b. La sensibilisation,
Parmi les méthodes adéquates utilisées
par la CNUR pour diffuser les messages de réconciliation et sensibiliser
le peuple rwandais à la culture de la tolérance et de la paix,
les débats publics constituent un outil incontournable.
Différentes méthodes sont utilisées pour parvenir à
atteindre le plus grand nombre possible de personnes. Certaines d'entre eux
sont :
· Les sommets nationaux,
Le sommet national est une grande réunion qui regroupe
des centaines de gens venant de tous les coins du pays (notamment, les
autorités administratives des différents échelons, les
représentants des confessions religieuses et de la société
civile), ainsi que de la diaspora rwandaise et des invités venant de
diverses parties du monde. Le but est de discuter sur l'état
d'avancement du processus d'unité et de réconciliation.
Sur la question concernant les grandes réalisations de
la CNUR en matière de réconciliation, le secrétaire
exécutif, le coordinateur du projet UE-CNUR et les agents de l'UE au
Rwanda, tous ont mis au premier plan le sommet national.
Le but principal du sommet est d'examiner l'état
d'avancement du processus d'unité et réconciliation.
Le sommet se fait tous les deux ans. Quatre sommets ont
été déjà organisés par la CNUR et le premier
a eu lieu en 2000 nous a dit le secrétaire exécutif de la
CNUR64.
64 Entretien avec le secrétaire exécutif de la
CNUR, Février 2010
Vu l'importance du sommet et les résultats attendus,
plusieurs bailleurs de fonds sont prêts à contribuer à la
bonne réalisation des activités prévues pendant ce mois de
concertation populaire.
Le chargé des programmes au sein de l'UE au Rwanda nous
a déclaré que l'UE soutenait ce genre de débat
communautaire et y intervenait d'une façon remarquable.
Les activités du sommet commencent avec un mini-sommet
au niveau de chaque district. Des consultations sont menées par les
agents de la CNUR en collaboration avec les Ministères de
l'administration locale, de l'intérieur et des affaires
étrangères. Le Parlement ainsi que le Sénat sont
mobilisés pour veiller au bon déroulement du sommet.
Les concertations au niveau des districts et des secteurs ont
pour but de collecter les idées, les souhaits, les questions, les
observations et les recommandations de la population sur l'état
d'avancement du processus de réconciliation dans leurs villages et sur
la vie politique du pays en général. Cette phase dure 3
semaines.
C'est au niveau national que se déroule le sommet
proprement dit. Ici sont présents tous les représentants de la
population au niveau des districts, provinces et hautes autorités du
pays.
Il y a aussi la représentation de la diaspora rwandaise
en provenance de tous les coins du monde, les ambassadeurs, les
représentants des organismes internationaux au Rwanda et des
invités de marque en provenance des pays étrangers.
C'est là que toutes les idées collectées
lors du mini-sommet et les observations de la population sont
débattues.
Lors du premier sommet sur l'unité et la
réconciliation de décembre 2000 le président Kagame avait
dit que « la première raison du sommet est en rapport avec la
loi fondamentale régissant notre pays, spécialement dans sa
partie relative aux accords de paix d'Arusha où il est stipulé
que la commission nationale pour l'unité et la réconciliation
doit organiser des consultations et conférences-débats sur
l'unité et la réconciliation, lesquelles devront aboutir à
un sommet national dans lequel les Rwandais de toutes les strates apporteraient
leurs idées et adopteraient des stratégies susceptibles de les
aider à atteindre leur objectif en l'occurrence, l'unité et la
réconciliation »65.
A ce stade, peu de recherches sont menées sur
l'état d'avancement du processus de réconciliation au Rwanda. Il
est par ailleurs difficile d'évaluer l' impact de ce processus. Dans ces
conditions, ces débats permettent au moins de connaitre les grands
tourments auxquels le pays fait face.
Selon les différents rapports de la CNUR, les
écrits consultés et entretiens menés, le sommet national
sur l'unité et la réconciliation prend toujours le devant parmi
les activités de la CNUR, probablement à cause de la très
grande médiatisation dont il bénéficie. Le sommet sert de
cadre privilégié d'évaluation des efforts fournis dans le
processus de réconciliation et d'identification des obstacles
réels ou potentiels au processus. La composition des participants permet
à toutes les couches d'être représentées et à
tous les acteurs nationaux et étrangers d'exprimer leurs points de
vue.
Le message du représentant de l'UE au Rwanda, Monsieur
Jeremy LESTER lors du 2ème sommet national sur l'unité
et la réconciliation, montre bien que l'UE accorde un soutien
particulier aux activités de la CNUR.
65 CNUR, Rapport du premier sommet national sur
l'unite et la reconciliation, Kigali 18-20 octobre 2000, p.13
Il souligne l'importance de collaborer avec une institution
comme la CNUR et l'intérêt que le monde en général
et le Rwanda en particulier pourraient trouver si la commission parvenait
à réaliser ses missions. Selon lui, ces missions ne sont pas
faciles à réaliser mais pas impossibles non plus. Durant son
allocution Monsieur LESTER a insisté sur le respect du droit de la
personne. Dépasser l'idiotie de la guerre et de la division et penser
à l'intérêt de tous les Rwandais, « comme Hutu et
Tutsi doivent se sentir Rwandais avant toute autre chose, l'Allemand et le
Français doivent se sentir Européens avant tout, l'Africain et
l'Européen doivent se considérer comme créatures humaines,
avant toute autre chose.». Le représentant de l'UE a aussi
rappelé que la voie du succès dans le domaine de l'unité
et de la réconciliation était encore longue au Rwanda et que, si
la demande et l'octroi du pardon n'était pas respecté tant
à l'intérieur que parmi les Rwandais de la diaspora, le pays
pourrait encore aller à la dérive. Il a stipulé que le
premier ennemi de l'unité et de la réconciliation est la peur et
le manque de confiance de soi66. Monsieur LESTER a beaucoup
insisté sur la contribution de chacun pour reconstruire le Rwanda et
surtout sur le respect du droit de la personne et la sécurité
dans la sous région.
Pour lui, pour que les objectifs de la CNUR puissent
être atteints, le Rwanda doit collaborer avec d'autres institutions
notamment dans les domaines du désarmement et du rapatriement des
refugiés, de la construction d'une démocratie et du processus de
décentralisation, ainsi que dans le domaine de la bonne gouvernance et
de la lutte contre la pauvreté.
Concluant son intervention, le représentant de l'UE a
affirmé que le soutien de l'UE à l'Etat rwandais pour lui
permettre de réaliser sa politique d'unité nationale et son
développement en général sera toujours disponible.
66 CNUR, Rapport du second sommet national sur l'unite
et la reconciliation, Kigali 26-28 octobre 2002, p. 78-79
· Les activités socioculturelles,
Chaque année, la CNUR organise dans les écoles
secondaires des compétitions sportives et culturelles dans le but de
sensibiliser et diffuser les messages sur l'unité et la
réconciliation. Un prix est attribué à chacun des trois
premiers dans chaque discipline. La semaine baptisée
`réconciliation week' contient diverses activités à savoir
: le sport (football, basketball, volleyball), les débats publics sur
des thèmes politiques (démocratie, tolérance, pardon,
Gacaca, TIG, pauvreté, gouvernance,...), les danses culturelles,
chansons, poèmes, dessins, etc. avec un thème incluant
l'unité et la réconciliation. Presque toutes ces activités
sont organisées par le projet UE-CNUR.
· Les medias et la communication
Toujours dans le cadre de la sensibilisation et de la
publicité des activités de la CNUR, une stratégie de
communication a été mise en place, notamment par la diffusion des
activités de la CNUR via les radios et la télévision
rwandaises. Grâce à l'appui de l'UE, un contrat avec les
différents medias a été signé.
Nous avons constaté à travers les archives de la
CNUR et les propos de nos interviewés, qu'un thème était
donné chaque année aux activités de la CNUR durant la
période de la semaine de réconciliation (the
réconciliation week).
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