La commune est le cadre institutionnel pour
l'exercice de la démocratie à la base. Elle est l'expression de
la décentralisation ainsi que le lieu privilégié de la
participation des citoyens à la gestion des Affaires
locales.
Fort de ce constat, au début des années
90', le gouvernement Camerounais soucieux de se rapprocher davantage de son
peuple et d'impliquer ce dernier dans le processus de développement [qui
du reste est très difficile voire impossible à promouvoir lorsque
l'administration est trop centralisée ou trop coercitive au point
d'imposer son propre modèle de développement et de ne laisser que
très peu ou pas du tout de place aux initiatives locales], et dans le
même ordre de rassurer les institutions internationales donc l'une des
priorités reste la lutte contre la corruption, et l'amélioration
du niveau et des conditions de vie des populations.
Le gouvernement a donc entrepris de moderniser sa
politique de décentralisation, notamment avec l'adoption d'une nouvelle
constitution le 18 Janvier 1996, qui dans ses dispositions de l'article 55
alinéa 1 et 2 stipule que : « les collectivités
territoriales décentralisées de la République sont les
régions et les communes... les collectivités territoriales
décentralisées sont des personnes morales de droit public. Elles
jouissent de l'autonomie administrative et financière pour la gestion
des intérêts régionaux et locaux. Elles s'administrent
librement par des conseils élus et dans les conditions fixées par
la loi. Les conseils des collectivités territoriales
décentralisées ont pour mission de promouvoir le
développement économique, social,
sanitaire, éducatif, culturel, et sportif de ces collectivités
».
Pour atteindre ce noble objectif
d'amélioration des conditions de vie des populations et de rapprochement
des administrés des administrations, l'Etat a fait de la
décentralisation et du développement local une priorité
politique, et a sollicité l'appui des partenaires nationaux et
internationaux pour l'accompagner.
C'est ainsi que la coopération allemande,
à l'instar de la coopération Suisse, Néerlandaise, et bien
d'autres s'y sont intéressés et ont décidé de faire
du secteur de la décentralisation et du développement local leur
cheval de bataille1.
C'est dans cette logique que la GTZ (l'une des
agences techniques de la coopération allemande), a
développé depuis 2004 sous la tutelle de l'Etat via le
Ministère de l'Administration Territoriale et de la
Décentralisation (MINATD), le Programme d'Appui à la
Décentralisation et au Développement Local (PADDL) qui a pour
objectif d'aider les communautés à gérer de manière
autonome leur environnement socioéconomique, afin de réduire leur
pauvreté.
En effet, ces deux dernières décennies,
la communauté internationale convaincue de la nécessite de la
création d'un environnement institutionnel favorable aux initiatives
locales, a placé le rapport entre la décentralisation et le
développement local au coeur des préoccupations de la
coopération Nord-Sud. Ceci est peut être l'une des raisons qui ont
amené les Etats du Sud tels que le Mali à légiférer
sur l'obligation des communes à se doter d'un Plan de
Développement Communal (PDC).
1 Les coopération
Allemande, Suisse, et Néerlandaise s'intéressent également
à la gestion des ressources naturelles et à la
santé.
Le Cameroun quant à lui s'est contenté
d'assigner aux entités
décentralisées, la mission prioritaire
de garantir le bien être des populations par l'amélioration de
leur niveau de vie. Car en réalité en mettant ensemble les
réalisations autonomes de chaque entité
décentralisé, on devrait obtenir au sommet de la pyramide un
développement national global dont la base serait la synergie d'une
multitude de développements locaux.
Les propos de Augustin Frédéric
Kodock2 alors ministre d'Etat, ministre de la planification, de la
programmation, du développement, et de l'aménagement du
territoire (MINPLAPTDAT), sont assez illustratifs : « je crois que nous
arrivons à une phase où on ne peut plus accepter la navigation
à vue, on doit formuler de façon précise les objectifs
clairement définis, et auxquels nous allons affecter des ressources.
Nous allons suivre ces objectifs jusqu'à ce qu'ils soient
réalisés. Et ça ne peut pas se faire en dehors d'un plan.
Ce plan sera indicatif. Il ne s'agira pas d'un plan rigide et obligatoire.
Mais, il va tracer le chemin qu'il faut suivre et les étapes qu'il faut
franchir [Tous les camerounais devraient être interpellés, car
c'est l'avenir de notre peuple qui est en cause]. Il fallait qu'on sorte de
cette navigation à vue qui a trop duré, pour arriver aujourd'hui
à des perspectives clairement définies, et sur lesquelles on
voudrait gérer l'avenir d'un peuple ».
Fort de cette philosophie pertinente à plus
d'un titre, la GTZ grâce au PADDL, s'est proposé de s'attaquer au
problème fondamental de l'organisation et de la planification, sans
lesquels on ne peut véritablement parler de développement. Etant
donné que si on ne sait où on va il serait difficile voire
pratiquement impossible d'y parvenir. D'où l'urgence et la
nécessité d'aider les entités décentralisées
que sont les
2 In Cameroun Tribune du
14/08/2007 à l'issu du séminaire sur le plan de
développement du Cameroun.
communes dans ce cas à se doter d'un Plan de
Développement Communal (PDC) et parallèlement à
développer les mécanismes de mise en oeuvre de ce
plan.
A la fin de la première phase du PADDL qui a
duré quatre années de 2004 à 2007, et à l'aube de
la deuxième phase, il est utile d'analyser les activités du
PADDL, notamment celles ayants portés sur le Plan de
Développement Communal (PDC).
C'est donc pour comprendre le mécanisme ou
encore la méthodologie d'élaboration et de mise en oeuvre du PDC
développée par le PADDL/GTZ et évaluer sa pertinence comme
levier ou outil de développement local, que nous nous sommes dans le
cadre de cette étude posé la question centrale de recherche
suivante : Dans quelle mesure,l'élaboration et la mise en oeuvre d'une
Planification du Développement Local (PDC) peut-elle influencer et
améliorer le développement local des communes de Nkong-Zem et de
Foumbot dans la province de l'Ouest Cameroun?
Ainsi, le présent mémoire porte sur :
« La planification du développement communal comme outil de
développement local : Cas des communes de Foumbot et de Nkong-Zem dans
la Province de l'Ouest Cameroun ».
HYPOTHESES DE RECHERCHE :
Nos hypothèses de recherche sont formulées
ainsi qu'il suit :
Hypothèse 1 :
L'élaboration et la mise en oeuvre d'une
planification du développement communal, constituent une
opportunité de développement local pour les
municipalités.
Hypothèse 2 :
La mise en oeuvre des projets de développement
issus de la planification du développement communal contribue à
améliorer le cadre et les conditions de vie des populations
locales.
OBJECTIFS DE L'ETUDE :
Objectif général :
L'objectif général de cette
étude consistera à analyser l'efficacité de la
planification du développement communal sur l'amélioration du
cadre et des conditions de vie des populations locales.
Objectifs de l'étude:
L'étude a consisté à :
> Déterminer les effets de la mise en oeuvre
des PDC sur le développement local.
> Analyser et évaluer la méthodologie
d'élaboration et de la mise en oeuvre des PDC (Pertinence et goulot
d'étranglement).
> Evaluer le degré de pérennité
des projets ou actions entreprises
dans le cadre des PDC dans les communes
concernées.
> Identifier et évaluer les investissements
des bailleurs de fonds en
relation avec les PDC.
> Evaluer les capacités opérationnelles
des communes dotées de PDC.
> Evaluer la cohérence entre les
interventions d'appui et une meilleure articulation entre les
différentes dimensions du développement local.
> Dégager une synthèse des analyses
(vérification des hypothèses). > Formuler les
leçons tirées et faire des recommandations à
l'endroit
des différentes parties (PADDL, Communes, Etat,
bailleurs de
fonds, etc.) suite à la mise en oeuvre des
PDC.
L'INTERET DE L'ETUDE :
A travers ce travail de recherche, notre
préoccupation est d'apporter notre modeste contribution à une
meilleure compréhension et utilisation d'un plan de développement
communal comme outil de développement local.
Les intérêts variant au gré des
parties prenantes et intervenantes dans le processus, les résultats de
nos travaux devraient être perçus et interprétés
à des degrés différents et de diverses
façons.
> Pour le PADDL-GTZ /OUEST
Il permettra tout d'abord au PADDL/GTZ d'analyser de
manière critique ses actions et sa politique de renforcement des
capacités communales, et d'améliorer sa méthodologie
d'élaboration et de mise en oeuvre du PDC à travers les critiques
et suggestions des bénéficiaires de ses actions.
> Pour les populations
La population quant à elle, comprendra mieux
la portée de cet outil qu'est le PDC, et pourra disposer
d'éléments objectifs et concrets d'évaluation de son
conseil municipal lorsque celui-ci arrivera en fin d'exercice.
> Pour l'Etat
L'Etat pour sa part aura une meilleure vision de sa
responsabilité dans la mise en oeuvre du PDC, et identifiera les
obstacles et entraves au développement local.
> Pour les communes
Les communes de leur côté
appréhenderont mieux l'importance de cet
outil qu'est le PDC, et
auront le feed-back du point de vue critique de
leurs populations sur leur méthode de gestion et
sur la mise en oeuvre desdits plans, et devront prendre des mesures
correctives.
> Pour l'IPD-AC
Il s'agira de s'assurer que leurs étudiants ont
suivi une phase pratique de terrain, afin de concilier théories et
pratiques.
> Pour l'étudiant
En tant que étudiant, ce travail nous
permettra de lever un pan de voile sur le PDC, et surtout de mesurer et
d'appréhender les difficultés auxquelles font face les acteurs de
développement. Mais aussi l'opportunité d'amorcer un
développement à la base par leurs actions.
Cette étude s'articule autour de cinq principaux
chapitres que sont : CHAPITRE I : Cadre conceptuel.
CHAPITRE II : Présentation du cadre de
l'étude.
CHAPITRE III : Méthodologie.
CHAPITRE IV : Résultats, Analyse et
Interprétation des Résultats. CHAPITRE V : Propositions
d'amélioration.