11-4.3. Conclusion.
Les formations végétales les plus
caractéristiques des étages de végétation
semi-aride et subhumide sous l'influence des différentes formes de
pression et d'agression se distinguent par une prédominance dans leur
composition floristique d'espèces peu intéressantes
économiquement et même écologiquement (croissance lente,
matière organique dégagée faible). Les strates les plus
représentatives par leur présence et fréquence sont dans
un ordre décroissant: la strate buissonnante, arbustive puis
arborescente confirmées par l'importance de l'occupation de l'espace qui
obéi au classement décroissant également suivant: buisson,
matorral, maquis et forêt.
Les déprédations répétées
de la couverture végétale aboutissent à une formation de
buissons et de broussailles qui conduisent fatalement à la disparition
radicale dans un proche avenir des surfaces boisées. Même du point
de vue géologique et pédologique toutes les contrées
broussailleuses occupent des terrains du domaine forestier, donc
irrémédiablement issu de formations forestières.
La broussaille constitue le stade ultime de dégradation
avant la disparition totale de la couverture végétale, cette
broussaille joue un rôle de protection efficace sur le maintien des
terres et sur l'infiltration faisant obstacle à l'érosion et
à l'évaporation. Notons que DE LA LITARDIERE et MALCUIT (1925)
attribuaient déjà le terme de buisson aux formations à
base de romarin et d'alfa. Devant l'imprécision du terme de
"broussaille" qui dans son acceptation large et commune, a été
appliqué à une bonne partie des formations
végétales dégradées plus ou moins rabougries ne
dépassant pas 4 mètres de hauteur. Souvent on qualifiait
même un maquis, un taillis, un boisement de broussailles, ce terme a pris
de l'ampleur et doit se limiter au stade de dégradation le plus
poussé où ne subsistent que les espèces de la strate
buissonnante où dominent
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« Aspects physionomico- structuraux de la
végétation forestière ligneuse face à la pression
anthropozoogène dans les
monts de Tlemcen et les monts de Dhaya (Algérie
occidentale)
essentiellement: Genista, Chamaerops, Stipa,
Ampelodesma, Calycotome, Asparagus, Erica, Rosmarinus, Ruscus
...
Le feu, l'animal et le fer (utilisé par l'homme)
créent et étendent les vides et les clairières, ils
dégradent et font disparaître totalement ou partiellement la
végétation; la dent du bétail a brouté les
espèces, les véritables formations végétales
s'affaiblissent et font place à des groupements végétaux
fragiles où les espèces résistantes végètent
et se concentrent dans une strate buissonnante ou arbustive basse.
Lorsque les facteurs dégradants ne sont pas intenses on
est en présence d'un matorral ou d'un maquis dominés par les
espèces suivantes: Pistacia,
Phillyrea, Erica, Quercus, Juniperus, Arbutus,
Tetraclinis en plus des espèces dominantes de la strate
buissonnante. Les effets des agents destructeurs sur la
végétation sont autant plus marqués que l'on se rapproche
davantage des lieux habités ou tout simplement anthropisés.
Tous les massifs se dégradent visiblement par la
périphérie et s'entourent d'une zone de profondeur variable dont
l'appauvrissement s'accroît avec la nature et l'intensité des
facteurs dégradants. Ainsi la broussaille, le matorral et le maquis ne
sont que des formes particulières transitoires ou pérennes de la
forêt, les formes inférieures et déchues mais qui, par des
mesures appropriées et la suppression des causes qui ont produit la
régression dont ils résultent, sont susceptibles de
s'améliorer et de reprendre, ans un délai variable, la forme
supérieure dont elles dérivent.
Le plus souvent il est difficile d'établir une
distinction entre le maquis, le matorral et la broussaille qui
représentent toutes les formes de transition. Cependant avec les
paramètres définis notamment la composition et la hauteur on peut
identifier ces formations transitoires sans difficultés. Ainsi le
premier stade de dégradation de la forêt est le maquis, ce terme
ne s'applique pas uniquement dans l'association du chêne liège. Le
stade qui suit est celui du matorral composé essentiellement des
espèces arbustives, dégradées où à une
faible hauteur, et d'espèces buissonnantes non altérées.
Le dernier stade de dégradation est la broussaille
représentée par toutes les espèces de la strate
buissonnante, du matorral et même du maquis soumises à une forte
agression.
Le processus de dégradation est simple lorsque les
facteurs dégradants déterminants sont l'incendie ou le
défrichement. Ce processus devient variable et dépendant de
plusieurs paramètres lorsqu'il est provoqué par le parcours, les
coupes et l'action de l'homme.
Pour chaque stade de dégradation en fonction du type de
pression et de la composition floristique des strates présentes il a
été identifié un processus de dégradation qui est
propre à chaque formation végétale.
La résistance des espèces aux facteurs
dégradants, conditionnée par leur faculté de
régénération et d'adaptation aux formes et conditions de
développement qui leur sont imposées par l'homme et ses animaux
engendre une composition et une physionomie particulière. Cette
composition floristique actuelle de toutes les formations
végétales de la région reflète qu'elles sont toutes
soumises à une pression assez remarquable où il a
été possible dans plus de 80% des cas de définir le
processus de dégradation.
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