de certains membres.
Quant aux cadres de l'opposition, leur accueil a
été prompt et chaleureux au départ, mais la satisfaction
de nos attentes, l'entretien et les questionnaires à remplir n'ont pas
été aisés à réaliser. Cela est dû
à une défaillance administrative et à une volonté
non affichée de rétention d'informations.
Tout compte fait, sans l'aide des connaissances et grâce
à notre persévérance nous ne pourrons pas aboutir à
ce travail. C'est l'occasion d'adresser à l'endroit de ces structures
une invitation à distinguer la recherche scientifique, des
enquêtes journalistiques afin de mieux faciliter la tâche et
réduire les coûts de communication et de déplacement aux
étudiants.
En somme, non seulement ces difficultés nous ont
retardés dans l'avancement de notre travail, mais aussi elles nous ont
formés et nous ont permis d'acquérir de l'expérience en
qualité d'apprenti sociologue que sommes-nous.
- PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
- INTERPRETATION DES RESULTATS, VERIFICATION DES
HYPOTHESE ET SUGGESTIONS
DEUXIEME PARTIE :
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
Cette partie de notre travail est entièrement
consacrée à la présentation des données
quantitatives issues de la collecte à partir du questionnaire. Les
données que nous avons recueillies à partir de l'administration
du questionnaire sont consignées dans des tableaux ou des graphiques
suivis de nos analyses à partir des variables et des indicateurs
précédemment définis.
Le chapitre se subdivise en sections :
- Identification des enquêtés,
- Perception de la cause du phénomène ethnique au
sein des partis politiques,
- Impact du phénomène ethnique sur la structure et
le fonctionnement des partis politiques,
- Attitudes à adopter face au phénomène de
l'ethnicisation des partis politiques.
III.1- IDENTIFICATION DES ENQUETES Graphique 1 :
répartition des enquêtés selon le sexe
Sexe
Non réponse Masculin Féminin
26,0%
68,0%
6,0%
Les résultats de l'enquête démontrent
à travers ce graphique que 68% des enquêtés sont de sexe
masculin et 26% sont du sexe féminin. Ces données viennent
confirmer le faible taux de participation des femmes dans le milieu politique.
Concernant le militantisme politique des femmes, nous pourrons dire que
l'action même des partis politiques pour l'engagement des femmes est
nulle, ce à quoi vient s'ajouter la conjecture socio-politique
précaire et insécuritaire du pays. Notons que nous avons eu 6% de
non-réponses à cette question.
Tableau 1 : répartition des enquêtés
selon les tranches d'âge
Tranches d'âges en années
|
Effectif
|
Pourcentage
|
[25-35[
|
65
|
43,33
|
[35-45[
|
36
|
24
|
[45-55[
|
20
|
13,33
|
[55 et +[
|
13
|
8,67
|
Non-réponses
|
16
|
10,67
|
Total
|
150
|
100
|
Il ressort de ce tableau que la plupart des
enquêtés soit 43,33% ont un âge compris entre 25 et 35 ans.
Ceux qui ont entre 45-55 ans ne représentent que 13,33% de l'ensemble et
la tranche 35-45 ans, ne représente que 24%. Quant aux adultes,
c'est-à-dire ceux dont l'âge est supérieur à 55 ans,
ils ne sont que 08,67% de l'échantillon pris.
Nous remarquons ici une forte participation de la tranche
d'âge 25-35 ans. Ceci montre que les jeunes sont activement
engagés dans les partis politiques, attitude qu'on peut expliquer par la
volonté du changement et de la démocratie. La moyenne d'âge
est de 38 ans.
Par ailleurs, 10,67 constitue les non-réponses, ce qui
dévoile le tabou qu'il y a toujours dans nos milieux sur l'âge.
Tableau 2 : répartition des enquêtés
selon la préfecture d'origine3
Préfectures d'origine
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Lacs
|
37
|
24,7
|
Golfe
|
17
|
11,3
|
Kozah
|
13
|
8,7
|
Vo
|
13
|
8,7
|
Yoto
|
9
|
6
|
Zio
|
7
|
4,7
|
Blitta
|
5
|
3,3
|
Doufelgou
|
5
|
3,3
|
Assoli
|
4
|
2,6
|
Bassar
|
4
|
2,6
|
Moyen-mono
|
4
|
2,6
|
Ogou
|
4
|
2,6
|
Tchamba
|
4
|
2,6
|
Tchaoudjo
|
4
|
2,6
|
Mango
|
3
|
2
|
Wawa
|
3
|
2
|
Amou
|
3
|
2
|
Avé
|
2
|
1,3
|
Cinkassé
|
2
|
1,3
|
Haho
|
2
|
1,3
|
Kloto
|
1
|
0,7
|
Binah
|
1
|
0,7
|
kpélé-akata
|
1
|
0,7
|
Oti
|
1
|
0,7
|
Tandjoaré
|
1
|
0,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Nous notons 25 différentes préfectures
enregistrées au niveau des enquêtés sur les 35 qui existent
au Togo, et une forte représentativité de celle des Lacs avec un
pourcentage de 27,4%, suivi du Golfe avec 12,6 % et, enfin la Kozah et le Vo se
retrouvent avec le même
3 Notons ici que les 25 préfectures
représentées sont loin d'être axhaustives de la
réalité ; néanmoins on peut apprécier la
représentativité qui s'y dégage. En effet, le Togo compte
35préfectures.
pourcentage soit 9,6%. La forte présence des
préfectures de la région maritime s'explique par le fait qu'on
est dans cette région, et la présence considérable aussi
de la Kozah s'explique par le fait que Lomé est une ville cosmopolite
qui regroupe la plupart des préfectures.
Par ailleurs nous remarquerons que 15 enquêtés soit
13,8% n'ont pas répondu à cette question. On peut déduire
l'aspect sensible que revête cette question.
Tableau 3 : répartition des enquêtés
selon leur ethnie
Ethnie
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Akposso
|
5
|
3,3
|
Bassar
|
2
|
1,3
|
Ewe
|
34
|
22,7
|
Guin
|
32
|
21,3
|
Kabyè
|
15
|
10
|
Kotokoli
|
10
|
6,7
|
Ouatchi
|
25
|
16,7
|
Autres
|
17
|
11,3
|
Non-réponse
|
10
|
6,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
On aperçoit dans ce tableau que l'ethnie la plus
représentée dans les enquêtés est l'Ewé avec
22,7% suivi de près par les guin de 21,3%. En plus de ces
dernières, les ethnies Ouatchi et Kabyè ont respectivement 16,7%
et 10%. Il y a aussi les ethnies Kotokoli : 6,7%, Akposso : 3,3%, et Bassar :
1,3%. On note d'autres ethnies à savoir : Ana, Adja, Nawda, Tchokossi,
agnanga, Moba, Fon, Ifè, qui se partagent les 11, 3%. Nous notons 6,7%
de nonréponses, ce qui montre la sensibilité de cette
question.
Le pourcentage élevé des quatre premières
ethnies est du fait que, les responsables des partis politiques
étudiés y proviennent (Ewé et Guin se mélangent).
Par conséquent, il y a l'instinct grégaire qui est dominant dans
la population.
Tableau 4 : répartition des enquêtés
selon le niveau d'étude
Niveau d'étude
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Non instruit
|
0
|
0
|
Primaire
|
1
|
0,7
|
Secondaire
|
10
|
6,7
|
Lycée
|
17
|
11,3
|
Supérieur
|
109
|
72,7
|
Non-réponse
|
13
|
8,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Les chiffres de ce tableau illustrent le taux
élevé de scolarisation de la population de Lomé.
L'importance numérique des enquêtés ayant un niveau
d'instruction supérieur avec un effectif de 109 soit 72,7%
découle de la jeunesse, la majeure partie des citoyens composant
l'échantillon de l'étude. Ils sont suivis respectivement des
enquêtés ayant le niveau secondaire deuxième cycle
(lycée) dont l'effectif s'élève à 17 soit 11,3% et
du secondaire premier cycle avec 10 pour effectif soit 6,7%. Les
enquêtés n'ayant pas mis pied à l'école
représentent 0,0% de l'échantillon et 0,7% soit un
enquêté a arrêté les études au cours
primaire.
Tableau 5 : répartition des enquêtés
selon le secteur d'activité
Secteur d'activité
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Privé
|
57
|
38
|
Public
|
42
|
28
|
Autres
|
41
|
27,3
|
Non-réponse
|
10
|
6,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Ce tableau présente une répartition des
enquêtés selon le secteur d'activité économique. Les
résultats révèlent que 38% des enquêtés sont
dans le privé contrairement à 28% pour le secteur public. Nous
avons 27,3% qui non pas de secteur, soit parce qu'ils sont des sans emploi,
soit étudiant ou soit des retraités. On a 10% restant des
enquêtés qui n'ont pas voulu se prononcer. On peut donc supposer
que ceux qui sont du secteur privé, des sansemploi, des étudiants
et des retraités sont plus engagés dans les partis politiques,
sûrement plus libres.
Tableau 6 : répartition des enquêtés
selon le lieu de résidence
Lieu de Résidence
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Lomé
|
74
|
49,3
|
Agoè
|
27
|
18
|
Djidjolé
|
13
|
8,7
|
Hédzranawoé
|
9
|
6
|
Baguida
|
9
|
6
|
Akodessewa
|
8
|
5,3
|
Doumasséssé
|
7
|
4,6
|
Tsévié
|
3
|
2
|
TOTAL
|
150
|
100
|
On remarque par ce Tableau que Lomé avec ses 49,3%
renferme plus d'enquêtés, ce qui justifie la fréquence des
manifestations et des affrontements. On voit après Agoè avec 18%,
Djidjolé 8,7%. Hédzranawoé, Baguida ont chacun 6% et
Akodessewa 5,3%. Nous relevons aussi au niveau de Doumasséssé
(Adéwui) 4,6% d'enquêtés et enfin Tsévié avec
2%. Par ce tableau, on peut dire que la plupart des quartiers regorgent des
militants des partis politiques et par conséquent, le militantisme ne
demeure pas une affaire de quartier.
III.2- PERCEPTION DE LA CAUSE DU PHENOMENE ETHNIQUE AU
SEIN DES PARTIS POLITIQUES
Tableau 7 : répartition des enquêtés
selon l'importance de l'ethnie
Importance de l'ethnie
|
Effectif
|
pourcentage
|
Oui
|
42
|
28
|
Non
|
85
|
56,7
|
Ne sais pas
|
23
|
15,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
On aperçoit dans ce tableau que la majorité des
enquêtés soit 85 (56,7%) affirment qu'il n'y a pas une ethnie plus
importante qu'une autre, contrairement à 42 enquêtés (28%).
Les nombres d'enquêtés qui affirment ne rien savoir est 23
(15,3%). Ceux qui pensent qu'il y a cette importance, le justifie par soit les
« éwé sont numériquement important »,
soit par les
« kabyè occupent la plupart des grands postes et
sont plus nombreux dans l'administration >> ou carrément
« c'est les Kabyè, car ils sont au pouvoir >>.
Penser une ethnie importante que l'autre de façon
culturelle est désuète, même si on peut admettre
l'importance numérique. Ce nombre élevé de non peut
s'expliquer par le taux d'alphabétisation élevé des
enquêtés, montré au Tableau 4. Plus on a un niveau
élevé d'étude, plus on sait que chaque ethnie est
importante. Les réponses « ne sais pas >> peuvent
évoquer le fait que l'usage du concept ethnie est très sensible
dans le pays.
Tableau 8 : répartition des enquêtés
selon que le rapport Nord/Sud est source de division réelle ou une
manipulation politique
Modalité
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Division ethnique réelle
|
37
|
24,7
|
manipulation politique
|
102
|
68
|
les deux (Division et Manipulation)
|
11
|
7,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Le tableau sur la répartition selon le rapport
Nord/Sud, nous montre que 102 enquêtés soit 68% stipulent que ce
rapport n'est qu'une manipulation politique ; considérant que ce rapport
rentre dans une division ethnique réelle, 37 enquêtés soit
24,7% ont répondu à cela. Le tableau nous montre également
que 11 enquêtés soit 7,3% de l'échantillon voient que ce
rapport bien qu'étant une division réelle est encore
manipulé par les politiques.
Ce résultat est rassurant dans la mesure où la
majorité comprenant que le rapport Nord/Sud étant une
manipulation, ne pourront pas se laisser aller au jeu des politiques ; jeu qui
peut dégénérer en affrontement inter-ethnique un jour.
Tableau 9 : répartition des enquêtés
selon l'appartenance politique
Parti politique
|
Effectif
|
Pourcentage
|
CAR
|
35
|
23,3
|
ex-RPT
|
55
|
36,7
|
UFC
|
36
|
24
|
Non-réponse
|
24
|
16
|
TOTAL
|
150
|
100
|
L'analyse du tableau révèle que 36,7% soit 55
des personnes consultées sont de l'exRPT, 24% soit 36
enquêtés sont de l'UFC et 23,3% soit 35 enquêtés sont
du CAR. Selon notre méthode d'échantillonnage, nous devrons nous
retrouver avec 70 enquêtés pour l'exRPT, 44 pour l'UFC et 36 pour
le CAR. Donc, parmi les 16% soit 24 enquêtés non-réponses,
15 sont de l'ex-RPT, 8 sont de l'UFC et 1 du CAR. Pour l'ex-RPT, cela
s'explique par la réticence voire la peur des enquêtés
à remplir les exemplaires de questionnaires à cause du fait que
le parti n'existe plus. Pour les autres partis, c'est une négligence
qu'il faut revoir.
Graphique 2 : répartition des
enquêtés selon le choix du parti
Choix
|
Non réponse
|
Confiance au leader
|
C'est le pouvoir en place
|
affinité ethnique et/ou familialle
|
Programme convaincant
|
Pour suivre des amis
|
|
autres raisons... ..
|
|
|
19,3%
42,7%
15,3%
7,3%
47,3%
6,0%
4,7%
N.B. Cette question est à choix multiple (3 au maximum)
Nous observons par ce graphique que 42,7%
d'enquêtés choisissent leurs partis politiques sur la base de la
confiance en leur leader. Mais le pourcentage le plus élevé
concerne ceux qui tiennent compte du programme politique de ces partis soit
47,3%. Par contre, 15,3% choisissent le parti politique parce qu'il est le
pouvoir en place ; 7,3% par affinité ethnique et/ou familiale et 6% pour
juste suivre des amis. Bien d'autres raisons on été
évoqués par 4,7% des enquêtés comme « parti
politique non ethnique », « parti politique des
déshérités », « parti politique qui
incarne le changement » entre autres ; et nous enregistrons 19,3% de
non-réponses.
Ce résultat peut traduire tout simplement la
maturité d'esprit politique à laquelle les individus s'engagent
en politique, en se fondant sur le programme du parti ou sur la confiance
qu'incarne le leader au changement et aux valeurs démocratiques.
Tableau 10 : répartition des enquêtés
selon le rôle dans le parti
Rôle
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Membres du bureau exécutif
|
15
|
10
|
Membres actifs
|
93
|
62
|
Membres sympathisants
|
42
|
28
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Dans notre échantillon, 62% sont membres actifs du
parti politique, 10% appartient soit au Bureau exécutif ou soit au
comité directeur et 28% sont des membres sympathisants. Ceci peut
traduire le fait que, notre recherche a touché toutes les
catégories de couches au sein des partis politiques qui sont dans la
forme bien représentés.
Tableau 11 : répartition des enquêtés
selon la compréhension de l'influence
ethnique
Compréhension de l'influence ethnique
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Supériorité numérique d'une ethnie sur une
autre
|
43
|
28,7
|
Supériorité culturelle d'une ethnie sur une
autre
|
22
|
14,7
|
Hégémonie politique d'une ethnie sur une autre
|
85
|
56,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Sur la question de la compréhension de l'influence
ethnique, 85 enquêtés soit 56,7% prétendent que l'influence
ethnique se comprend par une hégémonie politique d'une ethnie sur
l'autre, alors que 43 des enquêtés soit 28,7% pensent que ce n'est
qu'une supériorité numérique. Par ailleurs, 22
enquêtés soit 14,7 comprennent cela par la
supériorité culturelle d'une ethnie sur une autre.
Nous pourrons conclure ici en disant que la
considération hégémonique d'une ethnie sur l'autre est
très manifeste et se remarque même dans les partis politiques
aussi bien que dans l'administration et autres. Ceci peut traduire une attitude
de marginalisation ou de domination, ce qui serait dommage pour un pays.
Tableau 12 : répartition des enquêtés
selon l'influence ethnique sur le parti
Modalité
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
72
|
48
|
Non
|
54
|
36
|
Ne sait pas
|
24
|
16
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Par ce tableau nous constatons que 48% des
enquêtés contre 36% estiment que leur parti est sous influence
ethnique. Les enquêtés qui ne savent rien sur la question sont 16%
de l'échantillon. Ces derniers pourcentages traduisent le tabou qui
entoure la question, ce que nous avions soulevés plus haut.
Ce tableau remet en cause l'action démocratique et surtout
républicaine des partis politiques.
Tableau 13 : Croisement de l'appartenance à un
parti politique par rapport l'influence ethnique sur le parti.
Modalités
|
Oui
|
Non
|
Ne sait pas
|
TOTAL
|
CAR
|
13
|
18
|
5
|
35
|
Ex-RPT
|
46
|
12
|
12
|
65
|
UFC
|
13
|
24
|
7
|
36
|
TOTAL
|
72
|
54
|
24
|
150
|
N.B. Les valeurs du tableau sont les nombres des effectifs de
chaque couple de modalités.
Ce croisement révèle que 46
enquêtés de l'ex-RPT reconnaissent que leur parti est sous
influence ethnique, pour 13 enquêtés pour le CAR, de même
que pour l'UFC. A contrario, 18 enquêtés du CAR pensent que non et
5 enquêtés ne savent pas, pour 24 enquêtés pour l'UFC
et 7 enquêtés qui ne savent pas ; contre 12 enquêtés
de l'ex-RPT qui disent non et 12 qui ne savent pas. On peut affirmer que
l'ex-RPT est plus influencé par le phénomène ethnique.
Graphique 3: répartition des enquêtés
selon la cause de l'influence ethnique sur le parti
Cause
Non réponse 15,5%
16,3%
Politique du parti
23,8%
Situation socio politique du pays
|
6,3%
8,8%
|
|
13,0% 13,0%
|
|
3,3%
|
Instauration du multipartisme
Paysage ethnique du pays
Non application des textes
Contraintes des leaders sur leur population ethnique Autre
Il ressort de ce graphique que 23,8% considèrent que la
cause de l'influence ou de la dominance ethnique sur les partis politiques est
due à la situation politique du pays ; mais au même moment 16,3%
pensent que la politique de certains partis politiques favorise cela. D'autres
enquêtés, 8,8% rejettent la cause sur le paysage ethnique du pays.
Un même pourcentage d'enquêtés soit 13% croient que c'est la
non-application des textes en vigueur ou la contrainte des leaders politiques
sur leur population ethnique qui causent cette influence. Il faut relever aussi
la cause dans l'instauration du multipartisme selon 6,3% des
enquêtés et d'autres comme le privilège à son
ethnie, l'orgueil des leaders entre autres, ce que 3,3% des
enquêtés pensent. Nous signalons les 15,5% de
non-réponses.
Il faut comprendre par ici que la situation politique du Togo
est un handicap pour son processus démocratique, bien même que la
responsabilité des partis politiques et des leaders politiques ne
peuvent être écartées.
III.3- IMPACT DU PHENOMENE ETHNIQUE SUR LA STRUCTURE ET
LE FONCTIONNEMENT DES PARTIS
Tableau 14 : répartition des enquêtés
selon que l'ethnie joue sur la formation du bureau et le fonctionnement de leur
parti
Modalité
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
80
|
53,3
|
Non
|
52
|
34,7
|
Ne sait pas
|
18
|
12
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Le présent tableau nous indique que parmi ceux qui se
sont prononcés par rapport à la question, 80 soit 53,3% pensent
que l'ethnie joue dans leur parti politique sur la formation du bureau et le
fonctionnement du parti ; alors que 18 soit 12% prétendre ne rien
savoir. Par contre, 52 soit 34,7% des enquêtés disent non à
la question. Ces réponses montrent qu'au niveau même des partis
politiques l'alternance ne suit pas une règle démocratique.
Tableau 15 : répartition des
enquêtés selon l'impact de l'ethnie sur la structure et le
fonctionnement du parti
Impact terrain
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Positif
|
40
|
26,7
|
Négatif
|
62
|
41,3
|
Aucun
|
45
|
30
|
Autres
|
3
|
2
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Interrogés sur la question de savoir l'impact que
l'ethnie a sur la structure et le fonctionnement des partis politiques, 62
enquêtés (41,3%) répondent que cela est négatif et
40 enquêtés (26,7%) pensent que c'est positif. On a aussi 45
enquêtés (30%) qui ne voient aucun impact et d'autres
enquêtés (2%) qui croient que c'est possible.
Tableau 16 : Croisement entre les partis politiques et
l'impact du facteur ethnique sur leurs activités sur le
terrain
Modalités
|
Positif
|
Négatif
|
Aucun
|
Autres
|
TOTAL
|
CAR
|
13
|
10
|
13
|
0
|
36
|
Ex-RPT
|
22
|
28
|
17
|
3
|
70
|
UFC
|
6
|
23
|
13
|
2
|
44
|
TOTAL
|
41
|
61
|
43
|
5
|
150
|
Ce tableau ne vient qu'approfondir les résultats du
tableau précédant. Nous voyons ici clairement que c'est l'ex-RPT
et l'UFC déplorent en grand nombre, respectivement 28 et 23
enquêtés, l'aspect négatif du phénomène sur
leur structure et fonctionnement. Le CAR lui à proportion égale
(13 enquêtés) affiche que cet incident n'a aucun impact sur le
parti, au même moment que le côté positif est
affiché. Ici se dévoile clairement l'instrumentalisation du
phénomène ethnique. On peut donc y déduire ici que le
phénomène est devenu habituel que
l'on ne voit plus son impact, ou que l'on feind d'admettre la
réalité des faits, ou encore que effectivement sur le terrain
l'on évite tout ethnicisation des activités afin de
préserver au maximum l'électorat.
Tableau 17 : répartition des enquêtés
selon que l'impact du facteur ethnique privilégie
l'adhésion ou l'action du parti à une ethnie
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
63
|
42
|
Non
|
81
|
54
|
Autres
|
6
|
4
|
TOTAL
|
150
|
100
|
On retient de ce tableau que parmi les personnes soumises
à notre étude 54% disent non à la question de savoir si
leur parti privilégie une ethnie donnée dans l'adhésion,
et 42% pensent le contraire. 4% de l'échantillon pense que c'est
possible.Il y a une impartialité qui se dessine dans l'adhésion
des partis politiques en considérant ce tableau.
Graphique 4 : répartition des
enquêtés selon à qui profite le phénomène
ethnique
Profite
10,7%
18,7%
4,8%
24,6%
Non réponse Aux Togolais
A la population ethnique majoritaire dans le parti Aux membres du
parti
Aux responsables du parti
Autres
28,3%
12,8%
Ce graphique nous montre à qui profite le
phénomène ethnique au sein des partis politiques. A cela, 24,6%
des enquêtés pensent que c'est au responsable de parti ; 12,8% des
enquêtés aux membres des partis politiques ; 10,7% des
enquêtés soit aux gouvernements ou aux politiciens, soit à
personnes. Le grand lot soit 28,3% des enquêtés l'attribue
à la
population ethnique majoritaire dans le parti. Notons qu'une
portion de 4,8% des individus disent que c'est aux Togolais, quand 18,7% des
individus non pas donnés de réponses. Les partis politiques sont
alors de regroupements collectifs d'une même provenance ethnique, aspect
qui rend caricaturaux ces derniers.
Tableau 18 : répartition des enquêtés
selon l'influence du facteur ethnique sur l'alternance au sein du
parti
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
69
|
46
|
Non
|
56
|
37,3
|
Ne sais pas
|
25
|
16,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Sur les 150 enquêtés, 25 ne savent pas si au
niveau de l'alternance de leur parti l'influence ethnique joue ou pas. Par
contre, 69 pensent que oui et 56 le contraire.Ceci remet en cause la culture
démocratique des partis politiques, ou carrément demande à
ce que l'on considère l'ethnie dans nos milieux politiques.
Tableau 19 : répartition des
enquêtés selon que l'effet de l'ethnicisation fragiise ou
peut détruire la cohésion
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
D'accord
|
127
|
84,7
|
Pas d'accord
|
10
|
6,7
|
Ne sais pas
|
13
|
8,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
A ce niveau, 127 enquêtés soit 84,7% sont
conscients que l'effet de l'ethnicisation peut détruire la
cohésion sociale. Le reste des réponses se partagent entre ceux
qui ne sont pas d'accord soit 6,7%, ceux qui ne savent pas 8,7%.
Les données de ce tableau démontrent que les
enquêtés savent les conséquences négatives de ce
phénomène. L'une des conséquences est le conflit ethnique
que cela peut occasionner. Cette connaissance de la chose permet a priori
d'oeuvrer pour l'éviter.
Tableau 20 : répartition des
enquêtés selon qu'il y a un lien entre les résultats du
parti aux différentes élections et le facteur
ethnique
Rapport Election
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
85
|
56,7
|
Non
|
21
|
14
|
Ne sais pas
|
16
|
10,7
|
Non-réponse
|
28
|
18,7
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Dans notre échantillon, 56,7% soit 85 membres
consultés affirment qu'il y a un lien entre les résultats de leur
parti aux différentes élections et le facteur ethnique, contre
14% soit 21 membres qui pensent l'inverse. Vingt-huit (28)
enquêtés soit 18,7% n'ont pas répondu à cette
question et 16 membres soit 10,7% ne savent pas si cela est vrai ou faux. Cela
montre que le vote ethnique est conseillé et entretenu par les
partis.
Tableau 21 : répartition des
enquêtés selon l'influence du facteur ethnique sur
les activités sur le terrain
Activités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
60
|
40
|
Non
|
76
|
50,7
|
Ne sais pas
|
14
|
9,3
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Selon ce tableau, 50,7% des enquêtés pensent que
l'activité de leur parti politique sur le terrain n'est pas
influencée par le facteur ethnique ; alors que 40% affirment le
contraire. Le pourcentage de ceux qui ne savent pas est de 9,3%. Ceci indique
que leur action sur le terrain est tournée vers tous milieux
nécessaires.
IV.4- ATTITUDES A ADOPTER FACE AU PHENOMENE DE
L'ETHNICISATION DES PARTIS POLITIQUES
Tableau 22 : répartition des enquêtés
selon que l'ethnicisation des partis politiques est
un fait inévitable
Modalités
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
44
|
29,3
|
Non
|
82
|
54,7
|
Ne sais pas
|
24
|
16,0
|
TOTAL
|
150
|
100
|
L'examen des données consignées dans le tableau
indique que 82 (54,7%) des enquêtés reconnaissent que
l'ethnicisation n'est pas un fait inévitable ; ce qui est
inévitable pour les 44 (29,3%) enquêtés. 24 des
enquêtés ne savent rien de cela.
Ceci est rassurant dans la mesure où, la
majorité des enquêtés ne perçoivent pas le
phénomène ethnique comme une situation figée, un
phénomène cristallisé que l'on ne peut endiguer.
Graphique 5 : répartition des
enquêtés selon ce qu'on peut faire pour
éviter l'ethnicisation des partis politiques
Eviter phénomène
3,7%
7,1%
3,0%
18,7%
32,6%
34,8%
Non réponse
Légaliser le phénomène Appliquer la loi en
vigueur Former les leaders
Arrêter la discrimination ethnique
Autre
Sur la question de ce que l'on peut faire pour éviter
l'effet de l'ethnicisation sur les partis politiques, le graphique ci-dessus
nous montre que 32,6% enquêtés disent que c'est à partir de
la formation des leaders politiques ; 34,8% enquêtés pensent que
c'est à partir de l'arrêt de la discrimination que c'est
évitable. Seulement 18,7% enquêtés croient en l'application
de la loi, et moins encore 3% demandent la légalisation du
phénomène de l'ethnicisation. Nous avons 7,1% d'individus qui
n'ont pas donné de réponses, et 3,7% qui ont d'autres solutions
comme << censurer la mention ethnie dans toutes activités
administratives », << inculquer la culture
républicaine, tout en faisant une bonne répartition des biens de
l'Etat », << sensibiliser, éduquer et conscientiser
les citoyens à la démocratie » et comme, <<
que les leaders adoptent un discours d'apaisement ». Ses
résultats attestent que les membres des partis politiques ont tout le
nécessaire pour faire face à ce phénomène.
Tableau 23 : répartition des enquêtés
selon l'application du système de quota par
l'ethnie
Système de quota par ethnie
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Contribution
|
62
|
41,3
|
Entorse
|
79
|
52,7
|
ne sais pas
|
9
|
6
|
TOTAL
|
150
|
100
|
Le présent tableau nous indique que la plupart des
enquêtés sont contre l'idée d'un système de quota
à hauteur de 52,7% (79 enquêtés), le trouvent comme
étant une entorse à la politique togolaise, pour 41,3% (62
enquêtés) qui croient au contraire que ce sera une contribution.
Le nombre des enquêtés ne maîtrisant pas la question est de
6%. A partir de cette observation, le système de quota n'est pas
approprié ; mais 3% propose la légalisation du
phénomène ethnique. (cf. graphique n°5)
CHAPITRE IV : INTERPRETATION DES RESULTATS,
VERIFICATION DES HYPOTHESES ET SUGGESTIONS
L'objectif visé par notre recherche est de
vérifier le fondement de notre hypothèse à la base des
résultats de notre enquête ; l'hypothèse principale est la
suivante : «L'ethnie est un instrument qui favorise l'accès
à un parti politique et qui influence son fonctionnement. » Cette
partie sera donc consacrée à l'interprétation des
résultats, ce qui permettra de procéder à la
vérification de nos hypothèses, pour enfin aboutir sur les
suggestions.
IV.1- INTERPRETATIONS DES RESULTATS ET VERIFICATIONS
DES HYPOTHESES
Dans les lignes qui vont suivre, nous procéderons
à l'interprétation des données présentées
après dépouillement, tout en tenant compte des observations et
des entretiens menés sur le terrain. Nous essayerons alors de
bâtir cette partie sur deux points essentiels dont le premier concernera
l'engagement politique qui dépend de plusieurs paramètres, et le
second va se pencher sur la relation ethnie/fonctionnement des partis
politiques. Nous procéderons à la fin à la
vérification de notre hypothèse du départ.
IV.1.1- Engagement politique
Il s'agit ici de montrer quels sont les paramètres qui
rentrent en jeu dans l'engagement politique d'un individu.
IV.1.1.1- Appartenance à une ethnie
donnée.
Nous avons dans le but d'aboutir à notre recherche,
introduite la question qui nous permettra de savoir au sein des partis
politiques, quelle ethnie ou quelles sont les ethnies les plus
représentatives. Selon le résultat recueilli dans le tableau
n°3, plus d'une dizaine d'ethnies ont été
mentionnées, mais nous pouvons remarquer que quatre principales ethnies
dépassent la barre des 10%. On voit en premier les Ewé avec
22,7%, suivi des Guin avec 21,3%, ensuite les Ouatchi 16,7% et enfin les
Kabyè avec 10%. Ces pourcentages nous révèlent alors que
les ethnies Ewé, Guin, Ouatchi et Kabyè s'intéressent plus
à la politique, ou s'engagent plus dans un parti politique que les
autres ethnies.
En procédant à un croisement des tableaux
n°3 et n°9, « quelle est votre ethnie ? Et à quel
parti politique appartenez-vous ? », et en ne considérant que
les quatre ethnies nous avons le tableau ci-dessous :
Tableau n°24 : croisement entre l'ethnie d'origine
des enquêtés et leur appartenance
politique
Modalités
|
Non-réponse
|
CAR
|
ex-RPT
|
UFC
|
TOTAL
|
Ewe
|
8,8
|
20,6
|
38,2
|
32,4
|
100
|
Guin
|
6,3
|
12,5
|
43,8
|
37,5
|
100
|
Kabyè
|
40
|
0
|
53,3
|
6,7
|
100
|
Ouatchi
|
0
|
36
|
32
|
32
|
100
|
N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne
établis sur 150 observations.
Ici on voit clairement dans quel parti politique s'engagent
plus les ethnies. Les Ewé, par exemple, sont nombreux dans l'ex-RPT
(38,2%), ensuite l'UFC et le CAR. Avec les Guin, c'est la même analyse.
Pour les Kabyè, 53,3% sont de l'ex-RPT, ensuite 6,7% dans l'UFC et aucun
dans le CAR. Les Ouatchi, on le voit est plus dans le CAR et partage le
même pourcentage dans l'ex-RPT et l'UFC.
Retenons donc qu'à part la présence massive de
ces quatre ethnies, elles ont chacune une attirante vers un parti politique
bien précis. Les Ouatchi optent plus pour le CAR ; les Kabyè, les
Guin et les Ewé sont plus tournés vers l'ex-RPT. Néanmoins
la présence des Guin et Ewé est importante dans l'UFC
également. Cela nous conduit à dire qu'à un parti
politique une ethnie. Et c'est à bon droit que l'on pense vulgairement
que le CAR c'est pour les Ouatchi, puisque le fondateur est de cette ethnie et
de même que le nouveau président de ce parti ; l'ex-RPT pour les
Kabyès, parce qu'aussi << le fondateur » était
kabyè, de même que leur secrétaire général,
et le président de la république qui est de ce parti ; et l'UFC
pour les Guin et Ewé, pour les mêmes raisons que les
précedents.
Pour cela, un cadre de l'ex-RPT nous révèle en
ces termes : << l'homme a tendance à faire confiance à
sa cellule de base. Le parti étant dirigé par un Kabyè et
comme les Kabyè lui doivent tout puisqu'ils pensent qu'il les a
sauvés des griffes de Sylvanus Olympio, ils adhèrent tous
à ce parti pour conserver le pouvoir afin d'être
protégés et par gratitude. C'est ce qui continue aujourd'hui. En
plus de cela, c'est mal vu aussi d'être Kabyè et de ne pas
être du RPT ». Mais cette analyse porte des insuffisances que
nous allons relever en introduisant, dans l'engagement politique le niveau
d'étude.
.IV.1.1.2- Niveau d'étude
Le domaine politique est un milieu ouvert que l'on peut
accéder avec un militantisme de base, néanmoins celui qui s'y
engage doit nécessairement avoir un minimum de connaissance. A cet
effet, 72% des enquêtés ont atteint le niveau d'études
supérieures et très peu sont dans les niveaux inférieurs
(cf. tableau n°4). Il se dessine ici que même si les partis
politiques ont besoin des voix de tous pour la victoire, ceux qu'ils recrutent
véritablement requièrent un niveau d'étude
supérieure.
Il est intéressant de voir quelle ethnie a plus
d'enquêtés, ayant fait des études supérieures. Voici
donc, le tableau du croisement de ces deux variables ci-dessous :
Tableau n°25 : croisement entre l'ethnie d'origine
des anquêtés et leur niveau d'étude
Modalités
|
Non instruit
|
Primaire
|
Secondaire
|
Lycée
|
Supérieur
|
Ewe
|
0
|
0
|
30
|
17,6
|
24,8
|
Guin
|
0
|
0
|
30
|
5,9
|
24,8
|
Kabyè
|
0
|
0
|
0
|
17,6
|
10,1
|
Ouatchi
|
0
|
0
|
20
|
17,6
|
18,3
|
TOTAL
|
0
|
0
|
100
|
100
|
100
|
N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en colonne.
On remarque de facto les ethnies Guin et Ewé
qui ont le même d'enquêtés ayant atteint le secondaire (30%)
; viennent ensuite les Ouatchi (20%). Les Kabyès eux ont essentiellement
atteint le lycée (17,6%) et la supérieure (10,1%). Cela peut
s'expliquer par la forte démographie des ethnies Guins, Ewé et
Ouatchi par rapport aux Kabyè.
Mais avant de mener à bien notre interprétation,
faisons un croisement de nouveau entre les partis politiques et le niveau
d'étude :
Tableau n°26 : croisement entre l'appartenance
politique et le niveau d'étude des
enquêtés
Madalités
|
Non instruit
|
Primaire
|
Secondaire
|
Lycée
|
Supérieur
|
TOTAL
|
CAR
|
0
|
0
|
14,3
|
11,4
|
71,4
|
100
|
ex-RPT
|
0
|
0
|
3,6
|
10,9
|
85,5
|
100
|
UFC
|
0
|
2,8
|
5,6
|
13,9
|
72,2
|
100
|
N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne.
Ici, l'ex-RPT a en son sein 85,5% de membres qui ont atteint
un niveau d'étude supérieure, l'UFC dispose de 72,2% de membres
ayant atteint le supérieur, et le CAR 71,4%. Il faut noter que seule
l'UFC à 2,8% de membres ayant atteint le primaire ; les non-instits il
n'y a en dans aucun des trois partis.
De ces deux croisements de tableaux, nous pouvons soulever que
l'ex-RPT et les Kabyè renferment plus des enquêtés ayant un
niveau d'étude élevé. Cela rejoint les propos d'un membre
de l'ex-RPT qui disait au cours d'une émission sur les plateaux d'une
télévision
togolaise que : << la dissolution de ce parti sera
une libération pour l'élite kabyè, car ayant
étépour la plupart boursier à la solde de ce
parti État. Aussi, étant kabyè et ne pas appartenir
à
ce parti ressemble à une trahison, et par
conséquent on est mal vu, vilipendé. » C'est donc par
gratitude ou comme l'affirme les 13% des enquêtés (cf. graphique
n°2) par contrainte des leaders sur leur population ethnique. Ces faits
traduisent la présence de l'ethnie dans l'engagement politique,
même dans le cas d'une considération d'un niveau
d'étude.
IV.1.1.3- Les déterminants de choix à un
parti politique
Cette troisième étape concernant l'engagement
politique sera essentiellement axée sur les motivations qui poussent les
individus à adhérer à tel parti politique qu'à tel
autre. Dans la présentation de nos résultats, il ressort que la
plupart qui choisissent un parti politique, c'est par rapport au programme
social du parti soit 47,3% (cf. graphique n°2). Cela démontre la
maturité politique des membres qui adhèrent les partis
politiques.
L'objectif d'un parti politique étant la conquête
et l'exercice du pouvoir, ces derniers doivent se munir d'une idéologie
directrice dans lequel se dessinera la gestion du pays afin de le conduire vers
le développement. Néanmoins, 42,7% des enquêtés font
le choix en considérant la confiance que leur incarne le leader du parti
; aussi d'autres vont jusqu'à choisir juste parce que c'est le parti au
pouvoir (15,3%), ou par affinité ethnique et/ou familiale (7,3%), ou
encore pour suivre des amis (6%). Cela ne reflète pas l'allure d'un
parti politique, mais d'une association de quartier ou d'un collectif.
Au cours de l'entretien avec un responsable du CAR, ce dernier
nous fait savoir que << tout parti politique à son fief.
Ainsi, comme le président est de yoto et par conséquent ouatchi
cela se voit que ce groupe le suive plus. » En dépit de tout
cela, toujours est-il que le niveau d'étude joue nécessairement
comme nous l'avions souligné dans l'engagement politique d'un individu.
A partir du lycée et plus dans le supérieur, les individus sont
plus orientés par le programme pour adhérer à un parti
politique. C'est l'attitude du choix
rationnel. Mais poussons l'analyse plus loin, en croissant les
variables ethnie et choix du parti politique :
Tableau n°27 : croisement entre l'ethnie d'origine
et la raison du choix du parti politique par les
enquêtés
Modalités
|
Akposso
|
Bassar
|
Ewe
|
Guin
|
Kabyè
|
Kotokoli
|
Ouatchi
|
Autres
|
TOTAL
|
Confiance au
leader
|
6,3
|
1,6
|
20,3
|
20,3
|
7,8
|
4,7
|
25
|
14,1
|
100
|
C'est le pouvoir en place
|
0
|
0
|
30,4
|
30,4
|
13
|
4,3
|
17,4
|
4,3
|
100
|
affinité ethnique
et/ou familiale
|
0
|
0
|
18,2
|
36,4
|
9,1
|
0,0
|
18,2
|
18,2
|
100
|
Programme convaincant
|
2,8
|
2,8
|
22,5
|
21,1
|
7
|
8,5
|
21,1
|
14,1
|
100
|
Pour suivre des
amis
|
0
|
0
|
11,1
|
44,4
|
0
|
11,1
|
33,3
|
0
|
100
|
N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne.
En nous limitant aux quatre partis politiques du
départ, le tableau affiche que l'Ewé et le Kabyè ont fait
leur choix en considérant que le parti politique est le pouvoir en
place. On ne peut que dire que le choix du parti politique, parce que c'est le
parti au pouvoir peut traduire que l'on s'engage pour les privilèges
afférents au pouvoir. Sinon, pourquoi choisir un parti qui est au
pouvoir si ce n'est pour profiter des avantages du pouvoir ? Cette question
peut trouver sa réponse dans ce que nous révèle un
responsable de ALLIANCE en ces termes << la politique togolaise n'est
pas en tant que telle ethnique, mais c'est plus pour l'intérêt
qu'on y
arrive. Les sudistes, c'est pour trouver un minimum de
privilège qui est aux mains des Kabyêet ces derniers et le Nord
pour maintenir leur hégémonie >>. Le Guin lui, fait
son choix par
affinité ethnique et/ou familiale ; ce qui rejoint un
peu le Ouatchi qui suit un ami ou met la confiance en son leader. Cela atteste
les dires du responsable d'une association de la société civile
en ces termes : << l'instinct grégaire est un handicap
sérieux pour les partis politiques, l'administration... >>
La réalité qu'exprime l'engagement politique, en
tenant compte des paramètres évoqués, concerne plus
l'aspect d'adhésion à un parti politique, qu'il serait mieux de
voir avec la réalité sur terrain.
IV.1.2- Relation entre l'ethnie et le fonctionnement des
partis politiques
Nous allons, dans cette deuxième partie de notre
interprétation, nous focaliser sur les deux dernières
échéances électorales dans notre pays à savoir : la
législative de 2007 et la présidentielle de 2010, pour mettre en
évidence ce facteur ethnique sur le fonctionnement des partis
politiques. Ceci pour pouvoir corroborer les analyses du tableau n°20, qui
montre que 56,7% des enquêtés reconnaissent qu'il y a un rapport
entre les résultats du parti aux élections et le facteur
ethnique, bien même que la majorité (50,7%) des membres des partis
enquêtés rejettent le fait que le facteur ethnique influence leur
activité sur le terrain (cf. tableau n°21).
Mais avant cela, relevons que 53,3% des enquêtés
reconnaissent que le facteur ethnique joue sur la formation de leur bureau,
contre 34,7% qui disent non (cf. tableau n°14). Ceci sert à montrer
seulement que les partis politiques se structurent à partir de l'ethnie
majoritaire ou de l'ethnie du leader. C'est ce qu'un responsable de l'UFC nous
confie lors de l'entretien : << nous remarquons que les bureaux se
font par favorisation d'une ethnie, ce qui n'est pas juste. On ne tient pas
contre des autres » ; cette même préoccupation est
soulevée par un cadre sudiste de l'ex-RPT : << on ne fait pas
confiance en nous qui sommes du Sud, même si on nous confie une
responsabilité, on n'est toujours surveillé par un Kabyè
surtout, car on dit que nous sommes des traites ». Ainsi dans la
forme, certains partis politiques respectent ou pratiquent un <<
panachage ethnique » impeccable, mais dans le fond c'est un
saupoudrage.
En revenant donc aux activités des partis, surtout par
rapport aux élections, procédons à un croisement de ces
données avec l'appartenance au parti politique :
Tableau n°28 : croisement entre le rapport entre
l'ethnie et les résultats des élections et l'appartenance au
parti politique des enquêtés
Modalités
|
Non-
|
Oui
|
Non
|
Ne sais pas
|
TOTAL
|
CAR
|
0
|
82,9
|
8,6
|
8,6
|
100
|
ex-RPT
|
3,6
|
69,1
|
20
|
7,3
|
100
|
UFC
|
13,9
|
50
|
19,4
|
16,7
|
100
|
N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne.
Ce croisement nous révèle de façon
concrète, quel parti politique est réellement sous l'influence
immédiate du facteur ethnique, surtout dans le contexte des
élections. Au sein du CAR 82,9% des membres enquêtés
répondent oui à cette question ; au niveau de l'ex-RPT on
trouve 69,1%, et dans l'UFC 50%. Essentiellement donc, tous
ces partis s'appuient sur une ethnie. En entretien avec un responsable du CAR
à qui nous demandions si l'élection du nouveau président
de leur parti n'est influencée par le facteur ethnique, il répond
en ces termes << le choix n'est pas influencé par le facteur
ethnique puisque c'est une élection avec plusieurs candidats, mais
toujours est-il qu'en votant les membres peuvent avoir le souci de conservation
de l'électorat acquis au CAR, qui est le Yoto, et par là les
Ouatchi ».
Tout ceci nous oriente vers le fait que des partis politiques
cherchent à établir un vote ethnique ou prennent en compte
l'identification partisane du paradigme de Michigan. Par cette
dernière, on montre que le comportement électoral est
analysé comme résultante d'un champ de forces psychologiques. On
arrive à prévoir le vote des électeurs, en
déterminant << l'orientation et l'intensité de leurs
attitudes à l'égard des divers objets politiques (candidats,
partis, programmes) ». (Danioue, 2009 : 13) C'est donc un attachement
effectif à un groupe de référence ou à un
leader.
En nous conférant aux annexes I et II de notre travail,
il est bien clair cet aspect. Au niveau de l'annexe II, l'ex-RPT à
l'élection présidentielle a raflé tous les votes de toutes
les régions sauf la région maritime qui a voté pour l'UFC
; exception faite aussi de la préfecture de Yoto qui est acquis au CAR.
Ceci étant, tous les endroits où sont originaires les leaders de
parti politique, ont accordé leur voix au << fils du terroir
». La nuance est à faite concernant
l'ex-RPT qui a eu de voix presque partout, même si son
candidat à des liens familiaux kabyèet éwé de
Kloto, il faut souligner plus son expérience et surtout le fait qu'il a
presque de façon
égale les membres de la plupart des ethnies. (cf. tableau
n°24)
Toute cette implication du facteur ethnique entrainant la
division Nord/Sud comme le révèle le tableau n°8, n'est
qu'une pure manipulation à des fins politiques. Par conséquent,
une volonté doit animer tous citoyens togolais pour finir avec ce
phénomène, comme 54,7% contre 29,3% (cf. tableau n°22) juge
cela évitable. Mais la question qui se pose est de savoir à qui
imputer cela ? Et que faire pour éviter cette situation ? Pour la
première question, les personnes interviewer sont unanimes <<
c'est un fait colonial », mais d'autres ajoute le parti
politique RPT qui était au pouvoir depuis quarante. Selon le membre
de la société civile << il est clair que le RPT
à un moment donné, à commencer par insérer le
clivage Nord/Sud ou le clivage kabyè/éwé (guin) dans la
vie politique togolaise pour toujours garder l'électorat du Nord
». Pour la seconde question, par le graphique n°5, il ressort que
c'est dû à la discrimination ethnique qu'il faut donc
éviter. A cet effet, le rapport de Human Rights de 2010 sur le
Togo, révèle dans ce cas que
<< la dominance relative des groupes ethniques du Sud
dans le secteur privé, notamment dans le commerce et les professions
libérales, et la relative prédominance dans le secteur public et
particulièrement dans les forces de sécurité, des membres
du groupe ethnique kabyè, dont sont issus l'ancien et l'actuel
président, et des autres groupes ethniques du Nord, étaient
à l'origine de tensions politiques. Les partis politiques avaient
tendance à avoir des bases ethniques et régionales facilement
identifiables : ainsi, le RPT comptait plus d'adhérents des ethnies du
Nord que du Sud ; l'inverse était également vrai pour les partis
de l'opposition comme l'UFC et le CAR. » (2010 : 20)
Par ailleurs, dans le graphique n°5 toujours, 18,7% des
enquêtés demandent l'application des textes en vigueur pour
pouvoir éviter l'ethnicisation. On déplore donc, la
passivité des autorités compétentes dans ce domaine.
Au vue de tout ce qui précèdent, il est donc
important de faire face à l'ethnicisation des partis politiques,
d'autant plus que 84,7% des enquêtés contre 6,7%, pensent que cela
fragilise ou peut détruire la cohésion sociale (cf. tableau
n°19) ; et surtout que 52,7% des enquêtés pensent que c'est
une entorse de proposer un système de quota par l'ethnie dans la
politique togolaise (cf. tableau n°23). Dans les interviews de
façon unanime, les 6 personnes trouvent qu'à long terme <<
la manipulation ethnique du clivage Nord/Sud, engendrera un conflit
ethnique comme cela est le cas dans la plupart des pays d'Afrique ».
En plus d'un éventuel conflit, il est important de voir que cette
manipulation même si elle ne fragilise pas la cohésion sociale de
nos jours, elle peut à la longue la détruire. Ce que
révèle le tableau n°19. L'un des responsables de l'ANC dit
à cet effet : << le rapport entre le Nord et le Sud, ou le
kabyè et l'éwé (ou guin) est très convivial
aujourd'hui, puisque même les métissages continuent par des
mariages dont je suis la preuve, ma femme est du Nord. Il y a une cohabitation
parfaite dans les quartiers, dans les services, c'est seulement sur l'aspect
ethnique que la division survient ». << Fragilité
non, mais destruction de la cohésion, oui si rien n'est fait dans ce
sens » nous dit un membre de l'ex-RPT. Tout cela est rassurant
surtout venant des acteurs de la vie politique togolaise. Le reste c'est de
trouver comment arriver à endiguer << la pathologie »
IV.1.3- Vérification des hypothèses
Nous pouvons nous demander, au bout de ce parcours
théorique (recherche documentaire) et pratique (enquêtes et
entretien sur le terrain) si les hypothèses qui soustendent cette
étude sont vérifiées ou non. Autrement dit, si les
réponses provisoires que nous avions données au départ
sont confirmées ou infirmées.
En ce qui concerne notre recherche sur « l'ethnie dans le
fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT et de
l'UFC », nous avions posé trois hypothèses :
> Les partis politiques tiennent compte de l'aspect ethnique
dans leur recrutement, ainsi que dans leur mode de fonctionnement.
> L'ethnicisation des partis politiques cause la diminution du
lien social et la cristallisation du clivage Nord/Sud.
> L'amoindrissement du pouvoir de l'Etat provient de
l'ethnicisation des structures des partis politiques.
L'interprétation de toutes les données
recueillies et analysées atteste que seule l'hypothèse 3 n'a pas
été catégoriquement confirmée. Retenons quand
même qu'en ce qui concerne l'hypothèse 2, bien qu'elle soit
confirmée, de par cette recherche aussi il est ressorti qu'il peut
être endigué. Il y a donc de l'espoir à ce que le Togo
connaisse un avenir sans cette cristallisation ethnique.
IV.2- SUGGESTIONS
Dans le cadre de ce travail, portant sur « l'ethnie dans
le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT et de
l'UFC», l'ethnicité a été observée comme un
phénomène flexible qui prend la forme que lui donnent les acteurs
sociaux et surtout politiques. L'ethnicité cesse donc d'être un
produit de la reproduction de différenciation naturelle de la
société togolaise, tant bien que cet aspect est réel suite
à son passé historique, pour devenir un produit
différentiel de l'activité socio-politique.
Le politique utilisera de façon drastique cette
dissension comme instrument de lutte politique. Cela se reflète au sein
des partis politiques où leur situation est profondément
minée par le phénomène d'ethnicisme.
Il est important alors au terme de cette étude,
d'adresser à l'endroit des différents protagonistes ou acteurs de
la vie politique togolaise quelques suggestions qui pourront être des
pistes de solutions pour pallier ce phénomène ethnique.
IV.2.1- Suggestions aux partis politiques
Nous allons présenter des suggestions sur l'aspect
structurel à travers les organes et sur l'aspect fonctionnel à
travers les activités et l'action militante.
a) Aspect structurel
- Les partis politiques devront être capables, au niveau
de leur structure et fonctionnement interne, de prohiber toutes formes de
comportements ou d'attitudes qui continueraient à perpétuer
l'ethnicisation. Pour cela, il est important que les partis politiques forment
leurs membres et sympathisants à une valeur républicaine et
citoyenne ; qu'ils tiennent compte de la compétence, de la
diversité ethnique dans la formation de leurs organes et
différentes délégations.
- Il est à noter que ladite recherche à fait
ressortir que la situation découlant de l'aspect ethnique n'est qu'une
instrumentalisation ou une manipulation politique. Dans ce cas, l'action des
politiques en tant que pouvoir en place ou en tant qu'opposition est à
soulever et à déplorer. Il faut par conséquent que les
partis politiques deviennent des structures qui évoluent sur des bases
démocratiques dans leur organisation. Pour cela, il faudra
qu'euxmêmes soient exemplaires, en adoptant des mesures
stratégiques pour éviter cette instrumentalisation.
b) Aspect fonctionnel
- Il faut que les partis politiques soient
représentatifs sur tout le territoire du pays. Aujourd'hui, la
présence des partis politiques dans certaines localités n'est
visible que lors des campagnes électorales. Leurs activités se
focalisent dans les zones qui leur sont favorables ou dans leurs
localités ethniques. Cette attitude ne favorise pas un climat de
confiance entre les populations qui forment l'électorat et les candidats
des partis politiques.
- Il est impérieux que les partis politiques
considèrent leur rôle de formateur ; pour cela, ils doivent
commencer par former leurs leaders, leurs membres et leurs militants de base
sur la question du clivage ethnique, ensuite éduquer la population
à un comportement plus républicaine à travers les
médias, les concours, les activités culturelles...
- Il faudra comprendre que l'ethnie n'est pas un instrument
politique, pas plus qu'une variable de la participation politique sur laquelle
il faut s'appuyer pour avoir de la popularité ou des voix. Il est bien
clair qu'aucun parti ne peut se prévaloir de gagner une
échéance électorale en s'appuyant rien que sur une ethnie.
Ils ont le droit de concourir au pouvoir comme leur recommande l'article 2 de
la charte des partis politiques qui reconnaît que les partis politiques
ont << pour objet de concourir à l'expression de la volonté
politique des citoyens et à leur formation civique », mais pas en
instrumentalisant l'ethnie.
- Il faut que les leaders évitent la stigmatisation de
l'autre, en changeant de discours à caractère ethniciste, en
évitant des campagnes à l'image de << mon camp doit
gagner, sinon on va voir », en menant des actions qui pourront
rassurés les ethnies désavantagées ou celles
avantagées, pour la nécessité de la consolidation de
l'Etat-Nation pour un développement intégral et durable.
IV.2.2- Suggestions aux autorités publiques
- L'implication des partis politiques dans la
réalité sociale et politique togolaise nécessite que l'on
porte une attention particulière à ces derniers. Le rôle
premier du pouvoir public (organes de l'Etat et même des
collectivités territoriales) est de promouvoir la cohésion
sociale et la << justice sociale » basée sur
l'équité (John Rawls) au sein du pays. Ainsi serait-il profitable
à tous, à ce que les pouvoirs publics mettent à la
disposition des partis politiques, des outils essentiels à leur
établissement.
- Il faudra pour une implantation de tous les partis
politiques dans le pays, qu'on assure leur sécurité et que l'on
veille à la cessation << des représailles » sur leurs
membres. Pour cela,
il faudra des cadres juridiques compétents et sains, de
même qu'une sensibilisation pour faire comprendre que l'adversité
politique, ou différence ethnique ne veut pas dire << ennemi
>>.
- L'un des aspects de l'ethnicisation des partis politiques
provient des financements de ces derniers. Ils sont pour la plupart du temps et
en grande partie financés par des familiers du responsable si ce n'est
pas le responsable lui-même, ou par des richissimes ayant la même
origine ethnique que le président. Pour ce faire, il faudra mettre
à la disposition des partis politiques le financement nécessaire
à leur fonctionnement, afin d'éviter le financement de ces
derniers par des groupes ou des individus d'une même ethnie qui feront
d'eux des << collectivités ethniques >>.
- L'administration doit être un lieu exemplaire sur
lequel pourront s'appuyer les partis politiques. Ainsi, le critère de
recrutement dans l'administration publique ne doit pas être un
critère ethnique ou par affinité ethnique. L'autorité
publique doit alors prendre ces responsabilités pour faire face à
ce phénomène d'ethnicisation du milieu du travail public, pour
aussi adopter une mesure tenant compte de la <<
représentativité dans la diversité >>.
- Etant le premier formateur, l'autorité publique doit
renforcer la formation publique, dans le domaine de l'éducation, afin
d'éveiller les consciences à un nationalisme et à faire
comprendre que les différences ethniques sont des richesses culturelles
pour le développement du pays. Il faut donc créer un cadre qui
permettra d'éveiller la conscience nationale.
- On peut aussi sur le plan culturel, organiser des colonies
de vacances. Cela permettra une meilleure connaissance du pays, une <<
imprégnation >> des valeurs culturelles de chaque partie de la
<< terre de nos aïeux >> qui conduirait donc à faire
tomber les barrières de clivages Nord/Sud ou de dissenssions ethniques
que l'on remarque. Ce sera aussi une contribution pour semer dans la jeunesse
l'unité du pays.
- Il faudrait aussi que les autorités prennent des
mesures nécessaires pour intensifier l'usage de la langue officielle
qu'est le français dans les lieux administratifs surtout, pour prohiber
tout étiquetage ethnique. Il est souvent frustrant qu'en allant dans
l'administration, sans se soucier de ton appartenance ethnique, on t'adresse la
parole en un dialecte que tu ne maîtrises pas. Tout cela instaure des
réseaux de népotisme, de favoritisme qui rejaillissent sur
l'organisation et le fonctionnement des partis politiques. C'est
nécessaire donc d'insister sur cet aspect afin que le canal de la
communication ne soit pas un blocage ou un moyen contributif à
l'ethnicisation.
IV.2.3- Suggestions à la société
civile
Les acteurs de la société civile sont des
personnes ressources en appui aux institutions publiques dans bon nombre de
domaines, que cela soit dans la lutte pour le respect des droits de l'homme,
dans la formation à la base, dans les sensibilisations, dans la
promotion du développement social et dans le processus de
démocratisation. La société civile est alors un <<
corps intermédiaire » qui assure le pont entre le peuple et la
classe politique d'où son rôle d'éveil de conscience.
- Il faudrait donc que la société civile
togolaise s'implique dans la formation civique du citoyen. Elle devrait oeuvrer
pour arriver à une attitude favorable pour le changement de comportement
vis-à-vis du phénomène ethnique. Ceci doit concerner les
partis politiques et les autorités publiques d'une part, afin qu'ils
arrêtent l'instrumentalisation de l'ethnie à des fins politiques ;
et d'autre part, la population civile pour qu'elle adopte une attitude
responsable d'acceptation de l'autre comme appartenant à une même
entité, tout en les amenant à une tolérance optimale par
rapport à l'autre.
- Il faudrait que la société civile
élabore des initiatives qui conduiraient à faire changer
l'état d'esprit des gens qui interviennent comme acteurs dans les
institutions et de la population tout entière. Pour cela, des
états généraux et des forums sur la question Nord/Sud et
sur la question des dissensions ethniques doivent être organisés
dans tout le pays, afin de savoir pourquoi les choses sont telles et comment,
faire pour les éviter.
- La société civile devrait s'investir dans la
formation des médias qui contribuent aussi à l'exacerbation de
ces clivages ethniques et de l'instrumentalisation politique du facteur
ethnique. Afin qu'ils puissent fonctionner comme un moyen de consolidation
sociale, il faut leur assurer une formation déontologique, pour les
amener à un professionnalisme. Ceci évitera leur
côté partisan dans la prise de position et leur permettra
d'accéder à une objectivité dans la diffusion de
l'information.
- Il va falloir que la société civile en tant
que cadre religieux conduise leurs fidèles, qui ne sont autres que la
population, à adopter un comportement humain basé sur les
principes religieux, dont entre autres la tolérance et l'acceptation de
l'autre comme << un autre moi ». La religion doit servir de creuset
dans lequel viendra fondre toutes nos divergences ethniques pour converger vers
un seul Dieu et par là une seule Nation.
Au-delà de toutes ces suggestions, la tâche doit
revenir à chaque citoyen dans sa relation avec sa mission
vis-à-vis de l'Etat, de se poser des questions et de chercher par son
comportement à répondre à chacune de ces questions. Ainsi,
il faut se demander : si en tant
qu'enseignant, agent d'administration, préfet, juge,
agent des forces de l'ordre, bref en tant que citoyen togolais, est-ce que
j'agis en fonction de mon intérêt, en fonction de
l'intérêt d'une portion de la société à
laquelle j'appartiens ou en fonction du plus grand nombre, en fonction de la
loi, ou en fonction de la République ? (J. Aglo, 2012 : 13)
CONCLUSION
En somme, << il y a au Togo, un problème dont on
n'aime pas parler : ni publiquement, ni officiellement. Et pourtant il se pose
dans sa complexité et dans sa laideur destructrice. » (V. Alipui
in préface T. G. Tété-Adjalogo, 2007) Nous sommes
face à un problème de << dissension ethnique» qui
plongeant ses racines dans le passé historico-colonial du Togo, mine
tous les domaines à savoir administratif, social, culturel, religieux,
économique, éducatif, et politique du pays. Mais c'est plus en
politique que ce phénomène s'exprime, ce pour quoi le but
poursuivi par ce modeste travail est de se pencher sur le thème,
<< l'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du
CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC ».
La question donc qui a orienté notre travail et qui
fonde son objectif est de savoir en quoi l'appartenance à une ethnie
conditionne l'accès à un parti politique et à son
fonctionnement au Togo. Tout au long de ce travail dont l'objectif était
de démontrer le rôle que joue l'ethnie dans le processus
d'adhésion aux partis politiques et dans leur fonctionnement au Togo,
nous avions eu à démontrer sans distinction que les partis
politiques retenus pour notre recherche sont tous influencés d'une
manière ou d'une autre par le facteur ethnique. Cela n'est pas toujours
voulu ou affiché, mais rien ne se fait pour pouvoir pallier au sein de
ses partis politiques cette situation.
Au terme de cette étude, que donc retenir. Il est bon
de savoir que l'étude du domaine politique rappelle parfois qu'il y a
des interrogations oubliées, moins par négligence que par une
imprégnation idéologique, qui conduit à considérer
spontanément comme allant de soi des situations qui ne sont que le
produit toujours précaire de l'histoire sociale. (F. Constantin, 1989 :
335) Par conséquent, la vie politique togolaise regorge de ces
interrogations oubliées, quant à ce qu'il s'agit de la question
ethnique. L'étude révèle que les partis politiques de
façon subtile, ne conditionne pas, mais privilégie
l'affinité ethnique dans l'adhésion à ces derniers. Cela
se dessine dans leur mode de fonctionnement qui est un facteur de la
cristallisation de du clivage ethnique, source, non d'affaiblissement, mais
d'une éventuelle destruction de la cohésion sociale de la
population togolaise. Aussi, le passé politique et social coloniale, la
volonté de maintenir le pouvoir pour jouir des avantages y
afférent, l'instinct grégaire toujours présent sont entre
autres les causent qui font persister le phénomène
d'ethnicisation des partis politiques.
Conscients de ce mal, l'enquête ressort qu'il
nécessaire d'arriver à estomper ce fait. Loin de
l'éradiquer, car faisant partie de nos réalités, il peut
par la sensibilisation, s'il n'est pas instrumentalisé, devenir une base
pour une unité dans la diversité. L'éducation n'est pas
aussi à nébligée, car comme le souligne R. Danioué
« un peuple qui n'est pas éduqué est exposé
à toutes sortes de manipulations mesquines des ambitieux forcenés
et est à la merci de n'importe quel rebouteux. » (Op. cit.:
124) Il est donc impérieux que les aspirations au développement,
les aspirations au bien-être pour tous, constituent désormais le
principe et la valeur de référence ainsi que le facteur de
fédération des intérêts du pays.
Aujourd'hui dans les pays issus de la colonisation, comme le
Togo, nous venons de le montrer que le phénomène ethnique est
indexé comme l'un des obstacles majeurs au fonctionnement de l'Etat, au
processus de démocratisation et surtout à la réalisation
d'un développement durable. C'est un facteur de tension et de conflit.
L'édification de l'Etat à l'opposé de toute reconnaissance
de la participation des ethnies à l'exercice du pouvoir ; ce qui se
concrétise dans la Constitution. Or, l'ethnie fait partie de nos
réalités existentielles.
Nous pouvons donc déduire que l'absence d'une
formalisation de la participation des ethnies à l'exercice du pouvoir
serait la cause des manipulations, qui font de l'ethnicité un facteur de
tension au bon fonctionnement de l'État. La question qui se
dégage et qui pourra être objet d'une recherche postérieure
est de savoir si l'ethnicité comme épreuve peut ainsi être
surmontée par son incorporation formelle au fonctionnement de
l'État ?
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TOULABOR C. M., 1986, Le Togo sous Eyadéma,
Paris, Karthala.
WEBER M., 1986, Économie et Société
(t.2), traduction française sous la direction de Jacques Chavy,
Éric de Dampierre, Paris, Plon.
YAGLA W. O., 1978, L'édification de la nation
togolaise, Paris, L'Harmattan. WEBOGRAPHIE
COSTEY P., << Les catégories ethniques selon F.
Barth », Traces. Revue de Sciences humaines [En ligne], 10 |
2006, mis en ligne le 07 avril 2009, consulté le 01 mars 2012. URL :
http://traces.revues.org/155
; DOI : 10.4000/traces.155.
TOULABOR C. M., « Togo: Les forces armées togolaises
et le dispositif sécuritaire de
contrôle (1&2) »,
www.letogolais.com/article.html?nid=2370,
consulté le 3/02/2012.
Http://www.toupie.org/Dictionnaire.
Http://photos.state.gov/libraries/togo/206034/gbolohoebk/Togo%20Human%20Rights
%20Report%20in%20French.pdf, consulté le 21/02/2012.
Http://www.strategicsinternational.com/25_10.pdf,
consulté le 03/02/2012.
Http://www.congoforum.be/upldocs/Discours%20de%20la%20Baule.pdf,
consulté le
15/02/2012.
Http://www.togocity.com/IMG/pdf/rapport_general_ltdh.pdf,
consulté le 28/02/2012.
ANNEXES
Annexe I
Résultat du scrutin législatif du
14 octobre 2007 en sièges
|
|
Annexe II Résultat de l'élection
présidentielle de 2010
|
|
|
Source MOE-Togo 2007 Source MOE-Togo 2010
ANNEXE III : Tableau des chefs de corps sous le
Gal Eyadéma Gnassingbé et sous Faure
Gnassingbé en 2005.
Source : Toulabor C., « Togo: Les forces armées
togolaises et le dispositif sécuritaire de contrôle (1&2)
ANNEXE IV : Liste des membres fondateurs et les membres
du bureau du CUT de 1941
et 1946
Source : Tété-Adjalogo, 2000, Histoire du TOGO.
La palpitante quête de l'Ablodé (1940- 1960), Paris, NM7
Editions.
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE
A NE PAS REMPLIR
- Numéro du questionnaire
- Date de l'enquête
Ce questionnaire structuré vous est adressé afin
de mener une étude sur le thème « l'ethnie dans le
fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT et de
l'UFC » dans le cadre de la rédaction de notre mémoire de
maîtrise, en sociologie politique.
Nous aimerions donc recueillir auprès de vous certaines
informations qui resteront bien sûr confidentielles. Nous vous prions de
répondre sincèrement aux questions posées afin de nous
aider à assurer la validité des résultats de notre
recherche.
A chaque question, il y a plusieurs réponses. Devant
ces réponses, il y a des chiffres. Pour répondre, vous encerclez
seulement le chiffre correspondant à votre réponse. Choisissez
seulement une seule réponse par question. Pour les questions Q205, Q209,
Q305 et Q403, vous pouvez choisir plusieurs réponses.
Merci d'avance pour votre disponibilité.
SECTION I : IDENTIFICATION DES
ENQUETES
N° d'ordre
|
Questions et filtres
|
Code
|
Passer à
|
Q101
|
Quel est votre sexe ? (Noter le sexe de
l'enquêté(e) sans lui poser la question)
|
Masculin 1 Féminin 2
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Q102
|
Quel âge avez-vous ? (Inscrivez-le)
|
|
|
Q103
|
d'origine ?
|
Quelle est votre préfecture
|
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Q104
|
Précisez votre ethnie
|
-Akposso 1
-Bassar 2
-Ewe 3
-Guin 4
-Kabyè 5 - Kotokoli 6
-Ouatchi . 7
- Autres (à préciser) 8
|
|
Q105
|
Quel est votre niveau d'étude?
|
- Non instruit 1 - Primaire 2
- Secondaire 3
- Lycée 4
- Supérieur 5
|
|
Q106
|
Dans quel secteur travaillez-vous ?
|
-Privé ... 1
- Public 2
- Pas de réponse 3
|
|
Q107
|
(Inscrivez-le)
|
Quel est votre lieu de résidence ?
.
|
|
SECTION II : PERCEPTION DE LA CAUSE DU PHENOMENE
ETHNIQUE AU SEIN DES PARTIS POLITIQUES
N° d'ordre
|
Questions et Filtres
|
Codes
|
Passer à
|
|
Croyez-vous qu'il y a une ethnie
|
- Oui 1
|
|
Q201
|
plus importante qu'une autre au
|
- Non .. 2
|
Q203
|
|
Togo ?
|
- Ne sais pas 3
|
Q203
|
|
Selon vous, y a-t-il une division ethnique entre le Nord
Togo et le
|
-Division ethnique réelle . 1
-Manipulation politique 2
|
|
Q202
|
Sud Togo, ou s'agit-il d'une
manipulation politique ?
|
-Les deux 3
|
|
|
|
-CAR 1
|
|
Q203
|
A quel parti politique appartenez- vous ?
|
-ex-RPT 2
-UFC 3
|
|
|
|
- Confiance au leader 1
|
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|
|
- C'est le pouvoir en place 2
|
|
|
|
-Affinité ethnique et/ou familiale 3
|
|
Q2041
|
Pourquoi avez-vous choisi ce
parti ?
|
- Programme convaincant 4
- Pour suivre des amis 5
|
|
|
|
- Autres (à préciser) 6
|
|
|
|
- Membres du bureau exécutif.......... 1
|
|
Q205
|
Quel est votre rôle dans le parti ?
|
- Membres actifs 2
|
|
|
|
- Membres sympathisants 3
|
|
|
Que peut-on comprendre par
|
-Supériorité numérique d'une
ethnie sur une autre 1
|
|
Q206
|
influence ou dominance ethnique, selon vous ?
|
- Supériorité culturelle d'une
ethnie sur une autre .. 2
|
|
|
|
- hégémonie politique d'une
|
|
|
|
Ethnie sur une autre 3
|
|
|
A votre avis, votre parti est-il sous
|
- Oui . 1
|
|
Q207
|
une influence ou une dominance ethnique ?
|
- Non 2
- Ne sais pas . 3
|
|
1 Vous pouvez choisir plusieurs réponses.
Q2082
|
Selon vous, qu'est-ce qui peut être la cause de cette
influence ou de cette dominance ethnique ?
|
- La politique du parti 1
-La situation socio-politique du pays 2
- L'instauration du multipartisme 3
- Le paysage ethnique du pays 4
- La non-application des textes 5
- Par contrainte des leaders sur
leur population ethnique .6
- Autres (préciser) 7
|
|
SECTION III : IMPACT DU PHENOMENE ETHNIQUE SUR LA
STRUCTURE ET LE FONCTIONNEMENT DES PARTIS POLITIQUES
N°d'ordre
|
Questions et Filtres
|
Codes
|
Passer à
|
Q301
|
Est-ce que le facteur ethnique joue dans la formation du
bureau et sur le fonctionnement de votre parti politique ?
|
- Oui 1
- Non . 2
- Ne sais pas ..... 3
|
|
Q302
|
Quel impact le facteur ethnique a sur la structure et le
fonctionnement (activité sur le terrain) de votre parti politique ?
|
- positif 1
- négatif . 2
-aucun 3
- Autre (préciser) 4
|
Q304
|
Q303
|
L'impact du facteur ethnique
privilégie-t-il l'adhésion ou l'action de votre
parti politique à une ethnie ?
|
- Oui 1
- Non 2
- Autre 3
|
|
Q3043
|
Selon vous, à qui profite le
phénomène ethnique ?
|
- Aux Togolais 1
- A la population ethnique
majoritaire dans le parti . 2
- Aux membres du parti .3
- Aux responsables du parti .. ...4 - Autres (à
préciser) 5
|
|
2 Vous pouvez choisir plusieurs réponses.
3 Vous pouvez choisir plusieurs réponses.
Q305
|
L'alternance au niveau de votre parti politique est-elle
influencée par le facteur ethnique ?
|
- Oui 1 - Non 2 - Ne sais pas 3
|
|
|
Certains disent que l'effet de
|
-D'accord . 1
|
|
Q306
|
l'ethnicisation fragilise ou peut
|
-Pas d'accord 2
|
|
|
détruire la cohésion sociale ?
|
- Ne sais pas 3
|
|
|
Y a-t-il un lien entre les résultats de
|
-Oui 1
|
|
|
votre parti politique aux différentes
|
-Non 2
|
|
Q307
|
élections et le facteur ethnique ?
|
- Ne sais pas 3
|
|
|
Vos activités sur le terrain sont-
|
- Oui 1
|
|
|
elles influencées par le facteur
|
- Non . 2
|
|
Q308
|
ethnique ?
|
- Ne sait pas 3
|
|
SECTION IV : ATTITUDE A ADOPTER FACE AU PHENOMENE
DE L'ETHNICISATION DES PARTIS POLITIQUES
N° d'ordre
|
Questions et filtres
|
Code
|
Passer à
|
Q401
|
La Constitution togolaise et la
charte des partis politiques interdisent l'ethnicisation des
partis politiques. L'ethnicisation des partis politiques est-elle donc un fait
inévitable ?
|
-Oui 1
-Non 2
-Ne sait pas . 3
|
Q403
|
Q4024
|
Que pensez-vous que l'on puisse faire pour éviter le
phénomène de l'ethnicisation des partis politiques ?
|
-Légaliser le phénomène 1
-Appliquer la loi en vigueur . 2
-Former les leaders 3
-Arrêter la discrimination
ethnique . 4
-Autre 5
|
|
Q403
|
L'application du système de quota par l'ethnie
serait-elle une entorse ou une contribution à la politique togolaise
?
|
-Contribution 1
-Entorse 2
-Ne sais pas 3
|
|
4 Vous pouvez choisir plusieurs réponses.
GUIDE D'ENTRETIEN
Ce guide est destiné aux responsables de partis
politiques, aux acteurs politiques et de la société civile.
1.1 Connaissances sur le phénomène de l'influence
ethnique
1. Est-ce que l'on peut expliquer le régionalisme ou la
bipolarisation (Nord/Sud) de la communauté politique togolaise ?
2. Qu'entendez-vous par l'effet de l'ethnicisation des partis
politiques ?
3. Quelles sont les manifestations de ce phénomène
que vous connaissez ?
4. Selon vous, votre parti subit-il ce phénomène
?
Justifiez cela.
1.2 Perception du phénomène
5. D'après vous, quelles sont les raisons à la
base de ce phénomène ?
6. Quelle est la responsabilité des partis politiques
dans cette situation ?
7. Certains affirment que les acteurs des partis politiques
jouent sur l'aspect ethnique, puisque c'est le seul moyen sûr
d'accéder ou de rester au pouvoir. Qu'en pensez-vous ?
8. Dans quelles situations les partis politiques peuvent arriver
là ?
9. Cela n'agit-il pas sur la structure et le fonctionnement du
parti ?
10. L'ethnicisation des partis politiques participe-t-elle
à la réussite ou à l'échec de la démocratie
? Comment ?
11. Certaines pensent, et comme les textes l'autorisent
déjà, que l'on doit mettre fin à ce
phénomène ?
a) Qu'en pensez-vous ?
b) Pourquoi ?
c) Comment ?
TABLE DES MATIERES
DEDICACE iREMERCIEMENTS iiSOMMAIRE .iiiLISTE DES
SIGLES ET ACRONYMES iv
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE: CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL,
METHODOLOGIQUE ET PHYSIQUE DE L'ETUDE 4
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE 5
I.1. justification du choix du sujet 5
I.2. Problématique 6
I.3. Hypothèses de la recherche 11
I.4. Objectifs de la recherche 12
I.5. Revue de littérature et cadre théorique de
référence 12
I.5.1 Revue de Littérature 12
I.5.2 Cadre de référence théorique 21
I.6. Clarification des concepts opérationnels 22
Chapitre II : Cadres physique et méthodologique 28
II.1. Cadre physique ou champ d'étude 28
II.1.1Présentation historico-politique du Togo 28
II.1.2 Présentation du cadre légal des partis
politiques 31
II.1.3 Historiques des partis politiques concernés par
l'étude .32
II.1.4 Les données géographiques du Togo 36
II.1.5 Les données socio-démographiques du Togo
37
II.1.6 Les données socioculturelles du Togo 38
II.1.7 Les données sanitaires du Togo 39
II.1.8 Les données économiques du Togo 39
II.2. Cadre méthodologique 41
II.2.1- la recherche documentaire 41
II.2.2-La recherche quantitative 42
II.2.3- La recherche qualitative 46
II.3 - Les difficultés rencontrées 47
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
- INTERPRETATION DES RESULTATS ET VERIFICATION DES HYPOTHESES -
SUGGESTIONS 49
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 50
III.1-Identification des enquêtés 50
III.2-Perception de la cause du phénomène ethnique
au sein des partis politiques 55
III.3-Impact du phénomène ethnique sur la structure
et le fonctionnement des partis 60
III.4-Attitudes à adopter face au phénomène
de l'ethnicisation des partis politiques 65
CHAPITRE IV : INTERPRETATION DES RESULTATS, VERIFICATION DES
HYPOTHESES ET SUGGESTIONS 67
IV.1-Interprétations des résultats et
vérification des hypothèses 67
IV.1.1 Engagement politique 67
IV.1.2 Relation entre l'ethnie et le fonctionnement des partis
politiques 72
IV.1.3 Vérification des hypothèses ..74
IV.2 Suggestions 76
IV.2.1 Suggestions aux partis politiques ..76
IV.2.2 Suggestions aux autorités politiques .77
IV.2.3 Suggestions à la société civile
..79
CONCLUSION 81
BIBLIOGRAPHIE 83
ANNEXES 88
TABLE DES MATIERES 97
|