Royaume du Maroc Institut Agronomique Et
Vétérinaire Hassan II Complexe Horticole
d'Agadir
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MEMOIRE
Pour l'obtention du diplôme de
3ème Cycle d'ingénieur agronome
Option : Acridologie 4ème
promotion
MODELE DE SURVEILLANCE BIOLOGIQUE ET
ECOLOGIQUE
ET BIO - MARQUEURS DES EFFETS DES
PERTURBATIONS
ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES BIO -
INDICATEURS
DES ECOSYSTEMES PAR LES PESTICIDES
DE LA QUALITE DE L'ENVIRONNEMENT
EN LUTTE ANTIACRIDIENNE
Présenté et soutenu publiquement par
: KAYALTO MATHIAS Devant le jury composé de :
Pr.Ahmed Mazih (IAV Hassan II-CHA) Président
Dr. Said Ghaout (CNLAA) Rapporteur
Dr. Jamal Chihrane (CNLAA) Examinateur
Dr. Abdelghani Bouaichi (CNLAA) Encadrant
Septembre 2011
Institut Agronomique et Vétérinaire
Hassan II - Complexe Horticole d'Agadir - B.P :18/S - Agadir, Maroc.
Tél : 212 28 24 01 55 / 24 10 06 - Fax : 212 28 24 22 43 -
DÉDICACES
Je dédie ce travail
A ma chère famille.
J'ai l'honneur d'exprimer mon immense amour, ma
sincere reconnaissance pour tous les sacrifices consentis à mon
égard pour cette réussite. Je leur dis tout simplement «
Merci pour votre soutien et votre amour ».
Je pense à mon frere Hilkissa et ma soeur Danrhé
Amboulmato qui nous ont quittés avant le temps.
Je consacre aussi ce travail à ma très
chère épouse Temengdi Mahamat Madeleine et mes enfants Aby
Lah-saal, Dina-grâce, Annia Ge-Kwadda et Marina Mallet Thoma. Ce travail
est le témoignage de mon amour inconditionnel et de mon affection que je
vous porte. Je vous souhaite tous le succès et le bonheur.
A tous les étudiants du Complexe Horticole
d'Agadir. A tous mes amis et étudiants en Acridologie de l'I.A.V
Hassan II.
A tous ceux qui me sont chers.
REMERCIEMENTS
A l'issue de ce travail, je tiens tout particulièrement
à remercier sincèrement le Directeur du CNLAA Saïd GHAOUT
pour avoir accepté de superviser ce travail. Je tiens également
à remercier vivement le Docteur Abdelghani BOUAICHI, responsable de la
Recherche et de la Formation au Centre Nationale de Lutte Antiacridienne
d'Agadir (CNLAA), pour toute l'attention et le soin à ce travail de fin
d'étude. Je lui suis très reconnaissant pour sa
disponibilité, sa bienveillance et son soutien permanent, et d'avoir
prété un intérét constant à toutes les
étapes du déroulement de ma formation. Ma gratitude et ma
reconnaissance vont à toutes les personnes du CNLAA pour toute aide et
conseils constructifs pendant cette formation.
Mes sincères remerciements vont au Professeur Ahmed
MAZIH, enseignant-chercheur à l'Institut Agronomique et
Vétérinaire Hassan II, Complexe Horticole d'Agadir pour avoir
soutenu ma candidature pour cette formation.
Mes chaleureux remerciements vont également au
Consultant International en Ecotoxicologie Harold VAN DER Valk pour ses
conseils ainsi que sa contribution dans l'identification de ce pertinent
thème.
Je voudrais bien remercier avec toutes mes énergies,
- La CLCPRO d'avoir retenu ma candidature pour la formation en
Acridologie
- La France qui, à travers le Fonds de Solidarité
Prioritaire (FSP) m'a octroyé cette bourse. - L'Ambassade de la France
au Maroc qui a su coordonner toutes mes affaires.
académiques et a toujours veillé que rien ne me
manque pour cette formation.
- L'ambassade de la France au Tchad pour avoir accepté de
légaliser et transmettre mes
dossiers à l'EGIDE pour le financement.
- L'EGIDE qui a su bien gérer ma bourse.
Je voudrais spécialement remercier aussi les personnes
suivantes pour les efforts consentis en mon égard pour cette
prestigieuse formation en Acridologie à IAV-CHA :
- Monsieur Dominique MENON pour le suivi de toutes les
étapes de financement de ma formation.
- Monsieur Alhoussain BENCHATER de l'habilité avec
laquelle il a géré mes problèmes académiques.
- Madame Isabelle MEKDOUD pour sa prompte réaction
à chaque fois qu'elle a été sollicitée.
- Je remercie aussi tous les membres du jury et les amis qui
n'ont ménagé pas leur temps pour assister à ma
soutenance.
Enfin je remercie vivement toute personne ayant contribué
de près ou de loin à la réalisation de ce travail.
Acronymes
AChE
|
Acétylcholine Estérase
|
ADEME
|
Agence de l'Eau et de la Maîtrise de l'Energie
|
AFSSA
|
Agence Française de Sécurité Sanitaire des
Aliments
|
BE
|
Bioévaluation
|
BI
|
Bioindicateur
|
BM
|
Biomarqueur
|
BMo
|
Biomonitoring
|
CILSS
|
Comité Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse
dans le Sahel
|
CL50
|
Concentration Létale
|
CLCPRO
|
Commission de Lutte contre le Criquet Pèlerin dans la
Région Occidentale
|
CNLAA
|
Centre National de Lutte Antiacridienne, Maroc
|
CP
|
Cellule Permanente
|
CSAO
|
Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest
|
DL50
|
Dose Létale
|
DT50
|
Demi-vie d'un produit
|
FAO
|
Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
|
GCP :
|
Groupe Consultatif FAO sur les pesticides
|
GTTE /CIPEL
|
Groupe et Travail Tests Ecologiques de la Commission
International pour la Protection des Eaux de Léman
|
IE
|
Indicateur écologique
|
IR
|
Indice de risque
|
ITAB
|
Institut Technique de l'Agriculture Biologique.
|
LFDA
|
Fondation Ligue Française des Droits de l'Animal
|
MEE
|
Ministère de l'Environnement et de l'Eau
|
MERH
|
Ministère de l'Environnement et des Ressources
Halieutiques.
|
PPDB
|
Pesticide Properties Data Base
|
RAP
|
Réseau d'Avertissement Phytosanitaire
|
ROC
|
Ligue pour la Préservation de la Faune sauvage et de la
Défense des Non-Chasseurs
|
SSA
|
Service de Sécurité Alimentaire
|
UICN
|
Alliance Mondiale pour la Nature
|
UE
|
Union Européenne
|
UN
|
Univers-Nature : Portail Environnement, Nature -- écologie
sur Internet
|
Résumé
Jusqu'à la fin des années 1980, la surveillance
de l'environnement reposait sur des méthodes de chimie conventionnelle
plus ou moins sensibles, conduisant d'une manière générale
à l'évaluation des concentrations des substances chimiques
considérées comme dangereuses dans l'eau, les sédiments et
les organismes qui peuplent les écosystèmes. Ainsi, le concept de
la biosurveillance, reposant sur l'étude de la réponse biologique
des êtres vivants aux substances dangereuses, répond justement aux
lacunes de cette chimie conventionnelle. En effet, l'analyse des effets
biologiques des pesticides utilisés en lutte antiacridienne
déversés intentionnellement ou accidentellement dans le milieu
naturel peut servir d'indicateur de contamination ou de pollution dans le
règne animal et végétal et permet la mise en
évidence précoce la contamination des écosystèmes.
Pratiquement, il a donc été démontré qu'un
organisme qui évolue dans un milieu qui a reçu des pesticides,
est sujet à un syndrome de stress (voir figure 13) qu'il est possible
d'identifier et de quantifier à l'aide d'analyses biologiques. En
conséquence, le développement de la bioindication ouvre la voie
à une surveillance plus large et écologique intégrant les
effets des pesticides (polluants) sur l'environnement grace à des
organismes vivants (bioindicateurs - biomarqueurs). Les bioindicateurs peuvent
être utilisés dans des programmes de surveillance des milieux pour
:
1. Emettre des signaux précoces des problèmes
environnementaux ;
2. Identifier les relations de cause à effet entre les
facteurs d'altération et les effets biologiques ;
3. Evaluer l'état de stress global de l'environnement
à travers différentes réponses d'organismes indicateurs
;
4. Evaluer l'efficacité de mesures réparatrices
sur la santé des systèmes biologiques. A la marge de cette
étude, une approche a été faite pour construire un
modèle de suivi biologique en lutte antiacridienne (cas des abeilles),
basé essentiellement sur une comparaison des données de terrain
avec les valeurs des bases de données scientifiques. Les objectifs
spécifiques visés par la bioindication des pesticides de lutte
antiacridienne avec les abeilles est de disposer d'un système de
biosurveillance efficace des intoxications afin d'identifier les risques
potentiels de l'empoisonnement et de déterminer le degré de la
contamination de l'environnement.
Mots dlés: Criquet, pesticides,
bioévaluation, bioindicateurs, biomarqueurs,
écotoxicologie
Abstract
Until the late 1980s, the environmental monitoring based on
conventional chemistry methods more or less sensitive, leading to a general
assessment of concentrations of chemicals considered hazardous, water,
sediments and organisms that inhabit the ecosystem. Thus, the concept of
biomonitoring based on the study of the biological response of living beings to
hazardous substances, offers just the shortcomings of conventional chemistry.
Indeed, analysis of the biological effects of pesticides used for locust
control intentionally or accidentally discharged into the environment can serve
as an indicator of contamination or pollution (bioindicators, biomarkers) in
the animal and plant reign and allows the detection early contamination of
ecosystems. In practice, it has been shown that a body moving in a medium
having received pesticide is subject to a stress syndrome that can be
identified and quantified by means of laboratory tests. Therefore, the
development of bioindication paves the way for a broader monitoring and
integrating the ecological effects on the environment by living organisms
(bioindicators - biomarkers). Thus bioindicators are used in environment
monitoring programs for:
1. To issue early warnings of environmental problems,
2. Identify causal relationships between the factors of
weathering and biological effects,
3. Assessing the overall state of stress the environment through
different responses of indicator organisms,
4. Evaluate the effectiveness of remedial measures on the health
of biological systems.
In light of this study, an approach was made to build up a
model for biological monitoring in locust control using honney bees as
bioindicator, based mainly on a comparison of field and proprieties database
values. The main objectives of the bioindication of locust control pesticides
using honney bees is to have an effective biomonitoring system in order to
identify the potential risk of poisoning and to determine the degree of
contamination of the environment.
Keywords: Locust, pesticides, bioassessment, bioindicators,
biomarkers, ecotoxicology.
Sommaire
DÉDICACES ii
REMERCIEMENTS iii
Acronymes v
Résumé vi
Abstract vii
Sommaire viii
Figures x
Tableaux xi
Introduction Générale
1
1. Contexte et Justification du thème
2
2. Objectifs de l'Etude 2
3. Axes de recherche 3
Chapitre I. Présentation
Générale du Tchad 4
1.1. Situation Géographique 4
1.2. Les caractéristiques économiques du
Tchad 7
1.2.1. L'Agriculture 7
1.2.2. L'Elevage 7
1.2.3. Les ressources halieutiques 7
1.2.4. Les ressources forestières 7
1.2.5. Les ressources fauniques 8
1.2.6. Les ressources en eau 9
1.3. Les écosystèmes du Tchad 9
1.3.1. Caractéristiques des écosystèmes au
Tchad 9
1.4. Structure et fonction des écosystèmes
. 12
1.5. Zones Protégées. 14
1.6. Principales contraintes environnementales
16
Chapitre II. Pollution des écosystèmes
17
2.1. Contexte et prise de conscience 17
2.2. Notion de pollution/contamination 17
2.3. Voies de contamination des écosystèmes
18
3.3. Ecotoxicologie 18
2.5. Les pesticides utilisés dans la lutte
antiacridienne 18
2.5.1. Définition 18
2.5.2. La problématique d'utilisation des pesticides.
18
2.5.3. Caractéristiques physico-chimiques 21
2.5.4. Caractóistiques toxicologique et
écotoxicologique 22
2.5.5. Dispersion des pesticides dans l'environnement 23
Chapitre III : La Bioindication (les bioindicateurs -
Biomarqueurs) 25
3.1. Approche Scientifique 25
3.2. Conception et utilisation des outils biologiques
26
3.3. Les Bioindicateurs (BI) 28
3.4. Utilité des bioindicateurs 29
3.5. Caractéristiques des bioindicateurs
29
3.6. Notion du réseau trophique 30
3.7. Bioaccumulation 31
3.8. Bioamplification ou biomagnification 31
3.9. La Bioévaluation 32
3.10. Indicateurs biologiques de la qualité des
milieux terrestres 33
3.10.1. Les invertébrés indicateurs de la
qualité des milieux terrestres 33
- Les Annélides 33
- Les Crustacés isopodes 34
- Les acariens 34
3.10.4. Les petits mammifères (Rats, Souris, Musaraignes
etc.) 37
3.11. Les Bioindicateurs des milieux aquatiques
37
3.11.1. Les invertébrés aquatiques 37
3.12. Biomarqueurs 39
3.12.1. Utilité des biomarqueurs 39
3.12.2. Caractéristiques des biomarqueurs 39
3.12.3. Biomarqueurs d'exposition ou de défense 41
3.12.4. Les méthodes de détection des biomarqueurs
42
3.12.5. Les biomarqueurs de défense (d'exposition) 43
- Les cholinestérases 43
- Stabilité de la membrane lysosomale 43
- Vitellogénine (action féminisante sur
l'organisme) 44
Chapitre IV. Modèle de surveillance biologique
de l'environnement acridien : l'Abeille comme Bioindication
44
4.1. Importance des abeilles 44
4.2. Effets des pesticides sur les abeilles
45
4.3. Abeille et bioindication 46
4.3.1. Modèle d'une surveillance écologique 46
4.3.2. Méthodologie adaptée 47
4.3.3. Evaluation des effets des pesticides sur les abeilles
47
4.3.4. Analyse du risque à travers le danger 48
4.3.5. Calcul du danger (D) 49
4.3.6. Calcul de l'Exposition (E) 49
4.3.7. Indicateur de Risque Environnemental (IRE) 49
4.3.8. Caractérisation du Risque 51
Perspectives . 52
Conclusion 52
Bibliographie . 54
Annexes 59
Figures
Figure 1 : Carte de la couverture vegetale au Tchad 5
Figure 2 : legende de la carte de la repartition du couvert
vegetal sur le territoire national 5
Figure 3 : Exemple de la longueur de la periode de croissance
vegetale au Tchad 6
Figure 4 : Legende de longueur de la periode de croissance
vegetale 6
Figure 5 : carte des zones ecologique au Tchad 9
Figure 6 : legende de la Carte des zones ecologiques au Tchad
10
Figure 7 : Exemple des relations dans un Ecosystème
13
Figure 8 : Altération de l'écosyst~me par les
insecticides 13
Figure 9 : a) carte de localisation des zones ecologiquement
sensibles b) carte localisation des zones protegees au
Tchad 15
Figure 10: carte de contraintes environnementales au Tchad
16
Figure 11 : Distribution des contraintes environnementales
sur l'ensemble du territoire Tchadien 16
Figure 12 : Principe général
d'évaluation de Risque . 19
Figure 13 Schema de differents Types d'Approche d'Evaluation
de la Qualite d'un Milieu 27 Figure 14 : réponse à la
contamination et autres facteurs de stress d'un organisme indicateur au niveau
de la
population 28
Figure 15 : Conception de l'outil de Bioevaluation 29
Figure 16 : exemple d'un réseau trophique . 31
Figure 17 : schéma d'évaluation biologique
32
Figure 18 : Exemple de Differents biomarqueurs 41
Tableaux
Tableau 1 : Principaux groupes taxonomiques endémiques
au Tchad 8
Tableau 2 : différents Bioindicateurs 30
Tableau 3 : les invertébrés sensibles aux
pesticides 38
Tableau 4 : Quelques Méthodes de Mesures de
Détection de contamination 42
Tableau 5 : Exemple de contamination par différents
pesticides 60 Tableau 6: Caractéristiques toxicologique et
écotoxicologique des Pesticides Utilisés dans la Lutte
Antiacridienne.
61
Tableau 7: Classification des Pesticides selon leur
Toxicité. 62
Tableau 8: Caractéristiques Physico-chimiques des
Pesticides Utilisés en Lutte Antiacridienne. 63
Tableau 9: Devenir des Pesticides dans les milieux aquatiques
et les milieux terrestres. 65
Tableau 10: les pesticides reflétant le danger pour
des organismes non cibles 67
Introduction Générale
L'environnement constitue l'un des facteurs importants de
l'état de santé des écosystèmes et des populations
qui y habitent. Dans ce contexte, l'homme et le milieu naturel sont
indissociables. Dans la nature, de nombreux événements peuvent
surgir par conséquent perturber l'équilibre dans lequel est
établi un milieu naturel et ainsi affecter la santé des
populations. Les pesticides employés dans la lutte antiacridienne
peuvent altérer le fonctionnement de divers écosystèmes ou
agir indirectement par l'intermédiaire des constituants de la
chaîne alimentaire. Par le processus de la biodisponibilité, les
pesticides peuvent agir sur le métabolisme et devenir une source
agressive pour la sante de populations et de l'environnement. Depuis une
cinquantaine d'années, les phénomènes de pollution ou
contamination ont pris une importance de plus en plus grande aux plans
environnementaux, sanitaires, économiques et politiques. Dans
l'environnement, les produits chimiques polluants ou contaminants
entraînent des perturbations au niveau des êtres vivants (faune et
flore) et des compartiments abiotiques fondamentaux (eau, sol,
atmosphère...) des milieux. C'est depuis 1968 que Rachel Carson a
évoqué les effets biologiques des perturbations que peuvent
susciter les produits chimiques. Dans son livre " Printemps Silencieux " elle
publiait que certains insectes sont devenus résistants (capables
d'accumuler) aux produits chimiques alors que leurs ennemis naturels, par
exemple les oiseaux sont tués par les concentrations auxquelles ils sont
exposés (Berryman, 2002). Par méconnaissance ou par manque des
études approfondies, on avait considéré que l'utilisation
des produits chimiques luttant contre les ravageurs se résumait à
la relation "insecticides - ravageurs et quelques effets secondaires ".
Malheureusement, nous savons maintenant que ce n'est pas tout à fait le
cas. Cette relation est en réalité " insecticides + ensemble de
l'écosystème " (Ramade, 1991). Au moment des traitements
(pulvérisation), les pesticides tombés dans le sol ou dans l'eau
ne tuent pas seulement les insectes ravageurs ciblés mais
éliminent également les insectes utiles et
bénéfiques à l'homme. Ainsi, les produits chimiques
peuvent avoir des conséquences considérables sur les
écosystèmes. La contamination des écosystèmes par
les pesticides n'affectent pas seulement l'ensemble des compartiments des
milieux traités, par exemple les zones des cultures ou de
pâturages protégées mais aussi dans certains cas, les zones
situées au-delà des zones d'épandage (zones
écologiquement sensibles ou zones protégées) par
traitement direct ou indirect (déversement accidentels, distribution
etc.).
Il est à noter que si l'analyse directe des substances
émises dans l'environnement ; bien que cela soit indispensable pour
fournir des données physico-chimiques quantifiées, ne permet pas
de déterminer l'impact sur le milieu vivant d'où la recherche des
moyens de surveillance biologique (biosurveillance) des effets des substances
chimiques émises dans l'eau, le sol, la végétation et
l'atmosphère ainsi que dans les écosystèmes environnants.
Ainsi le recours aux organismes vivants présente l'intérêt
d'observer la vie sous ses différentes formes et permet de servir, dans
les conditions de perturbation de signal d'alarme. Le développement de
la bioindication ouvre ainsi la voie à une surveillance plus large et
écologique intégrant les effets sur l'environnement grace
à des organismes capables d'indiquer par leur présence ou absence
l'état de santé de l'environnement.
1. Contexte et Justification du thème
La stratégie d'évaluation d'impact
environnemental repose essentiellement sur deux approches scientifiques : i)
l'étude écotoxicologique des indicateurs biologiques et ii) les
caractéristiques physico-chimiques des pesticides. Les indicateurs
biologiques animal ou végétal se révèlent comme des
éléments de mesure des perturbations ou modification que
subissent les écosystèmes et fournissement des renseignements sur
leur état de santé. La connaissance des composantes biologiques
et écologiques des écosystèmes naturels où vit le
Criquet pèlerin et leur fonctionnement ainsi que le développement
des indicateurs biologiques sont nécessaires pour appréhender les
modifications et/ou des perturbations que peuvent subir ses
écosystèmes lors des campagnes de traitement.
2. Objectifs de l'Etude
La présente recherche est une revue bibliographique sur
les bioindicateurs et les biomarqueurs ; elle se fixe comme objectif de
compiler des informations sur les organismes vivants pouvant être
utilisés en lutte antiacridienne pour évaluer la qualité
des composantes de l'environnement ou d'un milieu exposé lors des
opérations de traitements. Les objectifs spécifiques visés
par la présente étude est de disposer d'un système de
biosurveillance efficace des intoxications chimiques aiguës et chroniques
en lutte antiacridienne en particulier pour lequel une base de données
représenterait une source d'informations utiles pour la
préservation de l'environnement.
3. Axes de recherche
Trois axes de recherches sont alors à développer
dans la présente étude documentaire :
1. Connaissance des composantes biologiques, écologiques
et fonctionnelles des écosystèmes naturels où vit le
Criquet pèlerin dans les conditions du Sahel ;
2. Présentation d'un état des lieux des
différents indicateurs biologiques (des milieux terrestres et
aquatiques) utilisés en lutte antiacridienne;
3. Elaborer un système de surveillance efficace des
intoxications chimiques aigues et chroniques pour lequel une base de
données représenterait une source d'informations
précieuses.
Chapitre I. Présentation Générale
du Tchad
1.1. Situation Géographique
La république du Tchad est un état
enclavé de l'Afrique sahélienne, situé entre les 07°
et 24° de latitude Nord et entre les 13° et 24° de longitude
Est. Il a une superficie de 1 284 000 Km2 pour une population
estimée à 12.5 millions d'habitants. Le Tchad a des
frontières communes avec la Libye au Nord, le Soudan à l'Est, la
république Centrafricaine au Sud, le Cameroun, le Nigéria et le
Niger à l'Est. Le Tchad présente un climat continental chaud et
sec qui se distingue par trois grandes zones climato-écologiques avec un
passage progressif du sud au Nord d'un climat semi-humide à un climat
désertique. On rencontre donc : i) La zone saharienne au Nord du pays
où le climat est désertique. Il est caractérisé par
une faible pluviométrie annuelle de moins de 200 mm, une
température élevée et de faibles valeurs d'humidité
de l'air. La température maximale moyenne la plus élevée
est de l'ordre de 47°C et s'observe en avril. La zone est marquée
par d'intensité des vents du Nord - Est (Hamattan) qui soufflent
pratiquement tout le long de l'année et très violemment en hiver
(décembre - mars). Cette zone est peu propice à l'agriculture
mais on pratique l'élevage des camelins et des ovins ; ii) La zone
sahélienne au centre où les précipitations sont comprises
entre 300 et 600 mm et entre 600 et 900 mm en année de bonne
pluviométrie et constitue la zone Sahélosoudanienne (MEE, 2002).
L'agriculture y est pratiquée mais elle constitue une zone
d'élevage par excellence ; iii) La zone tropicale ou
soudano-guinéenne au Sud reçoit plus de 900 mm de pluies par an.
On y distingue deux saisons essentielles : la saison sèche de novembre
à mai et la saison pluvieuse de mai à novembre (voir figures 1,
2, 3 et 4). C'est le vrai domaine de l'agriculture vivrière et de rente
(Coton, arachide etc.) (CSAO-CILSS, 2008).
Figure 1 : Carte de la couverture végétale au
Tchad
Couverture terrestre
|
|
|
Terres développés (fertiles)
|
|
|
Terres humides des cultures et des
pâturages
|
|
|
Terres cultivables en irrigation
|
|
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Terres cultivées / prairies
|
|
|
Terres cultivables
|
|
|
Prairies
|
|
|
Plaines
|
|
|
Prairies
|
|
|
Savanes
|
|
|
Figure 2 : légende de la carte de la répartition du
couvert végétal sur le territoire national Source : Les bases de
données sur la couverture terrestre sont issues de l'Université
du
Maryland et du fichier Couverture terrestre mondiale contenu
dans la base de données caractéristiques des terres mondiales,
qui a été élaborée par le Centre de données
EROS rattaché au Service géologique des États-Unis.
http://www.geog.umd.edu/landcover/global-cover.html
page visitée le 07 09 2011.
Figure 3 : Exemple de la longueur de la période de
croissance végétale au Tchad
Longueur de la période de croissance
|
Nombre de jours
|
|
0
|
|
1 - 29
|
|
|
30 - 59
|
|
|
90 - 119
|
|
|
90 - 119
|
|
|
120 - 149
|
|
|
150 - 179
|
|
|
180 - 209
|
|
|
210 - 239
|
|
|
240 - 269
|
|
|
270 - 299
|
|
Figure 4 : Légende de longueur de la période de
croissance végétale
Source :
http://www.fao.org/countryprofiles/index.asp?lang=fr&iso3=TCD&subj=2
page consulté le 17 09 2011
1.2. Les caractéristiques économiques du
Tchad
L'économie nationale est avant tout rurale, fortement
dépendante des ressources naturelles, assez peu diversifiée et
repose essentiellement sur l'agriculture et l'élevage, activités
qui concernent 80% de la population (C P, 2006). Selon les chiffres les plus
récents, les productions agro-sylvo-pastorales et pêche, prises
globalement, participeraient pour environ 40% au PIB. Au niveau des recettes
d'exportation, la contribution agro-pastorale serait la seconde (après
le pétrole), avec le coton, les productions animales (25%) et la gomme
arabique (7%). L'Economie du Tchad est pour le moment basée
essentiellement sur le secteur primaire : Agriculture, l'élevage et
l'exploitation des ressources naturelles.
1.2.1. L'Agriculture
Environ 3/4 de la population tchadienne tire sa subsistance de
l'agriculture qui contribue pour 40% du revenu national et représente
50% du volume des exportations. Le Tchad compte plus de 39 millions d'hectares
de terres arables (soit 30% du territoire national) dont 5,6 millions
irrigables ; d'importantes ressources en eaux souterraines et de surface.
1.2.2. L'Elevage
Le Tchad est un pays à vocation pastorale. Cette
activité occupe plus de la moitié du territoire national. Le
système pastoral se base sur l'exploitation quasi exclusive des parcours
et comprend le nomadisme et la transhumance. Le Cheptel du Tchad (bovins,
ovins, caprins, camelins et asins) a été évalué en
2006 à 17,7 millions de tête (MEE, 2002).
1.2.3. Les ressources halieutiques
Le Tchad est l'un des pays du sahel qui pratique la
pêche comme activité économique. Des récentes
études menées par la Direction de la péche et de
l'aquaculture évaluent le potentiel de production du complexe
hydrographique à prés de 288 000 de tonnes/an selon la
pluviométrie. Les recettes de cette exploitation se chiffrent à
46,4 milliards de francs CFA par an (soit 116 250 000 $ par an). Selon les
mêmes sources, 44% de la production totale est destinée à
l'exploitation).
1.2.4. Les ressources forestières
Selon les sources disponibles, le Tchad compte entre 16
à 31 millions d'hectares de superficie de forêts (forêts
galeries, forêts claires, savanes boisées, formations
arborées et formations arbustives). Ces ressources forestières
sont victimes de graves dégradations dues aux effets conjugués du
climat et les activités anthropologiques (Ndotam, 2005).
1.2.5. Les ressources fauniques
Selon des inventaires non-exhaustifs dont dispose le Tchad, la
faune autochtone est très riche et diversifiée. Cette faune se
rapporte essentiellement aux grands et petits mammifères
généralement herbivores, insectivores et granivores. La
diversité faunique comprendrait 722 espèces d'animaux (sauvages
et domestiques) sans compter le groupe des insectes qui semble plus riche en
diversité spécifique. De méme le pays présente un
intérét ornithologique d'où on rencontre de nombreux
oiseaux des milieux humides (grues couronnées, chevaliers combattants,
les pilets, les sarcelles). On trouve aussi les autruches, les outardes et les
faucons. Le groupe de reptiles les plus connus au Tchad est constitué
essentiellement des crocodiles du Nil, des varans du Nil, le Phyton
sebae. Trois espèces des tortues telles que la tortue
sillonnée, le Tronyx du Sénégal et de Nubie. Le
Tchad dispose de deux parcs nationaux (parc de Zakouma et parc de Manda) et de
sept réserves de faunes. La faune la mieux connue est composée de
mammifères (131 espèces), d'oiseaux (532 espèces), de
reptiles et des poissons. La plupart de ces espèces sont
endémiques (voir tableau 4.) (Ndotam, 2005). La faune piscicole compte
environ 136 espèces de poissons réparties entre les bassins des
fleuves Chari et Logone avec leurs plaines d'inondation, le Lac-Tchad et les
Lacs intérieurs (Fitri, Léré et autres moins
importants).
Tableau 1 : Principaux groupes taxonomiques endémiques au
Tchad
Principaux groupes taxonomiques
|
Nombre d'espèces estimées
|
Espèces endémiques
|
Espèces endémiques
menacées
|
|
Sources internationale (UICN, 1989)
|
Etudes nationale (1997)
|
Sources internationales (UICN, 1989)
|
Etudes nationales (1989)
|
UICN (1989)
|
Mammifères
|
131
|
131
|
3
|
3
|
1
|
Oiseaux
|
496 à 500
|
-
|
1
|
1
|
1
|
Reptiles
|
5
|
5
|
1
|
-
|
1
|
Poissons
|
-
|
136
|
16
|
71
|
|
Flore
|
1600
|
4318
|
50
|
|
11
|
Source : (Ndotam, 2005)
1.2.6. Les ressources en eau
Le bassin tchadien couvre une superficie de 2,3 millions de
km2 subdivisé en bassins endoréiques secondaires dont
le plus vaste est celui du Lac-Tchad (25 000 km2) alimenté
par les fleuves Chari et le Logone. Le réseau des eaux de surface est
donc constitué du Lac-Tchad et du fleuve des lacs secondaires (Fitri,
Iro, Léré etc.) et des mares pérennes et temporaires. Les
mares et les cours d'eau temporaires sont nombreux et contribuent à la
recharge de la nappe souterraine dans la partie sahélienne où le
biotope du Criquet pèlerin reçoit des conditions favorables
à la survie de l'espèce (MERH, 2009). Les eaux souterraines sont
constituées des bassins sédimentaires vastes et profondes dont
les principaux sont la cuvette tchadienne, les formations du continental et
terminal et les grés de Nubie. La superficie de l'aquifère
plio-quaternaire est d'environ 360 000 km2. Le volume d'eau
renouvelable est estimé à 13 300 milliards de m3.
L'alimentation des eaux souterraine se fait par percolation et infiltration
d'une partie des pluies efficaces (MEE, 2004).
1.3. Les écosystèmes du Tchad
1.3.1. Caractéristiques des
écosystèmes au Tchad
Au Tchad, les écosystèmes se partagent les trois
grands domaines phytogéographiques ou bioclimatiques du pays à
savoir les domaines saharien, sahélien et soudanien (voir figure 5a et
b).
Figure 5 : carte des zones écologique au Tchad
Légende
|
|
|
|
Formation arbustive
|
|
|
|
|
Désert
|
|
|
|
|
Eau
|
|
|
|
|
Forêt tropicale humide
|
|
|
|
|
Forêt tropicale sèche
|
|
|
Montagne
|
Figure 6 : légende de la Carte des zones
écologiques au Tchad
Source :
http://www.fao.org/countryprofiles/index.asp?lang=fr&iso3=TCD&subj=2page
consulté le 17 09 2011
1.3.1.1.Le domaine saharien
La zone saharienne couvre une superficie de 600 350
km2 soit 48% de la superficie du pays. Elle est située entre
le 16ème et le 23ème parallèle Nord.
Son climat est compris entre les isohyètes 0-200 mm et est
caractérisé par une faible pluviométrie où il tombe
moins de 50 mm par an ce dernier temps. Ce qui limite considérablement
le développement végétatif et partant la
prolifération de la variabilité biologique. L'eau n'est
présente que dans les lits des Oueds, des plaines d'épandage, des
zones d'affleurement des nappes en saison des pluies. On y trouve aussi des
lacs salés d'Ounianga.
Le caractère aride de cette zone limite la
diversité biologique dans cette partie du pays. On rencontre des
ligneux, des herbacées et des cultures dans les Oasis localisés
dans les Talwegs rocailleux, les lits de generis ou Oueds, les dunes et les
zone sableuses. Selon des études réalisées, on estime
à 568 espèces herbeuses rencontrées dans cette zone
(Tibesti) (voir figure 5a et b).
Parmi les espèces rencontrées on cite :
v' Espèces arborées naturelles : Acacia
laeta, A. stenocarpa, A. seyal, A. raddiana, A. flava, Maerua crassifolia,
Balanites aegyptiaca, Grewia tenax, Zizyfus mauritana, Salvadora persica,
Hyphaeba thebaica, Tamarix articulata, Phoenix dactylifera.
1' Tapis Herbacé se rapporte aux : Panicum turgidum
Ruella patula, Aerva persica,
Cenchrus biflorus, Gassypium sp, Echinicloa colona,
Colocynthis vulgaris etc.
1' L'agro-système est constitué des principales
cultures pratiquées dans les Oasis telles que le mil et le blé,
les maraîchages (tomate, laitue, pastèque, carotte, ail, gombo
pour l'alimentation des humains et la luzerne pour le fourrage).
L'arboriculture est essentiellement dominée par les vignobles et les
agrumes. C'est la zone qui abrite les aires grégarigènes du
Criquet pèlerin et qui pendant les invasions acridiennes
reçoivent d'importante quantité de pesticides (Temwa, 2010).
1.3.1.2.Le domaine sahélien
Cette zone est située entre les 12ème
et 16ème parallèles Nord et couvre une superficie de
490 570 km2. C'est la partie centrale du pays où les
précipitations sont comprises entre 300 et 600 mm par an. Les ressources
en eau sont dominées par les lacs suivants : Lac-Tchad, Lac Fitri et les
fleuves tels que : le Chari et son affluent le Logone, le Batha et le Bahr
Azoum. On y note aussi des mares temporaires (MEE, 2002). La
végétation dans cette zone est caractérisée par
:
1' La végétation ligneuse va du Nord au Sud et
comprend les espèces suivantes : Maerua crassifolia, Acacia
raddiana, Caparis dedidua, Balanites aegyptica, Leptadenia pyrotecnica. Un
peu plus au sud, on trouve le Combretum glutinisuim, Scerocarpa birrea,
Zizipus mauritiana, et plusieurs autres variétés
('A7a7ia.
1' La strate herbacée est dominée par les
Aristida palluda, Cymbopogon proxidia, Panicum laetum, Aristida funiculata,
Schoenefeldia gracilis Panicum turgidum, Eragrostis tremula etc.
1' L'agro-système est constitué des
espèces cultivées telles que le maïs, le blé, le
sorgho, le niébé, l'arachide, le sésame, les cultures
horticoles et fruitières et les espèces forestières sont
formées essentiellement des rôniers, gommiers, des cultures
fourragères (luzerne) et des ressources aquatiques (algues bleues ou
Spiruline plantensis) (MERH, 2004).
Cette zone est reconnue dans le cadre de la lutte antiacridienne
comme une aire d'invasion et de reproduction du Criquet pèlerin.
1.3.1.3.Le domaine soudanien
La zone soudanienne ou zone tropicale est moins
intéressante pour le Criquet pèlerin. C'est plutôt le
domaine du Criquet migrateur africain et rarement le Criquet nomade.
Cette zone reçoit plus de 900 mm de pluie par an. On y
distingue deux saisons bien distinctes : la saison sèche de novembre
à mai et la saison pluvieuse de mai à novembre. C'est la zone la
plus propice à l'agriculture (CSAO-CILSS, 2008).Globalement ce sont les
deux premières zones qui concernent le Criquet pèlerin. Pendant
les invasions du Criquet pèlerin, ces écosystèmes sont
exposés aux pesticides utilisés dans la lutte antiacridienne et
peuvent susciter des risques pour la faune et la flore terrestre et
aquatique.
1.4.Structure et fonction des
écosystèmes
Tout écosystème évolue de façon
naturelle (sans aucune implication de l'homme dans son fonctionnement, mais il
peut subir des modifications artificielles suite aux activités de
l'homme. C'est malheureusement le cas observé depuis quelques
siècles où des espèces animales et végétales
ont complètement disparues et l'environnement (sol, air et eau) est
pollué. A l'origine d'un écosystème il y a une
interdépendance entre les êtres vivants. On rencontre des
producteurs primaires (les végétaux autotrophes chlorophylliens)
et ceux qui s'en nourrissent (les herbivores). Au fil du temps, de nouveaux
êtres ont fait leur apparition dans la chaîne alimentaire : les
carnivores créant alors un déséquilibre dans
l'écosystème naturel. C'est grâce à cette
diversité conflictuelle que les ressources des écosystèmes
sont exploitées pour produire de la matière organique (voir
figure 6). L'écosystème pourra être stable tant que la
biomasse produite sera supérieure à la consommation par les
herbivores. Il ne sera pas surexploité car il y aura une
régulation naturelle (Maison de l'Alzaz, 2011). Malheureusement
l'environnement peut courir le danger de l'usage abusif et intensif des
pesticides employés dans l'agriculture et pour combattre les vecteurs
des maladies. On note parmi ces pesticides les organochlorés,
organophosphorés et les carbamates. En réalité, tout
traitement est d'abord dirigé contre le ravageur ciblé mais les
premiers êtres vivants à s'intoxiquer sont les producteurs
primaires (les végétaux chlorophylliens) ensuite se passe le
phénomène d'amplification - accumulation. Ce
phénomène évolue en allant de degré en degré
dans la chaîne alimentaire jusqu'au dernier maillon (les
super-prédateurs : requins, oiseaux piscivores, poissons carnivores et
l'homme) (Maison de l'Alzaz, 2011). Afin d'évaluer les effets de
certains pesticides, il est nécessaire de tenir compte de certains
paramètres importants comme: i) certaines substances ont des solvants
organiques. Ceux-ci ont tendance à s'accumuler dans le corps de l'animal
; ii) la mortalité complémentaire peut s'avérer crucial
pour une population donnée ; iii) la diversité des espèces
est mise en relation avec la stabilité de l'écosystème
dont l'étude des changements dans la diversité permet de
déterminer le niveau de contamination ;
iv) L'adsorption des composantes du sol est un facteur
décisif et contribue à la biodisponibilité et la
dégradation des pesticides (Rombke et al., 2000).
Figure 7 : Exemple des relations dans un
Ecosystème Source : Maison de l'alzaz ou blog de l'écologie
(2011)
Figure 8 : Altération de l'écosystème par
les insecticides Source : Lagadic et al., 1997
1.5. Zones Protégées
Dotée d'une importante richesse et d'une grande
originalité faunistique et floristique liées à la
diversité de ses milieux, le Tchad accueille de nombreuses
espèces rares et protégées.
Les efforts en termes de conservation et de gestion sont
déterminantes pour la préservation des espèces à
valeur patrimoniale élevée. Le réseau des aires
protégées est constitué des parcs nationaux, des
réserves de faunes, de réserves de biosphère. Ces sites
sont d'importants refuges pour une reproduction in-situ des
espèces animales et végétales, en cas de perturbations
naturelles ou sous l'action anthropique (pollution par les produits
chimiques). Le Tchad dispose de 131 841 km2 d'aires
protégées dont : i) 4 140 km2 de parcs nationaux ; ii)
110 800 km2 de réserves de faunes ; iii) 1 950 km2
réserve de biosphère ; iv) 14 931 km2 de forêts
classées. Cela vaut environ 10% du territoire national. Ainsi on note 10
aires protégées dont 2 parcs nationaux (parc national de Manda et
parc national de Zakouma), 7 réserves de faune et une réserve de
biosphère(les réserves de faune (réserve de faune de
Binder-Léré ; réserve de faune de Siana ka-minia ;
réserve de faune de Bahr Salamat ; réserve de faune d'Ouadi
Rimé-Ouadi ; réserve de faune d'Aboutelfane ; Réserve de
faune de Fada-Archei et Réserve de faune de Mandelia) et la
réserve de biosphère du Lac-Fitri. En fin un site d'extension du
réseau national d'aires protégées comprend 1 376 350 ha
(Ndotam, 2005). Tous ces écosystèmes et aires
protégées doivent faire l'objet d'une attention
particulière lors des traitements contre le Criquet pèlerin.
Pendant les préparatifs des opérations de lutte, il est
nécessaire de déterminer quels groupes fauniques et floristiques
ou quels mécanismes et fonctionnement des écosystèmes et
les indicateurs biologiques sont les plus exposés. La connaissance des
profils toxicologique et écotoxicologique des pesticides utilisés
en lutte antiacridienne, les biotopes existants, la dose d'application et le
mode d'action du produit peut mener à une surveillance
écotoxicologique des écosystèmes. Elle concernera les
espèces menacées d'extinction ou espèces rares dans le
milieu. Le suivi écotoxicologique est nécessaire même si
les espèces paraissent être abondantes dans un milieu après
que le milieu soit exposé aux pesticides car les pesticides
appliqués peuvent avoir des effets de perturbation que l'on n'a pas
perçue avant dans les écosystèmes (Rombke et al.,
2000).
Figure 9 : a) carte de localisation des zones
écologiquement sensibles b) carte localisation des zones
protégées au Tchad Source : (Leumbe, 2010).
1.6. Principales contraintes environnementales
La diversité biologique au Tchad est soumise à de
fortes pressions. Les principales causes et menaces identifiées sont
principalement : l'existence d'un contexte global défavorable à
la conservation, la pression pastorale, le braconnage, la pêche
illégale, la pression démographique, l'utilisation non durable
des ressources naturelles ligneuses et/ou non ligneuses, les feux de brousse,
l'aptitude des sols faible pour l'agriculture, les précipitations
irrégulières et le risque de stress dû au froid, la
dégradation des terres sévères et très
sévères, la faible potentiel de production etc. (MERH, 2009)
(voir figure 9 et 10).
Figure 10: carte de contraintes environnementales au Tchad
Contraintes environnementales
|
|
Les zones sèches et/ou froides avec faible potentiel de
production
|
|
L'aptitude des sols faible
|
|
|
Précipitations irrégulières et de risque de
stress dû au froid
|
|
|
les pentes raides et les montagnes
|
|
|
Dégradation des terres sévères et
très sévères
|
|
|
Faible potentiel de production
|
|
Figure 11 : Distribution des contraintes environnementales sur
l'ensemble du territoire Tchadien
Source :
http://www.fao.org/countryprofiles/index.asp?lang=fr&iso3=TCD&subj=2page
consulté le 17 09 2011
Chapitre II. Pollution des
écosystèmes
2.1. Contexte et prise de conscience
Si les pesticides sont d'abord apparus
bénéfiques, leurs effets secondaires nocifs ont été
peu à peu mis en cause. Ces produits « nécessaires »
pour protéger les cultures et pâturages se sont
avérés très toxiques à différents
degrés, après avoir été absorbés directement
ou indirectement. Ceux-ci ont engendré des préoccupations du
point de vue environnemental telles que : i) la dégradation des
insecticides chimiques dans l'environnement et leurs effets toxicologiques sur
les organismes non visés; ii) les effets à moyen et long terme
des insecticides chimiques sur les organismes non visés et de
façon plus générale sur la chaîne alimentaire ; iii)
la persistance et la bioaccumulation des insecticides chimiques et de leurs
produits de dégradation dans l'environnement.
2.2. Notion de pollution/contamination
Le terme pollution désigne l'introduction directe ou
indirecte, par suite de l'activité humaine, de substances ou de chaleur
dans l'air, l'eau ou le sol, susceptibles de porter atteinte à la
santé humaine ou à la qualité des
écosystèmes aquatiques ou des écosystèmes
terrestres. La contamination atteint un niveau seuil où elle produit des
dommages, des déséquilibres ou des effets nocifs et
interfère avec le bien-être des organismes vivants" (UE, 2000).
Une pollution peut être définie comme une "altération que
subit la biosphère, en particulier d'ordre chimique et physique, et qui
engendre des déséquilibres du fonctionnement à tous les
niveaux". La définition du terme contamination fait intervenir la notion
de normalité de la présence de substances dans un milieu
donné. En 1965, le Conseil Scientifique de la Maison Blanche a
défini la pollution comme `' une modification défavorable»
du milieu naturel, qui apparait en totalité ou en partie comme un
sous-produit de l'activité humaine, au travers d'effets directs ou
indirects, altérant : i) les critères de répartition des
flux d'énergie ; ii) Les niveaux de radiation de la constitution
physico-chimique du milieu naturel iii) l'abondance des espèces vivantes
(UE, 2000). Ces modifications peuvent affecter l'homme directement ou au
travers de ressources agricoles, de l'eau, ou des ressources des autres
produits biologiques. Elles peuvent aussi l'affecter en altérant les
objets physiques, les possibilités récréatives du milieu
ou en enlaidissant le milieu (Le Bras, 2007).
2.3. Voies de contamination des
écosystèmes
Les pesticides peuvent pénétrer dans les
écosystèmes au moment de la pulvérisation de
différentes façons : i) émissions non
désirées, involontaires ou accidentelles durant l'utilisation ou
traitement (dérive) ; ii) émissions ciblées (application)
de pesticides dans la lutte contre les ravageurs. En effet toute application de
produit par pulvérisation conduit systématiquement à une
contamination des surfaces traitées et les zones sensibles par la
dérive ; les résidus secs ou humides des produits
générés lors d'un traitement ou par volatilisation
à partir des feuillages ou du sol, contribuent parfois au transport de
substrat à des longues distances de l'endroit de traitement. (AFSSA ;
2008 et 2009).
3.3. Ecotoxicologie
Les effets biologiques des perturbations du milieu naturel ont
fait surgir une nouvelle discipline qui permet d'identifier et lutter contre
les pollutions du milieu naturel : l'éco- toxicologie (Le Bras, 2007).
Vers les années 70, Truhaut (1975) évoquait la question d'un
risque croissant pour la santé et l'environnement. Face aux effets
liés aux produits chimiques, il relevait les besoins de connaissance et
de recherche sur le devenir de ces produits chimiques dans l'environnement.
C'est ainsi qu'en même temps, il donna une première
définition de l'écotoxicologie qui est selon lui une sous
discipline de la toxicologie médicale (Truhaut,1977). Pendant que la
toxicologie se limite aux études des organismes, l'écotoxicologie
s'occupe de la connaissance de l'impact des substances chimiques, physiques ou
biologiques sur les individus, sur les populations et les
écosystèmes entiers et aussi sur les équilibres dynamiques
qui les caractérisent (Garric, 2009).
2.5. Les pesticides utilisés dans la lutte
antiacridienne
2.5.1. Définition
Un pesticide est une substance qui est destinée ou
sensée prévenir, détruire, repousser ou contrôler
tout ravageur animal et toute maladie causée par des micro-organismes ou
encore des mauvaises herbes indésirables (Bonland et al.,
2007).
2.5.2. La problématique d'utilisation des
pesticides.
Le recours aux pesticides pour lutter contre les Criquets peut
engendrer des risques pour la santé humaine et environnementale. Ces
risques sont liés aux types de pesticides utilisés, à la
manière dont ils sont manipulés et appliqués sur la cible
(FAQ/GCP, 1996, 1998 et 2004).
Pendant les invasions acridiennes, de grandes quantités
de pesticides sont pulvérisées pour protéger les cultures
et les pâturages. Ainsi la quantité d'un pesticide qui atteint
réellement la cible est souvent faible et la plus grande partie tombe
dans la nature et la contamine. Des graves problèmes
qui peuvent survenir lors des traitements antiacridiens sont
généralement la pollution de l'air, la pollution des nappes
phréatiques, la pollution du sol, les résidus de pesticides, la
contamination des aliments et les eaux potables, les effets nuisibles sur les
organismes non-cibles et la fonction de l'écosystème (Grant,
2002). Si certains produits chimiques ont une durée de vie relativement
courte dans l'environnement, on sait aujourd'hui que l'impact d'une substance
chimique peut être observé pendant plusieurs décennies
après son émission dans l'environnement. Le
risque qu'un pesticide présente des perturbations et/ou des
modifications d'un écosystème dépend donc de la
toxicité du pesticide et de l'exposition du milieu.
Principe général d'évaluation de
Risque
Comparaison d'une dose sans effet toxique prévisible
à une dose d'exposition prévisible définie par :
Dose = quantité Q (g m. a/ha) /C (concentration g m.
a/l)
Si la dose est grande par rapport à la dose sans effet,
il y a risque, des mesures (interdiction d'utilisation, respect des conditions
d'application etc.) doivent être prises pour éviter la
contamination de l'environnement.
Si Q/C (exposition) > Q/C (sans effet) alors il y a
risque
Environnement exposé
Aliments
Sol
Air
Eau
Figure 12 : Principe général d'évaluation de
Risque
Q = quantité/dose C =
concentration Source : Rivière, 2009.
Les pesticides utilisés en lutte antiacridienne se
répartissent selon les catégories suivantes :
2.5.2.1.Les organophosphorés
Les organophosphorés sont des toxiques létaux
à action systémique prédominante dont le principal
mécanisme d'action est l'inhibition l'acétylcholine au niveau de
la synapse, empêchant la transmission de l'influx nerveux et
entraînant la mort de l'insecte. Ces pesticides peu solubles dans l'eau,
peu volatiles, sont liposolubles. Ils ne sont pas bio-accumulables dans les
organismes (Saïssy et Rüttmann, 1999).
2.5.2.2.Les carbamates
Ce vaste groupe rassemble les dérivés de l'acide
carbamique. Ils agissent comme les organophosphorés. Ils sont
neurotoxiques inhibiteurs du cholinestérase. Mais cette action
d'inhibition est réversible. Ce sont des composés peu stables,
peu solubles dans l'eau.
2.5.2.3. Les Pyréthrinoïdes
Les Pyréthrinoïdes sont des composés
lipophiles, peu stables, et sont rapidement inactivés par les
microorganismes du sol. Ils sont non rémanents dans l'environnement et
ne laissent pas des résidus dans l'eau et les végétaux.
Ces insecticides sont peu toxiques pour l'homme mais toxiques pour certains
organismes aquatiques et les abeilles. Ce sont des composés
biodégradables. Ils pénètrent dans l'organisme par voies
d'ingestion, d'inhalation et transcutanée. Les métabolites issus
de l'hydrolysation sont facilement éliminés par urine (SSA,
2010).
2.5.2.4. Les Benzoylurées (perturbateurs de
mues)
C'est un groupe d'insecticides découvert en 1972, le
Diflubenzuron étant la première matière active
commercialisée. Elle se caractérise par son mode d'action qui
perturbe la formation de la chitine qui n'est plus sous forme fibrillaire des
larves d'insectes. La chitine synthétase est le site actif. Les insectes
meurent lors de la mue suivante. Ils sont faiblement toxiques pour l'homme. Le
délai d'action est de 2 à 7 jours. Leur demi-vie est de 2
semaines. Ces produits sont rémanents et peuvent être
utilisés dans le cadre de la lutte préventive contre le Criquet
Pèlerin (Dobson, 2001).
2.5.2.5. Les Phénypyrazoles
Le principal représentant de ce groupe est le Fipronil
et ses métabolites. C'est un insecticide rémanent et son action
est relativement lente. Ils bloquent les canaux colorés
régulés par l'acide gamma - aminobutylique.
Il possède un spectre large et affecte de nombreuses
autres espèces d'arthropodes. Il est aussi relativement sans danger pour
les mammifères à faible dose (FAQ/GCP, 2004).
2.5.2.6. Les insecticides biologiques
L'utilisation des micro-organismes naturels pour lutter contre
les ravageurs est devenue le moyen « écologique » d'espoir
quand on se réfère aux effets toxiques des pesticides de
synthèse. Cette utilisation est devenue possible grâce aux travaux
réalisés sur certaines souches des bactéries (Bacillus
thurigensis moins efficace sur le criquet), virus
(entomopox) ; les protozoaires (Nosema locustae) ; les
champignons (Metarhizium anisopliae var acridum). Ces
champignons sont utilisés comme bio-pesticides qui ont donné
satisfaction en lutte antiacridienne (Dobson, 2001).
2.5.3. Caractéristiques physico-chimiques
Les propriétés physico-chimiques dictent le
comportement de la matière active dans le milieu. L'une des principales
caractéristiques qui influencent les risques de contamination et
d'impact des pesticides sur le milieu est la persistance plus ou moins longue
dans un environnement donné. Le fait qu'un pesticide ne soit pas
efficace et qu'il ne soit pas détecté dans la
végétation ou dans l'animal ne signifie pas qu'il soit totalement
dégradé ni qu'il ne soit pas offensif pour l'environnement. Par
ailleurs, on peut évaluer la dégradation d'un pesticide par deux
paramètres : la demi-vie (DT50) et le taux de dégradation (Devez,
2004). Certains paramètres permettent de classifier les pesticides selon
le risque potentiel de pollution des eaux souterraines :
2.5.3.1. La Solubilité dans l'eau
Elle constitue sa concentration à l'équilibre
dans une solution saturée à une température donnée.
Cette propriété est utile pour déterminer le partage, la
mobilité et le devenir du pesticide dans l'environnement. En
général, les pesticides sont très peu solubles dans l'eau.
La solubilité aqueuse (potentiel d'un pesticide de se dissoudre ou de se
retrouver en solution dans l'eau) ; dans ce cas une fois solubilisé, le
pesticide peut être lessivé et atteindre un aquifère
(Barrette, 2006).
2.5.3.2. La tension de vapeur
La tension d'une substance est la pression de vapeur saturante
à l'équilibre thermodynamique de ses deux phases (liquide et
solide). C'est un paramètre qui explique la probabilité d'un
produit de se dissiper dans l'atmosphère. Les pesticides volatiles
(tension de vapeur élevée) peuvent facilement se répandre
dans l'environnement et devenir une préoccupation sérieuse.
2.5.3.3. Indicateur de pollution : coefficient de
solubilité (SW> 30 mg/l).
Un autre paramètre (le Kow : coefficient de partage
dans l'Octanol et l'eau) d'un pesticide reflète la probabilité de
transfert du pesticide d'un milieu environnemental aux organismes ainsi que le
potentiel d'accumulation.
2.5.3.4. Mobilité d'un pesticide
C'est la capacité que possède un pesticide
d'usage terrestre de se répandre dans les sols et la capacité de
ce pesticide de contaminer l'environnement aquatique en s'écoulant dans
les eaux souterraines, en se délaçant par ruissellement ou grace
à l'érosion ou par lessivage.
2.5.3.5. Indice de GUS (potentiel de lixiviation)
Si GUS> 2,8 le pesticide est présent dans les eaux
souterraines ; si GUS< 1,8 il est absent (Barriuso, 2003).
Les propriétés d'adsorption et de désorption des
pesticides utilisés en milieu humide sont des facteurs
déterminants pour la mobilité (Calvel, 2003.).
2.5.3.6. L'hydrolyse
Dans l'eau ou les milieux humides, le pesticide peut se
transformer en un autre produit (métabolite) : c'est l'hydrolyse : la
vitesse d'hydrolyse est fortement influencée par le pH d'un milieu.
2.5.3.7. La photo-dégradation
La photo-dégradation est due à l'exposition d'un
produit chimique à la lumière. Cette exposition induit
l'absorption des rayons UV et permet la dégradation de ce produit en
donnant d'autres produits (les métabolites).
2.5.3.8. La biodégradation
La biodégradation détermine la
dégradation des pesticides dans les sols, dans les eaux par les
micro-organismes. La dégradation des contaminants est
évaluée par deux paramètres : Demivie (DT50) et le taux de
dégradation (Devez, 2004).
2.5.4. Caractéristiques toxicologique et
écotoxicologique
La toxicité d'un produit est étroitement
liée au mode d'action de celui-ci. En pratique, on détermine la
toxicité d'un produit par ses principaux effets létaux et
sub-létaux. Le mode d'action des pesticides varie selon la nature des
organismes à combattre. Après pénétration dans
l'organisme de l'insecte, l'insecticide va perturber le déroulement des
processus physiologiques essentiels (Oril, 2001).
2.5.4.1. Les insecticides de contact
Ceux-ci traversent la cuticule de l'insecte et agissent en
inhibant les différents mécanismes enzymatiques dont
l'activité nerveuse.
2.5.4.2. Les insecticides d'ingestion
Leur action se manifeste sur les insectes par
pénétration au niveau du tube digestif. 2.5.4.3. Les
insecticides d'inhalation
Ce sont des insecticides qui agissent sous forme de gaz ou
vapeurs et pénètrent dans l'organisme de l'insecte par voie
aérienne entraînant ainsi la mort par asphyxie (Niang, 2001).
2.5.5. Dispersion des pesticides dans l'environnement
2.5.5.1. Dispersion dans le sol
Le sol représente un des réservoirs le plus
important de la biodiversité. Les organismes du sol (micro-organismes
comprenant la microflore et microfaune, la mésofaune et la macrofaune)
jouent des rôles dans le fonctionnent des écosystèmes. Le
sol participe de manière directe ou indirecte à un grand nombre
de processus tels que la dynamique de la matière organique, le recyclage
des déchets, la biorémédiation des composés
xénobiotiques, la formation et le maintien de la structure, le transfert
hydrique et la rétention de l'eau dans les sols, etc. (LFDA, ROC et UN,
2002, Cluzeau et al., 2009). Au moment des traitements, une partie
importante de pesticides n'atteint pas la cible. 10 à 70% et
jusqu'à 90% de produits chimiques pulvérisés durant une
application, peuvent être perdus au sol. On note 30 à 50% de
produits dans l'air sous forme de gouttelettes ou de gaz. Les risques pour
l'environnement sont plus grands lorsque ces produits toxiques, utilisés
sur des surfaces et à des doses/fréquences élevées
et qu'ils sont persistants et mobiles dans les sols. Les pesticides
utilisés en lutte antiacridienne peuvent être soumis à une
dégradation et/ou une métabolisation une fois qu'ils se
retrouvent dans l'environnement. La vitesse de dégradation dépend
étroitement des propriétés physico-chimiques des
pesticides (CERES-locustox, 2008). Libérés dans l'environnement,
les pesticides vont éliminer les organismes contre lesquels ils sont
utilisés ; mais la plupart de ces produits vont également toucher
d'autres organismes que ceux visés au départ de manière
directe. Les effets sur la faune et la flore terrestre et aquatique sont donc
indésirables (Aubert et al., 2005). Le sol est un
écosystème qui possède une capacité de
détoxification très élevée. Dans le sol, les
pesticides sont soumis à l'action simultanée des
phénomènes de transfert, d'immobilisation et de
dégradation.
Le transfert à la surface du sol sont
généralement faible (5%) mais contribue à la pollution des
eaux de surface s'ils sont entrainés soit à l'état dissout
ou retenus sur des particules de terre entrainées par les eaux. Le
phénomène d'immobilisation est dü à l'adsorption. Les
pesticides sont adsorbés rapidement par la matière humique du sol
(colloïdes minéraux et organiques) et sont beaucoup plus retenus
dans les sols argileux ou riche en matière organique (Coste et Itard,
2006).
2.5.5.2. Dispersion dans les eaux (de surface et
souterraine)
Les pesticides atteignent les eaux de surface et souterraine par
le biais :
- De l'air à la suite:
· D'une dérive des brouillards de dispersion
· D'une évaporation à partir des plantes et
du sol
· De l'érosion par le vent d'un sol
contaminé
- De l'eau notamment :
· De l'eau de ruissellement ;
· De l'eau de drainage ;
· De l'eau souterraine contaminée.
Ces voies de contamination dépendent de l'emploi et de
la mauvaise manipulation ou des accidents. Certains facteurs tels que les
propriétés physico-chimiques, les modalités d'application
ainsi les conditions climatiques, hydrologiques et
météorologiques peuvent influencer la dispersion des pesticides
dans les eaux de surface et souterraines (Lundberg et al., 1995).
Toute substance chimique évolue du compartiment où sa
fugacité est élevée vers celui où elle est
faible.
La vitesse de diffusion est :
N=D1, 2 (F1-F2) où D1, 2 = 1/K1AZ1 + 1/K2AZ2 avec Ki sont
des coefficients de transfert de masse.
A est l'aire du contact entre les compartiments ; Zi sont les
capacités fugaces :
Dans l'air : Z=1/Rt avec Rt : constante des gaz
parfaits
Dans l'eau : Z=1/H avec H : constante de Henry
Adsorption : Z= 10-6KpS/H avec S :
concentration d'adsorbant
Bioaccumulation : Z= BYKow/H où B : fraction
biocénotique ; Y : fraction Octanol et kow : coefficient de partage
Octanol-eau (Vindimian, 2004).
Pendant l'épandage il peut avoir l'effet «
dérive » où le pesticide peut se retrouver à une
distance non souhaitée dans une zone protégée.
En conséquence, la grande persistance des pesticides
dans les écosystèmes favorise leur passage dans des
réseaux trophiques de chaque biocénose. L'érosion et le
lessivage interviennent dans le transfert des pesticides vers les eaux
souterraines (Niang, 2001). Pour permettre une prise de décision au
cours des campagnes antiacridiennes, et afin d'éviter des contaminations
des pâturages ainsi que les effets collatéraux sur la chaîne
alimentaire, il est nécessaire de procéder à une analyse
préalable du devenir des pesticides dans l'environnement. Une telle
analyse permet de disposer d'informations sur la rémanence des
pesticides utilisés.
2.5.5.3. Dispersion dans l'air
L'atmosphère joue un rôle primordial dans la
distribution des pesticides dans les milieux. Les pesticides sont introduits
dans l'atmosphère par deux voies : i) la dérive lors de
l'application et ii) par volatilisation qui peut durer plusieurs jours,
semaines voire plusieurs mois après le traitement. Les pesticides
peuvent se volatiliser au niveau des feuillages, d'autre part au niveau des
sols traités par érosion éolienne, par ruissellement des
eaux de pluies dans les mares, rivières et ensuite aller dans
l'atmosphère (DELUCA et al., 2010).
Chapitre III : La Bioindication (les bioindicateurs -
Biomarqueurs)
3.1. Approche Scientifique
Pendant de nombreuses années, les méthodes
d'évaluation de la qualité de l'environnement sont basées
sur les caractéristiques chimiques des pesticides mais ne permettent pas
de mesurer l'impact des contaminants sur les différents organismes,
populations et communautés peuplant un milieu donné
(Bélanger, 2009). Une nouvelle méthode utilisant les
paramètres biologiques, physiques et biochimiques des organismes
vivants, tant à l'échelle du simple individu que des
écosystèmes entiers sont venues combler les lacunes
inhérentes aux analyses strictement chimiques. Certaines espèces
sont plus sensibles que d'autres et nécessitent des conditions
particulières pour se maintenir dans leur milieu naturel. Lorsque les
conditions du milieu naturel sont altérées, par exemple dans le
cas de contamination par des pesticides, ces espèces peuvent être
affectées de plusieurs façons reflétant ainsi le
débalancement des conditions initiales du milieu naturel. De telles
espèces sont appelées indicateurs biologiques (ou indicateurs
écologiques) en raison de leur capacité à
caractériser l'état d'un écosystème soumis à
un stress environnemental, ainsi ils permettent de détecter ou
prévoir des changements significatifs pouvant survenir à
l'intérieur de ce méme écosystème (Bélanger
et al., 2009).
Aujourd'hui, les stratégies de surveillance de
l'environnement sont de plus en plus au coeur des préoccupations de
groupes d'études émanant d'instances internationales à
travers les nombreux programmes scientifiques. Ces stratégies de
surveillance de l'environnement ont pour objectif d'évaluer le vivant et
de décréter objectivement qu'il présente un «
caractère remarquable ». Pour cela on effectue une
bioévaluation (un protocole de procédures à fondements
biologiques qui peuvent servir à établir de diagnostics
écologiques) et donc l'obtention de système d'évaluation.
Parmi ces méthodes d'évaluation, on distingue :
- Les indicateurs biologiques (bioaccumulateurs,
biomarqueurs)
- Les indicateurs écologiques (IE)
3.2. Conception et utilisation des outils
biologiques
La surveillance de la qualité de l'environnement peut
se faire suivant deux approches complémentaires : i) La détection
des polluants et leur quantification ; ii) L'évaluation des effets des
polluants sur les organismes vivants, soit au niveau des individus, soit au
niveau des populations et/ou communautés. L'accumulation de polluants
dans les organismes peut être le résultat d'une contamination
directe depuis le milieu, ou indirecte (biomagnification) au sein des
réseaux trophiques (Perez et al., 2007). Néanmoins,
aucune de ces approches ne suffit à elle-même pour fournir des
informations fiables et complètes sur l'état de l'environnement.
Il est donc admis que c'est l'association de ces approches, que dépend
une évaluation pertinente de la qualité de l'environnement.
Indicateurs biocénotiques (Indices de
diversité)
Bioindicateurs (abondance, présence ou
absence)
Biomarqueurs (marqueurs Niveau
biochimiques,
Bioaccumulateurs
Ecosystèmes
Communautés
Populations
Individus et infraindividuels
Approche physico-chimique Approche Biologique
Figure 13 Schéma de différents Types d'Approche
d'Evaluation de la Qualité d'un Milieu Source : (Perez et al., 2000).
Disponibilité d'un habitat
|
|
Variation de T°C
|
|
Compétition
Ressources alimentaires
Variables physico-chimiques
Contamination
Réponse intégrée ou biomarqueurs
Réponse au niveau de la population
Figure 14 : réponse à la contamination et autres
facteurs de stress d'un organisme indicateur au niveau de la population
Source : Perez et al, 2000
3.3. Les Bioindicateurs (BI)
Etymologiquement, le terme bioindication correspond à
une indication sur la vie. Cela sousentend que des groupes choisis comme
indicateurs sont des organismes vivants ; ce sont des émetteurs d'une
information qui n'est destinée qu'à un seul récepteur :
l'homme (Mulhauser, 1990). Les êtres vivants ont une
responsabilité dans la concentration de substances chimiques polluantes.
En effet, il peut avoir une augmentation de la concentration d'un polluant
lorsqu'il passe de l'eau par exemple à un organisme (par absorption et
adsorption). On parle alors de la bioconcentration. On énumère
les végétaux lipophiles (oléagineux), du phytoplancton,
des plantes avec mécanismes de réserves.
Figure 15 : Conception de l'outil de Bioévaluation Source
: Perez et al., 2000
3.4. Utilité des bioindicateurs
Les bioindicateurs peuvent être utilisés pour la
surveillance de différents milieux (terrestre et aquatique) pour : i)
Emettre des signaux précoces de problèmes environnementaux ; i)
Evaluer l'état de stress global de l'environnement à travers
différentes réponses d'organismes indicateurs ; iii) Identifier
les relations de cause à effet entre les facteurs d'altération et
les effets biologiques ; iv) Evaluer l'efficacité de mesures
réparatrices sur la santé des systèmes biologiques (Le
Bras, 2007). Ainsi les bioindicateurs constituent une des méthodes
fondamentales pour déterminer les changements ou modifications dans un
environnement naturel. En dehors des plantes et des espèces animales,
les bioindicateurs sont également des indicateurs de populations, des
indicateurs écologiques et renseignent sur la composition des
espèces, la taille de la population et sa densité, la production
de la biomasse et la structure trophique (Perez , 2000).
3.5. Caractéristiques des bioindicateurs
Les principales caractéristiques de la bioindication
végétale comme la bioindication animale sont de disposer
d'espèces : i) Ayant des sensibilités spécifiques
très fortes vis-à-vis de certains polluants ; ii) Ayant au
contraire une forte résistance et une capacité d'accumulation
élevée. L'emploi de telles espèces permet d'obtenir une
valeur approximative d'une pollution moyenne sur des pas de temps
élevés.
Les indicateurs biologiques sont des espèces
sensibles, inféodés à un milieu suffisamment restreint
pour le caractériser, ou à un état d'un facteur du milieu,
qu'ils permettent i) d'identifier par leur apparition ou disparition, ii)
informe sur les conditions du milieu et des dangers potentiels de contamination
et permettent ainsi d'apprécier une modification de la qualité
d'un milieu. Pour cela, on se réfère à une
biocénose, un groupe écologique ou à une espèce
indicatrice ou à une partie de l'espèce (métabolisme). Ils
permettent ainsi, une mise en évidence de toutes modifications
naturelles ou provoquées(Le Bras, 2007).
Tableau 2 : différents Bioindicateurs
Indicateurs
|
Variables
|
Indicateurs biologiques (Une espèce
indicatrice)
|
Biochimique,
Cytologique,
Physiologique Ethologique,
Démographique,
|
Indicateurs écologiques (plusieurs espèces)
|
Richesse spécifique, Abondance,
Indice théorique, Indice empirique
|
|
Source : Le Bras, 2007
3.6. Notion du réseau trophique
Afin de comprendre les lois qui président le
fonctionnement des écosystèmes, il est important de positionner
l'ensemble des êtres vivants dans leur milieu de vie. Il existe un
ensemble des relations trophiques à l'intérieur d'une
biocénose entre les diverses catégories écologiques
d'êtres vivants constituant cette dernière. C'est ce qu'on appelle
un «réseau trophique (ou chaîne trophodynamique). La
chaîne alimentaire est une suite d'êtres vivants de
différents niveaux trophiques dans laquelle chacun mange des organismes
de niveau trophique inférieur. Dans un écosystème, les
liens qui unissent les espèces sont plus souvent d'ordre alimentaire.
Ainsi on distingue trois catégories d'organismes : i) Les producteurs
primaires (végétaux chlorophylliens, capables, grâce
à la photosynthèse, de fabriquer de la matière organique
à partir du CO2 et de la lumière solaire ; ii) Les consommateurs
(les animaux : il existe trois types de consommateurs : a) les consommateurs
primaires ou herbivores qui se nourrissent des producteurs primaires ; b) les
carnivores primaires qui se nourrissent des herbivores ; c) les carnivores
secondaires se nourrissant des carnivores primaires.
Les décompositeurs (bactéries, champignons)
capables de dégrader les matières organiques de toutes les
catégories et restituent au milieu les éléments
minéraux. Ainsi, ces relations forment des séquences ou chaque
individu mange le précédent et est mangé par celui qui le
suit, on parle donc de la chaîne alimentaire. Chaque maillon est un
niveau trophique. Dans une niche écologique où habitent deux
espèces dans un milieu et appartenant à une chaîne
alimentaire, si un aliment est contaminé, l'organisme contaminé
et son prédateur sont susceptibles d'être empoissonnés.
Cela veut dire qu'il n'est pas nécessaire que le prédateur soit
directement exposé au contaminant chimique mais peut l'être en
consommant un animal qui était directement exposé par
bioaccumulation (PAN, 2008).
Figure 16 : exemple d'un réseau trophique Source : Le
Bras, 2007
3.7. Bioaccumulation
L'accumulation par les organismes vivants de contaminant peut
être déterminé en tenant compte de l'absorption qui se fait
par : i) voie directe, ii) voie alimentaire. Certains organismes comme les
lombricidés sont sensibles aux pesticides et peuvent manifester le
phénomène de bioaccumulation ou facteur de concentration (FC).
FC = concentration de pesticide dans l'organisme/concentration
de pesticide dans le milieu Ce facteur dépend du milieu et le mode
d'action du pesticide (Le Bras, 2007).
3.8. Bioamplification ou biomagnification
Dans la chaîne alimentaire, les consommateurs du rang
élevé présentent des concentrations plus
élevée que ceux des niveaux qui les précédent. Plus
le composé toxique est stable, plus il est lipophile et plus la
chaîne alimentaire est longue, plus importantes seront les teneurs en
bout de chaîne.
Ce phénomène d'amplification le long de la
chaîne trophique appelé la « biomagnification » (ou
bioamplification) est caractérisée par le facteur de transfert
(FT) :
FT = X1/X0 ; X1 : niveau trophique supérieur ; X0 :
niveau trophique inférieur.
FT dépend de ce qui est absorbé par l'organisme en
fonction du : i) Poids de l'organisme et
ii) Niveau de contamination des proies. Cela définit la
capacité de l'organisme à excréter une
partie du polluant, qui intervient sur FT. Alors on aura : FT=
a.f/m.k ; d'où a et k : capacitéd'excrétion ; f
: taux et m : masse. Exemple : Si FT = 1 ; dans ce cas, la substance n'est
pas biodégradable. On a donc un transfert équivalent d'un
niveau trophique X0 et X1. Si FT > 1 ; il y a bioamplification dans
la chaîne trophique. Si FT< 1 ; la capacité
d'excrétion de l'animal (k) est grande. Il y a donc une diminution de
la substance le long de la chaîne trophique. C'est le cas
rencontré le plus souvent (Le Bras, 2007). La biomagnification est
définie comme l'accumulation du polluant dans un organisme
prédateur à partir de sa proie. On a alors : FM =
concentration dans le prédateur / concentration dans la
proie. Ainsi la bioaccumulation = bioconcentration
+ biomagnification.
3.9. La Bioévaluation
C'est une méthode de surveillance de l'environnement qui
a pour objectif d'évaluer le vivant et de déceler objectivement
d'éventuelles modifications. On distingue:
- Les indicateurs biologiques (bioaccumulateur, Biomarqueur),
- Les indicateurs écologiques (IE).
Figure 17 : schéma d'évaluation biologique Source
: Perez, 2007.
3.10. Indicateurs biologiques de la qualité des
milieux terrestres
Le sol est un milieu particulier réunissant un grand
nombre d'organismes vivants. Ces organismes possèdent tous les
caractéristiques génétiques uniques et appartiennent
à des niveaux trophiques différents. Ils remplissent des
fonctions essentielles (Bispo et al., 2009). Le sol est une ressource
essentielle pour les sociétés humaines et les
écosystèmes. Ces ressources malheureusement sont soumises
à des pressions de plus en plus importantes (production agricole,
développement urbain, invasions acridiennes etc.). Par ailleurs, le sol
n'étant pas une ressource renouvelable ; il est nécessaire d'en
assurer la protection afin de permettre le développement des
sociétés. L'intérêt de la composante biologique du
sol repose sur les fonctions dont il assure : i) la formation et l'entretien de
la structure des sols (la rétention en eau, la compaction) ; ii) la
décomposition, la transformation et le transport de la matière
organique ; iii) La dégradation des polluants organiques et
métalliques du sol (fonction de filtre et du réacteur biologique)
; iv) le fonctionnement global des écosystèmes (symbiose
racinaires) ; v) l'émission, séquestration de gaz à effet
de serre. Ces fonctions sont réalisées par une multitude
d'organismes interdépendants. Une perturbation à un niveau peut
engendrer des dommages à d'autres niveaux. Les recherches sur les
composantes biologiques des sols et le développement des bioindicateurs
sont nécessaires pour compléter les outils disponibles et
renseigner sur les modifications et/ou altérations les
écosystèmes terrestres (Bispo et al, 2009).
3.10.1. Les invertébrés indicateurs de la
qualité des milieux terrestres
Les invertébrés terrestres constituent un
groupe d'animaux mieux adaptés au sol. Certains d'entre eux assurent la
reproduction des végétaux par la pollinisation des plants
à fleurs, certains sont herbivores et ont un impact sur la formation de
la biomasse et la survie des plantes. D'autres ont un rôle important dans
la régulation des populations d'animaux, soit comme ravageurs soit comme
prédateurs. Par ailleurs, les invertébrés sont une
importante source de nourriture à de nombreux amphibiens et reptiles,
aux oiseaux et à certains mammifères (Colin, 2002). Parmi les
invertébrés terrestres, un certain nombre de groupes taxonomiques
au fort pouvoir de bioaccumulation sont énumérés.
- Les Annélides
Ces invertébrés sont utilisés comme
bioaccumulateurs de pollution des sols par les composés de
synthèse.
Les annélides jouent un rôle important dans la
structure et les fonctions du sol et leur relative sensibilité aux
pesticides a fortement contribué à faire de ces organismes le
point d'entrée des études d'écotoxicité des
pesticides et autres substances chimiques pour les micro-organismes du sol.
L'absence de cuticule, qui favorise l'absorption d'épidermiques des
substances, la faible expression d'enzymes de détoxication telles que
les mono oxygénases à cytochrome P450 font des vers de terre des
organismes potentiellement vulnérable à la présence des
pesticides dans le sol. Les vers de terre font partie des organismes inclus
dans le groupe taxonomique des essais d'écotoxicité du point de
vue réglementaire pour les produits phytopharmaceutiques (Directives
91/41/EC, 2004).
- Les Crustacés isopodes
Les Crustacés isopodes comme les cloportes ainsi que les
gastéropodes pulmonés sont aussi des bioaccumulateurs performants
de la pollution des sols.
- Les acariens
Les acariens sont les Arachnides les plus
représentés dans le sol. Ils occupent principalement les premiers
centimètres des sols. Il existe aussi des espèces des strates
profondes. Ils ont une importance particulière dans la vie des sols. On
rencontre deux ordres principaux dans le sol :
- Les Oribatidés ou (Cryptostigmates)
Ils sont essentiellement saprophages et se nourrissent
principalement de matières organiques en décomposition et jouent
un rôle fondamental dans son recyclage. Leur présence est un
excellent indicateur de la fertilité du sol.
- Les Gamasides
Les Gamasides sont plus polyphages et notamment
prédateurs d'autres arthropodes (ex : les phytoseides) et des petits
vers. Tout comme les phytoseides, les Gamasides sont sensibles aux produits
chimiques (pesticides) (Alter-Agri, 2004).
3.10.2. Les Arthropodes du sol
Les plus étudiés (Carabes, Staphylins,
araignées myriapodes, fourmis, abeilles etc.) constituent les animaux
les plus utiles car l'importance globale de leur population, leur
densité est un indicateur de l'activité biologique du sol. Dans
des écosystèmes terrestres et aquatiques, ces arthropodes sont un
levier de l'équilibre adaptatif entre la faune et la flore et le
milieu.
Les études de ces populations et la
détermination de leur capacité d'indicateur écologique
permet de caractériser l'état de l'agro-système et de
mettre en évidence aussi précocement que possible des
modifications naturelles ou associées aux activités humaines. Ces
arthropodes terrestres sont directement exposés aux pesticides auxquels
ils sont sensibles, de plus, ils occupent une place cruciale au sein de la
chaîne alimentaire, prédateurs d'organismes phytophages
(rôle d'auxiliaires) mais aussi proie de la faune avicole.
- Les Araignées
Il a été reconnu que les Araignées sont
meilleurs indicateurs que les Carabes bien que dans la bibliographie, la
majorité des observations a été effectuée sur les
Carabes du fait que les Araignées sont plus difficiles à
identifier (Mulhauser, 1990). Parmi elles, les groupes les plus importants sont
les Tetranyques qui constituent de proies des acariens Phytoseides
(Prédateurs). Ils sont les principaux régulateurs des
acariens phytophages et interviennent aussi dans la régulation d'autres
insectes qui peuvent être potentiellement préjudiciables aux
plantes (Thrips, Cochenilles, Pucerons etc.) ils consomment
aussi le pollen, du nectar ou les exsudats des insectes suceurs.
Les Araignées ont plusieurs avantages comme
bioindicateurs :
1' Taxonomie assez bien connue et grand nombre d'espèces
;
v' Bonne diversité spécifique dans tous les
habitats terrestres ;
v' Présence dans toutes les strates des
végétations ;
v' Récolte facile et abondante ;
v' Bonne capacité de réactions rapides aux
changements du milieu ;
v' Mobilité adaptée aux petites et moyennes
échelles (10-100m) ;
v' Bonne relation avec la structure de la
végétation ;
1' Faible dépendance de l'association
phytosociologique.
- Les Collemboles et Psoques
Les Collemboles et Psoques ont été retenus
comme des microarthropodes ayant une sensibilité différentielle
en fonction de la qualité de l'air : le genre Xenylla
(Colombole) est polluo-tolérant (Aubertot, 2005).
3.10.3. Les vertébrés Terrestres
Les vertébrés terrestres sont également
utilisés comme indicateurs de contamination/pollution car ils ont la
capacité de concentrer diverses substances chimiques dans certaines
parties de leur organisme (Douthwaite, 2002).
- Les oiseaux
Les oiseaux occupent presque tous les habitats de la terre et
seraient des bons indicateurs, révélant des effets autrement non
détectés des traitements (Douthwaite, 2002). Les pesticides
affectent directement ou indirectement les oiseaux en diminuant leurs
populations dans la nature par la réduction de la disponibilité
de leur nourriture. Les substances incriminées sont le plus souvent, les
pesticides organophosphorés, carbamates etc. (Agritox, 1990). Les
criquets contaminés au organophosphorés (ex : Fenitrothion)
peuvent entraîner la mort des oiseaux insectivores par empoisonnement
aigu ou avoir des effets sublétaux qui affecteront leur comportement ou
le succès de leur reproduction. (Aubertot, 2005).
- Les Amphibiens
Les amphibiens vertébrés à sang froid
sont abondants dans les zones humides où ils colonisent les mares et les
cours d'eau. Leur cycle de vie comprend un stade aquatique et un stade
terrestre. Les oeufs sont pondus et se transforment en larves aquatiques
(tétards) où ils se nourrissent des algues et autres
matières végétales du milieu où ils habitent. En
général, pour ces animaux, les invertébrés
constituent les proies principales.
- Les Reptiles
Ce groupe renferme les crocodiles, les margouillats, les
varans, les grenouilles, les crapauds les tortues, les serpents etc. plusieurs
d'entre eux habitent les lieux humides et les mares dans les régions
tropicales et même subtropicales. Les reptiles possèdent des
représentants à différents niveaux trophiques et
constituent des maillons de la chaîne alimentaire. Ils se nourrissent
principalement des poissons, des insectes aquatiques et terrestres. Certains
reptiles sont adaptés dans les régions rocheuses et dans les
arbres et d'autres sont des habitants du sol. Dans la nature, les grenouilles
et crapauds et autres petits vertébrés constituent les proies des
serpents. Le danger pour ces animaux réside en ce que les proies et les
prédateurs se retrouvent tous dans les régions sèches
sableuses caractéristiques des biotopes des criquets pèlerins
(Lambert, 2002). La littérature scientifique relève un
déclin en grande proportion de certaines espèces de serpents ;
surtout dans les régions où des applications massives des
pesticides ont lieu. De fois il arrive que des animaux morts ou mourants soient
retrouvés sur des sites justes après des traitements (Aubertot,
2005). Les amphibiens et les reptiles insectivores comme les Lézards
sont un maillon du réseau trophique. Ils ont une faible capacité
de métabolisation et cela conduit alors à une accumulation des
résidus des pesticides dans les tissus.
Les impacts des pesticides sur les amphibiens et les reptiles
peuvent constituer un indice montrant que le milieu a subi une modification
naturelle ou suite à l'activité humaine. Par ailleurs, les
pesticides peuvent perturber la métamorphose chez les amphibiens
aboutissant aux individus anormaux et même influencer la croissance et le
développement (Lambert, 2002).
3.10.4. Les petits mammifères (Rats, Souris,
Musaraignes etc.)
Les petits mammifères habitent pour la plupart dans
toutes les régions du Sahel (oueds au bord des mares temporaires etc.).
Ils peuvent servir d'indicateurs écologiques pour les populations et
même pour les communautés dans divers habitats des zones des
criquets. Ce sont généralement des herbivores, insectivores et
granivores. Ils peuvent être exposés indirectement suite à
l'empoisonnement de leurs sources de nourriture. Par ailleurs, ces petits
mammifères peuvent constituer des sources potentielles de contamination
secondaire pour leurs prédateurs (oiseaux ou autres mammifères).
Les petits mammifères peuvent être en danger lors des traitements
phytosanitaires. Les Organophosphorés, les Carbamates et les
Pyréthrinoïdes peuvent avoir des effets sub-létaux qui se
manifestent sur l'état corporel et la reproduction. ils ne
génèrent pas la bioaccumulation pour ces organismes mais peuvent
se révéler très toxiques (pour les
vertébrés). (McWilliam, 2002).
3.11. Les Bioindicateurs des milieux aquatiques
3.11.1. Les invertébrés aquatiques
Cette catégorie des animaux constituent des ressources
non négligeables tant aux poissons qu'aux êtres humains (comme les
crabes, les crevettes et les mollusques etc.).
Ils assurent aussi d'autres fonctions telles que la
décomposition des débris organiques et la sécrétion
de substances nutritives pour les plantes. (Grant, 2002).
Les organismes aquatiques sont exposés aux effets des
produits chimiques par des applications directes lors des traitements contre
les ravageurs.
Les effets des pesticides peuvent être indirects sur
les écosystèmes par dérive. Les invertébrés
aquatiques sont menacés par presque tous les insecticides
synthétiques et naturels. Ils sont sensibles aux pesticides même
à faible dose. Ce qui veut dire que pour ce groupe d'organismes, il faut
une vigilance et une surveillance régulière. Leur
sensibilité permet de donner une mesure représentative de la
contamination des eaux (courantes ou stagnantes) par les insecticides, en tant
que bioindicateurs.
Tableau 3 : les invertébrés sensibles aux
pesticides
Type de pesticides
|
Contamination indirecte
|
Contamination directe
|
Organochlorés
|
Crustacea, Ephemeroptera et Plecoptera
|
Totalité du zooplancton et du benthos menacés
|
Organophosphorés
|
Heteroptera et Coleoptera de surface
(surtout les dytiscidea), Ephemeroptera et Trichoptera, Odonata
et zygoptera
|
Plus les Cladocera,
Amphipoda et Diptera
|
Carbamates
|
Crustacea, Ephemeroptera Trichoptera,
Odonata et Zygoptera
|
Totalité du zooplancton et du benthos menacés
|
Pyréthrinoides
|
Crustacea, Coleoptera, Heteroptera,
Trichoptera, Ephemeroptera Odonata et Zygoptera
|
Totalité du benthos sauf
Mollusca
|
Inhibiteurs de croissance
|
Macrocrustacés, zooplancton et autres
arthropodes
|
Tous les arthropodes
|
Phényl-pyrazoles
|
Micro-et macrocrustacés, mollusques
bivalves, organismes filtrants
|
Tous les arthropodes
|
|
Source : Colin, 2002
3.11.2. Les poissons
Le poisson est considéré comme l'un des
principaux organismes des milieux aquatiques et sa survie constitue un
témoignage indéniable de leur santé. De très
nombreuses espèces sont retenues pour étudier la toxicité
des substances chimiques employées dans la lutte contre les ravageurs
des végétaux (Le Bras, 2007). Pendant les périodes de
lutte contre les Criquets pèlerins, de grandes quantités de
pesticides peuvent tomber dans les milieux aquatiques accidentellement
induisant des effets aigus de ceux-ci aboutissant à des destructions des
poissons. L'exposition prolongée ou chronique des poissons à des
faibles doses donne lieu à des changements des populations. Pendant les
traitements aériens, on peut assister à des niveaux
élevés de contaminations des eaux. Les Organophosphorés,
les Carbamates et les Pyréthrinoïdes sont extrêmement
toxiques pour les poissons. L'utilisation des insecticides
phényl-pyrazoles à l'exemple de Fipronil, fait apparaitre divers
modes de toxicité aiguë chez les poissons. Ils sont
bioaccumulateurs (McCarton, 2002).
3.12. Biomarqueurs
Un Biomarqueur est défini comme un changement
observable et/ou mesurable au niveau moléculaire, biochimique,
cellulaire, physiologique ou comportemental qui révèle
l'expression présente ou passé d'un individu à au moins
une substance chimique à caractère polluant (Doly, 2007). Les
biomarqueurs constituent un moyen pour détecter les symptômes et
maladies par une mise en évidence précoce avant qu'il y ait
altération des organismes ou perturbation sur la population et sur
l'écosystème. Il exprime un état pathologique ou une
réponse à une contamination ou empoisonnement (Eurasanté,
2005).
3.12.1. Utilité des biomarqueurs
Ce sont des indicateurs d'état normal ou de changements
chez les individus au sein des populations (Cossu-Leguille,
2004). La finalité des Biomarqueurs est :
v' Le diagnostic : permet d'identifier la présence d'une
maladie (état anormal de santé de l'organisme) ;
v' Le pronostic : permet de déterminer l'évolution
prévisible de l'état de santé de l'organisme ;
v' Le mécanisme : rend compte de l'effet observé
en aval du traitement ;
v' La maladie (état de santé) : traduit la
conséquence ou la mesure de l'état de santé
(qualité) ;
v' L'efficacité (BM d'efficacité) : reflète
le résultat bénéfique du traitement ;
v' La toxicité (BM de toxicité) : rend compte de
l'effet toxicologique du produit sur l'organisme ;
v' Le stade : permet de faire la distinction entre
différents stades de la santé (Eurasanté, 2005).
3.12.2. Caractéristiques des biomarqueurs
Les biomarqueurs sont généralement peu
coûteux, rapides, faciles à mettre en oeuvre, donnent des
informations, reproductibles, représentent différents niveaux
biologiques, spécifiques ou généraux. Les biomarqueurs
peuvent être classés selon deux approches : i) les marqueurs
d'exposition ou biomarqueurs de défense ou d'adaptation (la
réaction de défense de l'organisme exposé à un
contaminant (Pussemier, 2004); ii) les marqueurs d'effets ou biomarqueurs de
dommage qui indique la modification directe et néfaste causée par
un contaminant à un organisme. Il existe des marqueurs dits
spécifiques et non spécifiques (voir figure17). Les marqueurs
spécifiques offrent la possibilité d'une part d'identifier un
type de contamination sur l'organisme.
Dans la même manière que le test de
toxicité, les marqueurs de qualité globale peuvent servir de
système d'alarme d'un organisme ou d'une population. Comme les tests de
toxicité sublétale, ils peuvent donner, avec une meilleure
sensibilité une indication des effets de la contamination. En
réalité, les biomarqueurs d'exposition indiquent que, le polluant
présent dans le milieu a pénétré dans l'organisme
(voir figures 17 et 18). Généralement, il est le résultat
d'interaction avec des molécules naturelles ou des liquides biologiques
; par contre, les biomarqueurs d'effets indiquent qu'après avoir
pénétré le polluant s'est répandu dans les
différents tissus, en exerçant des effets toxiques ou non.
Aujourd'hui la médecine utilise un certains nombre de biomarqueurs :
· Les protéines
· Les profils d'expression d'ARN
· Les SNPs (Single Nucléotide Polymorphismes) qui
sont des mutations ponctuelles dans l'ADN. Ils ont une valeur prédictive
diagnostique d'une maladie (mais jamais l'efficacité du produit.
· Les métabolites (carbohydratés,
stéroïdes, lipides) constitués des simples molécules
telles que : glucose et cholestérol (Eurasanté, 2005).
Figure 18 : Exemple de Différents biomarqueurs Source :
Perez, 2000
3.12.3. Biomarqueurs d'exposition ou de défense
- La biotransformation
La biotransformation indique que quand une substance chimique
pénètre dans l'organisme, elle peut subir des transformations
métaboliques. Les modifications biologiques qui surviennent sont
généralement dues aux réactions biologiques. Dans ces
conditions, les enzymes jouent un rôle très important dans
l'augmentation de l'hydrosolubilité des molécules. Cette
biotransformation peut se passer en deux phases faisant intervenir à
chaque phase une enzyme spécifique par exemple :
- La Cytochrome P450
C'est une enzyme de la biotransformation de phase I. ce sont
des composés hémoproteïques constituant une superfamille
d'enzyme localisée au niveau du réticulum endoplasmique (foie et
intestin).
- Glutathion S (Transférase GST)
Enzyme qui catalyse la conjugaison des molécules
oxydées à des substrats endogènes. C'est l'enzyme de la
phase II de la biotransformation. Sans la biotransformation, le temps de
demivie de nombreux composés serait plus longue (Doly, 2007). La
biotransformation agit en augmentant la polarité des
molécules.
Dans ce cas, on assiste à
v' La diminution de la liposolubilité
v' L'augmentation de l'hydrosolubilité v'
L'excrétion rénale et biliaire
3.12.4. Les méthodes de détection des
biomarqueurs
Quelques méthodes sont utilisées pour mesurer les
contaminations dans un milieu donné (voir tableau 4 et figure 17)
Tableau 4 : Quelques Méthodes de Mesures de
Détection de contamination
Méthodes
|
Organismes
|
Altéragènes
détectés
|
Signification biologique
|
Intégrité de
l'ADN
|
Poissons et
mollusques
|
Répond à une variété de
contaminants
|
Mesures de génotoxicité, mais
aussi très sensible pour d'autres paramètre
environnementaux
|
Oncogènes
|
Poissons
|
PAHs et autres molécules
organiques de synthèse
|
Mesure de génotoxicité
aboutissant à un processus de
cancérogénèse. Activation
d'oncogène (ras) ou dommages à des gènes de contrôle
des tumeurs.
|
Induction du
cytochrome P4501A
|
Invertébrés
|
Induction d'enzymes impliquées
dans la détoxication de contaminants organiques
linéaires (PAH PCB, pesticides...)
|
Marqueur d'exposition
|
Glutathion-S- transférase
|
Poissons et
invertébrés
|
Contamination organique
|
Marqueur d'exposition
|
Mécanisme de
résistance multixénobiotique (MXR/MDR
|
Poisson et
invertébrés
|
Contamination organique
|
Marqueur d'exposition
|
Dégénérescence du foie, des
branchies et histopathologie
|
Poissons plats
|
Réponse toxicologique générale,
répond à une large variété
de contaminants
|
Marqueur de dégénérescence des tissus
|
du rein
|
|
|
|
Anormalités des
poissons
sauvages,
embryons et
larves
|
Beaucoup de
poissons
|
Encore aucun lien clairement
démontré
|
Mesure la fréquence d'anormalité létale chez
les larves
|
Bio-test PICT
(Pollution- Induced Community Tolerence)
|
Microalgues
|
Des contaminants peuvent être
spécifiquement être testés
|
Mesure le degré d'adaptation aux polluants. Pas assez
d'application
|
Réponse allométrique dans les communautés
benthiques
|
Macro-, meio- et epibenthos
|
Non spécifique. Peut répondre à une large
variété de contaminants
|
Niveau de l'écosystème
rétrospectif
|
Source : (Perez, 2002)
3.12.5. Les biomarqueurs de défense
(d'exposition)
Certains biomarqueurs sont utilisés pour détecter
la présence des métaux dans le corps de certains organismes (La
Métallothionate, Le système antioxydant).
- Les cholinestérases
Enzyme qui catalyse l'hydrolyse des esters de la choline plus
rapidement que celle des autres esters. L'inhibition de
l'acétylcholinestérase est considérée comme un
marqueur de l'état physiologique des animaux (Doly, 2007). La
réduction de l'activité du cholinestérase est largement
utilisée dans la littérature scientifique pour décrire
l'exposition des vertébrés et/ou des invertébrés
aux pesticides de la famille des Organophosphorés et des Carbamates.
- Stabilité de la membrane lysosomale
Les lysosomes ont pour rôles de catalyser des
composés cellulaires, le transfert intercellulaire des
macromolécules et le stockage des contaminants organiques. La membrane
lysosomale peut être fragilisée si celle-ci est soumise à
l'effet des polluants organiques. Ainsi plus le temps de déstabilisation
est court, plus l'organisme est affecté par les polluants.
- Vitellogénine (action féminisante sur
l'organisme)
Cette action est assurée par les mimétiques
oestrogènes qui entrainent des perturbateurs endocriniens. Ils sont
synthétisés par le foie. La vitellogénine
(lipo-gluco-phosphoprotéine) précurseur des réserves de
l'oeuf, spécifique des femelles. Quand les mimétiques
oestrogènes sont présents, on assiste à l'action
féminisante. Ils peuvent induire la vitellogénine (Biomarqueur),
la baisse de fécondité et la diminution des caractères
sexuels secondaires chez le mâle. La vitellogénine en tant que
biomarqueurs d'effet des perturbateurs endocriniens est de plus en plus
reconnue dans les poissons et les mollusques d'eau douce et d'eau de mer (Doly,
2007).
Chapitre IV. Modèle de surveillance biologique
de
l'environnement acridien : l'Abeille comme
Bioindication
4.1.Importance des abeilles
L'environnement et l'agriculture sont tributaires de
nombreuses et diverses espèces pollinisatrices dont 20 000
espèces d'abeilles dans le monde qui contribuent à la survie et
à l'évaluation de plus de 80 % des espèces
végétales (AFSSA, 2008). Par ailleurs, la FAO estime que sur 100
espèces végétales qui fournissent 90 % des
approvisionnements alimentaires de 146 pays, 71 sont pollinisées par les
abeilles principalement par les abeilles sauvages (Napakatbra, 2010). Elles
sont connues par les produits de la ruche, du miel, du pollen et de la cire
etc. leur rôle d'auxiliaire de l'agriculture (pollinisateurs) est de plus
en plus considéré. Les abeilles jouent un rôle de
détective privé et révèle des données
très pertinentes sur l'environnement. L'abeille domestique (Apis
mellifera) de poids moyen d'environ 0,1 gramme vit avec ses
congénères en colonie constituée d'une reine,
d'ouvrières et des fauxbourdons. Pour satisfaire leur besoin en
nourriture, les abeilles butinent pour récolter le nectar et le pollen,
tant pour les adultes que pour les larves. Le butinage peut se dérouler
sur de larges territoires (4 à 6 km). Grâce à la
pollinisation, les abeilles participent grandement au maintien de la
diversité des végétaux. Ce qui fait des abeilles des
indicateurs très importants de la qualité de l'environnement.
Ainsi donc, par leur sensibilité aux insecticides, les abeilles jouent
un rôle vital pour les écosystèmes dont l'être
humain. C'est pourquoi Albert Einstein déclarait "si l'abeille venait
à disparaître il ne resterait que quelques années à
vivre pour l'être humain" (Laramée, 2007).
Cela signifierait que si les abeilles disparaissaient cela
engendrait la diminution de l'alimentation ; ceci menacerait en outre
l'existence de plusieurs espèces animales, de nombreux
écosystèmes seraient alors déséquilibrés et
l'évolution de l'humain pourrait être éventuellement
affectée.
4.2. Effets des pesticides sur les abeilles
Beaucoup de pesticides au moment la lutte antiacridienne
peuvent se retrouver dans le pollen et le nectar sources de nourriture des
abeilles. Par contre, les abeilles sont souvent victimes d'une utilisation
abusive d'un produit chimique ou qu'elles soient affectées par un
produit qui ne les ciblait pas. Malheureusement, la population de ces insectes
importants peut varier au gré de plusieurs facteurs ; plusieurs
études et publications font état du déclin des populations
des abeilles. Parmi les principales causes, on note les usages abusifs et
intempestifs de pesticides et notamment les insecticides.
Au moment des traitements par pulvérisation, les
insecticides peuvent atteindre la cible par plusieurs manières : i) Ils
peuvent tomber directement sur l'insecte et traverser le tégument si
elles se trouvent dans la zone traitée ou lorsqu'elles marchent sur les
résidus du produit déposé sur les végétaux,
ii) La contamination peut se faire si les abeilles consomment les aliments
contaminés (nectar contaminé) ; iii) Un autre mode insidieux de
contamination est à considérer : le transport au nid par les
butineuses, des aliments pollués qui vont servir de nourriture pour
leurs congénères adultes et larves (RAP, 2008). Les effets
peuvent surgir de manière immédiate ou différée :
i) L'effet immédiat est observé après quelques heures
durant 2 à 4 jours aboutissant très souvent à l'extinction
totale de la population (Belzunces et al., 1993). Le symptôme
fréquemment observé ; c'est le dépeuplement rapide des
nids suite à la mort des adultes ou des larves. Les adultes peuvent
aussi mourir à l'entrée du nid ou au sein même de la
végétation traitée.. ii) D'autres symptômes peuvent
être identifiés suite à des réactions
sub-létales qu'on peut obtenir expérimentalement par
l'application des doses de moins en moins faibles. Il a été
constaté que les traitements aériens ont un effet plus brutal car
la possibilité des abeilles d'échapper aux gouttelettes de
produit est réduite. La majorité des pesticides est
utilisée en traitement des parties aériennes des
végétaux par pulvérisation. Certains d'entre peuvent
également être utilisés dans le traitement du sol ou des
semences. Ces modalités d'emploi ainsi que le comportement des
substances et de leurs résidus dans les compartiments de l'environnement
conditionnent les modalités (voies et durée) d'exposition des
abeilles et autres pollinisateurs. (Maisons-Alfort, 2009).
Depuis les années 1990, dans les pays
industrialisés où on pratique l'agriculture intensive, les
abeilles disparaissaient mystérieusement. Les ruches étaient
vides sans traces des insectes morts à proximité c'est le
phénomène qu'on appelait « CCD : syndrome d'effondrement des
colonies d'abeilles ». Dans les régions les plus touchées
par ce phénomène, le taux de niches abandonnées
était de 70% (Fiches Pratiques// automne, 2010). Les études ont
montré que le facteur principal de cette disparition est l'utilisation
massive des pesticides qui affecteraient la faculté d'orientation des
abeilles, les empéchant de retrouver le chemin de la ruche. Ainsi
l'agriculture intensive a fragilisé l'équilibre naturel induisant
une réaction tout au long de la chaîne. Cette agriculture a besoin
de milliards d'abeilles pour la pollinisation, mais les abeilles ne peuvent pas
survivre dans un environnement pollué (Fiches pratiques//automne, 2010).
Plusieurs témoignages ont rapporté que l'affaiblissement et la
mortalité constatée chez les colonies d'abeilles en France ont
entrainé une baisse de production du miel dans l'ordre de 22 % entre les
années 1995 et 2001. Le taux de mortalité pouvait atteindre 90%
voir 100% du cheptel des abeilles lors d'une reprise d'activités en
hivers et début printemps. On a souvent rapporté les effets
néfastes de deux pesticides (imidaclopride « Gaucho » et
Fipronil « Regent Ts) qui troublent le comportement des abeilles (AFSSA,
2008 et 2009).
4.3. Abeille et bioindication
Plusieurs caractéristiques éthologiques et
morphologiques font des abeilles un détecteur écologique fiable
et irréprochable. Cela s'explique par le fait que l'abeille
prélève ses aliments dans presque tous les secteurs
environnementaux (sol, végétation, eau et air) lors des
activités de butinage, fournissant ainsi plusieurs indicateurs pour
chaque saison.
4.3.1. Modèle d'une surveillance
écologique
La bioindication des pesticides avec les abeilles est une
technique très importante non seulement pour identifier les risques
potentiels de l'empoisonnement des abeilles, mais aussi pour déterminer
le degré de la contamination de l'environnement causée par les
pesticides. Dans plusieurs cas, la pollution est causée par des
applications erronées, abusées ou même illégales des
pesticides. La surveillance écologique de l'environnement se base
généralement sur des paramètres simples et des valeurs
chiffrées disponibles dans des bases de données scientifiques.
Plusieurs scientifiques révèlent qu'il y a deux façons
principales de détecter la pollution de l'environnement par les abeilles
: i) soit par l'analyse du risque qui se traduit par la mortalité des
abeilles à la suite du non respect des paramètres techniques des
traitements, ii) soit par l'analyse dans le laboratoire de ses produits (miel,
pollen et nectar).
En effet, un modèle de surveillance écologique,
plus souvent fait intervenir des opérations mathématiques, pour
agréger des variables afin de fournir une valeur indicatrice qui
renseigne sur le risque que peut engendrer pour un environnement, l'utilisation
des insecticides.
4.3.2. Méthodologie adaptée
Notre approche suivie pour construire un indicateur biologique
(cas d'abeille) s'inspire des ouvrages, rapports et bases de données
disponibles (système de décision pour l'évaluation des
effets non intentionnels des produits phytosanitaires sur l'environnement (les
abeilles), Fiche ECOBAG , Programme ADEME « Bioindicateurs de
qualité des sols », 2009 ; SGS, 2007 ; guide pour l'utilisation des
tests écotoxicologiques du GTTE/CIPRL, 2002). Elle est simple et
consiste à comparer les données de terrain avec les valeurs de
références. Ainsi donc, lors des pulvérisations, on ne
peut pas a priori exclure que l'utilisation des produits chimiques ne puisse
pas présenter un risque pour plusieurs espèces non-cibles dont
les abeilles. C'est pourquoi, il conviendrait d'examiner plus
profondément le risque qu'il peut représenter pour les organismes
récepteurs biologiques (bioindicateurs) au niveau du terrain.
4.3.3. Evaluation des effets des pesticides sur les
abeilles
La surveillance écologique des
écosystèmes naturels est fondée sur un ensemble de
méthodes d'essais (sur le terrain ou au laboratoire) déjà
disponibles dans la littérature scientifiques. Les données
référencées aident à comparer les résultats
obtenus. Cette comparaison prouvera si les abeilles sont exposées aux
insecticides utilisés pendant les opérations de traitement. Le
risque peut être évalué en comparant le danger
c'est-à-dire des valeurs toxicologiques de référence pour
cette espèce, à l'exposition c'est-à-dire à la
contamination potentielle de l'espèce (Bolduc, 2003). Une surveillance
efficace doit considérer quatre niveaux : i) Etat de santé des
écosystèmes : cela concernera : Les observations sur le terrain
de risques d'exposition ; ii) la connaissance des propriétés
physico-chimiques des insecticides c'est-àdire références
bibliographiques de la toxicité (DL50) et la persistance (DT50) des
insecticides ; iii) un modèle conceptuel qui prendra en compte les
indicateurs écologiques spécifiques aux insecticides
donnés, iv) La mesure ou l'appréciation du danger et du
degré de l'exposition à travers le taux de mortalité
observé suite à l'utilisation sur le terrain ou au laboratoire
des doses variées des insecticides. Dans ce cas, on procède
à : a) l'évaluation du risque à travers : le danger
probable ; l'exposition ; l'indice du risque dont on pourra apprécier le
degré de dangerosité à travers cinq classes ;
b) l'élaboration des principes de la gestion du risque
encouru par les abeilles dans son environnement par : i) la fixation des seuils
du risque (5 classes : 1ère classe : négligeable,
2ème classe : faible, 3ème classe : moyen,
4ème classe : dangereux et 5ème classe :
très dangereux) ; ii) la fixation des zones de traitements sans risque
(zone tampon ou zone à risque) ; l'apport des mesures
réparatrices en cas des intoxications immédiates ou
différées. Pour ce faire, il sera nécessaire de
considérer certains principes d'identification et de
caractérisation du problème qui pourrait surgir lors des
traitements et qui pourrait influencer l'état de santé des
écosystèmes : i) l'identification de la zone à traiter
c'est-à-dire le territoire concerné par le traitement qui
regroupe la végétation, l'état phénologique et la
période) ; ii) la surveillance environnementale (mortalité et le
déclin des populations des abeilles etc.) ; iii) l'analyse au
laboratoire du risque en utilisant différentes doses des insecticides ;
iv) les plaintes des apiculteurs (signalement des symptômes
observés) ; v) les études écotoxicologiques des
insecticides ; vi) la vérification des doses recommandées ou dose
de repère admise (SGS, 2007). Cela pourra nécessiter des
enquêtes au préalable sur les dangers potentiels et sur
l'exposition de la population des abeilles. Cette enquête pourra
élucider les effets de perturbation et la fixation de seuils de danger
(Bolduc, 2003). De façon générale, l'évaluation du
risque pour la santé des écosystèmes comprendra quatre
étapes principales : i) l'identification du danger (analyse du risque
à travers l'exposition) qui permettra de reconnaître et à
présenter une situation ou un insecticide pourra comporter un risque
pour les abeilles dans leur milieu (voies d'exposition, effets etc.) ; ii) la
caractérisation du danger qui servira principalement à
définir les doses de l'insecticides pour lesquelles des effets
néfastes sur les abeilles sont susceptibles de se manifester ; iii)
l'estimation de l'exposition nous permettra de calculer les doses auxquelles
les abeilles sont exposées en raison de la contamination en tenant
compte des différentes voies de pénétration de
l'insecticide dans l'organisme de l'insecte ; iv) l'indicateur de risque permet
d'estimer quant à lui le seuil du risque et son incertitude en mettant
en relation les informations sur les caractéristiques toxicologiques ou
écotoxicologiques de l'insecticide et les doses d'exposition.
4.3.4. Analyse du risque à travers le danger
Les variables à considérer :
a) le produit : i) la toxicité
(DL50 orale, cutanée (mg/kg), CL50 par inhalation
(mg/l) ; ii) La Demi-vie (DT50 sol, eau, air,
végétation et sédiment) ; b) le milieu :
i) le type et l'état phénologique de la végétation
et ii) les conditions météorologiques (la vitesse et la direction
du vent) ;
c) Au moment du traitement : i) dose
recommandée (g/ha) ; ii) surface à traiter ; iii) mode
d'application ; iv) surface tampon ; v) surface affectée par la
dérive. Les valeurs de référence (effets
écotoxicologiques) : elles sont estimées à partir d'essai
de toxicité sur les abeilles.
4.3.5. Calcul du danger (D)
Danger (D) = Dose x Exposition x Temps d'exposition
En général, le danger se révèle
comme l'effet susceptible de se produire c'est-à-dire l'effet d'une
substance sur un être vivant. Un paramètre très important
est à considéré ; la probabilité du produit de se
retrouver dans l'air, C'est la DT50 dans l'air (inhalation) ou
DT50 dans l'organisme de l'insecte. Alors l'équation pourra
aussi dépendre de ce paramètre.
On écrira aussi : Danger (D) = Dose x Exposition x DT50
Dans le cas d'une bioaccumulation, D = Dose x Exposition x
DT50 x BCF
DT50 : la demi-vie du produit utilisé
BCF : facteur de bioaccumulation obtenu à partir d'une
équation utilisant kow (coefficient de partage Octanol et l'eau).
4.3.6. Calcul de l'Exposition (E)
L'exposition est nécessaire pour que le danger se
produise. Elle nous aide à évaluer la probabilité de
trouver une substance active donnée en concentration toxique dans un
milieu. Alors si la substance existe dans le milieu, on procède à
la mesure de ce produit dans l'environnement. Ainsi la modélisation
devient un outil de choix pour la prévention.
Exposition (E) = Dose x Toxicité x Temps d'exposition Ou E
= Dose x DL50 x DT50 Sur la base de cette
hypothèse de probabilité = 1, on a Exposition = Dose x
Toxicité x 1
Les facteurs qui influencent l'exposition sont
généralement : i) la végétation traitée
(attractive ou non) ; ii) la date et heure de traitement ; iii) la dose
recommandée ; iv) la dose appliquée ; v) le mode d'application ;
vi) la largeur de la zone tampon pour les déperditions par dérive
; vii) la surface traitée/surface totale ; viii) la persistance du
produit
4.3.7. Indicateur de Risque Environnemental (IRE)
L'indicateur de risque environnemental (IRE) tient compte des
propriétés physico-chimiques des insecticides utilisés.
Elles conditionnent leur devenir et leur comportement dans l'environnement de
méme que leur potentiel écotoxicologique (c'est-à-dire les
effets toxiques pour les espèces animales ou végétales)
(Marie-Hélène et al., 2003).
Les paramètres considérés dans la
détermination d'un indice de risque environnemental sont
généralement : i) l'impact sur les invertébrés
terrestres ; ii) l'impact sur les oiseaux ; iii) l'impact sur les organismes
aquatiques (poissons et autres) ; iv) la mobilité ; v) la persistance
dans le sol ; vi) le potentiel de bioaccumulation ; vii) la dose d'application
et le type de végétation (SGS, 2007). Pour connaitre le risque
réel que courent les abeilles, on peut utiliser des valeurs provenant du
rapport Toxicité/Exposition appelé Indice de Risque ou indicateur
de risque.
Pour le calcul de l'IRE, il faut avant tout connaitre les
paramètres de la matière active : - les
propriétés physico-chimique (voir annexe : tableau 12) ;
- les propriétés écotoxicologiques (voir
annexe : tableau 10) ;
- les paramètres des préparations commerciales et
les lieux d'utilisation (la dose
recommandée ; la quantité appliquée et le
type de la végétation ;
- les organismes retenus (ceux qui sont
régulièrement utilisés).
Application : l'impact sur les abeilles est
évalué à partir des quotients d'exposition orale (Qeo) ou
par contact (Qec) pour les abeilles (SGS, 2007). Ainsi : Qeo = Qec =
Dose Quantité de produit/Toxicité (Dose en ml/ha ou g/ha
; DL50 orale ou par contact en ug/abeille). Les effets indésirables sur
les abeilles sont négligeables quand Qeo ou Qec < 50. (IRE) =
Toxicité / Exposition
Par des essais de terrain ou au laboratoire, on peut parvenir
à fixer des seuils de risque d'exposition. Pour cela, le processus
comprendra :
- une étude bibliographique des paramètres, des
propriétés physico-chimiques et écotoxicologiques des
insecticides utilisés dans la lutte antiacridienne (voir annexe tableaux
10 et 12) ;
- l'identification du problème d'une manière
générale : les abeilles sont-elles
exposées aux produits de traitements lors des
opérations de la lutte antiacridienne ?
- procéder au calcul de l'indice de risque.
Si le risque est élevé alors le traitement est
suspendu (pas de traitement) et les effets indésirables seront
évalués selon les âges (adultes ou larves), les sexes et
selon la communauté (colonie) le produit est retiré si le seuil
de risque est élevé (de 4 à 5). Mais ce risque
dépendra de la persistance du produit dans l'air ou sur le feuillage.
Si le risque est faible on pourra changer les conditions d'essais
(du terrain au laboratoire ou vise versa), le mode de contamination : donner
une alimentation contaminée) ;
- l'étape suivante doit concerner l'analyse de la
probabilité pour que les abeilles soient contaminées (les
corrections des incertitudes d'essais pour la prise de décision).
4.3.8. Caractérisation du Risque
v' Négligeable : aucun effet sur l'insecte donc
l'écosystème ne peut être victime de perturbation par le
produit utilisé.
v' Faible : la dose utilisée n'a pas d'effets visibles sur
l'environnement sauf quelques perturbations.
v' Moyen : on peut observer quelques cas de mortalité des
insectes au cours des pulvérisations ou aux abords des nids.
v' Dangereux : on note un pourcentage élevé de
mortalité chez les abeilles.
v' Très dangereux : on peut assister à l'extinction
totale de la population des abeilles.
Perspectives
L'utilisation des bioindicateurs ouvre de nouvelles
perspectives dans le domaine de la lutte antiacridienne. C'est-à-dire
permet : i) la détermination des espèces indicatrices biologiques
réelles des écosystèmes terrestres et aquatiques des zones
du Criquet; ii) le choix judicieux des pesticides lors des opérations de
la lutte antiacridienne ; iii) la planification raisonnée des
opérations de lutte en tenant compte des espèces exposées
ou en danger et au-delà, les indicateurs biologiques menacés ;
iv) la recherche des produits moins dangereux (alternatifs) pour les organismes
non-cibles ; v) la prédisposition des solutions/mesures
d'atténuation ou réparatrices en cas d'accidents involontaires ou
de pollution/contamination lors des traitements.
Conclusion
A l'issu de cette étude, nous sommes amenés
à conclure que la question des impacts des pesticides en
général et ceux utilisés en lutte antiacridienne est
extrémement vaste mais n'a quasiment jamais été
abordée avec plus d'attention dans son ensemble surtout dans le Sahel
(sauf quelques études menées par CERES-LOCUSTOX, les
années 1991, 1998, 2002). La majorité des chercheurs
considère le facteur "pesticides" comme l'une des composantes à
priori perturbateurs/modificateurs des milieux terrestres ou aquatiques. Si
aujourd'hui, on peine à isoler le paramètre, "pesticides" des
autres paramètres contraignants pour les écosystèmes,
beaucoup d'études permettent néanmoins d'appréhender
l'impact observé sur les individus, les populations ainsi que les
communautés pendant les opérations de lutte antiacridienne. On
connaît maintenant qu'il y a une diversité de la
sensibilité des différentes espèces/populations aux
variations des conditions environnementales qui découlent des
caractéristiques écologiques des différentes
espèces. Il est très difficile d'appréhender de
manière immédiate les changements ou l'évolution à
long terme des pesticides dans l'environnement. Comme il est très
difficile de conclure sur l'impact d'une substance chimique sur les organismes
vivants, on fait généralement appel à
l'écotoxicologie qui se penche sur les études des
paramètres objectifs comme la toxicité des insecticides, leur
mode d'action etc. Face aux lacunes de la chimie conventionnelle, il est apparu
un nouvel outil qui permet de suivre la qualité (santé) des
milieux. Ainsi les bioindicateurs - biomarqueurs constituent cet outil
d'évaluation de la qualité de l'environnement.
Il permet d'apporter un complément aux analyses
chimiques des produits agresseurs de l'environnement et peuvent procurer une
bioévaluation à moyen et long termes des expositions et dommages
à différents niveaux d'organisation biologique. Connaissant les
modifications ou perturbations à un niveau de la chaîne trophique,
on peut apporter des solutions ou mesures de rétablissement par de
actions d'atténuation des conséquences de ces perturbateurs ou
agresseurs qui sont les pesticides.
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à mettre en oeuvre" 76p.
Annexes
Tableau 5 : Exemple de contamination par différents
pesticides
Type de pesticides
|
Contamination indirecte
|
Contamination directe
|
Organochlorés
|
Crustacea, Ephemeroptera et Plecoptera
|
Totalité du zooplancton et du benthos menacés
|
Organophosphorés
|
Heteroptera et Coleoptera de surface (surtout les
dytiscidea), Ephemeroptera et Trichoptera, Odonata et
zygoptera
|
Plus les Cladocera,
Amphipoda et Diptera
|
Carbamates
|
Crustacea, Ephemeroptera Trichoptera, Odonata et
Zygoptera
|
Totalité du zooplancton et du benthos menacés
|
Pyréthrinoides
|
Crustacea, Coleoptera, Heteroptera, Trichoptera,
Ephemeroptera Odonata et Zygoptera
|
Totalité du benthos sauf
Mollusca
|
Inhibiteurs de croissance
|
Macrocrustacés, zooplancton et autres arthropodes
|
Tous les arthropodes
|
Phényl-pyrazoles
|
Micro-et macrocrustacés, mollusques bivalves,
organismes filtrants
|
Tous les arthropodes
|
Source : Colin, 2002
Tableau 6: Caractéristiques toxicologique et
écotoxicologique des Pesticides Utilisés dans la Lutte
Antiacridienne.
Insecticides
|
Organismes non cibles (toxicité aiguë voie
orale DL50/ CL50 (mg kg-1))
|
Mammifères
|
Oiseaux
|
Poissons (Toxicité aiguë 96
heures)
|
Abeilles (Toxicité aiguë 48
heures LD50 (jig abeille-1))
|
Chlorpyriphos
|
66 (Rat) Elevé
|
13.3 (Coturnix coturnix Elevé
|
0.0013 (Oncorhynchus mykiss) Elevé
|
0.059
Contact Elevé
|
Malathion
|
1178 (Rat) Modéré
|
359 Colinus virginianus
Modéré
|
0.018 Oncorhynchus mykiss Elevé
|
0.16
Contact Elevé
|
Fénitrothion
|
330 (Rat) Modéré
|
2.3 Phasianidae Elevé
|
1.3 Oncorhynchus mykiss Modéré
|
0.16 Contact Elevé
|
Deltamethrine
|
87 (Rat) Elevé
|
> 2250 Colinus virginianus
Faible
|
LC50 (mg l-1) 0.00026 Oncorhynchus mykiss
Elevé
|
0.0015 Contact Elevé
|
lambda cyhalothrine
|
20 (Elevé)
|
> 3950 (faible)
|
0.00021 Lepomis macrochirus(Elevé)
|
0.038 Contact (Elevé)
|
diflubenzuron
|
> 4640 (Rat) Faible
|
> 5000 Colinus virginianus
Faible
|
> 0.13 Oncorhynchus mykiss Modéré
|
> 25 Oral Modéré
|
|
|
|
|
|
Téflubenzuron
|
> 5038 (Rat) Faible
|
> 2250 Colinus virginianus
Faible
|
> 0.0065 Lepomis macrochirus
Elevé
|
72 Oral Modéré
|
Source : Base de données PPDB, 2010
Tableau 7: Classification des Pesticides selon leur
Toxicité.
Classification OMS des pesticides selon le
risque
|
Catégorie
|
DL50 pour les rats (m.a./kg de poids
corporel)
|
Voie orale
|
Voie cutanée
|
Solides
|
Liquides
|
Solides
|
Liquides
|
Ia
|
5 ou moins
|
20 ou moins
|
10 ou poins
|
40 ou moins
|
Ib
|
5 à 50
|
20 - 200
|
10 à 100
|
40 à 400
|
II
|
50 à 500
|
200 à 2 000
|
100 à 1 000
|
400 à 4000
|
III
|
Plus de 500
|
Plus de 2 000
|
Plus de 1 000
|
Plus de 4 000
|
IV
|
Plus de 2 000
|
Plus de 3 000
|
|
|
Source Cressman, 2001
Tableau 8: Caractéristiques Physico-chimiques des
Pesticides Utilisés en Lutte Antiacridienne.
Groupe chimique
|
Nom chimique
|
Formule chimique
|
Mode d'action
|
Mode d'action biochimique/ exposition
|
Organophosphorés
|
Chlorpyrifos
|
C9H11Cl3NO3PS
Masse moléculaire: 350.6
|
contact et ingestion
|
inhibiteur de L'acétylcholinestérase
(AChE) possibilité d'effets cumulatifs
|
Fenitrothion
|
C9H12NO5PS
Masse moléculaire:
277.2
|
large spectre contact et par ingestion
|
Inhibiteur de L'acétylcholinestérase
(AChE)
possibilité d'effets cumulatifs.
|
Malathion
|
C10H19O6PS2
Masse moléculaire: 330.4
|
contact, ingestion et de l'action des
voies respiratoires
|
Inhibiteur de l'acétylcholinestérase (AChE)
possibilité d'effets cumulatifs
|
Pyréthrinoïdes
|
Deltaméthrine
|
C22H19Br2NO3 ;
Poids moléculaire (g mol- 1) : 505.2
|
La substance peut être absorbée par l'organisme
par inhalation de ses aérosols et par ingestion.
|
inhibiteur de la synthèse de la chitine
|
Lamdacyalothrine
|
C23H19ClF3NO3 ;
Poids moléculaire (g mol- 1) :
449.85
|
contact et par ingestion. Certaines
propriétés de répulsion. La
substance peut être absorbée par l'organisme par inhalation
de fines poussières ou de
|
modulateur des canaux sodiques
La substance peut avoir des effets sur le système
nerveux périphérique, entraînant des convulsions ou de
l'ataxie.
|
|
|
|
brouillards
|
|
Inhibiteurs de
croissance
|
Diflubenzuron
|
C14H9ClF2N2O2 ;
Poids moléculaire (g
mol-1) : 310.68
|
contact et ingestion
|
agit en inhibant la synthèse de la chitine
|
Téflubenzuron
|
C14H6Cl2F4N2O2 ;
Poids moléculaire (g
mol-1) :381.11
|
Systémique
|
inhibiteur de la synthèse de la chitine
|
Source : Base de données PPDB, 2010
Tableau 9: Devenir des Pesticides dans les milieux aquatiques et
les milieux terrestres.
Pesticides
|
Milieux
|
caractéristiques
|
Fénitrothion
|
Milieu aquatique
|
8 ug/L à 2,6 ug/L, 6 jours Après traitement dans
une mare
|
Milieu terrestre
|
138 mg/kg de feuille de mil humide, 1 heure après
traitement avec 450 g m.a/ha (Demi-vie : 24 heures avec pluie ; Délai de
carence pour le fourrage : 5 jours
|
Chlorpyriphos
|
Milieu aquatique
|
La concentration et la persistance dans l'eau dépend du
type de formulation : elles sont plus importantes avec les EC et P. l'hydrolyse
augmente avec la température ; elle diminue de 2,5 à 3 fois
à chaque baisse de température de 10°C ; la Demi-vie varie
de 35 à 78 jours à 25°C et pH 7,0
|
Milieu terrestre
|
30 mg/kg végétation humide ; 1 heure
après traitement avec 240 g m.a/ha ; Demi-vie : 36 heures avec
indifférence à la pluie ; Délai de carence pour le
fourrage : 7 jours ; moins persistant dans le sol à pH
élevé ; Demi-vie non affecté par la texture et la
matière organique.
|
Malathion
|
Milieu aquatique
|
Soluble dans l'eau et à cet effet peut être un
risque pour les eaux souterraines ; Demi-vie : moins de 1 semaine
|
Milieu terrestre
|
96 mg/kg de feuille de mil humide : 1 heure après
traitement avec 240 g m.a/ha ; Demi-vie :
|
|
|
60 heures avec pluie ; Délai de carence pour le fourrage :
3 semaines ; moins persistant dans le sol ; Demi-vie : 1 á 25 jours ;
dégradation rapide avec la lumière.
|
Deltamétrine
|
Milieu aquatique
|
Dispersion dans l'eau est relativement rapide lié á
une rapide adsorption par les particules en suspension.
|
Milieu terrestre
|
1,2 á 2,2 mg/kg de végétation humide ; 1
heure après traitement avec 15 g m.a/ha ; Demivie : 45 heures en
période de pluie et 136 heures en l'absence de pluie ; Délai de
carence pour le fourrage : 7 á 14 jours
|
Diflubenzuron
|
Milieu aquatique
|
Demi-vie de 1 á 5 jours dans les marres temporaires assez
élevée peut accélérer la disparition du produit
dans l'eau.
|
Source : CERES-locustox ; 2008
Tableau 10: les pesticides reflétant le danger pour des
organismes non cibles
Organismes non cibles
|
Fenithrothion
|
Chlorpyriphos
|
Deltamétrine
|
Diflubenzuron
|
Oiseaux
|
+
|
+
|
|
-
|
Poissons
|
-
|
++
|
|
|
Invertébrés aquatiques
|
|
|
|
|
Cladocera
|
++
|
+
|
++
|
++
|
Copepoda
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Ostracoda
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Macro crustacés
|
|
|
|
|
Anostracea
|
-
|
|
|
|
Decapode (crevette)
|
++
|
++
|
++
|
++
|
Hémiptera
|
|
|
|
|
Notonectinda
|
++
|
++
|
++
|
-
|
Corixidae
|
++
|
+
|
++
|
-
|
Gerridea
|
++
|
++
|
+
|
-
|
Coleoptera
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Dyticidae
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++
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++
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-
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Hydrophilidae
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++
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++
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-
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Odonate (larves)
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+
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+
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Diptera
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Chironomidae (larves)
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-
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+
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Invertébrés terrestres
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Coleoptera
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Tenebrionidae
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++
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-
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-
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Carabidae
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-
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+
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+
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Coccinellidae
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++
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+
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++
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Hymenoptera
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Braconidae
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++
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+
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++
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++
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Ichnemoidae
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+
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-
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++
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++
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Sphecidae
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+
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-
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+
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Diptères utiles
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+
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+
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Termites
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+
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-
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+ signifie effets peu toxiques
++ signifie effets très toxiques
-Ne signifie pas d'effets (non toxique) vide signifie pas de
données
Source : CERES-locustox ; 2008
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