|
FACULTE
MEMOIRE
|
UNIVERSITE DE DSCHANG THE UNIVERSITY OF
DSCHANG
D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES (F.A.S.A)
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTEMENT DE FORESTERIE DEPARTMENT OF
FORESTERY
|
|
Analyse du Conflit Homme - Eléphant
(Loxodonta africana africana) au
Parc
National de la Bénoué et dans
sa
périphérie Est.
|
PRESENTE EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLOME D'INGENIEUR
DES EAUX, FORETS ET CHASSES
PAR
NYEMGAH WO-NDONG LESTE Matricule :
03A074
Mai 2009
|
|
FACULTE
Encadreurs ASSAN
Délégué
BABALE
Chef
|
UNIVERSITE DE DSCHANG THE UNIVERSITY OF
DSCHANG
D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES (F.A.S.A)
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTEMENT DE FORESTERIE DEPARTMENT OF
FORESTERY
|
|
Analyse du Conflit Homme - Eléphant
(Loxodonta africana africana) au
Parc
National de la Bénoué et dans
sa
périphérie Est.
|
PAR NYEMGAH WO-NDONG LESTE Matricule: à
03A074 techniques Superviseur
GOMSE MPOAME MBIDA
MINFOF Adamaoua Professeur, Université de Dschang
MICHEL Co-superviseur
SES EFG TARLA N. FRANCIS
Chargé de cours, Université de Dschang
Mai 2009
|
|
FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU
TRAVAIL
Je soussigné NYEMGAH WO-NDONG LESTE,
atteste que le présent mémoire est le fruit de mes propres
travaux, effectués au Parc National de la Bénoué. Ces
travaux ont été
conduits sous la supervision du Pr. MPOAME
MBIDA, et de M. TARLA N. FRANCIS tous enseignants
à l'Université de Dschang.
Ce mémoire est authentique et n'a pas été
antérieurement présenté pour l'acquisition de quelque
grade universitaire que ce soit.
|
Noms et signature de l'auteur
NYEMGAH WO-NDONG LESTE Date :
|
Visa du Chef de Département
Dr. TOMEDI EYANGO Minette épouse TABI
Date :
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES
SOUTENANCE
Le présent mémoire, soutenu le , a
été revu et corrigé conformément aux
observations du jury.
Visa du Superviseur Visa du Président du jury
Date : Date :
Visa du Chef de Département
i
DEDICACE
Je dédie ce mémoire de fin d'étude à
mon homonyme ADJIA MADJI CHARLES décédé
le 08 janvier 2008 ; pour m'avoir aidé à exprimer mon amour pour
la faune sauvage.
Je dédie également ce document à
ceux-là même sans qui la réalisation de ma formation
d'Ingénieur de Conception aurait été compromise. Je ne
saurais être insensible à
tout le soutien que vous m'avez apporté afin que je puisse
mener à bien cette formation. Iis'agit de :
o Mes parents M et Mme NGOASSI
o Mon oncle M et Mme TAGNINEING AOUDOU
o Mon oncle M. MGBAKIM WO-NDONG NAZAIRE o Mon
grand frère NYEMGAH DJINGUE YVES
ii
AVANT - PROPOS
A l'Université de Dschang, se retrouve fièrement
représentée la Faculté d'Agronomie et des Sciences
Agricoles (FASA). Cette dernière forme les étudiants dans deux
principales filières que sont l'Agronomie et la Foresterie. Dans le
cycle des Ingénieurs de Conception, la formation en Agronomie comprend
quatre options : le Génie Rural (GR), l'Economie et la Sociologie
rurales (ES), les Productions Animales (PA) et les Productions
Végétales (PV). En foresterie, il n'existe pas d'option. La
formation a une durée de cinq ans ponctuée par l'obtention du
DEUGSA au terme du premier cycle et de quatre stages académiques qui se
déroulent respectivement en 2e, 3e, 4e et
5e année de formation. Le stage de fin de formation
intitulé « stage d'insertion professionnelle » est
couronné par la soutenance d'un mémoire en vue de l'obtention du
Diplôme d'Ingénieur des Eaux, Forêts et
Chasses.
Les thèmes de recherche sont définis soit par la
structure d'accueil, soit par l'étudiant. Pour ce qui est de notre cas,
le thème a été défini par l'étudiant avec
l'aide de son superviseur et proposé à l'Ecole de Faune de Garoua
(EFG), qui a accepté de financer les recherches. C'est ainsi que nous
avons passé 9 mois (avril - décembre) de stage à l'EFG et
nous avons travaillé sur l'« Analyse du conflit Homme -
Eléphant (Loxodonta africana africana) au Parc National de la
Bénoué et dans sa périphérie Est ».
Les investigations menées sur la zone d'étude et
une analyse documentaire nous ont permis de rédiger ce document et
pouvoir le soumettre à l'appréciation de
l'établissement.
Au terme de cette formation, nous tenons à remercier du
fond du coeur tous ceux qui de près ou de loin ont participé
à la réalisation de cette oeuvre scientifique. Nous exprimons
notre gratitude envers :
- Pr. MPOAME MBIDA, enseignant à
l'Université de Dschang, superviseur de cette étude pour sa
disponibilité, sa simplicité, l'attitude parentale et toutes les
connaissances dont nous avons bénéficié tout au long de la
période du stage.
- TARLA NCHEMBI FRANCIS, Directeur de l'Ecole
de Faune de Garoua et Chargé de cours à l'Université de
Dschang qui a retenu notre demande de stage, nous a supervisé et soutenu
durant notre séjour à l'EFG ;
- M. ASSAN NGOMSE,
Délégué Provincial MINFOF de l'Adamaoua,
encadreur de terrain de cette étude pour toutes les connaissances, les
orientations reçues et sa disponibilité qui ont participé
efficacement à la production de ce document ;
iii
- M. BABALE MICHEL, co-encadreur de terrain,
pour avoir accepté de nous prendre en charge lorsque notre encadreur
principal a été promu Délégué Provincial
MINFOF de l'Adamaoua ;
- Le corps enseignant de la FASA, en particulier celui du
Département de Foresterie, pour toutes les connaissances
reçues ;
- M. KOULAGNA DENIS, Secrétaire
Général du Ministère des Forêts et de la Faune, qui
nous a permis de passer notre stage dans une structure de formation qui
travaille dans la gestion des aires protégées et de la faune ;
- M. BOUKONG ALEXIS, pour l'aide et les
enseignements reçus durant toute notre formation.
- Cap. MBA MBA, enseignant à l'EFG
pour tous les encouragements reçus pendant les moments de
découragement. Je retiendrai toujours de lui cette phrase : «
content ou pas content, moral toujours haut » ;
- Le personnel de l'EFG, pour l'accueil et pour
toute l'aide qu'il nous a apportée ;
- Mes camarades de la 11e promotion de la
FASA, pour tous les moments de joie et de douleur que nous avons
vécu tous ensemble pendant notre formation ;
- Toute ma famille qui est ce que j'ai de plus
cher et à qui je dois tout:
o Mes parents M et Mme NGOASSI
o M. et Mme TOUNGME
o M. et Mme TOUKOUM
o M. et Mme AOUDOU
o Mon oncle MGBAKIM WO-NDONG NAZAIRE
o M. et Mme NLO'O
o M. YOUSSOUFA
o Mes Frères et Soeurs
iv
SOMMAIRE
Page
DEDICACE i
AVANT-PROPOS ..ii
LISTE DES TABLEAUX ..vii
LISTEDES FIGURES viii
LISTE DES PHOTOS . ix
LISTE DES ANNEXES .ix
LISTE DES ABREVIATIONS x
RESUME xi
ABSTRACT xii
Chapitre 1 : INTRODUCTION 1
1.1 CONTEXTE 1
1.2 PROBLEMATIQUE 2
1.3 OBJECTIFS 3
1.4 IMPORTANCE DE L'ETUDE 4
1.4.1 Importance théorique 4
1.4.2 Importance pratique 4
Chapitre 2 : REVUE DE LA LITTERATURE 5
2.1 DEFINITION DES CONCEPTS 5
2.2 CARACTERISTIQUES GENERALES DES ELEPHANTS
6
2.2.1 Aspects systématiques 6
2.2.2 Classification et caractéristiques
morphologiques des éléphants d'Afrique 8
2.2.3 Habitat et déplacement des
éléphants 9
2.2.4 Régime alimentaire 10
2.2.5 Reproduction 10
2.2.6 Organisation sociale 10
2.2.7 Distribution des éléphants au
Cameroun 11
2.2.8 Déclin des éléphants d'Afrique
12
2.3 LES CONFLITS HOMME - ELEPHANT (CHE) 13
2.3.1 Dégâts sur les cultures 13
2.3.1 Les facteurs qui favorisent le conflit agriculteur
- éléphant 14
2.3.3 Techniques de protection des plantations
14
2.3.3.1 Techniques de protection traditionnelles
14
2.3.3.2 Techniques de protection conventionnelles
15
2.3.3.3 Techniques de protection encore en
expérimentation 16
Chapitre 3 : MATERIELS ET METHODES 18
3.1 MATERIELS 18
3.1.1 Historique de création du PNB 18
3.1.2 Localisation du PNB 19
3.1.3 Présentation de la zone
périphérique 20
3.1.4 Caractéristiques biophysiques du parc et de
sa périphérie 21
3.1.4.1 Conditions climatiques locales 22
3.1.4.2 Relief et Topographie 22
3.1.4.3 Hydrographie 22
3.1.4.4 Géomorphologie du sol 22
3.1.4.5 Végétation 23
3.1.4.6 Faune 24
3.2 METHODE 25
3.2.1 Données secondaires 25
3.2.2 Données primaires 25
3.2.2.1 Caractérisation des sites de
fréquentation des éléphants 26
3.2.2.2 Analyse du Conflit Homme - Eléphant
27
3.2.2.3 Evaluation des pertes 28
3.2.2.4 Collecte des données 29
3.2.3 Traitement et analyse des données
29
3.2.4 Les limites de la méthode
d'évaluation des dégâts 30
3.2.5 Difficultés rencontrées
30
Chapitre 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS 31
4.1 IDENTIFICATION ET CARACTERISATION DES SITES
DE
FREQUENTATION DES ELEPHANTS 31
4.1.1 Identification 31
4.1.2 Caractérisation 32
4.1.2.1 Rôle joué par les sites de
fréquentation dans les dégâts de cultures 32
4.1.2.2 Potentiel alimentaire des galeries
forestières 32
4.1.2.3 Besoins comblés par les
éléphants dans les sites de fréquentation 34
4.1.2.4 Pression des éléphants sur les
galeries forestières 35
4.1.2.5 Influence des éléphants sur le sol
35
4.1.2.6 Compétition entre les
éléphants et d'autres animaux sur les sites de
fréquentation 36
4.1.2.7 Influence de l'homme sur les sites de
fréquentation 38
4.2 EVALUATION QUALITATIVE DES DEGATS 38
4.2.1 Type de dégâts causés par les
éléphants 38
4.2.2 Origine des éléphants pilleurs
38
4.2.3 Période et causes de la ruée vers les
cultures 39
4.2.4 Importance relative des dégâts
causés par les éléphants par rapport aux autres animaux 40
4.2.5 Ampleur des dégâts causés par les
éléphants sur différentes cultures dans la
périphérie Est du PNB ...42
4.3 EVALUATION QUANTITATIVE DES DEGATS 43
4.3.1 Cultures dévastées et
évaluées 43
4.3.2 Estimation des pertes 43
4.3.3 Estimation de la valeur financière des
pertes 44
4.4 METHODES DE GESTION DU CHE 46
4.4.1 Méthodes traditionnelles de protection de
cultures 46
4.4.2 Réaction des autorités
administratives 48
4.4.3 Mesures de contournement de la longue
procédure de prise de décision d'une
battue administrative 50
4.4.4 Conséquences du CHE 50
Chapitre 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 53
5.1 CONCLUSION 53
5.2 RECOMMANDATIONS 54
5.2.1 Aux institutions en charge de la gestion des aires
protégées (MINFOF,
ONGs) ..54
5.2.2 A l'administration territoriale 54
5.2.3 A l'endroit du WWF-Cameroun 55
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 56
LISTE DES TABLEAUX
Page
Tableau 1 : Différence entre L. africana
et E. maximus 7
Tableau 2 : Différence entre
éléphant de forêt et éléphant de savane 8
Tableau 3 : Effectifs et types des personnes
enquêtées par zone de chasse et par village....28 Tableau
4 : Espèces végétales consommées par les
animaux dans les galeries forestières des
sites de fréquentation des éléphants
identifiés 33
Tableau 5 : Indices de présence des
animaux dans les différents sites de fréquentation 37
Tableau 6 : Espèces animales responsables
et périodes des dégâts sur les cultures dans la
périphérie Est du PNB 41 Tableau 7 :
Cultures souvent pillées par les éléphants selon
les paysans de la périphérie Est
du PNB ...42
Tableau 8 : Nombre de champs
évalués par village et par culture dans les ZICs 2 et 3
43 Tableau 9 : Présentation des superficies
cultivées, des superficies endommagées, et des
pourcentages des superficies endommagées par culture
évaluée .....44
Tableau 10 : Estimation des pertes par
superficie de culture dévastée par les éléphants
45
LISTE DES FIGURES
Page
Figure 1 : Représentation
schématique des facteurs qui influencent les mouvements
d'éléphants (TCHAMBA, 1996) 9
Figure 2 : Carte de distribution des
éléphants au Cameroun (BABAN, 2007) .12
Figure 3 : Carte du réseau des aires
protégées au Cameroun (WWF/PSSN, 2008) 19
Figure 4 : Carte du réseau des aires
protégées pour la faune du Nord-Cameroun (EFG, 2003)
20 Figure 5 : Carte de zonage autour du
Parc National de la Bénoué (WWF/PSSN, 2004) 21 Figure 6 :
Localisation des sites de fréquentation des
éléphants à la périphérie Est du PNB
dans les ZICs 2 et 3 31
Figure 7 : Besoins comblés par les
éléphants dans les sites de fréquentation 34
Figure 8 : Importance des pressions
exercées sur les ligneux des sites de fréquentation par les
éléphants 35
Figure 9 : Origine supposées des
éléphants pilleurs selon la population 39
Figure10 : périodicité des
dégâts causés par les éléphants dans
l'année selon la population
des zones de chasse 2 et 3 40 Figure 11 :
Effectifs des champs évalués ainsi que le stade
d'évolution des cultures dévastées
par les éléphants pendant la période de
l'étude 44 Figure 12 : Techniques traditionnelles
de protection des cultures à la périphérie Est du
PNB ..46 Figure 13 : Efficacité des
méthodes de prévention des dégâts causés par
les éléphants dans les
villages des ZICs 2 et 3 47 Figure 14 :
Efficacité liée à la combinaison des
méthodes garde de nuit, vacarme, et
Contiguïté des champs pour la prévention des
incursions dans les champs dans le
village doudja 48 Figure 15 : Réaction
des autorités administratives face aux plaintes des victimes des
dégâts
causés par les éléphants dans la
périphérie Est du PNB 49
LISTE DES PHOTOS
Page
Photo 1 : Illustration de la différence
entre un éléphant d'Afrique (à gauche) et
éléphant
d'Asie (à droite) (WWF-Belgique, 2008) .6 Photo
2 : Femelle éléphant d'Afrique avec son petit sur la
berge du fleuve Bénoué en saison
sèche dans le Parc National de la Bénoué
(Tsakem et al., 2007) 8 Photo 3 : Sentier
tracé par un éléphant solitaire à
l'intérieur d'un champ de maïs (A) et un
champ de coton (B) dévastés par le même
éléphant dans le village Doudja ..13
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 et 2 : Fiche de collecte de données sur
les pertes causées par les animaux sauvages
et Fiche d'évaluation 62
Annexe 3: Fiche de caractérisation des
sites de fréquentation 64
Annexe 4 : Fiche d'enquête sur le conflit
homme / éléphant . 66
Annexe 5 : Arrêté
58/MINAGRI 68
Annexe 6 : Quelques espèces de
mammifères observées dans le PNB 70
LISTE DES ABREVIATIONS
CHE : Conflit Homme - Eléphant
CHF : Conflit Homme - Faune
CITES : Convention sur le commerce international
des espèces de faune et de flore menacées d'extinction
EFG : Ecole de Faune de Garoua
F.A.S.A : Faculté d'Agronomie et des
Sciences Agricole FCFA : Franc de la Communauté
Française d'Afrique GPS : Système de Position
Géographique
GSEAf : Groupe de Spécialistes de
l'Eléphant d'Afrique UICN: Union Mondiale pour la
Nature
MINADER: Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural MINAGRI: ex-Ministère de
l'Agriculture
MINEF : ex-Ministère de l'Environnement
et des Forêts MINFOF : Ministère des Forêts
et de la Faune
PN : Parc National
PNB : Parc National de la
Bénoué
PNBN : Parc National de Bouba Ndjiddah
PNW : Parc National de Waza
SPSS: Statistical Package for Social Sciences
UDs: Université de Dschang
UICN/SSC: Union Mondiale pour la
Nature/Commission de Suivi des Espèces UNESCO:
Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la
culture WWF: Fond Mondial pour la Nature
WWF/PSSN : Fond Mondial pour la Nature/
Programme Savane Sèche du Nord ZIC : Zone
d'Intérêt Cynégétique
ZUM : Zone à Usages Multiples
xi
RESUME
La périphérie Est du Parc National de la
Bénoué (PNB) est une région où les populations
riveraines subissent quotidiennement les raids de la faune sauvage du parc dans
les plantations : les dégâts causés par les
éléphants restant les plus préoccupants. La
présente étude réalisée dans cette partie du parc,
vise à analyser les Conflits Hommes - Eléphants (CHE) à la
périphérie Est du PNB. Cet objectif global a été
atteint à travers : l'identification et la caractérisation des
sites de fréquentation utilisés par les éléphants
à proximité des villages, une évaluation qualitative et
quantitative des dégâts causés par les
éléphants sur les cultures, un recensement des techniques de
gestion du conflit utilisées par les riverains. Les données sur
les CHE ont été collectées grâce à un
questionnaire adressé aux victimes et aux personnes ressources, puis
complété par, des descentes dans les champs. Celles relatives aux
zones de fréquentation des éléphants ont été
obtenues avec l'aide d'une fiche de collecte spécialement conçue
à cet effet. Les résultats obtenus montrent que tous les sites de
fréquentation identifiés sont des galeries forestières
à Anogeissus leiocarpus. Destructeurs au même titre que
les Babouins (Papio anubis) et le Patas (Erythrocebus patas),
l'éléphant (Loxodonta africana africana) est la menace
la plus importante à laquelle font face les agriculteurs dans la zone
d'étude. Les destructions sont caractérisées par le
broutage (55%), les arrachages (35%) et le piétinement (10%). Pour
réduire l'ampleur des pillages, les paysans utilisent des
méthodes traditionnelles de protection des champs telles que le
gardiennage (33%), l'installation des épouvantails (5%), le regroupement
des champs (14%) et la production des bruits à l'aide d'ustensiles vides
(28%). Toutefois les paysans combinent certaines techniques espérant
maximiser l'efficacité des résultats. Durant la période de
l'étude, les pertes causées par les éléphants ont
été estimées à 6,56 ha de culture
dévastés soit 38,88% de la superficie initiale des cultures et
les pertes financières correspondantes s'élèvent à
2 696 450 FCFA. L'étude recommande principalement au Fond Mondial pour
la Nature/Programme Savane Sèche du Nord (WWF/PSSN) de former les
populations à l'utilisation de nouvelles techniques de refoulement ayant
fait leurs preuves dans d'autres régions d'Afrique, de vulgariser dans
les villages Mbandjoukri, Mbaou, Taboun la technique combinée du
rapprochement des champs - garde de nuit - vacarme qui donne des
résultats satisfaisants à Doudja.
xii
ABSTRACT
The eastern outskirts of the Benue National Park (BNP) is a
region where populations suffer daily raids by wildlife of the park into the
plantations: the damage caused by elephants remain of concern. This study in
this part of the park aims to analyze the men - elephants conflicts in the
eastern BNP. This goal was achieved through the identification and
characterization of sites frequently used by elephants nearby villages, a
qualitative and quantitative assessment of damage caused by elephants on crops,
an inventory management of conflict techniques used by locals. Data on
human-elephant conflicts were collected through a questionnaire sent to victims
and to resource persons, and completed by field investigations, then added,
raided the fields. Those relating to the areas visited by elephants were
obtained with the help of a form specially designed so that effect. The results
show that all visiting sites identified are forest dominated by Anogeissus
leiocarpus. Although as destructive as baboons (Papio anubis) and
Patas (Erythrocebus patas), the elephant (Loxodonta africana
africana) is the greatest threat faced by farmers in the study area. The
destruction is characterized by grazing (55%), clearing (35%) and trampling
(10%). To reduce the scale of looting, farmers use traditional methods of
protecting fields such as security guard (33%), installation of scarecrows
(5%), the regrouping of fields (14%) and production of noise with empty
utensils (28%). But farmers usually combine certain techniques to maximize the
efficacy of results. During the study period, losses caused by elephants were
estimated at 6.56 hectares of devastated crops constituting 38.88% of the
original area cultivated and the corresponding financial loss amounted to 2 696
450 CFA francs. The study recommends mainly World Wide Fund for Nature/Dry
Savannah of North Program (WWF / DSNP) to train people to use new driving back
techniques which have proved successful in other parts of Africa, to popularize
Field regrouping - night guard - a racket technique which gave satisfactory
results in Doudja to the villages of Mbandjoukri, Mbaou, Taboun.
Chapitre 1 : INTRODUCTION
1.1 CONTEXTE
En 2010, les Etats du monde entier vont devoir faire le bilan
de leurs avancées concernant la conservation de la diversité
biologique adoptée à Rio en 1992. Pour cela, il est
nécessaire d'avoir recours à des outils de suivi de ses
avancées éventuelles (LEVREL, 2006). Selon IUCN (2000), 24% des
mammifères, 12% des oiseaux, 25% des reptiles, 20% des amphibiens et 30%
de poissons sont menacés sur la planète. LEVREL (2006) estime que
le principal risque couru par cette biodiversité est d'après les
biologistes, l'extinction des espèces. Il précise que,
l'extinction est en général liée au contexte naturel
où vivent les espèces, au nombre d'individus et aux interactions
diverses. Les causes de disparition de la diversité biologique sont
essentiellement anthropiques, avec un rythme de disparition de 58
espèces de mammifères et 115 espèces d'oiseaux en 400 ans
(WORLD RESOURCES, 1995).
Par ailleurs, l'Afrique centrale qui héberge la seconde
plus vaste étendue des forêts denses tropicales du monde couvrant
environ 210 millions d'hectares est caractérisée par une grande
diversité d'écosystèmes. Dans cette partie du continent
africain se trouve le Cameroun qui présente une diversité
écologique, culturelle et humaine remarquables (AMIET, 1987).
Toutefois, WCMS cité par DOUMENGE (1998) estime que le
fait que le Cameroun s'étire tant en latitude qu'en altitude sur une
grande variété de milieux naturels est un atout majeur qui
favorise l'existence d'une diversité d'écosystèmes. En
effet, plus de 90% des écosystèmes africains sont
représentés au Cameroun ; le pays occupe le 5e rang en
Afrique en matière de biodiversité (MINEF, 2004) avec ses
près de 250 espèces de mammifères, 542 espèces de
poissons d'eau douce (VIVIEN, 1991) et de nombreuses espèces d'oiseaux.
Dans tout cet ensemble, la faune sauvage africaine en général et
camerounaise en particulier subit d'énormes pressions qui menacent sa
survie. L'Homme a désormais le devoir de participer à la
sauvegarde de l'environnement et à la préservation de la
diversité faunique de plus en plus menacée.
L'éléphant d'Afrique (Loxodonta africana
africana) reste le plus grand mammifère terrestre. Il est fascinant
et suscite beaucoup de curiosité en raison de sa taille énorme,
de son comportement, de son organisation sociale et de son intelligence. Il est
un des symboles majestueux du continent africain méritant d'être
préservé (IUCN, 2003). Menacé d'extinction sur l'ensemble
de son aire de répartition, l'éléphant d'Afrique en
Octobre 1989 est classé en Annexe 1 (c'est-à-dire espèce
menacée d'extinction dont le commerce international est strictement
interdit sauf dans un but scientifique) par la convention sur le commerce
international des espèces de faune et de flore
menacées d'extinction (CITES). De nos jours, la menace la plus grave qui
pèse sur les éléphants est la réduction de leur
espace vital (IUCN, 2003).
En effet, il survient parfois des incidents dus à des
interactions entre l'homme et l'éléphant. La conséquence
de ces rencontres est en général l'apparition de nombreux
conflits qui aboutissent parfois à des pertes en vies humaines et/ou
d'animaux (HOARE, 1999). De nombreux dégâts matériels sur
l'habitat et sur les cultures sont souvent observés (HAKIZUMWAMI et
LUHUNU, 2005). En Asie, où le Conflit Homme - Eléphant (CHE) est
plus ancien, le problème de pillage des cultures a été
discuté et quantifié depuis plus de vingt ans par plusieurs
chercheurs ; en Afrique, celui-ci n'a commencé à être
abordé qu'il y a quelques années (MISHRA, 1971).
DOUGLAS-HAMILTON, et al. (1992) rapportent que la tragédie de
l'éléphant d'Afrique est que sa population totale est en
diminution. En même temps, les « conservationistes » doivent
localement faire face à l'augmentation du nombre
d'éléphants à l'intérieur et hors des aires
protégées (BARNES, 1983 ; DAMIBA et ABLES, 1993 ; TCHAMBA, 1995).
Il est désormais important de pouvoir concilier à la fois les
besoins de la conservation et les intérêts des populations
riveraines des aires protégées.
1.2 PROBLEMATIQUE
La compétition pour les ressources entre les
populations et la faune sauvage est un sujet d'actualité à
l'intérieur et à l'extérieur des aires
protégées du Nord Cameroun. Pendant que l'agriculture se
répand sur les territoires traditionnels de la faune sauvage la
destruction des cultures et les représailles sur les animaux sont en
nette augmentation (SIROMA, 2008).
Le conflit est caractérisé par les
dégâts sur les cultures et parfois sur d'autres biens tels que les
habitations et les humains. Selon MADDEN (2006), les CHE font diminuer l'appui
local à la conservation et peuvent également entraver la
poursuite des objectifs de développement et de réduction de la
pauvreté. MAMA et SINSIN (2002) estiment que les populations riveraines
des aires protégées qui dépendent de l'agriculture comme
source de l'alimentation et de revenus monétaires utilisent ces revenus
pour atteindre un niveau de vie qui leur permet de dépasser le stade
d'autosuffisance. Cette dépendance laisse entrevoir l'importance d'une
situation conflictuelle vis-à-vis de tout facteur pouvant affecter
négativement la production agricole. Une étude menée au
Bénin par MAMA et SINSIN (2002), présente l'exemple d'un paysan
du village Alfakoara qui a vu un hectare et demi de sorgho totalement
dévasté par les éléphants en deux nuits de passage
dans son champ. Dans la même localité, de décembre 1991
à mars 1992, plus d'une dizaine de greniers ont été
détruits
et les récoltes partiellement consommées par les
pachydermes. Cette destruction de cultures survient à
un moment où les agriculteurs devraient profiter des récoltes de
l'unique saison agricole de l'année avec pour conséquence une
pénurie de denrées alimentaires dans le village.
Par ailleurs, certains paysans s'organisent et passent des
nuits dans les champs à protéger les cultures contre les groupes
familiaux d'éléphants qui leur rendraient visite. Le manque de
repos (sommeil) après une journée ardue de travail provoque la
fatigue qui peut se ressentir sur le rendement. BABAN (2007), à travers
une étude menée dans le Sud-est (ZICs 2 et 3) du PNB, rapporte
que les dégâts causés par les éléphants est
le principal problème des agriculteurs ; que toutes les méthodes
traditionnelles utilisées restent inefficaces ; avec pour
conséquence une réduction de la production de l'ordre de 2,1t.
Face à cette situation, il est question dans la présente
étude d'étendre les investigations sur le CHE à toute la
périphérie Est du PNB (ZICs 9, 2, et 3) ; d'identifier et de
caractériser les sites de fréquentation des
éléphants à proximité des villages ; de
déterminer leurs rôles dans les destructions des cultures
causées par les éléphants afin de faire des propositions
permettant de réduire significativement les dégâts. Pour y
arriver, il est indispensable de répondre à certaines
interrogations dont les suivantes :
> Quelle est la nature des sites de fréquentation
utilisés par les éléphants à proximité des
villages ?
> Quelles sont la nature et l'ampleur des dégâts
dans la zone d'étude ?
> Quelle est la valeur des pertes dues aux dégâts
causés par les éléphants sur les cultures pendant la
durée de l'étude ?
> Quelles techniques utilisent les riverains pour gérer
le CHE ?
1.3 OBJECTIFS
· Objectif global
> L'objectif global de cette étude est d'analyser les
conflits hommes - éléphants à la périphérie
du Parc National de la Bénoué (PNB).
· Objectifs spécifiques
Il s'agira plus spécifiquement de :
> Identifier et caractériser les sites de
fréquentation utilisés par les éléphants à
proximité des villages ;
> Faire une évaluation qualitative des
dégâts sur les cultures ;
> Faire une évaluation quantitative des
dégâts causés par les éléphants ;
> Recenser les techniques de gestion du conflit
utilisées dans la zone d'étude.
1.4 IMPORTANCE DE L'ETUDE
La présente étude revêt à la fois une
importance théorique et pratique.
1.4.1 Importance théorique
Les résultats produits par cette étude
viendront enrichir la bibliographie sur la problématique des CHE dans
les aires protégées et particulièrement à la
périphérie du PNB. L'identification et la caractérisation
des sites de fréquentation d'éléphants au PNB n'ayant pas
encore jusque-là fait l'objet d'un travail, les résultats
générés par la présente étude fourniront des
éléments pour l'initiation de nouvelles recherches sur ces sites.
Cette étude permettra de compléter les informations qui existent
déjà dans la littérature en matière de gestion des
Conflits Homme - Faune (CHF).
1.4.2 Importance pratique
Les résultats permettront aux gestionnaires de la
faune, d'optimiser les dispositifs de surveillance et de prendre des
décisions appropriées au moment opportun. La conservation pourra
utiliser les sites de fréquentation identifiés comme lieu de
refoulement ; évitant ainsi que les éléphants
pénètrent d'abord dans les zones agricoles. L'administration
territoriale aura désormais un document justifiant la
nécessité de la mise sur pied d'un fond d'indemnisation des
victimes de dégâts de la faune dans les aires
protégées
Chapitre 2 : REVUE DE LA LITTERATURE
2.1 DEFINITION DES CONCEPTS
Certains termes sont définis d'après le recueil
de textes officiels relatifs à la gestion des forêts et de la
faune au Cameroun, loi du 20 janvier 1994 portant régime des
forêts, de la faune et de la pêche.
« Aire protégée : Une
zone géographiquement délimitée et gérée en
vue d'atteindre des objectifs spécifiques de conservation et de
développement durable d'une ou plusieurs ressources données.
»
Baguage : c'est la pose d'un collier
émetteur à un animal afin d'étudier ses mouvements.
« Biodiversité : L'ensemble des
organismes vivants, des écosystèmes terrestres, marins et
aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie, y compris
la diversité au sein des espèces et entre les espèces,
ainsi que celle des écosystèmes. »
« Braconnage : Tout acte de chasse sans
permis, en période de fermeture, en des endroits réservés
ou avec des engins ou des armes prohibées. »
« Ecosystème : Le complexe
dynamique formé de communautés de plantes, d'animaux et des
micro-organismes et de leur environnement non vivant qui, par leur interaction,
forment une unité fonctionnelle. »
Eléphant bagué : C'est un
éléphant équipé d'un collier émetteur dans
le but d'étudier les mouvements du troupeau auquel il appartient,
à l'intérieur et à l'extérieur de l'aire
protégée. La définition du Conflit Homme -
Eléphant (CHE) adopté par UICN/SSC Groupe de
Spécialistes de l'Eléphant d'Afrique (GSEAf) est : « tout
contact Homme - Eléphant qui a pour conséquence des effets
négatifs quant à la vie sociale, économique ou culturelle
des humains, à la préservation de l'éléphant ou de
l'environnement » (HOARE, 2001 cité par BABAN). Le CHE
entraîne des perceptions négatives des éléphants par
les populations (TCHAMBA et HATUNGIMANA, 1996). Il a été
désigné parmi les cinq sujets prioritaires en ce qui concerne la
préservation de l'éléphant d'Afrique.
« Parc national : Un
périmètre d'un seul tenant, dont la conservation de la faune, de
la flore, du sol, du sous-sol, de l'atmosphère, des eaux, et en
général, du milieu naturel et qui présente un
intérêt spécial qu'il importe de préserver contre
tout effort de dégradation naturelle, et de soustraire à toute
intervention susceptible d'en altérer l'aspect, la composition et
l'évolution. »
Site de fréquentation : C'est un
espace naturel localisé à l'intérieur de l'aire
protégée et régulièrement visité par les
éléphants et où ils viennent soit pour se protéger
du soleil, soit pour attendre la tombée de la nuit pour se ruer vers les
plantations etc.
Télémétrie : C'est une
technique qui permet de suivre à distance et de localiser des balises
terrestres ou marines équipées de radio émetteur. L'un des
systèmes les plus connus est le programme Argos. Il permet de
repérer une balise avec une précision allant jusqu'à 150
mètres, peu importe où elle se trouve sur terre. Dans le cas des
études fauniques, les balises prennent souvent la forme de collier
(Système ARGOS, 2008).
Une citation : C'est un enregistrement d'une
variable dans la base des données (BETTI et al., 2008).
« Zone d'intérêt
cynégétique (ZIC) : Toute aire protégée
réservée à la chasse, gérée par
l'administration en charge de la faune, une personne physique ou morale, une
collectivité publique locale, et dans laquelle tout acte de chasse est
subordonné au paiement d'un droit fixé par la loi des finances.
Aucun acte de chasse ne peut y être perpétré contre les
espèces intégralement protégées. »
2.2 CARACTERISTIQUES GENERALES DES ELEPHANTS
2.2.1 Aspects systématiques
L'éléphant d'Afrique (Loxodonta
africana) ainsi que son proche cousin, l'éléphant d'Asie
(Elephas maximus) sont les seuls survivants dans l'Ordre des
Proboscidiens (Photo 1, tableau 1). Les deux genres sont originaires de
l'Afrique sub-saharienne et datent du pléistocène précoce
(MAGLIO, 1973). Les Loxodonta sont restés en Afrique, mais les
Elephas sont partis en Asie pendant le pléistocène
tardif. On l'appelle aussi pachyderme (du grec pachys, épais et
derma, peau) à cause de sa peau épaisse.
Tableau 1 : Différence entre L.
africana et E. maximus
Éléphant d'Afrique Éléphant
d'Asie
- Poids : environ 7500 kg - Poids :
environ 5000 kg
Hauteur : 3 mètres Hauteur :
2,5 mètres
Longueur (du bout de la trompe au
Longueur : 5,50 à 6,40 mètres
bout de la queue) : 9 mètres
- Grandes oreilles (plus de 2 mètres) - Petites
oreilles
- Grandes défenses chez les mâles et les
femelles.
- « une lèvre double » au bout de la trompe
- Défenses seulement chez les mâles (et même
pas chez tous). Au Sri Lanka seul 5% des mâles portent des
défenses tandis qu'en Inde ils sont 90%. Les femelles ont de petites
dents qui ne sont pas visibles.
- « une lèvre unique » au bout de la trompe
- Plus haute partie du corps : les épaules - Plus haute
partie du corps : la tête
- Front plat - Front à « 2 bosses »
- Dos creux - Dos rond
Source : Panda (2008)
Selon Frade et al., cités par
IUCN/WWF (1999), certains faits suggèrent qu'il n'y a pas deux
sous-espèces comme le pensent la majorité des biologistes, mais
plutôt deux espèces distinctes : Loxodonta cyclotis
et Loxodonta africana. Pour POOLE (1996), on connaît deux
sous-espèces de l'éléphant d'Afrique :
l'éléphant des savanes, Loxodonta africana africana et
l'éléphant des forêts, Loxodonta africana
cyclotis. WESTERN (1989) aborde dans le même sens que Poole et
ajoute qu'entre les deux sous-espèces, il existe des
éléphants intermédiaires qui se trouvent dans les zones
d'hybridation sur de larges régions d'Afrique, à l'intersection
des forêts et des savanes.
2.2.2 Classification et caractéristiques
morphologiques des éléphants
d'Afrique
Règne : Animal Embranchement :
Chordate Sous-embranchement : Vertébré
Classe : Mammalien
Ordre : Proboscidea Sous-ordre :
Elephantoidea Famille : Elephantidea
Genre : Loxodonta
Espèces : Loxodonta africana
Photo 2 : Femelle éléphant
d'Afrique avec son petit sur la berge du fleuve Bénoué en saison
sèche dans le Parc National de la Bénoué (TSAKEM et
al., 2007)
Les mâles peuvent avoir un poids allant de 3.5 à
plus de 7 tonnes et une hauteur au garrot allant jusqu'à 4 m (LAWS, 1966
; LAWS et PARKER, 1968). Malgré ces formes massives, les
déplacements de l'animal sont aisés. Le corps dont la peau est
presque glabre est supporté par des membres « en poteau » que
renforcent les os épais et lourds ; les phalanges
enchâssées dans un coussinet souple de fibres élastiques
à l'intérieur d'une gaine de graisse permettent d'évoluer
silencieusement dans la brousse, et en terrain sec de laisser peu de trace.
Il existe deux sous espèces en Afrique. Les
caractères morphologiques permettant de distinguer Loxodonta
africana africana de Loxodonta africana cyclotis sont
présentés dans le tableau 2.
Tableau 2: Différences entre
éléphants de forêt et éléphants de savane.
Désignations L.
africana Africana L. africana
cyclotis
Taille au garrot 2,7 - 3,9 m 2,3 - 2,7 m
Oreilles · Grandes et larges avec un
lobe · Petites et arrondies avec un
inférieur, lobe inférieur,
~ Pointues. · Peu pointu,
· Lorsqu'elles sont plaquées contre le corps, ne
se croisent pas sur la ligne médiane de la nuque.
· Lorsqu'elles sont plaquées contre le corps, se
croisent sur la ligne médiane de la nuque.
Défenses Grosses et incurvées
vers l'avant. Minces et droites dirigées vers le
bas.
Poils Plus rares rares
2.2.3 Habitat et déplacement des
éléphants
Perturbations locales
Facteurs de direction
Gestion
Disponibilité en eau
Disponibilité du fourrage
Facteur de distribution
Nombre des éléphants
Mouvement des éléphants
Problèmes des éléphants
Interactions habitat / éléphants
Quantité fourrage
L'éléphant d'Afrique vit, comme son nom
l'indique, en Afrique, dans les savanes, les brousses ou les forêts
pluviales primaires, mais il peut s'adapter à des régions
subdésertiques (PFEFFER, 1989 ; MANLIUS, 1997). Peu de données
sont disponibles sur le mode d'utilisation de l'habitat par les
éléphants en Afrique centrale et de l'Ouest (RUGGIERO, 1992 ;
TCHAMBA et SEME, 1993 ; WHITE et al., 1993). Les
éléphants se déplacent souvent sur des aires
étendues à la recherche de nourriture, d'eau et de
minéraux ou suite à une perturbation. Bien qu'il ait une
activité diurne, l'éléphant se déplace le plus
souvent la nuit en suivant les anciennes pistes. Les distances qu'ils
parcourent peuvent dépendre d'un grand nombre de facteurs. Dans
certaines zones, les migrations saisonnières sont prévisibles
tandis que dans d'autres, les habitudes de migration sont bien plus difficiles
à cerner (BLANC et al., 2003). Les facteurs écologiques
affectent la dynamique des populations, l'habitat, les formes de migration, le
régime alimentaire, la taille et la composition des groupes (Figure
1) (KOTCHONI, 2007). L'habitat des éléphants a
déjà fait l'objet d'une étude par TCHAMBA (1996), qui a
déterminé le type d'habitat préféré par les
éléphants du Parc National de Waza (PNW) au Cameroun. Au terme de
cette étude, les zones à Acacia seyal ont
été identifiées comme logis préférés
des éléphants en saison sèche. Durant la saison pluvieuse,
les plaines inondables deviennent leur habitat favori. L'analyse de la
préférence annuelle d'habitat indique que ce sont les zones
majoritairement peuplées d'arbustes d'Acacia seyal qui sont
préférées, tandis que les régions boisées
sont moins fréquentées par les éléphants.
2.2.4 Régime alimentaire
Les éléphants sont des
végétariens. Ils se nourrissent exclusivement de plantes (herbes
; buissons ; branches, feuilles, fleurs et fruits des arbres). Ils peuvent
aussi manger des écorces et des racines et même de la terre qui
est riche en sels minéraux. Ceux-ci complètent leur alimentation
et préviennent les carences alimentaires. Leur grande taille leur permet
d'atteindre des ressources alimentaires hors de portée des autres
animaux. La quantité de nourriture absorbée par un
éléphant est assez impressionnante. Elle va de 150 à 170
kg en saison sèche et à environ 250 kg en saison humide. C'est
pourquoi les éléphants passent une grande partie de leur
journée et même de leur nuit à la recherche de la
nourriture. Ils absorbent aussi de grandes quantités d'eau,
jusqu'à 80 litres par jour. En général, ils se
désaltèrent une fois par jour, mais peuvent rester quelques jours
sans boire. La sécheresse est cependant pour eux une menace (KANGWANA,
1996).
2.2.5 Reproduction
Bien que la plupart des populations d'éléphants
n'observent pas une saison déterminée de reproduction,
l'avènement de l'oestrus et la conception sont tributaires des pluies et
de la disponibilité des ressources alimentaires (LAWS et PARKER, 1986).
Le degré de l'influence saisonnière sur l'oestrus les premiers
mois varie d'une population à l'autre et dépend des conditions
d'habitats et de pluies (HALL-MARTIN, 1987). La maturité sexuelle est
atteinte dès l'âge de 12 ans. La durée de gestation est
d'environ 650 jours (22 mois) en général ; avec 18 à 22
mois chez les éléphants d'Afrique et 20 à 22 chez les
éléphants d'Asie. A l'issue de cette période, la femelle
donne naissance à un éléphanteau d'environ 120 kg pour les
mâles, avec un poids de 20 à 30 kg de plus que les femelles. Une
éléphante met un petit au monde tous les 2 à 9 ans. Les
premiers mois, le petit se nourrira exclusivement du lait maternel. Les
femelles sont fertiles jusqu'à 55 à 60 ans (WWF-Belgique,
2001).
2.2.6 Organisation sociale
L'éléphant d'Afrique vit en hardes matriarcales
composées de dix à trente individus en moyenne dirigés par
une vielle femelle expérimentée. Les mâles matures
solitaires ou en petits groupes vivent généralement en dehors des
groupes des femelles et de petits. La solidarité est très
développée à l'intérieur du groupe. Pour preuve,
lorsqu'un des membres est abattu ou blessé, le reste du groupe l'assiste
en restant à proximité et parfois même en essayant de le
relever s'il est couché. Cette attitude matriarcale fit à
plusieurs reprises le
bonheur des braconniers. Contrairement à ce que l'on a
tendance à croire, son espérance de vie moyenne en liberté
n'est que de douze à quinze ans (PFEFFER, 1989).
2.2.7 Distribution des éléphants au
Cameroun
Au Nord Cameroun, on les rencontre dans les Parcs Nationaux
(PN) de Waza, de la Bénoué, de Bouba-Ndjiddah (SAID et al.,
1995). En zone de forêt, leur présence est signalée
dans la Réserve de Campo et aux environs de Korup et dans la plaine de
Mbo (BLANC et al., 2003). Leur densité est estimée
à 0,12 éléphants au km2 (OMONDI et al.,
2007) au Parc National de Waza (PNW) contre 0,47 en zone forestière
(BARNES et NANDJUI, 2005).
En avril 2008, le WWF représentation du Cameroun a
procédé à un inventaire total aérien dans les Parcs
Nationaux de Bouba-Ndjiddah, Faro et Bénoué ainsi que dans les
zones de chasse périphériques. Une population de 525
éléphants a été dénombrée avec 42,2%
au Parc de Bouba-Ndjiddah, et 22,67% dans la ZIC 23 (OMONDI et al.,
2008).
Figure 2 : Carte de distribution des
éléphants au Cameroun (BABAN, 2007). 2.2.8 Déclin
des éléphants d'Afrique
è
PFEFFER (1996) situe le premier déclin de
l'espèce entre le milieu du XIXsiècle (à partir de 1840)
et la première guerre mondiale. Aucune région de l'aire de
répartition des éléphants n'a échappé au
déclin. C'est au cours de ces deux décennies que PFEFFER (1996)
situe le second déclin de l'espèce. Le même auteur estime
que c'est au début des années 1970 que le second déclin de
l'espèce s'infléchit dramatiquement ; tombant brutalement
à environ
2,3 millions en 1979, il chute à 760 000 en 1987 et
à 400 000 ou 600 000 suivant les auteurs en 1989. L'espèce a
failli disparaître du continent noir. Entre 1970 et 1977, le Kenya aurait
perdu plus de la moitié de ses 120 000 éléphants et au
Rwanda ce sont les quatre cinquièmes de ces animaux devenus
incontrôlables qui furent abattus en 1974 (KANGWANA, 1996).
2.3 LES CONFLITS HOMME - ELEPHANT (CHE) 2.3.1
Dégâts sur les cultures
Logiquement, les éléphants ne devraient se
risquer dans les plantations que si celles-ci leur procurent un fourrage de
meilleure qualité que celui disponible dans leur habitat naturel
(KOTCHONI, 2007). TCHAMBA et HATUNGIMANA (1996) ont recensé les cultures
saccagées par les éléphants dans la plaine de Waza -
Logone. Il s'agit du sorgho fluvial (64%), des arachides (12%), du coton (10%)
et du sorgho de saison sèche (9%). Un travail similaire
réalisé par BABAN (2007) dans les villages Doudja, Mbandjoukri,
Mbaou, Taboun, ressort que les dégâts concernent le mil (98%), le
maïs (90%), le coton (88%), l'arachide (81%), l'igname (24%), le
niébé (10%), le gombo (1%), la patate (10%), le riz (5%), le
manioc (1%) et la banane plantain (1%) et 104,25 ha de terres
abandonnées à cause des dégâts causés par les
éléphants. La photo 3 illustre l'ampleur du préjudice
causé aux paysans après le passage des pachydermes dans une
plantation.
Dans la région de Waza-Logone, la superficie annuelle
de culture dévastée est d'environ 2 000 ha, la superficie
détruite par victime étant de 0.88 ha. Les pertes
financières totales annuelles de cette production sont
évaluées à 190 975 000 FCFA (TCHAMBA et HATUNGIMANA,
1996).
2.3.1 Les facteurs qui favorisent le conflit agriculteur -
éléphant
TCHAMBA et NSHOMBO (1996) pensent que plusieurs facteurs
interagissent pour contribuer au pillage des cultures par les
éléphants. Ce sont la proximité des plantations de la
lisière des aires protégées ; la réduction et la
fragmentation de l'habitat de l'éléphant suite à la
dégradation totale de la zone de transition entre la forêt de
basse altitude et la forêt de haute altitude ; l'effectif de la
population des éléphants ; l'appétence et la valeur
nutritive des plantes cultivées ; et l'insuffisance des mesures de
protection des cultures.
2.3.3 Techniques de protection des plantations
Selon TCHAMBA et NSHOMBO (1996), les stratégies de
gestion développées pour faire face au problème
multidimensionnel qu'est le CHE tentent de réduire son ampleur
plutôt que de l'éliminer totalement. Les mêmes auteurs
pensent que les stratégies développées dans une
région ne peuvent être nécessairement appliquées
à une autre région. Chaque conflit ayant ses
spécificités car se développant dans un contexte
écologique, politique, économique et social particulier qui exige
une analyse particulière. MARCHAND (1999) présente les
méthodes modernes, traditionnelles et expérimentales
utilisées pour contrôler les éléphants tel qu'il
suit.
2.3.3.1 Techniques de protection traditionnelles
· Surveillance des cultures
C'est un système de gardiennage des champs de jour
comme de nuit très utilisé par les populations victimes des
dégâts causés par les éléphants (TSAGUE,
1994). Organisée ou non, la surveillance des cultures ne constitue pas
une solution efficace pour prévenir les incursions
d'éléphants. Dans la plupart des cas, la seule présence
humaine ne suffit pas à empêcher les incursions, à
l'exception des régions où les populations
d'éléphants ont subi d'énormes pressions humaines
(braconnage intensif).
· Construction des enclos
Les clôtures construites en matériaux locaux
pour empêcher les éléphants d'atteindre les cultures se
sont révélées peu efficaces pour deux principales raisons.
Tout d'abord les intempéries contribuent à la dégradation
rapide de ces installations qui demandent un entretien important pour rester
fonctionnelles. Ensuite la fragilité de ces installations. Dans bien des
cas, les éléphants parviennent à les franchir.
Généralement, les clôtures métalliques
destinées à protéger les plantations des
grands mammifères ne résistent pas souvent à la pression
d'un troupeau d'éléphants.
~ Refoulements traditionnels
Les techniques habituellement choisies par les populations
pour refouler les éléphants qui pénètrent dans les
plantations sont la production des bruits et l'utilisation du feu. En poussant
des cris, en tapant sur divers ustensiles métalliques, en tirant des
coups de feu ou en allumant des brasiers, les villageois tentent d'effrayer les
animaux et de les faire fuir. Cependant l'efficacité de ces
méthodes est très discutable. Si elles sont efficaces lors des
premières incursions, elles se révèlent totalement
inopérantes sur le long terme. Les pachydermes finissent par s'habituer
aux dérangements et deviennent de ce fait insensibles.
2.3.3.2 Techniques de protection conventionnelles
a. Abattage des éléphants
destructeurs
· L'abattage dit « de légitime
défense »
Il est légalisé dans certains pays, à
condition que l'abattage de l'animal soit signalé dans un court
délai et justifié auprès des autorités
concernées (WWF-France, 1997). Cette pratique autorise les villageois
dont les biens sont menacés par les éléphants à
abattre les animaux destructeurs sur les lieux mêmes des
dégâts. Cette méthode est plus contestable dans la mesure
où elle présente d'énormes dangers pour les villageois
qui, le plus souvent, ne disposent pas d'un armement approprié. De plus
elle dispose d'une efficacité à très court terme.
· L'abattage administratif
L'autorité en charge de la gestion de la faune sauvage
de certains pays autorise régulièrement l'abattage
d'éléphants responsables des dégâts sur les biens
des riverains. Cet abattage peut être pratiqué selon les cas par
des agents des eaux et forêts assermentés ou par des chasseurs de
grande faune privés contactés à l'occasion. La viande des
animaux tués est traditionnellement distribuée aux populations
victimes des dégâts tandis que l'ivoire demeure la
propriété de l'Etat.
b. Contrôle des effectifs
Dans le cas où on estime que le problème entre
les populations riveraines et les éléphants est lié
à la surpopulation des pachydermes, on peut procéder aux
techniques de translocation et de « culling ».
· La « translocation » ou transfert
d'animaux
Le transfert d'un certain nombre de pachydermes vers d'autres
régions est une technique particulièrement pratiquée en
Afrique orientale et australe. Souvent recommandée, voir même
financée par les organismes de protection de la faune, elle est souvent
considérée comme seule alternative à l'abattage
administratif des éléphants. Toutefois c'est une opération
qui nécessite d'énormes ressources financières,
logistiques et un personnel hautement qualifié.
· Le « culling » ou abattage des
troupeaux entiers
Méthode appliquée exclusivement dans les pays
d'Afrique orientale et australe, elle consiste à procéder
à l'abattage massif de troupeaux entiers d'éléphants
estimés en surnombre et représentant une menace tant pour les
populations humaines riveraines que pour l'équilibre du biotope. Cette
opération nécessite des moyens logistiques
(hélicoptère, camion, voiture...) importants, un personnel
qualifié et un marché local suffisamment conséquent
capable d'absorber les grandes quantités de viande.
2.3.3.3 Techniques de protection encore en
expérimentation
Grâce à une utilisation originale du piment, de
l'huile de moteur, du crottin d'éléphant et de corde, le WWF aide
les communautés locales du Mozambique à éloigner les
éléphants de leurs terres (Panda, 2008).
Depuis quelques années, les méthodes de
refoulement sonores et chimiques sont testées avec un relatif
succès par les chercheurs, notamment en Afrique australe. Il s'agit
d'abord de l'émission d'infrasons (vocalisation d'éléphant
émise en-deçà du seuil de réceptivité
auditive de l'oreille humaine) qui a pour effet d'éloigner les
pachydermes. L'autre technique est la dissuasion chimique au moyen
d'aérosol ou de « grenade » à base d'huile essentielle
de Capsicum, espèce végétale proche du piment.
Pulvérisé sur le troupeau d'éléphants, le
Capsicum a pour effet d'irriter temporairement les yeux et les
muqueuses des animaux, provoquant leur fuite immédiate.
Expérimentée au Zimbabwe et au Cameroun, cette seconde
méthode a jusqu'à présent donné des
résultats satisfaisants (TCHAMBA, 1995 cités par MARCHAND,
1999).
~ Contrôle des naissances
Suite à une forte pression de l'opinion publique et
des associations de protection de la nature qui désapprouvent le «
culling » régulièrement appliqué au Parc National de
Kruger (Afrique du Sud), une méthode de régulation des effectifs
d'éléphants par contraception des
femelles est expérimentée depuis 1996 dans le
même Parc (CHAMBON, 1996 cité par MARCHAND, 1999). Cette
méthode consiste soit à implanter les oestrogènes à
diffusion lente qui ont pour effet de bloquer l'ovulation, soit à
administrer un « vaccin contraceptif » qui a déjà
donné des résultats satisfaisants dans les parcs zoologiques
américains.
~ Clôture électrique
Expérimentée au Gabon (LANDRY et MOUSSOUNDA
1996), les résultats obtenus ont révélés que dans
les milieux où la disponibilité en fourrage est importante, un
simple câble disposé autour du champ suffit à dissuader les
pachydermes à y entrer. Tandis que les clôtures
électrifiées alimentées par batteries peuvent se
révéler efficaces sur le moyen terme. La condition de cette
efficacité est que la structure bénéficie d'une
surveillance et d'un entretien régulier par un personnel
expérimenté. Mais le principal problème reste son
coût très élevé qui ne permet pas une installation
sur une grande superficie.
Chapitre 3 : MATERIELS ET METHODES
3.1 MATERIELS
La zone d'étude est présentée
d'après le plan d'aménagement du PNB réalisé par le
MINEF (2001).
3.1.1 Historique de création du PNB
L'histoire du PNB est liée à celle du Lamida de
Rey Bouba qui pendant la période précoloniale utilisait cette
zone comme domaine privé de chasse. Sous l'impulsion de l'administration
coloniale, notamment de l'inspecteur colonial de chasse Pierre Flizot, ce
domaine a été classé réserve de faune de la
Bénoué en vertu de l'Arrêté N°341/32 du 11
novembre 1932 du Haut Commissaire de la République française au
Cameroun. En créant cette réserve, l'administration coloniale
voulait atteindre les objectifs suivants :
> favoriser le reboisement naturel en interdisant tout
déboisement par les défrichements
et par les feux ;
> promouvoir le tourisme de vision en favorisant la
multiplication et le rassemblement des grands mammifères ;
> protéger les Elands de Derby qui étaient
intensément chassés pour leurs trophées.
Conscient des multiples pressions exercées par l'homme
sur les ressources naturelles, de la nécessité de
préserver des échantillons représentatifs de la
diversité biologique de la région, L'Etat du Cameroun a
érigé la réserve de faune de la Bénoué en
Parc National par l'Arrêté N°120/SEDR du 05 décembre
1968, accordant ainsi une protection intégrale sur cette superficie de
180 000ha. Depuis 1981, le PNB a été inscrit par l'UNESCO sur la
liste des réserves de la biosphère et fait partie du
réseau des aires protégées du Cameroun (Figure 3).
Figure 3 : Carte du réseau des aires
protégées au Cameroun (WWF/PSSN, 2008)
3.1.2 Localisation du PNB
Le PNB est situé entre 7°55 et 8°40
latitudes Nord et entre 13°33 et 14°02 longitudes Est.
Administrativement, il est situé dans le département du Mayo Rey.
Il fait partie du réseau des aires protégées de la
région du Nord Cameroun qui comporte 3 parcs nationaux, 28 zones
d'intérêt cynégétique, 2 zones
d'intérêt cynégétique à cogestion et 2 zones
d'intérêt cynégétique à gestion communautaire
(Figure 4). Il est limité :
~ au Nord par les cours des Mayo Labé et Lainde loal ;
· au Sud par le cours du Mayo Dzoro ;
· à l'Est par le cours du fleuve
Bénoué ;
· et à l'Ouest par : la route Nationale
1 Garoua - Ngaoundéré, du pont sur le Mayo Dzoro
et jusqu'au village Banda ; l'ancienne route Garoua - Ngaoundéré,
de Banda à Ex-Djaba ; la Nationale 1, de l'Ex-Djaba au
pont sur le Mayo Salah ; et par le cours du Mayo Salah jusqu'au point de
confluence avec le Mayo Labé.
3.1.3 Présentation de la zone
périphérique
La zone périphérique englobe toutes les 08 ZIC
riveraines du PNB et de la zone banale située au Sud du parc entre les
ZIC 2 et 13 (Figure 5). Les limites des ZIC sont définies par
l'Arrêté N° 0580 /A/MINEF/DFAP/SDF/SRC du 27 août 1998,
avec :
· à l'Ouest : des ZIC N°4 (dite du Bel Eland,
40 640 ha), N°1 (dite Sakdjé, 39 552 ha), N°5 (dite des Cobas,
85 120 ha) ;
· au Nord : la ZIC N°7 (dite des Eléphants, 97
920 ha) ;
· au Sud : la ZIC N°15 (dite Faro Coron, 76 128 ha)
;
· à l'Est : les ZIC N°9 (dite du Grand
Capitaine, 50 072 ha), N°3 (dite Mayo Oldiri, 55 328 ha) et N°2 (dite
de Mbandjoukri, 75 648 ha).
Figure 5 : Carte de zonage autour du Parc
National de la Bénoué (WWF/PSSN, 2004).
3.1.4 Caractéristiques biophysiques du parc et de sa
périphérie
Ces ZIC présentent les mêmes
caractéristiques que le PNB en terme de milieu physique, et sont
gérées suivant le mode d'affermage définit
l'Arrêté N° 0580 /A/MINEF/DFAP/SDF/SRC du 27 août
1998.
3.1.4.1 Conditions climatiques locales
Le climat de la zone est de type soudanien de nuance humide ou
soudano - guinéen caractérisé par deux saisons
contrastées d'inégale importance. La saison sèche de cinq
à six mois entre novembre et mars. La saison pluvieuse de six à
sept mois allant de mai à octobre. Le PNB subit l'influence du plateau
de l'Adamaoua. Les données collectées au poste
pluviométrique du campement Buffle Noir (à l'intérieur du
PNB) entre 1994 - 1998 montrent une pluviométrie annuelle de 1426 mm.
Les fluctuations inter annuelles de la hauteur des précipitations sont
importantes avec 1208 mm en 1996 contre 1550 mm en 1997. Inégalement
répartie, la pluviométrie suit le gradient nord - sud avec une
moyenne annuelle régionale de 1200 mm. Les mois de juillet et août
sont les mois les plus pluvieux de l'année. La température
moyenne annuelle se situe autour de 25°C.
3.1.4.2 Relief et Topographie
Le PNB comprend un système de massif rocheux dit
Hosséré dont les altitudes varient entre 200m et plus de 700m,
séparé par une plaine plus ou moins vaste. On les rencontre
surtout dans la partie Nord du parc. C'est le cas par exemple du
Hosséré Mbana qui culmine à 759m.
3.1.4.3 Hydrographie
Dans les bassins des Mayos Na et Bam et le cours
supérieur du Mayo Salah, le paysage est caractérisé par la
présence des buttes à cuirasse affleurant. Le drainage externe
est fort. Mais les nappes perchées se forment en saison pluvieuse sur la
plupart des glacis à cause de la faible perméabilité des
horizons à argiles gonflantes. L'activité des vers de terre est
importante et se traduit par une épaisse couche de déjections.
3.1.4.4 Géomorphologie du sol
Les principales unités des paysages rencontrés
sont : la haute vallée du Mayo Alim, la basse vallée du Mayo
Alim, le bassin du Mayo Kout, les bassins des Mayo Na et Bam et le cours
supérieur du Mayo Salah (BRADANT et HUMBEL, 1974).
La haute vallée du Mayo Alim, situé entre 500 et
700m d'altitude, est constituée de plateaux cuirassés et les sols
ferrugineux hydromorphes à accumulation de fer en cuirasse. On y observe
aussi de sols ferrugineux tropicaux lessivés à concrétion,
à horizon C épais. Ces
sols représentent en outre une argilisation plus
poussée (jusqu'à 42%) et une désaturation en carbone (35%)
plus intense que les sols ferrugineux de la zone de Poli.
Dans la basse vallée du Mayo Alim et le bassin du Mayo
Kout, le paysage est faiblement ondulé. Les termitières
champignons sont abondantes dans les bas de pentes et dans les vallons
où les déjections des vers constituent une couche continue. Le
paysage pédologique est homogène et comporte les sols ferrugineux
plus ou moins concrétionnés sur les sommets, des sols
hydromorphes en bas de pentes et, entre les deux, des sols ferrugineux
indurés qui sont l'unité dominante.
Le PNB appartient au bassin de la Bénoué dont le
principal cours d'eau permanent est le fleuve Bénoué. Les
affluents de ce fleuve sont les Mayos Mbam, Na, Oldiri, Dzoro, Alim, Pem, Sona,
Biem, Gour, Beleli, Birma, Lainde laol, Lada, Kout, et Salah. A
côté de ces cours d'eau à débit intermittent on
rencontre souvent des mares plus ou moins importantes.
3.1.4.5 Végétation
La végétation du PNB et de ses environs est de
type soudano guinéen caractérisé par sa savane
arborée / boisée et des savanes herbeuses. STARK et WIT (1977)
ont défini 8 variantes physionomiques à l'intérieur du PNB
tandis que DONFACK et KINKEU (1999) y ont décrit 15 formations
végétales dont les plus représentées sont :
> les savanes arborées à Isoberlinia
doka rencontrées sur les collines et les sols ferrugineux bien
drainés à travers tout le parc ;
> les forêts claires à Anogeissus
leiocarpus présentes sur les collines et le long de certains cours
d'eau ;
> les savanes arborées à Burkea africana
;
> les savanes claires à Terminalia macroptera
rencontrées essentiellement sur les plaines autour du campement Bel
Eland et de la zone de Mayo Alim ;
> les savanes boisées à Isoberlinia
tomentosa rencontrées sur les sols ferrugineux bien drainés
à travers tout le parc ;
> les savanes à Lophira lenceolata qui par
endroits forment des peuplements purs. Les formations les moins
représentées sont celles à :
> Mitragyna inermi ;
> Pseudocedrela kotschyi ;
> Crossoptryx febrefuga, Gardenia aqualla et Pericopsis
laxiflora ;
> Polysphaera arbuscula.
Entre les deux groupes de formations moyennement
représentées se rencontrent : > la savane à Afzelia
africana ;
> les formations à Monotes kerstigii ;
> les formations à Terminalia laxiflora et
Terminalia spp.;
> les forêts d'altitude à Derarium
microcarpum ;
> les forêts de dégradation à Acacia
spp. ou à Combretum spp.
Les espèces d'arbres et arbustes les plus
représentées dans les savanes arborées / boisées et
les savanes herbeuses sont : Burkea africana, Combretum glutinosum,
Anogeissus leiocarpus, Daniella oliveri, Prosopis aficana, Boswellia dalzielli,
Piliostigma thonningii, Terminalia laxiflora, Ceiba pentandra ,Isoberlinia
doka, Terminalia macroptera, Afzelia africana, Lophira lanceolata, Sclerocarya
birrea, Mimosa pigra, Diospyros mespiliformis, Acacia polyacantha, Tamarindus
indica, Ficus spp., Annona senegalensis, Borassus aethiopium, Detarium
microcarpum, Butyros permum parkii (vitallariaparadoxa), etc.
La strate herbeuse est à dominance Loudetia
spp., et de graminées parmi lesquelles Andropogon gayanus, A.
schirensis, A. pseudapricus, Hyparrhenia subphumosa, H. smithiana, H. rufa,
Pennisetum unisetum, Sporobulus pectinellus, Setaria barbata, vetivera
nigritana, et Chloris robusta. Les espèces telles que Adansonia
digitata (baobab), Borassus aethiopium (rônier), Bombax
costatum (kapokier), Elais guineensis (palmier), Tamarindus
indica (tamarinier), et ficus spp. (figuier) signalent de la
présence actuelle ou ancienne de l'Homme.
Les relations entre les sols et la végétation se
manifestent par le fait que les espèces arborées ou arbustives
sont plus espacées sur des sols hydromorphes lithomorphes au profit des
tapis herbacés à Loudetia
spp. et se concentrent sur les sols
peu évolués ou à l'horizon caillouteux (BRADANT et HUMBEL,
1974).
3.1.4.6 Faune
Des récentes études ont
révélé la présence de plus de trente espèces
de mammifères diurnes appartenant à 11 familles. Par ailleurs 34
espèces de grands et petits mammifères ont été
observées à partir des corridors de faune au cours
d'aménagements dans les ZIC No1 et 4 (DONFACK et TSAKEM,
2004) (Annexe 6). Certaines espèces telles que les lycaons
(Lycaon pictus) et les panthères (Panthera pardus)
sont devenues rares tandis que le rhinocéros noir (Diceros bicornis
longipe) a été éliminé du PNB et demeure
exclusivement dans certaines zones de chasse avoisinantes (TSAKEM et DONFACK,
2000).
> Oiseaux
L'avifaune comprend plus de 306 espèces (Dowsett et
Dowsett, 2001 cité par TSAKEM et al., 2007). Les principales
espèces sont : le touraco (Tauraco leucolophus), l'oie de
Gambie (Plectropterus gambensis), le busard des roseaux (Circus
aeruginosus), le coucal du Sénégal (Centropus
senegalensis), le héron garde-boeuf (Nycticorax
leuconotus), le héron goliath (Ardea goliath), la
tourterelle (Streptopelia sp.), l'ombrette (Scopus umbretta),
le francolin (Francolinus bicalcaratus) et la pintade commune
(Numidia meleagris). Par ailleurs les espèces telles que la
cicogne (Ciconia sp.), le jabiru d'Afrique (Ephippiorhynchus
senegalensis) et l'ibis sacré (Threskiornis aethiopicus)
sont en voie de disparition de la région (TSAKEM et al.,
2007).
> Poissons
L'important réseau hydrographique axé sur le
fleuve Bénoué comprend une gamme variée d'espèces
halieutiques parmi lesquelles le hareng (Pellonula miri),
l'hétérotis (Heterotis niloticus), le clarias
(Clarias albopunctatus, C. anguillaris, C. gariepinus), le tilapia
(Tilapia rendalli, T. zillii), le tetraodon (Tetraodon
lineatus), le barbus (Barbus spp.), le poisson-chat
(Auchenoglanis biscutatus, A. occidentalis), le binga (Hydrocinus
vittatus, H. brevis, H. forskalli) et le capitaine (Lates
niloticus). Malgré la grande diversité des poissons qu'on y
trouve (VIVIEN, 1991), deux espèces seulement (le binga et le capitaine)
sont très prisées pour la pêche sportive par les
touristes.
3.2 METHODE
3.2.1 Données secondaires
Elles sont issues de la revue de la littérature,
précisément à travers une analyse documentaire « via
» les bibliothèques de l'Ecole de Faune de Garoua (EFG), du WWF/
PSSN, la bibliothèque du département de foresterie de
l'Université de Dschang (UDs) et de Internet.
3.2.2 Données primaires
Les données primaires proviennent des descentes sur le
terrain. La première descente s'est déroulée du
1er- 10 juin 2008 et a consisté à identifier et
à caractériser les sites de fréquentation des
éléphants à proximité (0 - 4 km) des villages, et
à enquêter les personnes
ressources sur le CHE. La seconde a eu lieu du 28 août - 10
juillet 2008 et a été consacrée à la collecte des
données relatives aux dégâts sur les cultures.
3.2.2.1 Caractérisation des sites de
fréquentation des éléphants
a. Choix du site de fréquentation à
caractériser
Le processus du choix du site à caractériser a
d'abord consisté à avoir un entretien avec des personnes
ressources de chaque village. Au cours de ces rencontres, le problème
était posé et les attentes clairement définies. A l'issue
des discussions, au total 7 propositions de sites de fréquentation ont
été faites par les personnes ressources. Seules celles
remplissant les conditions suivantes ont été retenues :
> être estimé par les personnes ressources
à une distance maximale de 4 km du village. Cette distance a
été choisie parce que ENDAMANA et al. (2007) ont
estimé que dans la zone d'étude, les dégâts
causés par les éléphants se situaient à moins de 4
km des habitations.
> être reconnu unanimement comme site
régulièrement fréquenté par les
éléphants.
Les discussions se déroulant en langue locale (Dourou,
Foufouldé), les services d'un traducteur ont été
sollicités. Au terme des entrevues, quatre sites de fréquentation
ont été retenues : 3 sites dans la ZIC 2 (sites 2, 3, et 4) et 1
site dans la ZIC 3 (site 1).
b. Collecte des données relatives aux sites de
fréquentation des éléphants
Un jour était suffisant pour la collecte des
données par site retenue. La descente sur les différents sites
nécessitait les services d'un pisteur ayant une parfaite connaissance de
la zone, et d'un garde communautaire armé d'un fusil pour assurer la
sécurité. Une fois sur le site, le travail était
réparti en trois principales opérations :
- la prospection : Elle consistait à effectuer
une visite guidée pour observer les différents paramètres
(végétation, indices de présence des animaux, indices de
présence humaine etc.) à identifier ou à mesurer à
l'aide de la fiche de collecte des données.
- prise des coordonnées géographiques :
Elle se faisait à un endroit où la canopée est
dégagée, à l'aide d'un GPS 48 Garmin et les
coordonnées étaient également consignées sur la
fiche de collecte des données.
- la prise de notes dans la fiche: la fiche de
collecte des données (annexe 3) était remplie sur la base des
observations faites lors de la prospection. Les informations sur la
végétation, la texture du sol, le relief du site,
la faune et les populations riveraines étaient recherchées.
*Remarques
o Lorsque qu'en arrivant sur le site, les
éléphants étaient présents, à l'aide d'une
jumelle, l'équipe (étudiant, pisteur, garde communautaire)
observait leur comportement. Il était possible d'identifier les
espèces végétales qu'ils cassent, qu'ils consomment, sur
lesquelles ils se frottent, etc. Le lendemain, l'équipe était
à nouveau sur les lieux en espérant que les
éléphants étaient partis et la collecte des données
était achevée.
o La vigilance et le silence étaient de rigueur à
l'approche de chaque site pour éviter de surprendre ou de se faire
surprendre par les éléphants sur le site de
fréquentation.
3.2.2.2 Analyse du Conflit Homme - Eléphant
Elle a consisté à enquêter sur les
personnes ressources d'une part et les paysans victimes des dégâts
causés par les éléphants d'autre part, pendant le
séjour de l'enquêteur dans la zone d'étude. La
méthode appliquée est la même que celle qui a
été utilisée par BETTI et al. (2008) au Parc
National de Bouba-Ndjiddah et du Faro, à la seule différence que
dans le cadre de la présente étude, les paysans
enquêtés étaient nécessairement des victimes
récentes des dégâts causés par les
éléphants. Les données générées par
ces enquêtes portaient sur l'évaluation qualitative du CHE et le
recensement des techniques de gestion du conflit utilisées par les
villageois de la périphérie Est du Parc.
a. Présentation de la trame d'enquêtes sur
les CHE
La fiche d'enquête utilisée est de BETTI et
al. (2008). La fiche comporte 08 parties : les données de base -
les problèmes auxquels font face les agriculteurs - les problèmes
liés aux dégâts causés par les animaux - les
problèmes liés aux dégâts causés par les
éléphants - les méthodes de lutte - la place de
l'éléphant dans la tradition - les informations diverses sur les
éléphants - autres informations (annexe 4).
b. Le choix des enquêtés
o Les paysans
L'échantillonnage s'est fait sur la base des
destructions. En effet pour être retenu comme paysans à être
enquêté, il fallait au préalable avoir été
victime d'un dégât causé par les éléphants
pendant que l'enquêteur était dans la zone d'étude.
o Personnes ressources
Etaient considérés comme personnes ressources,
les membres du bureau de gestion de la ZIC, les pisteurs, le chef de village,
et les gardes communautaires. Les effectifs par groupe d'enquêtés
se présentent comme sont consignés dans le tableau 3.
Tableau 3 : Effectifs et types des personnes
enquêtées par zone de chasse et par village
ZICs
|
Villages
|
Personnes ressources
|
Paysans
|
Total
|
ZIC 2
|
Doudja
|
7
|
16
|
23
|
|
Mbandjoukri
|
6
|
4
|
10
|
ZIC 3
|
Mbaou
|
7
|
5
|
12
|
|
Taboun
|
5
|
18
|
23
|
|
Yett
|
9
|
0
|
9
|
|
Youkout
|
8
|
0
|
8
|
ZIC 9
|
Maradi
|
9
|
0
|
9
|
|
Fimbe
|
5
|
0
|
5
|
|
Mboukma
|
8
|
0
|
8
|
Total
|
9
|
64
|
43
|
107
|
Au total dans les 3 zones de chasse qui constituent la
périphérie Est du PNB, 9 villages ont été
visités, 107 personnes enquêtées dont 64 personnes
ressources, et 43 paysans.
3.2.2.3 Evaluation des pertes
L'évaluation quantitative des pertes s'est faite
à travers la fusion de deux méthodes. Pour estimer les
quantités de culture perdues suite aux dégâts causés
par les éléphants, la méthode appliquée par TCHAMBA
et HATUNGIMANA (1996) dans la région de WazaLogone au Parc National de
Waza (PNW) a été utilisée. Tandis que la
détermination de la valeur financière des pertes liées aux
dégâts s'est faite par la méthode de calcul des
indemnités à verser aux victimes des dégâts
d'animaux appliquée par le MINADER. Cette dernière est
régie par le texte de l'Arrêté 58 /
MINAGRI portant la modification des tarifs des indemnités à
verser au propriétaire pour toute destruction d'arbres cultivés
et cultures vivrières du 15 août 1981 (annexe 5).
3.2.2.4 Collecte des données
Elle s'est faite à l'aide d'une fiche de collecte de
données (annexe 1 et 2). Ladite fiche est divisée en quatre
grandes cases traitant respectivement des informations suivantes :
renseignements généraux - les caractéristiques du champ -
méthode de protection - informations relatives aux cultures
dévastées. La phase de collecte des données en champ
comporte deux articulations. La première est une série de
questions adressée au propriétaire du champ
dévasté. La seconde est une estimation des pertes
réalisée par l'observateur en suivant les étapes
ci-après :
o Mesure de la surface dévastée
Le propriétaire donne la superficie réelle de
son champ. Avec son aide et celle d'un assistant, l'observateur
détermine la superficie de la partie ayant subi des dommages. Dans le
cas où les dégâts sont dispersés à plusieurs
endroits dans le champ, on détermine et on somme les surfaces des
parties dévastées du champ. Les mensurations sont faites à
l'aide d'un ruban double décamètre.
o Estimation des pertes
Une fois la superficie endommagée
déterminée, les formules ci-après permettent de retrouver
la valeur financière du dégât.
- pour les céréales et les légumineuses la
formule est la suivante :
C = S x e Avec C = coût des pertes ; S = surface
dévastée ; e = valeur financière correspondante du
stade d'évolution des cultures dans le champ
dévasté donnée par l'Arrêté
58/ MINADER du 15 août 1981.
- pour ce qui est des tubercules et les racines, c'est la formule
ci-après qui est utilisée :
C = N x e Avec : N = nombre total de pieds endommagé
; C = coût des pertes ; e = valeur financière
correspondante du stade d'évolution des cultures dans le
champ dévasté donnée par l'Arrêté
58/ MINADER du 15 août 1981.
3.2.3 Traitement et analyse des données
La première phase a consisté à
dépouiller manuellement l'ensemble des fiches de collecte de
données, afin d'identifier l'ensemble des variables de réponse.
Dans la seconde
phase, une fiche de codes a été conçue.
Dans cette fiche, les différentes variables de réponses ont
été définies, regroupées et codifiées. Les
données codées ont ensuite été introduites dans le
logiciel SPSS 12.0 pour analyse. Certains résultats (graphes) ont
été produits à l'aide de Microsoft Excel. Par ailleurs, la
carte de localisation des sites de fréquentation des
éléphants à la périphérie Est du PNB a
été produite avec l'aide du logiciel ArcView 3 a. Enfin
l'échelle de mesure de l'importance des paramètres dans les sites
de fréquentation est la suivante : 4 = très important ; 3 =
important ; 2 = assez important ; 1 = rare ; 0 = absent.
3.2.4 Les limites de la méthode d'évaluation
des dégâts
La méthode d'évaluation des pertes
utilisée pourrait être difficile à appliquer lorsqu'il
s'agit d'un champ de culture en association, il deviendra difficile de
déterminer les superficies endommagées par type de culture. Dans
notre cas, les populations ne pratiquent les cultures en association que dans
les jardins de case au village.
3.2.5 Difficultés rencontrées
· La recherche des informations a rencontré des
résistances de la part des victimes des dégâts. En effet,
selon elles, les enquêtes antérieures sur les conflits ne leur ont
rien apporté de la part de l'administration. Par ailleurs, elles
affirment que les indemnités envoyées par l'administration sont
détournées par les autorités de Tcholliré.
· Descentes sur le terrain
- La saison des pluies particulièrement agressive
provoque des inondations quicoupent la circulation pendant plusieurs
jours.
- Les femelles éléphants ayant des petits ont
chargé pour éloigner l'équipe de collecte de
données sur les sites 1 et 4.
Chapitre 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS
4.1 IDENTIFICATION ET CARACTERISATION DES SITES DE
FREQUENTATION DES ELEPHANTS
4.1.1 Identification
Au total pour les trois zones de chasse qui constituent la
périphérie Est du PNB, quatre sites de fréquentation ont
été identifiées (Figure
6). Deux sites à Doudja, (ZIC 2), un site à
Mbandjoukri (ZIC 2) et un site à Mbaou (ZIC 3). Tous ces sites sont
à l'intérieur des galeries forestières à
Anogeissus leiocarpus. Dans les villages de la ZIC 9, les personnes
ressources ont estimé qu'il n'existe pas de site de fréquentation
à proximité des villages. Cette affirmation se justifie par
l'absence des dégâts dans la ZIC 9.
4.1.2 Caractérisation
4.1.2.1 Rôle joué par les sites de
fréquentation dans les dégâts de cultures
Les populations affirment que les sites de
fréquentation identifiés ci-dessus servent de refuge aux
éléphants en saison pluvieuse ; Dans la journée, les
pachydermes s'y réfugient pour attendre la tombée de la nuit afin
de se diriger vers les villages environnants piller les cultures.
La période d'utilisation privilégiée
désignée par les riverains correspond à la campagne
agricole. Durant la même période, certaines essences des galeries
forestières sont en fructification (tableau 4). Il serait donc possible
que le choix des galeries forestières par les éléphants
serait favorisé par la disponibilité de la nourriture ; et une
fois dans la galerie, l'odeur des cultures peut attirer les pachydermes vers
les champs.
4.1.2.2 Potentiel alimentaire des galeries
forestières
Dans les savanes soudano guinéennes du nord Cameroun,
les galeries forestières sont considérées comme des «
garde-mangers » vers lesquels convergent les animaux pour combler leurs
besoins alimentaires. Le tableau 4 présente les principales
espèces qui sont appétées par les éléphants
et qui pour certaines sont également appréciées par
d'autres espèces animales.
Tableau 4 : Espèces
végétales et organes consommés par les animaux dans les
galeries forestières des sites de fréquentation des
éléphants.
Noms scientifiques
|
Ecorce
|
racine feuilles fleurs
|
fruits
|
Anogeissus leiocarpus
|
/
|
/ Eléphant, Buffle /
|
/
|
Hyminocardia acida
|
/
|
/ Eléphant /
|
/
|
Fucus spp
|
Eléphant
|
Eléphant /
|
/
|
Daniella oliveri
|
/
|
/ Eléphant, /
|
/
|
|
|
Babouin
|
|
Piliostigma toninguii
|
Eléphant
|
Eléphant Eléphant, Buffle Eléphant
|
/
|
Pterocarpus luxens
|
/
|
/ Eléphant /
|
/
|
Parkia biglobosa
|
/
|
/ Eléphant /
|
Eléphant, Babouin
|
Annona senegalensis
|
/
|
Eléphant Eléphant /
|
Eléphant, Babouin
|
Crosopterix febrifiga
|
Eléphant
|
/ / /
|
/
|
Monotes kerstinguii
|
Eléphant
|
/ Eléphant /
|
/
|
Adonadolicos planconi
|
/
|
/ Eléphant /
|
/
|
Diospyros spp.
|
/
|
/ Eléphant /
|
Eléphant, Babouin
|
Andropogon spp.
|
/
|
Eléphant, Bubale, Buffle,
|
/
|
|
|
Phacochère, Hippotrague,
Ourébietc.
|
|
Il ressort du tableau 4 que les galeries forestières
sont riches en espèces végétales consommées par les
éléphants. Ces derniers s'intéressent surtout aux arbres
et aux arbustes. Les feuilles sont plus consommées que les racines, les
écorces, les fleurs et les fruits. Il arrive que les
éléphants ne s'intéressent qu'aux écorces d'une
espèce (Crosopterix febrifiga). Pour certaines
espèces comme les Annona senegalensis, les pachydermes
consomment aussi bien les feuilles que les racines, Tandis que toutes
les parties de Piliostigma toninguii les intéressent.
Le même tableau, illustre également la compétition qui
existe entre les éléphants et les autres animaux pour les
ressources alimentaires. Ainsi les éléphants (Loxodonta
africana africana) entrent en compétition avec les Babouins
(Papio anubis) pour la recherche des fruits. Cependant, on observe une
raréfaction des herbacées (Andropogon spp.) dans les
galeries forestières à cause de la fermeture de la
canopée à certains endroits et de la pression dont elles sont
sujettes.
4.1.2.3 Besoins comblés par les
éléphants dans les sites de fréquentation
Le degré de fréquentation des zones serait
lié entre autres aux besoins que le site permet de combler (figure
7).
Figure 7 : Besoins comblés par les
éléphants dans les sites de fréquentation
Il ressort de la figure 7 que les éléphants
peuvent subvenir à quatre besoins dans les galeries forestières 1
et 4, tandis que dans les sites 2 et site 3, trois besoins peuvent être
comblés. Le repos et la nutrition semblent déterminants dans le
choix du site de fréquentation du fait qu'ils reviennent dans tous les
sites. La journée est considérée comme une période
où les éléphants sont très vulnérables face
aux braconniers, ils recherchent alors une végétation qui leur
procure le maximum de protection comme les galeries forestières. Les
pachydermes profitent souvent de ces moments de repos pour se consacrer au
toilettage et au renforcement des liens familiaux entre les membres du
troupeau. Pour ce dernier, c'est l'observation qui a d'ailleurs
été faite sur le site 4 où les éléphants ont
été observés. En effet, les individus regroupés en
journée sur un site (à l'ombre des arbres) se consacrent au
déparasitage, au jeu avec les plus jeunes et à d'autres
activités, tandis que la nuit est le plus souvent réservée
à la recherche de nourriture. Ainsi l'importance des sites de
fréquentation pour les éléphants tient du fait que ces
sites sont « complets » en matière de ressources. En outre la
proximité de ces sites des champs vient les valoriser davantage pour les
éléphants. Tout en cherchant à combler leurs besoins, les
animaux exercent des pressions sur les galeries forestières.
4.1.2.4 Pression des éléphants sur les
galeries forestières
Chaque site est spécifique de par la nature des
dégâts et de leur importance ; la figure 8 le montre
clairement.
Figure 8 : Importance des pressions
exercées sur les ligneux des sites de fréquentation par les
éléphants.
La figure 8 révèle que les arbres du site 3 sont
surtout victimes des écorchages puis des renversements. On y observe
également des déracinements, les arrachages sont pratiquement
absents. Dans le site 2, les arrachages sont observés en majorité
avec d'importants cas d'écorchage. Toutefois on y retrouve aussi d'assez
importants cas de déracinements. Pour ce qui est des sites 1 et 4, tous
les types de dégâts sont observables. Le site 1 est
caractérisé par une prédominance d'arrachages, de
déracinements et d'écorchages respectivement tandis qu'au site 4
les arbres sont surtout renversés, arrachés,
déracinés et écorchés respectivement. Il ressort de
tout ce qui précède que les éléphants exercent une
pression sur les ligneux des sites de fréquentation et peuvent de ce
fait modifier la végétation. Qu'en est-il alors de l'état
du sol dans les différents sites ?
4.1.2.5 Influence des éléphants sur le
sol
Le sol de tous les sites est majoritairement couvert
d'Andropogon spp. La texture du sol est un facteur essentiel qui
intervient dans le choix des itinéraires de déplacement des
éléphants. Le sol doit être praticable en toute saison. En
effet, pour les éléphants qui pèsent
généralement plusieurs tonnes, un sol possédant un taux
élevé d'argile est un handicap. Sous l'effet de leur poids, ils
peuvent s'enfoncer profondément dans une boue et ne plus être
capables d'en ressortir. La technique du boudin
utilisée pour déterminer la texture du sol dans chacun des sites
a donné deux types de résultat : soit le boudin était
formé tout en étant fragile, soit il était impossible de
former le boudin. La conclusion qui en résulte est que la teneur du sol
en argile est relativement faible.
Par ailleurs dans les quatre sites, le sol est
dénudé par endroit malgré la saison des pluies. Deux
raisons peuvent expliquer cette situation. D'abord le fait que le poids des
éléphants réduit la porosité du sol empêchant
ainsi l'eau des pluies de s'infiltrer. La semelle ainsi formée ralentit
l'installation des graminées et constitue le point de départ de
l'érosion pluviale. Ensuite, l'arrachage des graminées par les
pachydermes dénude le sol et La fréquentation continuelle du site
ne laisse pas le temps à la végétation de recoloniser le
sol.
4.1.2.6 Compétition entre les
éléphants et d'autres animaux sur les sites
de fréquentation
Les éléphants ne sont pas les seuls animaux
à fréquenter les zones identifiées. De nombreuses
espèces utilisent aussi les sites. Le tableau 5 donne les indices de
présence observés sur chaque site.
Tableau 5 : Indices de présence des
animaux dans les différents sites de fréquentation
Sites de Types Espèces animales Nature des
indices
fréquentation d'observation de
présence
Site 1 directe éléphants (Loxodonta africana
Adultes (? et ?),
africana) jeunes, petits
Site 2 directe éléphants Adultes (?
et ?),
jeunes, petits
Colobe guéréza (Colobus guereza)
Mâle solitaire
indirecte
|
Vervet (Cercopithecus aethiops) Mâle solitaire
|
|
Eléphant Empreintes,
crottes, cris, restes de nourriture
|
|
|
Céphalophe à flanc roux Empreintes
(Cephalophus rufilatus)
Buffle (Syncerus caffer caffer) Crottes, empreintes
Phacochère (Phacos africanus) Crottes,
empreintes
Cobe defassa ( Kobus defassa) Empreintes
Site 3 directe Cobe de Buffon (Kobus kob kob) Femelle
adulte
indirecte Babouin (Papio anubis) Restes de
nourriture
Eléphant Empreintes, crottes
Babouin Restes de
nourriture
Site 4 indirecte Porc-épic (Hystrix cristala)
Terrier, empreintes
Phacochère Empreintes
Eléphant Crottes,
empreintes, restes de nourriture
Bubale (Alcelaphus buselaphus Empreintes
major)
Phacochère Empreintes
L'abondance des indices de présence dans les sites est
la preuve de l'importance des galeries forestières dans
l'écosystème. L'éléphant favoriserait
également la présence de certaines espèces animales dans
les galeries. En effet, l'éléphant est une espèce qui
abandonne beaucoup de restes de nourriture et ses couloirs sont suffisamment
larges pour être utilisés par d'autres animaux (BETTI et
al., 2008). Les espèces telles que le Bubale, le Cobe Defassa
consomment les restes de nourriture issus des arrachages. Les
Céphalophes à flanc roux qui sont de petite taille suivent les
traces d'éléphants pour accéder aux tendres feuilles des
arbres laissées par ceux-ci. Ainsi, la relation qui existe entre les
autres animaux et l'éléphant dans les sites de
fréquentation peut être décrite comme étant du
commensalisme.
4.1.2.7 Influence de l'homme sur les sites de
fréquentation
Les activités des populations riveraines consistent en
coupe et ramassage de bois. Néanmoins, les braconniers attaquent le
petit et le gros gibier dans les galeries, à travers l'utilisation
intensive des pièges à câble d'acier et des armes à
feu de fabrication artisanale.
4.2 EVALUATION QUALITATIVE DES DEGATS
4.2.1 Type de dégâts causés par les
éléphants
La recherche d'une bonne source alimentaire pousse les
pachydermes à se retrouver dans les zones agricoles. Les villages
visités distinguent trois types de dégâts. Il s'agit du
broutage (55%), des piétinements (35%) et des arrachages (10%).
? Broutage
C'est le type de dégât le plus reconnaissable
dans un champ dévasté. L'abondance des restes de nourriture
trahit la principale raison des incursions dans les plantations à savoir
la recherche alimentaire. La taille du troupeau détermine l'ampleur des
dégâts. Plus le troupeau est grand, plus les dégâts
sont importants. Les plantes encore au stade végétatif
détruites sont pour la plupart consommées sur place. Elles sont
sectionnées à la tige comme du fourrage.
? Piétinement
Ce type de dégât survient le plus souvent dans
les champs de céréales très jeunes de l'ordre de 25
à 40 cm comme les arachides, le voandzou et le coton. Il est lié
au broutage et au déplacement des animaux. Les piétinements sont
fréquents en début de campagne agricole lors des incursions
« d'inspection » qui permettent aux éléphants de
localiser les nouvelles parcelles cultivées.
? Arrachage
L'importance des arrachages est élevée dans les
champs de cultures sur billons telles que les tubercules et les racines. Les
plants d'arachide et de voandzou en maturité sont entièrement
arrachés par les éléphants.
Dans toutes les plantations dévastées, les
traces de broutage, de piétinement et d'arrachage sont présentes
à des degrés variables. L'action cumulée des divers types
de dégâts augmente l'ampleur des pertes, compromettant ainsi
l'avenir des récoltes.
4.2.2 Origine des éléphants pilleurs
L'origine des animaux destructeurs a toujours fait l'objet des
débats entre les agriculteurs et la conservation. La figure 9 illustre
les opinions des populations sur le sujet.
Figure 9 : Origine supposées des
éléphants pilleurs selon la population.
Dans la plupart des cas, les populations affirment ne pas
connaître exactement l'origine des éléphants pilleurs dans
les différentes ZICs. Plusieurs désignent néanmoins le
parc. Le fait que les riverains n'arrivent pas encore à
déterminer avec certitude le lieu de provenance les pachydermes peut en
partie expliquer la difficulté qu'il y a à prévenir les
dégâts dans la zone d'étude. La connaissance des mouvements
des éléphants dans la zone est indispensable. C'est d'ailleurs ce
qui a motivé le baguage de deux femelles d'éléphants dans
la zone en 2007 par le WWF représentation du Cameroun.
4.2.3 Période et causes de la ruée vers les
cultures
D'après les riverains, les dégâts
causés par les éléphants respectent une certaine
périodicité ; ils surviennent chaque année à la
même période. La figure 10 présente la répartition
des incursions des éléphants dans les champs.
Citation (%)
40
20
60
30
50
10
0
J F M A M J J A S O N D
Mois
Figure 10 : périodicité des
dégâts causés par les éléphants dans
l'année selon la population des zones de chasse 2 et 3.
Les incursions d'éléphants dans les zones
agricoles respectent une certaine périodicité annuelle. En effet
la campagne agricole va d'avril à février d'après la
délégation d'arrondissement du MINADER de la
Bénoué. Ainsi, le mouvement des éléphants des aires
protégées vers les villages couvre cet intervalle. En observant
la figure 10 nous remarquons que les dégâts sont concentrés
entre le mois d'août et de décembre avec un pic en septembre -
octobre lorsque la maturité des cultures (maïs, arachide, mil et
sorgho blanc) est atteinte. Toutefois, BABAN (2007) situe le début des
dégâts causés par les éléphants sur les
cultures à partir du mois de septembre. La coïncidence entre la
maturité des cultures et les incursions nous amène à
croire que les éléphants sont attirés par les cultures. A
cette période, la valeur nutritive des cultures est élevée
contrairement à celle du fourrage. Ainsi, les éléphants
à la recherche d'un pâturage plus nourrissant se rabattent donc
sur les cultures. KOTCHONI (2007) a fait le même constat dans la Zone de
Chasse de Mékrou au Bénin.
4.2.4 Importance relative des dégâts
causés par les éléphants par rapport
aux autres animaux
Plusieurs animaux sont responsables de la destruction des champs
: les singes, les pachydermes, les rongeurs et les oiseaux, etc. (tableau
6).
Tableau 6 : Espèces animales responsables
et périodes des dégâts sur les cultures dans la
périphérie Est du PNB.
|
|
|
|
Animaux destructeurs
|
Noms scientifiques
|
période de
|
Fréquences
|
|
|
destruction
|
de citation (%)
|
Eléphant
|
Loxodonta africana africana
|
N
|
87,9
|
Babouin
|
Papio anubis
|
D
|
86,9
|
Patas
|
Erythrocebus patas
|
D
|
53,3
|
Perroquet vert
|
Poicephalus senegalus
|
D
|
30,8
|
Hippopotame
|
Hippopotamus amphibus
|
N
|
24,3
|
Cobe de Buffon
|
Kobus kob kob
|
N
|
24,3
|
Phacochère
|
Phacos africanus
|
N
|
22,4
|
Oiseaux granivores
|
Quelia quelia
|
D
|
21,5
|
Porc-épic
|
Hystrix cristala
|
N
|
17,8
|
Pintade
|
Numida meleagris
|
D
|
15,0
|
Vervet
|
Cercopithecus aethiops
|
D
|
13,1
|
Perdrix
|
Perdix spp
|
D
|
9,3
|
Hippotrague
|
Hippotragus equitus
|
N
|
6,5
|
Ecureuil
|
Euxerus erythropus
|
D
|
5,6
|
Animaux domestiques
|
/
|
D
|
4,7
|
Cobe Defassa
|
Kobus ellipsiprymms
|
N
|
1,9
|
Souris rayée
|
Lemniscomys barbarus.
|
D et N
|
1,9
|
D : Diurne, N : Nocturne
|
|
|
|
L'éléphant (87,9%), le Babouin (86,9%), et le
Patas (53,3%) sont considérés comme des super destructeurs. BETTI
et al. (2008) et BABAN (2007) ont obtenu un résultat similaire
pour ce qui est du trio de tête des destructeurs au PNBN et au PNB
respectivement.
Aussi importants que puissent être les
dégâts causés par les Patas et les Babouins, les paysans ne
portent leurs revendications que sur l'éléphant. En effet, non
seulement ce dernier est difficile à abattre, mais aussi, il agit la
nuit, échappant à la surveillance des agriculteurs dominés
par le sommeil après une dure journée de travail. De plus,
l'énorme masse corporelle de l'éléphant lui impose de
consommer de grandes quantités de nourriture (environ 250 kg par jour),
d'où l'importance des dégâts. La taille du troupeau est un
facteur déterminant dans l'ampleur des destructions.
4.2.5 Ampleur des dégâts causés par les
éléphants sur différentes cultures
dans la périphérie Est du PNB
L'agriculture à la périphérie Est du PNB
est diversifiée et caractérisée par une multitude de
cultures dont les légumes, les tubercules et les racines etc. Le tableau
7 présente la liste des cultures souvent citées par les
paysans.
Tableau 7 : Cultures souvent pillées par
les éléphants selon les paysans de la périphérie
Est du PNB.
Cultures Noms scientifiques citation (%)
Maïs Zea mays 94,5
Mil Pennisetum typhoides 91,7
Arachide arachis hypogea 80,7
Coton Gossipium hirsitum 58,7
Haricot Vigna unguiculata 33,9
Igname Dioscorea sp. 26,6
Melon Cucumis spp. 23,9
Patate Ipomea batatas 22,9
Manioc Manihot utilissïma 19,3
Oseille Rumex spp. 16,5
Gombo Hibiscus esculentus 12,8
Calebasse Crescentia spp. 8,3
Morelle noire Solanum nigrum 7,3
Riz Oryza sativa 7,3
Bananier Musa sp. 5,5
Macabo Xanthosoma sagittifotium 3,7
millet Panicum meliaceum 3,7
Canne à sucre Saccharum sp. 2,8
Soja Glycine max merrill 0,9
Pomme de terre Solanum tuberosum 0,9
Tephrosia Tephrosia vogelii 0,9
Le maïs (94,5%), le mil (91,7%), l'arachide (80,7%), et
le coton (58,7%) sont désignés comme principales cultures les
plus souvent saccagées par les pachydermes. Une étude
réalisée par BABAN (2007) dans la ZIC 2 et 3 en juin a aussi
montré que le mil et le maïs sont plus dévastés. Une
année après, l'étude classe l'arachide et le coton en
tête. Les populations de la zone d'étude pensent que les
éléphants ne font pas de choix de cultures. En effet, elles
affirment qu'ils consomment tout sur leur passage, sans rechercher des cultures
précises. Cependant, le fait que l'arachide, le maïs, le mil et le
coton soient plus touchés par les dégâts serait lié
au fait qu'ils sont produits sur de grandes superficies.
4.3 EVALUATION QUANTITATIVE DES DEGATS
4.3.1 Cultures dévastées et
évaluées
Au terme des investigations dans la zone d'étude, 43
champs ont été évalués dans les quatre villages.
Les cultures évaluées sont le maïs, le mil, l'arachide, le
coton, l'igname et le voandzou tel que présenté dans le tableau
8.
Tableau 8 : Nombre de champs
évalués par village et par culture dans les ZICs 2 et 3
villages Total
|
|
Doudja
|
Mbaou
|
Banjoukri
|
Taboun
|
|
|
Maïs
|
5
|
0
|
1
|
1
|
7
|
|
Mil
|
5
|
0
|
1
|
1
|
7
|
cultures pillées
|
Coton
|
4
|
3
|
0
|
4
|
11
|
|
Arachide
|
2
|
2
|
0
|
12
|
16
|
|
Igname
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
|
Voandzou
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
Total
|
|
16
|
5
|
4
|
18
|
43
|
Il ressort du tableau 8 que les villages Doudja (ZIC 2) et
Taboun (ZIC 3) ont été les plus touchés par les
dégâts avec 16 et 18 champs dévastés respectivement.
D'un autre côté en terme de nombre de champs pillés par
culture, l'arachide vient en tête suivie du coton avec respectivement 16
et 11 parcelles. Des villages constamment visités par les pachydermes,
Doudja et Taboun sont les plus grands (superficie et nombre d'habitants). La
conséquence immédiate est l'existence de grandes superficies de
terre cultivées dans ces villages, ce qui attirent les troupeaux
d'éléphants.
4.3.2 Estimation des pertes
Pour le compte de la campagne agricole 2008-2009, les
dégâts aux cultures causés par les éléphants
en termes de superficie ont été évalués
(tableau 9).
Tableau 9 : Présentation des superficies
cultivées, des superficies endommagées, et des pourcentages des
superficies endommagées par culture évaluées.
Cultures
|
Superficies (ha)
|
Superficies (ha)
|
% des superficies
|
endommagées
|
cultivées
|
endommagées
|
endommagées
|
Arachide
|
4,50
|
2,75
|
61,11
|
Igname
|
0,25
|
0,12
|
50,00
|
voandzou
|
0,12
|
0,06
|
50,00
|
Maïs
|
2,75
|
1,00
|
36,36
|
Coton
|
4,50
|
1,37
|
30,55
|
Mil
|
4,75
|
1,25
|
26,31
|
Total
|
16,87
|
6,56
|
38,88
|
Le tableau 9 montre que 61,11% des superficies
cultivées d'arachide, 50% d'igname et de Voandzou, 36,36% de maïs,
30,55% de coton et 26,31% de mil, sont perdus. Au total sur 16,875ha de terre
labourée, 38,88% ont été dévastés.
L'agriculture itinérante sur brûlis exigeant beaucoup d'effort
physique, la destruction de la moitié du champ comme c'est le cas pour
l'igname et le voandzou représente pour le paysan une perte très
lourde.
4.3.3 Estimation de la valeur financière des
pertes
Le stade d'évolution de chaque culture est pris en compte
dans le calcul des coûts (figure 11).
végétatif floraison maturité
18
16
16
14
11
12
Effectifs
10
7
7
8
6
4
1
1
2
0
Maïs Mil Coton Arachide Igname Voandzou
Cultures
L'information majeure à ressortir de la figure 11 est
que les cultures subissent des dégâts à un stade
d'évolution précis, ce qui facilite l'estimation de la valeur
financière. Les pertes financières tel que
présentées dans le tableau 10 montrent l'importance les
dégâts causés par les éléphants pendant la
période de l'étude.
Tableau 10 : Estimation des pertes par
superficie de culture dévastée
cultures
|
Rendements à l'hectare (t)
|
Superficies endommagées (ha)
|
Quantités perdues
|
Pertes (FCFA)
|
Arachide
|
2,00
|
2,75
|
5,50 t
|
1 375 000
|
Coton
|
1,40
|
1,37
|
1,92 t
|
412 000
|
Maïs
|
2,00
|
1,00
|
2,00 t
|
500 000
|
Mil
|
1,50
|
1,25
|
1,87 t
|
375 000
|
voandzou
|
0,60
|
0,062
|
0,03t
|
31 250
|
Igname
|
3,00
|
0,12
|
* 64 pieds
|
3 200
|
Total
|
10,50
|
6,56
|
/
|
2 696 450
|
* la quantité des ignames endommagée est
donnée en pieds parce que imposée par l'Arrêté
58/ MINADER du 15 août 1981 qui utilise le nombre de
pieds pour déterminer la perte en FCFA.
La nature n'est pas assez généreuse dans la
région du Nord comme dans d'autres régions du Cameroun. Les
paysans doivent se contenter d'une seule campagne agricole. Il a fallu deux
semaines seulement pour avoir au total 6,56 ha de cultures
dévastées par les pachydermes pour une valeur totale de 2 696 450
FCFA. En l'absence des mesures de compensation, le pire est à craindre.
Avec 1 375 000 FCFA, l'arachide vient en tête suivie du coton (412 000
FCFA). BABAN (2007) évalue les pertes causées les
éléphants dans la zone d'étude sur le coton, le maïs,
le mil et l'arachide de 198 000 à 204 000FCFA/ha, 150 000 à 280
000FCFA/ha, 160 000 à 256 000FCFA/ha et de 240 000 à 500
000FCFA/ha respectivement.
4.4 METHODES DE GESTION DU CHE
4.4.1 Méthodes traditionnelles de protection de
cultures
Les paysans prennent certaines dispositions ou adoptent de
nouvelles habitudes dans l'espoir de réduire les invasions. Six
méthodes de protection des champs ont été
identifiées à savoir la garde de nuit ou gardiennage (33%), le
regroupement des champs (14%), l'installation des épouvantails dans les
champs (5%) et les vacarmes ou production des bruits (28%) ; les deux autres
méthodes sont une combinaison de la garde de nuit et du vacarme (11%)
d'une part et du regroupement des champs, de la garde de nuit et du vacarme
(9%) d'autre part (Figure 12).
Figure 12 : Techniques traditionnelles de
protection des cultures à la périphérie Est du PNB.
a) La garde de nuit
C'est un système de gardiennage des champs pendant la
nuit. En effet, l'arrivée de la campagne agricole marque le début
du mouvement des familles du village vers les champs. Pendant la saison des
pluies 33% des agriculteurs abandonnent les villages dans le but de mieux
surveiller leurs champs et ne reviennent qu'après les récoltes.
On ne peut négliger le coût économique d'une telle pratique
: le temps consacré par les villageois pour assurer la surveillance des
plantations (y compris la nuit) se fait aux dépens d'autres
activités (élevage, artisanat etc.) et l'impact sur
l'économie de toute la région peut s'en ressentir.
b) Le regroupement des champs
C'est la méthode par laquelle les paysans installent
leurs champs côte à côte pour augmenter l'efficacité
de la surveillance. Cette méthode n'est pratiquée que pour les
champs non loin des villages.
c) L'installation des épouvantails
Ce sont des mannequins couverts de vêtements
déchirés et en piteux état, ayant l'aspect d'un homme en
mouvement ou en position de tir. Ils sont placés au milieu des
cultures pour effrayer et chasser les animaux pilleurs. Les
épouvantails cessent de jouer leurs rôles dès que les
ravageurs s'aperçoivent qu'il ne s'agit pas d'un humain. Ils sont
parfois détruits par les éléphants.
d) Les vacarmes ou production de bruit
Ils ont lieu généralement la nuit dès
qu'un raid d'éléphants est annoncé au voisinage ou dans un
champ. Les gardiens produisent un vacarme constitué de cris, de bruits
assourdissants engendrés des tam-tams, des boîtes vides, de
vielles tôles et des tonneaux vides. De l'avis des paysans, c'est la
seule méthode qui donne un résultat satisfaisant. D'autant plus
que comme les raids ont lieu la nuit, la visibilité est faible et les
bruits causent un mouvement de panique entre les envahisseurs qui s'enfuient
dans la direction opposée aux bruits.
e) Efficacité des méthodes de gestion du
CHE dans la zone d'étude
L'efficacité des techniques traditionnelles de limitation
des incursions d'éléphants dans les champs est
présentée dans la figure 13.
créer des champs côte à côte
facilitant une synergie dans le refoulement permet d'éloigner les
éléphants pilleurs une semaine durant de la zone agricole. La
production du bruit reste inefficace sur les incursions. Les
épouvantails et les bruits semblent ne plus avoir d'effets sur les
pachydermes sans doute parce qu'avec le temps ils se sont habitués aux
stimuli et sont devenus insensibles. Toutefois, les paysans ont recours
à une combinaison de plusieurs méthodes pour espérer
maximiser l'efficacité de la prévention de pillages. Les
résultats cidessus sont assez différents de ceux obtenus par
BABAN un an auparavant dans la zone d'étude ; à savoir que les
populations utilisent les bruits, le feu et le gardiennage pour protéger
leurs champs des incursions des éléphants.
f) Efficacité des combinaisons de méthodes
de prévention des dégâts
La combinaison de plusieurs méthodes donne
également des résultats différents comme on peut le
constater à travers la figure 14.
Doudja, les autorités administratives (Conservateur,
Délégués MINFOF, Sous-préfet et Préfet du
Mayo Rey) restent insensibles à en croire les populations (figure
15).
trophée et la grande affluence des touristes qui
désirent voir et photographier un éléphant. C'est un
animal qui fait rentrer des devises importantes au pays. Ainsi, un abattage
nécessite des investigations approfondies et l'épuisement de
toutes les autres alternatives de résolution du problème.
La position d'un village à l'intérieur d'une
aire protégée est également un handicap à une
intervention efficace de la part de l'administration. En effet, situés
dans les ZIC 2 et 3, les villages victimes ont souvent reçu de
l'administration la réponse suivante : « le village est loué
au blanc », pour faire allusion au fait que les guides de chasse payent
les taxes sur la superficie de la ZIC (le village y compris). Ainsi, c'est au
guide chasse que revient la décision d'abattre un animal (ravageur ou
non) dans le cadre du quota qui lui a été accordé par le
MINFOF.
4.4.3 Mesures de contournement de la longue
procédure de prise de
décision d'une battue administrative
Lorsque les dégâts sont importants et permanents,
la délégation régionale peut autoriser une battue
administrative et rendre compte dans un délai de soixante douze heures.
Par ailleurs, la loi forestière 94/1 du 20 janvier 1994
portant régime de forêts, de la faune et de la pêche en son
article 83 (1) stipule que nul ne peut être sanctionné pour fait
d'acte de chasse d'un animal protégé, commis dans la
nécessité immédiate de défendre ses cultures
à condition que la preuve de la légitime défense soit
avérée. Cette seconde possibilité de protéger les
récoltes n'est pas appliquée pour deux principales raisons : les
paysans ne sont pas informés de cette disposition de loi et ils ne
disposent pas d'armes et de munitions capables de tuer un
éléphant.
D'un autre côté, il serait possible que
l'administration en charge de la faune demande au guide de chasse de
procéder à une battue dans le cadre de son quota avec le MINFOF
pour ce qui est du nombre d'éléphants autorisé à
abattre. Toutefois la battue n'aura pas lieu pendant la période de
chasse. Ainsi le dénouement sera en ce moment bénéfique
à la fois aux populations, au MINFOF et au guide de chasse.
4.4.4 Conséquences du CHE
a) Diminution de la surface cultivée
Les paysans n'osent plus établir les plantations loin du
village au risque de voir leurs champs dévastés par les
pachydermes sans pouvoir chasser. Ils se rabattent sur les terres
situées à proximité des villages, zones
souvent composées de terres appauvries par plusieurs décennies de
culture sur brûlis. La jachère n'est plus suffisante pour
régénérer les sols, la productivité s'effondre, les
villageois s'appauvrissent et l'exode rural s'accentue.
b) Diminution de la production agricole
C'est la conséquence directe de la réduction
des superficies. En effet, la diminution de la production agricole subit
à la fois l'influence des dégâts et celle de la
réduction des superficies cultivées. Cette situation est
aggravée par le fait que les paysans subissent également des
pressions de la part des guides de chasse qui interdisent de cultiver de
nouvelles terres. Ceci afin de ne pas réduire l'habitat de la faune
sauvage et de réduire la superficie de la Zone à Usage Multiple
(ZUM) qui est comptée dans la taxe sur la superficie de la ZIC.
c) Activités contre la conservation
La réduction du pouvoir d'achat des paysans suite
à la pression exercée par les pachydermes sur l'agriculture
enclenche l'instinct de survie. Le niveau de braconnage est désormais en
nette augmentation. En effet, les populations tissent des partenariats avec des
acheteurs illégaux à qui ils livrent de la viande de brousse. Le
butin est transporté de nuit sur des motos en direction de la ville de
Tcholliré. Par ailleurs, ceux qui sont incapables de braconner (femmes,
enfants, personnes âgées) se ruent dans la ZIC 2 pour faire de
l'orpaillage. Cette activité est à l'origine d'une augmentation
sans cesse croissante de la dégradation de l'habitat de la faune
sauvage. On assiste également à la naissance d'un village
à l'intérieur de l'aire protégée
caractérisée par une population de plusieurs centaines
d'individus vivant dans des habitations de fortune.
e) Impact des dégâts sur la
famille
La baisse de la production agricole provoquée par les
dégâts causés par les éléphants n'a à
priori que des incidences néfastes sur la famille. Lorsque la campagne
agricole est perdue et ne peut plus être rattrapée, les
agriculteurs se livrent à d'autres activités
génératrices de revenus (orpaillage, braconnage, pêche
etc.) pour sauver leurs familles de la famine et de la pauvreté. La
pauvreté sans cesse croissante pousse les paysans à
déserter les villages pour se rapprocher de la nationale
1 où ils espèrent, disent-ils, pouvoir s'en
sortir. Ce phénomène d'exode des populations a aussi
été observé par TCHAMBA et HATUNGIMANA (1996) dans la
région de Waza - logone. L'inflation des prix des denrées telles
que le mil, l'arachide et maïs observée ces trois dernières
années sur le marché de Tcholliré pourrait s'expliquer en
partie par la migration des agriculteurs vers la Nationale. Toutefois, les
quantités perdues par
les agriculteurs restent encore mal connues du fait d'une
politique d'évaluation des pertes quasi inexistante.
Chapitre 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
5.1 CONCLUSION
La présente étude avait pour objectif d'analyser
les conflits homme - éléphant à la
périphérie Est du PNB. Elle a permis d'identifier et de
caractériser quatre sites de fréquentation des
éléphants à proximité des zones agricoles. Les
sites de fréquentation identifiés sont tous des galeries
forestières à Anogeissus leiocarpus, où les
éléphants trouvent protection. L'énorme potentiel des
galeries en ressource alimentaire attire également d'autres
espèces animales sur les sites de fréquentation.
Destructeur au même titre que les Babouins (Papio
anubis) et le Patas (Erythrocebus patas),
l'éléphant (Loxodonta africana africana) est la menace
la plus importante à laquelle font face les agriculteurs dans la zone
d'étude. Les destructions sont caractérisées par le
broutage (55 %), les arrachages (35 %) et le piétinement (10 %). Pour
réduire l'ampleur des pillages, les paysans utilisent des
méthodes traditionnelles de protection des champs telles que le
gardiennage (33 %), l'installation des épouvantails (5 %), le
regroupement des champs (14 %) et la production des bruits à l'aide
d'ustensiles vides (28 %). Toutefois seule la combinaison des techniques entre
le gardiennage, la contiguïté des champs et la production des
bruits donne un résultat satisfaisant dans le village Doudja.
Cette étude a permis de se rendre compte que sur une
superficie totale de 16,87 ha de terrain cultivé, 6,56 ha de cultures
ont été dévastés par les éléphants
soit 38,88 %. Les pertes financières s'élèvent quant
à elles à 2 696 450 FCFA. Considérées à
l'échelle paysanne, les pertes sont importantes. D'autant plus que les
populations utilisent principalement la force physique pour la création
des plantations.
Alors que faire ? La question reste encore entière
malgré les colloques, rapports et expertises. Dire que les hommes
doivent vivre avec les grands mammifères, car ce sont eux qui
étaient là avant que les populations humaines occupent leur
territoire n'est pas suffisant. Il faut donner un espoir aux agriculteurs qui
veulent profiter du fruit de leur travail. Tout en évitant bien
sûr que réapparaissent les grands massacres d'autrefois. Il faut
surtout éviter de « laisser filer » la situation qui
aboutirait à renforcer des comportements irresponsables d'abattage sans
merci de ces magnifiques occupants des savanes du Nord Cameroun.
Faut-il interdire l'existence des villages sous le
prétexte de la sauvegarde de la faune sauvage ? Quel gouvernement, quel
peuple pourrait accepter cela ? C'est pourtant ce qui est sous-jacent à
certains programmes de conservation assortis des mesures de
déguerpissement
des populations humaines. Les Conflits entre l'Homme et la
Faune sauvage (CHF) sont un obstacle sérieux à la conservation
dans le monde entier et se répandent au fur et à mesure que la
population et le développement humains s'accroissent. Lorsqu'elles
travaillent séparément, les organisations de conservation et de
développement dont les projets sont concernés par les conflits
entre l'homme et la faune manquent souvent de connaissances, d'outils, de
ressources et d'expertise nécessaire pour aborder la complexité
du CHF. Pour éviter que la situation ne s'aggrave, il est indispensable
de prendre des décisions permettant d'apporter une solution durable au
CHE.
5.2 RECOMMANDATIONS
Au terme de la présente étude, nous recommandons
:
5.2.1 Aux institutions en charge de la gestion des aires
protégées (MINFOF, ONGs)
? Etendre le microzonage en expérimentation dans les
ZIC 1 et 4 afin de permettre aux paysans d'avoir plus d'espace agricole et de
ne plus dépendre du guide de chasse qui interdit de cultiver de
nouvelles terres malgré la baisse de production.
? Proposer un projet de loi permettant de mettre sur pied un
fond de crise pour l'indemnisation systématique des personnes victimes
des forfaits liés à l'incursion des animaux sauvages dans les
zones agricoles.
? Durant toute la campagne agricole, affecter dans chaque
village une équipe de refoulement expérimentée et
disponible. Cette équipe devra anticiper et tenir les
éléphants hors des Zones à Usage Multiples (ZUM).
Notamment visiter les zones de concentration en journée et les
décourager de se diriger vers les cultures.
? Prendre des mesures qui s'imposent à l'encontre des
guides chasses qui ne respectent pas leurs cahiers de charges et de ceux qui se
livrent à des pratiques telles que la vente de viande
d'éléphant issue de la chasse sportive au détriment des
populations riveraines, car lorsque les populations riveraines trouvent un
intérêt dans la protection d'un animal, les chances de survie de
cet animal s'améliorent.
5.2.2 A l'administration territoriale
? Effectuer des descentes sur le terrain pour constater et
évaluer la situation. Une action concrète devra être
posée à chaque fois pour rassurer les victimes.
5.2.3 A l'endroit du WWF-Cameroun
? Approfondir les études sur le déplacement des
éléphants pour mieux comprendre leur mouvement dans la
région. Analyser quotidiennement les positions des
éléphants bagués pendant la saison agricole et mettre les
résultats à la disposition des responsables du PNB et des ZIC
afin de permettre le développement des stratégies de refoulement
efficaces.
? Former les populations sur l'utilisation de nouvelles
techniques de refoulement ayant fait leurs preuves dans d'autres régions
d'Afrique. Vulgariser dans les autres villages (Mbandjoukri, Mbaou, Taboun) la
technique de regroupement des champs - garde de nuit - vacarme qui donne de
résultat satisfaisant à Doudja.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
· AMIET, J. L. 1987. Le genre
Aphyosemion Myers, the genus Aphyosemion Myers,
Sciences Nat., Compiègne, pp.13-15.
· ANONYME. 1994. Décret N°
94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et
des pêches.
· BABAN, Y. D. 2007. Contribution
à la caractérisation de Conflit Homme-Eléphant autour du
Parc National de la Bénoué : cas des ZIC 2 et 3,
mémoire d'Ingénieur des Eaux, Forêt et Chasse,
Université de Dschang, 74 p + Annexe.
· BARNES, R. F. W. 1983. The elephant
problem in Ruana National park, Biol. Conservation, 27: 127-217.
· BARNES, R. F. W. & NANDJUI, A.
2005. Rapport sur l'inventaire des éléphants de
la forêt classée de Ziama, Rapport technique, CITES/MIKE,
juillet-septembre 2004, 47p.
· BETTI, J. L., TCHAMBA, M. & BENE, B. L.
2008. Étude pour l'atténuation des conflits hommes
éléphants dans les écosystèmes de savanes du nord
Cameroun, WWF, Garoua, 67 p + Annexe.
· BLANC, J. J., THOULESS, C. R., HART, J. A.,
DUBLIN, H. T., DOUGLAS-HAMILTON, I., CRAIG, C. G. & BARNES, R. S. W. 2003.
Rapport d'état de l'éléphant d'Afrique, 2002
: une actualisation de la base des données sur l'éléphant
d'Afrique, Groupe de spécialistes de l'éléphant
d'Afrique, UICN/CSE. IUCN, Gland, Suisse, 304 p.
· BRADANT, P. & HUMBEL, F. X.
1974. Notice explicative de la Carte pédologique du
Cameroun : Poli à 1/200 000, n°51, ORSTOM, Paris, 107p +
Annexes.
· DONFACK, P. & KINKEU, G. D.
1999. Etude de la végétation du PNB en relation avec
les principaux facteurs du milieu, Rapport d'étude, WWF/PSSN,
Garoua, 18p.
· DONFACK, P. & TSAKEM, S. C. 2004.
Etat des lieux de la faune du parc national de la
Bénoué et les ZIC 1 & 4 : une analyse basée sur le
dénombrement des grands et moyens mammifères, Rapport
d'étude, WWF/PSSN, Garoua, 50 p.
· DOUGLAS - HAMILTON, I., MITCHELMORE, F. &
INAMDAR, A. 1992. African Elephant Data base, African. J
Ecol. 31 (1): 1-9.
· DOUMENGE, C. 1998. Des
écosystèmes forestiers au Cameroun, du Gabon et de la
Guinée Equatoriale à l'aube de l'an 2000, in :
ANTONA, M., AUCLAIR, D., FORMARD, F. & MAITRE, H-F. 2001
(eds), Bois & Forêt des tropiques. 206 (2) : 120 -
137.
· DOWSETT-LEMAIRE, F. & DOWSETT,
1999. Etudes ornithologiques et mammalogiques dans les parcs
Nationaux de la Bénoué et du Faro, Rapport de Tauraco
a.s.b.l., WWF-Cameroun, 38 p.
· EFG. 2003. Carte du réseau
des aires protégées pour la faune du Nord-Cameroun.
· ENDAMANA, D., NDJIDDA, A. & BENE, L. 2007.
Mise en oeuvre du plan d'aménagement du PNB. Implication
des communautés à la protection du Parc National de la
Bénoué : élaboration des cartes participatives et suivi
des paramètres socioéconomiques dans les ZIC 2 et 3, Rapport
de mission, WWF/PSSN, Garoua, 36 p.
· HALL-MARTIN, A. J. 1987. Role of
musth in the reproductive strategy of the African elephant (Loxodonta
africana), S. Afr. J. Sci. 83: 616-620.
· HAKIZUMWAMI, E. & LUHUNU S. 2005.
Elaboration de la Stratégie Régionale pour la
Conservation des Eléphants en Afrique
centrale, USAID/CARPO/UE/COMIFAC/IUCN/WWF/WCS, Yaoundé, 135p.
· HATUNGIMANA, E., & NYEMGAH, W. L.
2008. Localisation des sites de fréquentation des
éléphants à la périphérie Est du PNB dans
les ZICs 2 et 3, EFG.
· HOARE, R. E. 1999. Protocole de
collecte de données et d'analyse des situations de conflits
hommes-éléphants en Afrique, Rapport au Groupe de travail
sur les conflits hommes-éléphants du groupe des
spécialistes de l'éléphant d'Afrique de l'UICN, Zimbabwe.,
IUCN, 40 p.
· IUCN. 2003. Stratégie pour la
conservation des éléphants d'Afrique occidentale, Version
actualisée Juillet 2003, IUCN/WWF/GSEAf, 33p.
· IUCN. 2000. Elaboration de la
stratégie Régionale pour la conservation des
éléphants en Afrique centrale, juillet, IUCN, 135 p.
· KANGWANA, K. 1996. L'Etude des
Eléphants, Séries de Manuels Techniques, n°7,
AWF, Nairobi-Kenya, 190 p.
· KOTCHONI, T. A. T. 2007.
Contribution à une cohabitation pacifique homme -
éléphant dans la Zone de Chasse de la Mékrou au
Bénin, Mémoire d'Etudes Spécialisées en
Gestion des Ressources Animales et Végétales en Milieux Tropicaux
Orientation : Gestion de la Faune, Benin, 67 p.
· LANDRY M. & MOUSSOUNDA, N. P.
1996. Enquête socio-économique sur les interactions
hommes-éléphants du complexe des aires protégées de
Gamba (Gabon), WWF - programme pour le Gabon, Mission de consultation pour
le WWF/France, Libreville, 102 p.
· LAWS, R. M. 1966. Age criteria for the
African elephant (Loxodonta Africana), E. Afr. Wildl. J. 4:
113-128.
· LAWS, R. M. & PARKER, I. S. C. 1968.
Recent studies on elephant population in East Africa, African Journal of
Ecology. 5: 319-359.
· LEVREL, H. (2006).
Biodiversité et développement durable : quels
indicateurs ? Thèse pour de docteur de l'EHESS
Spécialité : Economie Ecologique Recherches Comparatives sur le
Développement UMR, Département Ecologie et Gestion de la
Biodiversité Museum National d'Histoire Naturelle, Paris, 406 p.
· MADDEN, F. 2006. Conflits entre l'Homme
et la Faune sauvage : un cas de la collaboration, Nature & Faune.
2 (1) : 7-18.
· MAMA, A. & SINSIN, B. 2002.
problème de cohabitation entre la faune sauvage et les populations
riveraines des zones protégées : cas des éléphants
au d'ALFAKOARA Benin, Actes du séminaire - atelier sur la
mammalogie et la biodiversité, Abomey-calavi/Bénin, pp.
117-124.
· MANLIUS, N. 1997. les mammouths du
pharaon, Bull. Mens. Soc. Linn., Lyon, pp. 167- 173.
· MAGLIO, V. J. 1973. Origin and
evolution of the elephantidae, Trans.Amer Phil. Soc. 63 (3): 1-149.
· MARCHAND, F. 1999. Dossier les conflits
entre Homme et Eléphants : quelques solutions, Le flamboyant.
20 : 16-18.
· MISHRA, J. 1971. An assessment of
annual damage to crops by elephants in Palamau District, Journal of the
Bombay Natural History Society. 15: 307-310.
· MINEF, 2001. Parc National de la
Bénoué : Plan d'Aménagement du Par cet de sa zone
périphérique : Programme de conservation et de gestion de la
biodiversité au Cameroun, WWF/SNV/MINEF, Yaoundé, 97 p +
Annexes.
· MINEF, 2004. Rapport national,
Sur la mise en oeuvre de la convention des Nations Unies sur la lutte
contre la désertification, MINEF, Yaoundé - Cameroun, 53 p.
· OMONDI, P., BITOK, E. K., TCHAMBA, M.,
MAYIENDA, R., & LAMBERT, B. B. 2008. Total aeral count of
elephants and other wildlife species in Faro, Bénoué and
Bouba-Ndjidda National Parks and adjacent hunting blocks in Northern
Cameroon, Kenya wildlife service, WWF-CARPO, Yaounde-Cameroon, 75 p.
· OMONDI, P., MAYIENGA, R & TCHAMBA, M.
2007. Total area count of elephants, giraffes, roan antelopes and
other wildlife species and ostrich in Waza National Park, WWF/CARPO,
Cameroon, 13 p.
· POOLE, J. 1996.
L'éléphant d'Afrique, AWF, n°7, Nairobi, Kenya, pp.
1-7.
· PFEFFER, P. 1996. Pourquoi toutes
les populations d'éléphants d'Afrique doivent rester en annexe 1
de la CITES ?, Etude réalisée pour le Ministère
Français de l'Environnement, Paris-France, 25 p.
· PFEFFER, P. 1989. Vie et mort d'un
géant, Eléphant d'Afrique, Flammarion, Paris-France, 192
p.
· RUGGIERO, R.G. 1992, Seasonal forage
utilisation by elephants in Central Africa, Afr. J. Ecol. 30:
137-148.
· SAID, M. Y., CHUNGE, R.N., CRAIG, G. C.,
THOULESS, C. R., BARNES, R. F. W. & DUBLIN, H. T. 1995.
African elephants data base 1995, Occasional paper of the
Species Survival Commission produced, IUCN, Gland, n°11, pp. 85-89.
· SIROMA, J. 2008. Quelques aspects
des conflits Homme/Eléphant dans le complexe du Parc National de
Bouba-Ndjiddah, Rapport de fin de stage, Université de Leiden
Pays-Bas, EFG, Garoua, 64 p.
· STARK, M. & WIT, P. 1977. Ecological
studies in Bénoué National Park, Cameroon, Projet working
document, FAO Rome, n°540, 30 p.
· TCHAMBA, M. N. 1995. History and present
status of the human - elephant conflict in the waza-logone region,
Cameroon, Biol. Conserv. 4 (2): 35-41.
· TCHAMBA M. N. 1996. Elephants and
their interaction with people and vegetation in the Waza-Logone region,
Cameroon, PhD thesis, Univ. of Utrecht., N L, 233 p.
· TCHAMBA, M. & HATUMGIMANA, E. 1996.
Enquêtes socio-économiques sur les interactions
Hommes-Eléphants dans la plaine de Waza-Logone (Nord Cameroun),
Rapport de consultation, WWF- France, Garoua, 64 p + Annexe.
· TCHAMBA, M. N. & NSHOMBO, I. 1996.
Evaluation préliminaire du conflit Hommes-Eléphants
autour du Parc National de Kahuzi-Biega, Zaïre, Projet IZCN/GTZ,
Bukavu, Zaïre, 38 p.
· TCHAMBA, M. N. & SEME, P. 1993. Diet
and feeding behaviour of the forest elephant in the Santchou Reserve, Afri.
J. Ecol. 31 (2): 165-171.
· TIAWOUN, S. 2008. Répertoire
des éléphants bagués à l'aide d'un collier VHF dans
les aires protégées du Cameroun de 1998 à 2008 : avec le
soutien du Parc Zoologique de la Caroline du Nord, WWF/PSSN, Garoua, 1
p.
· TSAGUE, L. 1994. La réserve
de la biosphère de la Bénoué Inventaire des ressources
fauniques et évaluation des conflits agriculture-faune sauvage,
allocation de recherche du MAB pour jeunes scientifique 1994, Rapport
final, Garoua, 76 p.
· TSAKEM, S. C., & BENE, L. 2007.
Rapport de suivi de la faune et de l'intégrité
des Corridors dans et autour du Parc National de la
Bénoué, WWF/PSSN, Garoua, 52 p.
· TSAKEM, S. C. & DONFACK P.
2000. Cartographie et caractérisation de l'habitat des
espèces menacées au Sud est du Parc National de la
Bénoué : cas des Rhinocéros noirs (Diceros bicornis) et
des Lycaons (Lycaon pictus), Rapport de consultation, WWF/PSSN, Garoua, 34
p.
· TSAKEM, S. C., TIAWOUN, S., & BENE, B. L.
2007. Taille, Structure, Distribution et Biomasse des Grands et
Moyens Mammifères Diurnes dans le Parc National de la
Bénoué et les ZIC 1 & 4, Rapport des activités,
WWW/PSSN, Garoua, 54 p.
· VIVIEN, J. 1991. Faune de Cameroun :
Guide des mammifères et poissons, GICAM, 271 p.
· WCMC, 1990. 1990 IUCN Red List of
threatened Animals, IUCN, Gland, Switzerland 192 p.
· WESTERN, D. 1989. The ecological role of
elephant in Africa, Pachyderm. 12: 40-45.
· WHITE, L. J. T., TUTIN, C .E. C., &
FERNANDEZ, M. N. 1993. Group composition and diet of forest elephants,
Loxodonta africana cyclotis Matschie 1900, in the Lopé Reserve,
Afr. J. Ecol. 1: 181-199.
· WORLD RESOURCES. 1995. A guide to
the global Environmental. Resources Consumption, population growth, women.
Oxford Univ. press, New York, 400 p.
· WWF-FRANCE. 1997. Interactions
existantes entre présence d'éléphants et les
activités socio-économiques des populations humaines en Afrique
sub-saharienne, Projet WWFFAC, WWF, L'Harmattan : Paris. 10 p.
· WWF/PSSN. 2004. Carte de zonage
autour du Parc National de la Bénoué.
· WWF/PSSN. 2008. Carte du
réseau des aires protégées au Cameroun.
Sites web
· Système ARGOS. 2008 :
http://www.cls.fr/html/argos/wildlife/wildlife
fr.html. 26/12/08. 15h30mn.
· WWF-Belgique. 2008
http://www.wwf.be/fr/juniors/doc/dossiers/dossier
elephant.htm, 12/05/08. 17h00mn.
· Panda. 2008.
http://www.panda.org/africa/elephants,
05/08/08.
ANNEXES
1. FICHE DE COLLECTE DE DONNEES SUR LES
PERTES CAUSEES PAR LES ANIMAUX SAUVAGES
INSTRUCTIONS
La fiche et composée de 4 cases :
Case A : informations générales
Case B : les données consignées
dans cette partie sont issues des observations de l'enquêteur.
- Colonne n°1 écrire le nom de la plante.
- Colonne n°2 préciser le nombre de quart (1/4)
cultivé.
- Colonne n°3 estimation du rendement attendu par le
propriétaire (avant l'attaque) en
sac ou kg
- Colonne n°4 estimation des pertes liées aux
dégâts par le propriétaire en sac ou en kg.
- Colonne n°5 estimation des dégâts par
l'observateur.
- Colonne n°6 rendement après la récolte (en
sac ou en kg).
Case C : l'enquêteur décrira dans
cette partie la méthode de protection de cultures utilisée par le
paysan (gardiennage, feux, etc.).
Case D : on portera sur cette partie de
façon hebdomadaire des attaques des animaux nuisibles dans les champs.
Utiliser une ligne pour chaque espèce animale.
- Colonne n°8 le nom de la plante cultivé à la
colonne n°9 et celui d l'espèce nuisible à la colonne
n°10.
- Colonne n°11 la fréquence de visite à la
plantation pour les espèces nuisibles (une fois, occasionnellement
etc.).
- Colonne n°12 préciser le stade d'évolution
de la culture pendant l'attaque : semence (a),
plantule (b), végétatif (sans fleur) (c), floraison
(d), maturité (e), prêt à la récolte (f). - Colonne
n°13 préciser la superficie endommagée par plante
cultivée en 1/4 ha et si
possible par espèce nuisible.
- Colonne n°14 préciser l'intensité des
dégâts. Légère (1), passable (2), sérieux
(5).
2. FICHE D'EVALUATION Case A :
Informations générales
Nom de l'agriculteur :
Village : culture majoritaire :
Coordonnées : Long Lat Alt
CASE B : Les caractéristiques du champ
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
Plantes cultivées / variété
|
Superficie
en quart
(1/4ha)
|
Récolte attendue
|
Dégâts estimés par
propriétaire
|
Dégâts estimés
par l'observateur
|
Récolte
réelle en
sacs / 1/4 ha
|
|
|
|
|
|
|
Case C : Méthode de protection de la
plantation
7
Méthode de protection du champ utilisée par le
propriétaire :
|
Case D : Informations relatives aux cultures
dévastées
8
|
9
|
10
|
11
|
12
|
13
|
14
|
Mois / semaine
|
Plante cultivée
|
Espèce animale
|
Fréquence/ destruction
|
Stade d'évolution
|
Superficie endommagée
|
Intensité du dégât
|
|
|
|
|
|
|
|
Merci pour votre collaboration
3. FICHE DE CARACTERISATION DE LA ZONE
DE FREQUENTATION
DONNEES DE BASE
Date Heure
Localisation (parc ou zic n°)
Long Lat Alt
Nature du site
Village le plus proche ...Distance du village
Activités menées par les éléphants
(par ordre d'importance) :
Type de relief
Remarques
VEGETATION
Types de végétation présents:
1- 3- .
2- 4- .
Observations
Strate prédominante : observations
Activités menées par les éléphants
(par ordre d'importance) :
1 3 .
2 4 .
Observations .
Influence des éléphants sur la
végétation :
Dégâts sur la végétation du milieu :
Nature des dégâts :
Ampleur des dégâts :
Influence des modifications de la végétation sur
les autres populations animales
Modifications positives sur la végétation
Conséquences
Modifications négatives sur la végétation
Conséquences
Classification de dégâts dans la zone .
Taux de changement de la structure de l'habitat :
Très élevé élevé moyen faible
autres
Conséquences
INDICES DE PRESENCE
Degré de fréquentation par les
éléphants
Degré de fréquentation par d'autres animaux
Nature espèces état
Nature espèces état
Observations
INDICE DE PRESENCE HUMAINE
Lat Long Alt
Nature . période
Activités menées: ; ; ;
Villages environnants : .
Observations
ETUDE SUR LE SOL
Aspect du sol : nu modifié couvert Remarques
ETUDE DU COMPORTEMENT SUR LE SITE
Espèces activités .
Espèces activités .
Remarques
CROTTES
Etat du crotte : fraîche sèche
intermédiaire autre
Estimation de la période de défécation en
jour Composante :
Espèce Taille/individu
Espèce . Taille/individu
Remarques
4. FICHE D'ENQUETE SUR LE CONFLIT HOMME /
ELEPHANT
1. Informations
générales
- Nom et prénom :
- Age : Sexe : Village :
- Coordonnées GPS E : N :
- Ethnie : Délégation départementale :
2. Les problèmes des agriculteurs
- Quels sont les problèmes que les
agriculteurs/éleveurs rencontrent dans leurs activités ? -
Pouvez-vous classer ces problèmes par ordre d'importance
décroissant ?
3. Les problèmes liés aux
dégâts causés par les animaux
- Période des dégâts (jour, nuit, heure) :
- Début des dégâts : fin des
dégâts :
- Période où les dégâts sont
très fréquents (mois) :
- Classez des animaux à problèmes par ordre
d'importance décroissant :
4. Les problèmes liés aux
dégâts causés par les éléphants
- Comment se manifestent les dégâts ?
- Pouvez-vous nous dire quand est-ce qu'a eu lieu la
dernière invasion des éléphants dans votre champ ou dans
le village ?
- Selon vous d'où viennent ces éléphants
destructeurs ?
- Quelles sont les conséquences de ces
dégâts ?
- Quel est le point commun entre les champs
dévastés ?
- Quelles sont les cultures touchées ?
- Classez des cultures touchées par ordre de
préférence pour les éléphants ?
- A quelle distance se trouve votre champ dévasté
?
- Depuis combien d'années les dégâts
causés par les éléphants sont en nette augmentation? -
Est-ce que, ce sont toujours les mêmes champs qui sont
dévastés ?
5. Les méthodes de lutte pour réduire les
dégâts
- Les autorités sont informées de la situation ?
- Quelles autorités avez-vous contactées ?
- Depuis combien de temps ?
- Quelle a été leurs réactions?
- Quand ?
- A votre niveau que faites-vous pour éviter que vos
champs soient pillés ? - Quel résultat vous obtenez ?
6. place de l'éléphant dans la
tradition
- Quelle place l'éléphant occupe dans la tradition
?
7. Informations diverses sur les
éléphants
- Les éléphants qui arrivent dans les plantations
sont souvent en groupe ou solitaires ? - Taille des éléphants
(adulte ? jeunes ? etc.)
- Que pensez-vous de l'éléphant ?
- A votre connaissance, existe-il un couloir de migration proche
du village ?
- Si oui, votre champ est situé à quelle distance
par rapport au couloir de migration ? - Combien d'éléphants ont
été abattus lors de la saison de chasse récente ?
- Quelles sont les retombées de cet abattage ?
8. Autres informations
- Que penser-vous de la proximité du parc par rapport au
village ?
- Quels en sont les avantages ?
- Quels en sont les inconvénients ?
Merci pour votre collaboration
68
5. Arrêté 58/MINAGRI
Annexe 6 : Quelques espèces de mammifères
observées dans le PNB
Ordres
|
Familles
|
Noms Scientifiques
|
Noms communs
|
Classes
|
Primates
|
Cercopithecidae
|
Papio anubis
|
Babouin doguera
|
C
|
Erythrocebus patas
|
Patas
|
C
|
Cercopithecusaethiops
|
Singe vert
|
C
|
Colobidae
|
Colobus guereza
|
Colobe guéréza
|
A
|
Artiodactyles
|
Bovidae
|
Alcelaphus buselaphus Major
|
Bubale
|
B
|
Hippotragus equines
|
Hippotrague
|
B
|
Kobus defassa
|
Cobe defassa
|
B
|
Kobus kob kob
|
Cobe de buffon
|
B
|
Ourebia ourebi
|
Ourébi
|
C
|
Cephalophus grimmia
|
Cephalophe de grimm
|
C
|
Cephalophus rufilatus
|
Céphalophe à flanc roux
|
C
|
Syncerus caffer caffer
|
Buffle
|
B
|
Redunca redunca
|
Redunca
|
B
|
Hippopotamus Amphibus
|
Hippopotame
|
B
|
Tragelaphus scriptus
|
Guib harnaché
|
B
|
Tragelaphus derbianus Gigas
|
Eland de derby
|
B
|
Giraffidae
|
Giraffa camelopardis
|
Giraffe
|
A
|
Suidae
|
Phacos africanus
|
Phacochère
|
B
|
Potamochoerus aethiopicus
|
Potamochère
|
B
|
Lagomorphes
|
Lepriodae
|
Lepus crawshayi
|
Lièvre d'Afrique
|
C
|
Proboscidiens
|
Eléphantidae
|
Loxodonta africana africana
|
Eléphant d'Afrique
|
A & B
|
Tubulidente
|
Orycteropidae
|
Orycteropus afer
|
Oryctérope
|
A
|
Carnivores
|
Felidae
|
Panthera leo
|
Lion
|
A
|
Panthera pardus
|
Panthère
|
A
|
Hyenidae
|
Crocuta crocuta
|
Hyène tachetée
|
B
|
71
|