Dans la suite de ce travail, sera désignée par
« communautaire» l'identification en tant que membre d'un
groupe de personnes - la communauté (religieuse, culturelle, sociale...)
- partageant un ensemble d'affinités, de pratiques ou de codes culturels
à respecter.
Quant au terme de communautarisme, il convient d'en
déterminer le sens qui sera utilisé par la suite puisque les
principaux dictionnaires de la langue française divergent encore
totalement sur ce concept en 2011 :
· pour le Littré ce terme
n'appartient toujours pas à la langue française,
· pour le Petit Robert : «
Système qui développe la formation de communautés...
pouvant diviser la nation au détriment de l'intégration.
Antonymes : individualisme, universalisme »,
· pour le Larousse 2011 : «
Tendance du multiculturalisme américain qui met l'accent sur la
fonction sociale des organisations (ethniques, religieuses, sexuelles, etc.)
»
Le terme communautarisme est en effet apparu aux Etats-Unis
en 1980 pour désigner la philosophie dite « communautarienne »
qui tente de s'opposer à l'individualisme de la société
américaine accusée de laisser se dissoudre les liens sociaux et
de se perdre l'identité. L'homme serait toujours le produit d'une
culture et d'un milieu, il n'existerait pas indépendamment de ses
appartenances culturelles, ethniques, religieuses, sociales... Aussi
prône-elle la reconstruction des « Community » comme groupes
d'appartenance et de reconnaissance. En anglais le terme « Community
», recouvre un sens plus large que le terme français
communauté, et désigne toute forme de regroupement familiaux,
amicaux, locaux qui existent dans la société moderne.
Le terme est employé en France de façon plus
péjorative depuis une quinzaine d'années pour qualifier
l'attitude ou le mode de vie d'une communauté minoritaire devant
lesquels les idéaux républicains, égalitaires et
laïcs devraient s'effacer, au non d'un droit à la différence
revendiqué par ces minorités. Le terme apparaîtrait dans le
discours politique, comme propre à disqualifier et illégitimer
les revendications de certains groupes.
La conception dominante en France, repose principalement sur
la notion d'universalisme républicain, un des principes corollaires de
l'idéologie républicaine française selon lequel la
République est une valeur universelle puisqu'elle prône des
valeurs universelles, notamment les principes de liberté,
égalité, fraternité. Elles ont donc vocation à
être adoptées par tous les humains et appliquées
uniformément.
Toutefois, cette notion d'égalité des citoyens
a subi au cours du temps des aménagements législatifs successifs,
entre autres avec la notion de discrimination positive : financement
d'établissements scolaires privés religieux, quotas de
travailleurs handicapés dans les entreprises de plus de 20
salariés et recrutement possible directement sans concours, loi sur la
parité homme-femme, aumôneries financées sur le budget
hospitalier, statut particulier de certains départements comme le
Haut-Rhin où le concordat est toujours en vigueur...
De quels communautarismes parle-t-on ? De ceux fondés
sur la religion (le plus sensible en France depuis 1789), la culture, la
nationalité, le rapport aux lieux (quartier, ville...), la langue (dont
les dialectes régionaux), l'organisation et le mode de vie, le sexe,
l'orientation sexuelle, la sphère
professionnelle (artistes, travaux publics...) mais aussi les
revenus du patrimoine28. Ce dernier aspect
étant certainement le plus ancien (cercles privés, clubs, rallye,
réseaux sociaux, écoles réservées,
résidences sécurisées et même « gentrification*
»29 des grands centres urbains)
Chacun peut tour à tour être minoritaire ou
majoritaire, d'autant plus que le nombre de référents
identitaires, ce par rapport à quoi un sujet se définit, peut
être considérable.
Puisque ce terme est généralement pris dans son
acception négative dans le langage courant, nous retiendrons ici pour
« communautarisme », le fait pour une communauté
d'être plus ou moins hostile ou ségrégant par rapport aux
autres, et notamment au groupe que l'on pourrait qualifier de « dominant
», « principal » ou « majoritaire ».