0. INTRODUCTION
1. ETAT DE LA QUESTION
La recherche que nous présentons porte sur
l'analyse pragmatique du discours de Barack Hussein Obama devant le Parlement
ghanéen lors de sa conférence de presse à Cape Coast
à Accra le 11 juillet 2009. Nous en abordons l'approche
énonciative.
Dès l'aube du XXIème
siècle, des événements presque inédits ont fait
leur apparition dans le monde et ont affecté l'élan de la
planète toute entière. Parmi ces événements, il y
en a qui, positivement ou négativement, ont marqué ce
siècle débutant. Parmi ceux-ci, l'on peut citer le
réchauffement climatique qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive
et a mobilisé cent nonante deux Etats à Copenhague au Danemark au
mois décembre dernier. Un autre événement c'est la
découverte de la possibilité de vie sur la planète Mars.
Mais il y a un troisième qui, à lui seul, constitue une
légende. C'est l'élection d'un noir américain à la
tête des Etats-Unis. Une donne qui a réussi à casser la
baraque et à changer toute la philosophie des Américains.
Cependant, depuis 1789, année de
l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique, aucun noir n'a
bénéficié de la confiance des américains comme
Obama. L'accession à ce poste devant obéir à ce que les
américains appellent la « loi non écrite »
W.A.S.P. (white, anglo-saxon and protestant) ; ce qui veut dire que l'on
ne peut accéder à la Maison blanche que si l'on remplit ces trois
conditions : être blanc, d'origine anglo-saxonne et de confession
religieuse protestante.
C'est pour cette raison que l'on justifie l'assassinat de
l'ancien Président John Kennedy qui répondait aux trois premiers
critères, mais péchait au dernier ; étant
donné qu'il était de confession catholique. Toutefois, ce
schéma préfabriqué impérialement n'est pas
resté sacro-saint, intouchable, irréversible.
Pour preuve, la cour suprême, bien qu'elle constitue
le sommet du pouvoir aux Etats-Unis, elle ne compte aucun juge de confession
protestante. Seulement, six catholiques (John Roberts, Samuel Alito, Antony
Kennedy, Soria Sotomayor, Clarence Thomas et Antorium Scalia), et trois juifs
(Ruth Bader Ginsburg, Stephen Breyer et Mrs Elena Kagan). Cette dernière
est une brillante juriste new-yorkaise ; doyenne, depuis de longues
années, de la faculté de droit à l'Université de
Harvard. Elena Kagan, 50 ans, a été choisie par Barack Obama, le
11 mai dernier pour remplacer l'un des neuf juges de la cour
suprême.1(*) Et
l'arrivée de Barack Hussein Obama à la tête des Etats-Unis
le 4 novembre 2008 a, sans détours, changé la donne politique sur
l'échiquier mondial et froissé certaines sensibilités
racistes et narcissiques des Américains.
Investi effectivement au pouvoir le vingtième jour
du mois de janvier 2009, Barack Obama a entamé des tournées dans
le monde. Sous ce registre, l'on peut compter plus d'un voyage effectué
par le locataire de la Maison blanche. Et celui qui nous intéresse est
celui qui, à la fin d'un périple qu'il a effectué
successivement à Moscou et à Rome, l'a amené au
continent de ses aïeux, le 11 juillet 2009. Et c'est pour la
première fois qu'il arrive en Afrique subsaharienne. Le cap est
jeté sur le Ghana. Pendant près d'une heure, Barack Obama
s'adresse aux ghanéens par le biais de leur Parlement.
Son discours est apprécié de tous et suscite
des réactions et des commentaires dans presque tous les salons
politiques du monde en général et ceux de l'Afrique en
particulier. Un parler simple et direct, un message sain et clair,
immédiatement compréhensible de l'auditeur moyen : la
recette Obama fonctionne d'autant mieux qu'il ne viendrait à personne
l'idée de mettre en doute la sincérité de celui qui est
aussi un fils du continent africain.
Après ce regard panoramique recensant les
événements qui ont fait leur invasion dans le monde, nous pouvons
questionner certaines recherches pouvant nous apporter des détails
à propos de notre sujet de recherche et éclairé notre
lanterne. Ceci étant, nous nous rangeons derrière Drei2(*) pour dégager quatre
postures sociologiques qui se dégagent lorsque l'on est en face de
l'objet « discours politique ». La première,
structurale, est centrée sur la notion de champ politique et recense les
illusions fondatrices de ce champ. Le discours politique, entendu comme genre,
est une simple variation à partir de ces illusions. La deuxième
posture, attentive aux rapports de force internes au champ politique et aux
stratégies des acteurs, met en relation les positions occupées et
les discours produits. La troisième, quant à elle, étudie
la façon dont des formes alternatives de grandeur peuvent faire l'objet
d'importations réussies dans le champ. La quatrième, enfin, se
mobilise autour de la saisie de sens que renferme un discours politique dans la
contextualité de son déploiement.
Dans la pratique internationale, il est reconnu aux Etats,
la possibilité de s'adresser, à travers leurs
représentants, à l'ensemble de la société-monde au
cours de certaines cérémonies spéciales. C'est le cas, par
exemple, des sessions de l'Assemblée Générale des Nations
Unies qui s'offrent, chaque année, une sorte de tribune d'expression au
profit des Chefs d'Etats et des Gouvernements pour partager les idées et
réfléchir, préventivement, sur des préoccupations
aussi bien planétaires que nationales en vue de la concorde
internationale des Etats. Il en est de même des sommets qui
réunissent plusieurs Etats pour débattre des sujets qui
inquiètent et peuvent compromettre la quiétude de toute la
planète ; tel est le cas du sommet tenu à Copenhague en
décembre dernier ; ou tout au moins de quelques Etats en
confédération.3(*)
Le discours de Barack Obama devant le Parlement
ghanéen n'entre pas dans cette catégorie. Il peut être
classé dans la rubrique de la possibilité reconnue aux Etats de
s'exprimer à travers leurs représentants à l'ensemble de
la société-monde au cours de certaines cérémonies
spéciales, ou à une frange bien déterminée des
personnes.
Et la deuxième posture discursive, selon Drei, nous
sert de lanterne quand elle s'énonce comme celle attentive aux rapports
de force internes au champ politique et aux stratégies des acteurs,
mettant ainsi en relation les positions occupées et les discours
produits.
2. ETAT DE LA LITTERATURE
Avant de nous atteler à l'exercice de
l'explicitation de notre problématique, il sied de passer en revue les
différents travaux qui ont été rédigés si
pas sur les discours des acteurs politiques mais à tout le moins, sur
les discours politiques ici à l'Institut Facultaire des Sciences de
l'Information et de la Communication (IFASIC).
Parmi les nombreuses recherches qui ont abordé la
matière discursive, nous avons retenu celles de Marie Catherine Tshela
Bamubile qui a travaillé sur la transition politique congolaise et les
discours politiques des quatre vice-présidents en abordant l'approche
sémio-narrative. Elle était préoccupée par la
question suivante : quels projets sociologiques révèlent
les discours de chacun des quatre vice-présidents ? Et comme
réponse provisoire à celle-ci, elle postule que dans un contexte
de transition politique, la quête d'un même objet prédispose
les instances, même revêtues des fonctions analogues, à
être anti-sujets.
Après le travail de terrain et d'analyse
documentaire, Tshela Bamubile parvient à conclure que tous les quatre
vice-présidents sont des anti-sujets. Néanmoins, trois de ces
quatre vice-présidents ont un même objet de quête qu'est le
développement. Cependant, Azarias Ruberwa est le seul qui poursuive la
démocratie comme objet de quête. Ce qui fait de lui un anti-sujet
plus que les autres parce que voulant se faire différent d'eux. Etant
issu de la minorité Tutsi, il se fait leur avocat en militant pour
l'instauration d'un Etat de droit où la discrimination ne sera plus au
rendez-vous.4(*)
Le deuxième travail que nous avons
repéré est intitulé : les promesses dans le discours
de Joseph Kabila, Analyse de contenu ; réalisé en 2002 par
l'étudiante Tshinguta Mukendi.
Le chercheur était préoccupé de
savoir quelle pouvait être la portée réelle des promesses
de Joseph Kabila dans ses discours politiques. Provisoirement, elle affirme,
à titre d'hypothèse, que dans la production d'un discours,
l'environnement et le contexte peuvent influer sur le sens des mots. Cette
étude a opté pour l'énonciation comme cadre
théorique.
Après analyse, le chercheur conclut que les
discours prononcés par Joseph Kabila lors de sa tournée en
provinces, contenaient trois sortes de promesses. Les promesses d'ordre
socioculturel l'emportant sur les autres avec 43 %, suivies de celles d'ordre
économique avec 37 % et, enfin, les promesses d'ordre politique avec 25
%.5(*)
Le troisième travail a porté sur les
discours de Laurent Désiré Kabila du 17 mai 1997 au 2 août
1998, analyse pragmatique. Ce travail a été défendu en
2000 par Bakankumu Sama.
Le chercheur part de la question suivante : quelle
est la direction illocutoire de la production discursive de Laurent
Désiré Kabila ? Pour y répondre, il pose
l'hypothèse selon laquelle tout langage émanant d'une instance
qui tire sa légitimité d'une rénovation, a tendance
à s'inscrire dans un rapport de rupture avec l'ordre discursif ancien.
Et les actes illocutoires qui sous-tendent ce discours adoptent une dimension
assertive, validant ainsi la thèse de l'objectivité de la vision
du locuteur. Comme cadre théorique, Bakankumu Sama a utilisé la
pragmatique énonciative.
A la fin du travail, le chercheur constate que la
production discursive du président Laurent Désiré Kabila
du 17 mai 1997 au 2 août 1998 dégage une force illocutoire dont le
but est d'engager sa responsabilité pour changer radicalement une
société caractérisée par beaucoup de
manquements.6(*)
3. PROBLEMATIQUE
Après cet inventaire des travaux antérieurs,
nous nous rendons facilement compte que tous nos prédécesseurs se
sont basés sur l'analyse des discours politiques des dirigeants
congolais, c'est-à-dire sur la politique nationale de la RD Congo. Ce
qui donne immédiatement un caractère original à notre
sujet de recherche qui, bien que ayant la même substance que les autres,
le discours, se déploie dans une dimension internationale, voire
mondiale.
D'où l'énoncé de notre sujet de
recherche : Analyse pragmatique du discours de Barack Hussein Obama
à Accra. Approche énonciative.
Notre problème réside dans le fait que l'on
n'a pas connaissance de l'instance à laquelle Barack Obama -
Président des Etats-Unis et noir américain - s'adresse dans son
discours d'Accra.
D'où la mobilisation de cette question : Quel est
le destinataire de l'allocution de Barack Obama ? Et puisque le
communicationnel est toujours téléonomique7(*), quels sont les objectifs
poursuivis par Obama dans son discours ? Pour ratisser large, nous pouvons
élargir cette réflexion en formulant d'autres sous questions
:
- Quels sont les statuts de l'énonciateur et du
destinataire dans le discours d'Obama à Accra ?
- Comment se positionne l'énonciateur dans le
discours du président Barack Obama prononcé devant le
Parlement ghanéen ?
Cette dernière sous question semble retenir
notre attention et partant, elle s'avère principale pour notre
étude.
4. HYPOTHESE
Un sujet parlant qui revendique une pluralité de
statuts, produit un discours polyphonique. Ce positionnement se
répercute sur l'auditoire à qui l'allocution est
adressée.
5. METHODES ET TECHNIQUES
D'APPROCHE
La démarche scientifique rigoureuse exige aux
chercheurs de se doter toujours des instruments adéquats en vue d'une
analyse objective de nombreuses données collectées, parfois
disparates et éparses ; souvent sans liens apparents. Cela
étant, il ne suffit pas, pour nous, d'amasser simplement les
données et les faits sur un phénomène afin de pouvoir
l'expliquer, mais nous devons recourir à des méthodes
scientifiques prouvées et éprouvées pour l'agencement et
l'interprétation de ces données en vue de leur véritable
signification, et in fine, aboutir aux résultats plausiblement
objectifs.
Notre recherche est mobilisée autour des
méthodes descriptive et analytique, en l'occurrence l'analyse du
discours. La méthode descriptive nous aidera à
« raconter » la personne dont nous analysons le discours.
Eu égard aux techniques d'approche, nous allons au cours de ce travail,
faire appel à l'approche énonciative de la pragmatique,
basée sur la nouvelle polyphonie d'Oswald Ducrot.
La méthode analytique ou l'analyse du discours nous
permet de déconstruire le corpus de notre recherche, le discours, le
décomposer dans ses différentes particules et facettes, les
énoncés, en vue d'en saisir les contours, d'en déduire le
sens véritable et d'en indiquer le destinataire, son statut et le
positionnement de l'énonciateur. L'analyse pragmatique a pour objectif
de faire ressortir l'ensemble des indices marqueurs de la présence du
locuteur et/ou de l'énonciateur dans le texte, en même temps que
ceux qui attestent celle de l'interlocuteur et/ou de l'énonciataire dans
son discours, car le « tu » ne peut exister que lorsque le
« je » le fait exister.
6. DELIMITATION DU SUJET
Essentiellement, le point focal de notre étude est
l'intégralité du discours du Président américain
Barack Hussein Obama lors de sa conférence de presse à Cape Coast
à Accra, le 11 juillet 2009. Ce discours sera analysé à la
lumière de l'approche énonciative.
7. DIVISION DU TRAVAIL
Notre travail comprend trois chapitres. Le premier
chapitre porte sur les esquisses conceptuelles et théoriques. Le
deuxième circonscrit le contexte de l'élection de Barack Obama et
retrace ses origines ainsi que son parcours politique. Le troisième
chapitre sera axé sur l'analyse même du discours du
président Obama.
PREMIER CHAPITRE :
CONSIDERATIONS CONCEPTUELLES ET THEORIQUES
Dans ce chapitre, il sera question de définir les
concepts utiles à notre travail et de présenter la théorie
qui le sous-tend. Il sera donc sectionné en deux. La première
section s'appesantira sur les esquisses définitionnelles et
conceptuelles. La seconde section sera axée sur les assises
théoriques c'est-à-dire la théorie de
l'énonciation.
Section 1 :
Considérations conceptuelles
Nous analysons, dans ce travail, un discours. Et parce que
tout discours est un instrument de communication, nous allons, de prime abord,
ébaucher succinctement ce concept-clé.
La communication. Ce n'est pas un discours ordinaire ou
scientifique que nous analysons, plutôt un discours politique. C'est
pourquoi nous définirons aussi le concept de communication politique et
ensuite celui du discours politique. Mais discours ou discours politique ne
peut être proféré que dans un espace que nous pouvons
appeler ici, espace public ; d'où la nécessité de
donner aussi quelques esquisses notionnelles sur le terme espace
public.
1.1 Communication
De manière générale, la communication
est comprise comme le processus par lequel l'information est transmise d'un
émetteur à un récepteur. La communication peut mettre en
situation des traits psychologiques, sociologiques ou économiques.
Tantôt, elle mobilise la parole, tantôt l'écriture,
tantôt le geste. La communication peut aussi incarner les nouvelles
technologies.8(*)
Nous pouvons également préciser que la
communication fait partie des pratiques si quotidiennes et si « naturelles
» sur lesquelles l'on s'interroge rarement à son propos. C'est
à cela que fait allusion l'opuscule écrit par Kenneth Wamen et
ses compagnons et qui relève que « le Besoin de communiquer
avec son prochain est aussi fondamental que la nécessité physique
de se nourrir et de s'abriter.9(*) Cette pensée, pour anodine qu'elle puisse
paraître, est une démonstration de l'importance que les humains
attachent au processus de la communication.
De nos jours, la définition du concept
communication demeure extrêmement variable, la communication peut
être personnelle, inégalitaire, ou médiatisée.
Parfois elle désigne un canal de communication parfois son contenu, ou
même la forme de communication.10(*) Elle est donc coextensive à toutes formes de
vie, comme le précise Gregory Bateson et ses disciples. Il affirme
que « communiquer c'est aussi cohabiter » bien
entendu, dans un contexte de monde moderne. Dominique Wolton précise en
outre que si vivre c'est communiquer, l'on devrait paradoxalement y distinguer
les frontières sémiotiques, pragmatiques et
médiatiques.11(*)
La complexité de la notion de communication a, en
outre, été reconnue par plusieurs autres chercheurs et
philosophes. Claude Bertrand, Régis Debray, Paul Watzlawick et tant
d'autres. Tous affirment que l'extrême étendue des significations
du terme communication fait qu'elle puisse s'apparenter à d'autres
disciplines aussi. C'est même à juste titre que Régis
Debray affirme que « le terme de communication de nos jours a connu
d'immense fortune ».12(*) Eric Maigret ajoute que la communication s'analyse
suivant trois composantes liées. D'abord comme interaction en
fonction du contexte, si on tient compte de l'école de Palo Alto. Ici
l'on voit la communication qui se déroule comme une information
cadrée et codée et comme un partage existentiel de sens.
Autrement dit, une communication qui se déroule entre partenaires
à l'intérieur d'un système et qui se définit en
termes physiques ou socio-culturels.13(*)
A notre avis, nous pensons que la communication peut
être perçue comme transmission de message, notamment lorsqu'un
partenaire émetteur qui amène le récepteur à
partager le contenu d'un message. La communication peut être encore
envisagée comme partage existentiel où l'on communique à
travers l'attitude du corps, le ton de la voix, la manifestation de la
présence affectueuse mais pas toujours à travers un message
calculable en termes d'information.
Sans vouloir faire de la communication notre concept
clé, nous abordons la communication politique qui nous semble au centre
de notre étude parce que le discours que nous analysons est
également politique.
1. 2. Communication politique
Du point de vue de son étymologie, la communication
politique a désigné, premièrement, l'étude de la
communication du gouvernement vers l'électorat ; puis,
l'échange des discours politiques entre les hommes au pouvoir et ceux de
l'opposition tout particulièrement lors des campagnes
électorales. Ensuite, le domaine s'est élargi à
l'étude du rôle des médias dans la formation de l'opinion
publique ; puis à l'influence des sondages dans la vie politique,
notamment pour étudier le décalage entre les
préoccupations de l'opinion publique et les comportements des hommes
politiques.
« Aujourd'hui, la communication politique
englobe l'étude du rôle de la communication dans la vie politique
au sens large en intégrant aussi bien les médias que les
sondages, le marketing politique et la publicité avec un
intérêt particulier pour les périodes
électorales ».14(*)
Anne Marie Gingras considère la communication
politique comme l'étude de l'espace public où s'exercent les
dynamiques du pouvoir sous toutes ses formes ; le pouvoir est ainsi
appréhendé de manière institutionnelle et informelle,
matérielle et symbolique. De la sorte, l'étude de l'espace public
doit s'articuler autour de trois axes : les organisations
médiatiques et culturelles (leur fonctionnement et leur économie
politique), les messages politiques provenant des gouvernants et des acteurs de
la société civile (la rhétorique et l'argumentation, la
publicité), et enfin, les phénomènes de communication
politique (la réception, la persuasion, la propagande, l'opinion
publique, la double pensée).15(*) La communication politique nous apparaît comme
le contraire d'une dégradation de la politique, comme la condition du
fonctionnement de l'espace public élargi. En permettant l'interaction
entre l'information, la politique et la communication, elle apparaît
comme un concept fondamental d'analyse du fonctionnement de la
démocratie des masses. Elle ne conduit pas à supprimer la
politique ou à la subordonner à la communication, mais au
contraire, à la rendre possible dans la démocratie des
masses.
En effet, la communication politique dont il est question
ici, est cette branche qui, non seulement s'articule autour des théories
et des techniques, mais elle développe aussi une pratique de type
politique. La communication politique a, selon Bernard Lamizet16(*), deux grandes raisons
d'exister. D'une part, elle constitue une médiation de
représentation symbolique du pouvoir, et entend exercer une influence
symbolique par les formes et les expressions qu'elle diffuse dans l'espace
public ; d'autre part, la communication politique donne la
visibilité d'un système des formes et des représentations
symboliques aux acteurs qui exercent leurs pouvoirs et mettent en pratique les
choix et les orientations de la médiation politique.
Certains chercheurs en communication politique estiment
que ce vocable a une certaine dose normative, voire dogmatique. Il peut
être envisagé l'éventualité d'études qui ne
se recommandent pas de l'un ou l'autre de ces courants ou simplement qui, de
manière complémentaire, participent de deux. C'est bien ce que
reconnaît Anne Marie Gingras: « on voit ainsi se dessiner une
distinction qui transcende la vision entre libéraux et critiques».
Cela est d'autant plus vrai que la communication politique constitue un domaine
interdisciplinaire. Son champ s'élargit tous les jours à telle
enseigne que le monde et les sociétés contemporaines
évoluent tout en englobant des
phénomènes nouveaux, notamment avec le développement de la
technologie de la communication.
1. 2. 1. Communication politique
et espace public
C'est ainsi que Anne-Marie Gingras considère la
communication politique comme l'étude de l'espace public où
s'exercent les dynamiques du pouvoir sous toutes ses formes ; le pouvoir
est ainsi appréhendé de manière institutionnelle et
informelle, matérielle et symbolique. Puisqu'il en est ainsi,
l'étude de l'espace public doit s'articuler autour de trois axes: les
organisations médiatiques et culturelles (ce qui veut dire leur
fonctionnement et leur économie politique), les messages politiques
provenant des gouvernants et des acteurs de la société civile (la
rhétorique et l'argumentation, la publicité), et enfin les
phénomènes de communication politique (la réception, la
persuasion, la propagande, l'opinion publique, « la double
pensée».17(*)
Les thèses de Gingras à ce sujet
correspondent à la conception de Dominique Wolton sur le
phénomène de communication politique. Celle-ci constituerait une
exploitation de l'espace public par trois acteurs: les hommes politiques, les
journalistes ainsi que l'opinion publique. Il déclare volontiers sa
définition de la communication politique comme étant restrictive
: « l'espace où s'échangent les discours contradictoires des
trois acteurs qui ont la légitimité de s'exprimer publiquement
sur la politique, et qui sont les hommes politiques, les journalistes et
l'opinion publique à travers les sondages».18(*)
L'auteur étend sa réflexion à la
communication politique entendue comme un processus dynamique ouvert et non
comme une technique, un lieu d'affrontement de discours politiques
opposés, relayé soit par les journalistes, soit par les hommes
politiques, soit l'opinion publique par l'intermédiaire des sondages.
L'intérêt de la communication politique est à la fois de
montrer qu'il s'agit d'un lieu d'affrontement de discours, à l'issue
incertaine, mais aussi de montrer que cet affrontement se fait à partir
de trois discours qui ont légitimité à s'exprimer par la
démocratie : l'information, la politique et l'opinion publique.
Le concept de l'espace public est un facteur important
pour définir la communication politique et précisément le
discours politique. Il y a donc un rapport, on ne peut plus, criant entre
l'espace public, la démocratie et le discours politique. Ainsi, la
communication politique serait le champ d'expression régulé de
l'agir communicationnel fondamental et pérenne, pris aux pièges
de l'agir stratégique et de l'agir dramaturgique.19(*)
C'est ainsi que, s'agissant de la politique, Jacques
Gerstlé souligne qu'elle ne se définit pas par un ensemble des
secteurs ou des problèmes définitivement isolables dans la
société, puisque n'importe quelle question dans la
société peut devenir politique.20(*) Par contre, elle est tributaire des enjeux
économiques, sociaux, culturels, religieux, ethniques et linguistiques.
L'activité politique est impliquée dans la
communication et sa contribution est omniprésente. Toute activité
politique est donc communication. Et Jean Marie Cotteret conçoit la
communication politique comme étant un échange entre gouvernants
et gouvernés par des canaux de transmission structurés ou
informés.21(*)
1. 2. 2. Communication politique
comme agir politique
Mais pour la conquête comme pour l'exercice du
pouvoir, la communication politique demeure un incontournable outil. La
consubstantialité du pouvoir à la communication est une
donnée permanente à tous les types de sociétés et
marque toutes les époques. Même les systèmes totalitaires
ont aussi besoin de convaincre à travers la communication.
Dans les régimes démocratiques, la
communication politique prend considérablement une plus grande
importance surtout avec le développement des moyens de communication de
masse. La communication politique a existé de tout le temps pour
répondre à la nécessité de toute forme de
pouvoir.22(*) Il
arrivait que l'on se serve de la communication politique sans le
savoir.
L'intérêt de la communication politique est
à la fois de montrer qu'il s'agit d'un lieu d'affrontement de discours
à l'issue incertaine, mais aussi de montrer que cet affrontement se fait
à partir de trois discours qui ont légitimité à
s'exprimer par la démocratie : l'information, la politique et
l'opinion publique.
Nous optons pour la définition de Dominique Wolton
parce qu'elle insiste sur l'idée d'interaction des discours
contradictoires tenus par des acteurs qui n'ont ni le même statut, ni la
même légitimité, mais qui, de par leurs positions
respectives dans l'espace public, constituent en réalité la
condition de fonctionnement de la démocratie des masses. Cette
présente des avantages suivants :
Elle élargit la perspective traditionnelle :
les discours de trois acteurs font système dans la
réalité, au sens où ils se répondent, mais aussi
parce qu'ils représentent les trois légitimités de la
démocratie, la politique, l'information et l'opinion publique. C'est
leur interaction qui est constitutive de la communication politique. C'est
aussi en ce sens qu'elle est différente de ce que l'on appelle le
débat politique, fort important en démocratie, mais qui
réunit le discours des acteurs politiques au sens strict.
Le deuxième avantage de cette définition est
de souligner l'originalité de la communication politique :
gérer les trois dimensions contradictoires et complémentaires de
la démocratie des masses, la politique, l'information et l'opinion
publique.
Elle a l'avantage de montrer que le public n'est absent de
cette interaction. La communication politique n'est seulement l'échange
des discours de la classe politique et médiatique, mais l'on y trouve
également une présence réelle de l'opinion publique par
l'intermédiaire des sondages.
1. 2. 3. Caractéristiques
de la communication politique
La communication politique est un processus indispensable
à l'espace politique contemporain en permettant la confrontation des
discours politiques caractéristiques de la politique :
l'idéologie et l'action pour les hommes politiques, l'information pour
les journalistes, la communication pour l'opinion publique et les sondages. Ces
trois discours sont en tension permanente, car chacun détient une partie
de légitimité démocratique et peut donc prétendre
interpréter la réalité politique du moment en excluant
l'autre.
Pour les hommes politiques, la légitimité
résulte de l'élection. La politique est leur raison d'être,
avec une méfiance certaine pour l'événement et une
préférence pour les idéologies organisatrices de la
réalité. La communication est surtout assimilée à
une stratégie de conviction pour faire adhérer les autres, hommes
politiques, journalistes ou électorats. Pour les journalistes au
contraire, la légitimité est liée à l'information
qui a un statut fragile, puisqu'il s'agit d'une valeur essentielle, qui
consiste à faire le récit des événements et
à exercer un certain droit de critique. Ils sont les
« face-à-face » des hommes politiques. La politique
constitue la principale cause de leur succès pour l'anticipation qu'ils
apportent parfois au comportement du corps électoral.23(*)
La communication politique a une autre
caractéristique essentielle : elle n'est pas un espace
fermé, mais ouvert sur la société en ce sens que chacun
des acteurs parle en permanence, à deux niveaux. D'une part, pour les
autres partenaires de la communication politique comme pour ses pairs, et
d'autre part, pour l'opinion publique. Ce double niveau d'adresse est une
nécessité communicationnelle pour éviter un dialogue des
sourds, car les uns et les autres ne s'intéressent pas à la
même chose.
Les médias sont, avant tout, sensibles à
l'événement, les hommes politiques à l'action, l'opinion
publique à la hiérarchie des thèmes et des
préoccupations qui n'obéissent ni au rythme de l'action
politique, ni à celui des médias. C'est en ce sens que la
communication politique n'est pas seulement un espace d'échange de
discours, mais aussi et peut être autant, un espace de confrontation des
logiques et des préoccupations différentes.24(*)
1. 2. 4. Rôle et fonction de
la communication politique
Le rôle essentiel de la communication politique est
d'éviter le renforcement du débat politique sur lui-même en
intégrant les thèmes de toute nature qui deviennent un enjeu
politique et en facilitant ce processus permanent de sélection,
hiérarchisation, élimination, elle apporte la souplesse
nécessaire au système politique.25(*)
Si le rêve de tous les hommes politiques est de
clore la communication politique sur les thèmes connus pour
éviter qu'elle ne s'ouvre à d'autres, le rôle de la
communication politique est au contraire d'empêcher cette fermeture qui
risque de découpler le milieu politique du reste de la
société. La communication politique sert à gérer la
contradiction principale du système politique démocratique :
faire alterner un système d'ouverture aux problèmes nouveaux et
un système de fermeture destiné à éviter que tout
soit en débat permanent sur la place publique.
« Pour gérer cette double fonction
d'ouverture et de fermeture, la communication politique assure trois fonctions.
D'abord, elle contribue à identifier les problèmes nouveaux qui
surgissent, les hommes politiques et les médias jouant ici le rôle
essentiel. Ensuite, elle favorise l'intégration dans le débat
politique du moment, en leur assurant une sorte de légitimité. Le
rôle des sondages et des hommes politiques est ici sensible. Enfin, elle
facilite l'exclusion des thèmes qui ne sont plus l'objet des conflits ou
sur lesquels un consensus temporaire existe. Là aussi, le rôle des
médias est important par la place qu'ils accordent aux thèmes
débattus sur la place publique ».26(*)
Ces trois fonctions sont assurées de manière
simultanée sans d'ailleurs que personne ne les maîtrisent. La
communication politique apparaît, par cette triple fonction, comme le
poumon de la démocratie. Ce rôle essentiel est cependant variable
selon les contextes historiques, les situations normales étant en
politique relativement rares. Dans chacune de trois situations les plus
caractéristiques, une des trois logiques du discours se trouve
privilégiée. A en croire Dominique Wolton, en période
d'élections, les sondages jouent un rôle considérable
puisque chacun essaie de savoir à l'avance, ce que pourra être le
résultat, ceux-ci étant pour le moment le seul instrument
représentatif permettant une telle approximation.
En situation normale, entre deux élections, la
communication politique est surtout animée par les médias qui
jouent au mieux leur rôle en faisant remonter les
évènements et les problèmes qui ne sont pas vus par les
milieux politiques. Ils assurent là une fonction de « veille
démocratique » devenant en quelque sorte le cordon ombilical
entre la classe politique, inévitablement fermée sur
elle-même et le reste de la société. En situation de crise
politique intérieure ou extérieure, l'équilibre de la
communication politique est encore différent, dominé par la
prééminence des hommes politiques. L'urgence de la situation,
l'importance de l'action et des décisions à prendre, mettent
l'homme politique au centre de la communication politique.27(*)
De tout ce qui précède, nous pouvons relever
que la communication politique regroupe trois phénomènes
simultanés. Elle est une réalité visible tous les jours
par le biais des discours que s'échangent les acteurs
légitimement autorisés à s'exprimer. Elle est en outre, un
niveau de fonctionnement nouveau de la politique liée, d'une part,
à l'extension de la démocratie avec l'accroissement du nombre de
problèmes faisant l'objet d'un traitement politique et le nombre de ceux
qui y participent, et d'autre part, à l'augmentation de la
visibilité du jeu politique avec les médias et les sondages.
Autrement dit, la communication est à la fois, un
phénomène visible, un niveau de fonctionnement et un concept
adéquat aux phénomènes politiques contemporains.
La communication politique apparaît donc comme un
changement aussi majeur dans l'ordre de la politique que les médias de
masse l'ont été dans celui de l'information, et les sondages dans
celui de l'opinion publique. Son rôle essentiel est d'être l'espace
où s'échangent les discours contradictoires de trois acteurs qui
ont la légitimité à s'exprimer : les hommes
politiques, les journalistes et l'opinion publique à travers les
sondages. L'originalité de la communication politique est de
gérer les dimensions contradictoires et complémentaires de la
démocratie de masse : la politique, l'information et la
communication.
Elle traduit l'importance de la communication dans la
politique, non pas au sens d'une disparition de l'affrontement, mais au
contraire, au sen où l'affrontement qui est le propre de la politique se
fait aussi dans les démocraties sur le mode communicationnel. Elle est
à la fois une réalité visible tous les jours, un niveau de
fonctionnement, et un concept indispensable à la compréhension
des démocraties pluralistes de masse.
Et nous, nous appréhendons cette
réalité de la communication politique comme une interface qui
sert de vecteur d'idées, de propos ou encore d'idéologies entre
un acteur politique ou tout au moins, une autorité publique
donnée et dans un contexte donné, et des citoyens censés
attendre de celui-ci, un certain nombre d'idées et des mesures
préventives ou curatives dans tel ou tel autre domaine de la
société.
Cette communication politique se déroule dans un
espace public, lieu des manifestations et d'expression des acteurs. Venons-en
à une tentative de compréhension du concept de l'espace
public.
1. 3. Espace public
Cette notion est souvent ignorée des dictionnaires.
Pourtant, il se trouve au coeur du fonctionnement démocratique.28(*) La compréhension de
cette notion exige une attention particulière du point de vue des
différents auteurs. Pendant que les uns lui confèrent une
propriété physique en insistant sur l'usage par les individus
d'une argumentation rationnelle à propos des questions liées
à l'organisation et à la gestion de l'Etat, d'autres, par contre,
en révèlent les dimensions publicistes, et une
propriété symbolique.
Bernard Miège donne quelques
caractéristiques de l'espace public. Ce dernier est un espace pour les
moins conflictuels, ou s'exerce la domination de la classe bourgeoise sur les
autres classes ; un espace où on refuse le recours à une
théorie manipulatoire des médias de masse à une conception
pessimiste et unilatérale de la consommation marchande.29(*) Pour mieux cerner cette notion
dans ces différents aspects, nous évoquons trois auteurs, en
l'occurrence, Jürgen Habermas, Annah Arendt et Dominique Wolton.
1. 3. 1. L'approche Habermassienne
de l'espace public
En quête d'un fondement philosophique de la
démocratie qui lui a assuré un succès continu, Habermas
part de l'idée selon laquelle il faut réhabiliter le
modèle critique du XVIIIème siècle et la
démocratie bourgeoise qui avait fait de l'usage public de la raison, la
condition de possibilité de l'opinion, elle-même condition de
réalisation de la démocratie.30(*)
Jürgen Habermas a repris le concept public à
Emmanuel Kant qui en est probablement l'auteur, et en a popularisé
l'usage dans l'analyse politique depuis les années 70.31(*)
Habermas définit l'espace public comme un espace de
communication d'où l'opinion publique émergerait à partir
de discussion entre protagonistes faisant appel à des arguments
rationnels ; il conçoit donc un modèle rationaliste et
communicationnel de l'espace public.32(*)
Sur le plan politique, Habermas considère l'espace
public comme une sphère de discussion soustraite à l'emprise de
l'Etat et critique à son égard ; puis sociologiquement il le
perçoit comme différent de la cour (proche de l'Etat) et du
peuple (exclu du débat critique).33(*) Il s'agit ici de l'espace public bourgeois. Mais la
conception praxéologique, au contraire, conçoit l'espace public
comme la construction d'un monde commun par l'action réciproque qui rend
pensable l'espace public».34(*)
L'analyse de cet auteur porte en effet sur le processus au
cours duquel le public constitué par des individus faisant usage de leur
raison s'approprie la sphère contrôlée par
l'autorité et la transforme en une sphère où la critique
s'exerce contre le pouvoir de l'Etat.35(*) Il observe qu'en guise de rappel historique, ce type
d'espace public n'est pas sans point commun avec la vie publique se
déroulant sur l'agora dans la Grèce antique. Habermas remarque
que, chez les Grecs, la cité (polis) est la chose commune à tous
les citoyens libres et qu'elle est strictement séparée de la
sphère privée (oikos), qui est propre à chaque
individu.
1. 3. 2. L'espace public selon par
Annah Arendt
Annah Arendt s'oppose largement à la
première acception de l'espace public et le définit comme une
scène d'apparition et également comme un processus de
publicisation qui fait qu'un événement, une action, un
problème, un acteur apparaît indépendamment de toute
argumentation rationnelle, sur la scène publique. Cette forme d'espace
public fait appel à un jugement des arguments plus proches de
l'esthétique de la rationalité.36(*)
Annah Arendt, quant à elle, en réponse
à la conception rationaliste de l'espace public selon Habermas estime
que « l'entreprise politique ne fournit pas seulement un fil
conducteur pour comprendre les péripéties de la politique moderne
mais un principe normatif permettant de juger l'ellipse de la politique en tant
qu'expression suprême de l'action libre et de condamner toutes tentatives
pour dissoudre la politique dans une activité d'ingénieur. En ce
sens, la politique marque l'effort suprême de l'homme pour
s'immortaliser »37(*)
lui-même et au sein de l'espace public.
1. 3. 3. L'espace public selon
Dominique Wolton
Dominique Wolton, pour sa part, définit l'espace
public comme un espace symbolique où s'opposent et se répondent
les discours, la plupart contradictoires, tenus par les différents
acteurs politiques, sociaux, religieux, culturels, intellectuels composant une
société.38(*) Il part du constat selon lequel la
généralisation de la communication a influé sur l'espace
public.
Dominique Wolton s'efforce de caractériser et de
comprendre le rôle de l'espace public dans une démocratie de
masse, c'est-à-dire un espace beaucoup plus large qu'autrefois avec un
nombre beaucoup plus grand de sujets débattus, un nombre beaucoup plus
grand d'acteurs intervenants publics, une omniprésence de l'information,
des sondages, du marketing et de la communication. Selon Wolton, l'espace
public suppose l'existence d'individus plus ou moins autonomes, capables de se
faire leur opinion, non aliénés aux discours dominants, croyant
aux idées et à l'argumentation... Cette idée de
construction des opinions par l'intermédiaire des informations et des
valeurs, puis de leurs discussions, suppose aussi que les individus soient
relativement autonomes à l'égard des partis politiques pour se
faire leur propre opinion.39(*)
Souscrivant à l'analyse de Peter Dahlgren, qui a
entrepris de revisiter le concept d'espace public bourgeois, et son
degré de rationalité, nous estimons, pour notre part, que
l'espace public est post-bourgeois. Il est à comprendre comme un
haut lieu d'échanges des préoccupations, d'angoisse, d'espoir
entre les gouvernés et une instance appropriée pour canaliser les
interactions vers les gouvernants.40(*)
Dahlgren considère que « pour être
capable de guider la réflexion et la recherche, toute conception de
l'espace public contemporain - l'espace post bourgeois selon nous - devra
partir d'un examen des configurations institutionnelles propres aux
médias et à l'ensemble de l'ordre social. Il s'agit de voir si
ces configurations favorisent (ou non) la participation démocratique des
citoyens.41(*) Dans cette
perspective, l'espace public se devrait d'entretenir des rapports très
étroits avec la démocratie dans la mesure où cette
dernière peut se déployer à grand renfort des supports
médiatiques devenus ses auxiliaires déterminants et favoriser une
compétition communicationnelle non seulement ouverte mais aussi et
surtout professionnelle.
1. 3. 4. Espace commun - Espace
public - Espace politique
La démarche consiste ici à relever la
différence de nature entre l'espace commun, l'espace public et l'espace
politique afin de cerner encore davantage le deuxième. En effet,
l'espace commun est le premier espace. L'explication étymologique du
qualificatif commun établit que ce mot « vient du latin
communis, et est lié à l'idée de communal et de
communauté ».42(*)
De ce fait, l'espace commun est à la fois physique,
défini par un territoire et symbolique, défini par des
réseaux de solidarité. Il est symbolisé, selon
Wolton43(*), par les
échanges commerciaux, avec l'équivalent universel de la monnaie
comme moyen de compenser l'hétérogénéité des
langues.
1. 4. Discours
Généralement, on peut comprendre à la
suite de Bernard Lamizet que le discours est comme un exposé oratoire,
en public sur un sujet donné. On parle ainsi du discours d'ouverture et
du discours de fermeture d'une réunion. Lorsque le discours est officiel
et court, on parle d'allocution. Un énoncé écrit ou oral,
considéré du point de vue de l'analyse linguistique. L'analyse du
discours de presse, dans cette perspective, peut ainsi révéler
plusieurs genres : les nouvelles, les commentaires, l'information service,
les histoires, la vulgarisation scientifique, etc.
De par leur objet, les discours peuvent être
classifiés de plusieurs manières. A cet effet, nous pouvons les
différencier en relevant « les caractéristiques
particulières ». Nous pouvons donc retenir quatre grands types
de discours : le discours médiatique, le discours littéraire, le
discours scientifique et le discours politique. Selon la tradition de
l'éloquence classique, on en distingue cinq : le discours politique
tel que celui de la tribune, le discours judiciaire tel que celui du barreau,
le discours sacré tel que celui de la chaire, le discours
académique et le discours militaire.44(*)
Enoncer donc, reviendrait à construire un espace et
un temps, orienter, déterminer, établir un réseau des
valeurs référentielles. Bref, un système de
repérage. Tout énoncé de la langue, étant
dès lors référé par rapport à un sujet
énonciateur, à un co-énonciateur, à un temps
d'énonciation et à un lieu d'énonciation.
Il faut donc noter que le terme discours est l'un des
concepts les plus difficiles à définir dans le domaine des
sciences du langage, du point de vue de son ambivalence : discours comme
allocution et surtout, discours comme objet d'étude, matière
signifiante, texte en production. En tant que point focal de notre
réflexion, et parce qu'il y sera récurrent, il sied d'en explorer
toutes les diversités, toutes les approches et tous les points de vue.
Il sera, cependant, difficile sinon mal aisé, dans le cadre de ce
travail, d'arriver à l'aboutissement d'une telle démarche. C'est
pourquoi nous présenterons, de manière ressassée, quelques
théories énoncées par certains auteurs qui, d'une
manière ou d'une autre, se sont déjà exercés
à cette aventure. Dominique Maingueneau parle du vocable discours en
étayant certaines acceptions :
Discours, synonyme de parole (opposé à la
langue)
Discours, unité linguistique ou
énoncé transphrastique
Discours, règles d'enchaînement des suites
composant un énoncé
Discours, opposé à l'énoncé.
Il se conçoit comme un énoncé considéré du
point de vue du mécanisme discursif. L'étude linguistique des
conditions de production en fait un discours45(*) :
Discours, équivalent de
l'énonciation ;
Discours, lieu de contextualisation, s'oppose à la
langue.46(*)
Le Grand usuel Larousse47(*) le définit sous quatre assertions : un
développement oratoire sur un sujet déterminé dit en
public et en particulier lors d'une occasion solennelle par un orateur, une
allocution par exemple ou un discours de bienvenue ; un propos tenu
par quelqu'un en généralement long et peut être en ces
termes : je me demande à qui s'adresse ton discours. Le
discours pris et entendu au sens péjoratif, est un
développement lassant et inutile. Vaines paroles comme qui dirait
un bon exemple vaut mieux que de longs discours. Mais également, le
discours est encore une manifestation écrite ou orale d'un état
d'esprit ; ensemble des écrits didactiques, des
développements oratoires tenus sur une théorie, une doctrine,
etc. : le discours marxiste.
Vu sous l'angle linguistique, le discours est perçu
comme un langage mis en action et assumé par le sujet parlant. C'est la
parole au sens saussurien du terme. Tout énoncé supérieur
à la phrase, considéré du point de vue des règles
d'enchaînement des suites de phrases. Et quand on parle de l'analyse de
discours, selon cette encyclopédie, on fait allusion à la
discipline connexe à la linguistique qui étudie la structure d'un
énoncé supérieur à la phrase (discours) en le
rapportant à ses conditions de production.
Pour terminer, le Grand Usuel définit le discours,
sous l'emprise de logarithme, comme un ensemble d'énoncés
liés entre eux par une logique spécifique et consistante, faite
des règles et des lois qui n'appartiennent pas nécessairement
à un langage naturel, et qui apportent des informations sur des objets
matériels ou idéels.
Selon Dominique Maingueneau48(*), le discours est très
polysémique et couvre plusieurs acceptions. Compte tenu de cette
diversité d'approches qu'il suppose, le discours entretient un
système multiple et varié d'oppositions classiques, dont le
discours et phrase, discours et énoncé, discours et langue,
enfin, discours et texte.
Il pense que le concept discours peut renvoyer à
six acceptions à savoir :
1. Il renvoie à la parole ;
2. Il s'applique à un ensemble
d'enchaînements ;
3. Il signifie un message transphrastique ;
4. Il se définit comme une étude
linguistique des conditions de production ;
5. Il est une énonciation supposant un locuteur, un
auditeur et chez le premier, l'intention d'influencer, de quelque
manière, le deuxième ;
6. Il constitue un lieu de contextualisation de la
langue.
Cependant, il existe un certain nombre de critères,
d'après Dominique Maingueneau toujours, pour qu'un discours soit
efficace et crédible à savoir : discours et phrase, discours
et énoncé, discours et langue, discours et texte. C'est ainsi que
Maingueneau soutient que49(*) :
· Le discours suppose une organisation
transphrastique.
Le discours mobilise des structures d'un autre ordre que
celles de la phrase. En sa qualité d'unité transphrastique, le
discours obéit à un système des règles au sein d'un
groupe social. Ainsi tout propos est formulé selon un genre de textes
précis, fixé par la tradition et l'usage.
· Le discours est orienté.
Dans son déroulement, le discours est un processus
dynamique qui s'inscrit dans la visée du locuteur. Bien plus, il se
développe dans le temps, de manière linéaire. La
métaphore de la chaîne parlée lui convient parfaitement. En
fait le discours se construit en fonction d'une fin, quelles que soient les
digressions que l'on puisse enregistrer dans la conduite d'un
récit.
· Le discours est une forme d'action.
Les tenants de la philosophie analytique ont établi
que parler constitue une manière d'agir sur l'interlocuteur. C'est ce
postulat qui a fondé la problématique des actes de langages issus
des travaux d'Austin et de Searle. Dans une autre perspective, il faut
considérer que la distinction des textes en genres donne la mesure de
cette comparaison. La réaction du public ou de l'interlocuteur sera
différente suivant qu'il s'agit d'un tract, d'une déclaration
gouvernementale ou d'une lettre d'amour.
· Le discours est interactif.
Quelles que soient sa forme, sa structure, le discours
suppose un interlocuteur, c'est-à-dire un échange, une
interaction réelle ou supposée entre le locuteur et
l'allocutaire. Mais si la conversation constitue le mode discursif interactif
par excellence, tout discours cependant ne s'y réduit pas. La
problématique d'interactivité reçoit une
interprétation beaucoup plus large. Car, toute énonciation,
même produite sans la présence d'un destinataire, est en fait
prise dans une interactivité constitutive, elle est un échange,
explicite ou implicite, avec d'autres interlocuteurs, virtuels ou réels,
elle suppose toujours la présence d'une autre instance
d'énonciation à laquelle s'adresse le locuteur et par rapport
à laquelle il construit son propre discours.
· Le discours est contextualisé.
Les énoncés qui constituent un discours ne
peuvent être compris que dans un contexte bien déterminé.
Tout discours définit son contexte. Dans une production discursive, le
contexte peut changer avec la variable statut des co-énonciateurs. Il
faut donc préciser qu'il n'y a pas de discours hors contexte. Un
même énoncé produit dans des contextes différents
donnera droit à deux sens différents.
· Le discours est pris en charge.
La validité d'un discours est fonction de sa prise
en charge par un sujet qui assume les conséquences des propos
proférés. Il existe des marqueurs de cette prise en charge :
il s'agit d'une part des pronoms d'interlocution, les indices spatio-temporels,
d'autre part, il s'agit du phénomène de modalisation qui permet
de caractériser l'attitude du locuteur vis-à-vis du
co-énonciateur et même de son énoncé.
· Le discours est réglé par
des normes.
La prise de parole est réglementée dans
toute société. Le discours est régi par des normes qui
s'imposent dans tout exercice de parole. L'observance des lois du discours et
le respect des maximes conversationnelles constituent une condition essentielle
pour qu'un discours produise un sens. Chaque acte de langage implique
l'application des normes. Il y a des actes de langage qu'une personne ne peut
accomplir que si elle est revêtue d'un statut particulier.
· Le discours est pris dans un
inter-discours.
Un discours évolue comme dans un système de
discours qui lui donne un sens. Il ne peut être isolé. Ainsi
l'interprétation d'un énoncé fait appel à d'autres
formes de discours. C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre le
phénomène d'intertextualité.50(*)
1. 5. Discours politique
Dans une conception beaucoup plus générale
à tel ou tel autre Etat, le discours politique est un rapport avec la
gestion du pouvoir. C'est le talent de concourir par la parole au bon
gouvernement de l'Etat en persuadant les assemblées politiques des
mesures qui sont utiles au bien ou à l'intérêt
général. Autrement dit, le discours politique ne fonctionne que
là où le peuple ou ses représentants prennent part aux
affaires publiques. Le discours politique constitue une forme de
discursivité par l'intermédiaire de laquelle, le locuteur
poursuit l'obtention du pouvoir dans la lutte politique contre d'autres
individus, groupes ou partis.
Il se dégage donc une constante : le
thème du pouvoir. A vrai dire, il s'agit de déterminer, par la
prise de parole, les relations de pouvoir entre les deux pôles de
l'interaction observée ayant au centre de ses préoccupations une
quête au sujet de laquelle deux arguments s'affrontent, celui du
destinateur du pouvoir et celui du destinataire du pouvoir.
En somme, nous pouvons affirmer que le discours politique
qui rend compte du bien et de l'intérêt public, se produit dans
les assemblées délibérantes et les réunions
politiques.51(*) Il
revêt d'un caractère programmatique et véhicule une
idéologie politique, tout en se servant des moyens de communication de
masse, considérés par Louis Althusser comme des appareils
idéologiques d'Etat.
Vu sous l'emprise pragmatique et selon F. Marchand, le
discours politique peut se définir par quatre traits essentiels: il est,
ou peut être, didactique: quand il enseigne une doctrine, analyse une
situation ; il est toujours polémique : plus ou moins, selon
le propos ou la situation ; il est performatif et injonctif : quand
il appelle à l'action, lance des mots d'ordre, énonce les buts
à poursuivre ; il cherche la tension maximale pour établir
la communication ou forcer l'adhésion.52(*)
La dimension polémique, ou plutôt
conflictuelle, du discours politique se trouve dans les propos du politologue
Maurice Duverger qui reconnaît à ce langage quatre formes de
stratégies, non seulement pour forcer l'adhésion du public
(peuple) mais encore et surtout pour accabler l'adversaire. Il s'agit des
stratégies discursives et oratoires de camouflage, de démasquage,
de concession et d'ironie.53(*) Dans la même optique, il faut noter les
thèses de Paul Ricoeur qui insiste sur le paradoxe dont se recommande le
discours politique, en fait du langage politique, selon son expression
propre.
Le paradoxe consiste dans le caractère consensuel
et conflictuel du discours politique.54(*) C'est dans cette dialectique que le monde politique
se forge une identité. En définitive, ce discours est
plutôt conflictuel que consensuel. Il sait reproduire le drame qu'offre
l'art dramatique. La diabolisation des ennemis - ainsi que la sanctification
des amis - constitue la règle fondamentale du jeu. Cette méthode,
si ce n'est cet objectif, semble se situer au-dessus des intérêts
du peuple que l'on feint de servir et pour lequel on prétend travailler,
livrer le combat. Il faut dire qu'Ulish Windisch a eu raison de
caractériser le discours politique comme lieu de manifestation et de
représentation du conflit, avec ce qu'il comporte comme méthode
de détruire, de disqualifier, d'enterrer l'autre, l'adversaire, bref de
lui infliger le K.O. verbal.55(*)
En somme, le discours politique rend compte du bien commun
et de l'intérêt public, se produit dans les assemblées
délibérantes et réunions publiques, revêt d'un
caractère programmatique ; véhicule une idéologie
politique ; évolue suivant la dialectique du conflit et du
consensus; exprime un système axiologique bien déterminé
et traduit le combat pour la conquête du pouvoir ou de la défense
d'une cause politique.
1. 5. 1. Typologie de discours
politique
Il existe trois types de discours politique qui
sont : le discours délibératif, le discours
judiciaire et le discours épidictique.
Le discours délibératif vise la
réalisation d'une action, c'est-à-dire, ce qu'il faut faire ou ce
qu'il ne faut pas faire. L'énonciateur voudrait amener son public
à prendre une décision, à penser ou à agir comme il
entend. Il s'agit d'un discours exhortatif. Il est également un discours
persuasif par excellence. Il correspond aux grands discours idéologiques
qu'il soit de nature politique ou religieuse.
Le discours judiciaire vise, quant à lui, les actes
d'accusation et de défense. Il consiste à savoir, au cours d'un
procès par exemple, si l'accusé a accompli ou pas un acte injuste
déterminé. Il émerge beaucoup plus dans les tribunaux.
Cependant, on peut aussi le rencontrer toutes les fois que le récepteur
occupe un poste d'autorité par rapport à l'émetteur. C'est
l'exemple des employés devant l'employeur.
Le troisième type constitue le discours
épidictique. Il montre, devant les auditeurs, ce qui est beau, digne
d'imitation et ce qui est laid donc à éviter dans les actes d'un
individu ou dans un groupe social. Il se rapporte ainsi non seulement au
discours d'éloge ou de critique, mais il se veut aussi un acte
démonstratif.
Le discours politique se situe dans la catégorie du
discours délibératif. Il partage avec le discours religieux,
l'orientation exhortative, et avec le discours judiciaire, le sens du combat.
Le discours est une forme « d'agir » qui a un
caractère forcément agoniste, c'est-à-dire, qu'il agit
dans un champ marqué d'oppositions. Chaque discours politique valorise
une position, défend certaines valeurs, appuie une personne plutôt
qu'une autre. Autrement dit, chaque affirmation a sa négation, chaque
thèse son antithèse et chaque argument son contre argument. Le
discours politique se trouve dans la catégorie de discours doxologique
(de la doxa : opinion commune, vulgaire, collective).
Charland56(*) fait observer que « la politique est
fondée sur l'opinion, ce que les grecs nommaient la doxa, qui
découle des expériences antérieures et des arguments
basés sur des prémisses toujours susceptibles d'être
remises en cause. Par conséquent, la doxa n'est pas univoque. Chaque
opinion a son contraire ; et le débat politique, dans ses formes
variées, met en relief un concours de doxa. La politique est donc un
processus continu, sans fin, parce que chaque circonstance requiert une
réplique, et donc un nouveau concours d'opinion afin de
déterminer quel geste devrait être posé. Quelle que soit
l'orientation qu'il prend, le discours politique reste particulièrement
attaché à deux choses fondamentales à savoir :
l'auditoire et l'occasion. Ces deux facteurs définissent le cadre de
validité de la prise de parole publique.
Le discours politique suppose un certain nombre de styles
qui consistent, en un ensemble des règles concernant la parole et le
comportement ». Ainsi les quatre styles du discours politique
sont : le style réaliste, le style courtois, le style
bureaucratique, et le style républicain.
La compréhension que nous prêtons à ce
terme de discours politique l'entrevoit comme un propos articulé ou tenu
dans un contexte politique ; dans un pays, entre deux ou plusieurs pays en
vue de faire savoir les intérêts des uns et des autres.
Cette étude vise à identifier le
positionnement de l'énonciateur dans le discours de Barack Obama. Cela
étant, nous nous proposons de donner les esquisses notionnelles des
concepts tels que énonciateur, destinataire, interlocuteur.
1. 6. Enonciateur/Enonciataire
La structure de l'énonciation
considérée comme le cadre implicite et logiquement
présupposé par l'existence de l'énoncé, comporte
deux instances : celles de l'énonciateur et de
l'énonciataire.57(*)
On appellera énonciateur, le destinateur implicite
de l'énonciation (ou de la communication), e le distinguant ainsi du
narrateur - tel le « je » par exemple - qui est un
actant obtenu par la procédure du débrayage et installé
explicitement dans le discours. Parallèlement, l'énonciataire
correspondra au destinataire implicite de l'énonciation, à la
différence donc du narrataire (par exemple : le lecteur comprendra
que...) qui est reconnaissable comme tel à l'intérieur de
l'énoncé.
Ainsi compris, l'énonciataire n'est pas seulement
le destinataire de la communication, mais le sujet producteur du discours, la
lecture étant un acte de langage (un acte de signifier) au même
titre que la production du discours proprement dite. Le terme de
« sujet de l'énonciation » employé souvent
pour comme synonyme d'énonciateur, recouvre en fait les deux positions
actantielles d'énonciateur et d'énonciataire.
1. 7. Destinateur/
Destinataire58(*)
Le destinateur et le destinataire (termes écrits
généralement avec une minuscule), repris à Roman Jakobson
(dans son schéma de la communication linguistique), désignent,
dans leur acception la plus générale, les deux actants de la
communication (appelés aussi dans la théorie de l'information,
mais dans une perspective mécaniciste et non dynamique, émetteur
et récepteur). Considérés comme actants implicites,
logiquement présupposés, de tout énoncé, ils sont
dénommés énonciateur et énonciataire.
Nous nous résolvons de nous arrêter à
ce niveau étant donné que nous allons, dans les pages qui
suivent, parler en profondeur des concepts tels que énonciateur,
polyphonie, sujet parlant qui se trouvent dans notre hypothèse.
Section II : Assises
théoriques
Notre problématique tourne autour de la
pragmatique. Selon J.L. Morgan, ce terme est jugé de
« fourre-tout », « catch all » et tout
récemment, de « poubelle de la linguistique » par
Paolo Babbri. Partant des sciences du langage, Catherine Kerbrat Orecchioni,
définit la pragmatique comme l' « étude du langage
en action ».59(*) Cette définition ouvre la voie à
l'étude des problèmes du langage sous deux
éventualités :
- le premier concerne le langage en situation ou en
fonctionnement ; c'est l'énonciation. Celle dont la parole est
l'actualisation de la langue ou mieux comment le sujet transforme son langage
en discours ou introduit sa marque dans ses énoncés ; ce
sont les déictiques également nommés les indiciels, les
embrayeurs ou les shifters ; c'est selon les auteurs. Ce sont les marques
d'énonciation liées au temps et/ou à l'espace tels que
là, ici et maintenant, depuis, aujourd'hui, mais aussi les pronoms
personnels ou pronoms d'interlocution, les temps des verbes, les modalisateurs
et les évaluatifs, dont le déchiffrement impose de
considérer le contexte de l'énonciation et de savoir qui parle
à qui et avec quelle intention. Cette approche théorique nous
concerne dans ce travail pour autant que nous recherchons à savoir le
statut du destinataire et celui du locuteur dans le discours de Barack Obama
à Accra. Cela, en repérant bien le positionnement de
l'énonciateur dans ce discours.
- le second aspect concerne le langage comme action, soit
la pragmatique illocutoire. Cette théorie des actes du langage couvre
tout le champ de l'énoncé en lui permettant de fonctionner comme
un acte spécifique, ses aspects performatifs et illocutoires. Celle-ci
ne semble guère nous intéresser à juste titre dans ce
travail, mais elle peut nous être d'une certaine utilité lorsque
nous évoquons les modalités dans l'énonciation.
2.1. La théorie de
l'énonciation
C'est à Emile Benveniste que l'on doit la
première formulation de la théorie de l'énonciation. En
1946, il publie un article.60(*) Ici, Benveniste s'intéresse au langage en
fonctionnement par un acte individuel. Ce qui s'oppose à l'immanentisme
de Ferdinand de Saussure du fait que l'appareil formel de l'énonciation
comprend : les indices des personnes (le rapport entre JE et TU), les
indices de l'ostentation (CE, CECI...) et les formes temporelles
déterminées par rapport à l'Ego.
Si dans une première approche, on définit
l'énonciation comme l'acte individuel de l'utilisation de la langue pour
l'opposer à l'énoncé, objet linguistique résultant
de cette utilisation, on sera immédiatement tenté d'affirmer que
la linguistique moderne sous ses formes dominantes ne reconnaît
guère que l'énoncé pour champ d'investigation.
La linguistique structurale semble s'être
intéressée avant tout à l'établissement d'un
inventaire systématique des unités distinctes réparties
sur plusieurs niveaux hiérarchisés, tandis que la grammaire
générative et transformationnelle apparaît à
beaucoup comme une algèbre syntaxique soucieuse seulement
d'énumérer les séquences des morphèmes qui sont
grammaticales.
De ce fait, si tout acte d'énonciation est bien un
événement unique, supporté par un énonciateur et un
destinataire particuliers dans le cadre d'une situation particulière, et
si la parole c'est précisément le domaine de l'individuel, de
chaque événement historique que constitue un acte de
communication accompli, ne doit-on pas renvoyer l'énonciation au domaine
de la parole, puisque la linguistique moderne se réclame du couple
saussurien langue/parole ?
2. 2. Le statut du locuteur et/ou
de l'énonciateur
Ce qui fait que Emile Benveniste fait une distinction
fondamentale entre, d'une part, le couple je-tu, et d'autre part, le
pronom il, dit de troisième personne. Je et
tu désignent les personnes dans leur unité
spécifique, tandis que « il » n'implique aucune
personne spécifique : c'est la non personne. Les deux
premières personnes impliquent à la fois une personne et un
discours sur cette personne. « Je » désigne
celui qui parle et prend la charge de la responsabilité, le sujet de
l'énonciation. Il s'agit d'énoncer sur le compte de Je.
A la deuxième personne, « tu »
est nécessairement désigné par « je »
et ne peut être hors d'une situation posée à partir de
« je » et en même temps, « je »
énonce quelque chose comme prédicat de
« tu ». « Je » représente la
personne subjective transcendante par rapport à
« tu », qui représente la personne non subjective
à laquelle le « je » s'adresse.
Répondant aux juristes, Ducrot construit la
conception d'une énonciation du sens qui stipule
que : « le sens de l'énoncé est
défini comme une description, une image ou encore une
représentation de son énonciation transmise directement
dès qu'on le comprend. C'est dire que le sens ne préexiste pas
à l'énonciation. Il se construit chez l'énonciateur et se
reconstruit chez le co-énonciateur.61(*)
La réflexion s'étend aux pronoms du pluriel.
Le « nous » ne correspond pas à une simple addition,
autant qu'il n'y a pas, non plus, simple pluralisation du
« je ». Il est clair, écrit Benveniste, que
l'unicité et la subjectivité inhérente à
« je » contredisent la possibilité d'une
pluralisation. S'il ne peut y avoir plusieurs « je »
conçus par « je » même qui parle ; c'est
que « nous » est non pas une multiplication d'objets
identiques, mais une jonction entre le « je » et le non-
« je ».
Cette jonction forme une totalité nouvelle et d'un
type tout à fait particulier où les composantes ne
s'équivalent pas : dans « nous », c'est
toujours « je » qui prédomine puisqu'il n'y a de
« nous » qu'à partir de « je »,
et ce « je » s'assujettit l'élément
« non-je » de par sa qualité transcendante. La
présence du « je » est constitutive du
« nous », affirme Benveniste. Plutôt donc qu'une
addition de « je », « nous »
apparaît comme un « je » dilaté ou
amplifié. Par ailleurs, le « nous » prend deux
formes : une forme inclusive, équivalent à
« moi+vous », et une forme exclusive :
« moi+eux ».
Le « vous » est le résultat
d'un processus de généralisation, une extension du
« tu » ; « ils » représente
la non-personne même : « étendue et
illimitée par son expression, (la non-personne) désigne
l'ensemble indéfini des êtres non personnels. Autrement dit,
« ils » exprime la généralité du
« on ».62(*) Ne portant aucune marque de personne, le
« on » peut se substituer à tous les autres
pronoms.
Nous pouvons ainsi dire avec Jean Claude Matumweni que
l'important de cette approche de l'énonciation d'Emile Benveniste, tient
au fait qu'elle remet en cause les analyses linguistiques non pragmatiques,
caractérisées par une triple exclusion : exclusion des
usages ordinaires du langage, exclusion du contexte ordinaire mondain,
exclusion des sujets parlants ordinaires.63(*) Cette analyse ouvre une brèche dans
l'édifice des analyses non pragmatiques. Avec Je et tu,
nous tenons en effet deux unités au moins de la langue qui, de
toute évidence, n'acquièrent de sens que dans la parole...
En effet, je ne vaut que dans la situation
où il est produit ; je n'a d'existence que dans la parole
qui le profère. Je et tu sont alors nommés
indicateurs ou déictiques. Ce sont des unités
qui ne prennent leur sens que dans l'usage. Roman Jakobson a qualifié
ces unités d'embrayeurs ou shifters. Mais les pronoms je et
tu ne sont pas les seules unités linguistiques auxquelles
s'applique le concept d'indicateur. Dans cette classe de mots, on doit
intégrer : les indicateurs spatiaux : ce, ceci, ici ; les
indicateurs temporels : maintenant, hier, aujourd'hui, demain.
Ce cadre formel a donné lieu à de nombreuses
recherches dont on ne peut faire l'énumération exhaustive dans ce
travail. Cependant, transparaît en en elles une sorte de consensus de
base autour de ces principes. Gaudreault et Jost conçoivent
l'énonciation de façon large comme l'ensemble des
« relations qui se tissent entre l'énoncé et les
différents éléments du cadre énonciatif, à
savoir : les protagonistes du discours (émetteur et
destinataire) ; la situation de communication ». Francesco
Casetti définit l'énonciation comme « la base sur
laquelle s'articulent les personnes, les lieux et les temps dans un
texte : elle est le point zéro, « l'ego-hic-nunc,
c'est-à-dire le qui, le où et le quand à partir duquel
vont s'organiser les éléments en jeu : les personnes
relevant du qui de l'énonciation peuvent se structurer en je /
tu / il ; les lieux, relevant du où, en ici / là /
ailleurs ; et le temps, relevant du quand, en maintenant / avant ou
après / alors ».64(*)
De manière plus laconique et circonspecte, Herman
Parret distingue la personne, le temps et l'espace comme composantes
fondamentales, dans une organisation énonciative pensée comme
égocentrique c'est-à-dire envisagée à partir du moi
(de la subjectivité égocentrique).65(*)
2. 3. La nouvelle polyphonie selon
Oswald Ducrot
Toutefois, et nous l'avons bien dit ci-haut, le concept de
polyphonie est l'un des concepts centraux de la théorie de
l'énonciation. Ses origines remontent aux travaux de Mikhaïl
Bakthine sur le roman de Dostoïevski.66(*) La particularité de ce roman serait
liée à la « multiplicité des voix
équipollentes » qui s'y expriment.67(*) Ainsi, la polyphonie qui peut
se définir comme « le discours d'autrui dans le langage
d'autrui » se manifesterait sur le mode du recours au
« langage commun », à travers notamment les
personnages.
Oswald Ducrot reprend ce concept dans le cadre des
études de l'énonciation. Pour lui, la principale faiblesse de la
polyphonie de Bakhtine est de ne pouvoir s'appliquer à des
énoncés isolés. La polyphonie se redéfinit comme la
possibilité qu'une lecture unique d'un énoncé fasse
éclater l'énonciation en une multiplicité illocutionnaire
désignant, dans le modèle d'Austin, l'acte effectué en
disant quelque chose : l'assertif, le directif, l'expressif, etc. Aussi,
considère-t-il que les interlocuteurs ne sont pas homogènes dans
un discours. Il faut distinguer, du côté de l'émission,
celui qui produit l'acte de langage (le locuteur) et celui qui en prend la
responsabilité (l'énonciateur) ; et du côté de
la réception, la personne qui écoute le discours (l'allocutaire)
et celle à qui l'acte de langage est adressé (le
destinataire).
Ducrot donne cet exemple devenu classique : si le
ministre de l'intérieur (le locuteur) affirme : « L'ordre
sera maintenu coûte que coûte ! », il s'adresse
à un allocutaire unique : l'ensemble des citoyens, qui entendent le
discours, mais en tant qu'énonciateur, il pose deux actes
illocutionnaires différents : le premier est une promesse dont les
destinataires sont les bons citoyens ; le second est une menace,
destiné aux fauteurs des troubles.68(*) Mais pour que les concepts nouvellement
définis (locuteur / énonciateur) établissent plus
nettement leur pertinence, O. Ducrot utilise des comparaisons avec le
théâtre et le roman. « L'énonciateur est au
locuteur ce que le personnage est à l'auteur... Le locuteur,
responsable de l'énoncé, donne existence, au moyen de celui-ci,
aux énonciateurs dont il organise les points de vue et les
attitudes ».69(*) Quant au roman : « Le correspondant du
locuteur c'est le narrateur, que Gérard Genette oppose
à l'auteur, de la même façon que le
locuteur est opposé au sujet parlant
empirique.70(*)
L'auteur imagine ou invente les événements, le narrateur
les rapporte ».71(*)
2. 3. La notion du sujet
parlant
Patrick Charaudeau et Dominique Maingueneau72(*) parlent des mêmes
concepts sous l'expression grammaticale de sujet parlant. Pour essayer de les
classer, ils proposent de les distinguer selon deux critères qui,
d'ailleurs, s'entrecroisent :
1) l'opposition entre locuteur externe / interne
au discours ;
2) l'opposition production /
réception.
L'opposition locuteur externe / interne au
discours repose sur l'hypothèse que tout sujet parlant est susceptible
de disposer de deux identités : une identité
sociale et une identité discursive.
- L'identité sociale définit le sujet
parlant comme celui qui prend la parole, qui a un statut social - en tant
qu'être communiquant -, et qui est pourvu d'une intention communicative.
C'est le locuteur.
- L'identité discursive définit le sujet
parlant comme un être de langage qui s'exprime à travers la mise
en oeuvre du processus d'énonciation. C'est
l'énonciateur.
L'opposition production / réception
renvoie aux rôles que tiennent les partenaires d'un échange
verbal lors de son déroulement. Successivement et alternativement, ils
tiennent le rôle de celui qui produit l'acte de langage à
l'adresse d'un autre, et de celui qui reçoit un acte de langage et tente
de l'interpréter. Ainsi, malgré des emplois multiples et souvent
croisés, on pourrait répartir les différents sujets du
langage de la façon suivante73(*) :
Sujet parlant
|
Position de production
|
Position de réception
|
Externe (au discours)
|
Emetteur,
Locuteur,
Auteur
|
Récepteur, Interlocuteur, Allocutaire,
Auditeur,
Lecteur.
|
Interne (au discours)
|
Enonciateur,
Narrateur,
Auteur modèle.
|
Destinataire,
Allocutaire,
Co-énonciateur,
Narrataire,
Lecteur modèle.
|
Nous venons de faire l'état des lieux des
considérations conceptuelles et théoriques dans la perspective de
l'analyse d'un discours politique. Nous y avons répondu. L'essentiel
étant de faire le balayage de tous les concepts présidant
à la présente recherche : la communication et la
communication politique, le discours et le discours politique, ainsi que
l'espace public. Mais aussi la démonstration théorique sous les
lentilles de laquelle nous décortiquerons notre corpus aux fins
d'aboutir aux résultats attendus.
A cette étape, notre préoccupation
était d'authentifier la genèse de la théorie de
l'énonciation telle que pensée par Emile Benveniste, sans passer
sous silence la nouvelle polyphonie sous l'optique d'Oswald Ducrot, qui
n'ignore pas le mérite de la notion du sujet parlant
développée par Charaudeau et Maingueneau; en vue de mieux nous
imprégner de la substance même du discours de Barack Obama. Mais
alors comment comprendre un discours si la source émettrice, l'instance
dont il émane, reste jusque là peu connue, sinon inconnue ?
C'est dans cette foulée que le chapitre qui suit tente de peindre le
portrait de ce qui énonciatif74(*) qu'est le premier président noir et le
44ème locataire de la Maison Blanche : Barack Hussein
Obama.
DEUXIEME CHAPITRE : BARACK
HUSSEIN OBAMA
Nous allons, dans ce chapitre, faire la description du
personnage qui se trouve au centre de notre étude et dont nous analysons
le discours. Nous parlerons de ses origines familiales, de sa jeunesse et de
ses études et de son parcours politique jusqu'à son
élection à la tête des Etats-Unis d'Amérique. Mais
avant d'entrer dans le vif de cette matière, il sied de circonscrire en
premier lieu, le contexte axiologique, mieux sociopolitique dans lequel Obama
est élu président des Etats-Unis.
2.1. Contexte d'émergence
de l'élection de Barack Obama
Au-delà des qualités de politicien
d'exception, si Obama est arrivé à la maison Blanche en si peu
temps, ce qu'il a su saisir sa chance dans un contexte de crise. La
désaffection vis-à-vis d'un président sortant n'avait
pratiquement jamais été aussi forte aux Etats-Unis. La fulgurante
ascension de Barack Obama permet de mesurer la déception qu'ont
représentée les années Bush. Si le président
républicain n'avait pas été aussi impopulaire, le pays
n'aurait sûrement pas été aussi enclin à voter dans
l'Amérique post - 11 septembre pour un candidat sans grande
expérience et dénommé Barack Hussein Obama.
Les deux mandats catastrophiques de George Walker Bush
auront indirectement permis au peuple américain de franchir un pas
historique. L'administration Bush a donc rendu le slogan d'Obama possible. En
effet, le changement n'est possible qu'en réaction à une
situation donnée. Tout candidat républicain aurait difficile
à se faire élire en 2008 ; car les Américains avaient
attribué, à tort ou à raison, la crise financière
de septembre 2008 au pouvoir républicain. Dans les messages
publicitaires télévisés des démocrates, l'image du
rétroviseur (« Rearview Miror ») s'est
alors imposée, avec un slogan qui a fait mouche auprès des futurs
électeurs : « Si vous voulez savoir où vous
conduisent les Républicains, regardez derrière
vous ».75(*) Le
bilan catastrophique des années Bush devenait le principal obstacle
à l'élection de John McCain. En plus, son aura venait de la
politique étrangère puisqu'il avait soutenu l'intervention
américaine en Irak et, surtout, il avait appuyé l'augmentation du
nombre de troupes.
Sa vision contraste cependant avec celle de Barack Obama.
Ce dernier a condamné énergiquement cette intervention en Irak et
le dit si bien : « Nous devons partir du principe selon que
les Etats-Unis, comme tout pays souverain, ont le droit unilatéral de se
défendre contre toute attaque. En tant que telle, notre offensive pour
éliminer les camps de base d'Al Qaïda et le régime taliban
qui les abritait était totalement justifiée parce qu'Al
Qaïda répond à ces critères et nous pouvons et devons
lancer des attaques préventives contre elle chaque fois que cela nous
est possible. L'Irak de Saddam Hussein ne répondait pas à ces
critères, voilà pourquoi son invasion par nos troupes a
été une bourde stratégique ».76(*) La jeunesse et
l'inexpérience de Barack Obama ont donc joué en sa faveur
puisqu'il n'était pas membre du Congrès au moment du vote
décidant de l'invasion en Irak. Obama n'a pas voté pour la guerre
contrairement à Hillary Clinton.
Malgré l'impopularité de Bush, malgré
le déficit, malgré la guerre en Irak, le peuple américain
semblait réticent à soutenir majoritairement le candidat
démocrate. D'un point de vue purement électoral, la crise
financière est donc tombée à point pour un parti qui avait
désigné son premier candidat de couleur. En l'occurrence, face
à cette crise, certains observateurs avertis pensent que c'est trente
années de dérégulation républicaine qui ont
été remises en question. Barack Obama est donc le fruit de ce
contexte sociopolitique. Les lignes qui suivent le présentent dans
toutes ses dimensions de la vie.
2. 2. Origines familiales, enfance
et jeunesse
Barack Hussein Obama77(*) est né le
4
août
1961 au centre
médical de Kapiolani à
Honolulu. Ses
parents se sont rencontrés à l'Université d'Hawaï
où ils étaient étudiants.
2. 2. 1. Famille paternelle
Son père est
Barack Obama
Senior, économiste et homme politique kényan, est
né en 1936 et mort le 24 novembre 1982. La famille Obama est une famille
kényane qui appartient à l'ethnie
Luo. Dans son
autobiographie, Barack Obama fournit une généalogie assez longue
en ligne paternelle (douze générations au-dessus de lui) et
indique que la famille vivait de l'élevage nomade dans la région
de l'
Ouganda avant
de venir se fixer au Kenya, à Alego78(*) puis à Kendu Bay.79(*)
L'arrière-grand-père de Barack Obama Junior s'appelait
simplement Obama (il est donc l'ancêtre éponyme) et vivait
à Kendu Bay à la fin du XIXème siècle et
au début du XXème.
Son grand-père, Hussein Onyango Obama (1895-1979)
est présenté comme un personnage assez original ; il est le
premier habitant de Kendu Bay à entrer en contact avec les Anglais
à Kisumu, autour de 1910 ; immédiatement, il adopte un mode
de vie moderne (vêtements européens, apprentissage de la lecture
et de l'écriture, souci exceptionnel d'hygiène) et,
désavoué par son père et ses frères, se met au
service du colonisateur. Pendant la
Première
Guerre mondiale, il est responsable de l'organisation de
corvées au Kenya puis au Tanganyika.
Après la guerre, il exerce la profession de
domestique et cuisinier pour différents patrons britanniques ; en
même temps, il effectue un retour aux origines en achetant des terres
à Kendu Bay et en prenant une épouse, Helima (puis une seconde,
Akumu, puis une troisième, Sarah). Pendant la
Seconde
Guerre mondiale, il est au service d'un officier britannique dans
différents endroits (Birmanie, Thaïlande, Ceylan, Europe).
Après son retour, il cesse de travailler comme domestique et devient
agriculteur à plein temps ; c'est aussi le moment où il
quitte Kendu Bay et s'installe à Alego.
Dans les
années
1950, il est détenu durant six mois à la suite d'une
dénonciation calomnieuse à propos de liens avec le mouvement
nationaliste kényan (KANU). Reconnu innocent, il sort, malgré
tout, affaibli physiquement et moralement de cette épreuve
.80(*) De ses trois
épouses, il a eu huit enfants
.
Barack Obama
Senior est le deuxième, né en
1936 à
Kendu
Bay. Sa mère est Akumu. Barack Obama Senior, qui
décèdera en
1982, a
été éduqué dans la religion
musulmane mais
était néanmoins athée. Après le départ
, d'Akumu
en 1945, il a été élevé par la troisième
épouse de Hussein Onyango dans le village d'Alego ; après
des études primaires brillantes, quoique peu assidues, il est admis dans
l'école des missionnaires de Maseno, mais en est renvoyé pour
indiscipline, avant d'avoir mené à leur terme ses études
secondaires.
Il travaille plusieurs années comme employé
de bureau à Mombasa et Nairobi et épouse sa première
femme, Kezia. Il a la chance d'être repéré comme
très doué par deux universitaires américains qui lui font
prendre un cours par correspondance et lui font passer l'examen de fin
d'études secondaires à l'ambassade des États-Unis ;
encore avec leur appui, il sollicite une bourse auprès de plusieurs
universités américaines, et en 1959, obtient une réponse
favorable de l'
université
d'Hawaii. Il va y suivre un cursus d'
économétrie,
obtenant les meilleures notes de sa promotion et y fonde l'association des
étudiants étrangers.81(*)
2. 2. 2. Famille maternelle
Sa
mère,
Stanley Ann Dunham (
1942 -
1995) était
la fille de Stanley (
23
mars
1918 -
8
février
1992) et de
Madelyn Dunham (
26
octobre
1922 -
3
novembre
2008). La famille
Dunham était
chrétienne,
mais Ann, adulte, était
agnostique.
Elle est née près de la
base
militaire de Wichita (
Kansas), son
père ayant été appelé en 1942 pour servir comme
GI
dans l'armée américaine. Pendant la guerre, Madelyn Dunham
travaille dans les usines aéronautiques de
Wichita.
Après avoir servi en Europe dans l'armée de
George
Patton, Stanley Dunham devient vendeur représentant en
meubles. La famille Dunham déménage assez souvent, habitant
successivement la
Californie,
le
Kansas, le
Texas, l'
État
de Washington (Seattle) avant de partir pour
Hawaï
en
1959. Stanley y
connaît des déboires professionnels, mais Madelyn occupe avec un
certain succès un emploi de cadre de banque. Stanley Ann suit des
études d'
anthropologie
à l'
université
d'Hawaï quand elle rencontre Barack Senior
.82(*)
Barack Obama a été élevé par
ses grands-parents maternels à partir de 1971. Étant très
attaché à Madelyn (« Toot »,
américanisation de Tutu, « grand-mère » en
hawaïen), le candidat a même interrompu sa campagne
électorale pour s'occuper d'elle alors qu'elle était souffrante
à Hawaii. Madelyn Dunham est décédée le
3
novembre
2008, la veille
même de l'élection de son petit-fils à la présidence
des États-Unis.
2. 2. 3. Une famille
recomposée
Les parents de Barack Obama se marient le
2
février
1961. En
août
1963, son
père est accepté à l'
Université
Harvard mais il part seul pour le
Massachusetts
car la bourse qu'il a obtenue ne lui permettrait pas de subvenir aux besoins de
son épouse et de son fils. Le divorce sera prononcé en
janvier
1964.
Diplômé en
économie
en
1965, le
père de Barack Obama repart au
Kenya où
il fonde une nouvelle famille. D'abord homme en vue, proche du gouvernement de
Jomo
Kenyatta, il finit par s'opposer aux projets du
président.
Limogé et boycotté, il sombre dans la pauvreté et
l'alcoolisme avant de se tuer dans un accident de voiture en
1982
. Son fils
ne l'aura revu qu'une fois, à 10 ans, lors de son séjour à
Hawaï (décembre 1971-janvier 1972).
Ann Dunham s'est remariée en 1965 avec un
étudiant originaire d'
Indonésie,
Lolo Soetoro, qui regagne son pays dès 1966 ; Ann et Barack le
rejoignent à
Jakarta en
1967. Barack va
passer quatre ans en Indonésie. Il fréquente, d'abord deux ans,
l'école primaire catholique de Saint François d'Assise puis une
école publique où il est le seul étranger
. Dans le
dossier d'inscription à celle-ci, il aurait choisi, parmi les cinq
religions
proposées, celle de son beau-père le
javanisme
, une
branche locale de la religion musulmane
. Pendant
la
campagne
électorale pour l'investiture de 2008,
l'éditorialiste
néo-conservateur
Daniel
Pipes a prétendu qu'Obama avait été un
musulman
pratiquant durant son séjour en Indonésie (donc entre 6 et 10
ans)83(*), pendant que
Obama lui-même affirme que son foyer n'était pas
religieux.
En 1971, sa mère le fait revenir à
Hawaï chez ses grands-parents maternels, afin qu'il puisse faire des
études secondaires américaines (depuis le début du
séjour indonésien, elle lui faisait suivre un cours par
correspondance, et dans les derniers mois, lui imposait de se lever très
tôt pour travailler avec elle avant d'aller à
l'école) ; il est inscrit à l'Académie Punahou,
prestigieuse école privée d'
Hawaii pour
laquelle il a obtenu une
bourse.
L'année suivante, Ann, séparée de Lolo Soetoro, le rejoint
avec Maya et reprend ses études avec un mastère consacré
à l'
anthropologie
de l'
Indonésie.
Selon Maya, l'éducation que sa mère a donnée à
cette époque à ses deux enfants était
« idéaliste et exigeante».
En 1975, elle retourne en
Indonésie
pour effectuer les travaux de terrain obligatoires pour son diplôme, mais
Barack refuse de la suivre
. Elle
devient responsable d'un programme d'aide aux femmes pauvres organisé
par la
fondation
Ford puis contribue à développer le système
de
micro-crédit
indonésien. Elle achève son doctorat en 1992 avec une
thèse sur The peasant blacksmithing in Indonesia. Mais elle
meurt à Hawaii à 52 ans le
7
novembre
1995 d'un
cancer de
l'ovaire. Obama affirme que sa plus grande erreur a
été de ne pas avoir été à ses
côtés au moment de sa mort. Barack Obama a raconté son
enfance et sa jeunesse (jusqu'en 1988) dans son
autobiographie
Les rêves de mon père.84(*)
2. 3. Études, famille et
carrière professionnelle
Après ses études secondaires, Barack Obama
passe deux ans à Occidental Collège à Los Angeles (
Californie)
puis entre à l'
Université
Columbia de
New York. Il
en sort diplômé en
science
politique et en
relations
internationales.
2. 4. Premières
expériences professionnelles (1983-1985)
Avant même d'obtenir son diplôme de
l'université Columbia, Barack Obama envisageait de devenir
« organisateur communautaire » (community organizer, et non
pas social worker85(*)),
mais ses démarches auprès de différents organismes
(notamment la mairie de Chicago, depuis peu dirigée par un Noir,
Harold
Washington) n'aboutissent pas. Il entre, à New York, dans
un cabinet de consultants (qu'il ne nomme pas) travaillant pour des
multinationales, d'abord comme assistant de recherche, puis comme analyste
financier, fonction importante qui lui permet de disposer d'un bureau et d'une
secrétaire. Suite à une prise de contact avec sa demi-soeur Auma,
il décide de se réorienter vers le travail communautaire et
quitte son entreprise. Toujours à New York, il connaît une
période de travail précaire (il travaille notamment pendant trois
mois pour l'organisation de
Ralph
Nader), puis est recruté par un militant associatif de
Chicago, Jerry Kellman (qu'il appelle Marty Kaufman dans son
autobiographie).
2. 5. Harvard (1988-1991)
Au cours de l'année 1987, il pose sa candidature
à plusieurs universités et reçoit un agrément de
Harvard en février 1988. Il quitte Chicago en mai 1988 et après
un séjour touristique en Europe, part pour son premier voyage au Kenya.
Il est ensuite pendant trois ans à la
faculté
de droit de Harvard (Harvard Law School) à
Cambridge
près de
Boston ; il
en sort diplômé avec la mention
magna cum
laude. En
1990, il est le
premier Afro-Américain élu (face à dix huit autres
candidats) rédacteur en chef de la prestigieuse Harvard Law Review,
événement qui fait l'objet d'une information dans des journaux
nationaux.
2. 6. De la carrière
politique
2. 6. 1. Carrière politique
locale (
1994-
2004)
En
1996, Barack Obama
est élu au
Sénat
de l'État de l'Illinois dans la 13ème
circonscription,
couvrant les quartiers de
South
Side à
Chicago,
comprenant le quartier de
Hyde
Park, dans lequel il vivra avec sa femme et ses deux filles
jusqu'à son entrée à la
Maison
Blanche. Il préside la commission de
santé
publique quand les
démocrates
reprennent la majorité au
Sénat
de l'État. Il soutient les législations en faveur de
l'extension de la couverture médicale aux plus démunis, se fait
le défenseur de la cause des
homosexuels
et fait augmenter les fonds destinés à la lutte contre le
SIDA.
Son
mandat
est marqué par sa capacité à obtenir, par le biais de
compromis, l'assentiment des
républicains
sur des lois comme celles contre le profilage racial, la
vidéosurveillance
des
interrogatoires
de police ou un
moratoire sur
l'application de la
peine de
mort dans l'Illinois.
En
2000, il tente de
se faire désigner aux primaires
démocrates
pour être candidat à la
Chambre
des représentants des États-Unis mais il est battu
avec 30 % des voix contre 61 % à
Bobby
Rush, le titulaire démocrate sortant et ancienne figure
historique du
Black Panther
Party. Barack Obama se fait aussi remarquer à
l'échelle nationale en
2002 lorsqu'il
refuse de cautionner les explications des
néo-conservateurs
au sujet d'une invasion nécessaire de l'
Irak.
« Je ne suis pas quelqu'un qui s'oppose à la guerre en
toutes circonstances. Je suis opposé à une guerre stupide, non
pas basée sur la raison, mais sur la passion, non sur les principes,
mais sur la politique », déclare-t-il le
2
octobre
2002 à
Chicago. Cette opposition à la
guerre
lancée par l'administration
Bush le
19 mars 2003 et approuvée par une large majorité du Sénat
des États-Unis (dont, notamment
Hillary
Clinton), lui servira de référence tout au long de
sa campagne pour l'investiture de l'
élection
présidentielle américaine de 2008 pour contrer ses
adversaires.
2. 6. 2. Carrière
politique nationale (2004-2008)
Ayant engagé, à l'automne 2002,
David
Axelrod, un consultant politique, Obama annonce officiellement sa
candidature au
Sénat
des États-Unis en
janvier
2003
. En
juillet
2004, il prononce
un discours de la
Convention
démocrate de Boston désignant
John Kerry
comme candidat du parti à l'
élection
présidentielle. Il y fait l'apologie du
rêve
américain, de l'
Amérique
généreuse en les reliant à ses origines familiales. Il en
appelle à l'unité de tous les Américains et dénonce
les « errements » et
l'« extrémisme » diviseur de l'administration de
George W.
Bush. Ce discours «
The
Audacity of Hope », l'audace d'espérer,86(*) repris dans la presse
écrite et à la télévision, fait connaître
Barack Obama aux militants démocrates mais également à de
nombreux Américains.
Le
2
novembre
2004, après
avoir battu, quelques mois plus tôt, ses adversaires démocrates
lors des primaires, Barack Obama est élu au
Sénat
des États-Unis avec 70 % des voix contre 27 %
à son adversaire
républicain,
l'ancien
ambassadeur
et chroniqueur politique conservateur afro-américain Alan Keyes. Le
score ne fut pas une surprise car pendant plusieurs mois, Barack Obama avait
fait une grande partie de sa campagne électorale sans aucun opposant
désigné contre lui à la suite du retrait en
dernière minute de Jack Ryan, le candidat républicain qui avait
lui-même succédé à Blair Hull, le vainqueur des
primaires,
tous deux étant englués dans des affaires scabreuses avec leurs
épouses respectives. Ce n'est que deux mois avant l'élection,
qu'Alan Keyes fut désigné comme candidat républicain en
dépit du fait qu'il résidait au
Maryland. Il
n'avait aucun lien avec l'
Illinois et
qu'en
2000, il avait
dénoncé le parachutage d'
Hillary
Clinton à
New York.
Barack Obama succède alors au sénateur républicain sortant
Peter
Fitzgerald.
En décembre 2004, Barack Obama passe un contrat de
1,9 million de dollars avec une grande maison d'édition pour
écrire trois livres dont l'un concernera ses convictions politiques et
le second, co-écrit avec son épouse, Michelle Obama (de son vrai
nom Michelle Robinson), serait destiné aux enfants. Il a
prêté serment comme sénateur le
4
janvier
2005 devenant le
seul homme de couleur à siéger au Sénat, et le
cinquième de l'histoire (poste dont il démissionne le
16 novembre
2008 après
son élection à la présidence des
États-Unis).
6. 3. Élection
présidentielle de 2008
2. 6. 3. 1. Les élections
primaires
Barack Obama se lance en campagne électorale en
Caroline du
Sud en août 2007. Le
16
janvier
2007, il annonce
la création d'un comité exploratoire en vue de lever des fonds
pour une candidature à l'
élection
présidentielle de 2008. Le
10
février
2007, il
déclare sa candidature à l'
investiture
démocrate et ce, malgré son inexpérience
relative et la concurrence dans le camp démocrate d'
Hillary
Clinton, jusque-là favorite pour les primaires. Le
15
décembre
2007, il a
reçu l'appui du prestigieux quotidien national,
The Boston
Globe.87(*)
Barack Obama crée la surprise, en
janvier
2008, en
remportant les premières primaires, les
caucus de l'
Iowa,
état
blanc à plus de 96 %, avec 38 % des suffrages exprimés
après avoir réussi à imposer à la campagne des
primaires, aussi bien démocrates que républicaines, le
thème du « changement »
(« Change »). Il perd dans le
New
Hampshire (37 %) contre Hillary Clinton (39 %) alors que
les sondages l'annonçaient grand favori avec 10 points d'avance
. Son
discours
de défaite est teinté d'espoir et de motivation.
De cette défaite, Barack Obama tire son nouveau
slogan : « Yes we can » (« Oui,
nous pouvons »). En dépit de son courage, il arrive, de
nouveau, deuxième en nombre de voix, derrière Hillary Clinton,
lors du
caucus du
Nevada du
19 janvier
(51 % contre 45 %). Néanmoins Barack Obama obtient une
majorité de 13 délégués contre 12 pour Hillary
Clinton, raison pour laquelle il refuse de concéder sa défaite.
Sa très large victoire (55 % contre 27 % pour Hillary Clinton)
lors des primaires de
Caroline du
Sud relance sa candidature. Lors du Super Tuesday, le
5
février, Barack Obama remporte 13
États,
face à 9 pour Hillary Clinton.
Le
2
février,
William
enregistre
Yes we
can, une chanson inspirée d'un discours
prononcé par Obama, suite aux
primaires
du New Hampshire de 2008. Mixée avec des images et des
extraits du discours, la chanson est interprétée par de
nombreuses célébrités (la plupart des musiciens, chanteurs
et comédiens américains) à l'appui du sénateur
Obama. La chanson a été produite par William, le clip a
été réalisé par
Jesse
Dylan, le fils du chanteur
Bob Dylan
.
Barack Obama s'illustre par son éloquence
torrentielle dans la plupart des manifestations publiques et même dans
certains meetings en plein air. Il remporte les États de
Washington,
du
Nebraska et de
Louisiane
ainsi que les
îles
Vierges ; l'
État du
Maine, la
Virginie, le
Maryland et la
capitale fédérale
Washington.
Ce qui lui vaut un avantage dans la course aux 2 025
délégués nécessaires pour décrocher
l'investiture démocrate
.
Poursuivant sa farandole, il gagne les primaires dans le
Wisconsin et
à
Hawaï
avec dix victoires consécutives sur Hillary Clinton.
Le sénateur de l'Illinois, Barack Obama, a
largement remporté la primaire des démocrates expatriés.
En France, il dépasse la barre des 70 %. Vainqueur dans
l'État du
Vermont, il
perd dans l'
Ohio et le
Rhode
Island. Au
Texas, il obtient
plus de représentants à la convention qu'Hillary Clinton (99
contre 94). Il conserve une avance de plus de 100
délégués, remporte les primaires du
Wyoming, puis
celles du
Mississippi.
Et le
18 mars 2008,
il prononce l'important
Discours
de Philadelphie sur la question raciale.
Pendant qu'Hillary Clinton gagne en
Pennsylvanie,
en Indiana et en Virginie occidentale, Obama se contente de petites victoires
(les caucus de
Guam, île du
Pacifique,
et la
Caroline du
Nord. Obama rattrape son retard auprès de cette
dernière catégorie d'électeurs et auprès des
« cols bleus » (ouvriers blancs) grâce au ralliement
de poids de
John
Edwards, annoncé dès le lendemain de la primaire de
Virginie-Occidentale.
À ce stade des primaires, les cinq dernières
consultations à venir seront d'une importance toute relative, aucun des
deux candidats ne pouvant obtenir la majorité qualifiante des
délégués ordinaires, tandis que les super
délégués, qui restent partagés entre Obama (282) et
Clinton (273) et l'indécision (environ 240), auront probablement le
dernier mot lors de la Convention démocrate. Certains observateurs ont
misé cependant sur un retrait de Clinton avant la fin du processus.
Le
20 mai, Obama et
Clinton remportent l'un et l'autre une primaire. Le premier s'impose dans
l'Oregon (58 % des voix), la seconde dans le Kentucky (65 % des
voix)
. Le
3 juin, à
l'issue des dernières primaires (
Montana et
Dakota du
Sud), le candidat démocrate atteint le seuil requis des
2 118 délégués, ainsi que le soutien de nombreux
super délégués
. Obama
devient assuré d'être désigné candidat à la
Maison-Blanche lors de la convention démocrate, malgré le refus
de la sénatrice de se déclarer vaincue. Mais, le
7 juin, elle
suspend sa campagne à l'investiture démocrate et apporte son
soutien à Barack Obama dans sa campagne présidentielle contre le
républicain
John
McCain.
Le
27
août, troisième jour de la
Convention
démocrate à
Denver, Obama
est officiellement investi par acclamation, ou roll call, lancées par la
sénatrice Hillary Clinton plus de vingt ans après le
révérend
Jesse
Jackson, trois fois candidat à l'investiture
démocrate et premier à remporter des primaires, notamment en
1988. C'est le premier Afro-Américain investi pour la
présidentielle par un parti majeur
.
2. 6. 3. 2. Election
présidentielle
La répartition du
collège
électoral par État en 2008 était
colorée de la manière qui suit. En bleu,
les
États remportés par le couple Obama/ Biden ; en
rouge, ceux remportés par McCain/ Palin. Pour chaque État, il est
indiqué le nombre de grands électeurs. Avec un taux de
participation record de 63 % des électeurs inscrits
, Barack
Obama a remporté
l'élection
présidentielle du 4 novembre 2008 avec plus de 9 millions
de voix d'avance88(*) sur
son adversaire
John
McCain. La victoire est nette aussi bien au niveau des grands
électeurs (365 à 17389(*)) que celui du vote populaire (52,9 % à
45,6 %)
.90(*) Il gagne deux Etats
cruciaux que sont l'Ohio et la Floride, remportés par Bush en 2004,
ainsi que l'Iowa, mais aussi trois Etats de l'Ouest (le Colorado, le
Nouveau-Mexique et le Nevada) et, à la surprise générale,
l'Indiana, pourtant très conservateur.
Il remporte également deux Etats du sud, la
Virginie et la Californie du nord qui n'avaient pas voté pour un
démocrate depuis Lyndon Johnson en 1964. D'ailleurs, aucun
démocrate depuis 1964 n'avait un tel pourcentage du suffrage populaire.
Avec 52,9% contre 45,6% pour les Républicains, aucune controverse n'est
possible : Obama est élu et confortablement élu. De plus,
l'évolution observée en 2006 se confirme, les démocrates
augmentent leur majorité au sein des deux chambres du
Congrès : plus de sept sièges au Sénat et plus de
vingt sièges à la chambre des représentants. Obama
bénéficie donc de deux solides majorités pour
gouverner.91(*)
Outre ses victoires dans les États-clés
âprement disputés de l'
Ohio et de la
Floride, Obama
a fait basculer, de justesse, des bastions républicains traditionnels
comme l'
Indiana et a
même obtenu les suffrages de deux anciens
États
confédérés, en plus de la Floride, la
Virginie et la
Caroline du
Nord. Barack Obama l'emporte dans toutes les classes d'âge,
sauf chez les plus de 65 ans, et bénéficie d'une plus forte
mobilisation des jeunes électeurs, alors que 68 %, de 18 à
25 ans, se sont prononcés en sa faveur
.92(*) Il obtient
également le suffrage de 54 % des catholiques, de 78 % des
Israélites, ainsi que de 67 % des Latinos et de 95% des
Afro-Américains
.
Au soir du
4 novembre
2008, il prononce devant plusieurs centaines de milliers de personnes son
discours
de victoire à Grant Park, dans la ville de Chicago, dans
l'Illinois
.
Après avoir remercié tous ses soutiens (famille, collaborateurs,
électeurs), il évoque les enjeux majeurs de son mandat à
venir ; en particulier les guerres d'Irak et d'Afghanistan et la crise
économique. Son discours est teinté de références
significatives aux discours d'investiture de
John F.
Kennedy, d'
Abraham
Lincoln et également de discours prononcés par
Martin Luther
King ; il cite notamment mot pour mot un passage du discours
prononcé par Abraham Lincoln lors de sa première investiture
.93(*)
L'élection de Barack Obama est saluée
à l'étranger. Au
Kenya, l'on
décrète un
jour
férié, un fait sans précédent. Bien
que la Russie fasse montre de froideur, des gouvernements traditionnellement en
très mauvais termes avec les États-Unis adressent leurs
félicitations au nouveau président, ainsi
Raul Castro
(
Cuba),
Hugo
Chávez (
Venezuela) ou
Mahmoud
Ahmadinedjad (
Iran). Depuis
l'
Afrique du
Sud, il est également félicité par le prix
Nobel de la Paix et ancien président
Nelson
Mandela.
Barack Obama a été formellement élu
par les grands électeurs le
15
décembre
2008 (sa victoire
ayant été officiellement proclamée au
Congrès
des États-Unis par
Dick Cheney
le 8 janvier 2009)
,94(*) et il a
succédé à
George W.
Bush le
20
janvier
2009. Il est alors
devenu le quarante-quatrième
président
des États-Unis, et le premier Afro-Américain
à accéder à la
Maison
Blanche.
2. 6. 3. 3. Investiture
Le
20
janvier
2009 à 12 h
07, Barack Obama prête serment au
Capitole
de
Washington,
D.C., devant une foule sans précédent,
estimée à plus de 2 millions de personnes et sous les yeux de
plusieurs centaines de millions de téléspectateurs du monde
entier. Il est ainsi officiellement investi 44ème
président, dans une atmosphère de ferveur nationale et
internationale peu habituelle (près de 8 Américains sur 10, lui
accordent alors leur confiance face à la crise). Symboliquement, le
premier président afro-américain réutilise la
Bible dont
s'était servi en
1861 pour
l'investiture d'
Abraham
Lincoln. En signe d'unité nationale, Barack Obama choisit
un évêque
épiscopalien
gay
pour dire la prière d'ouverture des festivités de son
investiture, un pasteur évangélique anti-avortement pour la
prière d'ouverture de la cérémonie, et un
célèbre vétéran du mouvement des droits civiques,
ancien compagnon de
Martin Luther
King, pour la prière de clôture. Le discours
d'investiture du nouveau président insiste sur « le triomphe
de l'espérance sur la peur », sur le « refus du
choix entre nos idéaux et notre sécurité » et
sur le dialogue international, sans cacher aux Américains les
difficultés qui les attendent
.
Barack Obama doit sa victoire à une formidable
mobilisation des primo-votants réalisée grâce notamment
à une campagne révolutionnaire de mobilisation des donateurs, des
militants et enfin des électeurs. Cette mobilisation fut basée
sur trois leviers principaux : le message, les
nouvelles
technologies et l'organisation de terrain.
Le message, c'est le « changement »,
fondé sur l'émotion, sur le modèle des campagnes de
community organizing, faisant des électeurs les acteurs de ce
changement. La capacité de la campagne (ou organisation) mise en place
par Obama à canaliser les flux monétaires et de
bénévoles furent un élément déterminant de
sa victoire ; en s'inspirant du modèle mis en place par les
Républicains huit ans auparavant et en l'améliorant, Obama a su
canaliser et tirer parti de son succès populaire
.
2.6.4. Campagne
électorale
Si l'on veut saisir les clefs de la victoire
démocrate, il faut aussi mettre de nouveau en lumière
l'extraordinaire travail de campagne qui a été mis en place par
Obama et son équipe. Non seulement un candidat, quasiment inconnu il y a
quatre ans, a battu la machine électorale Clinton et la parti
républicain, mais il l'a fait en innovant et en transformant les
méthodes de campagne. Il faut signaler la discipline implacable d'une
campagne sans scandales, ni rumeurs et autres conflits d'égo. En 2006,
il l'a annoncé à ses amis : « Je veux une
campagne sans scandales ».
Ce principe sera repris en dans un slogan :
« No Drama Obama ». Mais ce n'est pas le seul principe
qu'Obama énonce dès le début. Chicago, sur le terrain, le
pouvoir de mobilisation de toutes les communautés, y compris les
syndicats. Il explique donc qu'il veut une campagne qui « parte
de la base ». Utilisant ingénieusement les nouvelles
technologies (Internet, téléphones portables), la campagne Obama
va créer des réseaux de sympathisants et de
bénévoles dans tous les Etats.
Pour sa première victoire lors des primaires du
petit Etat de l'Iowa, Obama a pu ainsi compter sur 37 bureaux de campagne sur
le terrain. Alors qu'en 2000 et 2004 les républicains passés
maîtres dans l'art de mobiliser l'électorat (grâce à
la stratégie élaborée par Karl Rove en particulier), en
2008 c'est la campagne d'Obama et, notamment David Plouffe, qui élabore
une stratégie électorale gigantesque, sophistiquée et
très efficace. Au point que ses prévisions d'avant campagne
(primaire et présidentielle) ressemblent de très près aux
résultats finaux.
Le camp Obama est très fier en particulier d'un
programme surnommé « projet Houdini » qui,
recroisant plusieurs bases de données, a permis aux
bénévoles le jour même de l'élection et presqu'en
temps réel, d'identifier les électeurs potentiels ne
s'étant pas encore rendu aux urnes. Non seulement cette infrastructure
va mobiliser plus de monde, en particulier des pans de la population qui votent
peu à l'accoutumée, les jeunes et les minorités, mais en
plus ce réseau va lui permettre de lever comme aucun candidat avant lui.
Cette nouvelle ressource financière venant
compléter les méthodes plus traditionnelles, va lui permettre de
refuser le financement public de sa campagne pour les élections
primaires, mais aussi, et c'est une première aux Etats-Unis, pour les
élections générales.
Nous pouvons rappeler ici que la levée de fonds aux
Etats-Unis est essentielle puisque l'estimation du coût du cycle
d'élections du 4 novembre 2008 atteint, d'après le Center for
Responsive Politics, la bagatelle de 5,3 milliards de dollars. Ce qui,
rapporté au nombre d'habitants, ne fait que 18 dollars par personne. Les
sommes mobilisées pour les seules élections
fédérales ont atteint les 4 milliards de dollars (400 millions
pour le Sénat, plus de 960 millions pour la Chambre des
représentants et 2,6 milliards pour la présidentielle).
John McCain et Barack Obama ont dépassé,
à eux deux, le milliard de dollars avec un net avantage pour le
démocrate (742 millions contre 367). Avec cet avantage financier, Obama
a pu compléter son travail sur le terrain par une visibilité
accrue dans les médias. Il parvint à se payer notamment une
publicité documentaire d'une demi-heure, diffusée avant la
retransmission du match de la finale de base-ball (35 millions de
téléspectateurs pour un coût de 4 millions de
dollars).
Lors de cette élection, Obama a gravi une marche en
termes de communication politique. Fort d'une incroyable base de données
engendrée grâce à toutes sortes d'événements
médiatiques (meetings, concerts, rassemblements locaux), Obama
été capable de communiquer directement avec une dizaine de
millions de personnes. De plus, en ciblant ses messages et autres
vidéos, il était en mesure de s'adresser à certaines
parties du pays ou certaines parties de l'électorat de façon
précise.
En effet, toujours très soucieux de ne pas
apparaître seulement comme un candidat noir, Obama a pu faire une
campagne afro-américaine de façon relativement discrète
sur le plan national. Ainsi, un concert du rappeur Jay-Z en Floride est presque
passé inaperçu dans les médias. Pouvoir cibler et
identifier toujours plus précisément les électeurs
potentiels, grâce notamment à des techniques de marketing, permet
de maximiser le retour sur investissement. Malgré son avantage
financier, la campagne Obama a été très soucieuse de
limiter les coûts.
Contrairement aux campagnes McCain et Clinton qui, lors
des primaires, ont largement dépensé, l'équipe Obama a
toujours regardé à la dépense en incitant les
bénévoles ou es employés à partager leur chambre
d'hôtel ou à prendre les transports publics plutôt que des
taxis. Des petits exemples qui illustrent la discipline d'une campagne qui n'a
jamais considéré que la campagne était gagnée
d'avance.
Si la campagne délivre peu d'informations sur les
qualités réelles du candidat en matière de gouvernement
d'un pays, elle en donne de très forte sur les capacités
d'organisation et de management du candidat. La campagne d'Obama fut un
succès parce qu'elle a pu atteindre des proportions titanesques sans
perdre sa structure d'ensemble et son lien très étroit avec la
base locale. En quatre ans, Obama est passé du stade de quasi-inconnu
à celui du président de la première puissance du monde. Il
lui aura fallu de la chance et une conjoncture toute particulière pour
réussir ce tour de force. Il doit aussi cette ascension fulgurante
à ses qualités propres, entre autre une insatiable ambition et
une remarquable aisance.
2. 6. 5. Prix Nobel de la paix
2009
Le
9 octobre
2009, Barack Obama
reçoit le
prix Nobel de
la paix, suscitant la surprise et une certaine
incrédulité dans le monde, alors qu'il n'entame que son
dixième mois de mandat présidentiel. Le comité du Nobel
justifie sa décision en évoquant « les efforts
extraordinaires du président américain en faveur du renforcement
de la diplomatie internationale et de la coopération entre les
peuples ».
Cette décision est souvent qualifiée de
politique et de partisane, récompensant plus des paroles et de bonnes
intentions que des actes concrets. Obama devient ainsi le quatrième
président américain et le troisième en fonction à
recevoir le prix après, dans l'ordre chronologique,
Théodore
Roosevelt,
Woodrow
Wilson et
Jimmy
Carter.
L'élection présidentielle américaine
indirecte fait que le
président
élu ne prend ses fonctions que onze semaines après
le suffrage populaire. Cette période entre l'
élection
du 4 novembre et l'
inauguration,
jour de la prise de fonction présidentielle, le 20 janvier, est une
phase de nomination de la nouvelle
administration
présidentielle et de transition avec l'administration
sortante.
La première nomination de la nouvelle
administration est celle de
Rahm
Emmanuel au poste de
Chef
de cabinet de la Maison Blanche. De nombreux noms circulent quant
aux
différents
secrétaires et le 1er décembre, il est
annoncé que son ancienne rivale à l'investiture
Hillary
Clinton sera proposée par l'administration Obama comme
secrétaire
d'État
.
Les principaux postes sont pourvus dès début
décembre (voir
Administration
Obama). Bien qu'Obama ait axé sa campagne
présidentielle sur le slogan du changement, on note la
prépondérance de vétérans de l'
administration
Clinton dans la nouvelle équipe, par souci
revendiqué de bénéficier de leur expérience face
à la crise.
Après sa rencontre avec le président en
exercice,
George W.
Bush dans le
bureau
ovale de la
Maison
Blanche le 10 novembre 2008, le président élu Barack
Obama, conformément à ses promesses de dépasser le clivage
bipartite, maintient à la Défense son titulaire nommé par
George W. Bush en 2006,
Robert
Gates, un proche des républicains95(*) et de la
famille
Bush en particulier. Il rencontre à deux reprises son
adversaire malheureux
John McCain
à la mi-novembre 2008 et le
19 janvier
2009, lors d'un
bal rendu en l'honneur de l'ancien vétéran du
Viêtnam.
Il nomme également deux autres hommes proches des
républicains dans son gouvernement,
Ray Lahood
(ancien représentant républicain) comme secrétaire au
transport et le général
James L.
Jones, proche de John McCain, comme conseiller à la
sécurité nationale.
Le président Bush ayant souhaité que cette
transition se passe au mieux, Obama bénéficie rapidement d'un
accès aux informations classées secret défense et
reçoit les mêmes rapports de sécurité que le
président en exercice par la
CIA
et le
FBI.
Avançant qu'il ne peut y avoir qu'un président américain
en exercice à la fois, Barack Obama fait le choix discuté de
rester globalement silencieux en décembre 2008 et janvier 2009 lors de
l'offensive israélienne contre le
Hamas à
Gaza. Celle-ci
cesse significativement quelques jours avant son investiture.
Obama bénéficie d'une sécurité
renforcée, très proche de celle du président en exercice.
Elle est assurée par le
Secret
Service, l'agence fédérale en charge de la
protection du président, du vice-président et de diverses
personnalités. Il circule ainsi en convoi blindé et sa maison de
Hyde
Park ainsi que le bâtiment fédéral de Chicago
lui servant de quartier général pendant cette période de
transition sont étroitement surveillés. Le président
élu ne déménage à Washington que début
janvier 2009.
Lors des campagnes électorales, les principaux
candidats à l'élection présidentielle américaine
bénéficient d'une protection du Secret Service. Le candidat Obama
fut le premier, en mai 2007, à en bénéficier du fait du
risque d'attentats par des
suprématistes
blancs. Cette protection fut, comme pour le candidat
républicain, renforcée après leur désignation
respective comme candidat de leurs partis respectifs.
2. 6. 7. Doctrine politique
Barack Obama est considéré comme un homme
politique pragmatique, adepte du compromis pour faire avancer ses idées
et ses projets et capable de rassembler diverses catégories de
l'électorat, même si ses votes au Congrès ont pu le classer
à la
gauche
du parti
. Son
discours
sur l'état de l'Union de
janvier
2010, venant peu de temps après avoir perdu la
majorité au
Sénat
avec l'élection du successeur de
Ted Kennedy
au
Massachusetts,
a mis l'accent sur la nécessité de réformer la
finance
mondiale, suite à la
crise
financière de 2008 et appelle les démocrates et
républicains à voter une loi afin de contrecarrer l'arrêt
de la
Cour
suprême,
Citizens
United v. Federal Election Commission, du
21
janvier
2010, qui
étend les possibilités de financement électoral par les
entreprises (nationales et étrangères). La perte de la
majorité au Sénat hypothèque la réforme du
système de
protection
sociale.
2. 6. 8. Politique
étrangère
Barack Obama rencontre le pape Benoît XVI le 10
juillet 2009 au Vatican. Il est présenté comme un adepte du
multilatéralisme,
partisan de la
realpolitik
et prend pour modèle
James
Baker, saluant la politique étrangère
américaine menée sous la présidence de
George H.
W. Bush pendant la première
guerre du
Golfe en
1991 et lors de la
chute du
Mur de
Berlin en
1989
. S'il
veut être plus ferme à l'égard du programme
nucléaire de la
Corée du
Nord, ses principales propositions sont un retrait en seize mois
des troupes américaines de combat d'Irak, qui commencerait dès sa
prise de fonction, et le commencement d'un dialogue « sans
pré-conditions » avec l'
Iran
. Il
affirme cependant après son élection qu'il considère le
programme nucléaire iranien comme « inacceptable ».
Cette déclaration a été critiquée par le
président du Parlement iranien,
Ali Larijani
.
Concernant les relations avec
Israël
et avec les
Palestiniens,
après avoir été ambivalent, il prononçait, le
4
juin
2008 à la
conférence du
lobby
pro-israélien
Aipac
(American Israel Public Affaires Committitur), un discours dans lequel il
apportait son soutien au statut de
Jérusalem,
comme capitale indivisible d'Israël.96(*) Le 10 juillet 2009, il rencontre au
Vatican le
pape
Benoît
XVI, en marge du sommet du
G8. Le
président Obama s'est notamment engagé auprès de lui
à tenter de réduire le nombre d'avortements.
Il a prononcé à l'
Université
du Caire le 4 juin
2009 un
discours
considéré comme présentant un changement de cap majeur en
matière de
relations
internationales entre les
États-Unis
et les musulmans.97(*) Au
cours de ce discours, le président Obama s'est prononcé en faveur
de la non réglementation du port du voile : « Il est
important pour les pays occidentaux d'éviter de gêner les citoyens
musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, et par exemple en
dictant les vêtements qu'une femme doit porter » et d'ajouter
« on ne doit pas dissimuler l'hostilité envers une religion
devant le faux-semblant du libéralisme ». Cette critique
envers un pays occidental vise selon de nombreux observateurs la
France et sa
politique de
laïcité.
Si Obama est parvenu en si peu de temps au firmament du
monde politique, c'est qu'en des circonstances exceptionnelles, il s'est
révélé un candidat remarquable, un animal politique hors
du commun. Cette élection aura fait mûrir les dons pour la
politique du jeune sénateur. Il reste maintenant à voir si
l'intelligence requise pour arriver au pouvoir est en rapport avec les
qualités nécessaires pour gouverner une Amérique qui est
en train de sortir de sa crise.
Nous avons, dans ce chapitre, peint la personne de Barack
Obama dans toutes ses facettes et dimensions. Il était d'abord important
de retracer le contexte sociopolitique duquel il est issu. C'est, d'ailleurs,
ce contexte qui l'a propulsé jusqu'au sommet des Etats-Unis
d'Amérique, mais aussi et surtout grâce à ses
potentialités incontestables et son éloquence torrentielle. Il
appert donc qu'il est le premier président des Etats-Unis à avoir
financé personnellement sa campagne.
Ainsi donc, après avoir balayé toutes les
théories qui sous-tendent notre recherche, et après avoir eu la
connaissance approfondie (ses origines, ses études, sa carrière
politique et professionnelle, son désormais statut), nous allons, dans
le chapitre qui suit le dernier donc, essayer de déceler le statut du
destinataire du discours de Barack Hussein Obama le 11 juillet à Accra.
Voilà la matière substantielle de la dernière partie de
notre travail.
TROISIEME CHAPITRE : ANALYSE
DU DISCOURS D'OBAMA
Dans ce chapitre, nous allons devoir rechercher le statut
du locuteur et celui de l'allocutaire dans le discours de Barack Obama à
Accra. Pour ce faire, nous subdivisons ce chapitre en trois sections : la
première sera axée sur l'approche méthodologique, la
deuxième sur le repérage de différentes marques du
discours ou d'énonciation contenues dans ce discours, et la
troisième sera consacrée à l'évaluation de ces
différentes marques d'énonciation.
Section 1 : Protocole
méthodologique
Notre recherche était mobilisée autour
de la question suivante : Comment se positionne l'énonciateur dans
le discours du président Barack Obama prononcé devant le
Parlement ghanéen ? A titre d'hypothèse, nous avons
postulé qu'un sujet parlant qui revendique une pluralité de
statuts, produit un discours polyphonique. Ce positionnement se
répercute sur l'auditoire.
1)
2)
Pluralité de statuts
Chef de l'Etat
Afro-Américain
Père de famille
Monde occidental
Sujet parlant
Position production interne au discours
Enonciateur
Narrateur
Auteur modèle
Position production externe au discours
Emetteur
Locuteur
Auteur
Avant toutes choses,
construisons ces concepts : discours polyphonique, pluralité de
statuts, sujet parlant et auditoire.
Enonciateur
Auteur modèle
Auditoire
Position perception interne au discours
Narrateur
Position perception externe au discours
Récepteur
Interlocuteur
Allocutaire
Auditeur
Auditeur
Discours polyphonique
Statut énonciatif du locuteur/ Enonciateur
Position production externe au discours
3)
4)
Le corpus de notre analyse est
constitué d'un seul texte, le discours du Président
américain Barack Hussein Obama lors de sa conférence de presse
à Cape Coast à Accra, le 11 juillet 2009. Le motif sous-jacent
à ce choix du discours d'Obama tient au fait que nous sommes,
personnellement de la faculté des sciences de l'information, dans
filière journalisme et politique extérieure. C'est le premier
fait qui a dicté notre choix.
La deuxième raison est d'ordre
idéologique quand on peut lire en creux et considérer le discours
d'Accra comme un contre discours de Dakar prononcé par le
président français Nicolas Sarkozy à Dakar, et le tout
premier que Barack Obama prononce en tant que président des Etats-Unis
d'Amérique à l'attention de ses congénères, les
Africains.
C'est ainsi que nous nous sommes imposé ce
devoir de rechercher les statuts de l'énonciateur et même de
l'allocutaire dans ce discours ; afin de comprendre, in fine, quelle est
sa portée sur le plan africain et sur le plan international.
Notre analyse n'est pas quantitative. Raison pour
laquelle nous allons nous baser sur l'énoncé comme unité
d'enregistrement. Ces énoncés sont à repérer dans
les différents paragraphes que comprend le discours de Barack
Obama.
Pour parvenir aux résultats de notre recherche,
nous avons jugé utile de commencer par décomposer le discours
c'est-à-dire ressortir tous les énoncés, 211 au total, qui
composent l'allocution de Barack Obama. Notre procédure s'est poursuivie
en essayant de classer tous les énoncés dans un tableau en vue
d'en relever les marques d'énonciation ou de discours à la
lumière desquelles nous avons dégagé toutes les
références nominales au locuteur et à
l'allocutaire.
Après cette étape, nous avons
cherché à savoir combien d'énoncés portent au moins
une marque d'énonciation et combien en sont dépourvus ;
quels sont les énoncés qui se rapportent au locuteur, à
l'allocutaire et à tous les deux. Bien que non quantitative, cette
étude est sous-tendue par des tableaux en termes de fréquence ou
de pourcentage.
Après avoir calculé les
fréquences des énoncés qu'ils portent ou non les marques
d'énonciation, qu'ils fassent référence au locuteur,
à l'allocutaire ou à tous les deux, nous sommes passés
à l'évaluation des marques d'énonciation. En ce qui
concerne cette étape, la démarche consiste à analyser,
afin de comprendre le discours de Barack Obama à la lumière de
toutes les marques d'énonciation relevées dans notre corpus.
Ainsi, allons-nous relever toutes les sortes d'embrayeurs tels que les pronoms
d'interlocution, les pronoms indéfinis, les déictiques spatiaux
et temporels, la ponctuation, les modalités, les formules conatives ou
de bienséance ainsi que les éléments intertextuels. Pour
authentifier ce que nous aurons à dire, nous allons recourir aux
énoncés répertoriés dans notre corpus ; et ces
énoncés, pour bien les localiser, seront accompagnés d'un
indice En pour montrer qu'il s'agit de tel ou tel
énoncé.
Nous allons clore complètement cette
procédure d'analyse en proposant une brève synthèse, et
nous allons également émettre notre point de vue en termes
d'interprétation ou de jugement de valeur avant la conclusion
générale.
Section 2 : Repérage
des données pertinentes
N° d'ordre
|
TEXTE
|
MARQUES DU DISCOURS
|
REF. NOM. AU LOCUTEUR
|
REF. NOM. A L'ALLOCUTAIRE
|
001
|
Ça me plaît ! Merci, merci.
|
me
|
Ça me plaît ! merci, merci.
|
-
|
002
|
Je pense que notre Congrès a besoin d'une de ces
trompettes.
|
Je, notre.
|
Je pense que notre Congrès a besoin
|
-
|
003
|
J'aime bien le son, cela me rappelle Louis
Armstrong.
|
Je, cela, me.
|
J'aime bien le son, cela me rappelle...
|
-
|
004
|
Bon après-midi à tous.
|
-
|
Bon après-midi à tous !
|
-
|
005
|
C'est un grand honneur pour moi d'être à
Accra et de parler aux représentants du peuple ghanéen.
|
Moi
|
C'est un grand honneur pour moi
|
-
|
006
|
Je suis très reconnaissant de l'accueil que j'ai
reçu, tout comme le sont Michelle, Malia et Sacha Obama.
|
Je
|
Je suis reconnaissant de l'accueil que j'ai
reçu
|
-
|
007
|
L'histoire ghanéenne est riche, les liens entre nos
deux pays sont forts, et je suis fier que ce soit ma première visite en
Afrique subsaharienne en qualité de président des Etats-Unis
d'Amérique.
|
Nos, je, ce, ma.
|
Les liens entre nos deux pays sont forts, et je suis fier
que ce soit ma première visite...
|
-
|
008
|
Je voudrais remercier la présidente et tous les
membres de la chambre des représentants de nous accueillir
aujourd'hui.
|
Je, nous, aujourd'hui.
|
Je voudrais remercier... de nous accueillir
aujourd'hui.
|
-
|
009
|
Je voudrais remercier le président Mills pour ses
qualités extraordinaires de direction.
|
Je
|
Je voudrais remercier le président Mills
|
-
|
010
|
Aux anciens présidents - Jerry Rawlings, l'ancien
président Kufuor - au vice-président, au président de la
Cour suprême, je vous remercie tous pour votre hospitalité
extraordinaire et pour les merveilleuses institutions que vous avez
bâties au Ghana.
|
Les tirets, je, vous, votre.
|
Je vous remercie tous
|
Je vous remercie tous pour votre hospitalité
extraordinaire et pour les merveilleuses institutions que vous avez
bâties...
|
011
|
Je vous parle à la fin d'un long voyage.
|
Je, vous.
|
Je vous parle
|
Je vous parle
|
012
|
Je l'ai commencé en Russie par une réunion
au sommet entre deux grandes puissances.
|
Je
|
Je l'ai commencé
|
-
|
013
|
Je me suis rendu en Italie pour la réunion des
grandes puissances économiques du monde.
|
Je, me.
|
Je me suis rendu en Italie...
|
-
|
014
|
Et me voici, enfin, au Ghana pour une simple raison :
le XXIème siècle sera influencé par ce qui se passera non
seulement à Rome et à Moscou ou à Washington, mais aussi
à Accra.
|
Me, voici, les deux points, ce.
|
Et me voici au Ghana
|
-
|
015
|
C'est la simple vérité d'une époque
où nos connexions font disparaître les frontières entre les
peuples.
|
Nos
|
...où nos connexions font disparaître
|
-
|
016
|
Votre prospérité peut accroître la
prospérité des Etats-Unis.
|
Votre
|
-
|
Votre prospérité peut
accroître
|
017
|
Votre santé et votre sécurité peuvent
contribuer à la santé et à la sécurité du
monde.
|
Votre
|
-
|
Votre santé et votre sécurité peuvent
contribuer à...
|
018
|
Et la force de votre démocratie peut contribuer
à la progression des droits de l'homme pour tous les peuples.
|
Votre
|
-
|
Et la force de votre démocratie peut contribuer
à...
|
019
|
Je ne considère donc pas les pays et les peuples
d'Afrique comme un monde à part ; je considère l'Afrique
comme une partie fondamentale de notre monde interconnecté, comme un
partenaire des Etats-Unis en faveur de l'avenir que nous souhaitons pour tous
nos enfants.
|
Je, notre, nous, nos.
|
Je ne considère pas, je considère l'Afrique
comme une partie fondamentale de notre monde interconnecté,... que nous
souhaitons pour tous nos enfants.
|
-
|
020
|
Ce partenariat doit se fonder sur la responsabilité
mutuelle et sur le respect mutuel : c'est ce dont je tiens à vous
parler.
|
Ce, je, vous.
|
C'est ce dont je tiens à vous parler
|
C'est ce dont je tiens à vous parler
|
021
|
Nous devons partir du principe qu'il revient aux Africains
de décider de l'avenir de l'Afrique.
|
Nous
|
Nous devons partir du principe que...
|
-
|
022
|
Je dis cela en étant pleinement conscient du
passé tragique qui hante parfois cette partie du monde.
|
Je, cela, cette.
|
Je dis cela en étant pleinement conscient
|
-
|
023
|
Après tout, j'ai du sang africain dans les veines,
et l'histoire de ma famille englobe aussi bien les tragédies que les
triomphes de l'histoire de l'Afrique dans son ensemble.
|
Je, ma.
|
J'ai du sang africain dans les veines, et l'histoire de ma
famille...
|
-
|
024
|
Certains d'entre vous savent que mon grand-père
était cuisinier chez des britanniques au Kenya, et bien qu'il fût
un ancien respecté dans son village, ses employeurs l'ont appelé
« boy » pendant la plus grande partie de sa vie.
|
Vous, mon les guillemets.
|
...savent que mon grand-père était
cuisinier
|
Certains d'entre vous savent que...
|
025
|
Il était à la périphérie des
luttes en faveur de la libération du Kenya, mais il a été
quand même incarcéré brièvement pendant la
période de répression.
|
-
|
-
|
-
|
026
|
Durant sa vie, le colonialisme n'était pas
simplement la création de frontières artificielles ou de termes
de l'échange inéquitables ; c'était quelque chose que
l'on éprouvait dans sa vie personnelle jour après jour,
année après année.
|
Durant, on, jour après jour, année
après année
|
-
|
-
|
027
|
Mon père a grandi dans un tout petit village
où il gardait des chèvres, à une distance impossible des
universités américaines où il irait faire des
études.
|
Mon
|
Mon père a grandi dans un tout petit
village
|
-
|
028
|
Il est devenu adulte à un moment de promesse
extraordinaire pour l'Afrique.
|
-
|
-
|
-
|
029
|
Les luttes de la génération de son
père ont donné naissance à de nouveaux Etats, en
commençant ici au Ghana.
|
Ici
|
-
|
-
|
030
|
Les Africains s'éduquaient et s'affirmaient d'une
nouvelle façon.
|
-
|
-
|
-
|
031
|
L'histoire était en marche.
|
-
|
-
|
-
|
032
|
Toutefois, malgré les progrès obtenus - et
il y a eu des progrès considérables dans certaines parties de
l'Afrique - nous savons aussi que cette promesse est encore loin de se
réaliser.
|
Les tirets, nous, cette.
|
Nous savons aussi que cette promesse
|
-
|
033
|
Des pays tels que la Kenya, dont le revenu par habitant
était supérieur à celui de la Corée du Sud lorsque
je suis né, ont été fortement distancés.
|
Celui, je.
|
...lorsque je suis né
|
-
|
034
|
Les maladies et les conflits ont ravagé plusieurs
régions du continent africain.
|
-
|
-
|
-
|
035
|
Dans de nombreux pays, l'espoir de la
génération de mon père a cédé la place au
cynisme, voire au désespoir.
|
Mon
|
L'espoir de la génération de mon père
a cédé
|
-
|
036
|
Certes, il est facile de pointer du doigt et de rejeter
les responsabilités de ces problèmes sur les autres.
|
Ces
|
-
|
-
|
037
|
Il est vrai qu'une carte coloniale qui n'avait
guère de sens, a contribué à susciter des conflits, et
l'Occident a souvent traité l'Afrique avec condescendance, à la
quête des ressources plutôt qu'en partenaire.
|
-
|
-
|
-
|
038
|
Cependant, l'Occident n'est pas responsable de la
destruction de l'économie zimbabwéenne au cours des dix
dernières années, ni des guerres où des enfants sont
enrôlés comme soldats.
|
-
|
-
|
-
|
039
|
Durant la vie de mon père, ce sont en partie le
tribalisme et le népotisme dans un Kenya indépendant qui, pendant
longtemps, ont fait dérailler sa carrière, et nous savons que
cette forme de corruption est toujours un fait quotidien de la vie d'un trop
grand nombre de personnes.
|
Mon, ce, nous, cette.
|
Durant la vie de mon père, nous savons que cette
forme de corruption...
|
-
|
040
|
Or, nous savons que ce n'est pas là toute
l'histoire.
|
Nous, ce, là.
|
Nous savons que ce n'est pas là...
|
-
|
041
|
Ici au Ghana, vous nous montrez un aspect de l'Afrique qui
est trop souvent négligé par un monde qui ne voit que les
tragédies ou la nécessité d'une aide charitable.
|
Ici, vous, nous.
|
Vous nous montrez un aspect
|
Vous nous montrez un aspect
|
042
|
Le peuple ghanéen a travaillé dur pour
consolider la démocratie, au moyen de passages pacifiques
répétés du pouvoir, même à la suite
d'élections très serrées.
|
-
|
-
|
-
|
043
|
Et à cet égard, je voudrais dire que la
minorité mérite tout autant des louanges que la
majorité.
|
Je
|
Je voudrais dire que la minorité
mérite
|
-
|
044
|
Grâce à une meilleure gouvernance et au
rôle de la société civile naissante, l'économie
ghanéenne a enregistré un taux de croissance
impressionnant.
|
-
|
-
|
-
|
045
|
Ce progrès ne possède sans doute pas
l'aspect dramatique des luttes de libération du XXème
siècle, mais que personne ne s'y trompe : il sera, en fin de
compte, plus significatif.
|
Ce, les deux points.
|
-
|
-
|
046
|
Car de même qu'il est important de se soustraire au
contrôle d'une autre nation, il est encore plus important de se forger sa
propre nation.
|
-
|
-
|
-
|
047
|
C'est pourquoi je suis convaincu que la période
actuelle est tout aussi prometteuse pour le Ghana et pour l'Afrique que celle
pendant laquelle mon père est devenu adulte et que de nouveaux Etats
sont apparus.
|
Je, celle, mon.
|
...que celle pendant laquelle mon père est devenu
adulte
|
-
|
048
|
C'est une nouvelle période de grande
promesse.
|
-
|
-
|
-
|
049
|
Seulement cette fois-ci, nous avons appris que ce ne
serait pas de grandes personnalités telles que Nkrumah et Kenyatta qui
décideront du destin de l'Afrique.
|
Cette fois-ci, nous, ce.
|
Nous avons appris que ce ne serait pas
|
-
|
050
|
Ce sera vous, les hommes et les femmes du Parlement
ghanéen et le peuple que vous représentez.
|
Ce, vous.
|
-
|
Ce sera vous, les hommes et les femmes du parlement
ghanéen et le peuple que vous représentez
|
051
|
Ce seront les jeunes, débordant de talent,
d'énergie et d'espoir, qui pourront revendiquer l'avenir que tant de
personnes des générations précédentes n'ont jamais
réalisé.
|
Ce
|
-
|
-
|
052
|
Maintenant, pour réaliser cette promesse, nous
devons tout d'abord reconnaître une vérité fondamentale
à laquelle vous avez donné vie au Ghana, à savoir que le
développement dépend de la bonne gouvernance.
|
Maintenant, nous, vous
|
Nous devons tout d'abord reconnaître une
vérité fondamentale
|
...à laquelle vous avez donné vie
|
053
|
C'est l'ingrédient qui fait défaut dans
beaucoup de pays depuis trop longtemps.
|
Depuis
|
-
|
-
|
054
|
C'est le changement qui peut déverrouiller les
potentialités de l'Afrique.
|
-
|
-
|
-
|
055
|
Enfin, c'est une responsabilité dont seuls les
Africains peuvent s'acquitter.
|
-
|
-
|
-
|
056
|
Quant aux Etats-Unis et au reste de l'Occident, notre
engagement ne doit pas se mesurer uniquement à l'aune des dollars que
nous dépensons.
|
Notre, nous
|
Notre engagement ne doit pas se mesurer uniquement
à l'aune des dollars que nous dépensons
|
-
|
057
|
Je me suis engagé à augmenter fortement
notre aide à l'étranger, ce qui correspond à
l'intérêt de l'Afrique et à celui des Etats-Unis.
|
Je, me, notre, ce, celui.
|
Je me suis engagé à augmenter fortement
notre aide
|
-
|
058
|
Toutefois, le véritable signe de réussite
n'est pas de savoir si nous sommes une source d'aide perpétuelle qui
aide les gens à survivre tant bien que mal, mais si nous sommes des
partenaires dans la création des capacités nécessaires
pour un changement transformateur.
|
Nous
|
...si nous sommes une source d'aide perpétuelle,
mais si nous sommes des partenaires dans la création
|
-
|
059
|
Cette responsabilité mutuelle doit être le
fondement de notre partenariat.
|
Cette, notre.
|
Cette responsabilité doit être le fondement
de notre partenariat
|
-
|
060
|
Aujourd'hui, je parlerai tout particulièrement de
quatre domaines qui sont essentiels pour l'avenir de l'Afrique et de tous les
pays en voie de développement : la démocratie, les
possibilités économiques, la santé et le règlement
pacifique des conflits.
|
Aujourd'hui, je, les deux points
|
Je parlerai tout simplement de quatre domaines
|
-
|
061
|
Premièrement nous devons soutenir les
démocraties puissantes et durables.
|
Nous
|
Nous devons soutenir...
|
-
|
062
|
Comme je l'ai dit au Caire, chaque nation façonne
la démocratie à sa manière, conformément à
ses traditions.
|
Je
|
Comme je l'ai dit au Caire
|
-
|
063
|
Mais l'histoire prononce un verdict clair : les
gouvernements qui respectent la volonté de leur peuple, qui gouvernent
par le consentement et non par la coercition, sont plus prospères, plus
stables et plus florissants que ceux qui ne le font pas.
|
Ceux
|
-
|
-
|
064
|
Il ne s'agit pas seulement d'organiser des
élections, il faut voir ce qui se passe entre les scrutins.
|
Ce
|
-
|
-
|
065
|
La répression revêt de nombreuses formes et
trop de pays, même ceux qui tiennent des élections, sont en proie
à des problèmes qui condamnent leur peuple à la
pauvreté.
|
Ceux
|
-
|
-
|
066
|
Aucun pays ne peut créer de richesse si ses
dirigeants exploitent l'économie pour s'enrichir personnellement, ou si
des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de
drogue.
|
Aucun pays ne peut
|
-
|
-
|
067
|
Aucune entreprise ne veut investir dans un pays où
le gouvernement se taille au départ une part de 20%, ou dans lequel le
chef de l'autorité portuaire est corrompu.
|
Aucune entreprise ne veut
|
-
|
-
|
068
|
Personne ne veut vivre dans une société
où la règle de droit cède la place à la loi du plus
fort et à la corruption.
|
Personne ne veut
|
-
|
-
|
069
|
Ce n'est pas de la démocratie, c'est de la
tyrannie, même si de temps en temps on y sème une élection
ça et là, et il est temps que ce style de gouvernement
disparaisse.
|
Ce, ça, là
|
-
|
-
|
070
|
En ce XXIème siècle, des institutions
capables, fiables et transparentes sont la clé du succès des
parlements puissants et des forces de police honnêtes ; des juges et
de journalistes indépendants ; un secteur privé et une
société civile florissants, ainsi qu'une presse
indépendante.
|
Ce
|
-
|
-
|
071
|
Tels sont les éléments qui donnent vie
à la démocratie, parce que c'est ce qui compte dans la vie
quotidienne des gens.
|
Ce
|
-
|
-
|
072
|
Les Ghanéens ont, à maintes reprises,
préféré le droit constitutionnel à l'autocratie, et
ont fait preuve d'un esprit démocratique qui permet à leur
énergie de se manifester.
|
-
|
-
|
Les Ghanéens ont, à maintes reprises,
préféré le droit constitutionnel à
l'autocratie...
|
073
|
Nous le voyons dans les dirigeants qui acceptent
gracieusement la défaite - le fait que les concurrents du
président Mills se tenaient là à ses côtés
lorsque je suis descendu de l'avion en dit long sur le Ghana - et dans les
vainqueurs qui résistent aux appels de l'exercice de leur pouvoir contre
l'opposition de manière injuste.
|
Nous, les tirets, je.
|
Lorsque je suis descendu de l'avion...
|
-
|
074
|
Nous voyons cet esprit se manifester dans les journalistes
courageux comme Anas Aremeyaw Anas, qui a risqué sa vie pour relater la
vérité.
|
Nous, cet.
|
Nous voyons cet esprit
|
-
|
075
|
Nous le voyons dans des policiers comme patience Quaye,
qui a contribué à faire traduire en justice le premier trafiquant
d'êtres humains au Ghana.
|
Nous
|
Nous le voyons dans des policiers
|
-
|
076
|
Nous le voyons dans les jeunes qui s'élèvent
contre le népotisme et qui participent à la vie
politique.
|
Nous
|
Nous le voyons dans les jeunes...
|
-
|
077
|
Dans toute l'Afrique, nous avons vu de multiples exemples
de gens qui prennent leur destinée en main et qui opèrent des
changements à partir de la base.
|
Nous
|
Nous avons vu de multiples exemples...
|
-
|
078
|
Nous l'avons vu au Kenya, où la
société civile et le secteur privé se sont unis pour
stopper la violence postélectorale.
|
Nous
|
Nous l'avons vu au Kenya
|
-
|
079
|
Nous l'avons vu en Afrique du Sud, où plus des
trois quarts des citoyens ont voté dans la dernière
élection, la quatrième depuis la fin de l'apartheid.
|
Nous
|
Nous l'avons vu en Afrique du sud
|
-
|
080
|
Nous l'avons vu au Zimbabwe, où le réseau de
soutien au vote a bravé la brutale répression pour faire valoir
le principe selon lequel le droit de vote d'un citoyen est
sacré.
|
Nous
|
Nous l'avons vu au Zimbabwe
|
-
|
081
|
Alors ne vous y trompez pas : l'histoire est du
côté de ces courageux Africains, et non dans le camp de ceux qui
se servent de coups d'Etat ou qui modifient les constitutions pour rester au
pouvoir.
|
Vous, les deux points, ces, ceux.
|
-
|
Ne vous y trompez pas
|
082
|
L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts mais de fortes
institutions.
|
-
|
-
|
-
|
083
|
L'Amérique ne cherchera pas à imposer un
système quelconque de gouvernement à aucune autre nation.
|
-
|
-
|
-
|
084
|
La vérité essentielle de la
démocratie est que chaque nation détermine elle-même son
destin.
|
-
|
-
|
-
|
085
|
Ce que fera l'Amérique, en revanche, ce sera
d'accroître son aide aux personnes et aux institutions responsables, en
mettant l'accent sur l'appui à la bonne gouvernance : aux
parlements qui maîtrisent les abus de pouvoir et s'assurent que les voix
de l'opposition peuvent s'exprimer ; à la règle de droit qui
garantit l'égalité de tous devant la justice ; à la
participation civile afin que les jeunes soient actifs dans la vie
politique ; et à des solutions concrètes à la
corruption telles que l'expertise comptable, la protection de ceux qui
dénoncent les abus afin de promouvoir la transparence et la
responsabilité.
|
Ce, ceux.
|
-
|
-
|
086
|
Et cette aide nous la fournissons.
|
Cette, nous.
|
Nous la fournissons
|
-
|
087
|
J'ai demandé à mon gouvernement d'accorder
davantage d'attention à la corruption dans notre rapport sur les droits
de l'homme.
|
Je, mon, notre.
|
J'ai demandé à mon gouvernement d'accorder
davantage d'attention à la corruption dans notre rapport...
|
-
|
088
|
Tous les gens devraient avoir le droit de démarrer
une entreprise ou d'obtenir une éducation sans avoir à verser de
pots de vin.
|
-
|
-
|
-
|
089
|
Nous avons le devoir de soutenir ceux qui agissent de
façon responsable et d'isoler ceux qui ne le font ; et c'est
exactement ce que fera l'Amérique.
|
Nous, ceux, ce.
|
Nous avons le devoir de soutenir ceux qui
agissent...
|
-
|
090
|
Cela nous conduit directement à notre
deuxième domaine de coopération, le soutien à un
développement qui offre des débouchés aux gens.
|
Cela, nous, notre.
|
Cela nous conduit dans notre deuxième
domaine...
|
-
|
091
|
Avec une meilleure gouvernance, je ne doute pas que
l'Afrique tiendra sa promesse de créer une plus vaste base pour la
prospérité.
|
Je
|
Je ne doute pas que...
|
-
|
092
|
Témoin en est le succès extraordinaire des
Africains dans mon pays d'Amérique.
|
Mon
|
Le succès extraordinaire des Africains dans mon
pays
|
-
|
093
|
Ils se portent très bien.
|
-
|
-
|
-
|
094
|
Ils ont donc le talent et ils possèdent l'esprit
d'entreprise.
|
-
|
-
|
-
|
095
|
La question est de savoir comment s'assurer qu'ils
réussissent ici dans leurs pays d'origine.
|
Ici
|
-
|
-
|
096
|
Ce continent est riche en ressources naturelles.
|
Ce
|
-
|
-
|
097
|
Et que ce soit des chefs d'entreprises
spécialisées dans la téléphonie portable ou des
petits agriculteurs, les Africains ont montré leur capacité et
leur volonté de créer leurs propres possibilités.
|
-
|
-
|
-
|
098
|
Mais il faut également rompre avec de vieilles
habitudes.
|
Il faut
|
-
|
-
|
099
|
La dépendance vis-à-vis des matières
premières - ou d'un seul produit d'exportation - a tendance à
concentrer la richesse au sein d'une minorité, laissant la
majorité vulnérable à la récession.
|
Les tirets
|
-
|
-
|
100
|
Au Ghana, par exemple, le pétrole crée de
magnifiques possibilités, et vous vous êtes préparés
à ces nouveaux revenus de façon responsable.
|
Vous, ces.
|
-
|
Vous vous êtes préparés à ces
nouveaux revenus...
|
101
|
Mais comme le savent de nombreux Ghanéens, le
pétrole ne peut pas simplement remplacer le cacao.
|
-
|
-
|
-
|
102
|
De la Corée du Sud à Singapour, l'histoire
montre que les pays réussissent lorsqu'ils investissent dans la
société et dans leur infrastructure ; lorsqu'ils multiplient
les industries d'exportation, se dotent d'une main-d'oeuvre qualifiée et
font de la place aux petites et moyennes entreprises créatrices
d'emplois.
|
-
|
-
|
-
|
103
|
Alors que les Africains se rapprochent de cette promesse,
l'Amérique va leur tendre la main de façon plus
responsable.
|
Cette
|
-
|
-
|
104
|
En réduisant les sommes qui vont aux consultants
occidentaux et au gouvernement, nous voulons mettre plus de ressources entre
les mains de ceux qui en ont besoin, tout en apprenant aux gens à faire
plus pour eux-mêmes.
|
Nous, ceux.
|
Nous voulons mettre plus de ressources entre les mains de
ceux qui...
|
-
|
105
|
C'est pourquoi notre initiative de 3,5 milliards de
dollars en faveur de la sécurité alimentaire est axée sur
de nouvelles méthodes et technologies agricoles, et non pas sur la
simple expédition des biens et services américains vers
l'Afrique.
|
Notre
|
C'est pourquoi notre initiative de...
|
-
|
106
|
L'aide n'est pas une fin en soi.
|
-
|
-
|
-
|
107
|
L'objectif de l'aide à l'étranger doit
être de créer les conditions dans lesquelles elle ne sera plus
nécessaire.
|
-
|
-
|
-
|
108
|
Non seulement je veux voir les Ghanéens
autosuffisants sur le plan alimentaire, je veux vous voir exporter des produits
alimentaires à d'autres pays et gagner de l'argent.
|
Je, vous.
|
Je veux voir les Ghanéens autosuffisants..., je
veux vous voir exporter
|
Je veux vous voir exporter des produits
alimentaires...
|
109
|
Cela, vous le pouvez.
|
Cela, vous.
|
-
|
Cela, vous le pouvez
|
110
|
Certes, l'Amérique peut faire plus pour promouvoir
le commerce et les investissements.
|
-
|
-
|
-
|
111
|
Les pays riches doivent réellement ouvrir leurs
portes aux biens et services de l'Afrique d'une manière
significative.
|
-
|
-
|
-
|
112
|
Ce sera d'ailleurs un des engagements de mon
gouvernement.
|
Ce, mon.
|
Ce sera d'ailleurs un des engagements de mon
gouvernement
|
-
|
113
|
Et là où il y a une bonne gouvernance, nous
pouvons étendre la prospérité par le truchement des
partenaires entre les secteurs public et privé qui investiront dans
l'amélioration des routes et des réseaux
électriques ; des programmes de formation qui apprendront aux gens
comment développer leur entreprise ; et des services financiers non
seulement pour les villes mais pour les régions pauvres et les zones
rurales.
|
Là, nous.
|
Nous pouvons étendre la
prospérité...
|
-
|
114
|
Cela aussi dans notre propre intérêt parce
que si les gens sortent de la pauvreté et que de la richesse se
crée en Afrique, il s'ensuit que de nouveaux marchés s'ouvriront
pour nos propres produits.
|
Cela, notre, nos.
|
Cela aussi dans notre propre intérêt..., il
s'ensuit que de nouveaux marchés s'ouvriront pour nos propres
produits
|
-
|
115
|
Tout le monde y gagne.
|
-
|
-
|
-
|
116
|
Un secteur qui représente à la fois un
danger indéniable et une promesse extraordinaire est celui de
l'énergie.
|
Celui
|
-
|
-
|
117
|
L'Afrique émet moins de gaz à effet de serre
que toute autre région du monde, mais elle est la plus menacée
par le changement climatique.
|
-
|
-
|
-
|
118
|
Une planète qui se réchauffe propagera les
maladies, réduira les ressources en eau, épuisera les
récoltes et créera les conditions favorables à plus de
famine et plus de conflits.
|
-
|
-
|
-
|
119
|
Nous avons tous - en particulier le monde
développé - le devoir de ralentir ces tendances, en
réduisant les effets du changement climatique et en changeant la
façon dont nous utilisons l'énergie.
|
Nous, les tirets, ces.
|
Nous avons tous le devoir de ralentir ces tendances, ...et
en changeant la façon dont nous utilisons l'énergie
|
-
|
120
|
Mais nous pouvons également coopérer avec
les Africains pour transformer cette crise en occasion de
progrès.
|
Nous, cette.
|
Mais nous pouvons également coopérer
|
-
|
121
|
Ensemble, nous pouvons coopérer en faveur de notre
planète et de la prospérité et aider les pays à
accroître leur accès à l'énergie tout en sautant, en
contournant les phases les plus polluantes du développement.
|
Nous, notre.
|
Nous pouvons coopérer en faveur de notre
planète...
|
-
|
122
|
Pensez-y dans l'ensemble de l'Afrique, il existe de
l'énergie éolienne et solaire en abondance, ainsi que de
l'énergie géothermique et des biocarburants.
|
-
|
-
|
Pensez-y dans l'ensemble de l'Afrique
|
123
|
De la vallée du Rift aux déserts de
l'Afrique du nord ; de la Côte de l'Afrique de l'Ouest aux
récoltes de l'Afrique du sud, les dons inépuisables que procure
la nature à l'énergie propre et rentable à
l'étranger.
|
-
|
-
|
-
|
124
|
Il ne s'agit pas seulement des chiffres de croissance sur
un bilan comptable, il s'agit de savoir si un jeune doté d'une
éducation peut trouver un emploi qui lui permettra de nourrir sa
famille ; si un agriculteur peut amener ses produits au marché ou
si un homme d'affaires armé d'une bonne idée peut démarrer
une entreprise.
|
-
|
-
|
-
|
125
|
Il s'agit de la dignité du travail, d'une chance
que doivent pouvoir saisir les Africains au XXIème
siècle.
|
-
|
-
|
-
|
126
|
De même que la gouvernance est une condition
essentielle du progrès économique, elle revêt
également une importance cruciale dans le troisième domaine que
je voudrais à présent aborder, l'amélioration de la
santé publique.
|
Je
|
...que je voudrais à présent aborder
|
-
|
127
|
Ces dernières années, des progrès
énormes ont été accomplis dans certaines parties de
l'Afrique.
|
Ces
|
-
|
-
|
128
|
Les gens sont beaucoup plus nombreux à vivre avec
le VIH/ Sida de manière productive et à obtenir les
médicaments qu'il leur faut.
|
-
|
-
|
-
|
129
|
Je viens de visiter une merveilleuse clinique, un
hôpital spécialisé dans la santé maternelle.
|
Je
|
Je viens de visiter une merveilleuse clinique
|
-
|
130
|
Mais trop d'Africains périssent toujours de
maladies qui ne devraient pas les tuer.
|
-
|
-
|
-
|
131
|
Lorsque des enfants meurent d'une piqûre de
moustique et que des mères succombent lors d'un accouchement, nous
savons qu'il reste des progrès à faire.
|
Nous
|
Nous savons qu'il reste des progrès à
faire
|
-
|
132
|
Or, du fait des incitations souvent fournies par les pays
donateurs, beaucoup de médecins et d'infirmiers africains s'en vont
à l'étranger ou travaillent à des programmes qui luttent
contre une maladie unique.
|
-
|
-
|
-
|
133
|
Cette situation crée des lacunes en matière
des soins primaires et de prévention de base.
|
Cette
|
-
|
-
|
134
|
Par ailleurs, il appartient à tout un chacun de
faire sa part.
|
-
|
-
|
-
|
135
|
Il faut faire des choix responsables de nature à
prévenir la propagation de la maladie et à promouvoir la
santé publique dans la collectivité et dans le pays.
|
-
|
-
|
-
|
136
|
Ainsi, d'un bout à l'autre de l'Afrique, nous
voyons des exemples des gens qui s'attaquent à ces
problèmes.
|
Nous
|
Nous voyons des exemples des gens...
|
-
|
137
|
Au Nigeria, des chrétiens et des musulmans ont mis
en place un programme interconfessionnel de lutte contre le paludisme qui est
un modèle de coopération.
|
-
|
-
|
-
|
138
|
Ici au Ghana et dans toute l'Afrique, nous observons des
idées novatrices visant à combler les lacunes du système
de santé, par exemple des initiatives d'échanges d'informations
médicales par Internet qui permettent à des médecins
exerçant dans de grandes villes d'aider ceux de petites
agglomérations.
|
Ici, nous, ceux.
|
Nous observons des idées novatrices visant à
combler les lacunes
|
-
|
139
|
Les Etats-Unis appuieront ces efforts dans le cadre d'une
stratégie de santé exhaustive et mondiale.
|
Ces
|
-
|
-
|
140
|
Car au XXIème siècle, nous sommes
appelés à agir selon notre conscience et aussi dans notre
intérêt commun.
|
Nous, notre.
|
Nous sommes appelés à agir selon notre
conscience et aussi dans notre intérêt commun
|
-
|
141
|
Lorsqu'un enfant meurt à Accra d'une maladie
évitable, cela nous diminue partout.
|
Cela, nous.
|
Cela nous diminue partout
|
-
|
142
|
Lorsque dans un coin quelconque du monde on néglige
de s'attaquer à une maladie, nous savons qu'elle peut se propager
à travers les océans et d'un continent à l'autre.
|
Nous
|
Nous savons qu'elle peut se propager
|
-
|
143
|
C'est pourquoi mon gouvernement s'est engagé
à consacrer 63 milliards de dollars à relever ces
défis.
|
Mon, ces.
|
C'est pourquoi mon gouvernement s'est
engagé
|
-
|
144
|
En nous fondant sur les solides efforts du
président Bush, nous poursuivons la lutte contre le VIH/ Sida.
|
Nous
|
Et nous fondant sur les solides efforts du
président Bush, nous poursuivons la lutte...
|
-
|
145
|
Nous ne cesserons de chercher à enrayer la
mortalité due au paludisme et à la tuberculose et nous
travaillerons à éradiquer la poliomyélite.
|
Nous
|
Nous ne cesserons de chercher à enrayer... et nous
travaillerons à éradiquer la polio.
|
-
|
146
|
Il ne s'agit d'ailleurs pas de s'attaquer aux maladies
isolément : nous investirons dans des systèmes de
santé publique à même de prévenir la maladie et de
promouvoir le bien-être, en mettant l'accent sur la santé
maternelle et infantile.
|
Les deux points, nous.
|
Nous investirons dans des systèmes de santé
publique
|
-
|
147
|
En même temps que nous unissons nos efforts en
faveur d'une meilleure santé, nous devons également stopper la
destruction causée non pas par la maladie, mais par les êtres
humains.
|
Nous, nos.
|
En même temps que nous unissons nos efforts..., nous
devons également stopper...
|
-
|
148
|
C'est pourquoi le denier domaine que je vais aborder se
rapporte aux conflits.
|
Je
|
...que je vais aborder
|
-
|
149
|
Soyons bien clairs : l'Afrique ne correspond pas
à la caricature grossière d'un continent perpétuellement
en guerre.
|
Les deux points
|
Soyons bien clairs
|
Soyons bien clairs
|
150
|
Mais si l'on est honnête, pour beaucoup d'Africains,
le conflit fait partie de la vie ; il est aussi constant que le
soleil.
|
On
|
Si l'on est honnête
|
-
|
151
|
On se bat pour des territoires et on se bat pour des
ressources.
|
On
|
-
|
-
|
152
|
Et il est toujours facile à des individus sans
conscience d'entraîner des communautés entières dans des
guerres entre religions et entre tribus.
|
-
|
-
|
-
|
153
|
Tous ces conflits pèsent sur l'Afrique comme un
véritable boulet.
|
Ces
|
-
|
-
|
154
|
Nous sommes tous répartis selon nos
identités diverses, de tribu et d'ethnie, de religion et de
nationalité.
|
Nous, nos.
|
Nous sommes tous répartis selon nos
identités diverses...
|
-
|
155
|
Mais se définir par son opposition à une
personne d'une autre tribu, ou qui vénère un prophète
différent, cela n'a aucune place au XXIème.
|
Cela
|
-
|
-
|
156
|
La diversité de l'Afrique devrait être source
de force et non facteur de division.
|
-
|
-
|
-
|
157
|
Nous sommes tous enfants de Dieu.
|
Nous
|
Nous sommes tous enfants de Dieu
|
-
|
158
|
Nous partageons tous des aspirations communes : vivre
dans la paix et dans la sécurité ; avoir accès
à l'éducation et à la possibilité de
réussir ; aimer notre famille, notre communauté et notre
foi.
|
Nous, les deux points, notre.
|
Nous partageons tous des aspirations communes :...
aimer notre famille, notre communauté, notre foi
|
-
|
159
|
Voilà notre humanité commune.
|
Voilà, notre.
|
Voilà notre humanité commune
|
-
|
160
|
C'est la raison pour laquelle nous devons nous
élever contre l'inhumanité parmi nous.
|
Nous
|
Nous devons nous élever contre l'inhumanité
parmi nous
|
-
|
161
|
Il n'est jamais justifiable de cibler des innocents au nom
d'une idéologie.
|
-
|
-
|
-
|
162
|
C'est un arrêt de mort, pour toute
société, que de forcer des enfants à tuer dans une
guerre.
|
-
|
-
|
-
|
163
|
C'est une marque suprême de criminalité et de
lâcheté que de condamner des femmes à l'ignominie
continuelle et systématique du viol.
|
-
|
-
|
-
|
164
|
Nous devons rendre témoignage de la valeur de
chaque enfant au Darfour et de la dignité de chaque femme au
Congo.
|
Nous
|
Nous devons rendre témoignage...
|
-
|
165
|
Aucune région, aucune culture ne doit excuser les
atrocités qui leur sont infligées.
|
Aucune région, aucune culture ne doit
|
-
|
-
|
166
|
Nous devons tous rechercher la paix et la
sécurité nécessaires au progrès.
|
Nous
|
Nous devons tous rechercher la paix
|
-
|
167
|
On voit d'ailleurs des Africains se mobiliser pour cet
avenir.
|
On, cet.
|
On voit d'ailleurs des Africains...
|
-
|
168
|
Ici aussi, au Ghana, nous vous voyons contribuer à
montrer la voie.
|
Ici, nous, vous.
|
Nous vous voyons contribuer à...
|
Nous vous voyons contribuer à montrer la
voie
|
169
|
Soyez fiers, Ghanéens, de vos contributions au
maintien de la paix au Congo, au Libéria ou encore au Liban, ainsi que
de votre résistance au fléau du trafic de
stupéfiants.
|
Vos, votre.
|
-
|
Soyez fiers, Ghanéens, de vos contributions au
maintien de la paix au Congo, ...ainsi que de votre résistance au
fléau...
|
170
|
Nous nous félicitons des mesures que prennent des
organisations telles que l'Union africaine et la CEDEAO en vue de mieux
régler les conflits, de maintenir la paix et de soutenir ceux qui sont
dans le besoin.
|
Nous, ceux.
|
Nous nous félicitons des mesures que
prennent...
|
-
|
171
|
Et nous encouragerons la vision d'un cadre
sécuritaire régional puissant, capable de mobiliser une force
efficace et transnationale lorsque cela s'avère
nécessaire.
|
Nous, cela.
|
Nous encourageons la vision d'un cadre
sécuritaire
|
-
|
172
|
Il incombe aux Etats-Unis de travailler avec vous, en
tant que partenaire, à promouvoir cette vision non seulement par des
paroles mais aussi par des appuis qui renforcent les capacités de
l'Afrique.
|
Vous, cette.
|
-
|
Il incombe aux USA de travailler avec vous
|
173
|
Lorsqu'il y a génocide au Darfour ou des
terroristes en Somalie, ce ne sont pas simplement des problèmes
africains, ce sont des défis mondiaux à la
sécurité, exigeant une riposte mondiale.
|
-
|
-
|
-
|
174
|
C'est pourquoi nous sommes prêts à agir en
partenariat, tant par la diplomatie que par l'assistance technique et l'appui
logistique, et que nous soutiendrons les efforts visant à contraindre
les criminels de guerre à rendre des comptes.
|
Nous
|
Nous sommes prêts à agir en partenariat, et
que nous soutiendrons les efforts visant à contraindre les
criminels...
|
-
|
175
|
En outre, je tiens à le dire clairement :
notre commandement pour l'Afrique ne vise pas à prendre pied sur le
continent, mais à relever ces défis communs afin de renforcer la
sécurité des Etats-Unis, de l'Afrique et du reste du
monde.
|
Je, les deux points, notre, ces.
|
Je tiens à la dire clairement : notre
commandement pour l'Afrique ne vise pas à...
|
-
|
176
|
A Moscou, j'ai parlé de la nécessité
d'un système international où les droits universels des
êtres humains soient respectés et où les violations de ces
droits soient combattues.
|
Je, ces.
|
J'ai parlé de la nécessité...
|
-
|
177
|
Ceci doit inclure un engagement à soutenir ceux qui
règlent les conflits pacifiquement, à sanctionner et à
arrêter ceux qui ne le font pas, et à aider ceux qui ont
souffert.
|
Ceci, ceux.
|
-
|
-
|
178
|
Mais en fin de compte, ce seront des démocraties
dynamiques telles que le Botswana et le Ghana qui diminueront les causes des
conflits et élargiront les frontières de la paix et de la
prospérité.
|
Ce
|
-
|
-
|
179
|
Comme je l'ai déjà dit, l'avenir de
l'Afrique appartient aux Africains.
|
Je
|
Comme je l'ai déjà dit
|
-
|
180
|
Les peuples d'Afrique sont prêts à
revendiquer cet avenir.
|
Cet
|
-
|
-
|
181
|
Dans mon pays, les Afro-américains - dont un grand
nombre d'immigrés récents - réussissent dans tous les
secteurs de la société.
|
Mon, les tirets.
|
Dans mon pays
|
-
|
182
|
Cela, nous l'avons accompli en dépit d'un
passé difficile et nous avons puisé dans notre force dans notre
héritage africain.
|
Cela, nous, notre.
|
Cela, nous l'avons accompli en dépit d'un
passé difficile et nous avons puisé dans notre force et notre
héritage africain
|
-
|
183
|
Avec de puissantes institutions et une ferme
volonté, je sais que les Africains peuvent réaliser leurs
rêves à Nairobi et à Lagos, à Kigali et à
Kinshasa, à Harare et ici même à Accra.
|
Je, ici.
|
Je sais que les Africains peuvent réaliser leurs
rêves...
|
-
|
184
|
Vous savez, il y a cinquante deux ans, les yeux du monde
étaient rivés sur le Ghana.
|
Vous
|
-
|
Vous savez, il y a 52 ans, les yeux du monde
étaient...
|
185
|
Et un jeune prédicateur du nom de Matin Luther King
est venu ici, à Accra, pour voir amener les couleurs de l'Union Jack et
hisser le drapeau du Ghana.
|
Ici
|
-
|
-
|
186
|
Cet événement précédait la
marche sur Washington et l'aboutissement du mouvement des droits civiques dans
mon pays.
|
Cet, mon.
|
...et l'aboutissement du mouvement des droits civiques
dans mon pays
|
-
|
187
|
On a demandé à Martin Luther King quel
sentiment lui avait inspiré la vue de la naissance d'une nation, et il a
répondu : « cela renforce ma conviction que la justice
finit toujours par triompher ».
|
On, les deux points, les guillemets, cela, ma.
|
-
|
-
|
188
|
Aujourd'hui, ce triomphe doit être, une fois de
plus, renouvelé ; et c'est vous qui devrez le faire.
|
Aujourd'hui, ce, vous.
|
-
|
Et c'est vous qui devrez le faire
|
189
|
Ici, je m'adresse particulièrement aux jeunes,
à travers toute l'Afrique et ici même au Ghana.
|
Ici, je.
|
Ici, je m'adresse particulièrement aux
jeunes
|
-
|
190
|
Dans des endroits comme le Ghana, vous représentez
plus de la moitié de la population.
|
Vous
|
-
|
Vous représentez plus de la moitié de la
population
|
191
|
Et voici ce que vous devez savoir : le monde sera ce
que vous en ferez.
|
Voici, ce, vous, les deux points
|
-
|
Et voici ce que vous devez savoir : le monde sera ce
que vous en ferez
|
192
|
Vous avez le pouvoir de responsabiliser vos dirigeants et
de bâtir des institutions qui servent le peuple.
|
Vous, vos.
|
-
|
Vous avez le pouvoir de responsabiliser vos
dirigeants
|
193
|
Vous pouvez servir des communautés et mettre votre
énergie et votre savoir à contribution pour créer de
nouvelles richesses ainsi que de nouvelles connexions avec le monde.
|
Vous, votre.
|
-
|
Vous pouvez servir des communautés et mettre votre
énergie et votre savoir à...
|
194
|
Vous pouvez conquérir la maladie, mettre fin aux
conflits et réaliser le changement à partir de la base.
|
Vous
|
-
|
Vous pouvez conquérir la maladie
|
195
|
Vous pouvez faire tout cela.
|
Vous, cela.
|
-
|
Vous pouvez faire tout cela
|
196
|
Oui, vous le pouvez.
|
Vous
|
-
|
Vous le pouvez
|
197
|
Car en ce moment précis, l'histoire est en
marche.
|
Ce
|
-
|
-
|
198
|
Mais ces choses ne pourront se faire que si vous saisissez
la responsabilité de votre avenir.
|
Ces, vous, votre.
|
-
|
...que si vous saisissez la responsabilité de votre
avenir
|
199
|
Ce ne sera pas facile.
|
Ce
|
-
|
-
|
200
|
Cela exigera du temps et des efforts.
|
Cela
|
-
|
-
|
201
|
Il y aura des souffrances et des revers.
|
-
|
-
|
-
|
202
|
Mais je puis vous promettre ceci : l'Amérique
vous accompagnera tout le long du chemin, en tant que partenaire, en tant
qu'amie.
|
Je, vous, ceci, les deux points
|
Mais je puis vous promettre ceci
|
Mais je puis vous promettre ceci : l'Amérique
vous accompagnera
|
203
|
Cependant, le progrès ne viendra de nulle part
ailleurs, il doit découler des décisions que vous prendrez, des
actions que vous engagerez et de l'espoir que vous porterez dans votre
coeur.
|
Vous, votre.
|
-
|
...il doit découler des décisions que vous
prendrez, des actions que vous engagerez et que vous porterez dans votre coeur
|
204
|
Ghana, la liberté est votre
héritage.
|
Votre
|
-
|
Ghana, la liberté est votre héritage
|
205
|
A présent, c'est à vous que revient la
responsabilité de bâtir sur cette fondation de
liberté.
|
Vous, cette.
|
-
|
C'est à vous que revient la responsabilité
de bâtir...
|
206
|
Si vous le faites, nous pourrons, bien des années
plus tard, nous remémorer des lieux comme Accra et nous dire que c'est
à ce moment là que la promesse s'est réalisée, que
la prospérité s'est forgée, que la douleur a
été surmontée et qu'une nouvelle ère de
progrès a débuté.
|
Vous, nous, ce, là.
|
Nous pourrons nous remémorer des lieux comme Accra
et nous dire que c'est à ce moment là que...
|
Si vous le faites...
|
207
|
Ce moment peut être celui où nous verrons,
une fois de plus, triompher la justice.
|
Ce, celui, nous.
|
...où nous verrons une fois de plus
|
-
|
208
|
Oui, nous le pouvons.
|
Nous
|
Oui, nous le pouvons
|
-
|
209
|
Merci beaucoup.
|
-
|
Merci beaucoup
|
Merci beaucoup
|
210
|
Que Dieu vous bénisse.
|
Vous
|
-
|
Que Dieu vous bénisse !
|
211
|
Je vous remercie.
|
Je, vous.
|
Je vous remercie
|
Je vous remercie
|
Après avoir fait le repérage des
données pertinentes, nous allons relever, en termes de fréquence,
tous les énoncés et les classer selon qu'ils portent les marques
d'énonciation ou non, selon qu'ils font référence au
locuteur, à l'allocutaire ou au locuteur et à l'allocutaire
en même temps.
Tableau n°1 : Enoncés à
marques d'énonciation/ énoncés dépourvus de
marques
Types d'énoncés
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Enoncés à marques
d'énonciation
|
162
|
76,7 %
|
Enoncés dépourvus de marques
|
49
|
23,2 %
|
Total
|
211
|
100 %
|
Il ressort de ce tableau que le discours de Barack Obama
est beaucoup dominé par les énoncés portant au moins une
marque d'énonciation, 163, soit 77, 2%, que par ceux qui ne portent pas
de marques d'énonciation, 48/ 211, soit 22, 7%. Ce qui revient à
dire que ce discours est entièrement pris en charge par les
interlocuteurs. Le tableau suivant représente les énoncés
tels qu'ils font référence au locuteur, à l'allocutaire ou
à tous les deux partenaires de l'énonciation.
Tableau n°2 : Enoncés se
rapportant au locuteur, à l'allocutaire ou à tous les
deux
Types d'énoncés
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Enoncés relatifs au locuteur
|
90
|
55,5 %
|
Enoncés relatifs à l'allocutaire
|
25
|
15,4 %
|
Enoncés relatifs à tous les deux
|
12
|
7,4 %
|
Total
|
127
|
100 %
|
Ce tableau prouve que dans ce discours d'Obama, nombre
d'énoncés font référence au locuteur avec 90
énoncés, soit 55,5 %, sur l'ensemble de 127
énoncés ; tandis que 25 seulement, soit 15,4 %, se
réfèrent à l'allocutaire. Mais 12 énoncés
font, quant à eux, référence à tous les deux
interlocuteurs.
Mais il y a une autre catégorie
d'énoncés qui, bien que portant au moins une marque
d'énonciation, ne font aucunement référence ni au locuteur
ni à l'allocutaire. Ce qui nous amène à améliorer
le tableau précédent.
Tableau n°2 : Enoncés se
rapportant au locuteur, à l'allocutaire ou à tous les deux, et
ceux ne portant pas sur les interlocuteurs
Types d'énoncés
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Enoncés relatifs au locuteur
|
90
|
55,5 %
|
Enoncés relatifs à l'allocutaire
|
25
|
15,4 %
|
Enoncés relatifs à tous les deux
|
12
|
7,4 %
|
Enoncés ne portant pas sur les
interlocuteurs
|
35
|
21,6 %
|
Total
|
162
|
100 %
|
Section 3 : Evaluation des
données
Dans cette section, nous allons évaluer ou analyser
ce discours selon les pronoms d'interlocution, les modalités, la
ponctuation, les formules conatives ou de bienséance. Selon les pronoms
d'interlocution, nous distinguons les pronoms personnels, démonstratifs
ainsi que les présentatifs. Au sujet des modalités, nous allons
nous appesantir sur les verbes tels que vouloir, pouvoir, être, douter,
croire, etc. Sur la ponctuation, nous nous intéresserons à tout
ce qui apparaît comme signes de ponctuation dans ce discours. Rentrent
aussi dans cette catégorie, les formules de bienséance qui
contiennent des marques, manifestes ou non, d'énonciation et les
déictiques spatio-temporels.
3. 3. 1. Les pronoms
d'interlocution
a) Pronoms personnels
Ils remplissent, dans ce discours, les mêmes
fonctions que les noms. Ils sont employés comme des
sujets :
E11 : Je vous parle à la
fin d'un long voyage ;
E21 : Nous devons partir
du principe qu'il revient aux Africains de décider de l'avenir de
l'Afrique
Nous remarquons bel et bien que les pronoms Je et nous
sont des sujets faisant l'action dans cette phrase.
Mais également comme objets lorsqu'ils sont
compléments d'objet :
E1 : Ça me plaît ! Cela
nous diminue partout
Dans cet énoncé, le pronom personnel est
objet parce que complément d'objet indirect ; l'on pourrait bien
poser la question ça plaît à qui ? Et y
répondre ça plaît à me.
b) Pronoms démonstratifs
Ils désignent, sans les nommer, les êtres que
l'on montre, ou dont on va parler, ou dont on vient de parler. Il y a des
démonstratifs considérés comme purs
déictiques :
E202 : Mais je puis vous promettre
ceci : l'Amérique vous accompagnera tout le long du chemin, en tant
que partenaire, en tant qu'amie
Le démonstratif ceci montre ce que Barack
Obama promet aux Africains : le fait que l'Amérique s'emploiera
à travailler avec l'Afrique comme partenaire et amie.
Mais également ceux qui se combinent avec un
nom :
E180 : Les peuples d'Afrique sont
prêts à revendiquer cet avenir.
Dans cet énoncé, Obama montre l'avenir comme
objet de revendication des Africains. Mais il montre ce dont on a
déjà parlé :
E179 : le démontre si bien :
comme je l'ai dit, l'avenir de l'Afrique appartient aux Africains.
A ce niveau, il sied de parler de la notion de contexte
qui est différent de celle du cotexte.98(*) L'on parle du cotexte lorsque les unités
linguistiques (ce et ce) se succèdent
immédiatement, c'est l'environnement discursif.
Et le contexte, quant à lui, fait allusion à
l'environnement est extralinguistique.
E20 : Ce partenariat doit se
fonder sur la responsabilité mutuelle et sur le respect mutuel :
c'est ce dont je tiens à vous parler
Le premier ce, en tant que déictique
anaphorique, relève du contexte tandis que le deuxième
ce, en tant que déictique situationnel, participe du cotexte.
Ce dernier indique toujours ce dont on vient de parler dans un même
énoncé ou dans le précédent.
c) Présentatifs
Ces éléments (voici/ voilà) ont servi
à signaler à l'attention de l'allocutaire l'apparition de
nouveaux référents :
E191 : Et voici ce que vous devez
savoir : le monde sera ce que vous en ferez ;
Ou encore
E159 : voilà notre humanité
commune.
La seule différence que nous pouvons
dégager, à ce niveau, est que voici présente ce
qui vient après le propos et cela indique ce qui vient
d'être énoncé ou ce dont vient de parler dans la même
phrase ou dans une phrase précédente.
d) L'identité dans l'emploi de
« je ».
Ce pronom personnel remplace, dans ce discours, Barack
Obama qui est le locuteur.
-
« Je » comme Président des
USA, africain ou encore père de famille.
E87 : J'ai demandé à mon
gouvernement d'accorder davantage d'attention à la corruption dans notre
rapport sur les droits de l'homme
Il parle en tant que président des Etats-Unis
d'Amérique et il engage, par cet acte de parole, son gouvernement
à respecter ce qu'il dit.
Mais il parle encore comme un natif du continent
africain :
E23 : Après tout, j'ai du sang
africain dans les veines, et l'histoire de ma famille englobe aussi bien les
tragédies que les triomphes de l'histoire de l'Afrique dans son
ensemble
Et enfin, comme père de famille :
E06 : Je suis très reconnaissant de
l'accueil que j'ai reçu, tout comme le sont Michelle, Malia et Sacha
Obama.
- « Je » comme Auteur de la
parole (sujet d'énoncé) ou énonciateur
(sujet d'énonciation). Il est auteur de la parole ou sujet
d'énoncé quand il dit :
E08 : Je voudrais remercier la
présidente et tous les membres de la chambre des représentants de
nous accueillir aujourd'hui
Ce que Obama dit ne lui est dicté par aucune
instance énonciative, il est la personne reçue à
Accra ; c'est pourquoi il remercie ceux qui l'ont accueilli avec sa
famille.
Et il est énonciateur ou sujet d'énonciation
quand il énonce :
E19 : Je ne considère donc pas les
pays et les peuples d'Afrique comme un monde à part ; je
considère l'Afrique comme une partie fondamentale de notre monde
interconnecté, comme un partenaire des Etats-Unis en faveur de l'avenir
que nous souhaitons pour tous nos enfants
Dans cet énoncé, ce dont parle Obama
relève de l'expérience personnelle et même de l'histoire du
monde entier. C'est en réalité un reproche qu'il fait à
ceux qui ont considéré l'Afrique comme leur vache à lait,
comme un continent qui leur sert de base de réserve pour leur survie et
leur épanouissement ; ce, au détriment des populations
locales. C'est qu'il fustige ce comportement mais sans accuser
personne.
Mais le sujet d'énonciation coïncide avec le
sujet d'énoncé dans l'énoncé :
E211 : Je vous remercie
Celui qui remercie est en même temps auteur de la
parole et initiateur de ce processus d'énonciation.
A ce niveau, nous pouvons expliciter la notion de sujet
parlant et de la polyphonie. Il transparaît dans ce discours que le sujet
parlant dispose de deux identités :
- une identité sociale c'est-à-dire
quand il est celui qui prend la parole et pourvu d'une intention communicative,
c'est le locuteur :
E11 : Je vous parle à la fin d'un
long voyage
Délibérément, Obama prend la parole
pour informer les Ghanéens de son voyage qui l'a amené en Russie
et en Italie. Il est clair qu'il a cette intention de communiquer.
- une identité discursive qui
définit le sujet parlant comme un être de langage qui s'exprime
à travers la mise en oeuvre du processus d'énonciation. C'est
l'énonciateur :
E19 : Je ne considère donc pas les
pays et les peuples d'Afrique comme un monde à part ; je
considère l'Afrique comme une partie fondamentale de notre monde
interconnecté, comme un partenaire des Etats-Unis en faveur de l'avenir
que nous souhaitons pour tous nos enfants
Il s'inspire de la déconsidération dont les
peuples africains sont victimes depuis la nuit des temps. Puisque certaines
autres grandes puissances et certains anciens présidents des Etats-Unis
d'Amérique n'ont pas considéré l'Afrique comme partenaire,
Obama ne veut pas isoler l'Afrique dans la résolution de certains
problèmes qui taraudent la mémoire africaine. C'est un
partenariat qu'il veut signer avec les Africains et une sorte de
réprimande à l'endroit de ceux qui avaient agi de la
sorte.
Par ailleurs, il y a opposition entre production et
réception. Cette opposition renvoie aux rôles que tiennent les
partenaires d'un échange verbal lors de son déroulement.
Successivement et alternativement, ils tiennent le rôle de celui qui
produit l'acte de langage à l'adresse d'un autre, et de celui qui
reçoit un acte de langage et tente de
l'interpréter :
E203 : Cependant, le progrès ne
viendra de nulle part ailleurs, il doit découler des décisions
que vous prendrez, des actions que vous engagerez et de l'espoir que vous
porterez dans votre coeur
La notion de la polyphonie est de nouveau
avérée. C'est après avoir constaté que toutes les
grandes puissances ne servent que leurs intérêts, qu'Obama invite
les peuples africains à poser des actes positifs d'appréciation
afin de prendre leur destin en mains et réaliser leur progrès.
Cela revient à dire qu'aucun énoncé dans ce discours n'est
prononcé par pur hasard. Tout ce dont il parle, il le sait pertinemment
bien et le tient de son expérience personnelle ainsi que de l'histoire.
Il n'est donc pas externe à ce discours.
e) Le « nous » : inclusif ou
exclusif
Il est inclusif quand il inclut le locuteur et son ou ses
interlocuteur(s) donc, moi+tu ou vous ; et il est exclusif quand il est
composé de moi+il ou ils :
E119 : Nous avons tous - en particulier le
monde développé - le devoir de ralentir ces tendances, en
réduisant les effets du changement climatique et en changeant la
façon dont nous utilisons l'énergie
Le nous est exclusif parce que ceux à qui
il parle ne sont pas concernés par ce propos relatif à la
pollution de l'environnement. Ce qui justifie l'emploi des tirets dans cet
énoncé ; et l'incise encadrée par ce tiret, en donne
la précision. C'est dire qu'Obama invite ceux qui polluent
l'environnement, y compris les Etats-Unis d'Amérique, à
réduire les effets du changement climatique et à utiliser
l'énergie de façon efficiente.
Mais le nous est également inclusif :
E121 : Ensemble, nous pouvons
coopérer en faveur de notre planète et de la
prospérité et aider les pays à accroître leur
accès à l'énergie tout en sautant, en contournant les
phases les plus polluantes du développement
Ici, le nous est inclusif parce qu'il est
formé de Je, celui qui parle, et de vous, ceux
à qui il parle. Bien qu'Obama parle, dans cet énoncé,
à tous ses auditeurs, il s'adresse avant tout à ceux qui
l'écoutent immédiatement, les Ghanéens.
2.3.2. Le pronom indéfini
On
En général, les pronoms indéfinis
servent à désigner d'une manière vague et
indéterminée, des personnes ou des choses dont l'idée est
exprimée ou non, avant ou après.99(*)
Il peut recevoir une interprétation
générique :
E151 : On se bat pour des territoires et
on se bat pour des ressources
Le terme est vraiment générique parce qu'on
ne sait pas qui se bat pour les territoires et pour les richesses. Mais
à y voir attentivement, ceux qui se battent pour les territoires peuvent
être les grandes puissances pour raison d'hégémonie et
aussi les peuples autochtones entre eux pour raison d'espace vital.
Le pronom indéfini on est non
générique et peut s'identifier aux pronoms personnels je, tu
ou il avec lesquels il commute, mais il est toujours en position de sujet du
verbe.
E167 : On voit d'ailleurs des
Africains se mobiliser pour cet avenir.
Il appert que ce pronom indéfini
« on » a un caractère insaisissable en ce
sens qu'il est moins une unité désignant un
référent fixe qu'une frontière entre ce qui est
identifiable et ce qui ne l'est pas.
3. 3. 3. Les déictiques
spatio-temporels
- Temporels
Ces déictiques sont identifiés à
partir du point de repère des indications temporelles. Ce point de
repère est le moment d'énonciation. Ainsi, le morphème
aujourd'hui utilisé dans ce discours peut se rapporter au temps
de l'énonciation :
E60 : Aujourd'hui, je parlerai
tout particulièrement de quatre domaines qui sont essentiels pour
l'avenir de l'Afrique et tous les pays en voie de développement :
la démocratie, les possibilités économiques, la
santé et le règlement pacifique des conflits
Ici, Aujourd'hui veut dire au moment où il parle
ici et maintenant ; c'est-à-dire que demain il ne parlera
certainement d'autres choses et exactement pas au même moment. Donc, cet
aujourd'hui a une visée durative fermée.
Mais ce morphème ne garde pourtant pas la
même signification ou n'a pas la même compréhension
partout :
E188 : Aujourd'hui, ce triomphe
doit être, une fois de plus, renouvelé ; et c'est vous qui
devrez le faire
Dans cet énoncé, il est quelque peu
nuancé et revêt une visée durative ouverte. Cet
aujourd'hui est continuel dans le temps, dans la chronologie. Si ce
triomphe n'est pas renouvelé aujourd'hui, il le sera peut être
demain ou après demain. Il y a également des déictiques
temporels tels que : durant, jouur après jour, année par
année.
- Spatiaux
Nous avons identifié, dans ce discours, deux
déictiques spatiaux, ici et là, grammaticalement entendus comme
adverbes de lieu. « Ici » a deux valeurs
distinctes.
Il renvoie à un lieu qui englobe
l'énonciateur au moment même de l'énonciation :
E168 : Ici aussi, au Ghana, nous
vous voyons contribuer à montrer la voie
Ici dans cet énoncé,
indique l'endroit où se trouve Obama quand il parle.
Cet adverbe Ici peut indiquer parfois un endroit
autre que celui dans lequel se trouve l'énonciateur, il montre, à
ce titre, la direction ou un autre endroit que l'énonciateur
détermine à l'extérieur de lui-même :
E189 : Ici, je m'adresse
particulièrement aux jeunes, à travers toute l'Afrique et ici
même au Ghana
Nous pouvons donc retenir, dans cet énoncé
que le premier adverbe ici indique un endroit à
l'extérieur de l'énonciateur et le deuxième ici,
lui, indique le lieu qui englobe même l'énonciateur.
Le déictique
« Là », le plus souvent dans la langue
française, neutralise l'opposition entre lui et ici et marque une
localisation indépendamment de la prise en compte du degré de
proximité :
E113 : Et là où il
y a une bonne gouvernance, nous pouvons étendre la
prospérité par le truchement des partenaires entre les secteurs
public et privé qui investiront dans l'amélioration des
routes et des réseaux électriques...
L'endroit auquel Barack Obama fait allusion n'est ni fixe
ni précis ; il est volatile et difficile à localiser. Il
peut s'identifier à tout endroit que l'énonciateur pourrait
éventuellement indiquer.
Mais il change de signification et être
utilisé comme indicateur de ce dont on parle, a parlé ou
parlera.
E40 : Or, nous savons que ce n'est pas
là toute l'histoire
Ce là renvoie au contexte historique de
l'Afrique ; en d'autres termes, il veut dire que l'histoire de l'Afrique
n'est seulement composée de l'histoire de sa famille, il y a tant
d'autres événements dont il n'a pas parlé.
Mais ce déictique indique également un
moment éloigné par rapport au temps de
l'énonciation :
E206 : Si vous le faites, nous pourrons,
bien des années plus tard, nous remémorer des lieux comme Accra
et nous dire que c'est à ce moment-là que la promesse
s'est réalisée, que la prospérité s'est
forgée, que la douleur a été surmontée et qu'une
nouvelle ère de progrès a débuté
Il y a donc l'idée d'opposition à ici et
maintenant. Là est tourné vers le futur dans cette
perspective.
3. 3. 4. La ponctuation
a) les guillemets s'emploient pour
encadrer une citation ou encore un discours direct :
E187 : On a demandé à Martin
Luther King quel sentiment lui avait inspiré la vue de la naissance
d'une nation, et il a répondu : « cela renforce ma
conviction que la justice finit toujours par
triompher ».
C'est bien clair qu'Obama reproduit le propos que Martin
Luther King avait tenu il y a cinquante deux ans.
b) les deux points sont
employés pour annoncer :
Ø Une citation :
E187 : On a demandé à Martin
Luther King quel sentiment lui avait inspiré la vue de la naissance
d'une nation, et il a répondu : « cela renforce ma
conviction que la justice finit toujours par triompher »
Comme nous l'avons évoqué ci-haut, la
citation est bel et bien identifiable dans cet énoncé qui
reproduit le discours de Martin Luther King.
Ø Une énumération :
E60 : Aujourd'hui, je parlerai tout
particulièrement de quatre domaines qui sont essentiels pour l'avenir de
l'Afrique et de tous les pays en voie de développement : la
démocratie, les possibilités économiques, la santé
et le règlement pacifique des conflits.
Parce qu'il était appelé à faire
preuve de son intelligence et de l'intérêt porté sur le
continent de ses aïeux, Barack Obama a axé son propos sur quatre
points essentiels énumérés ci-haut. Cette
énumération paraît comme le condensé de tout son
propos du jour.
Ø Une explication :
E14 : Et me voici, enfin, au Ghana pour
une simple raison : le XXIème siècle sera
influencé par ce qui se passera non seulement à Rome et à
Moscou ou à Washington, mais aussi à Accra ;
Le Ghana est un pays qui a fait preuve de maturité
démocratique. Le passage du bâton de commandement du parti au
pouvoir, avec l'ancien président John Kuffor, vers l'opposition avec
l'actuel John Atta Mills en est la preuve tangible. C'est ainsi que Obama,
lui-même issu du parti démocrate aux Etats-Unis, donne la raison
pour laquelle il a choisi le Ghana comme pays hôte et à partir
duquel il devrait s'adresser à tous les Africains.
Ø Une conséquence :
E45 : Ce progrès ne possède
sans doute pas l'aspect dramatique des luttes de libération du
XXème siècle, mais que personne ne s'y trompe :
il sera, en fin de compte, plus significatif
L'énonciateur appelle les Africains à la
vigilance car le progrès qu'ils appellent de tout leur voeu n'a rien de
dramatique en lui. Si alors ces Africains se comportent de la sorte,
subséquemment ce progrès sera inévitablement
réalisé.
Ø Une analyse :
E149 : Soyons bien clairs :
l'Afrique ne correspond pas à la caricature grossière d'un
continent perpétuellement en guerre
L'analyse d'Obama est à la fois une interpellation
à l'endroit des Africains en ce sens qu'ils se laissent manipuler par
les forces rebelles, souvent soutenues par des grandes puissances qui y font
main basse ; et une menace à l'endroit de ces prédateurs et
autres acteurs de guerre qui cherchent à tout prix à criminaliser
le continent africain et tirer leur gibier.
Ø La synthèse de ce qui
précède :
E191 : Et voici ce que vous devez
savoir : le monde sera ce que vous en ferez
Après leur avoir parlé en long et en large,
Obama leur donne alors l'idée maîtresse telle un leitmotiv, une
maxime qui doit s'ériger en mode de vie au quotidien des
Africains.
d) le tiret utilisé pour
séparer des mots, des propositions :
E32 : Toutefois, malgré les
progrès obtenus - et il y a eu des progrès considérables
dans certaines parties de l'Afrique - nous savons aussi que cette promesse est
encore loin de se réaliser
Pour préciser ou donner une idée
complémentaire :
E119 : Nous avons tous - en
particulier le monde développé - le devoir de ralentir ces
tendances, en réduisant les effets du changement climatique et en
changeant la façon dont nous utilisons l'énergie
En grammaire, cette incise donne la
précision ; mais dans l'énonciation, nous pouvons dire que
cette incise est un message approprié pour un destinataire
approprié. Car, au sujet de la pollution de l'environnement et du
changement climatique, Obama ne pouvait s'adresser qu'aux pays
industrialisés tels qu'il les appelle monde développé.
C'est là même la polyphonie.
3. 3. 5. Les modalités
Elles sont introduites par certains verbes tels que
vouloir, pouvoir, être, douter, croire. Ces verbes peuvent être
à la forme négative ou affirmative, alors ils dégagent
l'idée de volonté :
E68 : Personne ne veut vivre dans
une société où la règle de droit cède la
place à la loi du plus fort et à la corruption.
Le locuteur met en garde tous les corrupteurs, corrompus
et corruptibles et rassure et encourage les populations civiles à briser
la spirale du silence lorsque celui-ci s'avoue moins fort que la parole. C'est
dire qu'il les invite à ne pas tolérer la corruption et à
inciter les pouvoirs publics à appliquer la force de la loi et non la
loi de la force. Ici, il accomplit l'acte assertif et même directif par
qu'il interpelle en même temps, les pays africains à la
règle de droit.
Ø L'idée du devoir :
E165 : Aucune région, aucune
culture ne doit excuser les atrocités qui leur sont
infligées
Les pouvoirs publics africains et les gouvernements sont
conviés ici au respect des droits de l'homme où qu'il se
trouve ; et les peuples, souverain primaire, à être trop
regardant à leur endroit et à sanctionner ceux qui bafouent la
dignité humaine et les droits humains. En termes d'actes de langage, la
force illocutoire renfermée dans cet énoncé est l'acte
directif. Il appelle les Africains à ne pas laisser leurs dirigeants
commettre des atrocités dont ils sont victimes.
Ø L'idée de
possibilité :
E66 : Aucun pays ne peut
créer de richesse si ses dirigeants exploitent l'économie pour
s'enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être
achetés par des trafiquants de drogue.
Encore une fois de plus, Obama prône le respect des
droits de l'homme, les policiers qui sont appelés à ne pas
transiger lorsqu'il y a un cas de justice ; mais il s'appesantit plus sur
la bonne gouvernance en vue d'une forte économie susceptible de
déboucher sur la richesse de tous les peuples et non d'une classe
restreinte, l'embourgeoisement et l'enrichissement illicites. L'acte de langage
est très assertif.
Ø L'idée de conviction :
E91 : Avec une meilleure gouvernance,
je ne doute pas que l'Afrique tiendra sa promesse de créer une
plus vaste base pour la prospérité
La bonne gouvernance est la clé de voûte pour
développer les pays pauvres. Et c'est à cela qu'Obama exhorte les
pays africains en vue d'une prospérité qui perdure. Ici, Obama
est trop expressif, il révèle ses convictions par rapport
à l'économie des pays africains.
Ø L'idée de
nécessité :
E66 : Aucun pays ne peut
créer de richesse si ses dirigeants exploitent l'économie pour
s'enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être
achetés par des trafiquants de drogue
Il y a nécessité de bien payer les policiers
pour qu'ils fassent leur travail comme il se doit sans complaisance. Il y a
également nécessité de créer la richesse mais
à condition que les dirigeants de différents Etats exploitent
à bon escient l'économie de leurs pays respectifs.
3. 3. 6. Les formules de
bienséance ou conatives
Très souvent dans les formules de
bienséance, le « Je » est
occulté :
E04 : Bon après-midi à
tous !
L'on identifie dans cet énoncé la fonction
conative de la communication. Celui qui souhaite un bon après-midi aux
autres n'est explicitement identifiable, la marque d'énonciation est non
manifeste, le je étant occulté. Or, il n'y a que celui
qui est doté de l'intention communicative à l'endroit de ceux qui
l'écoutent qui peut souhaiter un bon après-midi à
ceux-ci.
Mais, dans certaines formules de bienséance, le
je est manifeste :
E211 : Je vous remercie !
Ces remerciements ne sont pas à confondre avec ceux
dont il a fait montre lorsqu'il est accueilli. Ici, il les remercie de lui
avoir accordé l'attention tout au long de son allocution. Mais la
formule utilisée reste la même.
3. 3. 7. Eléments
intertextuels
Ø Allusion :
E03 : J'aime bien le son, cela me rappelle
Louis Armstrong
Louis Armstrong est trompettiste américain de la
ville de Floride dans l'Etat de la Louisiane aux Etats-Unis. En
appréciant ce son qui retentit pour l'accueillir, Obama fait allusion
à celui de Louis Daniel Armstrong, un autre noir américain, il
prouve, à ce sujet, qu'il est non seulement président
américain mais également un Africain appréciant les
siens.
Ø Pastiche ou parodie :
E21 : Nous devons partir du principe qu'il
revient aux Africains de décider de l'avenir de l'Afrique
En disant cela, Obama reprend l'idée de l'ancien
président américain, Théodore Woodrow Wilson auteur du
principe : l'Amérique aux Américains.
Ø Parole d'autres
personnes :
E187 : On a demandé à Martin
Luther King quel sentiment lui avait inspiré la vue de la naissance
d'une nation, et il a répondu : « cela renforce ma
conviction que la justice finit toujours par triompher »
Nous n'avons pas trouvé cette parole de Martin
Luther dans un document quelconque, mais parce que lui-même Obama le dit
bien on a demandé à Martin Luther King, cela signifie
que c'est la parole d'une autre personne. C'est ainsi que nous classons cet
énoncé dans la catégorie des éléments
intertextuels se rapportant aux paroles d'autres personnes.
Cette évaluation nous a permis de comprendre que
lorsque les hommes politiques parlent, leurs propos sont toujours
polysémiques. Ce qui requiert une grille de lecture attentive et
appropriée pour mieux cerner la substance de leurs propos. L'approche
pour laquelle nous avons opté a joué également un
rôle prépondérant dans cette évaluation en ce sens
qu'elle nous a permis, le cas échéant, de dégager les
différentes positions que prend Obama face aux enjeux mondiaux en
général et ceux africains en particulier.
Le deuxième enseignement que nous avons tiré
de cette évaluation est que, du point de vue théorique, un
destinataire n'est l'égal de l'allocutaire ; car dans
l'activité discursive, il apparaît d'autres instances
énonciatives qui, par leur évidence, dictent voire, influent sur
l'énonciation et même sur l'énonciateur. Nous l'avons
démontré tout au long de cette analyse ; et dans le cadre de
ce travail, le locuteur est beaucoup plus énonciateur que
locuteur.
L'approche énonciative, quant à elle,
englobe en son sein trois théories à savoir, l'appareil
énonciatif selon Emile Benveniste, la polyphonie selon Oswald Ducrot
ainsi que la notion du sujet parlant telle que déployée par
Dominique Maingueneau et Patrick Charaudeau. Ces trois approches se tiennent et
nous ont suffisamment éclairé dans la recherche du statut de
l'énonciateur et de l'allocutaire. La tache nous a semblé quelque
peu aisée dans l'analyse de ce corpus en vue d'en saisir le vrai sens et
les contours quoi que l'analyse ait exigé, de notre part, une attention
soutenue pour parvenir aux résultats attendus.
Interprétation des données
Avant de commencer cette interprétation, nous
devons partir du principe selon lequel tout discours, tout texte, quels qu'ils
soient, sont muets en ce sens qu'il n'y a pas des mécanismes
susceptibles d'éclairer ou mieux de dévoiler les intentions
réelles sous-jacentes à ce discours ou à la
rédaction d'un texte. La tache étant dorénavant
compliquée et même complexe, nous avouons que les
interprétations que nous allons faire à propos de ce discours, ne
sont pas une sinécure, une perfection. C'est ainsi que nous laisserons
toujours une certaine béance dans notre interprétation.
Ceci étant, il ressort de cette analyse que Obama,
parmi ses frères et soeurs africains, apparaît tout d'abord comme
un conseiller de l'Afrique, mieux des Africains. Dans tous ses propos, il ne
cesse d'interpeller ses congénères à prendre des
décisions positives en acceptant les responsabilités qui sont les
leurs pour un meilleur avenir. C'est ainsi qu'il met en exergue le principe qui
dispose que l'avenir des Africains dépend des Africains et leur
progrès ne viendra de nulle part ailleurs que d'eux-mêmes.
Cette assertion est soutenue par le fait que le discours
en soi est totalement pris en charge par l'énonciateur et l'allocutaire.
Mais la plupart des énoncés qui portent les marques
d'énonciation se rapportent plus à l'énonciateur
qu'à l'allocutaire. Ce qui prouve qu'il est initiateur de ce processus
d'énonciation ; il est toujours en duo avec son allocutaire ou
interlocuteur. Le fait qu'il ait déjà dit qu'il a aussi du sang
africain dans ses veines, mettait déjà son interlocuteur dans une
position très confortable et de confiance.
Toutefois, il ne pouvait se parler à
lui-même ; c'est ainsi qu'apparaît aussi l'allocutaire, bien
que la fréquence de ses interventions énonciatives soit faible en
termes de pourcentage. Tel est le cas parce que l'allocutaire, dans ce
discours, est en quelque sorte récepteur passif certes, mais
présent dans cette allocution. Le locuteur énonciateur l'enjoint
à l'action chaque fois qu'il prononce des paroles d'appel et
d'interpellation telles que : cela, vous le pouvez, nous pouvons
ensemble, ce n'est plus l'époque Nkrumah et Diomo Kenyatta, c'est vous
hommes et femmes du Parlement ghanéen, etc. ce qui justifie
d'ailleurs la présence récurrente du tandem Je-tu dans ce
discours.
Le récepteur paraît inactif alors que chaque
fois que Barack Obama parle il accomplit l'un des actes de langage :
directif, assertif, promissif, déclaratif, expressif. Ce qui confirme
que le locuteur énonciateur enjoint le récepteur à son
action.
CONCLUSION
Ce travail a tourné autour du discours de Barack
Hussein Obama devant le Parlement ghanéen à Accra. Cette
recherche était mobilisée autour de la question
suivante : Quel est le statut de l'énonciateur et celui du
destinataire dans le discours d'Obama à Accra ? La réponse
provisoire ou l'hypothèse était formulée de la
manière suivante : l'énonciateur est à la fois
locuteur (sujet d'énoncé) et énonciateur (sujet
d'énonciation) ; et également le destinataire est à
la fois destinataire et allocutaire. Notre corpus était composé
d'un seul texte, le discours même de Barack Obama qui comptait dans
son ensemble, 211 énoncés ; et nous avons l'énoncé
comme unité d'enregistrement, l'énoncé.
Pour parvenir aux résultats de notre recherche,
nous avons commencé par classer tous les énoncés dans un
tableau en vue d'en relever les marques d'énonciation ou de discours.
Après ce classement des énoncés dans le tableau, nous
avons dégagé toutes les références nominales au
locuteur et à l'allocutaire et aussi à tous les deux,
c'est-à-dire le locuteur et l'allocutaire.
Nous avons ensuite réparti les
énoncés selon qu'ils portent au moins une marque
d'énonciation tout en cherchant aussi à savoir combien en sont
dépourvus. Cette étape était suivie de l'évaluation
des données, de la synthèse de cette évaluation et de
l'interprétation des résultats.
Après tout ce travail, nous pouvons dire que notre
hypothèse est confirmée en ce sens que Barack Obama, bien
qu'étant beaucoup plus énonciateur que locuteur dans ce discours,
il revêt tout de même le double statut, locuteur et
énonciateur ; et l'allocutaire également a un double.
Tantôt Obama s'adresse au destinataire, tantôt aux auditeurs. Tout
porte donc à croire que l'initiateur de ce processus
d'énonciation est bel et bien Barack Obama. Dans la majorité,
c'est lui qui prend en charge toute l'allocution et la tient du début
à la fin. On peut le constater à travers les pronoms Je et nous
qui montrent que, non seulement le locuteur est énonciateur, mais qu'en
plus, il engage l'allocutaire/ destinataire à l'action.
BIBLIOGRAPHIE
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- WOLTON D., Communiquer c'est cohabiter, essai,
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II. MEMOIRES ET THESES
- BAKANKUMU SAMA, Discours de Laurent
Désiré Kabila du 17 mai 1997 au 2 août 1998, la
pragmatique énonciative, Mémoire, Kinshasa, IFASIC, 2000.
- ELITE IPONDO, G. G., Eglise et démocratie:
Analyse du discours politique de l'épiscopat catholique du Congo,
Approche sémio-pragmatique, thèse de doctorat, IFASIC, Kinshasa,
2005.
- KOKOLO H., L'Exotopie des intellectuels Kinois,
Thèse de doctorat, IFASIC, Kinshasa 2007.
- TSHELA BAMUBILE M.C., La transition politique
congolaise et les discours politiques de quatre vice-présidents,
approche sémio narrative, Mémoire, Kinshasa, IFASIC,
2005.
- TSHINGUTA MUKENDI, Les promesses dans les discours
de Joseph Kabila, Analyse de contenu, Mémoire, Kinshasa, IFASIC,
2002.
III. ARTICLES
- LIONNET C., Etats-Unis : Où sont
passés les wasp ? in Jeune Afrique n° 2575 du 16 au 22 mai
2010.
IV. REVUES
- DIKANGA KAZADI, J.-M., « La communication politique
dans l'espace public médiatique. Cas du processus de
démocratisation en République Démocratique du Congo
1990-1997 », in 40 ans d'indépendance. Mythes et
Réalités ? Questions politiques, Tome IV, Lubumbashi, PUL,
2004.
V. WEBOGRAPHIE
- AMANDA R., «
The
Story of Barack Obama's Mother», in Le Times du 09 avril
2008.
- COSTE P., «
Qui
est Barack Obama? », in
L'Express
du 17 janvier 2008.
- GRANGEREAU P., « Obama plus ferme que Bush sur
Jérusalem », in Libération et Reuters du 7 juin,
consulté 2 juillet 2009.
- JAUBERT A., « Dire et plus ou moins dire.
Analyse pragma-énonciative de figures (euphémisme et
litote) », in Atelier de théorie littéraire de la
Journée CONSCILA du 19 octobre 2007, Université de Nice
Sophia-Antipolis, ILF, CNRS UMR 6039, 2007.
- LESNES C., « Dick Cheney, un nationaliste sans
état d'âme », in Le Monde du 16 janvier
2009.
-
http://www.Wolton.cmms.fr/glossaire/-espace-public.htm
TABLE DES MATIERES
Epigraphe........................................................................................I
In
memoriam....................................................................................II
Dédicace..........................................................................................III
Remerciements
................................................................................IV
0.
INTRODUCTION
1
1. ETAT DE LA QUESTION
1
2. ETAT DE LA LITTERATURE
4
3. PROBLEMATIQUE
6
4. HYPOTHESE
7
5. METHODES ET TECHNIQUES D'APPROCHE
7
6. DELIMITATION DU SUJET
8
7. DIVISION DU TRAVAIL
8
PREMIER CHAPITRE : CONSIDERATIONS
CONCEPTUELLES ET THEORIQUES
10
Section 1 : Considérations
conceptuelles
10
1.1. Communication
10
1. 2. Communication politique
12
1. 2. 1. Communication politique et espace
public
14
1. 2. 2. Communication politique comme agir
politique
16
1. 2. 3. Caractéristiques de la
communication politique
17
1. 2. 4. Rôle et fonction de la
communication politique
19
1. 3. Espace public
22
1. 3. 1. L'approche Habermassienne de l'espace
public
22
1. 3. 2. L'espace public selon par Annah
Arendt
24
1. 3. 3. L'espace public selon Dominique
Wolton
24
1. 3. 4. Espace commun - Espace public - Espace
politique
26
1. 4. Discours
26
1. 5. Discours politique
32
1. 5. 1. Typologie de discours
politique
34
1. 6. Enonciateur/Enonciataire
36
1. 7. Destinateur/ Destinataire
37
Section II : Assises
théoriques
37
2.1. La théorie de
l'énonciation
38
2. 2. Le statut du locuteur et/ou de
l'énonciateur
39
2. 3. La nouvelle polyphonie selon Oswald
Ducrot
42
2. 3. La notion du sujet parlant
44
DEUXIEME CHAPITRE : BARACK HUSSEIN
OBAMA
47
2.1. Contexte d'émergence de
l'élection de Barack Obama
47
2. 2. Origines familiales, enfance et
jeunesse
49
2. 2. 1. Famille paternelle
49
2. 2. 2. Famille maternelle
51
2. 2. 3. Une famille recomposée
52
2. 3. Études, famille et carrière
professionnelle
53
2. 4. Premières expériences
professionnelles (1983-1985)
53
2. 5. Harvard (1988-1991)
54
2. 6. De la carrière politique
54
2. 6. 1. Carrière politique locale
(1994-2004)
54
2. 6. 2. Carrière politique nationale
(2004-2008)
55
6. 3. Élection présidentielle de
2008
57
2. 6. 3. 1. Les élections
primaires
57
2. 6. 3. 2. Election
présidentielle
59
2. 6. 3. 3. Investiture
62
2.6.4. Campagne électorale
63
2. 6. 5. Prix Nobel de la paix 2009
66
2. 6. 6. De l'Administration Obama
66
2. 6. 7. Doctrine politique
68
2. 6. 8. Politique
étrangère
69
TROISIEME CHAPITRE : ANALYSE DU DISCOURS
D'OBAMA
71
Section 1 : Protocole
méthodologique
71
Section 2 : Repérage des
données pertinentes
75
Section 3 : Evaluation des
données
109
3. 3. 1. Les pronoms d'interlocution
110
2.3.2. Le pronom indéfini
On
117
3. 3. 3. Les déictiques
spatio-temporels
117
3. 3. 4. La ponctuation
120
3. 3. 5. Les modalités
123
3. 3. 6. Les formules de bienséance ou
conatives
125
3. 3. 7. Eléments intertextuels
126
CONCLUSION
130
BIBLIOGRAPHIE
131
TABLE DES MATIERES
136
* 1 LIONNET C.,
« Etats-Unis : Où sont passés les
wasp ? » in Jeune Afrique n° 2575 du 16
au 22 mai 2010.
* 2 DREI, R., Les postures
d'analyse discursive, éd. Langues vivantes, Paris, 1987, p. 31.
* 3 En droit constitutionnel,
la confédération est une association des Etats ayant
délégué une certaine parcelle de pouvoir aux organes
communs et établis par eux-mêmes. Cependant, ces Etats demeurent
indépendants les uns envers les autres.
* 4 TSHELA BAMUBILE M.C.,
La transition politique congolaise et les discours politiques de quatre
vice-présidents, approche sémio narrative, Mémoire,
Kinshasa, IFASIC, 2005.
* 5 TSHINGUTA MUKENDI,
Les promesses dans les discours de Joseph Kabila, Analyse de contenu,
Mémoire, Kinshasa, IFASIC, 2002.
* 6 BAKANKUMU SAMA,
Discours de Laurent Désiré Kabila du 17 mai 1997 au 2
août 1998, la pragmatique énonciative, Mémoire,
Kinshasa, IFASIC, 2000.
* 7 C'est-à-dire que
le fait communicationnel est toujours intentionnel, il est produit dans le but
d'atteindre tel ou tel autre objectif. EKAMBO DUASENGE, J-C., Paradigmes en
Communication, éd. IFASIC, Kinshasa, 2004, p. 43.
* 8 ATTALAH P.,
Théories de la Communication, histoires, contexte, pouvoir,
Presse de l'Université de Québec, Janvier 1989.
* 9 WAMEN, K., et alii
cité par Henri Kokolo, l'Exotopie des intellectuels Kinois,
Thèse de doctorat, IFASIC,Kinshasa 2007, p. 29
* 10 EKAMBO DUASENGE J.C.,
Nouvelle anthropologie de la Communication, éd. IFASIC,
Kinshasa, p. 27.
* 11 WATZLAWICK P., Une
logique de la communication, Paris, Seuil, 1967.
* 12 WOLTON D.,
Communiquer c'est cohabiter, essai, France, Edition Sciences humaines,
1998.
* 13 MAIGRET E.,
Sociologie de la communication et des médias, Paris, Armand
Colin, 2004.
* 14 NIMMO D., et SANDERS
K., Handbook of political communication, cité par Dominique Wolton,
La communication politique: construction d'un modèle, in
Hermès IV, Paris CNRS, 1990, p. 27-42.
* 15 GINGRAS, A. M.,
cité par Godefroid ELITE IPONDO, op. cit., p. 89.
* 16 LAMIZET, B.,
Communication Politique, Institut d'Etudes Politiques de Lyon, 2002 -
2003, p. 8.
* 17 GINGRAS, A.-M., La
communication politique. Etat des savoirs, enjeux et perspectives, Sainte-
Foy, PUQ, 2003, p. 65.
* 18 WOLTON, D., Les
contradictions de la communication politique in CABIN Philippe, La
communication. Etat de savoirs, Auxerre, Ed. des Sciences Humaines, 1996,
p. 334.
* 19 TOURNIER, M., Espaces
in BONNAFOUS S. et Cie, Argumentation et discours politique,
Rennes PUR, 2003, p.262.
* 20 GERSTLE, J., La
communication politique, Paris, PUF, 1992, p. 9
* 21 COTTERET, J.,
Gouvernants et Gouvernés, la communication politique, Paris,
PUF, 1973, p. 5.
* 22 BONGRAND, M., Le
Marketing politique, Que sais-je ? 1986, p. 5.
* 23 WOLTON, D., op.
cit., p. 35.
* 24 WOLTON, D., op.
cit., p. 35.
* 25 Idem, p. 36.
* 26 WOLTON, D., op.
cit., p. 36.
* 27 WOLTON, D.,
op. cit., p. 37
* 28
http://www.Wolton.cmms.fr/glossaire/-espace-public consulté le
22.11.2009.
* 29 MIEGE, B., La
société conquise par la communication, Grenoble, PUG, 1989,
p. 56.
* 30 HABERMAS, J.,
cité par MAIGRET, E., Sociologie de la communication et des
médias, Paris, Armand Colin, 2004, p. 211.
* 31
http://www.Wolton.cmms.fr/glossaire/-espace-public.htm
consulté le 22.04.2010.
* 32 BRETON, P. et PROULX,
S., L'explosion de la communication. A l'aube du XXème
siècle, Paris, La Découverte, 2002, p. 204.
* 33 REIFEL, R.,
Sociologie des médias, Paris, Ellipse, 2001, p. 31.
* 34 GERSTLE, J., La
communication politique, Paris, PUF, 1992, p.24.Cfr. aussi
l'édition de 2004, chez Armand Colin.
* 35 Ibidem.
* 36 BRETON, P. et PROULX,
S., op.cit., p. 204.
* 37 RICOEUR, P.,
Lectures 1. Autour du politique, Paris, Seuil, 1991, p. 62.
* 38
http://www.Wolton.cnrs.fr/glossaire/-espace-public.htm
consulté le 22.07.2009.
* 39 Ibidem.
* 40 DIKANGA KAZADI, J.-M.,
La communication politique dans l'espace public médiatique.
Cas du processus de démocratisation en République
Démocratique du Congo 1990-1997, in 40 ans
d'indépendance. Mythes et Réalités ?
Questions politiques, Tome IV, Lubumbashi, PUL, 2004, pp. 347-363.
* 41 DIKANGA KAZADI, J.-M.,
op cit., pp. 347-363.
* 42
http:/www.Wolton.cnrs.fr/glossaire/-espace-public.htm consulté le
22.04.2010.
* 43 Ibidem.
* 44 GOB, J.,
Précis de littérature française, Bruxelles. De
Boeck 1963, p. 261-267 .
* 45 ELITE IPONDO, G. G.,
Eglise et démocratie: Analyse du discours politique de
l'épiscopat catholique du Congo, Approche sémio-pragmatique,
thèse de doctorat, IFASIC, Kinshasa, 2005, pp. 19-20.
* 46 MAINGUENEAU,
D., Initiation aux méthodes d'analyse de discours, Paris,
Hachette, 1976, p.11-12.
* 47 LAROUSSE, Grand
usuel Larousse, Dictionnaire encyclopédique, éd.
Larousse-Bordas, Paris, 1997, pp. 2293-2294.
* 48 MAINGUENEAU, D.,
Nouvelles tendances de l'analyse du discours, Paris, Hachette, 1987,
pp. 6-7.
* 49 ELITE IPONDO, G.G.,
op. cit.
* 50 MAINGUENEAU, D.,
Analyse des textes de communication, Paris, Fernand Nathan 2000, pp.
38-43.
* 51 ELITE IPONDO, G.G.,
op. cit., p. 89.
* 52 MARCHAND, F.,
Manuel de linguistique appliquée. T3. Les analyses de la langue
française : grammaire, vocabulaire, analyse du discours,
Paris, Delagrave, 1972, p. 193.
* 53 DUVERGER, M.,
Introduction à la science politique, Paris, Gallimard, 1985.
* 54 RICOEUR, P., op.
cit., p. 166.
* 55 WINDISCH, U., Le K
O verbal. La communication conflictuelle, Giromagnes, L'Age de l'homme.
1987.
* 56 CHARLAND, J., Les
formes de discours en politique, éd. Seuil, Paris, 1978, p. 88.
* 57 GREIMAS, A.J., et COURTES,
J., Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du
langage, Paris, Hachette supérieur, 1993, p. 125.
* 58 GREIMAS, A.J., et COURTES,
J., op. cit., pp. 94-95.
* 59 ORECCHIONI, C. K.,
Sciences de l'information et de la communication, Larousse, Paris,
1993, p. 179.
* 60 Repris plus tard dans les
Problèmes de linguistique générale, 1966.
* 61 Dictionnaire
Encyclopédique des sciences de langage, 1972.
* 62 MEUNIER, J.P. et
PERAYA, D., Introduction aux théories de la communication :
analyse sémio-pragmatique de la communication médiatique,
Ed. De Boeck et Larcier, Bruxelles, 1993, p. 72.
* 63 MATUMWENI MAKWALA,
J.C., Le journal télévisé en lingala facile. Entre
avant-garde et information de proximité, Editions IFASIC, Kinshasa,
2010, pp. 91-93.
* 64 CASETTI, F., D'un
regard l'autre. Le film et son spectateur, Presses Universitaires de Lyon,
1990, p. 42.
* 65 PARRET, H.,
L'énonciation en tant que déictisation et modalisation,
in Langages, 1982.
* 66 BAKHTINE, M., La
poétique du Dostoïevski, Paris, Seuil, 1970.
* 67 Idem,
Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard,
1978.
* 68 DUCROT, O., Les
mots du discours, paris, Minuit, 1980.
* 69 Idem, Le dire et le
dit, Ed. Minuit, Paris, 1984, p. 205.
* 70 BAKHTINE, M.,
Dialogisme et analyse du discours, Paris, Bertrand- Lacoste, 1995, p.
119.
* 71 DUCROT, O., op.
cit., 1984, p. 207.
* 72 CHARAUDEAU, P. et
MAINGUENEAU, D., Dictionnaire d'analyse du discours, édition du
Seuil, Paris, 2002, pp. 556-557.
* 73 CHARAUDEAU, P. et
MAINGUENEAU, D., op. cit., p. 557.
* 74 Il n'est pas à
confondre avec le qui narratif. En effet, le qui énonciatif est celui
qui parle dans un récit, un discours, etc., tandis que le qui narratif
est celui dont on parle dans un récit ou dans un discours. A titre
d'exemple, lorsqu'une voiture termine sa course dans le mur d'une maison, et
que le journaliste vient faire son reportage, il apparaît comme un qui
énonciatif, le chauffeur et les passagers sont des qui narratifs.
* 75 DURPAIRE, F., et
RICHOMME, O., Obama face à la crise. 100 jours pour sauver la
planète, éd. Demopolis, Paris, 2009, p. 30.
* 76 OBAMA, B., L'audace
d'espérer, Nouveaux horizons, Paris, 2009, pp. 312-313.
* 77 Nom qu'on retrouve en
arabe et
swahili, voire en
hébreu, traduit
par « béni » par Obama lui-même Corine Lesnes,
«
Barack
Obama, l'homme sans bagages », 4 janvier 2007,
Le Monde consulté le
3 mars 2010.
* 78 Dans son
autobiographie, Barack Obama écrit toujours Alego ; le village
proprement dit s'appelle Nyang'oma Kogelo, mais fait partie de la
circonscription électorale d'Alego, district de Siaya, province de
Nyanza, dont le chef-lieu est Kisumu ; Barack Obama Sénior est
inhumé à Alego ; une école et le collège
d'Alego portent le nom de Senator Barack Obama.
* 79 Kendu Bay est la
dénomination utilisée par Barack Obama ; le nom africain du
village est Kanyadhiang'-Karachuonyo, district de Rachuonyo, province de
Nyanza.
* 80 D'après le
Times, il a été torturé pour fournir des informations
sur la rébellion : en
« Beatings
and abuse made Barack Obama's grandfather loathe the British »,
The Times, 3
décembre 2008. Cette référence donne une version qui ne
correspond pas vraiment à ce qu'écrit Barack Obama dans son
autobiographie.
* 81 COSTE, P., «
Qui
est Barack Obama? », in
L'Express du 17
janvier 2008.
* 82 AMANDA, R., «
The
Story of Barack Obama's Mother», in Le Times du 09 avril
2008.
* 83 La scolarité de
Barack Obama à Punahou sur le site du Honolulu Star Bulletin.
* 84 OBAMA, B., Les
rêves de mon père, traduction de Danièle Darneau,
Presses de la cité, Paris, 2009, pp. 133 - 140.
* 85 Il fait une
différence entre l'assistant social, qui s'occupe des cas individuels,
et l'organisateur communautaire, qui s'occupe de structuration des groupes
d'action.
* 86 OBAMA B., op.
cit. pp. 133-140.
* 87 Boston.com staff,
«Globe endorses McCain, Obama», The Boston Globe.
* 88 Soit un écart
équivalent à ceux de George H. W. Bush en 1988 et Bill Clinton en
1996.
* 89 Le score en termes de
grands électeurs et en termes géographie est sensiblement le
même que celui de Bill Clinton en 1992 et en 1996.
* 90 66 728 126
voix à 58 119 030.
* 91 DURPAIRE, F., et
RICHOMME, O., op. cit., p. 37.
* 92 DAHL, M.,
« The young voters had record turnout, prefered Democrat by wide
margin, sur msnbc.com, consulté le 26 avril 2009.
* 93 « Nous ne
devons pas être ennemis. Bien que la passion ait pu avoir tendu nos liens
d'affection, elle ne doit pas les rompre. Les cordes mystiques de la
mémoire, s'étendant de chaque champ de bataille et de chaque
tombe de patriote, jusqu'à chaque coeur vivant et chaque foyer partout
dans ce pays immense, feront résonner encore le choeur de l'Union, une
fois touchées encore, autant qu'elles le seront certainement par les
meilleurs anges de notre nature ».
* 94 LESNES, C.,
« Dick Cheney, un nationaliste sans états
d'âme », in Le Monde du 16 janvier 2009, p. 8.
* 95 Le fait de nommer un
membre du parti adverse dans son gouvernement est courant aux Etats-Unis.
Ainsi, par exemple, en 1971, le républicain Richard Nixon avait
nommé l'ancien gouverneur démocrate du Texas, John Bowden
Connally, comme secrétaire au trésor. En 1997, le
démocrate Bill Clinton avait nommé le sénateur
républicain du Maine, William Cohen, à la Défense et en
2001, le républicain Bush avait maintenu le démocrate Norman
Mineta dans son gouvernement.
* 96 GRANGEREAU, P.,
« Obama plus ferme que Bush sur Jérusalem », in
Libération et Reuters du 7 juin, consulté 2 juillet
2009.
* 97 OBAMA, B., L'Islam
et le choc des civilisations, L'Harmattan, Paris, 2009, p. 42.
* 98 MAINGUENEAU D.,
L'Enonciation en linguistique française, Paris, Hachette, 1991,
p. 27.
* 99 GREVISSE, M.,
Précis de grammaire française, Afrique éditions,
Kinshasa, 1986, p. 130.
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