" Nous axerons nos programmes sur le renforcement du
rôle de la région dans l'action du développement, à
travers la mise en place de multiples mesures destinées à
encourager les promoteurs et les investisseurs à s'installer dans les
régions, à stimuler la création de petites et moyennes
entreprises et la création d'emplois "
Discours du
Président
Zine El Abidine Ben Ali
21 novembre 2006
Introduction
Les petites et moyennes entreprises (PME) forment l'armature
de toutes les économies et sont une source essentielle de croissance
économique, de dynamisme et de flexibilité aussi bien dans les
pays industrialisés avancés que dans les économies
émergentes et en développement. Les PME sont vitales pour la
croissance et le développement économiques des pays tant
industrialisés qu'en développement, car elles jouent un
rôle essentiel dans la création d'emplois nouveaux.
Des financements sont nécessaires pour les aider
à créer et étendre leur activité, développer
de nouveaux produits et investir dans de nouvelles recrues ou de nouveaux sites
de production. De nombreuses petites entreprises naissent d'une idée
formulée par une ou deux personnes qui investissent leur propre argent
et, probablement, font appel à leur famille et à leurs amis pour
qu'ils les aident financièrement en échange d'une part dans
l'entreprise. Mais une fois la réussite au rendez-vous, toutes les PME
en croissance ont à un moment ou à un autre besoin d'investir
pour se développer ou innover davantage.
C'est à ce moment-là que, souvent, se pose le
problème de l'obtention de financements auprès des banques, des
marchés financiers ou d'autres bailleurs de crédits, qui sont
beaucoup moins ouverts à leurs demandes qu'à celles des
entreprises de plus grande taille. Dans la plupart des pays, les banques
commerciales sont la principale source de financement des PME; l'accès
au crédit bancaire est donc une condition essentielle de
l'éclosion de ce secteur.
Le rôle des banques tunisiennes est essentiel dans le
développement de l'économie, notamment à travers le
financement des PME. En effet, le développement d'un tissu de petites
entreprises est un facteur vital de la croissance économique car les PME
sont de grandes créatrices d'emplois et de valeur ajoutée dans
toutes les régions. Les banques tunisiennes participent pleinement
à cette dynamique qui doit être soutenue, car la création,
puis le développement d'une petite entreprise ne va pas sans risque.
Nous axerons notre travail sur le système bancaire
tunisien afin de mettre en oeuvre le rôle de ce dernier dans le
financement des PME.
Partie I :
Le système bancaire tunisien et sa relation avec
les PME
Introduction
Les réseaux bancaires sont les partenaires des PME,
à la fois pour financer leur développement à travers des
crédits d'investissement, faciliter la gestion de trésorerie mais
aussi assurer les opérations d'encaissement et de paiement.
Simultanément, les banques contribuent à la création
d'entreprises et au renforcement des fonds propres des PME par leurs
activités filialisées de capital risque.
Contribution à la création d'entreprises et
octroi de crédits d'investissement ou de trésorerie sont deux
métiers distincts : C'est le rôle du capital-risque ou des banques
spécialisées de contribuer au financement des fonds propres
nécessaires au lancement de l'entreprise. Cet investissement en capital
s'effectue après analyse des potentialités de
développement de l'entreprise.
Le rôle de la banque traditionnelle est d'accompagner le
développement et le fonctionnement de l'entreprise, et d'allouer des
prêts pour une période définie. L'entreprise est
analysée en termes de solvabilité à court et à
moyen terme, afin d'évaluer sa capacité de remboursement. Afin de
parvenir à bien identifier ces différentes idées on
présentera un premier chapitre à travers lequel on traitera le
système bancaire tunisien et ses composantes et les PME alors que le
second chapitre traitera la notion crédit et du risque de
crédit.
Chapitre I :
Présentation du système bancaire et de la
PME
Introduction
Les systèmes bancaires résultent rarement d'une
conception abstraite, d'un projet cohérent mais se conforme en
générale de manière plus ou moins spontanée. Ainsi
s'explique leur extrême diversité d'un pays à l'autre et
souvent à l'intérieur d'un même pays. En Tunisie, comme
dans la plupart des pays du monde, les systèmes dans lesquelles
opèrent ces établissements sont plus au moins structurés
et réglementés.
L'orientation de la Tunisie vers une économie
libérale et ouverte sur le monde extérieur constitue un
défi de taille pour son économie ; elle engage prés
de 95% de petites et moyennes entreprises (PME) qui sont orientées
toutes vers un objectif commun de survie. Pour y parvenir toute PME aura besoin
d'accéder à des financements provenant essentiellement des
banques.
Section 1 : le système bancaire tunisien
I-définition d'une banque
Sont considérées comme
banque, « toutes les entreprises qui se livrent à titre
d'activité habituelle aux opérations suivantes :
· Recevoir du public des dépôts, quelles
qu'en soient la durée et la forme.
· Accorder du crédit sous toutes ses formes.
· Effectuer à titre d'intermédiaire des
opérations de bourse et de change.
· Assurer pour la clientèle des déposants,
le paiement ou le recouvrement de chèques, effets, coupons ou
de tout autre titre de paiement ou de créance ».
Le cumul des quatre attributions, justifie l'appellation
« banque ».
L'exercice d'une seule de ces activités, accorde
à l'établissement la qualité d'intermédiaire
financier non-bancaire. La banque n'est pas une entreprise comme toute
entreprise. Certes, elle a un statut juridique, une organisation, un
système de pilotage, des produits, une stratégie. Mais elle
crée de la monnaie, elle recueille l'épargne du public, elle
gère les moyens de paiement.
Les banques sont appelées, vu l'ouverture sur les
marchés étrangers, à jouer un rôle économique
plus dynamique, à être de plus en plus ouverte dans le but
d'évoluer vers le modèle des "banques universelles", celles qui
rassemblent les spécificités de toutes les catégories des
banques. Le secteur bancaire est organisé par les pouvoirs publics qui
ne peuvent tolérer un secteur totalement libre où les crises
bancaires seraient à l'origine des crises économiques.
Organigramme du système bancaire
tunisien
Source :
www.investir-en-tunisie.com/financement/credits.htm
II. La banque centrale de Tunisie
1. Présentation
La Banque Centrale Tunisienne (BCT) se charge à
être à la fois l'organisme d'émission de la monnaie
manuelle, la banque des banques, la banque de l'Etat, le service public de
gestion centralisée des devises, l'organe de contrôle des banques
puisqu'elle définit les règles de gestion que les institutions
doivent respecter sous peine de mettre en péril l'institution et les
dépôts et enfin l'agent de la politique monétaire ce qui
signifie qu'elle est chargée de mettre en oeuvre la politique
monétaire décidée par le gouvernement.
2. Missions
La banque centrale de Tunisie joue le rôle de
superviseur de l'économie. Elle a pour mission de contrôler le
marché monétaire et d'apporter toute assistance à l'Etat
pour améliorer et promouvoir le développement économique
du pays. La banque centrale exerce pour le compte de l'Etat un privilège
exclusif d'émission de la monnaie sur le territoire de la
république.
2. 1. Mission générale
La Banque Centrale de Tunisie a pour mission
générale de préserver la stabilité des prix. A cet
effet, elle est chargée notamment :
· De veiller sur la politique monétaire ;
· De contrôler la circulation monétaire et
de veiller au bon fonctionnement des systèmes de paiement et garantir sa
stabilité, sa solidité, son efficacité ainsi que sa
sécurité;
· De superviser les établissements de
crédit ;
· De préserver la stabilité et la
sécurité du système financier.
2. 2. La fonction de Banque de l'Etat
· La Banque Centrale de Tunisie est l'agent financier de
l'Etat pour toutes ses opérations de caisse et de banque ;
· Elle mobilise, pour le compte de l'Etat, des ressources
en devises ;
· Tant à son siège que dans ses comptoirs,
elle assure la tenue du compte courant du Trésor et exécute
gratuitement toutes opérations ordonnées au débit ou au
crédit de ce compte.
2. 3. La fonction de Banque des banques
· Elle peut prendre en pension aux banques et aux
organismes spécialement agréés par le Ministère des
Finances, sur sa proposition, les effets et créances sur les entreprises
et les particuliers dans les conditions qu'elle juge nécessaires pour
atteindre les objectifs de la politique monétaire ;
· En vue de réguler le marché
monétaire, la Banque Centrale de Tunisie peut acheter ou prendre en
pension aux banques des effets publics négociables ainsi que toute
créance ou valeur sur les entreprises et les particuliers figurant sur
la liste arrêtée à cet effet par son Conseil
d'Administration.
· La Banque Centrale de Tunisie peut recevoir en compte
les sommes versées, principalement par les banques, les autres
organismes habilités à faire des opérations de
crédit et les personnes physiques ou morales agréées par
le Conseil. Seuls les dépôts en devises sont
rémunérés.
III. Les établissements de crédit
Est considérée comme établissement de
crédit, toute personne morale qui exerce, à titre de profession
habituelle, les opérations bancaires et les opérations de conseil
et l'assistance en matière de gestion de patrimoine, de gestion
financière, d'ingénierie financière et d'une
manière générale tous les services destinés
à faciliter la création, le développement et la
restructuration des entreprises.
Le système tunisien des établissements de
crédit présente des atouts structurels solides notamment aux
plans du réseau, de la performance du système de paiement et de
la solidité de l'assise financière ; c'est un système qui
s'adapte comme ses concurrents à la libéralisation des mouvements
de capitaux, à l'évolution de la technologie et à la
montée appréciable des marchés financiers.
1. Les banques
Les banques reçoivent des dépôts sans
limitation de durée ou de nature. Elles accordent des crédits,
sous toutes leurs formes et jouent un rôle d'intermédiaire en
matière d'opérations de change. Elles assurent également
à leur clientèle la gestion des moyens de paiement.
Les
banques peuvent effectuer des opérations de conseil et d'assistance en
matière de gestion de patrimoine, de gestion financière,
d'ingénierie financière et prendre des participations dans le
capital d'entreprises conformément à la réglementation en
vigueur.
1. 1. Les banques de dépôts ou dites
commerciales
Les banques commerciales ont pour activité principale
la collecte des dépôts sans limitation de durée et le
financement de l'économie par l'octroi des crédits à court
et à moyen terme. Leurs ressources se composent essentiellement des
dépôts à vue, des dépôts d'épargne et
de certification de dépôt. Notons enfin que les banques
commerciales assurent la majeure partie de financement de l'économie
malgré les effets déployés par les autorités
monétaires pour diversifier le secteur bancaire. Elles ont pour
activités :
· Collecter des dépôts auprès des
différents agents économiques quelles qu'en soient la
durée et la forme;
· Accorder des crédits sous toutes leurs
formes;
· Assurer les opérations de commerce international
pour le compte des opérateurs économiques;
· Assurer un service de caisse et de change;
· Mise à la disposition de la clientèle et
la gestion des moyens de paiements;
· Conseil et assistance en matière de gestion de
patrimoine, de gestion financière, d'ingénierie financière
et d'une manière générale tous les services
destinés à faciliter la création, le développement
et la restructuration des entreprises;
· Prise de participation sous certaines conditions.
La place de Tunis renferme 18 banques de dépôts
dont la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) spécialisée
dans la micro crédit et la nouvelle banque des petites et moyennes
entreprises (BFPME) récemment crée pour appuyer le tissu des
PME.
1. 1. 1. La Banque de financement des PME :
(BFPME)
La BFPME est une banque qui couvre l'intégralité
des activités de conseil, de suivi et de financement
dédiées aux petites et moyennes entreprises. Elle a
été constituée le 1er mars 2005.
1. 1. 1. 1. Vision
La BFPME entend devenir la banque de référence
des PME en Tunisie en développant un partenariat
privilégié avec l'ensemble des structures d'appui à la
création et au développement des PME et des intervenants du
secteur financier.
1. 1. 1. 2. Missions
La Banque de Financement des PME, créée en 2005,
entend apporter l'assistance et le soutien nécessaires pour faciliter
aussi bien la création que le développement des petites et
moyennes entreprises. Elle a pour vocation, d'accompagner le
développement des entreprises dans toutes les phases de leur croissance
et de faciliter l'accès aux mécanismes d'encouragements et de
financement.
1. 1. 1. 2. 1. Apporter l'assistance et le soutien
nécessaires afin de faciliter la
création et l'extension des
PME :
Assistance aux promoteurs pour finaliser dans les meilleures
conditions les études de projets et boucler les schémas de
financement.
· Information et orientation des promoteurs pour
bénéficier des avantages offerts par l'Etat (dans le cadre du
FOPRODI, du Développement Régional, du RITI etc.)
· Encadrement des promoteurs dans toutes les phases de
développement de leurs projets (à la constitution et pendant
l'exploitation).
1. 1. 1. 2. 2. Faciliter l'accès au financement pour
la création et l'extension des
PME :
· L'octroi de cofinancements avec les institutions de
crédit (Banques et sociétés de leasing), sous forme de
crédit à moyen et long terme.
· Le financement des PME au titre des marchés
publics avec la possibilité d'octroi d'avances aux entreprises
adjudicataires de ces marchés.
· La participation au capital social des entreprises en
cours de création.
· Le partage du risque avec les Institutions
financières en co-finançant des projets.
1. 1. 2. La banque tunisienne de solidarité
(BTS)
La Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) est la
première banque tunisienne spécialisée dans le financement
de petits projets par le biais du financement direct ou via les Associations de
Micro Crédits (AMCs). Elle octroie ses crédits, sans exiger des
garanties réelles ou personnelles, à un taux
d'intérêt annuel de 5 %, le plus faible du marché.
Les bénéficiaires sont pour la plupart des
jeunes qualifiés; diplômés de l'enseignement
supérieur ou de la formation professionnelle ne disposant pas de moyens
financiers ou de garanties mais d'une volonté ferme et d'un engouement
à l'entreprenariat, la prise en charge de soi-même pour la
réussite de leur projet.
La BTS a pu financer en l'espace de 7 années
d`intervention, depuis l'annonce de sa création par Monsieur le
Président de la République Tunisienne le 21 mai 1997 et son
entrée en activité en mars 1998, plus de 160 000 petits projets
toutes catégories confondues (financement des microprojets, financement
des micros crédits par les AMCs) répartis à travers tout
le pays et touchant des activités économiques les plus diverses
ainsi que différentes actions d'amélioration des conditions de
vie.
1. 2. Les banques de développement
Les banques de développement ont pour principales
activités :
· Octroyer des crédits à moyen et longs
termes
· Participer au capital d'entreprises;
· Collecter des dépôts en devises quelles
qu'en soient la durée et la forme;
· Collecter des dépôts à vue de leur
personnel et des entreprises dont elles détiennent la majorité du
capital.
Parmi les banques de développement en Tunisie ont peu
citer la Société Tuniso-Saoudienne d'Investissement et de
Développement (STUSID) et la Banque Arabe Tuniso-libyenne de
Développement et de Commerce Extérieur (BTL)
2. Les établissements financiers
Les établissements financiers sont aussi des
établissements de crédit à la différence
près qu'ils ne collectent pas de dépôts et sont
spécialisés dans un domaine particulier. Ce sont :
2. 1. Les établissements de leasing
Les établissements de leasing sont chargés
d'assurer le financement d'acquisitions de matériels mobiliers ou
immobiliers, et le mettre en location pour usage professionnel à la
disposition d'un opérateur économique ; ce dernier à
la possibilité ayant la possibilité de l'acquérir à
une valeur résiduelle en fin de contrat. En Tunisie les
établissements de leasing sont au nombre de onze parmi les quels on
peut citer : TL (Tunisie Leasing), UBCI leasing, CIL (Compagnie
Internationale de Leasing)
2. 2. Sociétés de factoring ou
d'affacturage
Elles ont pour mission de gérer au moyen de techniques
de gestion financière appropriées des comptes clients en
acquérant leurs créances et assurer le cas échéant,
le recouvrement de ces créances pour leur propre compte. Elles ne sont
qu'au nombre de deux UNIFACTOR et TUNISIE factoring.
Au-delà d'une forme de crédit, l'affacturage (ou
factoring) constitue également une prestation de service du factor
puisque celui-ci garantit généralement la bonne fin des
créances c'est-à-dire assume le risque de non- paiement et se
charge d'en assurer le recouvrement. L'affacturage a connu un fort
développement au cours des dernières années mais il est
très coûteux pour les entreprises.
2. 3. Banques d'affaires
En février 1994, le système bancaire tunisien a
connu la création d'une nouvelle forme de banques appelées
banques d'affaires. Cette nouvelle catégorie est une conséquence
du besoin ressenti en matière de conseil, d'assistance et
d'ingénierie financière et d'une manière
générale du besoin de services destinés à faciliter
la création, le développement et la restructuration des
entreprises.
Accessoirement, ces banques accordent des concours financiers
sous forme de prises de participations et des crédits à
l'occasion d'opérations d'ingénierie financière à
titre de relais. Pour avoir les ressources nécessaires, les banques
d'affaires font recours aux emprunts à moyen et long terme émis
sur le marché financier et aux emprunts à court terme
contractés auprès des banques. Deux banques d'affaires sont
à distinguer en 2004: l'International Maghreb Merchant Bank (IMMB) et la
Banque d'Affaires de Tunisie (BAT).
IV. Les banques spécialisées ou à
statut particuliers : banques off-shore
Les banques spécialisées sont des organismes
dont l'activité est régie par des textes particuliers
différents de ceux régissant les établissements de
crédit. Les missions qui leur sont assignées par la BCT
sont :
· Collecter des dépôts auprès de non
résidents, qu'elles qu'en soient la forme et la durée.
· Accorder tout concours aux non-résidents
notamment sous la forme de prises de participation au capital d'entreprises non
résidentes et de souscription aux emprunts émis par ces
dernières.
· Assurer les opérations de change manuel au
profit de la clientèle.
· Effectuer en qualité d'intermédiaire
agrée les opérations de change et de commerce extérieur de
leur clientèle non résidente.
· Elles sont soumises à ce titre aux mêmes
obligations que les intermédiaires agrées résidents.
· Et sous certaines conditions, collecter des
dépôts et accorder des crédits en Dinars.
V. Les bureaux de représentation de banques
étrangères ouverts en Tunisie
Ils ont pour activité de représenter en Tunisie
les établissements, notamment financiers et bancaires, dont le
siége est à l'étranger à la condition que cette
représentation ne donne lieu à perception d'aucune
rémunération directe ou indirecte et que les dépenses qui
en découlent soient intégralement couvertes par les apports en
devises de l'étranger.
Section 2 : Présentation des PME
Les petites et moyennes entreprises (PME) désignent les
entreprises de taille modeste, par rapport notamment à leur nombre de
salariés ou leur chiffre d'affaires.
I. Définition
Selon Ibert1 pour définir une PME on doit
poser les questions suivantes : comment peut-on définir une
PME ? La définition est uni critère ou pluri
critère ? Quantitative ou qualitative ? Pour quel usage ?
... Il voit qu'une PME de point de vue dimensionnel doit être
composée de 1 ou 5 ou 10 ou 20 salariés pour les planchers et 50
ou 100 ou 200 ou 300 ou 500 pour les plafonds et considère qu'une PME
dépend de trois critères à savoir : la gestion
personnelle du propriétaire-dirigeant ; l'indépendance de
l'entreprise et sa part de marché.
Quant à Gingembre2, il définit les
PME comme « ... celles qui sont exploitées par les
patrons qui risquent dans leurs affaires, leurs propres capitaux, qui exercent
sur ces affaires une direction administrative et technique et qui ont des
contacts directs et permanents avec leur personnel ».
De ces deux définitions citées on peut dire que
la PME est la firme dans laquelle la propriété de capital
s'identifie effective et qui satisfait à des critères
dimensionnels liés à des caractéristiques de comportement
et pouvoirs économiques.
En Tunisie on ne trouve pas des textes légaux
définissant de façon précise la PME sauf l'article 27 de
la circulaire N° 86/42 parue le premier décembre 1986, dont l'objet
est la règlementation des conditions des banques qui stipule que
« ... une PME est toute entreprise relevant du secteur des industries
manufacturières et dont le total des investissement n'excède pas
500 milles dinars, fond de roulement compris ... ».
On ne peut pas se limiter à une définition
précise d'une PME car ceci dépend de la politique
économique de chaque pays ; de la gestion organisationnelle
des PME ainsi que de la définition même du secteur
d'activité là ou opèrent ces dernières.
______________________________
1Ibert A.
« revue internationale PME » N° 2 1990 Page
141
2Gingembre L.
« encyclopédie Française » tome IX
Larousse 1960 Page 6
1. La PME Tunisienne
Pour pouvoir décrire le secteur des PME en Tunisie, il
faut définir ce que l'on entend par le terme PME au niveau national. En
ce moment, il n'y a pas de définition officielle des PME en Tunisie,
mais deux définitions alternatives sont utilisées en fonction de
certains plans de financement.
1.1. Le décret 94-814
Relatif aux critères pour le financement par le Fonds
National de Promotion de l'Artisanat et des petits Métiers (FONAPRAM)
définit les petites entreprises comme celle ayant un coût
d'investissement total (fonds de roulement inclus) qui n'excédent pas
50.000 DT (environ 35.700 US$) ; ministère de la coopération
internationale et de l'investissement extérieur ; 1999.
1.2. Le décret 99-484
Relatif à la promotion des PME par le Fons de Promotion
et de Décentralisation Industrielle (FOPRODI) définit les petites
et moyennes entreprises du secteur tertiaire comme celles ayant un
investissement total de moins de 3 millions DT (environ 2.1 millions
US$) ; ministère de la coopération internationale et de
l'investissement extérieur ; 1999.
Cependant, un large consensus semble exister parmi les
responsables nationaux, c'est une définition non officielle disant que
toute entreprise employant entre 10 et 100 travailleurs appartient au groupe
des PME. Cette définition n'est cependant pas clairement
prononcée et n'apparaît dans aucun document officiel.
2. la PME dans les pays de l'Union
Européenne
La commission Européenne adopte une recommandation
concernant la définition de la PME. Pour être classée, PME
ou micro-entreprise, une entreprise doit satisfaire trois critères
combinés : Le nombre de salariés : (moyenne :
nombre de salariés< 250, petite : nombre de
salariés<50, micro-entreprise : nombre de
salariés<10), Le chiffre d'affaire ou le total du bilan annuel.Son
indépendance, c'est-à-dire qu'elle ne peut être
détenue à 25% ou plus par une grande entreprise ou conjointement
par plusieurs grandes entreprises.
3. La PME Japonaise
L'Etat Nippon définit la PME selon deux critères
combinés à savoir le nombre de salariés et le secteur
d'activité. Les PME Japonaises depuis quelques années ont
modifié leurs orientations, en particulier les PME de tailles moyennes
qui cherchent à s'émanciper de leur rôle de simples
sous-traitantes et se tournent de plus en plus vers l'extérieur.
L'appréciation du yen à partir de 1985 a largement
contribué à cette évolution. En cinq ans la part des
investissements japonais à l'étranger, effectués par des
entreprises de moins de 300 personnes, est passée de 25% à 60%.
La valeur en dollars des exportations industrielles japonaises a
augmenté en 1990 de 4.2% tandis que la plupart des produits finis
exportés par les PME progressait de 6.4%.
4. La PME Américaine
Caractérisée par sa vitalité
entrepreneuriale, la société américaine constitue un
environnement particulièrement favorable à l'initiative
privée et à la prise de responsabilité. Ainsi, on assiste
aux Etats-Unis à une prolifération des initiatives
privées, mais aussi publiques, de création d'entreprises.
L'esprit entrepreneurial de l'Amérique permet de concevoir toute PME
comme une multinationale en puissance, de telle sorte que le «
complexe de PME » y est inexistant.
Le Small Busines Act crée en 1953 donne à la
petite entreprise (PME) une définition très souple : la
petite entreprise y est définie « comme appartenant à
un propriétaire gérée par celui -ci et n'occupant pas une
position dans son secteur d'activité ». Le Small Business Act
a également donné naissance à la célèbre
« Small Business Administration » (SBA).
II. Caractéristiques et typologies
1. Caractéristiques
Généralement les PME se caractérisent par
des ressourcent relativement limitées, leurs possibilités de
choix stratégiques sont moins nombreuses, leur contribution à
l'économie est très importante (exemple : leur nombre ;
part de l'emploi ; rôle dans plusieurs secteurs d'activités
...) et elles constituent actuellement en particulier une importante source
d'emplois et d'innovation.
Particulièrement les PME présentent les
caractéristiques communes suivantes :
· Le petit entrepreneur travaille et produit en
général pour le marché local.
· Les petites entreprises, pour la plupart d'entre
elles ; sont exploitées uniquement par le propriétaire
lui-même et par les membres de sa famille ; bien que dans de
nombreux cas des travailleurs à temps partiel soit également
employés.
· Les femmes représentent un pourcentage
relativement élevé des propriétaires ou des travailleurs
dans le secteur des petites entreprises.
· L'épargne personnelle ou l'argent familiale
constitue la source essentielle de capitaux pour la création des petites
entreprises.
· L'accès aux circuits officiels de crédit
devient de plus en plus important ces dernières années.
2. Typologies
Il existe deux façons qui permettent de distinguer les
PME des grandes entreprises à savoir le style de gestion et le
comportement stratégique.
2. 1. Typologies quantitatives
Elles se basent souvent sur le critère taille (nombre
d'employés ; chiffre d'affaire ; part de marché...).
Cependant la notion de taille diffère d'un pays à un autre ;
ainsi pour la majorité des pays européens ; une PME aurait
de 10 à 500 employés, sur le continent Américain ces
chiffres plus que le double alors que pour d'autres économies ils sont
sensiblement inférieurs.
Les critères quantitatifs doivent être appliques
sur une base intra-sectorielle plutôt qu'intersectorielle ainsi une PME
du secteur de la biscuiterie est sensiblement plus petite qu'une PME du secteur
de transport aérien.
A titre illustratif, la compagnie nationale « Tunis
air » peut être considérée :
· Comme une très grande entreprise selon une
perspective intersectorielle lorsqu'on la compare à la taille moyenne
des entreprises industrielles Tunisiennes.
· Comme PME selon une perspective intra-sectorielle et
c'est la comparaison la plus pertinente, si l'on comparait sa taille à
celle des principaux concurrents.
Pays
|
Petite Entreprise
|
Moyenne Entreprise
|
Emploi maximum
|
Emploi maximum
|
-Allemagne
|
50
|
500
|
-Belgique
|
70
|
-
|
-Danemark
|
De 1 à 6
|
De 21 à 75
|
-France
|
De 10 à 20
|
De 200 à 500
|
-Pays Bas
|
25
|
100
|
Source : La revue Tunisienne de sciences sociales N°
80-81 (1985).
2. 2. Styles de gestion
Contrairement aux grandes entreprises qui se
caractérisent par une gestion formalisée et
déterminée, les PME se distinguent par des procédures
informelles ; des cycles temporels courts et par des mécanismes
d'adaptation que de transformation de l'environnement.
C'est ainsi dit par MR Jawhar Chatty 3
« ... contrairement à la grande entreprise la PME jouit, de sa
part sa petite structure, une appréciable marge de manoeuvre ainsi bien
en terme de gestion de sa production, des flux de ses échanges que de
flexibilité de ressources humaines, ce qui le plus souvent lui permet de
focaliser ses efforts sur l'amélioration de la qualité de
produits, des services qu'elle offre à sa clientèle et ce faisant
de prospecter et d'investir de nouveaux horizons et de nouveaux
marchés ».
2. 3. Typologies basée sur le comportement
stratégique
Il existe principalement deux catégories de
stratégies concurrentielles :
· La stratégie de domination par les
coûts.
· Les stratégies niches par la
spécialisation ou l'innovation.
A noter qu'une PME ne peut pas accéder aux
économies d'échelle vue sa petite taille et ses ressources
limitées.
III. Spécificité des PME tunisiennes
La PME occupe une part prépondérante dans le
tissu entrepreneurial local. Ce n'est là ni une nouveauté ni une
spécificité tunisienne, puisque l'économie mondiale est
basée sur ce type d'entreprise, y compris dans les pays
industrialisés comme la France ou les Etats-Unis.
______________________________
3 Chatty J.
« supplément de la presse Economie »
(04-01-06)
1. Spécificité environnementale
Les prochaines années verront l'accentuation de la
compétition internationale. Par conséquent, il est essentiel de
bien connaitre et de bien maîtriser les points forts et les points
faibles des différents secteurs par rapport aux secteurs correspondants
des pays les plus performants ; cela permettra aux opérateurs
économiques et aux institutions publiques de la Tunisie d'intervenir
d'une façon appropriée pour prévenir les
difficultés essentiellement le soutient financier des PME et exploiter
les potentialités des PME en terme de Flexibilité,
rentabilité et réduction de chômage.
2. La spécificité
Organisationnelle
· Dans les PME, il ne faut pas accentuer l'effort
seulement sur la fonction production mais il s'agit de développer une
entreprise polyvalente en termes de production, d'approvisionnement, de
commercialisation du marketing et de gestion financière et humaine.
· Elle doit être à l'écoute de
l'environnement pour pouvoir agir à temps de manière
adéquate.
3. La spécificité
décisionnelle
En premier lieu, la structure des PME nettement moins
bureaucratique que celle des grandes entreprises. Dans les PME le pouvoir est
en général centralisé et exercé par le
propriétaire dirigeant qui prend les décisions. Les
décisions dans les PME peuvent ainsi être prises plus rapidement
que dans les grands groupes où une multitude d'acteurs doivent
être consultés avant qu'une décision puisse survenir.
Deuxièmement, la PME se caractérise par une
structure plus simple et moins hiérarchisée ; donc plus
légère et plus souple que les grandes ce qui favorise notamment
la motivation du personnel et surtout la créativité et
l'innovation.
En troisième lieu le cycle des décisions au sein
des PME est plutôt à court terme. C`est un style de
décision d'adaptation, on n'anticipe pas ; on réagit. On
dirait que cette capacité d'adaptation est un atout des PME puisque la
flexibilité permet de répondre à des commandes
instantanées ; mais en même temps elle peut constituer un
handicap lorsqu'il s'agit de financer des technologies nécessitant un
investissement important car l'acquisition des technologies ne se fait
qu'à long terme.
4. La spécificité Technologique
L'étude des spécificités des PME
Tunisiennes permet de dire que celle-ci sont caractérisés
par :
· Un manque chronique de ressources qui se manifeste sous
forme de faiblesses dans le domaine de financement ; et essentiellement
d'investissement dans les nouvelles technologies de l'information et de la
production. A cet égard une première convention
Euro-méditerranéenne a été conclue en vue de
faciliter le transfert de la technologie (microélectronique ;
informatique ; mécanique ; technologies ; chimie-
pharmaceutique...). Les différents interventions et tables rondes de
cette première convention nous ont permis de constater que les PME
Tunisiennes peuvent s'intégrer facilement dans ces réseaux de
transfert technologique tout en relevant les défis suivants :
· Créer une coordination et des partenaires
intersectoriels et interrégionaux ; sur l'ensemble du pourtour
méditerranéen.
· Améliorer la communication directe entre les
entreprises ; les organismes de transfert et les chercheurs, pour
permettre aux PME de trouver à chaque fois les partenaires les plus
adaptés et les plus proches.
· Créer à travers cette communication
directe la confiance entre les hommes dirigeants et les équipes
industrielles et scientifiques ; confiance qui est la véritable
clef de partenariat de longue durée.
· Elargir le périmètre du transfert de
technologies vers le coté sud méditerranéen. Ce transfert
technologique concerne aussi bien la technologie que la science (la science
pure qui est un savoir) ; la compétence ; le savoir faire et
la formation.
IV. Les principaux obstacles au développement des
PME
Beaucoup d'analystes semblent être d'accord sur le fait
que les PME tunisiennes démontrent plusieurs faiblesses liées
à leur structure interne et à leur environnement. Des contraintes
spécifiques entravent le développement et la croissance des PME.
Les mêmes conclusions sont confirmées par l'évaluation de
certaines entreprises sujettes à la première phase du programme
de mise à niveau. Mais plusieurs points positifs ont aussi
été soulignés, comme par exemple la profitabilité
de beaucoup d'entreprises et la gestion par des directeurs conscients des
défis et respectifs à l'assistance gouvernementale (Murphy ;
1999). Selon ces sources et plusieurs interviews, les principaux points faibles
du secteur des PME peuvent être classés de manière
suivante :
1. Gestion
Les PME n'ont pas une structure très formalisée
et différenciée ; elles sont marquées par une prise
de décision centralisée, souvent selon l'intuition ou
l'expérience du propriétaire. Les faiblesses de gestion sont
courantes parce que les directeurs n'ont pas toujours assez d'expérience
dans les domaines du marketing, de la direction et de la recherche et
développement. Des faiblesses financières sont aussi
fréquentes parce que les directeurs des PME ne sont pas toujours
capables de préparer des plans de financement pour soutenir de nouveaux
investissements même quand il y a des fonds disponibles. Beaucoup de PME
sont sous capitalisées et n'effectuent pas d'investissement assez
importants pour être compétitives (Cespi, 1999 ; Unido,
1997 ; World Bank, 2000).
2. Technologie
Les PME utilisent souvent une technologie
étrangère avec un pourcentage minime de copropriété
ou de leasing et reçoivent souvent des licences étrangères
parce que les brevets locaux ne sont pas fréquents. L'obsolescence
technologique qui en résulte est aussi en partie héritée
du protectionnisme passé qui n'a pas été en mesure de
stimuler la recherche et le développement à cause du manque de
concurrence sur le marché local. En même temps, la présence
d'entreprises étrangères n'a pas toujours des
répercussions positives sur le système productif local car elles
forment souvent des enclaves et n'apportent pas d'innovations techniques
(Cepsi, 1999 ; Unido ; 1997).
3. Information
Les PME manquent souvent d'information sur les marchés
et technologies étrangères mais aussi sur les institutions
locales, les plans de financement, etc. Dans les entreprises, l'information est
rare et centralisée et l'utilisation des ressources Internet n'est
toujours pas bien développée (Cepsi, 1999 ; Unido ;
1997).
4. Environnement commercial
Les PME Tunisiennes sont vulnérables à la
concurrence extérieure et dépend fortement des sources externes
de technologies, vis-à-vis des quelles elles ne sont pas en position de
force et disposent donc d'un faible pouvoir de négociation. De plus, les
PME ont de faibles liens avec leurs partenaires. Bien qu'une vie associative
existe, elle se limite à une coopération formelle (Unido,
1997).
2.5. La sous capitalisation de
l'entreprise
En effet, le schéma de financement de l'entreprise
tunisienne fait ressortir de façon nette la faible part de
l'autofinancement. L'incapacité de l'entreprise de se doter en fonds
propres s'explique principalement par les multiples difficultés que
rencontrent certains promoteurs de PME à trouver des associés
prêts à contribuer au lancement du projet ceci va les pousser
à compter fortement sur l'endettement extérieur principalement
bancaires aux conditions souvent plus favorables.
Ainsi, cette sous capitalisation empêche l'entreprise
tunisienne de pouvoir tirer grand profit des avantages que procurent les fonds
propres (le renforcement de l'indépendance financière de
l'entreprise à l'égard de ses bailleurs de fonds, la
consolidation des garanties pour les tiers, une possibilités plus grande
quant à la gestion des risques inhérents à des changement
importants touchant la dimension de son activité ou ses orientations
stratégiques, la réduction forte du coût financier de son
activité, etc.).
Conclusion
En guise de conclusion, on n'a pas pu identifier une notion
précise de PME qui 'a été justifié par plusieurs
études, qui ont montré que chaque pays adopte sa propre
définition en fonction de sa politique sociale, économique et
industrielle. Ces pays ont adopté un ensemble de critères pour
définir un PME qui sont au nombre de quatre: le nombre d'emploi (le
nombre des ouvriers travaillant effectivement au sein de l'entreprise), le
capital social, le chiffre d'affaires et l'investissement.
Il est a noté qu'en Tunisie les PME souffrent de
plusieurs faiblesses qui sont liées d'une part a leur structure interne
qui sont notamment au niveau de la gestion ( les directeurs n'ont pas toujours
assez d'expérience dans les domaines financiers, recherche et
développement et marketing...), au niveau technologique( puisqu'elle
possède un matériel traditionnel ), au niveau informationnel(
difficulté au niveau de transfert de l'information) et surtout au niveau
financière ( les PME Tunisienne se caractérise par un faible part
d'autofinancement) et d'autre part à leur environnement qui est du
à la forte concurrence surtout la concurrence étranger.
A fin de mettre fin a ces obstacles, et surtout les
problèmes financières, les PME ont recours au secteur bancaire
qui représente leur source traditionnel de financement. L'importance du
secteur bancaire à la pérennité des PME se manifeste
à travers les banques qui ont incontestablement joué un
rôle important dans le financement long des entreprises que se soit au
niveau de projets d'extensions ou de nouveaux projets.