INTRODUCTION
Le système d'élevage est l'ensemble des techniques
et des pratiques mises en oeuvre par une communauté pour faire exploiter
dans un espace donné des ressources végétales par les
animaux, en tenant compte de ses objectifs et de ses contraintes. Ces multiples
techniques et pratiques sont fonction de la disponibilité de l'espace et
des organisations sociales. Parmi ceux-ci nous comptons des déplacements
d'éleveurs désignés sous le nom de nomadisme.
Dans cette optique, ce thème nous interpelle à
savoir :<< Le nomadisme : avantages et
inconvénients>>.
Notre travail consistera à mettre en exergue les
généralités sur le nomadisme, les causes et les
conséquences puis d'éventuelles solutions.
I. GENERALITES
1-1 Définitions
Les définitions données aux termes "pastoralisme",
"transhumance" ou "agro-pastoralisme" "nomadisme", sont très variables
et renvoient, selon les cas, à des systèmes ou des pratiques
d'élevage. La présentation des différentes
définitions relatives au fonctionnement des systèmes de
production, et a fortiori des systèmes d'exploitation des ressources
permet de comprendre ce qu'est le nomadisme. Nous avons donc proposé les
définitions suivantes :
Ø Pastoralisme
Le terme "pastoralisme" fait référence aux modes de
conduite des troupeaux sur pâturage naturel, et donc aux systèmes
où l'élevage est pratiqué de manière extensive avec
peu de matériel, sans pratiques de cultures fourragères. Il
s'agit d'une forme d'élevage en troupeaux, composés de
différentes espèces (bovins, ovins, caprins, camelins,
ânes, chevaux), mélangées ou non. Le mode d'alimentation
constitue la référence principale : le pastoralisme
correspond à une exploitation extensive des pâturages naturels
entraînant des déplacements d'ampleur variable. Il n'exclut pas la
mise en place de cultures fourragères comme appoint pour l'alimentation
du troupeau. Les différents types de pastoralisme sont décrits en
fonction de la mobilité de l'habitat, de la présence ou non
d'activités agricoles et, bien sûr, des systèmes
d'élevage pratiqués :
Tableau1 : Les différents types de
nomadisme
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Nomades
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Semi-sédentaires
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sédentaires
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Mobilité de l'habitat
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Pas d'habitat fixe permanent
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Habitat fixe occupé une partie de l'année
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Habitat fixe pour la majeure partie de la famille
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Mobilité de la famille
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Toute la famille suit le troupeau
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Toute la famille suit le troupeau
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Une partie de la famille suit le troupeau, voire le bouvier
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Activité agricole
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Marginale
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Oui
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oui
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Intégration Agri/élevage
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Si oui, Agro-pastoralisme
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Si oui, Agro-pastoralisme
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Déplacement du troupeau
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Rotation de pâturage à l'intérieur d'un
terroir (ou petite transhumance)- Trois grands types de transhumance ; cf.
ci-dessous
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* : Une zone "agro-pastorale" est une région
où les deux activités existent sans préciser si elles sont
pratiquées au sein des mêmes unités de production.
La sédentarisation : Ce terme est parfois
utilisé pour décrire un processus d'évolution et
d'adaptation des populations nomades qui réduisent l'amplitude de leurs
déplacements et incluent des pratiques agricoles dans leurs
activités.
Ø Agro-pastoralisme
La coexistence entre activités agricoles et
activités pastorales peut avoir lieu à différentes
échelles : pays, région, "village", unité de
production. A chacune de ces échelles, différents niveaux
d'intégration de ces activités existent avec des incidences
foncières spécifiques.
Ø Transhumance
La transhumance fait référence à une
pratique de "déplacement des troupeaux, saisonnier,
pendulaire, selon des parcours bien précis, répétés
chaque année". Elle existe sous diverses modalités et au sein de
différents types de systèmes d'élevage pastoral. En
fonction des objectifs donnés par les éleveurs, trois types de
transhumance sont identifiés :
La transhumance saisonnière dont l'objectif principal
réside dans la recherche de pâturages et d'eau ;
La transhumance laitière qui vise des objectifs commerciaux
(recherche des marchés pour l'écoulement du lait) ;
La transhumance de métissage, moins répandue, qui
permet le croisement du cheptel zébu avec du bétail
trypanotolérant et une migration des troupeaux vers des zones
infestées de glossines.
Ø Nomadisme
Déplacement acyclique des troupeaux et des campements au
hasard des orages et des jonchées de verdure qui les suivent (Capot Rey)
dans les territoires très vastes dont l'usage est réglé
par la coutume ou par la force. C'est le déplacement de tout un groupe
avec bétail et personne.
Les animaux sont choisis en fonction de leur résistance
à la privation de l'eau, de leur rusticité et leur aptitude au
déplacement.
Les pasteurs nomades n'ont pas d'habitats fixes permanant et
toute la famille suit les déplacements du troupeau, parfois sur de
longues distances (des centaines de kilomètre). Ils se déplacent
à la tête de troupeau, considérables pour certains, dont
ils ne sont pas toujours propriétaire mais gardien. Ils mènent
une existence apparemment instables : Ils se déplacent en
permanence et les déplacements se font traditionnellement à dos
d'âne et de plus en plus avec des petites charrettes. Le bétail se
déplace d'un point d'eau à l'autre, utilisant les marigots, les
rivières, les fleuves et les puits. Du fait de cette mobilité,
les nomades pratiques peu d'activité agricole voire aucune.
Ils avaient dans le passé une réputation de
guerriers ou de pillards ; ils sont eux-mêmes sous la
perpétuelle menace de sécheresse ou d'épidémie qui
peuvent à tout moment décimés des troupeaux entiers.
L'habitat des nomades est généralement fait de huttes à
armature souple de bois, couverte de natte tressée à base de tige
de mil et d'herbe de brousse. C'est le « gallé »,
nom qui désigne à la fois habitation et à la famille qui y
habite.
Malgré d'importants déplacements, et parfois des
changements de milieu, les nomades ont toujours conservé le même
mode de vie, et vécu de production de leur troupeau ; les pasteurs
forcés de changer de mode de vie après disparition de leur
troupeau tentent de reprendre leur vie nomade après avoir reconstituer
leur cheptel.
II. CAUSES DU NOMADISME
Les causes du nomadisme sont multiples dont certaines sont
liées au milieu physique (climat et types de végétation)
et d'autres aux structures et organisations sociales.
-La zone exploitée par un troupeau ne peut continuer
à servir à son entretien et que l'éleveur ne peut sur
place palier cette détérioration, les animaux doivent être
déplacés ;
-L'insuffisance du disponible fourrager et celle des ressources
en eau (sont les causes les plus fréquentes) ;
-Occupation temporaire du domaine pâturable par les
cultures ou les crues des fleuves ;
-Pullulation d'insectes et de parasites : glossine,
vectrices trypanosomes par exemple;
-La sécheresse grave
III. DIFFERENTS TYPES DE NOMADISME
Malgré leur apparence désordonnée, les
déplacements des éleveurs répondent à une logique
fondamentale : gérer au mieux les ressources alimentaires des
régions complémentaires.
On distingue alors le nomadisme apériodique, le nomadisme
à déplacement périodique et les semi-nomades.
3.1. Nomadisme apériodique
Les déplacements semblent être effectués au
hasard, sans que l'on ne puisse discerner de circuit particulier. C'est le cas
des nomades en zone désertique. Un cas particulier de nomadisme
apériodique est celui de l'émigration qui désigne le
déplacement souvent définitif (l'exode) de tout un groupe d'une
région vers une autre.
Ce déplacement peut être lointain, et durer
plusieurs siècles : les Mbororo ont migré vers le sud,
colonisant le plateau de l'Adamaoua au Cameroun au siècle dernier,
fuyant la peste bovine et la répression coloniale, dans un vaste
mouvement qui peut les mener du Niger jusqu'en République
centrafricaine.
3.2. Nomadisme à déplacement
périodique
Ils se déplacent d'une zone à une autre, sans
conserver les mêmes campements d'une année à l'autre. Les
Saït Arba par exemple, passent la saison des pluies à
Ghardaïa, dans le Sahara, et l'été à Oran, sur la
côte méditerranéenne. Certains parcourent près de
2400Km par an.
3.3. Semi-nomadisme
Les semi-nomades se déplacent à une habitation fixe
ou temporaire. Les Mbororo du plateau de l'Adamaoua(Cameroun), par exemple
descendent dans la plaine d'inondation de la Ndop en saison sèche
abandonnant leurs cases d'hivernage sur le plateau.
IV. CONSEQUENCES DU NOMADISME
4-1. Avantages
L'animal représente un facteur de production, car il
permet de valoriser les ressources végétales inutiles par l'homme
et de tirer profit de parcours ayant une faible valeur agricole. Il permet
aussi d'améliorer des systèmes de cultures par ses
déjections et de son travail. Outre ce rôle général
qui est le fondement de l'élevage dans les régions chaudes,
l'élevage permet d'intensifier l'Agriculture :
-C'est une source de fumier ;
-L'énergie animale (port, transport,
traction...) rend de multiples services à l'agriculteur
nomade ;
-Il valorise les résidus agricoles en les consommant
-Il permet d'éviter les surcharges et surpâturages
qui conduisent à une détérioration progressive des
pâturages et finalement à sa disparition et à la
désertification ;
-Le nomadisme permet la mise en repos de certaines zones,
favorise la constitution de réserve de pâturage utilisable pendant
les périodes les plus sévères et qu'on laisse se reformer
pendant la saison des pluies suivantes ;
-Les modes d'exploitation des ressources permet le maintien des
activités de l'élevage dans ces milieux difficiles ;
-Les animaux nomades sont responsables de la
désertification et disparition des arbres du fait de leur goût
prononcé par les fourrages ligneux ;
-Les nomades ou semi-nomades sont contraints à se
sédentariser : la sécheresse décimant leurs
troupeaux, ne leur permet plus de vivre de l'élevage seul. Ils sont
obligés de cultiver des céréales pour pouvoir se nourrir.
Leur troupeau devient un outil de défrichement et de fertilisation. Cela
permet des rendements élevés sans provoquer l'épuisement
du sol ;
4-2. Inconvénients
-Agents de propagation de maladies : Introduction et
réintroduction de maladies n'ayant jamais été
signalées ou déjà éradiquer dans une région
par les mouvements du bétail ;
-Source de conflits souvent violents entre éleveurs et
agriculteurs, ou entre grands propriétaires et paysans sans terre ;
-Le déplacement des animaux entraine une baisse de la
productivité en viande, en lait etc. ;
-Les traces des animaux occasionnés par leur passage
favorise l'érosion des sols ;
-Baisse de la mortalité du bétail ;
-Les animaux errant provoquent des dégâts aux
cultures que le propriétaire de l'animal doit indemniser.
-Les droits de divagation et de vaines pâtures perturbent
les calendriers culturaux ;
-Les agriculteurs ne peuvent pas établir de rotation de
parcelles qui représentent au mieux leur état de
fertilité, car ils sont contraints à cultiver dans des
blocs ;
-Le développement des cultures de contre saison est
gêné.
V. SOLUTIONS AUX BESOINS DES NOMADES
· Organiser l'espace pastoral :
-négocier et réglementer les droits d'utilisation
des pâturages par les éleveurs et les
agriculteurs ;
-les forages de faible débit sont
préférables aux gros, qui entrainent des concentrations de
bétail excessives ;
-mieux valoriser les forages, en développant
les productions fourragères à proximité ;
-aménager les zones pastorales permettant une
exploitation rationnelle des pâturages.
· Organiser les voies de la commercialisation des produits
de l'élevage par l'aménagement des pistes à bétail
avec points d'eau et pâturages de secours dans les zones agricoles.
· Mieux gérer les résidus de récolte
souvent sous-exploités en zones agricoles.
· Fournir une assistance technique aux pasteurs qui se
sédentarisent, et ne disposent pas des moyens et de connaissances
nécessaires pour devenir agriculteurs. Les pouvoirs publics ont
longtemps cherché à inciter les nomades à se
sédentariser.
Tous ces points constituent les éléments d'une
politique de l'élevage qui, pour être cohérente, doit tenir
compte notamment de la diversité des systèmes d'élevage en
zone pastorale, et de leurs particularités.
CONCLUSION
A la fin de notre analyse, nous pouvons retenir que les
techniques pratiquées dans les systèmes d'élevage qui
ont plusieurs causes. Cela entrainera des conséquences aussi bien
positives que négatives. Pour ce qui concerne le nomadisme,
l'organisation sociale régie par la coutume des communautés,
l'environnement physique, sont les facteurs les plus importants de ce
phénomène.
Au vue de tout ce qui précède, nous pensons qu'il
est important pour l'éleveur de gérer de manière
rationnelle tous les éléments intervenant dans le nomadisme afin
d'en tirer profit.
BIBLIOGRAPHIE
Ø J .PAGOT ; 1985. l'élevage en pays
tropicaux, ministère de la coopération. Édition G P
Maisonneuve & Larose, P 451
Ø Mémento de l'agronome, Ministère de la
coopération
Ø Philippe LHOSTE, Vincent DOLLE, Jacques ROUSSEAU,
Dominique SOLTNER, 1993.Manuel de zootechnie des régions chaudes, les
systèmes d'élevage. Collection précis d'élevage
Ministère de la coopération.
P288
Ø R. RIVIERE ,1977. Manuel d'alimentation des
ruminants domestiques en milieu tropical 520
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