Section 2 : ENVIRONNEMENT DE LA MICROFINANCE A
KINSHASA
2.1. Demande des services offerts par la microfinance
Avec une population de plus de 10 millions d'habitants, soit
le sixième de la population nationale, Kinshasa possède le plus
grand nombre de clients de microfinance : en 2006, on estime à 57.000 le
nombre des comptes ouverts auprès des institutions de microfinance, des
COOPEC et des banques de microfinance. Le secteur bancaire est fortement
concentré à Kinshasa, bien que quelques banques aient ouverts des
agences dans d'autres villes importantes du point de vue économique :
Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Kisangani, Kananga, Goma, Bukavu et
Matadi.8
La plupart des régions situées au centre du
pays sont pratiquement dépourvues de services bancaires et souffrent de
mauvaises infrastructures (réseau routier, téléphonie
mobile, électricité). Le manque de services bancaires dans les
régions rurales est pratiquement troublant dans le cas de la RDC : en
effet l'agriculture contribue à hauteur de 50% au PIB et emploie le
trois quart de la population active.
Il est estimé que 2,7% de la population seulement
possède un emploi dans le secteur formel, et l'économie
informelle fonctionne à la fois en dollars et en francs congolais.
Il n'existe pas des statistiques officielles au sujet du
nombre d'entreprises informelles ou du taux de croissance de l'économie
informelle. Une étude réalisée en 2004 estimait que le
nombre d'entreprises très petites, petites et moyennes (TPPME)
opérant aussi bien dans l'économie formelle que dans
l'économie informelle, se situait entre 2,4 millions et 3 millions pour
le pays tout entier et entre 1,4 million et 2 millions pour Kinshasa même
(IPC, 2004).
Il est clair cependant que la demande des services financiers
est nettement plus importante si l'on tient des personnes à faibles
revenus et à revenus moyens qui sont exclues du système bancaire
à l'heure actuelle. Si l'on compare le potentiel économique du
pays au fait que moins de 0,01 % de la population a accès à un
compte bancaire, la demande en service financier de détail est tout
simplement stupéfiante.
2.2. Offre des services offerts par la microfinance
Etant donné que la RDC émerge tout juste d'une
longue période de conflits et de crise, il est étonnant que le
pays soit doté d'un tel nombre et d'une telle variété
d'institutions offrant des services de microfinance. La loi autorise les
banques, les coopératives (COOPEC) et les institutions de microfinance
à offrir des services financiers tels que l'épargne et/ou le
crédit. Toutes institutions de microfinance doivent avoir reçu
une licence de la BCC. Outre les banques commerciales, seules 38 COOPEC et 9
IMF avaient reçu une licence en mars 20079.
Les sociétés offrant des produits de transferts
d'argent et de messagerie financière relèvent de
règlementations distinctes. La majorité de prestataires de
services financiers se trouve à Kinshasa et le Kivu à l'Est, et
il y a une banque à Lubumbashi. Il existe peu de programmes ailleurs
dans le pays et il y a un manque particulier de services dans les zones
rurales, là où vit 65% de la population. L'inventaire des IMF qui
s'effectue actuellement par le biais du PASMIF apportera des précisions
utiles qui aideront à identifier la couverture géographique des
services disponibles dans le pays entier.
A l'extérieur du groupe d'organismes régis par
la loi, quelques ONG offrent des services financiers, surtout dans les
régions éloignées de Kinshasa. En outre, la BCC estime
qu'il pourrait y avoir jusqu'à 500 COOPEC dans le pays, bien qu'un grand
nombre d'entre elles ne soient peut être plus en activité. Il
existe de nombreux mécanismes informels, tels que les << papas
cartes » ou les << mamans cartes ~ (cartes d'épargnes) et les
tontines.
Depuis 2003, les organisations internationales sont actives
sur le marché des services financiers en RDC, ce qui a fortement
contribué à la croissance rapide du nombre d'ouverture de
nouveaux comptes.
Les différentes institutions offrant des services
financiers aux personnes à faible revenu facturent un taux
d'intérêt mensuel de 2 à 5%, sur une base constante ou
dégressive. Certaines COOPEC pourraient facturer jusqu'à 10% par
mois. Certaines opérations font état de prêteurs (usuriers)
facturant environ 50% par moi. Un grand nombre d'institutions
imposent également à leur client
d'épargner pendant une période obligatoire avant de leur offrir
un prêt. Lorsque ces institutions ne sont pas autorisées à
accepter des dépôts, cette épargne forcée est
déposée auprès d'une banque affiliée.
En Mars 2007, les statistiques sur le nombre d'institutions
fournissant des services financiers à travers n'étaient pas
disponibles en dehors de celles fournies par la BCC sur les structures
agrées. A Kinshasa, des IMF et des COOPEC agréées, de
même que ProCredit Bank transmettent des informations à la BCC. Il
s'agit d'une étape importante et favorable à la mise en oeuvre
future de la communication financière et de la supervision externe.
En Juin 2006, l'ensemble des institutions
agréées de la ville faisaient état d'un nombre total de
57.000 clients. Le programme PASMIF, en concertation avec la Banque Centrale,
est en train de réaliser l'inventaire de toutes les institutions de
microfinance actives dans le pays qui devraient être
complété d'ici trois mois, avec le soutien financier du FENU, du
PNUD et du Ministère Français des Affaires Etrangères.
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