MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIIFIQUE UNIVERSITE DE COCODY
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REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE UNION -
DISCIPLINE - TRAVAIL
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Année Universitaire : 2009-2010
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UFR DE CRIMINOLOGIE
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THESE UNIQUE DE
DOCTORAT
Sociloge crminelle
Option : Sociologie criminelle
La contrebande des marchandises aux
entrées
routières du territoire douanier de la
Côte d'Ivoire :
Cas du district d'Abidjan
Présenté par : BAMBA Ladji
|
Sous la Direction
Prof. Alain SISSOKO, professeur
pécasé
titulaire de sociologie, doyen de l`UFR de Criminologie
Sous la co-direction scientifique Prof. KOUDOU Opadou
Maître de conférences, Psychologue
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REMERCIEMENTS 4
AVANT-PROPOS 5
LISTE DES TABLEAUX 7
INTRODUCTION 8
PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE 12
Chapitre 1 : Intérêt de choix du sujet 13
Chapitre 2 : Définition des concepts (explicites,
implicites) 37
Chapitre 3 : Revue de la littérature et cadre de
référence
théorique 103
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE 172
Chapitre 4 : Terrain d`étude, population d`enquOte,
échantillon 173
Chapitre 5: Techniques de recueils des données 184
Chapitre 6 : Méthodes d`analyse et approches
disciplinaires 199
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET SOLUTIONS
217
Chapitre 7: Résultats de l`enquOte 218
Chapitre 8 : Discussion des résultats et
difficultés rencontrées 314
Chapitre 9 : Propositions de solutions 324
CONCLUSION 335
TABLE DES MATIERES 340
BIBLIOGRAPHIE 345
ANNEXES 384
Je dédie, cette thèse à ma famille :
à mon père, à ma mère : BAMBA MOUSTAPHA et BAMBA
ASSITA, pour toute l`assistance matérielle et humaine qu`ils m`ont
apporté tout le long de mon évolution.
A mes frères et sur, en l`occurrence : mes
aînés, BAMBA SEYDOU, BAMBA IDRISSA, BAMBA MASSITA, à ma
bien aimée, ZIAO YEREFOLO AMY et à toute sa famille pour leur
soutien moral.
A mon oncle BAMBA MAMADOU pour ses encouragements et ses
orientations judicieuses en matière de recherche.
À mon regretté grand père dont je porte les
nom et prénom(s) : BAMBA LADJI,
REMERCIEMENTS
Remerciements au directeur de recherche de la présente
thèse, ALAIN SISSOKO, professeur titulaire de sociologie, qui a
sacrifié une bonne partie de ses occupations afin d`apporter son aide
précieuse dans la réalisation de ce travail. A cet effet, nous
avons bénéficié de son expérience, résultat
d`une longue carrière universitaire ornée de succès en
matière de recherche scientifique. Nous avons su apprécier sa
patience, sa rigueur au travail, les conseils et les encouragements qu`il nous
a apporté tout le long du déroulement de la thèse.
Remerciements au co-directeur scientifique de la thèse,
professeur KOUDOU OPADOU, maître de conférences de psychologie,
pour sa disponibilité et sa rigueur au travail, au professeur KOUDOU
KESSIE RAYMOND, maître de conférences, psychologue pour sa
contribution à la formation des doctorants (2004-2005), à
l`ensemble du corps enseignants et tout le personnel de l`Unité de
Formation et de Recherche de Criminologie de l`Université d`Abidjan
Cocody.
Remerciements à toute l`équipe de la gendarmerie
nationale, de la police économique, et des douanes d`une part, à
toutes les directions concernées incarnées par le commandant
supérieur de la gendarmerie Nationale (EDOUARD KASSARATE), au directeur
de la police Nationale (BRINDOU BROU N`BIA) et au directeur
général des douanes de la Côte d`Ivoire (ALPHONSE MANGLY)
d`autre part.
Remerciements aux différents responsables de la Chambre
de Commerce de la République de Côte d`Ivoire incarnée par
son président (JEAN LOUIS BILLON) et à l`ONG Stop fraude.
AVANT-PROPOS
Cette thèse a pour but de dresser un état de la
situation en ce qui concerne le phénomène de la contrebande des
marchandises aux entrées routières du territoire douanier de la
Côte d`Ivoire en général et celui du district d`Abidjan
plus particulièrement. On va tenter d`expliquer simplement le
phénomène en nous intéressant aux différents
facteurs susceptibles de l`expliquer, à ses manifestations, à ses
conséquences et aux mesures mises en ~uvre en vue de sa
régulation. Cette thèse a été
élaborée dans l`intention de dégager quelques tendances
récentes sur le sujet, ce qui permettra aux lecteurs d`affiner, dans un
sens ou dans un autre, ces connaissances en la matière et se forger
ainsi sa propre opinion sur le sujet (la contrebande).
Il s`agit aussi, d`un travail qui va Otre soumis pour
appréciation, analyse, examen et évaluation et qui porte sur le
sujet suivant : « la contrebande des marchandises aux
entrées routières du territoire douanier de la côte
d'ivoire : cas du district d'Abidjan ».
En effet, dans un souci d`apporter une formation efficace,
rigoureuse et performante, l`Unité de Formation et de Recherche de
Criminologie de l`université d`Abidjan Cocody dispense deux types de
formation : Une formation théorique, reposant pour l`essentiel sur
l`enseignement des sciences humaines, des sciences sociales, de la psychologie
et le droit pénal. Et l`autre, formation pratique. Elle est menée
par le stagiaire chercheur dans des institutions publiques ou privées,
comme les douanes (la direction des enquêtes douanières et du
renseignement située à Abidjan Plateau), la police
économique (la direction de la police économique et
financière située à Abidjan Plateau, angle boulevard
ANGOULVANT, Avenue Delafosse), la gendarmerie nationale (le commandement de la
compagnie de gendarmerie d`Abidjan SUD-CAMP
COMMANDO KOUMASSI) ou des entreprises privées ou ONG
etc. Ces stages ont pour objectif de permettre au futur chercheur de se
spécialiser et de se familiariser avec les réalités du
terrain grâce à l`utilisation d`outils et de techniques de
résolution d`un phénomène. Dans le cadre de cette
formation pratique, nous avons effectué différents stages dans
les services publics et privés cités ci-dessus.
Les résultats récoltés lors des
investigations permettent d`éprouver, de vérifier, d`affirmer ou
d`infirmer l`hypothèse de départ de l`enquOteur.
Il s`agit pour le chercheur de mettre en corrélation
des variables (indépendantes et dépendantes). Sans ce travail, il
est difficile de donner des réponses cohérentes et fiables
concernant un phénomène précis. Et, en ce qui concerne ce
travail, l`on parle de la contrebande.
Une thèse n`étant pas une production
littéraire a proprement parlé, il est bien de noter que c`est un
ensemble de données que l`on confine dans un mémoire qui a pour
but de répondre à un besoin scientifique ou social ponctuel. La
contrebande, comme tout phénomène social d`actualité,
demande pour son étude des techniques appropriées. Dans la forme,
les techniques des sciences criminologiques sont apparemment différentes
de celles usitées dans les sciences dites exactes. Mais dans le fond,
elles poursuivent un même objectif, c`est-à-dire grâce
à des procédés logiques et rigoureux, il faudrait arriver
à vérifier une hypothèse de recherche de départ. Et
cette thèse ne s`exclue pas de cette démarche scientifique qui
est la seule à pouvoir lui donner un sens théorique et pratique
du point de vue des sciences sociales et criminologiques.
LISTE DES TABLEAUX
Numéros Titre des tableaux Pages
1 Échantillon de l'enquête par cohorte et par
type d`acteurs 178
2 Récapitulation générale des
différentes
situations de contrebande 243
3 Différents rôles possibles des acteurs et
leur implication illégale dans une opération
de contrebande par importation 253
4 l'acteur face aux défaillances du
système de contrôle 260
5 Droits et taxes en rapport avec
l'explication de la présence de
l'acteur
dans la contrebande 264
6 sanctions pénales en rapport avec
les
acteurs 267
7 Préjudices déclarés par les
entreprises
sinistrées par la contrebande, par la
crise et par secteur d'activité 313
INTRODUCTION
La contrebande que connaît la côte d`Ivoire en
général et le district d`Abidjan en particulier, est l'une des
conséquences de la crise militaropolitique déclenchée
depuis le 19 septembre 2002 ; ce qui a engendré une faiblesse dans le
dispositif de contrôle des marchandises à certaines
frontières du pays, aux entrées routières du district
d`Abidjan et un sérieux problème dans l`application des
réglementations et des sanctions aux infracteurs. Mais cette situation
est attisée par l'industrie de la contrebande et de la fraude à
laquelle s'adonnent des acteurs « ennemis » de la croissance
économique ivoirienne.
En l'espace de quelques années seulement, la
contrebande qui était jadis une action isolée, pratiquée
de façon artisanale, s`est très vite muée en de
véritables industries qui encrassent tous les secteurs
d'activité. Et pourtant, beaucoup d'efforts ont été
consentis, aussi bien au niveau international que national ou même local
(district d`Abidjan).
Ainsi, au niveau international, les conventions de Paris de
1883 et de Benne de 1886 ont instauré respectivement la protection de la
propriété intellectuelle et la protection des ~uvres
littéraires et artistiques.
Les accords de Lusaka de 1976 et de Bangui de 1977 au niveau
africain, témoignent de la volonté des Etats africains d'agir en
commun pour instaurer des régimes uniformes de protection de la
propriété intellectuelle.
Au niveau national et local (district d`Abidjan), le
décret N°2005-112 du 24 février 2005 institue l'Office
Ivoirien de la Propriété Intellectuelle (OIPI).
Dans l'optique d'un renforcement du cadre juridique existant, un projet
d'ordonnance portant protection de la propriété intellectuelle
aux
frontières a été soumis au gouvernement
ivoirien. Ces actions de lutte se traduisent sur le terrain par la mise en
place de brigades de lutte contre la contrebande au niveau de la police
économique, des douanes et de la gendarmerie qui abattent un travail
remarquable dans la lutte contre ce fléau.
Les produits et secteurs les plus touchés par les actes
de contrebande sont entre autres : Les cigarettes, les vêtements et
accessoires, les pagnes, les CD et DVD, les équipements à usage
électrique, les médicaments, les pièces automobiles, les
jouets, les parfums et produits cosmétiques, les boissons
alcoolisées, les montres, les produits alimentaires, les pâtes
dentifrices etc.
Internet constitue aussi désormais un canal
d'écoulement privilégié des produits de contrebande vendus
bien souvent au prix des originaux. En termes de chiffres, le chiffre d'affaire
de la contrebande est évalué entre 9% et 10% du commerce mondial,
soit l'équivalent de 500 milliards d'Euros. 83% des entreprises
africaines pointent la contrebande comme préoccupation majeure.
Les sources d'approvisionnement des produits de contrebande
sont diverses. Il y a des entreprises fictives existantes en Côte
d'Ivoire qui font entrer des produits de contrebande sur place. Ces entreprises
servent aussi de courroie de distribution des produits de contrebande
émanant de pays étrangers. Tout le monde admet aujourd'hui que la
Chine et Dubaï sont deux grandes sources d'approvisionnement de produits
de contrebande dans le monde.
Selon les spécialistes dans la lutte contre la
contrebande, 80% des produits en provenance de la Chine sont de mauvaise
qualité. Tous les acteurs du monde industriel s'accordent à dire
que la contrebande est une des nouvelles formes d'industries souterraines qui
se créent dans
les pays asiatiques pour inonder le marché mondial.
Face à cet état des lieux inquiétants, on tente à
travers une étude de cerner les différentes facettes de la
contrebande et de comprendre les règles de fonctionnement qui la
régissent. La recherche s'adresse surtout aux responsables
d'entreprises, aux politiques, aux populations qui, le cas
échéant, doivent pouvoir prendre une décision correctement
fondée face au phénomène.
Comme son existence pose de façon évidente de
nombreuses questions d'ordre éthique, la première partie de la
thèse est consacrée à définir la position de la
contrebande dans un cadre global en considérant simultanément la
légalité et la légitimité d'une telle action
illégale. Cette approche permettra également de définir
les facteurs explicatifs et les incidences économiques et sociales du
phénomène et d'une certaine façon, sa propre
éthique.
La seconde partie s`intéresse à la
définition des principales situations possibles de la contrebande. Pour
se faire, l'approche explicative (ou justificative) est
privilégiée plutôt que la simple approche descriptive.
En d'autres termes on préfère savoir pourquoi se
réalise une opération de contrebande malgré l`existence de
mesures et de règlements pour sa régulation plutôt que
comment? La raison de ce choix est double: logique et pragmatique. D'un point
de vue logique, il est plus urgent pour une entreprise ou une autorité
locale de savoir dans quel ensemble de contraintes se trouve plonger les
indices économiques liés aux droits de douanes et à la
taxation des produits, plutôt que de connaître les
procédures d'exécution. Si l'entreprise ou l`autorité
locale décide de participer au phénomène, il sera toujours
temps pour elle de se préoccuper des modalités pratiques. D'un
point de vue pragmatique, il serait tout à fait irréaliste de
tenter une classification exhaustive d'une
multitude de techniques et procédures que l'imagination
des trafiquants enrichit encore régulièrement.
Dans la troisième partie, il s`agit de connaître
les conséquences liées aux actes de contrebande sur une
économie nationale comme celle de la Côte d`Ivoire et surtout
locale comme celle du district d`Abidjan. On va tenter d`y apporter des
propositions de solutions. On va tenter aussi de mieux définir qui sont
les acteurs d'une opération de contrebande. On va décomposer
celle-ci en une "chaîne" d'opérations élémentaires
qui feront apparaître des liens insoupçonnés entre le monde
officiel et le monde souterrain ainsi que les différents rôles que
tout un chacun peut tenir un jour, volontairement ou involontairement, dans une
telle procédure.
PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE
CHAPITRE I : INTERETS DU CHOIX DU SUJET
I-1-Motivations personnelles
Au cours des vacances scolaires
(2004-2005), nous nous sommes rendu à
Daloa, ville à la lisière de la zone dite gouvernementale et
celle dite ex-assiégée (division actuelle de la côte
d`ivoire depuis le 19 septembre 2002). Durant ce séjour, nous avons pu
observer la vente des marchandises en l`occurrence, des cigarettes, des pagnes
de contrebande ou de contrefaction en provenance, selon les acteurs qui les
marchandaient des pays limitrophes principalement du Burkina Faso, de la
Guinée Conakry et du Mali.
Nous nous sommes senti interpellé par cette situation
et nous avons décidé dès lors de mener une recherche afin
d`essayer de cerner les contours et divisions du phénomène
observé.
Après le constat de la situation
précédemment observée à Daloa, nous l`avons
retrouvé à une échelle plus élevée et
à un niveau très inquiétant sur le territoire du district
d`Abidjan. À lui seul, le district d`Abidjan renferme la plupart des
différents secteurs industriels de la côte d`ivoire d`une part et
de la région des lagunes d`autre part. Deux grandes zones industrielles
s`y trouvent celle de YOPOUGON et de KOUMASSI, avec plus de 300 unités
industrielles pour la seule zone de YOPOUGON (INS, 98). Le district d`Abidjan a
aussi le meilleur réseau routier du pays, ce qui facilite le trafic des
marchandises vers le port autonome ou d`autres secteurs d`activités. Le
district d`Abidjan a le plus grand parc automobile de la sous région
ouest-africaine après le Nigeria.
Ainsi, nous nous sommes convaincu que si rien n`est entrepris
dans le sens de la régulation du phénomène,
l`économie nationale en général et celle du district
d`Abidjan en particulier, court à sa perte avec ses corollaires
néfastes : licenciements massifs, chômages, paupérisation
de la masse ouvrière, d`où l`émergence d`activités
informelles illicites qui détruisent l`économie locale et celle
du pays tout entier. Ceci explique aussi l`intérOt motivant une
recherche sur la contrebande des marchandises aux entrées
routières du district d`Abidjan.
Le marché d`ADJAME ROXY par exemple est l`illustration
à ciel ouvert du trafic illicite des produits pharmaceutiques, des
cigarettes où toutes autres marchandises d`origine douteuse et de
mauvaise qualité dans le district d`Abidjan. Face à la situation
frappante et alarmante observée, l`idée nous est venue de faire
l`étude de la situation, afin de comprendre : pourquoi, malgré la
présence des mesures réglementaires, législatives et d`un
dispositif de contrôle de marchandises aux différentes
entrées routières du district d`Abidjan, le
phénomène persiste et prend des allures inquiétantes?
Comment la contrebande fonctionne ? Et quelles en sont les conséquences
sociales économiques et politiques qui pourraient être
engendrées?
Nous avions choisi ce sujet parce qu`on a été
surpris de constater qu`il n`existait pas en abondance des études sur la
contrebande en Côte d`Ivoire en général et sur le district
d`Abidjan en particulier. C`est le lieu d`y apporter une modeste contribution
à l`effort commune de lutte contre ce problème économique
des temps modernes en interpellant d`une part les pouvoirs publics et en
sensibilisant la population d`autre part.
Nous savons, qu`aujourd`hui les contrebandiers sont de plus en
plus nombreux, ils possèdent leurs propres moyens,
c`est-à-dire leurs propres
entreprises de transport et/ ou d`import-export. MOme s`il est
toujours difficile d`établir les causes réelles de cette
criminalité économique, cela n`empOche pas le chercheur d`essayer
de formuler quelques observations sur le phénomène. Observations
qui le motivent dans la bonne compréhension du problème qu`il
souhaite étudier.
En principe, nombre de types de contrebande ont pour cause la
très grande disparité économique entre les pays et aussi
entre les couches sociales ; ce qui provoque l`existence de vastes secteurs de
la population portés à produire des biens illégaux.
En outre, les pays pauvres comme la Côte d`ivoire sont
des marchés qui attirent des biens qui sont volés dans des pays
riches (voitures de luxe, articles divers de luxe etc.). Parallèlement,
il est fréquent que dans ces Etats, le niveau élevé des
coûts de production et/ou des taxes favorise le développement de
l`économie souterraine et l`emploi au noir d`une main d`uvre à
bon marché. Les conflits politiques surgissant dans de nombreux pays et
de nombreuses régions engendrent une violence et une corruption
généralisée qui fragilisent les dispositifs de
contrôle des marchandises aux entrées routières ou aux
frontières, créent un dysfonctionnement dans l`application des
réglementations ou sanctions aux infracteurs et encouragent
implicitement la contrebande.
En définitive, ces constats montrent que le
phénomène de contrebande est préoccupant pour le pays tout
entier en général et pour le district d`Abidjan principalement.
La contrebande est à la fois un problème d`ordre sociopolitique
et un sujet de criminalité économique actuelle. Dès lors,
elle intéresse les sciences criminologiques, politiques, sociologiques,
humaines, économiques et juridiques.
I-2-Pertinence sociale
En ce qui concerne la présente thèse, la
contrebande est considérée comme la manifestation d`une
économie souterraine du point de vue international, national et local,
voilà comment elle fonctionne si on se réfère à
PHILIPPE BARTHELEMY (1998). Pour lui, de nombreux auteurs
préfèrent approcher la réalité concrète de
l'économie souterraine en procédant à des études de
terrain.
Dans les pays occidentaux par exemple, le niveau des
prélèvements obligatoires est la variable la plus
souvent évoquée. Dans les pays de l'ancien bloc de l'Est, la
variable réglementation a le pouvoir explicatif
principal. Dans les pays en développement, l'accès
à l'informel obéit à une contrainte de survie ou à
un désir de performance selon les pays et les époques.
Au niveau ivoirien, on peut situer l`existence de la contrebande dans un
contexte de contrainte de survie, ou à un désir de
performance).
Dans les pays occidentaux, l'économie souterraine se
présente en premier lieu comme un moyen d'échapper à
l'impôt, aux cotisations sociales ou
aux divers règlements. C'est une illustration
particulière de l'adage selon lequel trop d'impôt, tue
l'impôt. Dans cette logique, plus l'écart entre le coût du
travail dans les économies (officielles et non officielles) est grand,
plus l'incitation à travailler en marge des règles est
importante. La réglementation est également avancée comme
frein à l'initiative. Le respect des règles sur le marché
du travail entraîne souvent une élévation des coûts,
peu adaptée à un marché où la concurrence est
vive.
En affectant, par exemple, à un échantillon de
76 pays un indice de réglementation allant de 1 à 5, il a ainsi
été montré que l'augmentation d'un point de l'indice
provoque une poussée de 10% des activités cachées
(Johnson, KAUFMANN et ZOIDO-LOBATON, 1998).
Ces activités complémentaires relèvent de
l'entraide, de la convivialité et génèrent souvent des
échanges sous forme de troc. La sous-traitance est une autre facette de
l'informalité, qui mérite un traitement spécifique.
Certaines firmes, soucieuses de ne pas subir les effets de conjoncture,
préfèrent nouer des relations de sous-traitance plutôt que
d'embaucher. Ainsi, en cas de récession, elles n'ont pas à
licencier, et peuvent se contenter d'interrompre leurs contrats de fournitures.
La firme sous-traitante peut à son tour se protéger des
fluctuations en ayant elle-même recours à des sous-traitants et
ainsi de suite. Les salaires de l'entreprise du centre sont ainsi rendus
stables au détriment de ceux de la périphérie, derniers
maillons de la chaîne, qui subissent tous les aléas. Cette main
d'uvre exploitée en raison de sa vulnérabilité est parfois
localisée à l'étranger, reproduisant ainsi le
modèle centre périphérie entre pays
développés et pays en développement.
Quelque soit le pays étudié, certains secteurs
sont moins propices que d'autres aux activités souterraines. Les
industries situées en amont du processus productif se prêtent mal
à l'informalité car les coûts d'entrée y sont
considérables et parce que leurs clients sont des entreprises de
transformation qui achètent des matières premières ou des
produits intermédiaires sur lesquels la Taxe de valeur ajoutée
est récupérée. La propension à frauder y est
faible. À l'inverse, les secteurs comme les activités domestiques
ou les services fournis aux ménages ou aux entreprises individuelles
constituent toujours des viviers de l'économie souterraine (conseil,
baby-sitting, emplois de maison, réparation des
équipements ménagers et des automobiles, travaux
de secrétariat...). Ces activités forment un noyau dur de
l'économie souterraine car les prestations entre donneurs d'ouvrage et
professionnels arrangent les deux parties. Les ménages, ne
récupérant pas la T.V.A., ont tout intérêt à
payer des prestations de qualité à un prix inférieur au
prix du marché tandis que les prestataires de services reçoivent
une rémunération nette supérieure à celle qu'ils
recevraient s'ils déclaraient leurs heures de travail.
Le prix du marché souterrain fluctue entre les
régions (dimension spatiale) et d'une période à l'autre
(dimension temporelle) en fonction de l'offre et de la demande. Une côte
informelle des prix circule entre les agents via des réseaux de
connaissance de nature professionnelle, associative ou sociale. Notons que,
contrairement aux idées reçues, les personnes exclues de ces
réseaux (chômeurs de longue durée ou personnes
isolées) ne participent guère aux activités souterraines,
ni du côté de l'offre, ni du côté de la demande.
Dans certaines professions, il arrive que l'offre officielle
soit proche de zéro. Tel est le cas des aides ménagères ou
des personnes qui travaillent chez les personnes âgées
dépendantes car les tarifs pratiqués excèdent les
barèmes fixés par les administrations pour les prises en charge.
Ce phénomène risque de s'amplifier avec le vieillissement de la
population. Les quelques cas d'offre qui demeurent émanent de personnes
qui ont un intérêt personnel à travailler à un prix
administré, s'assurant ainsi une couverture sociale. Dans ce cas, le
tarif officiel est souvent majoré ou le nombre d'heures de travail
déclaré inférieur au nombre d'heures effectives.
D'autres secteurs ont une activité principale favorable
aux activités parallèles comme l'agriculture et le tourisme
qui ont en commun une forte saisonnalité, les professions du
bâtiment sont exercées par des
micros entreprises (entretien ou construction de maisons
individuelles). En bref, les secteurs où l'économie souterraine
est importante sont ceux où les firmes sont situées en aval du
processus productif, où les clients sont des ménages ou des
entreprises individuelles ou artisanales, et où la concurrence entre les
entreprises est forte. Ceux où l'économie souterraine est faible
ont en commun de se situer en amont du système productif et de
posséder pour clients des entreprises (Barthélemy, 1997).
L'économie souterraine s'est développée,
dans ces pays, en opposition à une économie officielle
intégralement planifiée, où tout le monde était
salarié et où les exigences du plan privilégiaient les
biens d'équipement et des biens de consommation très
standardisés. L'économie parallèle était une
activité à temps partiel, parasitant l'économie officielle
(prélèvement de matières premières dans les
entreprises d'État, détournement du temps de travail officiel
à des fins privées) et les biens produits étaient
autoconsommés ou échangés sur des marchés
parallèles. Ces économies étant entrées en
transition au début des années 1990, leur économie
souterraine s'est adaptée aux nouvelles règles
économiques, témoignant de la flexibilité de ce type
d'activités. Des causes spécifiques viennent renforcer celles que
l'on connaît dans les pays occidentaux: Le manque de confiance envers les
institutions, l'inefficience de l'administration et sa corruption, des
contraintes administratives fortes pour les entrepreneurs, des impôts
élevés en liaison avec une offre de biens publics
inadéquate. En outre, une faible probabilité d'être
appréhendé ou sanctionné comme travailleur au noir ou
fraudeur aboutit à un calcul coûts/avantages tel que le travail
illicite est plus attractif que le travail officiel et régulier. Dans
nombre d'économies en transition, les hommes politiques et les
fonctionnaires essaient de contrôler les entreprises à travers des
mesures administratives et des règlements. Cela accroît
l'incitation à verser des pots-de-vin pour exercer
une activité officielle, ce qui rend plus attractif
l'exercice d'une activité non officielle. A mesure que les impôts
et les barrières administratives s'élèvent, les rentes
constituées par les activités illicites s'accroissent et avec
celles-ci la rentabilité de ces dernières. Lorsque la
prégnance administrative s'amplifie, il devient même
nécessaire de verser des potsde-vin pour entrer dans
l'illégalité; l'économie souterraine peut alors devenir
majoritaire dans certains pays, notamment dans ceux de l'exU.R.S.S.
L'économie non officielle constitue, dans les pays en
développement le mode de production dominant et on s'accorde pour y
distinguer deux types d'économie informelle: la forme traditionnelle,
essentiellement rurale, et la forme moderne, essentiellement urbaine. La
production informelle du premier type est surtout une autoproduction agricole,
presqu` une activité domestique. C'est une économie de
subsistance dont les échanges se réduisent aux membres d'une
même communauté, et où le troc domine largement les
échanges monétarisés. La production informelle du second
type est principalement une conséquence du processus de migration vers
les villes et de la bidonvilisation des métropoles du tiers Monde. Les
petites entreprises non déclarées, les petits métiers
exercés à partir de matières premières de
récupération, les activités commerciales de vente à
l'unité de produits alimentaires procurent des revenus de subsistance
à une population démunie et sans espoir d'intégrer le
secteur moderne.
Ces activités productives ne sont pas à
confondre avec celles de l'artisanat traditionnel, très organisé,
souvent autour d'un monopole ethnique, requérant une connaissance
approfondie du métier généralement acquise par un
apprentissage auprès de maîtres artisans.
Les produits de cet artisanat sont de qualité, le
personnel qualifié, les revenus fonction de l'ancienneté.
Dans ce domaine, c'est plus par tradition que par
volonté de dissimulation que les firmes ne sont pas
déclarées ou ne le sont que de façon partielle. Elles ne
sont pas à confondre non plus avec un secteur informel, qualifié
de concurrentiel, dont on trouve de nombreuses illustrations en Amérique
latine ou en Asie, et qui entretient avec le secteur formel des relations
étroites de sous-traitance et parfois même qui produit des biens
à grande échelle en utilisant une main d'uvre
qualifiée.
On observe ainsi dans les pays d'Amérique latine une
surreprésentation des travailleurs de moins de 25 ans et de ceux de plus
de 45 ans dans le secteur informel. Pour les plus jeunes, l'accès
à l'emploi passe par le secteur informel où ils acquièrent
une qualification qui leur permet d'accéder au secteur moderne. Les
entreprises de ce secteur n'ont pas à investir dans le capital humain de
leurs salariés, celui-ci est acquis sur le tas dans les entreprises
informelles. Arrivés à l'âge mûr, de gré ou de
force, ces salariés rejoignent le secteur informel de leurs
débuts en tant que patrons d'une petite entreprise ou travailleurs
indépendants. Ces mouvements témoignent d'une parfaite
rationalité des individus qui adaptent leurs comportements aux carences
des systèmes de formation, de santé et de retraite. Les micros
entreprises remplacent le système éducatif en permettant aux
jeunes d'acquérir une formation professionnelle. Elles suppléent
ensuite le système de sécurité sociale défaillant
en procurant un revenu permettant de couvrir les dépenses de
santé, et de remplacer le système de retraite qui n'est en rien
généralisé à tous les travailleurs, ou qui ne
permet pas d'assumer les besoins fondamentaux. Dans ce cas, secteurs formel et
informel se révèlent complémentaires (BARTHELEM, 1998).
L'économie illégale doit, bien entendu,
être combattue car la recherche de l'équité entre citoyens
ne peut conduire qu'à condamner ceux qui ne participent pas au
financement des biens collectifs. Il reste néanmoins que l'on peut
légitimement s'interroger sur l'opportunité d'enlever un revenu
à une personne à qui on ne peut proposer un revenu légal
de substitution. Tel est l'un des enjeux de l'économie informelle dans
les pays en développement. En empêchant les enfants de travailler
dans des ateliers textiles en Asie du Sud-est, ne les a-t-on pas indirectement
poussés à se tourner vers la prostitution ou la contrebande? Le
remède n'est-il pas parfois pire que le mal? Cette observation ne
légitime pas la tolérance, elle soulève la
complexité d'un phénomène dont on s'est efforcé de
décrire les multiples aspects.
La contrebande apparaît où l'économie va
mal. C'est l'un des symptômes d'un Etat malade où les agents
économiques trouvent plus avantageux de tourner la loi pour toutes
sortes de raisons. Symptôme, elle est aussi une alerte et doit comme
telle interpeller les décideurs.
En ce qui concerne la Côte d`Ivoire en
général et le district d`Abidjan principalement, la contrebande a
toujours été un phénomène insignifiant. Elle
s'opérait plutôt, quand elle apparaissait, depuis le territoire
national vers les pays limitrophes. Signe que les produits ivoiriens et les
prix étaient jugés intéressants par les ressortissants
voisins qui leur faisaient franchir les frontières en contrebande pour
éviter la taxation.
Depuis quelques temps maintenant, précisément
depuis que l`économie est en crise et les produits ivoiriens sont chers
du fait de l'inflation fiscale, ainsi le phénomène s'est
inversé. C'est vers la côte d`Ivoire que viennent les marchandises
de contrebande des pays voisins.
La contrebande a pris une telle ampleur que le gouvernement
ivoirien et les autorités locales du district d`Abidjan ont finie par
en reconnaître
l'existence et la nuisance, allant jusqu'à mettre en
place un dispositif de lutte contre cette pratique. Dispositif regroupant les
ministères de l'Economie et des Finances, de la Défense, de
l'Intérieur et de la Justice.
Toutes sortes de marchandises proviennent des autres Etats
limitrophes, depuis les cigarettes jusqu'au carburant en passant par les
produits de beauté. Et l'on ne compte plus les accrochages violents
(à l'arme à feu) entre les contrebandiers et les forces de
police, des douanes et de la gendarmerie nationale chargées de la
réprimer aux différentes entrées routières du
district d`Abidjan.
Face au problème, les autorités chargées
de la lutte contre le phénomène exhortent la population des
régions frontalières du nord, de l`ouest d`une part, de l`est et
des zones côtières du Sud d`autre part à faire preuve de
vigilance et de civisme. Cependant, elles ne se contentent que de cette
exhortation, or le problème est trop grave pour être traité
par le seul verbe. Si ces autorités s'imaginent qu'il suffit d'aller
prêcher la bonne parole, au volant de rutilantes grosses
cylindrées et dans une mise luxueuse, à une population à
bout de souffle à force de misère, elles se fourvoient
lourdement.
Interrogé, un habitant a eu ces mots : " Ils viennent,
puant l'argent public, oser nous donner des leçons de civisme, à
nous autres que leur mauvaise gestion accable de
misère. Comme le dit un proverbe djiboutien, «ce n'est pas par
hasard si la marmite vient à ébullition ».
La contrebande n'est ni tombée du ciel ni sortie de
terre, elle a des causes objectives qu'il faut avoir le courage d'admettre et
de traiter. Il y a contrebande parce qu'il y a demande. Le corps social
paupérisé dans le district d'Abidjan à force de
chômage, de baisses de salaires (surtout dans le secteur public comme
privé n'arrive plus à acquérir sur le marché local
des produits sans cesse plus chers du fait de la hausse
des taxes. Il cherche alors d'autres sources,
accessibles à ses maigres ressources, d'où la contrebande. La
contrebande vient des pays limitrophes parce que dans ces Etats, la pression
fiscale est faible et les marchandises d'autant moins chères.
Elle vient toujours de ces pays, où les contrebandiers
avec ou sans la complicité des routiers, font entrer des marchandises
(facteur dû surtout aux failles dans le dispositif de contrôle des
marchandises aux entrées routières du district d`Abidjan). Des
produits tels que le carburant, l'alcool, le café ou les pagnes de
contrebande franchissent clandestinement les frontières ivoiriennes et
s'écoulent à bon prix sur le marché national d`une part et
local du district d`Abidjan d`autre part, quand ils ne repartent pas pour
d'autres destinations.
La contrebande offre ce que n'offre plus l'économie
officielle à un pouvoir d'achat social fortement réduit : un bon
rapport qualité prix.
Voilà pourquoi il devient tentant, pour des
particuliers mus par l'appât du gain et pour une rentabilité
économique, de se lancer dans ce commerce illicite surtout quand ils ont
conscience des faiblesses du dispositif de contrôle des marchandises aux
entrées routières de différents territoires douaniers
comme celui du district d`Abidjan.
Il n'y a pas que les infracteurs individuels qui
opèrent, mais aussi et surtout les gros importateurs qui trouvent dans
la contrebande une nouvelle source d'approvisionnement. Selon des informations
policières, des tonnes de marchandises de toutes natures franchissent de
nuit les frontières pour garnir les rayons et autres stocks du district
d`Abidjan. Il faut dire que lorsque ceux-là mêmes (civils ou en
uniforme) censés combattre la contrebande, ne sont pas bien
payés, l'argument sonnant et trébuchant peut permettre des
prouesses pour les inconditionnels du profit substantiel.
Comment alors réguler le phénomène dans
le district d`Abidjan? En soignant la maladie, c'est-à-dire en
l'attaquant aux racines. Et l'attaquer aux racines, c'est mettre fin à
la crise économique et à l'inflation fiscale. Or, une crise
économique telle que la nôtre puise ses causes dans le
système de gouvernement. Elle est liée à la
logique de prédation, de pouvoir personnel et de dépenses
injustifiées. Elle est liée à l'environnement
d'incertitude politique, de non droit. Le redressement économique ne
peut donc s'opérer sans paix civile et sans concorde nationale, sans
démocratie et sans droits de l'Homme, sans bonne
gouvernance. Toutes les conditions élémentaires
nécessaires au renouveau démocratique et à la
reconquête de la crédibilité internationale. En Côte
d'Ivoire en général et dans le district d`Abidjan en particulier,
les opérateurs économiques éprouvent d'énormes
difficultés à survivre et donc à préserver l'emploi
à cause de la contrebande. Selon l'Association Industrielle Africaine
(AIA), les délocalisations des entreprises au cours des
dix dernières années associées à la contrebande ont
fait perdre globalement à l'économie ivoirienne près de
780 milliards de Fcfa par an, en matière de
marchandises prohibées de toute sorte. Par exemple, en 2005, ce sont
plus de 50% du chiffre d'affaires d`UNIWAX et 20% pour la
SITAB qui partent en fumée. Ces entreprises ont
évalué les pertes pour l'Etat à plus de 6
milliards de Fcfa en ce qui concerne leur production annuelle. Pour le
secteur de la cartonnerie et des grands moulins, les pertes sont
estimées entre 15% et 20% du chiffre d'affaires. FILTISAC et l'industrie
du tabac, ont perdu respectivement 8 milliards soit 20% de
leurs chiffres d'affaires en 2005. En effet, la contrebande telle que
pratiquée en Côte d'Ivoire en général et dans le
district d`Abidjan particulièrement est essentiellement une contrebande
d'importation qui met à mal la compétitivité.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le
secteur ivoirien de l'industrie de fabrication des médicaments
enregistre 10 à 30% des médicaments venant de l'industrie de la
contrebande. 50% des traitements antipaludéens sont des faux,
d'où de graves menaces sur la santé des populations. Le textile
est aussi fortement touché par ce fléau. Selon le rapport (2004)
de la chambre de commerce et d`industrie de Côte d`ivoire, la
société UNIWAX a déjà supprimé 8.500
emplois en moins de trois ans et a perdu d'importantes sommes. Les
pagnes Wax fabriqués par cette entreprise sont
illégalement copiés, introduits frauduleusement et vendus
à vil prix en Côte d'Ivoire. Idem pour le pagne "
FANCI " de la société GONFREVILLE à
Bouaké.
L'écart entre les prix des pagnes de contrebande et
ceux d'origine, contribue à faire évoluer le
phénomène qui est très souvent associé à la
contrefaçon en vue d`écouler ces marchandises illicites sur le
territoire ivoirien. Le pagne " Wax " qui se négociait à 25. 000
FCFA pour les trois pagnes est vendu à 7000 ou 8 000 FCFA pour les faux,
tandis que le faux " FANCI " tombe à 500 FCFA contre 2000 FCFA pour
l'original. Tout ceci est à la base de la fermeture de plusieurs
entreprises du secteur textile.
La contrebande menace la santé et la
sécurité des populations. Les produits de contrebande utilisent
des réseaux frauduleux, notamment les médicaments ou tous les
produits de consommation prohibés nuisent à la santé des
populations.
Les pièces automobiles de contrebande sont très
souvent défectueuses et augmentent les risques d'accidents de
circulation. Quant aux matériels électriques de contrebande
vendus à travers des filières illicites, ils favorisent les
courts-circuits et sont à la base de nombreux incendies. La contrebande
a aussi un impact socioéconomique réel. Ce qui se traduit
par la fermeture d'entreprises notamment dans le secteur du
textile, les licenciements massifs, la baisse de l'activité
économique et la réticence des investisseurs étrangers.
Les effets de ce fléau sont malheureusement amplifiés aujourd'hui
par l'Internet à travers le E-commerce ou le commerce en ligne.
Un des éléments qui préoccupent les
pouvoirs publics est la mobilité des groupes criminels exerçant
dans le secteur de la contrebande de marchandises, qui tirent partie du fait
que la législation n`est pas uniforme d`un pays à l`autre et se
déplacent afin d`en exploiter les failles et les incohérences.
Ils implantent leurs activités dans des pays où
le risque d`être arrêtés et condamnés à une
lourde peine est relativement peu important par rapport au profit
escompté1.
La Côte d`Ivoire qui est en train de sortir d`une crise
politico-militaire et sociale, est un exemple pour ces types d`activités
de contrebande.
On a préconisé diverses mesures pour
réduire les incohérences et la mobilité des groupes
criminels parmi lesquelles la conclusion d`accords entre divers pays, la
création de groupe de travail mixtes et une coopération accrue
entre les services de répressions. Exemple : « INTERPOL ».
Il faudrait réfléchir au fait que des mesures de
ce type, qui supposent la coordination des services de police du monde entier,
risquent de donner lieu à la création de réseaux, ainsi
qu`à des pratiques et des alliances techniques et politiques qui
échappent à tout contrôle démocratique, au niveau
national aussi bien qu`international.
1 S. ADOMOLI et al, `' organized crime around the world,
HELSINKI, EUROPEAN institute for crime prevention and control, organisme
rattaché à l'ONU, 1998, P.9»
Les craintes qui suscitent les graves menaces posées
par la criminalité contrebandière pourraient jouer au
détriment de l`Etat de droit et des droits civils2.
Il faudrait s`interroger sur le fait que la contrebande
crée une demande pour les produits qu`elle introduit sur les
marchés du district d`Abidjan.
Ainsi, la contrebande des cigarettes qui s`est
développée dans le pays dès les années 50, a
contribué au succès éclatant de certaines marques et au
déclin de la production locale.
La contrebande de biens de consommation tels que les voitures,
les vêtements, les ordinateurs et les téléphones portables
dans les pays en développement et les pays de transition peut avoir les
mêmes effets et rendre ces pays totalement dépendants à
l`égard des pays développés, dont ils cherchent à
imiter le mode de vie.
Les préoccupations des pouvoirs publics ivoiriens face
à la contrebande semblent être focalisées sur le sentiment
de vulnérabilité que les pays sous-développés
éprouvent vis-à-vis des activités contrebandières
qui prennent naissance dans d`autres pays.
Elles se manifestent par la crainte que des marchandises
illicites, plus dangereuses que toute autres marchandises produites par les
pays développés, puissent anéantir les citoyens et les
institutions des Etats en développement, exemple : le trafic illicite
des déchets toxiques ou nucléaires (Affaire Probo koala en
août 2006) dans le district d`Abidjan.
Il est donc difficile de donner un tableau complet des
principales formes contemporaines de la contrebande.
2 J. SHEPTYCKI, `' transnational policing and the
markings of a post modern state», BRITISH journal of criminology, 34;
613/635, 1996
I-3-Pertinence scientifique
Les nombreux aspects de la criminalité montrent
qu`aujourd`hui, la criminalité économique est un
phénomène global et omniprésent, bien que le
concept puisse recevoir différentes définitions dans les
législations nationales. Jamais elle n`a été aussi
fortement organisée et aussi internationale. Il n`y a pas si longtemps,
en matière de criminalité économique, la justice
était exclusivement une affaire nationale. Désormais, alors que
de nombreux pays reconnaissent la négativité de cette
criminalité estimée à des pertes énormes, il n`est
plus possible de faire cavalier seul. Les nations sont devenues trop
vulnérables à cause de la mondialisation de l`économie de
marché.
De nombreux facteurs ont une incidence sur l`essor de la
criminalité économique et sur les contre-mesures qui sont prises
au niveau national ou international. Les technologies révolutionnaires
apparues ces dernières années ont, de manière inattendue,
facilité l'émergence de réseaux criminels
organisés qui opèrent par-delà les frontières pour
profiter au maximum des possibilités et minimiser le risque d`être
pris ou démantelés. La Commission européenne l`a
souligné dans son rapport de mai 1997 sur « Une politique de
l`Union dans la lutte contre la corruption ». Dans le même temps, le
Marché unique de l`Union Européenne et l`Accord de Schengen qui
s`est traduit par l`abolition quasi totale des contrôles aux
frontières, ont entraîné une vulnérabilité
accrue dans ce domaine.
A l`exception de cette branche d`activités criminelles
que l`on peut définir comme la criminalité d'entreprise
(« la criminalité dans les activités économiques
»), la criminalité organisée (« la
criminalité en tant qu`activité économique »), la
tendance récente, ne cesse pas d`être
inquiétante. Ce type de criminalité existe
dès lors que deux personnes, ou plus, participent conjointement à
un projet criminel afin d`obtenir du pouvoir et des profits par le biais
d`affaires illégales ou d`activités liées à
celles-ci, en recourant à la violence ou à l`intimidation et en
influant sur la sphère politique, les médias, l`économie,
le gouvernement ou la justice. Fonctionnant pour l`essentiel selon le principe
des réseaux, la criminalité organisée est très
souple, rapide et n`est, en grande partie, pas limitée par des
frontières nationales. Elle exploite pleinement les technologies de
pointe. Souvent, elle infiltre les entreprises légitimes dont elle
parvient parfois à prendre le contrôle. Elle est grandement
aidée en cela par la croissance du « cyberespace » sur lequel
les juridictions territoriales n`ont que peu de prise. Les criminels qui
agissent de manière organisée sont prêts à tout pour
que leurs entreprises réussissent par les tentatives de corruption, par
l`intimidation ou le recours à la violence à l`encontre d`agents
de la fonction publique ou de personnes travaillant dans le secteur
privé.
Les organisations criminelles actuelles ont accumulé
une puissance financière considérable, qui leur permet de jongler
avec les ressources (les hommes ou l`argent), d`avoir un accès
privilégié à l`information, d`infiltrer les cercles de
décisions politiques et économiques, de blanchir les
bénéfices de leurs activités et de faire en sorte que la
justice soit clémente à leur égard. Les crimes
étant à l`organisation criminelle ce que les activités
licites sont à une société opérant dans le cadre
légal, l`expansion et la prolifération de la criminalité
organisée pourrait conduire à une situation où
l`activité illicite, loin d`être en marge de la
société, en constituerait le noyau même. Elle pourrait
devenir « un Etat dans l`Etat », ce qui serait néfaste
à la prééminence du droit et saperait l`autorité et
l`intégrité de l`Etat légitime.
La criminalité économique est une
activité organisée de manière rationnelle, à
même de produire de la richesse et d`être source de pouvoir tout
comme n`importe quelle autre entreprise et souvent plus rapidement que les
entreprises normales. Il semblerait que la criminalité économique
soit en train de diversifier ses opérations et de se lancer dans une
gamme d`activités toujours plus large qui couvre le trafic d`armes et de
stupéfiants, la contrebande de produits et le trafic d`êtres
humains, le trafic d`influence, les pratiques commerciales frauduleuses, la
criminalité informatique, la contrefaçon, le vol, la corruption
et, bien entendu, le recyclage de « l`argent sale ». La
déréglementation entraînée par la mondialisation de
l`économie et des finances a, dans une certaine mesure, facilité
la dissimulation de ces activités.
Les crimes économiques transnationaux sont complexes
par leur nature, en particulier parce qu`ils sont fréquemment
combinés avec des activités licites, ce qui les rend difficiles
à repérer et à évaluer. A ce jour, il n`existe
aucune méthode systématique permettant de comptabiliser ces
crimes au niveau international. Peu de pays les enregistrent de manière
séparée dans leurs statistiques officielles. De plus, les
données officielles ne couvrent que les crimes
découverts qui, selon le pays, ne représentent que la
partie émergée de l`iceberg et ne permet donc qu`une estimation
partielle de l`importance réelle de la criminalité
économique. C`est pourquoi, il est urgent d`élaborer une
méthode fiable et uniforme de collecte des données. Certains
groupements de pays tels que l`Union européenne, ont
considérablement progressé dans la collecte des données
relatives à la criminalité organisée.
On s`accorde largement à reconnaître que la
contrebande trouve sa source dans des créneaux ou des réseaux
illicites d`un type nouveau.
La nature et les caractéristiques de ces réseaux
méritent que l`on s`y attarde un peu.
Selon la distinction proposée par
ALBANESE3, certains de ces créneaux permettent aux
délinquants de se procurer des gains illicites avec des risques
relativement bas, d`autres sont créés par les délinquants.
Dans certaines catégories, on trouve non seulement la fourniture de
biens et services illicites pour lesquels il existe un marché, mais
aussi des créneaux nés de l`évolution sociale et
technologique.
Dans d`autres catégories par contre, on retrouve la
corruption et l`extorsion, à savoir les rackets et les fraudes
impliquant des entreprises commerciales légitimes.
Cependant, certaines formes de contrebande rendent cette
distinction beaucoup moins nette, voire inutile.
En effet, les organisations criminelles exerçant dans
les activités de commerce illicite de marchandises, saisissent les
occasions qui se présentent à eux, tout en créant des
nouvelles.
Leur modus operandi4 est tel que leurs
agissements deviennent de plus en plus interdépendants et
protéiformes5. Ainsi, le savoir faire qu`elles acquièrent dans un
domaine est utilisé dans de nouveaux marchés, tandis que les
réseaux qu`elles instaurent compte les partenaires les plus divers,
légitimes ou non.
Elles passent constamment de domaines qui relèvent
traditionnellement de la contrebande bien orchestrée et a des domaines
qui relèvent de la contrebande des entreprises et des cols blancs.
3 J. ALBANESE, `' the causes of organized crime»
[communication présentée à la conférence
internationale sur la criminalité organisée Université de
LAUSANNE, 6-8 octobre 1999]
4 Modus Operandi, `'transaction qui met les
contrebandiers en accord sur le mode d'opération à utiliser ou
d'activités illicites à utiliser dans le domaine de la
contrebande.
5 Protéiformes, `'qui change fréquemment de
forme. Petit LARROUSSE, 1983
La contrebande prend parfois l`apparence de la
criminalité des entreprises; c`est le cas, par exemple, des
sociétés légitimes versant des pots de vin à des
représentants officiels étrangers afin de faciliter la
commercialisation de leurs marchandises dans des pays ou elles sont bannies. Il
faudrait insister davantage sur le fait que la contrebande couvre un ensemble
de conduites criminelles, ce qui la rend d`autant plus préoccupante.
On pense généralement que la contrebande des
entreprises et des criminels à col blanc rencontre plus d`indulgence,
sur le plan social comme sur le plan pénal, que la criminalité de
d`autres types.
Du fait que ces types de comportements criminels sont
liés, la tolérance relative dont jouissent habituellement les
criminels à col blanc risque de s`étendre aux membres de groupes
criminels actifs de la contrebande.
Ainsi pensons nous que des recherches plus poussées sur
les causes des divers types de criminalité contrebandière
s`imposent.
Il faudrait aussi étudier davantage les effets des mesures
dissuasives punitives et réparatrices ainsi que le rôle des
services de répression.
Peu nombreux sont les travaux de recherches empiriques
disponibles, et les études existantes portent essentiellement sur les
répercussions de la contrebande au niveau national et local.
Cependant, l`ONU entend combler cette lacune à travers
ses études mondiales sur la contrebande. Cette criminalité ne
doit pas être assimilée exclusivement aux activités
illégales d`organisation comme les mafias et les groupes de cartels
à travers le monde, ils ne sont pas les seuls. De même, il ne faut
pas se polariser uniquement sur des activités contrebandières
classiques comme le trafic de drogue, la traite des êtres humains, le
trafic de marchandises volées et le blanchiment de produits
illégaux.
Il se peut fort bien que la contrebande aille au-delà de
ces activités classiques et revête des caractéristiques
plus complexes.
Elle peut par exemple recouper la déviance
d`entreprise, et parfois des pouvoirs publics. Tel est le cas lorsque des biens
produits légalement sont commercialisés illégalement.
Exemple, la contrebande de matières nucléaires, d`armes, de
produits pharmaceutiques, des tableaux, d`alcools, de vivres etc. Tel est le
cas également lorsque des biens produits dans un pays sont
commercialisés illégalement dans un pays où ils sont
officiellement interdits, avec la complicité de politiciens corrompus.
La contrebande englobe les fraudes fiscales, la contrefaçon,
l`escroquerie vis-à-vis d`institutions financières, la
concurrence déloyale sur les marchés, l`espionnage industriel,
l`importation et exportation de plantes et d`animaux protégés, le
trafic d`uvres d`art et le rejet illégal de déchets industriels
toxiques.
Elle recouvre aussi, outre les activités
illégales de groupes ou d`organisation terroristes, la violation des
sanctions et embargos imposés à des pays par la communauté
internationale et l`agression perpétrée contre des pays sous
forme de guerre et génocide.
Les activités contrebandières s`accompagnent
pour la plupart des faits illégaux comme la corruption des
fonctionnaires, qui facilite la perpétration d`une infraction et sa
dissimulation, et le blanchiment de capitaux à travers des institutions
bancaires ou des organismes extraterritoriaux.
Enfin, le fait que les membres d`un groupe criminel
organisé transnational soient, au besoin, au nom de leurs
intérêts, prêts à recourir à la violence et en
mesure de le faire, suscite fortes préoccupations d`ordre
économique, juridique, policier, et surtout social.
Les études réalisées offrent des
centaines de monographies à propos desquelles il faut cependant se
montrer extrêmement prudent, pour au moins deux raisons. En premier lieu,
le choix de la zone étudiée n'est pas neutre car il dépend
d'une connaissance a priori de l'observateur sur ce qu'il souhaite
découvrir en s'immisçant dans un espace géographique
donné. Par exemple, l'étude des ateliers clandestins de
confection dans le quartier du Sentier à Paris ou dans la via TIBURTINA
à Rome ne permet pas d'inférer une quantification de la
filière textile souterraine en France ou en Italie. Une simple
extrapolation surestimerait manifestement les résultats. En second lieu,
prendre des statistiques tirées des redressements fiscaux ou sociaux
comme indicateurs de la fraude fiscale ou sociale conduit aussi à en
surestimer l'ampleur.
En effet, les services compétents ne tirent pas au hasard
une personne ou une entreprise à contrôler, ils procèdent
selon des méthodes propres à leur profession qui leur permet
d'opérer des vérifications à partir d'échantillons
plus biaisés que représentatifs.
L'économie souterraine étant tout sauf
homogène, il convient également d'évoquer les
méthodes retenues pour mesurer tel ou tel de ses aspects. Sans
être exhaustifs, les enquêtes sur les dépenses des
ménages, sur la main-d'~uvre, sur les revenus, sur l'emploi du temps des
ménages et même les sondages d'opinion peuvent contenir des
questions destinées à déceler ou à quantifier les
activités souterraines.
S'agissant de la production, de la distribution ou de la
consommation de stupéfiants ou de marchandises de contrebande, il n'y a
pas de données provenant d'observations directes. Les estimations se
basent sur les données fournies par la police, la gendarmerie nationale
ou la douane à partir des saisies effectuées et sur une
estimation du nombre de personnes appréhendées, émanant
des services de ces institutions. On parvient ainsi à estimer une
consommation nationale de produits de
contrebande en volume, qu'il faut ensuite transformer en
valeur à partir d'une estimation du prix, lequel fluctue au rythme de
l'offre, de la demande et surtout en fonction des taux de saisies. Le calcul du
chiffre d'affaires de la drogue et des marchandises de contrebande doit ensuite
être comparé avec le calcul du prix d'achat des matières
premières pour en déduire une valeur ajoutée. Cette valeur
varie d'un pays à un autre, avec une grande diversité de cas: il
existe des pays producteurs qui exportent de la drogue ou les marchandises de
contrebande; des pays importateurs qui doivent puiser dans d'autres ressources
pour se procurer des stupéfiants ou des marchandises illicites; des pays
à la fois exportateurs et importateurs du même produit et des
articles qui pratiquent du négoce international; et même des cas,
dans un pays donné, de commerce intra branche de stupéfiants et
de marchandises de contrebande (importations et exportations de produits de
qualités différentes).
Les calculs sont compliqués par le fait que les revenus
générés par les opérations illégales en
général, et par le trafic de marchandises de contrebande en
particulier, font souvent l'objet d'un blanchiment pour ensuite être
réinjectés dans le circuit légal à des fins de
consommation ou d'épargne. Notons en outre que la somme des parties
n'est pas égale au tout. Si l'on additionne la fraude fiscale, le
travail au noir, la corruption, les vols et le trafic de stupéfiants, on
n'obtient pas l'économie souterraine, car en procédant à
cette addition, on comptabilise plusieurs fois la même grandeur. Cette
observation justifie, si besoin est, l'intérêt d'avoir
désormais des définitions homogènes pour toutes les
composantes de l'économie cachée.
En ce qui concerne les causes de l'économie souterraine,
elles sont fonction des modes d'organisation des sociétés.
CHAPITRE II : CONTOURS DU PROBLEME
II-1-Concepts explicites : 1-la contrebande
La contrebande est l`introduction ou la vente clandestine de
marchandises sur un territoire douanier donné. Elle est
différente de la piraterie qui est la reproduction frauduleuse d`une
~uvre littéraire ou artistique sans payer les droits de reproduction et
de la contrefaçon qui est la violation des droits de
propriétés intellectuelle appartenant à autrui.
La contrebande est le transport illégal de marchandises
ou de personnes, en particulier au travers des frontières, ceci afin
d`éviter de payer des taxes, ou de faire entrer des produits interdits
dans un pays, ou inversement, d`en faire sortir malgré l`interdit.
(Source police économique Rapport de stage 2006).
Par extension, et comme il s`agit des mêmes
réseaux, la contrebande peut concerner les personnes, soit pour leur
permettre d`entrer dans un pays qui leur est fermé, soit pour leur
permettre de sortir d`un pays qui leur est interdit. Le plus souvent, les biens
alimenteront un marché noir, tandis que les individus seront contraints
au travail clandestin. (Source ONU, Rapport 2000 sur la criminalité
transfrontalière).
Historiquement : le phénomène
de la contrebande est aussi long que controversée, il est probablement
apparu le jour même ou la première taxe a été
créée dans les régions frontalières ou sur les
côtes. La contrebande est à certaines périodes de
l`histoire un élément économiquement structurant, au point
d`être un élément motivant des
interventions étrangères, par des puissances
visant à mieux contrôler les flux des marchandises et des taxes.
Selon la définition généralement admise par le petit
Larousse, (1983) « la contrebande est l'introduction ou la sortie et
la vente clandestine de marchandises prohibées ou soumises à des
droits dont on fraude les autorités locales ».
En ce qui concerne la thèse présente : la
contrebande est un phénomène à doubles sens, qui joue
aussi bien à l`importation comme à l`exportation, la contrebande
est le résultat de 2 grands types de contraintes auxquelles certaines
personnes cherchent à échapper soit : à des contraintes de
rentabilité économique et à des contraintes nées de
l`existence de lois, des règlements et de quotas divers. Pour
apprécier au mieux ce concept, on présente ce qui est la
criminalité : elle peut se définir comme « un ensemble
d'actes criminels et délictueux commis dans un milieu donné par
un groupe donné à un moment donné ». Or, un acte
criminel et délictueux est une infraction qui porte atteinte au
bien-être d'autrui ou de la société et qui déroge
significativement des normes socioculturelles qui dictent la conduite normale
d'une personne. Ainsi, on distingue plusieurs types d'activités
criminelles. On a, par exemple, la criminalité financière qui
désigne les activités financières illégales,
échappant aux lois des différents pays. On parle à ce
propos de « criminalité en cols blancs ». On a aussi
la « cybercriminalité » qui renvoie à tous types de
délits perpétrés sur les systèmes et les
réseaux informatiques. Ces différents crimes sont, le plus
souvent, mis en oeuvre par des groupes criminels et s'opèrent à
différentes échelles spatiales. En effet, selon l'échelle,
on peut par exemple parler de criminalité transnationale ou de
criminalité transfrontalière. Ainsi, la criminalité
transnationale concerne des bandes criminelles organisées assez stables
et d'envergure internationale, dont les acteurs sont de diverses
nationalités et les délits perpétrés dans un
État donné ont des répercussions dans un
ou des États contigus à l'État attaqué. La
criminalité contrebandière est peut considérée
comme un phénomène regroupant un ensemble d'actes
délictueux dont les auteurs et les répercussions vont
au-delà des frontières d'États contigus. Parmi les types
d`activités contrebandières identifiées dans la sous
région d'Afrique occidentale, il y a la contrebande de marchandises.
Cette forme de trafic est particulièrement marquée entre les
différents pays de la sous région ouest africaine.
En somme, on entend par contrebande, « le transport
illégal de marchandises ou de personnes, en particulier au travers de
frontières, ceci aux fins d'éviter de payer les taxes ou de faire
entrer des produits interdits dans un pays ou, inversement, d'en faire sortir
malgré l'interdit. La contrebande comporte plusieurs étapes: la
fourniture, la vente, le conditionnement, le transport, l'achat et la
distribution ».
La fourniture consiste à pouvoir
livrer une certaine quantité de marchandises spécifique à
la demande. Par exemple, en ce qui concerne le vol de voitures à
proprement dit, Il existe une parfaite division du travail dans ce
système où il y a d'abord les voleurs et les mécaniciens,
puis les faussaires et les passeurs. En effet, on observe qu'à la
tête de ce système se trouve un groupe de trafiquants qui
reçoit une commande de voitures. Pour honorer cette commande, les
trafiquants engagent des voleurs qui assurent la fourniture des voitures, des
mécaniciens travaillant dans des garages qui leur appartiennent, des
faussaires pour l'obtention de faux documents pour les voitures (carte grise et
permis de conduire) et des passeurs pour conduire les voitures vers le pays
où résident les acheteurs. Ainsi, dans ce système,
après la fourniture des voitures par les voleurs, intervient la
vente.
Elle consiste à signer un contrat par lequel des
marchandises s'échangent contre de l'argent. Elle se distingue de la
fourniture du fait de l'intervention fréquente des intermédiaires
servant d'écran entre les fournisseurs et les acheteurs.
Le conditionnement est une opération
importante car une même marchandise peut nécessiter un
conditionnement différent selon qu'elle va suivre un parcours officiel
ou clandestin. Dans le cas présent, le parcours est clandestin. C'est
à ce moment que le maquillage et le clonage sont mis en ~uvre par les
mécaniciens. En effet, ceux-ci se procurent, d'une part, une voiture
gravement accidentée (VGA) sur le marché légal et, avec
l'aide des voleurs, volent, d'autre part, une voiture dont les
caractéristiques sont similaires à celles de la VGA en question.
Les mécaniciens transfèrent ensuite sur la voiture volée
le numéro d'identification de la voiture (NIV) de la VGA, donnant ainsi
à la voiture volée l'identité de la VGA. Cette
opération est appelée « maquillage » d'une voiture
volée. Le « clonage » ou « jumelage » diffère
quelque peu du maquillage. Dans ce cas, un NIV est prélevé sur
une voiture stationnée, « puis les malfrats utilisent ces
informations sur une voiture identique mais volée et font immatriculer
la voiture clonée dans une autre province du pays. Dans les deux cas,
les voitures sont vendues à des acheteurs de bonne foi et comme
l'exportation, le clonage et le maquillage sont une source de profits
importants ».
Par ailleurs, selon les besoins des trafiquants, une voiture
pourra être découpée par les mécaniciens, dans le
but d'approvisionner le marché illicite en pièces
recyclées. En effet, la voiture volée est complètement ou
partiellement démantelée et les pièces sont ensuite
vendues sur le marché illicite. Généralement, les voitures
les plus menacées d'être volées, afin d'être
découpées, sont celles dont les modèles sont les plus
vendus, car la demande en pièces recyclées est
forte. Le transport est l'opération consistant à faire franchir
physiquement une frontière aux marchandises de contrebande ; c'est
l'uvre des passeurs. A ce niveau, il est possible qu'intervienne la corruption
des douaniers et gendarmes aux postes frontières. C'est là que se
fait l'exportation des voitures par un franchissement de manière
illicite des frontières. L'achat des marchandises ou des
véhicules se fait de manière illégale à l'abri des
regards et l'acheteur est le plus souvent complice du trafic, voire
l'initiateur. La distribution constitue la fin de la chaîne ; elle
consiste à vendre les voitures soit à des petits revendeurs, soit
directement aux utilisateurs.
Le sujet est la confluence de plusieurs disciplines dont le
droit, l'économie, la sociologie et la géographie, pour ne citer
que celles-là. La contrebande, en tant qu'acte criminel, constitue une
infraction de droit commun et à la loi pénale
sanctionnée de la réclusion ou de la détention à
perpétuité (prison à vie) ou à temps, voire d'une
amende et de peines complémentaires, et de ce fait peut être
étudiée en droit.
En outre, cette activité relève du crime
organisé du fait de l'association de plusieurs acteurs pour la
réaliser. En effet, le crime organisé est une structure assez
stable de plusieurs personnes respectant les ordres d'un chef ou d'un
comité de direction pour faire des profits illicites par des
méthodes et des domaines prohibés. De ce fait, ils sont
considérés comme étant des ennemis de l'État. Par
ailleurs, cette activité porte atteinte à la
propriété d'autrui et cause ainsi un préjudice financier
et matériel aux victimes.
La contrebande des marchandises peut aussi être
étudiée en économie car elle est tout
d'abord une activité économique qui implique la vente
et l'achat de marchandises, ce qui génère d'énormes
profits aux trafiquants,
des profits importants qui sont le plus souvent blanchis.
Aussi, les victimes sont supposées-elles être remboursées
par leurs compagnies d'assurances ; ce qui coûte à ces
dernières des milliards de dollars chaque année.
On peut également mener une étude sur la
contrebande de marchandises en sociologie car un crime,
s'appréhendant comme une agression, est d'abord intentionnel et «
ne s'observe pas seulement dans la plupart des sociétés de
telle ou telle espèce, mais dans toutes les sociétés de
tous les types [...] et consiste dans un acte qui offense certains sentiments
collectifs, doués d'énergie et d'une netteté
particulière ». Cela signifie que le crime est localisé
dans toutes les sociétés du monde entier et répond le plus
souvent à une volonté de mieux être pour des personnes
voulant sortir de la pauvreté.
Cette thématique est explicite dans le cadre de
la géographie, car la contrebande des marchandises met
en relation des espaces géographiques distincts. Ainsi, cette
thématique est abordée de manière plus précise dans
le champ de la géographie politique, car l'espace qui sert
d'étude du phénomène est un espace politique
constitué de territoires étatiques délimités par
des frontières. Compte tenu du caractère transfrontalier de ce
trafic, de sa relation avec d'autres formes d'activités criminelles,
nous pouvons aussi aborder ce travail à l'aide du raisonnement
géopolitique qui « implique une connaissance des acteurs, de
leurs représentations territoriales, de leurs pratiques de l'espace et
de leurs motivations »
Pour des raisons pratiques, la contrebande concerne,
généralement des produits de fortes valeurs pour unité de
volume et de poids ; plus facile à dissimuler, nécessite
d`impliquer moins de personnes, et rentabilisant mieux les frais de
transport.
La contrebande a toujours été largement
diversifiée, la seule condition pour qu`un produit en fasse l`objet est
que le trafic en soit lucratif et illégal. De nos jours, elle concerne
les drogues, l`immigration clandestine, l`armement, l`alcool, le tabac, la
contrefaçon... Les moyens de transport se sont également
modernisés ; le navire le plus utilisé par les contrebandiers est
le hors-bord, en particulier dans le golfe du Mexique. Mais surtout, les
contrebandiers utilisent les avions, que ce soit les avions de ligne ou des
avions privés ; chaque année des milliers de contrebandiers sont
arrêtés dans les aéroports internationaux et les
différentes frontières routières.
Enfin, face à la mise en place croissante des
politiques de contrôle de l`immigration et des marchandises dans les
différentes frontières, l`immigration clandestine est une
activité extralégale en plein essor.
Essayons de chercher une définition spécifique
de la contrebande, à partir du code des douanes ivoiriennes, ainsi que
dans d`autres ouvrages.
Essayons également de mentionner la typologie de la
contrebande en évoquant certaines définitions si besoin est.
Dans le souci d`éclaircir la notion de la contrebande,
le législateur ivoirien a mentionné les faits de la contrebande
dans l`article 31 alinéas 1 et 2 du présent code des douanes qui
disposent: Pour l`application des dispositions répressives qui suivent,
on entend par contrebande, =`les importations ou les exportations des
marchandises en dehors des bureaux de douanes, le débarquement et les
embarquements frauduleux des marchandises, les soustractions de marchandises
placées sous le régime du transit =`.
Il existe également d`autres faits représentant une
contrebande effective et qui sont :
La transgression des articles 35, 37 du code des douanes qui
disposent que les marchandises importées par voie maritime ne peuvent
être déchargées ou transbordées des bâtiments
mère que dans les enceintes portuaires où sont établis des
bureaux de douanes, en vue de leur soumission au contrôle douanier.
Cela ne peut avoir lieu qu`avec l`autorisation écrite
des agents des douanes et en leur présence pendant les heures et les
conditions fixées par le directeur général des douanes.
Tel est le cas des marchandises importées par voie
aérienne, la soustraction des marchandises placées sous le
régime du transite douanier, ce dernier a été
défini par l`article 36 alinéa 4 et 5 du code des douanes comme
étant le régime sous lequel sont placées les marchandises
transportées sous contrôle douanier, d`un bureau de douanes
à un autre par voie terrestre ou aérienne en suspension des
droits et taxes et des mesures de prohibition à caractère
économique.
D`après la définition du Glossaire : La
contrebande est une infraction douanière concernant le passage
illégal des marchandises à travers les frontières en vue
d`éluder l`intérOt du trésor public.
Toujours dans le même cadre, Claude Berr, (2007)
définit la contrebande des marchandises en dehors des bureaux de
douanes, ainsi que la transgression des dispositions juridiques et
réglementaires relatives à la détention ou au transport
des marchandises sur le territoire douanier.
MADJDI MOOHIB HAFEDH, (2004) à son tour préconise
que : la contrebande est tout acte qui s=oppose aux règles
déterminées par le
législateur, en ce qui concerne la réglementation
des mouvements des marchandises à travers les frontières.
Ces règles sont relatives à la prohibition de
l`importation ou l`exportation de certaines marchandises, à
l`importation des droits et taxes douaniers sur les marchandises en cas de leur
entrée ou sortie du territoire de l`Etat, ainsi que de fuir au paiement
des droits et taxes.
A partir des éléments précédemment
évoqués, nous pouvons constater en ce qui concerne
l`étude, que la définition de la contrebande tourne autour de
trois points essentiels :
La marchandise, le territoire douanier
et les droits et taxes.
Les différents types de contrebande
En lisant la définition de l`article 20 du code des
douanes ivoiriennes, il nous paraît évident que les faits de
contrebande peuvent être constatés sous deux formes.
1-La contrebande effective
On peut également l`appeler la contrebande officielle.
Ce type de contrebande consiste essentiellement en l`importation ou
l`exportation de marchandises en dehors des bureaux de douanes, en d`autres
termes la violation de l`article 51 du code de douanes qui dispose que toute
marchandise importée ou réimportée ou destinée a
être exportée ou réexportée doit Otre conduite
auprès d`un bureau de douane compétent pour y être soumise
au contrôle douanier.
En ce qui concerne le transport terrestre, la contrebande
effective peut Otre faite par la transgression de l`article 60 du code des
douanes qui oblige que toutes les marchandises importées par les
frontières terrestres doivent être conduites aussitôt au
bureau des douanes le plus proche du lieu d`introduction, en suivant la route
la plus directe désignée par arrêté. Elles ne
peuvent dépasser celui-ci sans autorisation. Toute fois, lorsqu`un poste
de douanes existe au niveau du lieu d`introduction, le conducteur est tenu de
soumettre la déclaration au visa des agents des douanes.
Dans ce cadre, nous pouvons constater que
l`élément caractéristique de la contrebande consiste en la
fuite du contrôle douanier. Ainsi, le passage des marchandises non
masquées dans les lieux spécialement aménagés,
n`est pas considéré comme un fait de contrebande.
-Contrebande liée à la
recherche d'une meilleure rentabilité économique Tous les
commerçants du monde recherchent les meilleures conditions de prix
possibles, tant à l`achat qu`à la vente. Peut être
même pourraiton dire que tout le monde est dans le cas. Toute personne
qui, dans la vie de tous les jours, accepte une fourniture quelconque sans
facture, payée en liquide un peu moins cher que le prix indiqué,
vient de se faire le complice actif d`une opération de contrebande
intérieure. Il est d`ailleurs intéressant de noter que les
anglo-saxons, avec le pragmatisme qui les caractérise, ont une
compréhension beaucoup plus large que les francophones du terme
=`contrebande« qui recouvre toutes les opérations de transport ou
d`échange qui ne respectent pas scrupuleusement la loi ou les
règlements.
Pour eux, il n`est nul besoin de passer une frontière,
sinon celle de la loi, pour devenir contrebandier. Dans l`acceptation
française du terme, la contrebande suppose une opération
internationale. La recherche de la meilleure rentabilité
économique consistera à tenter d`importer au coOt le plus faible
et d`exporter au prix le plus fort, en échappant totalement ou
partiellement aux droits et taxes nationaux.
Contrebande liée aux importations
très illégales
Pour échapper totalement ou presque aux droits
douaniers, les importateurs frauduleux disposent de deux méthodes
principales la contrebande au sens traditionnel du terme et la modification
d`appellation.
La contrebande traditionnelle
Elle est celle qui voit des marchandises franchir
clandestinement une frontière pour être ensuite vendues sous le
manteau. La première marchandise de contrebande dont on a beaucoup
parlé dans les temps modernes est sans doute le thé. Par contre
la marchandise qui, depuis la dernière guerre, a été le
plus souvent l`objet de contrebande est la cigarette. Le
phénomène de la contrebande est général et peut
concerner n`importe quelle sorte de marchandises. En COLOMBIE, par exemple,
l`industrie du tabac, la confection, les fabriques de chaussures et les
maroquineries sont des industries pratiquement ruinées par l`afflux de
marchandises de contrebande. Celles-ci ont représenté 84
pourcents des achats de vêtements, et plus de 50 pourcents des achats de
sacs ou de chaussures des colombiens durant les trois premiers mois de 1996.
0 RdLILFBtLRQ11d'BSSHOBILRQ
Elles consistent à transformer une marchandise qui ne
l`est pas ou qui l`est moins et de la faire ensuite entrer officiellement dans
le pays. Exemple, un trafic de ce type, fort bien connu en Afrique de l`Ouest
était celui des voitures Peugeot assemblées dans l`usine de KANO,
dans le nord du Nigeria. Considérées comme des produits locaux,
ces voitures étaient soumises au Nigeria à des droits de beaucoup
plus faibles taxes que dans les pays voisins qui eux, appliquaient parfois
jusqu'à 200 pourcents de droits de douane. D`autres cas fréquents
ou ces modifications interviennent concernent les zones économiques
pratiquant des méthodes protectionnistes.
Ainsi, l`accès des produits turcs dans les pays de
l`Union Européenne est si réglementé qu`il est
fréquent que ceux-ci deviennent
mystérieusement des produits grecs qui souvent
transiteront par la SUISSE pour brouiller davantage les pistes.
On peut également considérer comme de la
contrebande intérieure tout ce qui relève de la reproduction
illégale d`uvres artistiques ou intellectuelles. Le cas le plus flagrant
est celui des logiciels informatiques. En France, par exemple, une recherche
estimait déjà à 6 milliards de francs français la
valeur des logiciels piratés en 1998.
On imagine les montants atteints 10 ans plus tard avec
l`extraordinaire développement qu`a connu la microinformatique pendant
ce temps.
Les fausses déclarations ; petits mensonges et
gros bénéfices Afin de conserver des prix de
revient acceptables, mais en courant des risques moins importants, les
importateurs vont faire de fausses déclarations, modification
d`appellation, modification de qualité, modification de prix et
déclaration de camouflage.
Les exportations clandestines
C`est essentiellement dans les pays dont la monnaie n`est pas
totalement convertible que se produisent les opérations d`exportation
par contrebande pour des raisons économiques.
La notion de convertibilité d`une monnaie n`est pas
évidente pour la majorité d`entre nous, habituée à
ce que son argent ait partout la même valeur ou presque. Certes, de
nombreuses personnes ont pu faire l`expérience, souvent au cours de
vacances dans des pays étrangers, de certaines opérations
clandestines de change dans la rue, qui, bien souvent d`ailleurs, ont largement
tourné à leur désavantage.
Il faut cependant savoir que vivre avec une monnaie non
convertible, dont la valeur officielle est parfois très
éloignée de sa valeur réelle, a longtemps
été le lot quotidien de plusieurs milliards de personnes.
Le détournement de la loi
A l`importation, la contrebande vise, dans ce cas, à
éviter tout contrôle aux marchandises faisant l`objet d`une
interdiction pure et simple d`importation, ou étant soit d`origine
interdite, soit d`une authenticité discutable. Les principaux
contrôles que suscite la contrebande à l`exportation sont relatifs
à des restrictions d`exportations ou à des vérifications
de destinations. Il y a également quelques restrictions quantitatives ou
qualitatives, selon les cas. Les entrées frauduleuses bravant des
interdits sont de deux types ou de deux niveaux ; légaux ou
règlementaires.
Le détournement des prohibitions
légales
C`est la contrebande visant à introduire des
marchandises prohibées de nature selon le type de prohibition qu`elle
enfreint. Elle est nettement criminelle lorsqu`elle enfreint des lois
nationales visant à la protection de la santé publique ou de
l`environnement.
Ceci concerne principalement les divers stupéfiants,
les armes, et les munitions dont nous ne parlerons pas ici, mais aussi les
médicaments et certains produits alimentaires.
Le détournement des prohibitions
règlementaires
=`Pourquoi risquer gros sur le trafic de drogue, alors qu`on
peut, cette fois sans risque, gagner des millions de dollars dans le trafic
des déchets«. Cette déclaration provocante est
signée de RICHARD BENDA, auteur
d`une étude publiée fin 1993 dans la revue de la
police autrichienne die exécutive. Les aides publiques peuvent
être créatrices de contrebandes. Un bon exemple est celui de la
politique agricole commune européenne. Il y a contrebande en infraction
[ou pour profiter] des règlements que certains Etats mettent en place un
problème conjoncturel.
Les réseaux d'introduction d'immigrés
clandestins
C`est la forme de contrebande de personnes destinée
à approvisionner en une main d`oeuvre à bas prix certaines
entreprises des pays développés qui ont des législations
très strictes sur l`immigration.
Les entrées de biens d'origine
interdite
C`est la violation très souvent volontaire de
détourner un boycott ou un embargo sur des produits. Exemple l`orange
Israélienne boycottée en SYRIE se retrouve partout sur les
marchés Syriens.
Les entrées de biens d'une
authenticité douteuse
Ce sont les produits contrefaits. La contrefaçon est la
fabrication, la vente etc. de produits en violation des droits de
propriété industrielle ou intellectuelle.
Elle se caractérise essentiellement par des actes de
nature à créer une confusion avec l`établissement, les
produits ou les activités industrielles ou commerciales d`un concurrent
ou des indications ou allégations qui pourraient induire le public en
erreur. Quant à la nature, au mode de fabrication, aux
caractéristiques, à l`aptitude, à l`emploi ou à la
quantité des marchandises. Elle a pris une importance
considérable dans les
affaires internationales et semble malheureusement bien
être l`une des conséquences négatives de nombreux
transferts de technologie imprudents.
Depuis de nombreux cas de contrebande de produits contrefaits
ont été révélés tels que les
problèmes de cartier international INC et de GUCCI GUCCIO spa. Cette
seule facette de la contrebande pourrait représenter 5 pourcents du
commerce mondial soit une centaine de milliards de dollars chaque
année.
Les exportations illégales
Elles consistent à échapper à des
restrictions quantitatives.
Les raisons peuvent être l`application de quota, la
protection du patrimoine national ou le respect de traités ou accords
internationaux, on peut inclure dans la catégorie des exportations
illégales, l`exportation d`animaux, de plantes protégées
et d`oeuvres d`art constitutives du patrimoine national et pour lesquelles la
demande étrangère est parfois extrêmement forte.
La contrebande de billets ; blanchir l'argent
sale
On blanchit de l`argent sale pour pouvoir le
réintroduire dans les circuits officiels pour l`utiliser librement. La
contrebande de billets n`est qu`un des moyens du blanchiment de l`argent sale,
relativement un des plus simples. Il existe différentes techniques pour
redonner à des billets, de provenance inconnue, une origine comptable et
fiscale officielle.
Un des moyens est l`achat de billet de loterie gagnant ou de
passer par des casinos, l`argent devient ainsi un gain au jeu. Un autre est de
monter des restaurants ou plus généralement des services qui
enregistrent des
repas fictifs, ou plus généralement des achats
en très grand nombre. Le restaurant a une activité officielle
minimale, pour être une devanture crédible. L`argent sale
réapparaît sous la forme d`un chiffre d`affaires fictives que
justifie l`acquisition d`actifs (les locaux et le fond du restaurant), permet
de rémunérer des hommes de main (serveurs fictifs). S`il subsiste
des bénéfices, ceux-ci seront assujettis à l`impôt
et aussi définitivement et totalement blanchis. Mais dans bien de cas,
l`argent se situe en liquide à l`étranger et il faut trouver un
moyen discret de le rapatrier. Le blanchiment d`argent peut entrer dans la
catégorie de la contrebande traditionnelle pour les nombreux cas
où il s`est précédé d`un transfert physique
à travers une frontière.
b-La contrebande documentaire
Vu le développement et la diversité des
techniques et méthodes utilisées dans les opérations de
contrebande, ces infractions sont devenues de plus en plus difficiles à
prouver.
De ce fait, le législateur a eu recours à
l`établissement des présomptions de preuves par disposition des
lois. En lisant les textes du code des douanes ivoiriennes, nous pourrons
distinguer entre deux types de faits de contrebande :
-Les faits de contrebande ayant trait avec le rayon
des douanes :
La transgression des articles 1, 4 du code dispose que : sont
interdites dans le rayon des douanes :
La détention à des fins commerciales ou la
circulation des marchandises prohibées à l`importation pour
lesquelles en ne produire à première réquisition des
agents des douanes, un document probant établissant la
situation régulière de ces marchandises
vis-à-vis de la législation douanière.
La détention de marchandises prohibées à
l`exportation non justifiée par les besoins normaux du détenteur
destinés à approvisionnement familial ou professionnel, le cas
échéant apprécié selon les usages locaux.
Les mêmes articles dans leur transgression disposent que
: les marchandises prohibées ou fortement taxées même
régulièrement manifestées découvertes à bord
des navires de moins de cent (100) tonneaux de jauge nette ou de moins de cinq
cents (500) rayons des douanes sont réputées à faire
l`objet d`une importation à la contrebande. Tonneaux de jauge brute,
navigant ou se trouvant à l`ancre dans la zone maritime du territoire
douanier. Le transport ou la détention des marchandises
soumises à une autorisation de circuler, en transgression des articles
1, 5 des codes des douanes.
-Les faits de contrebande ayant trait avec le territoire
douanier :
Cette catégorie de faits est liée à la
marchandise sensible à la fraude visée par l`article 3 du code
des douanes. La liste de ces marchandises a été
déterminée par l`arrOté du ministre chargé des
finances. Ainsi, leur détention et leur transport à des fins
commerciales sont considérés comme des faits de contrebande sauf
en cas de présentation d`un document probant établissant la
situation régulière de ces marchandises vis-à-vis des lois
et règlements que l`administration des douanes est chargée
d`appliquer.
2-La marchandise
Une marchandise est un produit de l'activité humaine,
direct ou indirect essentiellement déterminé à être
un support à la forme d'échange qu'on nomme achat (ou
corrélativement, vente). Cet échange s'opère au
moyen de la marchandise Exemple de marchandises : l'argent sur la base
d'un prix, parfois aussi appelé« valeur d'échange » ou
« valeur marchande ». On note à ce sujet qu'il existe diverses
théories économiques définissant une valeur des biens,
considérée parfois différente du prix. Les marchandises
sont des biens matériels, des services ou des vertus ; en bref, tout ce
qui s`échange contre de l`argent. Un sens plus restreint se
réfère à des matières et produits de base
banalisés et standardisés, échangés et
utilisés couramment en grandes quantités (le terme anglo-saxon de
"commodities ou produits de base" est parfois alors utilisé).
Exemple: Bourse des marchandises. Les deux facteurs de la
marchandise : valeur d'usage et valeur d'échange ou valeur proprement
dite. (Substance de la valeur, Grandeur de la valeur.)
La richesse des sociétés dans lesquelles
règne le mode de production capitaliste s'annonce comme une «
immense accumulation de marchandises ». L'analyse de la marchandise, forme
élémentaire de cette richesse, sera par conséquent le
point de départ de nos recherches.
En ce qui nous concerne, la marchandise est d'abord un objet
extérieur, une chose qui par ses propriétés satisfait des
besoins humains de n'importe quelle espèce. Que ces besoins aient pour
origine l'estomac ou la fantaisie, leur nature ne change rien à
l`affaire. Il ne s'agit pas non plus ici de savoir comment ces besoins sont
satisfaits, soit
immédiatement, si l'objet est un moyen de subsistance,
soit par une voie détournée, si c'est un moyen de production. Les
articles 20 et 21 du présent code des douanes ivoiriennes
définissent les marchandises comme étant tous les produits et
objets de nature commerciale ou non et d`une manière
générale toutes les choses susceptibles de transmission et
d`appropriation. D`après cette définition, nous pouvons
déduire qu`on ne peut appeler marchandise que les produits et les objets
qui peuvent Otre détenus d`une façon légale, ce qui
implique l`exclusion implicite des produits et objets qui ne répondent
pas à cette condition tels que la drogue. Pour répondre à
cette problématique, la jurisprudence a considéré cette
catégorie de produits comme étant des marchandises en vue de
résoudre les problèmes contentieux relatifs à ce type de
produits.
Chaque chose utile, comme le fer, le papier, etc., peut
être considérée sous un double point de vue : celui de la
qualité et celui de la quantité. Chacune est un ensemble de
propriétés diverses et peut, par conséquent, être
utile par différents côtés. Découvrir ces
côtés divers et, en mOme temps, les divers usages des choses sont
une ~uvre de
l`histoire. Telle est la découverte de mesures sociales
pour la quantitédes choses utiles. La diversité de ces mesures
des marchandises a pour
origine en partie la nature variée des objets à
mesurer, en partie la convention. L'utilité d'une chose fait de cette
chose une valeur d'usage. Mais cette utilité n'a rien de vague et
d'indécis. Déterminée par les propriétés du
corps de la marchandise, elle n'existe point sans lui. Ce corps lui-même,
tel que fer, froment, diamant, etc., est conséquemment une valeur
d'usage, et ce n'est pas le plus ou moins de travail qu'il faut à
l'homme pour s'approprier les qualités utiles qui lui donne ce
caractère. Quand il est question de valeurs d'usage, on sous-entend
toujours une quantité déterminée, comme une douzaine de
montres, un mètre de
toile, une tonne de fer, etc. Les valeurs d'usage des
marchandises fournissent le fonds d'un savoir particulier, de la science et de
la routine commerciale. Les valeurs d'usage ne se réalisent que dans
l'usage ou la consommation. Elles forment la matière de la
richesse, quelle que soit la forme sociale de cette richesse. Dans la
société que nous avons à examiner, elles sont en
même temps les soutiens matériels de la valeur d'échange.
La valeur d'échange apparaît d'abord comme le rapport
quantitatif, comme la proportion dans laquelle des valeurs d'usage
d'espèce différente s'échangent l'une contre l`autre,
rapport qui change constamment avec le temps et le lieu. La valeur
d'échange semble donc quelque chose d'arbitraire et de purement relatif
; une valeur d'échange intrinsèque, immanente à la
marchandise, paraît être, comme dit l'école, une
contradiction. Considérons la chose de plus près. Une
marchandise particulière, un quarteron de froment, par exemple,
s'échange dans les proportions les plus diverses avec d'autres articles.
Cependant, sa valeur d'échange reste immuable, de quelque manière
qu'on l'exprime, en x cirage, y soie, z or, et ainsi
de suite. Elle doit donc avoir un contenu distinct de ces expressions diverses.
Marx distingue dans la marchandise une valeur d`usage et une valeur
d`échange. La valeur d`usage d`un objet répond à un
besoin, comme celui de l`estomac ou de la fantaisie. Elle satisfait un besoin
humain particulier. Sa nature, qu'il s'agisse d'un objet matériel ou
d'un service, ne change rien à l`affaire : du pain, une voiture, les
soins d`une manucure, un polar, les transports publics. Cette valeur d`usage
est le résultat d`un travail particulier, concret. Le travail d`un
boucher qui coupe une entrecôte et celui d`un chirurgien qui opère
une appendicite, produisent des valeurs d`usage, mais ils ne peuvent être
comparés et ne peuvent donc pas être échangés. Les
valeurs d`usages n`ont, a priori, aucune commune mesure ! Mais puisque les
marchandises sont vendues et achetées,
elles doivent posséder quelque chose en commun, faute de
quoi il serait impossible de les comparer pour les échanger.
D`où vient donc cette substance commune ? Quelles sont
les conditions qui rendent possibles la comparaison et donc l`échange
des marchandises ? C`est qu`elles sont le produit d`un travail non pas concret,
particulier, mais au contraire d`un travail abstrait. Ce que les marchandises
ont en commun, c`est la valeur d`échange et cette valeur est le
résultat d`un travail abstrait.
Si deux marchandises distinctes s`échangent sur le
marché, c`est qu`il doit y avoir dans ces deux objets un
élément commun quantifiable, pertinent pour le marché, un
commun dénominateur. Comment cela se passe-t-il ? La
société égalise à travers le marché deux
dépenses particulières de travail, donc met en rapport deux
travaux concrets. Le marché établit dans quelle proportion des
marchandises ayant la même valeur abstraite, doivent
s`échanger.
Supposons que 3 h de travail représentent la moyenne
nécessaire pour produire un pantalon et qu`il faut 9 h pour produire une
paire de basket (à qualification et données techniques
égales). L`égalisation par le marché consiste à
établir une équivalence entre 3 pantalons pour 1 paire de
baskets, de sorte que, indirectement, 1 h de travail dans la production de
pantalons s`échangera bien contre 1 h de travail pour les baskets.
Il faut introduire ici le concept du temps de travail
socialement nécessaire. Si l`on calcule le travail en heures, il ne
s`agit pas simplement d`un temps naturel, mais d`un temps social. Le temps doit
être socialement =nécessaire`, c`est-à-dire que l`on
néglige le temps individuel, concret, pour s`intéresser au temps
dépensé en moyenne par
les travailleurs. Celui qui produit 5 paires de chaussures par
jour, peut les vendre à un prix moindre que celui qui en produit une,
sans diminution de son revenu. La concurrence oblige le moins productif
à suivre le plus productif. Le marché établit une moyenne.
Le travail n`est donc pas une catégorie purement physique, une
dépense concrète d`énergie par unité de temps,
c`est une catégorie sociale.
Nous devons également constater que le commun
dénominateur des marchandises est en réalité le travail
indirectement social. Que se passe-t-il ? Les capitalistes ne décident
pas consciemment et à priori les produits dont la société
a besoin. Il n`y a pas de plan économique. Dans la société
marchande, chaque entrepreneur produit pour le marché et c`est le
marché qui décide si le produit est utile, donc social,
c`est-à-dire s`il est vendu. Dans le capitalisme, c`est le marché
qui décide aprèscoup, indépendamment de la volonté
humaine, si le travail dépensé à la production d`une
marchandise a été utile, donc sociale. Si les produits ne sont
pas vendus, ce travail a été du gaspillage, sans utilité
sociale. Si les canons se vendent bien c`est qu`ils représentent un
travail social, tandis qu`un médicament préventif qui ne trouve
pas d`acheteur parce que l`État a dépensé son budget
à l`achat de canons, représente un travail non social. Le
marché sanctionne ! Une crise de surproduction est l`expression de cette
sanction sociale par la =main invisible` du marché.
L`échange a donc une fonction sociale : égaliser
les travaux concrets pour qu`on les puisse échanger. C`est donc par le
marché, après coup, que se réalise l`allocation du travail
social dans une société fondée sur la
propriété privée des moyens de production. De là,
les crises de surproduction, donc de gaspillage social.
Dans le capitalisme, la =socialisation` du travail se fait
à travers le marché. Le marché ne reconnaît pas le
travail concret, particulier, mais seulement le travail abstrait, commun
dénominateur permettant l'échange des Marchandises. C`est
à travers le travail abstrait que le travail concret du travailleur est
relié au travail en général de la
société.
3- Le territoire
Le territoire est défini selon les articles 1, 4 du
code des douanes comme étant le lieu d`application du code des douanes,
il comprend le territoire national, les eaux intérieures, les eaux
territoriales, la zone contiguë et l`espace aérien qui les
surplombe.
Selon le dictionnaire le petit Larousse illustré en 1983,
un territoire est une frontière, une limite qui borne l`espace vital
d`un Etat.
Un territoire est une étendue de terre qu`offre un
Etat, une province, une ville, une juridiction, etc. exemple : «
Territoires palestiniens » est l'une des dénominations
utilisées pour désigner l'ensemble des territoires de l'ancienne
Palestine. Cette notion englobe simultanément : l`espace
géographique, les réalités économiques et sociales,
les représentations culturelles, les positionnements des acteurs
sociaux. Chaque territoire recèle par principe un ou plusieurs
potentiels qui ont vocation à être mis en valeur. Exemple :
Région au Canada qui n'est pas une province. Dans le passé, un
territoire était gouverné par une personne nommée par le
gouvernement fédéral. Région où vit un groupe de
gens. Exemple : Les peuples indigènes veulent avant tout qu`on les
laisse vivre sur leur territoire, celui où ils ont toujours vécu
et où leurs ancêtres sont enterrés. Le territoire est un
espace contrôlé par une société, c`est le lieu de
naissance dans un sens administratif. Dans l`industrie musicale, le mot «
territoire » signifie parfois un ensemble de pays. Voir par exemple GAS.
Le territoire est un espace de dimension variable que l'animal n'aime pas
partager avec ceux de son espèce par crainte de concurrence pour sa
nourriture ou dans la possession des femelles. Le territoire est le secteur
défendu par un animal contre les intrus, surtout les animaux de la
même espèce. Le
territoire est l`espace vital nécessaire à une
espèce animale pour se nourrir et se reproduire. Cette zone,
généralement bien délimitée, est défendue
contre d'éventuels concurrents. Les territoires, selon l`Echelle
d`analyse, est égale à l`échelle locale
agglomération, « pays » communauté de communes),
échelle régionale (région) échelle nationale
(Etat), continentale ex : (U.E). Le territoire est une construction sociale, un
espace approprié pour et par les sociétés. Le territoire
est une approche culturelle et idéologique. C`est le lieu de
l`affirmation de l`identité et de l`affect. Ainsi, les hommes se donnent
une représentation de leur territoire et de sa singularité. Le
territoire comme approche sociale et environnementale correspond à
l`occupation et à l`exploitation d`un milieu de vie, avec la
satisfaction des besoins et reproduction des sociétés. Le
territoire est une identité, un espace vécu, une perception
spatiale, (les représentations spatiales, mentalités, cultures)
et une civilisation. C`est aussi un environnement, un aménagement, un
développement durable, des ressources, des paysages, un milieu. Un
Héritage historique, des ensembles géopolitiques, (région,
collectivité territoriale, frontières, acteurs, enjeux,
conflits). C`est un ensemble d`acteurs spatiaux, c`est une
métropolisation de réseaux, de nuds, de flux, de pôles, et
de structures. Comme approche politique, historique et géopolitique, le
territoire est : Une portion d`espace, délimité, nommé par
une société ou un groupe. Il est le produit d`un pouvoir. Il
s`apparente au cadre du fonctionnement du politique. Etymologie du mot
territoire : du latin terra, terre, sol. Un territoire est une
étendue de terre occupée par un groupe humain ou qui
dépend d'une autorité (Etat, province, ville, juridiction,
territoriale, etc.).
Exemple: le territoire national
La notion de territoire prend en compte l'espace
géographique ainsi que les réalités politiques,
économiques, sociales et culturelles. Elle inclut l'existence de
frontières, pour un territoire politique ou administratif, ou de limites
pour un territoire naturel. La notion de territoire est utilisée en
géographie humaine et politique, mais aussi dans d'autres sciences
humaines comme la sociologie. « Le territoire est une appropriation
à la fois économique, idéologique et politique (sociale,
donc) de l'espace par des groupes qui se donnent une représentation
particulière d'euxmêmes, de leur histoire ».
En zoologie, le territoire d'un animal est la zone qu'il
occupe et qu'il n'aime pas partager avec ses congénères afin
d'éviter la concurrence pour la nourriture ou la possession des
femelles. Il en interdit l'accès à ses rivaux potentiels. C'est
aussi l'espace nécessaire à une espèce animale pour se
nourrir et se reproduire.
Guy Di Méo, 1996, Les territoires du quotidien, p.40.
LES TERMES CONNEXES AU MOT TERRITOIRE
Définition de Collectivité
territoriale
Une collectivité territoriale (ou collectivité
locale) est une circonscription administrative, dotée d'une
personnalité morale. C'est une partie du territoire d'un Etat qui
dispose d'une certaine autonomie de gestion, même partielle.
En Côte d`ivoire, les différentes formes de
collectivités territoriales sont : - les communes,
- les départements,
- les régions,
Dans la Constitution ivoirienne, une collectivité
territoriale est une structure administrative, distincte de l`administration de
l`État, qui a en
charge les intérêts des habitants d'un territoire
donné. Ce sont les lois et décrets qui fixent leur organisation
et sont regroupés dans le Code général des
collectivités territoriales.
Une collectivité territoriale est définie par trois
critères :
- elle est dotée de la personnalité morale, ce qui
lui permet d`agir en justice.
- elle bénéficie d'une autonomie administrative et
de compétences propres fixées par le législateur. Elle
dispose d'un budget et de son propre personnel. Contrairement à un Etat,
elle ne détient pas de souveraineté et ne peut, de sa propre
initiative, se doter de nouvelles compétences.
- elle dispose d'une assemblée délibérante
élue au suffrage universel direct (Conseil municipal, Conseil
général, Conseil régional).
I -Définition de circonscription
Du latin circumscribere entourer, délimiter,
circonscrire.
Une circonscription est une zone géographique
résultant d'une division d'un territoire à des fins de gestion
administrative (région, département, arrondissement, canton,
commune), militaire, judiciaire, de l'éducation nationale
(académie), religieuse (diocèse...).... Elle est le cadre
géographique au sein duquel les individus relèvent d'une
administration ou d'une autorité donnée.
Une circonscription électorale est une fraction du
territoire national qui sert de cadre à l'élection d'un
représentant (scrutin uninominal) ou de plusieurs représentants
(scrutin de liste).
En Côte d`Ivoire, les circonscriptions électorales
sont différentes selon le type d'élection :
- Assemblée nationale : scrutin uninominal
- Conseil régional : scrutin de liste sur le territoire
de la région, - Conseil général : scrutin uninominal sur
un canton (élections cantonales),
- Conseil municipal : scrutin de liste au niveau de la
commune.
II -Définition de collectivité
Du latin collectus, réuni, rassemblé,
une collectivité est un ensemble d'individus qui forment un groupe, qui
habitent dans un même pays, une même région, une même
agglomération ou qui ont des intérêts communs. Une
collectivité territoriale (ou collectivité locale) est une
circonscription administrative dotée d'une personnalité
morale.
C'est une partie du territoire d'un Etat qui dispose d'une
certaine autonomie de gestion, même partielle. (Exemples : Etat dans un
Etat fédéral, région, département, commune). Dans
le langage socialiste, le terme collectivité désigne la
possession en commun.
En ce qui concerne cette thèse, on définie un
territoire en se référant à l'approche
socio!u-FnFR1Rf1J Le territoire est dès lors un espace, support
d`une identité collective. Un espace institutionnel dominé par un
pouvoir et borné par des frontières, des limites
matérialisées. Le concept de territoire ne se limite pas
seulement aux tracés territoriaux ou espace entre différents
Etats ou différents territoires douaniers. Le territoire douanier ici
concerne l`espace, toute l`étendue juridique et administrative du
district d`Abidjan et plus précisément les différents
endroits suivants : entrées routières, ou corridors routiers qui
permettent d`avoir accès au district, en l`occurrence : la route
internationale de DABOU ou le corridor d`entrée routière PK17,
l`autoroute du nord ou corridor d`entée routière de GESCO, le
corridor du PK18 sur la route d`ABOBO-ANYAMA, les barrages de
sécurité routières de la Riviera, sur la route de
Bingerville et celui de PORT BOUET, sur la route de BASSAM.
Ces différents axes routiers ci-dessus cités
permettent d`accéder au district d`Abidjan à partir des quatre
points cardinaux (voir annexes 3).
II-2 -Concepts implicites 1-Crime
organisé
Le crime organisé est une structure
assez stable (donc se distinguant d'une bande) de plusieurs personnes
respectant les ordres d'un chef ou d'un comité de direction pour faire
des profits illicites par des méthodes et des domaines
prohibés.
Ils sont des ennemis de l'État qui le plus
souvent disposent d'une législation inversant le fardeau de la preuve.
Interpol coordonne cette répression au niveau international.
A l`échelle mondiale, on s`est entendu sur une
définition du crime organisé en 2002. L`article 2 de la
Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale
organisée stipule que l`expression « groupe criminel
organisé » désigne un groupe structuré de trois
personnes ou plus existant depuis un certain temps et agissant de concert dans
le but de commettre une ou plusieurs infractions graves pour en tirer,
directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage
matériel. NB : La loi ivoirienne s`accorde avec cette définition
ci-dessus citée.
La plupart des principaux groupes criminalisés
internationaux sont actifs partout mOme en côte d`ivoire. Ces groupes
sont notamment de souche étrangère, comme de souche autochtone et
englobent aussi les bandes de contrebandiers cachés sur tout le
territoire douanier de la côte d`ivoire en général et plus
particulièrement sur celui d`Abidjan. Exemple : le Code criminel
ivoirien stipule qu`une « organisation criminelle » est un
groupe, quel qu`en soit le mode d`organisation :
a) composé d`au moins trois personnes se trouvant en
côte d`ivoire ou à l`étranger;
b) dont un des objets principaux ou une des activités
principales est de commettre ou de faciliter une ou plusieurs infractions
graves qui, si elles étaient commises, pourraient lui procurer, ou
procurer à une personne qui en fait partie, directement ou
indirectement, un avantage matériel, notamment financier.
Cette définition ne vise pas les groupes d`individus
formés au hasard pour la perpétration immédiate d`une
seule infraction.
La contrebande n`est pas qu`un pivot du crime organisé,
mais aussi un lien qui facilite la connexion des composantes de celui-ci. Ses
rapports avec les autres formes de la criminalité sont tellement
visibles, qu`il ne faut plus les démontrer. Le tout est de les observer,
examiner et étudier afin de pouvoir déchiffrer les raisons qui
les gouvernent et en déterminent l`inter conditionnement.
La contingence de la contrebande avec certaines infractions
est telle, que des zones de confusion peuvent apparaître, comme c`est le
cas de l`évasion fiscale.
La pratique judiciaire a relevé des rapports de la
contrebande avec les actes de corruption, le blanchiment de l`argent, le
terrorisme, la migration clandestine, etc.
A-La contrebande et la corruption
Tout comme la contrebande, la corruption est une vieille
histoire, tout aussi vieille - plus ou moins- que la société.
Mais son ancienneté n`affecte en rien son actualité, au
contraire. Les spécialistes considèrent qu`elle est devenue une
composante classique non seulement du crime organisé, mais aussi des
milieux d`affaires.
Ces derniers temps, les occasions favorisant la corruption se
sont multipliées avec le déclenchement du processus de
globalisation économique. L`immense volume financier qu`impliquent les
opérations commerciales modernes est, peut-être, le plus important
d`entre elles.
Cependant, cette grande tentation ne serait rien si à
portée des corrupteurs et des corrompus il n`y avait les règles
de la démocratie, que les intéressés mettent
entièrement à profit. Puis, les manques matériels
affectant une grande partie de la population et qui entretiennent et
développent le marché noir un peu partout, font de la corruption
une entreprise privée au sein même des structures
gouvernementales.
Dans l`opinion de la plupart des spécialistes, le
phénomène de la corruption est difficile à
définir.
Quiconque peut l`observer et l`identifier, mais il est
difficilement exprimable. Pour d`aucuns, la corruption est enveloppée de
confusions conceptuelles. Le terme souvent employé pour couvrir une
palette très large de la délinquance.
Dans le langage courant, le mot a le sens de déviation de
la moralité, de l`honnOteté, du devoir.
Au plan juridique et criminologique, l`on a admis l`opinion
selon laquelle la corruption consiste, pour les employés publics
à agréer de l`argent ou d`autres profits, après
l`accomplissement de leurs attributions, ou solliciter ou recevoir de l`argent
ou d`autres faveurs ou avantages
particuliers immérités, à des fins
d`accomplissement ou d`abstention ou de retard d`un acte concernant ses devoirs
de service ou l`accomplissement d`un acte contraire à ces devoirs.
La Convention européenne pour la législation
pénale concernant la corruption ne définit pas expresis
verbis la notion juridique de corruption, mais se réfère
à des infractions individuelles, comme: faits incriminés par le
Code pénal.
Sur les mêmes coordonnées sont inscrites les
stipulations de la Loi no. 78 du 8 mai 2000 concernant la prévention, la
découverte et la sanction des faits de corruption), qui établit
trois catégories d`infractions similaires: celles de corruptions (art.
254, 257 du Code pénal), infractions assimilées aux infractions
de corruption (art. 10,13 de la Loi) et les infractions concernant directement
les infractions de corruption ou celles à elles assimilées (art.
17 de la Loi).
Comme quoi, dans la notion de corruption sont englobées
les infractions consistant à accepter et à verser des pots de
vins, acceptation/réception de faveurs/avantages particuliers
illégaux, le trafic d`influence, ainsi que celles assimilées
à celles-ci ou en rapport direct avec elles ou avec les infractions
assimilées à la corruption.
Conformément aux stipulations de l`art. 17 de la Loi
no. 78/2000, parmi les infractions se rattachant directement aux infractions de
corruption ou à celles assimilées, se trouve aussi la contrebande
de biens provenus de la consommation d`une infraction prévue aux
sections 2e et 3e ou commise à des fins d`accomplissement du but
visé par une telle infraction.
Ainsi, les rapports de la contrebande avec les infractions de
corruption sont-ils si forts, que l`on a ressenti le besoin de les incriminer
par une loi spéciale.
Les analystes ont observé que, à mesure que les
corrupteurs obtiennent toujours plus d`argent de la contrebande, du
marché noir et, généralement, des activités
illégales, plus ils peuvent graisser la patte aux douaniers, aux
employés de la police de frontière, juges, procureurs ou d`autres
personnes officielles qui, en échange de l`argent ou d`autres
faveurs/avantages matériaux particuliers constituant l`objet du pot de
vin, les assistent à développer leurs affaires. Les inter
conditionnements sont si étroits, le tissu si serres, que
l`interdépendance contrebande- corruption ressemble à celle du
type ceuf/poule.
Plus le gouvernement impose des restrictions
sévères et rétrécit les possibilités de
libre commercialisation de certains produits, plus la tentation de s`adonner
à la contrebande est irrésistible.
A cela, presque ceux qui choisissent une telle solution
devront avoir en vue non seulement les occasions du marché moderne, mais
aussi ses rigueurs, lesquelles imposent d`entrée de jeu des
opérations d`envergure, ce qui n`est possible qu`avec le
co-intéressement des fonctionnaires de l`Etat. Ceux-ci, d`habitude et
partout mal payés, constitueront une réserve sûre pour le
recrutement de tels complices.
Le système relationnel quasi conspire est encore si
fort que la si clamée règle de l`efficience économique, du
rendement ne représente presque plus rien. Au fond, dans certains
segments du commerce, être efficient signifie le CR (Canal Relations) =
avoir des relations, la plupart du temps, celles-ci se réduisant au
binôme corrupteur - corrompu.
Il y a des différences essentielles entre le menu
fonctionnaire corrompu par le menu citoyen corrupteur et les hauts
fonctionnaires gouvernementaux, dignitaires qui reçoivent des pots de
vin des hommes d`affaires.
Une contrebande sérieuse est presque toujours
accompagnée par la grande corruption.
Une grosse somme d`argent est payée pour une
contreprestation sur mesure. L`un des plus durs effets de l`alliance
contrebande-corruption est la perte du contrôle sur le
phénomène.
Une importante infraction des immenses profits recueillis de
la contrebande sérieuse est allouée aux campagnes
électorales (subventions pour le parti), subventions illégales
étayant toute une série d`actions, ayant pour but
l`élection d`un candidat, la nomination de fonctionnaires, magistrats,
policiers qui vont fermer les yeux le moment venu et juste le temps ce qu`il
faut. Non pas dernièrement, ce profitable investissement se manifestera
avec force dans la sphère législative, ou les grands barons de la
contrebande dicteront, par l`intermédiaire de la corruption, les lois
les plus convenables.
b-La contrebande et l'évasion
fiscale
Un premier rapport entre la contrebande et l`évasion
fiscale consiste en cela que les deux types de criminalité créent
des états de danger et des préjudices qui se reflètent
dans le budget de l`Etat. L`Evasion, en son sens général, est une
soustraction de quelque chose, dans le domaine fiscal désigne une suite
d`actes matériaux, d`activités ou d`attitudes conduisant au
même dénominateur commun: le non paiement des taxes et
impôts. La contrebande consiste essentiellement, à éluder
des droits de douane ou ceux perçus à l`occasion du
franchissement de la frontière. Parfois, à cause des
circonstances où a été commise ou découverte l`un
ou l`autre des deux types d`infraction, on peut les prendre l`un pour l`autre.
Mais les choses ne s`en arrêtent pas la, parce que, dans leur course
à des gains maximums, les infracteurs usent d`une gamme
diversifiée de moyens et méthodes afin d`éluder les
prévisions légales. Après que les marchandises ont
été procurées ou introduites dans le pays par la violation
des normes douanières, c`est-à-dire en éludant le paiement
des droits envers l`Etat, elles sont commercialisées de la même
manière. Si les marchandises font partie de celles prohibées ou
contingentées, à coup sûr leur commercialisation sera
réalisée sous les conditions du marché noir.
Les énormes quantités de marchandises
placées dans le circuit souterrain, attirent des sommes
dimensionnées sur mesure, en mettant en danger le marché de
surface et, finalement, la répartition des investissements. Par
intervalles, le long règne du bon plaisir, sévissant dans le
domaine des opérations d`importation ou d`exportation induit une sorte
de réaction explosive de la part des autorités.
Indépendamment des machinations se déroulant dans les coulisses
et des raisons déterminant l`application de quelques corrections (dans
le fond,
insignifiantes pour l`évolution du
phénomène, mais importantes pour l`image des autorités),
les barons ont dû tenir compte des nouvelles réalités et
reconsidéré certaines méthodes. Par voie de
conséquence, elles sont devenues plus souterraines, drapées avec
plus de distinction et avec une façade plutôt conformiste. Les
actuelles réglementations en la matière ont contribué
également à mettre en fonction les nouvelles méthodes
d`organisation et de perpétration de la contrebande, de sorte que le
phénomène a acquis de nouvelles formes de manifestation,
considérées par les experts comme une quasi contrebande.
Essentiellement, cette nouvelle apparition consiste à
diminuer ou à majorer la valeur des factures pour l`importation ou
l`exportation, manuvres des suites desquelles les importateurs ou les
exportateurs recueillent des profits consistants, et le
déséquilibre des paiements et échanges en devises
s`aggrave encore plus. Enfin, la pression du tandem contrebande-évasion
fiscale exercée sur les commerçants reste, pour une raison ou une
autre, entre les limites de la légalité, irrésistible.
Beaucoup de ceux vaincus se laissent séduire par le chant de
sirène de l`inégalité et grossissent les rangs des
armées des révisionnistes et contrebandiers. Peut-être,
est-ce cet effet-là qui est le plus dangereux et c`est là-dessus
qu`il faudrait orienter toute l`attention. Cela d`autant plus que ceux qui
professent un tel genre de criminalité jouissent d`une haute position
sociale, économique, politique et professionnelle. Ce sont eux les forts
ou ayant des rapports dans la sphère des forts.
c-La contrebande et le blanchiment de
l'argent
Le blanchiment de l`argent est une expression d`origine
américaine, qui désigne l`investissement en affaires illicites de
l`argent obtenu d`activités criminelles. Pour la sécurisation de
telles opérations, l`on emploie des circuits financiers
compliqués (plus ils sont compliquées, plus ils s`avèrent
Otre sûrs) et, de préférence, avec des connexions
internationales.
Conformément aux stipulations de l`art. 23,
alinéa (1) de la Loi no. 656 du 7 décembre 2002 pour la
prévention et la sanction du blanchiment de l`argent, les faits suivants
constituent l`infraction, Ion Eugen et collab2,
Criminologie, Bucure°ti, Editura Sylvi, 2001, p. 295.
d- Blanchiment de
l'argent:
d-1) l`échange ou le transfert de biens, tout en
sachant qu`ils proviennent de la consumation d`infractions, à des fins
de taire ou de dissimuler l`origine illicite de ces biens ou dans le but
d`assister la personne ayant commis l`infraction dont proviennent les biens
à se soustraire à la poursuite, au jugement ou à
l`exécution de la condamnation; d-2) le recel ou la dissimulation de la
véritable nature de la provenance, de la situation, de la disposition,
de la circulation ou de la propriété des biens ou des droits sur
ceux-ci, tout en sachant que les biens proviennent de la consommation
d`infractions;
d-3) l`acquisition, la détention ou l`emploi de biens,
tout en sachant que ceux-ci proviennent de la consommation d`infractions. Par
biens, conformément aux stipulations de l`art. 2, lettre b de la Loi,
l`on entend les biens corporels ou incorporels, meubles ou immeubles, ainsi que
les
actes juridiques ou les documents attestant qu`un titre ou d`un
droit les concernant.
Ainsi donc, pour la consommation de l`infraction de
blanchiment d`argent, est nécessaire la préexistence des sommes
procurées par des voies illégales. Le blanchiment se
déroule d`habitude en trois étapes.
A) le placement - l`argent résultent
d`activités criminelles est mis en circulation par des paiements cash
à destination d`un compte bancaire (blanchiment); B) le
sédiment (ou stratification, ou blanchiment), la
séparation des profits illégaux de leur source, par la
création de transactions financières complexes, afin de cacher la
vraie source de provenance de l`argent;
C) l'intégration suppose la
légitimité des sommes d`argent provenues d`activités
criminelles. Les revenus ainsi blanchis sont réintroduits dans le
circuit légal.
Dans la Côte d`ivoire d`après décembre
1989, la plus usitée forme d`obtention de l`argent sale a
été la contrebande de cigarettes, café, cacao et alcool
qui, une fois introduits par des manuvres frauduleuses (sous-évaluation
des factures et autres modalités) ont été
commercialisés illégalement par l`intermédiaire de firmes
fantômes.
Conformément aux statistiques de la Police durant la
période 1990 - 1998 ont été confisquées des
marchandises de contrebande d`un total d`environ 350 milliards Fr. CFA, mais
personne ne saurait approximer le montant des marchandises introduites par la
contrebande, valorisées comme tel et jamais confisquées par les
autorités. A coup sur, cette valeur, beaucoup plus importante que ce qui
a été confisqué a été blanchie et
réintroduite dans le circuit légal.
Le blanchiment de l`argent boucle pratiquement le cercle
infractionnel commencé par la consommation de l`une des infractions
prévues par la loi (contrebande, trafic de drogues, d`armement, de
voitures volées etc.),
continue par l`obtention de l`argent sale et finalisé
par le blanchiment de celui-ci. Par la suite, le blanchiment de l`argent
représente un cycle qui commence par une infraction et se clôt par
une autre infraction. Commence par le trafic de drogues ou la contrebande et se
clôt par le blanchiment des sommes qui en résultent. La connexion
de la contrebande avec le blanchiment de l`argent sale est plus
qu`évidente, vu le rôle générateur d`argent noir de
la première. Néanmoins, dans la pratique l`on a constaté
que l`une des méthodes les plus utilisées de blanchiment a
été la contrebande en devises, c`est- à -dire la sortie du
pays des devises obtenues d`affaires illégales. Dans un tel contexte,
l`on peut en conclure à ce que, dans le cadre de la relation
contrebande- blanchiment d`argent, la première joue un double
rôle: celui de générateur de fonds illégaux (argent
sale) et celui de méthode pratique de blanchiment d`argent noir.
e-La contrebande et le terrorisme
Mot d`origine latine, le terrorisme a la signification de
terrifier une personne par la violence. Le terrorisme en tant que
méthode d`action a été pratiqué de tout temps, en
prenant pour noms, selon les époques, tyrannicide, régicide, etc.
Ayant des causes profondes et une motivation diversifiée, dans le cadre
de laquelle se fait remarquer celle de nature politico idéologique, le
terrorisme a été défini par rapport aux
intérêts des promoteurs des respectives politiques ou
idéologies. L`on estime que, à ce jour, il y a plus d`une
centaine de définitions lesquelles n`englobent pas pour autant la
totalité des traits du terrorisme ou ceux communs à toutes les
formes de manifestation du phénomène.
Nonobstant, dans la doctrine roumaine il y a des
définitions amples et à mesure de conférer un contour
correct à son image de fait social. Ainsi,
d`aucuns ont considère que le terrorisme constitue la
perpétration d`un crime ou d`un délit par une méthode
spécifique, se caractérisant par la violence ou l`intimidation.
D`autres ont montré que le terrorisme est l`emploi de la violence ou de
la menace par la violence à des fins politiques par des personnes ou des
groupes, indépendamment s`ils agissent pour ou contre l`autorité
gouvernementale instituée, si de telles actions visent à influer
sur un groupe cible situé au delà de la victime ou des victimes
immédiates. Les actes de terrorisme se définissent comme la
consommation d`infractions afin de gravement troubler l`ordre public par
intimidation, terreur ou par la création d`états de panique.
Les infractions constituant par elles-mêmes la
côte objective du terrorisme sont énumérées
concrètement par la loi ivoirienne et nous rappelons juste l`assassinat,
coups et blessures et blessures corporelles graves, privation illégale
de liberté, destruction, l`inobservation du régime des armes et
munitions, l`inobservation du régime des matériaux
nucléaires et d`autres matières radioactives, etc.
A remarquer qu`il n`y a pas là dans cette
catégorie la contrebande, le trafic de stupéfiants, d`être
humains, etc. ce qui ne veut pas dire que le terrorisme est étranger
à l`infraction de contrebande ou d`autres similaires. Au contraire,
entre les deux typologies criminelles, il y a des connexions très
étroites. Les observateurs les ont appelées
interpénétrations ou convergences, en appréciant qu`elles
se manifestent surtout en ce qui concerne la contrebande, le trafic illicite de
drogues, l`organisation de réseaux de prostitution.
Apres la cession de la Guerre Froide, beaucoup d`organisations
terroristes se sont retrouvées sans sponsors, et, pour se procurer les
fonds nécessaires au soutient logistique des actions, ils ont du
s`impliquer dans des activités criminelles. Dans un premier temps, ils
ont taxé ceux qui pratiquaient la menue contrebande ou celle moyenne,
plus
rarement les gros contrebandiers, ensuite ils ont passé
directement au déroulement d`opérations d`une telle facture. A la
longue, les organisations terroristes ont commencé à travailler
sélectivement, le critère du choix étant certes,
constitué par les dimensions du profit. L`on préférait de
prédilection, la contrebande de drogues, d`armes, de matériaux
nucléaires, généralement des produits prohibés,
dont la valeur croit justement à cause de ce caractère. La
plupart des fonds des organisations mafieuses provenaient de la contrebande de
drogues, cigarettes, alcool, armes, voitures volées, des réseaux
de prostitution et du blanchiment de l`argent sale.
A ce que l`on voit, l`interpénétration ou la
convergence du terrorisme avec le crime organisé en
général et la contrebande en spécial est assez forte,
presque généralisée, ce qui lui vaut une totale
autonomie.
f-La contrebande et la migration
clandestine
De tout temps, les causes de la migration des populations d`un
coté à l`autre du monde ont été, avant toute autre
chose, de nature économique (la pauvreté) et puis
politico-religieuse (persécutions, conflits armés) et même
climatiques. A présent, la cause majeure de la migration est
représentée par l`état économique de sous
développement. Les populations des Etats sous développés
manifestent la tendance de se déplacer vers ceux
développés, prioritairement ceux situés en Europe
Occidentale.
Lorsque le désir d`émigration ne peut Otre
légalement satisfait, les migrants potentiels ont recours à des
méthodes illégales pour parvenir aux zones visées, ou
à des intermédiaires appartenant aux milieux du crime
organisé. Abusés par l`illusion d`une vie meilleure, la plupart
des émigrants finissent par se retrouver dans un pays étranger,
dépourvus
d`un statut juridique certain, obligés à
accepter la pratique d`un travail au noir ou à se prostituer afin de
survivre. De là d`autres implications, plus graves, de la migration
clandestine, parmi lesquelles le trafic d`Otres humains, ou le trafic de viande
vive, véritable forme moderne d`esclavagisme. Le franchissement
illégal des frontières par ceux animés par le désir
de la migration vers d`autres terres promises, seuls ou dans un cadre
organisé, en transportant des marchandises ou d`autres biens, avec des
moyens de transport ou à défaut de tels moyens, implique la
violation du régime de la frontière d`Etat. Les analystes ont
appelé ce phénomène criminalité
transfrontalière et ont constaté qu`il pouvait avoir pour objet
la contrebande, le trafic de personnes, le trafic de drogues, de voitures, de
substances périlleuses, d`armement, de munitions, de substances
explosives, le trafic de billets de banque et de titres de valeur, d`objets
d`art, d`objets de patrimoines, d`autres biens. Les connexions de la
contrebande avec la migration clandestine consisteraient en cela que les deux
phénomènes se consomment, partiellement ou en totalité, en
fonction du régime de frontière et de celui douanier, se
déroulent dans des formes organisées, du type des filières
internationales (parfois les mêmes), les organisateurs visant le profit
matériel rapide. Les études récemment entreprises par les
autorités des Etats visés par ce phénomène ont
démontré que ses dimensions sont sans précédent.
Par exemple, le Centre International de Développement de la Police de la
Migration d`Autriche (siégeant à Vienne) à estimer que,
annuellement entraient clandestinement dans les pays de l`Europe de l`Ouest
environ 300.000 personnes. La plupart vient de l`Inde, du Pakistan, de la
Somalie, du Nigeria, en suivant la route polonaise. En provenance du Sud, les
Turcs, les Bulgares, les Serbes, les Albanais, les Roumains et d`autres vont
d`abord en Pologne et de là, ils passent illégalement en
Allemagne.
2- La fraude
Étymologiquement, le mot fraude vient du latin fraus,
fraudis, qui signifie « ruse ». Le mot fraude est un nom
féminin ; c`est l`action de faite pour tromper, pour contourner les
lois. Ses synonymes sont : contrebande, escroquerie, falsification,
malversation, supercherie, tromperie. En Anglais, on a : fraud
Frauder, est un verbe transitif du 1er
groupe de la conjugaison française. C`est l`action de tromper, de
décevoir par quelque fraude. Exemple : Il a fraudé
ses créanciers, ses cohéritiers, Frauder les droits.
La fraude est absolument éluder par quelque ruse sur le
paiement des droits imposés sur une marchandise, sur une
denrée« selon le code des douanes. Exemple : Frauder la douane,
frauder l`octroi, le fisc, l`enregistrement. Exemple: 2
événements contenant le mot fraude le17 octobre 1931 Al Capone
est condamné, le gangster américain surnommé "Scarface"
est arrêté et emprisonné pour fraude fiscale. Il est
accusé d'avoir approvisionné en alcool de nombreux bars
clandestins de Chicago pendant la prohibition. 22 novembre 2004
Déclenchement de la "Révolution Orange" en Ukraine. Au lendemain
d`un scrutin présidentiel entaché de fraude, la neige et le froid
n`empOchent pas 100.000 Ukrainiens de manifester sur la place de
l`Indépendance à Kiev. C`est le point de départ de la
"Révolution Orange". La fraude en matière civile ne se
démarque guère de la fraude pénale. Il s'agit d'un acte
qui a été réalisé en utilisant des moyens
déloyaux destinés à surprendre un consentement, à
obtenir un avantage matériel ou moral indu ou réalisé avec
l'intention d'échapper à l'exécution des lois. C`est une
Action faite de mauvaise foi au préjudice de quelqu'un.
3-Le racket
Le racket est ce que le code pénal nomme « vol
avec violence ». Il s'agit d'un acte voisin de l'extorsion en France par
exemple : selon l`Art. 312-1 du Code Pénal : « L'extorsion est le
fait d'obtenir par violence, menace de violences ou contrainte soit une
signature, un engagement ou une renonciation, soit la révélation
d'un secret, soit la remise de fonds, de valeurs ou d'un bien quelconque.
L'extorsion est punie de sept ans d'emprisonnement et de 100.000 euros
d'amende. ». Le racketteur exige de sa victime de l`argent, des objets ou
des vOtements en le menaçant. Il fait généralement usage
de la force physique, de menaces ou de chantage. Ce délit est puni par
la loi. Ce mot apparaît à New York dans les années 1850
pour désigner les fêtes extravagantes et bruyantes
organisées par les gangs des Five Points, lors
desquelles, des politiciens corrompus se faisaient remettre de l'argent en
utilisant la menace et la contrainte. Il vient en fait de l'italien,
ricatto qui signifie « chantage ». En anglais, le sens
premier du mot racket est vacarme, tintamarre, son sens figuré
est escroquerie. C`est dans cette acception qu`il est utilisé en France,
comme en côte d`ivoire.
4-Le crime économique
Le crime économique prend plusieurs formes (fraude,
contrefaçon, usurpation d'identité, blanchiment d'argent, entre
autres) et menace en bout de ligne la stabilité économique
mondiale et celle de la côte d`ivoire. Les criminels dont la tâche
est facilitée par la mondialisation et l'évolution technologique,
ont recours à des méthodes transnationales de plus en plus
perfectionnées qui rivalisent avec les techniques utilisées
traditionnellement par les organismes d'application de la loi pour traquer les
criminels et les traduire en justice. Cette forme de criminalité peut
avoir de multiples répercussions graves (pertes importantes pour les
investisseurs et les régimes de retraite des citoyens, ternissement de
l'image de marque et réduction des recettes publiques) et même
remettre en question l'intégrité des institutions publiques et
privées. À l'échelle mondiale, 37% des entreprises ont
été victimes de crimes économiques d'importance capitale.
L`impact économique de commerce mondial de contrefaçon a
augmenté de 100 Millions de dollars en 1992 à plus de 600
millions de dollars en 2004. Les deux tiers des produits contrefaits
proviennent de la Chine. L`argent recyclé représente de 2
à 5 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. Chaque
année, on estime le coût direct des crimes contre la
propriété intellectuelle (PI) au Canada entre 10 et 30 millions
de dollars. On trouve en côte d`ivoire une gamme croissante de produits
de contrebande (p. exemple : les produits pharmaceutiques à ADJAME ROXY,
électriques avec les branchements illicites) qui peuvent se
révéler dangereux. La contrebande de monnaie est en hausse, la
fraude sous toutes ses formes connaît un essor depuis 2002 avec le
déclenchement de la guerre.
5-La corruption
La corruption est un abus de pouvoir en vue d'obtenir un
enrichissement personnel ou pour le compte de tiers.
La corruption est la perversion ou le
détournement d'un processus ou d'une interaction entre une ou plusieurs
personnes dans le dessein, pour le corrupteur, d'obtenir des avantages ou des
prérogatives particulières ou, pour le corrompu, d'obtenir une
rétribution en échange de sa bienveillance. Elle conduit en
général à l'enrichissement personnel du corrompu. C'est
une pratique qui peut être tenue pour illicite selon le domaine
considéré (commerce, affaires). Elle peut concerner toute
personne bénéficiant d'un pouvoir de décision, que ce soit
une personnalité politique, un fonctionnaire, un cadre d'une entreprise
privée, un médecin, un arbitre ou un sportif, etc. On distingue
la corruption active de la corruption passive. La corruption active consiste
à proposer de l'argent ou un service à une personne
qui détient un pouvoir en échange d'un avantage indu. La
corruption passive consiste à accepter cet argent. Un exemple classique
est celui d'un homme politique qui reçoit de l'argent à titre
personnel ou pour son parti de la part d'une entreprise de travaux public et en
retour lui attribue un marché public. L'homme politique pourrait
être accusé de corruption passive : il a reçu de l'argent,
alors que l'entreprise peut, elle, être accusée de corruption
active. Les causes générales de la corruption peuvent aussi
concernées celles de la contrebande,
-Mauvaise gouvernance : cadre
législatif flou, système judiciaire inadéquat, manque de
transparence et de responsabilisation, manque de liberté de la presse
;
-Institutions faibles : fonctionnaires
à forte autorité ayant peu de comptes à rendre,
responsables officiels attirés par des rémunérations
coupables et ayant des salaires faibles, facteurs culturels
ayant trait au mode de contrôle dans l'administration ou à la
croyance au " droit aux bénéfices » des responsables
administratifs.
-Faibles salaires : certains policiers, par
exemple, peuvent ne pas gagner suffisamment d'argent pour nourrir leur famille,
et doivent donc céder à la corruption pour subvenir à
leurs besoins. L`exemple de l`économiste KLITGAARD le montre bien
à travers une équation
KLITGAARD a posé l'équation schématique
suivante en ce qui concerne la corruption :
Corruption = Monopole + Pouvoir - Transparence
La Banque mondiale retient les formes suivantes de corruption
:
Les " dessous de table » : ce sont des versements
à des responsables officiels afin qu`ils agissent plus vite, de
façon plus souple et plus favorable.
La " fraude » : c'est la falsification de données, de
factures, la collusion etc.
" L`extorsion » : c'est l`argent obtenu par la coercition ou
la force.
Le " favoritisme » (" Népotisme », " Collusion
») : c'est le fait de favoriser des proches.
Le " Détournement de fonds » : c'est le vol de
ressources publiques par des fonctionnaires
La Banque mondiale retient les types suivants de corruption
La grande corruption : c'est une corruption à haut
niveau où les décideurs politiques créant et appliquant
les lois utilisent leur position officielle pour promouvoir leur
bien-être, leur statut ou leur pouvoir personnel ; La petite corruption :
c'est la corruption bureaucratique dans l`administration publique.
Pour la sociologie de la corruption, la corruption
apparaît chaque fois que la frontière entre la logique
administrative d'intérêt général et la logique
économique d'intérêt privé s'estompe ; elle est donc
favorisée par l'effacement contemporain de la sphère publique,
par l'assimilation à peu près exclusive de la réussite et
de l'enrichissement. On voit ainsi de plus en plus de hauts fonctionnaires ((
pantoufler >> dans les entreprises, forme (( blanche >>
(légale) de corruption. Même sans les soupçonner d'avoir
été des (( sous-marins >> de l'entreprise au sein de
l'État, ils mettent les informations acquises dans l'administration au
service d'intérêts privés. Les grands partis, n'arrivant
pas à se financer via les cotisations d'adhérents, auraient
institutionnalisé la corruption. Les administrés acceptent la
corruption parce qu'elle facilite les choses, leur permettent de profiter de
passe-droits. Les entreprises justifieront de leur côté le
versement de sommes importantes aux élites politiques du tiers monde par
la nécessité de favoriser la balance commerciale. C'est oublier
que la corruption qui existait dans ces pays n'a pris une telle ampleur que
parce que les entreprises occidentales ont voulu s'assurer ainsi l'accès
à leurs richesses naturelles. Le fonctionnaire corrompu considère
sa fonction comme un patrimoine dont il use à sa guise, les
règles publiques comme des instruments de chantage. Il est plus
difficile de prouver la corruption dès lors qu'il n'y a pas
d'échanges monétaires directs, ce qui est le cas dans les
affaires de corruption de haut vol et de contrebande. Le centre libéral
entretient une proximité périlleuse avec les milieux d'argent et
leurs valeurs. Selon DELLA Porta et MENY, c'est surtout l' (( absence
d'une véritable opposition qui apparaît comme le
dénominateur commun de nombre de cas de corruption ou de contrebande
>>.
II-3- Interrogations suscitées ou questions de
recherche
Il est toujours difficile d`établir les causes de la
contrebande. Mais cela n`empOche pas le chercheur d`essayer de formuler
quelques observations.
En principe beaucoup d`activités contrebandières
ont pour cause, la grande disparité économique entre les pays. Il
en résulte notamment que, dans nombre de pays, de vastes secteurs de la
population sont portés à produire des biens illégaux. Par
ailleurs, de nombreuses personnes sont à la merci d`une exploitation
physique par exemple la prostitution, de la part d`organisations criminelles.
En outre, les pays pauvres sont des marchés qui attirent des biens qui
sont volés dans des pays plus riches. Les conflits politiques qui
surgissent dans de nombreux pays africains et notamment dans nos
régions, engendrent une violence généralisée et
encouragent toute sorte de trafics jusqu`allant à la traite d`Otres
humains et au trafic d`armes illégales. Il se peut que ces pays en
guerre aient, financièrement tout intérêt à se
livrer à d`autres formes d`activités criminelles ; par exemple
à l`importation illégale d`armes. Ce faisant, ils
établissent des partenariats illicites avec d`autres pays.
Il existe plusieurs types d'activités criminelles
transfrontalières en Afrique de l`ouest, et la contrebande des
marchandises affecte particulièrement l'espace transfrontalier de
l`UEMOA (union économique et monétaire ouest africain regroupant
8 Etats dont notre pays est membre.
Depuis quelques années, cette activité
connaît une expansion majeure dans la sous région, ainsi que
l'atteste le démantèlement de célèbres
réseaux de trafiquants spécialisés dans cette branche.
Fort de ce constat, deux questions méritent d'être posées,
à savoir : Qu'est-ce qui
explique le développement de cette forme
particulière d'activité criminelle? Quels rôles les
États tiennent-ils respectivement dans ce système de trafic
?
Un faisceau de facteurs socio-économiques et
sociopolitiques inters reliés permet d'expliquer le développement
de ce trafic. En effet, la dévaluation du Franc CFA, en 1994, et la
relative amélioration du réseau routier entre les huit pays ont
eu pour effets respectifs la diminution du pouvoir d'achat de « l'Africain
de l`ouest moyen mais pauvre » voulant acquérir une marchandise et
l'accroissement des échanges déjà dynamiques entre la
Côte d`ivoire et ses voisins du Nord. L'inexistence d'un véritable
système de transport public dans les différents pays a
favorisé l'augmentation de la demande de marchandises pour des besoins
privés et de commerce. Flairant ainsi l'importance de cette demande
toujours croissante, des réseaux criminels organisés se sont
greffés à ces caractéristiques et ont alors entreprit,
souvent par reconversion, de mettre sur pied des circuits transfrontaliers de
ventes de marchandises.
En effet, aidés par la porosité des
frontières entre les différents Etats, ils mettent sur le
marché illicite des marchandises souvent de haut de gamme à des
prix défiants toute concurrence et de ce fait accessibles à
« l'Africain de l`ouest moyen mais pauvre ».
En outre, le fait que nous n'ayons pas de signalement de
marchandises en provenance des autres pays limitrophes de Côte d`ivoire,
permet plus ou moins de dire que la Côte d`ivoire est un pays pourvoyeur
de marchandises dans ce trafic. Ces dernières sont la plupart du temps
des marchandises contrefaites.
En effet, l'existence de marché des marchandises de
contrebande dans ces pays, notamment au Mali et le Burkina Faso, fait que
l'on pourrait
considérer les autres pays comme récepteurs et
points de vente de des produits de contrebande. L'embellie financière de
la Côte d`ivoire fait en sorte que les populations manifestent la
volonté d'acquérir des marchandises et notre pays devient donc de
plus en plus un espace d'acheminement final pour les contrebandiers bien que la
vente de marchandises de contrebande dans notre pays existe bien avant cette
croissance économique.
Ainsi, pour répondre à leur demande, les
réseaux criminels organisés acheminent les marchandises de
contrebande et les revendent entièrement ou partiellement dans notre
pays et sur le territoire douanier du district d`Abidjan.
Les contrebandiers sont accusés de bouleverser
l`harmonie entre la demande et l`offre. Par exemple, en mettant sur le
marché des biens illicites, ils réduiraient la demande globale de
biens licites et, partant, les revenus des sociétés productrices
et distributrices légitimes.
Get argument, implicitement, exclut la possibilité que
le produit de la contrebande sert à acquérir des biens licites,
encore qu`il ne soit pas prouvé que les membres de groupes de criminels
contrebandiers soient moins dispendieux que le consommateur ordinaire. On a
fait valoir aussi que la propension des groupes engagés dans la
production d`activités de contrebande à consommer est faible, du
fait que leurs revenus illicites continuent à circuler à
l`intérieur de marchés illicites pour financer d`autres
initiatives illicites. De mOme, on n`a avancé que les contrebandiers
tendant à transférer à l`étranger une partie de
leurs gains, privant ainsi le pays dans lequel ils opèrent d`importantes
ressources économiques pour son développement.
Ces caractéristiques ne sont cependant pas uniquement
propres aux contrebandiers. Des chefs d`entreprises légitimes accumulent
eux aussi une richesse inerte et n`orientent pas toujours leurs revenus vers
des investissements dynamiques, ou la consommation.
Il se peut aussi que des entreprises légitimes et des
politiciens transfèrent des capitaux à l=étranger en toute
légalité mais trouvent le moyen de les faire fructifier en
recouvrant à des pratiques illégales. Selon des estimations
crédibles, le pourcentage des capitaux blanchis par les contrebandiers
ne représente que 10% environ du montant total des capitaux
flottants.
La question se pose aussi de savoir si ce sont les
contrebandiers qui initient les entrepreneurs et politiciens qui opèrent
en marge de la légalité ou s'ils trouvent en eux des
maîtres?
On peut par exemple affirmer qu`en investissant des produits
illicites dans l`économie officielle, les contrebandiers ne font
qu`appliquer les techniques et méthodes des délinquants
d`affaires et des sociétés commerciales contrevenantes ; dans un
sens, ils sont corrompus par l`économie plus qu`ils ne la corrompent.
En résumé, la rencontre entre la
criminalité contrebandière et l`économie officielle n`est
pas le fruit d`une relation contre nature entre une entité qui
pâtit de dysfonctionnements. C`est plutôt la rencontre de deux
mondes qui échappent à une régulation stricte et qui
s`écartent des règles qu`ils ont officiellement établis
pour eux-mêmes. Par exemple, les règles du libre jeu de la
concurrence sont souvent ignorées par les chefs d`entreprises
légitimes eux-mOmes qui soutiennent qu`elles sont universellement
valables, de mOme que les règles d`honneur sont
ignorées par les criminels professionnels produisant
des activités de contrebande qui proclament leur foi inconditionnelle en
elles. Les dégâts causés par la fraude et la contrebande en
zone UEMOA ont fragilisé le tissu industriel et l`économie des
pays de la sous région au point de désagréger
progressivement le fragile équilibre indispensable à l`essor
économique et au bien-être des populations des pays
concernés. Cette situation préoccupante s`est accentuée
ces dernières années avec la progression inexorable de la
pauvreté et la diminution de pouvoir d`achat des populations sur le
territoire douanier du district d`Abidjan. Phénomènes universels,
la fraude, la contrebande et la contrefaçon ont fait leur lit partout
où les appétits illégitimes des opérateurs
économiques véreux ont trouvé des facteurs exogènes
et endogènes favorables :
D`une part, la santé des économies de la plupart
des pays d`Afrique est tributaire des fluctuations des cours mondiaux des
matières premières et des prix des marchandises à
importer, d`autre part, les facteurs endogènes se résument en
cette étonnante vulnérabilité ou porosité des
frontières nationales, exacerbées par la complicité plus
ou moins passive des autorités en charge d`endiguer ces fléaux.
En effet, l`on ne pourra efficacement lutter contre la contrebande que s`il est
rompu le lien entretenu à plusieurs niveaux entre elle et ses mamelles
nourricières que sont la fraude, la corruption, et la
contrefaçon. Les domaines touchés par ces fléaux sont
divers et touchent tous les secteurs économiques. Leur évolution
constante profite de la mondialisation des échanges. Ce
phénomène qui, jusqu`à la fin des années 80,
affectait essentiellement les industries de luxe, ne cesse de se diversifier et
les conséquences aujourd`hui sont désastreuses en terme
d`emplois, de sécurité sanitaire et de pertes de ressources
fiscales et douanières.
Concernant la contrebande en Côte d`Ivoire en
général et dans le district d`Abidjan principalement, elle existe
de nos jours dans la plupart des
secteurs d`activités économiques. La situation
est alarmante dans le contexte de marasme économique mondial et
circonstanciel que traverse le pays depuis la crise armée qui perdure.
En effet, jusqu`à présent certains postes de contrôle
douanier dans les zones centre nord ouest (CNO), ne sont pas encore
effectivement sous la gestion de l`Etat ivoirien. Ils sont pour la plupart des
portes ouvertes à toutes les formes de trafics illicites où
l`Etat ne parvient pas à contrôler rigoureusement les
échanges commerciaux, donc il connaît un manque à gagner.
Au cours des dernières décennies écoulées, les
activités de contrebande se sont considérablement
développées tant géographiquement que numériquement
dans le district d`Abidjan. Le phénomène n`est pas isolé :
il s`inscrit dans le cadre général de la mondialisation.
L`interdépendance des économies mondiales et le
développement des échanges économiques internationaux
facilitent le transfert des biens et la circulation des personnes d`un pays
à l`autre. Les trafiquants profitent de cette situation, en empruntant
des itinéraires commerciaux parallèles ou les mOmes
itinéraires commerciaux. Ainsi, ce n`est un secret pour personne, on le
sait en Côte d`ivoire tous les objets, tous les produits, toutes les
matières sont imitées. En l`espace de quelques années, la
contrebande et la contrefaçon ont gagné des proportions
inquiétantes tant dans le pays tout entier en général, que
dans le district d`Abidjan tout particulièrement. Ces auteurs,
très actifs dans la plupart des secteurs industriels de la place,
s`attaquent aux produits de la vie courante et inondent les marchés de
copies à la qualité plus que douteuse, et ce en toute
impunité face à des autorités trop souvent
démissionnaires. Les montres, les sacs de marque, l`eau minérale,
les boissons alcoolisées, les pièces de rechange de voitures
(plaquettes de frein, pneus), les cigarettes, les textiles, les appareils
électroménagers, les téléphones portables, les
produits cosmétiques et d`entretien, les
produits dentifrices et autres produits de consommation
courante, sont imités et atteignent le territoire douanier du district
d`Abidjan par des réseaux contrebandiers. Mais plus grave, des
préservatifs contrefaits et poreux sont distribués pendant les
campagnes de lutte contre le Sida, les anticancéreux de
contrefaçon et de contrebande ne contenant que des plâtres, des
kits de sérum de pédiatrie de contrefaçon vendus en
pharmacie, les médicaments voire le sang humain de contrefaçon
inondent le marché local par des transits contrebandiers, rien en
définitive n`échappe aux faux dans le pays et dans le district
d`Abidjan. Ces produits ci-dessus cités et bien d`autres encore sont
vendus partout que ce soit dans la rue, aux carrefours, dans les boutiques, les
supermarchés et commerces renommés, les bazars et les halls, on
les retrouve partout et le consommateur est naturellement la victime, or toute
la population est consommatrice donc nous sommes tous des victimes potentielles
de la contrefaçon et de la contrebande. Selon l`éditorial du Dr
KOMIN François dans CIVITAS, avril 2010 n2 : (bulletin ivoirien
d`éducation civique), plusieurs acteurs interviennent dans la
chaîne malveillante de la contrefaçon et de la contrebande ;
fabricants sans foi ni loi, contrebandiers perfides, fonctionnaires corrompus,
commerçants peu scrupuleux et au bout de la chaîne les
consommateurs. Des personnes ont crié haro sur la contrebande avec une
verve enflammée contre ces acteurs et ont considéré les
consommateurs comme de simples victimes. A regarder de plus près, le
consommateur, destinataire final des produits de contrebande et de
contrefaçon, est au cur de cette monstrueuse machine mercantile qui, en
fait, est une grosse machination pour tirer profit du =`gros nigaud« qu`il
est car tous profitent de lui et lui ne profite nullement de la contrebande et
de la contrefaçon, sauf de cette naïve joie
éphémère avant de se rendre compte de la grande
escroquerie dont il est victime. On peut
regrouper les consommateurs en deux catégories : d`une
part, les amateurs, demandeurs de produits qu`ils savent pertinemment de
contrebande et de contrefaçon, mal faits, et d`autre part, des
ignorants, ou parfois des opportunistes pour ces derniers, il faut les inviter
à faire plus attention. Ils doivent examiner un peu plus minutieusement
les produits qu`ils comptent acquérir en gardant toujours à
l`esprit que tous les produits sont susceptibles de contrebande ou de
contrefaçon. C`est pour eux que les entreprises mettent en place des
systèmes d`information et de conseils pratiques. Par contre, pour la
première catégorie de consommateurs, le mal est plus profond tant
les motivations qui les animent sont diverses : le luxe ne doit pas Otre
réservé qu`aux riches ; la marque est un détail qui ne
mérite pas qu`on paie le prix fort ; ce ne sont pas quelques
contrebandes ou contrefaçons qui vont faire tomber une telle grosse
boite ; ou de façon plus ivoirienne : « ce n`est pas à cause
de CD piratés qu`un tel ne pourra plus chanter. » Et pourtant les
conséquences sont évidentes, dramatiques ; des emplois perdus,
des entreprises fermées. « Au cours d`une épidémie de
méningite au Niger en 1985, plus de 50.000 personnes ont reçu des
faux vaccins provenant d`un don d`un autre pays qui les croyait sUrs. La
contrebande et la contrefaçon a été à l`origine de
2500 décès. La consommation de sirop contre le taux contenant du
paracétamol préparé avec du diéthylène
glycol, un produit chimique toxique utilisé comme antigel, a
provoqué 89 décès en Haïti en 1985 et 30
décès de nourrissons en Inde en 1998. » (Aide mémoire
n° 275 de novembre 2003 de l`OMS.). Plus près de nous, en
Côte d`ivoire (2009), une commerçante, pensant rajouter du sucre
vanillé pour agrémenter la bouillie qu`elle vend, empoisonne les
populations d`Ahounienfoutou, un village de Bongouanou. Et si tous ces drames
ne vous émeuvent pas, refusez tout simplement de financer le crime
organisé en pensant à ces
blanchisseurs d`argent sale, ces grands escrocs des mafias
russes, italiennes ou chinoises qui bien souvent sont à la base de la
contrebande et de la contrefaçon. Les grandes entreprises
installées sur le territoire douanier du district d`Abidjan telles que
Nestlé, Unilever, Imperial Tabacco Group, Sanofi, Uniwax en font les
frais. Ces entreprises honnêtes et citoyennes se retrouvent
confrontées à des concurrents particulièrement
déloyaux et très actifs qui ~uvrent dans l`ombre et usurpent
ainsi leur savoir-faire, les dépossèdent de leur image, de leur
réputation et des fruits de lourds investissements consentis dans la
recherche et le développement, le marketing et la communication. L`Etat,
vit essentiellement des ressources fiscales car par définition la
contrebande et la contrefaçon sont des économies souterraines qui
échappent au trésor public, à la douane et aux
impôts. Dans le district d`Abidjan, la contrebande représente des
risques sociaux qui entravent la sécurité de l`emploi pour des
milliers de travailleurs. L`un des secteurs les plus touchés est le
textile à cause de la culture du port du pagne des ivoiriens et
l`attrait économique qu`il représente pour les contrebandiers et
les contrefacteurs. En effet, depuis les trois dernières années,
5850 emplois ont été perdus dans le secteur du textile. De 2005
à 2007, la société Uniwax, s`est séparée de
450 employés sur un total de 860. Tout comme Uniwax les autres
sociétés telles que la cotonnière Ivoirienne (Cotivo),
Utexi, Challenger (ex Wrangler) et les établissements Robert Gonfreville
(ERG) sont aux abois. Cette dernière, située à
Bouaké est plongée dans une situation critique. Ces trois
entités (DOPA pour l`égrenage du coton, FTG pour la filature et
IVTEX qui se charge de l`impression et de la teinture des tissus) ne
fonctionnent plus à plein temps occasionnant une perte de plus de 500
emplois. Aujourd`hui, la gravité des problèmes que pose la
contrebande n`est pas toujours perçue par le grand public, voire par
ceux
qui doivent le réprimer. Le phénomène de
contrebande est encore trop souvent appréhendé par le prisme
d`anecdotes échangées sur les =`bonnes affaires =`. Par exemple
l`achat, à un prix intéressant, de fausses grandes marques qui
ont atteint le marché du district d`Abidjan par des réseaux de
contrebande. Encore considérées comme des infractions mineures,
la contrebande et la contrefaçon industrielle et commerciale continuent
de fragiliser le tissu industriel ivoirien en générale et celui
du district d`Abidjan en particulier. Avec à la clé des baisses
drastiques des contributions des entreprises au budget de l`Etat sans compter
le danger public qu`elles représentent à cause des secteurs
sensibles comme celui des produits pharmaceutiques où le danger touche
directement la vie humaine.
Alors les questions consistent à
savoir :
-A une époque oi la société
prône les principes de précaution, oi les entreprises
réaffirment leur engagement à l'égard de la santé
et de la protection du consommateur, peut-on vraiment s'accommoder des risques
de la contrebande ?
- Malgré l'existence et la mise en place de
mesures réglementaires et de surveillance pour la réduction de la
contrebande, Pourquoi elle est toujours récurrente dans le district
d'Abidjan ?
Les réponses se retrouvent dans les failles du
système de contrôle ou d`inspection des marchandises aux
entrées routières du district d`Abidjan, aussi dans les
difficultés d`application de sanctions pénales ou des
réglementations aux acteurs. Ainsi pourrait-on se poser les questions
centrales suivantes:
1-Pourquoi y a t-il des risques économiques
politiques, sociaux et sanitaires lorsqu'il y a des failles dans le
système de contrôle des marchandises aux entrées
routières du district d'Abidjan d'une part et dans l'application
des droits et taxes d'autre part?
2-Quels sont les impacts de la contrebande sur
l'état d`une part et sur la population
entière d'autre part?
3-Quels types de proposition de solutions doit-on
envisager pour réduire le phénomène à
l'étude?
II-4- Objectifs de recherche
- objectif général
Savoir pourquoi malgré un dispositif de contrôle
des marchandises, l`existence de mesures réglementaires ou
législatives, la contrebande persiste aux entrées
routières du district d`Abidjan.
- Objectifs spécifiques
Comprendre comment, une mauvaise gestion du dispositif de
contrôle des marchandises et des réglementations (droits et taxes)
ou sanctions pénales aux infracteurs contribue à
pérenniser la contrebande aux entrées routières du
district d`Abidjan.
Attirer l`attention de l`opinion publique sur les
différents risques politiques socioéconomiques, et sanitaires de
la contrebande.
Proposer des solutions efficaces pour la régulation de la
contrebande.
II-5- Hypothèse de recherche
Hypothèse
générale
La contrebande est liée à l`existence de failles
dans la gestion du phénomène, tant au niveau du dispositif de
contrôle des marchandises aux entrées routières, que dans
l`application des réglementations, (des droits et taxes) ou sanctions
pénales en vigueur.
Hypothèse spécifique 1
Les faiblesses du dispositif de contrôle des marchandises
aux entrées routières du district d`Abidjan favorisent la
contrebande.
Hypothèse spécifique 2
Les difficultés qu`ont les autorités locales
à appliquer convenablement les mesures réglementaires et
tarifaires (droits et taxes), ou sanctions pénales aux infracteurs
favorisent la pérennisation du phénomène aux
entrées routières du district d`Abidjan.
II-6- Présentation de variable
Une variable, est un système de classification
d`ordonnancement, le plus souvent sur une échelle
numérique. La variable indépendante est celle qui
est manipulée par le chercheur tandis que celle qu`il ne peut pas
manipuler est la variable dépendante, elle est celle qu`il
étudie, observe. On dit qu`une variable est par nature
l`élément ou la caractéristique que le chercheur utilise
pour décrire un sujet, un environnement ou une tâche à
exécuter.
On parle de variable parce que par nature, elle varie, elle
prend à chaque niveau, différentes valeurs ou différentes
modalités. Dans ce travail de recherche nous avons utilisé en
règle générale à la fois des variables
indépendantes et des variables dépendantes. On parle de variable
indépendante pour désigner une caractéristique du sujet
qui ne dépend pas du chercheur. Mais qui se trouve simplement
utilisée ou manipulée par lui dans le but de contrôler ou
analyser l`effet de cette variable indépendante sur le sujet.
Dans certains cas exceptionnel, la variable indépendante
pourra dépendre de la manipulation du chercheur, mais jamais du
sujet.
a) La variable dépendante, en ce qui
concerne l`hypothèse de recherche est : la contrebande.
Les variables indépendantes sont entre autres
-la corruption généralisée
et pour ses démembrements
-la fraude fiscale ;
-la difficulté dans l`exécution
des politiques de lutte contre la contrebande ;
-la forte restriction douanière
imposée ;
-l`inefficacité des contrôles
douaniers et l`inapplicabilité des sanctions pénales aux acteurs
de contrebande.
Pour mieux évaluer l`effet des faiblesses des
contrôles des
marchandises et des sanctions liées à la
contrebande sur les
agissements des contrebandiers, on a attribué des
modalités ou valeurs à trois variables indépendantes
suivantes :
1-Faiblesses du système de contrôle des
marchandises aux différentes entrées routières du district
d'Abidjan,
2-Faiblesses dans l'application de la
réglementation (des droits et taxes) exemple : fortes restrictions au
niveau de droits et taxes de douane).
3-Faiblesses dans l'exécution des sanctions
pénales appliquées aux acteurs.
Considérant : la première variable
Modalité1 :
a- Grandes failles dans les contrôles de marchandises aux
entrées routières du district d`Abidjan.
b- Petites failles dans les contrôles de marchandises aux
entrées routières du district d`Abidjan.
Modalité 2:
c- Passe à l`acte facilement
d- Passe à l`acte difficilement
Considérant: la seconde variable
Modalité1 :
a- fortes restrictions douanières
b- faibles restrictions douanières
Modalité 2:
c- forte intention
d- faible intention
Considérant : La troisième variable
Modalité1 :
a- fortes sanctions pénales
b- faibles sanctions pénales
Modalité 2:
c- Passe à l`acte facilement
d- Passe à l`acte difficilement
Il s`agit de répartir l`échantillon en mettant
en rapport les différentes modalités présentées
ci-dessus : les modalités 1 sont misent statiquement en
abscisse et les modalités 2 en ordonnée. Cette
mise en corrélation est faite à travers différents
tableaux.
CHAPITRE III : REVUE DE LITTERARURE ET CADRE DE
REFERENCE THEORIQUE
III-1-Revue de littérature
La contrebande n'est pas une activité moderne.
L'analyse de ce phénomène a commencé avec des auteurs
classiques et des ouvrages comme Les lois de Platon, Politique
d'Aristote, De l'esprit des lois de Montesquieu, etc. Ces auteurs
ont exploré de manière générale quelques
problématiques comme le rôle des lois, du gouvernement et les
punitions. Dans la pensée économique, plusieurs des grands
penseurs des siècles derniers se sont intéressés au sujet,
tels que, Smith, Marx, Pareto, Beccaria et Marshall (Hirshleifer, 1994), mais
pendant quelques années, leurs contributions ont été
ignorées. Les composantes les plus importantes de cette revue de
littérature sont les analyses du crime, des organisations criminelles,
de la violence et des politiques de dissuasion. Il est pertinent d'avoir une
définition de la contrebande qui soit liée à la
pensée économique. Une des premières définitions
est liée à l'offre de biens et de services qui sont
illégaux. En général, les contrebandiers utilisent la
violence contre d'autres agents comme les firmes légales, les syndicats,
les forces de police, etc., et agissent en relation avec des activités
légales de manière marginale. L'utilisation de la violence de
manière occasionnelle peut-être expliquée par les besoins
d'investir en technologie militaire pour protéger leurs droits de
propriété dans les marchés illégaux, ce qui a un
coût marginal peu important par rapport à leurs revenus
(President's Commission on Law Enforcement and Administration of Justice, ou
Président de la Commission sur l'application des lois et de
l'administration de la justice, 1967).
Cette définition fait un lien important entre les
marchés illégaux et le crime organisé. Cependant, elle
présente trois lacunes: (i) la définition est descriptive et
n'utilise pas la relation entre le crime organisé et les marchés
illégaux en tant qu'argument économique, (ii) elle soutient
l'idée que le crime organisé est très
intégré et qu'il opère en condition de monopole dans le
processus de production et distribution et (iii) elle ignore la
différence entre le rôle des organisations criminelles qui offrent
des biens illégaux au consommateur final et tout comme la structure du
gouvernement, qui implante des mécanismes de régulation pour
empêcher les activités criminelles (Fiorentini, 1999). Une
définition de la contrebande communément utilisée pour les
analyses économiques est donnée dans l'article : What is the
Business of organized crime? Où quelles sont les activités
du crime organisé? Par Shelling (1971). Selon l`auteur,
l'objectif du contrebandier est d'imposer aux firmes légales et
illégales sa protection sous menace de violence. Pour pratiquer
l'extorsion, le contrebandier cherche à avoir un contrôle de
monopole sur le marché de la violence, au moins dans un secteur
limité. En même temps, ces criminels se défendent contre
d'autres firmes qui essaient d'entrer dans leur marché. Parfois, ces
criminels exercent une certaine corruption au sein des forces de police afin de
réduire la menace d'intervention de la justice. Shelling discute des
caractéristiques des marchés illégaux où les
organisations criminelles développent une forte autorité. La
première caractéristique est que les firmes victimes sont
incapables de se protéger elles-mêmes. Ceci explique pourquoi les
marchés illégaux sont les secteurs de prédilection des
organisations criminelles. Deuxièmement, ces organisations criminelles
ont de la difficulté à se cacher de la justice, alors elles
utilisent la corruption des forces de police et créent des liens avec
des activités légales. Troisièmement, le crime
organisé utilise l'extorsion de firmes illégales et
légales. Dès lors, qui fait ces firmes tant
illégales que légales sont liées aux organisations
criminelles. L'interdiction de quelques activités comme le trafic de
personnes, le trafic de stupéfiants, le trafic d'armes et de plusieurs
autres trafics est la cause de l'échec ou, du moins, des pauvres
résultats des politiques de dissuasion du crime et de la violence. Ces
politiques peuvent servir à augmenter les profits des activités
réalisés par les organisations criminelles (Becker et Stigler,
1974). Les motifs économiques sont parmi les principales causes de cet
échec. L'analyse économique contemporaine du crime a pour point
de départ le travail de Becker, Crime and Punishment, ou crime et
sanction : an Economie Approach ou une approche économique,
(1968). Suite à cet article, la contrebande a commencé
à être analysée par la science économique. Les
résultats obtenus ont eu une certaine influence dans les politiques de
dissuasion. Becker analyse les criminels comme des personnes normales et
rationnelles. En utilisant la théorie microéconomique de la
sélection, il explique pourquoi les politiques conçues par les
criminalistes sont loin d'avoir les résultats désirés
(Sullivan, 1973). D'après Becker, les individus décident
rationnellement de s'engager ou non dans des activités criminelles en
comparant l'utilité qu'ils reçoivent en poursuivant des
activités honnêtes et celle obtenue de la participation à
des activités criminelles. Les activités criminelles sont
moins attrayantes si la probabilité de détection est
élevée ou si la punition est très
sévère. La combinaison entre les amendes
monétaires et des punitions (comme l'emprisonnement) peuvent aider
à dissuader le crime de manière optimale. Suivant la
théorie économique, nous utilisons le concept de coût
d'opportunité dans l'analyse de la criminalité. Le coût
d'opportunité d'obtenir des profits des activités légales
est la perte de profits de l'illégalité. Les criminels agissent
en agent économique rationnel en prenant en compte plusieurs facteurs
comme (I) les revenus qu'ils
peuvent obtenir en travaillant dans la légalité,
(II) les revenus qu'ils peuvent obtenir en travaillant dans les
activités illégales et (III) la probabilité d'être
pris et punis par la justice. Il est nécessaire de définir ce
qu'est une activité illégale. Une activité est
illégale lorsqu'elle ne respecte pas la loi. Ces activités ne
s'appuient pas sur la protection des lois pour défendre les droits de
propriété et faire valoir les contrats, ce qui fait que le
marché des activités illégales génère ses
propres mécanismes. Quand les participants dans le marché
souhaitent défendre leur propriété, dans la
majorité des cas, ils ont recours à la violence. Al White (1994),
dans l'article Illegal market and the social costs of rent seeking, ou
marché illégal et les couts sociaux de recherche de rente,
argumente que quand les lois génèrent des biens et services
illégaux, elles augmentent les coûts sociaux comme
conséquence de la recherche de profits des firmes qui participent au
marché illégal. Cette augmentation de coûts sociaux prend
la forme d'externalités négatives qui résultent de
l'utilisation de coercition et de violence en vue de contrôler le
marché illégal. Dans quelques cas, les ressources
dépensées pour dissuader le crime sont inférieures
à celles qui sont dépensées dans la
génération du crime. L'auteur mentionne que comme dans les
marchés légaux, les producteurs ont des motifs économiques
pour vouloir agir en monopoleurs. Ceci augmente les profits potentiels et fait
augmenter la concurrence entre les firmes existantes (qui auront recours au
crime et à la violence). En critique au travail de Becker (1968), Al
White argumente que les restrictions ne donnent pas comme résultat une
augmentation des profits, à cause d'une augmentation des prix. Les
restrictions sur l'offre et l'augmentation du prix d'équilibre ne sont
pas des arguments suffisants pour avoir des profits plus
élevés.
La science économique a donné différentes
explications aux faibles résultats des politiques de dissuasion. Des
auteurs comme Buchanan (1973) ou Rubin (1973) mettent l'accent sur le manque de
compréhension des consommateurs sur les conséquences de leurs
actions, ce qui parfois génèrent l'origine et la
perpétuation des activités illégales. Dans un tel
contexte, Buchanan (1973) affirme que le monopole génère une
perte de bien-être à la société dans la production
de biens et des services. Par contre, la production de biens et de services
illégaux pourrait être optimale en termes de bien-être.
Comme le crime est un mal social, Buchanan propose que le monopole comme
structure de marché dans la production d'activités
illégales telles que la prostitution, le trafic de stupéfiants,
le trafic de personnes, le trafic d'armes à feu, etc., est socialement
bon en termes de bien-être. Ceci devrait être reconnu par les
agences de justice qui doivent, au moins, ne pas décourager fortement la
structure en monopole du marché à travers des politiques de
dissuasion du crime. L'article de Buchanan fait émerger un débat
important dans la science économique. Par exemple, Backhaus (1979)
propose une analyse contraire à celle de Buchanan: une politique de
dissuasion passive contre les activités criminelles augmentera le crime
et la violence. Alors que, les politiques passives sont faciles à
contrôler pour le gouvernement. La structure de monopole dans la
production d'activités illégales a les conséquences
suivantes: (a) une diminution de la quantité produite, (b) une
augmentation de prix des biens et des services illégaux, (c) une
augmentation des coûts (Williamson, 1966), (d) et la recherche de profits
dans le marché (Tullock, 1967). Selon Backhaus (a) et (b) sont ambigus
et (c) et (d) pourront augmenter la corruption, l'extorsion et augmenter la
production de crime et de violence.
Il est en effet assez clair que des crimes, souvent les plus
violents, sont commis par des individus en proie à la folie.
D'après Marceau et Mongrain (1999), les difficultés que les
économistes ont à bien comprendre l'impact de l'effort de
dissuasion s'expliquent par le simple fait que la théorie
économique du crime n'en est encore qu'à ses débuts et que
nos analyses ne sont pas encore à point. Afin de diminuer les
activités criminelles, beaucoup de gouvernements ont intensifié
leur lutte contre la contrebande. Dans l'article Gangs and Crime Deterrence
ou les gangs et la dissuasion du crime, Marceau et Mongrain (2006) offrent
une explication de l'inefficacité des politiques de dissuasion de la
contrebande. L'explication principale est que la lutte contre la contrebande
fait changer la structure du marché. Ils partent de l'hypothèse
que la production et la distribution de biens illégaux (dans ce cas, les
marchandises illicites) sont contrôlées par des organisations
criminelles qui sont bien constituées. Ils supposent que, pour une
structure de marché donnée, une augmentation de l'effort de
dissuasion peut réduire l'output et augmenter les prix. Les auteurs
utilisent la théorie de la formation de coalitions afin de
déterminer de manière endogène la structure de
marché. Ils commencent avec un cartel qui est fragmenté à
cause de l'effort du gouvernement pour dissuader le crime. Ils arrivent
à obtenir un résultat similaire à celui de Buchanan (1973)
: quand plus de firmes opèrent dans un marché illégal
(quand le marché est plus compétitif), la production augmente et
les prix diminuent. Les résultats montrent une explication de la
faillite de la« war on drugs», ou guerre aux drogues de
l'administration de Reagan en 1980. Cette conclusion découle du fait que
le marché criminel réagit à une plus grande
répression des forces policières.
Sur le même sujet, Rasmussen et Benson (1994), dans
The economic anatomy of a drug war ou l'anatomie économique d'une
guerre de drogue : criminal justice in the common, ou justice criminelle dans
les communes, analysent les effets de cette politique de Reagan et
trouvent que plusieurs criminels en prison ont été consommateurs
de drogues, ce qui indique que non seulement la production et le trafic de
drogue sont un problème, mais que les consommateurs aussi sont des
criminels potentiels.
Les économistes ont donc examiné plusieurs
marchés du crime, de manière séparée dans la
plupart des cas. Par exemple, Jeffrey A. Miron, dans l'article Violence and
the u.s. prohibitions of Drugs and Alcahol, ou violence et les prohibitions des
dogues et alcools aux usa (1999), approfondit la relation entre les
prohibitions de drogue et d'alcool avec la violence en utilisant
l'évolution du taux d'homicides aux États-Unis. Le
résultat le plus important est que des mesures plus
sévères de prohibition sur la drogue et l'alcool est
associé avec une augmentation du taux d'homicide. L'analyse
suggère que cette corrélation positive reflète une
relation causale entre les mesures de prohibition et la criminalité.
Miron, dans un deuxième texte Violence, Guns and
Drug, ou violence, fusils et drogues : A Cross Country Analysis ou une
analyse de Cross country (2001), analyse l'efficacité des
politiques de contrôle des drogues et des armes à feu. Il part de
l'hypothèse que les différences dans les mesures de
contrôle des drogues à travers les pays sont des
déterminants du niveau de violence. Ce résultat suggère
qu'une prohibition plus stricte explique une partie des différences en
termes de violence à travers les pays. La différence dans le
contrôle de propriété des armes à feu est
corrélée avec la violence, mais n'est pas la cause de la
violence. Cependant, les législations restrictives sur la
propriété des armes à feu sont une cause de violence.
Dans l'article Trafficking in Persons, ou traite des
personnes : an issue of human security, ou un problème de
sécurité des hommes (2003), Michele A. Clark fait un survol
du problème en identifiant les facteurs qui donnent
naissance au trafic des personnes, principalement d'enfants et de femmes.
Parallèlement, elle examine quelques réponses des
différents gouvernements en différentes situations (pays
d'origine, de transit ou de destination). La proposition principale de son
travail est d'implanter des restrictions plus sévères de
contrôle sur le mouvement des personnes afin d'éradiquer le
problème.
Nuno Garoupa, dans l'article Optimal law enforcement and
criminal organization, ou organisation d'application optimale des lois
pénales (2006), analyse les conséquences de la production
légale par les organisations criminelles. La conclusion principale est
que les restrictions plus sévères réduisent la dimension
des organisations criminelles, mais la diminution dans la taille des
organisations criminelles les rend plus efficaces dans leurs activités.
Des firmes plus petites sont plus faciles à diriger ce qui a comme
conséquence que leurs erreurs sont moins importantes. La
probabilité de détecter les failles des organisations criminelles
de petite taille est donc plus faible. Kugler et al.
(2004), Organized crime, corruption and punishment, ou
crime organisécorruption et sanctions, analysent un
modèle sous la structure
d'oligopole dans lequel les organisations se font concurrence
dans les activités criminelles et collaborent pour la corruption des
agences de justice afin d'éviter d'être punis. Si la politique
contre des organisations criminelles augmente, le résultat contraire est
obtenu à cause de l'augmentation de la corruption et du crime. Un effort
plus important est corrélé avec une augmentation de la corruption
des agences de justice. Dans l'article Oligopolistic Competition in Illegal
Markets ou concurrence géopolitique sur les marchés
illégaux, Fiorentini et Pelzman (1997) analysent les firmes qui
participent à la production de biens et de services illégaux. Ces
organisations investissent des ressources importantes pour commettre des
activités violentes ou corrompre le système des lois. Les auteurs
considèrent des modèles où les firmes agissent de
manière non coopérative dans la production mais coopèrent
contre les politiques de dissuasion. D'après Fiorentini et Pelzman, la
relation entre la quantité de ressources investies en violence et en
corruption est complexe. Elle dépend des anticipations que les firmes
criminelles font sur l'effort des agences de justice pour réduire la
production de biens et de services illégaux. Les
investissements dans l'effort pour dissuader les activités criminelles
peuvent générer différents effets en fonction des
mécanismes qui produisent l'équilibre de marché (Bertrand
ou Cournot). Donc on peut constater que le crime provoque des
externalités qui ont un coût social important. Ainsi, il
peut-être souhaitable de déterminer des moyens pour réduire
la consommation des biens et des services produits par les organisations
criminelles. Toutefois, la majorité de la recherche faite s'est
concentrée sur l'impact des politiques de dissuasion, sur la structure
de marché et sur le comportement des organisations criminelles. Mais il
est important de s'intéresser à la quantité de violence
dans le contexte de politiques de dissuasion différentes afin de
découvrir un bon moyen de dissuader le crime. Cet article se distingue
des analyses précédentes de plusieurs façons.
Premièrement, le modèle d'oligopole de base est utilisé
pour déterminer les quantités produites et les profits des
organisations criminelles sous différentes politiques de dissuasion.
Deuxièmement, nous utilisons une fonction de succès de concours
(fSC) pour modéliser la concurrence entre les firmes criminelles afin de
déterminer la quantité de violence par (I) firme et (II) dans
l'économie. Finalement, le modèle détermine le nombre de
firmes prêtes à entrer dans le marché du crime en utilisant
une distribution uniforme d'un coOt fixe d`entrer.
Les résultats, dans le cas de politique de dissuasion
sur l'offre, sont semblables à ceux de Buchanan (1973), Marceau et
Mongrain (2006), Miron (1999, 2001) et Garoupa (2006). Cependant, les
mécanismes et la structure de marché sont différents. Nous
comparons finalement différents niveaux de violence suite à
l'application de politiques de dissuasion sur l'offre et sur la demande. Nous
trouvons que les politiques de dissuasion appliquées sur la demande
auraient des résultats plus
satisfaisants que les politiques sur l'offre, plus
communément utilisé. La contrebande fait donc partie des
criminalités économiques et voila un thème qui ne manquera
pas de rappeler à certains chercheurs la parution, il y a vingt ans d`un
numéro de la revue qui s`intitulait alors Affaires et
criminalité au QUEBEC.
La contrebande est un ensemble d`actes criminels
économiques au pluriel, car les écrits rassemblés dans ce
cadre rendent compte de formes de délinquance qui, si elles s`inscrivent
toutes dans le cadre de relations ou activités économiques, sont
assez différentes les unes des autres.
Cette nouvelle incursion dans le monde de la
délinquance économique nous situe bien évidemment
très loin de la criminalité sulfureuse et violente que les medias
à sensations aiment à relater. Elle nous fait notamment
pénétrer dans le monde des échanges commerciaux.
Si ce monde délinquant semble jouir aujourd`hui d`une
certaine considération dans le public, il a autrefois été
peu recommandable et malfamé.
Mercure n`était-il pas à la fois le dieu des
voleurs et des marchands. Ce père de la démocratie occidentale,
qu`est ARISTOTE6 voyait dans le commerce une activité
que l`on ne pouvait exercer sans manquer aux exigences de la justice, une
activité qui n`à point de terme où puisse s`arrOter la
cupidité.
Pour le philosophe, le commerçant était à
ce point indigne qu`il ne trouvait pas judicieux de lui reconnaître les
droits et les responsabilités politiques incombant, dans la cité,
aux citoyens libres.
6 ARISTOTE, la politique, PARIS, DENOEL, GONTHIER PUF,
1980, P32
Si les propos d`ARISTOTE peuvent sembler quelque peu
excessifs, ils nous incitent toujours à nous intéresser au monde
des activités économiques afin de chercher à savoir si ce
monde est plus criminogène que les autres et, dans l`affirmative dans
quelle mesure.
Parler de contrebande, c`est consentir à porter
attention sur d`autres délinquants que ceux que suscitent dans le public
toute la gamme des sentiments se situant entre la haine et la pitié.
C`est aussi se pencher sur d`autres délinquants que ceux qui inspirent
aux professionnels de l`intervention, leurs désirs d`aider,
d`éduquer, de socialiser, de réintégrer, de soigner, bref
de traiter.
Dans le spectre des phénomènes criminels, la
criminalité économique se situe à cette
extrémité où la majeure partie des comportements
délinquants sont, à l`instar d`innombrables comportements
respectables, motivés par l`envie de s`enrichir, par l`aspiration
à plus de bien Otre, par le goUt d`un certain luxe, par le souci
d`améliorer ses conditions matérielles ou par la quête de
plus de sécurité.
Des auteurs de ces crimes, il est requis plus de
qualités que de tares ; il leur faut notamment de l`imagination, de
l`ingéniosité, des connaissances techniques informatiques,
bancaires, commerciales, etc., du savoir faire, de l`expérience et pas
mal d`intelligence pour réaliser leur crime.
Plutôt que d`attirer sur eux du mépris, de la
pitié, de la haine ou de la condescendance, les délinquants
contrebandiers ou économiques suscitent souvent dans leur entourage ou
dans le public de la compréhension et de la complaisance. Certains
crimes économiques liés à la contrebande valent même
à leurs auteurs de recevoir des signes d`approbation et d`admiration.
Quant aux traitements qu`il serait
envisageable de proposer aux contrebandiers, ils ne semblent pas
répondre à un besoin impérieux.
La contrebande demeure donc d`autant moins connue qu`elle est
peu spectaculaire, peu menaçante, difficile à saisir et donc
moins dérangeante. Cela dit, il est vrai que cette criminalité,
qui a naguère fait les manchettes n`est plus aujourd`hui sous les feux
de la rampe. Il peut donc sembler moins évident d`en parler maintenant
qu`il y a vingt ans. A l`époque, la criminalité à col
blanc se voyait vouer beaucoup d`attention de la part de l`ONU et du conseil de
l`EUROPE7. Elle faisait grandement parler d`elle tout aussi
bien dans les milieux scientifiques que politiques et de ceux medias
d`information.
La criminalité contrebandière, qu`elle soit ou
non imputable aux milieux d`affaires, reste toutefois un
phénomène aussi vaste que réel. Dans ses formes les plus
bénignes, elle est le fait d`un nombre considérable d`individus
et d`entreprises.
Il suffit de songer à la fraude fiscale ou à la
fraude de l`assurance. Dans ses formes les plus aiguës, elle porte parfois
sur des sommes énormes. Sous un angle rigoureusement juridique, la
contrebande est un domaine en expansion, puisque de nouvelles infractions ont
encore été introduites, ces dernières années, dans
l`arsenal des interdits pénaux occidentaux. Que l`on songe notamment au
délit d`initiés. Bien qu`étant moins « au goût
du jour» qu`il y a vingt ans, la criminalité contrebandière
continue de susciter un intérêt certain dans les domaines
scientifiques et gouvernementaux.
A vrai dire, il s`agit d`un intérOt plus sélectif
qu`autrefois, en ce sens que les décideurs et les chercheurs
contemporains s`attaquent plutôt à des
7 J. RICO. In affaires et criminalités au QUEBEC,
criminologie, MONTRÉAL. Pum, 1977, p 5
formes ou aspects particuliers de cette criminalité
qu`au phénomène dans son ensemble. Pensons par exemple, aux
efforts scientifiques et politiques déployés ces dernières
années sur les problèmes liés au blanchiment d`argent et
à la corruption. C`est ainsi que le dernier congrès de la
société de défense sociale en novembre 1996, fut
consacré à la corruption. La criminalité économique
qui englobe la contrebande est un vaste phénomène polymorphe dont
l`ampleur des effets est d`une portée sociale importante. En effet,
outre qu`elle affecte dans leurs intérêts économiques un
nombre considérable d`assurés, de contribuables, de consommateurs
ou d`agents économique de toutes sortes, elle est ultimement de nature
à occasionner des dommages moraux ou immatériels comme, c`est
notamment le cas de la fraude fiscale dans certains pays, où la
corruption, est réputée très rependue et peu
réprimée. Ainsi elle érode les liens de confiance et de
loyauté dont dépend directement la survivance des grands contrats
juridiques et politiques sur lesquels est fondée l`organisation
sociale.
La contrebande reste d`autant plus digne d`intérOt que
de nombreuses questions relatives aux réactions à lui opposer
restent âprement débattues. On peut citer par exemple la nature
des peines devant être infligées aux entreprises. Cette
criminalité requiert que soient élaborées des politiques
criminelles originales à la réalisation desquelles les secteurs
privés et publics sont condamnés à collaborer si l`on
entend déployer contre elle des stratégies peu cohérentes
et fonctionnelles. Ici nous songeons prioritairement à la mise en place
de moyens de prévention et de détection du crime.
Une telle collaboration semble d`ailleurs de plus en plus
incontournable en cette époque ou la demande en
sécurités et protections de toutes sortes va en augmentant de
façon importante. Pour souci d`équilibre,
nous allons retenir deux textes qui sont résolument de
nature empirique et deux autres textes plus spéculatifs. Ainsi donc sur
le plan théorique, il nous apparaît utile de retenir des articles
présentant des perspectives différentes.
L`exclusivité de notre propos n`a en effet
été concédée, dans cette thèse ni aux
approches dites du passage à l`acte, ni à celle de la
réaction sociale. Si nous avons préféré à
l`appellation de « contrebande» celle de criminalité
économique, c`est parce que nous ne souhaitons pas nous restreindre
à la criminalité des animateurs de l`économie
privée. Nous entendons de signer ainsi l`ensemble des crimes contre les
biens qui sont commis sans violence, mais par quelque astuce ou tromperie ou
encore par l`abus d`une position de puissance ou d`influence, en vue d`un
profit. Nous ne visons pas ici les infractions commises dans le contexte
d`activités ou d`organisations illicites par nature, mais uniquement des
activités qui se déroulent dans un contexte, une structure, des
entreprises fondamentalement légitimes et conformes à l`ordre
juridique. C`est là une notion du crime de la contrebande qui s`inspire
largement des définitions classiques d`auteurs comme REISS et BIDERMAN
ou Sparks8.
C`est aussi une définition forte proche de celle que,
dans sa contradiction, LAUREEN SNIDER nous propose du crime en col blanc. Le
WHITE COLLAR crime ayant toutefois été défini pour la
première fois par Sutherland, il nous semble nécessaire de
prendre nos distances de l`appellation, la raison en est que la notion
Sutherlandienne était fort
8 A.J. REISS/ A.D. BEIDERMAN, DATA sources on white.
Collar law breaking, WASHINGTON, DC,
NIJ.US. DEPARTEMENT
OF JUSTICE, 1980 PP4 ET 55. R.F. SPARKS. [WHITE COLLAR CRIME D.C, US
GOVERNEMENT PRINTING OFFICE, 1979 PP 166 ET 55
restrictive, puisque le crime en col blanc était, par
définition l`apanage des membres des hautes sphères de la
société.
Aussi le souci d`échapper à cette restriction
nous conduit-il à préférer la notion plus vaste, de crime
économique dont la contrebande en fait partie, les textes retenus
contribuent d`ailleurs à démontrer qu`outre la criminalité
économique de haut vol ou de contrebande, il existe une
criminalité économique « démocratique » qui
reste à la portée d`individus sans qualité ou position
exceptionnelle et qui est, le fait, pratiquée par un large
éventail de délinquants.
Dans cette matière, les sociétés,
qu`elles soient publiques ou privées tient une place de choix. Si ce
n`est celui d`auteur du crime, les entreprises peuvent également jouer
le rôle d`instrument du délit « d`écran» ou
encore celui de victime. Les articles retenus donnent d`ailleurs un
aperçu de la pluralité des implications corporatives en
matière de crimes économiques liés aux activités de
contrebande.
C`est en particulier l`article de L.SNIDER qui traite le plus
abondamment des problèmes que pose la délinquance des
entreprises, sans se cacher de ses convictions et de ses
préférences idéologiques. L.SNIDER dénonce la
dérégulation de l`économie. Déplorant
l`étroite interdépendance existant actuellement entre
l`économie privée et l`Etat.
Elle constate que celui-ci est de moins à mOme
d`infliger des sanctions aux entreprises. L.SNIDER relève en particulier
à quel point la réglementation et le contrôle par l`Etat
des activités dangereuses et dommageables des entreprises sont remis en
question par les théories du risk management.
Elle nous livre enfin bien des raisons de regretter que les
gouvernements en général lâchent toujours davantage la
bride des entreprises. Compte tenu de la mondialisation galopante les
échanges économiques et de la criminalité à
laquelle elle donne lieu, il nous a paru utile de retenir un article qui
évoque la dimension internationale de certaines formes de contrebande,
en l`occurrence le blanchiment d`argent. Dans ce texte, Michael Levi,
démontre en particulier à quel point il est difficile pour la
communauté internationale d`arrêter, en matière de
blanchiment une politique criminelle concertée susceptible d`être
appliquée dans des contextes nationaux très différents et
de présenter les mêmes ratios avantages, inconvénients pour
chacun des Etats participants.
L`auteur évoque en outre l`importance que revêt
la collaboration du secteur privé notamment des entités
corporatives bancaires et financières, en matière de lutte contre
la contrebande et le blanchiment.
MARC ALAIN présente une activité criminelle
lucrative ; la contrebande des produits du tabac, on peut d`abord douter
qu`elle mérite d`être assimilée à de la
criminalité économique au sens ou nous l`avons défini.
Ensuite s`il est vrai qu`une forte proportion des contrebandiers n`a que des
activités illicites et qu`à cet égard ils ne sont pas
partie prenante de l`économie légitime, il demeure que les
contrebandiers dépendent très directement des fabricants de
produits licites par exemple, les cigarettes. A cet égard, les
contrebandiers permettent en fait à ces acteurs officiels de
l`économie que sont les fabricants de satisfaire le plus grand nombre
possible de consommateurs, surtout ceux pour qui les taxes sur la marchandise
constituent une entrave.
MARC ALAIN fait d`ailleurs très utilement la
différence entre l`offre de marchandises de contrebande et la
demande. Laquelle dépend
notamment du gouvernement et de ses politiques fiscales, mais
aussi des rapports entre le citoyen et l`Etat.
Alors le sujet traité par Marc Alain a une dimension
internationale, le texte de LUG VALLEE et de Stéphane Dupuis porte sur
une criminalité clairement circonscrite dans un espace urbain (exemple
de MONTREAL). Il s`agit en l`occurrence de fraude à l`assurance et, pour
Otre précis, de frauder à l`assurance pour incendie
volontaire.
Le choix des contributions que nous avons fait ici n`est
certes pas de nature à rendre compte de toute l`étendue du champ
sur lequel nous nous engageons. Il peut toutefois nous en donner un
aperçu, illustrer par la diversité des criminalités que
l`on peut qualifier d`économiques et nous offrir un petit
échantillon des différentes approches méthodologiques
pouvant être mises à profit dans ce champ.
Il nous a enfin permis d`accorder à la production
criminologique empirique une part respectable de cette thèse.
Après un examen de la documentation criminelle, on
remarque que seuls quelques documents portent directement sur la contrebande
comme une manifestation d`un crime organisé et dans lesquels on
mentionne par exemple, le commerce de contrebande à AKWESANE JAMIESON,
(1999 p256-272) ; Jamieson et al, (1998, p245-272) ; Jamieson et al ; (1998
p285-319). Ailleurs, des auteurs comme BEARE portent brièvement leur
attention sur le sujet, mais l`approfondissent rarement de façon
significative (BEARE, 1998).
On peut étendre la portée de la présente
recherche en examinant les documents qui traitent spécifiquement de la
contrebande dans certaines collectivités par exemple, les
communautés Mohawks de KAHNAWAKE, KAHNESATAKE ou AKWESANE, comme l`uvre
de HORNUNG, (1991). A l`exception de ce dernier ouvrage, qui découle du
mémoire de
doctorat de l`auteur, ces sources sont des recueils de
l`expérience de journalistes qui ont fait la chronique des conflits et
l`activisme politique dans les collectivités Mohawks.
Bien que les livres que produisent les auteurs actifs dans les
medias soient souvent instructifs et convaincants, il importe de ne pas oublier
qu`ils renferment peu d`exposés clairs, voire aucun, des méthodes
appliquées dans la conception ou la réalisation des recherches.
En l`absence de détails sur les modèles de collectes des
données et de structures d`entrevue, entre autres, on ne peut dire en
toute certitude la mesure dans laquelle ces conclusions sont dignes de foi ou
généralisables et, par conséquent, on doit utiliser les
sources journalistiques avec prudence et réserve. Il faut
également tenir compte du fait que le but des recherches journalistiques
est fort diffèrent de celui des recherches en sciences sociales.
Cela étant dit, on peut ajouter une ressource
supplémentaire à une gamme très restreinte d`ouvrages de
recherche grace à l`utilisation prudente des livres écrits par
les journalistes. On peut aussi y ajouter des articles de journaux et de
revues, qui sont relativement nombreux, mais comme ouvrages populaires
journalistiques, ils sont d`une utilité limitée pour les
recherches sociales.
Dans l`ensemble, la société savante ne semble
porter qu`une attention limitée au phénomène de la
contrebande en général. L`attention accordée à la
contrebande au sein des groupes sociaux semble, quant à elle, quasi
inexistante. Par contraste avec l`importance, de l`attention portée au
conflit social avec la loi en général, et plus
particulièrement à la surreprésentation des
délinquants dans le régime de la justice pénale, le crime
contrebandier n`est tout simplement pas un sujet qui a été
examiné de manière significative, ni comme
élément du conflit avec la loi, ni entant que facteur participant
à la surreprésentation. Et bien qu`en matière de justice,
on accorde une place remarquablement importante à la justice
répressive et réparatrice, il ne semble pas qu`on ait
étudié de mesures répressives ou réparatrices pour
ce qui est de la contrebande. Cela est peut être attribuable, du moins en
partie, à la tendance des programmes de justice répressive ou
réparatrice à se limiter aux actes criminels de nature
relativement bénigne, ce qui n`est pas le cas de la contrebande. C`est
aussi sans le moindre doute une manifestation du manque général
d`attention à l`égard de la contrebande en tant que sujet
d`étude. Aussi, de toute évidence, il est urgent de diriger
davantage l`attention des chercheurs sur le phénomène croissant
de la contrebande ainsi que sur l`examen du potentiel que représentent
les programmes les plus novateurs au chapitre des initiatives de justice
répressive mais surtout réparatrice.
De fait, il convient de remarquer que, bien que
l`intérOt de la recherche pour le sujet de la surreprésentation
ne se soit manifesté que depuis 25 ou 30 ans, on a produit, grâce
à cet intérêt, une quantité remarquable de
données d`analyses.
En même temps, la recherche sur la contrebande est
réputée pour avoir eu ses origines dans les années 60, et
a donné lieu à remarquablement peu de données et
d`analyses et mOme à notre époque ou les enjeux sont des «
sujets populaires », pratiquement aucune recherche n`a été
faite en profondeur soit sur des formes particulières de déviance
que pourrait être assignées à la catégorie de la
contrebande, ni aucune analyse cohérente des activités comme ce
commerce illicite dans le paradigme du crime. C`est d`autant plus remarquable
lorsque l`on pense que la contrebande est devenue manifeste en des endroits
comme le
district d`Abidjan, situé dans la région des
lagunes de la Côte d`Ivoire, alors mOme que l`intérOt pour le
domaine de la recherche de la criminalité contrebandière et des
conflits avec la loi s`est tellement aiguisé. Comment se peut-il, que
cet aspect du champ plus vaste ait pu être négligé et
quelles en sont les implications pour les enjeux comme la
surreprésentation ou l`avenir de la politique de justice pénale.
Bien que l`on reconnaisse la difficulté de documentations, la recherche
donne à penser qu`il faut comprendre la contrebande comme un processus
ou une méthode permettant de commettre des types particuliers d`actes
criminels « BEARE, 1996, 14-15 ; STAMLER 2000, 431-432 » plutôt
que comme un type particulier d`activité criminelle. La forme
d`organisation démontrée par les personnes qui s`adonnent
à l`activité illégale semble constituer un
élément essentiel de ce processus. Cependant, les débats
tournent beaucoup autour du degré d`organisation et de ses objectifs mis
en évidence dans différents types d`activités criminelles
organisées. En général, les débats semblent
être alimentés, aux deux extrêmes, par ceux qui comprennent
le phénomène en le comparant à un modèle de
réseau « SCHLOENHARDT, 1999, 214 ».
Les tenants du modèle ou de cette théorie
d`entreprise considèrent que la contrebande est dotée d`une
structure d`entreprise centralisée, hiérarchique et
bureaucratique « SCHLOENHARDT, 1999, 214 ». Bien que cette conception
semble avoir dominé une bonne partie des premiers travaux
réalisés dans le domaine, des recherches plus récentes
semblent indiquer qu`on attribue peut Otre à tort des structures
organisationnelles hiérarchisées et hautement rigoles aux groupes
du crime englobant la contrebande « COSA NOSTRA OU MAFIA9».
9 Réseau d'associations secrètes de gens
unis par des intéréts illicites communs. [PETIT LAROUSSE,
1983]
Cette position est cohérente avec l`existence d`un
modèle de réseau de la contrebande qui présente la
structure de groupes de contrebande comme le fait d`organisations
diversifiées et décentralisées ou les relations entre les
principaux acteurs sont définies horizontalement " SCHLOENHARDT, (1999,
p214) >. Ici, les chercheurs comme Haller, ont suggéré que bon
nombre des organisations pouvant relever de la contrebande ressemblent
davantage à des ensembles de partenariats qu`à des organisations
complexes " Haller, (1990, p229)>. ALBINI semble d`accord avec Haller et
fait remarquer qu`en dépit de ses caractéristiques rationnelles
certaines, il est juste de décrire le groupe de contrebandiers ou le
groupe cartellaire comme un " système souple de relations entre patrons
et clients ou de relations hiérarchiques comme la manifestation d`un
système rigoureusement organisé et bureaucratique > Albani,
(1998, p 350).
La théorie de la famille criminelle hautement
organisée et strictement réglementée est plus souvent
associée à Donald CRESSEY, (1969).
Margaret BEARE laisse aussi entendre dans son ouvrage qu`il
est de plus en plus probable qu`il s`agisse théoriquement d`une
organisation à structure horizontale plutôt que
hiérarchique, mais elle nuance ses propos en présentant
l`hypothèse selon laquelle les structures de la criminalité
contrebandière tendront à varier en fonction des activités
visées BEARE, (1996, p15). Toutefois, malgré ces distinctions,
madame BEARE constate que les opérations criminelles
contrebandières partagent généralement trois
caractéristiques essentielles ;
Une structure qui permet l`élimination et le remplacement
des contrebandiers sans mettre en péril la viabilité de
l`activité criminelle.
Une activité criminelle marquée par la
préparation constante de complots criminels c'est-à-dire une
activité criminelle constante et répétitive plutôt
qu`un ou deux actes criminels commis pour le profit.
La capacité d`opérer par la corruption politique ou
le potentiel de violence ou les deux « BEARE, (1996,) ».
Bien qu`on ne puisse vérifier la valeur
théorique de ces caractéristiques qu`en tentant de les appliquer
dans le monde réel, il conviendrait peutOtre de mentionner quelques
corollaires avant d`aborder le modèle de BEARE.
Madame BEARE propose en théorie que l`une des
caractéristiques communes de la plupart des groupes modernes de la
contrebande est leur capacité à éliminer et à
remplacer le personnel dans les relations liées à des
activités contrebandières répétitives. Selon toute
vraisemblance, lorsqu`il s`agit de ce genre d`activités, surtout si
elles sont commises dans de petite collectivité comme celle de la
région des lagunes de la cote d`ivoire et dans un domaine comme celui de
la contrebande de produits à petite échelle, où les
partenaires potentiels sont peu nombreux, le choix de remplaçants semble
limiter et la tendance à éliminer et à remplacer les
partenaires pourrait constituer une pratique douteuse bien qu`elle le soit
moins si elle vise à masquer les activités de quelqu`un. Dans la
mesure où des commentateurs comme Haller ou ALBINI ont raison, il semble
logique de suggérer qu`au moins une partie des partenariats ou des
relations patron client assurant le fonctionnement de l`organisation
dépendront, jusqu` à un certain point, de la personnalité
du sujet. C'est-à-dire que les gens ne s`engageront dans des complots
criminels qu`avec les personnes qu`ils croient connaître et auxquelles
ils estiment pouvoir faire confiance. Les risques inhérents au
remplacement peuvent prendre des dimensions
intéressantes dans un contexte comme celui de la
région des lagunes de Côte d`Ivoire, ou le commerce de contrebande
semble fonctionner à l`interne grace à des réseaux
subordonnés à des obligations ou à des contraintes
créées par les liens de parenté et à des
partenariats établis entre personnes non apparentées
fondés sur la communauté d`intérOts économiques et,
à divers degré, à des positions stratégiques ou
politiques essentielles à la réussite des partenariats.
Cependant, il est peu probable que la théorie de BEARE,
s`intéresse à la mesure dans laquelle ces complots et les
activités qu`ils permettent et favorisent nécessitent la
complicité de la classe politique ou d`agents dans l`application de la
loi. Or c`est là que réside le véritable problème
de la contrebande. Comment rendre le contrôle social plus efficace ? En
l`occurrence : comment rendre très efficace les services de police, les
services de justice, ou tout autre service administratif engagé dans la
lutte contre la contrebande ?
III-2- Cadre de référence
théorique
On élabore une théorie scientifique afin de
rendre plus explicite le travail. Ainsi la théorie est définie
par le professeur MBAYA comme « une présentation cohérente
et logique d'un ensemble des lois et principes rattachés à un
phénomène global saisi dans la diverse
particularité.»
Sans une théorie explicative, la vie en
société serait toujours à un stade traditionnel, il serait
impossible de voir clair dans la façon de voir les choses en
société et d'exprimer nos besoins. Pour rendre claire
l`idée de la thèse, on défini la théorie avec
Foulquier G comme « une construction intellectuelle par laquelle un
ensemble des lois particulières sont rattachées à un
principe qui les expliquent, les justifient et elles peuvent être
réduite logiquement » Cette définition, disons lorsqu'on
parle d'une théorie scientifique il y a les éléments
ci-après :
- Elle est par nature le résultat d'une recherche,
d'une observation systématique et méthodique sur le
phénomène de même nature ou sur le fait global ;
- Elle doit être vérifiable par d'autre et
communicable ; - Elle part d'un fait et explique le fait ;
- Elle s'exprime en de terme clair, précisant
ambiguïté et cela défini à l'avance.
Dans le cadre de ce travail on a fait appel aux théories
fonctionnalistes
=`Ce sont, les théories dans ce cas précis de la
recherche les plus appropriées dans les explications du
phénomène de dysfonctionnement économique comme la
contrebande, la fraude et la corruption etc., aux théories de la
régulation et certaines théories socio criminelles du crime afin
de rendre plus scientifique l`étude.
Ces différentes théories portent un
intérêt sur les motivations des individus, sur leurs besoins, au
détriment de questions plus fondamentales telle que la survie de la
société son adaptation à l'évolution. Il n'y a pas
que les hommes qui ont des besoins, tout système a des « besoins
» et c'est en fait ses membres qui ajustant leurs comportements en
conséquence. Ce qu'il faut expliquer, c'est comment fonctionne ce
système, c'est comment s'ajustent les comportements des uns par rapport
aux autres. La question des fonctionnalistes n'est donc pas celles des
individus dans l'organisation, mais celle de la survie de l'organisation dans
un monde qui change et de la façon dont s`adaptent les personnes. Ce qui
est vrai pour l'individu est aussi vrai pour les structures. Elles sont une
réponse aux attentes, à ce que la société demande
en traduit en termes de valeurs.
1-Les théories fonctionnalistes
Elles interprètent la contrebande comme un
phénomène de
dysfonctionnement du système socio-économique ;
ou des personnes profitent de l`économie et de la société
sans y apporter en retour quelque chose dans son équilibre
fonctionnel.
Jean-Louis Rocca reconnaît la nature systémique
de la contrebande, mais souligne son caractère fonctionnel, qui permet
de surmonter un marché segmenté et de redistribuer les profits
parallèles au niveau local, au niveau de l`unité de travail ou
à travers les réseaux traditionnels des relations. « Pour
les officiels, la contrebande est le prix à payer afin de gagner le
respect de leur pouvoir et de maintenir des relations
néotraditionnelles. » IL serait essentiel pour les cadres de
redistribuer l`ensemble ou une partie des profits de la contrebande, afin de
couper court à d`éventuelles dénonciations de leurs
subordonnés ou de leur clientèle. La lutte contre la contrebande
est elle-même aperçue sous l`angle instrumental ! Les
autorités centrales tentant de canaliser le mécontentement
populaire par rapport à la contrebande. Une lutte réelle contre
la contrebande menacerait la croissance économique fondée sur
l`informalité, sur « la superposition entre le public et le
privé, le politique et l`économique, le légal et
l`illégal, le légitime et l`illégitime ».
La contrebande est ainsi envisagée comme un mode de
régulation du processus de transition où le pouvoir est
censé instrumentaliser la contrebande en « corrompant » tout
le monde, du haut en bas de l`échelle, dans la sphère
économique de l`utilité, et instrumentaliser la lutte contre
celle-ci afin de régler les comptes entre diverses factions dirigeantes.
Ce point de vue à la fois fonctionnaliste et culturaliste est
utile pour comprendre la tolérance publique
vis-à-vis de la contrebande, mais il doit Otre articulé avec ses
enjeux économiques si l`on veut comprendre la dynamique du
phénomène. Entre la contrebande « blanche »,
liée à l`économie informelle et universellement
acceptée, et la contrebande « noire », impliquant le trafic
d`influence et universellement condamnée, il existe en effet toute une
zone de corruption « grise » impliquant l`échange
indirect de pouvoir contre de l`argent, qui favorise l`économie
spéculative avec la participation active des ménages ne
possédant pas de pouvoir politique (le marché boursier est le
principal véhicule de ce phénomène et la correction des
cours pourrait révéler brutalement qui sont les éternels
gagnants du grand jeu). Il existe, à l`évidence, un certain
degré de corruption indispensable pour légitimer les pratiques
informelles et illégales, mais il ne faut pas perdre de vue que les
profits de la contrebande suivent la pyramide hiérarchique, qu`ils sont
très concentrés, comme le montre la concentration de
l`épargne privée, tandis que ses coûts sont dilués
dans l`ensemble de la société. Si l`on s`en tient qu`à la
sphère de l`utilité, il est clair que l`opinion publique ne
réagit pas tant que la dilution des coûts semble
légère au regard des bénéfices de la croissance
économique Cf. Yves Mény, dans La Corruption internationale,
colloque (...)
La contrebande est ainsi perçue comme le prix
inévitable du dynamisme économique dans la période de
transition, mais quand ses coûts en viennent à excéder ses
bénéfices, il faut s`attendre à de fortes
réactions.
L`analyse fonctionnaliste de la contrebande est souvent
mOlée à des interprétations culturalistes qui tendent
à confiner les Etats à une dimension locale, envisagée
comme le niveau le plus concret de la réalité. Bien que le
processus de transition s`accompagne d`une restructuration des formes de
domination traditionnelles au niveau de
l`unité de travail et au niveau local, à travers
les réseaux de relations et le clientélisme, on ne peut
guère réduire la tradition des Etats à cette dimension,
sans quoi il n`y aurait pas de parti État... En Cote d Ivoire comme
ailleurs, le monopole de la violence et de l`extraction fiscale est
fondé sur la croyance collective ou la prétention d`incarner un
idéal de bien public qui, dans la tradition, prend la figure de
l`administrateur intègre ou de l`empereur vertueux, représentant
l`intérOt public (bonne gouvernance) par opposition aux
intérêts privés (népotisme et
clientélisme). La tradition en Cote d`ivoire, comme toute grande
tradition, est conflictuelle, officielle et non officielle, et plus
précisément, pour le sujet qui nous concerne, locale et
centrale. C`est ce caractère conflictuel qui lui a permis de survivre
à travers les siècles, d`échapper aux pièges de la
centralisation fossilisante ou du démembrement localiste.
La lutte contre la contrebande constitue donc un enjeu
symbolique essentiel en termes de légitimité, sur lequel le
pouvoir ne peut se dispenser d`agir. Or toute action en ce sens, dans le cas
ivoirien, menace une série d`intérOts particuliers
créés par la décentralisation, au nom des intérOts
supérieurs de l`État. Pour comprendre ce point de vue, il faut
entendre la décentralisation au sens large, comme une
délégation du pouvoir économique non seulement à
des autorités territoriales (provinces, préfectures,
municipalités, districts), mais aussi à des monopoles sectoriels
(comme par exemple les corporations d`importexport) et à des
institutions centrales comme l`armée, la police, et le système
judiciaire. Selon l`analyse de Jacques Andrieu, qui fournit de nombreux
exemples du processus de corruption et de criminalisation, la formation d`une
économie communautariste au niveau local, sectoriel et institutionnel
serait responsable de l`extension du phénomène. Dans la mesure
où les identités et l`appartenance à des groupes sont les
seuls critères régulant les relations sociales (les
réseaux familiaux, religieux,
régionalistes ou clientélistes marquant les
limites entre la sphère sociale de la proximité et la
sphère anonyme et abstraite de la citoyenneté), le " bien public
» se présente comme un objet impersonnel et
désincarné, juste bon " à être pris par tout le
monde, puisqu`il n`est attribué à aucune personne, individuelle
ou morale, discernable ». De nouveaux codes de proximité et de
réciprocité abolissent la distinction entre la sphère
publique et la sphère privée, constitutive de l`État
moderne, et contribuent à sa déliquescence. La Côte
d`Ivoire renoue ainsi avec son histoire coloniale, où le problème
de l`État « n`était pas d`étendre sa
souveraineté sur les individus, mais de soumettre des communautés
organiquement liées à son pouvoir et de les faire coexister au
sein d`une entité, la Côte d`Ivoire, qui n`est devenue nationale
que depuis un peu moins d`un siècle ». En d`autres termes, le
problème ne serait pas de construire un réel État moderne,
mais de maintenir sa capacité de régulation sur le processus de
corruption et de criminalisation dirigé par des communautés
décentralisées aussi longtemps qu`il reste économiquement
positif, en évitant les écueils d`un laxisme excessif envers la
prédation ou d`une rigidité bureaucratique tuant la poule aux
~ufs d`or.
Cette vision a l`avantage de clarifier la rationalité
de la corruption et de la criminalisation au niveau décentralisé,
tout en introduisant sa dynamique de régulation (et pas
nécessairement d`instrumentalisation) au niveau central. En insistant
sur la puissance des solidarités familiales, claniques, locales ou au
niveau des unités de travail, sans pour autant la lier à la
redistribution automatique de la majorité des profits parallèles,
ce qui n`est certainement pas le cas, elle permet d`appréhender la
légitimité de la corruption et même de la criminalisation
au niveau local, les solidarités de proximité étant plus
prégnantes que l`abstraction d`une « citoyenneté » par
ailleurs vécue très concrètement comme une
sujétion.
Ce modèle reste toutefois assez statique au niveau
central, l`oligarchie à l`ivoirienne y est envisagé comme un
ensemble monolithique incapable de s`adapter à des situations nouvelles.
La flexibilité étant réservée à
l`échelon local. En réalité, la situation est beaucoup
plus conflictuelle et ouverte. D`une part, le processus d`appropriation et mOme
de pillage des actifs publics ouvre la voie à une compétition
féroce entre diverses institutions et chasseurs de rentes, tandis que le
problème de la contrebande, comme on l`observe ailleurs, peut Otre
instrumentalisé à un niveau sans précédent dans la
compétition politique entre diverses factions dirigeantes. D`autre part,
l`appareil d`État central ne peut être totalement corrompu et
criminalisé, sans quoi sa légitimité serait ouvertement
mise en cause par des pouvoirs locaux liés au crime organisé.
Pour comprendre la structuration de nouvelles formes de «
légitimité criminelle », il faut revenir sur la relation
entre le pouvoir central et les pouvoirs locaux, qui s`avèrent
historiquement décisive dans la formation des mafias. Comme le montre
l`exemple de l`Italie du Sud, le pouvoir central délègue
officieusement une part de sa souveraineté à des élites
traditionnelles et clientélistes, qui tout en assurant de concert avec
les autorités officielles les tâches d`arbitrage et de maintien de
la loi et de l`ordre, Cf. Pino Arlacchi, Mafia et Compagnie : l`éthique
mafiosa...
Ce modèle est souvent pertinent pour les
sociétés démocratiques comme le Brésil, avec le
trafic de cocaïne dans le bassin amazonien Cf. les rapports de mission de
Christian Geffray (ird), mais il peut atteindre des dimensions
systémiques dans certaines sociétés d`Asie du Sud-Est en
voie de démocratisation. Carl A. Trocki a montré que la politique
locale en Birmanie, en Thaïlande et aux Philippines est ou a
été dominée par des individus violents, meurtriers ou
assassins par procuration, « des
gangsters assez particuliers... impliqués dans la
drogue, la prostitution, le jeu et l`extorsion Cf. Carl A. Trocki, Ed.,
Gangsters, Democracy and the State ou délinquants, démocratie et
Etat. La Côte d`Ivoire en général et le district d`Abidjan
en particulier, semblent assez loin de ce cas de figure où les criminels
pourraient accéder au pouvoir, mais par contre assez proche de la
situation inverse, où le pouvoir, et spécialement le pouvoir de
coercition, donne accès aux profits du crime.
Avec la reconversion idéologique de la bureaucratie
vers le nationalisme, et sa reconversion économique par l`appropriation
et la valorisation des actifs publics, la décentralisation n`a pas
supprimé les monopoles, elle les a démultipliés. Dans leur
nouvelle peau de managers, les autorités locales, les autorités
centrales disposant d`un monopole, ou mOme certaines institutions centrales
comme l`armée, la police armée, la sécurité
publique et le système judiciaire ont tendance à maximiser les
profits des activités économiques sous leur tutelle en limitant
toutes les formes de concurrence. Or la mise en ~uvre d`une réduction
volontaire de la concurrence suppose, l`existence de réseaux
administratifs coercitifs (fiscaux, douaniers, policiers, etc.) souhaitant
tirer profit de cette politique. Ces réseaux assument à la fois
des fonctions de régulateurs, de gardiens et de chasseurs de rentes, et
leur emprise s`exerce aussi bien dans le champ de l`économie illicite et
criminelle.
On peut donc appliquer ce schéma à
l`économie illicite et criminelle en utilisant la classification des
profits souterrains faite dans le célèbre ouvrage de He Qinglian,
Cf. Xiandaïhua de xianjin: dengdaï Zhongguo de jingji...
Les principales sources de profits criminels sont donc la
contrebande, l`émigration clandestine, le trafic de
stupéfiants, la prostitution, le trafic d`Otres humains, le jeu, la
contrefaçon, y compris la contrefaçon de
monnaie et de documents. À la trilogie traditionnelle
des profits criminels qu`on retrouve ailleurs, notamment la prostitution, le
jeu et le trafic de stupéfiants, le district d`Abidjan ajoute la
contrebande, le trafic d`Otres humains et la contrefaçon à son
actif. Bien qu`il soit par définition difficile d`évaluer ces
profits, il est clair que l`économie criminelle s`est
développée à un niveau sans précédent dans
les années quatre-vingtdix, au point de représenter une part non
négligeable de l`économie souterraine.
Ce climat général est favorable à la
"collusion entre les policiers et les gangsters», "les gendarmes et les
voleurs» (que l`on retrouve aux frontières du pays et aux
entrées routières du district, où certains grands
trafiquants ont pu s`entourer de policiers comme complice de leur
activité). En Côte d`ivoire, où l`on peut se procurer
librement des équipements et des uniformes de police de nos jours du
fait de la guerre, cette collusion s`incarne dans les « faux policiers
», souvent dénoncés dans les médias, qui rackettent
les citoyens ordinaires.
Cette situation peut-être due aux effets pervers de la
crise politicomilitaire et de la gestion de l`ordre public, qui a conduit
à la prolifération des milices armées locales, sans parler
du problème du recrutement. La Sécurité publique a
découvert que certains de des nouvelles recrues étaient
auparavant impliqués dans des conflits entre bandes rivales, dans le vol
etc. Et qu`une majorité de jeunes chômeurs avaient
intégré ses rangs sans passer par les procédures
habituelles d`examen. Aussi le gouvernement devrait décider sous peu, de
"remettre en ordre les forces de l`ordre», afin de réduire
l`insécurité et d`améliorer la réputation de la
police, de la gendarmerie et de la douane. Mais cela ne renverse pas
réellement les tendances dénoncées fréquemment dans
la presse. Selon certains Quotidiens, par exemple, <<Ici, un
marché de médicaments de contrebande (Adjamé-Roxy) ,
opérant sans licence est installé pas loin
d`un commissariat à Adjamé>>. A Roxy on
peut parler d`une usine à ciel ouvert de cigarettes, d`alcool de
médicaments prohibés et de diverses marchandises de contrebande.
Les activités de contrebande et de revente des marchandises
illégalement introduites sont menées au grand jour, devant les
départements censés représenter la loi. Ces exemples sont
plus courants. Comme l`explique crûment des agents de la
sécurité publique « Il y a trop d`affaires criminelles
embarrassantes. Et l`on prend trop de risques? si les enquOtes sont
menées sérieusement>>. Ces risques ne sont pas à
prendre à la légère, si l`on s`en tient à la
demande de certains officiels, qui ont souhaité d`une même voix
que les unités chargées de la lutte contre la contrebande et la
corruption par la Cour suprême et celles subordonnées du parquet
soient équipés de gilets pare-balles. On touche ici au cur de la
relation entre contrebande et criminalisation. L`économie criminelle
fournit différents services illégaux à des particuliers.
Elle corrompt afin d`obtenir l`impunité et d`asseoir sa
légitimité, mais elle a besoin de la violence ou de la menace
pour éliminer la concurrence sur les marchés illicites ou
neutraliser la menace de châtiment. La corruption ou la redistribution
des profits criminels, la « promesse d`un bien », selon la
formulation de Christian Geffray, alterne avec la violence ou « la menace
d`un mal » comme moyen indispensable de son développement et de sa
« légitimité » locale.
Mais quand la structure des profits criminels est strictement
régulée par les représentants de l`État à
tous les niveaux, qui disposent du monopole de la violence, le recours à
la violence pour instaurer un monopole territorial sur les marchés
criminels n`est plus indispensable, comme on l`a vu dans la sphère
légale, et le degré de criminalisation peut même
progresser dans un contexte général de pacification des
relations
sociales... à condition de ne pas remettre en
cause la stabilité économique. Dans le cas Ivoirien en
général et du district d`Abidjan en particulier, la trilogie
traditionnelle des profits criminels-trafic de drogues-de marchandises
diverses, jeu et industrie du sexe au sens large n`affecte pas
l`équilibre général, mais on ne peut pas en dire autant de
la contrebande et de la contrefaçon. Les douanes estiment leurs pertes
annuelles dues à la contrebande à 15 milliards de franc Cfa, soit
plus du dixième des importations ivoiriennes, Cf. <<Rapport des
douanes ivoiriennes 2007>>. Mais, selon un rapport plus récent de
2001 à 2008, on a recensé de 420 affaires de contrebande
représentant au total 130 milliards de francs Cfa, un montant qui
recoupe la précédente estimation. Les missions diplomatiques et
commerciales ivoiriennes à l`étranger seraient responsables de
130 cas, évalués à 60 milliards francs Cfa. La contrebande
ne concerne pas seulement les voitures, mais les produits pétroliers,
chimiques, électriques, les marchandises, les équipements divers.
En cinq ans, de 2004 à 2008, certains ministères auraient
importé sans droits de douane 753 véhicules représentant
19 milliards de francs Cfa. Les principaux centres de contrebande sont : pour
Côte d`Ivoire surtout les zones d`entrées frontalières
routières et les voies maritimes. Pour le district d`Abidjan les
différents corridors routiers et les espaces fluviaux.
Les pratiques de la contrebande sont donc liées aux
opérations des certaines sociétés en Côte d`ivoire.
Mais hormis celles-ci, la fiscalité, qui a autonomisé les
sociétés locales en les poussant à réduire leurs
coûts et à augmenter leurs profits, a conduit parfois des
compagnies en difficulté à s`engager dans la contrebande de biens
de consommation ou de production. L`industrialisation de la contrebande a ainsi
créé progressivement les fameux « canaux gris » de
distribution, qui distordent la concurrence à leur profit. Il est
très difficile pour les
opérateurs locaux ou étrangers dans le district
d`Abidjan de les ignorer et de rester à l`écart, quand leurs
concurrents payent seulement 5 % de droits de douane et qu`ils doivent en
acquitter 30 % Cf. revue économique de l`UEMOA, 5 décembre 2006,
p. 63. Avant la crise ivoirienne, ces canaux, qui étaient
financés par la sous facturation des exportations,
réinvestissaient leurs capitaux fugitifs en Côte d`ivoire sous la
forme de « faux investissements étrangers », de façon
à bénéficier des exemptions fiscales et douanières
réservées aux sociétés mixtes. Mais, depuis 1997,
les canaux gris ont été de plus en plus utilisés pour
introduire en contrebande des marchandises d`Asie du Sud-est, de Corée
et du Japon, dont la compétitivité avait été
stimulée par la dévaluation de la monnaie locale (franc Cfa). En
1997, selon des sources officielles, plus de 1000 voitures et motos ont
été introduites en contrebande en cote d`ivoire, soit environ un
quart des ventes des sociétés mixtes étrangères du
secteur automobile. L`extension de la contrebande a affecté des secteurs
entiers de l`économie comme l`automobile, dont les prix ont
baissé de 20 %, l`industrie électronique et l`industrie
pétrolière. La contrebande a exacerbé les tendances
déflationnistes dues à la baisse de la demande et aux
inégalités croissantes, et créé un avantage
compétitif pour les sociétés qui utilisaient les canaux
gris.
L`impact macro-économique des réseaux de
contrebande, fondé sur l`utilisation de nouvelles opportunités
dans un contexte d`impunité durable, nous permet de comprendre
l`interdiction de toutes les activités économiques des forces
armées, de la police armée et du système judiciaire
L`extension de la contrebande et la campagne à laquelle
elle donne lieu, en visant des dirigeants au plus haut niveau, est
finalement la meilleure
illustration des liens entre la décentralisation, la
corruption et la criminalisation.
EN SOMME:
Les interprétations fonctionnalistes et culturalistes
sont certainement utiles pour comprendre l`ancrage et l`acceptation de ces
phénomènes. Mais elles laissent en même temps de
côté ses dimensions politiques et éthiques, qui sont aussi
constitutives de la tradition et de la culture ivoirienne. Ces dimensions
peuvent expliquer le processus actuel de recentralisation, qui concerne
essentiellement la délégation de certains pouvoirs
économiques à des appareils centraux comme l`armée, la
sécurité publique, les douanes et le système judiciaire.
La nouvelle offensive contre la corruption et la criminalisation diffère
des précédentes dans le sens où elle implique une
recentralisation, une affirmation de la souveraineté de l`État
central sur des organes clés qui sont censés incarner son
autorité en coordination avec l`appareil du parti État. Si le
système étatique ivoirien actuel n`offre pas de
possibilité à des criminels (trafiquants,
proxénètes ou contrebandiers) d`accéder à de hautes
fonctions, comme au Brésil, en Thaïlande ou en Inde Cf. N. K Singh,
The Politics of Crime and Corruption ou les politiques du crime et de la
corruption.
Il offre en revanche des opportunités aux
représentants de l`État de contrôler et de tirer profit des
activités criminelles, comme au Mexique Cf. Jean Rivelois, Drogue et
pouvoirs: du Mexique aux paradis...
Il n`est donc pas surprenant que la campagne actuelle contre
la corruption et le crime organisé et la moralisation de la vie publique
puisse remonter au plus haut niveau. Cela ne signifie pas pour autant qu`elle
sera conduite jusqu`à son terme, pour les raisons de stabilité et
de survie que nous avons notées. Quelle que soit l`issue de ce combat
douteux, la question de la corruption, de la contrebande et de
la criminalisation restera une donnée centrale de la
société et du débat politique ivoirien. Et ceci, mOme dans
l`hypothèse d`une transition politique marquée par l`instauration
d`un régime plus démocratique et présidentiel, comme dans
les démocraties modernes, où ces problèmes durables se
situent au cur du débat politique.
La théorie fonctionnaliste comporte trois types de
spécification :
les spécifications d`entrées (input),
les spécifications qui stipulent le genre de choses qui causent les
états mentaux chez les personnes;
les spécifications des états internes qui
décrivent les interactions causales des états mentaux;
les spécifications de sorties (output) qui
disent quels genres d`action ou de comportements sont causés par les
états mentaux.
La machine de Turing est un exemple (abstrait) de machine qui
peut fonctionner selon ce modèle. Un distributeur de cannettes
fonctionne ainsi: il réagit aux inputs (on lui donne 50
centimes ou un euro), et, en fonction de ceux-ci, délivre la cannette ou
attend plus de sous.
Selon John Searle, qui s'oppose, d'une certaine façon,
à l'interprétation d'Hilary Putnam selon laquelle le
fonctionnalisme serait compatible avec une thèse dualiste sur les
états mentaux et les états physiques, le fonctionnalisme est au
contraire nécessairement un physicalisme :
« Aucune de ces causes et de ces effets ne doivent
être conçus comme comportant un élément mental. Ce
ne sont que des séquences physiques. Le fonctionnaliste insiste pour
qu`on comprenne bien qu`il ne dit pas qu`une croyance est un état mental
irréductible qui, en plus a les relations causales qui sont les siennes,
mais plutôt qu`une croyance ne
consiste qu`en ce qu`elle a ces relations causales. Une
croyance peut consister en un paquet de stimulations neuronales, ou dans le
niveau de tension électronique d`un ordinateur, ou encore dans la vase
verte du Martien, ou quoi que ce soit d`autre, pourvu qu`elle fasse partie du
bon schéma des relations de causes et d`effets. Une croyance, donc, ce
n`est qu`une chose, un X, faisant partie du schème de relations
causales, et elle est telle du fait qu`elle se situe à tel et tel
endroit dans le schéma de relations causales.»
Dans cette mesure, le fonctionnalisme s'apparente à un
behaviorisme méthodologique: contrairement au behaviorisme ontologique,
il n'affirme pas qu'il n'y ait pas d'états mentaux. Mais, de même
que le behaviorisme méthodologique, il laisse de côté les
aspects subjectifs, qualitatifs, des états mentaux (ou qualia),
c'est-à-dire l'ensemble des expériences subjectives qui peut
faire l'objet, par exemple, d'un poème ou d'une déclaration
amoureuse, ou du simple fait d'aimer telle couleur. On parle ainsi de «
fonctionnalisme de la boîte noire ».
Dans la théorie fonctionnaliste, ce sont les
nécessités techniques (et non politiques) d'une
société complexe qui favorisent la coopération. En
d'autres termes, les problèmes qui dépassent les
frontières d'un Etatnation, ou ses capacités, entraînent
mécaniquement la création d'institutions internationales ou
supranationales appropriées. La clé pour l'intégration est
le bien-être social, qui est supposé être assuré plus
efficacement par des institutions supranationales. Les fonctionnalistes
considèrent en effet que le gouvernement part des politiques dans le
cadre de l'Etat-nation amène à privilégier la lutte pour
le pouvoir sur le bien-être social. L'État est ainsi
considéré comme une institution imparfaite qu'il s'agit de
démembrer progressivement de ses capacités,
avec l'objectif final de diminuer la conflictualité
interétatique afin d'arriver, à terme, à
l'élimination de la guerre .
Les organisations internationales dans les domaines techniques
(comme l'Organisation internationale du travail, l'Union postale universelle,
l'Organisation mondiale de la santé, etc.) illustrent la théorie
fonctionnaliste.
La théorie fonctionnaliste adopte une perspective dite
bottom-up (du bas vers le haut): cela signifie que les
nécessités de la base entraînent la création
d'institutions au sommet pour satisfaire ces nécessités. Elle se
concentre sur les aspects de spillover ou d'engrenages
(représentés par exemple par la construction progressive de la
Communauté européenne) et sur la question du transfert de
loyauté des citoyens vers les organisations inter- ou
supranationales.
Le fonctionnalisme avant 1990
Jusqu`au début des années 1990, les
théories fonctionnalistes ont dominé l`analyse de la corruption
dont la contrebande est l`un des aspects en sciences politiques comme en
sciences économiques. Elles présentent la contrebande comme un
moyen efficace de contourner des réglementations ou des
procédures administratives lentes ou tatillonnes, permettant ainsi le
développement politique et économique Leff, (1964) ; Huntington,
(1968). Ainsi, en sciences politiques, la contrebande est parfois
considérée comme un élément facilitant le
développement des partis politiques, encourageant la participation et
facilitant la création d`un environnement politique stable. La
contrebande est généralement perçue comme augmentant la
loyauté et la confiance des citoyens dans le système politique
BAYLEY, (1967) ; Huntington, (1968); Merton,
(1968). LECLERQ (1989) affirmait que la contrebande agit comme
de l`« huile dans les rouages », qu`elle est un substitut à la
participation directe au pouvoir et qu`elle constitue un ciment entre
l`élite et les partis politiques et améliore l`efficacité
avec laquelle le pouvoir est exercé.
Cette conception de la contrebande a également
été reprise et développée en sciences
économiques. En effet, la contrebande a longtemps été
présentée comme un élément permettant de compenser
le fonctionnement déficient des institutions publiques.
LEFF (1964) et Huntington (1968) soutiennent que la
contrebande favorise l`efficacité économique en dépassant
les rigidités imposées par les gouvernements.
Selon ces auteurs, la contrebande faciliterait de manière
générale la vie économique en « huilant les rouages
».
Cette idée a été reprise et
développée. Aussi, de nombreux travaux théoriques montrent
que la contrebande est un vecteur d`efficacité. Par exemple, Beck et
MAHER (1986) et Lien (1986) mettent en évidence, dans le cadre de
l`allocation d`un contrat gouvernemental, qu`attribuer le contrat à
l`entreprise qui offre le pot-de-vin le plus important conduit à
sélectionner la firme la plus efficace.
En effet, ils montrent, dans un jeu en information imparfaite,
que c`est la firme aux coûts les plus faibles qui peut offrir les dessous
de table les plus élevés.
Dans le domaine du commerce international, BHAGWATI (1982, p.
993), suggère que la corruption soit analysée comme une
Directly Unproductive Profitseeking activit,y ou une activité de
recherche du profit directement improductive (DUP), c`est-à-dire
une manière de réaliser des profits en entreprenant des
activités qui ne sont pas directement productives.
Les effets de la contrebande peuvent Otre comparés
à ceux d`autres activités comme l`évasion tarifaire ou la
corruption.
Dès que ces activités ont lieu dans des
situations initiales où il existe des distorsions, l`analyse du
second best s`applique et ces activités peuvent
améliorer le bien-Otre dans l`économie. Bien que ces
théories n`étudient pas directement l`impact de la contrebande
sur le commerce international, elles présentent la contrebande comme un
moyen de le faciliter dans les pays caractérisés, par exemple,
par une bureaucratie lente et tatillonne, ou encore un protectionnisme
élevé.
La critique empirique des théories
fonctionnalistes
À partir du milieu des années 1990, les
premières données permettant d`évaluer l`ampleur de la
contrebande ont permis de tester les théories fonctionnalistes et de
mettre en évidence les conséquences négatives de la
contrebande. En sciences économiques, cette vision positive de la
contrebande, ainsi que les arguments qui la sous-tendent sont contestés.
Plus précisément, son hypothèse centrale selon laquelle la
contrebande est un élément exogène aux
réglementations et aux procédures administratives est très
débattue. En effet, il est possible que les agents publics créent
des lenteurs ou des tracasseries administratives uniquement dans le but de
percevoir des pots-de-vin (Myrdal, 1968 ; BARDHAN, 1997). Kaufman et Wei (1999)
montrent que la contrebande est un élément endogène
à la fixation des règles et des procédures
administratives. Ils mettent en évidence, à partir des
observations issues de différentes enquêtes effectuées
auprès d`entreprises, une relation positive et significative entre les
tracas bureaucratiques effectifs rencontrés et le montant des pots de-
vin versés par les firmes. Plus encore, les théories du
second best sous-
entendent que corrompre suffit à
accélérer les procédures ou à dépasser les
obstacles administratifs.
Pourtant, ce n`est pas forcément le cas. Par exemple,
la capacité des agents publics à accélérer une
procédure administrative peut être très faible, surtout
lorsque cette dernière implique différents interlocuteurs
(SHLEIFER et VISHNY, 1993). Enfin, les effets positifs de la contrebande sur la
croissance et l`investissement dans les environnements marqués par un
fonctionnement déficient des institutions ont été
infirmés. Méon et Sekkat (2005) montrent que la contrebande agit
comme un « grain de sable dans les rouages » de la croissance
économique et de l`investissement.
En effet, ils soulignent que les effets de la contrebande
dépendent des autres aspects de la gouvernance (poids des
réglementations, primauté du droit, efficacité du
gouvernement...) et qu`ils sont d`autant plus néfastes que la
qualité de la gouvernance est faible.
Si la littérature économique récente
contredit la vision selon laquelle la contrebande peut compenser
l`inefficacité de la bureaucratie et d`autres institutions, en sciences
politiques les travaux s`attachant à vérifier les théories
fonctionnalistes sont rares.
Des études ont analysé l`impact direct de la
contrebande sur le degré de légitimité des États.
Ainsi DELLA Porta (2000) met en évidence une forte corrélation
entre des niveaux de contrebande élevés et un faible degré
de satisfaction de la démocratie dans les pays d`Europe de l`Ouest.
La seconde théorie évoquée pour la
régulation du phénomène est celle du contrôle social
avec ses différents aspects dont la théorie de la dissuasion fait
partie:
Les premières études importantes sur les
criminels ont été faites par des médecins ; ils se
plaçaient dans une perspective biologique, largement
influencée par la pensée darwiniste. Cependant,
dès la fin du XIXe siècle, les travaux de Ferri, de Joly et de
BONGER ont mis en lumière l`importance du facteur social et
économique dont avait déjà parlé Thomas More dans
son Utopie. Chez les polytérites, en effet, l`agriculture,
l`industrie et le commerce ont une organisation harmonieuse que la vague de
criminalité qu`a connue l`Angleterre du XVIe siècle, et qui
était due principalement à la crise économique, n`y est
point concevable. C`est à cette tradition que se rattache Ferri,
fondateur de la sociologie criminelle moderne.
Ferri considère comme facteurs sociaux la
densité de la population, l`opinion publique, les us et coutumes, les
murs et la religion ; il tient compte aussi de la famille, du niveau de
l`enseignement, du degré d`industrialisation et de l`alcoolisme ; pour
être complet, il faudrait analyser encore les conditions de vie
économiques et sociales, le fonctionnement des administrations publiques
(judiciaire, politique, policière, pénitentiaire) ! Il est
question en définitive, de tous les courants collectifs qui agissent sur
l`individu (Ferri, 1983). On prétend que l`effet des facteurs sociaux
sur le phénomène de la contrebande est
prépondérant. On affirme néanmoins que les divers facteurs
sont en interaction constante et par leur ensemble conditionnent le
phénomène de la contrebande. « Tous les crimes, disons nous
sont la résultante des conditions individuelles et sociales. L`influence
de ces facteurs est plus ou moins grande selon les conditions locales
particulières. Les crimes contre les personnes par exemple, indiquent
une régularité plus grande dans leur évolution que les
autres, montrant alors que les autres dépendent de conditions sociales,
c`est le cas du phénomène de la contrebande.».
A chaque phase d`évolution et à chaque
état d`une société correspond un rapport assez constant de
facteurs physiologiques, biologiques et
sociaux de délinquance. Ferri désigne ce rapport
sous le nom de la « loi de saturation criminelle ».
Dans cette définition de la sociologie criminelle, on
se trouve en présence de deux éléments propres à la
sociologie naissante : la partie synthétique, qui se propose de
reprendre les éléments fournis par d`autres disciplines, et la
partie analytique, qui consiste dans l`étude d`un aspect de la vie
sociale.
Cette définition nous a fourni le cadre des
études descriptives de la criminalité contrebandière ou
même de la sociologie criminelle. L`hypothèse de base,
suggérant l`interdépendance de facteurs d`ordre physique et
social et l`ordre individuel et collectif, est demeurée valable. Cette
tradition de sociologie descriptive est représentée dans la
criminologie contemporaine par les travaux de SELLIN (1985), de DAVIDOVITCH
(1979), de Szabo (1960), de Wolfgang et ses collaborateurs (1972), de FLECHETTE
et Leblanc (1986) et de la plupart des publications de l`institut de
criminologie de Cambridge, en Grande Bretagne.
Leurs théories et analyses sont concentrées sur
le phénomène de la =`criminalité«, la méthode
d`investigation ne permettant pas de saisir, évidemment, le
phénomène du =`criminel«. Leurs limitations tiennent
principalement aux sources mêmes de leur matière première :
dénombrement statistique des crimes ou des criminels. Ces données
sont souvent contestables quant à leur représentativité
(chiffre noir) par rapport à la criminalité réelle et aux
critères juridiques qui servent de base pour définir l`acte
criminel.
2-Les théories sous-jacentes de l'État
L`évaluation des politiques publiques et des
marchés noirs qu`elles génèrent de même que la
question de savoir si le bénéfice du doute revient aux
premières ou aux seconds dépendent aussi de la théorie (ou
du modèle) de l`État qui sous-tend l`analyse.
Avec Fiorentini et Zamagni (1999a, p. XVI-XXIII), distinguons
deux catégories de théories de l`État et des politiques
publiques: le modèle du bien-être et les modèles «
propriétaristes » (proprietary).
Le modèle du bien-Otre suppose que l`État et ses
politiques publiques vi-sent à maximiser le « bien-Otre social
», une sorte d`agrégation du bienêtre de tous les individus
dans la société.
L`une des tâches de l`État qui voudrait atteindre
cet objectif consiste à corriger les externalités, qui
empêchent les marchés de jouer leur rôle efficacement (voir
Lemieux 2006a). Les conséquences de la consommation des marchandises de
contrebande sur des tiers (la famille, les victimes) fournissent des exemples.
Les marchés illégaux, s`ils découlent des politiques
publiques qui maximisent le bien-être, doivent être
considérés comme un coût nécessaire pour obtenir des
avantages supérieurs.
Les modèles propriétaristes de l`État sont
fondés sur l`hypothèse selon laquelle, loin de maximiser le
bien-Otre général, l`État agit comme s`il appartenait
à une catégorie sociale ou un groupe d`individus particuliers.
Dans cette perspective, l`objectif réel des politiques publiques est de
redistribuer des avantages à certains groupes (la classe moyenne ou ceux
qui n`aiment pas les marchandises, par exemple) au détriment d`autres
groupes (les riches, les pauvres, les fumeurs). « La plupart des
auteurs
qui travaillent sur l`économie des marchés
illégaux et la corruption, expliquent Fiorentini et Zamagni (1999a, p.
XVI), partagent une théorie de l`État selon laquelle la classe
dominante exerce un monopole sur l`appareil étatique et choisit les
politiques qui maximisent ses revenus sous réserve de maintenir sa
position dominante ». Le champ des modèles propriétaristes
de l`État couvre un large éventail de théories politiques
et économiques mais, quelle que soit leur variante, la conclusion de
Fiorentini et Zamagni (1999a, p. XXIII) demeure valide: « En effet, en
présence de réglementations inefficaces ou de prohibitions
paternalistes de certaines activités, la corruption et les
marchés illégaux peuvent promouvoir l`efficacité. »
Parallèlement à la distinction entre le modèle du
bien-être et les modèles propriétaristes de l`État,
on distingue la théorie traditionnelle des finances publiques et la
théorie contemporaine des choix publics (le « Public Choice
»). L`approche traditionnelle est bien représentée par
la critique habituelle de l`économie souterraine : « Le
problème touche tout le monde, écrit James (2005, p. 275),
puisqu`il va de soi que l`évasion fiscale ou bien augmente le fardeau
fiscal de l`honnOte contribuable ou bien réduit le niveau des
dépenses publiques, ou les deux à la fois ».
L`hypothèse sous-jacente est qu`un certain niveau de dépenses
publiques est requis et que les impôts nécessaires pour les
financer sont levés, à défaut de quoi les dépenses
publiques ne seraient pas optimales. L`approche et les conclusions de la
théorie des choix publics du moins du courant que représentent
Brennan et Buchanan (1980) sont différentes: ce sont les recettes qui
entraînent les dépenses, et non pas l`inverse; l`État (le
« Léviathan » de Thomas Hobbes) maximise ses recettes et
trouve ensuite des débouchés redistributifs pour les
dépenser. Dans cette perspective, l`économie souterraine pourrait
servir de frein automatique au Léviathan. Étant donné la
nécessité de minimiser les jugements de valeur et le danger de
simplement suppo-
ser que l`État maximise le bien-Otre social,
l`économiste doit être prudent dans ses recommandations concernant
l`économie souterraine. S`il est vrai que des jugements de valeur
minimaux justifient de combattre les marchés noirs improductifs
(reliés au meurtre, au vol et autres crimes du genre), critiquer
l`économie souterraine (économie irrégulière et
marchés noirs productifs) d`un point de vue économique est plus
difficile.
La théorie des organisations (économie des
organisations et sociologie des organisations) est un domaine d'analyse
passerelle entre l'économie, la psychologie et la sociologie. Depuis
l'antiquité, l'administration du patrimoine des organisations a
été un sujet d'analyse économique. Platon
idéalisait le fait d'organiser les fonctions des individus au sein de sa
société par la division du travail. Au XVIIIe
siècle, Adam Smith est un des premiers auteurs à
réfléchir au fonctionnement de l'entreprise. Il met en valeur le
fait que la division du travail par la spécialisation en fonction des
compétences permet de dynamiser le marché (exemple de la
manufacture d'épingle). Dans cette optique, l'entreprise et donc
l'organisation reste une « boîte noire » dans la mesure
où il n'analyse pas les phénomènes se produisant en son
sein, mais simplement les motivations des individus et les conséquences
sur le marché. L'individu simplifié ne recherche ici que la
satisfaction de ses intérêts personnels (il est appelé
« homo oeconomicus »). Ce n'est que plus tard que l'organisation sera
décomposée pour analyser les interactions permettant sa
performance.
Dans une approche classique, vers la fin du XIXe
siècle, Frederick Taylor propose le concept d'organisation scientifique
du travail tendant vers une « one best way ou un meilleur chemin ».
Celle-ci repose sur la décomposition du travail en gestes
élémentaires chronométrés et
organisés rationnellement pour former une chaîne
de production. Taylor désirait appliquer les principes
généraux d'amélioration de la productivité par la
division du travail à l'entreprise qu'Adam Smith avait soulignée
(avant lui Platon au niveau de la société, c'est-à-dire
l'amélioration de la performance par la spécialisation). Il
partage aussi l'idée avec Henry Ford qu'une augmentation des rendements
peut être obtenue en contrepartie de bons salaires.
Dans le cadre de l'approfondissement de la recherche sur les
relations humaines pour l'organisation, des auteurs comme par exemple Elton
Mayo, Kurt Lewin ou Abraham Maslow ont participé, dans les années
soixante, à la prise en compte par l'économie de comportements
contraires aux objectifs de productivité de l'école classique :
absentéisme élevé, rotation importante du personnel,
accidents du travail, etc.
À cette même époque, l'organisation va
aussi être reconnue comme un système complexe, c'est-à-dire
une démarche globale qui s'intéresse plus aux liaisons entre les
différents éléments constitutifs d'une entité
qu'aux caractéristiques propres de chaque élément. Elle
peut ainsi être reconnue comme un lieu de décision et un processus
de prise de décision sensible à la rationalité
limitée de ses agents.
Après ces divers courants de réflexion, et
à la différence des écoles classiques, des auteurs
réfléchissent aux prises de décisions satisfaisantes
à des organisations spécifiques dans des contextes particuliers.
Ainsi, l'organisation serait soumise à des facteurs de contingence,
c'est-à-dire des caractéristiques évolutives qui
influencent ses décisions et ses actions. Une vision
évolutionniste (basée sur des routines expliquant la nature de
l'organisation) a enfin vu le jour dans les années 80
3-Les théories socio criminelles du crime
La théorie de Sutherland et les théories de
quelques sociologues américains aboutissent à un concept
sociologique très élaboré du crime et du comportement
criminel. Ceux-ci sont considérés comme des faits socioculturels
et s`expliquent en fonction de systèmes socioculturels. Le
déterminisme biopsychique et l`étroitesse d`une conception
purement juridique du comportement criminel semblent largement
dépassés (CLINARD, 1953 ; Taft, 1956). Le rôle des facteurs
psychologiques et sociologiques dans la formation du comportement criminel
peut-être mis en relief par la distinction entre les traits
psychogénétiques et sociogénétiques du criminel :
les premiers rendent raison du comportement individuel et les seconds
l`expliquent dans le cadre des modèles socioculturels. C`est ici que
l`individuel et le social interfèrent et que se pose, en particulier, le
problème de la motivation de l`acte criminel. La motivation d`un acte
qui fait de son auteur un délinquant est toujours strictement
individuel. Ni les conditions biologiques ni les conditions d`ordre
socioculturel ne remplacent les motivations inhérentes à la
conscience individuelle. E. De GREEFF avait raison d`écrire que =` les
causes sociologiques ne tiennent que jusqu`au moment où l`on se trouve
placé en face de l`homme criminel« (1946). En distinguant
l`étude de la criminalité de celle du criminel, De GREEFF a
indiqué, très opportunément, la ligne de
démarcation entre les deux domaines d`investigation. Ces deux approches
sont incontestablement légitimes et doivent être
considérées comme complémentaires.
J DOLLARD et ses collaborateurs (1939) ont tenté de
systématiser les mobiles des actes criminels dans une théorie
psychosociologique. Loin de supprimer le caractère individuel de la
motivation, ils en cherchent seulement les racines de l`ordre psychologique et
social. Leur hypothèse
fondamentale se résume en cette formule : toute
agression est la conséquence d`une frustration. Pour l`étude de
la criminalité, qui est un genre d`agression, ils ajoutent à la
notion de frustration celle de la crainte de la punition, qui est aussi une
forme de l`agression, exercée par les forces pro sociales contre les
forces antisociales. Les auteurs de ces deux concepts se proposent
d`élucider tous les facteurs réputés
criminogènes.
Ils concluent que le niveau de la criminalité
dépend des rapports dynamiques de la frustration et de la crainte de la
punition. Si les frustrations sont peu nombreuses, la criminalité ne
sera pas très forte. Elle ne le sera pas non plus si les frustrations
sont nombreuses, mais la crainte de la punition forte. En revanche, si cette
crainte est faible et si les frustrations sont nombreuses, la
criminalité atteindra certainement un niveau élevé.
Cette théorie évoquée à titre
d`exemple suggère un pont éventuel entre la sociologie
criminelle, qui étudie les conditionnements externes de la
criminalité et considère celle-ci comme faisant partie d`une
culture, et les théories purement psychologiques ou psychanalytiques,
qui expliquent l`acte criminel à la lumière purement
personnel.
La tendance de la sociologie empirique, dont Ferri a
jeté les bases et qui est illustrée jusqu`à nos jours par
des études importantes, a été dépassée par
une conception de la sociologie criminelle centrée davantage sur la
théorie sociologique. En effet, l`application la plus importante de la
méthode de durkheimienne a été faite sur un
problème de pathologie sociale, en marge de la criminalité : le
suicide. De plus, une des préoccupations constantes de Durkheim a
été la pathologie sociale, le problème du =`normal«
et de l` « anormal«.
Il n`y a pas de sociétés connues,
déclare-t-il, où, sous des formes différentes, ne
s`observe une criminalité plus ou moins développée. Il
n`est pas de peuple dont la morale ne soit pas quotidiennement violée.
Nous devons dire que le crime et plus particulièrement la contrebande
sont nécessaires, qu`il ne peut pas ne pas Otre, que les conditions
fondamentales de l`organisation sociale, telles qu`elles sont connues,
l`impliquent logiquement. =` Et il conclut : =`par conséquent, le crime
est normal. =`Le critère du caractère =`normal« d`un
phénomène est pour Durkheim, sa généralité.
=`Pour que la sociologie soit vraiment une science de ces
phénomènes, il faut que la généralité de ces
phénomènes soit prise comme critère de leur
normalité« (le suicide, 1897).
Dans toutes les sociétés, on distingue deux
types de phénomènes sociaux : d`une part, ceux qui sont
généraux et concernent l`ensemble de l`espèce,
c'est-à-dire sinon tous les individus, du moins la plupart d`entre eux ;
s`ils ne sont pas absolument identiques dans tous les cas, les variations
qu`ils subissent sont exceptionnels, et auxquels Durkheim applique le terme de
=`pathologiques«.
Durkheim développe des points de vue importants pour la
sociologie contemporaine : un fait social est normal pour un type social
déterminé, considéré à une phase
déterminée de son développement, quand il se produit dans
la généralité des sociétés de cette
espèce, étudiées à la phase correspondante de leur
évolution ; on peut vérifier les résultats de la
méthode précédente en montrant que la plupart des
phénomènes découlent des conditions
générales de la vie collective dans le type social
envisagé ; cette vérification est nécessaire quand le fait
se rapporte à une espèce sociale qui n`a pas encore accompli son
évolution intégrale (les Règles, 1895). La
criminalité n`a donc jamais de signification qu`en fonction d`une
société et d`une culture particulières.
Cette culture ne comporte pas seulement des
éléments matériels, mais aussi des murs
particulières, ordonnées, qui reçoivent une signification
en fonction du système de valeurs qui lui sont propre.
La théorie de Durkheim a montré qu`un
phénomène pathologique, la criminalité
contrebandière par exemple n`est pas d`ordre accidentel et ne
procède pas de causes fortuites. Au contraire, il est lié =`
normalement« à la société, il fait partie de la
culture et découle par conséquent du fonctionnement
régulier de celle-ci.
Une autre contribution importante de Durkheim à
l`explication de la conduite délinquante est constituée par son
concept d`anomie. Cherchant les causes du suicide dans divers types de groupes
et de sociétés, il en a noté une qui résulte d`un
affaiblissement des normes sociales, des forces de contrainte qu`exerce la
société sur ces membres en face de l`ambition
effrénée (orientée tant vers l`acquisition des biens
matériels que vers les symboles de prestige social) que fait
naître chez tous les individus la société industrielle
capitaliste en plein développement.
La dernière contribution majeure que l`histoire de la
sociologie criminelle enregistre est celle de Sutherland. Approfondissant la
pensée de Durkheim, Sutherland, que l`on considère à juste
titre comme le fondateur de la sociologie criminelle américaine, voit
dans la criminalité en général et dans le
phénomène de contrebande en particulier un processus
socioculturel inhérent à chaque société.
Le comportement criminel plus exactement le comportement du
contrebandier s`explique, selon Sutherland, à partir d`un certain nombre
de postulats.
Tout d`abord, le processus dont résulte le comportement
criminel du contrebandier ne diffère en rien d`un processus de
comportement normal.
En deuxième lieu, le comportement criminel du
contrebandier est impliqué dans un système social =`
associationnel«, tout comme le comportement normal, et chacun d`eux a son
mode social organisé systématiquement en groupes, cliques ou
unions plus ou moins durables, soumis à une échelle de valeurs
respectée.
C`est (troisième postulat) dans un système
associationnel, celui des malfaiteurs, que se développe la
personnalité du contrebandier. Les mOmes processus de base,
l`apprentissage de la socialisation, qui caractérisent
l`intégration des personnalités dans une culture,
président la formation de la personnalité criminelle du
contrebandier. Puis les normes morales en vigueur dans cette culture
déterminent l`attitude devant les =`infractions«. Or ces normes
n`indiquent aucune répréhension pour les contrebandes par
exemple, qui constituent, dans leur cadre, une activité
=`normale«.
Les différences individuelles (quatrième
postulat) ne jouent pas un rôle dans le devenir de la personnalité
criminelle du contrebandier que dans la mesure où la participation du
délinquant à la culture criminelle de la contrebande se
révèle plus ou moins étroite. Les conflits socioculturels
qui ont provoqué la naissance de ces associations
=`différentielles« sont également (cinquième
postulat) à la base de la personnalité criminelle du
contrebandier. Le contrebandier est membre d`associations et de groupes qui
l`intègrent comme membre =`normal« d`une société. La
désorganisation sociale, c'est-à-dire la décomposition de
la société en plusieurs secteurs, en conflit les uns avec les
autres, l`affaiblissement de l`effet cohésif de la culture globale et
l`apparition de cultures
particulières, les sous cultures sont (sixième
postulat) les causes fondamentales du comportement criminel du contrebandier
qui n`a de sens que dans une situation conflictuelle.
En définitive, le comportement criminel du
contrebandier est lié aux associations différentielles et se
développe dans une situation conflictuelle consécutive à
une désorganisation sociale, elle-même tributaire d`une
désintégration culturelle. La définition du crime que
donne Sutherland est la conséquence de sa thèse sur le
comportement criminel. Selon lui, il y a crime lorsqu`un individu commet une
infraction aux règles en vigueur dans une culture. Pour qu`il y ait
crime, il faut que soient réunis trois éléments : les
valeurs ignorées ou niées par les criminels doivent être
appréciées par la majorité globale ou, du moins, par ceux
qui sont politiquement les plus importants ; l`isolement de certains groupes
fait que ceux-ci s`écartent des normes de la culture globale et entrent
en conflit avec elle ; c`est la majorité qui frappe la minorité
de sanctions.
Nous avons vu comment, à travers des études
empiriques sur les facteurs de la criminalité, s`est
développée, chez Durkheim, une théorie de la sociologie
criminelle dont l`apport principal consiste à considérer la
criminalité ou le phénomène pathologique comme
=`normal«, lié à un complexe socioculturel. La
théorie de Sutherland développe ces mêmes idées en
intégrant l`étude du comportement criminel dans la sociologie des
autres comportements, en associant l`étude de la culture criminelle
à l`étude de la culture globale.
C`est cette manière de voir qui a permis à
Sutherland de découvrir d`autres formes de la criminalité qui
échappent, la plupart du temps, à la répression du code
pénal (la criminalité contrebandière).
Il s`agit de violations des normes en vigueur dans une culture
donnée. C`est, par exemple, la délinquance des =`cols
blancs«, celle des milieux
économiquement élevés qui transgressent
les règles régissant l`activité de leur profession. Leur
comportement est semblable à n`importe quel autre comportement criminel,
la seule différence étant l`absence d`une sanction légale.
Cette manière de voir nous amène à une définition
bien plus large de la criminalité : est considérée comme
telle toute violation des lois, des normes et des valeurs en vigueur dans une
culture donnée. La criminalité réprimée par le code
pénal n`en constitue qu`une partie, celle qui est propre, en
général, aux milieux déshérités, victimes de
rapports de forces existant dans la société. Parmi les derniers
=`continuateurs« de ces théories, à surveiller les travaux
actuels, d`un =`jeune« étudiant chercheur FAPPANI FREDERIC de
l`université de Paris8...
En ce qui concerne cette thèse, un essai de
synthèse (théorie fonctionnaliste et de la régulation) est
l`approche théorique adéquate pour mieux comprendre le
phénomène criminel en général et le
phénomène de la contrebande spécifiquement.
La préoccupation est d`établir une
synthèse sur le plan des concepts opérationnels qui se font de
plus en plus jour. On s`intéresse au phénomène criminel et
mettant à l`épreuve de l`expérience et de l`analyse de
tous les concepts, qu`ils viennent de la psychanalyse ou de la sociologie.
Considérant brièvement deux propositions. L`une est d`un
psychiatre, l`autre d`un sociologue ; c'est-à-dire qu`elles ressortent
de deux modes différents de réflexion. La pensée de
Lagache demeure d`essence clinique, l`intégration des concepts et
l`analyse de la criminogénèse s`opèrent au niveau de la
thérapeutique. En revanche, la théorie de C.R Jeffrey est plus
abstraite et en même temps plus ambitieuse : elle propose un concept de
caractère psychosocial pour expliquer toute conduite criminelle ce qui
inclut le comportement du
contrebandier. Ainsi, on pense comme Lagache que le
psychologue doit analyser la criminogénèse à l`aide des
concepts de conduite, de personne, de situation et de groupe. On précise
que =`la plupart des situations auxquelles l`homme doit répondre et qui
président à sa formation sont des situations sociales. La
société est une articulation et une stratification de groupes qui
répondent à la diversité de ses besoins et dans chacun
desquels il (l`homme) a un statut et un rôle plus ou moins formels et
définis«. On récuse le concept étroit de la psycho
criminogénèse, qui n`a pas le souci =` des ensembles réels
et de l`articulation des déterminants de divers ordres«. Pour nous,
comme le pense LAGACHE, (1951) ; la psycho criminogénèse devient
la criminogénèse tout court.
Le point de départ est la constatation d`une carence
dans l`explication du phénomène criminel et en particulier celui
de la contrebande : ni la psychanalyse (théories de Freud) ni la
sociologie (théorie de Sutherland) n`ont été capables
d`expliquer tous les crimes et tous les comportements délictueux. Au
lieu de partir du subconscient ou des groupes sociaux extérieurs
à la conscience individuelle, on se fonde sur la théorie de la
criminalité sur la notion de la personne socialisée. Le criminel
se caractérise, déclarons nous, par une
=`dépersonnalisation« sociale : la formation de son =`sur moi«
a été défectueuse par suite de son identification
imparfaite avec les figures parentales ; son intégration dans la
société laisse à désirer : il n`a pas su s`y situer
comme il le souhaitait. Il n`a intériorisé les valeurs de la
culture globale que partiellement, ce qui le place dans un isolement mental
relatif au sein de son milieu. A partir de son concept d`aliénation
sociale, JEFFREY s`efforce de démontrer que tous les résultats
d`études criminologiques concordent avec sa théorie.
Néanmoins, il est à craindre qu`il ne convainque pas beaucoup
de gens. Sa théorie intègre toutes les autres,
car elle est plus abstraite. Mais cet avantage ne lui fait-il pas perdre un
attribut indispensable à toute théorie scientifique, la
prédiction de phénomènes spécifiques ? On peut se
demander s`il est possible d`élaborer une théorie
intégrée du crime et du comportement.
On est tenté de répondre par la négative.
Tout d` abord, en effet, ce qui constitue un délit est
déterminé par la loi ; or celle-ci est l`expression des
aspirations d`une partie plus ou moins importante des diverses couches sociales
qui constituent la société.
Dans ces conditions, la législation criminelle ne
représente pas une ~uvre rationnelle, fondée sur certains
critères logiques, mais elle résulte de l`évolution des
murs d`une société particulière. La
pérennité relative de certaines lois ne reflète que
l`évolution particulièrement lente des idées morales. Il
serait plus facile, sans doute, de développer une théorie
générale du comportement déviant où des
critères physiologiques, psychologiques et sociologiques assez
sûrs rendraient possible un raisonnement scientifique.
À la sortie du bilan des explications partielles des
théories ci-dessus évoquée on retient que trois paradigmes
s`en détachent.
On sait que depuis la fin des années soixante, trois
paradigmes, considérés tantôt comme concurrents
tantôt comme complémentaires, dominent la réflexion dans la
sociologie de la délinquance. Le premier privilégie
l`étiologie du comportement criminel afin de mieux cerner les conditions
du passage à l`acte. Il se nourrit d`une tradition qu`illustrent les
travaux de GLUECK (1950) aux Etats-Unis, de H. GOPPINGER (1986) en Allemagne,
de B. di Tullio (1967) en France. Le deuxième prend comme point de
départ l`acte criminel : il fait du délit l`élément
central d`un affrontement entre le délinquant et la victime, d`une part,
et le
délinquant et les forces de l`ordre, d`autre part. Ce
paradigme s`enracine dans la tradition écologique de l`école de
Chicago (Shaw et McKay, 1942) et l`école de l`écologie sociale
(HAWLEY, 1950). Le troisième paradigme se propose d`expliquer la
criminalité comme phénomène collectif, ses
déterminants et ses mouvements. Le problème majeur concerne le
contrôle social considéré comme un mécanisme de la
réaction sociale au phénomène criminel. Qui définit
le comportement de qui comme étant déviant ou délinquant ?
Quelles sont les relations entre les variations des mouvements de la
criminalité et les transformations dans l`organisation
socioéconomique, dans les systèmes des valeurs, des normes qui
président à l`intégration ou à la
désintégration sociale ainsi que l`organisation socio judiciaire
du contrôle social ? Ce dernier paradigme est issu de deux traditions
distinctes : Sutherland (1941), CRESSEY (1972), SELLIN (1985), CLOWARD et Ohlin
(1960) se réfèrent à la conception durkheimienne de la
pathologie sociale, de la normalité et de la déviance, de
l`anomie ; au courant interactionniste qui souligne l`importance des
mécanismes de la reproduction de la délinquance par
l`organisation du pouvoir dans la société se rattache Becker
(1986) et Goffman (1968).
On dit que les deux premiers paradigmes sont de nature
psychosociologique et que leur domaine d`applications est essentiellement
microsociologique.
Le troisième paradigme est de nature socioculturelle.
Il est opératoire sur le plan macrosociologique.
Tous ont en commun l`acceptation de l`incrimination judiciaire
comme critère du phénomène étudié. Exception
faite de certaines tendances de l`interactionnisme symbolique, ils ne se
réfèrent donc pas à la =`déviance«, notion
purement sociologique.
Par ailleurs, chacun des trois paradigmes éclaire et
évalue le fait pénal à la lumière de son contexte
psychosocial ou socioculturel. La démarche est donc
spécifiquement sociologique, elle n`est pas normative (juridique,
philosophique ou politique).
A la suite des conflits épistémologiques et
méthodologiques qui ont durement secoué les sciences sociales
à partir des années soixante (GOULDNER, 1970, Bell, 1973) et
dernièrement Boudon (1986), il n`est pas possible de considérer,
actuellement, le corps de connaissance sur la société comme un
ensemble ayant une cohérence logique généralement
acceptée par la communauté scientifique. Comme à la fin du
XIXe siècle, les écoles de la pensée opposées
partagent l`allégeance des chercheurs.
Il faut tenir compte de cette diversité en regroupant
ici les analyses contemporaines de la sociologie de la délinquance
à partir de leur engagement paradigmatique. Il s`agit de types
idéaux, puisque les recherches sont classées d`après leur
trait dominant. Une période d`intégration des connaissances
suivra, sans aucun doute, l`actuelle balkanisation de la science sociale.
On retient comme premier paradigme : le paradigme de
comportement délinquant.
La psychologie sociale inspirée par l`uvre de Kurt
Lewin (1933) est à l`origine de cette démarche. B= (P) (E) est la
formule qu`il propose. La conduite (B) est fonction des caractéristiques
de la personne (P) et de son milieu de vie (E). Des premiers travaux combinant
les facteurs psychologiques et sociologiques dans une explication
intégrée n`ont connu qu`un succès partiel. Ils
privilégiaient, en effet, soit les facteurs psychologiques (JESSOR et
al. 1968, 1977), soit les facteurs
sociologiques (REISS, 1951 ; Martin et FITZPATRICK, 1965 ;
Szabo et al. 1968), soit l`approche multifactorielle (West, 1982). Certains
travaux ne visaient qu`un phénomène spécifique tel que la
violence (Wolfgang et FERRACUTI, 1967). Il fallut attendre les travaux de
HIRSCHI (1969), de GOTTFREDSON (1984) et de Fréchette et Leblanc (1986)
pour que l`intégration théorique des variables soit
postulée et vérifiée plus systématiquement.
L`hypothèse suivante est retenue : la conduite
délinquante est la conséquence d`une défaillance des
mécanismes de régulation sociale. En d`autres termes, il y a
contrebande parce qu`il y a défaillance des mécanismes de
régulation sociale. Les systèmes de contrôle sont
défaillants, il y a surestimation de taxes et droits de douanes et
problème dans l`application des sanctions aux contrebandiers. Les
relations positives de l`individu avec la société sont
ténues, ce qui explique un retard dans le développement
psychologique et des lacunes dans l`influence qui résulte de la
contrainte sociale. La défaillance des mécanismes
régulateurs engendre une conduite délictueuse à
intensité variable. On observe, outre une marginalisation dans le cadre
scolaire. Les conditions structurelles jouent enfin un rôle important,
parfois déterminant : sexe, statut social de la famille, niveau
d`intelligence du sujet.
Les liens sociaux représentent ici un degré
d`attachement aux personnes du milieu ainsi que le degré d`engagement
à l`égard des institutions sociales telles que la famille,
l`école, le voisinage,
etc. la contrainte sociale comprend
l`intériorisation des normes, c'est-à-dire la contrainte interne
et la pression du milieu, en d`autres termes la contrainte externe. La
conformité ou la déviance par rapport au rôle normal de
l`adolescent de ce groupe d`âge y sont indiquées. La nature du
fonctionnement
psychologique résume le processus de
l`atténuation progressive de l`égocentrisme naturel,
l`affaiblissement de la primitivité, de la négativité, de
l`insécurité, de l`isolement, en un mot, de
l`hyposocialité.
Ces deux éléments psychologique et sociologique
ne sont cependant pas articulés de façon aléatoire. Les
mécanismes du fonctionnement psychologique se trouvent dans une
situation d`interdépendance par rapport aux liens sociaux. Cette
interdépendance est relevée dans l`histoire de la socialisation
du jeune. La contrainte sociale intériorisée préserve
l`adolescent des pressions vers l`activité illicite comme celle de la
contrebande. Le développement d`attitudes non-conformistes s`exprime
dans le rattachement à des pairs déviants et à des
conflits au sein de l`école. Le support psychologique de cette attitude
se caractérise par des liens interpersonnels insuffisamment
noués, qui provoquent un développement psychologique incomplet et
qui portent aussi les marques d`une contrainte sociale défaillante.
L`idée première met en évidence les deux
pivots structurels sur lesquels reposent les mécanismes de
régulation : le niveau d`intelligence et le statut social de la famille.
Le premier a un impact déterminant sur le fonctionnement psychologique.
Le second pèse sur la nature du développement des liens sociaux.
La dichotomie sexuelle exerce une influence générale sur les
composantes de la régulation sociale ; elle conditionne aussi le
degré de délinquance.
La seconde idée repose sur un degré mesurable de
=` dyssocialité« résulte de l`interaction de ces variables
psychologiques et sociales. L`égocentrisme comme variable psychologique
apparaît plus important que les variables sociales dans la dynamique de
développement des conduites délinquantes. Une typologie de
personnalité délinquante, basée sur une combinaison de
variables d`ordres psychologiques et
sociologiques et qui s`exprime dans la conduite
délinquante, se dégage des recherches poursuivies par (FAVARD,
1983, Fréchette- Leblanc, 1986 ; FINKENAUER, 1984 ; HIRSCHI,
GOTTFREDSON, 1983). La délinquance d`occasion et de transition est
circonstancielle ; elle a moins de 10% de chances de persister jusqu`à
l`âge adulte. Elle n`est ni dépistable ni prévisible. La
seule façon de contenir ce type de délinquant est l`action sur
des grandes institutions de socialisation et de régulation sociale : la
famille, l`école, le milieu de travail et le voisinage. Les
délinquants de condition peuvent se classer en quatre sous-types
distincts : Le délinquant marginal se caractérise par une
conduite délinquante sporadique. Pour lui, les déficits
accumulés ainsi que les effets d`une socialisation par des groupes
délinquants ne sont pas considérables. L`action sur cette forme
de déviance passe par des instances sociales et judiciaires qui aident
à la réintégration sociale et à la restauration des
liens sociaux.
Le délinquant immature manifeste une conduite
persistante dans la délinquance sans cependant se rendre coupable de
délits de gravité. Il se distingue par un certain
désengagement social, l`approbation de schémas de
références criminelles et une immaturité psychologique
notable. Souvent récidiviste, il bénéficiera dans de
nombreux cas, après s`Otre rendu coupable d`actes assez graves, d`un
internement rééducatif. Les délinquants à structure
névrotique entretiennent des rapports appauvris avec autrui, et
s`impliquent insuffisamment dans des rôles socialement positifs. Leur
désengagement social est nourri par une ambivalence psychologique qui
provoque une attitude conflictuelle avec autrui et avec les institutions. Seule
une approche psycho éducative institutionnelle peut modifier ce type de
comportement.
Enfin, le délinquant persistant grave présente
un risque élevé de récidive et s`engagera dans la
carrière criminelle à l`âge adulte. Son concept de soi
négatif, sa méfiance, son hostilité systématique
à l`environnement qui est le sein le placent dans une sorte de vide et
le font basculer dans un milieu antisocial articulé et structuré.
Sa personnalité égocentrique cristallisée laisse peu de
choix sur la nature de l`intervention à son égard : les
tribunaux, les institutions rééducatives et punitives seront
préférées. La clarification des valeurs suivie d`efforts
de modification de comportement doit être tentée. Les chances de
succès semblent minces : plus de 90% de ces délinquants se
retrouvent dans les carrières criminelles adultes, c`est le cas sans
doute du contrebandier qui lui prolifère dans les activités
économiques souterraines et illicites.
Le second paradigme est : l`acte criminel
Ce second point de vue théorique centre l`attention sur
l`acte et les décisions qui conduisent au passage à l`acte
délinquant. Les prédispositions, les pulsions qui y
mènent, si importantes dans le paradigme étiologique, jouent ici
un rôle secondaire. Au lieu de se demander =`comment des individus
deviennent-ils délinquants ? =`, On s`interroge sur les circonstances
qui permettent aux tendances criminelles de provoquer un passage à
l`acte. Il est tenu compte aussi bien des circonstances dans lesquelles se
produisent des délits que des résultats anticipés qui
s`incorporent dans la structure de la prise de décision d`accomplir
l`acte criminel. L`occasion, l`opportunité jouent un rôle
déterminant dans le déclenchement de l`acte criminel ainsi que la
logique et la rationalité propres à ce type d`action. Celui-ci
apparaît, en effet, comme le fruit d`une évaluation rationnelle du
pour et du contre.
Ainsi l`analyse stratégique basée sur le
paradigme de l`acte criminel propose les questions suivantes à
l`attention du chercheur (CUSSON, 1986).
Quelles sont les étapes du processus de prise de
décision qui conduisent au crime ?
Comment les délinquants préparent-ils et
exécutent-ils leurs délits ? Quelles fins poursuivent-ils ?
Lors du passage à l`acte pourquoi optent-ils pour tel type
de délit, tel type de victime ?
Les risques anticipés du délit (arrestation,
condamnation) sont-ils pris en considération lors de la décision
de passer à l`acte ?
Quelles considérations entraînent la décision
d`entrer ou sortir d`une carrière criminelle ?
Les travaux de FELSON (1983) renouent avec la tradition
écologique des sociologues de Chicago postérieure à la
première guerre mondiale. Ils saisissent l`activité criminelle
comme une activité habituelle se projetant dans le temps et dans
l`espace.
Les conditions nécessaires à la
perpétration d`un crime prédateur sont : l`existence d`un
délinquant potentiel, d`une cible intéressante et précise,
etc., l`absence de gardien capable de prévenir l`agression. La valeur de
l`objet convoité, sa visibilité, son accessibilité, son
inertie, tels sont les traits qui précisent la
vulnérabilité d`une cible. L`évolution de la
société américaine l`expose plus particulièrement
à la convoitise des éléments prédateurs et
criminels donc à la contrebande au même titre que la
société ivoirienne en pleine modification. Pour palier ces
difficultés un système de contrôle doit être de
vigueur pour dissuader les contrevenants éventuels.
L`expression =`système de justice criminelle« est
relativement récente. Elle est apparue à la suite des travaux du
national crime commission du gouvernement américain au cours des
années soixante. Il s`agit d`un concept qui considère la
totalité de l`appareil pénal comme un ensemble d`instances
interdépendantes, au service d`un objectif commun. La protection de la
société constitue la finalité du système. Les
soussystèmes (police, tribunaux, organismes chargés de
l`exécution des sanctions) ont chacun leurs missions et leurs fonctions
propres ; l`évolution historique leur a cependant souvent assigné
des objectifs qui ne prennent pas en compte la finalité commune au
=`système«.
Le traitement de la criminalité par l`appareil
institutionnel que la société s`est donnée à cet
effet constitue la quatrième clef du paradigme. L`objectif
général oscille entre le modèle de rejet et celui de
l`ingestion. Avant le XIXe siècle, c`est le premier qui dominait. Les
châtiments corporels, dont la peine de mort, le bannissement, la
réduction à l`état de servitude (la condamnation aux
galères par exemple), l`enrôlement forcé sous les drapeaux
permettaient de libérer la société de la présence
d`éléments indésirables. Avec l`avènement de la
philosophie humanitaire des encyclopédistes sur le continent et des
philosophes utilitaristes dans les pays de tradition anglo-saxonne, c`est le
deuxième modèle, celui de l`ingestion, qui a prévalu. On a
gardé les condamnés en cellule, souhaitant qu`ils s`amendent, et
on est venu à leur offrir des moyens pour s`amender. La prison est
devenue paradoxalement, un lieu de formation (morale, intellectuelle et
professionnelle) et pas seulement de punition. La foi dans les vertus
salvatrices des apprentissages, du travail, de la continence physique et
morale, etc., qui imprégnait la philosophie de l`éducation s`est
étendue à ceux que la société sanctionnait.
La naissance des sciences humaines a coïncidé avec
l`émergence du modèle d`ingestion. Elles offrirent tout
naturellement leurs services à
l`humanité souffrante comme à ceux qui devaient
assurer un bon gouvernement aux hommes. Plusieurs penseurs ont souligné
le lien entre l`orientation des recherches en sciences sociales et
l`idéologie (ou la philosophie morale) dominante. Parmi les plus
influents, notons Michel Foucault. L`émergence puis la
prédominance de l`idéologie égalitaire ont
profondément influencé les sciences sociales au cours des
dernières années. La surreprésentation systématique
des personnes issues des classes sociales moins bien nanties dans les
populations pénales interpellait la conscience sociale des chercheurs
comme celle des réformateurs. C`est ce sentiment-là qui est
à l`origine de nombreuses recherches consacrées, au cours des
dernières décennies, à l`étude du pouvoir
discrétionnaire de la justice et à la manière de
l`exercer. Le système de justice pénale fut
considéré par beaucoup comme le =` producteur« principal de
la criminalité. Ce fut, en tout cas, une des thèses de
l'école interactionniste.
Pour Maurice CUSSON, « pour comprendre l`action d`un
individu (du contrebandier), il faut prendre au sérieux les raisons que
celui-ci invoque pour justifier de son acte ». CUSSON introduit la notion
de rationalité chez l`acteur. Il émet par ailleurs
l`hypothèse selon laquelle « la délinquance doit être
vue comme un choix de vie, car le délinquant adopte le raisonnement
selon lequel violer la loi lui apporte plus d`avantages que
d`inconvénients. » Toujours pour le même auteur, le crime
apporte du plaisir à court terme mais à long terme, il conduit
inéluctablement à la prison et/ou à la mort. Le mode de
vie du délinquant serait fondé sur un mépris du futur et
à la prédominance de l`immédiat. L`acte déviant est
alors « conçu comme le résultat d`une décision prise
par des individus soucieux de maximiser leur satisfaction. »
Dans le déterminisme, on notera notamment l`apport de
Laurent s. Pour ce dernier, « l`augmentation actuelle du sentiment
d`insécurité et de la violence s`explique par deux facteurs
principaux : d`une part, la crise économique et sociale (fin des Trente
glorieuses, hausse du chômage et emplois précaires,
particulièrement chez les jeunes) et d`autre part, le problème de
représentation politique (les hommes politiques perdraient toute
crédibilité) » expliqueraient l`émergence d`une
société violente. Pour Sébastien Roché, sociologue,
les causes de la délinquance ne seraient pas uniquement d`ordre
économique et social. Pour lui, « l`augmentation de la
délinquance serait liée à l`essor du mode de vie
individualiste : les solidarités classiques étant moins fortes
qu`avant, chacun verrait autrui comme quelqu`un à utiliser. » Dans
cette perspective théorique, la question sous-jacente à ce
débat est alors de voir pourquoi certains individus deviennent
déviants alors que d`autres, dans des circonstances et dans des
contextes identiques n`adoptent pas les mêmes comportements et ne
partagent sans doute pas toutes les mêmes valeurs : par exemple, tous les
chômeurs qui vivent en banlieue ne deviennent pas des criminels.
Autrement dit, dans des conditions égales, tous les individus en
présence ne vont pas transgresser les normes.
On retiendra également l`apport de Robert K. Merton
dans une approche de type inégalitariste. Pour ce sociologue, les
mutations engagées ce siècle dernier tiennent une place
prépondérante dans l`analyse, notamment avec l`avènement
de l`idéologie individualiste. Pour Merton, les inégalités
sociales tiennent un rôle à ne pas négliger dans
l`émergence de la contrebande. D`après MUCCHIELI, « Merton
serait le premier à comprendre l`importance du décalage entre les
aspirations à la
réussite sociale qu`encourage l`idéologie
individualiste des sociétés modernes et la réalité
des inégalités sociales (et raciales) qui, en
réalité, n`offrent pas les moyens d`y parvenir à chacun.
» Cette idéologie individualiste étant largement
diffusée par la société consumériste actuelle.
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE
CHAPITRE 4 : TERRAIN D'ETUDE, POPULATION D'ENQUETE,
ECHANTILLON
IV-1-Terrain d'étude
On a retenu le district d`Abidjan (superficie : 2119 km2)
comme milieu d`étude parce qu`il a en son sein la capitale
économique Ivoirienne en l`occurrence : Abidjan (superficie : 422 km2)
qui connaît une urbanisation rapide ce qui a contribué à
bouleverser les structures traditionnelles en outre, richesse et extrême
pauvreté se côtoient tous les jours dans le district d`Abidjan qui
connaît un nombre important d`exclus du circuit socio-économique
et de la production. C`est le district le plus peuplé de l'Afrique de
l'Ouest francophone et la deuxième agglomération francophone au
monde après Kinshasa (9.4 millions) et avant Paris (2.2 millions). Il
est également le deuxième plus grand district francophone
intramuros et la troisième plus grande agglomération. Il compte,
selon les autorités du pays, en 2010, neuf millions d`habitants pour le
district, et trois millions neuf cent mille habitants pour la ville, soit 20 %
de la population totale du pays qui est de dix neuf millions trois cent milles
habitants (jeune Afrique n°2576, du 23 au 29 mai 2010). La ville d`Abidjan
particulièrement à une croissance démographique de 3.7%
avec une densité de 1475 habitants/km2 or on a 48 habitants/km2 au
niveau national.
Le district d`Abidjan est la région la plus
industrialisée du territoire national. Ses industries sont
principalement le Bâtiment et travaux publics avec la présence de
grands groupes industriels français : SETAO, COLAS, Bouygues,
Jean Lefebvre.
On compte ensuite l'industrie textile avec le conditionnement
du coton cultivé dans le nord soit pour l'exportation soit pour sa
transformation sur place en pagnes, toiles, batiks et vêtements divers.
Le secteur du textile, très dynamique, représente 15,6 % des
investissements nets, 13 % du chiffre d'affaire et 24 % de la valeur
ajoutée de l'industrie ivoirienne.
On dénombre plusieurs puits de pétrole au large
de la côte en exploitation off-shore (la Côte d'Ivoire est un pays
producteur de pétrole, même si elle n'est pas autosuffisante en ce
domaine), ce qui conduit à la présence d'industrie chimique avec
les raffineries de pétrole, et un port pour hydrocarbures. On y
travaille également les pierres et des métaux précieux
pour l'exportation. La ville comporte également une importante
activité de traitement du bois qui arrive au port essentiellement par
voie fluviale depuis les forets du centre du pays. Il est exporté soit
sous forme naturelle comme l'acajou qui était déjà vendu
il y a 2 siècles aux anglais à l'époque victorienne soit
sous une forme semi industrialisée : bois déroulé,
contreplaqué, aggloméré. Dans l'industrie agroalimentaire
on compte principalement : la fabrication d'huile de palme, le traitement des
bergamotes et des bigarades, la transformation de l'hévéas issu
des plantations de l'ouest, la fabrication de boissons à partir des
ananas, des oranges et des mangues et surtout la torréfaction du
café, de type robusta, venu des plantations de l'ouest et dont le pays
est le troisième producteur mondial, derrière la Colombie et le
Brésil ainsi que le conditionnement et le traitement du cacao, dont la
Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial devant le Ghana et
l'Indonésie. (37 % du cacao et 10 % du café produits subissent au
moins une première transformation sur place). Abidjan est aussi le
premier port thonier africain, et trois usines conditionnent du thon
destiné au marché européen essentiellement. Cette
activité génère près de 3.000 emplois
salariés, et est une source importante de devises. Comme dans tous
les
pays en voie de développement, une grande partie de
l'économie de la ville se situe dans le domaine que les
économistes qualifient d'économie informelle avec ses nombreux
« petits métiers ».
en ce qui concerne la présentation physique des
différentes entrées routières de la côte d`Ivoire en
général et de celles du district autonome
d`Abidjan en particulier voir (annexe1) : Panorama des
barrages routiers, des rackets et des temps de contrôle (retard) sur les
axes routiers
principaux en Côte d`Ivoire et pour les
entrées routières du district et les limites de la ville Abidjan
dans la région des lagunes voir (annexes 2, 3) : Panorama des
barrages routiers, des rackets et des temps de contrôle (retard) sur les
axes routiers du district d'Abidjan.
Nombre de barrages observés sur les axes routiers du
district d`Abidjan Port Bouet - Abobo
Port Bouet - Riviéra
Adjamé-Bingerville
Adjamé-Anyama
Treicheville-Port bouet
Adjamé-Yopougon
Compte tenu des courtes distances intercommunales (10 km à
20 km),
les ratios aux 100 km des barrages sur les axes sont très
élevés (6 à 50 barrages aux 100 km).
Les barrages sont en majorité tenus par la police et la
gendarmerie. Assez souvent, les agents commis à la régulation de
la circulation notamment procèdent à des contrôles
d`usagers (exemple carrefour de la Riviera 2 à Cocody).
La situation actuelle des barrages est la mOme qu`avant la
crise pour certains axes malgré l`instauration du ticket unique. Par
contre, l`axe Adjamé-Abobo-Anyama a connu une baisse.
IV-2- Population d'enquête
Dans un souci de diversification de sources des données
on a mené les recherches (enquêtes) auprès de
différentes catégories de populations susceptibles d`apporter des
éclaircissements par rapport à l`objet :
1) Les acteurs initiaux et finaux du phénomène
de la contrebande, c'està-dire : les fournisseurs, les distributeurs,
les acheteurs, les commerçants, les détaillants, et les vendeurs
susceptibles de produire de la contrebande.
2) Les agents et cadres des services des douanes, de la police
économique et de la gendarmerie nationale.
3) Les responsables administratifs et le personnel de la chambre
de commerce et du ministère du commerce.
4) Les responsables de l`ONG STOP FRAUDE (ONG en faveur de la
lutte contre la fraude fiscale et la contrefaçon sans frontière
en cote d'ivoire).
5) Les responsables de l`Office Ivoirien de la Protection
Intellectuelle (OIPI).
IV-3-Echantillon
Les acteurs pratiquants la contrebande dans le district
autonome d`Abidjan le font dans le noir et non pas à ciel ouvert, ils
sont difficilement observables et repérables, il a fallu l`aide
d`acteurs témoins en l`occurrence les agents de (police, gendarmerie,
douane) pour espérer avoir un effectif de 33 individus. Quoique de
petite taille l`échantillon a toutes les caractéristiques de la
population mère d`où il a été tiré, tous les
acteurs ci-dessus cités s`y retrouvent représenter en tenant
compte des caractères correspondants à la population mère.
On a dans l`effectif de l`échantillon : les fournisseurs, les
distributeurs, les acheteurs, les commerçants, les détaillants,
et les vendeurs, les agents des services des douanes, de la police
économique et de la gendarmerie nationale.
Les responsables administratifs de la chambre de commerce et du
ministère du commerce.
L`échantillon se compose d`intervenants initiaux et
finaux de la contrebande dans le district autonome d`Abidjan répartis en
deux cohortes.
La première cohorte compte 18 acteurs actifs (cf.
Tableau 2) pour chacune des 13 communes du district autonome d`Abidjan on a :
(2) pour ABOBO, (2) pour ADJAME, (2) pour ATTECOUBE, (2) pour ANYAMA, (1) pour
COCODY, (1) pour BINGERVILLE, (1) pour le PLATEAU, (1) pour YOPOUGON, (2) pour
TREICHVILLE, (1) pour KOUMASSI, (1) pour MARCORY, (1) pour PORT-BOUËT, (1)
pour SONGON.
La deuxième cohorte compte 15 acteurs passifs
(complices): (2) pour ABOBO, (2) pour ADJAME, (1) pour ATTECOUBE, 1 pour
ANYAMA,
(1) pour COCODY, (1) pour BINGERVILLE, (1) pour PLATEAU, (1)
pour YOPOUGON, (1) pour TREICHVILLE, (1) pour KOUMASSI, (1) pour MARCORY, (1)
pour PORT-BOUËT, (1) pour SONGON .
La première cohorte est composée d`acteurs ayant
toujours participé à la contrebande de façon
régulière, la deuxième, de ceux ayant été
complice, ou ayant participé occasionnellement ou accidentellement
à la contrebande.
Tableau 1: Échantillon de l'enquête par
cohorte, par type d'acteurs
Les communes du district d'Abidjan
|
Cohorte acteurs actifs
|
Cohorte acteurs passifs
|
TOTAL
|
ABOBO
|
02
|
02
|
04
|
ADJAME
|
02
|
02
|
04
|
ATTECOUBE
|
02
|
01
|
03
|
ANYAMA
|
02
|
01
|
03
|
BINGERVILLE
|
01
|
01
|
02
|
COCODY
|
01
|
01
|
02
|
KOUMASSI
|
01
|
01
|
02
|
MARCORY
|
01
|
01
|
02
|
PORT-BOUËT
|
01
|
01
|
02
|
SONGON
|
01
|
01
|
02
|
TREICHVILLE
|
02
|
01
|
03
|
YOPOUGON
|
01
|
01
|
02
|
TOTAL
|
18
|
15
|
33
|
La méthode d'échantillonnage retenue, non
probabiliste, est celle par «choix raisonné» (Beaud, 1984).
Cette méthode est apparue la plus appropriée en raison de
l`objectif de recherche qui consiste à mettre au jour les implications
directes ou non, permanentes ou occasionnelles des acteurs contrebandiers dans
l`essor et la pérennisation du phénomène de la contrebande
et de points de vue différents de ces différents acteurs.
À ces deux critères, s'ajoutait celui de la position
occupée dans le groupe des rapports de force au sein du groupe.
En ce qui a trait à la sélection des sujets en
fonction de leur point de vue et de leur position dans le groupe des rapports
de force, trois principes ont guidé l`étude. Il s'agit des
principes de saturation,
d'hétérogénéité et de
structure.
Le principe de saturation réfère ici à
l'épuisement de la variété des explications ayant cours au
sein d'un ensemble donné d'acteurs à propos d'une
réalité ou d'un phénomène. L'application de ce
principe s'est concrétisée dans le cadre de notre enquête
par l'ajout d'entrevues tant que nous apprenions quelque chose de nouveau sur
notre objet de recherche. L'étape de la réalisation des entrevues
a par conséquent pris fin lorsque les sujets que nous rencontrions
répétaient, globalement, ce que les sujets
précédents nous avaient déjà appris.
Le principe d'hétérogénéité
réfère, pour sa part, à l'exigence d'explorer ou, en
quelque sorte, de saturer les divers points de vue repérés.
L'application de ce principe s'est traduite par une sélection des sujets
en fonction de cet objectif d'exploration de la variété des
points de vue.
Enfin, le principe de structure réfère à
la correspondance postulée (Bourdieu & WACQUANT, 1992) entre le
point de vue exprimé par l'acteur et la position occupée dans la
structure des rapports de force. La prémisse sous-tendant ce principe
étant que le discours des sujets n'est pas un discours
désincarné ou neutre, en marge de la dynamique des rapports
sociaux, mais participant au contraire à cette dynamique.
L'opérationnalisation de ce principe nous a conduits à choisir
des sujets occupant des positions différentes dans la structure des
rapports de force au sein de leur groupe d`activité.
L'hétérogénéité des discours
procédait en partie de la position occupée par les sujets dans
l`organisation criminelle.
L'application des principes de saturation,
d'hétérogénéité et de structure dans la
sélection de nos répondants rendait nécessaire
l'acquisition de ce que Bourdieu appelle "la compétence
spécifique» du milieu étudié (1993);
c'est-à-dire une connaissance préalable des logiques sociales et
des rapports de force qui permet de sélectionner adéquatement les
sujets au regard de notre objectif de recherche et d'interpréter leur
discours à travers la dynamique des rapports de force dans lequel ils
évoluent. La nécessité d'acquérir cette
"compétence spécifique» nous a conduits à faire une
première analyse des données au moment même où nous
procédions à la cueillette des données. Bien que
préliminaire à cette étape de l'enquête, cette
analyse constituait néanmoins un élément clé du
processus de sélection des sujets. À partir d'informations
recueillies auprès des acteurs interviewés, nous
procédions ainsi à la sélection d'autres intervenants dont
la participation nous paraissait pouvoir enrichir nos données en
apportant un point de vue soit différent, soit opposé, où
soit concordant avec ceux recueillis jusque-là. Par exemple, si, dans le
cadre d'une entrevue, un participant nous communiquait une information que nous
jugions pertinente de vérifier ou d'approfondir, nous
sélectionnions un autre intervenant qui, sur la base de notre
connaissance du milieu qui allait en s'approfondissant pouvait contribuer
à enrichir nos données et notre connaissance de la logique de la
discipline.
Un refus de participation plus grand chez les femmes que
chez les hommes. L`échantillon ne compte que 10 femmes : cinq
à ABOBO et cinq à ADJAME. Deux raisons peuvent expliquer cet
état de fait. La première tient à la composition
même de la population visée par notre enquête, plus
particulièrement dans la contrebande. En effet, le nombre de femmes
contrebandières dans le district d`Abidjan est extrêmement faible
en comparaison avec celui des hommes; elles sont la plupart du
temps des revendeuses donc en fin de processus. Au moment de
la réalisation de l'enquête notre échantillon ne comptait
que trois femmes contre 30 hommes, et par la suite nous sommes parvenus
à 10 contre 23 acteurs masculins pour un peu équilibrer les
données. La deuxième raison tient au fait que la majorité
des femmes contactées refusaient de participer à l'enquête
où ne retournaient pas nos questionnaires. Les raisons motivant les
refus étaient la crainte d'être reconnue (quatre femmes), le
manque de temps (deux femmes), le manque d'intérêt (une femme), le
fait d'être un acteur dans la contrebande «atypique» (trois
femmes). En ce qui a trait à ce dernier motif de refus, bien que nous
expliquions aux femmes que le seul critère de sélection des
répondants et répondantes était qu'ils ou qu'elles
participent à la contrebande sur le territoire douanier du district
autonome d`Abidjan et qu'ils ou elles soient en permanence ou occasionnellement
dans la contrebande, les femmes maintenaient leur décision. On peut
noter que ces femmes étaient de tout âge et qu'elles pouvaient
donc percevoir comme une menace potentielle le fait d'être
interrogée sur leurs activités criminelles. Pour ce qui est des
hommes, ils répondaient en général plus favorablement
à notre demande de participation. Quelques-uns ne nous ont pas
retourné nos questionnaires, un a refusé parce qu'il
n'était pas intéressé, un par manque de temps et un
troisième parce qu'il se disait «étranger au monde
fermé des contrebandiers». À l'instar des trois femmes ayant
refusé parce qu'elles se disaient «atypiques», il n'est pas
improbable que ce troisième acteur ait pu percevoir quelque chose de
menaçant dans notre enquête. Biais possibles pouvant
découler du type dinformations recherchées. En raison du
caractère relativement personnel des informations que nous
désirions obtenir et du nombre restreint de sujets faisant partie de
notre échantillon, il n'est pas improbable que certains acteurs aient pu
refuser de participer à l'enquête parce qu'ils anticipaient
la possibilité d'être éventuellement
reconnus. En ce sens on pourrait reprocher à notre échantillon
d'être biaisé en présumant que ceux qui ont refusé
d'en faire partie partagent des caractéristiques communes qui sont
différentes de celles des sujets ayant accepté. Plus
précisément, on pourrait supposer que ceux qui ont refusé
avaient comme trait distinctif de se percevoir comme non conformes à la
définition légitime du «bon» citoyen. Toutefois, si
ceci a pu s'appliquer, certains intervenants initiaux comme finaux de la
contrebande qui ont accepté de faire partie de l'étude se sont au
contraire présentés d'emblée comme non conformes à
la définition légitime du «bon» citoyen dans leur
communauté et/ou groupe et ont vu dans l'entrevue une occasion de faire
valoir leur point de vue. Le matériau disponible nous permet donc de
prendre en compte le point de vue de ceux qui ne font partie des groupes
dominants. Il va de soit que les pratiques des contrebandiers constituent un
objet de débat parce qu'elles sont évaluées de
façon statutaire et interpersonnelle; choisir d'en parler dans le cadre
d'une enquête universitaire n'est donc pas neutre. En ce sens, notre
étude pouvait constituer pour certain un cadre où poursuivre la
lutte pour la définition légitime du «bon» citoyen.
Nous en étions conscients, et c'est pourquoi il était important
pour nous de connaître, au moins globalement, la position des
répondants dans la configuration des rapports de force au sein de leur
groupe social ou communauté. Cette position étant l'un des
éléments permettant de comprendre le sens de leur discours. La
confrontation des points de vue sur les pratiques constituait la base de
l'analyse de la dynamique de construction sociale de la science. Dans cette
confrontation, les points de vue étaient analysés en tenant
compte de la position des répondants. Notre analyse repose ainsi sur le
postulat que le «réel est relationnel » (BOURDIEU
& WACQUANT, p. 72), les acteurs d'un champ étant engagés dans
un système de relations
«objectives», de sorte que les actions des acteurs
ne sont compréhensibles que replacées dans le système de
relations. Les secteurs du district d'Abidjan retenus sont (les
marchés, les grands espaces commerciaux, les postes de contrôles
ou corridor d'entrée, et les entrepôts d'entreprises
privées ou publiques au sein des zones industrielles.). Afin de
limiter l'ampleur du corpus à étudier (critère de
faisabilité) et de prendre en compte le poids des traditions
universitaires, nous avons choisi d'étudier le phénomène
dans ces différents secteurs d`activités économiques, en
l'occurrence les grands marchés et les grands espaces commerciaux des 13
communes qui constituent le district d`Abidjan, les quatre grands corridors
d`entrée du district d`Abidjan ( les corridors d`entrée de DABOU,
et de GESCO sur l`autoroute du nord et celui d`ADZOPE, les corridors
d`entrée de BINGERVILLE et de la route ABIDJAN-BASSAM-ABOISSO. Les zones
industrielles du district d`Abidjan. Ces différents secteurs ont
été retenus parce que beaucoup d`activités
économiques s`y déroulent. Par ailleurs, le choix d'observer les
sciences économiques et la sociologie criminelle dans l`étude de
ce phénomène, et non dans d'autres études où
peuvent se retrouver des sociologues et des économistes (criminologie,
relations industrielles, communication) tient au fait que ce sont dans ces
genres de sujets d`études que la logique propre à chacune des
deux disciplines s'observerait le mieux. Ceci, en raison de
l'indépendance entre ces deux disciplines scientifiques. Cette
indépendance est bien sûre toute relative.
CHAPITRE 5 : TECHNIQUES DE RECUEILS DES DONNEES
V-1- Techniques
Cette étape a permis de faire le tour d`horizon des
différents travaux de recherches et articles de presse ayant trait
à notre objet en l`occurrence ceux de LEMIRE, GUY, (1998) qui
parle de l'univers de la prison à l'aube du 21e siècle à
travers une analyse des pénitenciers canadiens, Brochu, Serge (1998),
Cousineau, Marie Marthe(1998), eux parle des cheminements vers un style de vie
déviant, les adolescents des Centres jeunesse et des centres pour
toxicomanes. Lemire, Guy; Brochu, Serge; NOREAU, Pierre;
PROULX, Jean; Rondeau, Gilles; Langlois, Claudine;
CASTONGUAY, Suzanne; FREDETTE, Chantal (1998), eux demande de
recourir aux droits pénaux et au système pénal pour
résoudre les problèmes sociaux. Brochu, Serge (1995) lui
parle de la Prévention de la toxicomanie de la prévention de la
délinquance, et de la prévention de la déviance.
Cousineau, Marie-Marthe; Lemire, Guy; VACHERET, Marion;
Dubois, Etienne (2002), eux parlent des contrevenants en liberté
d'office, de leur profil et perspectives.
La technique de recueils de données, a aidé
à trouver la problématique. La première recherche a
commencé par Internet, par des recherches thématiques. On a
recherché sur le net les notions principales du sujet d`étude ;
elles ont été reliées, notion par notion pour ensuite
reconstituer tout le sujet. La contrebande est reliée aux marchandises,
puis aux différents territoires douaniers (ceux de la Côte
d`Ivoire et ceux d`Abidjan). Le travail bibliographique a été
incontournable dans l`élaboration de la revue de littérature afin
de mener une bonne
investigation. Il s`agissait à travers ce travail de
bien contrôler le sujet avant d`aller à la recherche, en d`autres
termes avant d`aller sur le terrain pour éprouver l`hypothèse de
recherche.
Ainsi, ce travail préliminaire a remplit quatre fonctions
de base :
- a informé sur les principaux
résultats de recherche déjà existants sur notre objet
d`étude (la contrebande). Il nous a fait gagner en temps, nous a
évité les redites et nous a facilité l`élaboration
de la problématique de notre thèse ;
- a fait découvrir, les problèmes
qui ont été posés par d`autres chercheurs et de la
façon dont ils les ont conceptualisés ;
- a permis d`avoir accès aux
théories déjà traitées qui nous intéresse.
Le but de cette technique consiste à obtenir des données
permettant de trancher en faveur d`une de ces théories ou d`une de ces
explications.
Ainsi, on a répertorié des articles de certaines
ONG comme l`ONG STOP FRAUDE et de l`OIPI, qui ont organisé une
conférence de presse en décembre 2008 sur le problème de
la corruption et de la fraude fiscale dans notre pays. Chaque entité de
son côté, pour réussir sa mission, l`ONG a
créé plusieurs commissions de travail (contrefaçon,
contrebande, fraude fiscale, tricherie, formation emploi, impunité,
installations section, enquête. Autrement dit l`ONG croisée a un
peu calqué l`organisation de l`Office Ivoirien de la Protection de la
propriété Intellectuelle. Cet office à son niveau
collabore avec les autorités locales en de la mise en place de mesures
réglementaires et juridiques efficaces dans la lutte contre diverses
formes de fraude.
Elles ont permis tous deux (l`office et l`ONG)
d`appréhender l`objet de la thèse de façon relativement
neutre. Ces structures ont permis aussi de ne pas modifier la situation
d`enquOte. De ce point de vue on oppose à l`observation,
l`expérimentation (manipulation planifiée de variables dans
lesquelles on étudie des faits le plus souvent
provoqués). On a tenu compte du couple sujet/situation.
Le sujet ici est un individu pris en situation de contrebande
dans la société.
La situation se réfère au milieu qui d`une part
fait allusion aux conditions de vie du sujet, à l`âge, au niveau
d`instruction, à la situation matrimoniale, au genre. Ici, ce sont des
variables indépendantes ayant valeur de facteurs à risque dans la
présente thèse. Cependant, les variables indépendantes
définitives sont elles liées aux motivations ou aux intentions de
l`individu en face du mécanisme de contrôle social mise en place
dans la lutte contre la contrebande dans le district d`Abidjan.
1- L'observation
Pour systématiser et rendre plus méthodique
l`observation, on a multiplié le nombre des observations. Et tenu compte
de d`autres observations. Cela a été une façon de
contrôler les observations afin de les rentre plus objectives. On a
évité d`être un observateur absent, ou un observateur
déclenchant le comportement du sujet (effet rosinthal). On a d`une part,
été un observateur présent mais neutre, cela dans
l`étape préliminaire de l`enquête qui nous a conduit sur
les différents corridors du district. Là, on s`est rendu compte
de l`existence de nombreuses activités commerciales illicites allant de
la vente de fruits, à la vente de cigarettes à d`alcool où
tout autre article de contrebande. Et d`autre part, un observateur
impliqué ou un observateur participant pendant l`effectivité de
l`enquête en nous transformant en revendeur pour mieux apprécier
la manifestation du phénomène. On a utilisé une grille
d`observation (voir annexe) pour éviter d`être engluer dans des
préjugés, cela pose la question suivante : qu`est ce qu`on
souhaite observer et étudier ? On souhaite observer ce qui conduit
certaines personnes à la contrebande malgré la présence de
mesures dissuasives.
Il ressort que le phénomène s`explique par le
manque d`une politique de lutte efficace contre la contrebande. C`est comme si
les autorités locales démissionnent face au
phénomène. Où il faut sanctionner pénalement l`on
préfère transiger en matière d`infraction
contrebandière. Tous les acteurs en présence prouvent par leur
comportement et agissement que chacun à leur niveau, lutte pour un gain
économique rapide ou facile.
Certains sont présents dans cette activité illicite
par un besoin de survie et d`autre par contre cherche à maximiser
illicitement leur gain financier.
En définitive, en matière de contrebande ce qui
intéresse tout le monde c`est l`argent sale qui s`acquiert dans un
environnement camouflé et opaque, il n`y a pas d`éthique en
matière de fraude fiscale. La grande perdante, dans cette situation est
l`économie toute entière et la population qui se trouve
sinistrée. Toute cette observation s`est faite tout le long de notre
enquête sur une durée de trois années, soit de 2006
à 2009.
2- Techniques d'enqurte interrogation, les
entrevues
2-1-L'enquête interrogation
On a utilisé un questionnaire (voir annexe 15) et des
courriers avec différentes rubriques qu`on a administré aux
acteurs pour ce qui concernent directement les acteurs, ou envoyé des
courriers aux enquêtés pour ceux qui ne pourront être
atteints directement et facilement en l`occurrence les personnes ressources
importantes ou autorités locales. L`utilisation des courriers consiste
à mettre le chercheur en contact avec des acteurs témoins
susceptibles de donner plus d`éclaircissement sur l`objet à
l`étude.
Avec les questions de type ouvert, on a pu permettre aux
enquêtés de s`exprimer assez librement par rapport à
l`objet d`étude qui est la contrebande. Par exemple à la question
de savoir si les enquêtés devenaient acteurs par contrainte ou par
leur propre volonté, la majorité on reconnu que c`est par leur
propre volonté propre ou par un concours de circonstance.
A la question de savoir comment ils procédaient pour
faire entrer les produits de contrebande, la plupart ont parlé de leur
ingéniosité à camoufler les produits pendant la
traversée des corridors.
A la question de savoir si les acteurs ont des complices dans
l`administration, les enquOtés ont répondu par l`affirmative.
Cependant, en ce qui concerne les courriers au nombre de cinq,
il est arrivé que les envois s`égarent au sein même des
agences. Dans plusieurs cas, il a fallu renvoyer le courrier après
s`être renseigné sur le nom des personnes en charge de ce type de
demande.
Même après avoir pris ces précautions, il
a fallu parfois envoyer une nouvelle fois les courriers parce que nos contacts
avaient été mutés ou avaient pris leur retraite sans
transmettre notre demande à leur successeur (cas des autorités
des douanes).
Quant aux responsables de l`OIPI, de L` ONG Fraude et de
certains industriels, la tâche s`est avérée beaucoup plus
difficile : le principe de départ était d`utiliser les adresses
mentionnées sur le packaging des marchandises et, à
défaut, de les demander aux autorités de régulation. En
pratique, cette technique a très vite montré ses limites.
En effet, certaines des adresses mentionnées
étaient factices ou n`étaient plus à jour et les courriers
nous sont revenus entre 1 et 3 mois après l`envoi initial. Parfois, ils
ne sont pas revenus du tout ce qui a retardé encore la découverte
du problème.
Dans tous les cas, il a fallu mener des recherches secondaires
auprès des autorités ou par Internet afin de trouver les adresses
auxquelles il était possible de les joindre.
Il est à noter que le fait d`envoyer différentes
demandes successives aux autorités n`a pas facilité nos relations
avec elles et a sans doute dO entacher notre crédibilité. De
plus, les réponses des autorités nous sont souvent
arrivées trop tardivement pour que nous puissions réussir
à les contacter avant la fin de l`étude.
Enfin, tout comme pour les envois destinés aux
autorités, les courriers se sont souvent perdus au sein des entreprises
pour ce qui concerne certains industriels.
Il semble que beaucoup d`industries ne savaient pas à
qui transmettre notre demande, entraînant un va-et-vient des courriers
qui finissaient sans doute par Otre oubliés au fond d`un tiroir. En
conclusion, il aurait été possible d`améliorer la
couverture de notre enquOte et le taux de réponse si des contacts
directs avec les futurs enquêtés avaient été
établis avant l`envoi des questionnaires afin de vérifier les
adresses et d`obtenir le nom des correspondants.
Cependant, cette méthode étant
particulièrement chronophage, elle aurait nécessité
d`allonger la durée de l`étude.
Une fois les courriers arrivés entre les bonnes mains,
le taux de participation a été relativement bon (72,2% pour les
autorités et 67,3% pour les industriels), même si le délai
de réponse pouvait parfois être assez long (jusqu`à 7
mois).
Sachant que l'un des principaux écueils associés
aux enquêtes postales est leur faible taux de réponse, nous avions
prévu des relances très fréquentes par tous les moyens de
communication possibles.
2-2-Les entrevues
On a réalisé des entrevues semi dirigées
basées sur trois thèmes élaborés au
préalable afin de recueillir les informations pertinentes au regard des
questions de recherche, et en se fondant sur les activités
délinquantes de chaque acteur interviewé. Les entrevues
étaient ainsi personnalisées. Les trois thèmes
explorés étaient les suivants : (1) le «rationnel» ou
les raisons des intervenants initiaux ou finaux de la contrebande sous-tendant
leurs activités délinquantes, (2) leurs différents modes
opératoires, et (3) les jugements qu'ils portent sur les divers types
d`activités de contrebande qu`ils pratiquent. On a fait part
également des jugements dont ils font l'objet de la part des
autorités locales.
Premier thème : le
«rationnel»
En ce qui a trait au «rationnel» sous-tendant les
pratiques, les questions étaient fondées sur les activités
réelles de chacun des intervenants initiaux ou finaux de la contrebande.
On connaissait ces activités au moment de faire l'entrevue puisque on a
demandé à chaque acteur de parler des motivations justifiant de
leur entrée dans la contrebande sur une copie, quelques jours avant la
date de l'entrevue.
Voici des exemples de questions posées aux
répondants, le cas échéant, dans le cadre de ce premier
thème :
Pourquoi accepte t- ils de participer aux activités
illicites de contrebande?
Peut-on être appréhendé pour participation
à cette activité, y a-t-il une raison particulière
à cela?
Pourquoi les acteurs n`arrOtent pas cette activité
illicite qui est la contrebande de marchandises ?
Existe-il des stratégies qui permettent à
l`acteur de mieux faire passer les marchandises de contrebande sans se faire
appréhender?
Pourquoi les acteurs ont largement concentré leurs
activités dans le district autonome d`Abidjan et non ailleurs?
Les acteurs commettent-ils un certain nombre de contrebande
sur diverses marchandises ? Est-ce leur intérêt pour ces
activités les marginalise?
Est-ce que les acteurs ont des activités d'ordre
politique, social ou communautaire?
Pourquoi les acteurs risquent leur liberté ou leur vie
pour ces activités illicites et non pas pour d`autres activités
plus licites?
Pourquoi les acteurs ne sollicitent l`aide d'un organisme
subventionnaire, de leurs proches ou mOme de l`Etat avant d`entrée dans
la contrebande ?
Deuxième thème : les critères
d'évaluation des différents Modes d'opération de
contrebande
Voici maintenant des exemples de questions qui visaient à
connaître les critères d'évaluation des différents
modes opératoires de contrebande. La première question
était posée à tous les intervenants initiaux ou finaux du
phénomène. Cette première question introduisait une
série portant sur les critères d'évaluation des modes
opératoires.
Lorsque vous obtenez l`information de votre fournisseur que
votre commande est expédiée, pouvez-vous me dire le mode
opératoire que vous utilisez? En d'autres termes, est-ce que vous pouvez
me dire si ce sont vos fournisseurs qui facilitent l`entrée des
marchandises de contrebande, ou si c`est vous qui le faite
à votre propre compte ?
Les questions subséquentes visaient à obtenir
des précisions sur la réponse donnée à cette
première question; elles variaient donc selon la réponse obtenue.
Voici des exemples de questions que nous avons posées aux acteurs ou aux
enquêtés pris sur la base de données des acteurs
témoins de la police, de la douane et la gendarmerie nationale.
Parmi les différents types de contrebande de
marchandises (alimentaires, équipements de construction, drogues,
cigarettes, alcools, voiture de luxe etc.), quels sont ceux, selon vous, qui
ont eu le plus de poids dans la contrebande?
Parmi les marchandises citées, quelles sont celles qui
sont plus soumises au trafic illicite de la contrebande dans des
périodes récentes et plus localisées dans le district
autonome d`Abidjan, et ont eu un poids négatif sur l`économie de
cette localité?
Parmi les différents types de contrebande de
marchandises (traditionnelle, ou documentaire), dont les fournisseurs sont des
groupes de criminels organisés, des complices dans l`administration
publics ou parapublics, dans les entreprises, etc.), quels sont ceux qui ont eu
le plus de poids ces dernières années?
Si vous n'aviez pas eu de complicité dans l`appareil
administratif et judiciaire ivoirien pensez-vous que vous auriez obtenu votre
permanence en matière de contrebande?
Sur quels critères évaluez-vous
l`efficacité de votre mode opération? Que doit contenir un mode
opératoire en matière de contrebande?
|
Quelles sont les exigences qu`un mode opératoire impose en
matière de contrebande?
Troisième thème : les
jugements
|
En ce qui a trait aux questions portant sur les jugements des
intervenants initiaux ou finaux de la contrebande à l'endroit des
différents types d`activités de contrebande, elles se sont
raffinées et précisées au cours du processus de cueillette
des données. L'accumulation d'informations à propos des jugements
ainsi qu'à propos de la position occupée par ceux qui les
exprimaient au sein de la structure des rapports de force nous a permis
d'identifier les types d`activités valorisées ou dominantes au
sein des groupes criminels, ainsi que les acteurs soit défendant, soit
contestant ces types d`activités. L'identification des types
d`activités dominantes rendait possible, du mOme coup, l'identification
des types d`activités dévalorisées. En ce sens, on peut
dire que les réponses obtenues aux questions portant sur les jugements
nous ont permis de reconstituer progressivement la configuration des rapports
de force entre les différentes conceptions des activités de
contrebande au sein des groupes criminels et de leurs complices.
Il importe d'ajouter qu'un très grand nombre de
contrebandiers, une fois le climat de confiance établi lors de
l'entrevue, portaient spontanément des jugements sur les divers types de
contrebande au sein de leur groupe ainsi que sur la production d`actes de
contrebande immédiats ou plus éloignés. En outre, il est
arrivé à certaines occasions, afin de susciter un jugement de la
part des répondants sur des enjeux d'importance dans leurs
activités et/ou dans leur mode opératoire, que nous rapportions
les opinions de témoins actifs (sans les identifier) que nous savions
contraires ou différentes des leurs. Cette stratégie portait
fruit dans la très grande majorité des cas.
Voici quelques exemples de questions que nous avons posées pour
connaître les jugements des intervenants initiaux ou finaux de la
contrebande en tenant compte des bases de données de la police, les
douanes et la gendarmerie nationale.
Que pensez-vous des critères d'évaluation de vos
modes opératoires pour ce qui concerne les activités de
contrebande ?
Comment classez-vous vos activités ? sont-elles de l`ordre
du normal ou de l`anormal?
Que pensez-vous des fournisseurs, acheteurs vendeurs ou
revendeurs qui, au sein d`un réseau bien ficelé font
prospérés la contrebande, dans le district d`Abidjan?
Que pensez-vous de vos complices directs au sein de votre
groupe?
Êtes-vous d'accord de travailler en leur compagnie?
Considérez-vous que les activités de contrebande
sont meilleures que les activités de commerce légal ?
Vous avez employé plusieurs modes opératoires
dans votre carrière criminelle ; quels sont ceux que vous avez le plus
employé et dont l`efficacité ne fait aucun doute?
2-3-La réalisation des entrevues
Pour réaliser les entrevues on a pris contact par
courrier avec les répondants ou on les a croisés directement sur
le terrain de la recherche. On leur a expliqué les objectifs de la
recherche et en quoi consisterait leur participation. On leur a demandé
également une copie qui retracerait leur parcours dans la contrebande
puisque l'entrevue porterait sur leurs activités illicites. A cette
occasion leur nom ne serait pas dévoilé dans aucune production,
que ce soit la thèse ou dans des publications ultérieures.
Quelques jours avant la date prévue de la rencontre, les
répondants nous faisaient parvenir leur réponse quant à
leur volonté de participer à l`enquOte. Dans le but de
préserver l'anonymat des répondants, il leur était offert
de réaliser l'entrevue dans un endroit de leur choix, autre que leur
lieu d`activité. Un seul répondant a demandé à ce
que l'entrevue ait lieu dans un lieu, situer à l'extérieur du
lieu d`activité auquel il est affilié. Un second
répondant, pour des raisons de contraintes de temps, a demandé
à ce que l'entrevue ait lieu dans un maquis de la place. Tous les autres
répondants ont choisi que l'entrevue ait lieu à leur lieu
d`activité. Une fois rendu sur place, certains nous présentaient
à leurs collègues et divulguaient l'objet de notre visite.
Plusieurs nous suggéraient, sans que nous le demandions, le nombre
d`acteurs qui, selon eux, seraient intéressés à participer
à notre enquête, ou qu'il serait intéressant que nous
rencontrions pour notre recherche.
On peut déduire du caractère ouvert dans lequel
se déroulait la majorité des entrevues que la question de la
définition légitime des pratiques contrebandière et de
l'évolution du système criminel dans le district d`Abidjan au
cours des 10 ou 20 dernières années semble Otre une question que
les chercheurs commencent à aborder ouvertement.
Cette ouverture a rendu la cueillette des données possible
différemment à ce que nous imaginions.
Cependant, si on reproche à ces entrevues de nous
fournir des réponses impressionnistes, elles permettent néanmoins
de cerner les méandres du comportement de l`acteur. Ces trois techniques
(observations, enquête interrogation et entrevues) sont
complémentaires par rapport à l`objet. Les statistiques ont mis
en interaction des faits avec les différentes théories,
théories elles mêmes liées aux déductions et aux
hypothèses opérationnelles. Il s`agit aussi de confronter
l`hypothèse générale aux réalités de
l`enquête par l`intermédiaire de la technique de l`observation.
Les mesures ont consisté à mettre en relation des concepts
abstraits en tentant de les mesurer. Exemple : la contrebande ; sa forme d`une
part et sa quantité d`autre part. Aussi les statistiques ont permis de
mettre en évidence la population et l`échantillon à
l`étude. Cependant, des difficultés de communication avec les
enquêtés ont existé dans la mesure où le niveau de
langue utilisé dans le guide d`entretien semblait trop
élevé pour la plupart de nos interlocuteurs, principalement les
acteurs contrebandiers analphabètes. On a été contraint de
simplifier le niveau de langue afin de l`adapter au leur. On a aussi connu des
refus surtout pour ce qui concerne les femmes, qui refusaient d`être mise
au devant des projecteurs. Elles ont toujours souhaité rester dans
l`anonymat. Aussi, les acteurs témoins (policiers, douaniers, gendarmes,
inspecteurs du ministère du commerce ont été très
souvent indisponibles.
CHAPITRE 6 : METHODES D'ANALYSE ET APPROCHES
DISCIPLINAIRES
VI-1-Méthodes D'analyse
1- Épistémologie scientifique et limites
Selon GASTON BACHELARD, la science est un
produit de l`esprit humain, produit conforme aux lois de notre pensée et
adapté au monde extérieur. Elle offre donc deux aspects, l`un
subjectif, l`autre objectif, tous deux également nécessaires, car
il nous est aussi impossible de changer quoi que ce soit aux lois de notre
esprit qu`à celle du monde. Nous disons que ce sont ces mêmes
démarches que les sciences criminologiques utilisent pour aborder la
compréhension de tout phénomène social. Elle a à
réfléchir sur l`utilité et l`efficacité des lois
qu`elle découvre.
Il ne serait pas difficile de montrer, d`une part, que, dans
ses jugements scientifiques, le rationaliste criminologiste le plus
déterminé accepte journellement l`instruction d`une
réalité qu`il ne connaît pas à fond et que, d`autre
part, le réaliste le plus intransigeant procède à des
simplifications immédiates, exactement comme s`il admettait les
principes informateurs du rationalisme. Autant dire que pour la philosophie
scientifique, il n`y a ni réalisme ni rationalisme absolus et qu`il ne
faut pas partir d`une attitude philosophique générale pour juger
la pensée scientifique. Tôt ou tard, c`est la pensée
scientifique qui deviendra le thème fondamental de la polémique
philosophique ; cette pensée conduira à substituer aux
métaphysiques intuitives et immédiates les métaphysiques
discursives objectivement rectifiées. A suivre ces rectifications, on se
convainc par exemple qu`un réalisme qui a rencontré le doute
scientifique ne peut plus
Otre de mOme espèce que le réalisme
immédiat. Il semble d`ailleurs qu`on puisse donner rapidement une raison
de cette base dualistique de toute philosophie scientifique : par le fait
même que la science est une philosophie qui s`applique, elle ne peut
garder la pureté et l`unité d`une philosophie spéculative.
Quel que soit le point de départ de l`activité scientifique,
cette activité ne peut pleinement convaincre qu`en quittant le domaine
de base : si elle expérimente, il faut raisonner ; si elle raisonne, il
faut expérimenter.
Toute application est transcendance. Dans la plus simple des
démarches scientifiques, nous montrerons qu`on peut saisir une
dualité, une sorte de polarisation épistémologique qui
tend à classer la phénoménologie sous double rubrique du
pittoresque et du compréhensible, autrement dit, sous la double
étiquette du réalisme et du rationalisme. Si nous savions,
à propos de la psychologie de l`esprit scientifique, nous placer juste
à la frontière de la connaissance scientifique, nous verrions que
c`est à une véritable synthèse des contradictions
métaphysiques qu`est occupée la science contemporaine. Toutefois,
le sens du vecteur épistémologique nous paraît bien net. Il
va sûrement du rationnel au réel et non point, à l`inverse,
de la réalité au général comme le professaient tous
les philosophes depuis Aristote jusqu`à Bacon.
Si le réel immédiat est un simple
prétexte de pensée scientifique et non plus un objet de
connaissance, il faudra passer du comment de la description au commentaire
théorique. Cette explication prolixe étonne le philosophe qui
voudrait toujours qu`une explication se borne à déplier le
complexe, à montrer le simple dans le composé. Or la
véritable pensée scientifique est métaphysiquement
inductive ; comme nous le montrerons à plusieurs reprises, elle lit le
complexe dans le simple, elle
dit la loi à propos du fait, la règle à
propos de l`exemple. Nous verrons avec quelle ampleur les
généralisations de la pensée moderne achèvent les
connaissances particulières. Nous mettrons en évidence une sorte
de généralisation polémique qui fait passer la raison du
pourquoi au pourquoi pas. Nous ferons place à la paralogie à
côté de l`analogie et nous montrerons qu`à l`ancienne
philosophie du comme si succède, en philosophie scientifique, la
philosophie du pourquoi pas. Comme le dit Nietzsche : tout ce qui est
décisif ne naît que malgré. C`est aussi vrai dans le monde
de la pensée que le monde de l`action. Toute vérité
nouvelle naît malgré l`évidence, toute expérience
nouvelle naît malgré l`expérience immédiate.
Devant cette floraison épistémologique, faut-il
continuer de placer d`une réalité lointaine, opaque, massive,
irrationnelle ? C`est oublier que le réel scientifique de la
criminologie est déjà en rapport dialectique avec la raison
scientifique. Après un dialogue qui dure depuis tant de siècles
entre le monde et l`Esprit, on ne peut plus parler d`expériences
muettes. Pour interdire radicalement les conclusions d`une théorie, il
faut que l`expérience nous expose les raisons de son opposition. Le
physicien n`est pas aisément découragé par une
expérience négative. Michelson est mort sans trouver les
conditions qui auraient, d`après lui, redressé son
expérience relative à la détection de l`éther. Sur
la base mOme de cette expérience négative, d`autres physiciens
ont subtilement décidé que cette expérience
négative dans le système de Newton était positive dans le
système d`Einstein. Ils ont précisément
réalisé sur le plan de l`expérience, la philosophie du
pourquoi pas. Ainsi une expérience bien faite est toujours positive.
Mais cette conclusion ne réhabilite pas la positivité absolue de
l`expérience tout court, car une expérience ne peut être
une expérience bien faite que si elle est complète, ce qui
n`arrive
que pour l`expérience précédée
d`un projet bien étudié à partir d`une théorie
achevée. Finalement les conditions expérimentales sont des
conditions d`expérimentation. Cette simple nuance donne un aspect tout
nouveau à la science puisqu`elle met l`accent sur les difficultés
techniques qu`il y a à réaliser un projet théorique
préconçu. Les enseignements de la réalité ne valent
qu`autant qu`ils suggèrent des réalisations rationnelles.
C`est donc bien à la croisée des chemins que
doit se placer l`épistémologie, entre le réalisme et le
rationalisme. C`est là qu`il peut saisir le nouveau dynamisme de ces
philosophies contraires, le double mouvement par lequel la science simplifie le
réel et complique la raison. Le trajet est alors écourté
qui va de la réalité expliquée à la pensée
appliquée. C`est dans ce court trajet qu`on doit développer toute
la pédagogie de la preuve.
D`une manière générale encore, n`y a-t-il
pas un certain intérêt à porter le problème
métaphysique essentiel de la réalité du monde
extérieur sur le domaine même de la réalisation
scientifique ? Pourquoi partir toujours de l`opposition entre la Nature vague
et l`Esprit fruste et confondre sans discussion la pédagogie de
l`initiation avec la psychologie de la culture ? Par quelle audace, sortant de
moi, va-t-on recréer le Monde en une heure ? Comment aussi
prétendre saisir un moi simple et dépouillé, en dehors
même de son action essentielle dans la connaissance objective ? Pour nous
désintéresser de ces questions élémentaires, il
nous suffira de doubler les problèmes de la science par les
problèmes de la psychologie de l`esprit scientifique, de prendre
l`objectivité comme une tâche pédagogique difficile et non
plus comme une donnée primitive.
D`ailleurs c`est peut-Otre dans l`activité scientifique
qu`on voit le plus clairement le double sens de l`idéal
d`objectivité, la valeur à la fois réelle
et sociale de l`objectivation. Comme le dit M. Lalande, la
science ne vise pas seulement à « l`assimilation des choses entre
elles, mais aussi et avant tout à l`assimilation des esprits entre eux
». Sans cette dernière assimilation, il n`y aurait pour ainsi dire
pas de problème. Devant le réel le plus complexe, si nous
étions livrés à nous-mOmes, c`est du côté du
pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance
: le monde serait notre représentation. Par contre, si nous
étions livrés tout entier à la société,
c`est du côté du général, de l`utile, du contenu,
que nous chercherions la connaissance : le monde serait notre convention. En
fait, la vérité scientifique est une prédiction, mieux,
une prédication. Nous appelons les esprits à la convergence en
annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup
une pensée et expérience, liant la pensée à
l`expérience dans une vérification : le monde scientifique est
donc notre vérification. Au dessus du sujet, au-delà de l`objet
immédiat, la science moderne se fonde sur le projet. Dans la
pensée scientifique, la méditation de l`objet par le sujet prend
toujours la forme du projet.
Les données ci-dessus recueillies, font ressortir de
l`enquOte que l`âge, est un facteur à risque et non un facteur
définitif dans l`explication du phénomène. En ce sens que
l`on a pu croiser différentes tranches d`âge au centre du
phénomène lors des investigations. Cependant, la tranche
d`âge de (18, 25) a connu le plus grand nombre d`acteurs contrebandiers
et cela s`explique tout simplement parce qu`elle représente la plus
grande franche de la population ivoirienne en activité économique
soit plus de 50% (INS 98) de la population active. Le genre (sexe) est comme
l`âge un facteur à risque, il ne justifie pas absolument la
présence d`un individu dans la contrebande. On rencontre à la
fois des femmes et des hommes au centre du problème. Cependant, les
hommes
ont prouvé par leur accessibilité et
disponibilité, qu`ils étaient près à participer
à notre recherche différemment aux femmes qui elles, se sont
montrées un peu plus discrètes. On a aussi rencontré d`une
part, des acteurs actifs (fournisseurs, des vendeurs ou des revendeurs) et
d`autre part des acteurs passifs (acheteurs, distributeurs consommateurs).
Aucun rôle ici n`est plus déterminent que l`autre dans la
structuration du phénomène par exemple le fournisseur n`est pas
plus important que le distributeur, chaque maillon du réseau à
une utilité. On retrouve aussi tous les niveaux d`instruction au centre
du problème depuis les acteurs analphabètes jusqu`aux grands
intellectuels (criminels à col blanc) tous à leur niveau se
retrouvent au centre de la contrebande, même si le regard est très
souvent dirigé vers les acteurs analphabètes qui se font le plus
souvent prendre pendant les contrôles.
En définitive, toutes les couches sociales participent
au phénomène, allant, du travailleur dans l`administration
publique à celui du privé, de celui du formel à
l`informel, jusqu`aux débrouillards ou aux sans emplois. Cependant, le
regard reste pointé sur les acteurs qui n`ont pas un emploi fixe
(chômeurs, débrouillards, sans emploi) contrairement aux
travailleurs ayant un emploi fixe et officiel. Cette situation s`explique par
le fait que l`opinion publique pense que les individus qui ont un emploi fixe
et officiel, sont moins tentés à passer à l`acte de
contrebande que ceux qui se trouvent dans un état d`oisiveté et
d`emploi précaire. Un adage populaire le signifiant si bien =`l`
oisiveté est la mère de tous les vices«. MOme s`il
s`avère que c`est le point de vu de l`opinion commune, dans la
réalité et dans les faits, un travailleur officiel n`est pas
moins contrebandier qu`un autre employé dans un emploi officieux.
Pour mieux comprendre le phénomène de la
contrebande, Il s`agit de comprendre les motivations personnelles de chaque
acteur en face
d`une situation incitatrice ou de toute opportunité
avant le passage à l`acte. Il faut tenir compte très souvent de
la condition sociale des acteurs. Et cette analyse est la même en ce qui
concerne les facteurs explicatifs liés à la nationalité,
au milieu de vie, à la situation matrimoniale, à la religion etc.
Tous ces facteurs explicatifs doivent toujours être associés au
libre arbitre de l`acteur. Parce qu`il existe dans des cas où, des
individus malgré leur condition de vie favorable, aisée ne
s`empêchent pas à prospérer dans la contrebande pour un
besoin de rentabilité économique et pour un enrichissement
illicite permanant.
Par contre il se trouve des personnes vivant dans une
situation de vie défavorisée, qui volontairement refuse
d`être contrebandier. Alors les questions de fond qui nous viennent
à l`esprit sont les suivantes :
Quelles sont les raisons personnelles et fondamentales qui
incitent tout individu à embrasser une carrière de contrebandier
?
Est-ce parce que cette activité lui apporte une
sécurité économique ? Est-ce qu`on devient contrebandier
par imitation ou par envie?
Est-ce qu`on est contrebandier parce que les contrôles de
douane et de police ne sont pas efficaces?
Est-ce qu`on est contrebandier parce que les autorités
créent ou surestiment les droits et taxes de douane aux
frontières ?
La préférence de la transaction au
détriment de l`application strictes de sanctions pénales en
matière de punition contrebandière n`est elle pas une des raisons
explicatives du problème?
En tentant de répondre à ces interrogations nous
cherchons à explorer d`autres voies explicatives du
phénomène.
Les motivations ou raisons de l`acteur lui-même soumis
à de fortes tentations peuvent le conduire au passage à
l`acte.
Sans oublier que les défaillances liées aux
mesures de contrôle et à la taxation démesurée aux
différentes entrées routières du district d`Abidjan
explique aussi le phénomène.
2-Méthodes qualitative/quantitative et limites
Les méthodes qualitatives ont permis l'exploration et
les méthodes quantitatives ont permis la vérification
d'hypothèses dans un domaine où l'exploration était
complétée. Aussi, dans les champs les plus investigués et
les plus riches sur le plan théorique, dans le domaine de la
délinquance contrebandière par exemple, on ne s'est pas
limité à des techniques élémentaires mais l'on a
accédé aux procédures les plus complexes d'analyse des
données. S'il faut souligner avec force cette qualité de la
recherche empirique de la criminologie, ce choix judicieux des outils, il
convient aussi de se rendre compte que les deux grands modes de connaissance,
la description et l'explication, ont été bien mis en ~uvre. Et ce
faisant, les deux fonctions et finalités de la recherche, qui ne
connaissent pas toujours un développement équilibré dans
toutes les disciplines étaient assurées : l'accroissement des
connaissances, la recherche fondamentale, d'une part, et l'amélioration
de la pratique par une évaluation continue, la recherche
appliquée, d'autre part. La criminologie empirique se caractérise
par la diversité et l'ampleur des recherches fondamentales qui ont
été réalisées au cours des vingt-cinq
dernières années. S'il faut s'en féliciter, il convient
toutefois d'être bien conscient qu'il s'agit de recherches empiriques et
descriptives pour la très grande majorité d'entre elles. C'est
seulement dans le secteur de la délinquance qu'elles ont
débouché sur des démarches intégratives et la
formulation de théories spécifiques. Au cours des prochaines
vingt-cinq années, il faudra que les chercheurs que nous sommes
dépassent la
description et accèdent à l'explication.
Toutefois, le legs du dernier quart de siècle est impressionnant, car
nous sommes convaincus facilement que très peu d'aspects du
phénomène criminel ont été négligés.
Ce qui laisse à désirer, ce sont les théories à
portée moyenne.
Les recherches ne se sont pas bornées à faire
progresser les connaissances, elles ont fait aussi des recherches
appliquées. Il s'agit d'études descriptives et évaluatives
ayant pour objectif d'analyser les politiques et les institutions mises en
place pour contrôler le crime. Depuis vingt-cinq ans, les criminologues
ont été des experts qui ont exécuté des recherches
empiriques pour plusieurs commissions d'enquêtes, des Ministères,
etc. Ce patrimoine est important, par le nombre et par sa pertinence sociale,
et la contribution majeure de ces travaux réside assurément dans
l'évaluation des internats et prisons, et dans les recommandations
pratiques qui en ont résulté. Une autre contribution importante
est constituée par les travaux sur l'opinion publique à
l'égard des lois et institutions de contrôle social : sans ces
enquêtes, le législateur et les gestionnaires décident
d'une façon trop intuitive, voire fantaisiste.
Si la recherche empirique est caractérisée par
la quantité et la qualité des instruments, et par la poursuite
d'objectifs scientifiques diversifiés, la production de connaissances,
et surtout de connaissances appliquées, a encore pour sa part, un
défi majeur à relever : la réitération. Sans la
répétition des études, nous ne pourrons jamais
vérifier si les résultats sont le fruit d'une conjoncture
particulière, inscrite dans l'espace et le temps, ou s'ils
reflètent des réalités et processus fondamentaux. C'est la
tâche principale qui attend les criminologues engagés dans la
recherche empirique partout dans le monde.
VI-2- Méthodes multidisciplinaires en
criminologie et leurs limites
1-Les méthodes multidisciplinaires
La criminologie moderne est en pleine évolution sous le
triple rapport des idées directrices, des problèmes
étudiés, et des méthodes de recherche. Il en est
résulté naturellement des controverses entre représentants
de tendances divergentes. L`un des thèmes de discussion se rapporte
à l`orientation générale de la recherche. Faut-il donner
la priorité à l`orientation dirigée vers les
problèmes, ou à l`orientation dirigée vers les
méthodes ? Ce dilemme a été bien analysé par
Hermann Mannheim, (1965). L`idéal serait, naturellement d`étudier
les problèmes d`importance fondamentale avec une méthodologie
rigoureuse, mais cet idéal se montre souvent impossible ; faut-il alors
persister à étudier ces problèmes capitaux avec une
méthode imparfaite, ou se borner à étudier des
problèmes d`ordre secondaire avec d`excellentes méthodes ? Les
partisans d`une criminologie scientifique penchent souvent pour cette
dernière alternative. Cependant, en criminologie comme en
médecine, le besoin de solutions pratiques urgentes peut
prévaloir sur les desiderata de la théorie scientifique. C`est
d`ailleurs la raison pour laquelle, autrefois, les partisans de Beccaria
n`attendirent pas, pour commencer leurs reformes, que la science criminologique
eût apporté des solutions aux problèmes qu`ils
affrontaient. La tendance prédominante, en criminologie moderne, semble
Otre l`orientation vers les problèmes, avec un effort particulier pour
trouver des voies nouvelles afin d`améliorer la méthodologie. On
peut se demander pourquoi il est si difficile, en criminologie, de s`attaquer
aux problèmes fondamentaux avec des méthodes rigoureuses, tandis
que ces dernières s`appliquent surtout aux problèmes
d`importances secondaires. La raison
en est principalement dans le caractère complexe de la
criminologie. La criminologie étudie l`origine du
phénomène criminel, or les causes du crime sont multiples, les
unes étant d`origine psycho biologique, les autres d`origine
sociologique. D`une part, il existe une criminologie générale,
qui cherche à établir des lois universelles comme il en est dans
les sciences physiques et naturelles, et d`autre part, une criminologie
clinique, qui est la science du fait particulier, soit comme point de
départ, soit comme domaine d`application des faits établis par la
criminologie générale. Il résulte de là que la
criminologie doit se servir des méthodes différentes, suivant
qu`elle étudie les causes biologiques ou les causes sociologiques du
crime, et suivant qu`elle travaille dans le domaine théorique et
général ou dans le domaine clinique et individuel. Nous voyons
donc que la criminologie ne peut progresser que par la mise en ~uvre d`une
pluralité de méthodes. Ces méthodes seront, les unes
empruntées à d`autres sciences (biologie, psychologie,
psychiatrie, sociologie), d`autres propres à certains domaines de la
criminologie au sens le plus large (criminalistique, pénologie). Cette
pluralité des méthodes comporte des conséquences
théoriques et pratiques importantes. Si la criminologie veut Otre plus
qu`une mosaïque de données empruntées à des sciences
auxiliaires, elle doit envisager le moyen d`effectuer la synthèse des
données. A notre avis, la notion essentielle sur laquelle se fonde
l`autonomie de la criminologie est celle de la finalité éthique
qui dirige l`activité du criminologiste. A ce point de vue, la
criminologie se compare à la médecine et à la
pédagogie : la médecine ne se conçoit pas sans application
au traitement et à la prévention des maladies ; la
pédagogie n`a de sens que par son orientation éthique et son
application au développement harmonieux de l`individualité de
l`enfant. De mOme, la criminologie n`aurait aucun sens si elle n`était
pourvue d`une visée de valeurs spécifiques : sa
finalité
éthique se réalise par son application à
la prophylaxie du crime, à la resocialisation (et, s`il y a lieu, au
traitement) des criminels. Donc, les méthodes biologiques,
psychologiques, psychiatriques, sociologiques, et autres, employées par
la recherche criminologique, doivent converger vers une synthèse, dont
le principe directeur réside dans la visée de valeurs
définies plus haut. Du point de vue pratique la pluralité des
méthodes de recherche implique une conséquence importante, qui
est le caractère multidisciplinaire de la plupart des recherches en
criminologie. Certes, il existe des possibilités de recherche
individuelles en criminologie, et beaucoup de découvertes importantes
doivent le jour au labeur de savants travaillent isolément dans un
domaine étroitement circonscrit (la statistique criminologique a
été fondée par deux de ces isolés, QUETELET et
GUERRY). Mais plus les problèmes étudiés sont d`ordre
général, plus l`approche pluridisciplinaire s`impose. Nous
n`avons pas à aborder ici les aspects méthodologiques et
psychologiques de la recherche d`équipe, qu`il s`agisse d`une
équipe intra disciplinaire ou pluridisciplinaire : ces problèmes
sont les mêmes en criminologie que dans les autres sciences. Rappelons
simplement qu`en criminologie, c`est une finalité éthique qui en
constituera le pôle directeur. En criminologie comme dans les autres
sciences, on distingue plusieurs sortes de recherches. Il existe une recherche
exploratrice, qui a pour but d`évaluer si un certain objet possible de
recherche a des chances d`être abordé avec fruit. Il existe une
recherche-pilote, dont le but est de fournir, pour ainsi dire, un
échantillon préliminaire d`une recherche, laquelle sera ensuite
poursuivie avec des moyens et sur une échelle plus vaste. Il existe une
recherche confirmatrice, destinée à vérifier les
résultats d`une recherche antérieure exécutée avec
une méthode analogue. Il existe une recherche validatrice,
destinée à vérifier les résultats d`une recherche
antérieure, par recoupement, en employant
d`autres méthodes. Il existe enfin une recherche
conceptuelle, qui reprend et analyse les concepts de base d`une science en
examinant s`ils ne doivent pas Otre modifiés à la suite des
nouvelles acquisitions de la science en question. Comme pour les autres
sciences, la recherche criminologique présuppose certaines conditions
matérielles et sociales. Pour la criminologie, les principales
présuppositions sont les suivantes : tout d`abord, l`existence de
statistiques criminelles bien faites, au niveau régional, national et
international. Ensuite l`existence de documents de base : tels sont les
dossiers des services de polices, de douanes, de la gendarmerie nationale, des
tribunaux, des pénitenciers et maisons de rééducation.
Enfin, l`existence de chercheurs qualifiés et entraînés
dans la technique des recherches qu`ils ont à effectuer, tout en
étant au courant des principes et des problèmes de la
criminologie générale. Il faut également des centres de
documentations, des bibliothèques spécialisées, et des
bibliographies bien faites. Une partie des efforts consacrés à la
recherche consiste à former des chercheurs qualifiés, et à
provoquer l`amélioration de la valeur des statistiques, ainsi que des
documents de base et de la documentation. Il y a là un ensemble de
facteurs auxiliaires de la recherche qui constitue ce que l`on a appelé
la =` la recherche invisible« : le policier ou le douanier qui fait un
rapport exact et complet sur un délit ; le travailleur social qui fait
une enquête consciencieuse ; l`officier du pénitencier qui
établit et met à jour un dossier complet sur le comportement d`un
détenu ; le fonctionnaire qui s`astreint à faire une statistique
exacte et précise des délits commis dans son district. Tous
contribuent sans le savoir à la recherche en criminologie. Un autre
facteur essentiel pour la recherche consiste dans l`appui apporté par
les autorités publiques, tant du point de vue matériel que moral,
et l`encouragement qu`elle reçoit de la part du public.
- Les méthodes généalogiques
ou le rôle de l'hérédité dans la
criuirmLigémèse : elles ont
été appliquées à l`étude des groupes
présentant un nombre insolite de contrebandiers parmi les
différents acteurs en présence. Exemple : les
célèbres études de DUGDALE sur la famille de JUKES, celles
de Goddard sur les =`Kallikas«. L`intérOt documentaire de ces
recherches est indéniable, mais les conclusions qu`elles permettent de
tirer n`ont qu`un faible degré de généralité. Elles
conservent cependant toute leur valeur au titre de recherche exploratrice.
Comme les précédentes méthodes, les méthodes
statistiques mathématiques établies pour les recherches sur
l`hérédité en général, mises au point pour
les recherches sur l`hérédité des maladies mentales par
une école de psychiatres généticiens (RÜDIN,
LUXEMBURGER, etc.), elles ont été appliquées à la
criminologie par quelques-uns de ces psychiatres généticiens,
notamment Ernst et STUMPFl. Ces auteurs ont trouvé, parmi les membres
des familles de criminels, un pourcentage de criminels notablement plus
élevé que dans la moyenne de la population. L`objection
fondamentale qui leur a été adressée réside dans
l`existence d`une =`pseudo hérédité« par
identification du criminel avec les modèles présentés par
les membres criminels de sa famille. Cette objection n`élimine pas
l`hypothèse que des facteurs criminogènes
héréditaires vrais puissent exister à côté de
la=`pseudo hérédité«, mais il en résulte la
nécessité de reprendre les études statistiques
mathématiques avec des méthodes beaucoup plus complexes, aptes
à délimiter exactement la part de l`hérédité
et de la=`pseudo hérédité«. De telles études
n`ont pas été entreprises jusqu`ici.
-les méthodes liées à la psycho
criminologie
Les méthodes individuelles ont trouvé des
précurseurs dans les descriptions du crime données par les grands
écrivains, et plus tard dans les collections de causes
célèbres (le =`Pitaval« à partir de 1734, etc.). Puis
le passage de comptes rendus anecdotiques à l`analyse psychologique a
été effectué par ANSELM Feuerbach (1828), qui choisit un
certain nombre de cas types pour consacrer à chacun d`eux une analyse
psychologique très détaillée,
précédée d`une reconstitution minutieuse de la vie
entière du criminel. Plus récemment, des études du type
longitudinal ont été reprise par Tarde, et surtout par Sutherland
aux Etats-Unis Sutherland a étudié la carrière du
contrebandier américain, à côté de ces études
de caractère essentiellement descriptif, d`autres études ont
été effectuées avec des techniques spéciales :
psychanalyse et autres méthodes de psychologie des profondeurs,
phénoménologie existentielle à d`autres études, de
portée limitée, à l`aide de tests de projection. Les
méthodes de séries s`effectuent à partir
d`échantillons suffisamment importants pour permettre une analyse
statistique. On prend, par exemple un groupe d`une centaine d`individus ayant
commis telle ou telle variété de crime, ou présentant des
caractéristiques communes (âge, milieu social, etc.), et on
compare les résultats obtenus avec ceux montrés par un groupe
témoin. /DIJ1PfiIhoG-IJ1G'fiIuG-sIJ1 individuelles par groupes
de SEELIG, essaie de remédier aux inconvénients des deux autres
méthodes. L`investigateur choisit un groupe d`individus ayant commis un
certain délit. Une première analyse permet de classer ces
individus en un certain nombre de sous-groupes présentant des
caractères distinctifs. Chacun de ces sous-groupes étudiés
en détail, afin de mettre en évidence les traits communs qui
existent entre ses membres et les différencient des autres sous-groupes
.
2- Limites des méthodes d'analyse mis en exemple
Chacune de ces trois méthodes a ses avantages et ses
inconvénients. L`inconvénient des méthodes individuelles
est qu`il est toujours difficile de généraliser, même si
les cas types ont été bien choisis. Il existe en outre un danger
plus subtil, surtout lorsqu`on emploie des techniques d`hypnose ou de
psychologie des profondeurs qui impliquent une collaboration prolongée
de l`investigateur avec le sujet étudié.
Nous voyons qu`en psycho criminologie pendant longtemps
l`orientation vers les méthodes a dominé la recherche.
L`orientation vers les problèmes s`est manifestée principalement
par l`intérOt croissant acquis par deux catégories de recherches
: l`une est l`étude, et si possible la mesure de la dangerosité
(PINATEL). L`autre est l`établissement d`échelles de
prédictions, dont les plus connues sont celles d`ERWIN FREY, en Suisse,
et de GLUECK, aux Etats-Unis.
Différentes méthodes auraient pu être
envisageables pour évaluer la progression de la contrebande, mais elles
nous ont paru soit présenter des lacunes qui auraient eu pour effet de
rendre les résultats incertains, soit irréalistes en raison du
temps nécessaire à leur opérationnalisation. Par exemple,
on aurait pu privilégier une approche bibliométrique à
l'instar de celle utilisée par Hicks et Katz (1996) dans l'étude
qu'ils ont menée sur la transformation des pratiques des chercheurs
britanniques (cf. section 2.7.2). Toutefois, le manque de correspondance entre
les informations fournies par les bases de données existantes
(Science Citation Index (SCI) et Social Science Citation
Index (SSCI)) et l'objet à mesurer (l'intensification de la
contrebande) a incité à écarter ce type d`analyse. Une
deuxième raison qui a incité à écarter la
bibliométrie ainsi que l'utilisation de bases de données comme
SCI et SSCI tient au fait que ces dernières recensent la
littérature la plus citée dans le monde et
que cette littérature est majoritairement en langue
anglaise. C'est un fait reconnu que les chercheurs en sciences sociales en
côte d`Ivoire, publient une partie importante de leurs travaux en
français et dans des formats qui ne sont pas recensés par ces
bases de données, sous la forme de livres, de chapitres de livres, etc.
Une autre méthode pour évaluer la progression de la contrebande
aurait pu consister, en nous basant sur divers indicateurs
préétablis, à vérifier empiriquement auprès
d'un ensemble donné de revues scientifiques, si on observe ou non une
croissance du nombre d'articles sur le phénomène. Cette
méthode aurait probablement donné les résultats les plus
sûrs, mais elle nous a paru irréaliste dans le cadre de notre
étude. En raison de ces contraintes, il nous a été
impossible d'évaluer de façon précise la progression de la
production criminelle des acteurs contrebandiers dans l`émergence d`une
économie souterraine en côte d`ivoire en général et
plus exactement dans le district d`Abidjan. Toutefois, comme nous l`avons vu
dans l'analyse des données, certains indices issus des entrevues et des
histoires personnelles des intervenants initiaux ou finaux de la contrebande
nous ont permis d'identifier certains traits propres à chacun des actes
criminels et de ces acteurs.
VI-3- Approches disciplinaires
Les approches disciplinaires étudiées sont entre
autres : les sciences économiques et la criminologie (option sociologie
criminelle). La criminologie a été utilisée parce que la
thèse étudie les aspects sociologiques, psychologiques et
juridiques de l`objet d`étude (contrebande des marchandises). La
sociologie criminelle et les sciences économiques ont été
préférées à d'autres disciplines pour deux raisons
principales : (1) parce qu'elles apparaissent obéir à des
logiques apparemment opposées au regard de l'économie de
marché et à l'utilitarisme en recherche, et (2) parce qu'elles se
différencient au plan épistémologique; les courants
actuellement dominants en sciences économiques s'apparentent aux
sciences nomothétiques alors que la sociologie criminelle s'apparente
davantage aux sciences idiographiques. Le choix de ces deux disciplines vise
ainsi à mettre en lumière la non homogénéité
des sciences sociales ainsi que certaines spécificités propres
à chacune.
RESULTATS ET SOLUTIONS
TROISIEME PARTIE :
CHAPITRE 7 : RESULTATS DE L'ENQUETE
VII-1- Les facteurs explicatifs au plan
général
Phénomène à double sens, la contrebande
doit être abordée en deux temps car les raisons qui l'expliquent
à l'importation ou à l'exportation peuvent être
différentes. Les différentes situations de contrebande sont
regroupées dans le tableau (3) qui montre la grande
variété des possibilités. Les raisons invoquées et
les modalités utilisées sont aussi nombreuses qu'est grand
l'intelligence créatrice des personnes concernées. Pour cette
raison, ce tableau récapitulatif est très incomplet mais il n'est
guère concevable de tenter une énumération exhaustive. On
donnera chaque fois que possible des exemples illustrant les principales
situations évoquées.
Parmi les rares études existantes, citons la
classification sommaire des modalités de la contrebande proposée
par Greffe (1980) sur le cas de la Bolivie et reprise par DORIA MEDIDA (1986).
Selon ces deux chercheurs, les trois formes principales d'opération en
Bolivie sont, par ordre d'importance décroissante :
- La grande contrebande "officielle" qui se
réalise, sous les auspices d'entités liées aux
institutions en place, à travers un véritable pont aérien
et des convois de véhicules routiers. Son domaine
privilégié est celui des biens de luxe à haute valeur
ajoutée.
- La contrebande documentée qui
utilise toutes les formes possibles de faux documents avec la collaboration
d'agents de l'État qui trouve là un bon moyen d'améliorer
leur niveau de vie
- La petite contrebande, dite de "fourmis"
due au fort chômage existant dans les zones frontières du pays et
qui concerne les biens de consommation de base de faible valeur unitaire.
La préoccupation concernera davantage les raisons que
les modalités. De ce fait, la classification qu`on propose est
très différente de celle de Greffe, mais le lecteur retrouvera
tout au long de la thèse des exemples de ces trois catégories.
L`enquete amène à considérer que, tant à
l'importation qu'à l'exportation, la contrebande est le résultat
de deux grands types de contraintes:
- ' Ge isDra, iles contraintes de rentabilité
économique,
- Et les contraintes nées de l'existence de
lois, des règlements et quotas divers o'DuamisDra.
1- Les facteurs dus à des contraintes de
rentabilité économique
Ces actions visent essentiellement à permettre
d'échapper au paiement de taxes et droits divers, soit totalement, soit
partiellement. Selon le cas, les méthodes employées divergent.
-Méthodes visant à échapper
totalement à tout paiement:
Les importateurs disposent de deux méthodes
principales : la contrebande au sens traditionnel du terme et la modification
d'appellation.
La "contrebande traditionnelle", où des marchandises
effectuent un passage clandestin des frontières, est le recours le plus
fréquent quand les droits de douane à l'entrée deviennent
trop élevés et ne permettent plus ensuite de tirer un
bénéfice suffisant lors de la revente sur le marché
local.
La marchandise qui a probablement fait l'objet le plus
souvent de ce moyen est la cigarette. Ainsi, avant d'être envahie
"pacifiquement" par son ami et voisin le Sénégal, la Gambie
tirait une grande partie de ses revenus de la présence sur son sol de
trafiquants prospères qui inondaient toute la sous région de
tabac de contrebande. Aux Etats-Unis d`Amérique (USA), les écarts
importants de taxation entre les différents États avaient
entraîné l'apparition d'un important trafic, estimé entre
400 et 500 millions dollars Us, au début des années 70. Ceci
avait amené les autorités à mettre en vigueur le "Federal
Cigarette Contraband Act" en 1978. Sous l'effet conjoint de la diminution de
l'écart de taxation entre États et de l'augmentation des
coûts directs de la contrebande du fait de contrôles
renforcés, ce trafic baisse régulièrement depuis lors.
(Warner, 1982). Il n'en va pas de même au Canada où la taxation
excessive des cigarettes dans le cadre de la lutte contre le tabagisme est en
train de redonner une très grande vigueur au trafic ayant pour origine
les
réserves indiennes dans lesquelles les cigarettes sont
détaxées. Le schéma est simple : les fabricants canadiens
exportent aux USA des cigarettes qui sont ensuite réimportées
hors taxes par des commerçants installés dans les
réserves, théoriquement pour un usage interne à la
réserve. Mais, selon les estimations de la Gendarmerie Royale du Canada
environ 50% de ces importations prennent rapidement le chemin de la
contrebande. Ainsi, pour la seule réserve indienne de KAHNAWAKE, une
étude attentive réalisée pendant l'automne 90 permet
d'estimer les pertes hebdomadaires de revenus à 62779 dollars canadiens
pour le Gouvernement du Québec et à 49764 dollars pour le
Gouvernement Fédéral, soit un total annuel de plus de 5 millions
de dollars pour une seule réserve.
De récentes indications fournies par la direction des
douanes chinoises donnent une ampleur du phénomène pour ce pays.
En 1991, 13000 interceptions de contrebandiers ont eu lieu pour une saisie
totale d'une valeur de 140 millions de dollars canadiens. Mais les douaniers
reconnaissent eux-mêmes qu'il ne s'agirait là que de la partie
visible de l'iceberg. Au Pérou, où il ne se passe pas un jour
sans que des prises soient annoncées dans les différents ports,
aéroports et gares d'autobus du pays, le ministre de l'économie
et des finances en personne, Jorge CAMET a annoncé le 25 mai 1993 une
diminution des droits de douane et de l'équivalent de la Taxe de la
Valeur Ajoutée française en présentant cette mesure comme
"la meilleure manière de combattre la contrebande... en diminuant
sensiblement les marges bénéficiaires qu'elle permet
actuellement". Au total, la Commission de lutte contre la contrebande
estime à 1,22 milliard de dollars US la valeur des marchandises
entrées au Pérou en contrebande en 1992, ce qui a
entraîné une perte de recettes d'environ 600 millions de dollars
pour le gouvernement. La situation est d'autant plus difficile à
rétablir dans ce
pays que ces marchandises alimentent directement les
marchés informels dont le gouvernement a perdu tout contrôle
depuis longtemps.
Peut-être également considérée
comme de la "contrebande intérieure" tout ce qui relève de la
reproduction illégale d'uvres artistiques ou intellectuelles. Le cas le
plus flagrant est celui des logiciels informatiques. On peut avoir une
idée relativement précise du montant minimum de la fraude
réalisée dans ce secteur en comparant les ratios "Nombre
d'ordinateurs installés / Nombre de logiciels achetés" d'un pays
à un autre. Bien entendu, cela donnera une indication minimum car rien
ne dit que le pays ayant la meilleure ration n'est pas lui-même un pays
où l'on triche. Il apparaît ainsi qu'au Canada le Québec
achète relativement beaucoup moins de logiciels que l'Ontario. En
France, une recherche récente estime la valeur des logiciels
piratés à 6 milliards de francs français. L`association
américaine des éditeurs a entamé des actions en justice
contre de très grosses banques ou entreprises industrielles. (GARRIC,
1989)
Dans le domaine des communications, lors d'une enquête
réalisée pour le département du commerce des Etats unis
(US), dans 16 pays sudaméricains en 1992, il est apparu des
résultats si alarmants que le gouvernement des États-Unis a
publié des listes de "pays sous surveillance" avec menace de graves
représailles si la situation ne s'améliorait pas. Parmi les cas
les plus flagrants, citons : Les pellicules cinématographiques en
cassettes vidéo : 100% du marché est "pirate" au Costa Rica,
Équateur, Salvador, Guatemala et Honduras. Avec un très fort
niveau de piraterie dans les autres pays. Les transmissions de programme par
câble : Au Guatemala, une entreprise pirate comportant plus de 300.000
abonnés fonctionnent sans problème depuis longtemps. Ce piratage
est également très répandu en Argentine, Colombie,
Costa
Rica, Salvador, Honduras, Nicaragua, Pérou et
Venezuela. Les cassettes audio pirates, selon les estimations,
représentent plus de 50% du marché de l'Amérique Latine,
certains pays comme le Paraguay et le Salvador étant même connu
comme de gros exportateurs de cassettes pirates dans les autres pays. La
piraterie des programmes informatiques est une pratique totalement
généralisée, tout comme celle des livres.
Les modifications d'appellation
consistent à transformer une marchandise taxable en une marchandise qui
ne l'est pas ou qui l'est moins. Bien entendu, cette transformation est
très rarement légale.
Prenons quelques exemples. D`abord, celui des voitures en
Afrique. Un trafic fort bien connu depuis longtemps est celui des voitures
Peugeot au départ du Nigeria. Il existe en effet une chaîne de
montage dans le nord du pays, à Kano. Étant partiellement
fabriquées sur place, les voitures Peugeot sont soumises à des
droits beaucoup plus faibles que dans certains pays voisins qui appliquent
parfois jusqu'à 160 % de droits de douane. Il s'est donc instauré
dans les pays voisins un trafic de vieilles voitures Peugeot! La méthode
consiste en effet à échanger les papiers et les plaques
d'immatriculation entre véhicule ancien et véhicule neuf
acheté au Nigeria, après que l'on ait consciencieusement
effacé les numéros d'identification du moteur et du châssis
pour qu'on ne puisse plus les reconnaître! Le véhicule neuf peut
rentrer dans le pays de l'acheteur sans payer de taxe et être revendu
à bon prix quelques jours plus tard. En pratique, vendeur et acheteur se
partagent les droits de douane ainsi évités (soit, en Côte
d'Ivoire, une économie substantielle équivalent à 80% du
prix de base).
D'autres cas fréquents où ces modifications
interviennent concernent les zones économiques pratiquant des
méthodes protectionnistes. Ainsi, l'accès des produits turcs
dans les pays de la communauté économique
européenne (CEE) est si réglementé qu'il
est fréquent que ceux-ci deviennent "mystérieusement" des
produits grecs qui, souvent, transiteront par la Suisse pour brouiller les
pistes davantage. De même, il serait intéressant de regarder de
plus près le parcours réel de nombreuses marchandises produites
dans les zones franches industrielles (ZFI) disséminées dans le
monde, et en particulier les ZFI du nord du Mexique...
-Méthodes permettant d'échapper
partiellement aux paiements dus:
Afin de conserver des prix de revient acceptables mais en
courant des risques moins importants, les importateurs vont utiliser de fausses
déclarations: modifications d'appellation, modifications de
quantité, modifications de prix et déclarations de camouflage.
Les modifications d'appellations utilisées dans ce cas
supposent souvent la complicité ou, pour le moins, la bienveillante
compréhension de certains douaniers. En effet, la méthode va ici
consister, moyennant corruption, à faire accepter une marchandise pour
ce qu'elle n'est vraiment pas. Un exemple constaté par l'auteur, au
Nigeria, est celui de la déclaration de panneaux de contreplaqué
comme matière première destinée à la fabrication
d'allumettes. Ce tour de passe, réalisé pour de grosses
quantités et sur une longue période, permettait d'abaisser les
droits de douane de 80% à 10% environ. Cette méthode est le plus
souvent utilisée lorsque des protections particulières ont
été mises en place par un État pour protéger une
industrie locale naissante à laquelle il accorde un monopole de fait.
Les modifications des
quantités sont la méthode la plus
fréquemment utilisée. Fondée là aussi,
évidemment, sur une complicité avec des douaniers, cette pratique
permet de ne payer de droits que sur une partie des marchandises effectivement
entrées. Pour les autres marchandises, le montant des pots-de-vin sera
généralement un pourcentage des droits qui auraient normalement
dû être payés.
Les modifications de prix consistent à déclarer
une marchandise pour un prix inférieur à la
réalité, en utilisant si nécessaire les fausses factures
que leur établissent complaisamment leurs fournisseurs. (VERNA, 1989)
Compte tenu de la grande variété de produits et de la
volatilité des conditions du marché, il est quasiment impossible
pour les autorités de tenir à jour des tarifs de
référence qui permettraient aux douaniers de procéder
à des contrôles efficaces. Ainsi, au Pérou, les
autorités estiment à 300 millions de dollars les pertes annuelles
entraînées par cette méthode. La parade imaginée par
le gouvernement péruvien a été de rendre publiques les
polices d'importation afin que les concurrents puissent en prendre connaissance
et éventuellement faire leur police eux-mêmes.
Les déclarations de camouflage,
les trois premières méthodes ont pour point commun
d'utiliser des voies d'entrée légale, c'est-à-dire les
services de douanes officiels. La troisième méthode
diffère des deux premières car elle va utiliser à la fois
les voies d'entrée légale et clandestine. Elle consiste à
procéder périodiquement à des importations officielles de
petites quantités d'un produit sur lequel sont payés tous les
droits et taxes prévus. Ce produit sera, en général, vendu
dans la capitale, qui est souvent aussi le lieu d'importation. Dans le
même temps, d'importantes quantités de ce même produit
entrent par les voies de la contrebande classique et approvisionnent les
marchés de l'intérieur
du pays. En cas de contrôle de la provenance de ces
dernières marchandises, les documents d'importation des autres
marchandises peuvent constituer une protection suffisante pour l'importateur
qui prétendra être en règle. L'éloignement
géographique entre les deux actions diminue en effet les risques de
concertation entre les autorités locales.
La contrebande vise, dans ce cas, à éviter tout
contrôle aux marchandises importées du fait d'une origine
interdite, d'une authenticité discutable ou d'une interdiction pure et
simple d'importation.
Le contrôle de l'origine vise à vérifier
si le produit concerné n'est pas l'objet d'un boycott ou d'un embargo
ou, dans le cas de l'argent par exemple, s`il n'est pas d'origine
criminelle.
2-les contraintes nées de l'existence de lois,
règlements et quotas divers
Les raisons économiques qui expliquent la contrebande
tiennent essentiellement au refus d'entrer dans les circuits officiels qui, en
imposant des règles d`échange et d'imposition, rendent certaines
opérations non rentables.
Pour éviter des paiements de taxes diverses, voire une
saisie.
Les opérations de contrebande concernent parfois cette
marchandise particulière qu'est l'argent, lorsqu'il est d'origine
criminelle et qu'il s'agit de le blanchir afin de pouvoir le
réintroduire dans les circuits officiels et, donc, de l'utiliser
librement. Selon la "U.S. Drug Enforcement Administration", le montant total du
marché illégal de la drogue aux USA a été, en 1985,
compris entre 50 et 80 milliards US$, générant plus de 25
milliards US$ de profits, soit plus que les résultats nets
cumulés des huit plus grandes entreprises américaines. Plus des
deux tiers de ces sommes sont, après blanchiment, réinvesties
dans le circuit légal des affaires, partout dans le monde. (Dodds, 1986)
Sous la pression des autorités américaines, de nombreux pays,
autrefois considérés comme des paradis fiscaux acceptent
progressivement souvent à contrec~ur de collaborer pour lutter contre
ces opérations de blanchiment de ce qu'il est maintenant convenu
d'appeler les narcodollars. Il en va ainsi principalement de la Suisse, des
Bahamas et des îles Caïmans. La récente intervention
militaire américaine au Panama permettra de mettre fin aux nombreuses
opérations en cours dans un pays qui jouait le rôle de plaque
tournante. Mais de nouveaux pays semblent prêts à prendre la
relève et à permettre des facilités bancaires sur lesquels
ils ne se montreraient pas trop regardants. Cela semble concerner, en
particulier, les États d'Europe Centrale, fraîchement
émancipés de la tutelle
soviétique qui trouveraient là un moyen rapide
d'accumuler les capitaux dont leurs banques ont tant besoin.
Les mouvements d'argent secrets ne sont donc pas prêts
de cesser. L'objet de cette étude n'est pas de s'attarder sur un aussi
vaste sujet, dans lequel les recherches du Professeur Ingo Walter font
autorité. Citons simplement un chiffre établi par ce dernier,
relatif au déséquilibre du compte courant des échanges
mondiaux (différence entre les recettes et les dépenses
déclarées par les différents pays). En 1983, dernier
chiffre estimé, les dépenses dépassent les recettes de
plus de cent milliards de dollars US. "Comment cela est-il possible? A
moins d'avoir accumulé un tel déficit de nos échanges avec
la planète Mars, il y a manifestement quelque chose d'anormal".
(Walter, 1988)
Pour permettre la rentabilité d'une opération dans
les pays à monnaie non convertible.
A l'exportation, la contrebande peut apparaître quand
la dépréciation du cours officiel de la monnaie locale devient
telle qu`aucune fausse facturation possible ne permettra d'obtenir un paiement
raisonnable. Dans une étude précédente relative au
phénomène de fausses facturations dans le commerce international
avec des pays à monnaies non convertibles (VERNA, 1989), nous avions
défini les situations limites au-delà desquelles les fausses
factures sont impuissantes à résoudre les dilemmes
économiques de certains entrepreneurs locaux. Les principaux cas
étaient :
À l'importation, la contrebande devient la seule issue
lorsqu'il est impossible à l'importateur d'obtenir du gouvernement une
licence d'importation et/ou que les tarifs douaniers sont si
élevés qu'il lui sera ensuite impossible de maintenir des prix de
vente concurrentiels sur le marché intérieur.
La contrebande apparaîtra une fois de plus, à
l'exportation lorsque le premium sur la monnaie de l'acheteur sera trop
élevé et que les autorités refuseront de compenser cela
par une prime suffisante à l'exportation. L'exportateur, du fait d'un
taux de change aberrant de ses devises en monnaie locale, risquera alors de
travailler à perte en obtenant, du change de ses recettes
extérieures, un montant inférieur à son prix de revient
local. (Warner, 1982)
C'est ainsi qu'en Guinée, par exemple, les
autorités avaient été contraintes d'instaurer une bourse
aux diamants où les enchères se faisaient en devises
étrangères (US $ en général) et où les
autorités garantissaient aux vendeurs qu'ils pourraient conserver 30 %
du montant dans ces devises, le solde leur étant payé en monnaie
locale au cours officiel. Moyennant quoi on estimait que, au mieux, entre 10 et
20 % seulement de la production était présentés à
la bourse, le reste disparaissant par des chemins inconnus!
Autre exemple d'importance : celui de l'or. En Chine, fin
1987, on estimait officiellement qu'environ le quart de la production sortait
du pays par contrebande. La raison en est simple. Le gouvernement paye l'or aux
prospecteur privés 20% moins cher que le cours mondial et ce en monnaie
locale non convertible, le yuan. C'est ainsi que la mine de Yangjiang, par
exemple qui produisait 20 kg de métal par an en 1985 n'en a produit que
63 g en 1987. On parle ainsi, au total de la disparition de 25000 tonnes de
minerai aurifère en quelques années. (Franklin, 1988) La
situation n'est pas meilleure en Bolivie. Sur une production potentielle de dix
tonnes par an, trois sont perdues par manque de moyens techniques de
récupération et sur les sept tonnes restantes, une seule entre
à La Banco Minera de Bolivia, les six autres disparaissant
par le biais de la contrebande, ce qui au prix du marché
en 1984 représentait 70 millions de dollars. (UDAPE, 1985)
Citons enfin l'intéressante étude de Robert
Franco (1981) sur le comportement des producteurs de cacao au Ghana qui
démontre clairement que les exportations de contrebande continuent aussi
longtemps que les cours de change de la monnaie locale par rapport aux devises
étrangères n'ont pas été correctement
ajustés, et ce indifféremment du prix payé aux producteurs
en monnaie locale. Car les marchés officiels et parallèles
restent en relation du fait de la contrebande (Macdo, 1982).
Les principaux contrôles que veut détourner la
contrebande à l'exportation concernent des régulations ou des
destinations. Il y a également quelques restrictions quantitatives ou
qualitatives, selon les cas.
Les contrôles de régulation. Citons par exemple
le problème du COCOM. (Comité de coordination sur la limitation
multilatérale des exportations) Les pays membres de cette organisation
(les pays membres de l'OTAN, moins l'Islande plus le Japon) ont mis au point
l'opération Exodus visant à empêcher toute exportation de
matériels "sensibles" vers les pays communistes où à
risque. Ces mesures renforcées ont permis l'appréhension de
nombreux contrebandiers pour un ensemble d'opérations
représentant 250 millions de dollars US de produits de haute
technologie.
3- Cas de pratique de la contrebande dans l'état de
l'Illinois (exemple : le district de Chicago)
Les années allant de la fin du XIXe au
début du XXe siècle furent marquées par la
présence de nombreux gangs qui se partageaient le Nord et le Sud de la
ville de Chicago. Le Sud était dominé par la Mano Nera ou Main
Noire dans le quartier de Little Italy au sud-ouest de Downtown. Big Jim
Colosimo réussit à s'imposer dans le quartier italien et à
centraliser tous les gangs. Colosimo est né en Calabre en 1877 et
émigra en 1895 à Chicago où il devint criminel. En 1909,
il dominait la Mano Nera et arrondissait aussi ses fins de mois par le vol et
le proxénétisme. Pour l'épauler, il fit venir son neveux,
Johnny Torrio de New York. Torrio amena Al Capone avec lui. Colisimo s'opposait
à l'ambition de Torrio pour développer les affaires. En 1920,
Torrio s'arrangea avec Frankie Yale pour éliminer Colosimo.
Pendant la Prohibition, Chicago devint la capitale du crime
organisé autour des figures de Frank Nitti, Bugs Moran et Al Capone. Les
gangsters de la ville profitaient de sa situation proche du Canada, d`où
parvenaient les cargaisons d`alcool de contrebande. Surtout, ils trouvaient des
complicités, des juges et des policiers corrompus. En 1929, la guerre
des gangs fit 29 morts dans la ville. De nombreux gangs de la ville furent
alliés à l'Outfit, comme le Valley Gang, un gang de rue d'origine
irlandaise qui était surtout spécialisé dans les vols et
les cambriolages.
Le 14 février 1929, une fusillade entre les deux
principaux gangs fit sept morts : on parla alors du Massacre de la
Saint-Valentin. C'est le temps des gangsters, de la corruption et de la
violence : John Dillinger, bandit notoire et auteur de braquages, de meurtres
de policiers et de plusieurs évasions font de lui un mythe
américain auprès d'une partie de la
population, qui le compare à Robin des Bois. Le 22
juillet 1934, il fut tué au cours d'une fusillade, dans le quartier
de Lincoln Park, en présence
de sa compagne Polly Hamilton, après être
allé voir le film L'Ennemipublic no 1 (Manhattan
Melodrama) au cinéma Biographie. Il a reçu 3
balles, dont une dans le visage. Selon les informations du
F.B.I., Dillinger avait été dénoncé par Ana
Cumpanas, propriétaire d'une maison close.
L'ascension puis la chute de l'empire d'Al Capone dans les
années 1920 et 1930 ainsi que son arrestation pour fraude fiscale n'a
pas définitivement mis un terme au crime organisé dans la ville
de Chicago. En effet, son gang fut largement relayé depuis, car la mafia
de Chicago, connue sous le nom d'Outfit n'a jamais cessé ses
activités et existe encore de nos jours. Le noyau de l'organisation ne
comprendrait que 200 à 300 membres Affranchis et environ 1250
associés, c'est-à-dire moins que les organisations criminelles
des autres villes. Les domaines dans lesquels ils opèrent incluent le
prêt à taux usurier, la prostitution, les assassinats, le racket,
les cambriolages, les braquages, les escroqueries financières, le
blanchiment d'argent, le trafic de drogue, les trafics en tous genres,
l'évasion fiscale ou encore les vols de voitures.
De nos jours, c`est au développement de ces
mêmes activités illégales citées ci-dessus que le
département de la police de l`état de l`Illinois cherche à
s`opposer. Ainsi, dans l`objectif de collaborer à la
compréhension de la contrebande, l`on a adressé une demande
officielle à cette institution qui a donné son accord afin que
l`on puise participer à des séances de patrouilles
routières. (3 séances, début : vendredi 13 août
2010)
Dans ce cadre, l`officier Maggy Jermain (numéro
matricule 277) a été notre instructeur (voir annexe : moi en
compagnie de l`officier). Avec lui
on a appris beaucoup de choses dans le fonctionnement de la
répression des infracteurs. On a assisté ensemble, à un
procès d`un contrevenant. L`officier (Maggui Jermain) est celui qui a
appréhendé le délinquant et l`a mis à la
disposition du tribunal (appelé Seal of Illinois state depuis le 26
août 1818). Il a comparu entant que témoins et le procès
à durée sur près de 3 heures d`horloge (9 heures 35
à 12 heures 35). Le tribunal était composé d`un juge,
d`officiers verbalisateurs, de l`accusé et son avocat, du procureur de
la république, et un rapporteur. Le verdict du président du
tribunal, a été la condamnation de l`un infracteur à une
amande. A la suite du passage au tribunal l`officier exige qu`on mette un gilet
par balle. On a repris la patrouille autour de 12 heures 45 après son
déjeuner pour finir à 16 heures 22. Pendant la patrouille, on a
pu arrêter des contrevenants dans différents véhicules.
Certains conducteurs roulaient sans permis de conduire, d`autres avec des
documents administratifs expirés du véhicule qui tombent sous le
coup de la réglementation. L`officier procède ainsi, il s`avance
vers les usagers, en ayant la main toujours sur son arme, il demande aux
occupants de l`engin roulant de descendre en prenant soin de
récupérer le permis de conduire du conducteur et les
pièces afférentes à l`auto. Il vérifie la
légalité des documents sur son ordinateur (appareil qui renferme
une banque de données sur les infractions routières) à
bord de son véhicule de fonction. Lorsque l`illégalité des
pièces est confirmée, il entreprend par la suite une fouille au
corps des occupants et fouille aussi la voiture à fond à la
recherche de marchandises prohibées ou de drogue. S`il y a rien à
signaler, l`officier laisse l`infracteur s`en aller. Dans le cas contraire il
lui administre une contravention à payer aux différentes
régies financières habilitées.
Pour l`officier, les facteurs explicatifs, les manifestations,
et conséquences de la contrebande à Chicago peuvent être
les suivants :
refus des usagers d`accepter de se conformer aux
réglementations en vigueur d`une part, et le caractère
téméraire des infracteurs sur les différentes voies
routières de Chicago. Toute la majeure partie du temps, les infracteurs
défient les agents commis à la lutte contre les activités
illicites de contrebande. La police des routes à Chicago est toujours
confrontée aux tires à main armée des délinquants
(d`ou la raison du port de gilet par balle avant toute opération de
patrouille), aux courses poursuite. Donc il faut être un agent
athlétique, courageux et très prudent parce qu`aux Etats Unis le
port d`arme à feu est un peu libéralisé. Chacun peut avoir
un permis de port d`arme à condition de démontrer qu`on est
d`abord citoyen Américain et qu`on n`a pas commis de grave infraction
déjà portée au casier judiciaire. Il pense qu`à
trop faire le zèle des policiers se font abattre. Les contrebandiers ici
sont très organisés et équipés en arme de combat,
aussi ils gangrènent toutes les administrations (économiques,
politiques et judicaires), parce qu`ils financent certaines classes politiques.
Il conclut pour dire que la lutte contre le crime organisé dont la
contrebande est l`activité principale, n`est pas facile à
Chicago. Le département de police de l`état de l`Illinois dont le
district de Chicago fait partie met tout en ~uvre au niveau matériel,
humain, de la formation et du recyclage des agents afin de s`adapter aux
nouvelles formes de contrebande. L`officier dit que comme dans toutes les
économies du monde, la contrebande impacte négativement la vie
socioéconomique du district de Chicago d`une part et de celle de
l`état fédéral toute entière d`autre part.
L`officier dit que la contrebande à Chicago est
sanctionnée rigoureusement à la fois au plan fiscal que
pénale.
4- Diversité de l'économie souterraine
L`histoire révèle une grande
variété de prohibitions et d`impôts qui provoquèrent
la contrebande dans de nombreux domaines : les parfums, frappés de
lourds impôts par le pharaon d`Égypte ; le café, interdit
sous peine de mort par le sultan Amurat II au XVe siècle ; le sel,
après l`imposition de la gabelle, un impôt sur le sel, entre le
début du XVe siècle et la révolution de 1789 ; les
allumettes, après que l`État français en eut fait un
monopole en 1872 ; le sperme des taureaux français, interdit en Suisse
entre 1960 et 1970 afin de protéger les vaches de race Simmental et ce
ne sont que des exemples. Des pamphlets, journaux et livres censurés ont
traversé illégalement les frontières, des écrits,
des encyclopédistes imprimés en Suisse et passés en France
en contrebande, au pamphlet de Victor Hugo, Napoléon le Petit,
que l`auteur exilé envoya en France dissimulé dans un chargement
de farine, en passant par la Lanterne, journal du polémiste
Henri de Rochefort, expédié en France par la grace d`un
réseau de contrebandiers de tabac. Les contrebandiers étaient
souvent vus comme des héros et levaient de vraies petites armées
pour faire face aux agents de l`État. L`alcool et le tabac ne sont que
des exemples parmi d`autres dans l`histoire des marchés illégaux.
Le tabac fut interdit en France en 1620, puis frappé de lourds
impôts par Richelieu. Plusieurs autres dirigeants l`interdirent,
notamment Jacques Ier d`Angleterre, le sultan turc Amurat IV, le shah de Perse
(qui faisait couper la lèvre supérieure des fumeurs de pipe), et
le tsar Michel de Russie. À propos du législateur du Connecticut,
Tocqueville (1835, première partie, chapitre 2) écrit: «
Quelquefois, enfin, l`ardeur réglementaire qui le possède le
porte à s`occuper des soins les plus indignes de lui. C`est ainsi qu`on
trouve dans le mOme code [1750] une loi qui prohibe l`usage du tabac ».
Aux États-Unis, quatorze États et
un territoire interdirent la vente et parfois la simple
possession de tabac entre 1893 et 1909; d`autres prohibitions suivirent durant
les années 1920.
L`histoire se reproduisit, à plus grande
échelle, avec la prohibition de l`alcool par un amendement à la
Constitution américaine, entre janvier 1920 et décembre 1933, et
la contrebande qui s`ensuivit (Dills et Miron 2003). Approvisionnés par
les marchés noirs, ni les amateurs d`alcool ni les fumeurs ne
disparurent. La contrebande et les autres formes d`économie souterraine
ne sont pas que des phénomènes historiques; ils sont
omniprésents dans l`économie contemporaine. Quelques exemples
suffiront. Au cours du XXe siècle, les drogues ont été
graduellement interdites, à commencer par les opiacés et la
cocaïne tôt dans le siècle, suivis du cannabis au milieu du
siècle ; et la guerre aux consommateurs, aux producteurs et aux
contrebandiers de drogue continue. Les marchés illégaux de
l`alcool ont survécu dans plusieurs pays à cause des taxes
prohibitives. La Gendarmerie royale du Canada (GRC 2002) inclut l`alcool parmi
les principaux problèmes de contrebande et fait état de
fabrication illégale. La contrebande ou l`emploi illégal
d`essence et de mazout est endémique là où certains
utilisateurs profitent de prix ou rabais spéciaux. En 2001-2002, les
douanes britanniques ont détruit 30 usines de transformation et le
gouvernement a mis en place de nouvelles mesures pour stopper la tendance, y
compris l`établissement de distributeurs agréés pour les
carburants à rabais (Bajada 2005, p. 238-239). De même, au
Québec, un marché illégal s`est développé
pour les carburants non colorés, permis exclusivement à certains
utilisateurs ou pour certaines activités (agriculteurs, pêcheurs,
chauffage domestique) ; en 2005-2006, les inspecteurs gouvernementaux ont
émis 280 avis d`infraction (Boyer2007). Les marchés
illégaux comprennent aussi le jeu, la prostitution, certaines formes de
pornographie, les prêts
usuraires, et le " marché gris » des signaux de
télévision par satellite qui sont interdits au Canada, mais
s`achètent auprès de diffuseurs américains. La contrebande
du tabac est endémique dans les pays où le prix des cigarettes
est assez élevé pour la justifier. Malgré de nouvelles
mesures contre la contrebande, presque le quart des cigarettes
consommées au Royaume-Uni en 2002 2003 étaient entrées
illégalement dans le pays (Bajada 2005, p. 238). Au Canada, dans la
foulée d`un accroissement continu des taxes provinciales et
fédérales sur le tabac, la contrebande avait crû fortement
au début des années 1990. Les recettes du gouvernement du
Québec en provenance des taxes sur le tabac chutèrent de 61 % en
dollars constants entre 1986- 1987 et 1993-1994. En février 1994, le
gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec (ainsi
que, rapidement, tous les gouvernements provinciaux) réduisirent ces
taxes de manière énergique de 80 % au Québec. Mais les
taxes ont augmenté de nouveau depuis et dépassent maintenant leur
sommet du début des années 1990. Les recettes provinciales du
tabac ont de nouveau commencé à chuter (Boyer 2007). Une
enquête récente (CCFPT 2007) suggère que 30,5 % des
cigarettes consommées au Québec sont illégales. Une
cartouche de cigarettes se vend 10 dollars (ou moins) dans la réserve de
Kahnawake, en comparaison de quelque 60 dollars pour une cartouche
légale grevée de toutes les taxes. La contrebande semble en
croissance. L`économie souterraine n`est pas seulement constituée
des marchés noirs et de la contrebande dans l`économie
parallèle. Elle englobe également des services vendus " sous la
table », notamment des services de travail pour les entreprises ou les
ménages (dans la construction et la rénovation, par exemple).
L`économie parallèle est en bonne partie composée de
travail parallèle (aussi appelé " travail au noir »,
à ne pas confondre cependant avec ce que nous appelons les "
marchés noirs »)
: des travailleurs qui, sans avoir les autorisations
réglementaires requises ni déclarées leurs revenus au
fisc, produisent des biens et services qui sont en eux mêmes tout
à fait légaux. Quelles sont les causes de toutes ces
manifestations de l`économie souterraine? S`agit-il des mêmes
causes, y a-t-il un dénominateur commun? On ne peut espérer
circonscrire et résoudre le problème de l`économie
souterraine sans en rechercher les causes. Fiorentini et Zamagni (1999a, p.
XIII) notent qu`« une action effective, au niveau des institutions, contre
les marchés illégaux et le crime organisé
présuppose une connaissance approfondie des mécanismes et
incitations qui sous-tendent ce domaine de l`activité humaine ».
A la question des causes, on trouve une réponse dans
la célèbre Richesse des nations (1776, livre 1, chapitre
2) d`Adam Smith. Smith voyait le fondement de la société moderne
dans la division du travail, qui découlait elle-mOme « d`un certain
penchant naturel à tous les hommes qui les porte à trafiquer,
à faire des trocs et des échanges d`une chose pour une autre
». L`échange représente une dimension fondamentale des
relations humaines et occupe une place centrale dans la théorie
économique. Chaque fois que leur penchant pour l`échange est
contrarié, les individus cherchent à contourner la contrainte
afin d`obtenir ce qu`ils perçoivent comme les avantages de
l`échange. Autrement dit, quand des obstacles s`opposent à
l`échange dans l`économie légale, les demandeurs et les
offreurs vont souvent se réfugier dans l`économie souterraine.
VII-2 -Les facteurs explicatifs au plan local
A--Au Plan macroéconomique locale
La croissance économique a chuté à : -1,6%
en 2002 alors qu`elle était
passée de -2,3% en 2000 à +0.1% en 2001. La
persistance de la crise a encore fait chuter l`économie à : -1,
7% en 2003. Pourtant, l`esquisse du cadrage macroéconomique
prévoyait avant le déclenchement de la guerre en 2002, une
croissance annuelle moyenne de +5% sur la
période 2002-2005. Et cette tendance de
dépérissement des recettes de l`état continue
jusqu'à nos jours en 2010. Le secteur économique est
sinistré mettant en danger l`emploi, favorisant le
chômage et la fermeture de nombreuses entreprises citoyennes. Le cadre
macroéconomique actuel se prête donc à l`émergence
et à la pérennisation de l`économie souterraine dont la
contrebande, la corruption généralisée, le racket, les
dessous de table, la fraude sont les ferments.
B- Au niveau des finances publiques, sur les
ressources
Au niveau intérieur, le premier impact est la perte
sèche des recettes historiquement collectées dans la zone CNO.
Cette perte est consécutive à la fermeture des postes douaniers
et bureaux de collectes d`impôts dans ces zones. Le préjudice subi
par le trésor public est estimé à plus de 240 milliards.
Dans le même temps, la persistance de la crise et ses effets
dévastateurs a obligé l`Etat à prendre un ensemble de
mesures dont le coût direct supporté par la Direction
Générale des Impôts est estimé à 800
milliards. Les fuites de café et de cacao vers les pays limitrophes ont
occasionné des pertes de l`ordre de 240 milliards à la Douane. Au
total, l`estimation préliminaire du manque à gagner pour
l`Etat s`élève à plus de 1280 milliards
de FCFA, auxquels il faut ajouter près de 1000 milliards de FCFA des
Bailleurs de Fonds qui ne viendront pas du fait de la crise. Soit une perte de
ressources de 2280 milliards de FCFA. Sur les dépenses. Apparition de
nouvelles charges liées à la sortie de crise. Le cumul des
dépenses de sortie de crise s`élève à fin
décembre 2009 à 665,1 milliards. Ces ressources consacrées
aux opérations de sortie de crise ont créé, dans un
contexte de contraction des recettes, de vives tensions de trésorerie
dont une des conséquences est l`accumulation d`arriérés de
paiement. Ainsi, les arriérés sur la dette intérieure
culminent à plus de 500 milliards de FCFA en 2004 et 2005 tandis que les
restes à payer du Trésor (dettes fournisseurs) se montent
à plus de 400 milliards en 2004 et 2006. Outre, ces nouvelles
dépenses, l`Etat a pris à sa charge le règlement de la
totalité des consommations d`eau et d`électricité de la
zone CNO de septembre 2002 à décembre 2006, pour un montant de 40
milliards. De mOme, l`Etat doit rembourser à la BCEAO 50 milliards
emportés des agences de Bouaké, Korhogo et Man lors des casses.
Le total des pertes enregistrées sur les 7 ans au niveau des finances
publiques se chiffre à plus de 3 035,1 milliards de FCFA. Toutes ces
conséquences ont des incidences négatives sur le mode de vie des
populations de côte d`ivoire en général et celles du
district d`Abidjan en particulier. Les individus sinistrés survivent
grâce à la débrouillardise, à l`économie
souterraine et informelle. Economie qui échappe aux contrôles, aux
réglementations et au code des douanes en vigueur dans l`état,
lui-même englué dans des problèmes interminables de
règlement d`une crise qui s`étend dans la durée.
Les problèmes du bien-être social sont mis en
retrait des priorités de l`état. La priorité actuelle de
l`état concerne la sortie de crise. Au plan structurel, la crise
déclenchée en septembre 2002 a touché tous les secteurs
d`activités économiques. Au niveau du secteur primaire :
Détournement d`une partie des productions de
café et cacao chaque année, vers les pays limitrophes ;
Perturbations dans la filière café cacao (grèves
répétitives et problème de gouvernance dans la
filière et dans tous les secteurs d`activités) ; ArrOt partiel de
la production d`or et reprise difficile avec une forte baisse au 1er trimestre
2004, 51,3 kg de produits contre 309,5 kg et 420,0 kg au 1er trimestre
respectivement des années 2003 et 2005 ; Développement de la
production informelle de diamant ; Etc. tout cet univers informel fait
l`affaire des contrebandiers cachés a travers le pays et le district
d`Abidjan. Cette crise bien quelle n`a pas réussir à
détruire les fondamentaux des institutions ivoiriennes, elle a
reçu quand même à les affaiblir du point de vue de la
gestion des trafics et des populations sur le territoire.
C -Au niveau du secteur secondaire :
Des entreprises privées à Bouaké ont
fermé ou délocalisé leurs activités. Les
investissements directs étrangers accusent également des replis
significatifs : de 199,9 milliards en 2001, ils sont tombés à
96,1 milliards en 2003 avant d`amorcer une remontée depuis 2004. La
conjugaison de ces facteurs a entraîné la hausse du chômage
du fait de l`accroissement des licenciements économiques ; la
contrebande s`est développée à partir des
frontières Nord et a contribué à fragiliser d`avantage,
certaines branches de ce secteur, notamment le textile. Les exportations de
tissus qui étaient de 8,2 mille tonnes en 2001 sont tombées
à 3 000 tonnes en 2004 puis à 1.100 tonnes en 2008. Plusieurs
unités industrielles ont été mises à sac. Le tissu
industriel de la région de Bouaké a été
dévasté. A titre d`exemple, les installations et les stocks
d`hydrocarbures de la GESTOCI et des marqueteurs à Bouaké ont
été totalement pillés, les établissements Robert
Gonfreville et les unités de TRITURAF
endommagés.
D -Au plan des opérations du secteur
privé,
Il y a eu d`importants manques à gagner du fait de la
fraude et de la contrebande, la hausse des coûts de transaction
directement liée aux phases de sécurité imposées
par l`ONU. A cet effet, les prix supportés par les entreprises locales
ont renchéri détériorant ainsi le niveau de leur
compétitivité. A ces deux effets, il convient d`ajouter la baisse
des rendements des entreprises du fait des couvre-feux et des perturbations
dans leur chaîne de travail. Les entreprises ont du également
faire face au renchérissement du coût des crédits,
dût au risque de guerre, limitant les possibilités de relance ou
d`extension de leurs activités. Le secteur de
l`électricité a enregistré des pertes énormes. Par
exemple, à fin 2009, les impayés de factures dans la zone CNO
s`élèvent à plus de 83 milliards FCFA pour
l`électricité (CIE) et 52 milliards FCFA pour l`eau (Sodeci).
(...)
Tableau 2 : Récapitulation
générale des différentes situations
de contrebande
Source : Gérard VERNA, (juillet
1993)
VII-3-Manifestation de la contrebande
1-Manifestation de la contrebande au plan national
1-1-Prévisions
Avant d`aborder le terrain d`étude, on a prévu
recueillir diverses informations susceptibles de donner des réponses aux
différentes questions de recherche, à savoir depuis quand
parle-t-on de contrebande à Abidjan ? Son ampleur en tenant compte de la
spécificité de chaque commune, comment se manifeste-t-elle ?
Quelles en sont les conséquences sociales, économiques,
culturelles, et surtout politiques ?
On comptait trouver des informations et réponses
valables à ces différentes questions posées, au fond nous
avons toujours pensé que la contrebande était une activité
facilement observable et repérable et que son étude ne nous
poserait pas de problème majeur. Fort a été notre surprise
de constater que comme tout phénomène complexe, la contrebande
reste une équation difficile à résoudre. Elle demande plus
d`engagements et de recherches approfondies.
1-2-Realités
La contrebande aux frontières routières de la
Côte d`Ivoire en général et aux entrées
routières du district d`Abidjan en particulier est plus une
opération de contrebande traditionnelle, quels qu`en soient les motifs,
on retrouve toujours trois ensembles d`acteurs : les
acheteurs, les vendeurs et des
tiers. Ces auteurs peuvent se trouver dans trois rôles
différents : neutre, passif ou
actif. Dans les rôles passifs et actifs, les acteurs
seront évidemment complices, mais dans le cas du rôle neutre, il
subsiste une incertitude car ces auteurs pourront avoir été
abusés et parfois ne jamais le savoir. Une chaîne de contrebande
commence à la fabrication du produit et se termine lors de sa vente au
consommateur final.
Aux deux bouts d`une chaîne, les opérations
peuvent se dérouler dans des conditions parfaitement normales et tromper
complètement la bonne foi d`un intervenant.
Cela demandera simplement quelques efforts de
=`camouflage« de l`opération réelle de la part des acteurs
complices. Ainsi, au lieu de donner la destination exacte d`une marchandise
celui qui passe la commande fera en sorte de présenter une destination
vraisemblable et totalement légitime au fabricant. Ce dernier,
étant payé et livrant une marchandise normale, ira rarement
chercher plus loin. De ce fait, les contrôles douaniers ou de police aux
frontières routières de la côte d`ivoire perdent de plus en
plus de leur efficacité et l`application de sanctions aux intervenants
initiaux ou finaux est délicate dans bien de cas car il est impossible
d`affirmer qu`il y a eu complicité volontaire. Et les opérations
de camouflage citées ci-dessus seront encore plus fréquentes
qu`on ne pourrait le penser. Cela se produit le plus souvent quand cet acteur
n`a, pour ce qui le concerne, que des actes légaux à
accomplir. Le chef d`entreprise qui expédie des
marchandises à un destinataire dont il sait que c`est un contrebandier
qui va introduire ces marchandises en fraude dans un autre pays, est complice
passif de la future contrebande.
Aux termes de la loi ivoirienne, par exemple, s`il
était prouvé qu`il savait d`avance la destination réelle
des marchandises, il pourrait être poursuivi pour complot, même si
cela se passe dans un pays très lointain.
Une telle preuve est évidemment difficile à
apporter mais peu de chefs d`entreprises connaissent la gravité des
peines qu`ils encourent. Mais nombreux sont ceux qui n`hésitent pas
devant la perspective d`une bonne affaire qui leur laisse la conscience en
paix, par ignorance ou du fait de leur conception personnelle de la
légitimité. Ce débat entre le légal et le
légitime implique que le chef d`entreprise, ne comprenant pas pourquoi
ses =`bons« produits ne peuvent pas entrer librement dans un pays
étranger, va souvent prendre fait et cause pour son correspondant
contrebandier dont il sera tenté d`approuver l`action, l`aspect de
légitimité l`emportant sur le caractère illégal de
l`action.
Une opération de contrebande suppose au moins sept
opérations élémentaires successives qui sont, pour un
produit : la fourniture, la vente, le transport, l`achat, la distribution, le
conditionnement et la consommation finale.
1-3- Les opérations élémentaires
de contrebande
La fourniture : elle consiste à
pouvoir livrer une certaine quantité de marchandises spécifiques
pour répondre à une demande et accepter de le faire. La demande
de fourniture peut ne pas être conforme du tout à la norme du pays
producteur et donc nécessiter une fabrication spéciale qui ne
sera peut-Otre pas possible qu`au-delà d`une certaine qualité.
Par exemple, il n`est pas possible de faire fabriquer des cigarettes d`une
qualité et d`un nom particulier à moins d`en commander au moins
un conteneur de 30 pied (40 m3), si cette quantité est largement
supérieure à ce que les clients peuvent acheter, il faudra alors
que le producteur renonce à cette vente ou que l`on trouve d`autres
clients ayant les mêmes besoins pour arriver au seuil minimum de
production. Cette recherche de clientèles complémentaires
peut-être faite soit par le fabricant de cigarettes lui-même qui va
alors devenir un complice actif car il ne peut pas ignorer qui est ses
véritables clients. Elle peut-être faite aussi par une entreprise
intermédiaire spécialisée faisant office de courtier, qui
va chercher d`autres =`commandes« permettant de remplir le conteneur.
Dans de nombreux cas, des réseaux commerciaux
parallèles fonctionnent depuis très longtemps et des usines
travaillent en grande partie pour leur seul usage.
Le gouvernement ivoirien et les autorités locales du
district d`Abidjan, tout comme bien d`autres doivent publier des listes
d`entreprises accusées de fournir les fabricants de marchandises de
contrebandes. Par exemple, la liste établie en 1996 et parue dans El
TIEMPO, le 30 novembre, comprenait 104 noms d`entreprises fournissant de la
machinerie ou des matières premières au départ de divers
pays tels que les Etats-Unis, l`Espagne, l`Allemagne, le Danemark, la Hollande,
l`Italie,
la Suisse, l`Argentine, le Brésil, le Mexique, le
Panama, l`Inde, Taiwan, la Chine et Hong Kong. L`Allemagne Mercedes BENZ y
figure ainsi que différents laboratoires chimiques nord
américains.
La vente : elle consiste à signer un
contrat par lequel des marchandises s`échangent contre de l`argent. Elle
se distingue de la fourniture du fait de l`intervention fréquente
d`intermédiaires qui servent d`écran entre le fournisseur et
l`acheteur. Ces intermédiaires sont obligatoirement des complices
actifs, indispensables au fonctionnement de la contrebande.
Le conditionnement : elle est une
opération importante car une même marchandise peut
nécessiter un conditionnement différent selon qu`elle va suivre
un parcours officiel au clandestin. Ces conditionnements varient selon deux
critères principaux : la présentation finale du produit et ses
conditions de transport. Pour la présentation, chacun connaît les
imitations plus ou moins réussies que les contrebandiers
réalisent dans le domaine de la mode, des cosmétiques, des
parfums,
etc. la tricherie est souvent si
évidente que seuls les circuits de contrebande peuvent introduire ces
marchandises dans de nombreux pays. La présentation peut
également être modifiée pour que le fournisseur ne soit pas
identifiable ou pour satisfaire à des impératifs de
commercialisation locale. Il peut apparaître des publicités
mensongères ou abusives que de nombreuses législations
occidentales et même africaines comme celles de la Côte d`Ivoire
n`autoriseraient pas sur leur territoire. On peut ainsi citer les
=`médicaments« prétendant blanchir la peau et dont on omet
de dire à quel point leur usage peut-être
cancérigène ou d`autres remèdes prétendument
aphrodisiaques. Pour leur transport, les marchandises peuvent nécessiter
un conditionnement particulier permettant leur manutention effective tout au
long du parcours qu`elles devront suivre
avant de parvenir à l`acheteur final. Ces parcours
sont parfois inattendus et complexes : chemins détournés,
camouflages, dans d`autres produits, etc. les choses ne se passent pas toujours
bien et un récent exemple québécois l`illustre fort bien,
où l`on a vu en juillet 1991 les agents de la sUreté du
Québec faire une =`pèche miraculeuse dans le fleuve Saint-Laurent
sur de nombreux fûts métalliques contenant pour plus de 600
millions de dollars de drogue. Ces mêmes genres de pèche ont
souvent lieu sur le territoire douanier ivoirien cependant à des
échelles plus réduits.
Le transport : il est
précisément l`opération la plus délicate dans
laquelle tous les intervenants sont des complices actifs de l`opération.
Celle-ci consiste à faire franchir physiquement une frontière aux
marchandises de contrebande. Là encore les exemples en Côte
D`ivoire et ailleurs abondent et leur variété n`a pour limite que
celle de l`imagination humaine. Le 05 novembre 1991, radio France
internationale présentait un bulletin consacré à la
contrebande entre la Chine et le Vietnam. Elle représentait alors un
volume annuel d`environ 20 millions de dollars. Le transport s`effectue
à dos d`homme avec des charges individuelles comprises entre 50 et 60
kilos. La rémunération des porteurs était de 12 francs
français par voyage soit 1200 francs CFA. Nous observons exactement ces
mêmes opérations aux frontières routières de
côte d`ivoire en général et plus particulièrement
aux frontières routières de la région des lagunes.
L'achat : c`est l`achat de marchandises de
contrebande par celui qui les a commandées en connaissance de cause, ce
qui représente un acte totalement illégal. L`acheteur est
complice actif de cette opération, voire mOme souvent l`initiateur. La
discrétion et la sécurité de cette opération
sont donc totalement indispensables. Un achat comporte
évidemment un paiement qui doit être fait lui aussi dans des
conditions de sécurité et de discrétion totale pour les
deux parties. Cela peut supposer l`intervention d`un intermédiaire
financier.
La distribution: elle constitue l`avant
dernière étape de la chaîne d`opérations de
contrebande aux frontières routières de la région des
lagunes de la Côte d`Ivoire. Elle consiste à écouler les
marchandises soit à des petits revendeurs disséminés dans
les environs des différents corridors douaniers soit directement aux
utilisateurs. Dans les deux cas, il s`agit d`une opération à
grande visibilité, quasi publique, et présentant donc le risque
d`être décelée par les contrôles de police. Certains
distributeurs peuvent être des complices neutres ou passifs, en
particulier dans le cas de petits revendeurs du tiers monde qui sont
étrangers à certaines considérations légales et
dont le seul souci est de perpétuer un petit commerce qui assure tant
bien que mal leur survie.
Lorsque la distribution est assurée directement par
l`acheteur, la visibilitésera moins grande. Cela sera surtout le cas
pour des marchandises
chères et vendues en faibles quantités, comme
des automobiles, des métaux précieux, des diamants,
etc. la facilité de certaines
opérations peut parfois amener certains acteurs à manquer
totalement de prudence.
La consommation : la consommation de
produits de contrebande est un acte illégal pouvant parfois être
accompli de bonne foi. Il n`en reste pas moins que la responsabilité du
consommateur est toujours engagée.
En conclusion, les différentes formes de fraude sont
souvent la conséquence inéluctable des restrictions mise en
place par les autorités
locales de la région des lagunes et sont d`autant plus
fortes que les restrictions sont grandes.
Mais il ne suffit pas de frauder pour gagner. Des contraintes,
tant
externes qu`internes, délimitent
précisément les champs de rentabilitédes fraudes. Les
entreprises ou les personnes auxquelles il peut-être
demandé de participer à de telles manuvres
doivent connaître les raisons et le fonctionnement précis afin de
pouvoir décider en toute connaissance de cause. Il s`agit là d`un
engrenage susceptible de les entraîner, parfois, beaucoup plus loin
qu`elles ne souhaitaient aller ! Quoiqu`il en soit, la contrebande
s`avère Otre un champ de manuvre passionnant pour les différentes
organisations délinquantes car celles-ci se prête bien au
schéma général de la pieuvre. Il y faut des têtes
bien faites et bien placées à la limite du monde criminel et du
monde des affaires pour définir sur quoi portera le prochain trafic. Il
faut un certains nombre de =`tentacules« à gros bras et petits
tOtes pour assurer la =`sécurité« de certaines
opérations et également la rentrée des paiements. Il faut
enfin un grand nombre de fourmis pour toutes les petites opérations plus
ou moins clandestines de terrain, allant de la vente de marchandises au
détail jusqu`au vol d`une marchandise, en passant par le coup de tampon
qui crée un document officiel ou le coup d`il ailleurs quand passe un
camion.
On retrouve bien ces trois niveaux d`implication lors de
l`action. Mais, là encore, on n`en retrouve le plus souvent que deux
quand vient le temps de la répression et de la réparation, le
niveau de la tête de la pieuvre échappant le plus souvent aux
investigations.
La figure ci-après représente ces
différentes opérations en indiquant les différents
assortiments possibles de rôles
Source : Gérard VERNA, (juillet
1993)
Tableau 3: Différents rôles possibles et
leur implication illégale dans une opération de contrebande
par importation
Source : Gérard VERNA, (juillet 1993) La
chaîne "raccourcie" de la contrebande
Il y a au moins onze rôles possibles, en ne tenant pas
compte des intermédiaires probables qui vont s'insinuer à tel ou
tel endroit de la chaîne.
2- Manifestation de la contrebande au plan local (cas
pratique du distriFt d'Abidjan)
Aux entrées routières du territoire douanier du
district d`Abidjan, la majeure partie des populations interrogées
donnait des réponses qui ne répondaient pas à nos
préoccupations et aspirations. En grande majorité la gente
féminine se cachait derrière la loi du silence. On ressentait
fortement de la résistance de leur part, un manque de confiance et de la
peur. Il se peut qu`elles voient en nous une menace pour la bonne marche de
leur activité. Il a fallu les rassurer et les mettre en confiance. Et
pour cette raison, nous leur avons exposé le but de la recherche et les
finalités qu`elle poursuit. On leur a promis et assuré de les
garder dans l`anonymat.
Les guides ont été les agents des forces de
l`ordre tout secteur confondus (douaniers, gendarmes et policiers nationaux et
municipaux aux différents corridors routiers d`Abidjan et sur les
marchés du district d`Abidjan). Ils ont montré un
intérêt à notre enquête, ils nous ont donné de
nombreuses informations sur les techniques utilisées (mode
opératoire) par les contrebandiers pour faire passer les marchandises et
les différents sites de prédilection dans le district d`Abidjan
où se pratique la contrebande par exemple celle de l`alcool et des
cigarettes. Cependant, pour des raisons de sécurité d`Etat, ils
ont refusé poliment qu`on participe aux opérations de nuit, ou
aux arrestations des contrebandiers en pleine activité. Ils ont
justifié ce refus par le fait qu`on ne maîtrise pas le maniement
des armes à feu et les techniques d`arrestation des délinquants.
En fait notre situation de civil et non de militaire a été
l`élément principal de cette opposition.
Les difficultés du terrain, se résume autour de
: (manque d`argent, problème de transport, difficile
accessibilité aux contrebandiers car très discrets et
difficilement visibles). On a eu à visiter les 13 communes du district
d`Abidjan.
L`on a constaté que la contrebande des marchandises
n`était pas propre à une d`entre elles précisément.
Elle touche toutes les 13 communes du district d`Abidjan sans exclusive.
Aussi, on a approché certains services officiels en
l`occurrence : (les douanes, la police économique et la gendarmerie
nationale) pour recevoir un certains nombres d`informations en rapport avec le
sujet d`étude. Nous avons su qu`avant tout, que ces services ont une
mission particulière, qui consiste à la recherche d`infractions
à caractère douanier. Ils ont en principe des missions
complémentaires, même si sur le terrain les rapports entre eux ne
pas sont assez francs et claires.
Les douanes autant que la police économique ou la
gendarmerie, se trouvent en première ligne des enquOtes
douanières c`est-à-dire aux portes frontalières
terrestres, maritimes, portuaires et aéroportuaires, mais la police
économique et la gendarmerie nationale interviennent le plus souvent au
moment de l`enquOte physique de l`inspecteur des douanes, elles font comme les
douanes des contrôles à posteriori qui consistent à
vérifier les procès verbaux de constat, (annexe 17), des agents
situés en première lignes des enquêtes
douanières.
Grâce à leurs différentes aides nous
avons su que la contrebande est la toute première infraction en
matière douanière et qu`elle représente à peu
prés 90% des dossiers à traiter. A sa suite se greffe les fausses
déclarations d`espèce et les importations sans
déclaration. Nous disons que se procurer une marchandise
étrangère sans la déclarer à une porte
douanière est une contrebande, aussi toute circulation de
marchandise sans documents justificatifs est un produit de contrebande
réprimé par
L`article 290 du code des douanes<<toute
évaluation de marchandises faite en dehors des droits de douanes :
redevance statistique, TVA ou taux de valeur ajoutée est soumise
à une amende douanière>>.
Et tout ce trafic fait perdre au moins par an plus de trois
milliards de francs CFA à l`économie nationale (source douanes
ivoiriennes). Il existe selon les services des douanes et de la police
économique trois types de contrebandes et ils tiennent comptent des
moyens humains, matériels économiques, techniques misent en ~uvre
dans la réalisation de la contrebande.
Si ces moyens sont limités on parle de contrebande de
premier type, lorsqu`ils sont plus significatifs on parle de contrebande de
second type, enfin lorsqu`ils sont sophistiqués exemple : moyens de
transports excellents (voitures, avions, bateaux) on parle de contrebande de
troisième type.
Le premier type est plus pratiqué par le bas peuple
(les pauvres), le second et dernier type est exercé par des
professionnels avec des moyens énormes à tous les niveaux
(économique, humain, et technique). La contrebande prend au fil du temps
de l`ampleur à cause des opérateurs économiques
malhonnêtes toujours qui cherchent à maximiser leur gain
financier. En ce qui concerne par exemple, les filières des cigarettes
nous avons les guinéens en première ligne du trafic, ils sont les
plus appréhendés. Quant aux filières d`alcool ce sont les
ghanéens (source police économique). Ces opérateurs
utilisent les techniques de camouflages (emballage du produit de contrebande
dans des cartons ou sacs n`ayant aucun rapport avec les cigarettes ou
l`alcool), pour faire passer leurs marchandises qui contournent les portes
douanières et atteignent le marché Abidjanais. Ce sont ces
opérateurs
économiques qui sont les grands fournisseurs mais ils
sont très mal connus tout ce que l`on sait c`est que l`arrestation d`un
grand contrebandier bloque seulement un circuit de livraison. Les entreprises
locales (SITAB, SOLIBRA) en collaboration avec les services de douanes et de la
police économique tentent de lutter contre la floraison des produits
(cigarettes, alcool) de mauvaise qualité qui inondent les marchés
provoquant la baisse de leur chiffre d`affaire. La contrebande est en
perpétuelle mutation et les instruments actuels de lutte ne peuvent rien
contre son avancée, ils sont eux même dépassés et on
chercherait plutôt à les améliorer qualitativement. Ce qui
impose une concurrence déloyale aux marchandises légales.
Après des entretiens avec certains directeurs d`entreprises
privées et d`institutions publiques. Il ressort que la contrebande a
toujours existé dans l`économie nationale. On ne peut donc pas
situer son apparition à une date précise, autrement dit la
contrebande à commencer peut-Otre avec l`essor économique de la
Côte d`Ivoire voire les années 70. L`on parlait du miracle
économique ivoirien. Seulement, depuis les différentes
conjonctures économiques des années 80 à 90
l`économie ivoirienne se fragilise et crée des pertes d`emplois.
La pauvreté se renforce, les injustices sociales aussi et à cela
s`est ajoutées les différentes crises politico militaires de (99
à 2002) qui ont abouti au coup d`état puis à la guerre.
Tous ces facteurs réunis ont rendu les
frontières du pays perméables d`où un flux de marchandises
illicites en provenance des pays voisins et plus loin les Emirats arabes unies
(Doubaï), les indes ou la chine.
Progressivement les produits de contrebande vont côtoyer
les produits licites en leurs livrant une concurrence déloyale.
Au départ stigmatisé comme les plus nombreux
dans le trafic, les immigrants en Côte d`Ivoire se sont fait rejoindre de
nos jours par de nombreux nationaux.
Ainsi la contrebande n`est plus l`affaire d`une catégorie
de population.
Elle est observable partout, dans tous les secteurs
d`activités où il y a une présence de marchandises,
où l`on peut faire un commerce, ou des échanges (sucre,
café, bois, caoutchouc etc.).
Chaque jour, des politiques de lutte s`élaborent dans les
cabinets mais la réalité sur le terrain est autre chose.
En fait la pauvreté, la situation de conflit, et de
crise à répétition n`est pas faite pour arranger les
choses. On est dans un laisser-aller dans lequel tous les coups sont permis,
où il y a de l`argent qui circule il y a corruption et de grande
tentation, c`est pourquoi il est très difficile de faire face à
la contrebande car elle arrange beaucoup de personnes tant au bas qu`au haut de
l`échelle sociale.
La contrebande tue l`économie des Etats et il faut la
combattre à travers des campagnes de sensibilisation, de prise de
conscience du phénomène, de mise en place de mesures
législatives répressives, de mise en place de mesures de
contrôle des frontières, de mise en place d`une politique
économique souple et intégrante les couches les plus faibles. Car
trop de droits et taxes de douane imposée par l`état contraignent
les populations et les encouragent à contourner les lois
économiques. Par exemple : les différents chiffres disponibles
sont les suivants : ABOBO courant 2001-2004 saisie de prés 1500 tonnes
de cigarettes et de 500 tonnes d`alcool prohibé. ADJAME on a presque le
double soit 3200 tonnes pour les cigarettes et 1150 tonnes pour l`alcool.
Yopougon 800 tonnes pour les cigarettes et 3500 tonnes pour l`alcool on voit
là qu`en moins de trois ans les saisies de cigarettes et alcool de
contrebande se chiffrent en milliers de tonnes. (Source police
économique).
Après la présentation des données il nous
faut les analyser, afin d`y apporter des critiques dans la discussion.
On a effectué des calculs, des comparaisons, des
croisements à l`aide de tableaux pour comprendre les données en
présence.
C`est à travers un travail de manipulation qui a
donné un sens à nos résultats.
Les Tableaux qui suivent récapitulent les opinions des
33 individus de l`échantillon en face de différentes variables
indépendantes qui se présentent à eux en l`occurrence :
les restrictions douanières, la
défaillance du système de surveillance des corridors routiers et
les limites réglementaires en matière de fraude
douanière.
Tous les tableaux montrent que le genre, les tranches
d`âges, le milieu socio-économique et la profession ne justifient
pas forcement le phénomène de contrebande mOme s`ils sont des
facteurs à risque. Les tableaux ont aussi servi à
démontrer que les contrebandiers ont une nette opinion et connaissance
du caractère illégal de leur activité. Enfin, les tableaux
ont servi à démontrer que sur toute l`étendue du district
d`Abidjan on observe le phénomène avec différentes
nationalités qui se retrouvent au centre de ce trafic illicite. Les
hommes ne sont pas moins contrebandiers que les femmes, les jeunes que les
vieux, les riches que les pauvres. On rencontre presque tout le monde sans
exception au centre du phénomène. Tout l`espace Abidjanais est
touché par la contrebande et les contrebandiers ont une parfaite
connaissance de l`illégalité de leur activité. Ainsi,
après analyse nous disons que la contrebande arrange une grande frange
de la population même si elle est négative pour les caisses de
l`Etat, qui doit trouver des politiques de lutte contre le
phénomène dans le but de protéger les industries locales
qui subissent une concurrence déloyale de la part des produits de
contrebande.
Tableau 4: l'acteur face aux défaillances du
système de contrôle
Variable indépendante
Variable dépendante
|
très grandes failles dans le
système de contrôle de douane ou de police
|
grandes failles dans le système de contrôle de
douane ou de police
|
petites failles dans le système de
contrôle de douane ou de police
|
TOTAL
|
|
Petite intentionnalité
|
2
|
2
|
6
|
10
|
Grande intentionnalité
|
4
|
3
|
2
|
9
|
très grande intentionnalité
|
9
|
4
|
1
|
14
|
TOTAL
|
15
|
9
|
9
|
33
|
|
Commentaire :
Le tableau 5 montre que, lorsqu`il n`existe pas de grandes
failles dans le système de contrôle aux différents
corridors routiers, l`effectif de personnes ayant l`intention de passer
à l`acte est faible soit 3 individus c`est-à-dire 2 individus
ayant une grande intention et 1 individu une très grande intention de
passer à l`acte et 6 individus ayant une petite intention.
Cependant, lorsqu`il existe de très grandes failles et
des frontières routières poreuses, (9) acteurs ont une
très forte intention de passer à l`acte, (4) ont une grande
intention et (2) ont une petite intention.
En face des grandes failles du système de
contrôle, 4 individus reconnaissent avoir une forte envie de passer
à l`acte, 3 acteurs reconnaissent avoir grande envie de passer à
l`acte et enfin 2 acteurs reconnaissent avoir moins envie de passer à
l`acte. En définitive, 23 acteurs sur 33, soit (69,69%) de
l`échantillon, reconnaissent avoir très
envie de passer à l`acte en cas de failles dans les
systèmes de contrôles routiers. 10 acteurs sur 33, soit 30,31% de
l`échantillon, reconnaissent pouvoir s`abstenir au passage à
l`acte en cas de défaillance du système de surveillance.
Opinions des acteurs confirmant le
précédent commentaire (des noms fictifs ont été
attribués aux acteurs pour respecter leur anonymat)
A la question de savoir : quelles idées, les acteurs
du phénomène se font en face de système de contrôle
en vigueur aux abords des entrées routières d`Abidjan ?
Les enquêtés donnent les réponses suivantes
:
- « Nous (Mamadou et Fulgence) reconnaissons avoir
une forte envie à opérer dans la contrebande, lorsque les failles
sont très grandes ou grandes au niveau des contrôles douaniers ou
policiers».
- « Par contre, nous (Junior et Morgan)
reconnaissons avoir moins l'envie à commettre de la contrebande et
à prendre des risques inutiles lorsqu'il existe moins de failles dans
les contrôles douaniers ou policiers et si la surveillance aux
entrées routières des différents corridors routiers du
district d'Abidjan est efficace».
- « en définitive, nous
(enquêtés) reconnaissons que plus le système de
contrôle douanier ou de police, aux différents corridors routiers
du district est efficace, moins nous avons envie de frauder les
autorités locales et par contre lorsque les contrôles ou
surveillances sont inefficaces notre envie ou appétit à passer
dans l'illégalité s'accroît énormément
».
L`analyse du tableau 5 et les paroles des enquOtés
montrent que plus sont grandes les failles dans les contrôles de douane
et de police aux frontières routières du district d`Abidjan, plus
les acteurs ont tendance à participer au phénomène de
contrebande (69,69%) de l`échantillon de 33. Et si les failles du
système de contrôle sont moindres, les acteurs ont moins envie de
participer à la contrebande (30,31 %) de l`échantillon de
33. Cette situation s`explique par le fait que, plus les
mesures de sécuritéaux entrées routières sont
efficaces, moins les individus ont envie de se
faire prendre ou tenter l`aventure. Donc ils tentent de rester
dans la légalité. Malheureusement, si les mesures
sécuritaires aux corridors routiers sont moins efficaces, l`acteur
contrebandier ne cache pas sa grande envie et détermination à se
trouver à opérer dans de la contrebande.
En définitive, nous disons que les intentions des
individus augmentent au fur et à mesure qu`ils prennent conscience de la
faiblesse du système de contrôle aux différentes
entrées routières du district d`Abidjan. Par contre, ils se
risquent moins à la contrebande s`ils ont conscience que la
sécurité est renforcée ou rigoureuse.
Considérant, l`estimation des droits et taxes de douane
comme facteur de contrebande, elle devient dans ce contexte une variable
indépendante. Ensuite la variable dépendante est le degré
de participation de l`acteur à la contrebande.
Qualification de la variable indépendante par niveau
d`estimation :
a) Droits et taxes de douane surestimés
b) Droits et taxes de douane proportionnellement
estimés
c) Droits et taxes de douane sous estimés
Qualification de la variable dépendante par niveau de
participation :
Peu de contrebande
a) contrebande occasionnelle
b) beaucoup de contrebande
Tableau 6 : Droits et taxes douane en rapport avec
l'explication de la présence de l'acteur dans la
contrebande
Estimation des droits et taxes de douane
niveau de participation des acteurs
|
droits et taxes de douane surestimés
|
droits et taxes
de douane proportionnellement estimés
|
droits et taxes de douane sous estimés
|
TOTAL
|
Effectif
|
beaucoup de contrebande
|
10
|
3
|
2
|
15
|
Contrebande occasionnelle
|
2
|
5
|
3
|
10
|
Peu de contrebande
|
1
|
2
|
5
|
8
|
TOTAL
|
13
|
10
|
10
|
33
|
Commentaire :
Le tableau 6 présent, nous montre que si les droits et
taxes de douane sont surestimés, (10) acteurs participent beaucoup au
phénomène, (2) participent occasionnellement et (1) acteur
participe peu à la contrebande.
Lorsque les droits et taxes de douane sont moyennement
estimés, on a (3) acteurs qui participent énormément, (5)
qui participent occasionnellement et (2) qui participent peu.
Enfin, en ce qui concerne les droits et taxes de douane sous
estimés le tableau présente (2) acteurs qui participent
énormément, (3) qui
participent occasionnellement et enfin (5) qui participent peu
à l`activitéde contrebande
Opinions des enquêtés sur les droits et
taxes de douane en vigueur aux différents corridors routiers
d'Abidjan
A la question de savoir quelle est leur position en face des
droits et taxes de douane, les enquêtés donnent les
réponses suivantes :
« Ma présence (Sylvie), dans la contrebande se
justifie par le fait que les droits et taxes de douane légalement en
vigueur sont surestimés, ils réduisent considérablement
mes marges bénéficiaires et si je veux m'aligner sur la
légalité je cours à ma ruine ».
«je reconnais (Sylvie), par contre au cas
où, les droits et taxes de douane sont raisonnablement appliqués,
la majeur partie d'entre nous les contrebandiers est prête à
s'aligner sur la légalité, même si je suis consciente que
malgré tous les efforts consentis par l'Etat, dans la
l'amélioration des droits et taxes de douane, certains acteurs parmi
nous continuerons dans cette activité illégale».
En analysant, le tableau 6 et les propos des
enquêtés on se rend compte que plus les droits et taxes de douane
sont surestimés, plus les acteurs sont nombreux à contourner les
mesures de contrôle en vigueur aux frontières donc à
commettre de la contrebande. Cette situation s`explique par le fait que trop de
taxe tue la taxe, comme le disent certains économistes. En fait, les
acteurs exerçants dans les secteurs d`activité liés au
trafic illicite de marchandises y sont, car ils supportent difficilement les
restrictions des droits et taxes de douane appliquées aux
frontières.
Ils trouvent que cela à une incidence sur leur
rentabilité économique. C`est pourquoi, ils mettent en place un
vaste réseau pour contourner toutes les mesures contraignantes aux
différentes frontières ou corridors routiers.
Par contre, en présence de droits et taxes de douanes
appropriées, les auteurs vont s`inscrire pour la plupart dans la
légalité, même si malgré les allègements
fiscaux, on va toujours rencontrer des contrevenants.
Considérant, la variable indépendante : application
de sanctions pénales aux infractions contrebandières. Nous allons
qualifier celle-ci :
a) Faible sanction pénale
b) Forte sanction pénale
c) Très forte sanction pénale
Considérant, la variable dépendante suivante :
degré de dissuasion de l`acteur
d) Moins dissuasif
e) Dissuasif
f) Très dissuasif
Tableau 7 : sanctions pénales en rapport
avec les acteurs
Sanctions pénales
degré de dissuasion
|
Très forte sanction pénale
|
Forte sanction pénale
|
Faible sanction pénale
|
TOTAL
|
Effectifs
|
Très dissuasif
|
6
|
5
|
1
|
12
|
Dissuasif
|
4
|
2
|
3
|
9
|
Moins dissuasif
|
2
|
1
|
9
|
12
|
TOTAL
|
12
|
8
|
13
|
33
|
Commentaire :
Le tableau 7 nous montre qu`en face d`une très forte ou
d`une forte sanction pénale, (11) acteurs se sentent très
dissuader, (6) se sentent moyennement dissuader et (3) ne se sentent pas
dissuader.
Par contre en face de faibles sanctions pénales, (1)
acteur est peu dissuadé, (3) se sont dissuadés et (9) ne se sont
pas dissuadés.
Opinions des enquêtés sur les sanctions
pénales en vigueur
A la question de savoir si les acteurs se trouvent dissuader
par les sanctions pénales et le système judiciaire ivoirien en
place en matière de contrebande, les acteurs touchés par nos
questions ont donné les réponses suivantes :
« Nous nous sentons (Konin, Eugénie, et
Amadou) largement dissuadés, si les sanctions applicables ou le
système judiciaire est rigoureux et efficace, ainsi nous revoyons
à la baisse nos ambitions ».
« Par contre, au cas où le système
pénal est défaillant, moins efficace, nous nous sentons moins
impressionner et dissuader quant au passage jà l'acte.
Nous réévaluons nos ambitions car nous savons que nous ne courons
pas de grands risques d'être appréhendés par les services
de douane, de gendarmerie ou de police, c'est le champ libre à nos
activités illicites».
Les règlements des contentieux au niveau des douanes se
font par transaction le plus souvent. Le contrebandier appréhendé
transige avec l`autorité, dans le cas où la transaction
échoue sa marchandise est vendue aux enchères ou même
détruite. Nous voyons très rarement des procédures
pénales en matière de contrebande. Mais cette situation ne nous a
pas empêché d`évaluer les opinions des intervenants de
l`enquête (propos des enquêtés ci-dessus) sur le
caractère dissuasif de l`application de sanctions pénales
à la contrebande.
L`analyse du tableau 7 et les paroles des acteurs
révèlent que : plus les sanctions pénales sont fortes,
efficaces et appliquées, moins les acteurs s`essayent à la
contrebande. Par contre, lorsque les sanctions pénales sont
insuffisantes ou même absentes et difficilement appliquées, les
acteurs s`adonnent à la contrebande à leur aise. Cette situation
s`explique par le fait que l`absence ou l`insuffisance de mesures
pénales confortent les contrebandiers dans leur trafic illicite. Ils
n`ont pas en présence d`eux une vraie politique de justice
criminelle.
En définitive, ce que l`on peut retenir dans cette
analyse, c`est qu`un contrebandier n`a pas d`éthique. Très
souvent, il est moins condamné par la société,
différemment de d`autres types de délinquants. Cette attitude
sociale semble être une caution morale donnée par la
société au contrebandier. Son activité est du domaine
d`une économie souterraine qui évolue à côté
d`une autre économie officielle.
Malgré que l`acte de contrebande à des
incidences regrettables sur l`économie, tout le monde semble se faire
complice du phénomène soit par la demande ou par l`offre de
marchandises de contrebande qui va toujours croissant.
C) Illustrations de la contrebande a travers les
propos de certains enquêtes d'Adjamé roxy
RUBRIQUE 1 : raisons explicatives de leur
présence dans la contrebande
A la question de connaître les motivations des
enquêtés, pour ce qui peut expliquer leur présence dans
cette activité, nous avons reçu comme réponse de Madame
Awa Coulibaly de nationalité Burkinabé,
résidant à ATTECOUBE : « je n'ai subi aucune contrainte
à exercer la contrebande de cigarettes ; je l'exerce volontairement
».
Pour madame NAGALE, ivoirienne et originaire de
Touba :
« Je suis contrebandière par
nécessité économique, je suis présente dans cette
activité depuis le déclenchement du conflit armé en
Côte D'Ivoire (19 sept 2002) ».
On voit bien que les motivations des sujets à
l`étude sont différentes les unes des autres. Cependant, ce qu`il
y a à retenir c`est que ce n`est pas la pression extérieure qui
est la cause exclusive de leur participation au phénomène de
contrebande.
ELO Amy, malienne d`origine explique sa
présence à ROXY (marché à ciel ouvert où
cigarettes de contrebande côtoient médicaments prohibés)
: « j'aide ma grande soeur qui est la vraie propriétaire des
marchandises ; je justifie ma présence ici à cause du manque
d'emploi ».
RUBRIQUE 2 : Les techniques d'approvisionnement
des intervenants
A la question de savoir qui sont leurs fournisseurs, les
enquêtés orientent leur doigt accusateur vers de grands
trafiquants disséminés sur tout l`étendue douanier
d`Abidjan et très mal connus.
A la question de savoir comment s`effectuent les
opérations d`échanges, certains sujets disent contacter
eux-mêmes leurs fournisseurs par contre d`autres affirment le
contraire.
A la question de savoir d`où viennent les produits de
contrebande les enquêtés pointent du doigt les pays limitrophes et
vont plus loin en indiquant les Emirats Arabes unis (Doubaï), la Chine,
les Indes etc.
RUBRIQUE 3 : connaissance du phénomène par
des acteurs
A la question de savoir si les sujets pensent se reconvertir,
tous ont répondu par l`affirmatif : Madame Coulibaly en exemple :
«je pense vendre des pagnes », Mlle ZERBO
(Burkinabé) ; « je vais me reconvertir en gérante de cabine
téléphonique qui était mon ancien métier
».
Quant à la question de savoir si les
enquêtés connaissent le caractère illégal de leur
activité, ils ont répondu par l`affirmatif : Madame
NAGALE Ivoirienne : « je reconnais vendre des cigarettes de
contrebande, mais comment faire si je n'ai rien d'autre à faire ?
».
A la question de savoir les marques de cigarettes les plus
fraudées, par ordre On a : Excellence 4500fcfa le
prix légal et 3000fcfa celui de contrebande, DUNHILL
9200 FCFA la cartouche légale et 7000fcfa celle de contrebande,
CRAVEN (A) 6500 FCFA la cartouche légale et 5000f cfa
celle de contrebande.
RUBRIQUE 4 : Opinion des acteurs sur
l'efficacité du système de contrôles
A la question de savoir si elles sont contrôlées
par des agents de police ou de douane ou tout autre inspection de
contrôle assermenté, elles ont répondu que cela se fait
rarement et dans le cas où la situation se présentait, elles se
cotisaient pour soudoyer les agents.
A la question de savoir qui sont leurs clients, les
enquêtés ont répondu que toutes les catégories de
populations sont concernées (jeunes, femmes, hommes, vieux, fumeurs,
policiers, etc.).
Nous aurons à présenter maintenant le terrain
d`étude, la population d`enquOte et l`échantillon.
A la suite de notre illustration ci-dessus, nous
présentons les causes, les mesures en vigueur, les manifestations et
conséquences de la contrebande au plan international, national et au
plan local pour ce qui concerne le district autonome d`Abidjan.
VII-4-CONSEQUENCES DE LA CONTREBANDE
La contrebande est un phénomène qui a de graves
conséquences notamment sur le plan social et économique :
1Au plan social
Le péril que représente la contrebande pour la
société civile consiste en : Les marchandises faisant l`objet de
contrebande constituent un grand risque pour la santé publique.
L`exemple le plus probant de cette idée est celui de la contrebande des
drogues et des stupéfiants qui sont extrêmement nocifs à la
santé.
Nous pouvons également évoquer l`exemple des
produits qui ne répondent pas aux critères imposés par le
contrôle sanitaire et phytosanitaire du fait qu`ils sont importés
en dehors des bureaux de douanes.
Ce qui est le cas des cigarettes qui sont contrefaites dans
les autres pays de l`Afrique, et qui entrent sur le territoire douanier
national à travers les frontières routières.
- Les faits de contrebande peuvent
également porter sur des armes, ce qui représente un danger
majeur pour la sécurité publique notamment dans la situation
d`insécurité que vit le pays.
- Il existe également des
opérations de contrebande portant sur des produits pornographiques, ces
produits sont strictement prohibés à l`importation du fait qu`ils
sont considérés comme une cause directe de la dégradation
des murs au sein de la société.
2 -Au plan économique
Les effets de la contrebande sur l`économie des Etats
sont les suivants Le non-paiement des droits et taxes qui découle des
opérations de contrebande est à l`origine des pertes faramineuses
au niveau du trésor public. Nous pouvons toujours évoquer
l`exemple des produits tabagiques ; dans ce cadre, les pertes annuelles
enregistrées au niveau du trésor public sont de l`ordre de 3,5
milliards de francs Cfa, cela est dO aux activités du commerce
illégal des cigarettes qui veut dire la compromission des droits et
taxes.
L`importation de certaines marchandises en dehors des bureaux
des douanes peut-être au détriment des entreprises nationales qui
produisent le même genre de marchandises, car les produits de contrebande
sont vendus sur le marché noir à un prix inférieur
à celui des produits des entreprises nationales, ainsi la tendance du
consommateur se dirige vers les produits de contrebande qui sont à la
portée des citoyens. Cela ressemble un peu à l`effet du
dumping.
- Les grandes quantités de
marchandises de contrebande mises à la consommation en noir sur les
marchés internes sont susceptibles d`empOcher la collecte des
informations fiables, des statistiques exactes qui sont incontournables pour le
contrôle et le suivie de la politique économique de l`Etat
notamment en matière de commerce extérieur.
- Le blanchiment d`argent : les
activités de contrebande permettent aux trafiquants d`en tirer des
profits imaginaires au détriment de l`économie nationale.
Les trafiquants de drogue par exemple font souvent appel
à des spécialistes des questions financières pour
procéder au blanchiment de grandes quantités d`argent provenant
du trafic des drogues, ils ont recours à des réseaux
compliqués de comptes bancaires, à d`autres transactions
financières ainsi qu`à des compagnies qui ne sont que des
paravents dissimulant leurs argents et qui seront ultérieurement mener
à la faillite par leurs propriétaires après avoir
réalisé leurs buts.
3- Effets de la contrebande sul4l'éFRQRP Le40u
0LItlLF1401Abidjan
Porte d`entrée du district d`Abidjan et de certains
pays sans littoral de la zone UEMOA, les différents corridors routiers
sont des voies d`accès sur le territoire douanier du district d`Abidjan.
Ils constituent une plaque tournante et un milieu d`expression de la fraude, de
la contrebande et de la contrefaçon dans ses multiples formes. Ces
corridors routiers s`ouvrant au reste du pays et aux autres pays de l`inter
lands permettent au district d`Abidjan de jouer un rôle majeur dans
l`économie des pays de la sous région et de devenir
malheureusement le creuset de certains trafics notamment celui des
stupéfiants. La corruption rampante et omniprésente ne trouve sa
justification qu`à travers l`existence des réseaux de fraude et
de contrebande impliquant la participation plus ou moins active de certains
opérateurs économiques parfois au dessus de tout soupçon ,
de certains représentants de l`administration et de quelques
transitaires véreux.
Ce serpent de mer à trois têtes continuera
à faire des ravages considérables tant que les pouvoirs publics
ne mettront pas en place des mesures ou des sanctions dissuasives et
concertées à travers des opérations « coup de poing
» aussi médiatisées que régulières.
La contrebande et la contrefaçon consistent donc en la
manipulation des stocks de biens ou de marchandises qu`on retrouve dans les
circuits de distribution et dans les marchés.
C`est ainsi que le marché ivoirien en
général et plus spécifiquement celui du district d`Abidjan
est inondé de produits de contrebande entrés
généralement sur le territoire national par contrebande :
Pièces détachées automobiles, médicaments, vins et
liqueurs, cigarettes, carburants et lubrifiants, appareils électriques,
piles électriques, denrées alimentaires, etc.
4- Illustrations du trafic et cas pratiques
Le fameux marché des vins et liqueurs importés
exemple, «BRACODI BAR » à ADJAME, prospère à vue
d`il alors même que les produits qui y sont vendus passent par des
couloirs de contrebande connus de tous, mais tolérés par les
autorités ;
L`invasion de la moto taxi qui pullule dans les zones centre,
nord et ouest du pays du fait de la guerre de septembre 2002.
Abidjan en particulier n`échappe pas à cette
logique permanente de fraude et de contrebande, etc.
En quelque temps d`expérience dans le milieu douanier
(propos d`un acteur témoins), il ne nous a jamais été
donné de voir un connaissement d`un conteneur de 20 tonnes ou de 40
tonnes de Champagne et de vin en carton, etc.
Compte tenu du goUt prononcé d`une grande franche de la
population ivoirienne pour cette boisson particulière et de la
variété des espèces disponibles dans nos grandes
surfaces et aux coins des rues, il y a lieu
de se demander par quel circuit de dédouanement passent
les importateurs.
Le marché des pièces détachées
automobiles (la casse d`ABOBOADJAME) n`a jamais été aussi
florissant qu`aujourd`hui. Les marchands revendent même au bord des
routes les pièces volées et sorties frauduleusement du Port
d`Abidjan dans l`indifférence totale du public.
Les cigarettes de marques prestigieuses sont importées et
reversées frauduleusement dans le marché.
Certains produits (pâtes alimentaires) sont
importés et dédouanés à un prix inférieur au
cours de la matière première sur le marché mondial.
En définitive, Face à tous ces problèmes,
les pouvoirs publics devraient engager un certain nombre d`actions qui se
déclineront en des initiatives permanentes, la création
d`instruments opérationnels et la mise sur pied d`un judicieux arsenal
juridique tout en mettant un accent particulier sur la sensibilisation, la
formation et l`information en vue de prévenir, de maîtriser et
d`éradiquer ces fléaux qui gangrènent l`économie de
nos pays.
A cet effet, il serait urgent de mettre de côté
les antagonismes, les égoïsmes nationaux et autres querelles de
leadership pour procéder à l`exhumation d`une véritable
politique concertée de lutte contre la fraude et la contrebande en zone
UEMOA.
Dans cet ordre d`idées, les Etats membres de l`UEMOA
pourraient :
- Assurer la formation adéquate des
agents chargés de lutter contre ces fléaux et la mise à
disposition des moyens appropriés
- Rendre efficace l`action de chaque
Comité National de lutte contre la fraude et la contrefaçon
- Assurer la sensibilisation,
l`éducation et l`information du consommateur sur les dégâts
causés par la fraude et la contrebande
- Renforcer les actions des mouvements de
protection des consommateurs
- Multiplier les opérations « coup
de poing »
- Créer et contrôler les couloirs
des produits sensibles importés
- Mettre en place une plate forme juridique
permettant à la douane
de détruire systématiquement les produits de
contrefaçon saisis
- Harmoniser les prix de dédouanement de
certains produits
importés
- Revoir les conditions de dédouanement
des marchandises en groupage.
La portée de toutes ces actions est de permettre la
sécurisation du consommateur, la protection des entreprises locales et
l`assainissement de l`espace économique du district d`Abidjan à
travers la découverte des circuits de fraude afin de poursuivre les
contrevenants et réhabiliter les entreprises citoyennes.
5- Les efforts pour la lutte cotre la contrebande
A l`instar des autres administrations de douanes dans le
monde, la douane Ivoirienne est chargée de réprimer tout fait de
contrebande, en utilisant les moyens et les instruments adéquats pour
accomplir cette mission.
a- Les moyens de lutte en vigueur
Il est évident que la mission de la lutte contre la
contrebande revient en premier lieu à l`administration des douanes, de
ce fait, cette dernière dispose des moyens suivants :
-Les moyens juridiques : ce sont toutes les lois et
règlements définissant et interdisant les faits de contrebande
d`une manière implicite ou explicite.
Dans ce cadre, Nous pouvons en citer :
b - Le code des Douanes :
Il a été établi par la loi n° 64-291
du 1er Août 1964 (J.O. 64 Page 1103). Modifiée par l`ordonnance
n°88-225 du 2 Mars 1988) (J.O. 88, Page 78). Son lieu d`application
comprend tout le territoire douanier. Dans ce contexte, il est évident
que la contrebande représente une infraction douanière. Cette
dernière a été définie par le législateur
dans l`article 5 du présent code des douanes comme étant : toute
violation des lois et règlements que l`administration des douanes est
chargée d`appliquer et de réprimer par le présent code. En
effet, tous les faits de contrebande sont passibles de sanctions
financières et de peines d`emprisonnement qui dépendent du
classement et du degré de l`infraction.
Pour cette raison, le législateur a distingué entre
les faits de contrebande qui représentent des délits et ceux qui
représentent des contraventions. L`adaptation juridique des faits de
contrebande :
Les contraventions de contrebande : Les articles 20 ; 27 du
code des douanes disposent que les faits de contrebande portant sur des
marchandises non prohibées ni fortement taxées constituent une
contravention de cinquième classe. Ils sont pratiquement les mêmes
faits qui ont été visés par l`article 24 du code des
douanes :
L`importation ou l`exportation des marchandises en dehors des
bureaux de douanes.
Les délits de la deuxième classe sont
constitués par les faits de contrebande portant sur des marchandises
prohibées ou fortement taxées. Les sanctions relatives à
cette classe sont :
-La confiscation des marchandises de fraude et des marchandises
ayant servi à masquer la fraude.
-Une amende égale à deux fois la valeur des
marchandises confisquées. -Une peine d`emprisonnement de six (6) mois
à douze (12) mois.
Les délits de la troisième classe sont
constitués par les faits de contrebande qui portent sur des marchandises
prohibées ou fortement taxées commis par une réunion de
trois individus ou plus, que tous portent ou non des marchandises de fraude.
Ces infractions sont passibles :
- D`une confiscation des marchandises de fraude,
et des marchandises ayant servi à masquer la fraude.
- D`une amende égale à trois fois
la valeur des marchandises confisquées.
- D`une peine d`emprisonnement de douze à
vingt-quatre mois.
Les délits de la quatrième classe sont
constitués par les faits de contrebande portant sur des marchandises
prohibées ou fortement taxées, commis à l`aide d`armes
à feu ou d`animaux ou d`aéronefs, de véhicules ou de
navires de moins de cent tonneaux de jauge nette ou de moins de cinq cents
tonneaux de jauge brute.
Ces infractions sont passibles de :
- La confiscation des marchandises de fraude et
des moyens de transport.
- Une amende égale à quatre fois
la valeur cumulée des marchandises confisquées et des moyens de
transport.
- Une peine d`emprisonnement de vingt-quatre
mois à soixante mois. Nous pouvons déduire d`après les
trois articles sus visés, que pour le classement des délits de
contrebande, le législateur s`est basé sur trois critères
:
- le nombre des participants.
- L`utilisation des armes à feu.
- La qualité des moyens de transport.
c-Les conventions internationales
Les conventions internationales font plutôt partie de la
coopération internationale, nous allons aborder cette idée par la
suite :
- Les moyens organisationnels :
l`organisation par l`Etat en ce qui concerne l`administration des douanes,
prévoit l`intervention de plusieurs services dans la surveillance des
flux de marchandises à travers les frontières terrestres.
Dans ce cadre, nous allons citer ci-après les moyens
organisationnels mis en place aussi bien au niveau central qu`au niveau
régional, tout en
examinant les moyens qui ont une relation directe avec les
investigations douanières.
-Au niveau central :
La direction de la lutte contre la fraude : cette direction a
été créée en 1993, elle a été
auparavant une simple sous direction au sein de la direction du contentieux.
Actuellement, elle est constituée de quatre sous directions.
- La sous direction du contrôle
documentaire.
- La sous direction des investigations : Elle se
compose de trois bureaux :
- Le bureau des commissionnaires en douanes ;
- Le bureau des recherches et de l`exploitation
des informations ; - Le bureau des interventions ;
A vrai dire, les services d`investigation sont
spécialisés dans les enquêtes sur des opérateurs
fraudeurs et les courants de contrebande.
- La sous direction de lutte contre les
stupéfiants : Celle-ci se
compose de deux bureaux :
- Le bureau des fichiers, du traitement et des
analyses des informations ;
- Le bureau des brigades canines ;
Au moyen de ces deux bureaux, la sous direction de la lutte
contre les stupéfiants est chargée de recueillir toutes les
informations relatives au trafic des stupéfiants, de constituer
également une banque de données informatisées sur les
stupéfiants et les psychotropes.
Ainsi, la sous direction de lutte contre les
stupéfiants est chargée de collaborer avec les autres services
spécialisés dans la répression du trafic illicite des
stupéfiants et des psychotropes, ainsi que de participer aux
activités des associations ayant pour objectif la sensibilisation en la
matière.
- La sous direction de l`assistance mutuelle
internationale et
collaboration interservices : Elle est constituée de
trois bureaux : - Le bureau de collecte, de l`analyse et de
la diffusion des
renseignements.
- Le bureau de l`assistance mutuelle
internationale.
- Bureau de collaboration interservices.
Ce service est chargé de :
* Recueillir et analyser les informations, les renseignements
et les rapports en matière de fraude douanière et d`en publier la
synthèse destinée aux services de lutte contre la fraude
commerciale et la contrebande.
* Coordonner les actions de lutte contre la fraude dans le cadre
de la collaboration interservices.
* Echanger les informations et collaborer avec les bureaux
régionaux de la liaison de l`organisation mondiale des douanes, et de
leur transmettre les renseignements en matière de la lutte contre la
fraude dans le cadre de la convention de Nairobi.
* Echanger les informations et collaborer avec les
administrations étrangères dans le cadre des conventions
d`assistance mutuelle conclue par la Côte d`Ivoire.
* Prendre en charge les demandes d`enquOte émanant des
administrations douanières étrangères dans le cadre de
l`échange de l`information prévu par les conventions d`assistance
mutuelle et d`évaluer les résultats et l`efficacité de ces
dernières.
* Suivre et évaluer les activités du
comité de coordination de Wilaya et des brigades mixtes (Douanes,
impôt, commerce) et de collaborer également avec les services et
les institutions chargées de la recherche et de la répression des
fraudes (IGF, Gendarmerie...).
d -Le comité de coordination
interministérielle (CCI) :
Créé par le décret n°97-290 du 27
juillet 1997 portant l`institution et l`organisation des comités de
coordinations et des brigades mixtes entre le ministère des finances et
le ministère du commerce, ce comité est composé de membres
permanents et d`autres suppléants représentants les
administrations concernées : La direction générale des
douanes, la direction générale des impôts, et l`inspection
centrale des enquOtes économiques et de la répression des
fraudes. Les missions du comité du CCI peuvent être
résumées en :
- L`analyse et le ciblage préalable des
opérations à contrôler.
- La recherche permanente de l`adaptation aux
courants de fraude en développant les techniques de travail.
- Le développement d`un système
d`information efficace et rapide pour garantir la confidentialité entre
les administrations et le développement de la circulation de
l`information entre les trois administrations composant ce comité en vue
de pouvoir dégager un programme commun qui sera enrichi et
détaillé par les comités des contrôles et
exécuté par les brigades mixtes selon les mesures conçues
communément.
- Au niveau régional :
- Les services de la lutte contre la fraude :
Les services de la lutte contre la fraude se trouvent au niveau
régional, rattachés directement aux directions régionales
des douanes. Donc, selon la hiérarchie administrative, ces services sont
régis par les directeurs régionaux des douanes.
- Le comité de coordination des
douanes : C`est à ce niveau que la stratégie du comité de
coordination interministérielle se traduit en action effective, et ce,
par l`élaboration d`un programme des opérations à
contrôler par les services opérationnels.
- Les brigades mixtes : Les brigades mixtes
sont composées par des représentants des services des
impôts, des douanes et du commerce. Il en existe une ou plusieurs au
niveau de chaque secteur, et ce, en fonction de la concentration des courants
de fraude et de la superficie géographique des divisions
administratives.
En fait, le décret exécutif n°97/290 du
27/07/1997 régissant les brigades mixtes a insisté sur le fait
que ces dernières soient composées de cadres ayant au moins le
grade d`inspecteur principal et une expérience de trois années
dans le service de la lutte contre la fraude pour les fonctionnaires de la
douane, ou les services des enquêtes économiques et de la
répression des fraudes pour les fonctionnaires du commerce et des
impôts. Ces brigades sont soumises à l`autorité du
comité de coordination des douanes et du comité de coordination
Interministérielle. Les missions des brigades mixtes consistent en
l`exécution des programmes élaborés contrôlant les
flux de marchandises à travers les frontières.
On mentionne enfin l`existence du bureau du contentieux de la
recette au niveau des inspections divisionnaires. Ce bureau jouit d`une
importance cruciale en matière de lutte contre la fraude du fait qu`il
est chargé de la gestion des affaires contentieuses, et la vente aux
enchères des marchandises confisquées.
- Les moyens humains et
matériels
- Les ressources humaines
En effet, les efforts consentis par l`administration des
douanes dans le domaine des ressources humaines jusqu`à 1994 ont permis
surtout de renforcer les corps d`exécution : agents de surveillance et
agent de contrôle.
La décision n° 21/DGD/CAB/DE. 400 du 19 mai 2002,
portant le rattachement des services régionaux de la lutte contre la
fraude aux directions régionales des douanes.
Ces derniers étaient formés à
l`école des douanes dont les faibles capacités d`accueil ont
poussé l`administration des douanes à recourir à
l`assistance d`autres institutions disposant de plus grands centres de
formation :
La réalisation d`une très grande école
des douanes s`impose de nos jours à l`Etat ivoirien, dotée de
tous les moyens modernes nécessaires et d`une capacité suffisante
de places pédagogiques.
-Les moyens matériels et techniques
:
Les moyens matériels sont d`une grande importance dans
les activités de la lutte contre la fraude, cela est dû à
la nécessité de procéder à des sorties sur le
terrain pour pouvoir contrôler les frontières terrestres :
- Les moyens de transport : le parc automobile
de la douane
ivoirienne dispose de véhicules tous types.
-Les moyens techniques et de télécommunication :
ces moyens sont utilisés dans l`échange rapide des informations
et le traitement de la paperasse tels que les dossiers des poursuites
contentieuses en matière de fraude.
-La coopération
internationale
L`extension mondiale de la contrebande est assurément
due à l`implantation des réseaux transnationaux de contrebandiers
professionnels.
Cela fait que les efforts de la répression interne ne
peuvent être suffisants, d`où se révèle la
nécessité impérieuse de la coopération, de la lutte
contre la contrebande.
Dans ce cadre, on a tout d`abord évoqué quelques
exemples des efforts mondiaux de la répression de la contrebande pour
passer aux mesures prises par la côte d`ivoire dans le domaine.
Plusieurs initiatives et instruments internationaux sont
destinés à faciliter la coopération et la coordination des
questions liées à la lutte contre la contrebande, notamment :
Document de la direction général des douanes: Programme de la
réforme et modernisation de l`administration des douanes.
Les Rapports de l`organisation mondiale des douanes : Douanes et
drogue, 1998.
* La convention de Nairobi de l`organisation mondiale des
douanes (OMD) qui est destinée à promouvoir la coopération
dans les enquêtes sur les infractions de nature douanière.
* La convention de Vienne de 1998 de l`ONU contre le trafic
illicite de stupéfiants et de substances psychotropes.
* Le programme de l`OMD qui est expressément
destiné à améliorer la lutte contre la fraude
douanière et à encourager la coopération à
l`échelon régional grace à des
communications plus rapides et plus efficaces.
* A l`échelon international, l`OMD a forgé des
alliances avec d`autres organismes internationaux en vue d`améliorer la
réponse de la douane à la lutte contre le trafic illicite de
drogue.
En 1996, l`OMD a signé un PDA (Protocole d`Assistance)
avec le Programme des Nations Unies pour le Contrôle International des
Drogues (PNUCID) et en novembre 1998, l`OMD a signé un PDA avec l`office
international de la protection civile l`OIPC/Interpol.
Un certain nombre de projets conjoints ont été
entrepris par l`OMD, Interpol et le PNUCID notamment un nouveau projet visant
à partager de données concernant les drogues , qui permettra
à chacun de ces programmes d`accéder à une base de
donnée mondiale sur les saisies de drogue tout à fait
exhaustives, et d`avoir un aperçu mondial des tendances des trafics
illicites de drogue afin de réaliser des projets conjoints et
d`effectuer des analyses stratégiques. Les initiatives entreprises
à l`égard du blanchiment de fonds et du contrôle des
précurseurs chimiques s`effectuent de plus en plus en partenariat avec
le PNUCIDE et Interpol.
L`OMD a eu recours à la solution des programmes
d`assistance (PDA) à plusieurs niveaux ; elle a même conclu des
accords avec 18 associations commerciales mondiales. Des programmes nationaux
de PDA ont été mis en place par 35 administrations des
douanes.
Le protocole de l`accord (PDA) constitue le principal
mécanisme par l`intermédiaire duquel cette coopération est
instaurée.
Le programme d`assistance (PDA) est un accord
négocié entre les administrations des douanes, les entreprises
et les associations
commerciales qui fixent des directives établissant les
modalités de travail en commun des parties intéressées
pour lutter contre le trafic illicite de drogue.
La signature d`un programme d`assistance (PDA) offre aux deux
parties plusieurs avantages ; la douane tire partie d`une meilleure
connaissance des milieux industriels et des entreprises, des renseignements
préalables concernant les voyageurs et le fret qu`elle peut ainsi
obtenir, d`un niveau de sécurité renforcée, d`un meilleur
ciblage du trafic présentant un risque qu`elle peut opérer et
d`une meilleure utilisation de ses ressources.
Les entreprises tirent partie des rapports plus harmonieux
qu`elles ont avec les administrations des douanes, de la rationalisation du
trafic licite, des mesures de sécurité plus strictes prises et de
la sensibilisation du personnel compétent au problème des drogues
et de leur détection.
Voici en ce qui suit, quelques exemples des programmes
d`assistance (PDA) :
La coalition des entreprises contre la contrebande,
partenariat à l`initiative des milieux industriels appuyé par la
douane des Etats Unis, a été créée en 1996.
Ce partenariat est conforme au programme DEFIS-ACTION (Douane
et entreprises face au trafic illicite des stupéfiants) (alliance of
customs and trade for the interdiction of narcotics) accorde une attention
particulière aux questions de sécurité.
* En France, le programme de coopération
dénommé DEFIS comprend des PDA conclus à l`échelon
central et régional ; la douane britannique
quant à elle a signé 120 PDA et diffuse
régulièrement une publication intitulée «DRUGSWATCH
» pour tenir les membres informés des tendances du trafic de drogue
et des saisies opérées avec succès.
* Le programme DEFIS-ACTION de L`OMD est étroitement
lié à l`article 15 des Nations Unies de 1988 contre le trafic
illicite des stupéfiants et des substances psychotropes qui invite tout
particulièrement les administrations à coopérer plus
étroitement avec les transporteurs pour lutter contre le trafic illicite
des drogues.
Le conseil économique et social de l`ONU a ensuite
adopté des résolutions particulières destinées
à promouvoir l`utilisation des PDA entre les administrations des
douanes.
A l`instar des autres pays dans le reste du monde, la
côte d`ivoire a adopté la politique de la coopération
internationale pour la lutte contre la contrebande. L`action de
l`administration des douanes dans ce domaine a connu un développement
important né des besoins d`accroître l`efficacité du
contrôle douanier sur les frontières et de suivre de près
l`évolution des instruments internationaux.
En matière d`assistance administrative mutuelle, la
douane ivoirienne a renforcé et a intensifié ses relations de
collaboration et par la conclusion de conventions en vue de prévenir, de
rechercher et de réprimer les infractions douanières avec des
pays de la sous-région, membres de l`UEMOA.
La coopération n`est pas seulement bilatérale,
elle est également multilatérale dans le cadre de l`UEMOA ou par
la participation aux travaux de l`Organisation Mondiale des Douanes.
En Côte d`Ivoire, en général, dans le
district d`Abidjan en particulier, vendre des marchandises de contrebande en
dehors des bureaux et postes de douane, est une activité illégale
plus ou moins tolérée.
Par conséquent, les vendeurs de rue peuvent être
parfois difficiles à trouver et particulièrement
méfiants.
À ADJAME ROXY par exemple, il y a des points de vente
fixes et visibles. En ce lieu, les vendeurs sont ambulants et parcourent la
commune à la recherche de leurs clients.
A ABOBO-ADJAME, particulièrement à la casse, il
y a des vendeurs fixes de pièces détachées d`automobile.
Les articles tels que des cosmétiques, des produits ménagers ou
des vêtements, cachent le trafic de contrebande sur le territoire
douanier du district d`Abidjan. Les acteurs du trafic camouflent leurs
réelles activités sous un aspect licite afin de ne pas être
appréhendés par les autorités.
Dans tous les cas, l`achat des produits doit se faire avec
discrétion, de façon à ne pas attirer l`attention des
personnes aux alentours, sous peine de se voir refuser l`accès aux
marchandises.
Les différences entre les zones géographiques
n`ont pas facilité la mise en place d`un plan de sondage uniforme et
réellement aléatoire lors de l`étude (le vendeur choisit
son client plutôt que l`inverse).
Les difficultés de collecte, liées à
l`illégalité du commerce en lui-même, sont
vraisemblablement aggravées dans le cas où le vendeur fournit
sciemment des marchandises d`origine frauduleuse (en opposition aux
marchandises provenant du circuit officiel de distribution et qui sont donc
autorisés à la vente sur le territoire douanier du district
d`Abidjan).
En effet, il aura certainement tendance à être
plus méfiant, et à ne pas vendre sa marchandise auprès de
clients inconnus ou bien à ne montrer que les produits qu`il estime les
moins compromettants. Cela conduit à
une vraisemblance. Pour tenter d`éviter ce
problème, nous avons sousestimé la prévalence des
contrefaçons dans notre étude.
On a recruté des enquêteurs locaux (agents de la
police municipale) brièvement formés à la collecte, mais
il est difficile de dire si cette méthode a été
efficace.
Afin de mieux maîtriser la phase
d`échantillonnage, la solution a été de limiter
l`étude aux marchés illicites « ouverts », tels que
celui d`ADJAME/ROXY où toutes les marchandises sont exposées,
permettant ainsi une collecte plus contrôlée.
L`authentification des marchandises a été
réalisée selon la méthodologie de l`Organisation mondiale
des douanes (OMD) qui prévoit de mener des enquêtes auprès
des autorités de régulation et des industriels.
La première difficulté de cette démarche est
de réussir à trouver les coordonnées des bons
interlocuteurs.
La plupart des services publics qu`on a contactés
possédaient un site Internet ; ce qui a permis d`obtenir rapidement leur
adresse postale.
L'exploitation des données statistiques relatives au
phénomène de la contrebande dans le district autonome d`Abidjan
fait apparaître une hausse sensible dans les affaires traitées
(3.922 en 2007 et 3.908 en 2006) et une baisse dans les personnes
arrêtées (3.151 en 2007 et 3 441 en 2006). Et pour la
période du premier trimestre 2008 en matière de contrebande,
1.254 affaires ont été constatées et 976 personnes ont
été interpellées dont 274 d`entre-elles ont
été placées sous mandat de dépôt. Ce constat
fait ressortir une hausse de 12 % par rapport à la mOme période
de l`année 2007 où il a été enregistré 1.119
affaires et une hausse de 1 % en matière de personnes
arrêtées.
La contrebande est une forme de criminalité
indissociable des autres composantes de la criminalité transnationale.
Elle a pris des proportions aussi grandes qu`inquiétantes au niveau des
frontières terrestres notamment celles des corridors routiers du Nord,
de l`Ouest et du SudEst du district d`Abidjan où l`activité
commerciale est complètement déstabilisée par le
phénomène d`évasion qui a pris de l`ampleur tant pour les
produits alimentaires soutenus par l`Etat que pour les médicaments, la
pièce de rechange, des articles électroménagers, le
cheptel et les carburants.
Cette criminalité se manifeste dans ses formes les plus
insidieuses et débouche sur d`autres crimes connexes liés
à tous les types de trafic. Elle est favorisée par la
modernisation des moyens de transport et de communication. Elle constitue de ce
fait, un obstacle à tout développement économique et
social viable de la région des lagunes. La contrebande détourne
les énergies et les ressources d`activité constructives,
dégrade l`individu par le trafic et l`abus, met les secteurs
d`activité en marge de la réglementation de l`Etat. Elle sape la
crédibilité et l`efficacité des pouvoirs publics et
autorités locales.
Ce phénomène, jadis circonscrit aux zones
frontalières immédiates a, depuis quelques années, atteint
même les régions profondes du territoire national par l`ampleur
qu`il a pris sur la population, à la recherche d`un mode
économique et social propre à elle. Il a pris des proportions
énormes à tel point que le volume des produits de contrebande
introduits frauduleusement le territoire douanier district d`Abidjan,
dépasse largement les taux nationaux de contrebande en comparaison aux
autres régions du pays.
Les saisies opérées durant les trois
dernières années indiquent que les produits les plus
prisés par les contrebandiers sont les cigarettes
étrangères, le carburant, le cheptel (ovin et
bovin), les produits alimentaires (farine, lait, sucre, les pâtes
alimentaires). Cette contrebande est à l`origine de l`amplification de
l`économie informelle qui continue d`occuper des espaces de plus en plus
larges au point de marginaliser l`économie structurée et
d`accélérer davantage les détériorations de la
qualité des services publics.
Parmi les facteurs ayant favorisé la recrudescence du
phénomène, la bonne qualité du produit ivoirien, le gain
facile induit par la différence des prix pratiqués, la
présence d`habitations à proximité des entrées
routières du district et les relations étroites des riverains
avec des contrebandiers et leurs relations familiales qui facilitent
l`échange de la marchandise.
Les contrebandiers de la cigarette, en dépit de la
lutte implacable que mènent les unités de la Gendarmerie
nationale, continuent de développer leurs sources d`approvisionnement
sur le territoire douanier des régions Sud de la Guinée Conakry,
notamment du port de Conakry où il existerait des unités de
fabrication de cigarettes étrangères en quantité
excédentaire. Les autres activités de contrebande sont
menées à partir des régions Sud-Est vers la
frontière avec le Ghana, pour les marchandises de contrebande suivantes
: alcools, carburants, pièces détachées d`automobile.
e- Prévention et la lutte implacable contre les
contrebandiers
A cet effet, par exemple, il a été
constaté une activité dominante de contrebande de produits
alimentaires et de cigarettes à l`Ouest du district aux corridors (PK 17
et de GESCO), une activité dominante de trafic de carburant, boissons
alcoolisées et effets vestimentaires au sud-est (route Aboisso-Bassam)
et une activité de trafic de pagnes, au Nord d`Abidjan (PK 18 à
Abobo). Durant l`année 2006, les unités de la Gendarmerie
Nationale ont constaté 3.908 affaires et arrêté 3.441
personnes dont 1068 ont été placées sous mandat de
dépôt. Ces chiffres font ressortir une baisse de 9.51% par apport
à l`année 2005.
Si on observe les suites judiciaires, on trouve que les
personnes écrouées en 2005 sont de 598 personnes par contre en
2006, 1.068 personnes ont été écrouées,
c`est-à-dire 3.908 affaires traitées, 3.441 personnes
arrêtées, 1.068 personnes écrouées et 2.373 remises
en liberté provisoire. Les produits de cette contrebande servent
à alimenter les marchés informels, non contrôlés par
les services de l`Etat, portant un risque certain à la santé
publique, et dont les produits financiers pourraient soutenir les
activités criminelles organisées notamment le terrorisme et le
trafic des stupéfiants.
En outre, durant les dernières années, le
phénomène de la contrebande a diminué du fait de la
nouvelle stratégie adoptée par les unités de la
Gendarmerie Nationale spécialisées dans la lutte, mais on doit
signaler que, malgré cette diminution, la contrebande de carburant a
connu une augmentation de 40% dans les 13 communes du district d`Abidjan.
Durant l`année 2007, les unités de Gendarmerie Nationale ont
traité 3922 affaires, soit une hausse de 0,36% par rapport à
2006. Par classement, on retrouve 1.871 affaires pour le premier trimestre,
677
affaires pour le second trimestre, 163 affaires pour le
troisième trimestre et 153 affaires pour le quatrième trimestre
de 2007. Et pas moins de 3.151 personnes ont été
arrêtées avec une baisse de 8,43% par rapport à
l`année 2006.
Durant l`année 2007, il a été saisi
690,325 tonnes de produits alimentaires soit une hausse de 03%, 357.331
cartouches de cigarettes soit une baisse de 28%, 883.651 litres de carburant
soit une hausse de 01%, 6.065 bouteilles de boissons alcoolisées soit
une baisse de 29% et 160.338 articles d`effets vestimentaires.
L'exploitation des données statistiques relatives au
phénomène de contrebande fait apparaître une hausse
sensible dans les affaires traitées (3.922 en 2007 et 3.908 en 2006) et
une baisse dans les personnes arrêtées (3.151 en 2007 et 3.441 en
2006). Et pour la période du premier trimestre 2008 en matière de
contrebande, 1.254 affaires ont été constatées et 976
personnes ont été interpellées dont 274 d`entre-elles ont
été placées sous mandat de dépôt. Ce constat
fait ressortir une hausse de 12% par rapport à la mOme période de
l`année 2007 où il a été enregistré 1.119
affaires et une hausse de 1% en matière de personnes
arrêtées. Au cours de cette période, les unités de
la Gendarmerie Nationale ont procédé à la saisie de
988.096 tonnes de produits alimentaires, dont 103.345 tonnes à ABOBO,
280.755 litres de carburant dont 190.200 litres à PORT-BOUET , 789
bouteilles de boissons alcoolisées dont 701 bouteilles au niveau du
tronçon routier ABOISSO-BASSAM. 992.060 paquets de cigarettes dont
173.210 paquets aux corridors de GESCO et du PK 17 route de DABOU, 22.943
articles d`effets vestimentaires dont 4.150 à ADJAME, et 290
véhicules dont 85 sur la voie internationale qui part du district
d`Abidjan (route
ABOISSO-BASSAM), jusqu`à la frontière de la
Côte d`Ivoire avec le Ghana.
Durant ce trimestre, il est enregistré une baisse dans
les quantités de cigarettes et les boissons alcoolisées saisies
et une hausse en matière de produits alimentaires et de carburant par
rapport au même trimestre de l`année 2007. L`exploitation des
différentes affaires traitées fait ressortir que les saisies de
cigarettes durant le premier trimestre 2008 sont localisées aux
corridors d`entrée de GESCO et PK17 de DABOU, qui sont des voies
internationales qui aboutissent aux frontières SudOuest (PK17 route de
DABOU) et Nord du pays (autoroute du nord), tandis que les saisies des produits
alimentaires sont localisées dans l`ensemble des entrées
routières du district autonome d`Abidjan ; quant aux saisies de
cheptels, elles sont localisées au corridor de GESCO. Le produit de
contrebande sert à alimenter les marchés informels non
contrôlés par les services de l`Etat, portant un risque certain
à l'économie nationale. Durant les dernières
années, le phénomène de la contrebande s`est
développé davantage eu égard à l`aspect lucratif
qu`il procure. Il apparaît donc nécessaire de prendre toutes les
mesures pour atténuer l`impact néfaste du phénomène
qui reste à ce jour un des problèmes économiques qui
touche le plus grand nombre de personnes dans la société.
f- Les mesures en vigueur
-La douane ivoirienne face à la contrebande et aux
contentieux
On va essayer en quelque sorte de mentionner les efforts de la
répression de la contrebande en Côte d`Ivoire, les
difficultés qui entravent le travail des agents de douanes et les
solutions proposées. Toujours dans ce même cadre, et pour mieux
éclaircir, nous allons essayer de faire un état des lieux. Les
douanes recherchent les infractions à caractère douanier. En
effet, il existe trois modes de saisines de cette régie.
Selon le Lieutenant LACINA DIABATE, 2006 (commandant de
douane, administrateur des services financiers, chef de la Brigade des douanes
et des enquêtes douanières à la police économique)
:
« -Le premier mode de saisine en matière de
contrebande est la dénonciation, elle représente 90% des
dossiers.
-Le deuxième mode de saisine est la saisine incitante ou
l`auto saisine et -le dernier mode de saisine est la plainte ».
Les douanes ont deux missions, une concerne la collecte de
droits et taxes de douanes sur les marchandises qui rentrent et sortent du
territoire douanier à travers les frontières et l`autre mission
est une mission à caractère économique et concerne la
protection de l`industrie locale à travers certaines mesures, lois et
contraintes qui sont mises en place. D`une part, on peut dire qu`une infraction
en matière douanière est une infraction pécuniaire qui est
très souvent réglée par une transaction entre
l`autorité locale et l`acteur appréhendé. Selon BILE Abia
Vincent, (7 novembre 2007), le contentieux douanier peut-être
défini en effet, comme l`ensemble des règles relatives à
la naissance, au déroulement et la conclusion des litiges ayant pour
objet l`interprétation et l`application du droit douanier.
Il reste attendu que cette définition est prise dans
son sens le plus strict écartant tous les contentieux dans lesquels
l`administration des douanes peut se retrouver sans qu`il soit question
d`application d`une disposition douanière. Le contentieux douanier
naît généralement de deux manières, à
l`occasion soit du recouvrement d`une créance de la douane soit de la
constatation de la commission d`une infraction. Pour les besoins de la
présente étude, nous nous intéresserons uniquement au
second fait générateur du contentieux douanier à savoir la
constatation de la commission d`une infraction douanière. La
constatation des infractions douanières appartient aux termes du
décret n°68-410 du 3 septembre 1968 relatif à la
constatation des infractions aux lois et règlements des douanes, en
principal à l`administration des douanes.
Cependant, les autres administrations peuvent constater les
infractions douanières, dans les rayons des frontières de terre
et de mer, à l`occasion de l`exercice de leurs fonctions, lorsqu`il
n`est pas possible d`aviser utilement le bureau, le poste ou la brigade le plus
proche. La constatation des infractions douanières est consignée
soit dans un procès verbal de constat, soit dans un procès verbal
de saisie lorsqu`il est possible d`appréhender les marchandises
frauduleuses ou les moyens de transport. La rédaction des procès
verbaux obéissent à un formalisme dont le non respect ouvre droit
à une action en nullité, aux termes de l`article 213 du code des
douanes. Ainsi, aux termes des « articles 201, 203 et 209 du code des
douanes, les procès verbaux doivent mentionner la date, la cause de la
saisie, la déclaration qui a été faite au prévenu,
les noms, qualités, demeures des saisissants et de la personne
chargée des poursuites, la présence du prévenu à
leur description ou la sommation qui a été faite d`y assister,
que lecture a été faite au prévenu s`il est présent
et qu`il a été interpellé de le signer ».
En cas de saisie, le procès verbal précise le
nom, la qualité du gardien, le lieu de la rédaction, l`heure de
la clôture et que copie a été remise sur le champ au
prévenu s`il est présent.
Relativement à la signature qui doit être
apposée par le prévenu sur les procès verbaux, il y a lieu
d`indiquer que tant la lettre que l`esprit des textes ci-dessus visés,
permettent de s`assurer qu`il s`agit d`une signature ayant pour
intérêt de revêtir les procès verbaux d`un
caractère contradictoire.
Par conséquent, le prévenu qui ne
reconnaît pas les faits allégués dans les procès
verbaux, doit avoir la latitude de prendre des réserves marquant
formellement sa protestation.
La liberté de prendre des réserves est d`autant
plus importante que les articles 211 et 212 du code des douanes disposent que
les procès verbaux font foi jusqu`à inscription de faux des
constatations matérielles qu`ils relatent.
La réserve constitue par conséquent, un
commencement de preuve de l`altération des faits matériels
relatés dans les procès verbaux. Par contre, une signature sans
réserve emporte reconnaissance du prévenu des faits qui lui sont
reprochés. Or, force est de constater que la douane ivoirienne exige
souvent des prévenus qu`ils signent ses procès verbaux nets de
réserve. En cas de refus, la douane use de la contrainte pour vaincre la
résistance du prévenu. Au delà de la question de la
régularité de la mesure de contrainte qui sera débattue
par ailleurs, il y a lieu d`indiquer que cette pratique de la douane ivoirienne
est illégale et est constitutive d`un abus de pouvoir. Après la
constatation de l`infraction douanière au travers des procès
verbaux dont la rédaction a été
analysée ci haut, des poursuites doivent être
exercées pour réprimer les auteurs et les
bénéficiaires de la fraude douanière.
A cet effet, deux types d`actions peuvent être
exercés indifféremment, l`action publique et l`action fiscale.
L`action publique en vue de l`application des peines pénales est
exercée, aux termes de l`article 218 du code des Douanes, par le
Procureur de la République qui use des voies ordinaires de mise en
mouvement de l`action publique à savoir la citation directe et le
réquisitoire introductif. L`action fiscale pour l`application des
sanctions pécuniaires est exercée par l`administration des
douanes. Cependant, le Ministère public peut l`exercer accessoirement
à l`action publique, aux termes de l`alinéa 3ème de
l`article 218 précité. En pratique, le Ministère public
n`exerce les deux actions que lorsque l`administration des douanes a
négligé d`exercer l`action fiscale. A l`effet de permettre au
Procureur de la République d`exercer les poursuites nécessaires
pour découvrir et sanctionner les fraudeurs, l`article 208 du code des
Douanes fait obligation à l`administration des douanes de transmettre au
Parquet du Tribunal, les procès verbaux de saisie constatant les
délits, les contraventions douanières n`étant pas
passibles de privation de liberté contrairement en matière
pénale.
L`administration des douanes, à qui est dévolue
l`action fiscale, est juge de l`opportunité des poursuites ; elle peut
donc ignorer l`infraction qui est commise ou négliger de la poursuivre.
Dans le cas où elle décide de poursuivre l`infraction
douanière, elle s`oblige à saisir deux juridictions suivant la
nature de cette infraction. Elle saisit le tribunal civil dans le ressort
duquel est situé le bureau ou le poste de douane le plus proche du lieu
de constatation de l`infraction, en cas de contravention et ce, par voie
d`assignation délivrée au prévenu à sa requOte.
Dans ce cas, le
ministère public intervient en application des
dispositions de l`article 106 du code de procédure civile aux termes
desquelles « sont obligatoirement communicables au ministère
public, trois jours avant l`ordonnance de clôture ou avant l`audience,
suivant les distinctions prévues à l`article 47, les causes
suivantes : Celles dans lesquelles, l`ordre public, l`Etat ou les
collectivités publiques sont intéressés » En effet,
toute infraction douanière intéresse l`ordre public
économique et l`Etat. En cas de délit, l`administration des
douanes s`oblige à saisir les juridictions répressives du lieu de
constatation de l`infraction douanière, par dépôt de
plainte avec constitution de partie civile. Mais en réalité,
cette plainte n`est nécessaire que lorsque les prévenus, les
marchandises frauduleuses ou les moyens de transport n`ont pas
été appréhendés sur le champ, de sorte que la
manifestation de la vérité nécessite l`ouverture d`une
information judiciaire. A contrario, le ministère public qui
reçoit la transmission des procès verbaux de saisie, en
application des dispositions de l`article 208 précité et qui voit
les prévenus déférés par devant lui, met en
mouvement la procédure de flagrant délit, s`il estime bien
entendu, que toutes les conditions légales sont réunies. Comme
dans tout contentieux, les poursuites douanières s`éteignent par
la survenance de certains événements.
En ce qui concerne, l`extinction des poursuites
douanières : tant l`action publique que l`action fiscale
s`éteignent par la prescription et par la transaction. La prescription
de l`action en répression des infractions douanières, aux termes
de l`article 226 du code des douanes court dans les mOmes délais que
l`action publique en matière d`infraction de droit commun à
savoir 3 ans pour les délits et une année pour les
contraventions. La transaction, privilège de
l`administration des
douanes pour régler à l'amiable ses
différends avec les personnes poursuivies demeure la voie la plus
prisée, elle peut intervenir avant ou après le jugement
définitif. Dans le dernier cas, la transaction laisse subsister les
peines corporelles à savoir les peines privatives de liberté. La
douane ivoirienne a toujours privilégié la transaction dans le
dessein de se préserver contre les immixtions malveillantes des
autorités judiciaires. Elle n`hésite pas à user de la
contrainte pour parvenir à cette fin. La régularité de la
contrainte obéit à des conditions de fond et de forme. En ce qui
concerne les conditions de fond, l`article 220 du code des douanes qui
définit les cas d`emploi de la contrainte, dispose que « Le
Directeur Général des Douanes, le Receveur Principal des Douanes
et les Chefs de Bureaux peuvent décerner contrainte pour le recouvrement
des droits et taxes de toute nature que l`administration des douanes est
chargée de percevoir ou de liquider, pour le paiement des droits,
amendes et autres sommes dues en cas d`inexécution des engagements
contenus dans les acquit-à-caution et soumissions et, d`une
manière générale, dans tous les cas où ils sont en
mesure d`établir qu`une somme quelconque est due à
l`administration des douanes... »
Il résulte de ce texte que la contrainte est
décernée principalement dans deux cas ; lorsque l`administration
des douanes justifie de l`inexécution des engagements contenus dans les
acquit-à-caution et soumissions et lorsqu`elle justifie d`un titre de
créance née soit d`une transaction signée librement et
sans contrainte, soit des droits et taxes éludés ainsi que des
amendes fixée, par une décision de justice.
Il s`en infère donc qu`avant la signature d`un
protocole d`accord, aucune contrainte ne saurait être
décernée par la douane sans qu`elle ne soit entachée
d`irrégularité. Quant aux conditions de forme, les articles 222
et 223 du code des douanes en prévoient deux. Ces articles disposent
en effet, que la contrainte doit à la fois comporter copie
du titre qui établit la créance et être visée par le
juge.
En conclusion, certes, cette administration des douanes a le
mérite de
faire des efforts énormes pour lutter contre la fraude, ce
qui fait d`elle un moteur essentiel de l`économie ivoirienne, il reste
cependant qu`elle est astreinte à respecter les règles du
contentieux douanier. La soumission de l`administration des douanes aux
règles du droit douanier constitue un gage de sécurité
pour les opérateurs économiques qui ont besoin d`être
rassurés sur le fait que le pays dans lequel ils investissent est un
Etat de droit respectueux des lois dont il s`est dotées.
L`administration
des douanes ivoiriennes doit donc faire cet effort d`appliquer
de manière stricte les règles du contentieux douanier afin de
mieux relever les défis financiers qui lui sont assignés.
- L'Etat des lieux
Depuis 1999, la Côte d`Ivoire est entrée dans une
ère d`instabilité politique et sociale, avec pour
conséquence une forte récession économique dont la
manifestation la plus évidente est la série de crises à
répétition qui se sont enchaînées comme suit :
Crise politique de décembre 1999 qui a aboutit au coup
d`état militaire du 24 décembre 1999.
Mutinerie de juillet 2000
Complot du cheval blanc de septembre 2000
Suites électorales d`octobre 2000
Législatives de décembre 2000
Complot de la Mercedes noire de janvier 2001
Crise politico-militaire du 19 septembre 2002 et instauration de
couvre-feu
Protestations de Marcoussis / Kléber en janvier 2003
Evénements de mars 2004
Evénements de novembre 2004
Evénements de GUITROZON ;
Evénements d`Agboville et Anyama ;
Attaque du camp de gendarmerie d`Agban ;
Attaque des deux camps militaires d`Akouedo le 2 janvier 2006;
Manifestations de protestation contre le groupe de travail international (GTI)
du 16 au 19 janvier 2006.
De manière générale, ces crises ont eu un
impact négatif sur les performances économiques nationales et de
manière plus spécifique sur les entreprises par la favorisation
d`entrée de marchandises de contrebande depuis les frontières
Centre Nord Ouest (CNO) où l`autorité douanière est
presque inexistante mOme si l`on parle de plus en plus d`unité des
caisses de l`Etat.
Face à cette situation, certaines institutions en
l`occurrence la Chambre de Commerce et d`Industrie de Côte d`Ivoire
(CCI-CI) a entrepris un certain nombre d`actions allant de l`organisation de
réunions de concertation à la mise en place d`une cellule de
crise chargée de recenser les dommages et autres pertes subis du fait
des troubles et fraudes qui ont perturbé l`activité
économique.
Elle a ainsi pu défendre les intérêts de ses
ressortissants tout en assurant leur représentation au sein des
instances de concertation.
C`est donc fort de la traduction en actes concrets du droit
à représenter les entreprises et à parler en leur nom,
conférant à la chambre toute sa légitimité, qu`elle
prend position.
Elle répond également à la volonté
de l`institution de faire des propositions au gouvernement pour la relance et
la restauration de la compétitivité du secteur privé et
reposer le problème des entreprises directement ou indirectement
victimes des casses, de contrebande, pillages et destructions de biens qui
demeurent entier.
- L'Impact de la contrebande en
cote d'ivoire
Au niveau du secteur privé : au regard des
moyens dégagés et en raison des circonstances qui
prévalent, bon nombre d`entreprises n`ont pas eu l`idée ou la
possibilité, pour diverses raisons, d`établir un constat des
dommages subis dus à la crise et au phénomène de
contrebande, les conséquences relevées qui ne sont pas
exhaustives sont les suivantes :
580 sinistres recensés depuis 1999 par la chambre de
commerce
et d`industrie de Côte d`Ivoire (CCI-CI).
174 cessations d`activités constatées sur une seule
année (janvier 2004 à février 2005).
Plus de 30.000 emplois perdus
La chute du chiffre d`affaires moyen des entreprises entre 30%
à 50% en 2005.
296.684.150. FCFA de pertes enregistrées dans le secteur
du vivrier durant les derniers événements du 16 au 19 janvier
2006. Un préjudice des dommages, toutes crises confondues, estimé
à 122.297.232.873.FCFA.
Par ailleurs, cette situation d`instabilité politique de
corruption et de contrebande à grande échelle a eu pour
conséquences :
La suppression des crédits des fournisseurs
étrangers et l`exigence de paiement au comptant ;
La rupture de contrats, l`annulation des marchés et le
renchérissement du coOt d`affrètement des navires pour cause de
guerre ;
L`impossibilité d`enlever les marchandises dans les
délais réglementaires qui entraîne des mises en
dépôt et des pénalités et d`autres frais
supplémentaires pour les entreprises ;
La difficulté pour les entreprises de faire face aux
échéances financières ;
Les départs définitifs ou momentanés de
chefs d`entreprises, de mandataires sociaux et fondés de pouvoir rendant
difficile le fonctionnement des entreprises ;
La mise en chômage technique et les licenciements de
nombreux travailleurs ;
L`exode de famille d`expatriés et l`éclatement des
certaines familles ivoiriennes ;
La destruction et la fermeture d`établissements scolaires
; Délocalisation des institutions internationales et
représentations diplomatiques.
Au niveau sectoriel : une analyse
par filière, permet d`apprécier de manière plus fine la
situation. Il est cependant constant que l`arrOt des unités de
production, les difficultés d`approvisionnement et de qualité de
la matière première, la fraude, la contrebande, le
développement du marché informel et de la concurrence
déloyale, menacent dangereusement l`existence des secteurs suivants :
Le textile avec des pertes atteignant 20% à 47% de leur
chiffre d`affaire et 32% de la valeur ajoutée pour certaines entreprises
(cas UNIWAX), en raison de la contrebande et de la fraude.
Le sucre avec des pertes énormes de productions (plus
de 19.000 tonnes évaluées à 5 milliards pour SUCRIVOIRE en
2002/2003) du fait de la perturbation de l`activité de production ;
Le bois avec la perte de marchés à l`exportation
et une perte de taux d`activité de 40%, -65% d`emploi en 2003 du fait
des difficultés de contrebande et d`approvisionnement en grumes
L`hôtellerie avec la chute des taux d`occupation (-75%)
du fait du blocage de l`activité touristique en rapport avec la
dégradation de l`image du pays ;
Le transport qui a connu une immobilisation des moyens et un
accroissement important des délais de 50 à 100% suivant la
destination ; cela s`est traduit par une baisse du chiffre d`affaires des
acteurs de ce secteur, le cas de la société MTT étant
très illustratif avec une chute du chiffre d`affaire de 25% à 50%
entre 2001/2002.
Le riz dont le marché est fortement perturbé par
l`existence d`un circuit parallèle provenant du nord avec des prix
défiant toute concurrence.
La pOche dont l`existence est menacée par
l`appauvrissement en ressources halieutiques.
La filière des fruits (ananas, bananes, mangues,
papayes) ainsi que celle des vivriers subissent les effets de l`immobilisation
des moyens de transport et connaissent de graves problèmes de
commercialisation et d`avaries de produits lors de ces crises.
Les pièces de rechange automobile sur lesquelles existe un
fort trafic illégal avec les pays limitrophes
Le tabac où la contrebande et la fraude sont des plus
développées.
-L'environnement des affaires : il
se caractérise par l`insécurité juridique et judiciaire
accrue, la remise en cause de la liberté de circulation des biens et des
personnes( racket de certaines forces de l`ordre sur les axes routiers),
l`absence d`un dispositif administratif minima pouvant permettre aux
entreprises de se développer dans les zones assiégées, la
perturbation des circuits de distribution et les hausses consécutives
des prix, l`assèchement des crédits bancaires et
l`arrOt des projets sur financements extérieurs. En
Côte d`Ivoire, le coût du loyer est très élevé
(de 2 à 3 points de plus que celui des autres pays de l`Union Economique
Monétaire de l`Ouest Afrique (UEMOA). Comment pourrait-on attendre
encore de ces entreprises qu`elles soient compétitives quand
l`environnement de fraude généralisée dans lequel elles
évoluent, constitue en lui-même un obstacle à leur
développement ? L`un des éléments de cet environnement qui
paraît des plus préoccupants, demeure la question de l`atteinte
à l`intégrité territoriale et du bien-être des
populations soucieuses de plus en plus de leur survie. Ce qui a engendré
la séparation et la création de deux économies, le
développement de l`informel et d`un marché de produits non soumis
aux droits et taxes de l`UEMOA, auxquels s`ajoute l`érection de barrages
intempestifs qui ont amplifié le phénomène du racket,
symbole parfaitement achevé de la déliquescence morale de la
société ivoirienne. Le racket affecte non seulement la
fluidité des échanges, mais également la trésorerie
des entreprises obligées de s`acquitter de sommes non
négligeables, pour éviter que la perte de temps sur les trajets
n`affecte la qualité des produits transportés.
Le racket est également présent au sein de nos
administrations où la gratuité du service public n`a plus cours,
conférant ainsi à certains agents des privilèges dont ils
n`entendent pas se départir.
Sinon comment comprendre que les instruments juridiques,
administratifs, institutionnels élaborés par l`Etat de
Côte-d`Ivoire soient si peu ou mal appliqués et occasionnent la
multiplicité des opérations et des procédures qui
s`apparentent à un véritable parcours du combattant ?
L`on pourrait ainsi citer :
Les nombreuses entraves à la création d`entreprise
et à l`obtention du registre du commerce et du crédit
mobilier,
La multiplicité des points de formalités export,
La complexité des formalités d`importation des
marchandises, Le non respect de la convention TRIE...
Pour sortir de la crise, le pays doit être totalement
réunifié ; le désarmement doit Otre effectif ;
l`élection présidentielle doit se tenir. La diversité des
sources de productions primaires et des richesses doivent être plus
généralisées. Le pays dispose de toutes les ressources
nécessaires au développement d`une agriculture
diversifiée. Les filières agricoles sont étendues et sont
aussi importantes les unes que les autres même si la filière
café-cacao est de loin le plus dominant. Outre ces deux cultures, nous
avons le coton, l`hévéa, le palmier à huile, l`anacarde,
la banane, l`ananas, etc. Le secteur des mines notamment le fer, le
manganèse, l`or, le diamant, etc., et celui de l`énergie
(pétrole et gaz) sont aussi importants pour l`économie
ivoirienne. Ils constituent des secteurs porteurs dont l`exploitation accrue
apportera une valeur ajoutée nette au PIB nominal mais dans ce secteur,
il existe une fraude organisée et une mauvaise gestion
dénoncée par le rapport 2006 de l`Onu sur la côte d`ivoire.
Les richesses du sous-sol et du bassin sédimentaire nous offrent des
opportunités qui pourraient servir à développer des
activités minières variées. Il nous faut donc poursuivre
la diversification et la modernisation du secteur agricole, réhabiliter
et relancer le secteur minier et développer le secteur
pétrole-gaz. Le secteur des services bénéficie de la main
d`uvre qualifiée ; le programme de reconstruction offre des
opportunités à la Côte d`Ivoire pour relancer
véritablement son économie. L`orientation plus favorable des
comportements d`épargne et d`investissement est un autre atout. De
même, le marché national doit être
approfondi et le marché sous régional développé. La
reconstruction porte sur les infrastructures économiques et les
infrastructures de base (école, eau, électricité,
santé), la réhabilitation de l`ensemble des édifices
publics. Notre foi est renforcée par des exemples historiques tels que
le plan Marshall qui fut un plan américain pour aider la reconstruction
de l`Europe après la Seconde Guerre mondiale. Les pays européens
ont établi un plan de reconstruction. Entre 1947 et 1951, les
États-Unis à travers l`Administration de Coopération
Économique (ECA) créée à cet effet, ont
consacré plus de treize milliards de dollars de l`époque (dont
onze milliards en dons) au rétablissement des 16 pays européens.
Le montant total de l`aide correspond à 100 milliards de dollars
actuels. La Côte d`Ivoire est en train de sortir d`une crise
militaro-politique. Sa reconstruction, ainsi que nous l`avions dit
tantôt, doit être un facteur important de son redécollage.
Aujourd`hui, l`aide extérieure à la Côte d`Ivoire s`inscrit
dans le cadre du programme FRPC-FEC et la mise en ~uvre du PPTE. Le PPTE doit
Otre pour les Ivoiriens un instrument de redécollage de
l`économie nationale. La Côte d`Ivoire entend mettre tout en ~uvre
pour atteindre le point d`achèvement afin de bénéficier
d`une réduction considérable (80%) de sa dette. Les
économies à réaliser du fait de l`annulation de la dette
seront affectées prioritairement aux dépenses d`investissement et
aux dépenses sociales prévues dans le Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP).
Toutes ces stratégies rigoureusement menées vont
progressivement réduire dans une fourchette acceptable le
phénomène de contrebande observé aux différentes
entrées routières du district d`Abidjan spécifiquement et
aux frontières routières de la Côte d`Ivoire en
général.
TABLEAU 7: Préjudices déclarés par
les entreprises sinistrées par la contrebande, par
la crise et par secteur d'activité
Secteurs d'activité
|
Valeur des dégâts crise, puis
contrebande décembre 1999
|
Valeur des dégâts
crise, puis contreband e juillet 2000
|
valeur dégâts crise, puis contrebande
septembre 2002
|
Valeur des dégâts crise, puis
contrebande janvier 2003
|
Valeur des dégâts crise, puis
contrebande novembre
2004
|
Valeur totale des dégâts toutes crises,
toutes
contrebande s confondues
|
Industrie
|
2 667 367 00
|
96 000 000
|
37 876 346 00
|
6 750 325
|
00
|
12 928 057
|
57
|
60 318
|
095
|
-
|
0
|
|
0
|
0
|
|
6
|
|
576
|
|
Pourcentage
|
|
9.93%
|
|
|
|
|
|
|
|
par
|
69.95%
|
|
86.47%
|
98.20%
|
|
21.56%
|
|
|
|
secteur
|
|
0.16%
|
|
|
|
|
|
|
|
-
|
4.42%
|
|
62.79%
|
11.19%
|
|
21.43%
|
|
|
|
Pourcentage par crise
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Commerce
|
959 733 000
|
870 473 000
|
1 001 367 000
|
0
|
|
19 334 617
|
42
|
22 166
|
190
|
s et distribution
|
|
|
|
|
|
9
|
|
429
|
|
-
|
25.17%
|
90.07%
|
2.28%
|
|
|
|
|
|
|
Pourcentage
|
|
|
|
|
|
32.25%
|
|
|
|
par
|
4.33%
|
3.92%
|
4.52%
|
|
|
|
|
|
|
secteur
|
|
|
|
|
|
87.23%
|
|
|
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pourcentage par
crise
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Services
|
186 254 000
|
0
|
4 847 109 000
|
|
|
|
|
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pourcentage par
secteur
|
4.88% 0.57%
|
0 0
|
11.06% 14.91%
|
|
|
|
|
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pourcentage par
crise
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : CHAMBRE DE COMMERCE ET D'INDUSTRIE DE
CÔTE D'IVOIRE, (février 2006)
CHAPITRE 8: DISCUSSION ET DIFFICULTES RENCONTREES
VIII-1-DISCUSSION
1- interprétation des résultats
Les données ci-dessus recueillies, font ressortir que
l`âge, est un facteur à risque et non un facteur définitif
dans l`explication de la contrebande, il est largement antérieur au
passage à l`acte. L`on a pu croiser différentes tranches
d`âge exerçant le phénomène. Cependant, la tranche
d`âge des (18, 25) a connu le plus grand nombre d`acteurs et cela
s`explique tout simplement parce que cette tranche représente la plus
grande franche de la population ivoirienne en activité, soit plus de 50%
(INS 98). Le genre (sexe) est comme l`âge un facteur à risque, il
ne justifie pas absolument la présence d`un individu dans la
contrebande. On rencontre à la fois des femmes et des hommes au centre
du problème. Cependant, les hommes ont prouvé par leur
accessibilité et disponibilité lors de l`enquOte, qu`ils
étaient disposés à participer à l`étude
contrairement aux femmes qui elles, se sont montrées un peu plus
discrètes. On a aussi rencontré d`une part, des acteurs actifs
(fournisseurs, des vendeurs ou des revendeurs) et des acteurs passifs
(acheteurs, distributeurs consommateurs) d`autre part. Ici, aucun rôle
n`est plus important qu`un autre dans la structuration de la contrebande, c`est
une activité en réseau qui exige l`efficacité de tous les
acteurs impliqués. Par exemple, le fournisseur n`est pas plus important
que le distributeur vis versa, chaque maillon du réseau à une
utilité, une fonction. On retrouve tous les niveaux d`instruction au
centre du problème depuis les acteurs analphabètes jusqu`aux
intellectuels (criminels à col blanc), même si
cependant, le regard est très souvent dirigé
vers les acteurs analphabètes qui se font très plus souvent
appréhendés pendant les contrôles et ignorent la
réglementation contrairement aux acteurs intellectuels.
En définitive, toutes les couches sociales participent
au phénomène, allant, du travailleur dans l`administration
publique à celui du privé, de celui du formel à
l`informel, jusqu`aux débrouillards ou aux sans emplois.
Cependant, les regards restent pointés sur les acteurs
qui n`ont pas un emploi fixe (chômeurs, débrouillards, sans
emploi) contrairement aux travailleurs qui ont un emploi fixe et officiel.
Cette situation s`explique par le fait que l`opinion publique pense que les
individus qui ont un emploi fixe et officiel sont moins tentés à
passer à l`acte de contrebande que ceux qui se trouvent dans un
état d`oisiveté et d`emploi précaire. Un adage populaire
le signifiant si bien « l`oisiveté est la mère de tous les
vices ». Cependant, ce point de vue commune, dans la réalité
des faits peut-être contesté. En effet, un travailleur officiel
n`est pas moins acteur qu`un employé dans un emploi officieux.
Pour mieux cerner les contours du phénomène de
la contrebande, Il s`agit de comprendre les motivations personnelles de
l`acteur en face de toute opportunité de passage à l`acte
(résiste-t-il ? ou passe t-il à l`acte ?) Il faut prendre en
compte avec beaucoup de prudence la condition sociale des acteurs dans
l`explication de la contrebande. Et cette analyse est la même en ce qui
concerne les facteurs explicatifs liés à la nationalité,
au milieu de vie, à la situation matrimoniale, à la religion,
à l`âge et au sexe etc. Tous ces facteurs explicatifs doivent
toujours Otre associés au libre arbitre de l`acteur parce qu`il existe
des cas où, des individus malgré leur condition de vie favorable,
ne
s`empêchent pas à prospérer dans la
contrebande pour un besoin de rentabilité économique et pour un
enrichissement illicite permanent.
Par contre, il peut se trouver des personnes vivant dans une
situation de vie défavorisée, qui volontairement refusent
d`être contrebandier. Alors les questions de fond qui nous viennent
à l`esprit sont les suivantes :
Quelles sont les raisons personnelles qui motivent tout individu
à embrasser une carrière dans la contrebande?
Est-ce parce que cette activité lui apporte une
sécurité socioéconomique?
Est-ce qu`un acteur devient contrebandier par imitation ou par
envie?
Est-ce qu`un acteur est contrebandier parce que les
contrôles de douane et de police ne sont pas efficaces?
Est-ce qu`un acteur est contrebandier parce que les
autorités surestiment les droits et taxes de douane aux
frontières?
La préférence de la transaction au
détriment de l`application strictes de sanctions pénales en
matière de contentieux douanier n`est elle pas une des raisons
explicatives du problème?
En tentant de répondre à ces interrogations, nous
cherchons à explorer d`autres voies explicatives du
phénomène.
Les motivations ou raisons de l`acteur soumis à de fortes
tentations extérieures peuvent le conduire au passage à
l`acte.
Sans oublier que les failles dans les mesures de
contrôle et la taxation démesurée aux différentes
entrées routières du district d`Abidjan expliquent le
phénomène.
2 -L'Importance des résultats, leur
généralisation et limites
Dans cette enquête on a pu utiliser les outils de
recherche suivants : (observation, interrogation, questionnaires, entrevues et
statistiques). Après la comparaison entre les faits provenant des
données recueillies dans l`expérience et les faits
envisagés dans les hypothèses, comparaison correspondant à
la vérification de la validité des hypothèses. On s`est
posé la question de la généralisation des enseignements
produits par notre vérification.
En effet, on ne peut prétendre, pour valoriser,
légitimer ou encore compléter cette démarche, que ce qu`il
a constaté dans les circonstances particulières de la recherche
est ou serait constatable dans toutes autres circonstances, dans d`autres lieux
et d`autres temps. À condition que les contextes et les
caractéristiques des variables qui aient conditionné nos
observations s`y retrouvent sans changement.
Or, comme le soutient JEAN-CLAUDE PASSERON (né en
1930), ces contextes et caractéristiques dans le monde social ne sont ni
constants ni entièrement connaissables, ce qui limite
inévitablement les possibilités d`une
généralisation des assertions sociologiques ou criminologiques
qui, par ailleurs, n`ont de sens et de pertinence qu`en restant
orientées sur des particularités et des singularités
spatio-temporelles, condition qui place ce travail de recherche dans une
position intermédiaire et médiatrice entre l`histoire
événementielle et le raisonnement expérimental
statistique. La technique d`échantillonnage s`est limitée
à un nombre réduit d`individus soit 33, c`est un
échantillon à choix raisonné cela est dO au fait que d`une
part, les moyens humains et financiers ont fait défaut et d`autre part,
on n`a pas pu atteindre un grand nombre d`individus parce que nos acteurs dans
l`étude ne sont pas des individus facilement visibles ou
repérables comme par exemple les enfants dans
ou de la rue. L`enquOte a donc porté sur des
récidivistes contrebandiers déjà connus du fichier des
forces de l`ordre.
Les données chiffrées constituaient en quelque
sorte un instrument de validation des récits des acteurs. En ce sens,
les données issues des histoires personnelles apportaient un
éclairage «objectif» qui complétait les données
provenant des entrevues.
L'analyse du questionnaire (annexe15) retrace les
conditions personnelles d`entrée de l`acteur dans l`activité. Les
questions ont été déjà codifiées et remises
aux acteurs. Elles ont été faites à partir de
critères de classement des actes de contrebande que nous avons
élaborés et appliqués de façon systématique
à toutes les productions délinquantes des intervenants
réalisées durant la période précédant
l'obtention de leur permanence. Cette systématicité visait bien
sûr à assurer la validité des résultats. Les
questionnaires retraçant l`histoire de la participation de l`acteur au
phénomène étant essentiellement des instruments de mise en
valeur professionnelle dans un but d'acquisition de ressources
matérielles et/ou symboliques (promotion sociale, gain facile d`argent,
intégration dans une sous culture délinquante où
l`activité principale sera la contrebande de marchandises de toute
sorte, etc.), le classement fait par les acteurs de leurs productions
délinquantes ne répondait pas toujours à notre exigence de
systématicité. Certains intervenants classent, par exemple, parmi
les conduites contrebandières, des actes de corruption qui s'apparentent
davantage à de l`escroquerie qu`à une activité de
contrebande. D'autres inscrivent la contrebande dans des activités de
commerce normal qui, en fait, ne répond pas au point de vue juridique
à cette réalité. Il est parfois difficile, par ailleurs,
de distinguer les actes de contrebande présentée de la
criminalité des cols
blancs, destinée à des auditoires
privilégiés et intellectuellement au point.
Les entrevues visaient à aller au-delà de
l'observation factuelle des tendances mises en lumière par les
données chiffrées issues de l'analyse retraçant les motifs
qui semblent expliquer la participation des acteurs à l`activité
illicites de contrebande, et à saisir les logiques sociales à
l'uvre dans la construction et la transformation de la dynamique de production
d`activités criminelles. Elles permettaient de contextualiser les
données chiffrées en mettant à jour les rapports de force
entre les acteurs et ainsi éviter les inférences abusives
auxquelles auraient pu donner lieu des interprétations fondées
sur la seule comptabilité des productions délinquantes.
Étant donné que les entrevues exploraient le "rationnel>
sous-tendant les choix des acteurs en matière de production
délinquante, elles pouvaient revêtir pour certains un
caractère d'"auto-analyse> (Bourdieu, 1993). En d'autres termes, on a
eu l'impression, dans le cadre de certaines entrevues, que "la personne
interrogée profitait de l'occasion qui lui était donnée de
s'interroger sur elle-même sur de la licitation ou de la sollicitation
que lui assuraient nos questions ou nos suggestions. Pour opérer un
travail d'explicitation gratifiant et douloureux à la fois, et pour
énoncer des expériences et des réflexions
réservées>. Certains intervenants, au terme de l'entrevue,
déclaraient eux-mêmes que celle-ci avait été une
occasion de faire le point sur leur carrière et/ou de
réfléchir sur les motifs de certains choix qu'ils avaient faits
au cours de leur vie liée à leur activité illicite de
contrebande. Ce processus d'"auto-analyse> s'est notamment manifesté
chez certains participants à travers un travail de recherche des
"bons> termes au fil de l'entrevue pour construire et exprimer le mieux leur
pensée et expérience. Comme dans tout processus d'explicitation
de soi, certains acteurs adoptaient
successivement des termes ou des formulations diverses pour
expliquer une réalité ou un phénomène donné
comme si la recherche du «bon>> mot ou de la «bonne>>
formule constituait un exercice d'approfondissement de la connaissance des
motifs à l'origine des choix qu'ils ont faits. On a tenu compte de cette
dimension des entrevues lors de l'analyse des données ainsi que dans la
sélection des extraits. On a cherché à sélectionner
les extraits qui rendaient le mieux compte de la pensée des participants
telle qu'elle se manifestait à la suite du travail d'explicitation.
Enfin, l'analyse des données, tant celle provenant du questionnaire que
celle issue des entrevues a été faite en conformité avec
le principe d'exhaustivité. Toutes les informations pertinentes au
regard de notre question de recherche ont été retenues et
soumises au crible de l'analyse. Les résultats de notre enquête
constituent ainsi l'aboutissement d'un travail de construction
d'hypothèses successives sans cesse confrontées à l'apport
de nouveaux matériels.
VIII-2- DIFFICULTES RENCONTREES
Il est évident que la répression de la
contrebande nécessite l`application des mesures de contrôle
sévère sur les frontières du pays d`une part et aux
entrées routières du district d`Abidjan d`autre part en vue
d`intercepter la circulation des marchandises en dehors des bureaux de douanes.
Cette mission est assurée par les brigades mobiles dans la zone
terrestre du rayon des douanes.
A vrai dire, la répression de la contrebande est
devenue de plus en plus difficile notamment dans la région des lagunes
et plus particulièrement dans le district d`Abidjan ; où le rayon
des douanes se prolonge jusqu`à 1200 Km en longueur et 400 Km en
largeur. En outre, les contrebandiers disposent de moyens de transports et de
télécommunication très avancés.
En effet, l`approche du terrain de travail de la douane nous
révèle l`existence des déficits dans les moyens suivants
:
Les ressources humaines :
En matière de ressources humaines, nous avons
constaté ce qui suit :
- Manque de moyens humains et
matériels impliquant l`inactivité de plusieurs brigades
situées au sein des axes routiers. Ce qui est le cas de la division
d`Aboisso à la frontière Est entre la Côte d`Ivoire et le
Ghana.
- Besoin assez important en matière de
formation notamment dans l`utilisation des nouvelles techniques de sorties en
opération telles que l`exploitation des cartes géographiques,
GPS, boussole etc.
- Absence totale des motivations pour le
personnel des brigades. Déficit très important en matériel
tactique des brigades (gilets pareballes, jumeaux, tenus de combat etc.).
- Difficulté des conditions de vie des
agents des brigades en général et notamment aux postes
avancés.
Activité des brigades :
- Manque d`échange d`information entre
les services concernés.
- Absence de coordination en matière de
sécurité entre les services concernés.
- Inadaptation du cadre réglementaire
existant régissant le fond des aviseurs et autres informations
étrangères à l`administration des douanes.
- Manque de coordination assez importante entre
les brigades opérationnelles des directions régionales du sud.
Ambiguïté du rôle et missions des services
de lutte contre la fraude et la contrebande notamment au sein de la direction
régionale des douanes d`Abidjan.
En face de tout ce dispositif et de toutes les solutions
préconisées comment se fait-il que le phénomène de
la contrebande soit encore préoccupant en côte d`ivoire en
général et dans le district d`Abidjan spécifiquement ?
Cette interrogation nous interpelle à un titre, en ce
sens que malgré tous les efforts consentis, la contrebande est toujours
bien enracinée dans notre économie. Il nous revient de
considérer une question centrale :
Pourquoi les fortes restrictions douanières
imposées par les autorités ivoiriennes, l`inefficacité des
contrôles douaniers et de police et de la délicatesse dans
l`application des sanctions aux intervenants initiaux et finaux sont causes de
la contrebande?
Les questions subsidiaires qui en découlent sont les
suivantes :
-Pourquoi les fortes restrictions
douanières imposées par les autorités ivoiriennes
provoquent la contrebande?
-Pourquoi l`inefficacité des mesures de
contrôles douaniers et de police provoque la contrebande ?
-Pourquoi la délicatesse et les difficultés dans
l`application des sanctions aux intervenants initiaux et finaux de la
contrebande causent la contrebande?
Ces différentes interrogations suscitent en nous un
objectif général qui consiste à :
Examiner pourquoi les mesures réglementaires et de
contrôles s`avèrent inefficaces dans la régulation de la
contrebande.
De cet objectif, nous déduisons les propositions de
solution suivantes :
CHAPITRE 9 : PROPOSITIONS DE SOLUTIONS
IX-1-Aux gouvernements et pouvoirs publics
La valorisation des ressources humaines et de la formation :
les ressources humaines représentent un facteur très important
dans la lutte contre la contrebande.
De ce fait, la composante humaine doit être
qualifiée pour mieux accomplir ses tâches, cela ne peut avoir lieu
que par :
- L`accroissement du nombre des effectifs au
niveau des services chargés de la lutte contre la contrebande notamment
dans les brigades mobiles qui assurent cette mission au niveau des
frontières du sud, ainsi que l`utilisation de la gestion des
carrières pour mettre les bons fonctionnaires dans les postes qui leur
sont adéquats.
- L`amélioration des conditions de vie
des agents de douanes en matière de restauration, d`hébergement
et d`hygiène.
- La motivation des agents de douanes au
moyen de l`octroi des rémunérations pour les encourager à
exercer leurs missions dans les postes frontaliers.
- Le développement, la formation, le
recyclage, et le perfectionnement périodique des agents de douanes
notamment sur le plan pratique, pour permettre à ces derniers d`avoir
une meilleure connaissance du terrain, une bonne maîtrise de la
géographie et des reliefs des régions frontalières, et une
meilleure utilisation des moyens de transports et de
télécommunication.
- Le recrutement des chauffeurs guides pour les
opérations de poursuite sur terrain.
- L`organisation des séminaires et des
journées d`études dans le domaine de la répression de la
contrebande.
Cette situation qui menace gravement la survie de
l`économie nationale, nécessite l`adoption et la mise en ~uvre de
mesures vigoureuses ayant pour objectifs d`une part de redonner confiance au
secteur privé et de limiter les conséquences sociales de la crise
et d`autre part, de restaurer l`image de la Côte-d`Ivoire à
l`extérieur notamment sa position de leader dans la sous
région.
La proposition au gouvernement d`inscrire au titre de ses
priorités :
- La reconstitution des outils de production
et d'exploitation L'IVs
Des cas similaires ont été observés au
Mali en 1992 où l`Etat a indemnisé les entreprises victimes des
manifestations de rue ou de la contrebande, aux Etats-Unis, lors des
émeutes de Los Angeles où les assurances ont été
mises en contribution dans le dédommagement des sinistres et chez nous
en Côte-d`Ivoire, lors des évènements de 1958 impliquant
les ressortissants dahoméens.
Ce sont à notre sens, des actes de haute portée
qui permettent de restaurer un climat de confiance indispensable au retour des
investisseurs.
- La restauration de la
crédibilité de l`appareil judiciaire afin que l`état de
droit soit une réalité.
-L`engagement d`une véritable lutte
contre toutes les formes d`insécurité et la suppression de toutes
les entraves à l`exercice d`une activité
économique normale par l`éradication du racket.
Ainsi, un travail de collaboration franche entre les différents services
impliqués (la police, la gendarmerie, les douanes, les ministères
du commerce, de l`industrie, de l`économie et des finances, la chambre
de commerce et d`industrie de Côte d`ivoire) dans la lutte contre la
contrebande est à envisager sérieusement.
- Le développement d`une politique de
communication et de sensibilisation sur les dangers qui, de par la crise et
avec les activités illicites qui s`y ajoutent (la contrebande), menacent
la destruction de notre économie. Cette communication et cette
sensibilisation serviront à alerter notre jeunesse sur le risque qu`il y
a à détruire les industries, les entreprises, les commerces qui
les accueilleront lorsqu`ils seront sur le marché du travail et à
consommer les produits de la contrebande.
- La mise en ~uvre d`une loi programme pour
la relance économique, assortie de mesures incitatives (fiscales,
sociales, appui à l`expansion commerciale) ; s`impose également
la mise en place de lignes spécifiques pour le financement des
activités des entreprises.
-Sur un plan purement national, la
reconquête du marché local perturbé par le
développement d`une économie parallèle. Les douanes
ivoiriennes peuvent s`y employer en se faisant aider par la chambre de commerce
et d`industrie de côte d`ivoire, par la réactualisation du fichier
des entreprises et en mettant à contribution les entreprises
identifiées par filières pour répondre au challenge de la
reconstruction.
Les douanes et la Chambre de Commerce et d`Industrie de
Côte d`Ivoire peuvent fortement s`impliquer dans les stratégies
de développement des
entreprises conformément aux missions qui lui sont
dévolues notamment par :
La promotion de l`image des entreprises et des produits
ivoiriens : elle pourrait se concrétiser par une stratégie de
distribution nationale et organisée afin d`assurer une présence
effective des produits ivoiriens sur tout le territoire national et dans la
sous région ; la promotion des produits et la valorisation de la
production ivoirienne, la promotion de la qualité, des normes et de la
certification et une participation accrue des entreprises ivoiriennes aux
foires et salons régionaux et internationaux.
L`assistance aux entreprises en vue d`améliorer leurs
modes de gestion: il s`agira de sensibiliser les opérateurs
économiques aux devoirs et droits qu`ils ont vis-à-vis des
consommateurs, de l`Etat et des employés de mettre en place des centres
de facilitation des formalités administratives locales et export, de
toiletter les textes portant sur les formalités à accomplir
à la création et lors des opérations export, de
développer des centrales d`achat à vocation régionale par
filières.
La rationalisation du transport et l`acheminement des produits
par le développement et l`entretien des infrastructures routières
sur le territoire national afin de fluidifier le transport des marchandises et
d`accélérer les rotations et les quantités
transportées.
L`insertion des jeunes diplômés et la
démobilisation des jeunes combattants par l`identification des
potentialités d`emploi sectorielles, la formation à la
création d`activités génératrices de revenus ;
l`accompagnement du processus de redéploiement de l`administration par
le biais de ses délégations régionales.
Les douanes et la Chambre de Commerce et d`industrie
conformément à leurs missions doivent être prêtes
à assumer leur part dans le processus de réhabilitation et de
relance de l`activité économique nationale, et à
contribuer par voie de conséquence à la construction d`une nation
forte, stable et prospère.
1-En ce qui concerne, les moyens organisationnels
Dans ce cadre, il y a lieu de mentionner que la mission de
lutte contre la contrebande au niveau des frontières terrestres ne peut
être assurée uniquement par les brigades mobiles.
De ce fait, Il est nécessaire de procéder au
renforcement de la collaboration interservices, et d`enlever
l`ambiguïté sur le rôle du bureau de la lutte contre la
fraude dans les régions des lagunes ainsi que de procéder
à l`élaboration d`une banque de données qui permettra
l`échange rapide et facile des informations entre les services des
différentes régions. Dans le cadre de la lutte contre ces
fléaux, l`Etat en collaboration avec le district d`Abidjan a pris des
mesures au nombre desquelles la création d`un établissement
public dénommé Office Ivoirien de la propriété
Intellectuelle (OIPI). Get établissement est chargé d`administrer
le système de la propriété intellectuelle notamment de
protéger tous les titres de propriété intellectuelle tels
que définis par l`accord de Bangui et de combattre en synergie avec les
services compétents que sont la douane, la police économique et
la gendarmerie toute contrebande, toute contrefaçon et toute fraude dans
ce domaine. Une lutte efficace contre ces phénomènes suppose
avant tout l`enregistrement des actifs de propriété industrielle
notamment les marques, noms commerciaux, indications géographiques,
dessins ou
modèles industriels, etc. Ce qui confère au
titulaire le monopole d`exploitation de ses actifs. C`est la raison pour
laquelle la preuve de la protection est le préalable à toute
action en justice contre la contrebande ou la contrefaçon d`où
l`intérOt pour les opérateurs économiques de s`adresser
à l`OIPI. La sensibilisation des consommateurs est également un
facteur important de lutte. Elle relève beaucoup plus de la
stratégie marketing des entreprises. Elles doivent communiquer avec les
consommateurs sur l`originalité de leurs produits afin de distinguer le
produit original du produit de mauvaise qualité. Toutefois, les pouvoirs
publics et les autorités locales du district d`Abidjan peuvent
accompagner les entreprises à travers des insertions dans la presse et
des affichages. La police économique, la douane et la gendarmerie sont
compétentes en matière de répression. Ces forces de
l`ordre agissent sur plaintes de victimes ou instructions du juge. Il s`agit de
poursuivre et arrêter les contrebandiers et les contrefacteurs.
Il faut envisager et proposer des textes appropriés,
contribuer à la formation des magistrats des forces de l`ordre et
toujours à leur recyclage par des séminaires, des ateliers et des
voyages d`études.
- les moyens matériels :
Pour l`exercice de leurs missions de lutte contre la
contrebande les services des douanes doivent disposer des moyens
matériels et techniques adéquats qui sont les suivants :
- Les véhicules tout terrain qui sont
incontournables pour les poursuites des contrebandiers et les embuscades
effectuées sur les chemins fréquentés par les
contrebandiers.
- Les moyens de télécommunication
de haute technologie tels que :
les talkies-walkies, les GPS, les téléphones
portables par satellites. La création des ateliers d`entretien des
véhicules et la fourniture des besoins du matériel roulant
(carburant, pièces de rechange...).
2- En ce qui concerne, la coopération
internationale
La douane ivoirienne doit prendre les mesures suivantes :
- Développer les échanges
d`information et de renseignement entre les administrations des douanes des
pays étrangers notamment celles des pays de l`Union Economique et
Monétaires Ouest Africain (UEMOA).
- Bénéficier des
opportunités d`assistance technique tant bilatérale que
multilatérale.
- Suivre l`évolution des instruments
et des techniques internationaux et tirer profit des expériences des
autres administrations douanières dans le domaine de la lutte contre la
contrebande.
IX-2-Suggestions pour une bonne régulation de la
contrebande en ce qui concerne le district d'Abidjan
Géographiquement, les marchés du BLACK MARKET,
de ROXY à ADJAME et les casses d`Abobo-Adjamé et de Koumassi sont
les points de rencontre de tous les contrebandiers de cigarettes, de
pièces détachées de véhicules ou toutes autres
marchandises de contrebande à Abidjan.
Quant à l`alcool, l`axe Abidjan-Grand Bassam-Aboisso ;
les différentes côtes lagunaires, maritimes (VRIDI canal, ABOBO
DOUME, le quai de poissons à l`ancien débarcadère à
Treichville) sont là, les endroits de la capitale économique
ivoirienne où la contrebande de diverses marchandises a lieu (exemple :
alcool, tabac, gasoil, boites de conserve, pile, huile alimentaire etc.).
L`activité de contrebande a lieu habituellement de nuit
à l`abri des regards indiscrets. Les nationalités les plus
rencontrées sont les maliens, les Guinéens pour les cigarettes et
ghanéens pour l`alcool (source police économique).
Sans prétendre atteindre le niveau zéro, la
contrebande ne peut qu`Otre rendue marginale et digeste pour l`économie
ivoirienne. Selon le bureau des douanes chargé des enquêtes
financières à la Direction Générale des Douanes, la
difficulté à éradiquer la contrefaçon et la
contrebande est imputable à la limitation de l`action douanière
telle que prévue par les textes en vigueur, mais aussi au manque
d`expertise et de formation pour distinguer un produit contrefait du produit
authentique. La douane n`est pas toujours outillée pour faire la
différenciation entre le plagiat, une imitation, une reproduction
illégale, une copie illicite, le faux et le vrai, l`original et
l`authentique.
Cela ne donne pas raison aux acteurs économiques de
croiser les bras pour observer l`évolution galopante du fléau.
C`est pourquoi, des actions visant à réduire ce
phénomène dans notre pays doit être menées non
seulement par l`Etat, les opérateurs économiques, mais aussi par
les distributeurs et les consommateurs. Il s`agit donc d`informer et de former
les opérateurs économiques à la gestion dynamique de leur
portefeuille de propriété industrielle. Quant aux distributeurs
et consommateurs, ils doivent être sensibilisés sur les
méfaits de ce fléau.
La lutte contre la contrefaçon doit être celle de
chaque ivoirien. Un seul geste pour le faire : exiger toujours le produit
original et refuser celui de la contrefaçon ou de contrebande qui tue.
Il faut faire une pédagogie approfondie autour de ce fléau afin
de modifier sensiblement les habitudes et les comportements des populations
face aux produits et services offerts sur le marché. Dans cette action,
les campagnes médiatiques d`envergure pourraient accompagner des
tournées de sensibilisation à l`échelle nationale, sans
oublier l`outil précieux que représente l`école dans la
formation des habitudes des futurs citoyens.
« Tout se copie, protégez vos intérêts
», ce message de l`Office Ivoirien de la Protection Intellectuelle nous
interpelle tous.
Le règlement de ce problème, selon nous, exige
la mise en place de mesures législatives adéquates et
appliquées, l`instauration d`inspections surprises, de mesures
courageuses pour réguler le phénomène de la contrebande et
de margouillat.
Un encadrement du personnel est exigé, un renforcement
en matériels de communication, de liaison, une actualisation des
techniques de contrôle est à envisager pour plus
d`adaptabilité aux nouvelles formes de contrebande.
Il faut aussi associer les populations à la lutte,
elles doivent être celles qui donnent des informations, des
renseignements, ou celles qui dénoncent certains trafics suspects aux
agents chargés des contrôles douaniers.
Il faut aussi sensibiliser cette population sur les dangers
qu`elle encoure à travers le tabagisme, et l`alcoolisme, à
travers la consommation de produits de contrebande de qualité
médiocre qui ont un impact négatif sur l`essor économique
du pays.
Il faut aussi de plus en plus que les fonctionnaires
d`état tendent vers une conscience professionnelle afin d`éviter
la corruption dans l`administration ; il faut qu`ils fassent de nombreux
séminaires de formation en vue d`un recyclage permanent.
Malgré, la présence de loi à savoir :
l`article 319 du code pénal qui stipule que : « Est puni d`une
amende de 100.000 à 1.000.000 de francs ou encore de 3 mois à 3
ans toute sorte de contrebande, de contrefaçon », des entrepreneurs
ou des individus ont décidé de prospérer dans ce commerce
illicite de produits de contrebande à travers des réseaux bien
ficelés. Ils s`approvisionnent dans certains pays de la
sous-région et écoulent leurs marchandises par des
détaillants disséminés à travers tout le territoire
d`Abidjan et même le reste du pays. La floraison du commerce illicite de
cigarettes et d`alcool ou toute autre marchandise constitue une menace pour les
consommateurs euxmêmes, les entreprises locales, l`état et la
société toute entière. En effet, les qualités
douteuses de ces produits mis sur le marché dont on ignore tout des
conditions de fabrication, mettent en danger la santé des
populations.
Cette activité engage une concurrence déloyale
contre l`industrie locale de cigarettes et d`alcool légalement
installée qui paie des taxes et fait face à de nombreuses charges
d`exploitation, le préjudice s`étend aux caisses de l`état
qui ne tirent aucune taxe de ces produits qui entrent frauduleusement sur le
marché national. Aujourd`hui, nous disons que l`Etat doit tout mettre en
~uvre pour réduire le mal en sécurisant non seulement les
industries Abidjanaises mais celles à l`intérieur du pays. Ainsi,
l`Etat pourrait-il améliorer ses recettes en cette période de
récession économique.
CONCLUSION
La contrebande, phénomène ancien de par ses
causes et ses manifestations, revêt aujourd'hui des formes multiples.
Elle entraîne des conséquences dommageables inestimables pour
l'industrie locale. L'exemple de l`industrie textile confrontée à
la fraude sur le pagne en est une illustration convaincante.
Concernant les formes actuelles de contrebande, on pourrait
distinguer entre la contrebande transfrontalière, pratiquée par
les populations de localités riveraines, des différents corridors
routiers et des entrées routières par exemple d'une part, et la
contrebande structurée pratiquée par des commerçants de
l'informel disposant d'une bonne assise financière et matérielle,
d'autre part.
Dans le premier cas, la contrebande transfrontalière
trouve sa justification dans l'hétérogénéité
de l'environnement économique, fiscal et monétaire dans lequel se
meut la Côte d`Ivoire. En effet, elle partage ses frontières avec
la Guinée et le Liberia à l`ouest, le Mali et le Burkina Faso au
nord et le Ghana à l`est. Ces pays fondent leur économie sur une
politique de réexportation de produits importés sur le
marché mondial à des prix dérisoires vers la Côte
d`Ivoire. Ceci explique un différentiel de prix énorme entre les
marchandises produits par la Côte d`Ivoire et ceux frauduleusement
importés. Il faut aussi ajouter que la contrebande est un
phénomène très ancien fondé sur des échanges
commerciaux longtemps pratiqués par les populations de ces Etats
respectifs qui ont toujours ignoré les frontières coloniales
puisque étant liées par les mêmes origines historiques et
familiales. Quant à la contrebande structurée, elle est le fait
de trafiquants professionnels et organisés disposant de moyens
financiers et matériels très importants.
Habitués des rouages de l'administration, ils usent des
imperfections du système de contrôle douanier pour faire entrer
irrégulièrement des marchandises sur le territoire ivoirien en
général et du district d Abidjan en particulier. Aussi,
détiennent-ils de nombreux circuits de commercialisation de leurs
produits à travers tout le pays. C'est la raison pour laquelle, le
législateur ivoirien a défini un cadre de répression de
cette forme de concurrence déloyale. Enfreint ainsi la loi, celui qui
s'adonne à cette forme d'activité. L'exercice de cette pratique
illégale est puni par les dispositions de loi. Il a
été établi par la loi n° 64-291 du 1er Août
1964 (J.O. 64 Page 1103) portant code des douanes.
La sévérité de la répression varie
en fonction de la pratique à laquelle s'est adonnée le
contrevenant. Ces dispositions vont dans le sens d'une meilleure protection de
la production nationale. Dans le cas de la Côte d`Ivoire et du district
d`Abidjan en particulier, ces territoires ont subi de façon directe les
méfaits liés à cette pratique. Une analyse des ventes en
Côte d`Ivoire durant la période de monopole et après la
libéralisation intervenue dans le secteur des industries a permis
d'apprécier l'acuité de la question de la contrebande sur le
marché national de marchandises d`une part et du district d`Abidjan
d`autre part.
Relativement à ce dernier, il faut dire que son cadre
juridique a eu à subir de profondes mutations en raison des multiples
transformations de l'environnement économique national et international.
Du monopole, on est passé à la libéralisation
complète mais encadrée.
Cependant, pour mieux encadrer ce processus, le district
d`Abidjan a, dans le cadre de la politique d'intégration
économique et monétaire mise en place par l'UEMOA,
adhéré au dispositif tarifaire commun à
sousrégionale ouest africaine : cependant, cela n'a pas totalement
endigué la
poussée grandissante de la contrebande qui met en
péril la survie de l'industrie ivoirienne et locale du district
d`Abidjan.
En effet, qu'elle soit transfrontalière ou
structurée, la contrebande constitue de façon indéniable
une menace grave et permanente pour l'industrie ivoirienne notamment celle du
district. Elle a des répercutions graves dans tous les domaines de la
vie économique, sociale et politique de notre pays et du district.
A l'Etat et au district, elle cause des pertes en recettes
fiscales et douanières considérables. L'industrie locale subit
des pertes en chiffres d'affaires très énormes. Certaines
entreprises confrontées à des problèmes de méventes
mettent la clef sous la porte jetant ainsi des milliers de travailleurs au
chômage. C'est la raison pour laquelle, il a fallu définir des
stratégies concrètes et efficaces de lutte contre ce
phénomène qui a pris de nouvelles dimensions inquiétantes
: il s'agit de sa criminalisation et de sa professionnalisation grâce aux
NTIC.
S'agissant de la lutte en cours, il faut dire qu'elle est
engagée simultanément par :
- l'Etat à travers les différents services
nationaux ou déconcentrés compétents en matière de
lutte contre la fraude sur le territoire national d` une part et sur le
territoire du district d`Abidjan d`autre part ;
- les organisations syndicales qui se sont fortement
impliquées dans la lutte tant au niveau national que local ;
- et la Chambre de Commerce et d`Industrie dont l'engagement
se manifeste à travers les différentes actions qu'elle a eu
à mener au niveau interne et externe.
Quant aux perspectives dans le cadre de la lutte
engagée contre ladite concurrence, il faut dire qu'elles reposent sur
des stratégies à court et long terme.
Concernant les premières, il faudra envisager de
renforcer les moyens de la douane à travers la dotation de celle-ci en
moyens matériels et humains devant permettre à ces soldats de
l'économie de venir à bout des fossoyeurs de l'économie.
Aussi, convient-il de renforcer la sensibilisation pour inciter les populations
à consommer les produits locaux. Aussi, incombe t-il à la chambre
de commerce et d`industrie de développer une bonne politique de
marketing qui lui permettrait d'une part de vanter les qualités de son
produit par rapport aux marchandises importées frauduleusement et
d'autre part de soigner son image extérieure pour mieux valoriser ses
actions et réalisations aux plans national et local.
S'agissant des secondes, il reviendra à l'Etat
d'assainir l'environnement concurrentiel et fiscal du marché. Un
renforcement et réaménagement du dispositif tarifaire de l'UEMOA
s'imposent à cet effet. Par ailleurs, il faudra élargir les bases
de la lutte contre la contrebande en y associant tous les pays qui composent
l'espace UEMOA.
A la lumière de ce qui précède, on peut
dire que la contrebande constitue une menace pour l'industrie ivoirienne en
général, du district d`Abidjan en particulier et qu'il revient
à tous les acteurs de la vie économique, sociale et politique de
s'impliquer dans cette lutte pour venir à bout du
phénomène qui risque d'hypothéquer l'avenir de notre
économie.
Il revient aux entreprises de prôner et d'adhérer
au concept d' «entreprise citoyenne » pour intéresser
travailleurs et populations sur leur devenir. Elles doivent faire preuve
d'intelligence économique et
sociale pour réussir leur intégration dans le
nouvel ordre économique mondial.
L'intégration de notre pays dans la mondialisation doit
nécessairement s'accompagner d'une protection efficace de notre
industrie locale. L'Etat doit favoriser le développement d'une industrie
locale compétitive capable de produire la totalité de la
consommation nationale. A l'importation, doit se substituer
l'industrialisation. Celle-ci doit être le seul moyen de relever le
défi du développement. Selon l'Organisation des Nations Unies
pour le Développement Industriel (ONUDI) : « pour un pays en
développement, l'industrialisation signifie plus que le simple fait
d'augmenter le revenu et le volume de production. Elle constitue pour lui ,un
moyen de moderniser sa structure primitive (l`économie informelle ou
souterraine) de production et de transformer toute la tradition
socioéconomique qui y est associée. De ce contexte, il est
important de mesurer l'industrialisation sous toutes ses dimensions,
c'est-à-dire à la fois quant à son étendue et
à son intensité.
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 2
REMERCIEMENTS 4
AVANT PROPOS 5
LISTES DE TABLEAUX 7
INTRODUCTION 8
PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE 12
CHAPITRE 1 : INTERETS DU CHOIX DU SUJET 13
I-1-Motivations personnelles 13
I-2-Pertinence sociale 16
I-3- Pertinence scientifique 29
CHAPITRE 2 : CONTOURS DU PROBLEME 37
II-1- Concepts explicites 37
1- La contrebande 37
2- La marchandise 55
3- Le Territoire 61
II-2- Concepts implicites 67
1- Crime organisé 67
2- La fraude 81
3- Le racket 82
4-Le Crime économique 83
5- La Corruption 84
II-3- interrogations suscitées ou questions de recherche
87
II-4- Objectifs de recherche 98
II-5- Hypothèses de recherche 99
II-6- Présentation des variables (indépendantes
et
100
dépendantes) CHAPITRE 3 : REVUE DE LA
LITTERATURE ET CADRE
DE REFERENCE THEORIQUE 103
III-1- Revue de la littérature 103
III- 2-Cadre de référence théorique
127
1-Les théories fonctionnalistes 129
2-Les théories sous-jacentes de
l`État 148
3- Les théories socio criminelles du
crime 152
172
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE
CHAPITRE 4 : TERRAIN D'ETUDE, POPULATION
D'ENQUETE, ECHANTILLON 173
IV-1- Terrain d'étude 173
IV-2- Population d'enquête 176
IV-3- Echantillon
177
CHAPITRE 5 : TECHNIQUES DE RECUEILS DES
DONNEE 184
V-1- Techniques 184
1- l`observation 187
2- Techniques d`enquOte interrogation, les
entrevues et leur
réalisation 189
2-1-l`enquOte interrogation 189
2-2- Les entrevues 192
2-3- La réalisation des entrevues 197
CHAPITRE 6 : METHODES D'ANALYSE ET
199
APPROCHES DISCIPLINAIRES
VI- 1-Méthodes d'analyse 199
1-Épistémologie scientifique et
limites 199
2-Méthodes qualitatives/quantitatives et
limites 206
VI-2- Méthodes multidisciplinaires en
criminologie et 208
limites
VI-3- Approches disciplinaires
216 TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET
SOLUTIONS 217
CHAPITRE 7: RESULTATS DE L'ENQUETE 218
VII-1- Les facteurs explicatifs au plan
général 218
1- Les facteurs dus à des contraintes de
rentabilité
économique 220
2- Les contraintes nées de l'existence de lois,
règlements et quotas divers 227
3- Cas de pratique de la contrebande dans l`état de
l`Illinois
(exemple : le District de Chicago) 231
4- Diversité de l`économie souterraine 235
VII-2-les facteurs explicatifs au plan local
239
VII-3- Manifestations de la contrebande 244
1- Manifestations de la contrebande au plan national 244
1-1-Prévisions 244
1-2-Réalités 245
1-3- Les opérations élémentaires de
contrebande 247
2- Manifestations de la contrebande au plan local
(Gas pratique du district d Abidjan) 254
VII-4- Conséquences de la contrebande
273
1- Du point de vue général 273
2 -Au plan social 273
3 -Au plan économique 274
4- Effets de la contrebande et la contrefaçon aux
différentes entrées routières du district autonome
d`Abidjan 275
5- Illustrations du trafic et cas pratiques 276
6- Les efforts de répression de la contrebande
279 CHAPITRE 8 : DISCUSSION DES RESULTATS ET
DIFFICULTES RENCONTREES 314
VIII-1- Discussion 314
1- Interprétation des résultats
314
2 -L`importance des résultats, leur
généralisation et limites
des résultats 317
VIII-2- Difficultés rencontrées
322
CHAPITRE 9: PROPOSITIONS DE SOLUTIONS 324
IX-1- Aux gouvernements et pouvoirs publics
324
1- En ce qui concerne, les moyens
organisationnels 328
2 -En ce qui concerne, la coopération
internationale 330
IX-2-suggestions de solutions pour la régulation de
la
331
contrebande en ce qui concerne le district
d'Abidjan----
CONCLUSION 335
TABLE DE MATIERES 340
BIBLIOGRAPHIE 345
ANNEXES 384
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