UNIVERSITE DE GOMA
(UNIGOM)
B.P. 204 GOMA
FACULTE DES SCIENCES
ECONOMIQUES ET DE GESTION
TONTINES ET DEVELOPPEMENT DANS LE GROUPEMENT
BASHALI MOKOTO A MASISI
Par : BAHATI BIREGEYA Daniel
Mémoire présenté et défendu en vue
de l'obtention du diplôme de Licence en Sciences Economiques.
Directeur : Prof. MUTABAZI
Augustin
Encadreur : CT. SENZIRA NAHAYO Paul
Année Académique 2010 -
2011
EPIGRAPHE
« La pauvreté,
cette gangrène qui mine la société et qui empêche
les hommes de s'épanouir, est aussi source de
créativité».
Par Yolande
LOVI
« L'infrastructure détermine la
superstructure ».
Cité par Karl Marx
DEDICACE
A mes parents BIREGEYA Antoine et BANYERE Cécile pour
leur appui matériel, moral et spirituel ainsi que les sacrifices
consentis afin de baliser mon avenir.
A mes frères et soeurs : ULIMWENGU
Bernardin, TULINABO Innocent, BARAKA Fidèle, YENGA Donatien, YENGA
Moïse, BONANE Espérance, NEEMA Angélique et ASIFIWE
Henriette pour leur amour fraternel.
BAHATI BIREGEYA Daniel
REMERCIEMENTS
Nous voici aux acquêts de notre second cycle
couronné par la rédaction d'un mémoire de licence selon la
coutume académique. Vu le devoir moral de reconnaissance, il serait
malhonnête de ne pas souligner que le présent travail constitue la
symbiose d'une pluie d'efforts fournis par diverses personnes auxquelles
s'adressent nos profondes et sincères gratitudes.
De prime abord, nos vives reconnaissances s'adressent au
Seigneur Dieu Tout Puissant qui ne cesse d'illuminer nos connaissances par des
idées nobles et nous prête son souffle de vie nonobstant nos
péchés innombrables.
Ensuite, nos hommages s'adressent aux autorités
académiques de l'Université de Goma d'une façon
générale et en particulier au Chef de Travaux Paul SENZIRA NAHAYO
qui, en dépit de ses multiples occupations a accepté de guider
nos pas trébuchants. Nous serions ingrat de passer sous silence les
efforts fournis par notre cher assistant Serge SONGOLO.
Nos compliments et remerciements vont tout droit
aux familles BATENDE, KAUNDA KITSA pour leur encadrement physique et
moral ; sans oublier mes cousins et cousines : Blaise,
Godélive, Benjamin, Anuarite, Amisi, Mbale etc.
Nous remercions ensuite nos amis et
connaissances : MUMBERE LYSO Gentil, MUMBERE KATEMBO Bienfait, Bahati
MATABARO Pascal, SIMWRAY MUTSORWA Calvin, Franck NDONZA, Eric KANYAMIHIGO,
GAHAMANYI NIYONZIMA Thomas, KATUZO BIRINGANINE, SHUHURU SEKABANZA Emmanuel,
Joao, KABWE BAHIGA Alain, ainsi que tous nos camarades avec qui nous avons
mené une échauffourée intellectuelle de cinq ans.
Enfin, la liste étant longue et l'oublie
étant impérieuse, nous ne pourrons pas aller vers le terme de ce
paragraphe sans remercier tous ceux qui, de près ou de loin nous ont
aidé tout au long de notre parcours académique
0. INTR0DUCTION
0.1 Problématique
Tout le monde s'accorde à
dénoncer l'insuffisance de la formation du capital dans les pays en
développement. Les Nations Unies en 1951, Arthur Lewis en 1955,
relèvent que le taux de formation brut du capital fixe est
inférieur à 5% du PNB dans les pays non
développés alors qu'il est plus de 10% dans les pays
développés. Or, pour croître, il faut investir, pour
investir, épargner, il faut disposer d'un revenu qui est au-delà
des besoins fondamentaux. Les pays pauvres risquent donc de se trouver
coincés dans la trappe de pauvreté (Leibenstein, 1957) : le
revenu est très faible pour permettre la formation d'une épargne
suffisance afin de réaliser les investissements nécessaires
à la productivité du travail et à
l'élévation du revenu.1(*)
Si la croissance économique a besoin de
l'épargne pour alimenter les investissements, certains experts et
observateurs estiment que l'épargne interne des pays en
développement est insuffisante. Sous forme d'investissement
international, l'épargne mondiale répugne aux pays africains en
raison des législations fiscales et comptables inappropriées. En
dépit de ce scepticisme, le succès des tontines a fait croire que
ces structures peuvent remplacer les banques et les sociétés
d'assurance dans le système financier africain.2(*)
Traditionnellement, les investissements du secteur
agricole, pourtant stratégique, n'ont jamais été
proportionnels à l'importance et à la place de ce secteur dans
l'économie nationale. Les tranches de budget de l'Etat à celui-ci
ont toujours été très faibles.3(*)
Paradoxalement, alors que la RDC dispose d'un
énorme potentiel de ressources agricoles, forestières et
minières, le pays compte parmi les plus pauvres du monde. Mauvaise
gestion économique, graves déficiences des moyens de
communication et détournement de la richesse nationale par une
minorité politique, sont les faits marquants de cette navrante
évolution économique.4(*)
L'une des contraintes au redémarrage de celui ci est
l'absence de mécanismes de financement de ses activités. Toutes
les tentatives de mise en place des institutions destinées au
financement des activités agricoles ont échoué pour
plusieurs raisons dont le manque de ressources adaptées aux
caractéristiques du secteur, la mauvaise gestion, etc. 5(*)
Les besoins financiers pour assurer la relance du secteur
agricole et atteindre les Objectifs de développement pour le
Millénaire dans le monde rural sont immenses en RD Congo.6(*)
Comment mobiliser l'épargne au profit du
développement rural où près de trois quart de la main
d'oeuvre active vit plus ou moins directement du travail de la terre ?
Interrogez le planteur d'arachide sénégalais, l'éleveur
malien, le maraîcher burkinabé, le caféiculteur camerounais
ou ivoirien et le fermier zaïrois : tous vous diront invariablement que
l'insuffisance de moyens, surtout financiers, représente un handicap
quasi insurmontable dans la réalisation de leurs projets, aussi viables
soient-ils. Comment en effet acheter des semences sélectionnées,
des engrais, vacciner le bétail ou mettre en valeur le moindre lopin
sans un minimum d'argent ?
Inutile de compter sur les circuits classiques
d'épargne et de crédit : un peu partout, des faillites
retentissantes se sont soldées par de coûteuses restructurations
des établissements bancaires, désormais très
réticents pour accorder du crédit. Quant à l'usurier du
coin, devenu lui aussi très prudent, il ne prête plus qu'au
compte-gouttes. Il fallait bien combler ce manque. Les paysans sont donc de
plus en plus nombreux à se regrouper dans des associations d'entraide
afin de réaliser tel ou tel projet.7(*)
La pauvreté, cette gangrène qui mine la
société et qui empêche les hommes de s'épanouir, est
aussi source de créativité. En effet, c'est pour sortir de cette
situation que l'homme a mis au point la tontine.8(*)
La popularité des tontines parmi les groupes à
revenu faible ou intermédiaire montre que les gens aiment
épargner, même quand les circonstances sont difficiles.9(*)
La plupart des études rendant compte de la situation du
secteur financier traditionnel insistent non seulement sur l'importance et le
dynamisme des transactions, mais aussi sur le fait que les agents qui y
opèrent répondent assez bien aux besoins individuels, notamment
les besoins sociaux à court terme des populations. Ils sont toutefois
incapables de satisfaire les besoins des populations sur une large
échelle et à un coût raisonnable, et encore moins de
prendre en charge les besoins des structures associatives, coopératives
et mutualistes. Il est cependant important de souligner que l'on assiste
actuellement à une certaine recomposition de la finance informelle et
à l'émergence de nouveaux circuits à partir des
systèmes des tontines.10(*)
Cette forme traditionnelle d'épargne et de
crédit semble particulièrement bien adaptée au monde
rural, estime un économiste statisticien camerounais, M. Moïse
Nzemen, dans la mesure où «les paysans mieux organisés,
peuvent tirer avantage des formes traditionnelles de solidarité pour
réunir et mobiliser des ressources (financières ou autres)
nécessaires au financement du
développement ».11(*)
Longtemps ignorées, les pratiques tontinières
existaient pourtant depuis des décennies, et elles constituent un
réservoir important d'épargne dans les pays en
développement.12(*)
La crise du secteur bancaire au Congo, et plus
spécialement celle des organismes de crédit publics, est
désormais ouverte. La crise des institutions occulte celle, plus
grave, du crédit rural, base des économies africaines.
Au-delà de la réhabilitation de l'identité des banques de
développement et des caisses de crédit agricole, il semble
nécessaire de chercher d'autres voies et moyens pour financer les
activités agricoles et para agricoles au Nord Kivu en
général et dans le groupement Bashali Mokoto en particulier.
Le constat est amer : l'agriculture n'est plus qu'une
activité de subsistance ; la production insuffisante ne pouvant nourrir
l'ensemble de la population. Les besoins alimentaires du pays sont donc en
grande partie couverts par des importations de maïs, riz, blé,
sucre, volaille, poisson, viande et autres denrées.13(*)
Rappelons que l'agriculture ne constitue qu'un secteur
d'activité parmi tant d'autres mais c'est un secteur spécifique.
Tout d'abord, dans un pays se trouvant dans sa première phase de son
développement, elle emploie beaucoup plus de gens que dans d'autres
secteurs d'activités. La majorité des pays en
développement les plus démunis, Chine et Inde inclus, comprennent
60 à 70% dans le secteur agricole.
Pour survivre, l'humanité peut se passer d'acier,
d'électricité mais pas de nourriture. L'agriculture est le seul
secteur à produire de l'alimentation.14(*)
La lutte contre la pauvreté, l'emploi, la distribution
et l'accès aux services sociaux de base s'impose progressivement comme
des objectifs de plein droit devant être poursuivi directement. Le monde
agricole est perçu comme le lieu du combat contre la
pauvreté.15(*)
Le manque d'accès au crédit pénalise
particulièrement les paysans et les habitants des campagnes. Face
à la crise du système bancaire moderne réapparaissent des
associations d'épargne traditionnelle comme la «
tontine », cagnotte attribuée périodiquement à
un bénéficiaire, généralement tiré au
sort.
Le métier du tontinier ou
« banquier ambulant » connaît une mutation sans
précédant. Celle-ci se traduit par le primat du financement sur
la fonction collective jadis dominante chez les tontiniers. 16(*)
La province du Nord Kivu en général, et le
groupement de Bashali Mokoto à Masisi en particulier qui constitue notre
champ d'investigation, n'est pas exclu du manque endémique
d'accès aux services financiers modernes afin de répondre aux
différentes exigences de production (facteurs de production).
A ce titre, souligne minutieusement l'inspection provinciale
de développement rural du Nord Kivu dans son article traitant les
contraintes liées au développement agricole et rural que l'une de
celles ci est l'accès difficile aux services financiers.17(*)
Partant de ce qui précède, nous nous proposons
d'aborder les questions suivantes :
· Vu l'accès difficile aux services financiers, vu
la quasi absence du crédit au monde rural, comment la présence
des tontines mutuelles permet-elle de promouvoir les paysans du groupement de
Bashali Mokoto?
· Quelle est la tranche de la part de levée
affectée à l'agriculture?
De manière provisoire, nous répondons en ces
termes :
ü La présence des tontines mutuelles permet de
promouvoir les paysans du groupement de Bashali Mokoto par le biais
d'acquisition des nouvelles terres arables pour la création et
l'extension des cultures et l'achat des petits matériels agricoles et
ce ; en fonction de l'objectif fixé.
ü Cette part serait inférieur à 50% et
proportionnelle à la levée.
0.2 Etat de la question
Dans son ouvrage intitulé
« L'entrepreneur informel africain et le concept de gestion
éco-social » Emile Michel HERNANDEZ reconnait que l'informel
en général et la tontine en particulier constitue une
réponse de survie. Il semble correspondre assez bien aux valeurs
socioculturelles africaines.
Jean Marie Nzekoue de sa part, signale dans son article sur
« Tontines : tous pour un » que dans les pays
francophones, un Africain sur trois est membre d'une tontine. Est-ce que cette
épargne spontanée servait au développement rural ?
D'abord, les uns l'utiliseront à payer funérailles ou
baptême. Ensuite, certains paieront la scolarité de leurs enfants.
D'autres enfin en profiteront pour investir dans une activité qu'ils
jugent rentable.
En outre, Hugues
SEUMO remarque également dans son article sur :
« La tontine africaine, un modèle de résolution des
problèmes ? », paru Dimanche le 22 Mars 2009 à
00:39:14 que celles-ci, en Grosso Modo, représentent une pratique
informelle d'épargne et de crédit. Elles permettent de combler
des difficultés rencontrées par des membres et dont les
institutions bancaires ne peuvent pas car, les critères
d'adhésions ne sont pas stricts. Chacun s'inscrit dans une tontine en
fonction de son revenu.
Bas-Congo : Tontine, secours de seconde main pour des
travailleurs. Posté par
Robert Kayama, le 28
janvier 2010, ce dernier se résume en ces
termes : « Je ne saurai pas vous décrire
ici toute la littérature de la tontine chez nous. Mais, qu'il vous
plaise aux uns et aux autres de causer avec les aînés et ils nous
apprendront que la tontine est l'unique, et peut-être, la seule voie qui
peut nous conduire vers le changement de nos conditions de misère totale
que les politiciens nous obligent de garder et ne rien faire. Pour subvenir
à leurs besoins, des travailleurs au Bas Congo au sud-ouest de Kinshasa
s'adonnent à la tontine. Ce qu'on appelle désormais le
développement, c'est une invention de ce genre de pratiques. Les
tontiniers sont des véritables moteurs de notre économie
provinciale. Il faillait les encadrer mais avec quel administration ? Celle
où l'impunité ouvre des portes à des KULUNA toutes
catégories confondues ? Comme le dit Ndeko Lukau Tshang, la
mentalité. Que fait-on avec l'argent ainsi obtenu ? Les uns
achètent des terrains pour devenir propriétaires, les autres dans
les commerces et les autres encore dans le financement des études et
autres ».
TOMBOLA MARHEGANE Jean Bosco, dans son mémoire
titré : « Crise de liquidité et
développement du secteur financier informel dans la ville de Goma, cas
des tontines », souligne le rôle non négligence de
ces dernières dans un processus de développement. 71% de ses
enquêtés ont estimé que la tontine est efficace du fait
qu'elle est proche de ses membres qui se connaissent bien. A cet effet, la
pression sociale les amène à investir les fonds vers des
activités rémunératrices. Ainsi, les fonds reçu
d'une tontine constitue plus à une dotation en captal qu'à un
crédit à la consommation.
0.3 Objectif du travail
Tout travail scientifique poursuit toujours un objectif noble
et précis. Le notre n'est pas exclu de cette configuration
générale. A cet effet, notre objectif étant d'analyser les
effets des tontines sur le développement du monde rural en
général et au groupement de Bashali Mokoto en particulier, notre
devoir est de souligner les impacts de celles-ci sur le développement
agricole de ce groupement.
0.4 Choix et intérêt du sujet
Le choix de ce sujet n'est pas hasardeux. Il a
été stimulé par les effets socio-économiques
produits par les tontines dans les ménages pauvres ou
intermédiaires en général et ceux du groupement de Bashali
Mokoto en particulier.
A cet effet, notre souci à ce sujet n'est pas
qualifié dérisoire ; il s'apprécie sous
différents cadres que nous essayerons de passer en revue.
0.5 Méthodologie du travail
Pour produire un travail véritablement scientifique et
efficace, toute recherche exige une certaine méthodologie, une
opération intellectuelle de traitement des données relatives
à une réalité sociale étudiée en fonction
d'un objectif précis.
C'est ainsi que dans notre étude s'est
réalisée sous la houlette des différentes méthodes
et techniques. D'une part, les techniques suivantes ont été
utilisées :
· Technique documentaire : par le bais de
celle-ci, nous avons pu réviser la littérature tontinière.
Elle nous a ainsi été utile dans la conception de notre cadre
théorique. En outre, elle nous a permis de recueillir certaines
données sur le territoire de Masisi en général et sur le
groupement de Bashali Mokoto en particulier ;
· Technique d'interview : elle nous a
également facilité à constituer le cadre théorique
ainsi que les données relatives à notre milieu
d'étude ;
· Le questionnaire d'enquête :
celui-ci nous a permis de recueillir les données nécessaires
à l'analyse des nos hypothèses de recherche.
De l'autre part, les
méthodes ci après ont été
utilisées :
ü La statistique descriptive: elle nous a permis
de calculer certains pourcentages et fréquences de nos
données ;
ü La statistique inférentielle :
elle nous également été utile, d'une façon
générale, lors de l'analyse des données recueillies
auprès des tontiniers de Bashali Mokoto et ce, par le biais du progiciel
SPSS. En outre, grâce à l'induction, nous avons
généralisé les données relatives à 190
tontiniers que la boule de neige nous a permis d'atteindre sur l'ensemble notre
population d'étude de ce groupement.
0.6 Délimitation du
sujet
Sur le plan spatial, notre étude porte sur le
groupement de Bashali Mokoto du territoire de Masisi. Du point de vu temporel,
il s'agit d'une étude instantanée.
0.7 Canevas de présentation
Le canevas de notre travail porte sur trois principaux
chapitres. D'abord, le premier retrace le cadre théorique de
l'étude. Ensuite, le deuxième se dissèque autour de la
présentation du milieu d'étude et enfin, le troisième,
constituant l'essentiel de notre étude, donne la quintessence des
tontines et leurs impacts sur le développement du groupement de Bashali
Mokoto.
O.8 Difficultés rencontrées
L'homme se mesure devant l'obstacle, ont dit nos aïeux.
Tout travail scientifique ne peut se réaliser aisément. Pour
atteindre le terme de ce travail, nous avons connu plusieurs
difficultés, entre autres :
· La réticence des tontiniers à nous donner
toutes les données nécessaires à la bonne
réalisation de notre étude ;
· Les contraintes budgétaires, surtout que nous
étions souvent obligés de faire des kilomètres à
pieds pour atteindre notre population d'étude (les tontiniers) ;
· La carence documentaire dans notre bibliothèque
qui nous obligé à nous abonner ça et là, pour avoir
les informations pertinentes.
Chapitre premier :
APERCU GENERAL DU ROLE DES TONTINES DANS LE DEVELOPPEMENT
RURAL
Toute recherche scientifique se focalise
toujours sur une base théorie afin de mener une analyse dans un milieu
donné. A cet effet, ce chapitre constitue le fondement de notre
étude. Pour ce faire, nous passerons en revue, d'une part, les
généralités sur les pratiques tontinières et de
l'autre part, brosserons succinctement le rôle de celles-ci dans le
développement rural.
I.1
Généralités
I.1.1 Définitions des
concepts clés
I.1.1.1 La tontine
La tontine est une association de personnes qui, unies par des
liens familiaux, d'amitiés, de profession, de clan ou de région,
se retrouvent à des périodes d'intervalles plus ou moins
variables afin de mettre en commun leur épargne en vue de la solution
des problèmes particuliers ou collectifs.
Cette définition est proche de celle donnée par
BOUMAN (1977) qui explique que « les tontines sont des associations
regroupant des membres d'un clan, d'une famille, des voisins ou des
particuliers, qui décident de mettre en commun des biens ou des services
au bénéfice de tous les membres et ce, à tour de
rôle ». 18(*)
Selon la définition du petit Robert, en Afrique, la
tontine est une «Association de personnes versant
régulièrement de l'argent à une caisse commune dont le
montant est remis à tour de rôle à chaque membre»
19(*)
La forme la plus élémentaire de la tontine
consiste en une formule mixte d'épargne et de crédit qui
fonctionne comme suit : les participants versent
régulièrement des cotisations de montant fixe à un fonds
commun qui est distribué tour à tour à chacun des membres,
désigné en général par tirage au sort. Quand chaque
membre a reçu le fonds une fois, le cycle doit normalement recommencer.
Il faut noter que le premier membre à recevoir le fonds
bénéficie d'un prêt sans intérêt, tandis que
le dernier à le recevoir épargne tout au long du cycle sans
être rémunéré (voire même un taux
d'intérêt négatif si l'inflation est forte) pour toucher
à la fin le même montant qu'il aurait accumulé en
épargnant régulièrement à titre individuel. Les
autres membres se trouvent, selon leur rang d'accès au fonds, en
position de débiteur ou de créditeur. Leur participation leur
permet néanmoins de bénéficier de la somme totale
plutôt que s'ils avaient épargné par eux-mêmes.
20(*)
Les tontines existent presque partout en Afrique sous divers
autres noms. On les rencontre sous des noms très proches dans d'autres
continents. Au Sri Lanka, par exemple, on les appelle
« cheetu », « chittfunds » en Inde,
adjolu au Bénin, Sosiyete ou Ikinina au Rwanda, Likelemba ou ristourne
en RDC. Elles existaient depuis le IXe siècle en Chine sous
des formes relativement sophistiquées, avec enchères
(neibiao).21(*)
I.1.1.2 Le
développement rural
Le développement rural est une stratégie
élaborée en vue d'améliorer la vie sociale et
économique d'un groupe spécifique de personnes : les
populations rurales pauvres. Il implique d'offrir les bienfaits du
développement aux plus pauvres de ceux qui cherchent des moyens
d'existence dans les zones rurales. Ce groupe comprend les petits exploitants
agricoles, les métayers et les « sans terre ».
(World Bank, 1975, p3).22(*)
Le développement rural est un terme concernant toutes
les activités qui accroissent le bien être des populations
rurales, notamment la satisfaction des impératifs vitaux :
l'alimentation par exemple, et le développement par des programmes
d'éducation et de nutrition du potentiel humain à la
campagne.23(*)
Le développement rural peut être redéfini
de façon à inclure l'objectif de donner aux populations rurales
pauvres (hommes et femmes) la possibilité d'exister et de
contrôler une plus grande part des avantages du
développement.24(*)
I.1.2 Origine des tontines
Les tontines existaient bien avant
l'introduction de la monnaie dans l'économie. Elles plongent leurs
racines dans l'histoire lointaine des peuples concernés. En France
aussi, autrefois, les paysans avaient l'habitude de travailler ensemble dans le
champ de chacun à tour de rôle, ou de réparer ensemble le
toit des maisons, l'une après l'autre.25(*)
Auteur d'un récent ouvrage, intitulé
« Tontine et développement », M. Nzemen
démontre que la culture financière est ancrée dans la
mentalité de l'Africain. Face aux aléas de toutes sortes, la
première réaction est venue du monde rural. Le grenier, sorte
d'épargne récolte, est l'ancêtre des tontines actuelles de
solidarité.26(*)
Bien que l'origine du terme « tontine »
renvoie à une forme d'épargne localisée en Italie, en
réalité cette forme d'entraide a été
découverte dans d'autres pays d'Europe, d'Amérique Latine,
surtout en Asie (Japon, Chine et diaspora chinoise, Corée,
Indonésie etc.) et d'Afrique (Bénin, Cameroun).27(*)
Les pays africains de leur coté faisaient de
même. En effet, les Africains, eux aussi, se sont depuis longtemps
groupés pour travailler ensemble successivement dans le champ de chacun
d'eux ou construire chaque maison l'une après l'autre dans le village.
Ils constituaient de cette façon une tontine de travail qui
pouvait servir par exemple à creuser les tombes, ou alors une
tontine en nature pour acheter des tuiles ou organiser une fête. Ce
n'est que plus récemment, quand la monnaie a commencé à
circuler, qu'ils ont constitué des tontines d'argent.
Il n'y a que peu de temps que des écrits mentionnant
l'existence de tontines en Afrique sont apparus. En 1952, W.R. Bascom parle de
l'Esusu au Nigeria et dans les pays voisins où il est pratiqué
couramment par les musulmans yorubas.
Selon Ardener, l'Esusu serait apparu en réalité
vers le milieu du 19ème siècle.
Puis, au cours des années suivantes, de plus en plus
d'informations sur ce type de pratique vont permettre de mieux connaitre les
mécanismes tontiniers, et de s'apercevoir que les tontines existent en
fait dans de très nombreux pays d'Afrique.
Ce sont les pays d'Afrique de l'ouest qui feront d'abord
l'objet d'études sur les tontines, et en particuliers le Nigeria, la
Sierra Leone où il semble que le phénomène soit
très ancien.
La littérature sur les autres pays d'Afrique de l'ouest
rapporte que c'est aux alentours de la fin du dix-neuvième siècle
et au début du vingtième siècle que les tontines ont fait
leur apparition. Les tontines semblent être beaucoup plus récentes
en Afrique de l'est.
Contrairement à l'Afrique, les choses sont nettement
plus anciennes en Asie. Au Japon, par exemple, l'apparition des
premières tontines « avec argent » daterait de 1275,
et en Corée, le « Kye » serait peut être apparu
dès le neuvième siècle.
Certains auteurs, spécialisés dans
l'étude des tontines asiatiques, pensent qu'elles sont apparues
dès le 2è siècle après Jésus Christ.
L'hypothèse qui parait la plus vraisemblable à leurs yeux est que
les tontines de crédit, qui étaient en réalité des
sociétés d'entraide, doivent leur origine à l'influence
bouddhique et au rôle joué par les monastères. Les mujins
auraient alors pris leur essor à la fin du VIIème siècle.
La tontine est également apparue très tôt
dans d'autres pays d'Asie. Par exemple, un contrat du quatorzième
siècle fait état d'une telle pratique au Japon où on la
trouve sous l'appellation de Kou. Ces tontines existaient déjà
dans ce pays un siècle plus tôt dès 1275. On aurait
même retrouvé cette appellation dans des textes datant de 606.
Malheureusement, on ne dispose que de très peu d'informations sur
l'origine des tontines dans les autres pays asiatiques.
Le mot vient d'un financier italien prénommé
Lorenzo Tonti qui avait convaincu Mazarin, vers 1650, d'utiliser une
nouvelle formule d'emprunt pour renflouer les caisses de l'Etat. Aux tontines
publiques ont succédé des tontines privées qui
permettaient de préparer sa retraite ou de s'assurer sur la vie. Il est
plutôt étonnant de retrouver cette expression française
utilisée dans tous les pays. On la rencontre même dans le Chitt
Funds Act promulgué à Singapour en 1971 qui s'y
réfère expressément.
Selon T. Pairault (1990), le terme semble avoir
été utilisé pour la première fois par un juriste
français dans un ouvrage publié à Saigon en 1905,
l'année même où une nouvelle loi sur les tontines est
promulguée en métropole ; cet événement
explique cela!
Les tribunaux d'Indochine ont ensuite à plusieurs
reprises utilisé la formule, les commentateurs d'arrêts l'ont
expliquée, et les juristes ont fini par se rendre compte que dans les
pays voisins ces pratiques étaient les mêmes, et donc une
appellation commune serait beaucoup plus simple. Cette explication laisse
cependant sans réponse la question de savoir comment l'expression est
passée du continent asiatique au continent africain. 28(*)
I.1.3 Les diverses formes et caractéristiques des
tontines
I.1.3.1 Les diverses formes
Il existe plusieurs types de tontines, chacune d'entre-elles
étant, dans sa composition, à dominance professionnelle ou
géographique. Les tontines professionnelles ou
socioprofessionnelles sont les tontines de cadres, de fonctionnaires,
d'agriculteurs, d'artisans, de commerçants, d'entreprises...
Les tontines géographiques sont les tontines de
quartiers, de villages, des Africains en France, de l'élite en R.C.A.
...
On peut distinguer trois types principaux de tontines: les
tontines mutuelles, les tontines commerciales, et enfin les tontines
financières.
I.1.3.1.1 Les tontines
mutuelles
Ces tontines sont les plus répandues. Elles reposent
sur la solidarité entre membres qui se connaissent bien. Les
tontines mutuelles peuvent être définies comme des fonds
d'épargne rotative où les levées bénéficient
à chacun des sociétaires selon un ordre préétabli,
mais révisable. Chacun peut prêter et emprunter et remplacer
une créance par une dette. Ces créances et dettes ont plusieurs
caractéristiques particulières:
· Elles ne sont assorties d'aucun intérêt.
En effet, les créances ne rapportent rien, et les dettes ne
coûtent rien non plus. Ainsi, l'épargne et le crédit sont
gratuits ;
· Il n'y a pas d'intermédiaire. Tous les
adhérents ont certes des créances et des dettes, mais ils les ont
les uns envers les autres du fait que la tontine ne dispose pas d'une
personnalité juridique propre ;
· Les créances et les dettes se compensent
parfaitement tout au long du cycle et s'annulent au dernier tour.
L'accumulation n'est ici que temporaire.
I.1.3.1.2 Les tontines
commerciales
Dans cette forme de tontine, les fonds sont collectés
par un tiers qui a pris l'initiative de la création du groupe et qui
joue le rôle de banquier, prélevant une commission pour le service
qu'il rend d'ajuster au mieux l'épargne collectée et les
prêts déboursés.
Dans cette forme de tontine, on peut également parler
de créances et de dettes. En effet, la créance du client augmente
au fur et à mesure qu'il dépose son épargne chez le
tontinier, qui lui, à l'inverse voit sa dette augmenter d'autant. La
créance des clients et la dette du tontinier sont la contrepartie l'une
de l'autre: elles progressent à chaque versement et diminuent lors du
remboursement. Les caractéristiques de ces créances et de ces
dettes sont les suivantes :
· Elles s'accompagnent, contrairement à celles des
tontines mutuelles, d'un intérêt. Mais cet intérêt
est négatif puisque c'est le client qui le paye pour que son
argent soit en sécurité. En général, il est de
3% ;
· Il n'y a toujours pas d'intermédiaire. Le
tontinier ne prête pas aux uns ce qu'il a reçu des autres, mais il
y a un agent avec lequel tous les clients sont en relations, et sur lequel ils
ont tous une créance juridiquement identifiée. Cette
créance est d'ailleurs matérialisée par la carte
émise au nom du tontinier qui l'a remise à chaque client et dont
il coche une case à chaque versement. Elle est un titre de
créance dont la validité a déjà été
reconnue en justice. Si le client la perd, le tontinier peut refuser de le
rembourser....mais il a plutôt intérêt à garder la
confiance de ses clients ;
· La dette du tontinier et la créance de ses
clients progressent parallèlement jusqu'au remboursement. Ici
également, l'accumulation est temporaire, mais elle est
régulière car les versements s'échelonnent selon un
échéancier prévu d'avance. Ainsi, la détermination
de la valeur de ces créances et de ces dettes est plus facile car
très souvent, les clients qui viennent d'être remboursés
reprennent aussitôt leurs versements.
I.1.3.1.3 Les tontines
financières
Contrairement aux tontines commerciales, où l'on
cherche au maximum à récupérer l'argent
déposé, les dépôts effectués ici par
l'ensemble des adhérents sont mis aux enchères selon des
modalités statutairement définies.
Le participant le plus offrant paie donc un
intérêt pour emprunter l'argent de la tontine. Le taux diminue
à mesure que les tours se succèdent puisque les candidats sont de
moins en moins nombreux et que la durée restant à courir est de
plus en plus courte. Le produit de ces enchères est ensuite reparti
entre les participants qui, quelle que soit leur propre enchère, se
trouvent rémunérés de leurs propres versements.
L'intérêt est négatif pour ceux qui ont besoin d'emprunter
rapidement, et positif pour ceux qui ont pu attendre.
L'intérêt n'est pas le prix d'équilibre de
l'offre et de la demande de liquidité à un moment donné,
il résulte de l'étalement pendant le cycle des besoins de chacun.
Pour clore, soulignons que la part de cotisation varie d'une
tontine à une autre en fonction du niveau des revenus des membres et des
objectifs qu'ils visent.29(*)
En outre, les divers systèmes des tontines qui peuvent
exister se distinguent les uns des autres par les conditions d'adhésion,
le nombre des membres, le montant d'adhésion et la
périodicité des contributions, le mode de gestion, l'emploi des
fonds, le mode de remboursement des prêts etc.30(*)
Remarques sur les différentes formes de tontines:
Les tontines, au-delà d'être un moyen
d'épargner ensemble et de bénéficier à tour de
rôle de tout ou partie de cette épargne, peuvent
complémentairement ou principalement jouer un rôle social. Elles
sont une forme d'entraide, notamment en cas d'hospitalisation ou de
décès.
Les intérêts perçus sur les
enchères peuvent alimenter cette « section sociale » ou cette
dernière peut aussi faire l'objet d'une cotisation particulière.
Certains considèrent que le rôle des tontines est celui d'une
« espèce de sécurité sociale à l'africaine
». 31(*)
I.1.3.2
Caractéristiques
Les tontines se caractérisent par :
· Des relations personnelles très étroites
entre les membres ;
· Leurs mécanismes sont d'une réelle
originalité et d'une grande souplesse ;
· Elles sont populaires et autogérées par
les intéressés ;
· Elles assurent une fonction financière sans
l'aide des banques et des services techniques ;
· Elles rassemblent l'épargne sous forme de
cotisations, et permettent à leurs membres de faire des
économies afin de faire face à des dépenses importantes en
cas de deuil, de maladie ou pour investir.32(*)
I.1.4 Fonctionnement et activités
Le principe de la tontine est celui d'un échange
circulaire et égalitaire d'un bien ou service entre un groupe de
personnes qui partagent le plus souvent les mêmes ambitions.
Le principe des tontines est simple: un groupe d'amis ou de
proches décident de se réunir régulièrement pour
mettre leur épargne en commun. Chacun cotise une somme fixe,
déterminée à l'avance: par exemple, 10 personnes donnent
1000 euros. A chaque rencontre, il y en a autant que de membres dans la tontine
et une seule personne empoche l'intégralité de la cagnotte, soit
1000 euros. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que tous les adhérents
aient «bouffé la tontine».33(*)
Le « tour » échoit au moment
où un membre bénéficie des cotisations versées par
l'ensemble des membres de son association. L'ensemble des
« tours » constitue un « cycle ». Celui
ci correspond à la rotation complète des tours.
La durée du cycle ne s'exprime donc ni en
semaines ; ni en mois ; ni en années, mais elle est
égale au produit du nombre des membres par la périodicité
des tours. Les membres d'une tontine s'engagent à toute la durée
du cycle. Entre deux cycles, ils peuvent sortir librement et les nouveaux
adhérents peuvent entrer. Les modalités d'attribution des tours
sont déterminées soit par la désignation du dirigeant de
la tontine, soit par tirage au sort, soit par vente aux enchères
(procédure souvent complexe), ou encore suivant l'urgence des besoins de
l'un des membres.34(*)
Les performances des tontines en matière de
remboursement ne sont pas assuré par des garanties formelles, mais
résultent de la pression sociale et sont généralement
bonnes. En effet, leur mode de fonctionnement parait adapté à
l'environnement culturel africain dans la mesure où la tontine
constitue une obligation de solidarité inter temporelle.35(*)
Quand aux activités, la tontine peut avoir quatre
principales fonctions :
· La fonction mutuelle qui permet à ses membres de
faire face aux dépenses importantes imprévues (maladies ou
deuil), de couvrir des besoins financiers et d'accorder une assistance morale
à des personnes en difficultés, ou encore d'organiser une
fête, un mariage, une naissance,...
· La fonction d'épargne : dans ce cas, la
tontine occupe la fonction d'une caisse d'épargne ou d'une
banque ;
· La fonction crédit pour les membres ou les non
membres. La tontine se transforme alors en banque, et prête l'argent
à des taux préférentiels à se membres ;
· La fonction d'investissement : la tontine investit
généralement dans le domaine social. Au Cameroun par exemple, une
tontine a un foyer qu'elle loue pour les fêtes et les mariages. D'autres
ont acheté des caisses, de l'équipement pour les
cérémonies, un taxi bus ou un véhicule pour les liaisons
entre leurs régions d'origine et capitales, un petit magasin
d'alimentation, une quincaillerie et même un corbillard.36(*)
I.1.5 Organisation, remboursement des prêts et
adhésion des membres aux tontines
Du point de vue organisation, comme dans toute association,
on trouve un président, des vices présidents, des
secrétaires, des trésoriers, des commissaires aux comptes, un
censeur pour le maintien de la discipline, des conseillers, voire d'autres
spécialistes selon le cas. Comme la tontine n'a pas de caractère
juridique, elle n'a pas d'enregistrement légal et fait donc partie des
associations informelles.37(*)
Pour corroborer ce qui vient d'être
évoqué en amont relativement au recouvrement des créances,
on peut se demander pourquoi la finance informelle réussit alors que le
système bancaire africain connaît tant des difficultés et a
dans ses comptes autant des créances irrécouvrables. Là
encore, l'explication est sociale. Si le débiteur d'une banque se sent
peu concerné par sa dette et omet si souvent de remplir son obligation
de remboursement, le lien de confiance et la pression sociale sont suffisamment
forts pour assurer le respect des engagements financiers informels. La force
des liens sociaux, la personnalisation des relations diminuent le coût
implicite des fonds prêtés en réduisant le risque de non
remboursement. 38(*)
Concernant l'adhésion des membres aux tontines, elle
est guidée par trois critères :
· La liquidité : on voit, on touche, on sent
l'argent à chaque séance ;
· La solidarité (un seul bras n'attache pas
un fagot de bois) : on peut aller jusqu'à passer son tour en faveur
de quelqu'un d'autre qui a un besoin urgent.
· La régularité : chaque jour, chaque
semaine, chaque mois, les membres de la tontine se réunissent.
L'assiduité aux séances est signe de l'attachement aux objectifs
du groupe et la garantie de la parole donnée. Aucun prétexte ne
peut justifier une irrégularité dans les versements des
cotisations.
En définitif, «Quand tu échoues la tontine,
tu deviens indésirables dans le groupe. Tu peux être
discrédité et exclu de ton association », raconte Malamba T,
sociologue congolais en Belgique.39(*)
I.1.6 Statut, faiblesses des tontines et
nécessité du droit
I.1.6.1 Statut et
faiblesses des tontines
En favorisant le développement des
pratiques tontinières, le marasme financier qui a suivi la crise
économique des années 1990 en a également
dévoilé les faiblesses des fondements juridiques. 40(*)
Selon R.Noumen, la capacité de prêt a
également une marge très retreinte. L'offre de crédit est
donc inélastique alors que la demande est élevée,
d'où surenchère.
En Afrique, les tontines ne sont pas encore reconnues
légalement. Cependant, on peut observer quelques modifications allant
dans ce sens. Par exemple, dans la zone de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine, une loi sur les institutions mutualistes ou
coopératives d'épargne et de crédit est en cours
d'adoption devant les parlements nationaux. Cette loi vise plutôt le
secteur semi formel, mais pourrait servir de tremplin aux tontines pour
solliciter leur reconnaissance auprès des autorités. 41(*)
Bien plus, les limites et contraintes des tontines mettent
évidence le système tontines quand à leur rôle
possible de financement du développement. Celui-ci doit être
recherché à partir d'une approche « locale »
du développement : ensemble des projets individuels et collectifs
s'inscrivant dans une réalité spatiale, humaine,
économique, articulée sur l'extérieur, mais laquelle les
individus se connaissent et sont prêt à investir.42(*)
I.1.6.2
Nécessité du droit : processus de bancarisation des
tontines
Les différents travaux sur les tontines (Nzemen
1988,1993 ; Pairault 1990 ; Henri 1991) insistent sur la logique de la
confiance comme principal substrat sur lequel se bâtissent ces pratiques.
Mais les tontines font beaucoup plus que s'appuyer sur la confiance, elles sont
des lieux privilégiés où l'on peut en toute
quiétude s'en remettre aux autres. Elles sont un des foyers où la
confiance se crée et se fortifie. Cette confiance est fondée sur
une connaissance mutuelle concrète des acteurs, vertu cardinale qui
manque le plus aux banques et au système financier institutionnel.
Mais les défaillances de plus en plus fréquentes
des membres dans un contexte de crise, d'appauvrissement et d'exclusion
constituent une source de difficultés en chaîne qui effrite
dangereusement l'étoffe de la confiance qui constitue l'essence de la
tontine. Ceci contribue à en fragiliser les fondements. La
détérioration des relations interpersonnelles peut avoir des
répercussions néfastes sur le fonctionnement du groupe, surtout
si les protagonistes occupent des positions stratégiques dans
l'organigramme de la structure (président et trésorier par
exemple). Quelquefois les problèmes nés entre les membres, en
dehors de l'association, peuvent nuire à la solidité du
système et à la cohésion du groupe dans la mesure
où les rapports sociaux débouchent presque toujours sur la
constitution de réseaux clientélistes.
Il s'en suit alors la division du groupe en fractions rivales
et antagonistes qui peut aboutir à la dislocation pure et simple avec
les conséquences incalculables. Au sein des nombreux groupes, la
fiabilité et l'efficacité de la pratique tontinière
dépend du trésorier qui très souvent détient en
devers lui d'importantes sommes d'argent, quand bien même l'association
serait titulaire d'un compte bancaire. Il arrive très souvent que
l'individu qui occupe cette fonction abuse de la confiance mise en lui et
disparaisse avec la Caisse ou distraie des sommes importantes au moment de la
redistribution à échéance des épargnes dans les
diverses caisses.
Le deuxième niveau où la question de la
confiance dans la tontine pose problème est institutionnel et concerne
l'attitude de l'Etat à l'égard des tontines et, partant, la
nature des rapports entre l'Etat et les tontiniers. Warnier (1993-80) rappelle
à cet effet que «nombreux sont les tontiniers qui redoutent une
légalisation des tontines parce qu'ils se méfient des intentions
cachées d'un législateur au service d'un Etat trop
gourmand».
Par ailleurs, les relations entre le système bancaire
et les nombreux opérateurs sont marquées par la méfiance
en raison de la sélectivité des prêts qui se feraient
souvent sur la base des relations personnelles ou pour des raisons
d'équilibre régional plutôt que sur les critères
économiques et financiers. Ce genre de réticence traduit un
déficit de confiance entre les opérateurs économiques et
l'Etat en même temps qu'elle pose la question de l'attitude de l'Etat par
rapport aux tontines.
Dans une logique répressive, l'Etat peut se
prévaloir de la fonction de police administrative que lui
reconnaît le pouvoir réglementaire, ou exercer sur les tontines un
contrôle de gestion plus ou moins abusif (Togolo, 1998).
Dans une logique d'encadrement par contre, l'Etat peut
davantage jouer un rôle de régulation qui viendrait appuyer la
régulation interne de plus en plus inopérante en raison des
limites et des abus de confiance. Plutôt que de jouer à
cache-cache avec l'Etat ou de limiter les compétences de l'Etat pour
miser sur la loi du marché, il conviendrait de protéger la
puissance publique de la marchandisation qui la menace (Warnier 1993:275).
43(*)
De sa part, M. Nzemen plaide dans son ouvrage pour une
reconnaissance juridique des tontines. L'Etat ne se mêlerait pas de leur
organisation mais prélèverait des taxes. En échange de
quoi les magistrats pourraient trancher les litiges entre l'association et
certains membres indélicats. Les tontiniers seront-ils d'accord
?44(*)
Il faut donc que l'Etat parvienne à convaincre les
tontiniers afin que ces derniers s'imprègnent de l'importance de la
reconnaissance juridique de la tontine afin d'accroitre son
efficacité.
I.2 Rôle des tontines dans le développement rural
La motivation économique essentielle d'appartenir
à une tontine est de disposer en une fois, d'une grosse somme d'argent
qui permet de réaliser un investissement important.
Comme fait social, la tontine ne saurait être
réduite à l'une de ses fonctions sociale, économique,
commerciale, financière, entrepreneuriale. Il convient dès lors
d'étudier et de comprendre les pratiques tontinières par rapport
aux sociétés qui les ont engendrées et qui les animent.
Tout au long des deux dernières décennies (1980 et 1990),
l'obsession des agences internationales de développement ( Fonds
Monétaire International particulièrement) à imposer dans
tous les pays africains des recettes extraordinairement identiques
[Stiglitz,2002] en termes de politiques d'ajustement structurel a desservi les
politiques de développement souvent conçues sous le signe de
l'unique voie à travers le Consensus de Washington alors même que
les experts sont convaincus que l'harmonie du développement suppose que
chaque peuple puise dans son registre culturel et dans ses
représentations propres, les conditions de son épanouissement et
de sa reproduction. 45(*)
A cet effet, Georges DESFOUR souligne que le
développement endogène doit venir de la population, des hommes
qui prennent en mains leurs destins et organisant leurs sociétés
en se basant sur leurs propres ressources et sur la maîtrise qu'ils ont
sur leur devenir.46(*)
A cheval entre le financier par l'octroie des crédits
et en ajustant l'épargne et le social, les tontines s'adaptent aux
besoins et à l'environnement socio-économique de leurs membres.
Ces associations d'épargne et de crédit tournant, bien
qu'octroyant un niveau limité de crédit, constitue souvent la
seule alternative fiable pour que les petits emprunteurs puissent satisfaire
leurs besoins de crédit.47(*)
I.2.1 Considérations magistrales sur
l'épargne
I.2.1.1
Définition
L'épargne tire son origine du mot
anglais « saving » signifiant l'action de sauver,
c'est-à-dire mettre en sécurité ou conserver ou
préserver pour un usage futur. C'est un acte de
prévoyance.48(*)
Pour les classiques et Marx, l'épargne est
essentiellement l'effet des possédants (à consommer pour les
capitalistes), elle s'identifie largement au « surplus »
produit par la société, qui est accumulé dans une
perspective de production élargie.
Pour les néoclassiques, l'épargne
apparaît avant tout comme le résultat d'une décision
individuelle, une conséquence du choix entre consommation
présente et consommation future, qui dépend du goût de
celui qui prend cette décision, mais aussi du taux
d'intérêt considéré comme une « prime
d'abstinence » ; ce qui permet de dire que les agents
procède par « un choix inter temporel ».49(*)
John MEYNARD KEYNES (1883-1946) est passé à
celle de l'abstention de consommer. Pour lui, tout acte d'épargner est
un acte passif de renonciation « l'individu disposant d'un certain
revenu effectue des achats de biens consommables ; ce qu'il refuse de
dépenser ou de consommer constitue de l'épargne.
L'épargnant n'est pas seulement un individu qui diffère sa
consommation en vue d'accroître ultérieurement sa capacité
productive ou une substitution d'une demande de consommation future à
une demande de consommation présente. Un acte d'épargne
individuelle, écrit Keynes, signifie pour ainsi dire une décision
de ne pas dîner le soir. Il constitue une réduction nette de la
demande » 50(*)
De ce qui précède, nous pouvons dire que l'acte
d'épargner résulte d'un choix de la part du titulaire d'un
revenu, d'un bien ou d'un service entre consommation immédiate et mise
en réserve. Il porte sur cette fraction provenant de la production
courante ou d'une circonstance exceptionnelle (héritage, gratification)
qui est retranchée de la consommation courante. La constitution de
l'épargne se justifie par le souci de diversifier le patrimoine de
l'épargnant soit pour des raisons de prestige, de
sécurité, d'héritage ou de pouvoir.
I.2.1.2 Importance de
l'épargne dans le développement économique
L'épargne sert de nerf dans le développement
économique. Elle est le moteur du développement. Que l'on agisse
au niveau local, national, global ou international, l'épargne reste la
clé du financement de développement.
S'il convier de ne pas céder à l'illusion selon
laquelle un niveau élevé d'investissement serait à lui
seul la source d'un processus développement
accéléré ; il n'en demeure pas moins que
l'accumulation du capital est la condition nécessaire.51(*)
L'épargne rend possible l'investissement, celui-ci
permet, quant à lui, la production et cette dernière
crée le revenu. Si les revenus sont bien utilisés, un mieux
être, c'est-à-dire un développement en résulte.
L'épargne bien investit crée un processus de renforcement du
capital et de reproductibilité de l'épargne, et donc, un effet
« boule de neige » qui entraîne le
développement.
Epargne
Investissement
Production
Revenu
Source : Fernand VINCENT
I.2.1.3 Les motivations de
l'épargne
Les motivations de l'épargne sont diversifiées
et ne s'excluent pas les unes des autres. Ainsi, retenons à titre
indicatif, la précaution non affectée à des objectifs
spécifiques (chômage, risques sociaux divers,...), et la
précaution affectée à un objectif précis
(investissement, patrimoine, retraite, revenu supplémentaire
régulier, bénéficier des différents types de
prêts,...).52(*)
I.2.1.4 Danger de
l'épargne
Rappelons deux dangers que les épargnants peuvent
courir :
· En cas de forte ou de très forte inflation,
l'épargne ne doit en aucun cas rester monétaire mais doit
être immédiatement investit dans un bien car l'effort de
l'épargne monétaire sera détruit par l'inflation ;
· Il faut chercher à tout prix à
prêter localement l'épargne rassemblée. Il y a, en effet,
risque de décapitaliser le milieu qui épargne si toutes sortes de
raisons, on a peur que les prêts accordés ne seront pas
remboursés et que l'on place l'épargne rurale en ville
auprès des fonctionnaires ou, pire encore, à
l'étranger.53(*)
I.2.4 Exigences et quelques indicateurs du
développement local
L'idée de base est qu'il est malsain de parachuter des
idées et des décisions d'actions sur les populations sans que
celles-ci aient le mot à dire. A vraie dire, les paysans ne sont pas
à l'aube de leur histoire, ils ont accumulé dans la
mémoire du groupe des quantités de formation pour leur propres
expériences. Les structures d'appui comme les organismes d'encadrement
doivent essayer de connaître cette histoire et cette
réalité pour y intégrer leurs propositions d'action.
Or, généralement, la conception et la pratique
de la planification ne permettent pas aux ruraux de faire leur choix, de
définir en commun leur objet et d'établir leurs programmes
d'actions. C'est la raison pour laquelle nombreux paysans refusent de
participer à un développement conçu et géré
par autrui. Et à GHANDI de dire à ce sujet que « ce
que vous faites pur moi sans moi, vous le faites quelque part contre
moi ».
Le développement dépend donc de la conception
que les intéressés s'en font et aussi des connaissances et des
spécialisations d'un grand nombre des personnes en exerçant des
multiples professions et activités dans leur territoire.54(*)
La mobilisation et concentration du surplus économique
en vue de son utilisation planifiée pour le développement est
l'une des conditions du développement (exigence
économique).55(*)
Quelques indicateurs du développement local :
· L'habitat ;
· Les conditions sanitaires ;
· Le niveau d'éducation scolaire des certains
enfants ;
· Le degré de participation des dépenses
entourant le mariage ;
· L'accès à l'information ;
· La perfection des outils de
production ;
· L'acquisition des nouvelles terres.56(*)
Pour clore, DEBOURSE indique, quand à lui, que la
capacité pour tous de réponde aux besoins vitaux de base :
la nourriture, le vêtement, le logement, la santé, la
sécurité et l'éducation font parti intégrante des
finalités du développement.57(*)
I.2.5 Impacts des tontines dans le développement
local
En tant que processus et stratégie
d'amélioration du niveau de vie d'une portion donné d'un
territoire, le concept est évoqué souvent en politique
économique. Pour X. GREFFE, la politique de développement local
diversifie et enrichit les activités sur un territoire donné par
la mobilisation des ressources et de ses énergies. Sa réussite
dépend de l'information et de la formation des hommes qui y participe.
Dans cette perspective, l'accent est mis sur des données
locales.58(*)
« Les banques ne prêtent qu'aux
riches ». Malheureusement cette version est encore trop souvent
vérifiée. Les paysans, les petits entrepreneurs, ou les artisans,
les groupes de femmes ou les jeunes qui n'ont pas de garantie n'ont aucune
chance d'accéder au crédit de banques commerciales ou de
développement. Ces dernières ne veulent pas prendre le risque.
Le système de financement actuel est simplement inadapté aux
besoins du développement local. 59(*)
Pour pallier à cette inaccessibilité au fonds
des banques, l'être humain, étant doué d'une forte
capacité de réflexion, a mis au point la pratique
tontinière afin d'être à même d'accéder aux
différentes composantes de développement.
Cette pratique fait parti des associations d'épargne et
de crédit visant l'épanouissement individuel et collectif
de ses participants et s'appuie sur des mécanismes de solidarité
globale tels la collecte et la redistribution de l'épargne sous formes
diverses : gains, prêts, soutien financier aux membres
frappés par les évènements heureux (naissance ou mariage)
et malheureux (le décès dans la famille d'un membre),
l'assistance morale, organisation des fêtes et la distribution des prix
aux enfants des membres.60(*)
Même s'il n'existe pas encore d'études globale et
planétaire, les études d'impacts spécifiques existantes
démontrent que la tontine réduit la pauvreté et fait
entrer les pauvres dans le système financier ; ce qui leur permet
de se développer.
D'autres auteurs ont soulignés en quoi les
mécanismes non institutionnel de financement pouvaient être
novateur. A cela s'ajoute le constat des certains cas de micro entreprise qui,
ayant accès au financement formel continuaient à recourir
à des financements non institutionnels. Comme l'avance Marc Labie :
« On est donc parvenu à recourir progressivement à la
conclusion que le financement non institutionnel ne constituait en rien une
version primitive de la finance informelle appelée à
disparaître mais bien une version spécifique qui, par ses
caractéristiques propres, notamment de grande proximité entre les
épargnants et les opérateurs de fonds et/ou collecteurs de fonds,
permettait que les mécanismes de financement adaptés aux
réalités locales se mettent en pace».
Le système financier informel est apparu comme une
forme de solidarité entre les plus pauvres exclu du système
bancaire, mettant en commun leur apport afin de financer leur projet. Il s'est,
ensuite, développé et représenté peu à peu
une part significative du financement du développement. Il pourrait
constituer le principal avenir du développement économique des
pays en développement car les impacts sociaux existent et la perception
qu'en ont les bénéficiaires est très
encourageante.61(*)
La pratique tontinière en Afrique permet d'assurer le
bien être social. Et largement, la dynamique tontinière se
matérialise dans le contexte de l'économie du marché non
seulement par l'utilisation des fonds dans le financement des entreprises
(Kandem 2002), mais aussi par la transposition des « tontines en
entreprises » (Nkankleu 2002a). La tontine est un instrument de
socialisation et de réalisation des projets de développement
communautaire.62(*)
La tontine est souvent l'affirmation de la recherche d'une
identité. Elle est le signe d'une appartenance, et souvent elle gagne la
considération dans les villages. Outil de solidarité et de
prévoyance sociale, elle est en quelque sorte une prévoyance
à « l'africaine ».
Elle est en outre, un instrument de promotion sociale car elle
permet l'amélioration de l'habitat, l'acquisition des certains
instruments domestiques (radios, téléviseurs, groupes
électrogènes, meubles,...), la création et l'extension des
cultures de rente ou vivrière, l'achat des petits matériels
agricoles, etc.
Dans des nombreux pays africains, la tontine de relève
être l'élément le plus important de l'épargne
populaire. Il faut donc savoir l'utiliser, la moderniser et l'orienter non
seulement vers la couverture des besoins sociaux mais également vers la
création des activités économiques pour un
développement intégral des membres et de l'Afrique en
général.63(*)
Raphael NKAKLEU et ses co-auteurs de leur part, soulignent
que l'intermédiation tontinière va devoir subir une imitation
passant de la tontine en entreprise (c'est-à-dire mise en place au sein
d'une entreprise) à la tontine d'entreprise (c'est-à-dire une
création collective de la direction et des personnels dans la
perspective du partage d'une certaine vision qui fait l'entreprise
« une affaire de tous ou un service de chacun »). Il ne
s'agit ni plus ni moins que d'un nouveau système d'incitation et d'un
nouveau mode de coordination regroupant tous les acteurs dans l'organisation
afin d'atteindre un objectif désormais partagé par tous, dans un
cadre rendu robuste par ses ressorts sociaux et solidaire.64(*)
Le secteur informel et particulièrement la tontine,
remplit un vide quand le crédit agricole est défaillant ou quand
les programmes de crédits spéciaux en faveur du groupe
ciblé ou d'un secteur donné, notamment le monde rural sont
inexistants.65(*)
L'utilisation des tontines en matière entrepreneuriale
ne doit pas être surestimée. Y.A. FAURE rappelle que la
littérature sur les pratiques tontinières a mis l'accent sur la
typologie des associations financières, sur leurs modalités de
fonctionnement, sur la mathématique des intérêts,
etc. ; mais demeure fort laconique sur la nature des emplois faite des
fonds collecté par les participants. Ils servent à des fins
multiples : usages improductifs (dépenses ostensoirs comme le
financement des cérémonies familiales, dépenses courantes,
l'achat des biens durables) ou pour des usages productifs (transformation de
l'épargne informelle en celle formelle, investissement dans la
construction et l'accession à la propriété, financement
d'activités commerciales et artisanales existantes ou en cours de
création).66(*)
En conclusion, la diversité des pratiques
tontinières et leur apport au financement de l'économie et aux
progrès des nations montrent que la valorisation des pratiques locales
est une nécessité. L'humilité nous impose de
reconnaître avec Warnier (op. cit pp285-286) que le développement
de «l'Afrique ne se fera pas à coup de programmes d'ajustement et
par transfert d'ethos et de procédure de gestion importés et
ignorant les réalités et les capacités du terroir .... Les
civilisations comme le développement sont les produits d'un bricolage
incessant. Personne au demeurant n'a jamais réussi à faire table
rase d'aucune civilisation. Rien ne change que par reprise de
l'héritage. Le développement de l'Afrique s'inscrira dans son
héritage propre ou ne se fera pas ».67(*)
Chapitre deuxième :
PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE
II.1. Monographie du territoire de Masisi
II.1.1 Coordonnées géographiques et
écologiques
II.1.1.1 Localisation
Le territoire de Masisi est situé dans la partie
orientale de la RDC et dans la partie australe du Nord Kivu. Il est
limité par :
· Au Nord, par le Territoire de Walikale ;
· Au Sud, par le Lac Kivu et la Province du Sud
Kivu ;
· A l'Est, par le territoire de Nyiragongo et de Rutshuru
ainsi que les communes de Goma et de Karisimbi ;
· A l'Ouest, par les Territoires de Kalehe et de
Walikale.
Superficie est de 4.734Km2 sur
59.871,72Km2 que compte le Nord Kivu, soit 7,96 pourcent de la
superficie toute la Province.
II.1.1.2 Climat
La température moyenne du territoire de Masisi est de
23°C à 100m d'altitude, de 20°C à 140m d'altitude, de
17°C à 1800m d'altitude et de 15°C dans les régions de
200 m d'altitude.68(*)
Le territoire de Masisi est composé de trois
principales régions à savoir :
· La région de haute altitude allant de 1000m
à 2700m d'altitude (Kibabi, Matanda, Mihanga, Ngungu,...) ;
· La région de basse altitude de 3000m à
1700m d'altitude (Karisimbi, Nyange, Mweso,...) ;
· La région du bord du lac Kivu
bénéficiant d'un climat spécial.69(*)
II.1.1.3 Hydrographie
Le réseau hydrographique de ce Territoire est
constitué de lacs et de rivières. Parmi ces lacs, il y a lieu de
mentionner une série de petits lacs existant dans la collectivité
chefferie de Bashali à savoir : Mokoto, Ndalaa, Lukulu, Mbita et
Mbalukira.70(*)
Signalons également que le Lac Kivu est aux de la
collectivité chefferie de Bahunde, au sud ouest du Territoire de Masisi.
Quand aux rivières, on peut citer en passant, la rivière de
Chungiri qui sépare ce Territoire de celui de Kalehe, celle de Nganjo
qui sépare les collectivités de Bashali et de Bahunde, celle de
Kamurontsa et tant d'autres comme Loashi, Osso, Mutiri, Reng, Kyambiringa,
etc.
Il est à signaler que les noms des rivières
correspondent souvent à ceux des grands villages ou localités se
trouvant aux alentours ou traversés par ces rivières.
II.1.1.4 Relie, sol et sous
sol
II.1.1.4.1 Relief
Comme partout au Nord Kivu, le relie du Territoire de Masisi
est très accidenté. Il est principalement formé de hautes
montagnes, des plaines, des plateaux et collines.71(*)
II.1.1.4.2 Sol et sous sol
Le territoire de Masisi a un sol volcanique riche en humus et
par conséquent, très fertile. Le sous sol est, quant à
lui, riche en matières premières. On y trouve les ressources
minières telles que la tourmaline, le colombo-tantalite, la
cassitérite et qu'en sais-je encore ?
II.1.1.5
Végétation
La végétation de ce Territoire est
constituée de forets ainsi que des savanes herbeuses.72(*)
II.1.2 Subdivision administrative et démographique
Le Territoire de Masisi est une entité administrative
décentralisée de la Province du Nord Kivu, dotée d'une
personnalité juridique et est subdivisé en collectivités,
celles-ci en groupements et ces derniers en localités et cités et
ce, conformément à l'ordonnance loi n°82-006 du
25février 1982 portant organisation politico-administrative du
Territoire de Masisi en République Démocratique du Congo.
Celui-ci comprend quatre collectivités, dix neuf
groupements, quatre vingt-dix localités et une cité.
Il convier d'ajouter que c'est à l'époque
colonial en 1916 que les anciens royaumes sont devenus des chefferies
établies sur des bases rationnelles avec une réduction rigoureuse
de l'autorité des anciens chefs coutumiers.73(*)
En addition en rapport avec la population, nous
avons :
· Les Hunde : ils sont les autochtones de ce
Territoire. Ils seraient venus de Bunyoro en Ouganda. Leur origine remonte aux
migrations bantoues lors de leur déplacement à partir du bassin
du Lac Tchad au XVème siècle. Ils vivent de l'agriculture, de la
pèche, de la chasse, d'élevage et du commerce.
· Les Batembo : selon la tradition orale, les
Batembo seraient venus de Bunyoro(Ouganda) où ils étaient
installés. Ils vivent également de l'agriculture, de la chasse,
de l'élevage du petit bétail et de la pêche.
· Les Pygmées(Twa) : ils sont
disséminés dans tout le Territoire et sont
représentés dans chaque groupement en nombre insignifiant. Ils
vivent naturellement de la chasse ainsi que de la cueillette.
· Les Hutu et Tutsi : la présence de ce deux
ethnies dans ce Territoire provient des migrations organisés par le
pouvoir colonial belge entre 1937 er 1954 et celles survenues sous le
régime rwandais de Habyarimana.74(*) Les premiers vivent de l'agriculture, de
l'élevage et du commerce alors que les seconds vivent principalement de
l'élevage.
II.1.3 Ressources et activités
Ce Territoire est à vocation agro-pastorale. La
population exploite la terre pour l'agriculture ainsi que l'élevage. De
part sa position géographique, Masisi constitue un véritable
grenier de la ville de Goma, Bukavu et de la République Rwandaise ;
ce qui permet à sa population de s'ouvrir au commerce.
II.1.3.1L'agriculture
Compte tenu de son climat et de son sol, le Territoire de
Masisi est favorable aux cultures vivrières et industrielles. Comme
cultures vivrières, on y cultive le haricot, les mais, l'arachide, le
sorgho, les bananiers, le manioc etc. Quand aux cultures industrielles, il y a
le caféier, le théier, le quinquina, le pyrèthre, le
cotonnier, le palmier à huile.
Des usines ont été installées pour ces
cultures mais à cause des guerres et conflits, aucune ne fonctionne ou
même n'existe plus.
II.1.3.2
L'élevage
On pratique l'élevage du petit bétail comme la
chèvre, le mouton, le porc, la volaille etc. et celui du gros
bétail, notamment les bovins.
Le développement de l'élevage dans ce
Territoire a été favorisé par les vastes étendues
de pâturage naturel qui couvrent pratiquement les trois quart sur
Territoire. Il ressort des informations que pendant la période
précoloniale, l'autochtone vivait de l'agriculture, de la pêche,
de la chasse et de l'élevage du petit bétail. C'est le colon qui
l'a initié à l'élevage moderne du gros bétail qui
s'est développé davantage avec l'arrivé des immigrants
venus principalement du Rwanda. Déjà en 1957, le rapport de la
Province du Nord Kivu donne le nombre de 18659 tètes de gros
bétail.75(*)
II.1.3.3 Autres
ressources
Le Territoire de Masisi regorge les minerais et des pierres
précieuses. Exploitées de manière artisanale et sans
aucune organisation formelle (société minière), les sites
d'extraction ont été, surtout de ces dernières
années des lieux d'affrontements entre divers groupes armés.
Bien plus, on trouve dans celui-ci une foret qui comporte des
arbres géants qui approvisionnent la ville de Goma en planches pour la
construction des maisons, la fabrication des meubles et en braise. On y trouve
certaines espèces comme les gorilles, les chimpanzés pour les
primates et autres animaux comme les antilopes, les écureuils, etc. et
beaucoup d'autres espèces animales et végétales
intéressantes pour les recherches scientifiques.
II.1.4 Le régime foncier
La terre est la source de toute richesse et partant, des
conflits dans le Territoire de Masisi. Il importe cependant de préciser
son mode de gestion et d'acquisition car non seulement la terre est d'une
importance capitale dans ce Territoire mais aussi toute l'organisation
politique coutumière s'y base. Le chef coutumier est
considéré comme son gardien. Voyons maintenant comment celle-ci a
été gérée pendant la période coloniale ainsi
qu'après l'indépendance.
II.1.4.1 Politique foncier
avant l'indépendance
Depuis le début de la colonisation, une nette
distinction a été entre terres domaniales, les terres
indigènes et celles vacantes.
D'abord, les terres coloniales sont celles qui revenaient
à l'Etat et donc, à la colonie. Elles étaient du domaine
public ou privé. Ensuite, les terres indigènes sont celles qui
occupées par les communautés locales coutumières, les
autochtones. Enfin, les terre vacantes sont celles qui ne sont ni de l'Etat ni
des indigènes chacune de ces catégories de terres était
régie par des règles particulières : le droit
écrit pour les non indigènes et le droit coutumier pour les
indigènes.76(*)
Pendant cette période, le pouvoir foncier était
caractérisé par la possibilité pour les particuliers de
devenir propriétaire de entre par voie d'occupation coutumière ou
par voie de cession. Il faut noter que le mode de « faire valoir
directe » était de mise. C'est-à-dire qu'il y a des
liens contractuels qui existaient entre le détenteur du droit d'usage
sur la terre(le demandeur) et le détenteur du droit de la maitrise
foncière sur cette terre(le Mwami).c'est de la terre que les paysans
attend toute satisfaction des se besoins tant primaires que secondaires. Comme
détenteur de la maitrise foncière, le
« Mwami » peut l'utiliser directement ou la faire
travailler par ses membres de famille. C'est ce qui est appelé
« mode de faire valoir direct ».77(*)
Toute l'organisation coutumière est basée sur
la terre. Le chef coutumier est considéré gardien des limites de
toute la sphère de son entité. Le droit de
propriété n'est un droit de brève ou longue occupation
selon ce que veut le « Mwami ».
Quand à la distribution des terres, c'est le
« Mwami » qui distribue celles non occupées. Le
bénéficiaire n'a pas le droit de la vendre ni de la louer
à une tierce personne. Pour occuper un champ abandonné, on devait
demander l'autorisation du notable afin d'éviter tout conflit avec le
premier occupant ou les héritiers de la dite terre. Dans ce Territoire,
ni le fermage (l'emprunteur cultive la terre moyennant une redevance fixe) ni
le métayage (l'emprunteur cultive la terre moyennant une part de sa
récolte) n'était pas autorisé.
En effet, les communautés locales avaient les
propriétés privées des terres qu'elles occupent de
façon individuelle ou collective où elles exerçaient
certaines activités, notamment l'agriculture, l'élevage, etc. la
terre avait une considération mythique et ancestrale si bien qu'il ne
fallait pas la vendre.
II.1.4.2 Politique
foncière après l'indépendance
Depuis l'accession de notre pays à
l'indépendance, on a essayé à plusieurs tentatives
d'assurer la plénitude de la propriété du sol au nouvel
Etat. Il s'agissait de chercher DNS un premier temps d'une part à
anéantir la propriété privée des terre par le
pouvoir concédant ; d'autre part, à lutter contre
l'existence des certaines grandes étendues de terre sous fourme de
cessions ou concession non mises en valeur. Cela n'était pas de nature
à favoriser le développement du pays.78(*)
II.1.4.2.1 Principaux textes
légaux régissant le régime foncier
Il s'agit principalement de la législation
foncière. L'une des dispositions de la constitution du 1er
Aout 1964 invitait le législateur à régler souverainement
par la loi nationale le régime juridique des cessions et concessions
foncières faites avant l'indépendance. Ce texte assurait à
la RDC la plénitude de ses droits de propriété sur son sol
et la pleine souveraineté dans la concession ou cession de ses droits
fonciers, forestiers et miniers sur toute l'étendue de son
Territoire.
Cette Ordonnance-Loi fut connu sous l'initiateur en la
personne de Isaac Gérard BAKAJIKA KAGOMBE « Loi
BAKAJIKA ». L'article de la dite disposition était
libellé de la manière suivante : « Le sol et
le sous sol zaïrois ainsi que les produits naturels appartiennent à
l'Etat ».
La présente loi a assurée à la RDC la
plénitude et la libre disposition de tous ses droits sur le sol, le sous
sol et les ressources naturelles non mises en valeur.
II.1.4.2.2 Dispositions
spéciales aux terres rurales
Pour préserver le patrimoine de l'Etat, tant urbain
que rural, le législateur congolais prévu certaines dispositions
spéciales pour chacun de ces deux milieux. Comme notre travail traite
d'un milieu rural, nous ne révélons que les dispositions
concernant les terres rurales.
Les terres rurales d'une superficie de plus de 10ha
destinées à un usage agricole ou d'élevage ne peuvent
être concédées que si elles n'on pas été
occupées en vertu d'un titre d'occupation provisoire pendant un terme de
5ans. Le concessionnaire possède un contrat de concession ordinaire qui
est son emphytéose, la superficie, l'usufruit, l'usage et la
location.
D'après l'article 110, l'emphytéose
est un droit d'avoir la pleine jouissance d'un terrain inculte appartenant
à l'Etat, à la charge de mettre et d'entretenir le fonds en
valeur et de payer à l'Etat une redevance en nature ou en
numéraire. L'emphytéose ne peut être établie pour un
terme excédant 25ans. Cependant, ce dernier est renouvelable.
Selon l'article 123, la superficie est le droit de jouir d'un
fonds appartenant à l'Etat et de disposer des constructions, des bois,
arbres et autres plantes qui y sont incorporés.
L'article 132 stipule que l'usufruit concédé par
l'Etat à une personne sur un fonds est le droit pour elle de jouir et
d'user du fonds, comme l'Etat lui-même, mais à condition de la
conserver dans son état.
Enfin, l'usage selon l'article 141 est le droit que l'Etat
reconnait à une personne d'en jouir soi même avec sa famille, soit
en y créant des entrepôts pour soi même avec sa famille.
Selon l'article 53 de la loi foncière, le sol est la
propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de
l'Etat et l'article 160 ajoute que les concessions ne peuvent
excéder :
· Une superficie de 50ha pour des terres à
destination agricole ou d'élevage ;
· Une superficie de 5ha pour des terrains à
destination industrielle ou commerciale ;
· Une superficie de 1ha pour des terrains à
caractère résidentiel. 79(*)
Soulignons que la loi foncière est restée
longtemps ignorée par les Chefs coutumiers et par la majorité de
la population. Cette ignorance est la base de beaucoup de conflits de terre.
Bien que la loi foncière existait, la loi coutumière primait sur
cette dernière. Cependant, certaines personnes bien avisées
étaient munies des documents fonciers de leurs concessions.
II.2 Brève monographie du groupement de Bashali
Mokoto
Ce groupement est l'un des deux principaux groupements
formant la collectivité chefferie de Bashali. Il est limité au
Nord par le territoire de Rutshuru, au Sud - Est par le groupement de Bashali
Kaembe, à l'Est par celui de Bishusha et à l'Ouest par le
territoire de Walikale.
Le chef lieu de ce groupement fut Muhanga. Actuellement,
suite aux guerres tribales, devenu Kitshanga.
Sur le plan peuplement, ce groupement est principalement
occupé par trois tribus à savoir :
Les Hunde, les Hutu et les Tutsi qui trouvent leur origine
dans les deux pays limitrophes de la RDC, entre autres, l'Uganda et le Rwanda.
· Les HUNDE : ils sont les premiers occupants de ce
groupement après les pygmées qui, selon l'histoire, semble
être les premiers occupants de l'Afrique Centrale. Ces derniers furent
les fondateurs de ce groupement. Leur date d'arrivé serait
imprécise. Cependant, la tradition orale témoigne que vers 1885,
les Hunde étaient déjà dans ce groupement.
· Les HUTU : ils tirent leur origine du Rwanda. Ils
quittèrent ce dernier vers 1942. Les causes de leurs migrations sont
multiples, entre autres : les conflits tribaux, manque des sols arables
pour la culture et l'élevage. C'est la tribu majoritaire de ce
groupement du fait qu'ils occupent le deux quart de ce groupement.
· Les TUTSI : ils sont également originaires
du Rwanda. Cette tribu est subdivisée en deux catégories à
savoir : les Bagogwe et les Banyenduga. Outre ces trois tribus, soulignons
qu'il y a également les Nande et Kobo.
Le tableau ci-après reprend la population de ce
groupement selon le sexe mais confondue pour toutes les tribus :
Sexe
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Masculin
|
78.168
|
49,1
|
Féminin
|
81.027
|
50,9
|
Total
|
159.195
|
100
|
Source :
Rapport annuel 2010
Sur le plan organisation sociale, la discrimination y occupe
un rang non négligeable. Ces trois tribus ne vivent pas dans un
même milieu. Chacune à sa localisation géographique ;
corollaire directe de la discrimination que connait ce milieu. Cette
discrimination est à la base du déplacement des certains de ses
habitants vers d'autres groupements ; se qui fait qu'il soit très
difficile de connaitre la population exacte de ce groupement.
Quand aux cultures, il a un sol riche sur lequel s'applique
plusieurs cultures à savoir : le haricot, le maïs, manioc,
pomme de terre etc. cependant, en dépit de toutes ces cultures, la
population vit dans la pauvreté suite à certains facteurs qu'il
scie de souligner :
ü L'insécurité : ce milieu est un
champ de bataille des différents groupes armées, ce qui n'est de
nature à faciliter le développement de ces cultures avec comme
corollaire directe la malnutrition
ü Etat de délabrement des routes de dessertes
agricoles : l'écoulement des produits agricoles vers les grands
centres urbains pose problème et, pour tout dire, les paysan se trouve
dans la difficulté de gagner son pain quotidien et se résigne
ainsi en pratiquant souvent une agriculture de subsistance.
ü Soins sanitaires inadéquats : ce groupement
est habité par une population jeune du fait que la quasi inexistence des
soins appropriés fait que les plus âgés meurt trop vite.
Chapitre troisième :
TONTINES ET DEVELOPPEMENT RURAL DANS LE GROUPEMENT DE BASHALI
MOKOTO
Au niveau de ce dernier chapitre, il sera question de
développer le système tontinier dans le Groupement de Bashali
Mokoto. A l'issu de cette analyse, nous allons montrer leurs impacts sur le
secteur agricole de ce groupement.
Pour ce faire, notre réflexion sera axé
sur quatre principaux points portant sur : les
caractéristiques socio-démographiques des répondants, les
tontines et le développement rural à Bashali Mokoto, la part de
la levée affectée à l'agriculture et enfin, nous allons
procéder à une discussion des résultats de notre
enquête.
III.1 Caractéristiques socio-démographiques des
répondants
A ce stade, nous allons présenter
notre échantillon selon le sexe, l'état civil, l'âge, le
nombre d'enfants en charge, le niveau d'étude ainsi que les
activités principales.
Tableau n°1 : Présentation des
enquêtés selon le sexe
Sexe
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
Masculin
|
70
|
36,8
|
|
Féminin
|
120
|
63,2
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source :
nos enquêtes
Il ressort de ce premier tableau que sur un total de 190
tontiniers que nous avons enquêtés, il y a 70 et 120 personnes
respectivement du sexe masculin et féminin. Bien plus, il est à
noter que le sexe féminin représente la majorité de notre
échantillon ; soit 63,2 %.
Tableau n°2 : Présentation des
enquêtés selon l'état civil
Etat civil
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
Marié
|
90
|
47,4
|
|
Célibataire
|
60
|
31,6
|
|
Divorcé
|
40
|
21,1
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos investigations
Parmi les 190 personnes faisant partie de notre
échantillon, il y a nonante mariés, soit 47,4% ; soixante
célibataires, soit 31,6% et les divorcés qui représentent
la minorité ; soit 21,1% (40 personnes).
Tableau n°3 : Présentation des
enquêtés selon l'âge
Age
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
17,00
|
10
|
5,3
|
|
18,00
|
10
|
5,3
|
|
19,00
|
10
|
5,3
|
|
22,00
|
10
|
5,3
|
|
24,00
|
10
|
5,3
|
|
25,00
|
50
|
26,3
|
|
28,00
|
10
|
5,3
|
|
30,00
|
20
|
10.5
|
|
32,00
|
10
|
5,3
|
|
35,00
|
20
|
10,5
|
|
38,00
|
20
|
10,5
|
|
40,00
|
10
|
5,3
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source :
nos enquêtes
Tout porte à croire que les âges extrêmes
sont respectivement 17 et 40 ans. En outre, la majorité de nos
enquêtés est âgé de 25 ans ; soit 50 personnes
représentant 26,3% de notre échantillon et ainsi de suite.
Tableau n°4 : Présentation des
enquêtés selon le nombre d'enfant en charge
Nombre d'enfants
en charge
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
0
|
60
|
31,6
|
|
1
|
20
|
10,5
|
|
2
|
10
|
5,3
|
|
3
|
30
|
15,8
|
|
4
|
10
|
5,3
|
|
5
|
20
|
10,5
|
|
6
|
20
|
10,5
|
|
7
|
10
|
5,3
|
|
8
|
10
|
5,3
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos
investigations
Partant de ce qui précède, il appert que 60
tontiniers, soit 31,6% n'ont pas d'enfants en charge. En addition, ceux qui
ont plus d'enfants en charge sont au nombre de dix alors que ceux qui en ont
moins représentent 10,5% de l'échantillon, etc.
Tableau n°5 : Présentation des
enquêtés selon le niveau d'étude
Niveau d'étude
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
Primaire
|
90
|
47,4
|
|
Secondaire
|
60
|
31,6
|
|
Supérieur
|
40
|
21,1
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos
enquêtes
Il est à noter d'abord, que 90 personnes pratiquant le
système tontinier dans le groupement de Bashali Mokoto ont un niveau
d'étude primaire ; ensuite, 60 autres ont un niveau secondaire et
enfin, 40 uniquement sont du niveau supérieur.
Tableau n°6 : Présentation des
enquêtés selon leurs activités principales
Activité principale
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
Agriculture
|
40
|
21,1
|
|
Commerce
|
100
|
52,6
|
|
Enseignement
|
10
|
5,3
|
|
Fonction publique
|
10
|
5,3
|
|
Humanitaire
|
20
|
10,5
|
Autres
|
10
|
5,3
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos
investigations
Soulignons que la majorité absolue de notre
échantillon, soit 100 tontiniers, a comme activité principale le
commerce. En deuxième lieu, il y a 40 tontiniers agriculteurs. La
dernière catégorie regorge, à titre illustratif, les
élèves etc.
III.2 Tontines et développement rural à Bashali
Mokoto
Tableau n° 7 : Présentation des
enquêtés selon leur objectif dans une tontine
Objectif
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
Achat de nouvelles terres arables pour l'extension
des cultures, achat de petits matériels agricoles
|
150
|
78,9
|
|
Autres
|
40
|
21,0
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos enquêtes
La majorité absolue de nos enquêtés (150
personnes) poursuit l'objectif d'achat de nouvelles terres pour l'extension des
cultures, achat des outils agricoles pendant que la minorité (40
personnes) poursuivent d'autres objectifs tels que le paiement des frais
d'étude, l'augmentation du capital afin d'initier un projet important,
etc.
Tableau n°8 : Présentation des
enquêtés selon les différentes raisons les empêchant
d'affecter une part de leur levée à l'agriculture
Raison
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
La faiblesse de la récolte
|
15
|
36,8
|
|
La grandeur de la charge familiale
|
4
|
10,5
|
|
Manque d'intérêt
|
6
|
15,8
|
|
Je ne sais pas
|
2
|
5,3
|
|
Autres
|
13
|
31,6
|
|
Total
|
40
|
100,0
|
Source : nos enquêtes
Ce tableau nous renseigne sur les différentes raisons
qui font à ce que les tontiniers de notre milieu d'étude soient
réticents par rapport à la décision d'affecter ou non une
part de l'argent perçu au secteur agricole.
Pour l'ensemble, la faiblesse de la récolte constitue
la raison majeure (15 personnes) pendant que la minorité (2 personnes)
est constituée des indécis etc. En addition, la catégorie
« Autres » (13 personnes) comprend par exemple ceux qui
n'aiment pas faire l'agriculture.
Tableau n° 9 : Présentation des
enquêtés selon l'affectation de la levée
Affectation
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
Achat des nouvelles terres arables pour l'extension
et des cultures, achat des petits matériels agricoles
|
130
|
68,4
|
|
Autres
|
60
|
31,6
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos investigations
Partant des résultats confinés dans le tableau
ci-haut, il est à noter que la majorité de nos
enquêtés, soit 68,4% affectent leur levée à l'achat
des terres pour l'extension et la création des cultures et l'achat des
outils agricoles contre 31,6% seulement usant leur levée à
d'autres fins.
Tableau n° 10 : Présentation des
enquêtés selon les difficultés liées au respect des
engagements entre les tontiniers
Difficultés
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
Le non respect de l'échéance
|
120
|
63,2
|
|
Le manque d'appui
|
10
|
5,3
|
|
Aucune difficulté
|
30
|
15,8
|
|
Autres
|
30
|
15,8
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos investigations
Il est à noter que le non
respect de l'échéance constitue la difficulté majeure que
connaissent les tontiniers du groupement de Bashali Mokoto, soit 63,2 % de
notre échantillon. Dix seulement (soit 5,3%) soulignent le manque
d'appui alors que 30 tontiniers (15,8%) ne connaissent pas de
difficulté.
En plus, trente tontiniers (soit 15 ,8%) évoquent
les conflits entre les membres, le détournement des fonds par le
responsable du groupe ou même le caissier(e). C'est la catégorie
« Autres ».
Tableau n° 11 : Présentation des
enquêtés selon les mesures prises en cas d'insolvabilité
d'un membre
Mesure
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
|
Le chasser
|
90
|
47,4
|
|
Le traduire en justice
|
20
|
10,5
|
|
Lui infliger une amende
|
40
|
21,1
|
Autres
|
40
|
21,1
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos
enquêtés
Il convient de noter que les tontiniers (à 47,4%)
préfèrent chasser leur membre qui devient insolvable. Par
ailleurs, 20 personnes (soit 10,5%) traduisent en justice le membre qui ne
respecte plus ses engagements, pendant que 40 autres (soit 21,1 %) leur
infligent une amande en cas de d'insolvabilité.
Enfin, 40 tontiniers (soit 21,1%) sont classés dans la
catégorie « Autres » qui regroupe ceux qui
procèdent par la médiation, la patience... afin de
résoudre le problème d'insolvabilité.
Tableau n°12 : Présentation des
enquêtés selon le souhait d'une reconnaissance juridique de la
tontine
Occurrence
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Pour
|
150
|
78,9
|
Contre
|
40
|
21,1
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source :
nos investigations
Il appert que sur 190 tontiniers du groupement de Bashali
Mokoto que la boule de neige nous a permis d'enquêter , la
majorité de ceux-ci, soit 150 enquêtés (78,9%), souhaitent
une reconnaissance juridique de leurs tontines, alors que la minorité,
soit 40 tontiniers (21,1%) ont une occurrence contre la reconnaissance
juridique de la tontine.
Tableau n°13 : Croisement objectif dans la
tontine - Affectation de la levée
Affectation
Objectif
|
Achat des terres pour la création des
cultures,...
|
Autres
|
Total
|
Achat des terres pour la création des cultures...
|
130
|
20
|
150
|
Autres
|
0
|
40
|
40
|
Total
|
130
|
60
|
190
|
Source : nos traitements
Il appert que sur 150 tontiniers dont l'objectif était
d'affecter la levée à l'achat de nouvelles terres pour
l'extension des cultures et achat des outils agricoles, 130 atteignent leur
objectif. En outre, les quarante autres dont l'objectif n'était pas
d'affecter la levée à l'agriculture atteignent également
le leur.
Tableau n°14 : Test de khi deux
|
Valeur
|
ddl
|
Signification asymptotique (bilatérale)
|
Khi-deux de Pearson
|
10,978
|
1
|
0,001
|
Nombre d'observations valides
|
190
|
Source : nos analyses
Test d'hypothèses :
· Hypothèse nulle : L'objectif dans
la tontine est indépendant de l'affectation de la levée ;
· Hypothèse alternative : L'objectif
dans la tontine est dépendant de la finalité de la
levée
La distribution de khi deux nous donne une valeur tabulaire
à 1 ddl et au seuil 0,005 de 7,87944. Ainsi, comme khi deux
calculé (10,978) est supérieur au khi deux
tabulaire (7,87944) au seuil de 0,005 à 1ddl,
l'hypothèse nulle est rejetée, et nous déduisons que
l'affectation de l'argent perçu dépend largement de l'objectif
que s'était fixé un tontinier. Autrement dit, une association
significative entre les deux variables.
Tableau n°15 : Tests associés au khi
deux
|
Valeur
|
Signification approximée
|
Nominal par Nominal
|
Phi
|
0,760
|
0,001
|
|
V de Cramer
|
0,760
|
0,001
|
|
Coefficient de Contingence
|
0,605
|
0,001
|
Nombre d'observations valides
|
190
|
|
Source : nos traitements
De ce qui précède
dérive que les statistiques Phi et V de Cramer ont une même valeur
de 0,760. La valeur du test est très significative (p<0,005) ;
ce qui indique que les chances d'obtenir 0,760 par hasard est très
faible. En termes de corrélation, il s'agit d'un effet de grande taille.
De même, le coefficient de contingence est de 0,605. Nous confirmons donc
le résultat du khi deux : la relation entre l'objectif dans une
tontine et l'affectation faite de la cagnotte reçue est
significative.
III.3 Part de levée affectée à
l'agriculture
Tableau n°16 : Présentation des
enquêtés selon le nombre de membres
Nombre de
Membres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
3
|
20
|
10,5
|
|
4
|
60
|
31,6
|
|
5
|
30
|
15,8
|
|
6
|
30
|
15,8
|
|
7
|
30
|
15,8
|
|
8
|
10
|
5,3
|
|
10
|
10
|
5,3
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source :
nos enquêtes
Il appert que 60 tontiniers (31,6%), la majorité, sont
dans un groupe de 4 membres. Bien plus, les groupes de 5,6 et 7
représentent chacun 30 personnes (15,8%) dans notre échantillon
et ainsi de suite. Ceux qui se trouvent dans les groupes de 8 et 10 membres,
soit 5,3% chacun, représentent la minorité.
Tableau n° 17 : Présentation des
enquêtés selon la périodicité de la
contribution
Périodicité de la contribution
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
Par semaine
|
120
|
63,2
|
|
Par mois
|
60
|
31,6
|
|
Autres
Total
|
10
190
|
5,3
100,0
|
Source : nos investigations
En rapport avec les différentes modalités de
contribution chez les tontiniers de notre milieu d'étude, 120 tontiniers
(soit 63,2%) font leur contribution par semaine, pendant que 60 (soit 31,6%) le
font par mois. La catégorie « Autres » comprend
seulement 10 personnes (soit 5,3%).
Tableau n° 18 : Présentation des
enquêtés selon le montant de contribution à chaque
tour
Montant (en $ US)
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
1,00
|
10
|
5,3
|
|
3,00
|
10
|
5,3
|
|
4,00
|
10
|
5,3
|
|
5,00
|
40
|
21,1
|
|
10,00
|
30
|
15,8
|
|
15,00
|
10
|
5,3
|
|
20,00
|
10
|
5,3
|
|
25,00
|
10
|
5,3
|
|
30,00
|
20
|
10,5
|
|
40,00
|
10
|
5,3
|
|
60,00
|
20
|
10,5
|
|
200,00
|
10
|
5,3
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos investigations
Bon nombre de nos enquêtés contribue 5$ à
chaque tour, soit 21,1% de notre échantillon. En addition, les
contributions extrêmes sont respectivement de 1 et 200$.
Tableau n° 19 : Présentation des
enquêtés selon le montant perçu à chaque
levée
Montant reçu
(en $ US)
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
18,00
|
10
|
5,3
|
|
20,00
|
10
|
5,3
|
|
30,00
|
10
|
5,3
|
|
35,00
|
10
|
5,3
|
|
50,00
|
20
|
10,5
|
|
80,00
|
10
|
5,3
|
|
100,00
|
10
|
5,3
|
|
120,00
|
10
|
5,3
|
|
125,00
|
10
|
5,3
|
|
150,00
|
10
|
5,3
|
|
200,00
|
20
|
10,5
|
|
210,00
|
10
|
5,3
|
|
250,00
|
10
|
5,3
|
|
400,00
|
10
|
5,3
|
|
600,00
|
20
|
10,5
|
|
1000,00
|
10
|
5,3
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos enquêtes
Remarquons que les montants perçus représentant
les limites inférieures et supérieures sont respectivement de 18
et 1000$. Nous ne saurions pas passer sous silence le fait que l'écart
entre les deux extrémités est si énorme ; soit 982$.
Bien plus, celles-ci comptent chacune 10 personnes (5,3%) de notre
échantillon.
Tableau n°20 : Présentation des
enquêtés selon la partie de la levée affectée
à l'agriculture
Montant affecté
à l'agriculture
|
Effectif
|
Pourcentage
|
|
,00
|
60
|
31,6
|
|
5,00
|
20
|
10,5
|
|
15,00
|
10
|
5,3
|
|
20,00
|
10
|
5,3
|
|
25,00
|
10
|
5,3
|
|
45,00
|
10
|
5,3
|
|
50,00
|
10
|
5,3
|
|
75,00
|
10
|
5,3
|
|
80,00
|
10
|
5,3
|
|
100,00
|
20
|
10,5
|
|
150,00
|
10
|
5,3
|
|
200,00
|
10
|
5,3
|
|
Total
|
190
|
100,0
|
Source : nos enquêtes
Constatons que 31,6% de notre échantillon n'affectent
aucune part de leur levée à l'agriculture ; soit 60
tontiniers au total. En outre, il sied de noter que la grande part
affectée au secteur agricole dans le groupement de Bashali est de 200$
alors que la petite est de 5$.
Tableau n°21 : Croisement montant
perçu-montant affecté à l'agriculture
Montant
affecté à l'
agriculture
($)
Montant
perçu ($)
|
0
|
5
|
15
|
20
|
25
|
45
|
50
|
75
|
80
|
100
|
150
|
200
|
Total
|
|
18
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
20
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
30
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
35
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
50
|
10
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
20
|
|
80
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
100
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
120
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
125
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
150
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
200
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
20
|
|
210
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
250
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
400
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
600
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
10
|
00
|
20
|
|
1000
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
10
|
Total
|
60
|
20
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
20
|
10
|
10
|
190
|
Source : nos calculs
Tout porte à croire que 10 tontiniers dont
la levée est de 1000 $ affectent 200 $ à l'agriculture, pendant
que dix autres touchant 18$ à leur levée y affectent 5$. Dans
l'ensemble, 60 tontiniers n'affectent rien à l'agriculture, et leurs
levées sont respectivement de 18, 20, 30, 35, 50 et 80$ en fonction de
10 tontiniers par catégorie.
Tableau n° 22 : Pourcentage des montants
affectés à l'agriculture par rapport aux montants totaux
perçus par les tontiniers de notre échantillon
Montant
affecté à l'
agriculture
(%)
Montant
perçu ($)
|
0
|
10 ; 5
|
12
|
13
|
12,5
|
21
|
20
|
19
|
67
|
50
|
25
|
20
|
Total
|
|
18
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
20
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
30
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
35
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
50
|
10
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
20
|
|
80
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
100
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
120
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
125
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
150
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
200
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
20
|
|
210
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
250
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
400
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
|
600
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
10
|
00
|
20
|
|
1000
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
10
|
10
|
Total
|
60
|
20
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
20
|
10
|
10
|
190
|
Source : nos calculs
Il est à noter que dix tontiniers
ayant une levée de 50$ affectent 10% de celle- ci à
l'agriculture, alors que dix autres dont le montant perçu est de 100$ y
allouent 5% de celui-ci. Dans l'ensemble, le taux affecté au secteur
agricole est inférieur à 50% du montant perçu aux
levées respectives des tontiniers de notre échantillon.
Tableau n°23 : Test de khi deux
|
Valeur
|
ddl
|
Signification asymptotique (bilatérale)
|
Khi-deux de Pearson
|
174,167
|
165
|
0,297
|
Rapport de vraisemblance
|
76,525
|
165
|
1,000
|
Nombre d'observations valides
|
190
|
|
|
Source : nos calculs
Test d'hypothèses :
Hypothèse nulle : la part allouée
au secteur agricole est indépendante de la levée
Hypothèse alternative : la part
allouée au secteur agricole est dépendante de la levée des
tontiniers.
La distribution de khi deux nous donne une valeur tabulaire
de 135,807 au seuil de 10% à 100ddl. Ainsi, khi deux calculé
(174, 167) est supérieur au khi deux tabulaire
(135, 807) ; ce qui rejette l'hypothèse nulle en
faveur de celle alternative.
Tableau n°24 : Tests associés au khi
deux
|
Valeur
|
Signification approximée
|
Nominal par Nominal
|
V de Cramer
|
0,913
|
0,297
|
|
Coefficient de contingence
|
0,950
|
0,297
|
Intervalle par Intervalle
|
R de Pearson
|
0,921
|
0,000
|
Ordinal par Ordinal
|
Corrélation de Spearman
|
0,912
|
0,000
|
Nombre d'observations
Valides
|
190
|
|
Source : nos calculs
Les statistiques V de Cramer
(0,913) et le coefficient de contingence
(0,950) ont une valeur tendant vers 1. En outre, les
coefficients de corrélation de Pearson et Spearman sont tous positifs
(respectivement +0,921 et +0,912) et
situés au dessus de 0,8. Toutes ces statistiques associées au khi
deux viennent corroborer son résultat : le rapport entre la part de
levée affectée au secteur agricole et le montant perçu
est statistiquement significatif.
III.4 Discussion des résultats de l'enquête
Partant des résultats de notre enquête
confinés dans les différents tableaux en amont, notons que les
femmes représentent la majorité de notre population
d'étude.
Dans la globalité, les tontiniers de ce groupement ont
un niveau d'étude primaire. Ceux du niveau supérieur
représentent la minorité. Cela s'explique essentiellement par la
faiblesse du revenu agricole, l'exploitation dont est victime le monde rural
par les urbains (le capitalisme urbain), c'est-à-dire que ces derniers
exploitent le monde rural en défaveur des ruraux ; ce qui a comme
corollaire directe la baisse du niveau supérieur. Soulignons
également que les femmes, contrairement aux hommes, ce qui est
inhabituel, s'adonnent aux études que ces derniers.
Les femmes sont donc devenues des principales concurrentes
des hommes dans divers domaines de la vie. Ça serait dû aux
externalités positives de leur émancipation.
Une forte présence des mariés dans le
système tontinier dans ce groupement a été
constatée. Cela se justifierait par la multiplicité des charges
familiales auxquelles ceux-ci sont appelés à faire face.
L'épargne tontinière constitue, à cet effet, une garantie
contre les aléas de la vie.
En outre, une explosion des commerçants est à
souligner. Cette explosion aurait comme mobile la constitution d'un capital
important afin d'améliorer leur niveau d'activité ; ce qui
corrobore ce qui se passe partout ailleurs dans les tontines.
Bien plus, notons que le secteur agricole intéresse la
majeure partie de notre des tontiniers de Bashali Mokoto. Cependant, ceux qui
n'investissent pas dans celui-ci évoquent la faiblesse de la production
agricole comme étant le principal goulot d'étranglement. Celle-ci
serait due à plusieurs facteurs à l'instar des conditions
climatiques ; l'homme n'a pas de main mise sur la nature. Il se contente
ainsi du peu que lui fournit nature et son revenu s'en trouve sensiblement
réduit en période de vache maigre ; ce qui implique, en
effet, le manque d'intérêt à l'égard
l'agriculture.
Quant aux difficultés que connaissent les tontiniers de
Bashali Mokoto, il est à noter que le non respect de
l'échéance constitue le différend majeur qu'ils
connaissent ; soit 63,2 % de notre échantillon. Dix seulement
(5,3%) soulignent le manque d'appui alors que 30 tontiniers (15,8%) ne
connaissent pas de difficulté.
En plus, trente tontiniers (15 ,8%) évoquent les
conflits entre les membres, le détournement des fonds par le responsable
du groupe ou même le caissier(e). C'est la catégorie
« Autres ».
Là encore, la mise en exergue de la
confiance mutuelle entre les membres comme garantie ; ceci vient
également corroborer ce qui a été évoqué
dans notre cadre théorique en ces termes : « Mais
les défaillances de plus en plus fréquentes des membres dans un
contexte de crise, d'appauvrissement et d'exclusion constituent une source de
difficultés en chaîne qui effrite dangereusement l'étoffe
de la confiance qui constitue l'essence de la tontine. Ceci contribue à
en fragiliser les fondements ».
La reconnaissance juridique des
tontines serait ainsi indispensable. Cependant, les avis sont partagés.
D'une part, ceux dont l'occurrence est pour la reconnaissance juridique de la
tontine ; soit 150 enquêtés (78,9%), estiment que le secours
à l'Etat leur permettrait de résoudre les différends
surgissant entre eux. De l'autre part, ceux dont l'opinion est contre
représentent la minorité, soit 40 tontiniers (21,1%). Pour eux,
l'Etat est un gourmand et voudra ainsi s'accaparer de leur argent.
En rapport avec la contribution à chaque tour, il
parait beau de signaler que l'effectif important de nos enquêtés
contribue 5$ ; soit 21,1% de notre échantillon. En addition, les
contributions extrêmes sont respectivement de 1 et 200$. Il se
dégage ainsi une étendue importante entre celle-ci ; soit
199$.
Ce fort écart entre les contributions extrêmes
reflèterait, bien attendu, la forte tension salariale. Partant des
théories économiques, l'épargne d'un ménage
dépend de son revenu ; c'est-à-dire que plus le revenu est
important, l'épargne le sera également.
Paradoxalement, plus le revenu est faible, il est globalement
affecté à la consommation présente. Il est ainsi difficile
pour les ménages se situant dans cette dernière catégorie
d'épargner suffisamment. Le choix inter temporel, tel
qu'évoqué par les néoclassiques, fait à ce que ces
derniers optent généralement pour la consommation présente
que celle future ; ce qui corrobore le slogan populaire ci
après : « vivre au taux du jour ».
Il appert que sur 150 tontiniers dont l'objectif était
d'affecter leur levée à l'achat des nouvelles terres pour
l'extension et la création des cultures, achat des outils
agricoles ; 130 atteignent leur objectif ; soit 87%.
En outre, les quarante autres dont l'objectif n'était
pas d'affecter leur levée à l'agriculture atteignent
également le leur.
La distribution de khi deux nous donne une valeur tabulaire
à 1ddl et au seuil 0,005 de 7,87944. Ainsi, comme khi deux
calculé (10,978) est supérieur au khi deux
tabulaire (7,87944) au seuil de 0,005 à 1ddl,
l'hypothèse nulle est rejetée. Tout porte à croire que
l'objectif que poursuit un tontinier influence significativement l'affectation
de sa levée.
En addition, il parait beau de noter que les statistiques Phi
et V de Cramer ont une même valeur de 0,760. La valeur
du test est très significative (p<0,005) ; ce qui indique que
les chances d'obtenir 0,760 par hasard est très faible. En termes de
corrélation, il s'agit d'un effet de grande taille. Il y a ainsi une
forte association entre l'objectif que poursuit un tontinier et l'affectation
faite de sa levée. De même, le coefficient de contingence est de
0, 605 ; ce qui corrobore le résultat de khi
deux.
Dans la suite, il est à noter que dix tontiniers
ayant une levée de 50$ affectent 10% de celle ci à l'agriculture
alors que dix autres dont le montant perçu est de 100$ y allouent 5% et
ainsi de suite. Dans l'ensemble, le taux affecté au secteur agricole est
inférieur à 50% des levées respectives des tontiniers de
notre échantillon.
La distribution de khi deux nous donne une valeur tabulaire
de 135,807 au seuil de 10% à 100ddl. Ainsi, khi deux calculé
(174, 167) est supérieur au khi deux tabulaire
(135, 807) ; ce qui rejette l'hypothèse nulle en
faveur de celle alternative. Pour tout dire, il y a une association entre la
levée et la part allouée au secteur agricole. Il s'agit,
d'après nos analyses, d'une évolution en termes facial mais pas
en termes relatif.
Les statistiques V de Cramer (0,913) et le
coefficient de contingence (0,950) ont une valeur tendant
vers 1 ; cela représente une forte association entre la
levée et la part de la levée affectée à
l'agriculture. Il s'agit également d'un effet de grande taille.
En outre, les coefficients de corrélation de
Pearson et Spearman sont tous positifs (respectivement +0,921
et +0,912) et situés au dessus de 0,8 ; ce
dénote une corrélation de forte intensité entre la
levée et la part affectée au secteur agricole. La
positivité des coefficients de Pearson et Spearman indique, en plus, que
la part affectée à l'agriculture augmente simultanément
avec la levée. Pour tout dire ; toutes ces statistiques
associées au khi deux viennent corroborer son résultat : la
relation entre la part de la levée affectée au secteur agricole
et le montant perçu est statistiquement significative.
Les difficultés d'accès au système
bancaire pour une frange de la population du territoire de Masisi en
général, et ceux du groupement de Bashali Mokoto en particulier,
ont favorisé la création de circuits financiers informels. Les
tontines, l'un des éléments essentiels de l'épargne,
jouent un rôle très important et progressif dans l'entreprenariat
de ce groupement.
CONCLUSION
A coeur vaillant, rien d'impossible, dit-on. Etant au terme de
notre investigation, il sied de rappeler qu'elle est
intitulée : « Tontines et
développement dans le groupement Bashali Mokoto à
Masisi ».
Pour ce faire, les préoccupations ci-dessous ont
été au centre de cette recherche :
· Voir dans quelle mesure la présence des tontines
mutuelles contribue à la promotion des paysans du Groupement Bashali
Mokoto, malgré l'accès difficile aux services financiers et la
quasi absence du crédit au monde rural ;
· Identifier la tranche de la part de levée
affectée à l'agriculture.
Hormis l'introduction et la conclusion constituant
respectivement les extrémités inférieure et
supérieure de notre travail, celui-ci est constitué de trois
principaux chapitres. D'abord, le premier retrace le cadre théorique
de l'étude. Ensuite, le deuxième tourne autour de la
présentation du milieu d'étude et enfin, le troisième,
constituant l'essentiel de notre étude, donne la quintessence des
impacts des tontines dans le développement du groupement Bashali Mokoto.
Notre préoccupation majeure étant, comme toute
autre recherche, de vérifier nos hypothèses de base, nous avons
pu vérifier celles-ci sous la houlette des différentes techniques
et méthodes lors de la récolte et analyse des données
impérieuses à notre investigation.
D'une part, sur le plan technique de recherche, nous avons
utilisé :
· Technique documentaire : par le bais de
celle-ci, nous avons pu visiter la littérature tontinière. Elle
nous a ainsi été utile dans la conception de notre cadre
théorique. En outre, elle nous a permis de recueillir certaines
données sur le Territoire de Masisi en général, et sur le
Groupement de Bashali Mokoto en particulier ;
· Technique d'interview : elle nous a
également facilité à constituer le cadre théorique
ainsi que les données relatives à notre milieu
d'étude ;
· Le questionnaire d'enquête :
celui-ci nous a permis de recueillir les données nécessaires
à l'analyse des nos hypothèses de recherche.
De l'autre part, les méthodes ci après ont
été utilisées :
ü La statistique descriptive: elle nous a permis
de calculer certains pourcentages et fréquences de nos données.
ü La statistique inférentielle :
elle nous également été utile, d'une façon
générale, lors de l'analyse des données recueillies
auprès des tontiniers de Bashali Mokoto et ce, par le biais du progiciel
SPSS. En outre, grâce à l'induction, nous avons
généralisé les données relatives à 190
tontiniers que la boule de neige nous a permis d'atteindre sur l'ensemble notre
population d'étude de ce groupement.
Au terme des analyses statistiques, nous avons abouti aux
résultats confinés dans les lignes qui suivent.
A cet effet, dans l'ensemble, 150 (78,9%) contre 40 (21,1%)
tontiniers poursuivaient respectivement les objectifs d'affecter leurs
levées à l'achat des nouvelles terres arables pour l'extension et
la création des cultures, achat des petits matériels agricoles et
autres. Dans cette dernière catégorie, signalons ceux dont
l'objectif était d'affecter leurs levées au paiement des frais
d'étude, à la constitution un capital important afin
d'entreprendre un projet ainsi de suite.
En addition, il appert que sur 150 tontiniers (100% ici) dont
l'objectif était d'affecter leurs levées à l'achat des
nouvelles terres pour l'extension et la création des cultures, achat des
outils agricoles ; 130 atteignent leur objectif ; soit 87%. Et donc
par comparaison à l'ensemble de notre échantillon, 130 tontiniers
(68,4%), la majorité, affectent leurs levées à
l'agriculture contre 60 (31,6%), la minorité, qui n'y allouent aucune
part de l'argent perçu.
En outre, la distribution de khi deux nous a donné une
valeur tabulaire à 1ddl et au seuil 0,005 de 7,87944. Ainsi, comme khi
deux calculé (10,978) est supérieur au khi deux
tabulaire (7,87944) au seuil de 0,005 à 1ddl, Ho a
été rejetée.
En addition, il sied de noter que les statistiques Phi et V de
Cramer ont une même valeur de 0,760. La valeur du test
est très significative (p<0,005). En termes de corrélation, il
s'agit d'un effet de grande taille. De même, le coefficient de
contingence est de 0, 605 tendant vers 1 ; ce qui
corrobore le résultat de khi deux.
Il y a ainsi, pour tout dire, une forte association entre
l'objectif que poursuivent les tontiniers de Bashali Mokoto et l'affectation
faite de leurs levées.
Pour clore, toutes ces analyses viennent confirmer notre
première hypothèse de recherche libellée de la
sorte : « La présence des tontines mutuelles permet
de promouvoir les paysans du groupement Bashali Mokoto par le biais
d'acquisition des nouvelles terres arables pour la création et
l'extension des cultures et l'achat des petits matériels agricoles et
ce ; en fonction l'objectif fixé ».
Dans la suite, il est à noter que dix tontiniers ayant
une levée de 50$ affectent 10% de celle-ci à l'agriculture alors
que dix autres dont le montant perçu est de 100$ y allouent 5%. Dans
l'ensemble, le taux affecté au secteur agricole est inférieur
à 50% des levées respectives des tontiniers de notre
échantillon. Nous constatons ainsi que la part affectée au
secteur agricole est fonction de la levée et ce, en terme facial.
Bien plus, la distribution de khi deux nous a donné
une valeur tabulaire de 135,807 au seuil de 10% au ddl de 100. Ainsi, khi deux
calculé (174, 167) est supérieur au khi deux
tabulaire (135, 807) ; ce qui conduit, à cet
effet, au rejet de l'hypothèse nulle en faveur de celle alternative.
Ainsi, il y a une association entre la levée et la part allouée
au secteur agricole.
Poursuivant nos analyses, les statistiques V de Cramer
(0,913) et le coefficient de contingence
(0,950) ont une valeur tendant vers 1 ; cela
représente une forte association entre la levée et la part
affectée à l'agriculture. Il s'agit également d'un effet
de grande taille.
En outre, les coefficients de corrélation de Pearson
et Spearman sont tous positifs (respectivement +0,921 et
+0,912) et situés au dessus de
0,8 ; ce qui dénote une corrélation de
forte intensité entre la levée et la part affectée au
secteur agricole. La positivité des coefficients de Bravais Pearson et
Spearman indique, en plus, que la part affectée à l'agriculture
augmente simultanément avec la levée. Corroborons ce qui a
été noté dans les lignes ci-dessus que cette
évolution est nominale. Pour tout dire, toutes ces statistiques
associées au khi deux viennent également confirmer son
résultat.
Bouclons cette seconde analyse en confirmant également
notre deuxième réponse provisoire selon laquelle la part de
levée affectée à l'agriculture à Bashali Mokoto
serait fonction de la levée et inférieure à 50%.
En conclusion, dans des nombreux pays Africains, la tontine
se révèle être l'élément le plus important de
l'épargne populaire. Il faut donc savoir comment l'utiliser, la
moderniser et l'orienter non seulement vers la couverture des besoins sociaux
mais également vers la création d'activités
économiques. Le pari sur le développement dans un contexte
socio-économique ne peut mériter que des profondes
réflexions. Leur apport au financement et au progrès de ce
groupement montre que la valorisation de ces pratiques locales est une
nécessité.
Ainsi, en termes de politique d'efficacité des
activités tontinières, nous suggérons ce qui
suit :
· Elaborer des règles écrites dans toutes
les tontines de Bashali Mokoto ainsi qu'un règlement d'ordre
intérieur ;
· Respecter, dans la mesure du possible, le
système de rotation établi initialement et obliger les nouveaux
venus à attendre leur tour, sauf en cas de besoin ultime ;
· Veiller à ce que les fruits de l'épargne
de la tontine ne soient pas systématiquement orientés vers les
dépenses ostentatoires au détriment de celles
d'investissement;
· Abolir les limites de la taille afin d'obtenir plus
d'impacts économiques ;
· Obtenir une reconnaissance juridique afin de
protéger les membres (créer une association et déposer les
statuts au Groupement) ;
· Finalement, le renforcement des capacités des
membres, et surtout les responsables des tontines s'avère non sans
valeur.
Ne prétendant pas avoir abordé exhaustivement
notre problème de recherche, nous suggérerions aux chercheurs
intéressés par le même sujet d'approfondir davantage
l'étude de l'impact des tontines de travail agricole sur le
développement en milieu rural.
BIBLIOGRAPHIE
1.
OUVRAGES
· ATTALI J. et all, Voyage au coeur d'une
révolution : la micro finance contre la
pauvreté, éd. JC Lattes, Paris 2007
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mécanisme incitatif dans la fonction d'intermédiation des
tontiniers en Afrique Subsaharienne, IRED, Paris 1996
· CHAMBERS R., Développement rural : la
pauvreté cachée, éd. Karthala, Paris 1990
· CHARNOZ O. et all, L'aide publique au
développement, La Découverte, Paris 2007
· CHEVILLARD N., 1989. De la Banque à la
Tontine, des passerelles à inventer. Afrique industrie, Mars
1989
· DEBOURSE R., Vers un développement pour
tous, éd.RDC Kinshasa 2005
· DEFOUR G., Le développement rural en Afrique
Centrale : Théories et essaie d'analyse critique, éd.
Bandari, Bukavu 1994
· FONTAINE JM, Mécanismes et politiques de
développement économique : Du « big
push » à l'ajustement structurel, éd. CUJAS, Paris
1994
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développement, Université de Versailles
Saint-Quentin-en-Yvelines
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développement, De Boeck, Bruxelles 2001
· GUERRIEN B., Dictionnaire d'analyse
économique, éd. La Découverte, Paris 1997
· HERNANDEZ E., L'entrepreneur informel africain et
le concept de gestion éco-sociale, Paris, sd,
· JACQUEMOT P. et all, La nouvelle politique
économique en Afrique, éd. EDICEF, Paris 1993
· KEYNES JM, La théorie générale
de l'emploi, intérêt de la monnaie, Londres 1936
· MOLO MUMWELA, Le développement local au
Kwango Kwilu (RD Congo), sd,
· MOSHET A., Pour une agriculture moderne : les
impératifs du développement et de la mondialisation,
éd. Nouveaux Horizons, Paris 1967
· NANFASSO R., L'économie solidaire dans les
PED, éd. HARMATTAN, Paris 2007
· QUIVY R. et all, Manuel de recherche en sciences
sociales, éd. DUNOD, Paris 1995,
· SILEM A. et all, Lexique d'économie,
éd. Dalloz, Paris 2002
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développement rural, sd,
· SPIAELS R., Problèmes d'Afrique
Centrale, URCB, 1954
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éd. Vischer, Bruxelles 1950
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ONG de développement du Tiers Monde, volume1, IRED-Genève
1994,
· WAUTHY E., Initiation à la vie
économique, éd. De Boeck, Bruxelles, sd
2. REVUES ET ARTICLES
· BANQUE MONDIALE, Washington DC, Rapport sur le
développement dans le monde, 1989
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défi de la bancarisation des tontines en Afrique, Université
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la Province du Nord Kivu, sd
· Journal de la République du Zaïre, Loi
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· KEMBOLA, Monographie de la région du Nord Kivu,
Draft, Kinshasa, Aout 1996
· LOVI Y., Tontine : une arme de lutte contre
la pauvreté, le 04-09-2009
· NZEKOUE JM, Tontines : tous pour un, Cameroun
1993
· Philippe M., Ministère de l'Agriculture, des
ressources naturelles de développement rural, Février
2006
· Rapport annuel du Territoire de Masisi, 2010
· Rapport de la situation de Masisi, 1948
· Rapport des affaires économiques, Division du
Plan/Archives, 1957
· SCHWETZ J., « Un voyage d'une étude
dans la région du Nord Kivu » dans revue Congo, Tome
II, 1970
· SEUMO H., La tontine africaine : un
modèle de résolution des problèmes ?, Dimanche 22
Mars 2009 à 00:39:14
· YOUSSOUFOU CONGO, Le financement de
l'économie sociale au Burkina Faso, sd
3. TFC ET MEMOIRES
· HANGI BULENDA, Contribution à l'étude
régionale de Masisi, TFC inédit, ISP/BUKAVU, 1973
· Kambale F., Etude comparative du
système des tontines et système de crédit des COOPEC de
Goma, ISC 2008
· NAHAYO P., Formation des prix et promotion paysanne.
« cas de la collectivité de Bwisha du territoire de
Rutshuru au Nord Kivu», UCB 1997
· TOMBOLA MARHEGANE JB, Crise de liquidité et
développement du secteur financier informel dans la ville de Goma, cas
des tontines, Mémoire inédit, UNIGOM 2010
4. NOTES DE COURS
· GAKURU SEMACUMU, Cours d'économie rurale1,
(inédit) UNIGOM 2010
WEBOGRAPHIE
· Agriculture et développement rural en RD
Congo, consulté le 12 février 2011 sur
www.google, à 12h36'
· Crédits et Tontines, consulté en ligne
sur
http://www.gradse.org/index.html,
le 21 janvier 2011 à 16h10'
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
0. INTR0DUCTION
1
0.1 Problématique
1
0.2 Etat de la question
6
0.3 Objectif du travail
7
0.4 Choix et intérêt du sujet
7
0.5 Méthodologie du travail
7
0.6 Délimitation du sujet
8
0.7 Canevas de présentation
8
O.8 Difficultés rencontrées
9
Chapitre premier :
10
APERCU GENERAL DU ROLE DES TONTINES DANS LE
DEVELOPPEMENT RURAL
10
I.1 Généralités
10
I.1.1 Définitions des concepts
clés
10
I.1.2 Origine des tontines
12
I.1.3 Les diverses formes et
caractéristiques des tontines
14
I.1.4 Fonctionnement et activités
18
I.1.5 Organisation, remboursement des prêts
et adhésion des membres aux tontines
19
I.1.6 Statut, faiblesses des tontines et
nécessité du droit
20
I.2 Rôle des tontines dans le
développement rural
23
I.2.1 Considérations magistrales sur
l'épargne
24
I.2.4 Exigences et quelques indicateurs du
développement local
26
I.2.5 Impacts des tontines dans le
développement local
27
Chapitre
deuxième :
32
PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE
32
II.1. Monographie du territoire de
Masisi
32
II.1.1 Coordonnées géographiques et
écologiques
32
II.1.2 Subdivision administrative et
démographique
34
II.1.3 Ressources et activités
35
II.1.4 Le régime foncier
36
II.2 Brève monographie du groupement de
Bashali Mokoto
39
CHAPITRE TROISIEME :
41
TONTINESETDEVELOPPEMENT RURAL DANS LE
GROUPEMENT DE BASHALI MOKOTO
41
III.1 Caractéristiques
socioprofessionnelles des répondants
41
III.2 Tontines et développement rural
à Bashali Mokoto
44
III.3 Part de levée affectée
à l'agriculture
49
III.4 Discussion des résultats de
l'enquête
56
CONCLUSION
60
1. OUVRAGES
65
2. REVUES ET ARTICLES
66
3. TFC ET MEMOIRES
67
4. NOTES DE COURS
67
WEBOGRAPHIE
67
TABLE DES MATIERES
68
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE
A
QUESTIONNAIRE
D'ENQUETE
Dans le cadre de notre travail sanctionnant la fin de notre
deuxième cycle en Sciences Economiques, nous sommes entrain de
réaliser une étude
sur : « TONTINES ET DEVELOPPEMENT DANS LE
GROUPEMENT BASHALI MOKOTO A MASISI».
Pour cela, nous sollicitons humblement votre contribution
pour la réalisation de ce travail en répondant à ces
questions et vous promettons une discrétion des réponses que vous
nous donnerez. Elles ne serviront qu'à des fins scientifiques.
Consigne : Veuillez encercler
la (les) case(s) correspondante(s) de votre choix et pour celles demandant
votre point de vue, nous vous prions de les compléter
sincèrement.
I .1 IDENTITE DE L'ENQUETE
1. Sexe : a. Masculin b. Féminin
2. Etat civil : a. Marié b. Célibataire
c. Divorcé(e) d. Veuf (ve)
3. Age :...............................
4. Nombre d'enfants en charge :.......................
5. Niveau
d'étude :.........................................
6. Activités principales génératrices de
revenu(dans l'ordre
d'importance) :....................................................................................................................................................................................................................................................................................................
I.2 QUESTIONNAIRE PROPREMENT DIT
7. A combien êtes vous dans votre tontine ?
R/.........................
8. Comment faites-vous la contribution ?
a. Par semaine b. Par mois c. Autres à
préciser.......................................
9. Quelle est la contribution à chaque tour ?
R/.........................................($)
10. Quel est votre objectif dans ce groupe ?
a. Achat des nouvelles terres arables pour l'extension et la
création des cultures et achat des petits matériels agricoles
b. Autres à
préciser..................................................................................
11. Combien recevez-vous lors de votre tour ?
R/....................................($)
12. Quelle est l'affectation faite de l'argent reçu
lors de votre tour ?
a. Achat des nouvelles terres arables pour la création
et l'extension des cultures, et achat des petits outils agricoles ; bref,
affecté à l'agriculture
b. Autres à
préciser.................................................................................
13. Si vous affecter une partie de l'argent reçu
à l'agriculture, à combien pouvez vous estimez celle-ci ?
R/.............................................................($)
14. Dans le cas où aucune partie de votre argent
reçu de la tontine n'est affectée à l'agriculture, qu'est
ce qui vous empêche d'investir dans ce domaine ?
R/..........................................................................................................
15. Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous
butez afin d'honorer vos engagements tontiniers?
R/.........................................................................................................Quelles
mesures prenez-vous lorsque l'un de vos membres devient insolvable ?
R/.........................................................................................................
16. Pouvez-vous souhaiter avoir une reconnaissance juridique
de votre tontine ?
a. Oui b. Non
17. Donnez d'autres commentaires en rapport avec votre tontine
s'il y en a.
R/.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Merci pour votre contribution
* 1 JM FONTAINE,
Mécanismes et politiques de développement
économique : Du « big push » à
l'ajustement structurel, éd. CUJAS, Paris 1994, p
p40-41
* 2 Emil1e HATCHEU TCHAWE et
all, De l'informel au formel : Le défi de la bancarisation des
tontines en Afrique, Université de Dschang, Cameroun, sd, p1
* 3 Philippe MATHIEU,
Ministère de l'Agriculture, des ressources naturelles de
développement rural, Février 2006, p22
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www.google, Agriculture et
développement rural en RD Congo, consulté le 12
février 2011 à 12h36', p1
* 5
www.google, Idem, p9
* 6
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* 7 J.M NZEKOUE, Tontines :
tous pour un, Cameroun 1993, p1
* 8 YOLANDE LOVI,
Tontine : une arme de lutte contre la pauvreté, le
04-09-2009, p1
* 9 BANQUE MONDIALE, Washington
DC, Rapport sur le développement dans le monde, 1989,
p138
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YOUSSOUFOU CONGO, Le financement de l'économie sociale au
Burkina Faso, sd, p3
* 11 J.M
NZEKOUE, op. cit. p2
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www.gdrc/icm/french/.../intro.html
du 22/02/2011 à 11h31', p6
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* 15 0. CHARNOZ et all,
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* 16 C.MAYOUKOU, La
réputation, un mécanisme incitatif dans la fonction
d'intermédiation des tontiniers en Afrique Subsaharienne, IRED,
Paris 1996, p1
* 17 Inspection provinciale de
développement rural, Les contraintes liées au
développement agricole et rural de la Province du Nord Kivu, sd,
p3
* 18 M.GASSE-HELLIO, les
tontines dans les pays en développement, Université de
Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, p1
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* 23M.GILLIS et all, op cit,
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* 24 R.CHAMBERS, op cit,
p230
* 25 M.GASSE-HELLIO, op. cit,
pp2
* 26 J.M NZEKOUE, op cit,
p2
* 27 S. SOULAMA,
Micro-finance, pauvreté et développement rural, sd,
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* 28 M.GASSE-HELLIO, op. cit,
pp2-4
* 29 M. GASSE-HELLIO, op. cit,
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Manuel de recherche en sciences sociales, éd. DUNOD, Paris
1995, p82
* 31 M. GASSE-HELLIO, op. cit,
pp11-12
* 32 F. VINCENT, op cit,
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* 33 H. SEUMO, La tontine
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nouvelle politique économique en Afrique, éd. EDICEF, Paris
1993, p199
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p114
* 37 M. GASSE-HELLIO, op. cit,
p14
* 38 E.M HERNANDEZ,
L'entrepreneur informel africain et le concept de gestion
éco-sociale, Paris, sd, p23
* 39 H. SEUMO, op cit,
p3
* 40 HATCHEU TCHAWE Emile et
all, op cit, sd, p5
* 41 M. GASSE-HELLIO, op. cit,
p14
* 42 F. VINCENT, op cit,
vol2, p172
* 43 HATCHEU TCHAWE Emile et
all, op cit, sd, p4-6
* 44 J.M NZEKOUE, op cit,
p2
* 45 HATCHEU TCHAWE Emile et
all, op cit, sd, p7
* 46 G. DEFOUR, Le
développement rural en Afrique Centrale : Théories et essaie
d'analyse critique, éd. Bandari, Bukavu 1994, p14
* 47 C. MOLO MUMWELA, Le
développement local au Kwango Kwilu (RD Congo), sd, p234
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Découverte, Paris 1997, p184
* 50 J.M. KEYNES, La
théorie générale de l'emploi, intérêt de la
monnaie, Londres 1936,
* 51 E.WAUTHY, Initiation
à la vie économique, éd. De Boeck, Bruxelles, sd,
p199
* 52P.JACQUEMOT et alii, op
cit, p195
* 53 Fernand VINCENT, op cit,
p114
* 54 MOSHET A., Pour une
agriculture moderne : les impératifs du développement et de
la mondialisation, éd. Nouveaux Horizons, Paris 1967,
p9
* 55 R.DEBOURSE, Vers un
développement pour tous, éd.RDC Kinshasa2005,
p11
* 56 P. SENZIRA NAHAYO,
Formation des prix et promotion paysanne. « cas de la
collectivité de Bwisha du territoire de Ruthuru au Nord
Kivu», UCB1997,p66
* 57 R.DEBOURSE, op cit,
p11
* 58 P. SENZIRA NAHAYO, op cit,
p65
* 59 F. VINCENT, op cit,
pp43-45
* 60 Roger A.TSATCACK NANFASSO,
L'économie solidaire dans les PED, éd. HARMATTAN, Paris
2007, p149
* 61 J.ATTALI all, Voyage
au coeur d'une révolution : la micro finance contre la
pauvreté, éd. JC Lattes, Paris 2007, p72
* 62 Roger A.TSATCACK NANFASSO,
op cit, p150
* 63 F. VINCENT, op cit, vol2,
p116-119
* 64 Roger A.TSATCACK NANFASSO,
op cit, p171
* 65 P.JACQUEMOT et all, op
cit, p202
* 66 Emil Michel HERNANDEZ, op
cit, Paris, sd, p21
* 67 Emile HATCHEU TCHAWE et
all, op cit, sd, p13
* 68 Rapport de la situation de
Masisi, 1948
* 69 H. BULENDA, Contribution
à l'étude régionale de Masisi, TFC inédit,
ISP/BUKAVU, 1973, p3
* 70 J. SCHWETZ, « Un
voyage d'une étude dans la région du Nord Kivu » dans
revue Congo, TomeII, 1970
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région duNord Kivu, Draft, Kinshasa, Aout 1996
* 72 Rapport annuel du
Territoire de Masisi, 2001, p4
* 73 VARLEYEN, Congo
patrimoine de la Belgique, éd. Visscher, Bruxelles 1950, p321
* 74R. SPIAELS.,
Problèmes d'Afrique Centrale, URCB, 1954, pp110-116
* 75 Rapport des affaires
économiques, Division du Plan/Archives, 1957
* 76 Données recueillies
auprès des agents de la Division Foncière du Territoire à
Masisi
* 77 GAKURU SEMACUMU, Cours
d'économie rurale1, UNIGOM 2010
* 78 Données receuillies
auprès des agents de la Division Foncière du Territoire à
Masisi
* 79 Journal de la
République du Zaïre, Loi portant régime
général des biens, régime foncier et immobilier et
régime de sureté, Kinshasa 1980, pp80-105
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