14- CONCLUSION GENERALE.
Le patrimoine forestier des monts de Tlemcen et des monts de
Dhaya a connu, depuis une centaine de décennies, une continuelle
agression due à une action conjuguée du climat et de l'homme.
L'équilibre déjà instable de toutes les formations
végétales est assez alarmant d'autant plus qu'elles sont soumises
à des conditions climatiques capricieuses et rigoureuses et à une
action le plus destructrice qu'exerce l'homme et son troupeau d'une
manière irréfléchie et permanente. De ce fait toutes les
formations végétales manifestent une tendance à se
dégrader facilement vers des formations clairières, ouvertes
évoluant vers des maquis et des matorrals. KADIK (1983) souligne
à ce sujet:" La végétation malgré sa
résistance souffre de l'action destructrice de l'homme et de son
troupeau. Les incendies, s'ils altèrent la composition floristique, ne
détruisent pas les forêts; les essences feuillues rejettent
(chêne vert), les espèces résineuses se
régénèrent par semis (pin d'Alep)".
Aborder l'étude de la réaction et du
comportement des principales formations forestières c'est
connaître l'impact néfaste exerce l'homme sur les
écosystèmes forestiers devenus si vulnérables que leur
pérennité est menacée. La dualité homme-forêt
a déjà réduit prés de 80% de la forêt de la
région en maquis et matorrals. Selon le stade atteint par l'utilisation
de l'espace dans sa globalité, le cycle de dégradation
engagé est ressenti différemment par les formations
végétales qui réagissent par le biais d'une composition et
d'une structure particulière qui impriment au paysage
végétal une physionomie en rapport.
La dégradation alarmante (le terme n'est pas
exagéré) de la végétation ligneuse de l'Oranie
centrale durant des siècles sur des surfaces importantes a conduit
à une érosion catastrophique entraînant une
déperdition de terrains arables et un gaspillage de ressources en eaux
douce vitale pour les populations rurales et urbaines. Dans cet ordre
d'idées LEUTREUCH-BELAROUSSI (1981) concluait: « Judicieusement
implantés dans les zones les plus dangereusement exposées, les
massifs forestiers peuvent ainsi remplir au profit des territoires
cultivés adjacents, des nappes aquifères et de tous les travaux
d'art une fonction de protection de tout premier plan. Cette fonction a sans
aucun doute en ces endroits une contre-valeur économique qui
dépasse de très loin celle de la production ligneuse. Cette
dernière d'ailleurs nullement exclue, même si elle doit ici passer
au second plan, car elle est parfaitement compatible avec la
précédente ».
La situation catastrophique de toutes les formations
forestières en matière de dégradation des monts de Tlemcen
et des monts de Dhaya induite par les agressions permanentes met en valeur la
nécessité de préserver les divers stades régressifs
au regard du rôle de protection prépondérant qu'ils jouent.
Comprendre ce dynamisme végétal où la couverture
végétal dégradée a atteint un certain
équilibre avec les conditions du milieu et de son environnement serait
déjà pouvoir sauvegarder et améliorer la
résistance, la pérennité et la stabilité des
formations végétales et orienter convenablement toute action
d'extension de cette couverture végétale ligneuse. Pour
concrétiser ces objectifs nous avons dans une première phase
présentée les caractéristiques géographiques et
écologiques de la région qui se distingue par des
paramètres relativement défavorables pour une
végétation luxuriante. Toutes les séries de
végétation sont soumises à des facteurs climatiques
capricieux et imprévisibles, des conditions édaphiques assez
particulières le plus souvent imposant une contrainte à la
végétation, une pression humaine et animale qui exerce en
permanence et une hétérogénéité floristique
adaptée par sa structure et par sa composition aux conditions du
milieu.
Dans la seconde partie, une identification des facteurs
dégradants la végétation a permis de classer les
principales causes agressant tous les groupements végétaux.
L'action du forestier à travers ses différentes interventions est
le principal facteur dégradant, l'action de l'animal ne vient qu'en
seconde position, le parcours même intensif dans les formations
végétales ne constitue pas, comme on l'affirme le facteur
alarmant. L'action de l'homme sur la végétation se fait sous
différentes formes et en permanence et elle touche tous les types de
formation végétale et toutes les strates. La redéfinition
des techniques d'intervention de l'homme est à prendre en charge en
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
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1996
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urgence au même titre que le parcours et les incendies.
Une étude historique des relations entre l'homme et la forêt de la
région occidentale du pays permet de comprendre la dynamique des
formations végétales et l'importance des espèces dans la
composition, la structure et la physionomie ce n'est qu'à cette
condition que des propositions concrètes d'intervention pourront
être dictées pour sauvegarder la couverture
végétale.
La troisième partie à permis
d'appréhender une notion fondamentale de la nomenclature
végétale qui a débouché sur de nouvelles
définitions pour les principes formations végétales
particulières à l'Oranie centrale et qui reflétant
réellement les composantes et le comportement de la
végétation forestière. Cette nouvelle approche repose sur
une analyse axée sur des paramètres déterminants telle la
hauteur, la stratification et la représentativité des
espèces.
Des espèces ligneuses considérées comme
secondaires et sans importance se sont affirmées nécessaires en
contribuant à participer activement à la formation et surtout
à la pérennité des formations végétales de
la région.
Le processus de dégradation des diverses formations
végétales a permis d'identifier le comportement de ces
dernières face à une multitude d'agression. Ceci nous a
obligé à analyser le comportement de chaque groupement
végétal face à chaque type d'agression qu'il subit tout en
identifiant les principales phases de dégradation avec le taux
d'appauvrissement en espèces. Une classification de la résistance
des groupements végétaux réhabilite dans l'étage
subhumide Quercus faginea et Quercus
rotondifolia et dans le semi-aride Quercus
rotondifolia, Tetraclinis articulata et Juniperus
oxycedrus, la concentration de l'impact des agressions des fait
les strates arbustives, buissonnante puis arborescente chaque groupement
végétale obéi à un processus de dégradation
ou domine la présence ou l'absence espèces fidèles ou
prépondérantes qu'il faut réhabiliter car elles
constituent l'ossature de la formation végétale.
La dernière partie s'est caractérisée par
une analyse du comportement des principales formations végétales
avec la détermination de leur variante qui n'est que le reflet et
l'identification des espèces les plus fidèles aux formations
végétales.
Cette partie nous a permis de recenser les principales
espèces ligneuses qui se maintiennent dans toutes le formations
végétales quelques soit le type et l'intensité des
pressions. Ces espèces n'occupent pas malheureusement une place de choix
dans les plantations entreprises et ne sont pas prises en charge lors des
interventions sylvicoles que connaissent les peuplements forestiers et rarement
les formations végétales. Ces espèces ne sont pas
considérées comme des éléments fondamentaux de la
végétation ligneuse comme il a été
démontré grâce aux rôles qu'elles jouent et peuvent
jouer. La prise en charge de ces espèces doit être imposée
si on veut réellement assurer une évolution et une
pérennité des formations végétales dans leur
ensemble.
L'aspect physionomique et structural de la
végétation ligneuse face aux agressions de l'homme et de l'animal
est indispensable à maîtriser puisqu'elle constitue le reflet de
la végétation face aux conditions du milieu et de
l'environnement. Physionomie et structure sont étroitement liées
à la composition, le dynamisme végétal est un facteur
déterminant pour comprendre le comportement de la
végétation agressée. De nouvelles approches du point de
vue des définitions, des paramètres permettant d'apprécier
la physionomie et la structure ont été retenus ainsi que le
processus de dégradation des principales formations
végétales forestières des étages bioclimatiques
semi-aride et subhumide de la région centrale occidentale de
l'Algérie. La nomenclature d'identification de la physionomie a
été revue en fonction des particularités
écologiques de la zone permettent une classification plus objective en
conformité avec les conditions du milieu et la réponse de la
végétation. La réhabilitation de plusieurs espèces
végétales des différentes strates a été mis
en relief ainsi que le rôle écologique et économique
qu'elles peuvent jouer dans l'évolution et la préservation des
diverses formations végétales. Ces espèces ont de tout
temps, pour des raisons injustifiables, négligées par les
forestiers à tel point que la plupart d'entre elles deviennent des
indésirables même si leur action est prépondérante
et déterminante dans le processus de dégradation biologique.
« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
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Les formations végétales même les plus
régressives et même celles où dominent des espèces
peu intéressantes économiquement (Tetraclinis
articulata, Juniperus oxycedrus, Quercus rotondifolia) offrent
une production ligneuse non négligeable comparée aux autres
espèces classées comme intéressantes.
Arrivés à la fin de ce travail nous
espérons avoir atteint les trois objectifs fondamentaux assignés
à cette recherche qui nous semblent nécessaires pour une
compréhension et une reprise des formations végétales
dégradées:
1- Identification des facteurs dégradants avec une
évaluation de leur impact et la compréhension du processus de
leur action destructive sur la végétation tout en essayant de
justifier et de comprendre les causes qui sont à l'origine de ces
agressions.
2- Description de la physionomie et de la structure de toutes
les formations végétales avec un aperçu sur leur
composition floristique tout en déterminant les principaux
paramètres qui permettent de faire une description physionomique et
structurale de la végétation. Comprendre le processus de
dégradation des groupements végétaux contribue à
leur apporter une solution par une maîtrise du dynamisme
végétal qui préside l'avenir de toutes les formations.
3- L'analyse du comportement des principales formations et des
espèces intéressantes constitue une nécessité pour
permettre une évolution positive de la végétation.
4- Une nomenclature et une dénomination claire et simple
des groupements végétaux permettant une identification des
structures où l'outil télédétection pourra
être utilisé.
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végétation forestière ligneuse face à la pression
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