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Impact macroéconomique des fluctuations des prix des produits pétroliers au Burundi: une modélisation VAR (1980- 2009 )

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par Viateur NDUWIMANA
Université du Burundi - Licence en sciences économiques et administratives 2010
  

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UNIVERSITE DU BURUNDI

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET ADMINISTRATIVES

IMPACT MACROECONOMIQUE DES FLUCTUATIONS DES PRIX DES PRODUITS PETROLIERS AU BURUNDI : Une modélisation VAR (1980-2009).

Par :

NDUWIMANA Viateur

Membres du jury:

Président : Dr Gilbert NIYONGABO Directeur : Dr. Cyriaque NZIRORERA

Membre : Désiré NKURUNZIZA

Mémoire présenté et défendu publiquement en vue de l'obtention du grade de Licencié en Sciences Economiques et Administratives

Option : Economie Politique

Bujumbura, Novembre 2010

DEDICACES

A Dieu Tout Puissant,

A mes Parents pour leur affection, leurs sacrifices et leurs Conseils combien Pertinents,

A mon regretté petit-frère Longin NIYONGABO qui mourra trop tôt,

A mes Frères et Soeurs,

A mes Cousins et Cousines,

A tous mes Amis et Connaissances,

A toute personne qui lutte pour la paix, l'égalité et la justice sociale.

NDUWIMANA Viateur.

Nous dédions ce mémoire.

REMERCIEMENTS

Un tel travail de recherche est très intéressant, mais dur et fatiguant. Son aboutissement requiert de l'ambition, de la courtoisie, de la patience et un effort individuel mais est aussi obtenu par la conjugaison des efforts de plusieurs personnes. En effet, nous étions très impatients de voir arriver ce jour pour exprimer nos profonds sentiments de gratitude à toute personne qui, directement ou indirectement, a prêté main forte pour la réalisation de ce travail.

Nos sincères remerciements sont adressés en premier lieu au Docteur Cyriaque NZIRORERA, Chef du Département d'Economie Politique et Directeur de ce mémoire. Son attitude de franche collaboration, sa disponibilité, sa rigueur scientifique et ses conseils pertinents ont guidé nos premiers pas de recherche. Nous restons cependant responsables d'éventuelles erreurs qui auraient échappé à notre attention.

Nous remercions également tous les membres du jury : Dr Gilbert NIYONGABO et A. NKURUNZIZA Désiré, respectivement Président et Membre pour avoir accepté de lire ce travail et d'en faire partie le Jury de délibération.

Nous remercions vivement nos éducateurs depuis l'école primaire jusqu'à l'Université du Burundi et plus particulièrement ceux de la Faculté des sciences Economiques et Administratives pour leur formation tant morale qu'intellectuelle qu'ils nous ont inculquée.

Nos remerciements vont également à l'endroit des agents du Ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et du Tourisme en particulier ceux du Département du Commerce Intérieur sans oublier ceux du Ministère de la Planification et de la Reconstruction Nationale pour nous avoir permis l'accès à la documentation.

A nos collègues de l'Université du Burundi, surtout ceux de la Faculté des Sciences Economiques et Administratives pour avoir rendu agréable notre séjour à l'Université du Burundi et pour leur esprit de convivialité, nous réitérons nos sentiments de gratitude.

A tous nos amis, à tous ceux qui nous sont chers, nous disons sincèrement merci.

NDUWIMANA Viateur.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

% : Pourcentage.

ADF : Augmented Dickey-Fuller.

APNPP : Association des Pays Africains Non Producteur de Pétrole.

BRB  : Banque de la République du Burundi.

CAF : Coût, Assurance et Fret.

CIF : Cost Insurance and Freight.

CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

COFITA  : Compagnie Financière du Tanganyika.

CUSUM  : Cumulative Sum.

DS : Diffference Stationary Processus.

FAP  : Fonds Africain du Pétrole.

FAP : Fonds Africain du Pétrole.

Fbu : Francs burundais

F-Stat : Statistique de Fisher.

IDEC  : Institut de Développement Economique.

IPC : Indice des Prix à la Consommation.

ISTEEBU  : Institut des Techniques et d'Etudes Economiques du Burundi.

M BIF : Million de Franc Burundais.

MCO  : Moindres Carrés Ordinaires.

MEGIS : Modèle d'Equilibre Général Inter temporel Stochastique.

O.M  : Ordonnance Ministérielle.

OAG  : Observatoire de l'Action Gouvernementale.

OCDE : Organisation pour le Commerce et le Développement Economique.

OPEP  : Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole.

PAS  : Programme d'Ajustement Structurel.

PE  : Prix relatif de l'Essence.

PG  : Prix relatif du Gasoil.

PIB : Produit Intérieur Brut.

PP  : Prix relatif du Pétrole.

PP : Philips et Perron

RF   : Recettes Fiscales.

SEP  : Société d'Entreposage du Pétrole.

T : Tonne.

TC  : Taux de Change.

TRC : Compagnie de Transport Ferroviaire Tanzanienne.

TS : Trend Stationary Processus.

T-Stat : Statistique de Student.

TVA  : Taxe sur la Valeur Ajoutée.

UA : Union Africaine.

UA : Union Africaine.

VAR : Vecteur Autorégressif.

VECM : Vector Error Correction Model.

LISTE DES TABLEAUX ET GRAHPIQUES.

Liste des Tableaux.

Tableau n°1: Capacité de stockage de la SEP 46

Tableau no2: Récapitulation des Stations-services au Burundi 49

Tableau n°3 : Résultants des tests de stationnarité des variables en niveau 75

Tableau n°4 : Résultants des tests de stationnarité des variables en différence première 76

Tableau no5 : Test de Stationnarité des résidus 77

Tableau no6 : Détermination du nombre de retards 79

Tableau no7 : Résultats du test de coïntégration de Johansen 82

Tableau no8 : Résultats du test de causalité au sens de Granger 84

Liste des Graphiques

Graphique no1 : Evolution des Importations des Carburants en tonnes (1980-2009). 43

Graphique no2 : Evolution des importations des Carburants(en Millions de FBu). 44

Graphique no3 : Importance des carburants dans le total des importations 44

Graphique no4 : Evolution des prix à la pompe du carburant au Burundi (1980 -2009). 59

TABLE DES MATIERES

DEDICACES i

REMERCIEMENTS ii

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS iii

TABLE DES MATIERES vi

0. INTRODUCTION GENERALE 1

0.1. Objectif du travail. 2

O.2. Problématique 2

0.3. Hypothèses de travail 3

O.4. Méthodologie du travail 3

0.5. Organisation du travail 4

CHAP.I. REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES PRIX ET LE PETROLE DANS L'ECONOMIE 5

I.1. Généralités sur les prix 5

I.1.1. Approche de définitions 5

I.1.2. Querelles sur les prix 7

I.1.3. Les prix sur la place publique 8

I.1.4. La croissance des prix 9

I.1.5.Stabilisation des prix 10

I.1.6. Rôle des prix dans l'économie 12

I.1.6.1. Orientation de l'économie nationale 12

I.1.6.2. Allocation des ressources en économie de marché 12

I.2. Approche sur la fixation des prix 13

I.2.1.Variété des objectifs 14

I.2.2.La loi de la valeur, fondement du système des prix 14

I.2.3.Approche néo-classique sur la formation des prix 16

I.2.4.La formation des prix : Marx face à Walras, Marshall et Smith 17

I.2.5. L'intervention des pouvoirs publics dans la formation des prix 18

I.3. Efficacité du marché dans le système des prix 22

I.3.1. Analyse de la politique des prix 23

I.3.2. L'efficacité de l'action de l'Etat sur les prix 23

I.3.3. La théorie des anticipations des prix 25

I.4. Histoire du pétrole 25

I.5. La littérature empirique 27

I.5.1. Les variations du prix du pétrole ont un effet asymétrique 28

I.5.2. Les effets des variations du prix du pétrole dépendent du cycle conjoncturel 29

I.6. L'importance du pétrole dans l'économie et les marchés 30

I.7. La fixation des prix du pétrole par les marchés internationaux. 31

I.8.Les Crises pétrolières. 32

I.8.1. Les chocs pétroliers de 1973. 32

I.8.2. Le choc pétrolier de 1979 34

1.9. Conclusion du premier Chapitre 37

CHAP.II. IMPORTATION ET FIXATION DES PRIX DES PRODUITS PETROLIERS AU BURUNDI : Analyse descriptive 38

II.1. Introduction 38

II.2. Importations des produits pétroliers au Burundi 39

II.2 .1. Importateurs des produits pétroliers 39

II.2.2. Les voies d'approvisionnement des produits pétroliers 40

II.3. Stockage des produits pétroliers 45

II.4. Distribution des Produits pétroliers 48

II.4.1. Distributeurs des Produits pétroliers 48

II.4.2. Les principaux produits pétroliers commercialisés 50

II.4.3. Pénurie des produits pétroliers 51

II.4.4. Les Causes et conséquences de la hausse des prix des produits pétroliers 51

II.4.5. Le comportement des prix du carburant sur les marchés internationaux 52

II.4.6. Les acteurs du marché et la gestion intérieure responsable du secteur pétrolier 54

II.4. 7. La politique de prix des produits pétroliers au Burundi 55

II.5. Quelques stratégies face à la hausse des prix du carburant 60

II.5.1. Observations générales sur les choix des politiques 60

II.5.2. Attitude à prendre face à la hausse des prix 61

II.6. Conclusion du deuxième Chapitre 65

CHAP III. L'IMPACT MACROECONOMIQUE DE LA VARIATION DES PRIX DES PRODUITS PETROLIERS AU BURUNDI : Analyse empirique 66

III.1.Théorie et définition économétriques 66

III.2. Le rôle de l'économétrie 66

III.3. Définition et propriétés de la stationnarité ou test de racine unitaire 67

III.3.1. Définition 67

III.3.2.Test de présence de racine unitaire 68

III. 3.3. Choix et Présentation des variables du modèle 72

III.4. Présentation et interprétation des résultats de l'estimation 73

III.4.1 Analyse de la distribution et des sensibilités des variables 73

III.4.2. Etude de la stationnarité, choix du modèle VAR optimal et analyse de la coïntégration 74

III.4.3. Définition du Modèle Vectoriel Autorégressif (VAR) 77

III.4.4. Choix du nombre de retards 78

III.4.5.Tests de coïntégration de Johansen 80

III.4.6. Les instruments d'analyse associés à un modèle 82

III.4.6.1. Tests de causalité 82

III.4.6.2. Décomposition de la variance 85

III.4.6.3. Fonction d'impulsion 87

III.4.7. Test de stabilité du modèle 88

III.5. Conclusion du 3ème chapitre. 89

CONLUSION GENERALE 91

BIBLIOGRAPHIE. 95

ANNEXES 99

0. INTRODUCTION GENERALE

Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'au début des années 70, la demande mondiale des produits pétroliers a connu une forte croissance. La croissance économique des pays industrialisés, comme celle des pays en voie de développement, a augmenté sensiblement leur consommation énergétique. On pourrait donc, sans risque de se compromettre, lier le degré de développement au niveau de la consommation énergétique.

En effet, l'existence de cette source d'énergie a permis à la plupart des pays producteurs d'accélérer le développement des industries et si le pétrole est raffiné sur place, ces pays ont la possibilité d'augmenter considérablement leurs recettes en exportant les produits finis dont les prix sont automatiquement élevés. Certains pays producteurs et exportateurs de pétrole ont noué une alliance, l'OPEP, afin de mener une politique commune des prix et de se servir de ce produit comme arme de pression en limitant les quantités exportées vers leurs adversaires. Depuis 1973, ces pays producteurs et exportateurs du pétrole ont décidé d'augmenter le prix du pétrole brut. Les conséquences de ces hausses des prix du pétrole ont été nombreuses : ralentissement de la croissance dans le monde, accélération de l'inflation, bouleversement des balances de paiements, développements des énergies nouvelles et renouvelables.

Pour le Burundi, il n'a aucune activité de production ou de raffinage du pétrole. Il importe toute la totalité des produits pétroliers dont il a besoin. Le Burundi est aussi éloigné d'environ 1500 Km du port de l'Océan le plus proche (Dar-Es -Salaam) et 2200 Km de Mombassa. De ce fait, il subit un double contre coup de la hausse du pétrole, ce qui lui est une entrave majeure pour la fixation des prix de ces produits pétroliers. Les diverses taxes de transit et les coûts de transport gravent considérablement les prix des produits pétroliers, lesquels sont déjà élevés à la sortie des raffineries. De surcroît, le Burundi connaît également des irrégularités d'approvisionnement pouvant parfois compromettre sa croissance économique.

Malgré toutes ces entraves, les produits pétroliers demeurent de grande importance dans l'économie du pays et dans la détermination de la consommation des autres produits. Les questions y relatives sont donc d'actualité et leur étude s'avère trop pertinente.

0.1. Objectif du travail.

La place importante qu'occupe le secteur pétrolier dans la vie socio-économique des nations en général et le Burundi en particulier a motivé le choix de notre sujet. Le présent sujet intervient donc à un moment propice pour l'économie burundaise. Tout burundais, du petit au grand, est actuellement sensible du fait qu'une moindre hausse du prix de pétrole entraîne souvent des perturbations dans l'économie nationale.

En effet, la variation du niveau des prix qui ne tient pas compte de l'évolution du revenu de la population ne fait que réduire son pouvoir d'achat. Ainsi, la consommation des ménages est fonction positive de leur revenu réel. Il est évident que les consommateurs augmentent souvent leur consommation quand leur revenu augmente et vice-versa. Les produits pétroliers qui nous concernent dans notre travail doivent connaître une attention particulière quant à la fixation de leurs prix. Ainsi, au Burundi comme dans la plupart des pays non producteurs de pétrole, la commercialisation des produits pétroliers constitue une des principales préoccupations aussi bien chez les décideurs politiques que chez les consommateurs. Comme les produits pétroliers revêtent un caractère stratégique pour la vie socio-économique d'un pays, le renchérissement de leurs prix oblige le Burundi à diminuer la consommation. Or, la baisse de la consommation dans les industries s'accompagne d'une réduction des activités industrielles et par conséquent celle des investissements, de la production et des revenus, ce qui parfois même occasionne le chômage dans certains cas.

Notre travail a donc pour objectif :

· d'analyser l'évolution des prix des produits pétroliers au Burundi durant la période de 1980 à 2009.

· de tenter de dégager l'impact des fluctuations des prix des produits pétroliers sur quelques variables macroéconomiques choisies.

· d'essayer de proposer des approches de solutions quant à la fixation des prix des carburants.

O.2. Problématique

Le pétrole, étant un produit déterminant dans les échanges, la fixation de son prix par les pouvoirs publics peut susciter des effets favorables (ou néfastes selon le cas) dans l'économie du pays.

Actuellement, on remarque qu'une moindre montée des prix des produits pétroliers entraîne des perturbations dans presque tous les secteurs de la vie économique. Ainsi, ce sujet soulève-t-il les questions ci-après :

- La variation des prix des produits pétroliers affecte-t-elle les variables macroéconomiques ?

- Si oui, quelle est l'ampleur d'une telle influence?

0.3. Hypothèses de travail

Pour répondre aux questions posées ci-dessus, nous partons des hypothèses suivantes :

1°. La hausse des prix des produits pétroliers influe sur les variables macroéconomiques. Autrement dit, les prix des produits pétroliers agissent positivement (ou négativement selon le cas) sur les variables macroéconomiques (PIB, IPC, TC et RF).

2°. Les variables macroéconomiques sont affectées (touchées) de la même façon par les fluctuations des prix des produits pétroliers.

O.4. Méthodologie du travail

Notre travail est à la fois théorique et empirique. C'est pour cette raison que, dans un premier temps, beaucoup de documents nous ont été d'une grande utilité. En plus des livres que nous avons consultés dans les bibliothèques de l'Université du Burundi, de la Banque de la République du Burundi, de la Banque Mondiale,..., les publications des institutions officielles en matière économique telles que la BRB, ISTEEBU, IDEC,..., celles de certains départements ministériels du Burundi et même ceux trouvés fortuitement partout où nous sommes passés en rapport avec notre sujet de travail ont été consultés. Dans un deuxième temps, l'analyse documentaire a été appuyée par une analyse empirique à partir des données chiffrées que nous avons collectées. Cette dernière a porté sur des séries chronologiques de 1980 à 2009. Elle a mis en relation les prix des produits pétroliers et variables macroéconomiques pour confirmer ou infirmer les hypothèses de travail.

0.5. Organisation du travail

Notre travail est organisé autour de trois chapitres :

Le premier chapitre a confronté les différents points de vue des auteurs sur les notions de prix et leur rôle dans l'économie. Aussi les théories sur les différents chocs pétroliers, leurs effets pervers, etc., sont évoquées pour mettre en exergue l'importance du pétrole dans le monde.

Le deuxième chapitre quant à lui a traité de la commercialisation et la fixation des prix des produits pétroliers au Burundi.

Le troisième chapitre enfin vérifie nos hypothèses de départ grâce aux tests de stationnarité et coïntégration de Johansen. En effet, un test économétrique nous a permis de constater empiriquement l'impact des fluctuations des prix des produits pétroliers sur quelques variables macroéconomiques au Burundi. Dans ce même chapitre, la méthode « VAR » nous permettra de construire un modèle approprié traduisant la relation entre la hausse des prix des produits pétroliers au Burundi et les variables macroéconomiques choisies.

CHAP.I. REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES PRIX ET LE PETROLE DANS L'ECONOMIE

I.1. Généralités sur les prix

I.1.1. Approche de définitions

Les prix peuvent être définis comme étant des signaux du marché qui facilitent les échanges entre vendeurs et acheteurs. Ainsi, on parle de prix d'un bien ou d'un service lorsque l'on se situe dans une relation d'échange, c'est-à-dire dans la mesure où producteur et utilisateur peuvent être différents. Le prix d'un bien ou d'un service apparaît donc comme un intermédiaire fondamental qui permet le passage de l'économie domestique à l'économie de groupe.

D'après COTTA A. (1968), le prix est le nombre d'unités monétaires (prix absolu) ou quantités d'autres biens (prix relatif) contre lesquelles une unité d'un bien donné peut être échangé .Le prix est la caractéristique essentielle d'un bien, une des évaluations significatives avec le coût et la valeur subjective. La détermination des prix est opérée en tenant compte, autant que faire se peut, des coûts de production, des prix internationaux (lorsqu'il en existe), des prix relatifs prévalant dans les économies développées capitalistes et des objectifs physiques du plan. Les variations des prix obéissent aux phénomènes qui les déterminent (différentes demandes, coûts et formes de marché).

En effet, l'introduction d'un support spécifique de prix, par le recours à la monnaie, a évidemment simplifié les procédures d'échange et surtout élargi leur développement (il n'était plus nécessaire de solliciter du partenaire l'offre d'un bien pour lui céder sa propre marchandise). La notion de prix est donc devenue comme inséparable des mécanismes de fonctionnement de l'économie monétaire.

Dans l'économie capitaliste libérale, le mécanisme des prix est considéré comme le régulateur central de l'activité. Les prix qui se forment librement par la confrontation de l'offre et de la demande orientent en effet l'affectation des ressources vers une production (rentable) capable de satisfaire des besoins (solvables). Pour les économistes libéraux classiques, les prix, résultante des rapports individuels sur les marchés, assurent par leur mouvement spontané un ajustement automatique entre l'offre et la demande dans des conditions conformes à l'optimum.

Selon Walras, en concurrence parfaite, les prix sont les paramètres pour les agents individuels. Cette hypothèse conduit à centrer l'analyse de l'échange sur le concept de marché, entendu comme la rencontre entre tous les agents dont le concours détermine le prix d'un bien, sans qu'aucun d'entre eux en particulier n'ait d'influence sur lui.

Selon Adam Smith, le prix d'un bien se compose des différents éléments que l'analyse permet de ramener à trois : le salaire qui rémunère le travail, le profit qui récompense le capital, et la rente qui revient au propriétaire du sol.

A cet effet, il distingue le prix naturel et le prix du marché.

Le prix naturel est celui qui permet de payer les salaires de l'ouvrier, le profit du capitaliste et la rente du propriétaire du sol au taux qui prévaut dans chaque branche d'industrie. Les taux naturels de profit, de rente et de salaire sont influencés par une série de facteurs en période longue, à l'étude desquels l'auteur consacre une large partie de son ouvrage.

Le prix du marché est celui qui s'établit en fonction de l'offre et de la demande qui se confrontent sur le marché pendant la période prise en considération. Il gravite autour du prix naturel, lui étant supérieur lorsque la demande est supérieure à l'offre, et inférieur dans le cas contraire. Le mécanisme régulateur qui le ramène vers le prix naturel, lorsqu'il s'en éloigne, est le jeu même de la concurrence. « Si le prix du marché est supérieur au prix naturel dans telle branche d'activité d'une industrie par exemple, et ainsi permet de payer aux travailleurs dirigeront leurs activités vers cette branche pour profiter de la différence. L'offre des biens grandira sur le marché et le prix y baissera.

Pour Marshall, A. (1989), la distinction de Smith entre le prix normal et le prix du marché subsiste. Le prix normal est devenu ici le prix d'équilibre, « celui auquel l'offre et la demande sont en équilibre ». Il s'agit de l'équilibre que l'on tend à atteindre en période longue dans un régime de concurrence. Il est stable en ce sens que « si le prix du marché s'éloigne de lui, il tend à y revenir comme un pendule oscille autour de son point commun ».Ce sont les forces mêmes de la concurrence qui jouent le rôle de mécanisme régulateur, attirant les fournisseurs de facteurs de production dans les secteurs à profit excédentaire(ceux dans lesquels les prix du marché sont supérieurs aux prix d'équilibre) et y provoquant un accroissement d'offre, une chute des prix et la disparition de la marge excédentaire de profit.

Ce prix d'équilibre, que Marshall appelle le prix d'offre, correspond au coût de production. Il couvre la rémunération normale des facteurs qui ont contribué à produire le bien : le prix des matières premières, le salaire du travail, l'usage de l'équipement industriel, la rémunération de la direction, l'intérêt et l'assurance du capital investi.

La notion marginale est aussi le fil conducteur dont Marshall se sert tout à travers de sa théorie de la production. « Le prix que le producteur est juste sur le point de refuser est le prix marginal d'offre en période courte ». Son analyse du prix limite qu'un producteur peut atteindre en temps de crise est également une application directe de la méthode marginale.

I.1.2. Querelles sur les prix

Les prix sont sujets à controverse et, plus encore, les tentatives pour en assurer la stabilité. L'augmentation du coût de la vie, à un rythme accéléré, a fait des prix la préoccupation principale de la population dans plusieurs pays, comme en témoignent les sondages d'opinion.

La hausse des prix y est désormais au centre des conflits sociaux, des stratégies d'entreprise et des conflits politiques.

Le problème de l'inflation considéré auparavant comme réservé aux professionnels de l'économie et de la monnaie, offre un terrain nouveau à la contestation idéologique de la société contemporaine et aux négociations internationales entre gouvernements. Soumis aux feux de l'actualité, les prix restent néanmoins mal connus. La dissociation entre les barèmes de vente et les prix réellement pratiqués, la manipulation des prix dans le cadre des techniques modernes de conquête du marché donnent un caractère de plus en plus illusoire à la « Vérité des prix » ; les indices statistiques qui en retracent l'évolution ont un aspect fragmentaire. Ainsi, alors que le problème des prix est porté sur la place publique, la connaissance des prix reste-t-elle dans la pénombre.

Avant l'adoption des PAS prévalait une politique d'Administration des prix, des taux d'intérêt et des taux de change. Il s'en est suivi que les prix étaient fixés en dessous du niveau d'équilibre auquel auraient conduit les forces du marché. Ceci entraînant des pénuries, des spéculations, des fil d'attente, la corruption, des administrations des quotas, etc.... Il arrivait aussi que les prix soient fixés au-dessus du prix d'équilibre, générant ainsi des stockages et parfois des pertes des produits périssables ou la vente de la production dans les pays voisins par des voies clandestines.

La libéralisation des prix qui était une composante essentielle du PAS s'est heurtée à des rigidités structurelles telle que l'existence de monopoles et de quasi-monopoles, l'absence de protection des petits producteurs et des consommateurs alors qu'elle postulait de favoriser l'accroissement de la concurrence.

I.1.3. Les prix sur la place publique

Dans l'opinion publique, les prix et leur évolution suscitent généralement un étonnement teinté d'indignation. La ménagère observe que les prix des marchandises qu'elle achète varient, dans des proportions parfois considérables, d'un magasin à l'autre. Certains commerçants, pense-t-elle, font des profits illégitimes.

Le consommateur averti, quant à lui, croit savoir que les prix sont, dans l'hypermarché de la périphérie urbaine, nettement moins chers que dans la petite boutique de son quartier ; tel produit de grande consommation est affiché, là-bas, à un prix inférieur de 10% au tarif pratiqué par son épicier. Mais en est-il de même pour tous les produits ? Le consommateur ne peut, à lui seul, s'en assurer ; d'ailleurs l'approvisionnement, au meilleur prix, dans des points de vente parfois éloignés du domicile ne constitue pas une solution aisément praticable par tous. Aux soupçons du consommateur correspondent les protestations du petit commerçant qui observe dans les «  grandes surfaces » des prix de vente au détail parfois inférieurs aux conditions d'achat qui lui sont consenties par son fournisseur.

La concurrence par les prix est, selon lui, un jeu truqué auquel il est sûr de perdre comme il risque de ruiner la réputation de tel ou tel fabricant dont les produits, victimes désignées du « prix d'appel » destiné à attirer la clientèle, sont soumis à un bradage tapageur. Les uns et les autres se tournent alors vers les pouvoirs publics. Le consommateur s'étonne de l'inertie de l'administration et, soutenu par le paysan qui voit les prix tripler entre sa ferme et l'étal du boucher, il demande le châtiment des spéculateurs ; le petit commerçant réclame des règles garantissant une concurrence loyale, dénonce les ventes à perte et exige des conditions d'achat égales pour tous les fabricants ;enfin , il refuse la vente aux « discounters » et demande à l'Etat de fixer des prix minimaux qui seraient imposés à l'ensemble du réseau de distribution. Mais plus encore que ces « querelles des boutiques », la hausse des prix préoccupe l'opinion publique.

Selon Adam Smith, le prix de marché de chaque marchandise particulière est déterminé par la proportion entre la quantité de cette marchandise existant actuellement sur le marché, et les demandes de ceux qui sont disposés à en payer le prix naturel ou la valeur entière des fermages, profits et salaires qu'il faut payer pour l'attirer au marché.

On peut les appeler « demandeurs effectifs », et leur demande « demande effective », puisqu'elle suffit pour attirer effectivement la marchandise au marché. Elle diffère de la demande absolue.

I.1.4. La croissance des prix

L'augmentation des prix est une cause de discorde à l'intérieur de la nation. Les travailleurs tout d'abord, voient l'amélioration de leurs salaires peu à peu grignoté par l'élévation du coût de la vie ; ils revendiquent et utilisent la grève pour obtenir la restauration de leur pouvoir d'achat.

Etant donné que les entreprises répercutent sur leur clientèle, sous la forme de relèvement des prix, au moins une partie des augmentations des salaires consenties à leur personnel, les travailleurs qui sont, en même temps, des consommateurs, estiment finalement être les dupes de patrons qui reprennent d'une main ce qu'ils accordent à l'autre. Aussi, les revendications des salariés, trouvent-elles souvent, un prolongement dans le désir de changer les structures économiques ; le blocage des prix et la nationalisation des grandes entreprises sont alors inscrits en programme des partis politiques qui se présentent comme les défenseurs patents des salariés, tel que le parti travailliste en Grande Bretagne.

Les prix des produits alimentaires sont eux aussi soumis à la controverse et c'est sur ce problème que se crée le divorce entre les agriculteurs et le reste de la nation. Dirigeants et salariés de l'industrie sont d'accord pour réclamer une alimentation à bon marché. Il faut pour cela des prix agricoles aussi proches que possible des cours mondiaux. Mais les agriculteurs se récrient et dénoncent le caractère artificiel de ces cours. Ils soulignent la divergence entre l'évolution ralentie de leurs prix de vente et l'augmentation accélérée du coût de la vie. Aussi, lorsque l'inflation sévit, le rétablissement de la parité par l'augmentation du soutien des marchés mobilise-t-il les agriculteurs dans l'action corporative et politique.

I.1.5.Stabilisation des prix

Les solutions préconisées par les uns et les autres pour mettre fin à la hausse des prix reflètent, pour l'essentiel, les intérêts particuliers. Ainsi, les travailleurs réclament-ils le blocage des prix tandis que les chefs d'entreprises opineraient pour une politique des salaires organisée par eux-mêmes ou par l'Etat ; pour faire droit aux récriminations des consommateurs, le boucher préconise les importations de bétail à bas prix tandis que l'éleveur suggère une diminution des marges de distribution.

Mais ce n'est pas dans cette variété d'opinions que réside le véritable problème de la maîtrise des prix d'aujourd'hui. Celui-ci est d'une toute autre ampleur et d'une particulière complexité.

Il semble, en effet, que les politiques traditionnelles de stabilisation des prix fondées sur l'intensification de la concurrence et sur la régulation de la demande se trouvent mises en échec par l'inflation actuelle ou, tout au moins, qu'elles n'aient plus qu'un effet atténué sur l'évolution des prix.

Par ailleurs, il apparaît que les pouvoirs publics, dans tous les pays, soient beaucoup plus réticents que par le passé à mener ces politiques de stabilisation des prix, soit parce qu'ils sont devenus plus sensibles à leurs inconvénients.

Ainsi, alors que la hausse des prix devient la principale préoccupation des citoyens dans les pays développés du monde occidental, la politique des prix pose des problèmes de plus en plus difficiles à résoudre. Le premier réflexe, de la part des gouvernements qui se réclament de l'idéologie libérale est, évidemment, de miser sur un meilleur fonctionnement des mécanismes du marché pour modérer l'évolution des prix. La modernisation de l'appareil de distribution, la suppression des entraves à la concurrence sur le marché intérieur, l'ouverture des frontières aux produits étrangers ont semblé dans cette optique, être les moyens les plus appropriés pour obtenir la stabilisation des prix. On a pu croire ainsi, pendant plusieurs années, que  la révolution commerciale  et la libéralisation des échanges internationaux résultant de la création du Marché Commun et du Kennedy Round allaient régler durablement le problème de la hausse des prix.

Ce ne fut, en réalité, qu'un épisode et l'on s'aperçoit aujourd'hui que la concurrence moderne utilise avec succès d'autres armes qu'une guerre des prix dangereuse pour les entreprises ; par ailleurs, la compétition internationale sur laquelle tant d'espoirs étaient fondés s'avère n'être souvent qu'une circulation transfrontière des marchandises entre les établissements des mêmes firmes. En définitive, l'économie du marché ne joue qu'imparfaitement son rôle de régulation des prix. La politique de réglementation des prix a donc pour objectifs : la maîtrise de l'inflation et le contrôle de la libre-concurrence.

a) La réglementation des prix, outil anti-inflationniste

Au cours de l'histoire, les mesures gouvernementales prises dans le domaine des prix se sont accumulés de l'empire romain à nos jours. La libre détermination des prix reste cependant le rôle des pouvoirs publics en cas de forte poussée inflationniste. Parmi les techniques d'intervention, il convient de distinguer les mesures rigides des mesures plus souples. Les premières peuvent prendre la forme d'un blocage des prix, d'une taxation des prix (fixation d'un prix maximal), d'un régime des prix encadrés autorisant la répercussion des augmentations de coût, ou d'une fixation des marges, essentiellement dans le domaine de la distribution. Les interventions plus souples sont fondées sur une politique contractuelle des prix, la semi-liberté ou liberté surveillée selon que les modifications de prix sont soumises à une convention préalable, une demande d'autorisation ou une simple information auprès de l'administration.

b) La réglementation des prix, outil de libre concurrence

Les pouvoirs publics interviennent également sur le marché pour assurer la protection de l'économie et du consommateur, soit en limitant la concurrence par les prix, soit en réglementant les pratiques destinées à influencer le choix de l'acheteur. Dans la première voie, l'Etat et la Communauté Européenne ont depuis longtemps développé un ensemble de mesures destinées à éviter les ententes et les abus de position dominante qui constituent des entraves à la libre concurrence. Ces dispositions visent à prévenir les variations artificielles des prix mais font obstacle à l'abaissement des prix de revient et de revente. Elles peuvent prendre la forme : de réglementation des prix dans les secteurs monopolistiques ou d'interdiction de la discrimination par les prix, des prix minimums imposés, de revente à perte, de pratiques de dumping.

La réglementation cherche aussi à protéger le libre choix du consommateur, notamment en limitant certaines pratiques de promotion des ventes : la vente avec primes, les cadeaux, les jeux et concours.

I.1.6. Rôle des prix dans l'économie

Les prix sont un mode de communication entre les divers agents économiques.

Chaque pays ou chaque société doit se munir des moyens pour partager le total des produits entre ses membres. Cette noble tâche est accomplie grâce au système des prix. Ainsi, les prix orientent l'économie nationale d'une part et favorisent l'allocation des ressources d'autre part.

I.1.6.1. Orientation de l'économie nationale

Les prix ont un effet très direct sur l'orientation de l'activité nationale. En effet, les hommes et les capitaux sont attirés, de préférence, vers les secteurs où les prix et les rémunérations augmentent plus vite aux dépens de ceux où ils stagnent.

En outre, la marge de profit dégagée par la différence de niveau entre les prix de vente et les prix de revient permet de dégager des ressources d'autofinancement plus ou moins grandes selon les branches, déterminant ainsi l'importance des investissements productifs.

Enfin, les prix, par formation efficace et efficiente qu'ils transmettent, permettent la résolution de cinq problèmes suivants (FRIEDMAN., M, 1983) :

Ø Fixer les normes

Ø Organiser la production

Ø Répartir le produit

Ø Assurer le maintien et la croissance de l'appareil productif

Ø Ajuster dans le court terme la consommation à la production,

.

I.1.6.2. Allocation des ressources en économie de marché

Dans une économie de marché, les prix jouent le rôle allocateur des ressources. Les prix sont de véritables signaux qui véhiculent les informations sur l'état des tensions existant entre besoins et ressources. Les agents économiques vont prendre de décisions sur la base des signaux-prix émis par le marché de telle sorte que leurs intérêts particuliers convergent vers l'optimum collectif.

A cet effet, considérons une économie divisée en trois types d'agents économiques ; chacun ayant des fonctions propres. Ces consommateurs cherchent à maximiser leurs satisfactions, les entrepreneurs cherchent à maximiser leurs profits, en combinant de façon efficiente les facteurs de production en vue de la production des biens finals ; enfin les propriétaires des facteurs de production cherchent à maximiser leur revenu en louant ces facteurs aux entrepreneurs.

L'équilibre entre l'offre et la demande est réalisé grâce au mécanisme des prix. C'est le système des prix résultant des conditions du marché (la main invisible) qui oriente le choix des agents économiques. Chaque agent n'a besoin de prendre des décisions conformes à sa fonction de préférence, que de prix de biens finals et des facteurs de production.

L'allocation optimale des ressources s'effectue par le truchement des prix qui fournissent des règles de conduite auxquelles doivent les agents économiques pour atteindre leur position optimale (BOUKKEZAR., A, 1980).

- Pour les producteurs, il s'agit d'égaliser les productivités marginales des facteurs pondérés par leur prix pour obtenir une combinaison optimale des facteurs de production. L'échelle de production quant à elle est déterminée par l'égalisation des prix des biens finals et leurs coûts marginaux.

- Pour les consommateurs, il s'agit d'égaliser l'utilité marginale des différents biens par leur prix. Si ces règles de « jeu libéral » sont respectées, l'économie tend vers une position d'équilibre qui assure une allocation optimale des ressources.

I.2. Approche sur la fixation des prix

Les économistes spécialistes des questions de développement avancent que bon nombre sinon toutes les incohérences du développement sont en générale engendrées par des « politiques des prix inappropriées ». Les modes de fixation des prix varient selon le pays et le type d'économie considérés. C'est pourquoi dans certaines économies l'intervention de l'Etat dans la fixation des prix est indispensable, tandis que dans d'autres les prix se forment librement suivant les forces du marché (Loi de l'offre et de la demande).

En effet, les pouvoirs publics fixent de façon générale à un niveau inadéquat les prix des produits et des services, du capital et de la main d'oeuvre, ce qui pose des difficultés de la croissance et d'une meilleure répartition des produits de la croissance.

« Si les pouvoirs publics pouvaient seulement fixer les prix à un niveau adéquat, toutes les difficultés que pose la croissance économique, l'emploi et la justice seraient résolues ».

I.2.1.Variété des objectifs

En fixant les prix, les entreprises peuvent avoir plusieurs objectifs dont les principaux sont :

ü La recherche d'un prix et une vente régulière,

ü La recherche d'un montant minimum pour rémunérer les capitaux engagés,

ü L'obtention ou la défense d'une part de marché,

ü La fixation d'un prix de combat ou de représailles.

I.2.2.La loi de la valeur, fondement du système des prix

Le problème principal pour toute société, quelle que soit la forme historique qu'elle revêt, est l'allocation du travail disponible selon les diverses branches de production.

« N'importe quel enfant, écrit Marx, sait que toute nation crèverait qui casserait le travail, je ne veux pas dire pour un an mais ne fut-ce que pour quelques semaines. De même qu'un enfant sait que les masses de produits correspondants aux diverses masses de besoins exigent des masses différentes et quantitativement déterminées de la totalité du travail social ». Il va de soi que la forme déterminée de la production nationale ne supprime nullement cette nécessité du travail social en proportions déterminées : c'est la façon dont il se manifeste qui peut seule être modifiée.

En effet, si le fondement de la production est l'utilité de produits, c'est-à-dire leur aptitude à satisfaire les besoins, ce n'est que par le travail que l'homme s'approprie la nature, la transforme en objets utiles au développement. L'affectation des ressources est demandée par le besoin-travail. Les règles qui président à l'allocation du travail disponible sont déterminées par la nature des rapports de production.

Si dans les sociétés primitives ce sont les rites et les coutumes qui règlent la production, dans l'économie de marché où les produits prennent la forme de marchandises, la régulation de la production s'effectue d'une manière indirecte par le mécanisme de marché. La répartition du travail social est «réglée par la loi de la valeur » orientée vers la finalité du système et vers la reproduction à l'échelle élargie des rapports de production marchands.

Dans cette activité de régulation, la loi de la valeur intervient de deux manières :

- La loi de la valeur met en mouvement des forces qui font osciller les prix autour de la valeur. L'écart entre prix et valeur tend à s'annuler. C'est à travers ce mécanisme d'oscillation des prix autour de la valeur que la loi de valeur joue un rôle directeur dans l'orientation de l'activité économique.

- La loi de la valeur fixe le prix de production au travers duquel la reproduction élargie du capital développe son dynamisme.

· Fonctionnement de la valeur

Le propriétaire d'une marchandise produite dans l'économie de marché cherche à réaliser sa valeur marchande pour mettre en valeur son capital. La valorisation du capital ne devient effective que si la marchandise est vendue sur le marché, qui est le moment final de la « boucle de circulation du capital ».

La régulation entre travail-besoin s'effectue par la voie d'un détour : l'égalité entre l'offre (le travail social dépensé) et la demande, c'est-à-dire l'ensemble des besoins que la société cherche à satisfaire ne peut être fortuite.

Exception faite de ce cas fortuit, on se trouve généralement en présence de deux situations :

Ø La demande correspondant au prix d'offre se trouve supérieure à l'offre, le prix du marché tend à s'élever au-dessus de la valeur marchandise produite. C'est le signe que la société a dépensé insuffisamment de travail dans cette branche. L'augmentation du prix exprimant la tension entre besoins sociaux et ressources en travail.

Ø La demande correspondant au prix d'offre se trouve inférieure à l'offre, le prix du marché tend à baisser au dessus de la valeur marchande. C'est le signe que la société a gaspillé du travail social. Dans l'économie de marché, les oscillations des prix autour de la valeur sont déterminées par la loi de l'offre et de la demande. C'est la loi de la valeur qui dirige le mouvement des prix autour d'une valeur centrale, la valeur marchande qui, elle, est définie par les conditions sociales de la production.

Le travail disponible réparti entre les différentes branches à travers le fonctionnement de la loi de la valeur peut être soit insuffisant par rapport aux besoins sociaux, soit gaspillé. L'équilibre optimal entre besoins et travail devient un cas par mi les autres cas de déséquilibres.

Dans l'action d'affectation de ressources vers la position optimale, la loi de la valeur met en mouvement des forces correctrices qui amènent les prix à s'aligner tendanciellement sur le niveau valeur. La fonction de régulation exercée par la loi de la valeur prend deux formes de manifestations : elle agit sur le niveau d'utilisation des forces productives et sur la composition de la production.

L'écart entre le prix et la valeur indique le sens de la modification qui va se traduire par une nouvelle répartition du travail social au sein de l'économie de telle sorte que par une série d'approximations successives, la production mise en oeuvre vienne se modeler sur le niveau et les structures des besoins sociaux à satisfaire.

I.2.3.Approche néo-classique sur la formation des prix

L'analyse néoclassique marginaliste donne une explication sur ce qui pousse les agents économiques sur la décision de production, de vendre, de consommer, etc. Ces décisions sont très importantes car elles ont des conséquences sur l'ensemble de l'économie (niveau des prix, approvisionnement en denrées alimentaires, etc.).

Dans la théorie néoclassique, les prix orientent les choix des producteurs (vendeurs). Le marché fournit les indications nécessaires : qualité et la quantité pour ajuster l'offre et la demande. C'est ainsi que dans une économie de marché, le marché et les prix qui s'y forment guident les décisions des offreurs en fonction de la demande.

Quand diverses conditions se trouvent réalisées, la concurrence des vendeurs et celle des acheteurs aboutissent à un équilibre qui s'établit à tous, à un instant donné, par légalité de l'offre et de la demande au niveau d'un prix qui est le même pour tous les points du marché.

L'offre des vendeurs à chaque instant, ne serait excédée par un produit donné, le stock existant et la demande des acheteurs est elle-même limitée par le pouvoir d'achat disponible. Le prix du marché est donc un prix d'équilibre. Si le prix était élevé, l'excès de l'offre par rapport à la demande le ramènerait au niveau d'équilibre ; si le prix était inférieur, l'excès de la demande le relèverait jusqu'au niveau d'équilibre.

Cependant, certains économistes ont donné le rôle prédominant dans la fixation du prix tantôt à l'offre, tantôt à la demande. Aujourd'hui, cette querelle qui a opposé les partisans de l'offre et les partisans de la demande est apaisée.

I.2.4.La formation des prix : Marx face à Walras, Marshall et Smith

Il faut d'abord constater un élément commun à tous ces auteurs, comme d'ailleurs à la grande majorité des économistes depuis qu'ils s'interrogent sur la théorie des prix. Chez Marx aussi, l'agent économique individuel n'a pas le pouvoir de fixer le prix effectif (« réalisé ») auquel se déroule l'échange. Ce qu'on désigne chez d'autres sous le nom de « concurrence parfaite » se retrouve ici, et plus que chez eux il ne s'agit d'une hypothèse particulière sur le type de marché ; c'est simplement la traduction de ce que le prix est un « fait social » qui échappe au contrôle des agents particuliers, quels qu'ils soient. A partir de ce point commun, les divergences peuvent alors apparaître avec Léon Walras d'abord. Chez celui-ci, l'absence de contrôle des agents individuels sur les prix est interprétée d'une manière radicale : les prix sont annoncés aux agents par un « crieur » qui n'est ni vendeur ni acheteur ; autrement dit qui n'est pas lui-même. La différence avec Marx réside donc dans l'absence de « prix idéal » annoncé par le vendeur. Cette représentation du marché a pris une forme exacerbée dans la théorie moderne de l'équilibre général Walrasien (le « monde à la Arrow-Debreu »), où la figure envahissante du «commissaire priseur» s'accompagne d'une séparation complète en trois problèmes réunis chez Marx : La formation des prix, la réalisation des échanges et la circulation de la monnaie.

Avec Alfred Marshall, la proximité paraît plus grande. Le côté offre s'y manifeste par un « prix d'offre », qui est le prix qu'exigent les offreurs pour produire une quantité donnée de la marchandise. Si le « prix d'offre » ressemble ainsi au prix « idéal » de Marx, il y a néanmoins une différence essentielle : lorsque le prix d'offre et le prix de demande ne sont pas égaux (donc en déséquilibre), le « prix de marché » (c'est-à-dire le prix auquel se déroule l'échange, et qui correspond au prix « réalisé » chez Marx) est le « prix de demande ». Du point de vue de Marx, ce serait arbitraire car cela supposerait que la société s'incarne dans le comportement des demandeurs. Or, ce qui chez Marx confère à la demande un caractère social, la détention de « monnaie réelle », c'est-à-dire d'un pouvoir d'achat général est absent de l'analyse du comportement des demandeurs chez Marshall, où ils sont dans une position rigoureusement symétrique de celle des offreurs.

La conséquence en est que la présence de monnaie n'a rien de nécessaire dans la théorie Marshallienne des prix, et qu'elle est intégrée, non à travers une analyse de réalisation des échanges sur chacun des marchés des biens, mais à travers l'équilibre sur un marché particulier, celui de la monnaie, où se manifeste la demande globale d'encaisses.

Alfred Marshall a ainsi montré à juste qu'on ne saurait plus dissocier l'action conjointe de l'offre et de la demande dans la détermination du prix, qu'on ne pourrait séparer celle des deux branches d'un ciseau.

C'est avec Smith que la parenté semble la plus grande, en tout cas si l'on suit Benetti et Cartellier (1998). Selon eux, on peut compléter la théorie de Marx par l'application de la règle de « Cantillon-Smith » selon laquelle le prix sur le marché d'un bien i se forme comme le rapport entre la quantité totale de monnaie affectée par les acheteurs à la dépense sur ce marché et la quantité i apportée au marché par ses vendeurs. Cette interprétation a l'avantage de fournir une détermination du prix de marché susceptible d'être rattaché à la tradition classique (et significativement différente de celle du prix d'équilibre dans la tradition marginaliste, que son expression soit Walrasienne ou Marshallienne) et de surcroît, une détermination monétaire, c'est-à-dire conforme à la définition par Marx du mode de socialité du prix. Ce modèle concurrentiel a engendré beaucoup de critiques. Il fournit en effet des solutions satisfaisantes au problème de l'efficience car l'économie fonctionne avec l'efficience la plus grande possible.

Le problème du pouvoir économique est d'autre part résolu de façon satisfaisante car aucune unité économique ne dispose d'influence suffisante pour agir sur le marché et le prix. Il en résulte qu'un pouvoir public destiné à réglementer ou à limiter le pouvoir économique privé est inutile.

Puisque l'efficience du système économique est déjà à son maximum sans interférence étatique, on doit présumer que toute intervention du gouvernement réduirait l'efficience de l'économie.

I.2.5. L'intervention des pouvoirs publics dans la formation des prix

En principe, selon une justification Keynésienne, sur le marché libre, le jeu de l'offre et de la demande parvient à déterminer un prix et une quantité autour desquels gravitent des prix réels et des quantités réelles. Un certain nombre de facteurs externes peuvent rompre l'équilibre du marché et c'est à partir de là que se produisent les distorsions des prix. Parmi ces facteurs, nous pouvons citer l'Etat par ses interventions multiples et dont l'ampleur et l'intensité sont variables.

En remontant dans l'Histoire, avant la crise de 1929, l'action de l'Etat dans l'activité économique ne se limitait qu'à des situations graves. A partir de cette époque, les forces du marché sont devenues incapables d'enrayer les crises économiques et leurs conséquences sociales. C'est ainsi que les Etats du monde même ceux considérés comme plus libéraux tels que les Etats-Unis ont commencé à adopter de politiques interventionnistes sur les marchés pour corriger les imperfections de ces derniers.

Le champ nécessaire de l'intervention de l'Etat dans la vie économique dépend des doctrines prises comme référence. Même pour les libéraux, on reconnaît qu'il doit exister une intervention minimale de l'Etat compatible avec le fonctionnement de l'économie du marché. C'est d'ailleurs un des traits de la pensée libérale que d'avoir cherché à justifier l'étendue et l'intensité de cette intervention minimale, non par des arguments politiques mais à partir de l'analyse économique. Dans certains pays, cette politique interventionniste est devenue salutaire, pour d'autres, les pouvoirs publics ont abusé de leurs pouvoirs pour imposer des politiques inadaptées et mal pensées.

L'analyse néoclassique explique dans quels cas l'Etat peut intervenir dans le système des marchés :

· L'Etat doit veiller au respect des règles du jeu de l'économie du marché (loi de l'offre et de la demande) qui peuvent être remises en cause. Ainsi, la politique économique doit organiser le marché. La volonté de maintenir l'état de la concurrence pure et parfaite implique en particulier la création d'un corps de législation assurant le respect de règle de concurrence.

· l'Etat intervient aussi dans le cas des défaillances, de lacunes du marché. Il exerce alors sa fonction de suppléance du marché.

· l'Etat intervient dans la répartition des ressources puisqu'il est chargé de réaliser le grand optimum en mettant en oeuvre une certaine conception de la justice (allocations des ressources au sens de Pareto), ce qui se trouve même dans l'optique des néoclassiques.

· En bref, l'Etat remplit de multiples fonctions et MUSGRAVE a essayé de faire une classification présentant l'avantage de faire coïncider les principales fonctions du secteur public, avec les données bien définies de l'analyse économique. L'auteur a ainsi attribué à l'Etat trois fonctions qui sont interdépendantes à savoir :

· Fonction d'allocation permettant de promouvoir une allocation optimale des ressources économiques rares afin d'en tirer le meilleur parti pour le bien être de la collectivité.

· Fonction redistributive pour promouvoir la distribution équitable du bien-être, en termes plus concrets des richesses économiques ou du revenu et de la fortune, entre les individus, les régions ou les générations.

· Fonction de stabilisation en vue de promouvoir l'équilibre macro-économique en stabilisant les fluctuations de la croissance économique.

Cette intervention peut se présenter sous trois formes :

a) Action directe sur les prix

Dans les périodes de forte pression inflationniste, les gouvernements peuvent recourir au blocage des prix ; c'est-à-dire que les prix sont maintenus autoritairement à un certain plafond.

· Les vendeurs peuvent être autorisés à établir leurs prix en appliquant des normes imposées par l'Etat ;

· L'Etat peut également imposer un régime de liberté contrôlée. C'est-à-dire que les professionnels déposent leurs barèmes des prix aux services officiels de contrôle et le gouvernement dispose d'un certain délai pour s'opposer à l'application du nouveau barème pour obliger l'entreprise à le réviser ;

· L'Etat peut également imposer un régime de prix en liberté surveillée. C'est-à-dire que les professionnels déposent leur barème de prix qui est immédiatement appliqué. Les services officiels l'utilisent uniquement dans leurs opérations de surveillance.

Les objectifs d'une politique d'intervention directe sur les prix peuvent viser notamment :

- la stabilisation des cours de certains produits pour la garantie d'un revenu minimum au producteur ;

- l'Etat peut se porter acquéreur en période d'excédent et financer les stocks pour soutenir les cours.

Les graphiques suivants montrent l'intervention directe de l'Etat sur les prix pendant les périodes d'excédent et de pénurie de la production.

Figure 1 : Action directe de l'Etat sur les prix en période d'excédent de la production.

P1

Pe

Prix

Offre (S)

Demande (D)

0 Q0 Qéq. Q1 Quantité

Source : CHARPY, J., La politique des prix, CALMANN-LEVY, p.266.

Pendant cette période d'excédent, l'Etat va acheter la quantité d'équilibre diminué de la quantité au temps un, soit (Qe - Q1) pour maintenir le prix à l'équilibre. En période de pénurie, l'Etat peut alimenter l'offre en pesant sur les stocks.

Figure 2 : Action directe de l'Etat sur les prix en période de pénurie de la production

Prix

Offre (S)

Offre (S)

P1

Pe

Demande (D)

0 Q1 Qéq. Quantité

Source : CHARPY, J., op. cit., p.266.

Pendant cette période de pénurie, l'Etat va envisager de ramener les prix (P1) au prix d'équilibre (Pe). Il va donc mettre sur le marché la quantité Q1 - Qe.

Néanmoins, cette intervention directe de l'Etat sur les prix est soumise à de sévères critiques. Il est souvent accusé d'avoir un caractère bureaucratique, sclérosant et illusoire, tant par les entreprises qui y sont soumises que par les économistes et les gouvernements qui persistent à faire confiance exclusivement aux techniques de régulation globale du marché (CHARPY.J., 1973).

a) Action indirecte sur les prix

Les pouvoirs publics, au lieu d'agir directement sur les prix, tentent d'influer sur l'offre et/ou sur la demande qui sont les déterminants des prix. Les objectifs d'une telle politique des prix sont très divers comme entre autre l'objectif de stabiliser les cours de certains produits pour garantir le revenu minimum aux producteurs.

b) Intervention par l'impôt ou la subvention

L'Etat peut lever l'impôt sur les ventes ou introduire une subvention sur les achats afin de modifier les conditions d'équilibre ou pour restreindre les importations pouvant concurrencer les produits locaux.

c) Le régime du taux de marque

Les pouvoirs publics peuvent appliquer un régime de taux de marque dans la fixation des prix. Le taux de marque signifie tout simplement une marge bénéficiaire.

I.3. Efficacité du marché dans le système des prix

 Les prix sont formés efficacement quand un grand nombre d'acheteurs et de vendeurs, ayant tous un accès semblable à l'information appropriée du marché agissent les uns sur les autres pour se mettre d'accord sur une base d'échange : «le prix ». Ce prix émet des signaux aux consommateurs sur les coûts des ressources employés pour leur fournir des produits. En même temps, il envoie des signaux vendeurs (producteurs) sur la volonté des consommateurs de payer le coût des ressources nécessaires à la production. Une formation efficace des prix est indispensable à une affectation efficace des ressources dans une économie de marché. Cette représentation de la formation des prix est essentiellement statique.

Cependant, il est probable que les prévisions des conditions futures soient également importantes dans la formation des prix présents. Si les prévisions sont exactement remplies à chaque période, des caractéristiques dynamiques des prix parfaitement prévisibles en résultent.

Malgré toute son efficacité dans l'affectation des ressources économiques, une économie de marché concurrentielle ne peut pas atteindre certains objectifs sociaux importants sans intervention prudente du Gouvernement (efficacité économique, la répartition des revenus, le bien-être nutritionnel, sécurité de la société,...).

I.3.1. Analyse de la politique des prix

Selon TIMMER, les politiques des prix se subdivisent en deux grands groupes : les politiques de subventions et les politiques commerciales. Les subventions se font à la production, à la vente et à la consommation. Les subventions à la consommation rendent l'aliment moins cher et réduisent en même temps les recettes des producteurs. Les producteurs des produits comme les produits pétroliers sont pénalisés. Les recettes étant diminuées, la capacité d'investir est aussi réduite. Ce qui entraîne une baisse des ventes et une hausse des prix tandis que les subventions aux vendeurs jouent le rôle inverse. Quant aux politiques commerciales, elles se résument aux contingentements d'importation. Ce sont des restrictions appliquées, soit au prix, soit à la quantité.

I.3.2. L'efficacité de l'action de l'Etat sur les prix

Une mauvaise application des politiques des prix peut engendrer des distorsions des prix qui, en retour, engendrent généralement des conséquences néfastes sur l'ensemble de l'économie et en particulier sur le commerce des produits pétroliers.

Selon GILLIS, M. et alii (1990), « il importe d'éviter de graves distorsions dans la structure des prix. L'existence d'une structure de prix adaptée ne présente nulle part plus d'importance que dans le secteur agricole ». Encore faut-il qu'ici, comme dans tous les autres secteurs de la vie économique, il y ait d'abord un marché avant que les prix ne puissent avoir des effets étendus.

Economiquement, les prix sont efficaces s'ils se trouvent à un niveau qui assure l'allocation des ressources la plus optimale. Les critères d'efficacité qui sont souvent retenus pour un ensemble de prix sont les prix frontières (border prices). Ces prix frontières vont servir comme « prix de référence » lesquels représentent le coût d'opportunité des produits ou des facteurs.

Le prix de référence économique est le prix équivalent à la frontière plus les coûts supplémentaires (frais portuaires, de transport et de distribution, de stockage, etc.). Pour un produit ou intrant qui n'est exporté, ni importé, le marché international ne peut pas servir de référence. Dans ce cas, le prix de référence est le prix qui serait pratiqué sur le marché national en l'absence de toute intervention étatique.

Selon Baumol, « bien que le marché ne soit pas un instrument parfait et bien que le gouvernement soit animé de bonnes intentions ne suffisent pas, tout gouvernement qui tente de corriger ce qu'il prévoit comme un défaut du mécanisme du marché devrait se montrer très prudent pour éviter de provoquer des dommages irréparables ».

En effet, en raison de la politique des prix « inappropriée », il arrive que le prix a tendance à voir ses mouvements se déterminer non pas en fonction des mécanismes du marché mais en fonction de l'influence relative des diverses parties intéressées. Les groupes urbains (militaires, fonctionnaires, les organisations et les sociétés industrielles) offrent un contraste frappant avec les groupes ruraux africains, en particulier les petits exploitants non structurés. Ce qui fait que le prix a tendance à demeurer dans l'arène politique et le groupe des agriculteurs sera lésé en ce qui concerne les décisions essentielles affectant les transferts de ressources et les termes de l'échange.

En outre, une fois que l'Etat est intervenu pour fixer le prix d'une denrée, la rigidité des prix officiels a fréquemment pour corollaire que le marché ne s'équilibre pas à ce prix, si bien que dans des situations de déficit, la demande excédentaire crée un second marché d'un prix très élevé, l'inverse se produirait dans des situations d'excédents. Les prix du second marché (parallèle ou informel) sont donc totalement élastiques et peuvent différer des prix qui s'instaureraient en l'absence de l'existence de ces deux marchés. Les informations relatives au marché et à sa transparence peuvent être sérieusement affectées dans la mesure où les produits offerts aux prix officiels sur le marché à un prix plus bas peuvent déformer les prix encore davantage.

Quand une marchandise est rare, un prix artificiel stimulera la demande et découragera l'offre aggravant la pénurie au lieu de produire l'effet inverse. Même lorsque le prix sur le marché parallèle est élevé, l'existence d'un prix officiel bas découragera les producteurs et les intermédiaires.

Généralement, les prix du marché officiel restent constants pendant des années malgré d'importants changements survenus dans les conditions de marché et dans les prix des autres denrées. La dualité des prix, avec tout un ensemble d'abus, de favoritisme et de corruption, la confusion et l'incertitude qu'elle suscite pour les producteurs et pour les agents commerciaux sont devenus un trait caractéristique des marchés officiels.

I.3.3. La théorie des anticipations des prix

RAVALLION (1987), dans l'explication des famines au Bangladesh, a montré que sous certaines conditions, une information déficiente engendre une instabilité des prix supérieure à ce qu'elle est en situation d'anticipations rationnelles. Autrement dit, les marchés peuvent être déstabilisés par la spéculation lorsque les prix anticipés n'intègrent pas toute l'information disponible sur la rareté future du bien. Seule une estimation économétrique permet d'appréhender la nature des biais d'anticipation et de conclure sur leur impact sur l'instabilité des prix.

Au Bangladesh, les divers auteurs ont essayé de montrer les éléments moteurs de la crise de 1974. Ainsi, beaucoup de gens reprochent les accumulateurs des stocks des céréales, spécialement le riz, comme éléments principaux de cause de la famine.

D'autre part, les discussions des différents auteurs comme HARTMAN et BOYCE (1979), SOBHAN, RASHID (1980), SEN (1981) et GREENOUGH (1982) ont mis l'accent sur le rôle de la spéculation sur les céréales comme cause principale de la famine. Ces auteurs attribuent la fonction des anticipations substantielles des prix futurs de la part des gens qui détiennent les stocks des céréales comme cause principale de la famine au Bangladesh.

I.4. Histoire du pétrole

Le Pétrole aussi appelé « huile de pierre », son origine remonte à des centaines de milliers d'années. Il est issu de la décomposition des micro-organismes marins, végétaux et animaux déposés au fond des mers et lagunes. En général, le pétrole est piégé dans une roche réservoir située sous des couches imperméables. Il occupe des interstices microscopiques entre les cristaux de la roche, un peu comme de l'eau dans une éponge ou dans une craie mouillée.

En effet, des milliers de produits sont issus du pétrole. Les plus connus sont : Les carburants automobiles (essence, gasoil), le carburéacteur pour les avions, le fioul de chauffage, les lubrifiants, le fioul industriel, les bitumes, les produits dérivés de la pétrochimie (matières plastiques, produits de beauté, médicaments,...), les gaz liquéfiés.

Cependant, il existe différentes qualités de pétrole : des bruts plus ou moins denses, plus ou moins soufrés. Le choix d'une qualité de brut est fonction des produits que l'on souhaite fabriquer en priorité (bruts légers pour les essences, bruts lourds pour les bitumes).

Les plus gros gisements sont localisés au Moyen-Orient  qui recèle environ les 2 /3 des réserves mondiales prouvées. On en trouve également en Afrique, Amérique, Mer du Nord, etc... L'Unité de mesure du pétrole est le baril ou la tonne.

Le baril correspond à un volume de 159litres et se négocie en dollars (1tonne est égale à environ 7,33 barils pour les bruts de densité moyenne, c'est-à-dire 860Kg/m3).  Pour ce qui est du transport des produits pétroliers, le pétrole brut est transporté par bateau et oléoduc. En France par exemple, les produits raffinés (carburants routiers, le fioul lourd) sont transportés par oléoduc (45,1 % des quantités), par camions (29,4% des quantités), par Wagons citernes (7,2%), par caboteurs et chalands (9,5%).

Les principaux pays exportateurs des produits pétroliers sont les pays de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs du pétrole) qui est le principal producteur avec 38%, suivi de l'Amérique du Nord (y compris le Mexique) qui représente 13%. L'OPEP comprend 11Pays : Arabie saoudite, L'Irak, l'Iran, Venezuela, Emirats Arabes Unis, Koweït, Nigéria, Libye, Indonésie, Algérie et Qatar. Les autres principaux pays exportateurs n'appartenant pas à l'OPEP sont la Russie (9,8%), le Canada (4,2%).

Ainsi, cette Organisation (l'OPEP) influence autant le marché par le fait qu'elle entretient des réserves de capacités de production lui permettant de jouer sur la demande résiduelle du pétrole au moment où les autres pays producteurs produisent à un niveau proche de leur maximum. Grâce à l'imposition des quotas de production, l'OPEP influence les prix. Dans les années soixante-dix, le prix du pétrole a énormément augmenté, suite à la formation de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole). Usant de son pouvoir de monopole, l'OPEP réduisit l'offre de pétrole et, par là-même, en augmentant le prix.

Le prix relatif du pétrole, resté pratiquement constant durant les années soixante, a presque triplé entre 1970 et 1982, en raison notamment des deux hausses brutales, la première en 1973-1975, la seconde en 1979-1981.

A partir de 1982 cependant, l'OPEP devint incapable de faire respecter les quotas de production qu'elle avait assignés à ses membres. Certains pays membres commencèrent à produire plus que leur quotas, et l'offre mondiale de pétrole commença à croître régulièrement, d'où un déclin important du prix. La dissolution de l'OPEP a entraîné une baisse régulière du prix du baril.

I.5. La littérature empirique

Bon nombre d'études réalisées jusqu'ici ont révélé l'existence d'une corrélation entre la hausse du prix du pétrole et les replis observés au niveau de l'activité économique des pays importateurs de pétrole. Hamilton (1983), Davis (1987), Mork (1989), Lee et alii (1995), Daniel (1997), Raymond (1997), Brown (1999), Lee et Ni (1999) et Hamilton (2000) parmi tant d'autres ont ainsi apporté leur contribution à ce qui représente un très grand débat dans l'actualité économique.

Il est ainsi observé que les variations à la hausse du prix du pétrole sur les marchés mondiaux ont un effet négatif sur l'activité économique des pays importateurs de pétrole. Toutefois, malgré cette abondante littérature empirique faisant état d'un effet important des chocs du prix du pétrole sur l'activité économique, il y a peu de consensus sur ce qui explique cet état de fait.

Des modèles reposent sur l'idée que le logarithme du PIB réel est linéairement lié au logarithme du prix réel du baril de pétrole. Une implication de cette linéarité est que si le prix du baril baisse, alors la production doit augmenter ; en d'autres termes, si une hausse du prix du baril entraîne une récession économique, alors une baisse du prix du pétrole devrait provoquer une expansion économique par le même mécanisme.

BIZOZA, A. et NDIKUMANA, N. (2009) ont montré à l'aide d'un modèle Autorégressif à retards échelonnés que la hausse des prix des produits pétroliers influence le taux de croissance de l'Indice des prix à la consommation des ménages de Bujumbura.

MANIRAKIZA, P. C. (2005) a montré à l'aide d'un modèle linéaire que la hausse du prix du pétrole a un impact négatif et significatif sur les prix des autres produits en Mairie de Bujumbura.

Hubert (2006) a montré à l'aide d'un modèle linéaire que la hausse du prix du pétrole a un impact négatif et significatif sur les finances publiques. Néanmoins, l'argument selon lequel les chocs pétroliers contribuent directement aux retournements conjoncturels suscite des controverses en ce sens que la corrélation entre le prix du pétrole et l'activité économique paraît faible d'après une analyse faite sur la base de données de l'économie américaine, observées depuis 1985 (Hooker, 1996). Nombreux sont les auteurs ayant amputé cette instabilité de la relation empirique entre prix pétroliers et output à une mauvaise spécification de la forme fonctionnelle. Loungani (1986), Mork (1989), Lee, Ni et Ratti (1995), Hamilton (1996), Balke, Brown et Yucel (1999) parmi d'autres, ont défendu la thèse qui voudrait que la relation entre le prix du pétrole et l'activité économique soit non linéaire.

D'un point de vue empirique, de nombreuses études ont constaté que la relation entre le taux de croissance du PIB et les variations des cours du pétrole s'est affaiblie après le contre-choc pétrolier du milieu des années 1980 (Muriel et Laure (2007). Dans la littérature américaine, diverses théories ont été proposées pour expliquer cet affaiblissement, notamment par Hamilton et Hooker.

I.5.1. Les variations du prix du pétrole ont un effet asymétrique

Empiriquement, plusieurs articles Mork (1989), Hamilton (1996), Hamilton (2005), Lee, Ni et Ratti (1995) ont mis en évidence sur données américaines que seules les hausses du prix du pétrole ont un impact sur le taux de croissance du PIB. Pour ces auteurs, la baisse du prix du pétrole n'a aucun effet sur l'activité. La prise en compte de la période du contre-choc pétrolier dans les modèles réduit donc la précision des estimations.

Ces effets asymétriques ont été mis en évidence à trois niveaux. Des études sur données américaines et britanniques Balke, Brown et Yucel (1998), Davis et Haltiwanger (2001) montrent que les prix des dérivés pétroliers réagissent plus rapidement en réponse à une hausse du cours du brut qu'ils ne baissent avec le prix du brut. D'autre part, les fluctuations du prix du pétrole nécessitent une réorganisation de la production. Cette réorganisation entraîne des coûts d'ajustement, qui viennent accentuer l'effet négatif de la hausse du prix du pétrole et qui contrebalancent les effets positifs lors de la chute des cours.

L'alternative proposée dans la littérature à cette hypothèse d'effets asymétriques est la présence d'une rupture dans la relation entre le PIB et le prix du pétrole. En particulier, pour Hooker (1999), cette hypothèse d'asymétrie n'est pas convaincante sur la période récente. Selon cet auteur, la relation entre les prix du pétrole et l'économie change qualitativement autour de 1980. A la fin des années 1980, des études empiriques sur données américaines, Hooker (1996) par exemple, ont montré que la relation entre les variations du prix du pétrole et la croissance étaient de plus en plus ténues.

I.5.2. Les effets des variations du prix du pétrole dépendent du cycle conjoncturel

Une autre théorie proposée dans la littérature pour expliquer la perte de significativité de la relation entre les variations du prix du pétrole et le taux de croissance du PIB est celle de Raymond et Rich (1997). Ces auteurs proposent d'étudier l'influence des variations du prix du pétrole en fonction du cycle économique. Notons que, si l'on montre que les variations du prix du pétrole n'ont un effet qu'en bas de cycle, alors on peut expliquer l'affaiblissement de la relation depuis le milieu des années 1980. Les hausses majeures récentes du prix du pétrole, en particulier celle des années 2000, ont en effet eu lieu lors de périodes d'expansion économique. Comme les défenseurs des effets asymétriques du prix du pétrole ne tiennent pas compte des périodes de baisse du prix dans leurs estimations, il serait logique de ne pas prendre en compte les périodes d'expansion économique si l'on croit à l'effet différencié du prix du pétrole selon la phase du cycle conjoncturel.

D'un point de vue théorique, peu d'articles donnent une justification à cet effet différencié. Citons tout de même Lescaroux (2006), qui propose la piste suivante fondée sur le partage de la valeur ajoutée. L'idée est qu'en période d'expansion, il y a différentes possibilités pour payer le surplus de la facture pétrolière, alors qu'en période de récession, seule la baisse des salaires réels et/ou la hausse du chômage permettent de compenser les effets de la hausse.

Si les modèles macroéconométriques ont permis de clarifier la relation entre le choc pétrolier et les fluctuations du PIB, elles se heurtent toutefois aux critiques de Sims (1980) et de Lucas (1976). Selon Sims, les modèles macroéconométriques imposent des contraintes sur les variables et des priori économiques non justifiés du point de vue statistique, et propose à la place les modèles VAR. Lucas, pour sa part, estime que les modèles macroéconométriques ne sont pas invariants à la forme de la politique économique, et propose en lieu et place les modèles d'équilibre général intertemporels stochastiques (MEGIS).

Hamilton (2001), à l'aide d'un modèle VAR, soutient que les perturbations dans l'économie qui font suite à un choc pétrolier ne sont pas directement dues à celui-ci, mais plutôt à la réaction de la Réserve Fédérale. Ainsi, au moyen du VAR structurel, Hamilton montre que cette conclusion erronée tient en partie au nombre insuffisant de retards considéré dans la modélisation.

De même, Bernanke, Gertler et Watson (1997) ont démontré, à l'aide d'un modèle VAR, que les effets négatifs du premier choc pétrolier étaient essentiellement dus à la hausse du taux d'intérêt alors que ceux du second provenaient bien de la hausse du prix du pétrole. Par ailleurs, Frank Kleibergen et al utilisent le modèle VAR pour analyser les mécanismes par lesquels la hausse du prix du pétrole agit sur le niveau des prix et la demande des biens d'importation.

A travers ces différentes revues documentaires, nous constatons nettement qu'il y a peu d'études qui analysent les effets des chocs du prix du pétrole pour les pays africains en l'occurrence celles qui utilisent les nouvelles techniques d'analyse telle que la modélisation VAR.

Au regard de toute cette littérature, nous pouvons dire que l'impact de la hausse du prix du baril sur l'économie a fait l'objet de nombreuses études, chacune avec ses spécificités en terme de méthodologie mais également d'approches, lesquelles présentent chacune des avantages et des limites.

I.6. L'importance du pétrole dans l'économie et les marchés

Les produits pétroliers revêtent d'une importance considérable aussi bien dans l'économie que sur les marchés. En effet, la hausse de leurs prix entraîne souvent des effets néfastes dans les économies de divers pays. L'idée d'une hausse structurelle des prix des matières premières s'impose déjà depuis fort longtemps, sans doute plus de 5ans. A l'horizon 3 ou 18 mois, on ne voit pas bien ce qui pourrait favoriser une détente franche et durable du prix du pétrole. On peut estimer, depuis 5ans, que l'impact macroéconomique restrictif du choc pétrolier actuel est probablement faible à l'échelle mondiale. Cette analyse est toujours valable (moindre intensité énergétique et pétrolière de la croissance dans les pays riches, poids élevé des pays exportateurs du pétrole dans le PIB mondial, impact favorable sur les taux, expansion des liquidités par les pays pétroliers, choc relativement graduel, ...)

Dans l'ensemble, le choc pétrolier est modérément négatif au niveau global avec les pays riches (Etats-Unis, Europe, Japon) assez perdants(avec quelques exceptions comme le Canada et la Norvège) et au sein du monde émergent quelques gagnants (Russie, Golfe, quelques pays d'Amérique Latine,...) et les Perdants (Inde, une petite partie de l'Amérique Latine, quelques pays de l'Asie de l'Est comme Singapour, Taiwan ou la Corée, Afrique subsaharienne sauf les pays du Golfe de Guinée,...).

I.7. La fixation des prix du pétrole par les marchés internationaux.

La fixation des prix des produits pétroliers au marché mondial est le privilège des grands producteurs et surtout les pays de l'OPEP. Cependant, au début des années 1980, l'offre mondiale de pétrole tendait à augmenter avec l'exploitation de gisements nouveaux notamment en Mer du Nord, et la part de l'OPEP dans les exportations mondiales tendait à diminuer.

Par ailleurs, l'augmentation des besoins en énergie liée à la croissance des pays industrialisés et à l'industrialisation des pays émergents était largement compensée, d'une part par les progrès technologiques dans l'utilisation de l'énergie (équipements plus performants et moins « énergétivores »), et d'autre part par le recours à de nouvelles sources d'énergie (électronucléaire, gaz naturel, énergies renouvelables).

Dans ces conditions, l'OPEP ne pouvait contrôler la tendance à la baisse du prix du pétrole qu'en limitant sa propre production à travers la fixation de quotas pour chacun de ses membres. Pourtant, certains pays membres de l'OPEP ne respectaient pas leur quota, et malgré les efforts de l'Arabie Saoudite qui, de 1982 à 1984, avait limité sa production au-delà de son quota pour compenser les dépassements de ses partenaires, les prix tendaient à baisser (de36$ en 1981à 28$ le baril en 1985). Devant l'impuissance de l'OPEP à surmonter ses divisions interne, l'Arabie Saoudite décida en 1985 d'augmenter sa production pour reconquérir les parts de marché qu'elle avait perdues au cours des années précédentes, suscitant ainsi dès l'année suivante une chute brutale du prix du pétrole de 28 à moins de 10$ le baril). Ce contre-choc pétrolier marque le début d'une période au cours de laquelle, malgré une tentative avortée de l'OPEP de reprise en main du marché en 1987, le prix du marché va se fixer sur les marchés internationaux (marché au comptant et marché à terme), avec les fluctuations de prix inhérentes aux marchés internationaux des produits de base (entre 10 et 20$ le baril).

La crise du Golfe, liée à l'invasion du Koweït par l'Irak en Août 1989, a fait craindre un troisième choc pétrolier, le prix du pétrole ayant atteint en octobre de la même année plus de 40$ le baril. Très vite cependant, les incertitudes relatives à l'approvisionnement en pétrole provenant du Moyen-Orient furent levées grâce au rapide succès de l'opération militaire « Tempête du Désert » et à l'augmentation de la production de l'Arabie Saoudite dont le pétrole s'est substitué au pétrole Irakien et Koweitien sous embargo.

Dès la fin de l'année 1990, le prix du pétrole a retrouvé les niveaux de prix antérieurs à la crise, se maintenant de 1991 à 1998 entre 15 et 25$ le baril. Au cours de l'année 1998, le prix du pétrole descendra jusqu'aux alentours de 10$ le baril, du fait d'une offre pléthorique face à une demande déprimée par les crises asiatiques, russes et latino-américaines. Il croîtra ensuite en 1999 et 2000 pour atteindre au début du mois de septembre 2000 près de 35$, suscitant les inquiétudes des Pouvoirs Publics des pays importateurs quant à l'incidence de ce prix sur l'inflation et entraînant en Europe la fronde des professions dont le prix du carburant constitue un prix de revient important dans leur activité (pêcheurs, transporteurs routiers, agriculteurs...). Cet accroissement important du prix du pétrole était essentiellement lié à l'augmentation d'une demande stimulée par la croissance économique des principaux pays importateurs : les Etats-Unis (31,9% de la consommation mondiale), les pays industrialisés asiatiques se relevant de la crise qui les avait frappés en 1997 et 1998 (27,2%) et l'Europe (19,6%).

I.8.Les Crises pétrolières.

La période 1973-1980 marque l'histoire du monde avec les premier et deuxième chocs pétroliers. En 2003, le prix du baril remonte, en dépit d'une production toujours assurée et d'une relative paix mondiale, à cause de la spéculation sur les matières premières en général ; quand cette spéculation s'arrêtera brutalement en 2008, le prix du baril suivra cette évolution spectaculaire.

I.8.1. Les chocs pétroliers de 1973.

Le choc pétrolier de 1973 avait marqué la fin des « trente glorieuses » et le début de la vague montante du chômage endémique. Cette crise du pétrole était pourtant bénigne auprès de celle qui se développe et était prévisible, dès lors que la Chine tournait le dos au collectivisme et montait dans le train du libéralisme économique. Tout le monde s'en est réjoui. On voyait s'ouvrir devant notre commerce un immense marché.

Le taux de croissance de la Chine atteint presque 10 % par an. L'essor économique et industriel est colossal, à la mesure de ce pays gigantesque trois fois plus peuplé que l'Union Européenne élargie (un terrien sur cinq est Chinois). Mais un tel essor exige de formidables apports de matières premières et d'énergie. Aujourd'hui, la Chine est en train d'aspirer tout le pétrole disponible sur la planète, ce qui explique la flambée des prix du baril de brut, dont les automobilistes français ressentent les premiers effets.

Le 6 Octobre1973, journée de la fête du Kippour en Israël, est devenu une date historique pour le pétrole. C'est le déclenchement du conflit Israélo-arabe qui aboutit, quelques jours plus tard chez les pays exportateurs du pétrole, à des mesures d'une portée sans précédent concernant les prix, le contrôle de la production et les quantités livrées de pétrole. Le 16 octobre 1973, réunis à Koweït, les pays de l'OPEP tous contre l'Israël, décident de soutenir l'Egypte et la Syrie en utilisant une arme nouvelle : celle du pétrole. La bataille pétrolière a fait plus de bruit que la bataille des canons, des chars et des avions. Pour contraindre les Etats-Unis et l'Occident à cesser de soutenir l'Israël, l'0PEP décide de diminuer les exportations afin de priver les américains et les Européens du pétrole dont ils ne peuvent se passer. En plus de cette mesure, les pays membres de l'OPEP décident unilatéralement de majorer leurs prix affichés de 70% (MASSERON, J. :1980) sans consulter les consommateurs, ni attendre leur accord. Le 23 décembre 1973, à Téhéran, les restrictions d'exportations conduisent l'OPEP à relever de nouveau les prix car la demande était devenue supérieure à l'offre et leurs hausses conformes à la loi du marché (MASSERON, J. :1980). Le prix du pétrole brut par baril passe de 2,7dollars en 1973 à 11,2dollars en 1974, soit une augmentation de 314%.

C'est ainsi que les pays producteurs se sont rendus maîtres des deux leviers de commande du marché pétrolier : les prix et les quantités disponibles. Ils ont entrepris de s'assurer le contrôle de leurs livraisons, soit en prenant des participations au sein des compagnies concessionnaires, soit en nationalisant la production, soit encore en fixant les niveaux de production. Ils ont compris que le relèvement des prix du pétrole ne pouvait être si la production mise sur le marché dépassait la demande. En vendant moins, les exportateurs arabes ne risquent rien car avec le niveau des prix atteint, ils s'approprient la rente correspondant à la réduction de la production et des livraisons.

· Quelles ont été les conséquences de cette hausse brutale des prix du pétrole ?

A partir de 1974, les sociétés pétrolières entreprennent des recherches de gisements dans tous les coins du monde pour diminuer la dépendance des pays consommateurs à l'égard des principaux producteurs. Des investissements considérables sont réalisés dans des nouvelles zones de production comme la mer du Nord, l'Alaska,...

Les balances de payements de la plupart des pays importateurs, surtout les pays en voie de développement, sont devenues de plus en plus déficitaires.

Les Etats des pays consommateurs encouragent les recherches d'autres sources d'énergie pouvant remplacer partiellement le pétrole. Quant aux pays de l'OPEP, leurs recettes pétrolières ont été fortement accrues par ce renchérissement de prix du pétrole.

I.8.2. Le choc pétrolier de 1979

Le niveau des prix qui avait été atteint vers la fin de 1974 à la suite des augmentations des prix du pétrole brut à partir de 1973, était resté presque stable jusqu'en 1978. Au cours du troisième trimestre de 1978, la Révolution islamique en Iran a provoqué une baisse de production du pétrole dans ce pays. Cette diminution des approvisionnements Iraniens a permis à l'OPEP de préconiser des hausses de prix du pétrole brut et aux pays consommateurs de prendre des précautions pour réduire la consommation pétrolière. Le 26 et 27 Mars 1979 à Genève, l'OPEP décide un relèvement de 9% du prix du pétrole brut. L'OPEP laisse à chaque membre une liberté relative de fixer son prix à partir de celui du brut de référence et ceci entraîne de conséquences très importantes sur le marché international du pétrole qui devient pratiquement incontrôlable. C'est ainsi que le prix d'un baril de pétrole est passé de 12,9dollars en 1978 à 18,6dollars en 1979, et à 30,5dollars en 1980 pour atteindre 34,3dollars en 1981. Face à ces hausses continuelles de prix, les pays producteurs du pétrole non membres de l'OPEP et les pays consommateurs n'ont pas manqué de réagir. Beaucoup de recherches ont été entreprises et de nouvelles zones productrices telles que la mer du Nord (pour la Grande Bretagne et la Norvège) le Mexique, l'Oman, l'Angola, la Côte d'Ivoire, ... ont étés découvertes.

Depuis 1981, les pays non membres de l'OPEP produisent plus que l'OPEP. Les pays importateurs ont pris des mesures pour diminuer leurs importations de pétrole notamment en développant les autres sources d'énergie.

Avec l'augmentation continuelle de la production des pays n'appartenant pas à l'OPEP et le remplacement du pétrole par d'autres sources d'énergie, le prix moyen baisse pour se situer à moins de 34 dollars le baril à la fin de 1981. Les réductions effectives des prix par certains pays jointes à un marché mondial du brut engorgé à cause d'une diminution substantielle de la consommation de pétrole et d'une tendance des compagnies pétrolières à réduire leurs stocks abondants, provoquent des réactions dans les pays de l'OPEP qui veulent préserver leur puissance. Afin de conserver la maîtrise des prix mondiaux du brut, les onze pays membres de l'OPEP ont décidé, en Mars 1982, de plafonner leur production. Mais ces pays n'ont pas pu s'entendre sur les quotas de production par pays car des problèmes économiques ou politiques de certains membres du cartel les ont contraints à violer cet accord. Le Nigéria, le Venezuela, la Lybie qui, se trouvant dans des difficultés financières, n'ont pas respecté leurs quotas de production.

L'Iran, en désaccord politique avec l'Arabie Saoudite et en guerre avec l'Irak, a augmenté sa production au-delà de ses quotas . L'Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar et les Emirats Arabes Unis ont été les seuls membres de l'OPEP à rester fermes sur les sacrifices de réduire la production et de stabiliser les prix.

Le 18 Février 1983, le Royaume-Uni annonce une diminution sensible de prix du pétrole extrait dans la mer du Nord. Le lendemain, le Nigéria baisse le prix de son brut jusqu'à 30dollars le baril. Après de longues négociations entre les pays membres de l'OPEP sur la baisse de ces tarifs, un accord faisant passer le prix du baril de référence de 34 à 29dollars est signé le14 Mars 1983 à Londres. Pour la première fois depuis 1960, l'OPEP accepte de réduire officiellement le tarif du brut : il n'est plus maître absolu du marché mondial du pétrole.

Les causes de ce renversement sont : « L'affaiblissement de l'OPEP du fait du déplacement de la production vers de nouvelles zones ; la piètre croissance économique caractérisant les principaux pays consommateurs d'énergie, les substitutions opérées au dépens du pétrole et la rationalisation de son usage » (ANGELIER, J.P., 1983).

· Quelle est l'attitude des pays importateurs face à cette baisse des prix du pétrole ?

Les pays importateurs du pétrole essaient de maintenir leur politique de réduction de la consommation et d'investissement dans la recherche d'autres sources d'énergie. Ils craignent que la chute brutale des prix du pétrole, séduisante à court terme pour les acheteurs, ne découragent les efforts entrepris depuis 1974 de développer les énergies nouvelles et les exploitations de gisements pétroliers sous les mers. Si les pays importateurs renoncent à ces recherches, ça serait peut être la meilleure façon de préparer un retour en face de l'OPEP sur le marché mondial car l'OPEP possède toujours l'essentiel des réserves mondiales de pétrole et dont le coût de production d'un baril est très bas.

· Son impact macro-économique

Depuis 5 ans, l'impact macro-économique restrictif du choc pétrolier actuel est probablement faible à l'échelle mondiale parce que ce choc reflète avant tout une demande mondiale forte en provenance des pays émergents. Par ailleurs, les pays occidentaux sont moins vulnérables que dans les années 70, notamment en raison de la moindre intensité énergétique de la croissance économique (développement du tertiaire, programmes d'économie d'énergie,...) et, plus encore, la moindre intensité pétrolière (développement de la production nationale d'énergie, diversification des sources,...). C'est plus exclusivement le cas des pays occidentaux (développement du tertiaire, programmes d'économie d'énergie, développement de la production nationale d'énergie,...) que des pays émergents importateurs nets d'énergie, où elle a au contraire légèrement progressé.

Le poids des pays exportateurs nets de pétrole dans le PIB mondial (en parité de pouvoir d'achat) est plus élevé aujourd'hui (17 %) qu'il y a 10 ans (13 %). Une partie des recettes pétrolières est aussi réinjectée dans le circuit économique réel mondial via un surplus d'exportations pour les pays importateurs nets de pétrole. Ensuite, ce choc, contrairement aux précédents, n'a pas eu de réelles conséquences inflationnistes dans les pays occidentaux.

Le choc pétrolier augmente le niveau de l'épargne mondiale dans la mesure où les pays exportateurs de pétrole ont une propension structurelle à épargner. De ce fait, le taux d'intérêt réel mondial s'ajuste à la baisse.

L'absence d'inflation, sachant que le marché obligataire regarde plus l'inflation sous-jacente que l'inflation visible, la dynamique des flux et le changement des anticipations de politique monétaire aux États-Unis (sachant que la Fed est la seule banque centrale occidentale ayant prise sur les marchés obligataires mondiaux) permettent aux taux longs nominaux de rester à un très bas niveau.

Le recyclage des « pétrodollars » par les pays exportateurs de pétrole alimente l'expansion des liquidités mondiales (et les marchés d'actifs). On se souvient que ce sont pour partie des fonds « d'origine pétrolière » qui ont permis à certaines banques occidentales (Merrill Lynch, Citigroup etc.) de se recapitaliser durant la crise financière. Ce choc est relativement graduel dans le temps par rapport aux chocs pétroliers des années 70 (multiplication par 4 du prix du baril en quelques mois en 1973-74 et par 2,5 en1979-80), même si la hausse récente (depuis le début 2007) est particulièrement marquée.

1.9. Conclusion du premier Chapitre

Le premier chapitre qui était consacré à la revue de la littérature théorique sur les prix et les produits pétroliers, nous a permis de mettre en évidence les approches des différents auteurs(Léon Walras, Adam Smith, Marshall et Keynes) sur la fixation des prix. A l'état normal des choses, les prix se forment librement sur le marché des biens et services selon la loi de l'offre et de la demande. Cependant certains biens ou produits (dont les produits pétroliers, sucre,...) sont jugés plus sensibles, c'est-à-dire qu'une variation de leurs prix affecte les autres secteurs de la vie économique. Aussi, ces produits peuvent aussi être appréhendés comme des produits qui, en leur absence, la machine économique cesserait de tourner ou tout simplement l'économie fonctionnerait mal.

Ainsi, les produits pétroliers sont d'une grande importance dans les économies tant nationales qu'internationales, en témoignent les retombées des différentes crises pétrolières (celle de 1973 et celle 1979) sur l'économie. Pour ces produits donc, l'intervention des pouvoirs publics dans la fixation de leurs prix est plus qu'une nécessité afin de contraindre les spéculateurs et éviter toute sorte d'anarchie. Ainsi, une mauvaise application des politiques des prix peut engendrer des distorsions des prix qui, engendrent en retour généralement des conséquences néfastes sur l'ensemble de l'économie. En effet, comme le Burundi n'est ni producteur, ni raffineur des produits pétroliers, il importe par conséquent la totalité des produits pétroliers dont il a besoin. Le Chapitre suivant va donc parler de la commercialisation et de la fixation des prix des carburants au Burundi.

CHAP.II. IMPORTATION ET FIXATION DES PRIX DES PRODUITS PETROLIERS AU BURUNDI : Analyse descriptive

II.1. Introduction

Au Burundi, les activités d'importation, de stockage et de distribution (chaîne logistique) du carburant sont assurées par des compagnies pétrolières agréées. Le Ministère du Commerce, le Ministère de la Défense Nationale, la BRARUDI et la Police Nationale importent et stockent également du carburant qu'ils utilisent. Les fournisseurs retenus par ces sociétés livrent leurs produits soit par bateau au port de Bujumbura, soit par des camions citernes via Eldoret, Dar-Es-Salaam, Kigoma et Mpulungu. Ces produits sont par la suite acheminés vers les grands entrepôts (la Société d'Entreposage Pétrolière de Bujumbura et le Parc Pétrolier de Gitega).

Le marché parallèle de carburant, quant à lui, s'approvisionne auprès des chauffeurs des camions ou des stations-services (ce carburant est généralement de mauvaise qualité). Ce commerce illicite procure des revenus assez rapidement ; l'essence faisant l'objet d'un trafic illicite permanent à cause du différentiel de prix existant entre le marché parallèle et le marché officiel. Il faut ajouter aussi que le Burundi ne produit pas de pétrole brut.

Du point de vue microéconomique :

Au Burundi comme partout ailleurs, le carburant est utilisé dans tous les secteurs d'activité. Sa demande émane des ménages, des transporteurs, des entreprises et des services de l'administration publique.

Les prix CAF des importations du carburant augmentent considérablement d'année en année (à cause de l'augmentation des cours du baril) et il en résulte une baisse du chiffre d'affaire et de marge pour les sociétés pétrolières, une augmentation des coûts de production, en particulier ceux des consommations intermédiaires des entreprises qui utilisent le carburant comme intrant dans leur production.

Finalement, tous les agents économiques subissent au quotidien l'effet des variations des cours du pétrole sur le marché international.

Du point de vue macroéconomique :

Les besoins en carburant sont en forte croissance et les demandes adressées aux stations-service par les consommateurs demeureraient insatisfaites n'eût été l'Etat qui, des fois, s'approvisionne au Rwanda pour éviter les pénuries en carburant.

Certaines grosses agglomérations ne disposent pas de stations-service. Par exemple, les provinces de CANKUZO, BUBANZA et MWARO ont chacune une station-service tandis que les provinces de KARUSI, RUTANA et RUYIGI ont chacune deux stations-service. Le dispositif de stockage du Burundi ne permet pas aux sociétés pétrolières de réaliser des gains en s'approvisionnant suffisamment au moment où les cours sur le marché international sont favorables, en prévision des hausses défavorables.

II.2. Importations des produits pétroliers au Burundi

Selon les rapports annuels de la BRB, les produits pétroliers à destination du Burundi proviennent de plusieurs pays du monde mais bien sûr dans des proportions différentes selon les pays et les types de produit.

II.2 .1. Importateurs des produits pétroliers

L'industrie pétrolière est un pilier de l'économie mondiale : sur les dix plus grandes sociétés privées de la planète en 2006, cinq sont des compagnies pétrolières. De plus, certaines compagnies nationales dépassent largement la taille de ces majors privées.

Au départ, les approvisionnements des produits pétroliers étaient exclusivement assurés par les sociétés succursales des compagnies multinationales. Ces dernières contrôlent la chaîne de l'industrie du pétrole, de la production à la commercialisation des produits raffinés.

En effet, il existe plusieurs sortes de compagnies pétrolières:

Il s'agit notamment de :

TEXACO (Américaine) ;

SHELL (Britannique) ;

MOBIL OIL (Américaine) ;

TOTAL (Française) ;

FINA (Belge) ; etc.

Les Sociétés FINA et B.P se sont convenues de fusionner pour donner naissance à la Société FINA/ B.P. Actuellement, d'autres sociétés à participation locale, publiques ou privées, sont nées et partagent avec les anciennes sociétés le marché pétrolier burundais.

C'est le cas de PETROBU, HYDROBUR, SICCOP qui ont succédé respectivement à TEXACO, SHELL et MOBIL dont elles ont repris les installations de distribution. Il s'agit également des sociétés telles qu'ERCOIL, BOC, HATTON and COOKSON, ENGEN, etc.... qui ont investi dans les installations neuves. Toutes les sociétés pétrolières burundaises ne se dirigent pas directement aux pays producteurs du Pétrole pour leurs importations ; ils s'adressent plutôt aux grandes sociétés multinationales telles qu'ESSO, TEXACO, MOBIL, SHELL, B.P, FINA, CALTEX, etc.... Ces sociétés multinationales disposent des dépôts pétroliers au Port de Dar-Es-Salaam ou des intérêts dans la raffinerie de Mombassa et le Pipe-line MOMBASSA-NAIROBI.

Les principales raisons qui poussent les pétroliers Burundais à s'adresser directement à ces sociétés sont surtout :

Ø Le problème de quantité car les ventes se font par lot de 1000Tonnes.

Ø Le problème de transport et l'entreposage étant donné que ces opérations sont contrôlées par les multinationales pétrolières.

II.2.2. Les voies d'approvisionnement des produits pétroliers

L'approvisionnement en pétrole pose aux pays importateurs de nombreux problèmes, principalement politique, financier (devises), environnemental. De nombreux pays (européens entre autres) ont donc engagé une politique de réduction de leur dépendance au pétrole depuis les chocs pétroliers de la décennie 1970. Cette politique a eu un certain succès, avec une décroissance de la consommation sur la période 1973-2009, malgré l'augmentation démographique et l'élévation du niveau de vie.

Ne disposant pas de raffineries, le Burundi importe du marché international la totalité des produits pétroliers qu'il consomme. La majorité du trafic international du Burundi utilise deux réseaux de transport rayonnant à partir des Ports de Mombassa et de Dar-Es-Salaam et appelés Corridor Nord et Corridor Central. Un corridor Sud traversant le Lac Tanganyika s'est créé dans ces dernières années pour les échanges avec l'Afrique Australe. A ces corridors s'ajoute le potentiel du port aérien qui nécessite encore d'être développé.

A. Corridor Nord

Le transport par le corridor Nord représente 30% du tonnage des importations et des exportations dans le système Burundais de transport et se fait dans la totalité par camions. Ce corridor est le plus efficace et les affréteurs (importateurs) burundais le préfèrent. La situation change toutefois à mesure que Dar-Es-Salaam s'améliore et que les difficultés d'exploitation du corridor Nord augmentent.

En effet, les transitaires critiquent la lenteur des formalités douanières au Port de Mombassa, le manque d'équipement en état de fonctionner, ce qui se traduit par une mauvaise qualité de manutention. De plus, il est rare que les marchandises soient chargées directement dans le port : elles sont presque toutes transférées dans un dépôt à l'extérieur où elles sont stockées, puis rechargées pour le transport. Il est également à signaler que le corridor Nord comprend aussi une composante ferroviaire sur les territoires kenyans et Ougandais. D'une manière générale, les produits pétroliers à destination du Burundi prennent l'itinéraire suivant :

- MOMBASSA-NAIROBI : Pipe-line

- Et puis Nairobi-Kampala-Kigali-Bujumbura : par voie routière.

Signalons à toutes fins utiles qu'à partir de 2000 les carburants sont importés via Eldoret-Mpulungu et Dar-Es-Salaam.

B. Corridor Central

Pour ce corridor, il existe trois routes principales :

Ø La première route est la voie traditionnelle entre Dar-Es-Salaam et Bujumbura utilisant la voie ferrée, puis le Lac Tanganyika.

Ø Le second itinéraire est entièrement routier via Dodoma et Nzege, puis Kobero-Muyinga.

Ø La troisième possibilité d'acheminement des marchandises y compris les produits pétroliers est d'utiliser la voie ferrée à partir de Dar-Es-Salaam puis la route Isaka-Bujumbura.

En ce qui concerne ce port de Dar-Es-Salaam, tout le monde s'accorde à reconnaître qu'il connaît de nombreuses améliorations. En effet, la présence des entrepôts Belbases à Dar-Es-Salaam est un avantage appréciable pour le Burundi. Le système comporte cependant des inconvénients tant pour le Burundi que pour la Tanzanie tels que :

La perturbation du Port de Dar-Es-Salaam étant donné l'espace limité dans le Port.

Le statut actuel des Belbases n'est pas clair.

En dehors des Ports, le principal intervenant sur le corridor central est la TRC (Compagnie de Transport Ferroviaire Tanzanienne). L'augmentation de la capacité de transport et l'efficacité de TRC sont des éléments essentiels sur le corridor central. Si la durée de transport de la TRC ne se raccourcit pas, le développement de la conteneurisation par Dar-Es-Salaam en souffrira.

En résumé, au niveau du corridor central, les marchandises dont les produits pétroliers empruntent les axes suivants :

- Dar-Es-Salaam- Kigoma par voie ferrée et Kigoma-Bujumbura par voie maritime (Lac Tanganyika).

- Dar-Es-Salaam -Isaka (par voie ferrée) et Isaka-Bujumbura par voie routière.

C. Corridor Sud

Le dernier itinéraire pratiqué est la liaison par le Lac Tanganyika entre MPULUNGU (en Zambie) et Bujumbura, créé surtout pour le transport du ciment et le sucre. Notons que quelques quantités des produits pétroliers transitent par cette voie surtout lorsqu'il ya des difficultés au niveau des autres corridors. Au regard des développements sociaux et politiques de cette région d'Afrique, il est raisonnable d'envisager une intensification du commerce sur ce corridor. Cependant, le port de MPULUNGU reste sous-équipé.

D. Voie aérienne

Bien que le Burundi dispose d'une infrastructure insuffisante en matière de transport aérien, cette voie ne peut être envisagée pour les importations des produits pétroliers. En effet, le transport des produits pétroliers exige une attention particulière surtout qu'ils sont facilement inflammables. Donc, on doit prévoir des moyens suffisants pour ce transport qui sont souvent très chers. Le graphique suivant montre l'évolution des Importations des Produits pétroliers en tonnes durant la période 1980-2009.

Graphique no1 : Evolution des Importations des Carburants en tonnes (1980-2009).

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe no2.

Au regard de ce graphique, on remarque que les importations des produits pétroliers n'ont cessé d'augmenter durant la période d'étude.

Cette situation est expliquée par le rôle croissant joué par ces produits dans l'économie burundaise. Ce sont les produits qui suscitent une demande très importante, celle-ci évolue avec le parc automobile et la population urbaine. Concernant le pétrole, son volume imposable au niveau des importations annuelles n'est pas du tout négligeable, ce produit est demandé en grande partie par la population rurale.

Le graphique suivant montre l'évolution des importations en Millions de Fbu durant la période 1980-2009.

Graphique no2 : Evolution des importations des Carburants (en Millions de FBu).

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe no2

A la lumière de ce graphique, la valeur des importations des produits pétroliers ne cesse d'augmenter d'année en année. Ceci renforce le déficit de la balance commerciale étant donné que les exportations restent stagnantes en général.

Graphique no3 : Importance des carburants dans le total des importations

Dans notre pays, les produits pétroliers dominent la valeur annuelle des importations totales, ce qui témoigne leur place de choix dans les échanges extérieurs. Cet état de chose accentue le déficit de la balance commerciale étant donné que les exportations s'amenuisent au jour le jour.

Le graphique suivant montre la part des importations des carburants(en valeur) dans les importations totales du Burundi (1980-2009). Il est à noter ici que les importations totales du Burundi sont composées de plus de 100 produits.

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe no3

La valeur des importations des produits pétroliers représentent en moyenne une part non moins importante par rapport au total des importations. Ils représentent en moyenne environ 13, 06% du total annuel des importations (cfr tableau de l'annexe no3). On constate également que les importations des carburants augmentent avec l'augmentation des importations totales, et plus particulièrement dans ces dernières années où le Burundi devient de plus en plus dépendant de l'extérieur. Cette augmentation actuelle de la consommation des carburants pourrait aussi s'expliquer par l'augmentation des véhicules au Burundi.

II.3. Stockage des produits pétroliers 

Tous les produits pétroliers importés, avant d'être commercialisés, doivent transiter (passer) par des lieux de stockage (ou d'entreposage). En effet, les produits pétroliers sont des produits facilement inflammables. Leur stockage doit se faire avec toute la minutie (prudence) qui s'impose. C'est ainsi que cette mission est confiée à des sociétés. Il s'agit de la SEP Burundi du Burundi et la COFITA.

Tout importateur des carburants doit conclure des contrats d'entreposage et de gardiennage de ces produits avec des sociétés d'entreposage agréées par le ministère du commerce et de l'industrie. Tout commerçant qui met son carburant sur le marché pour sa commercialisation doit toujours être à mesure de prouver que le carburant ainsi commercialisé a été prélevé sur les stocks d'une des sociétés d'entreposage agréées.

Chaque semaine, les sociétés d'entreposage des carburants adressent aux services du Ministère du commerce un inventaire des entrées, des sorties, des encours en leur connaissance pour chaque type de carburant de tout exportateur. Les sociétés d'entreposage doivent veiller au contrôle de la qualité des carburants importés et proposés par leur entreposage.

Ø S.E.P.

Cette société a pour mission la réception, l'entreposage, le transport et la mise en emballage des produits pétroliers au Burundi et dans les régions voisines. La SEP n'achète, ni ne vend des produits pétroliers. Ses actionnaires sont : PETROFINA : 53,63% ; B.P : 11,90% ; SHELL : 11,49% ; SICOP : 11,49%  et PETROBU : 11,49%.

Le tableau suivant montre la capacité de stockage de la SEP en produits pétroliers.

Tableau N°1 : Capacité de stockage de la SEP

Capacité totale (en litres)

Tank

Délai de consommation

Consommation mensuelle

(en litres).

6200000

5400000

540000

2160000

540000

5

4

2

1

1

+ou- 2mois

+ou- 1 ,5mois

+ou-2mois

+ou-4mois

-

2000000

2000000

244000

500000

-

Source : SEP Burundi. Ordonnance ministérielle N° 750/142 de la 7/11/1996 portant disposition générale d'entreposage du carburant.

De part ce Tableau, on se rend compte que l'essence et le Gasoil occupent un très grand espace de stockage. Cela s'explique par leur consommation qui est conséquente. De plus, on prévoit de l'espace réservé à l'eau. Cette eau va être utilisée en cas d'incendie.

Ø COFITA

La COFITA, filiale d'AL HAMAD INTERNATIONAL, est concessionnaire du Parc Pétrolier de GITEGA pour une durée de 10ans renouvelables, moyennant payement d'une redevance de 5dollars Américains. Cette Société a pour mission l'importation, l'entreposage, la manutention, le transport et la revente des produits pétroliers du dépôt de GITEGA aux sociétés pétrolières de la place et des régions frontalières.

Ø Frais de stockage

Afin de stocker leurs produits pétroliers, les compagnies disposent d'un contrat de stockage et de passage. La majeure partie du stock de produits pétroliers des compagnies est destinée à la distribution, tandis que le restant constitue un stock de sécurité, c'est-à-dire une réserve stratégique permettant de répondre à des situations de crise d'approvisionnement.

L'Etat demande à chaque compagnie de disposer d'un stock de sécurité minimum égal à un mois de vente. Dans les faits, le niveau du stock de sécurité varie puisqu'il dépend de l'approvisionnement. Si la compagnie vient d'être approvisionnée, le niveau du stock peut atteindre jusqu'à 2, 3 ou 4 mois de vente.

Toutes les sociétés pétrolières opérant sur le territoire national sont tenues de payer les frais de passage dépôt destinés à rémunérer les services d'entreposage et de manutention, le maintien en bon état et l'entretien des installations pétrolières de Bujumbura et Gitega, et couvrir les différents frais occasionnés lors de la gestion de ces entrepôts. Les frais d'entreposage sont supposés couvrir toute la période que doit durer le stock de sécurité. Les sociétés d'entreposage signent avec les sociétés pétrolières un contrat de Gardiennage. Elles disposent pour cela des moyens de protection contre les incendies et tout le matériel nécessaire au déchargement des Camions-citernes et des Parges au Port de Bujumbura. Ces mêmes sociétés étant au service des sociétés pétrolières, elles facturent en retour des frais de réception, d'entreposage et de manutention.

Selon les statuts qui les régissent, les sociétés d'entreposage agréées doivent réserver un traitement équivalent à tous les importateurs des carburants. Ainsi, toutes les questions relatives aux modalités de passage, de prélèvements aux pertes de produits, aux fluctuations pour frais d'administration et autres questions liées à l'entreposage sont de la compétence des sociétés d'entreposage et de leurs utilisateurs.

Si les sociétés d'entreposage doivent connaître chaque semaine la situation des stocks de chaque type de carburants, c'est pour pouvoir établir de façon fiable des sorties pour chaque société pétrolière.

II.4. Distribution des Produits pétroliers

II.4.1. Distributeurs des Produits pétroliers

Le pétrole sert dans tous les domaines énergétiques, mais c'est dans les transports que sa domination est la plus nette. Seul le transport routier est en grande partie électrifié ; pour tous les autres moyens de transports, les alternatives sont marginales et coûteuses, et ont un potentiel de croissance limité. En 2002, selon le FMI[], 48 % des produits pétroliers sont employés dans ce secteur, et cette part continue à augmenter.

La distribution des produits pétroliers qui, à l'origine était dans les mains des sociétés pétrolières succursales des multinationales telles que FINA,B.P,MOBIL OIL,SHELL, etc....est contrôlée par d'autres sociétés aussi bien locales, publiques que privées. Ces derniers partagent le marché pétrolier burundais. C'est entre autres PETROBU, HYDROBUR, SICCOP, qui ont succédé respectivement à TEXACO, SHELL et MOBIL dont elles ont repris les installations de distribution : ENGEN, BOC, PETRACO, ERCOIL, BUPECO, etc....

Les dysfonctionnements de la politique de gestion du secteur pétrolier sont caractérisés par l'insuffisance des infrastructures de distribution et par l'irrégularité de l'approvisionnement de certaines stations. Avec environ une station-service pour 57554 habitants et pour 200 Km2, le Burundi dispose de l'un des plus faibles taux de couverture du territoire national en points de vente officiels des produits pétroliers. De nombreuses agglomérations ne disposent plus de stations officielles de distribution, offrant une opportunité énorme de développement au marché informel qui offre un service de proximité. En effet, la libéralisation de la distribution ne semble pas porteuse d'indicateurs d'un changement de la situation ; les sociétés privées préfèrent s'installer dans les centres urbains où la demande est plus forte. Enfin, la mauvaise gestion du secteur pétrolier depuis sa libéralisation n'incite pas les compagnies pétrolières à investir. Le Tableau suivant montre la localisation des Stations Services par Province sur le Territoire Burundais.

Tableau n02: Récapitulation des Stations-services au Burundi

PROVINCE

Nombre de Stations par Province

LOCALITE

Nombre de Stations par localité

BUBANZA

1

BUBANZA

1

BUJUMBURA-RURAL

6

GATUMBA

3

IJENDA

1

MAGARA

1

BURURI

9

BURURI

2

KATO-RUTOVU

1

MATANA

1

RUMONGE

5

CIBITOKE

4

CIBITOKE

2

RUGOMBO

2

KAYANZA

6

KAYANZA

5

KANYARU

1

KIRUNDO

3

KIRUNDO

3

GITEGA

5

GITEGA

5

KARUSI

2

KARUSI

1

BUHIGA

1

CANKUZO

1

CANKUZO

1

MURAMVYA

3

MURAMVYA

2

BUKEYE

1

MUYINGA

3

MUYINGA

3

KOBERO

1

NGOZI

6

NGOZI

6

RUTANA

2

RUTANA

2

RUYIGI

2

RUYIGI

2

MAKAMBA

11

MAKAMBA

2

KAYOGORO

2

MVUGO

4

NYANZA-LAC

2

MABANDA

1

MWARO

1

MWARO

1

BUJUMBURA-MAIRIE

74

BUJUMBURA-MAIRIE

74

Total

140

 

140

Source : Ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et du Tourisme.

De part ce tableau, nous constatons qu'un grand nombre de Stations est concentré dans les villes et plus particulièrement la ville de Bujumbura.

En effet, c'est dans les villes que les carburants sont plus consommés par le fait que ces dernières abritent beaucoup de véhicules que les campagnes, ainsi que d'autres services exigeant l'utilisation des carburants. Notons à toutes fins utiles que ce nombre de stations augmente avec le temps parce que d'autres Stations continuent d'être construites.

II.4.2. Les principaux produits pétroliers commercialisés

Au Burundi, les produits pétroliers les plus vendus sont ceux-là qui trouvent une demande intérieure extrêmement grande. Il s'agit de :

1°) Essence Super

C'est un combustible par excellence pour les moteurs. Il est le produit le plus demandé car ses utilisations augmentent continuellement.

2°) Gasoil

Il alimente les moteurs diesel à grande vitesse. Il fait aussi fonctionner les groupes électrogènes, certaines cuisinières, etc.

3°) Le pétrole

Il est utilisé pour l'éclairage dans les ménages où l'électricité n'existe pas. Le secteur de pêche consomme lui aussi une quantité non négligeable de ce produit.

4°) Autres produits

Fuel oïl : alimente les moteurs diesels à régime lent. C'est aussi un combustible pour le dégagement de la chaleur dans les diverses installations industrielles. Ce produit n'est plus importé à cause de sa cherté.

Les lubrifiants : pour protéger les moteurs et autres pièces contre le risque d'usure rapide. On les appelle aussi des huiles de graissage.

Les détergents : Pour le nettoyage dans les ménages et les industries.

II.4.3. Pénurie des produits pétroliers

Des situations telles que la perturbation du marché mondial du pétrole, la pénurie des devises pour l'importation, crises dans les pays de transit, occasionnent parfois des irrégularités dans l'approvisionnement des produits pétroliers, ce qui s'accompagne de leur pénurie. En cette période de pénurie, le Gouvernement en collaboration avec le ministère du commerce, prend des mesures qui s'imposent. Celui-ci va procéder à la limitation de la distribution des produits pétroliers. C'est ce qu'on appelle « le rationnement ».

A ce moment, une commission ad-hoc composée des agents du Ministère du commerce est mise sur pied. Sa mission principale est d'abord de suivre l'évolution de la situation des carburants au niveau des stations-services. On identifie ensuite :

Les véhicules catégorie par catégorie ainsi que les quantités des carburants nécessaires suivant l'importance économique du véhicule considéré (camion, voiture, camionnette, Jeep) et le tonnage.

Les cas sociaux et spéciaux : Ce sont les provinces, les entreprises, les services sociaux, etc....

Le Ministère du Commerce procède à l'encadrement de la distribution des produits pétroliers par le truchement de la commission ad-hoc mise en place. Cette commission doit vérifier si chaque station-service respecte les instructions données.

Exemple : Rationnement du 29/12/1998.

Voitures : 20litres.

Bus : 50litres.

Jeeps : 100 litres.

Camionnettes : 40 litres.

Source : Archives du Ministère du Commerce, Département du Commerce Intérieur.

II.4.4. Les Causes et conséquences de la hausse des prix des produits pétroliers 

« Depuis quelques années, les variations du prix du brut évoquent le mouvement d'une balle rebondissante dans un ascenseur. Un nouveau palier est franchi régulièrement, les records se succèdent. Nous pouvons à chaque rebond chercher à identifier les raisons qui ont poussé conjoncturellement les cours à la hausse mais dans le fond, les plafonds sont percés parce que l'ascenseur n'en finit pas de monter » CAHIER DE L'IDEC (2008).

Au Burundi, les causes profondes de la hausse des prix des produits pétroliers souvent évoquées sont l'éloignement du pays par rapport à la mer, les prélèvements de l'Etat qui sont élevés, le renchérissement du dollar, le manque de raffineries du pétrole brut ainsi que la non utilisation de la voie maritime qui pourrait être la moins chère pour le transport des produits pétroliers.

En effet, d'après GRAEME Wheeler (2008), « L'une des ironies cruelles qui existent aujourd'hui est le lien entre la hausse des prix de l'énergie et celles des produits alimentaires. Cette combinaison peut avoir des effets dévastateurs sur la pauvreté et la sécurité alimentaire à l'échelle mondiale. Les prix élevés de l'énergie ont fait augmenter les coûts des engrais, de transport, de la vie économique en général. Ce sont les plus pauvres de la planète qui sont les plus vulnérables aux effets des prix croissants du pétrole et des produits alimentaires. Les prix de l'énergie et de l'alimentation représentent une grande partie du panier de la consommation des pauvres (environ 70%). Les conséquences à long terme sont donc considérables. Les ménages pauvres réduiront leur consommation de nourriture et sacrifieront l'éducation et la santé de leurs enfants »

II.4.5. Le comportement des prix du carburant sur les marchés internationaux

Le pétrole est la principale source d'énergie des économies industrialisées. Son prix a atteint 147$ le baril en fin du mois de Juillet 2008 (SINGEJEJE, C. : 2008), parce que sa demande augmente suite à l'industrialisation des pays émergents, notamment la Chine et l'Inde qui, avec des systèmes productifs hautement énergétivores, et leurs immenses populations, consomment beaucoup de pétrole pour alimenter leur croissance à deux chiffres. La satisfaction du besoin d'équipement en biens durables comme les produits électroménagers et les véhicules complique aussi la situation.

Les caractéristiques de l'offre et de la demande à long terme sur le marché pétrolier sont les variables déterminants cruciaux des tendances des prix. La vigueur inattendue de la demande de pétrole a été un important facteur de la flambée récente des cours pétroliers. La prévision de l'activité économique mondiale s'est heurtée à des difficultés évidentes qui ont été d'une grande incidence sur les prix du pétrole. Ces dernières années, la flambée continue du pétrole préoccupe considérablement les pays africains importateurs de pétrole.

En plus, la demande pétrolière de la Chine et d'autres pays émergents et leur développement accéléré a entraîné un accroissement rapide et non anticipé des besoins. Confrontée à une offre relativement peu extensible à court terme, la vigueur de la demande a entraîné un renchérissement généralisé de ces produits pétroliers. Les classes moyennes de ces pays accèdent à des niveaux de revenu qui leurs permettent de commencer à s'équiper massivement en biens durables énergétivores tels que des produits électroménagers ou des automobiles ce qui va entraîner une hausse forte des prix pour quelques temps encore.

Les capacités excédentaires des pays de l'OPEP sont à leur plus bas niveau depuis le début des années 90, et ne permettaient guère, de faire face à des désorganisations inattendues du marché pétrolier. Cette situation a été largement imputée à un investissement insuffisant dans de nouvelles capacités d'extraction ces dernières années et pourrait refléter des anticipations erronées ainsi que des longs délais de gestation des investissements en capital. Les craintes d'une rupture des approvisionnements (tensions géopolitiques, incertitude concernant les actes de sabotage,...) ont ajouté au prix du pétrole une  « prime de risque » supplémentaire, liée à la possibilité d'une forte désorganisation d'approvisionnements (OCDE, 2009).

D'autres facteurs pouvant expliquer le phénomène comprenant la faiblesse du dollar, les inquiétudes quant à l'inflation, le fait que les investisseurs ont délaissé les actions et les obligations au profit des matières premières ainsi que la recherche des rentes sous l'angle de la loi d'Hotelling et la théorie des ressources épuisables (SOLOW, R.M., 1974).

En outre, la tendance haussière du prix du pétrole se renforce par le fait que l'énorme déficit public américain, et de la crise de subprimes (ces crédits immobiliers à taux variables consentis abondamment par les banques américaines aux ménages sans tenir compte de leurs capacités de remboursement) entraînant une défaillance vis-à-vis du dollar américain aux bénéfices du pétrole. Autrement dit, le pétrole voit sa demande augmenter parce qu'il devient plus sûr d'avoir des actifs libellés en or noir qu'en dollar américain : il devient une valeur refuge pour de nombreux acteurs économiques. Les problèmes politiques et la situation d'insécurité dans les zones d'approvisionnement renchérissent également les prix du pétrole. Cette conjugaison de facteurs a engendré une forte volatilité des prix du pétrole sur les marchés mondiaux depuis le début de cette décennie. Le mouvement de hausse du prix du brut qui s'est amorcé au début des années 2000 s'est poursuivi.

Il s'avère donc nécessaire d'adopter une lecture à la fois conjoncturelle et structurelle de la problématique dans une démarche de compréhension des causes et des conséquences de cette tendance haussière des prix sur les marchés mondiaux du brut. Etant donné que les niveaux de production sont saturés, les besoins devenant extensibles, la projection à l'augmentation du prix du carburant n'est pas de l'utopie et est porteuse de lourdes conséquences sur l'économie des pays fragiles, dont le Burundi (NYAMOYA, F. :2005).

II.4.6. Les acteurs du marché et la gestion intérieure responsable du secteur pétrolier

a) Les acteurs du marché

Deux acteurs semblent dominer le marché des produits pétroliers au Burundi : les acteurs internes d'abord, les acteurs externes ensuite.

Parmi les acteurs internes qui exercent une influence sur les prix des produits pétroliers, nous pouvons noter l'Etat d'abord, les distributeurs (vendeurs), et, enfin les acheteurs.

Les acteurs externes qui influencent les prix des carburants sont nombreux mais leur place dans le cadre de l'analyse pour apprécier leurs mesures et comportements qu'ils tiennent face à l'évolution des prix des produits pétroliers au Burundi n'est pas facile à observer.

b) La gestion intérieure responsable du secteur pétrolier

La gestion intérieure responsable du secteur pétrolier suppose un certain nombre de comportements de la part des décideurs politico administratifs. L'Etat favorise pour très long temps le transport en camions par route des produits pétroliers à l'importation au lieu de favoriser la voie maritime qui est la moins chère et accepter de consentir tous les efforts jusqu'à ce qu'elle soit une réalité. Non seulement le prix de transport par camion est élevé, mais il est payé en devises.

Le carburant est un produit stratégique, sensible et de première nécessité. Il est stratégique parce que sa pénurie perturbe gravement l'ensemble des marchés des produits et services. Il est sensible parce que la variation de ses prix influence les prix des autres produits notamment en raison de ses effets sur le prix des transports. Il est de première nécessité parce qu'il est aujourd'hui impossible de s'en passer quel que soit le rang social de la personne que l'on considère.

En outre, il est difficile de comprendre comment l'Etat soit incapable d'instaurer un mécanisme d'ajustement automatique des prix des carburants et éviter les désordres de spéculation que l'on connaît toujours à la veille des changements des prix de ce produit. Le stock stratégique important est un casse tête parce qu'on sait que le Burundi est enclavé et que toute rupture des voies d'approvisionnement (par des raisons de insécurité, de politique ou de perturbations physiques) peuvent entraîner des hausses spéculatives des prix des produits pétroliers. Le stock stratégique est constitué sur base d'une quantité donnée de litres par chaque importateur proportionnellement au litrage importé, par les fonds tirés de recouvrement des milliards de Fbu que le secteur pétrolier doit à l'Etat, ainsi que par les produits des dons que les pays amis consentent au pays.

II.4. 7. La politique de prix des produits pétroliers au Burundi

La politique de prix des produits pétroliers découle des orientations politiques et économiques prises par le gouvernement. Dans un contexte de libéralisation des prix, les produits pétroliers raffinés sont aujourd'hui déterminés par le prix du brut sur le marché international, par le cours du dollar et par la politique fiscale du gouvernement.

En effet, dans le cadre du respect des engagements qu'il a pris vis-à-vis des Institutions de Bretton Woods, le Burundi s'est engagé dans la libéralisation du secteur pétrolier. Les prix des produits pétroliers ne sont cependant pas libéralisés puisqu'ils sont toujours fixés par l'Etat. L'Etat fixe des prix plafonds pour chaque produit pétrolier en tenant compte de l'évolution des prix sur le marché international du pétrole et de change du dollar. Les compagnies pétrolières ne sont pas autorisées à vendre au-delà de ces prix plafonds, mais elles peuvent céder moins chers leurs produits. En général, les compagnies alignent leurs prix de vente sur ceux des prix plafonds.

La structure et mécanisme de fixation des prix des produits pétroliers au Burundi permettent au pays de pratiquer des prix très compétitifs dans la sous-région. Mais cette situation n'est pas sans conséquence. En effet, selon les compagnies pétrolières, la structure des prix en vigueur ne leur permet pas de couvrir leurs coûts d'achat et les empêche de ce fait d'importer de nouveaux produits pétroliers ; toute chose concourant à alimenter la crise pétrolière.

De même, le différentiel de prix existant au sein de la sous-région incite les pays voisins à venir s'approvisionner sur le marché burundais, ce qui favorise le développement du trafic illicite de produits pétroliers en direction des pays de l'hinterland. Le Burundi ayant adopté le système de réglementation des prix des produits pétroliers, effectue l'ajustement par voie d'ordonnance ministérielle. Plusieurs Ordonnances Ministérielles ont régulièrement revisité la structure des prix du carburant dans un but explicite d'aligner les prix sur les tendances observées sur les marchés internationaux.

a) Structure des prix des produits pétroliers

Les prix de vente au détail des carburants que le consommateur paie à la pompe sont composés par plusieurs éléments dépendant de la provenance des produits. Les discussions actuelles entre les pouvoirs publics et le secteur privé (les associations des consommateurs dans une moindre mesure) se focalisent sur une structure des prix qui ne peut plus fournir néanmoins qu'une très faible marge de manoeuvre au vu des différentes contraintes budgétaires auxquelles fait face le gouvernement de faire partie intégrante de l'environnement macro-économique pendant encore un certain temps.

Les modifications des structures de prix des produits pétroliers sont fréquentes. Elles sont dues à plusieurs facteurs dont les principaux sont les variations des cours mondiaux du pétrole brut et des éléments même qui composent les structures de prix ainsi que les changements des taux de change des monnaies avec lesquelles le Burundi effectue ses achats. Les situations de cours du dollar ou du shilling kenyan et du shilling Tanzanien ont une influence sur la valeur CAF (Coût, Assurance et Fret) des produits pétroliers rendus à Bujumbura. Les prix des produits pétroliers sont un système tout à la fois complexe et multidimensionnel regroupant les interventions de plusieurs services étatiques et d'autres acteurs étrangers à l'Etat.

Nous devons donc justifier, expliquer et analyser cette complexité et cette dimensionnalité afin de mieux comprendre tous les facteurs pesant dans la variation du prix des produits pétroliers, lesquels facteurs composent ce prix. C'est dans ce point que nous avons décortiqué tous ces facteurs faisant varier le prix des produits pétroliers.

L'établissement des structures de prix des carburants est effectué par les pétroliers locaux. Ceux-ci sont régulièrement informés par télégramme, des nouveaux tarifs fixés par les fournisseurs. Les prix à l'importation étant considérés comme indiscutables, il revient aux sociétés pétrolières de la place de solliciter un changement de prix de vente auprès des autorités locales afin que leurs intérêts ne soient pas diminués.

L'analyse de la structure détaillée des prix des produits pétroliers au Burundi permet d'appréhender chaque étape de la formation des prix. Les principales rubriques de cette structure de prix des produits pétroliers sont :

a) Les prix CIF (Cost Insurance Freight)

Fortement dépendants des prix internationaux, ils déterminent les prix à la pompe au Burundi. Les prix internationaux constituent l'ossature et la base même de la structure des prix à la distribution des produits pétroliers ;

Les éléments qui constituent le prix CIF sont :

· le prix d'achat des produits pétroliers au mètre cube, qui est celui fixé par les Entreprises multidimensionnelles auprès desquelles s'approvisionnent les importateurs burundais. Ce prix ne varie qu'en fonction du prix du baril de pétrole sur le marché mondial tel que défini par l'OPEP.

· le fret camion est composé à son tour par les frais de transport assurant l'acheminement des produits pétroliers depuis le lieu d'approvisionnement jusqu'à la SEP.

· l'assurance qui est un contrat passé entre une personne (assuré) obtenant le crédit de la part de l'assureur (compagnie d'assurance) qui s'oblige moyennant rémunération convenue « prime » d'être indemnisé des pertes et dommages qu'elle éprouve par la suite de la réalisation de certains risques relatifs à ses biens ou à sa personne (sinistre) ou à indemniser en son lieu et place, les victimes des sinistres engageant sa responsabilité.

Des risques, il en existe plusieurs sortes en traversant toute frontière et tous les espaces terrestres séparant le BURUNDI des lieux d'approvisionnement.

b) Les différentes taxes prélevées sur les produits pétroliers

Les prélèvements de l'Etat sur les produits pétroliers restent élevés. Les différentes taxes prélevées sont regroupées comme suit :

· les droits d'entrée qui sont des taxes perçues sur base de la valeur (coût, assurance, fret) des produits pétroliers importés. Signalons que le taux de ces droits d'entrée est publié chaque année et sa validité couvre un exercice budgétaire. Ce taux est communiqué par l'Ordonnance du Ministre ayant le budget dans ses attributions au plus tard le 31 Décembre de l'année qui précède son exercice d'application ;

· la taxe de service qui est aussi une taxe perçue à l'importation. Le taux de cette taxe est publié lui aussi chaque année par cette Ordonnance du Ministre ayant le budget dans ses attributions. Cette taxe est depuis février 2007 devenue la redevance administrative ;

· la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) qui est égal à 18% de (CIF +DD+TS).

c) La marge bénéficiaire des importateurs

La marge bénéficiaire des importateurs est fixée de manière autoritaire par le pouvoir public, c'est-à-dire que le gouvernement doit prévoir le montant de la marge aussi bien de détail que de gros pour chaque importateur de produits pétroliers et pour tout distributeur. Actuellement, cette marge, est fixée à 71,67 ; 70,10 et 65,46 Fbu respectivement pour l'Essence, le Gasoil et le Pétrole par litre vendue par les grossistes et 45,19 ; 47,60 et 48,67 Fbu respectivement pour l'Essence, le Gasoil et le Pétrole par litre pour les détaillants (O.M du 18 octobre 2010). L'activité commerciale faisant partie de celle économique est à but lucratif. Ce lucre en ce qui concerne la commercialisation des produits pétroliers n'est pas laissé à l'appréciation des pétroliers.

d) Les éléments variables

Les éléments variables peuvent être classés de la manière suivante :

· le fonds national routier qui est destiné à financer les études et les investissements concernant les infrastructures routières, les travaux d'entretien, les voies routières. En bref, le fonds national routier, c'est un fond prélevé sur les produits pétroliers pour les travaux de réparation et d'entretien des routes.

· la caisse transport quant à lui est un fond constitué par les prélèvements sur chaque litre lors de la vente de gros des produits pétroliers. Cette caisse servait à rémunérer le transport des produits pétroliers, depuis la SEP jusqu'aux différents lieux de vente (stations) de tous les coins du pays. En 1998, cette caisse a été supprimée, remplacée par une autre jusqu'aujourd'hui en vigueur appelée caisse de compensation jouant le même rôle que la caisse transport.

· remarquons que ce fonds n'est pas budgétisé et son rôle est d'assurer la compensation afin de protéger les consommateurs des produits pétroliers contre les hausses des prix successives de ces produits.

· le prix de vente au détail, enfin, est un prix qui comprend le prix de revient, les différentes marges bénéficiaires au gros et au détail.

Le graphique suivant montre l'évolution de la structure des prix des produits pétroliers au Burundi pendant notre période d'étude (1980-2009).

Graphique no4 : Evolution des prix à la pompe du carburant au Burundi (1980 -2009).

Source : Nous-mêmes à partir des données de l'annexe no1

La figure montre que les prix à la pompe vont croissants surtout depuis 1996, période pendant laquelle le Burundi connaissait un blocus économique. Ces prix sont influencés d'une part par l'évolution des prix internationaux ainsi que d'autres frais subséquents, de transport notamment.

D'autre part, en analysant les structures des prix des produits pétroliers (cfr. Annexes 4, 5 et 6), nous remarquons que l'Etat effectue beaucoup de prélèvements sur ces produits, ce qui augmente aussi ces prix à la pompe. L'Etat gagne plus que les importateurs et les détaillants. Enfin, les prix à la pompe des carburants sont différents selon les provinces, ils dépendent des frais de transport engagés depuis l'entrepôt vers la Province de destination (cfr Annexe 7).

II.5. Quelques stratégies face à la hausse des prix du carburant

Suite aux effets de la hausse continue des prix du pétrole sur les dépenses des ménages, les gouvernements des pays en voie de développement ont élaboré des stratégies diverses pour y faire face. Au coeur des choix des politiques, se trouve la décision portant sur quel groupe de la société devra supporter les conséquences immédiates de cette augmentation des prix.

Les choix des politiques basés sur les prix déterminent l'étendue avec laquelle différents groupes dans la société supportent le coût des prix élevés du carburant et reflètent un mixage de trois grandes stratégies à savoir (Bacon, R. et Kojima, M. : 2006) :

· Répercuter la totalité de la hausse du prix sur le consommateur final ;

· Répercuter une partie seulement (ou aucune) de la hausse du prix et financer la subvention ou la réduction de la taxe impliquée à travers le budget, ou réduire les profits des compagnies pétroliers ;

· Ajuster les prix dans le sens de réduire la marge pour chaque unité vendue par les compagnies qui offrent les produits pétroliers.

II.5.1. Observations générales sur les choix des politiques

Au vu de la diversité des contextes caractérisant l'action (ou la réaction) des différents gouvernements, il devient apparent qu'il n'existe pas de stratégie simple ou universelle pour faire face à la hausse des prix des produits pétroliers. Une série des mesures sont nécessaires pour permettre au gouvernement et à la population pour faire face à ce renchérissement de prix.

Dans le moyen et long terme, les subventions sont souvent justifiées par le souci de protéger les pauvres. Néanmoins, les études portant sur les ménages ont montré que les groupes à très faible niveau de revenus reçoivent souvent la portion la plus réduite des bénéfices des subventions, même si la suppression de ces dernières aurait un impact sévère sur leurs conditions.

Ainsi, l'opportun de la part des gouvernements est de développer une assistance ciblée en lieu et en place d'une politique de subvention. Pour y parvenir, les gouvernements devraient identifier les ménages pauvres et développer des mécanismes de distribution et de compensation qui ciblent mieux les ménages à très faibles niveaux de revenus.

II.5.2. Attitude à prendre face à la hausse des prix

Face à une situation de la flambée des prix de carburant, les autorités politiques devraient être trop proactives, et précéder les événements, notamment en mettant à profit toutes les opportunités d'investissement dans ce domaine et toutes les ouvertures en matière de coopération et de politiques étrangères.

a) Fonds Africain du Pétrole

Le sixième sommet de l'U.A, tenue à Khartoum, en Janvier 2006, a décidé de créer un Fonds Africain du Pétrole dont l'objectif principal est de mobiliser les ressources destinées à assister les pays africains importateurs de pétrole pour contenir les chocs pétroliers et faciliter le financement de leurs importations pétrolières.

Le septième sommet qui s'est tenue à Banjul du premier au deux juillet 2006, s'est penché à nouveau sur cette problématique et a demandé à la commission de l'U.A, de faire un examen complet de la question et de présenter une stratégie détaillée pour la coopération et la solidarité entre les pays africains producteurs de pétrole et les pays qui n'en produisent pas en vue notamment d'atténuer les effets du prix élevé du pétrole sur les économies des pays africains pauvres qui n'en produisent pas.

Le fonds utilisera les ressources mobilisées auprès des donateurs pour fournir une assistance aux pays à faible revenu importateurs nets du pétrole qui subissent de façon sévère les effets de l'augmentation du prix du pétrole. L'assistance a pour but de permettre à ces pays de faire face à des difficultés temporaires de la Balance de paiement.

Le FAP intervient au moyen d'octroi des dons non remboursables ou à des prêts concessionnels ou d'un panachage de ces deux types d'instruments. Parmi les documents accompagnant la demande, se trouve la justification du besoin d'un appui pour soulager la Balance des paiements, le cadre institutionnel et de gouvernance du secteur pétrolier ainsi que le système de passation des marchés d'achat de pétrole.

L'allocation des disponibilités du Fonds dépend de trois facteurs à savoir :

· Premièrement, il y a un facteur qui reflète le niveau de l'appui à la Balance de paiement du bénéficiaire. Ce facteur représente le poids des besoins en devises occasionnés par les prix élevés du pétrole sur la période bien définie. Une utilisation en est la proportion des recettes d'exportation dépensées pour l'importation du pétrole l'année précédente. Ce critère devrait être aisément rempli par le Burundi, vu que la totalité de nos recettes d'exportations ne couvrent pas les seules importations des produits pétroliers (BRB, 2008).

· Le deuxième paramètre est le niveau de bonne gouvernance. Ce paramètre vise à encourager les pays ayant de solides indicateurs ou qui connaissent des progrès en la matière.

· Le troisième facteur enfin prend en considération la situation géographique en relevant plus particulièrement le cas des pays enclavés.

D'autres pièces en rapport avec le système de change, de passation des contrats d'importation, la structure des prix, les programmes d'assistance similaires, politique sectorielle pourront être demandées pour appuyer la demande. Par ailleurs, l'entrée du Burundi au sein de l'Association des Pays Africains Non Producteur de Pétrole (APNPP) ayant comme siège au Dakar et créée en juillet 2006 sur l'initiative du Président Wade, lui permettrait de bénéficier d'une tribune et d'un forum de discussion et de plaidoirie pour les problèmes spécifiques à ces Etats économiquement fragiles face à des chocs exogènes.

b) Utilisation des instruments financiers pour gérer la volatilité des prix du pétrole

Les systèmes multilatéraux de financement compensatoires existant ne répondent pas pleinement aux besoins des pays en développement, car ils sont souvent d'une portée insuffisante par rapport à l'ampleur des chocs et sont généralement mis à disposition. Une des solutions additionnelles à envisager serait d'avoir recours à l'utilisation des instruments financiers dérivés.

La gestion des risques liés au prix du pétrole n'est pas un enjeu à somme nulle pour les pays en développement. Il n'est pas facile d'amortir les conséquences d'une évolution défavorable des prix en puisant dans l'épargne ou encore en procédant à des augmentations d'impôts. Faute de quoi, le plus souvent, il est impossible de régler à temps les sommes dues à tel ou tel groupe, ce qui introduit des distorsions économiques et aggrave le profil « risque » du pays, rendant par conséquent plus chère l'obtention des crédits internationaux.

Il est donc essentiel de changer les perceptions de nombre de pays qui, ne voyant pas de solutions, ont souvent pensé qu'il n'y avait pas d'échappatoire à la terreur des marchés. D'où la nécessité de stimuler le recours par des pays en développement à des instruments de gestion des risques liés aux prix (CNUCED, 1998).

Toutefois, Ivan Zelenko, directeur des instruments financiers dérivés de la trésorerie de la Banque Mondiale affirme que les instruments financiers dérivés constituent la meilleure manière de transférer les risques liés aux prix du pétrole, à condition qu'ils soient utilisés dans le cadre d'une gouvernance et d'une plateforme de transactions saines. Les instruments financiers dérivés sont très efficaces pour atténuer les risques liés aux prix du pétrole à court terme et à moyen terme. A long terme toutefois il est impossible d'avoir recours à d'autres solutions « comme les fonds pétroliers », (SINGEJE, C. : 2008).

Les instruments communément proposés sont les contrats à terme, les futurs et les swaps afin de se couvrir à la flambée des prix (CAHIER DE L'IDEC, 2008).

· Un contrat à terme est tout contrat entre deux parties portant sur la livraison d'un bien (le produit pétrolier) à une date future et pour un prix fixé à l'avance, payé à la date de livraison. L'intervenant qui va acheter le bien concerné est dit en position longue et l'intervenant qui va vendre le bien est dit en position courte. Si le cours comptant à la date de livraison est supérieur au cours à terme, l'intervenant qui est long sur le contrat va gagner de l'argent et l'inverse dans le cas contraire.

Ces contrats sont négociés entre deux parties et peuvent être faits « sur mesure » en fonction des exigences des parties. Ce côté, « sur mesure » présente des inconvénients, car si l'une des deux parties décide de sortir du contrat avant son échéance, elle ne le peut pas : le contrat n'est pas liquide, c'est-à-dire qu'il est difficile, voir impossible de le transférer à quelqu'un d'autre.

· Les contrats futurs sont des contrats standardisés qui s'échangent sur des marchés financiers. Le marché détermine précisément quel est le bien échangé, le montant du contrat, et où et quand la livraison aura lieu. Il est donc plus facile pour les intervenants de « dénouer » c'est-à-dire terminer, ou se dégager de leurs positions avant la date de livraison.

· Un swap est un autre type de contrat qui facilite la couverture des risques. Dans un contrat swap, deux parties s'échangent (to swap : faire un troc) une série de cash flow sur une durée déterminée. Les versements sont fondés sur un montant de capital qu'on appelle le montant nominal, ou notionnel. Il n'y a pas de versement d'argent immédiat et donc le contrat swap ne rapporte pas de nouveaux fonds.

Théoriquement, on peut échanger tout par un contrat swap. Cependant, dans la pratique, la majorité des swaps porte sur des matières premières, des devises, des taux d'intérêts ou des titres. Dans un swap sur matières premières, un prix variable est échangé contre un prix fixé. Il s'agit de l'un des instruments de couverture le plus courants pour fixer le prix d'une matière première. L'utilisation des instruments financiers dérivés longtemps réservée aux entreprises est de plus en plus adoptée par des gouvernements des pays envoie de développement afin de se couvrir contre la volatilité des prix du pétrole (UNCTAD, 2005).

c) Réorganiser le marché national de commercialisation des produits pétroliers

Le marché d'approvisionnement en produits pétroliers a une configuration qui ne répond pas aux nécessités stratégiques du pays. Les différents intervenants dans le système d'approvisionnement ont un pouvoir limité qui ne parvient pas à couvrir tous les besoins en stock stratégique du pays. Le gouvernement devrait favoriser l'émergence, le développement ou l'entrée sur le marché burundais de groupes pétroliers ou pouvoir du marché conséquent pouvant répondre aux besoins stratégiques du pays. Ceci pourrait se réaliser de deux manières : faciliter les intervenants locaux à atteindre une taille critique ou intéresser les compagnies internationalement reconnues à entrer sur le marché burundais.

d) Mécanismes régionaux d'approvisionnement et de stockage

Le gouvernement devrait engager des discussions avec ses partenaires régionaux dans le cadre de l'East African Community par exemple, et plaider en vue d'une réalisation des investissements régionaux ou sous-régionaux d'interconnexion d'infrastructures de stockage en produits pétroliers et ainsi créer des capacités de stockage stratégiquement situées au sein de la sous-région.

II.6. Conclusion du deuxième Chapitre

Le deuxième chapitre quant à lui a porté sur l'analyse des importations en valeur et sur la façon dont sont fixés les prix des produits pétroliers au Burundi. On remarque que notre pays connaît un problème en approvisionnement des produits pétroliers car, n'ayant pas accès à la mer, le trajet par lequel les produits pétroliers sont importés devient long. La majorité du trafic international du Burundi utilise deux réseaux de transport rayonnant à partir des Ports de Mombassa et de Dar-Es-Salaam et appelés Corridor Nord et Corridor Central. Un corridor Sud traversant le Lac Tanganyika s'est créé dans ces dernières années pour les échanges avec l'Afrique Australe. A ces corridors s'ajoute le potentiel du port aérien qui peut encore être développé.

A ce trafic long s'ajoute le fait que la plupart des pays pauvres et en particulier le Burundi comptent beaucoup sur les recettes fiscales (surtout celles sur les produits pétroliers) pour financer leurs budgets. Ainsi, en cas du déficit budgétaire, le gouvernement procède par la pression fiscale, ce qui influe sur les prix de ces produits. Nous avons donc fait recours, au troisième chapitre, à l'étude empirique de l'impact macroéconomique des fluctuations des prix de ces carburants et en déduire par après les interprétations économiques.

CHAP III. L'IMPACT MACROECONOMIQUE DE LA VARIATION DES PRIX DES PRODUITS PETROLIERS AU BURUNDI : Analyse empirique

III.1.Théorie et définition économétriques

Selon E. MALINVAUD (1991), «une théorie est un ensemble de concepts qui précisent la correspondance entre les grandeurs du modèle et le monde auquel elle va s'appliquer.»

«L'économétrie est une démarche scientifique visant à identifier, expliquer, prévoir les phénomènes de nature économique en s'appuyant sur les outils formalisés pour créer, mesurer, structurer et modéliser l'information.»

«L'économétrie est le principal outil d'analyse quantitative utilisé par les économistes et gestionnaires dans divers domaines d'applications, comme la macroéconomie, la finance ou le marketing.» (E. Dor ; 2008).

Dans son acceptation la plus restreinte, l'économétrie est l'ensemble des techniques utilisant la statistique mathématique qui vérifie la validité empirique des relations supposées entre les phénomènes économiques et mesure les paramètres de ces relations. Au sens la plus large du terme, l'économétrie est l'art de construire et d'estimer des modèles empiriques adéquats aux caractéristiques de la réalité, et intelligible au regard de la théorie économique.

III.2. Le rôle de l'économétrie

Les méthodes de l'économétrie permettent de vérifier l'existence de certaines relations entre les phénomènes économiques, et de mesurer concrètement ces relations sur la base d'observations sur les faits réels.

a) L'économétrie comme outil de validation de la théorie

Le théoricien postule des relations et l'application de la méthode économétrique fournit des estimations sur la valeur des coefficients ainsi que la précision attendue. Ainsi donc, «L'économétrie est un outil qui est à la disposition d'un économiste et qui lui permet d'infirmer ou de confirmer la théorie qu'il construit.» (BOURBONNAIS, R. ; 2000).

b) L'économétrie, outil de mise en lumière de phénomènes économiques nouveaux ou mal identifiés

L'économétrie n'est pas seulement un instrument de validation de la théorie économique, mais également c'est aussi un puissant outil d'analyse, d'investigation et de prévision.

La proposition de Taylor (1993) en est un des meilleurs exemples récents dans un contexte où la politique monétaire fait l'objet de débats théoriques nombreux et complexes. Dans certains domaines, l'économétrie apporte une idée à la modélisation, à la réflexion théorique ou à l'action économique par :

· la mise en évidence des relations entre des variables économiques qui n'étaient pas à priori évidentes ou pressenties ;

· la prévision, par l'utilisation des modèles économétriques utilisées par les pouvoirs publics et les entreprises pour anticiper et éventuellement réagir à l'environnement économique ;

· l'induction statique ou l'inférence statique qui consiste à inférer à partir d'un échantillon les caractéristiques de la population. Elle permet de déterminer les intervalles de confiance pour des paramètres du modèle ou de tester si un paramètre est significativement inférieur ou simplement différent d'une valeur fixée.

III.3. Définition et propriétés de la stationnarité ou test de racine unitaire

Plusieurs étapes préliminaires sont nécessaires et sont disponibles à un théoricien pour mieux réaliser et effectuer tout test spécifique sur une série chronologique ou temporelle et pour enfin chercher à la modéliser. Il est opportun d'analyser la stationnarité ou la présence de la racine unitaire dans cette série.

III.3.1. Définition

Selon R. BOURBONNAIS (2000) : «Avant tout traitement d'une série chronologique, il convient de s'assurer de la stationnarité des variables étudiées autrement dit, étudier les caractéristiques stochastiques. Si ces caractéristiques c'est-à-dire son espérance et sa variance se trouvent modifiées dans le temps, la série chronologique est considérée comme non stationnaire ; dans le cas contraire d'un processus stochastique invariant, la série chronologique (temporelle) est alors stationnaire.»

Il existe deux types de processus non stationnaires : les processus TS (Trend Stationary Processes) qui présentent une non-stationnarité de type déterministe et les processus DS (Difference Stationary Processes) pour lesquels la stationnarité est de type aléatoire.

III.3.2.Test de présence de racine unitaire

Ces tests de racine unitaire ont comme finalité préliminaire de vérifier la stationnarité des séries. Une série chronologique est stationnaire lorsque ses caractéristiques, c'est-à-dire son espérance mathématique (ou sa moyenne) et sa variance sont invariables dans le temps. Dans le cas d'un processus stochastique invariant, la série temporelle est alors stationnaire. (Bourbonnais R. ; 1998)

Pour approfondir le cadre théorique des tests de racine unitaire, faisons un bref aperçu sur le test de Duckey et Fuller, Duckey et Fuller Augmenté ainsi que le test de Phillips et Perron.

a) Test de Duckey et Fuller simple

Initialement, Duckey et Fuller (1979) considèrent trois modèles de base pour une série Y1t, avec t=1,....., T ; ces trois spécifications des modèles de base se présentent de la manière suivante :

· Premier modèle : modèle autorégressif avec constance ou modèle avec constance sans tendance déterministe. (1-èL)(Y1t -ì) = .

· deuxième modèle : modèle autorégressif avec tendance c'est-à-dire modèle avec constance et tendance déterministe. (1-èL)(Y1t -á- ât) = .

· troisième modèle : modèle autorégressif d'ordre un, autrement dit modèle sans constance ni tendance. (1-èL)Y1t = .

Dans chacune des trois modèles, on suppose que ?iid (c'est-à-dire, un processus de moyenne nulle, de variance constante et non autocorrélé), en d'autres termes le Bruit Blanc.

Le principe des tests est le suivant : si dans l'une des trois modèles è=1, cela signifie qu'une des racines du polynôme opérateur est égal à un.

En d'autres termes, Y1t est un processus non stationnaire et la non stationnarité est de la nature stochastique. Le choix de la spécification dépend des données traitées.

Pour tester l'hypothèse nulle (H0) de la racine unitaire (Y1t est intégré d'ordre un, c'est-à-dire non stationnaire) contre l'hypothèse alternative (HA) d'absence de racine unitaire (Y1t est intégré d'ordre zéro : I(0) c'est-à-dire stationnaire).

D'une manière plus concrète et plus précise, les hypothèses nulles et alternatives des trois modèles spécifiques considérés s'écrivent comme suit :

· premier modèle : H: è=1? Y1t = Y1t-1 +

H: | è |<1 ? Y1t = èY1t-1 +

· deuxième modèle : H: è=1? Y1t = Y1t-1 +

H: | è |<1 ? Y1t = èY1t-1 + + avec = ì (1- è)

· troisième modèle : H: è=1? Y1t = Y1t-1 +

H: | è |<1 ? Y1t = èY1t-1 +ë + + avec ë= á (1- è) +áâ et = â (1- è)

Alors, on en déduit ce qui suit:

· si | è |<1, la série Y1t est stationnaire ; les observations présentes ont un poids plus important que les observations passées ;

· si | è |=1, la série Y1t n'est pas stationnaire, sa variance augmente de façon exponentielle avec t, on parle de processus explosif. Les observations passées ont une considération plus élevée que les observations présentes ;

· si | è |>1, Y1t n'est pas stationnaire, sa variance augmente de façon exponentielle avec le temps. On parle également de processus explosif ; les observations passées ont une pondération considérable et plus élevée que les observations présentes.

b) Test de Duckey et Fuller Augmenté

Dans le modèle de Duckey-Fuller simple, le processus est par hypothèse bruit blanc c'est-à-dire un processus de moyenne nulle et de variance constante non auto-corrélé. Or, il n'ya aucune raison pour que, à priori, l'erreur soit non corrélée.

Ce test est appelé ADF (1981) et va prendre en compte cette hypothèse alternative | è |=1. Les tests sont fondés sur l'estimation par les moindres carrées ordinaires des trois modèles qui suivent :

o quatrième modèle :

o cinquième modèle :

o sixième modèle :

Avec ?iid (indépendant et identiquement distribué)

Ce test se déroule de manière similaire aux tests de Dickey-Fuller simple, seules les statistiques sont différentes. La valeur de è peut être déterminée selon les critères d'Akaike et de Schwartz ou encore en partant d'une valeur suffisamment importante de p ; on estime un modèle à p-1 retards jusqu'à ce que le coefficient de pième retards soit significatif.

c) Le test de Philips et Perron (1988)

Le test de Philips et Perron est un prolongement des tests de Dickey- Fuller. Ce test est construit sur une correction non paramétrique de statistique de Dickey- Fuller pour prendre en compte des erreurs hétéroscédastiques. Il s'agit d'un prolongement des tests de Dickey et Fuller.

D'une façon simple ce test est plus souvent préconisé pour résoudre les problèmes liés à un non respect des hypothèses habituelles faites sur les perturbations (absence d'auto corrélation, etc.). Philips et Perron proposent une correction non paramétrique de deux statistiques de Dickey-Fuller.

Il se déroule de la manière suivante en deux étapes :

1) estimations par les moindres carrés ordinaires de trois modèles de Dickey et Fuller et calculs des statistiques associées ;

2) estimation d'un facteur correctif établi à partir de la structure «j» covariance des erreurs des modèles précédemment estimés de telle sorte que les transformations réalisées conduisent à des distributions identiques à celles de Dickey et Fuller standard. Cela nous conduit à celles de Dickey-Fuller.

De ce fait, la formulation des hypothèses en ce qui concerne la stationnarité et la fixation des critères de rejet est effectuée de la même façon que pour le test de Dickey et Fuller et conduit sur un modèle avec constance et trend. Tous ces tests permettent de vérifier la stationnarité des séries.

D'où, la règle de décision est la suivante :

o si la valeur calculée d'ADF test ou de PP test est inférieure à la valeur critique (vc), la série sous étude est dite stationnaire en niveau et est notée I(0).

o si par contre la valeur calculée d'ADF test ou de PP test est supérieure à la valeur critique (vc), la série étudiée est non stationnaire ou encore elle est intégrée d'un ordre supérieur ou égal à un.

De façon formalisée, la régression à estimer est la suivante :

Avec T : nombre d'observations

Z est la statistique de PHILIPS et PERRON et se calcule de la façon suivante :

Z = t (s/s)-(s-s) T/4s (3Dx)1/2

Avec T = valeur de la statistique de Student pour b=1

s= racine résiduelle de la régression

Dx = déterminant de la matrice est la matrice des variables

explicatives du modèle

s = (û+2wûû) / T

w= (1-j) / (p+1) et û sont les résidus estimés de la régression.

Ce test se ramène donc au test de Dickey- Fuller simple dans le cas où les erreurs seraient homoscédastiques. Sa mise en oeuvre est identique à celle du test de Dickey-Fuller du fait qu'il suit la même procédure séquentielle descendante. Il est, en définitive, à une autocorrélation et à une hétéroscédasticité de forme inconnue qui est aussi une recommandation pour vérifier s'il y a une relation entre les variables dans le long terme (ces variables sont non stationnaires en niveau et intégrées d'ordre un).

III. 3.3. Choix et Présentation des variables du modèle

Le choix des variables à inclure dans un modèle économétrique est conditionné par deux considérations conflictuelles. D'une part, nous aimerions inclure dans le modèle toutes les variables ayant un impact significatif pour la macroéconomie nationale et bien entendu les variables extérieures dont nous voulons étudier l'effet sur ces variables. D'autre part, nous devons limiter le nombre de variables à estimer pour disposer d'un nombre de degrés de liberté suffisant pour l'estimation.

En effet, pour analyser l'impact de la variation du prix du carburant sur l'économie burundaise, les variables utilisées pour la modélisation sont : le PIB, l'IPC, le TC et les RF qui sont des variables macroéconomiques (variables expliquées) et le PE, PG, PP (variables explicatives).

Les variables sont exprimées en terme réel pour corriger les effets liés à l'inflation. Dans notre analyse, les variables du modèle sont transformées en logarithme car la forme logarithmique présente certains avantages qui sont les suivants :

- elle permet de dégager immédiatement les élasticités c'est-à-dire les degrés de sensibilité d'une variable explicative sur une variable expliquée ;

- elle permet de stationnariser les séries et également l'allégement des chiffres.

Dans le souci d'analyser de façon plus fine l'impact du choc pétrolier, les secteurs secondaire et tertiaire, principaux consommateurs d'énergie au Burundi sont pris en compte à travers une analyse des fonctions impulsionnelles relative à la simulation de choc pétrolier sur la valeur ajoutée de ces différents secteurs.

Comme l'exige la modélisation, toutes les variables du modèle sont endogènes, c'est-à- dire qu'elles sont expliquées dans le modèle. Cependant, nous faisons l'hypothèse que les variables « prix du carburant » sont exogènes pour la simple raison que, le Burundi, ne produisant pas du pétrole et étant un très petit consommateur de produits pétroliers, il ne pourrait influencer le prix mondial du pétrole. Ainsi, le Burundi est un "price tackers", et a donc une marge de manoeuvre insignifiante sur le prix du carburant au niveau international.

Concernant notre cas, nous avons opté d'utiliser la nomenclature suivante pour présenter les variables d'intérêt du modèle :

LPRE  : Logarithme du prix relatif de l'Essence ;

LPRG  : Logarithme du prix relatif du Gasoil ;

LPRP  : Logarithme du prix relatif du Pétrole ;

LIPC : Logarithme de l'Indice des Prix à la Consommation.

LPIB : Logarithme du Produit Intérieur Brut.

LTC : Logarithme du Taux de Change.

LRF : Logarithme des Recettes Fiscales.

Le préfixe «L» signifie que les données sont exprimées en logarithme au temps.

III.4. Présentation et interprétation des résultats de l'estimation

Dans cette partie, nous présentons d'abord les résultats de l'estimation du modèle VAR et ensuite nous les analyserons avant de tirer les conclusions y afférentes. Elle est consacrée à l'étude de la stationnarité, au choix du modèle VAR optimal, à l'analyse de la coïntégration et à la présentation des résultats.

III.4.1 Analyse de la distribution et des sensibilités des variables

Nous cherchons à analyser les liens existants entre les différentes variables et la structure des distributions des séries économiques. La corrélation renvoie au degré d'affinité entre deux ou plusieurs variables ; le coefficient de corrélation mesure la force de corrélation. Il varie de +1 à -1 ; son signe indique le sens de la relation tandis que sa valeur indique l'intensité de la relation ou la capacité à prédire les valeurs de K en fonction de celles de Z.

Les résultats des tableaux de l'annexe 8donnent les coefficients des corrélations.

· Les corrélations sont fortes et positives entre  l'IPC et les variables PE  et PG.

· Les corrélations sont également faibles et positives entre :

ü IPC et le PP ;

ü PIB et tous les variables (PG, PE, PP) ;

ü RF et les variables PG et PP.

· La corrélation est enfin faible et négative entre RF et le PE.

Les coefficients de corrélations de l'IPC, PE et PG sont plus élevés. Les trois variables sont positivement corrélées. En effet, lorsqu'une variable prend des valeurs élevées, les autres prennent également des valeurs élevées.

Le degré de corrélation faible et positive entre IPC et PP implique que la variable PP explique faiblement la variation de l'IPC. Aussi, les variables PG, PE et PP expliquent faiblement la variation du PIB , et les variables PG et PP expliquent faiblement la variation des RF.

Enfin, le degré de corrélation faible et négative implique que le PE explique faiblement et négativement les variations des RF. Le calcul des coefficients de corrélation ne constitue qu'une première étape de l'analyse de la relation entre les variables. En effet, les coefficients de corrélation ne permettent pas de dire si la relation entre les variables est fortuite ou non, si elle correspond à une relation de cause à effet entre les variables concernés. En plus, l'importance de la relation linéaire ne préjuge pas l'existence d'un meilleur ajustement, qui serait quant à lui de type non linéaire.

La détermination de la variable la plus dominante montre que le PE et PG expliquent plus les variations de l'IPC, PIB et RF. Le choc le plus dominant est celui du PG.

III.4.2. Etude de la stationnarité, choix du modèle VAR optimal et analyse de la coïntégration

Comme il apparaît important pour l'analyse des séries temporaires en général, et pour la modélisation VAR en particulier, d'étudier la stationnarité des variables, nous présentons d'abord les résultats du test de stationnarité des variables avant de déboucher sur la forme optimale du modèle.

Tableau n°3 : Résultats des tests de stationnarité des variables en niveau

Modèle [1] Modèle [2] Modèle [3]

Variables ADF PP ADF PP ADF PP

DLIPC 0,714 0,608

(-2,975) (-2,970)

DLPE 1,522 1,825

(-2,975) (-2,970)

DLPG 1,177 1,684

(-2,975) (-2,970)

DLPIB 1,000 1,711

(-2,975) (-2,970)

DLPP 0,856 1,081

(-2,975) (-2,970)

DLRF 0,507 1,115

(-2,975) (-2,970)

DLTC -0,357 0,050

(-2,975) (-2,970)

-2,096 -1,747

(-3,586) (-3,579)

-2,032 -1,153

(-3,586) (-3,579)

-1,584 -1,294

(-3,586) (-3,579)

-1,737 -1,515

(-3,586) (-3,579)

-1,587 -1,374

(-3,586) (-3,579)

-1,862 -2,874

(-3,586) (-3,579)

-2,225 -2,115

(-3,586) (-3,579)

 
 

3,166 6,416

(-1,954) (-1,953)

2,858 4,332

(-1,954) (-1,953)

3,210 5,394

(-1,954) (-1,953)

3,813 8,384

(-1,954) (-1,953)

2,804 4,001

(-1,954) (-1,953)

4,709 6,393

(-1,954) (-1,953)

2,341 4,076

(-1,954) (-1,953)

Les valeurs critiques à 5% sont entre parenthèses.

Source : Nous-mêmes à partir des Tests de stationnarité.

Modèle [1] : Avec Constante

Modèle [2] : Avec Tendance

Modèle [3] : Sans Constante ni Tendance

A la lumière de ce tableau, nous remarquons que toutes les variables ne sont pas stationnaires en niveau puisque les valeurs de tous les tests (ADF&PP) sont supérieures aux valeurs critiques au seuil de signification retenu (dans notre cas 5%) quelque soit le modèle. Ce qui nous pousse à dire aussi qu'elles ne sont pas intégrées d'ordre zéro. Nous passons par la suite à la première différenciation pour transformer les séries.

Tableau n04 : Résultats des tests de stationnarité des variables en différence première

Variable Modèle [1] Modèle [2] Modèle [3]

Variables ADF PP ADF PP ADF PP

DLIPC -3,040 -3,517

(-2,979) (-2,975)

DLPE -3,917 -4,440

(-2,979) (-2,975)

DLPG -4,054 -4,290

(-2,979) (-2,975)

DLPIB -3,942 -3,991

(-2,979) (-2,975)

DLPP -3,671 -4,858

(-2,979) (-2,975)

DLRF -4,642 -7,559

(-2,979) (-2,975)

DLTC -3,198 -3,257

(-2,979) (-2,975)

-3,136 -3,608

(-3,594) (-3,586)

-5,426 -5,574

(-3,594) (-3,586)

-4,820 -4,869

(-3,594) (-3,586)

-4,191 -4,192

(-3,594) (-3,586)

-4,105 -5,233

(-3,594) (-3,586)

-4,736 -7,636

(-3,594) (-3,586)

-3,088 -3,163

(-3,594) (-3,586)

 
 

-0,998 -1,211

(-1,954) (-1,954)

-2,415 -3,391

(-1,954) (-1,954)

-2,098 -2,720

(-1,954) (-1,954)

-1,143 -1,355

(-1,954) (-1,954)

-2,425 -3,737

(-1,954) (-1,954)

-2,047 -4,182

(-1,954) (-1,954)

-1,645 -1,809

(-1,954) (-1,954)

Les valeurs critiques au seuil de 5% sont entre parenthèses.

Source : Nous-mêmes à partir des tests de stationnarité

A travers les résultats du tableau précédent, les Tests de ADF et PP montrent que parmi les quatre variables macroéconomiques choisies, le groupe des variables composé de l'IPC, les RF ainsi que le PI B sont stationnaires en différence première. Elles sont ainsi intégrées d'ordre un I (1). Une autre série à savoir le Taux de Change ne l'est pas en différence première, donc elle n'est intégrée à ce même ordre et ne fera pas partie de la suite de nos tests.

Tableau no5 : Test de Stationnarité des résidus

Variable s Modèle [1] Modèle [2] Modèle [3]

ADF PP ADF PP ADF PP

RELIPC -1,586 -2,182 -1,283 -1,826 -1,623 -2,221

(-2,624) (-2,622) (-3,223) (-3,220) (-1,622) (-1,621)

RELRF -2,636 -3,096 -2,606 -3,139 -2,707 -3,188

(-2,624) (-2,622) (-3, 223) (-3,220) (-1,622) (-1,621)

RELPIB -2,383 -2,782 -2,363 -2,767 -2,427 -2,849

(-2,975) (-2,970) (-3,586) (-3,579) (-1,954) (-1,953)

Les valeurs critiques au seuil de 5% sont entre parenthèses.

Source : Nous-mêmes à partir des tests de stationnarité.

En analysant ce tableau, pour les trois séries estimées, nous en déduisons que tous les résidus sont stationnaires en niveau. En effet, les valeurs d'ADF et de PP calculées sont inférieures aux valeurs critiques.

III.4.3. Définition du Modèle Vectoriel Autorégressif (VAR)

Un modèle VAR est un outil économétrique particulièrement adapté pour mesurer et utiliser en simulation, l'ensemble des liaisons dynamiques à l'intérieur d'un groupe de variables données. Toutes les variables sont initialement considérées comme étant potentiellement endogènes. En règle générale, la modélisation VAR « standard » consiste à modéliser un vecteur de variables stationnaires à partir de sa propre histoire et chaque variable est donc expliquée par le passé de l'ensemble des variables.

La forme standard de ce type de modèle est caractérisée par les points suivants :

- les variables à modéliser sont toutes stationnaires ;

- les variables à modéliser sont toutes potentiellement endogènes ;

- le nombre de décalages associés à chaque variable dans chaque équation est identique.

III.4.4. Choix du nombre de retards

Le choix du nombre de retards des variables est très important pour un modèle vectoriel autorégressif dans ce genre d'étude. Il est difficile d'estimer un modèle VAR sans que les réponses aux problèmes de retards et de causalité ne soient trouvées. Généralement, selon Régis BOURONNAIS (1993), un des problèmes principaux inhérents à ce modèle est la détermination du nombre de retards à considérer.

En effet, en admettant qu'une variable endogène dépend de ses propres innovations (ou d'autres variables) à des périodes différentes, le problème qui se pose est de savoir à quelle période s'arrêter. Il est difficilement concevable que ces variables aillent jusqu'à l'infini.

Pour détecter l'influence d'une variable sur une autre, une certaine période de retard est nécessaire. Selon Boswijk et Franses (1992), Gonzalo (1994) ainsi que Ho et Sorensen (1996), le choix du nombre de retards peut affecter sensiblement les résultats des tests du maximum de vraisemblance pour la coïntégration.

Ainsi, plusieurs travaux (voir notamment Deniau et Alii, 1992) ont permis d'estimer le nombre de retards « p » sans tâtonnement. D'où plusieurs critères de choix de retards existent. Il arrive que tous les critères ne convergent pas vers la même solution et le choix du «bon» critère est laissé au soin de l'utilisateur.

Pour déterminer le nombre de retards d'un VAR, on utilise plusieurs critères d'informations comme notamment :

· Le critère d'information du Final Predictor Error (FPE) avec une formule relative suivante :

FPE =

· Le critère d'information d'Akaike (AIC) avec la formule relative suivante :

AIC =

· Le critère d'information de Schwarz (SC) avec une formule relative suivante :

SC =

· Le critère d'information d' Hannan-Quinn (HQ) avec la formule relative suivante : HQ =

Avec :

dét ?(p) : le déterminant de la matrice de variance-covariance des innovations obtenues à partir d'un VAR(p) ; n : le nombre des variables ;

p : le nombre de décalages ;

T : la taille de l'échantillon.

Tableau no6 : Détermination du nombre de retards

Retard Log L LR FPE AIC SC HQ

0 7,377 NA 9,15E-06 -0,250 -0,058 -0,193

1 105,579 160,033* 2,11E-08* -6,339* -5,379* -6,053*

2 116,629 14,732 3,33E-08 -5,972 -4,244 -5,458

* nombre de retards retenus

LR : sequential modified LR test statistic (each test at 5% level)

FPE : Final prediction error

AIC: Akaike information criterion

SC: Schwarz information criterion

HQ: Hannan-Quinn information criterion

Source : Nous-mêmes à partir des résultats de régression

Pour chaque critère, le symbole (*) indique le retard optimal retenu. Le nombre de retards optimal retenu en tenant compte des critères d'information de Hannan-Quinn, d'Akaike et Schwarz comme le présente le tableau ci-après est p =1. A cet effet, nous modélisons un VAR à un retard égal à une année.

Autrement dit, il faut une année pour qu'un choc sur l'une des variables du modèle agisse sur la sphère réelle. Ainsi, il y a un accord entre le résultat trouvé (retard égal à une année) et l'hypothèse émise par SIMS et ZHA (1998) et KIM et ROUBINI (2000).

Toutes nos variables étant stationnaires en différence première, il n'y a donc pas présomption de relation de coïntégration entre les variables, ce qui exempte notre étude du test de détection de la relation de coïntégration de Johansen.

III.4.5.Tests de coïntégration de Johansen

La théorie économique exige l'utilisation d'un modèle Vectoriel Autorégressif non contraint (VAR) pour rendre compte des interdépendances entre les variables. Or, ce dernier n'est valide que lorsqu'il n'y a pas de relation de coïntégration entre les variables retenues du modèle.

Par contre le recours à un modèle vectoriel à Correction d'Erreur (VECM) s'impose en cas de coïntégration entre les variables. Ce dernier peut être représenté par l'équation suivante :

D'après Johansen (1982), c'est l'étude de rang de la matrice M qui permet de déterminer le nombre de relations de coïntégration entre les variables du modèle.

Cet auteur propose un test fondé sur les vecteurs propres correspondant aux valeurs propres plus élevées de la matrice M. A partir des valeurs propres de la matrice m, on calcule la statistique suivante :

avec n : nombre d'observations ;

 : ieme valeur propre de la matrice M ;

K : nombre de variables ;

r : rang de la matrice M.

Le test de la trace teste l'hypothèse nulle r=q (q=1,2,..., k-1) contre l'alternative r=k qui correspond au modèle non contraint.

Un autre test permet de tester les r plus grandes valeurs propres est construite autour de la statistique

avec r = 1,2,..., k-2, k-1.

Cette statistique teste l'hypothèse nulle r = 0 contre l'hypothèse alternative r =1, r =1 contre r =2,...Les lois des deux tests ont été tabulées par Johansen (1988) cité par ISABELLE, C. &all (2004). Lorsque les deux tests donnent des conclusions différentes, on retient en général les résultats du test de la trace dont la puissance est plus élevée que celle du test de la valeur propre maximale.

On rejette H0 si la valeur calculée est supérieure à la valeur lue dans la table les résultats trouvés à l'aide du logiciel Eviews5, c'est-à-dire les statistiques et calculée entre 1 et k ainsi que les valeurs critiques qui leur sont associées. Pour mener ce test, Johansen propose cinq spécifications concernant soit les vecteurs coïntégrants, soit les séries (le VAR proprement dit) :

· Absence de tendance linéaire dans les données :

a) Absence d'une tendance linéaire dans les séries et d'une constante dans les relations de coïntégration ;

b) Absence d'une tendance linéaire dans les séries mais présence d'une constante dans les relations de coïntégration ;

· Présence d'une tendance linéaire dans les données

c) Présence d'une tendance linéaire dans les séries et d'une constante dans les relations de coïntégration ;

d) Présence d'une tendance linéaire dans les séries et dans les relations de coïntégration ;

· Présence d'une tendance quadratique

e) Présence d'une tendance quadratique dans les séries et d'une tendance linéaire dans les relations de coïntégration.

Tableau no7: Résultats du test de coïntégration de Johansen

Nombre de Valeurs Statistique Valeurs

relations de propres de la Trace critiques à 5%

cointégration

r = 0  0,608 44,790 47,856

r = 1 0,426 26,671 29,797

r = 2 0,327 1,094 15,494

r = 3 0,000 0,003 3,841

* Rejet de H0 au seuil de 5%

Source : Nous-mêmes à partir des résultats de régression.

De part ce tableau, il ressort qu'il n'existe aucune relation de coïntégration entre les variables. La statistique de la Trace pour r=0 donne une valeur égale à 44,790 inférieure à la valeur critique au seuil de 5% (47,856). On peut continuer à tester pour r=1, r=2 ou r=3. En effet, nous constatons qu'il n'ya aucune relation de coïntégration entre les variables du modèle.

III.4.6. Les instruments d'analyse associés à un modèle

Les principales utilisations du VAR dans des applications empiriques sont les tests de causalité au sens de Granger (1969), la décomposition de l'erreur de prévision et l'analyse des impulsions (ou fonctions de réponses aux chocs).

III.4.6.1. Tests de causalité

L'étude de la causalité nous permettra de voir s'il y a une relation causale entre les variables et la décomposition de la variance mettra l'accent sur la proportion de causalité entre les variables. Les tests de causalité ont beaucoup évolué et la définition de causalité varie d'un auteur à un autre. Cela étant, il est généralement admis que le grand initiateur de l'analyse de Causalité est Granger (1969). Ce dernier se définit comme étant la capacité prédictive des variables à travers le temps. La causalité au sens de granger (1969) se réfère donc à l'antériorité d'un phénomène sur un autre. A ce propos, Jean Ndenzako (1998) avance que Z cause W si les valeurs passées de Z permettent de prédire W mieux que ne le font les valeurs passées de W. Autrement dit, Z cause W au sens de Granger s'il existe dans les valeurs passées de Z des informations non contenues dans le passé de W mais qui améliorent de façon significative sa prévision. Le raisonnement développé par Granger est mené dans le cadre d'un modèle VAR qui comporte des équations contraintes et non contraintes et permet ainsi d'envisager l'ensemble des liens de causalité entre Z et W sans devoir préjuger de l'exogénéité d'une variable.

Soit un modèle VAR(p) à deux variables Z et W représenté comme suit :

W ne cause pas Z au sens de Granger si et seulement si A = 0

Z ne cause pas au W sens de Granger si et seulement si D= 0

Formulation des Hypothèses et règle de décision

Hypothèses nulles :(1) H: A1= A2 =.... = Ap =0

(2) H0 : D1 = D2 =.... = Dp = 0

Règle de décision : Si H0 (1) est acceptée, W ne cause pas Z

Si H0 (1) est rejetée, W cause Z

Si H0 (2) est acceptée, Z ne cause pas W

Si H0 (2) est rejetée, Z cause W

Il est important de noter que la proportion «W cause Z au sens de Granger» n'implique pas que Z est l'effet ou le résultat de W. La causalité à la Granger mesure le caractère précédent de la causalité et non pas la causalité elle-même au sens ou on l'entend en économétrie. Avant de procéder à l'étude empirique de causalité par le test de Granger, il nous semble important de construire le circuit théorique de causalité. En effet, comme précédemment décrit, un choc pétrolier, du point de vue théorique augmente les importations en valeur et peut de ce fait diminuer les recettes fiscales par différents engagements. Ce choc est également une cause d'inflation par les coûts. Tous ces effets peuvent concourir à amenuiser la production nationale.

Tableau no8 : Résultats du test de causalité au sens de Granger

Sens de causalité F-statistic Probabilité Décision au seuil de 5%

LPE L IPC 3,183 0,086 LPE cause LIPC

LIPC LPE 7,732 0,009 LIPC cause LPE

LPG LIPC 3,359 0,078 LPG cause LIPC

LIPC LPG 3,359 0,007 LIPC cause LPG

LPP LIPC 2,277 0,143 LPP ne cause pas LIPC

LIPC LPP 6,267 0,018 LIPC cause LPP

LPE LRF 3,079 0,091 LPE cause LRF

LRF LPE 2,148 0,154 LRF ne cause pas LPE

LPG LRF 6,630 0,016 LPG cause LRF

LRF LPG 1,293 0,265 LRF ne cause pas LPG

LPP LRF 1,129 0,297 LPP ne cause pas LRF

LRF LPP 4,231 0,049 LRF cause LPP

LPE LPIB 1,852 0,185 LPE ne cause pas LPIB

LPIB LPE 2,407 0,133 LPIB ne cause pas LPE

LPG LPIB 3,622 0,068 LPG cause LPIB

LPIB LPG 1,106 0,302 LPIB ne cause pas LPG

LPP LPIB 0,502 0,485 LPP ne cause pas LPIB

LPIB LPP 5,344 0,029 LPIB cause LPP

LPE LPG 4,148 0,051 LPE cause LPG

LPG LPE 0,112 0,740 LPG ne cause pas LPE

LPE LPP 2,649 0,115 LPE ne cause pas LPP

LPP LPE 0,076 0,784 LPP ne cause pas LPE

LPG LPP 4,224 0,050 LPG cause LPP

LPP LPG 0,585 0,451 LPP ne cause pas LPG

Source: Nous-mêmes à partir des résultats de régression.

L'interprétation se fait par comparaison de la probabilité associée à la statistique de Wald, test de nullité des coefficients associés, aux retards de la variable dépendante à 10%. Si à ce seuil cette probabilité est supérieure à 0.1, on accepte l'hypothèse d'absence de causalité, et dans le cas contraire on la rejette. En effet, à la lumière du tableau précédent, on constate que le PE et le PG causent simultanément au sens de Granger l'IPC et que ce dernier cause à son tour ces deux variables (PE et PG). La variable PP ne cause pas l'IPC mais l'IPC cause au sens de Granger le PP.

On constate également que PE et PG causent simultanément au sens de Granger RF mais sans relation retour. Cependant, ces variables (PE et PP) ne causent pas au sens de Granger le PIB car leurs probabilités respectives (0,185 et 0,485 sont supérieures à 0,1.Par contre, la variable PG cause le PIB et PIB cause seulement PP au sens de Granger.

III.4.6.2. Décomposition de la variance

La décomposition de la variance décompose la variation, autrement dit la variance d'une variable endogène en des composants chocs des variables endogènes du système VAR. La décomposition de la variance donne une information sur l'importance relative de chaque innovation aléatoire des variables du VAR. En effet, cet exercice à pour objectif de décomposer les parts respectives des innovations identifiées dans la variance de l'erreur de prévision des variables du système joint pour différents horizons de prévision. On calcule pour cela Pijk la contribution de l'innovation j à la variance de l'erreur de prévision de la variable k à l'horizon h.

Etant donné que la variance de l'erreur de prévision commise sur la variable Wk à l'horizon h s'écrit

Avec Bk,i,j désigne le jème coefficient de la représentation moyenne mobile de la variable Wk relatif au choc å*it, il est facile d'en déduire la contribution de l'innovation j à la variance de l'erreur de prévision de la variance k à l'horizon h :

En analysant donc les résultats de l'annexe10, on aboutit aux conclusions suivantes : De façon instantanée (à court terme), les trois variables expliquées (l'IPC, RF et PIB) sont auto expliquées à 100%.

A long terme (période de 10ans), l'IPC est expliqué par ses propres innovations à 66,6%, puis par celles du PE à 29,96%, par celles du PG à 3,33%, et finalement celles du PP à 0,04%.

La décomposition de la variance de l'erreur de prévision indique aussi que le PIB est expliqué par ses propres innovations de 62,04%, par celles du PE à 14,82%, par celles du PG à 12,19% et enfin par celles du PP à 10,93%. Par ce Test également, à long terme, les RF sont faiblement expliquées par leurs propres innovations (soit 26,06%), puis par celles du PE à 18,94%, par celles du PG à 30,74%, et enfin par celles du PP à 24,25%.

Concernant le PE, à court terme, il est expliqué à 96,04% par ses propres innovations et 3,96% par le PIB. A long terme en effet, il est expliqué à 55,52% par ses propres innovations, à 27,08% par le PIB, à 9,33% par le PP et 8,05% par le PG.

Quant au PG, à court terme, il s'autoexplique à 33%, à 53,86% par le PE et à 13,12% par le PIB. A long terme en effet, il est expliqué à 12,17% par ses propres innovations, à 45,12% par le PE, 33,27% par le PIB et enfin à 9,41% par le PP.

La décomposition de la variance de l'erreur de prévision indique enfin que, à court terme, le PP s'autoexplique à 48,91%, à 36,54% par le PE, à 13,98% par le PG et à 0,56% par le PIB.

A long terme enfin, le PP est expliqué 17,12% par ses propres innovations, par 39,59% par le PE, à 32,70% par le PIB et enfin à 10,57% par le PG. Ces résultats nous conduisent à répondre à notre question de recherche qui consiste à vérifier si la hausse des prix des produits pétroliers agit sur les variables macroéconomiques (IPC, PIB et RF pour notre cas). Ainsi, nous constatons qu'un choc sur PE et PG influence plus les variables retenues qu'un choc sur PP. Cependant, ces variables ne sont pas affectées de la même manière ; la variable la plus sensible aux chocs étant IPC. L'explication à cela est que l'effet de la hausse des prix des produits pétroliers sur les recettes fiscales est direct car l'une des causes de la hausse des prix des produits pétroliers est la pression fiscale.

En effet, une augmentation des taux d'imposition peut avoir des effets inflationnistes. Généralement, il est admis que le relèvement des taux d'imposition a des effets déflationnistes car, augmenter ce taux entraine une réduction du pouvoir d'achat des consommateurs et partant une baisse du niveau de demande globale. L'offre devenant supérieure à la demande, les prix diminuent. De là, nous confirmons notre première hypothèse selon laquelle « la hausse des prix des produits pétroliers influence négativement (ou positivement selon le cas) les variables macroéconomiques ».

Aussi, l'identification des variables les plus sensibles à cette hausse (l'IPC et RF pour notre cas) nous per met d'infirmer notre deuxième hypothèse selon laquelle « les variables macroéconomiques sont affectées (touchées) de la même manière par la hausse des prix des produits pétroliers ». Quant au PIB, l'influence de ces hausses ne se manifeste que dans le long terme.

Quant à la faible influence du choc sur PP aux variables de l'étude, elle est due à la petite part qu'elle représente dans l'importation et la consommation des carburants. (cfr Tableau no3). En effet, le pétrole n'est utilisé que par une petite partie de la population (lampes à pétrole dans les ménages ruraux, les pêcheurs dans la pêche de nuit, etc.)

III.4.6.3. Fonction d'impulsion

Les fonctions de réponses impulsionnelles permettent en vertu du théorème de Wald, d'analyser l'effet d'un choc d'une innovation sur les valeurs courantes et futures des variables endogènes du modèle VAR. Cette approche pose néanmoins un certain nombre de problèmes méthodologiques dus notamment à la très probable corrélation des innovations du modèle. Une fonction d'impulsion trace l'effet d'un choc d'un écart-type d'une des innovations sur les valeurs courantes et futures des variables endogènes. Un choc de la ième variable se transmet aussi à toutes les autres variables à travers la structure dynamique du VAR.

Prenons l'exemple d'un VAR(1) composé de la production et du stock de monnaie. On peut l'écrire sous forme d'un système de la façon suivante :

Une variation de å1t changera immédiatement la valeur courante de P. Mais elle modifiera aussi toutes les valeurs de P car les valeurs retardées de P apparaissent dans les deux équations. Les innovations sont généralement corrélées de sorte qu'elles ont une composante commune qui ne peut pas être associée à une variable spécifique. La solution arbitraire à ce problème est d'attribuer tout l'effet de la composante commune à la variable qui vient en premier dans le système VAR.

Ainsi, dans notre exemple, la composante de å1t et å2t est attribuée totalement à å1t car å1t précède å2t et donc l'innovation de Pt et l'innovation de Mt est transformée de sorte que la composante commune est enlevée. Les graphiques des fonctions de réponses aux chocs représentent les réponses à des chocs sur les résidus structurels des trois variables dans les trois équations du modèle. Pour chaque variable, le choc est égal à l'écart-type des résidus. Pour les variables de notre étude, l'horizon représentant le délai nécessaire pour que les variables retrouvent leur niveau de long terme est supérieur ou égal à 10ans. Les mouvements positifs et négatifs observés à travers les fonctions de réponses aux chocs des prix des produits pétroliers sur le PIB, l'IPC et RF peuvent avoir la même explication que celle du signe du coefficient de corrélation.

III.4.7. Test de stabilité du modèle

Pour tester la stabilité, on utilise les tests de CUSUM et CUSUM of Squares introduits par Brown, Durbin et Evans, 1975. Ces tests sont basés sur les résidus récursifs. Le test de CUSUM permet en outre de détecter 1'instabilité structurelle du modèle et se construit de la manière suivante : Soit ât , le résidu récursif. Celui-ci est donné par la formule suivante :

Avec t=k+2,.... n : nombre total de paramètres estimés du modèle ;

SCR : La Somme des Carrés des Résidus calculée à partir du modèle à n observations.

Sous l'hypothèse nulle de stabilité et à un certain seuil de signification, un couple de droites symétriques représenté par les pointillés par rapport à la ligne des abscisses détermine les bornes du sentier suivi par les résidus récursifs. L'hypothèse nulle est rejetée lorsque la courbe des sommes cumulées franchit et coupe ces bornes.

Le test de CUMUM permet en outre de visualiser les périodes d'instabilité du modèle. En effet, plus le modèle est stable dans le temps, plus la courbe représentative du résidu récursif est proche de zéro. Le Test de CUSUM of square quant à lui permet de détecter l'instabilité aléatoire du modèle en utilisant la statistique suivante :

avec t=k+2,.... n et 0=Vt=1.

De même que pour le test précédent, l'hypothèse de stabilité est rejetée si la courbe Vt atteint son seuil de rejet constitué par les deux droites limites déterminées par le niveau de signification considéré.

Pour notre cas, les graphiques de l'annexe13 montrent que le taux de croissance des RF est resté stable sur toute la période d'étude. Quant à l'IPC et le PIB, leurs taux de croissance affichent une instabilité depuis 1996-1999 (pour Cusum of Squares). Ceci pourrait être expliqué par le blocus économique (l'embargo) que traversait notre pays à cette époque. Néanmoins, les tests de Cusum et de Cusum of Squares ne révèlent aucune des sources d'instabilité du modèle.

III.5. Conclusion du 3ème chapitre.

Notre troisième chapitre avait pour objectif l'application des techniques économétriques à la détermination d'éventuelles relations de causalité entre prix des produits pétroliers (PE, PG, PP) et les variables macroéconomiques choisies (IPC, PIB, TC, RF).

Premièrement, nous nous sommes intéressés aux propriétés statistiques des séries prises individuellement en vue de vérifier si elles suivent un processus stationnaire ou pas. L'application des tests de stationnarité à savoir ADF, PP a confirmé les résultats des tests de Bruit Blanc de Ljung-Box et de la représentation des corrélogrammes que les variables retenues pour notre analyse suivent un mouvement affecté d'une tendance et sont intégrés d'ordre1, résultat conforme à ce qui est couramment admis dans la théorie économique.

Deuxièmement, nous avons procédé à une analyse multivariée basée sur la représentation VAR en la structurant ainsi :

- Le test de détermination du retard optimal qui conduisent à retenir un comme ordre de retard optimal.

- Le test de détermination du nombre de relations de coïntégration entre les variables du modèle qui montre qu'il n'ya aucune relation de coïntégration.

- Le test de décomposition de la variance des erreurs de prévision et la présentation des fonctions de réponses aux chocs ont établi que les variables retenues pour l'analyse ne sont pas indépendantes les unes des autres.

- Le test de causalité de Granger qui montre qu'il existe une relation de causalité entre les variables du modèle mais que certaines variables sont plus dominantes que les autres.

- Le test de stabilité qui montre que notre modèle est globalement stable sur notre période d'étude.

CONLUSION GENERALE

Au cours de ce travail de recherche, notre objectif principal était de vérifier l'impact macroéconomique des fluctuations des prix des produits pétroliers. Ainsi, pour y parvenir, nous nous sommes proposés de vérifier si la hausse des prix des prix des produits pétroliers exerce une influence sur les variables macroéconomiques choisies.

Dans cette perspective, nous avons organisé le travail autour de trois chapitres :

Le premier chapitre a passé en revue les différentes théories relatives aux prix et sur l'historique des produits pétroliers. Les deux crises pétrolières nous ont révélé l'importance des produits pétroliers dans les économies et les marchés par les conséquences qu'elles ont causées aux pays non producteurs du pétrole à cette époque (importateurs nets).

Le deuxième chapitre quant à lui a porté sur l'importation et la consommation des produits pétroliers au Burundi et comment sont fixés leurs prix. Ces prix sont donc fixés par les pouvoirs publics (Ministère du commerce, de l'Industrie et du tourisme). Le constat est que l'Etat enregistre un gain élevé sur les produits pétroliers, un gain qui est de loin supérieur à celui des importateurs ; Ce qui augmente les prix de gros et de détail.

Ainsi, le gouvernement est en quelque sorte à l'origine de la montée des prix des carburants suite aux taxes très élevées qu'il impose aux sociétés pétrolières. L'autre facteur qui grêve les prix des produits pétroliers est le trafic long que ces produits prennent pour arriver au Burundi.

Enfin, le troisième et dernier chapitre a traité les données par des tests économétriques afin de pouvoir confirmer ou infirmer nos hypothèses de travail.

Ainsi, la théorie économétrique recommande le test de stationnarité des séries afin d'éviter des régressions fallacieuses. Les résultats de ce test ont révélé que la variable Taux de Change n'était pas stationnaire en différence première et donc a été éliminée des variables de notre étude.

L'analyse des relations de causalité au sens de Granger a révélé une relation de causalité entre les variables macroéconomiques et les prix des produits pétroliers. Cependant, l'effet de ces derniers sur le PIB est faible car ne se manifestant que pour le PG seulement. Cela peut être expliqué par le fait que leur influence n'est pas directe, autrement dit les effets de ces prix touchent d'abord les composantes du PIB.

La décomposition de la variance a montré qu'à long terme, l'IPC et le PIB sont plus expliquées par leurs propres innovations (respectivement de 66,6% et 62,04%) que les RF (26,06%). Cela signifie que les prix des produits pétroliers améliorent les recettes fiscales mais détériorent l'Indice des prix à la consommation. De là, nous avons confirmé notre première hypothèse tandis la deuxième hypothèse a été infirmée.

En effet, nous avons conclu que les prix des produits pétroliers influencent les variables macroéconomiques (IPC, PIB et RF). Donc, la flambée des prix des produits pétroliers cause l'inflation par l'augmentation des prix des autres produits. Les autres variables sont améliorées surtout les RF étant donné que les prix des produits pétroliers sont alourdis par les charges fiscales qui les grêvent. Les tests de réponses impulsives aux chocs ont montré que pour certaines variables, les effets des chocs sur les prix des produits pétroliers se produisent après un certain retard (10 périodes ou plus).

Le test de CUSUM et CUSUM of Squares a été aussi mené pour tester la stabilité. Les résultats ont révélé que notre modèle est stable sur toute la période d'étude. Enfin, nous ne saurions prétendre avoir épuisé tous les contours du sujet, il pourrait y avoir d'autres variables explicatives du modèle utilisé. Aussi, l'utilisation des données annuelles n'est pas aussi rassurante quant à la fiabilité des résultats ; mais, faute de la disponibilité des données mensuelles ou trimestrielles pour toutes les variables, nous n'avions pas d'autre choix.

Nous invitons donc d'autres chercheurs à approfondir ce sujet en utilisant d'autres variables macroéconomiques que celles que nous avons utilisées afin de vérifier les variables qui sont beaucoup sensibles aux fluctuations des prix des produits pétroliers.

Au regard des résultats obtenus, nous aimerions proposer les suggestions suivantes :

v Au Gouvernement :

§ Engager des discussions avec ses partenaires régionaux dans le cadre de l'East African Community par exemple, et plaider en vue d'une réalisation des investissements régionaux ou sous-régionaux, d'interconnexion d'infrastructures de stockage en produits pétroliers et ainsi créer des capacités de stockage stratégique situées au sein de la sous-région.

§ Réorganiser le marché national de commercialisation des produits pétroliers. En effet, le marché d'approvisionnement en produits pétroliers a une configuration qui ne répond pas aux nécessités stratégiques du pays. Les différents intervenants dans le système d'approvisionnement ont un pouvoir de marché limité qui ne parvient pas à couvrir les besoins en stock stratégique du pays. Le Gouvernement devrait favoriser l'émergence, le développement ou l'entrée sur le marché burundais des groupes pétroliers au pouvoir de marché pouvant répondre aux besoins stratégiques du pays. Ceci pourrait se réaliser de deux manières : faciliter les intervenants locaux à atteindre une taille critique ou intéresser les compagnies internationalement reconnues à entrer sur le marché Burundais.

§ Une politique fiscale et douanière plus efficace devrait permettre à l'Etat d'augmenter ses recettes et ainsi d'exercer moins de pression fiscale sur la structure des prix du carburant. Deux approches complémentaires pourraient être privilégiées à savoir l'insertion du secteur de non structure dans le système fiscal et l'extension de l'assiette fiscale.

§ Il faut s'efforcer à utiliser les produits pétroliers efficacement en développant par exemple le transport en commun et en privilégiant aussi l'importation des véhicules qui consomment moins de carburant.

§ La hausse des cours du pétrole devra être perçue comme un signal fort devant amener à réduire la forte dépendance à l'égard du pétrole et à améliorer de ce fait l'équilibre extérieur. L'Etat devra envisager une politique de substitution progressive et partielle du pétrole. A cette fin, le Gouvernement devra s'informer sur les technologies pouvant être utilisées et à moindre coût comme ce qui se fait en Afrique de l'Est et au Brésil en ce qui concerne les biocarburants. Mais il importe qu'il veille à ce que de telles politiques ne compromettent la sécurité alimentaire qui demeure encore une bataille difficile à remporter par le Burundi.

v A L'ISTEEBU :

L'Indice des prix à la consommation actuellement disponible concerne seulement les ménages de Bujumbura. En plus, il est calculé à partir des coefficients de pondération établis en 1991. Il faut donc effectuer une enquête budget-consommation pour établir un Indice des prix à la consommation couvrant tout le pays avec des coefficients de pondération actualisés issus de cette enquête.

v Aux autorités monétaires :

La Banque Centrale pourrait être tentée de resserrer la politique monétaire en réaction aux poussées inflationnistes induites par la hausse des prix du pétrole. Cette politique qui devrait passer par de fortes hausses des taux d'intérêt peut s'avérer inefficace car elle peut fragiliser l'investissement intérieur, pousser davantage les pays dans la récession et provoquer la stagflation. De même, l'augmentation du prix du pétrole étant analogue à un choc d'approvisionnement, une politique monétaire d'accompagnement favoriserait l'inflation. Les autorités monétaires devraient adopter une politique non inflationniste, afin d'éviter l'inflation galopante et de préserver la crédibilité monétaire. Elles sont donc appelées à plus de prudence face au choc pétrolier pour lequel elles ne disposent pas de marge de manoeuvre.

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http://www.fr.wikipedia.org/wiki/petrole.

ANNEXES

Annexe 1 : Evolution des données macroéconomiques

Année

PE (1)

PG (2)

PP (3)

PIB (4)

RF (5)

IPC (6)

TC (7)

1980

84

62

51

85607

9521,5

12,07

90

1981

107

68

59

89086

8956

13,54

90

1982

107

68

59

94094

11006

14,34

90

1983

80

85

68

102892

10482

15,51

117,41

1984

100

85

68

120451

14415

17,73

119,71

1985

100

85

76

131347

17414

18,4

120,69

1986

100

85

76

140842

19808

18,71

114,17

1987

100

85

76

143590

15822

20,04

123,56

1988

100

92

85

152456

21616

20,94

140,4

1989

100

92

85

174501

25135

23,38

158,8

1990

130

120

120

189141

22413

25,02

171,51

1991

135

125

125

209950

28523

27,27

181,51

1992

135

125

125

233717

29578

27,77

208,3

1993

140

130

130

234764

32932

30,46

242,73

1994

140

130

130

286547

36082

34,98

252,66

1995

160

145

142

309953

40694

41,72

249,7

1996

230

205

165

265413

35359

52,75

302,75

1997

350

320

180

346099

39247

69,16

352,35

1998

350

320

180

404382

55445

77,8

447,7

1999

350

320

180

460266

59956

80,45

563,56

2000

570

520

480

576979

86595

100

720,67

2001

685

635

630

549981

95513

109,24

830,75

2002

750

700

680

584605

95587

107,8

930,75

2003

880

830

810

644680

105587

116,28

1082,62

2004

1000

1000

940

748486

117529

128,7

1100,91

2005

1100

1150

1100

860902

141510

146,11

1107,81

2006

1220

1244

1025

944900

163639,3

150,21

1104,35

2007

1370

1394

1316

1059200

185600

153,02

1137,91

2008

1900

1736

1678

1378100

237095,5

154,9

1185,69

2009

1630

1600

1300

2540400

289024,2

171,17

1230,14

Source : (1), (2), (3) : Ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et du Tourisme :

Différentes Ordonnances Ministérielles.

(4), (5), (6) : République du Burundi, Ministère de la Planification, du

Département et de la Reconstruction, Service de la Planification macroéconomique.

(7) : Rapports Annuels de la BRB. Avec : PE : Prix de l'Essence,

PG : Prix du Gasoil, PP : Prix du Pétrole, PIB : Produit Intérieur Brut, IPC : Indice des Prix à la Consommation, TC : Taux de Change et RF : Recettes Fiscales.

Annexe 2 : Evolution des importations des carburants en T en M BIF

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Importation des carburants (en T)

Importations des carburants (en M BIF)

 
 

Année

Essence Super

Pétrole

Gasoil

Essence Super

Pétrole

Gasoil

 
 

1980

16988

1196

13559

1265,3

73,1

746,6

 
 

1981

15652

1629

14301

1685,0

112,7

934,2

 
 

1982

13559

1414

15225

1449,0

112,8

1002,2

 
 

1983

13217

1831

19367

1141,2

116,8

1198,7

 
 

1984

17617

3018

26146

1560,4

245,2

1954,0

 
 

1985

16570

2590

21966

1619,2

200,0

1699,4

 
 

1986

15305

3050

22163

1044,2

203,8

1363,1

 
 

1987

18492

1970

24168

1367,2

136,9

1593,4

 
 

1988

18532

1954

23733

1380,7

140,4

1583,4

 
 

1989

17868

1871

19924

1322,8

135,2

1357,9

 
 

1990

25234

3399

28646

2443,6

303,9

2134,8

 
 

1991

22398

4155

23186

2351,9

430,4

1984,1

 
 

1992

22791

8332

22419

2100,3

806,6

1800,6

 
 

1993

19437

1941

21218

2074,4

203,5

1942,4

 
 

1994

23300

3360

26823

2673,3

364,8

2687,5

 
 

1995

17093

4422

27348

2185,6

463,3

2758,2

 
 

1996

14559

2170

24482

1859,2

248,9

2699,1

 
 

1997

7679

359

14499

1661,0

67,5

2759,0

 
 

1998

17771

2013

19499

3851,3

392,7

3685,6

 
 

1999

18817

1032

20290

4368,1

607,8

4333,6

 
 

2000

22192

2062

24019

6114,4

400,8

5775,3

 
 

2001

19886

1364

25408

5138,1

584,5

6277,6

 
 

2002

27352

1536

32082

5971,7

1216,8

5803,6

 
 

2003

27130

1862

22523

7405,0

2012,6

6685,7

 
 

2004

22585

766

291

10017,4

408,0

412,9

 
 

2005

24042

1001

14076

8406,0

284,9

9706,6

 
 

2006

33341

1213

35027

23631,1

1078,8

26002,0

 
 

2007

27026

1144

33429

25159,6

1039,1

28283,7

 
 

2008

26511

1600

33501

37544,9

2131,6

53941,2

 
 

2009

16026

6543

21639

18072,8

6436,9

23706,2

 
 

Source : ISTEEBU.

Annexe 3 : Part des Importations des Carburants dans les Importations Totales du Burundi

Année

MT

MT C

MTC/MT (en %)

1980

15114,4

2186,8

14,47%

1981

14509,4

2891,3

19,93%

1982

19280,0

2695,2

13,98%

1983

17074,9

2467,3

14,45%

1984

22383,0

3774,8

16,86%

1985

22754,3

3860,7

16,97%

1986

23194,5

2950,3

12,72%

1987

25465,3

3543,8

13,92%

1988

28884,5

3497,2

12,11%

1989

29909,7

3112,5

10,41%

1990

40179,3

5192,8

12,92%

1991

46154,2

5307,7

11,50%

1992

46105,7

5375,0

11,66%

1993

47434,3

5956,7

12,56%

1994

56467,6

7319,8

12,96%

1995

58186,1

6223,9

10,70%

1996

37331,7

5486,9

14,70%

1997

43249,3

4873,3

11,27%

1998

70274,6

8761,5

12,47%

1999

66307,3

10198,7

15,38%

2000

106059,4

13705,1

12,92%

2001

115254,1

12702,3

11,02%

2002

121050,2

14112,5

11,66%

2003

169743,0

18705,2

11,02%

2004

193605,3

15206,2

7,85%

2005

289123,4

21980,3

7,60%

2006

442511,2

55819,2

12,61%

2007

346100,2

54834,7

15,84%

2008

477781,3

93673,4

19,61%

2009

494828,6

48218,3

9,74%

Source : Rapports Annuels de la BRB.

AVEC : MT : Importations totales

MTC : Importations totales du carburant

Annexe 4 : STRUCTURE DE L'ESSENCE SUPER, DU GAS OIL ET DU PETROLE IMPORTES VIA ELDORET ET DAR-ES-SALAAM-DEPOT BUJUMBURA (O.M du 22 Novembre 2010).

ELEMENTS DE LA STRUCTURE

ESSENCE SUPER

GASOIL

PETROLE

FOT ($/L)

0,661

0,665

0,677

TRANSPORT ($/L)

0,165

0,172

0,172

CF ($/L)

0,826

0,837

0,849

TAUX DE CHANGE (FBU/US $)

1246,00

1246,000

1246,000

COUT ET TRANSPORT(en FBU)

1029,1

1042,46

1057,44

COULAGE TRANSPORT

3,09

3,13

3,17

ASSURANCE

5,15

5,21

5,29

CIF BUJUMBURA

1037,24

1050,80

1065,90

DECHARGEMENT SEP

2,00

2,00

2,00

FRAIS SEP

8,00

8,00

8,00

FRAIS BANCAIRES

15,44

15,64

15,86

DROITS DE DOUANES

0

0

0

REDEVANCE ADMINISTRATIVE

5,19

5,25

5,33

DROITS D'ACCISE

246,41

234,85

54,70

PRIX DE REVIENT

1314,27

1316,54

1151,79

COULAGE DEPOT

3,94

3,95

3,46

FRAIS STOCK GOUVERNEMENT

0,21

0,21

0,21

FONDS ROUTIER NATIONAL

80,00

80,00

0

IMPACT SOCIAL CARBURANT

10,00

10,00

10,00

FONDS STOCK STRATEGIQUE

20,00

20,00

0

T.V.A.

251,24

251,60

203,90

COUTS ET TAXES AVEC LA T.V.A

1679,66

1682,30

1369,35

MARGE DE GROS

71,67

70,10

65,46

PRIX DE GROS

1751,33

1752,40

1434,81

MARGE DE DETAIL

48,67

47,60

45,19

PRIX A LA POMPE

1800,00

1800,00

1480,00

Source : Ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et du Tourisme.

Annexe 5 : STRUCTURE DE L'ESSENCE SUPER, DU GAS OIL ET DU PETROLE IMPORTES VIA ELDORET ET DAR-ES-SALAAM-DEPOTGITEGA (O.M du 22 Novembre 2010).

ELEMENTS DE LA STRUCTURE

ESSENCE SUPER

GASOIL

PETROLE

FOT ($/L)

0,661

0,665

0,677

TRANSPORT ($/L)

0,165

0,172

0,172

CF ($/L)

0,826

0,837

0,849

TAUX DE CHANGE (FBU/US $)

1246,00

1246,000

1246,000

COUT ET TRANSPORT(en FBU)

1029,1

1042,46

1057,44

COULAGE TRANSPORT

3,09

3,13

3,17

ASSURANCE

5,15

5,21

5,29

CIF BUJUMBURA

1037,24

1050,80

1065,90

DECHARGEMENT SEP

2,00

2,00

2,00

FRAIS SEP

8,00

8,00

8,00

FRAIS BANCAIRES

15,44

15,64

15,86

DROITS DE DOUANES

0

0

0

REDEVANCE ADMINISTRATIVE

5,19

5,25

5,33

DROITS D'ACCISE

246,41

234,85

54,70

PRIX DE REVIENT

1314,27

1316,54

1151,79

COULAGE DEPOT

3,94

3,95

3,46

FRAIS STOCK GOUVERNEMENT

0,21

0,21

0,21

FONDS ROUTIER NATIONAL

80,00

80,00

0

IMPACT SOCIAL CARBURANT

0

0

10,00

FONDS STOCK STRATEGIQUE

0

0

0

TRANSPORT GITEGA-BUJUMBURA

30,00

30,00

0

T.V.A.

251,24

251,60

203,90

COUTS ET TAXES AVEC LA T.V.A

1679,66

1682,30

1369,35

MARGE DE GROS

71,67

70,10

65,46

PRIX DE GROS

1751,33

1752,40

1434,81

MARGE DE DETAIL

48,67

47,60

45,19

PRIX A LA POMPE

1800,00

1800,00

1480,00

Source : Ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et du Tourisme.

Annexe 6 : STRUCTURE DE L'ESSENCE SUPER, DU GAS OIL ET DU PETROLE IMPORTES VIA KIGOMA (O.M du 22 Novembre 2010)

ELEMENTS DE LA STRUCTURE

ESSENCE SUPER

GASOIL

PETROLE

FOB ($/L)

0,791

0,795

0,814

TAUX DE CHANGE (FBU/US $)

1246,000

1246,000

1246,000

FOB KIGOMA (en FBU)

985,40

990,13

1013,83

TRANSPORT KIGOMA-BUJUMBURA

20,00

20,00

20,00

COULAGE TRANSPORT

2,96

2,97

3,04

ASSURANCE

4,93

4,95

5,07

CIF BUJUMBURA

1013,28

1018,05

1041,94

DECHARGEMENT SEP

2,00

2,00

2,00

FRAIS SEP

8,00

8,00

8,00

FRAIS BANCAIRES

14,78

14,85

15,21

DROITS DE DOUANES

0

0

0

REDEVANCE ADMINISTRATIVE

5,07

5,09

5,21

DROITS D'ACCISE

246,09

234,85

54,70

PRIX DE REVIENT

1289,54

1282,84

1127,05

COULAGE DEPOT

3,87

3,85

3, 38

FRAIS STOCK GOUVERNEMENT

0,21

0,21

0,21

FONDS ROUTIER NATIONAL

80,00

80,00

0

IMPACT SOCIAL CARBURANT

10,00

10,00

10,00

FONDS STOCK STRATEGIQUE

44,68

53,64

24,41

T.V.A.

251,37

251,76

203,98

COUTS ET TAXES AVEC LA T.V.A

1679,66

1682,30

1369,03

MARGE DE GROS

71,67

70,10

65,78

PRIX DE GROS

1751,33

1752,40

1434,81

MARGE DE DETAIL

48,67

47,60

45,19

PRIX A LA POMPE

1800,00

1800,00

1480,00

Source : Ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et du Tourisme.

Annexe 7 : Les Prix à la Pompe de l'Essence Super, du Gasoil et du Pétrole selon les localités du Burundi

LOCALITES

ESSENCE SUPER

GASOIL

PETROLE

Prix/litre (Fbu)

Prix/litre (Fbu)

Prix/litre (Fbu)

BUBANZA

1745

1735

1435

BUJUMBURA

1730

1720

1420

BURURI

1760

1750

1450

CANKUZO

1775

1765

1465

CIBITOKE

1745

1735

1435

GITEGA

1760

1750

1450

KARUZI

1765

1755

1455

KAYANZA

1760

1750

1450

KIRUNDO

1775

1765

1465

MAKAMBA

1770

1760

1460

MURAMVYA

1745

1735

1435

MUYINGA

1770

1760

1460

MWARO

1750

1740

1440

NGOZI

1760

1750

1450

RUTANA

1770

1760

1460

RUYIGI

1770

1760

1460

Source : Ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et du Tourisme

Annexe 8 : Tests de corrélations entre les variables

Pour l'IPC

 

DLIPC

DLPE

DLPG

DLPP

DLIPC

1.000000

0.647808

0.654662

0.323724

DLPE

0.647808

1.000000

0.767930

0.573867

DLPG

0.654662

0.767930

1.000000

0.713304

DLPP

0.323724

0.573867

0.713304

1.000000

Pour le PIB

 

DLPIB

DLPE

DLPG

DLPP

DLPIB

1.000000

0.198915

0.362240

0.074977

DLPE

0.198915

1.000000

0.791338

0.607331

DLPG

0.362240

0.791338

1.000000

0.685684

DLPP

0.074977

0.607331

0.685684

1.000000

Pour les RF

 

DLRF

DLPE

DLPG

DLPP

DLRF

 1.000000

-0.019835

 0.021544

 0.257858

DLPE

-0.019835

 1.000000

 0.784355

 0.589218

DLPG

 0.021544

 0.784355

 1.000000

 0.672428

DLPP

 0.257858

 0.589218

 0.672428

 1.000000

Annexe 9 : Correlogramme de la série des résidus

Correlogramme PIB

Correlogramme RF

En différence première

Correlogramme IPC

Correlogramme PIB

Correlogramme RF

Annexe 10 : Test de décomposition de la variance de l'erreur de prévision

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de l'IPC

Période

S.E.

DLIPC

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.070038

 100.0000

 0.000000

 0.000000

 0.000000

 2

 0.099626

 98.70875

 1.075903

 0.211294

 0.004057

 3

 0.123310

 96.00796

 3.431589

 0.547479

 0.012970

 4

 0.144442

 92.33643

 6.690435

 0.950558

 0.022572

 5

 0.164239

 88.09565

 10.49074

 1.383026

 0.030577

 6

 0.183231

 83.60363

 14.54174

 1.818329

 0.036301

 7

 0.201653

 79.08966

 18.63146

 2.239023

 0.039854

 8

 0.219600

 74.70614

 22.61742

 2.634805

 0.041637

 9

 0.237090

 70.54573

 26.41167

 3.000497

 0.042101

 10

 0.254107

 66.65811

 29.96591

 3.334332

 0.041645

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de PE

Période

S.E.

DLIPC

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.150178

 41.96555

 58.03445

 0.000000

 0.000000

 2

 0.193557

 48.68939

 50.64244

 0.531445

 0.136732

 3

 0.222161

 54.78543

 44.35927

 0.647706

 0.207594

 4

 0.243874

 60.32565

 38.83467

 0.597399

 0.242279

 5

 0.261943

 65.13535

 34.08605

 0.519455

 0.259145

 6

 0.278159

 69.02895

 30.22887

 0.476437

 0.265740

 7

 0.293597

 71.88400

 27.35470

 0.495758

 0.265544

 8

 0.308904

 73.66780

 25.48642

 0.585226

 0.260556

 9

 0.324443

 74.43532

 24.57198

 0.740516

 0.252188

 10

 0.340384

 74.30846

 24.49969

 0.950288

 0.241564

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de PG

Période

S.E.

DLIPC

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.120896

 42.85826

 20.37098

 36.77076

 0.000000

 2

 0.166177

 52.80326

 24.84406

 22.06853

 0.284151

 3

 0.197211

 60.37921

 23.12248

 16.20554

 0.292769

 4

 0.221093

 66.74019

 20.00994

 13.00037

 0.249500

 5

 0.241294

 71.86902

 17.00314

 10.91769

 0.210151

 6

 0.259701

 75.65478

 14.71587

 9.446884

 0.182471

 7

 0.277398

 78.06383

 13.39951

 8.372588

 0.164072

 8

 0.295001

 79.16946

 13.09582

 7.583256

 0.151467

 9

 0.312831

 79.13357

 13.71497

 7.009428

 0.142029

 10

 0.331017

 78.16976

 15.09474

 6.601353

 0.134146

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de PP 

Période

S.E.

DLIPC

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.187157

 10.47975

 22.85008

 22.18641

 44.48376

 2

 0.241749

 16.13921

 25.42205

 18.37752

 40.06123

 3

 0.273775

 22.13744

 25.61608

 16.20639

 36.04010

 4

 0.296008

 28.24189

 24.52030

 14.58716

 32.65066

 5

 0.313471

 34.16470

 22.78193

 13.24575

 29.80763

 6

 0.328630

 39.63800

 20.88581

 12.09941

 27.37678

 7

 0.342846

 44.44490

 19.19728

 11.11690

 25.24091

 8

 0.356914

 48.43690

 17.96523

 10.28170

 23.31617

 9

 0.371294

 51.54135

 17.32699

 9.580927

 21.55073

 10

 0.386225

 53.75815

 17.32289

 9.001826

 19.91713

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance du PIB

Période

S.E.

DLPIB

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.068422

 100.0000

 0.000000

 0.000000

 0.000000

 2

 0.102830

 91.39079

 0.006049

 6.893612

 1.709546

 3

 0.129800

 86.39390

 0.529702

 9.594507

 3.481893

 4

 0.153669

 82.06264

 1.898831

 10.90521

 5.133324

 5

 0.176104

 77.97520

 3.839953

 11.60137

 6.583477

 6

 0.197839

 74.14316

 6.073582

 11.97114

 7.812120

 7

 0.219232

 70.61921

 8.394758

 12.15312

 8.832913

 8

 0.240476

 67.43104

 10.67155

 12.22399

 9.673420

 9

 0.261686

 64.57937

 12.82757

 12.22910

 10.36396

 10

 0.282937

 62.04707

 14.82431

 12.19612

 10.93250

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de PE

Période

S.E.

DLPIB

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.155979

 3.956730

 96.04327

 0.000000

 0.000000

 2

 0.206847

 7.654656

 89.35801

 2.054646

 0.932690

 3

 0.245639

 11.15034

 83.10920

 3.503268

 2.237191

 4

 0.279342

 14.35875

 77.43659

 4.597161

 3.607498

 5

 0.310415

 17.23009

 72.40067

 5.468535

 4.900710

 6

 0.339987

 19.76159

 67.99831

 6.180623

 6.059481

 7

 0.368662

 21.97767

 64.17938

 6.771700

 7.071243

 8

 0.396810

 23.91336

 60.87438

 7.268203

 7.944057

 9

 0.424682

 25.60514

 58.01160

 7.689485

 8.693782

 10

 0.452461

 27.08694

 55.52506

 8.050117

 9.337880

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de PG

Période

S.E.

DLPIB

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.133218

 13.12180

 53.86824

 33.00996

 0.000000

 2

 0.183767

 16.39710

 62.08812

 21.09499

 0.419790

 3

 0.223644

 19.96061

 61.45920

 17.00003

 1.580161

 4

 0.259245

 23.12084

 58.76713

 15.08348

 3.028555

 5

 0.292695

 25.75501

 55.75718

 14.01636

 4.471442

 6

 0.324888

 27.90882

 52.95608

 13.35329

 5.781803

 7

 0.356287

 29.66514

 50.50408

 12.90847

 6.922311

 8

 0.387183

 31.10375

 48.40779

 12.59248

 7.895976

 9

 0.417784

 32.29108

 46.63007

 12.35782

 8.721036

 10

 0.448253

 33.27960

 45.12366

 12.17728

 9.419464

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de PP

Période

S.E.

DLPIB

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.181189

 0.562151

 36.54166

 13.98439

 48.91181

 2

 0.227620

 3.055136

 45.52409

 9.746467

 41.67430

 3

 0.255269

 7.535592

 48.77944

 8.937587

 34.74738

 4

 0.279386

 12.85787

 49.11179

 9.006458

 29.02388

 5

 0.304029

 17.99808

 47.88246

 9.326405

 24.79305

 6

 0.329984

 22.42532

 46.02542

 9.677772

 21.87148

 7

 0.357137

 26.01059

 44.08734

 9.986457

 19.91561

 8

 0.385216

 28.82699

 42.32538

 10.23573

 18.61191

 9

 0.413998

 31.01230

 40.82707

 10.42955

 17.73109

 10

 0.443340

 32.70462

 39.59669

 10.57767

 17.12102

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de RF

Période

S.E.

DLRF

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.121076

 100.0000

 0.000000

 0.000000

 0.000000

 2

 0.163363

 78.49649

 0.167300

 18.34575

 2.990462

 3

 0.192698

 66.86051

 0.584496

 25.77584

 6.779156

 4

 0.217878

 57.63172

 2.243335

 29.47009

 10.65485

 5

 0.241758

 49.81018

 4.804023

 31.22495

 14.16084

 6

 0.265319

 43.20204

 7.797585

 31.88018

 17.12019

 7

 0.288882

 37.67576

 10.87002

 31.92440

 19.52983

 8

 0.312536

 33.07900

 13.80975

 31.64902

 21.46223

 9

 0.336306

 29.25541

 16.51277

 31.22371

 23.00811

 10

 0.360203

 26.06294

 18.94216

 30.74382

 24.25108

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de PE 

 Période

S.E.

DLRF

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.154422

 0.039342

 99.96066

 0.000000

 0.000000

 2

 0.201362

 0.102551

 96.31665

 2.125148

 1.455649

 3

 0.235994

 0.374818

 90.86151

 4.744470

 4.019205

 4

 0.266546

 0.729802

 84.85569

 7.405266

 7.009243

 5

 0.295500

 1.082709

 79.09722

 9.843956

 9.976110

 6

 0.323737

 1.396039

 73.94582

 11.96186

 12.69628

 7

 0.351618

 1.659887

 69.49538

 13.75323

 15.09150

 8

 0.379325

 1.876844

 65.71251

 15.25192

 17.15873

 9

 0.406972

 2.053793

 62.51587

 16.50298

 18.92735

 10

 0.434650

 2.198205

 59.81455

 17.55018

 20.43707

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de PG 

Période

S.E.

DLRF

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.129491

 0.046413

 61.61254

 38.34105

 0.000000

 2

 0.175576

 1.702743

 71.11732

 25.78847

 1.391462

 3

 0.212162

 2.626266

 69.73385

 23.16428

 4.475601

 4

 0.245816

 3.162997

 65.99042

 22.78662

 8.059959

 5

 0.278252

 3.459461

 62.04790

 23.01786

 11.47478

 6

 0.310004

 3.609285

 58.54820

 23.37698

 14.46554

 7

 0.341290

 3.672515

 55.62266

 23.71650

 16.98833

 8

 0.372241

 3.686177

 53.23125

 23.99869

 19.08389

 9

 0.402966

 3.672532

 51.28788

 24.22203

 20.81756

 10

 0.433566

 3.644756

 49.70501

 24.39552

 22.25471

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Décomposition de la variance de PP

Période

S.E.

DLRF

DLPE

DLPG

DLPP

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 1

 0.178986

 6.649050

 35.33702

 10.46067

 47.55326

 2

 0.224954

 11.52318

 43.64315

 7.441201

 37.39247

 3

 0.251323

 14.17182

 47.01762

 8.584368

 30.22620

 4

 0.274726

 15.23111

 47.89595

 11.08071

 25.79222

 5

 0.299163

 15.16613

 47.37172

 13.78414

 23.67800

 6

 0.325233

 14.46757

 46.26152

 16.16515

 23.10576

 7

 0.352656

 13.49735

 45.05203

 18.07274

 23.37788

 8

 0.381047

 12.46697

 43.96599

 19.53471

 24.03233

 9

 0.410105

 11.48107

 43.07275

 20.63578

 24.81041

 10

 0.439642

 10.58279

 42.37005

 21.46333

 25.58383

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Annexe 11 : Résultats du Test de Causalité au sens de Granger

Pour IPC

Pour PIB

Pour RF

Annexe 12: Test de Réponses impulsives

Graphique no5 : Tests de Cusum et de Cusum of Squares.

Pour l'IPC

Pour PIB

Pour les RF

Source : Nous-mêmes à partir du test de la régression







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