Dédié
A Dieu Tout Puissant
REMERCIEMENTS
Cet ouvrage, fruit de notre première expérience
de recherche, nous le devons à bien de personnes qui n'ont
ménagées aucun effort pour que nous y parvenions.
Nos remerciements vont de prime abord à l'endroit de
nos maitres et de tout le corps professoral du Nouveau Programme de
Troisième Cycle Interuniversitaire (NPTCI). Mention spéciale :
· Au Professeur KOUADIO Benié
Marcel, notre directeur de recherche, qui nous a guidé dans
notre démarche et auprès de qui nous avons
bénéficié d'une attention particulière;
· Aux Professeurs SEKA Pierre Roche
(Doyen de l'UFR - SEG), Aké N'GBO (Directeur
de l'école doctorale), Mama OUATTARA, et YAO
Yao Joseph pour les enseignements et conseils combien précieux
tout au long du programme d'enseignement ;
· Aux Docteurs N'GUESSAN Bi Tah
(Directeur du NPTCI - Abidjan), OUATTARA Wautabouna, KOMENAN
Narcisse et AHOURE Alban pour leur suivi
pédagogique et leur disponibilité fort
appréciés.
· Aux Docteurs TANO Paulin et
ALLO Richard pour leur soutien
· A Messieurs KPAN Clément et
GAOUSSOU respectivement responsable de la recherche et
responsable de la bibliothèque à la direction nationale de la
BCEAO pour nous avoir aidés à obtenir des données utiles
à notre recherche
· A Messieurs KOURSANGAMA Adama et
SOME Juste, étudiants à l'Ecole Nationale de
Statistique et d'Economie Appliquée (ENSEA) d'Abidjan pour leur aide
précieuse dans la conduite de nos estimations
économétriques
Nous n'oublions pas de remercier tous nos amis de la
Première Promotion du Nouveau Programme de Troisième Cycle
Interuniversitaire, avec
qui nous avons pris du plaisir à travailler et qui
n'ont cessé de nous témoigner leur solidarité.
Pour les énormes sacrifices qu'ils ont du consentir et
pour nous avoir inculqué le goût du travail bien fait et de la
persévérance, nous voulons traduire notre gratitude
éternelle à notre père et notre mère. Nous
n'oublions pas nos frères, soeurs et nos amis qui n'ont cessé de
nous encourager et qui se reconnaitront dans cette adresse de remerciements
à leur endroit.
Que tous trouvent se qui nous ont apporté leur soutien
de près ou de loin et qui n'ont vu leur noms cités, trouvent ici
l'expression de notre profonde reconnaissance.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AD Agregate Demand (demande agrégée)
AS Agregate Supply (Offre agrégée)
BCEAO Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
CEAP Coopération Economique Asie et Pacifique
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africain
INFL Taux d'inflation
IPC Indice de Prix à la Consommation
NAIRU Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployement
OCDE Organisation de Coopération et de
Développement Economique
PIB Produit Intérieur Brut
SCR Somme des Carrés des Résidus
TCCONSM Taux de Croissance de la Consommation des
Ménages
TCDEX Taux de Croissance de la Dette Extérieure
TCDP Taux de Croissance des Dépenses Publiques
TCI Taux de Croissance de l'Investissement
TCM2 Taux de Croissance de la Masse Monétaire M2
TCPOP Taux de Croissance de la Population
TCR Taux de Croissance du PIB réelle
TCTE Taux de Croissance du Terme de l'Echange
WDI World Developpement Indicators
RESUME
La relation entre l'inflation et la croissance
économique est longtemps demeurée l'objet de nombreuses
controverses entre les différents courants de pensée
économique. Toutefois, dans l'évolution de ce débat, s'est
dégagé un consensus qui concilie toutes les positions et selon
lequel il existe un seuil d'inflation en dessous duquel l'inflation est sans
effet ou corrélée positivement à la croissance
économique et au-delà duquel, elle nuit à la croissance
économique. Dans le cadre de l'UEMOA, les responsables de la politique
monétaire ont fixé comme cible d'inflation le taux de 3% qui
implique une conduite particulière de cette politique. A la question de
savoir quel pourrait être dans la zone UEMOA, le taux optimal
d'inflation, nous avons porté notre investigation sur
l'évaluation du niveau seuil de celle-ci. Ainsi, en nous appuyant sur le
modèle de seuil de Hansen (1999), nous estimons ce taux optimal en
moyenne à 8% dans l'UEMOA.
Mots dles:
inflation-croissance économique-seuil ABSTRACT
The relationship between inflation and economic growth has
been controversial within economic thought. However, in evolution of this
debate, we come to a consensus which conciliates the divergences and suggests
that it exists a threshold effect of inflation. Monetary policy makers in West
African Economic and Monetary Union (WAEMU) has chosen 3% as the target of
inflation which involves a particular leading of this policy. In this thesis,
we investigate on the optimal inflation in WAEMU by assessing his threshold
level on this area. Applying Hansen's (1999) threshold model, we estimate this
optimal rate to 8%.
Keywords: inflation-economic
growth-threshold
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
TABLEAUX
Tableau1 : Les pays ayant respecté les critères
primaires (1er rang) de convergence de l'UEMOA 37
Tableau 2 : Résultats des régressions
économétriques 36
Tableau 3 : Présentation du seuil choisi 37
FIGURES
Figure 1: Relation inflation et croissance économique au
Benin 44
Figure2:Relation inflation et croissance économique au
Burkina
Faso 44
Figure 3: Relation inflation et croissance économique en
Cote d'ivoire 44
Figure 4: Relation inflation et croissance économique au
Mali 44
Figure 5: Relation inflation et croissance économique au
Niger .. 45
Figure 6: Relation inflation et croissance économique
au
Sénégal .45
Figure 7: Relation inflation et croissance économique au
Togo . 45
SOMMAIRE Dédicace 1
REMERCIEMENTS 2
REMERCIEMENTS 2
SIGLES ET ABREVIATIONS 4
RESUME 5
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES 6
SOMMAIRE 7
INTRODUCTION 9
1ère PARTIE : LA RELATION INFLATION -CROISSANCE ECONOMIQUE
DANS LA PENSEE ECONOMIQUE 12
Chapitre 1 : Les contributions des approches doctrinales
à l'analyse de la nature du lien entre l'inflation et la croissance
économique 13
1.2. L'inflation : un frein à la croissance
économique 18
Chapitre 2 : Le lien entre l'inflation et la croissance
économique : De la controverse au consensus 25
2.1. Les divergences dans l'approche de la relation inflation
croissance économique 25
2.2. Le consensus empirique dans l'approche de la nature de la
relation inflation et croissance économique 30
2ème PARTIE : LA RELATION INFLATION-CROISSANCE
ECONOMIQUE : UNE APPROCHE ECONOMETRIQUE DANS LE CADRE DES PAYS DE L'UEMOA 34
3.1. Les spécificités du cadre économique
des pays de l'UEMOA 35 Chapitre 3 : L'analyse de la structure économique
de l'UEMOA 35
3.2. Analyse de l'inflation et de la croissance économique
dans les pays de l'UEMOA 41
4.1. Choix du modèle : Modèle de seuil 47
Chapitre 4 : Approche économétrique de la relation
inflationcroissance économique dans les pays de l'UEMOA 47
4.2. Données et variables 50
4.3. Estimations et interprétations des résultats
52
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 55
LES LIMITES DE L'ETUDE 57
ANNEXES 58
TABLE DE MATIERES 63
INTRODUCTION
Le lien entre l'inflation et la croissance économique a
fait l'objet d'un intérêt considérable au cours des
dernières décennies chez les macroéconomistes, les
décideurs et les banques centrales des pays développés et
des pays en développement. En particulier, la question sur le fait que
l'inflation soit nécessaire ou nuisible à la croissance
économique a entrainé un débat théorique et
illustré par des résultats empiriques. En fait, provenant du
contexte d'Amérique latine dans les années 50, la question a
généré un débat persistant entre les
monétaristes et les structuralistes. Les structuralistes pensent que
l'inflation est essentielle pour la croissance tandis que les
monétaristes la perçoivent comme nuisible au progrès
économique. En outre, certaines études empiriques ont
confirmé soit la relation positive ou négative qui existe entre
ces deux variables macroéconomiques.
Aujourd'hui, un consensus s'est élaboré autour
de la question à savoir qu'une inflation faible et stable relance la
croissance économique (Mubarik, 2005). En fait, des études
empiriques ont examiné la relation entre l'inflation et la croissance
économique de long terme et ont attesté que celle-ci pourrait
être non linéaire. La possibilité de non
linéarité a été d'abord identifiée par
Fischer(1993). En outre, Sarel (1996) a spécifiquement testé
l'existence d'une rupture structurelle dans la relation entre l'inflation et la
croissance économique. Ainsi, a un niveau (faible) d'inflation la
relation pourrait être positive, non existante, mais à des taux
élevés elle devient négative. Alors, si une telle relation
non linéaire existe il serait possible d'estimer un point d'inflexion,
ou le seuil, à partir duquel le signe de la relation change.
Ainsi, cette nouvelle vision de la relation entre l'inflation
et la croissance économique considère qu'il existe un seuil de
l'inflation, qui lorsqu'il est excédé a des effets
négatifs sur la croissance économique. Une étude originale
de Khan et Senhadji(2000) a estimé les niveaux seuils de
l'inflation des pays développés et ceux en
développement. Selon eux, les pays développés ont un seuil
qui se situe entre 2et3% et les pays en développement, entre 7 et 11%.
S'inspirant de cette étude Yasir Mubarik(2005) a estimé de
façon robuste le seuil du Pakistan à 9%.
Les pays de l'UEMOA ont adopté, en 1999, un pacte de
convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité dans
lequel la commission bancaire de l'union a fixé la norme d'inflation
à un taux de 3% maximum. Au regard de l'étude de Kahn et
Senhadji, l'on est tenté de se demander si la cible d'inflation dans
cette zone est optimale. Cette question revêt un intérêt
quant à l'efficacité de la politique monétaire. En effet,
les indicateurs de la politique monétaire dans le cadre de la BCEAO qui
sont principalement les taux d'intérêt directeurs et la masse
monétaire dépendent de cet objectif d'inflation fixé
à 3%.
En se référant à la théorie,
particulièrement keynésienne, la politique monétaire
expansive pourrait relancer l'économie par une hausse de la demande
effective même si elle s'accompagne d'une inflation qui paraît
essentiel. Alors que dans la zone UEMOA, la politique monétaire est
restrictive et prudente pour éviter que l'inflation excède la
norme de 3% qui semble être dangereuse pour la croissance
économique. Les statistiques récentes de la BCEAO sur
l'évolution de l'inflation et la croissance économique de la zone
UEMOA montrent que de 2004 à 2007 l'inflation est passée de 0,5%
en 2004 à 4,3% en 2005, 2,3% en 2006 et à 2,4% en 2007 tandis que
pendant cette même période le taux de croissance économique
passait de 2,8% à 4,1% puis à 3,1% et à 3%.
A la lumière de ce qui précède, la norme
d'inflation de 3% est elle optimale? Quel pourrait être le seuil de
l'inflation dans l'UEMOA ? En d'autres termes, à partir de quel niveau
l'inflation serait elle néfaste pour la croissance économique
?
En un mot, quelle est la nature de la relation entre
l'inflation et la croissance économique dans la zone UEMOA ?
Cette étude se fixe, donc, comme objectif principal
d'examiner la nature de la relation entre les grandeurs macroéconomiques
susmentionnées. Toutefois, de façon spécifique elle
s'emploie à analyser la cible actuelle et à déterminer le
seuil d'inflation de la zone UEMOA.
Dans le cadre de la politique du ciblage d'inflation cette
étude pourrait intéresser les autorités de la politique
monétaire dans leur choix d'objectif en ce qui concerne le niveau
d'inflation et qui dans la coordination des politiques, souhaitent rehausser le
niveau de la croissance économique. L'évaluation du seuil de
l'inflation, contribuant à l'efficacité des politiques
économiques, aide dans un environnement international, en proie aux
crises inflationnistes à améliorer le bien-être de la
population.
S'appuyant sur le modèle de seuil de Hansen (1999),
nous supposons dans notre démarche, que la relation entre l'inflation et
la croissance économique est non linéaire et que l'inflation a un
effet négatif sur la croissance économique au-delà du
niveau seuil qui est supposé se situer entre 7 et 11%.
Pour atteindre l'objectif que nous nous sommes fixés,
nous avons organisé le présent document en deux parties. La
première partie présente la relation inflation-croissance
économique dans la pensée économique à travers un
chapitre sur les contributions des approches doctrinales sur cette question et
un second mettant en exergue l'évolution du débat qui aboutit
à un consensus. La deuxième partie s'attèle à
montrer dans une approche économétrique la relation entre
l'inflation et la croissance économique dans les pays de l'UEMOA en
faisant une analyse de la structure économique de l'UEMOA avant de
vérifier à proprement dit la nature de la relation entre ces deux
grandeurs macroéconomiques.
1ère PARTIE : LA RELATION INFLATION -
CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA PENSEE
ECONOMIQUE
Cette partie de notre étude s'attache à
présenter l'évolution de la pensée économique sur
la question de la nature de la relation entre l'inflation et la croissance
économique. En effet, celle-ci considérée d'abord par les
doctrines comme linéaire avec un effet négatif ou positif de
l'inflation sur la croissance économique a abouti ensuite à un
consensus selon lequel cette relation serait non linéaire. Dans
l'approche de non linéarité de ce lien, certaines études
ont prouvé l'effet de seuil de l'inflation sur la croissance
économique et ont déterminé ce niveau seuil.
Chapitre 1 : Les contributions des approches doctrinales
à l'analyse de la nature du lien entre l'inflation et la croissance
économique
La relation entre l'inflation1 et la croissance
économique plus particulièrement celle de l'effet de la
première variable sur la dernière a été
abordée implicitement ou explicitement par les différents
courants de pensée économique. Celles-ci parviennent à
deux conclusions essentielles. Pour certains elle serait un facteur essentiel
alors que d'autres pensent plutôt qu'elle est nuisible à la
croissance économique.
Le développement suivant présentera les
théories des classiques, des keynésiens, des
néokeynésiens, des monétaristes, des néoclassiques,
notamment leur contribution respective à l'analyse la relation entre
l'inflation et la croissance.
1.1. L'inflation comme facteur nécessaire
à la croissance économique
1.1.1. Le raisonnement keynésien
Le modèle traditionnel keynésien consiste en des
courbes d'agrégat de la demande(AD) et d'agrégat de l'offre (AS),
qui illustre avec justesse la relation inflation- croissance. Selon ce
modèle, dans le court terme, la courbe (AS) monte en s'inclinant par
rapport à la verticale, qui est sa physionomie critique. Si la courbe
(AS) est verticale, les changements du coté de la demande affectent
seulement les prix. Cependant, si elle monte en s'inclinant, les changements de
la courbe (AD) affectent aussi bien les prix que la production (Dornbusch, et
al, 1996). Ceci est le fait que plusieurs facteurs stimulent le taux
1 L'inflation se définit comme un mouvement persistant
à la hausse, au fil du temps, du prix moyen des biens et
services.
d'inflation et le niveau de la production à court
terme. Ceci inclut les changements dans les prévisions, la force du
travail, les prix des autres facteurs de production, la politique fiscale et
monétaire.
En partant du court terme à l'hypothétique long
terme, les facteurs suscités, et les chocs sur l'état
d'équilibre de l'économie sont supposés la
déséquilibrer. Comme l'indique le nom, dans la situation
d'équilibre rien ne change.
L' ajustement dynamique du court terme des domaines des courbes
(AD) et (AS) est un sentier d'ajustement.
Graphique : Relation entre inflation et
croissance économique
Source : Vikesh Gokal et Subrina Hanif
(2004)
La relation initiale positive entre l'inflation et la
croissance, illustrée par le mouvement du point E0 à
E1 du graphique, a souvent lieu à cause du problème de
« l'incohérence temporelle». Selon ce concept, les producteurs
sentent que seulement les prix de leur produit ont augmenté tandis que
les autres producteurs opèrent à leur même niveau de prix.
Cependant dans la réalité, l'ensemble des prix a augmenté.
Ainsi le producteur continue de produire plus et la production continue
d'augmenter. Blanchard et Kiyotaki (1987) aussi pensent que la relation
positive peut être due aux accords de
certaines entreprises aux offres de biens à une date
ultérieure et à un prix convenu. Ainsi, même si les prix
des biens dans l'économie ont augmenté, la production ne
déclinerait pas, comme le producteur doit s'acquitter de la demande du
consommateur avec lequel l'accord a été établi.
Deux caractéristiques supplémentaires de
l'ajustement du processus sont importantes à noter. D'abord, il y a des
périodes où la production diminue et le taux d'inflation
augmente, par exemple, entre E2 et E3. Cette relation
négative entre l'inflation et la croissance est importante, a lieu
entièrement souvent dans la pratique, comme il est constaté par
la littérature empirique. Ce phénomène est la stagflation,
quand l'inflation augmente pendant que la production baisse ou reste stable.
Aussi, l'économie ne va pas directement à un taux d'inflation
élevé, mais suit un sentier transitoire quand l'inflation
augmente et baisse ensuite.
Dans ce modèle, il y a une courte série
d'échanges entre la production et l'inflation, mais pas
d'échanges permanent .Pour que l'inflation soit maintenue stable
à n'importe quel niveau, la production doit être égal au
taux naturel (Y*). N'importe quel niveau d'inflation est durable;
cependant, pour que l'inflation baisse il doit avoir une période
où la production soit en dessous du taux naturel.
1.1.2. L'effet Tobin
L'introduction de l'effet Tobin tire ses sources de l'effet
Mundell-Tobin. En fait selon ce modèle, les taux d'intérêt
nominaux vont augmenter à rythme inférieur à celui de
l'inflation parce qu'en réponse à l'inflation les individus
détiendront une proportion moindre de monnaie et une part plus
importante d'autres actifs dans leur portefeuille. Ceci va conduire à
une baisse des taux d'intérêt. En d'autres mots, une croissance du
taux exogène de la monnaie augmente le taux d'intérêt
nominal et la vitesse de la monnaie, mais diminue le taux
d'intérêt réel. Robert Mundell a été le
premier à présenter
l'inflation anticipée comme un effet économique.
Cette théorie a été approfondie par l'économiste
James Tobin.
Tobin a approfondi le modèle de Mundell en suivant
Solow (1956) et Swan(1956) dans leur raisonnement qui stipule que la monnaie
est une réserve de valeur dans l'économie. Selon lui, les
individus substituent la consommation courante à la consommation future
en détenant soit de la monnaie liquide ou en acquérant des
actifs. Dans cette situation, les individus maintiennent leurs
précautions d'équilibre malgré le fait que le capital
offre un taux de rendement plus élevé.
Dans ce mécanisme de portefeuille, si le taux
d'inflation augmente, le taux de rendement de l'avoir monétaire baisse.
Selon Tobin, les agents économiques vont plus tard substituer leur avoir
monétaire à faible taux de rendement au capital. Ce
mécanisme de portefeuille résulte d'un état stable plus
élevé du stock de capital. Ainsi selon Tobin, un taux d'inflation
élevé permet permanemment de croitre le niveau de la production.
Cependant, l'effet sur la croissance de la production est momentané et a
lieu durant une transition d'un état stationnaire à un nouvel
état. C'est pourquoi, selon Tobin l'impact de l'inflation peut
être considéré comme ayant un « effet de chien
paresseux » (« lazy dog effect ») là où il induit
une forte accumulation du capital et une croissance élevée,
seulement jusqu'à ce que le rendement du capital baisse.
En somme, l'effet Tobin suggère que l'inflation pousse
les individus à substituer leur avoir monétaire à des
actifs lucratifs d'intérêt, qui conduise à une plus grande
intensité de capital et relance la croissance économique. Par
ailleurs, Tobin(1972) a aussi soutenu qu'à cause des rigidités
à la baisse des prix (incluant les salaires), l'ajustement en des prix
relatifs durant la croissance économique pourrait être mieux
réalisé par le mouvement de hausse des prix particuliers.
1.1.3. L'analyse néo-keynésienne
Les néo-keynésiens ont initialement
émergé à partir des idées des keynésiens.
L'un des développements majeurs des néo-keynésiens a
été le concept de la «Production potentielle », qui
à des moments fait référence à la production
naturelle. Elle est le niveau de la production lorsque l'économie est
à son niveau de production maximale, étant donné les
contraintes naturelles et institutionnelles. Ce niveau de production correspond
aussi au taux naturel de chômage ou NAIRU (non-accelerating inflation
rate of unemployement). Le NAIRU est le taux de chômage auquel le taux
d'inflation n'est ni croissant, ni décroissant. Selon cette
théorie, l'inflation dépend du niveau actuel de la production et
du niveau naturel de chômage.
D'abord, si le PIB excède son niveau potentiel et le
chômage est en dessous de son taux naturel, toute chose égale par
ailleurs, l'inflation va s'accélérer tant que les offreurs
augmentent leur prix et l'inflation structurelle s'empire. Ainsi la courbe de
Philips2 va se modifier dans la direction désirée,
vers une importante inflation et un important taux chômage.
Ensuite, si le PIB décroit en dessous de son niveau
potentiel et le chômage est au-dessus de son niveau naturel de
chômage, en maintenant les autres facteurs constants, l'inflation va
ralentir tant que les offreurs essaient de combler le surplus de
capacité, réduisant les prix et ébranlant l'inflation
structurelle , conduisant à la désinflation. Ceci entraine le
déplacement de la courbe de Philips, vers peu d'inflation et peu de
chômage.
Enfin, si le PIB est égal à la production
potentielle et le taux de chômage est égal au NAIRU, alors le taux
d'inflation ne changera pas, aussi longtemps qu'il n y aura pas de chocs au
niveau de l'offre. Dans le long terme, les néo-
2 Voir A.W. Phillips (1958)
keynésiens pensent que la courbe de Philips est
vertical. Il ya que le taux de chômage est donné et égal au
taux naturel de chômage, tandis qu'il y a un grand nombre de taux
d'inflation possibles qui peuvent dominer le taux de chômage.
Cependant, la faiblesse de cette théorie est que, le
niveau exact de production potentielle et le taux naturel de chômage est
généralement inconnu et tendent à changer en fonction du
temps. L'inflation semble agir d'une manière asymétrique,
augmentant très rapidement sans chuter, principalement à cause de
la rigidité à la baisse des prix..
En somme, toutes ces analyses soulignent l'effet positif de
l'inflation sur la croissance économique. Cependant, cette conception
est fortement contestée par plusieurs théories pour lesquels
l'inflation apparaît comme un frein à la croissance
économique.
1.2. L'inflation : un frein à la croissance
économique
1.2.1. L'approche implicite des classiques
Les théoriciens classiques ont posé les
fondements de nombre de théories de croissance. Le fondement du
modèle classique de croissance a été établi par
Adam Smith qui a développé un modèle précurseur de
croissance et sa fonction de production était comme suit:
Y= f (L, K, T)
Avec Y étant la production, L le Travail, K le capital
et T le facteur terre ; Ainsi la production est liée au travail, au
capital et facteur Terre. Par conséquent, la croissance de la production
(gy) est induite par la croissance de la population, la
productivité (gf). Ainsi : gy= (gf , gK, gL, gT
).
Smith soutenait que cette croissance était auto
entretenue comme cela est stipulé à travers le rendement
d'échelle croissant. En outre, il percevait les épargnes comme
créatrices d'investissement et alors de croissance. Ainsi, pour
lui, la distribution des revenus est l'un des
déterminants les plus importants de l'évolution rapide ou lente
de la croissance d'une nation. Il a aussi exposé que les profits
décroissaient, non pas à cause de la baisse de la
productivité marginale, mais plutôt à cause du fait que la
concurrence des capitalistes pour les travailleurs surenchérit les
salaires.
Le lien entre le changement du niveau des prix (inflation), et
ses effets <<taxes>> sur les niveaux de profit et de production ne
sont spécifiquement articulés dans les théories classiques
de croissance. Cependant, la relation entre ces deux variables est
implicitement suggérée négative, comme l'indique la
réduction sur les niveaux de profit de la firme à travers les
coûts salariaux.
1.2.2. Le monétarisme et la monnaie
Le monétarisme a quelques caractéristiques
essentielles, avec un accent sur les propriétés de la longue
période de l'offre de l'économie opposée à la
dynamique de courte période. Milton Friedman, qui a inventé le
mot << monétarisme >>, a insisté sur quelques
propriétés clés de l'économie de longue
période, incluant la théorie quantitative de la monnaie et de la
neutralité de la monnaie. La théorie quantitative de la monnaie
liait l'inflation et la croissance économique en égalisant le
montant total dépensé dans l'économie au montant total de
la monnaie existante. Cette théorie est résumée dans
l'équation établie par Irving Fischer comme suit: M x V =
P x T. Le membre de gauche de cette équation quantitative de la
monnaie décrit la monnaie utilisée dans les transactions avec
M étant la quantité de monnaie et
V la vélocité (vitesse de circulation) de la
monnaie ; En outre, le membre de droite exprime la valeur des transactions avec
P étant le prix moyen des biens et T
le nombre de transactions.
Selon Friedman, l'inflation est le produit de la hausse de
l'offre et de la vélocité de la monnaie au taux le plus
élevé de la croissance dans l'économie.
Friedman a aussi remis en cause le concept de la courbe de
Philips. Son argumentation était basée sur les prémisses
d'une économie où les tous les coûts doublent. Ici, les
individus doivent payer deux fois plus aussi bien pour les biens et les
services, mais ils y ne prêtent pas attention, parce que leurs salaires
ont aussi doublé. Les individus anticipent le taux futur de l'inflation
et incorporent ses effets dans leur comportement. En tant que tel, l'emploi et
la production ne sont pas affectés : c'est le concept de la
neutralité de la monnaie. On parle de neutralité de la monnaie si
les valeurs d'équilibre des variables réelles incluant le niveau
du PIB sont indépendantes du niveau de l'offre de la monnaie dans le
long terme. Si l'inflation fonctionne de cette façon, alors elle serait
nuisible. A travers son impact sur l'accumulation du capital, l'investissement
et les exportations, l'inflation peut impacter négativement le taux de
croissance du pays.
Par ailleurs, Sidrauski3 (1967) a proposé un
travail original dans le contexte du modèle de générations
dans lequel la monnaie est « Super neutre ». La
superneutralité, a lieu quand les variables réelles, incluant le
taux de croissance de la production, sont indépendantes du taux de
croissance de l'offre de monnaie dans le long terme. Le résultat
principal dans le système de Sidrauski est que la hausse du taux
d'inflation n'affecte pas l'équilibre stable du stock de capital. En
tant que tel, ni la production, ni la croissance économique ne sont
affectées.
Finalement, le monétarisme soutient que dans le long
terme, les prix sont principalement affectés par le taux de croissance
de la monnaie tandis qu'il n'a aucun effet sur la croissance.
3 Miguel Sidrauski (Octobre 1939-Septembre 1968) est un
monétariste originaire d'Argentine.
1.2.3- L'effet Stockman
Mundell (1963) était l'un des premiers à
formuler un mécanisme reliant l'inflation à la croissance de la
production hormis l'excès des demandes de produit. Selon le
modèle de Mundell, une hausse de l'inflation ou de l'inflation
anticipée réduit immédiatement la richesse des personnes.
Ces travaux partent du principe que le taux de rendement de l'encaisse
réelle de l'individu baisse. Pour accumuler la richesse
désirée, les agents épargnent plus en reportant leurs
avoirs, augmentant ainsi leur prix, ceci fait baisser le taux
d'intérêt réel. De grandes épargnes signifient une
grande accumulation du capital et ainsi une croissance de la production plus
rapide.
En outre, Stockman (1981) a développé un
modèle dans lequel une hausse du taux d'inflation résulte d'un
niveau bas de l'état d'équilibre de la production et la baisse du
bien être des agents. Dans le modèle de Stockman, la monnaie est
un complément du capital, comptable d'une relation négative entre
le niveau stable de la production et le taux d'inflation. Stockman construit
son argumentaire en prenant en compte le fait que les entreprises augmentent
leur encaisse en finançant leur projet. Parfois, l'encaisse fait
directement partie de l'ensemble du financement, alors qu'à d'autres
moments, les banques exigent des équilibres de compensation. Stockman
modélise cet investissement numéraire comme une restriction de
l'anticipation de la consommation et des achats de capitaux. Puisque
l'inflation érode le pouvoir d'achat des soldes d'argent, les agents
réduisent leur achat de leur marchandise liquide et du capital quand le
taux d'inflation augmente. De même, le niveau d'équilibre de la
production baisse en réponse à la hausse du taux d'inflation.
L'effet Stockman peut aussi s'opérer à travers
les effets sur les décisions travail-loisir. Greenwood et Huffman (1987)
développe le mécanisme de base du travail-loisir, et Cooley et
Hansen (1989) identifient les implications pour l'accumulation du capital. Dans
les recherches de Greenwood et Huffman, les
agents détiennent de la monnaie pour acheter des biens
de consommation et tirer l'utilité provenant du travail et du loisir. La
monnaie fiduciaire est utilisée à cause de la contrainte
budgétaire sur les biens de consommation. Greenwood et Huffman montrent
que le rendement du travail baisse quand le taux d'inflation augmente. En tant
que tels, les agents substituent la consommation au loisir, parce que le
rendement du travail baisse.
Cooley et Hansen (1989) étendent le mécanisme en
considérant l'accumulation du capital. L'hypothèse principale est
que le produit marginal du capital est positivement lié à la
quantité de travail. Alors, quand la quantité de travail baisse
en réponse à une hausse de l'inflation, le rendement du capital
baisse et les quantités d'équilibre du capital et de la
production baissent. Cooley et Hansen montrent que le niveau de la production
baisse permanemment quand l'inflation augmente.
1.2.4. L'analyse dans la théorie de la croissance
endogène
Les théories de croissance endogène
décrivent la croissance économique qui est
générée par des facteurs à l'intérieur du
processus de production, par exemple, les économies d'échelle ou
un changement technologique, à l'opposé des facteurs externes
(exogène) comme la hausse de la population. Dans la théorie de la
croissance endogène, le taux de croissance dépend d'une seule
variable: le taux de rendement du capital. Les variables comme l'inflation
diminuent ce taux de rendement, qui en retour réduit l'accumulation du
capital et diminue le taux de croissance.
La caractéristique la plus remarquable est la
différence entre les modèles de croissance endogène et les
théories économiques des néoclassiques. Dans les
théories néo-classiques, le rendement du capital diminue au fur
et à mesure que le capital est accumulé. Dans la version la plus
simple des modèles de croissance endogène, la production par
tête continue à augmenter
parce que le rendement du capital ne descend pas en dessous
d'une certaine borne positive inférieure. L'intuition de base est que si
seulement le rendement du capital est suffisamment élevé, les
agents seront persuadés à continuer de l'accumuler. Les
modèles de croissance endogène aussi permettent d'accroître
les rendements d'échelle dans les productions agrégées, et
aussi se focalisent sur le rôle des externalités dans la
détermination du taux de rendement du capital.
Les modèles endogènes qui expliquent davantage
la croissance avec le capital humain, développe la théorie de la
croissance en supposant que le taux de croissance dépend du taux de
rendement du capital humain, aussi bien que du capital physique. Les taux de
rendement de toutes les formes de capital doivent être égaux
à l'équilibre stationnaire de la croissance. La taxe sur chaque
forme du capital induit un rendement faible.
Une taxe sur le revenu du capital directement réduit le
taux de croissance, tandis qu'une taxe sur le capital humain causerait la
substitution du travail en loisir qui diminue le taux de rendement du capital
humain et aussi diminue le taux de croissance.
Certaines versions de croissance d'économies
endogènes trouvent que les effets du taux d'inflation sur la croissance
sont minimes. Gomme(1993) a étudié une économie similaire
à celle spécifiée par Cooley et Hansen; c'est-àdire
une augmentation de taux d'inflation a comme conséquence une baisse du
niveau de l'emploi. Selon les recherches de Gomme, les allocations efficientes
satisfont les conditions selon lesquelles la valeur marginale de la
dernière unité de la consommation actuelle égalise le
coût marginal de la dernière unité de travail. Une hausse
de l'inflation réduit la valeur marginale de la valeur de la
dernière unité de consommation actuelle, ceci incitant les agents
à travailler peu. Avec moins de travail, le produit marginal du capital
est permanemment réduit, résultant d'un plus lent taux
d'accumulation du capital. Gomme a trouvé
que dans cette économie, éliminer l'inflation
modérée (par exemple, 10%) résulte seulement dans une
très petite (moins de 0,01 point de pourcentage) proportion de la
croissance de la production.
Des modèles alternatifs examinent comment l'inflation
devrait directement affecter l'accumulation du capital et partant la croissance
de la production. Marquis et Reffert (1995) et Haslag (1995) spécifient
des économies dans lesquelles le capital et la monnaie sont des biens
complémentaires. Marquis et Reffert examinent les effets du taux
d'inflation dans une économie de Stockman: il y a une contrainte de
budgétaire sur le capital. Dans la recherche de Haslag, les banques
reçoivent peu d'épargnants mais souhaitent détenir de
l'encaisse monétaire (dépôts) pour satisfaire le besoin de
la réserve. Ainsi, le taux d'inflation qui augmente, induit la baisse du
rendement des dépôts, résultant du fait que les
dépôts ont été accumulés à un taux
évoluant lentement. Puisque le capital est une fraction des
dépôts, l'accumulation du capital et la croissance de la
production sont lentes. Dans les études de Marquis et Reffert, et celles
de Haslag, les effets du taux d'inflation sur la croissance sont
substantiellement plus élevés que celles calculées dans
celle de Gomme.
En somme, la question de la nature de la relation entre
l'inflation et la croissance a été sujette de contestation entre
les différents courants de pensée économique. Selon le
raisonnement keynésien, l'effet Tobin et l'analyse
néokeynésienne, l'inflation a un effet positif sur la croissance
économique. A l'opposé, Stockman, les théoriciens de la
croissance endogène et les monétaristes soupçonnent que la
hausse permanente des prix produit un effet négatif sur la croissance
économique. L'évolution de ce débat conduira à un
consensus.
Chapitre 2 : Le lien entre l'inflation et la croissance
économique : De la
controverse au consensus
Le fait que l'inflation serait nécessaire ou nuisible
pour la croissance économique a généré un
débat tant théorique qu'empirique. Plusieurs études
empiriques ont confirmé soit une relation positive ou négative
entre ces deux variables macroéconomiques. En outre, avec le temps un
consensus a été élaboré selon lequel : l'inflation
stable et faible promeut la croissance économique et vice versa
(Mubarik, 2005). Cette nouvelle orientation a soulevé la question de
l'évaluation du niveau d'inflation considérée comme
faible.
Ce chapitre rappellera d'abord les divergences tant
théoriques
qu'empiriques avant de présenter le consensus qui s'en est
suivi.
2.1. Les divergences dans l'approche de la relation
inflation croissance économique
2.1.1. Bref rappel de la dialectique théorique
La question de la relation entre l'inflation et la croissance
économique a fait l'objet de débat entre les monétaristes
et les structuralistes. En effet, les structuralistes soutiennent que
l'inflation est essentielle pour la croissance économique tandis que les
monétaristes considèrent l'inflation est nuisible au
progrès économique. Il y a deux aspects dans ce débat :
d'abord en ce qui concerne l'existence ou non de la relation et sa nature et
ensuite le sens de la causalité.
Toutefois, il convient de rappeler que ce débat est
issu de la réflexion sur la recherche de la meilleure politique
économique qui pourrait résorber la crise économique de
1929. En fait, les monétaristes s'opposent à la théorie
des keynésiens qui pensent que la politique monétaire
(expansionniste) pourrait
résorber la crise car selon ces derniers, elle aurait des
effets sur l'évolution des prix.
La théorie économique aborde essentiellement
l'impact de la politique monétaire sur l'inflation à travers le
lien entre l'évolution de la masse monétaire et les prix. Pour
les monétaristes, l'inflation est un phénomène strictement
monétaire. Ainsi, Milton Friedman, dans les années 1950, montre
que la quantité de monnaie en circulation dans une économie
n'influe, dans le moyen et long terme, que sur le niveau des prix sans affecter
le niveau de l'activité.
Par ailleurs, les keynésiens, qui estiment que la
politique monétaire peut être utilisée pour une relance
conjoncturelle, c'est-à-dire, qu'une hausse de la masse monétaire
a des effets positifs sur l'activité économique à court
terme, n'occultent également pas que celle-ci est suivie d'un
accroissement de l'inflation. L'approche keynésienne a été
confortée par les travaux de Phillips. La courbe de Phillips montre
qu'en longue période, il existe une relation inverse entre
l'évolution de la production et celle de l'inflation. Cette
pensée dominante au cours des années 1960 et 1970 admettait qu'un
gouvernement par une politique expansionniste, pouvait réduire le
sous-emploi en acceptant un peu d'inflation supplémentaire ou, en menant
une politique restrictive, réduire la hausse des prix en acceptant un
peu plus de chômage.
Par la suite les travaux de Friedman (1968) et de
Phelps(1968), ont montré que la relation décroissante entre
l'inflation et chômage découlant de la relation de Phillips
n'était qu'au mieux transitoire. Le phénomène de
stagflation (l'inflation élevée des années 1970
conjuguée à une baisse de l'activité) a
ébranlé la thèse de l'existence d'une relation
négative stable à long terme entre l'inflation et le
chômage issue de la courbe de Phillips.
En réalité, la prise en compte de l'inflation
anticipée a permis à Milton Friedman de développer la
thèse de la verticalité de la courbe de Phillips à long
terme, impliquant, à cet horizon , l'absence d'effet des
impulsions monétaires sur l'activité économique.
2.1.2. Des études empiriques contradictoires
Plusieurs études ont estimé une relation
négative entre l'inflation et la croissance économique.
Néanmoins, certaines études ont soutenu le contraire.
Les premiers travaux (par exemple, Tun Wai, 1959) n'ont pas
réussi à établir une relation significative entre
l'inflation et la croissance économique. En outre, une étude
menée par Paul, Kearney et Chowdhury (1997) impliquant 70 pays (dont 48
sont en développement) sur une période de 1960-1989, trouve qu'il
n y a pas d'effet causal entre l'inflation et la croissance économique
dans 40% de ces pays; ils ont signalé une causalité
bidirectionnelle dans 20% de l'échantillon et une relation
unidirectionnelle dans le reste. Plus intéressant encore, la relation
était positive dans certains cas et négative dans d'autres.
Thirwall et Barton(1971) ont mené l'une des
premières études transversales par pays. Ils présentent
une relation positive entre inflation et croissance économique pour les
pays industrialisés et une relation négative pour 7 pays en
développement.
Sarel (1995) souligne que le taux d'inflation était
quelque peu modeste dans plusieurs pays dans les années 70 et
après les taux ont commencé à être
élevé. Ainsi, plusieurs études menées avant 1970
ont montré la preuve qu'il y avait une relation positive entre le taux
d'inflation et la croissance économique et une relation négative
au-delà de cette période due à la sévère
hausse de l'inflation.
Girijasankar Mallik et Anis Chowdhury (2001) dans leur
étude ont examiné la relation entre l'inflation et la croissance
du PIB dans un échantillon de 4 pays d'Asie du Sud notamment le
Bangladesh, l'Inde, le Pakistan et le Sri Lanka. Ils trouvent à l'issue
de leur examen, que l'inflation et la croissance
économique sont positivement liées. En outre,
l'élasticité du taux d'inflation par rapport au taux de
croissance est plus importante que celle du taux de croissance au taux
d'inflation. Ils recommandent alors une inflation modérée pour
accélérer la croissance économique.
Les résultats de Fischer (1993) montrent que
l'inflation réduit la croissance en réduisant l'investissement et
la croissance de la productivité. En outre, il précise qu'une
faible inflation et un faible déficit fiscal ne sont pas
nécessaires pour une croissance élevée même sur de
longues périodes ; également un niveau d'inflation
élevée n'est pas compatible avec une croissance économique
soutenue.
L'étude de Barro (1995) a recherché le lien
entre l'inflation et la croissance économique en utilisant un grand
échantillon comportant plus de 100 pays de 1960 à 1990. Ses
résultats empiriques ont montré qu'il existe une relation
significativement négative entre l'inflation et la croissance
économique si certaines caractéristiques des pays
(l'éducation, le taux de fécondité, etc....) sont
maintenues constantes. Plus spécifiquement, une hausse de 10 points (%)
de l'inflation par an réduit le taux croissance réel par
tête de 0,2 à 0,3 points par an. En d'autres mots, son analyse
empirique suppose que la relation estimée entre l'inflation et la
croissance économique est négative quand certains instruments
raisonnables sont considérés dans la méthode statistique.
Finalement, il a ajouté qu'il y a au moins des raisons de
considérer que l'inflation à long terme réduit la
croissance économique
Bruno et Easterly(1998) se proposent d'examiner les
déterminants de la croissance économique. Ils notent que le ratio
de ceux qui croient que l'inflation est dangereuse pour la croissance
économique à l'évidence tangible est exceptionnellement
élevé. Leur investigation confirme l'observation de Dornbusch et
Reynoso(1989), Levine et Renelt(1992) et Levine et Zervos(1993) selon laquelle
la relation inflation et croissance économique est
influencée par les pays aux valeurs extrêmes
(soit très grande ou très faible inflation). Ainsi, Bruno et
Easterly(1998) ont examiné seulement les cas des crises discrètes
d'hyperinflation (40% et au-delà) et ont trouvé un
résultat empirique robuste selon lequel la croissance baisse brutalement
pendant les crises d'hyperinflation, et s'améliore rapidement et
fortement lorsque l'inflation baisse.
Malla(1997) a conduit une analyse empirique utilisant un petit
échantillon de pays d'Asie et de pays appartenant à
l'Organisation de Coopération et de Développement Economique
(OCDE) séparément. Après avoir contrôlé les
facteurs travail et capital, les résultats estimés
suggèrent que pour les pays de l'OCDE il existe une relation
négative et statistiquement significative entre l'inflation et la
croissance économique. Cependant, la relation n'est pas statistiquement
significative pour les pays en voie de développement de l'Asie. Les
résultats cruciaux de ces analyses empiriques suggèrent que la
relation transversale par pays de la relation inflation et croissance
économique de long terme rencontre certains problèmes
fondamentaux comme l'ajustement dans l'échantillon des pays et la
période d'étude. Ainsi, une relation ambigüe entre
l'inflation et la croissance économique peut ressortir des
régressions des séries temporelles comparatives transversales par
pays avec différentes régions et périodes.
Andres et Hernando(1998) évaluent l'effet de
l'inflation sur l'investissement. Ils ont trouvé que l'inflation fait
baisser le niveau de l'investissement. En outre, ils ont montré qu'un
niveau d'inflation faible, modéré et constant a un effet
temporaire négatif sur la croissance.
Gillman et al. (2002), s'appuyant sur un panel de
données des pays de l'Organisation de Coopération et
Développement Economique (OCDE) et la Coopération Economique Asie
et Pacifique(CEAP) indiquent que la réduction de l'inflation
élevée ou moyenne (à deux chiffres) à celle
modérée (à un chiffre)
a un effet positif sur la croissance économique pour
les pays de l'OCDE et dans une moindre mesure pour les pays de la CEAP. Ils
ajoutent même que l'effet du ralentissement espéré de
l'inflation pourrait être observé quand l'économie mondiale
ne fait pas face à une baisse brusque de la croissance causée par
des chocs. S'il n y pas de chocs, la réduction du taux d'inflation peut
permettre un taux de croissance considérablement élevé. De
même, Alexander(1977) trouve une forte influence négative de
l'inflation sur le taux de croissance du PIB par tête en conduisant une
étude sur un panel de pays de l'OCDE.
2.2. Le consensus empirique dans l'approche de la
nature de la relation inflation et croissance économique
2.2.1. Une analyse dynamique de l'inflation et de la
croissance économique
Certaines études contrairement aux premières ont
été menées d'une manière dynamique en analysant les
effets à court terme et à long terme de l'inflation sur la
croissance économique. Elles parviennent dans la plupart des cas au
même résultat. Dans le court terme l'inflation a n'a pas d'effet
ou a un impact positif sur la croissance tandis qu'à long terme elle
l'influe négativement.
Ghosh et Phillips (1998) utilisant un large
échantillon, couvrant les pays membres du FMI sur la période 1960
à 1996 ont trouvé qu'à un faible taux d'inflation (moins
de 2à3%) l'inflation et la croissance économique sont
positivement corrélées. Cependant, elles sont négativement
corrélées à un niveau d'inflation élevé. De
même les résultats empiriques de Nell(2000) soutiennent que
l'inflation peut être bénéfique quand elle se situe dans la
zone d'un chiffre, tandis qu'elle impose une croissance plus lente dans la zone
de deux chiffres.
Faria et Carneiro(2001) ont recherché la relation entre
l'inflation et la croissance économique dans le contexte du
Brésil qui a fait l'expérience
d'hyperinflation persistante. Analysant, un modèle
bivarié de séries temporelles (à savoir VAR) avec des
données annuelles pour la période entre 1980 et 1995, ils
trouvent que malgré qu'il existe une relation négative entre
l'inflation et la croissance économique dans le court terme, l'inflation
n'affecte pas la croissance économique dans le long terme. Leurs
résultats empiriques aussi soutenaient le concept de super
neutralité de la monnaie dans le long terme. Ceci en retour fournit la
preuve contre le point de vue selon lequel l'inflation affecte la croissance
économique à long terme.
Dans l'étude de Mallik et Chodhurry (2001), ils
examinent la dynamique de court terme et de long terme entre inflation et
croissance économique pour 4 pays d'Asie du Sud : Bangladesh, Inde,
Pakistan, et Sri Lanka. Selon eux, malgré le fait que l'inflation n'est
pas nuisible à court terme pour ces économies, elle pourrait
l'entraver à long terme.
Shamim Ahmed et Golam Mortoza (2005) ont conduit une
étude sur la relation entre l'inflation et la croissance
économique au Bangladesh en utilisant une cointégration et un
modèle à correction d'erreur. Les résultats de cette
analyse démontrent qu'il existe d'une manière significative une
relation négative de long terme entre l'inflation et la croissance
économique. En outre, ils trouvent qu'il y a un point de rupture
structurelle dans ce lien qui pourrait être considéré comme
un seuil.
2.2.2. L'effet de seuil
Une analyse récente soutient qu'il y a un niveau seuil de
l'inflation dans la relation entre l'inflation et la croissance
économique.
Dans ce contexte, spécialement pour les épisodes
d'inflation très élevée, Barro(1996) montre qu'une
relation négative existe au-delà d'un taux d'inflation
de 15%. Judson et Orphanides(1996) utilise 10% de seuil. Bruno et
Easterly(1996) argumente en faveur d'un seuil de 40%.
Sarel (1996) a spécifiquement testé l'existence
d'une rupture structurelle dans la relation entre l'inflation et la croissance
économique et a trouvé une preuve de la rupture significative
à un taux d'inflation annuel de 8%. Ghosh et Philips (1998), utilisant
un échantillon plus grand que Sarel ont trouvé un seuil de 2,5%.
Ils ont aussi trouvé que l'inflation est un déterminant les plus
importants statistiquement de la croissance. Christoffersen et Doyle (1998) ont
estimé à 13% le seuil du niveau d'inflation des économies
en transition. Aussi, Bruno et Easterly (1998) soutiennent que la relation
négative entre l'inflation et la croissance n'existe que dans les cas de
données de haute fréquence avec des observations d'inflation
extrême. Malgré ce fait, ils ont détecté un effet
négatif de l'inflation sur la croissance pour des taux d'inflation
supérieur à 40%.
Sweidan(2004) cherche à vérifier si la relation
entre l'inflation et la croissance économique a un effet de point de
rupture structurel ou non dans l'économie Jordanienne sur la
période entre 1970 et 2003. Il trouve que cette relation tend à
être positive et significative en dessous du taux d'inflation de 2% et
l'effet de rupture structurel a lieu à un niveau d'inflation égal
à 2%. Au delà de ce niveau seuil, l'inflation affecte la
croissance économique négativement.
Khan et Senhadji (2000) ont mené une étude dans
laquelle ils ne se sont pas contentés d'examiner la relation entre une
faible ou forte inflation et la croissance économique mais ils y
évoquent aussi un niveau seuil d'inflation pour les pays
industrialisés et ceux en développement sur la période de
1960 à 1998. Leur résultat propose fortement l'existence d'un
seuil au dessus duquel l'inflation exerce un effet négatif sur la
croissance économique. En particulier les seuils sont situés
entre 2 et 3% et entre 7 et 11% respectivement pour les pays
industrialisés et les pays en voie de développement.
S'inspirant de cette étude, Mubarik(2005) estime le
niveau seuil de l'inflation pour le Pakistan en utilisant les données
annuelles de la période entre 1973 et 2000. Son estimation du
modèle de seuil suggère que le taux d'inflation au dessus de 9%
est nuisible pour la croissance économique du Pakistan. Ceci en retour,
suggère que le taux d'inflation en dessous du niveau seuil estimé
de 9% est favorable à la croissance économique.
Shamim Ahmed et Golam Mortoza (2005) évalue ce seuil
d'inflation à 6% pour le Bangladesh.
En somme, l'inflation exerce un effet de seuil sur la
croissance économique qui permet de concilier les positions
contradictoires des structuralistes et des monétaristes. Toutefois, au
regard des résultats des études empiriques menées dans le
cadre de la détermination de ce seuil, l'on retient que celui-ci
dépend principalement de la structure de l'économie.
2ème PARTIE : LA RELATION INFLATION-
CROISSANCE ECONOMIQUE : UNE APPROCHE
ECONOMETRIQUE DANS LE CADRE DES PAYS
DE L'UEMOA
Considérant l'analyse de la partie
précédente, le seuil de l'inflation dépend de la structure
de l'économie. C'est pourquoi, dans cette partie avant d'évaluer
le seuil de l'inflation nous analysons succinctement le cadre économique
de l'UEMOA en examinant a le respect de la cible 3%, fixé par la
commission de l'UEMOA. Ensuite, nous déterminerons dans une approche
économétrique le seuil de l'inflation de l'UEMOA.
Chapitre 3 : L'analyse de la structure
économique de l'UEMOA
L'analyse de la relation entre l'inflation et la croissance
économique dans les pays de l'UEMOA passe par une présentation du
cadre macroéconomique et de l'évolution de ces deux variables
économiques dans le contexte de cette zone. Ce chapitre s'attèle
à donner les fondements éventuels d'une présomption d'un
effet de seuil de l'inflation sur la croissance économique. C'est
à juste titre que nous relevons ici les spécificités du
cadre macroéconomique et examinons le lien entre l'inflation et la
croissance dans cette zone.
3.1. Les spécificités du cadre
économique des pays de l'UEMOA
Composée de huit (8) économies à savoir
celle du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, de la
Guinée Bissau, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo
qui sont fortement dépendantes des chocs d'offre exogènes
(aléas climatiques, variations erratiques des cours des matières
premières, hausse brutale du prix du pétrole,....), cette zone a
dû faire face à des fluctuations diverses asymétriques
auxquelles la politique monétaire commune a eu à répondre.
En particulier, la forte spécialisation agricole
déterminée par la géographie favoriser l'occurrence des
chocs asymétriques (S. Guillaumont (2002)). En effet, à l'instar
des économies sahéliennes, celles des pays de la zone UEMOA sont
relativement proches les unes des autres, mais se distinguent des
économies des pays « côtiers ».
3.1.1. L'analyse du cadre macroéconomique des pays
de l'union
Nous nous intéressons ici à examiner le respect
de la cible de 3% fixé par la commission de l'UEMOA avant de
présenter succinctement la politique monétaire de l'union.
+ Le pacte de convergence
Les pays de l'UEMOA ont adopté, en 1999, un pacte de
convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité. Le but
premier du pacte est d'imposer des contraintes aux politiques
budgétaires nationales de manière à préserver la
crédibilité et la convertibilité de la monnaie commune.
Les pays membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
(UEMOA) sont en effet engagés dans une démarche d'harmonisation
des politiques économiques qui prolonge une coopération longtemps
limitée à la monnaie et au régime de change.
Parmi les critères dits de « premier rang »
figurent le ratio du solde budgétaire de base rapporté au PIB
nominal, le taux d'inflation, le ratio de l'encours de la dette publique totale
rapporté au PIB nominal et la non accumulation d'arriérés
de paiement intérieurs et extérieurs sur la gestion de la
période courante.
Tableau 1 : Les pays ayant
respecté les critères primaires (1 er rang) de convergence de
l'UEMOA
Critères primaires
|
Norme
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Solde budgétair e de base
rapporté
au PIB
nominal
|
>=0
|
3
|
3
|
3
|
3
|
4
|
3
|
3
|
4
|
Inflation
|
<=3
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
3
|
3
|
5
|
Encours dette/PIB
|
<=70
|
5
|
4
|
4
|
4
|
4
|
5
|
4
|
5
|
Arriérés
des paiements
|
<=0
|
1
|
3
|
3
|
3
|
3
|
4
|
3
|
3
|
Source : Commission bancaire de l'UEMOA
(2006)
Dans l'ensemble, le non respect des critères ne semble
pas dû à un manque de volonté politique, mais
principalement au manque de vigueur de l'activité économique et
à la forte vulnérabilité des économies aux chocs
extérieurs, en particulier les chocs naturels pour certains (Niger), des
termes de l'échange pour d'autres (Mali, Burkina, Cote d'Ivoire, etc.)
et des conflits (Cote d'Ivoire, Guinée Bissau, Togo). En outre, l'on
peut constater que la majorité des pays ont particulièrement des
difficultés à respecter la norme de
3% fixé par la commission. Ce fait pourrait traduire le
fait que ce taux ne serait pas optimal.
· · Une politique monétaire
commune
La politique monétaire consiste à réguler
l'évolution de la masse monétaire en fonction d'objectifs tels
que la stabilité des prix ou la relance de l'activité
économique (Faugère, 1994). Dans la pratique, certaines banques
centrales articulent leur politique monétaire autour d'un objectif final
unique (la stabilité des prix), d'objectifs intermédiaires (par
exemple, des règles d'évolution de la masse monétaire) et
d'instruments (taux d'intérêt et réserves obligatoires).
Les pays de l'UEMOA ont une politique monétaire
commune. L'objectif principal de la politique monétaire conduite par la
BCEAO est la préservation de la valeur interne et externe de la monnaie.
De façon spécifique, elle vise l'ajustement de la
liquidité globale de l'économie en fonction de l'évolution
de la conjoncture économique pour assurer une stabilité des prix
et promouvoir la croissance économique.
Cette politique a connu depuis la réforme de 1975, une
modification en Octobre 1989, puis un renforcement en Octobre 1993. Le nouveau
dispositif de gestion monétaire de l'UEMOA se fonde sur un recours accru
aux mécanismes de marché, privilégiant ainsi les
méthodes de régulation indirecte de la liquidité. Cette
politique repose sur :
- L'utilisation de taux d'intérêt directeurs propres
à l'institution d'émission ; - Le marché monétaire
rénové ;
- La libéralisation des conditions de banques.
Plus généralement, les innovations portent sur
le remaniement de la grille des taux directeurs de la BCEAO, avec
l'instauration d'un taux de prise de pension, dont l'évolution est
adaptée à celle du taux de marché monétaire, qu'il
influence et pour lequel il peut servir de signal. Le marché
monétaire a également subi de profonds changements, dans le but
de constituer un instrument privilégié de gestion des
trésoreries bancaires et des interventions de l'institut de
l'émission. La banque centrale y participe désormais comme
intervenant. Le volume de la nature de ses interventions est
déterminé en fonction des orientations qu'elle propose d'impulser
au marché et au comportement des banques, au regard de ses objectifs en
matière de politique de la monnaie et du crédit et de la
situation conjoncturelle de liquidité.
La coopération monétaire existant avec la France
est illustrée par l'existence du mécanisme dit du « compte
d'opérations », qui contribue à garantir le maintien d'une
parité fixe entre le franc CFA et l'Euro. Dans ce cadre la recherche de
la stabilité des prix apparait comme un objectif susceptible d'assurer
la soutenabilité à long terme du taux de change et la
compétitivité des économies de l'Union.
Ainsi, la politique monétaire se caractérise par
une croissance modérée de la masse monétaire, un revenu de
seigneuriage faible et une relative autonomie de la banque centrale par rapport
à chaque Etat membre.
A l'instar de la plupart des banques centrales, la politique
monétaire de la BCEAO s'est fixé pour objectif principal la
stabilité des prix. Pour atteindre cet objectif, la banque centrale agit
notamment sur le niveau de la liquidité globale qui devrait avoir un
impact sur l'évolution de l'inflation et la croissance
économique.
La monnaie en circulation échappe au pouvoir
discrétionnaire de chaque pays et l'évolution de la masse
monétaire s'y trouve régulée en fonction de
l'évolution prévisible du PIB en volume et d'une
cible d'inflation voisine de celle des économies européennes,
gage de préservation du rapport de change fixe envers l'euro.
Selon la théorie économique, en régime de
change de fixes, la banque centrale intervient sur le marché des changes
pour empêcher la dépréciation du taux de change. Pour cela,
elle offre des devises et demande de la monnaie nationale. Dans ce contexte la
masse monétaire en circulation dans le pays se trouve donc
réduite. La diminution de la masse monétaire signifie un recul de
l'offre de monnaie et implique une hausse des taux d'intérêt sur
le marché monétaire. Cette situation pourrait engendrer une
baisse de la demande effective.
3.1.2. Les effets de la politique macroéconomique de
l'union sur la croissance et l'inflation
Koné (2000) par une méthode à correction
d'erreur a mis en évidence l'impact de des politiques monétaire
et budgétaire sur la croissance économique dans les pays de
l'UEMOA. Il ressort que les politiques monétaires et budgétaires
ont dans la plupart des cas des effets de court terme et de long terme sur
l'activité des états de l'UEMOA. Cependant, la politique
monétaire semble avoir été plus efficace, du point de vue
du financement dans la stabilité des prix, de la politique
budgétaire qui s'est avéré inflationniste dans certains
pays.
Selon Doe et Diarisso (2005), la politique monétaire et
les politiques d'expansion de l'offre ont un effet sur l'inflation. Toutefois,
à court terme l'expansion de l'offre contribue plus à assurer la
stabilité des prix que la baisse du crédit ou le
relèvement des taux d'intérêt.
Nubupko (2003) remet en cause l'efficacité de la
politique monétaire de la BCEAO. En effet, selon ses estimations un choc
positif sur les taux directeurs de la BCEAO se traduit par un effet
négatif sur la croissance économique, effet dont l'ampleur est
maximale, faible, se situant dans le
premier trimestre et qui persiste pendant six ans et 1/2.
L'effet négatif sur l'inflation est rapide, avec une ampleur maximale
observée dès la fin du premier trimestre et une persistance d'une
durée de cinq ans avant le retour à la tendance de long terme.
3.2. Analyse de l'inflation et de la croissance
économique dans les pays de l'UEMOA
3.2.1. Les déterminants de l'inflation et de la
croissance au sein de l'union
Dans son exploration des déterminants de la croissance
à long terme dans les pays de l'UEMOA, Kossi (1998) montre que la
croissance réelle par tête des états membres de l'UEMOA est
influencée de façon significative par le capital humain
(mesuré par le taux de scolarisation secondaire), le taux de croissance
de la population, le taux d'investissement, le taux d'accroissement des
exportations et le taux de consommation publique. Toutefois ces variables sont
à l'exception du taux de croissance de la population et du taux de
consommation publique positivement corrélés à la
croissance du PIB/tête. L'étude a aussi
révélé que le taux d'endettement extérieur a une
influence négative sur le PIB/tête mais de façon indirecte
par son impact sur le taux de consommation publique.
Doe et Diallo (1997) ont exploré les
déterminants de l'inflation dans les pays de l'UEMOA. Il ressort de
cette étude, qu'à court terme comme à long terme, le
principal facteur d'évolution des prix dans l'UEMOA est l'inflation
importée, en l'occurrence, l'évolution des prix en France.
L'influence des variables macroéconomiques (taux d'intérêt,
dépenses d'état, taux de change réel) est apparue
relativement faible. A travers une étude réalisée en 1998,
sur la base d'un modèle dérivé de l'équation
quantitative de la monnaie, ils montrent qu'à court terme,
l'évolution de la masse monétaire a une influence sur
l'inflation dans tous les pays de l'UEMOA, sauf au Burkina et
au Sénégal. A long terme, les mouvements de la masse
monétaire ont un impact sur l'inflation dans tous les pays de
l'union.
Les travaux réalisés par la BCEAO (2002 et 2006)
sur des données annuelles couvrant la période de 1971 à
2005, montrent que dans les pays de l'UEMOA, aussi bien à court terme
qu'à long terme, l'inflation est sensible à l'évolution de
la masse monétaire. Ainsi, selon les travaux réalisés en
2002 et 2004, une hausse de 1 point de pourcentage de la masse monétaire
entraine, toutes choses égales par ailleurs, une progression de
l'inflation de 0,10 point à court terme et de0, 35 point à long
terme. En outre, l'examen de l'influence des contreparties de cet
agrégat montre, qu'à long terme, l'évolution des
crédits à l'économie et celle des avoirs extérieurs
nets agissent sur l'inflation.
Par ailleurs, une analyse de l'évolution récente
de l'inflation dans l'UEMOA semble indiquer une prédominance de l'impact
des chocs d'offre (production vivrière, cours du pétrole,
etc....) pour expliquer le niveau des prix.
3.2.2. Evolution de la croissance économique et de
l'inflation dans la zone UEMOA
D'un point de vue général, l'évolution de
l'inflation et de la croissance économique4
de 1970 à 2005 connait, trois grandes périodes : la
première allant de 1970 à 1986, la seconde couvrant la
période 1987-1993 et la dernière allant de 1994 à 2005.
La période allant de 1970 à 1986
a été marqué par des taux d'inflation
relativement élevés (9,9% en moyenne par an). L'inflation sur
cette période s'est ressentie, aussi bien de l'évolution de la
conjoncture internationale, notamment l'impact des deux chocs pétroliers
d'octobre 1973 et de février 1979, que celle
4 Pour plus de détails sur l'évolution de la
croissance économique se conférer à TOE Mathurin et
Maurille R. Hounkpatin (2005)
interne, en l'occurrence les sécheresses de 1969-1971,
1973 et de 1984 qui ont induit une contraction de l'offre vivrière et
donc une flambée des prix au sein de l'UEMOA. La croissance
économique a été relativement soutenue sur cette
période avec notamment le boom du café et du cacao. En outre,
dans cette période les taux d'inflation et de croissance connaissent
leur premier pic dans l'ensemble des pays de l'union (cf. .figures 1 a
7)
La période 1986-1993 est
caractérisée par un taux d'inflation relativement faible. Cette
réduction de l'inflation intervient dans un contexte économique
marqué par le renforcement des mesures d'ajustement entrepris par les
Etats, se traduisant par une libéralisation croissante des
économies et la mise en oeuvre des reformes structurelles.
La période 1994-2005 comprend deux
sous-périodes. La première allant de 1994 à 1995
marquée essentiellement par le changement de parité du F CFA
intervenu le 12 Janvier 1994 et ses effets induits, notamment l'impact sur les
prix à la consommation. Le taux d'inflation a atteint en moyenne dans
l'UEMOA 12%. La seconde sous-période allant de 1996 à 2005,
où la hausse moyenne des prix se situe à 2,5%.
|
|
Source : réalisé par
l'auteur à partir des données du WDI 2007
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Source : réalisé par l'auteur à
partir des données du WDI 2007
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Figure 4: relation inflation et croissance
économique en Cote d'ivoire
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Figure 3: relation inflation et croissance
économique au Mali
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Source : réalisé par l'auteur à
partir des données du WDI 2007
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Source : réalisé par l'auteur à
partir des données du WDI 2007
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Source: réalisé par l'auteur à
partir des données du WDI 2007
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Source: réalisé par l'auteur à
partir des données du WDI 2007
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Figure 7: relation inflation et croissance
économique au Togo
Source : réalisé par l'auteur à partir des
données du WDI 2007
Dans les économies subsahariennes, les estimations
effectuées (MOSER, 1995) mettent en évidence une liaison inverse
entre la croissance et l'inflation. En effet, dans les pays subsahariens, la
croissance de la production, notamment agricole, exerce
généralement un effet dépressif sur les prix.
Cependant, à l'examen des graphiques décrivant
l'évolution du taux d'inflation et de croissance économique par
pays de l'UEMOA, nous constatons que l'évolution des ces deux grandeurs
n'est pas linéaire. En effet, alors que sur
certaines périodes on observe qu'elles sont
corrélées positivement, d'autres périodes montrent le
phénomène inverse (cf. annexe3)5.
Ceci pourrait nous faire penser à l'existence d'un point
d'inflexion dans le lien entre l'inflation et la croissance économique
qui serait le seuil d'inflation.
5 Le graphique (annexe 3) est une illustration de la
relation entre l'inflation et la croissance économique conçu par
l'auteur sur la base de l'examen des graphiques 1à 7.
Chapitre 4 : Approche économétrique
de la relation inflationcroissance économique dans les pays de
l'UEMOA
En nous référant aux analyses du chapitre
précédent, ce chapitre a pour objectif de présenter la
méthodologie nécessaire pour conduire notre approche
économétrique. Etant donné qu'il est impossible
d'étudier ce type de phénomènes à partir des
modèles linéaires usuels, notre démarche consiste à
employer des modèles non linéaires avec des changements de
régimes dans la dynamique.
Les sections suivantes nous permettront d'établir une
brève revue du modèle de seuil, de présenter nos variables
et de conduire nos estimations du seuil que nous voulons évaluer.
4.1. Choix du modèle : Modèle de
seuil
Plusieurs contributions sur la relation inflation et
croissance , incluant celle de Khan et Senhadji (2000) , Druckker ,
Gomis-Porqueras et HernandezVerme (2005) ,Yasir Mubarick (2005) ont
utilisé le modèle de seuil en panel initié par
Hansen(1999). En s'inspirant de l'étude de Kahn et Senhadji(2000) qui a
permis d'évaluer avec robustesse l'intervalle de 7 à 11% de seuil
d'inflation pour les pays en developpement, Mubarick (2005) a
déterminé le seuil d'inflation de la Jordanie qui
s'établirait selon ces estimations à 9%. Ainsi notre étude
s'inspirant de celle Kahn et Senhadji (2000) s'appuie sur le modèle de
seuil de Hansen.
Utilisant les données en panel , cette
méthodologie nous permet d'appréhender non seulement un effet de
seuil mais aussi de pouvoir évaluer celui-ci dans le cadre de la zone
UEMOA. La caractéristique essentielle du
modèle de Hansen (1999) est qu'il permet d'estimer le
seuil et non de l'imposer.
En effet, les modèles de panel à seuil non
dynamiques (par opposition à ceux qui font intervenir des variables
endogènes retardées) ont été
développés à l'origine par Hansen (1999). L'introduction
de cette nouvelle classe de modèles avait pour objectif de
décrire le lien non linéaire entre le comportement
d'investissement des firmes et les contraintes financières qu'elles
subissent. Un modèle de panel à seuil avec effets
décrivant la relation entre l'inflation et la croissance
économique et possédant une unique fonction de transition admet
l'écriture générale suivante :
Avec Yi la variable expliquée (le taux
de croissance économique), ðit la
principale variable explicative (le taux d'inflation),
Xit les variables de contrôle, ui l'effet
fixe et ut l'effet aléatoire; Et où la fonction de transition est
représentée par une fonction indicatrice Ð
qui prend la valeur 1 si la contrainte entre parenthèses est
respectée, 0 sinon. Hansen (1999) impose deux restrictions sur cette
spécification : la variable explicative et la variable de transition
doivent nécessairement varier avec le temps, et les résidus sont
supposés iid6 avec une moyenne nulle et une variance
finie.
L'originalité de ce modèle réside dans la
représentation d'un panel en plusieurs régimes distincts,
caractérisés chacun par une dynamique linéaire. La
transition est brutale sachant qu'un pays peut basculer d'un régime
à l'autre en une période. Mais, contrairement aux modèles
avec ruptures déterministes, le passage d'un régime à
l'autre n'est ni définitif, ni daté.
6 iid : indépendamment et identiquement
distribué
La transition est gouvernée par la comparaison des
écarts de valeur entre un seuil et une variable de transition
Par ailleurs, les données de panel présentent
des avantages qui permettent de cerner avec précision l'expression des
données à notre disposition. Une de ses caractéristiques
fondamentales est leur double dimension(les différents pays et le
temps). Cette double dimension, généralement individuelle et
temporelle permet d'étudier simultanément la dynamique et
l'hétérogénéité des comportements des agents
(Nerlove et balestra, 1995). L'analyse en donnée de panel nous permet de
recueillir un nombre élevé d'observations et de prendre en compte
l'hétérogénéité des économies de
l'UEMOA et les caractéristiques non observables.
Les observations individuelles sont réparties entre les
deux régimes. Leur appartenance à l'un ou à l'autre
dépend de la position de la variable de saut par rapport au seuil.
On distingue les différents régimes suivant la valeur de
leur pente :
â0 si qit< k ou â1
si qit >k. Si nous considérons
uniquement deux régimes, la valeur du seuil doit être
recherchée parmi les valeurs de la variable de transition .
Dans le cadre de notre étude, nous nous appuyons sur
l'étude effectuée par Kahn et Senhadji pour supposer qu'en tant
que pays en développement, le seuil de l'inflation dans la zone UEMOA
est compris entre 7 et 11%. Ce sont donc ses valeurs de notre variable de
transition à savoir 7%,8%,9%,10% et 11% que nous allons examiner pour
évaluer le seuil de l'inflation.
4.2. Données et variables
Dans le cadre de notre analyse économétrique,
nous avons utilisé une transformation Log7 pour le calcul des
variables d'intérêt et de contrôle. En fait, la
transformation Log permet en plus de lisser la tendance de la série,
d'éliminer les fortes asymétries dans les distributions. Kahn et
Senhadji (2000) calculent les taux de croissance des variables en utilisant la
transformation Log, qui fournit des distributions les plus appropriées
dans le cadre des modèles nonlinéaires.
4.2.1. Les variables d'intérêt
Cette analyse empirique s'appuie sur un panel de 7 pays au
lieu de 8 car nous ne disposons pas de données suffisantes sur la
Guinée Bissau. Ainsi notre échantillon comprend le Bénin,
le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le
Sénégal et le Togo. Utilisant les données annuelles notre
étude couvre la période de 1980 à 2005.
Pour chaque pays, nous utilisons les taux de croissance
réelle annuelle calculées à partir des PIB réelles
en les différenciant en Log. Le taux d'inflation est
considéré dans notre étude comme le taux de variation du
Log de l'Indice de Prix à la consommation (IPC) collecté à
partir du World Developpement Indicators (WDI) 2007.
4.2.2. Variables de contrôle
Toute analyse empirique de l'impact de l'inflation sur la
croissance économique doit contrôler l'influence des autres
variables qui pourraient influer le taux de croissance économique des
pays de l'UEMOA. En nous
7 Cf. Mubarik (2005)
référant aux différents
déterminants de la croissance dans les modèles de croissance
endogène et les plus significatives dans l'UEMOA selon les estimations
de Ténou Kossi soulignée dans le chapitre précédent
et sur la base de données à notre disposition, les variables
sélectionnées sont :
> Le taux de croissance de la population
(tcpop)
> Le taux de croissance de l'investissement
(tci)
> Le taux de croissance de la dépense publique
(tcdp)
> Le taux d'accroissement de l'exportation
(tcx)
> Le taux d'accroissement du taux brut de scolarisation
secondaire (tctbbs)
4.2.3. Sources de données
Les différentes données sur ces valeurs nous
proviennent principalement de la base de données de la BCEAO. A celle-ci
nous adjoignons celle du World Developpement Indicators 2007 et de la banque de
France.
4.2.4. Forme fonctionnelle du modèle
Ainsi, nous obtenons le modèle sous la forme fonctionnelle
suivante :
Pour estimer l'équation (2), nous y remplaçons
qit<kj)
respectivement par Infld1kj et
Infld2kj. Ainsi cette équation devient :
Avec kj = 7, 8, 9, 10,11
4.3. Estimations et interprétations des
résultats
La première étape porte sur le choix
modèle à effet adéquat pour conduire notre estimation. En
effectuant le test de Hausman, nous avons retenu le modèle à
effet aléatoire.
Ainsi, la forme fonctionnelle du modèle est
estimée en y introduisant des variables muettes. Dans l'application du
test, nous faisons des estimations pour les taux de 7%, 8%, 9%, 10% et de
11%.
Récapitulatif des résultats des
estimations
Tableau 2:résultats des régressions
économétriques
k
|
variables
|
coefficient
|
Prob.
|
7%
|
Infld17 Infld27
|
-0,0059746
0,0007061
|
0,002 0,852
|
8%
|
Infld18
|
-0,0060987
|
0,001
|
|
Infld28
|
0,0003762
|
0,915
|
9%
|
Infld19
|
-0,0058035
|
0,003
|
|
Infld29
|
-0,0018118
|
0,584
|
10%
|
Infld110
|
-0,0049218
|
0,014
|
|
Infld210
|
-0,0052206
|
0,104
|
11%
|
Infld111
|
-0,0047124
|
0,017
|
|
Infld211
|
-0,0059443
|
0,053
|
Source: réalisé par l'auteur à
partir des estimations économétriques
Analyse
Au regard de ces estimations, nous constatons
qu'au-delà des taux de 7% et de 8% l'inflation influence
négativement le taux de croissance économique mais a un effet non
significatif en dessous de ceux-ci (Voir tableau ci-dessus). A 9%, 10% et 11%,
l'effet négatif du taux d'inflation sur le taux de croissance
économique apparaît tant en dessous qu'au-delà.
En nous référant au cadre empirique du
modèle utilisée à savoir le modèle à effet
de seuil, nous pouvons penser que le seuil s'il est un nombre entier naturel
est soit 7 ou 8%. En fait, l'effet change passant d'une réaction non
significative à un impact négatif selon que le taux soit en
dessous ou au-dessus de cette valeur. Ainsi, nous devons introduire un autre
critère qui nous permettra de choisir entre ces deux valeurs (7et 8%) le
seuil de d'inflation dans la zone UEMOA.
Selon Hansen (1999), dans cette situation, nous devons choisir
le seuil d'inflation en recherchant parmi ces deux taux, celui qui permet dans
la régression de minimiser la somme des carrés des résidus
(SCR).
Ainsi en régressant le modèle pour les taux de 7
à 8%, nous calculons la somme des carrés des résidus pour
chaque niveau.
Nous obtenons ce qui suit:
Tableau 3 : Présentation du seuil
choisi
k Somme des carrés des
résidus
7% 4,0588912
8% 4,0582542
Source: réalisé par l'auteur à
partir des estimations économétriques
Nous remarquons que la somme des carrés des
résidus au taux de 8% est plus petite que celle au taux de 7%. Autrement
dit, le taux d'inflation de 8% est d'un point de vue statistique est celui qui
minimise les erreurs lors de la tendance moyenne (estimation) de notre
échantillon.
En somme, le seuil d'inflation de 8% peut être
considéré comme le seuil optimal en dessous duquel, l'inflation
dans la zone UEMOA n'est pas significative et au-dessus duquel elle entrave la
croissance économique. Ce résultat corrobore l'étude de
Kahn et Senhadji (2000) selon laquelle le seuil d'inflation des pays en
développement se situe entre 7 et 11%.
Interprétation
L'impact de l'inflation sur la croissance économique se
transmet par le système financier. Le système financier de
l'UEMOA encore embryonnaire pourrait expliquer le seuil d'inflation de 8% de
cette zone. En effet, la théorie enseigne que l'inflation nuit à
la croissance économique en détruisant l'épargne. La zone
UEMOA, comme l'ensemble des pays en développement est
caractérisée par une faible mobilisation de l'épargne. A
contrario, les pays développés sont plus sensibles à la
hausse des prix. Ceci pourrait expliquer pourquoi, les pays de l'UEMOA ont un
seuil plus élevé qui s'établit à de 8%.
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
Au terme de notre étude, nous comprenons que les
positions des structuralistes qui pensent que l'inflation est essentielle pour
la croissance économique et celle des monétaristes qui croient le
contraire, se concilient dans l'approche de l'effet de seuil de l'inflation. En
effet, l'inflation nuit à la croissance économique seulement
à partir d'un certain seuil qui dépend principalement de la
structure de l'économie.
Dans le but d'améliorer leur équilibre
macroéconomique, les pays de l'UEMOA suivent une stricte politique
monétaire et fiscale afin de maintenir à un niveau bas (moins de
3%) le taux d'inflation. L'inflation est certes un indicateur
d'instabilité économique. Toutefois, son effet négatif ne
se manifeste que lorsque les fluctuations et le niveau sont très grands.
En outre, au regard des critères de convergence, l'une des entraves
à l'optimalité de la zone UEMOA est le niveau d'inflation qui est
difficilement respecté à cause des chocs exogènes
(conflits en Côte d'Ivoire, crise d'inflation alimentaire mondiale,
inflation importée,...).
Notre investigation qui s'appuie sur le modèle de seuil
de Hansen(1999), nous a permis de capter le seuil d'inflation dans la zone
UEMOA. Celui-ci s'établit, selon nos estimations à 8%. Ce
résultat corrobore l'étude de Kahn et Senhadji (2000) selon
laquelle le seuil de l'inflation des pays en développement se situe
entre 7 et 11%. Ainsi, la cible d'inflation de la zone UEMOA actuelle qui est
3% pourrait être relevée sans nuire la croissance
économique. Ce niveau seuil de 8% pourrait s'expliquer par un
système financier encore embryonnaire de la zone UEMOA. En effet, la
culture boursière dans la sous-région demeure encore faible due
notamment à la part
relativement importante qu'occupe le secteur informel dans les
économies de la sous-région. Toutefois le seuil de 8% doit
être utilisé comme un indice dans le ciblage optimal de
l'inflation.
Les autorités politiques à travers le monde
durant les dernières décennies ont reconnu qu'un faible niveau
d'inflation conduit à améliorer les performances
économiques. L'objectif est devenu aujourd'hui de mettre tout en oeuvre
pour ramener le niveau d'inflation à un taux d'un chiffre. Ce
résultat fournit la confirmation de ce point de vu.
A ce titre nous recommandons :
> A la commission de l'UEMOA de reconsidérer le taux
établi dans les critères de convergence non seulement pour une
harmonisation des économies de la zone mais aussi pour une politique
monétaire qui pourrait relancer la croissance économique en
stimulant les investissements sans que cela n'affecte l'activité
économique des pays de l'union. En effet, selon nos estimations
l'investissement exerce un effet positivement significatif sur la croissance
économique des pays de l'UEMOA (voir estimations en annexe).
> Aux autorités de la politique monétaire de
poursuivre la stabilisation de la volatilité de l'inflation car elle
renforce l'incertitude autour de la décision des agents
économiques.
LES LIMITES DE L'ETUDE
L'inflation n'est pas une variable exogène8
dans la régression croissance-inflation et donc le coefficient peut
contenir un biais. L'ampleur de ce problème de biais dépend dans
une large mesure du sens de la causalité à savoir que si c'est
l'inflation qui cause la croissance économique, le problème
d'endogénéité est négligeable mais dans le cas
contraire cela provoquerait un biais important. Comme l'a soutenu Fischer
(1993), la causalité de l'inflation à la croissance
économique est prédominante ; ainsi le problème de biais
n'est pas significatif. En outre, l'inflation peut avoir des effets
opposés sur l'économie au-delà de la croissance
économique. Ces effets n'ont pas été pris en compte.
Par ailleurs, en tenant compte de la structure des
économies assez hétérogènes de l'UEMOA, le taux de
8% représentant une moyenne, pourrait varier selon la structure de
l'économie. Aussi, notre investigation nous permet-il de détecter
le taux d'inflation le plus élevé qui pourrait entraver la
croissance économique mais ne nous dit rien quant à l'inflation
la plus faible (optimale) dans cette zone.
8 Cf. Kahn et Senhadji (2000)
ANNEXES
Annexe 1: Estimations du modèle pour les
différents taux d'inflation
* ****k=7**** */
/* ****k=8**** */
/* ****k=9**** */
/* ****k=10**** */
/* ****k=11**** */
Annexe 2: Relation entre
l'inflation et la croissance économique dans l'UEMOA
k* INFL
Source : Réalisé par
l'auteur à partir des figures 1à 7
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TABLE DE MATIERES
Dédicace 1
REMERCIEMENTS 2
REMERCIEMENTS 2
SIGLES ET ABREVIATIONS 4
RESUME 5
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES 6
SOMMAIRE 7
INTRODUCTION 9
1ère PARTIE : LA RELATION INFLATION -CROISSANCE ECONOMIQUE
DANS LA PENSEE ECONOMIQUE 12
Chapitre 1 : Les contributions des approches doctrinales à
l'analyse de la nature du lien entre l'inflation et la croissance
économique 13
1.1. L'inflation comme facteur nécessaire à la
croissance économique 13
1.1.1. Le raisonnement keynésien 13
1.1.2. L'effet Tobin 15
1.1.3. L'analyse néo-keynésienne 17
1.2. L'inflation : un frein à la croissance
économique 18
1.2.1. L'approche implicite des classiques 18
1.2.2. Le monétarisme et la monnaie 19
1.2.3- L'effet Stockman 21
1.2.4. L'analyse dans la théorie de la croissance
endogène...22
Chapitre 2 : Le lien entre l'inflation et la croissance
économique : De la controverse au consensus 25
2.1. Les divergences dans l'approche de la relation inflation
croissance économique 25
2.1.1. Bref rappel de la dialectique théorique 25
2.1.2. Des études empiriques contradictoires 27
2.2. Le consensus empirique dans l'approche de la nature de la
relation inflation et croissance économique 30
2.2.1. Une analyse dynamique de l'inflation et de la
croissance économique 30
2.2.2. L'effet de seuil 31
2ème PARTIE : LA RELATION INFLATION-CROISSANCE
ECONOMIQUE : UNE APPROCHE ECONOMETRIQUE DANS LE CADRE DES PAYS DE L'UEMOA 34
3.1. Les spécificités du cadre économique
des pays de l'UEMOA 35
3.1.1. L'analyse du cadre macroéconomique des pays de
l'union 35
Chapitre 3 : L'analyse de la structure économique de
l'UEMOA 35
3.1.2. Les effets de la politique macroéconomique de
l'union sur la croissance et l'inflation 40
3.2. Analyse de l'inflation et de la croissance économique
dans les pays de l'UEMOA 41
3.2.1. Les déterminants de l'inflation et de la croissance
au sein de l'union 41
3.2.2. Evolution de la croissance économique et de
l'inflation dans la zone UEMOA 42
4.1. Choix du modèle : Modèle de seuil 47
Chapitre 4 : Approche économétrique de la relation
inflationcroissance économique dans les pays de l'UEMOA 47
4.2. Données et variables 50
4.2.1. Les variables d'intérêt 50
4.2.2. Variables de contrôle 50
4.2.3. Sources de données 51
4.2.4. Forme fonctionnelle du modèle 51
4.3. Estimations et interprétations des résultats
52
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 55
LES LIMITES DE L'ETUDE 57
ANNEXES 58
TABLE DE MATIERES 63
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