II- Les mécanismes de fonctionnement
La mise en oeuvre de la vérification
générale de comptabilité met en relation plusieurs
structures de la DGID à savoir :
-les Services d'Assiette (SA),
-les Services de Contrôle Fiscal (SCF)
-la Direction Nationale de Vérifications et
d'Enquêtes Fiscales (DNVEF) à travers la Brigade d'Enquêtes
Fiscales (BEF) et la Brigade de Vérifications d'Intervention Rapide
(BVIR). Il s'agira dans cette partie d'exposer le fonctionnement de ces
structures afin de dégager les atouts et les problèmes
rencontrés dans l'exécution de cette tâche.
Contribution à la mise en oeuvre d'une
élaboration efficiente des programmes de vérification
générale au Bénin.
A ÀFonctionnement des SA et SCF de la DGE et du
CIME Littoral
1-Les services d'assiette
La DGE et le CIME littoral s'occupent entre autres, de la
gestion de l'assiette de l'impôt.Ces deux services ont à
leurs têtes, des cadres A1 ayant au moins quinze années
d'ancienneté.
En la faveur de la note de service n° 094/MDCB
MDEF/CAB/SGM/DGID/DLC du 8 novembre 2007, les entreprises qui réalisent
plus de trois cent millions (300.000.000) de chiffre d'affaires, quelle que
soit la nature de leurs activités, sont désormais
gérées par la DGE. Cette disposition a permis notamment
l'assainissement du répertoire des
contribuables de la DGE. Le CIME littoral quant à lui
gère les dossiers des entreprises qui réalisent un chiffre
d'affaires compris entre quarante millions (40.000.000) et trois cent millions
(300.000.000) exclus.
En plus de ces seuils, il faut préciser :
- qu'au niveau de la DGE, le SA1 gère les Pharmacies,
les industries, les ONG, les entreprises de bâtiments et travaux publics
; le SA2 s'occupe des banques, des sociétés d'assurance, des
coopérants, les sociétés de
télécommunication et les transitaires. Les entreprises de
négoce sont réparties entre les SA.
- qu'au niveau du CIME Littoral, le SA1, gère les
écoles, les ONG, et les entreprises de négoce classées de
A à E ; le SA2 prend en compte les entreprises de négoce
classées de F à M, les pharmacies, les professions
libérales et les petites industries ; le SA3 s'occupe des entreprises de
bâtiments et travaux publics et les négoces classés de O
à Z. Cette répartition
Contribution à la mise en oeuvre d'une
élaboration efficiente des programmes de vérification
générale au Bénin.
nous amène à observer une bonne
organisation du travail à la D.G.E et au C.I.M.E littoral.
Les trois SA du CIME Littoral gèrent environ quatre
mille six cents (4600) dossiers. Ces services disposent d'un effectif de vingt
trois (23) inspecteurs, des impôts. Il en résulte donc que chaque
inspecteur gère en moyenne près de deux cent (200) dossiers qu'il
contrôle tous les mois en
matière d'Impôts sur Salaires (IS), de Taxe sur
la Valeur Ajoutée (TVA). Sans oublier les tâches connexes,
l'établissement des attestations fiscales notamment. Ce qui
représente une importante charge, d'où l'insuffisance en
ressources humaines. Aussi travaillent-ils dans des bureaux
très restreints. Les dossiers des contribuables sont entreposés
dans des conditions inappropriées. Ils sont déposés
à même le sol. Il n'y a pas une salle pour les dossiers où
ceux-ci pourront être rangés et gérés comme à
la DGE. Nous avons donc noté l'absence d'une salle pour
l'archivage des dossiers au CIME littoral et l'étroitesse des
bureaux.
Nous avons remarqué au cours de notre stage que
le répertoire des dossiers du CIME littoral n'est pas assaini et
mis à jour fréquemment. Dans le cadre de la
rédaction des notifications découlant du contrôle sur
pièces ou du contrôle ponctuel, les gestionnaires disposent
presque tous d'un micro ordinateur. Ce qui suppose un parc informatique
bien fourni à la DGE et au CIME littoral.
Par ailleurs en ce qui concerne la programmation du
contrôle fiscal externe (Vérification générale de
comptabilité), comme annoncé dans la description du processus de
programmation, les inspecteurs gestionnaires proposent la liste des entreprises
à vérifier. En effet, après avoir exercé
Contribution à la mise en oeuvre d'une
élaboration efficiente des programmes de vérification
générale au Bénin.
contrôle sur pièces et le contrôle ponctuel
auprès d'une entreprise, l'inspecteur peut conclure que le dossier de
cette entreprise est susceptible d'être proposé pour une
vérification générale de comptabilité. Il l'inscrit
alors sur la liste des propositions en suivant la politique d'orientation de
l'année recommandée par la DNVEF. Mais, cette formule ne permet
pas aux inspecteurs de faire de bonnes propositions, ce qui conduit à
beaucoup de dossiers inactifs ou sans enjeux fiscaux importants
à l'issue des programmations.
2-Les Services de Contrôle
fiscal
Le Service de Contrôle Fiscal de la D.G.E. et du
C.I.M.E. Littoral s'occupe de la vérification générale de
comptabilité en ce qui concerne respectivement les grandes et moyennes
entreprises. Les Inspecteurs Vérificateurs, malgré leur bonne
volonté, ne parviennent pas à réaliser tous les
contrôles programmés au titre d'un exercice donné. Les
tableaux ci-dessous décrivent les statistiques en terme de taux
d'exécution au sein des deux services
Tableau n° 1 : Point des vérifications
générales de comptabilité effectuées
par le SCF de la DGE.
Années 2008
Rubriques
|
2009
|
2010
|
2011
|
Nombres de dossiers programmés pour la
vérification.
|
101
|
82
|
123
|
100
|
Nombre de dossiers effectivement vérifiés et
approuvés.
|
37
|
40
|
57
|
35
|
Taux de couverture du programme de vérification
|
36,63%
|
48,78%
|
46,34%
|
35%
|
Source : SCF /DGE
Contribution à la mise en oeuvre d'une
élaboration efficiente des programmes de vérification
générale au Bénin.
Tableau n°2 : Situation des dossiers
programmés pour la vérification générale de
comptabilité au SCF du CIME littoral
Années
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
Nombre de dossiers programmés
|
107
|
66
|
95
|
85
|
Nombre de dossiers contrôlés
|
56
|
31
|
28
|
36
|
Taux d'exécution en %
|
52,34
|
46,97
|
29,47
|
42 ,35
|
Source : SCF /CIME littoral
De la lecture des tableaux ci-dessus, nous pouvons constater
que les taux qui devraient être très proche de 100%, ne
dépassent malheureusement pas en moyenne 50%. On peut donc conclure de
ce qui précède que les services de contrôle fiscal
ont un faible taux de couverture des dossiers programmés à la
vérification.
Des discussions effectuées avec les
vérificateurs, nous pouvons retenir que le programme est
élaboré avec retard, au titre de l'exercice 2011 par exemple
l'exécution du programme a effectivement démarré en juin.
Ce qui fait que la programmation qui est dite annuelle ne s'étale que
sur 06 mois. Il se pose donc un problème de programmation
tardive des dossiers pour la vérification. Aussi sur le
terrain, les inspecteurs ont-ils parfois des difficultés à
retrouver le siège des sociétés et entreprises pour le
simple fait que la plupart des adresses sont erronées ou non-conformes.
On note par conséquent, les difficultés d'identification
des entreprises. Et enfin l'on constate que la programmation du
contrôle ne couvre en grande partie que les entreprises qui exercent au
sud du pays. Il se pose le problème du faible taux de couverture
du tissu fiscal Béninois.
Contribution à la mise en oeuvre d'une
élaboration efficiente des programmes de vérification
générale au Bénin.
B-Fonctionnement de La Direction Nationale de
Vérifications et d'Enquêtes Fiscales(DNVEF)
Par enquêtes fiscales, il faut entendre toutes
procédures de recherches à but fiscal mise en oeuvre par
l'Administration fiscale en vue d'opérer des recoupements et mettre en
évidence des systèmes de fraude en vue d'échapper
totalement ou partiellement à l'impôt. La Direction Nationale de
Vérifications et d'Enquêtes Fiscales, plus
précisément la BEF est chargée de la mise en oeuvre de la
politique de la DGID en matière d'enquêtes et de
vérifications. Elle dispose de plusieurs services pour son meilleur
fonctionnement.
En effet, la BEF effectue des recherches, propose des
entreprises à vérifier et procède à des
vérifications de comptabilité. Les renseignements obtenus par la
BEF sont transcrits dans un rapport à la fin de chaque enquête.
Les rapports sont adressés aux services d'assiette qui doivent
l'informer au plus tard dans les deux mois de la réception des
informations, de l'exploitation faite des renseignements. Ces rapports ne sont
pas archivés. Ainsi, la BEF ne dispose pas d'une base de
données sur les fraudes courantes. Aussi dans sa fonction
d'élaboration de la programmation annuelle du contrôle fiscal,
les instruments d'aide à la programmation font
défaut. Elle se base juste sur des critères peu
évolutifs ou peu objectifs pour orienter le contrôle fiscal. Elle
envoie des lettres d'orientations dans toutes les directions techniques de la
DGID afin que ces dernières lui transmettent la liste des entreprises
à programmer au contrôle fiscal. Cette méthode ne prend
toujours pas en compte les paramètres nécessaires à une
bonne programmation et ne permet pas de cerner les enjeux et risques relatifs
aux dossiers programmés. Nous parlerons alors d'une mauvaise
préparation de la programmation du contrôle fiscal. Ainsi
que de la faible maîtrise des enjeux et des risques relatifs aux
dossiers programmés. La B.E.F, service à
compétence
Contribution à la mise en oeuvre d'une
élaboration efficiente des programmes de vérification
générale au Bénin.
nationale, est jusque-là la seule brigade
chargée des enquêtes fiscales. Elle est installée à
Cotonou et n'a pas de relais dans les autres départements. Nous
pouvons noter une couverture insuffisante du territoire par la structure
chargée des enquêtes fiscales.
Ensuite, les renseignements recueillis par la BEF sont
traités manuellement et cette dernière n'est pas dotée
d'instruments d'aide au traitement efficace du renseignement fiscal, de
véritables systèmes de croisement des données pouvant
permettre de rapprocher différents éléments entre eux et
d'affiner les méthodes d'analyses. Il faut toutefois noter que la
D.G.I.D. dispose d'une application appelée TAKOE. Mais cette application
n'apporte qu'une aide limitée à la recherche et aux
enquêtes. TAKOE ne dispose pas de fonctionnalités suffisantes pour
effectuer les recoupements. Aussi, les applications B.R.E.P. et B.R.V. qui
permettaient de faire des recoupements, ne sont-elles plus fonctionnelles.
Il se pose donc un véritable problème de l'enrichissement
du renseignement fiscal.
Enfin, pour accomplir au mieux sa tâche, elle utilise
les informations disponibles au sein d'autres services de la D.G.I.D. Mais
force est de constater que l'accès rapide à celles-ci est
quasiment impossible à cause de l'inexistence au sein de la D.G.I.D d'un
réseau d'échange d'informations entre ses services. Les
travaux de recoupements auraient pu être aisés, si au niveau de
chaque service, il existait une base de données accessible aux autres
services et permettant de disposer en un temps record de toutes les
informations utiles sur un contribuable.
La BVIR qui s'occupe du traitement des dossiers
programmés, non gérés par le CIME Littoral et la DGE, a
les mêmes difficultés que les services chargés du
contrôle fiscal au niveau de la DGE et du CIME Littoral. Elle peut
également exécuter des dossiers non programmés. L'effectif
des inspecteurs
Contribution à la mise en oeuvre d'une
élaboration efficiente des programmes de vérification
générale au Bénin.
qui sont au sein de cette brigade est réduit alors que
le nombre de dossiers ne cesse d'accroître. En matière de
vérification de comptabilité, la fraude menée par les
entreprises connaît une recrudescence. Suivant la nature de
l'activité de l'entreprise, une vérification rigoureuse est
effectuée. Mais, tous les inspecteurs n'arrivent pas toujours à
maîtriser les mécanismes et techniques utilisés par ces
entreprises, alors qu'ils doivent pouvoir déceler les
irrégularités. Une répartition des dossiers n'est pas
faite suivant la spécialisation des agents. On remarque alors
une recrudescence de la fraude fiscale, l'effectif réduit des
agents et la non-spécialisation des inspecteurs.
|