I. 2. La genèse de l'adoption de la gestion
participative
Le développement de l'approche participative en tant
que méthodologie d'intervention en milieu rural est relativement
récent. Il répond au souci de divers gouvernements de la
sous-région d'associer étroitement les populations à la
restauration du milieu et à la gestion des ressources naturelles et
forestières.
L'approche participative est un mode de gestion
prôné par beaucoup d'intervenants en milieu rural sahélien,
mais n'a pas toujours tenu compte de la capacité d'implication des
populations aux programmes proposés par les partenaires au
développement.
La responsabilisation des acteurs à la base est
encouragée au Burkina Faso depuis quelques années à la
faveur du processus de décentralisation qui s'est
concrétisé sur le terrain par la communalisation intégrale
en 2006.
![](Variabilite-climatique-et-gestion-des-ressources-naturelles-Cas-de-la-fort-classee-et-reserve97.png)
L'émergence des approches participatives au milieu des
années 1980 au Burkina Faso s'est effectuée à travers deux
systèmes : institutionnel et méthodologique
(LOMPO O., 2004). Cette approche donne plus de responsabilité aux
collectivités locales dans la gestion des ressources naturelles. Le
système institutionnel a été fourni par les programmes et
projets forestiers de gestion des ressources naturelles qui s'est soldé
par un échec. L'approche Gestion des Terroirs initiée lors de la
conférence du Conseil Inter-états de Lutte contre la
Sécheresse dans le Sahel (CILSS) de Nouakchott en 1984 et mise en oeuvre
par le Burkina sous l'appellation Programme National de Gestion des Terroirs
(PNGT) a ouvert la porte au système méthodologique. Pour
certains, tous ces différents programmes ont été
conçus sans considérer les besoins des populations riveraines des
entités forestières.
Pourtant, selon COLCHESTER M. (1995), « Tout effort
de conservation doit impliquer la participation de la population locale et
prendre pour base ses intérêts, ses compétences, sa
confiance en elle-même, ses traditions. Il doit enfin promouvoir des
programmes qui lui offrent des bénéfices spirituels aussi bien
qu'économiques ». Dans cette perspective de conciliation, de
nombreux concepts furent adoptés comme celui de « Gestion
Forestière Intégrée de Gonsé ». Quelle
appréciation peut-on faire de cette participation ? Cela a-t-il permis
aux populations de prendre réellement leur autonomie dans la gestion des
ressources de la forêt?
Adoptée en 1994, le PGFIG a fonctionné pendant dix
ans et a été divisé en phases comme suit:
- 1994-1997, première phase qui a vu la mise en place
de l'approche participative à travers l'aménagement et la gestion
de la forêt. Les institutions villageoises (GVGF) ont
bénéficié de plusieurs formations (reboisement,
pépinière, la coupe et la vente de bois par stères) (MECV.
2005).
- La deuxième phase de 1998 à 2000 a
été orientée vers la consolidation d'une cogestion
à travers les trois acteurs, c'est-à-dire le MEE
(Ministère de l'Environnement et de l'Eau), la GTZ (coopération
allemande) et l'organisation villageoise (le Groupement Namalgzanga). Cette
cogestion a été beaucoup plus orientée vers la production
et la commercialisation de bois de feu, la conduite d'études
spécifiques, le suivi écologique par le système des
planchettes permanentes, la surveillance des pare-feux, etc.
Des acquis ont été enregistrés à
la fin de ces deux phases, mais d'énormes faiblesses ont
été également notées (MECV. 2005). Cette phase de
gestion des ressources de la forêt est restée gravée dans
la mémoire des populations riveraines. La majorité (75 %) des
populations interrogées dénoncent toujours la mauvaise gestion de
la forêt à cette période par les responsables du groupement
« Namalgzanga », qui abusaient de leur pouvoir. Cela a
créé des mécontentements, suscité de la
méfiance et plus de désintérêt qui ont porté
un coup au système de gestion concertée des ressources
forestières. Il a fallu alors repenser une autre méthodologie de
gestion participative qui verra la collaboration de tous les acteurs.
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![](Variabilite-climatique-et-gestion-des-ressources-naturelles-Cas-de-la-fort-classee-et-reserve98.png)
Ainsi, la troisième et la dernière phase du
PGFIG de 2001 à 2004 a été un peu plus pratique dans sa
démarche de gestion participative. Près de 85 % de la population
interrogée affirment être satisfaits de cette dernière
phase de gestion. Un paysan disait « Nous avons beaucoup
travaillé dans la forêt lors du projet passé et cela nous
procurait de l'argent. Mais maintenant que la forêt appartient aux
forestiers nous ne pouvons plus qu'encourager la coupe frauduleuse car c'est
de
cette pratique que nous vivons ». Cette opinion
est largement partagée par de nombreuses personnes parmi nos
interlocuteurs. La dernière phase a permis, en un temps record, la
consolidation des différents acteurs organisés autour de leur
centre d'intérêt.
I.2.1. Les différents utilisateurs des produits
forestiers
Autour de la forêt de Gonsé, il existe une
diversité d'acteurs (utilisateurs des ressources forestières).
Ils se distinguent par leur mode d'exploitation et les produits forestiers
utilisés. Ces différents acteurs ont toujours exploité les
ressources forestières de façon frauduleuse. Mais pendant la
phase PGFIG, une tentative est faite en vue de les organiser et de les orienter
en fonction de leur rôle dans la gestion.
On distingue les principaux utilisateurs que sont : les
artisans, les charbonniers, les vendeurs de bois vert, les éleveurs pour
la plupart sédentaires, les braconniers, les «
tradithérapeutes ». L'option retenue lors de l'adoption du plan
d'aménagement de la forêt a été l'entière
responsabilisation des populations locales riveraines. Aussi, en collaboration
avec le Ministère de l'Environnement et du Cadre de Vie (MECV), les
populations des villages riverains (14 villages) ont été
organisées par Groupement en fonction des filières
d'exploitation. Mais de nos jours, ces comités de gestion sont dans un
oubli total.
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