Chap. II PRINCIPAUX ACTEURS DANS LE PROCESSUS
DE RECONCILIATION AU RWANDA
2.1 La Commission Nationale pour l'Unité et la
Réconciliation
(CNUR)
2.1.1 Historique et fondement de la Commission Nationale
pour l'Unité et
la Réconciliation
Depuis l'époque coloniale, le Rwanda a
été caractérisé par une gouvernance basée
sur une politique de discrimination et de dichotomie dans la population,
consolidant les assises d'un pouvoir dictatorial.
Cette politique ne respectant pas les droits fondamentaux de
l'homme a été à la base des massacres et exodes à
répétition, jusqu'à l'irréparable génocide
des Tutsi d'avril 1994.
L'idée de mettre en place une commission pour
promouvoir l'unité et la réconciliation au Rwanda prend racine
dans les accords de paix d'Arusha signés le 04 Août 1993 entre le
gouvernement de l'époque et le Front Patriotique Rwandais (FPR :
mouvement rebelle qui attaquait le pays depuis octobre 1990). Le
génocide des Tutsi a rendu encore plus pertinente l'existence d'une
telle structure.
Les consultations nationales de différentes
catégories de Rwandais qui ont eu lieu en 1998 et 1999 ont
dégagé des recommandations sur cinq domaines principaux de la vie
du pays : l'unité et la réconciliation, la démocratie et
la bonne gouvernance, la justice, l'économie et la
sécurité.
Une recommandation spécifique sur l'unité et la
réconciliation concernait la mise en place « au niveau national,
d'une commission qui aiderait les Rwandais à retrouver l'unité et
à se réconcilier ». Cette recommandation fut votée
par l'Assemblée nationale de transition et adoptée comme loi en
mars 199932.
La CNUR a donc été mise en place par la loi
N° 03/9 9 du 12/03/1999, qui a été modifiée et
complétée par la loi n° 35/2002 du 14/ 12/200233
promulguée par la Constitution Nationale du 03/06/2003 en son article
17834.
Le Gouvernement d'union nationale dirigé par le FPR et
la coalition est convaincu que l'unité et la réconciliation
constituent la voie unique vers la restauration de la paix, de la
sécurité, du respect des droits de l'homme et le
développement intégral et pérenne du pays et de ses
habitants.
La mise sur pied de cette commission est un grand pas vers
l'éradication des comportements mus par des réflexes
identitaires, des stéréotypes et préjugés longtemps
prêchés par des régimes répressifs.
2.1.2 Organes de la CNUR
La CNUR est un organisme étatique qui fonctionne au
sein d'un environnement multisectoriel. Elle sert d'instrument de
régulation et de coordination des trois secteurs (secteur public,
secteur privé et société civile) de la vie nationale.
32 J.0 N0 5 du 1er Mars 1999 portant
creation de la Commission Nationale pour l'Unite et la Reconciliation.
33 J.O n° 35 du 14 Decembre. 2002, portant
modification de la loi sur la creation de la CNUR
34 Republique du Rwanda, la constitution nationale,
juin 2003, p.4
La CNUR est structurée en deux grands organes :
a. Le Conseil des Membres de la Commission Nationale pour
l'unité et la Réconciliation
Le Conseil des membres de la CNUR comprend douze commissaires
dont un Président, un Vice-président, et un Secrétaire
Exécutif tous nommé par le Président de la
République. Il se réunit une fois par mois pour examiner les
activités du Secrétariat exécutif et s'assurer du bon
déroulement des programmes. Notons qu'il peut se réunir plus
d'une fois par mois et à chaque fois qu'une urgence se
présente.
b. Le Secrétariat exécutif
Géré par un Secrétaire exécutif, cet
organe a cinq attributions, à savoir :
· Superviser les activités journalières de la
CNUR,
· Administrer et gérer les ressources
financières et humaines de la CNUR,
· Consulter régulièrement les
autorités nationales, la société civile, et les autres
opérateurs dans le domaine de l'unité et la
réconciliation,
· Mobiliser les agences internationales en faveur de
l'unité et la réconciliation,
· Rechercher des appuis nationaux et internationaux
destinés à soutenir les efforts de la CNUR.
Pour assurer la réalisation de sa tâche, cinq
services lui servent de support :
1. Assistance administrative,
2. Relations publiques,
3. Suivi et évaluation des programmes,
4. Planification,
5. Coordination des programmes,
Le Secrétariat exécutif est composé de trois
départements.
1° Le département d'éducation
civique
Ce département est considéré comme le moteur
de la Commission. Il a les attributions suivantes :
- Former et engager les autorités nationales et locales
dans le processus d'unité et réconciliation,
- Former périodiquement les Rwandais de
différents niveaux, au travers de réunions, séminaires et
via les média, dans l'intérêt de l'unité et la
réconciliation,
- Développer un programme (syllabus) destiné
à promouvoir l'unité et la réconciliation dans les
écoles primaires, secondaires et supérieures,
- Evaluer les progrès accomplis en matière
d'unité et de réconciliation.
Pour accomplir les missions qui lui sont assignées, le
département met en oeuvre les 5 programmes suivants :
· Développement des curricula (syllabus) et
formations,
· Organisation des Ingando,
· Education de la masse et débat public,
· Volontaires locaux de l'unité et la
réconciliation,
· Education et dialogue des jeunes.
2° Le département de gestion des conflits et
paix
Le département de gestion des conflits et paix a les
attributions suivantes : - Examiner les lois se rapportant à
l'unité et à la réconciliation,
- Proposer la révision des lois touchant à
l'unité et à la réconciliation,
- Suivre, relever et dénoncer les cas importants
d'injustices et de
discrimination,
- Suivre de près le respect et l'observation de la
politique d'unité et réconciliation par les instances
gouvernementales, les partis politiques, les dirigeants et la population,
- Assurer la médiation des conflits en faveur de
l'unité et de la réconciliation.
Pour accomplir les missions qui lui sont assignées, le
département met en oeuvre les programmes suivants :
· Partenariat institutionnel et plaidoirie,
· Recherche, suivi et évaluation sur la gestion des
conflits dans le pays,
· Dialogue national et communautaire,
· Formation en gestion des conflits.
3°. Le département des finances et
administration
Le département des finances et administration a les
attributions suivantes :
- Recruter, suivre et évaluer le personnel,
- Identifier les besoins en formation et préparation de
la formation du personnel,
- Assurer la logistique,
- Effectuer différentes opérations
financières et faire des rapports périodiques sur la gestion des
fonds de la CNUR,
- Répondre aux obligations des auditeurs internes et
externes, - Trouver des fonds pour le fonctionnement de la CNUR,
- Préparer le budget.
Il comprend cinq subdivision :
· La comptabilité,
· La gestion et le développement des ressources
humaines,
· La logistique et les finances,
· Les affaires juridiques,
· L'auditorat Interne.
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