3. 3. 6. Les formules de
bienséance ou conatives
Très souvent dans les formules de
bienséance, le « Je » est
occulté :
E04 : Bon après-midi à
tous !
L'on identifie dans cet énoncé la fonction
conative de la communication. Celui qui souhaite un bon après-midi aux
autres n'est explicitement identifiable, la marque d'énonciation est non
manifeste, le je étant occulté. Or, il n'y a que celui
qui est doté de l'intention communicative à l'endroit de ceux qui
l'écoutent qui peut souhaiter un bon après-midi à
ceux-ci.
Mais, dans certaines formules de bienséance, le
je est manifeste :
E211 : Je vous remercie !
Ces remerciements ne sont pas à confondre avec ceux
dont il a fait montre lorsqu'il est accueilli. Ici, il les remercie de lui
avoir accordé l'attention tout au long de son allocution. Mais la
formule utilisée reste la même.
3. 3. 7. Eléments
intertextuels
Ø Allusion :
E03 : J'aime bien le son, cela me rappelle
Louis Armstrong
Louis Armstrong est trompettiste américain de la
ville de Floride dans l'Etat de la Louisiane aux Etats-Unis. En
appréciant ce son qui retentit pour l'accueillir, Obama fait allusion
à celui de Louis Daniel Armstrong, un autre noir américain, il
prouve, à ce sujet, qu'il est non seulement président
américain mais également un Africain appréciant les
siens.
Ø Pastiche ou parodie :
E21 : Nous devons partir du principe qu'il
revient aux Africains de décider de l'avenir de l'Afrique
En disant cela, Obama reprend l'idée de l'ancien
président américain, Théodore Woodrow Wilson auteur du
principe : l'Amérique aux Américains.
Ø Parole d'autres
personnes :
E187 : On a demandé à Martin
Luther King quel sentiment lui avait inspiré la vue de la naissance
d'une nation, et il a répondu : « cela renforce ma
conviction que la justice finit toujours par triompher »
Nous n'avons pas trouvé cette parole de Martin
Luther dans un document quelconque, mais parce que lui-même Obama le dit
bien on a demandé à Martin Luther King, cela signifie
que c'est la parole d'une autre personne. C'est ainsi que nous classons cet
énoncé dans la catégorie des éléments
intertextuels se rapportant aux paroles d'autres personnes.
Cette évaluation nous a permis de comprendre que
lorsque les hommes politiques parlent, leurs propos sont toujours
polysémiques. Ce qui requiert une grille de lecture attentive et
appropriée pour mieux cerner la substance de leurs propos. L'approche
pour laquelle nous avons opté a joué également un
rôle prépondérant dans cette évaluation en ce sens
qu'elle nous a permis, le cas échéant, de dégager les
différentes positions que prend Obama face aux enjeux mondiaux en
général et ceux africains en particulier.
Le deuxième enseignement que nous avons tiré
de cette évaluation est que, du point de vue théorique, un
destinataire n'est l'égal de l'allocutaire ; car dans
l'activité discursive, il apparaît d'autres instances
énonciatives qui, par leur évidence, dictent voire, influent sur
l'énonciation et même sur l'énonciateur. Nous l'avons
démontré tout au long de cette analyse ; et dans le cadre de
ce travail, le locuteur est beaucoup plus énonciateur que
locuteur.
L'approche énonciative, quant à elle,
englobe en son sein trois théories à savoir, l'appareil
énonciatif selon Emile Benveniste, la polyphonie selon Oswald Ducrot
ainsi que la notion du sujet parlant telle que déployée par
Dominique Maingueneau et Patrick Charaudeau. Ces trois approches se tiennent et
nous ont suffisamment éclairé dans la recherche du statut de
l'énonciateur et de l'allocutaire. La tache nous a semblé quelque
peu aisée dans l'analyse de ce corpus en vue d'en saisir le vrai sens et
les contours quoi que l'analyse ait exigé, de notre part, une attention
soutenue pour parvenir aux résultats attendus.
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