2.5.5. Dispersion des pesticides dans l'environnement
2.5.5.1. Dispersion dans le sol
Le sol représente un des réservoirs le plus
important de la biodiversité. Les organismes du sol (micro-organismes
comprenant la microflore et microfaune, la mésofaune et la macrofaune)
jouent des rôles dans le fonctionnent des écosystèmes. Le
sol participe de manière directe ou indirecte à un grand nombre
de processus tels que la dynamique de la matière organique, le recyclage
des déchets, la biorémédiation des composés
xénobiotiques, la formation et le maintien de la structure, le transfert
hydrique et la rétention de l'eau dans les sols, etc. (LFDA, ROC et UN,
2002, Cluzeau et al., 2009). Au moment des traitements, une partie
importante de pesticides n'atteint pas la cible. 10 à 70% et
jusqu'à 90% de produits chimiques pulvérisés durant une
application, peuvent être perdus au sol. On note 30 à 50% de
produits dans l'air sous forme de gouttelettes ou de gaz. Les risques pour
l'environnement sont plus grands lorsque ces produits toxiques, utilisés
sur des surfaces et à des doses/fréquences élevées
et qu'ils sont persistants et mobiles dans les sols. Les pesticides
utilisés en lutte antiacridienne peuvent être soumis à une
dégradation et/ou une métabolisation une fois qu'ils se
retrouvent dans l'environnement. La vitesse de dégradation dépend
étroitement des propriétés physico-chimiques des
pesticides (CERES-locustox, 2008). Libérés dans l'environnement,
les pesticides vont éliminer les organismes contre lesquels ils sont
utilisés ; mais la plupart de ces produits vont également toucher
d'autres organismes que ceux visés au départ de manière
directe. Les effets sur la faune et la flore terrestre et aquatique sont donc
indésirables (Aubert et al., 2005). Le sol est un
écosystème qui possède une capacité de
détoxification très élevée. Dans le sol, les
pesticides sont soumis à l'action simultanée des
phénomènes de transfert, d'immobilisation et de
dégradation.
Le transfert à la surface du sol sont
généralement faible (5%) mais contribue à la pollution des
eaux de surface s'ils sont entrainés soit à l'état dissout
ou retenus sur des particules de terre entrainées par les eaux. Le
phénomène d'immobilisation est dü à l'adsorption. Les
pesticides sont adsorbés rapidement par la matière humique du sol
(colloïdes minéraux et organiques) et sont beaucoup plus retenus
dans les sols argileux ou riche en matière organique (Coste et Itard,
2006).
2.5.5.2. Dispersion dans les eaux (de surface et
souterraine)
Les pesticides atteignent les eaux de surface et souterraine par
le biais :
- De l'air à la suite:
· D'une dérive des brouillards de dispersion
· D'une évaporation à partir des plantes et
du sol
· De l'érosion par le vent d'un sol
contaminé
- De l'eau notamment :
· De l'eau de ruissellement ;
· De l'eau de drainage ;
· De l'eau souterraine contaminée.
Ces voies de contamination dépendent de l'emploi et de
la mauvaise manipulation ou des accidents. Certains facteurs tels que les
propriétés physico-chimiques, les modalités d'application
ainsi les conditions climatiques, hydrologiques et
météorologiques peuvent influencer la dispersion des pesticides
dans les eaux de surface et souterraines (Lundberg et al., 1995).
Toute substance chimique évolue du compartiment où sa
fugacité est élevée vers celui où elle est
faible.
La vitesse de diffusion est :
N=D1, 2 (F1-F2) où D1, 2 = 1/K1AZ1 + 1/K2AZ2 avec Ki sont
des coefficients de transfert de masse.
A est l'aire du contact entre les compartiments ; Zi sont les
capacités fugaces :
Dans l'air : Z=1/Rt avec Rt : constante des gaz
parfaits
Dans l'eau : Z=1/H avec H : constante de Henry
Adsorption : Z= 10-6KpS/H avec S :
concentration d'adsorbant
Bioaccumulation : Z= BYKow/H où B : fraction
biocénotique ; Y : fraction Octanol et kow : coefficient de partage
Octanol-eau (Vindimian, 2004).
Pendant l'épandage il peut avoir l'effet «
dérive » où le pesticide peut se retrouver à une
distance non souhaitée dans une zone protégée.
En conséquence, la grande persistance des pesticides
dans les écosystèmes favorise leur passage dans des
réseaux trophiques de chaque biocénose. L'érosion et le
lessivage interviennent dans le transfert des pesticides vers les eaux
souterraines (Niang, 2001). Pour permettre une prise de décision au
cours des campagnes antiacridiennes, et afin d'éviter des contaminations
des pâturages ainsi que les effets collatéraux sur la chaîne
alimentaire, il est nécessaire de procéder à une analyse
préalable du devenir des pesticides dans l'environnement. Une telle
analyse permet de disposer d'informations sur la rémanence des
pesticides utilisés.
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