La finance islamique est- elle une solution face à la crise?( Télécharger le fichier original )par Ismaël BOULABAS INSEEC - Master 2 banque et assurance 2012 |
INTRODUCTIONA ujourd'hui en 2012 l'Europe doit essuyer l'une des plus grandes crises économiques de son histoire. En effet cet évènement, qui concerne des dettes contractées par des Etats, révèlent l'impuissance de notre système financier. La situation est telle qu'il est possible d'envisager la sortie de la Grèce de l'Union Européenne. Les banques, quant à elles, refusent de se prêter sur les marchés monétaires interbancaires. Mais bien plus proche de nous, il est possible d'assister à de graves manifestations de la part d'un peuple grec écrasé sous la pression de l'austérité. Pourtant il n'était pas impossible de prévoir cette crise. En effet, depuis 1909 on a vu apparaitre un détachement de la valeur liée à l'or. Cette dernière fut transmise aux billets de banque. Ce fut l'apparition de la monnaie fiduciaire mais aussi le début de la dématérialisation de l'économie. En effet, le 15 Aout 1971 le président NIXON, dans le cadre du « New Economic Policy » annoncera la fin de la convertibilité en or du dollar. En procédant ainsi il remettra en cause les principes de Betton Woods et entrainera la décorrelation totale entre sa monnaie (le dollar) et un actif tangible (l'or). Cet épisode marquera le commencement d'une série d'évènements visant à éloigner l'économie réelle de l'économie de marché. C'est ainsi que l'on vit apparaitre les dérivés de produits, la création du Fonds Commun de Créance (FCC) ou encore les fameux Crédit Défault Swaps (CDS). Ce sont des garanties prises sur des prêts consentis par des établissements financiers. Cependant elles prennent la forme de paris sur le défaut de paiement de tiers. Ces deniers pouvant être des personnes physiques des entreprises ou des Etats. Tous ces nouveaux outils étant adoptés afin de diminuer les risques pris par les prêteurs, ne supprimaient en aucun cas les risques pris par le système financier. En effet, l'un des défauts des systèmes de refinancement est qu'au mieux les risques sont partagés entre les refinanceurs et les refinancés, au pire que les risques sont directement transférés entre les contreparties. Il est important de noter que les refinanceurs peuvent être des établissements bancaires, mais aussi des personnes physiques, porteurs d'obligations. Les pays européens comprennent qu'ils vivent au-dessus de leurs moyens et qu'ils ne peuvent plus continuer ainsi. Les banques se rendent compte que même en prenant des garanties sur les prêts qu'elles accordent, elles ne font que diluer les risques dans des systèmes de refinancement opaques. Les investisseurs, quant à eux, voient peu à peu que leurs fonds sont placés sur des valeurs, elles aussi opaques, qui n'offrent aucune stabilité. Enfin, les épargnants sont en pleine méfiance vis-à-vis des marchés financiers, mais aussi des banques. C'est ainsi que l'on voit apparaitre de nouveaux modes de consommations de produits financiers. Aussi une nouvelle science économique appelée finance comportementale détermine notamment, que les Hommes ne choisissent plus leurs investissement de manière rationnelle. En effet d'après des études leurs choix se feraient en fonction de leurs sensibilités, de leurs croyances, de leurs valeurs etc... Dans ce contexte la finance islamique connait un essor depuis les années 1980. Selon Boubkeur AJDIR, directeur de la société IFAAS (Islamic Finance Advisory & Assurances Advisory), la finance islamique n'est pas compatible à l'éthique musulmane mais compatible à "l'éthique tout court"1(*). Pour lui c'est un moyen de réconcilier le monde de la finance avec l'économie réelle. En effet, loin des excès d'un monde bancaire de plus en plus immoral la finance islamique se dresse contre la spéculation à outrance, l'usure et la prise d'intérêts, les produits dérivés etc... Elle préfère se recentrer sur des modes de financements participatifs et le désendettement de l'Homme. L'objectif ici étant de le replacer au centre de l'économie et d'en faire le principal acteur. Bien que ce dessein semble utopique, la finance islamique prévoit de réelles solutions pour y parvenir. Il n'est donc plus question d'un système à destination de la communauté musulmane, mais bien d'une finance visant les personnes qui s'exaspèrent des dérives du système. C'est en partant de ce postulat que des associations telles que l'AIDIMM essayent de promouvoir ce nouveau paradigme. Ainsi pouvons-nous nous interroger sur l'alternative que représente la finance islamique face à cette crise du capitalisme. Afin de répondre à cette question, nous verrons, dans un premier temps, comment nous sommes arrivés à cette situation. Nous nous attarderons sur les crises, leurs causes, et leurs conséquences. Nous verrons ensuite en quoi consiste la finance islamique, et quels sont ses outils pour pallier les carences de notre système financier. Enfin nous verrons quels sont les avantages et inconvénients de cette finance face à la crise du capitalisme. * 1 Rapport IFAAS 2011, La Finance islamique rapport 2011, quels marchés et quel opportunités pour les banques de détail, commandé par l'IFAAS |
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