3. LES SOCIALISTES (c cane n°7)
Ils disposent de positions solides dans plusieurs
régions.
Dans la région du Nord, ils sont surtout i
mplantés dans les centres industriels. Dans le départe ment du
Nord4, ils obtiennent leurs meilleurs résultats dans l'agglo
mération Lille-Roubaix-Tourcoing et dans la région de
Valenciennes-Anzin ; dans le Pas-de-Calais ils disposent de positions pratique
ment inexpugnables dans le bassin minier. Dans les Ardennes, ils sont
égale ment bien placés.
Dans le départe ment de la seine, ils sont tres
solide ment i mplantés dans les banlieues ouvrieres, en particulier a
Ivry, Villejuif, Saint-Denis, Aubervilliers, etc. A Paris mê me ils
occupent de fortes positions dans les quartiers ouvriers de la
périphérie, dont ils chassent les radicaux. Par contre, ils sont
eux-mê mes chassés des arrondissements du centre par la vague
nationaliste5.
Sur la bordure nord du Massif central ainsi que dans
la Haute-Vienne et la Saoneet-Loire, les socialistes obtiennent des
résultats appréciables dans les villes (Limoges, Montlugon, etc.)
mais aussi dans les campagnes, en particulier dans les pays de métayage
du Bourbonnais.
Dans le Rhone, ils consolident leurs positions dans la
région lyonnaise, et dans la Loire ils s'i mplantent en force en
enlevant trois des huit sieges a pourvoir6.
Les socialistes obtiennent leurs plus forts
pourcentages de voix dans les trois départe ments du Gard, oii ils
enlevent la moitié des sieges, des Bouches-du-Rhône, oii ils
recueillent pres de 40 % des voix et surtout dans le Var oii ils enlevent trois
sieges sur quatre et oii ils totalisent plus de 50 % des suffrages.
4 Le rôle du P.D.F. est
ici primordial.
5 Viviani est ainsi battu
dans le 5ème arrondissement par un nationaliste.
6 C'est dans ce
département que Briand est élu.
Ils co mmencent d'autre part à obtenir d'assez
bons résultats dans le Languedoc oil ils concurrencent
déjà active ment les radicaux.
Le socialis me progresse dans l'ense mble assez lente
ment. Il renforce surtout ses positions dans les milieux industriels urbains. A
part deux exceptions (Bourbonnais et Languedoc), il pénètre
très peu les milieux ruraux oil la peur des « partageux » est
encore souvent bien vivante.
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CARTE n°7 LES SUFFRAGES
SOCIALISTES
> 30% des votants de 5% à 10% des
votants
de 20% à 30% des votants de 1 à 5% des
votants
de 15% à 20% des votants < 1% des
votants
de 10% à 15% des votants
La co mparaison de la carte des élus de gauche
de 1898 et de celle des élus de gauche de 1902 (c cartes n°8 &
9) fait apparaitre trés claire ment que c'est le rallie ment de certains
départe ments modérés a la politique du Bloc qui a permis
la victoire de la gauche. Tout co mme en 1899 une partie des progressistes
avait permis la constitution d'une majorité de gauche, en 1902 une
partie des électeurs modérés, entérinant le choix
de leurs représentants, rendent possible la victoire du Bloc des
gauches.
Plus encore que pour la droite, les positions do
minantes de la gauche ne correspondent a aucun type de région naturelle
ou écono mique déterminé. On serait tenté de dire
que cela n'est pas vrai pour les socialistes qui trouvent presque exclusive
ment leur clientéle électorale dans les agglo mérations
urbaines et dans les foyers industriels. Mais on doit bien constater que le
socialis me n'est pas complétement absent des campagnes.
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CARTES n°8 & 9
LES ELUS DE GAUCHE
en 1898 en 1902
Elus de gauche en totalité Elus tous de gauche
sauf un Elus de gauche en majorité
Elus de gauche pour moitié
Elus de gauche en minorité Un seul élu de
gauche Aucun élu de gauche
Il est fort probable que pour la gauche co mme pour la
droite, il faille surtout faire appel a la tradition. A cet égard
l'examen de la carte des suffrages dé mocrates-socialistes aux
élections du 13 mai 1849 peut être assez révélateur.
On s'apergoit en effet que, d'une maniere générale, ce sont les
mê mes régions qui accordaient en 1849 le plus gros pourcentage de
suffrages aux listes dé mocrates-socialistes et qui accordent en 1902 le
plus de voix et le plus de sieges a la gauche (c carte n°10).
CARTE n°10
Elections du 13 mai 1849 -- Moyenne des suffrages
democrates socialistes5
7 Reproduction d'une carte
figurant dans l'ouvrage de M. Georges DUPEUX, Le Front Populaire
et les élections de 1936, p.169.
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