CONCLUSION GENERALE
Trois millions et demi de morts en RDC : le bilan des 15
dernières années est lourd pour ce pays, aujourd'hui
engagé dans des processus de paix et de la démocratisation. Le
pays a connu un développement extraordinaire ces dernières
années, passant, en moins de vingt ans, du monopole d'une poignée
de médias gouvernementaux à une offre foisonnante. Ces
médias ont joué un rôle dans l'exacerbation des tensions
et, aujourd'hui, la reconstruction d'un secteur des médias guidé
par les principes professionnels, et non par la propagande, le nationalisme et
les crispations identitaires, n'est pas chose facile.
Choisir la RDC comme cas pratique pour analyser
l'opérationnalité concrète du journalisme de paix a permis
de mettre en lumière toute la complexité de son application sur
le terrain. Les différents types d'acteurs peuvent être nombreux,
les
types de productions également, les motivations pour
mobiliser le concept du journalisme de paix aussi est un problème pour
les medias congolais. De même, les attitudes varient selon
l'époque et le degré de tension du pays.
L'utilisation des médias dans le but de promouvoir la
paix est, somme toute, louable. Ne nous voilons pas la face : aucun journaliste
ne peut réaliser cet exploit qui consiste, lorsqu'il entre dans la salle
de rédaction, à mettre entièrement de côté
toutes ses expériences passées, ses déceptions ou ses
espoirs, ses idéaux religieux ou politiques. Le processus de
sélection de l'information lui-même résulte en quelque
sorte d'une prise de parti. Alors, quitte à prendre parti, autant le
faire en faveur d'une paix durable, en promouvant le dialogue ou en offrant aux
récepteurs de l'information toutes, les clés pour qu'ils
comprennent réellement les tenants et aboutissants d'un fait de
société.
Il faut plutôt penser le texte
journalistique comme le produit final d'un acteur social,
c'est-à-dire d'un individu « jouant un rôle dans lequel
s'actualisent les attentes d'autres acteurs concernés par son travail :
cela implique qu'un texte journalistique n'est pas uniquement l'oeuvre d'un
sujet individuel, mais le produit d'un système de relations dans lequel
le journaliste n'intervient, à titre d'acteur, qu'à
l'étape final » (1)
L'exemple de la radio Okapi est frappant : une énorme
structure radiophonique mis sur pied, adoptant d'emblée l'ampleur d'un
média national. Un organe auquel est expérimenté le
journalisme pour la paix. Les émissions comme : Dialogue entre
congolais, Parole aux auditeurs démontre l'impact du journalisme
proactif. Pourtant, la survie de cette radio
(1) Jean CHARRON er Jean De BONVILLE, « Le
journalisme dans le « système » médiatique », in
Les Études de
communication publique Numéro 16, Québec,
université LAVAL, 2002, pg 30
n'est pas rassurant surtout, quand le mandat de la Monusco
prendra fin. Projet non pérennisé. Qui aura les moyens dans le
contexte congolais de financer une radio dont les coûts de fonctionnement
annuels s'élèvent à 8 millions de dollars ?
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