Analyse pragmatique du discours de Barack H. Obama à Accra. Approche énonciative( Télécharger le fichier original )par Rigobert MUKENDI Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication Kinshasa RDC - Licence 2010 |
1. 2. 3. Caractéristiques de la communication politiqueLa communication politique est un processus indispensable à l'espace politique contemporain en permettant la confrontation des discours politiques caractéristiques de la politique : l'idéologie et l'action pour les hommes politiques, l'information pour les journalistes, la communication pour l'opinion publique et les sondages. Ces trois discours sont en tension permanente, car chacun détient une partie de légitimité démocratique et peut donc prétendre interpréter la réalité politique du moment en excluant l'autre. Pour les hommes politiques, la légitimité résulte de l'élection. La politique est leur raison d'être, avec une méfiance certaine pour l'événement et une préférence pour les idéologies organisatrices de la réalité. La communication est surtout assimilée à une stratégie de conviction pour faire adhérer les autres, hommes politiques, journalistes ou électorats. Pour les journalistes au contraire, la légitimité est liée à l'information qui a un statut fragile, puisqu'il s'agit d'une valeur essentielle, qui consiste à faire le récit des événements et à exercer un certain droit de critique. Ils sont les « face-à-face » des hommes politiques. La politique constitue la principale cause de leur succès pour l'anticipation qu'ils apportent parfois au comportement du corps électoral.23(*) La communication politique a une autre caractéristique essentielle : elle n'est pas un espace fermé, mais ouvert sur la société en ce sens que chacun des acteurs parle en permanence, à deux niveaux. D'une part, pour les autres partenaires de la communication politique comme pour ses pairs, et d'autre part, pour l'opinion publique. Ce double niveau d'adresse est une nécessité communicationnelle pour éviter un dialogue des sourds, car les uns et les autres ne s'intéressent pas à la même chose. Les médias sont, avant tout, sensibles à l'événement, les hommes politiques à l'action, l'opinion publique à la hiérarchie des thèmes et des préoccupations qui n'obéissent ni au rythme de l'action politique, ni à celui des médias. C'est en ce sens que la communication politique n'est pas seulement un espace d'échange de discours, mais aussi et peut être autant, un espace de confrontation des logiques et des préoccupations différentes.24(*) 1. 2. 4. Rôle et fonction de la communication politiqueLe rôle essentiel de la communication politique est d'éviter le renforcement du débat politique sur lui-même en intégrant les thèmes de toute nature qui deviennent un enjeu politique et en facilitant ce processus permanent de sélection, hiérarchisation, élimination, elle apporte la souplesse nécessaire au système politique.25(*) Si le rêve de tous les hommes politiques est de clore la communication politique sur les thèmes connus pour éviter qu'elle ne s'ouvre à d'autres, le rôle de la communication politique est au contraire d'empêcher cette fermeture qui risque de découpler le milieu politique du reste de la société. La communication politique sert à gérer la contradiction principale du système politique démocratique : faire alterner un système d'ouverture aux problèmes nouveaux et un système de fermeture destiné à éviter que tout soit en débat permanent sur la place publique. « Pour gérer cette double fonction d'ouverture et de fermeture, la communication politique assure trois fonctions. D'abord, elle contribue à identifier les problèmes nouveaux qui surgissent, les hommes politiques et les médias jouant ici le rôle essentiel. Ensuite, elle favorise l'intégration dans le débat politique du moment, en leur assurant une sorte de légitimité. Le rôle des sondages et des hommes politiques est ici sensible. Enfin, elle facilite l'exclusion des thèmes qui ne sont plus l'objet des conflits ou sur lesquels un consensus temporaire existe. Là aussi, le rôle des médias est important par la place qu'ils accordent aux thèmes débattus sur la place publique ».26(*) Ces trois fonctions sont assurées de manière simultanée sans d'ailleurs que personne ne les maîtrisent. La communication politique apparaît, par cette triple fonction, comme le poumon de la démocratie. Ce rôle essentiel est cependant variable selon les contextes historiques, les situations normales étant en politique relativement rares. Dans chacune de trois situations les plus caractéristiques, une des trois logiques du discours se trouve privilégiée. A en croire Dominique Wolton, en période d'élections, les sondages jouent un rôle considérable puisque chacun essaie de savoir à l'avance, ce que pourra être le résultat, ceux-ci étant pour le moment le seul instrument représentatif permettant une telle approximation. En situation normale, entre deux élections, la communication politique est surtout animée par les médias qui jouent au mieux leur rôle en faisant remonter les évènements et les problèmes qui ne sont pas vus par les milieux politiques. Ils assurent là une fonction de « veille démocratique » devenant en quelque sorte le cordon ombilical entre la classe politique, inévitablement fermée sur elle-même et le reste de la société. En situation de crise politique intérieure ou extérieure, l'équilibre de la communication politique est encore différent, dominé par la prééminence des hommes politiques. L'urgence de la situation, l'importance de l'action et des décisions à prendre, mettent l'homme politique au centre de la communication politique.27(*) De tout ce qui précède, nous pouvons relever que la communication politique regroupe trois phénomènes simultanés. Elle est une réalité visible tous les jours par le biais des discours que s'échangent les acteurs légitimement autorisés à s'exprimer. Elle est en outre, un niveau de fonctionnement nouveau de la politique liée, d'une part, à l'extension de la démocratie avec l'accroissement du nombre de problèmes faisant l'objet d'un traitement politique et le nombre de ceux qui y participent, et d'autre part, à l'augmentation de la visibilité du jeu politique avec les médias et les sondages. Autrement dit, la communication est à la fois, un phénomène visible, un niveau de fonctionnement et un concept adéquat aux phénomènes politiques contemporains. La communication politique apparaît donc comme un changement aussi majeur dans l'ordre de la politique que les médias de masse l'ont été dans celui de l'information, et les sondages dans celui de l'opinion publique. Son rôle essentiel est d'être l'espace où s'échangent les discours contradictoires de trois acteurs qui ont la légitimité à s'exprimer : les hommes politiques, les journalistes et l'opinion publique à travers les sondages. L'originalité de la communication politique est de gérer les dimensions contradictoires et complémentaires de la démocratie de masse : la politique, l'information et la communication. Elle traduit l'importance de la communication dans la politique, non pas au sens d'une disparition de l'affrontement, mais au contraire, au sen où l'affrontement qui est le propre de la politique se fait aussi dans les démocraties sur le mode communicationnel. Elle est à la fois une réalité visible tous les jours, un niveau de fonctionnement, et un concept indispensable à la compréhension des démocraties pluralistes de masse. Et nous, nous appréhendons cette réalité de la communication politique comme une interface qui sert de vecteur d'idées, de propos ou encore d'idéologies entre un acteur politique ou tout au moins, une autorité publique donnée et dans un contexte donné, et des citoyens censés attendre de celui-ci, un certain nombre d'idées et des mesures préventives ou curatives dans tel ou tel autre domaine de la société. Cette communication politique se déroule dans un espace public, lieu des manifestations et d'expression des acteurs. Venons-en à une tentative de compréhension du concept de l'espace public. * 23 WOLTON, D., op. cit., p. 35. * 24 WOLTON, D., op. cit., p. 35. * 25 Idem, p. 36. * 26 WOLTON, D., op. cit., p. 36. * 27 WOLTON, D., op. cit., p. 37 |
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