L'OTAN et le dialogue avec les pays du bassin sud de la méditerranée( Télécharger le fichier original )par Ismaeil Abed Université Mohammed 1er faculté de droit Oujda Maroc - Diplôme d'études supérieures approfondies 2008 |
2) Transformation du rôle de l'OTAN et établissement de nouveauxpartenariatsAu lendemain de la disparition de l'Union soviétique, beaucoup de pays membres de l'Alliance réduisirent considérablement leurs dépenses de défense, jusqu'à un taux de 25% dans certains cas. Mais après, il fut clair que, même si la fin de la Guerre froide avait peut-être fait s'évanouir la menace d'une invasion militaire, l'instabilité s'était accrue dans certaines régions de l'Europe. Plusieurs conflits régionaux, souvent alimentés par des tensions ethniques, éclatèrent et menacèrent de s'étendre, en ex-Yougoslavie et dans diverses parties de l'ancienne Union soviétique. Les pays de l'OTAN en arrivèrent rapidement à la conclusion que l'engagement à l'égard d'une défense collective et de la coopération pris dans le cadre de l'Alliance continuait d'être la meilleure garantie de leur sécurité. De nouvelles formes de coopération militaire et politique étaient nécessaires pour préserver la paix et la stabilité en Europe et pour prévenir toute escalade des tensions régionales renaissant après la fin de la Guerre froide. En particulier, d'importantes réformes internes devaient être entreprises pour adapter les structures et les capacités militaires afin qu'elles soient à même d'assumer les nouvelles tâches, comme les opérations de gestion des crises, de maintien de la paix et de soutien de la paix, qui allaient s'ajouter aux rôles de défense fondamentaux qu'elles devaient continuer de pouvoir jouer. C'est ainsi que l'OTAN s'est transformée, en réponse aux nouveaux défis de sécurité, et que cette Organisation, qui auparavant était surtout une alliance étroitement liée, responsable de la défense collective, est devenue le point central d'un partenariat de pays coopérant étroitement dans le domaine général de la sécurité17(*). L'effondrement de l'Union soviétique et la dissolution du Pacte de Varsovie, allaient permettre de ce fait, à l'Alliance de sortir de l'antagonisme stérile de la guerre froide et d'embrasser un rôle sécuritaire transatlantique plus large. La création du Conseil de Coopération Nord Atlantique (COCONA) rassemblant autour d'une même table les membres de l'OTAN et les pays de l'ancien Pacte de Varsovie fut la première illustration de cette transformation post-guerre froide. Dans ce sens, les ennemis d'autrefois ont été invités à établir des relations diplomatiques permanentes avec l'Alliance. Le COCONA offrait à la Russie, aux autres républiques de l'ex-URSS et aux anciens satellites de l'ex-URSS, un cadre de dialogue, de consultation et de mise en oeuvre de projets communs. Il servit de cadre à des discussions sur le contrôle des armements, sur la coopération dans le domaine des efforts de défense, de la gestion des crises, des mesures pour le maintien ou le rétablissement de la paix18(*). Par la suite, l'évolution de la situation intérieure russe, a fait ressortir la nécessité de liens plus solides que ceux prévus par le COCONA. C'est pourquoi le Conseil atlantique19(*) , a adopté, lors de la réunion de Bruxelles du 10 janvier 1994, la proposition du PPP, sorte de continuation du COCONA, et qui se présente donc comme une solution aux deux problèmes de l'OTAN qui doit d'une part s'adapter aux exigences d'une phase politique radicalement nouvelle, et d'autre part, développer ses relations avec les pays européens extérieurs à l'alliance20(*). Et c'est dans ce même sens que l'alliance a cherché à nouer de nouveaux partenariats avec des pays du sud non membres de l'organisation. Le Dialogue méditerranéen s'inscrit de fait dans cette logique. En effet, le nouveau contexte sécuritaire de la période post-guerre froide induit en Occident une importance accrue des missions d'intervention et de police des mers, aux dépens des missions de défense des SLOC, et il y a donc lieu de s'interroger sur le cas de la Méditerranée, dont l'importance, procède du développement des crises et des menaces dans son pourtour Etatique. Cette dernière a acquis dans la période post-guerre froide une importance géostratégique majeure en termes navals. Justement, les enjeux militaires et sécuritaires autour de la Méditerranée dans la période post-guerre froide sont généralement abordés sous l'angle de la substitution d'une confrontation Nord-Sud au conflit est-ouest, avec la disparition de l'URSS. En réalité, le contexte de guerre froide ne faisait que recouvrir et atténuer l'antagonisme Nord-Sud, puisque tout se comprenait alors au travers du prisme bipolaire, et principalement les aspects de sécurité. Mais la Méditerranée est bien restée un lieu de frictions Nord-Sud tout au long de la guerre froide, notamment dans le cadre du processus de décolonisation, tel que l'illustrent entre autres l'affaire de Suez ou la guerre d'Algérie. Avec la fin de la guerre froide, la Méditerranée se retrouve alors au centre d'un système dans lequel les deux rives interdépendantes cultivent également un certain antagonisme, et développent l'une à l'égard de l'autre un sentiment d'appréhension. Les Etats de la rive nord craignent l'instabilité que le Sud représente (sous forme de terrorisme, d'immigration massive, de prolifération d'armes de destruction massive, etc.), alors que les Etats de la rive sud, quant à eux, appréhendent la montée d'une culture de projection en Europe (sur le modèle américain)21(*). L'organisation du traité de l'atlantique nord était perçue de ce fait comme le cadre adéquat qui pourrait faire face à cette nouvelle conjoncture, pour chercher à établir de nouvelles relations avec les pays non membres y compris ceux de la rive sud de la Méditerranée, et fut conduite à revoir son concept stratégique en 1991, et il apparaissait alors indispensable de prendre en compte les changements survenus sur la scène internationale. * 17 « L'OTAN au 21ème siècle » http://www.nato.int/docu/21-cent/html_fr/21st04.html * 18 Lionel Ponsard : « L'élargissement de l'OTAN : entre sécurité collective et défense collective » http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/euro/documents/Ponsard.pdf * 19 Le Conseil de l'Atlantique Nord ("le Conseil") est l'organe suprême de prise de décisions à l'OTAN. Il est composé de hauts représentants de chaque pays membre, qui se réunissent pour examiner des questions d'ordre politique ou opérationnel nécessitant des décisions collectives. En d'autres termes, il offre aux pays membres un cadre pour procéder à de larges consultations sur tous les sujets touchant à leur sécurité. * 20 Nicola Cufaro Petroni. Op. Cit. Pp 83-84 * 21 Basil Germond. Ibid. |
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