SOMMAIRE
DEDICACE...............................................................................II
REMERCIEMENTS...................................................................III
SIGLES ET
ACRONYMES.........................................................IV
INTRODUCTION
GENERALE....................................................1
PREMIERE PARTIE : L'URSS A L'ACCESSION DE
GORBATCHEV
AU POUVOIR EN
1985...............................16
CHAPITRE I : L'ORGANISATION POLITIQUE ET
ADMINISTRATIVE DE
L'URSS.......................................................18
CHAPITRE II : LE SYSTEME ECONOMIQUE DE L'URSS EN
1985...26
CHAPITRE III : LA SOCIETE SOVIETIQUE EN
1985......................35
DEUXIEME PARTIE : L'AVENEMENT DE GORBATCHEV AU
POUVOIR ET LES
REFORMES POLITIQUES,
ECONOMIQUES ET
SOCIALES..................41
CHAPITRE I : BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE
GORBATCHEV...........43
CHAPITRE II : LES PRINCIPALES REFORMES DE
GORBATCHEV EN
1986..................................................................48
CHAPITRE III : LES INSUFFISANCES DES REFORMES DE
GORBATCHEV.................................................55
TROISIEME PARTIE : L'IMPACT DES REFORMES DANS
LES
RELATIONS
INTERNATIONALES............63
CHAPITRE I : LES RELATIONS ENTRE L'URSS ET LES PAYS
DU
MONDE
COMMUNISTE........................................65
CHAPITRE II : LE RAPPROCHEMENT ENTRE L'URSS ET
LES
ETATS-UNIS....................................................79
CONCLUSION
GENERALE......................................................88
ANNEXE.................................................................................93
BIBLIOGRAPHIE..................................................................114
A notre père
Kouakou Django
REMERCIEMENTS
Ce mémoire de maîtrise, fruit de deux ans
de recherches a nécessité d'énormes dépenses et de
sacrifices. Nous ne saurions commencer ce travail sans témoigner notre
reconnaissance au Professeur Latte Egue Jean Michel, pour votre rigueur et pour
votre disponibilité qui nous ont été d'un apport capital
pour sa réalisation. C'est donc le lieu pour nous, de vous exprimer nos
sincères remerciements et notre gratitude.
Nous voudrions exprimer aussi notre gratitude au
Docteur Camara Moritié, et au Docteur Bamba Mamadou, pour leurs
suggestions, leurs orientations, leurs critiques et surtout leur
disponibilité qui nous ont permis d'avoir une vision
générale de notre sujet. Merci chers maîtres de nous avoir
fait aimer davantage le métier d'historien.
Nous sommes également reconnaissant à
tous les enseignants du département d'histoire et du département
de géographie de l'Université de Bouaké.
Nos remerciements s'adressent également à
notre père Kouakou Django Maurice et notre mère Kouamé
Ahou qui nous ont toujours soutenu depuis notre enfance jusqu' aujourd'hui.
Enfin, nous disons merci à Konan Akissi pour
son soutien permanent, à mes amis particulièrement à Oka
Christophe Kouassi, Kapohi Guehassa Rolland Hervé, à notre
regreté ami Gbode Kevin Sidoine, Goulehi Jean Charles Seoué, Ipou
Vianney Jean Marie, à Gueu Tiémoko Anderson et à Zan Bi
Irié Séverin et tous les étudiants du département
d'histoire. En effet, ce sont tous ces efforts conjugués qui nous ont
permis l'élaboration de ce mémoire.
SIGLES ET ACRONYMES
PCUS : Parti Communiste de l'Union Soviétique
CC : Comité Central
OTAN : Organisation du Traité de l'Atlantique
Nord
CEI : Communauté des Etats Indépendants
CSCE : Conférence sur la Sécurité et
la Coopération en Europe
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
URSS : Union des Républiques Socialistes
Soviétiques
RDA : République Démocratique
d'Allemagne
RFA : République Fédérale de
l'Allemagne
KGB : Comité de Sécurité de
l'Etat
ONU : Organisation des Nations Unies
IDS : Initiative de Défense Stratégique
PC : Parti Communiste
PNB : Produit National Brut
MTS : Station de Machine et de Tracteurs
CAEM : Conseil d'Assistance Economique et
Monétaire
INTRODUCTION GENERALE
I - JUSTIFICATION
1-REFLEXION GENERALE
Gorbatchev et la politique soviétique ont attiré
l'attention de bons nombres d'observateurs dans le monde. Notre choix s'est
porté sur ce sujet pour deux raisons fondamentales.
La première raison porte sur
l'intérêt que nous avons pour le monde soviétique. En
effet, nous avons découvert l'URSS à travers nos
différentes lectures dont l'ouvrage de Pierre Georges,
l'URSS1(*).
C'est un vaste pays qui s'étend de l'Europe et
à l'Asie. Notre intérêt réside dans le fait que cet
immense pays de 22.400.000 km2 a su mettre à profit ses
contrastes climatiques et pédologiques pour se hisser au
« rang des pays industrialisés et devenir la seconde
puissance militaire mondiale après les Etats
Unis. »2(*)
La seconde raison est que nous avons voulu
étudier et comprendre l'impact de la politique de Gorbatchev sur le
monde soviétique. Malgré sa force militaire et ses énormes
richesses naturelles, le pays se trouve cependant confronté à des
difficultés économiques presque insolubles. Après plus
d'un demi siècle d'intervention de l'Etat et de bureaucratie
improductive, l'économie soviétique est en pleine déroute.
Ainsi, ce grand Etat connaîtra un tournant décisif dans son
histoire à partir de 1985 avec l'avènement au pouvoir de
Mikhaïl Sergueievitch Gorbatchev. Celui - ci lancera une politique de
reforme la perestroïka et la glasnost pour sortir le
pays du marasme économique et assurer en même temps le maintien de
l'Union Soviétique et la prédominance du Parti Communiste. Mais
l'échec de ses reformes vont faire disparaître le bloc communiste
et l'URSS.
Le modèle communiste soviétique a toujours
été considéré, depuis sa mise en place dans les
années 1920, comme une alternative au modèle libéral. Il
est le modèle de référence des pays communistes et du bloc
de l'Est durant la période de 1945 à 1991.Ce modèle s'est
diffusé dans l'immédiat après la seconde guerre mondiale
avec notamment la mise en place de la « doctrine
Jdanov »3(*)
en 1947, au moment de la constitution des deux blocs, comme la réplique
du modèle américain.
Mais la mort de Staline en 1953, marque un tournant
fondamental dans l'évolution du communisme. Khrouchtchev qui lui
succède devient le nouveau maître du pays et entame une
série de reformes. Il lance alors la déstalinisation et commence
une période de relative détente dans la guerre froide. Cependant,
le travail et les efforts de Khrouchtchev, tant sur le plan national
qu'international, sont anéantis lorsqu'à son éviction,
Léonid Brejnev prend la tête du Parti Communiste de l'Union
Soviétique (PCUS) et donc du pays. Débute alors une
période de regel, d'immobilisme, qui replonge l'URSS dans une certaine
forme de léthargie. Le pays accuse par conséquent beaucoup de
retard sur l'Occident et le régime se radicalise et devient de plus en
plus répressif.
Cette période de stagnation politico-
économique dure jusqu'en 1982, année où Brejnev meurt. Le
bref intermède Andropov4(*)- Tchernenko5(*) n'est marqué que par quelques
velléités de reformes. C'est ainsi que le 11 mars 1985,
Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir.
En effet, il constate l'essoufflement du système
soviétique qui était symbolisé par ce spectacle visible de
la mort successive des dirigeants soviétiques, d'abord Brejnev, ensuite
Andropov et enfin Tchernenko, c'est-à-dire toute une
génération de responsables qui sortaient du manteau de Staline et
qui ont fait leurs premiers pas dans le régime stalinien. Dans le
même temps, on assistait à l'essoufflement de l'économie
soviétique qui dépendait exclusivement « des ventes
du pétrole et du gaz. L'URSS ne parvenait plus à nourrir
l'ensemble de sa population. Les autres pays communistes se trouvaient dans la
même situation. »6(*)Très peu de personnes croyaient encore en
l'idéal communiste.
Au regard de tous ces problèmes, Gorbatchev
lançait sa politique de reformes la perestroïka (la
restructuration) et la glasnost (la transparence). Ces reformes
avaient pour but de rendre plus efficient le système soviétique.
Il devrait assurer aussi le maintien de l'Union Soviétique et le
rôle prédominant du PC.
Les années de Brejnev7(*) qui durent de 1964 à
1982, sont caractérisées à la fois par une stagnation
politique, économique et par la transformation de la
société qui acquiert, de fait, une certaine autonomie face
à l'Etat. La nouvelle équipe opte alors pour le conservatisme
politique, tout en recherchant une meilleure efficacité sur le plan
économique. Malgré tous ces efforts apportés, l'impasse
économique dans laquelle se trouve le pays est patente à sa mort
en 1982.La période brève d'Andropov et de Tchernenko de 1982
à 1985 ne changera pas la situation catastrophique c'est le recul de la
productivité, stagnation économique, troubles
généralisées dans les démocraties populaires dans
laquelle se trouvait l'URSS. C'est dans cette situation trouble que
Gorbatchev arrive au pouvoir le 11 mars 1985, au poste de Secrétaire
Général du PCUS. Son arrivée représente une source
d'espoir, de changement et de renouveau à l'intérieur comme
à l'extérieur. Très rapidement, il fait le diagnostic de
la crise structurelle, qui est avant tout économique, mais
également sociale. Gorbatchev décide alors d'entreprendre des
reformes pour insuffler un souffle nouveau à la vie politique,
économique et sociale soviétique. Ces réformes permettront
à l'URSS de refaire son retard accusé face aux Occidentaux et les
Etats-Unis.
Au vu de tout ce qui précède,
l'étude de Gorbatchev et la politique soviétique présente
un double intérêt : d'une part elle est importante pour la
compréhension de la politique que va mener Gorbatchev, d'autre part,
révèle les aspects de l'échec de la politique de
Gorbatchev et du rôle des conservateurs soviétiques dans
l'effondrement de l'URSS. L'intérêt ici, c'est de prouver que, la
politique de Gorbatchev a permis de frayer la voie de la liberté pour
les peuples de l'Est et à instaurer un climat de détente et de
collaboration avec la communauté internationale, notamment les Etats
Unis.
2- CHRONOLOGIE
Pour comprendre Gorbatchev et la politique soviétique,
nous analyserons la situation de 1985 jusqu'en 1991 c'est-à-dire de
l'avènement de Gorbatchev à la tête de l'URSS, à la
création de la Communauté des Etats indépendants.
En effet ,1985 est l'année d'accession au pouvoir
de Mikhaïl Gorbatchev à l'âge de 54 ans qui marque de fait la
rupture avec le passé. C'est le début d'une nouvelle ère.
Cette année représente pour Gorbatchev la consécration
d'une carrière politique exemplaire et en même temps un nouveau
défi à relever, car son pays se trouvait très en retard
par rapport aux Occidentaux. Période à laquelle Mikhaïl
Gorbatchev tentera de donner une nouvelle orientation à
l'économie du pays par des réformes du système
soviétique. Il ouvre davantage son pays au monde extérieur en
assouplissant ses relations avec la communauté internationale.
L'année 1985 également représente
pour les soviétiques le début d'une nouvelle ère. C'est
une année d'espoir pour ce peuple qui est resté pendant longtemps
dans la dictature de ces vieux dirigeants. L'avènement de Mikhaïl
Gorbatchev à la tête de l'URSS semble être le choix d'un
peuple qui est dans le désarroi. Car en moins de trois ans il a perdu
des principales figures du pays. C'est pourquoi les membres, du Comité
Central du PCUS, le plus souvent très âgés, choisissent
Mikhaïl Gorbatchev qui semble être le plus apte à sortir le
pays de la situation de faillite. Nous constatons que cette date marque aussi
une période de prise de conscience populaire sur la
nécessité de reformer le système soviétique.
L'année 1991 est marquée par la
démission de Mikhaïl Gorbatchev et de la dislocation de l'URSS.
Elle représente pour Gorbatchev l'échec de sa politique de
réformes du système soviétique et aussi la fin de sa
carrière politique sur le plan national et international.
En fait, en cette année 1991, le débat
politique se voit négliger au profit de la question du passage à
l'économie de marché pour se concentrer sur l'avenir de l'URSS et
sur la question des nationalités. D'un côté le PCUS
soutient et félicite des actions engagées contre les tentations
indépendantistes, de l'autre côté, les démocrates,
l'Eglise, ainsi que diverses organisations soutiennent les évolutions
démocratiques et prônent le respect des choix. Cette année
représente aussi pour les soviétiques un nouveau départ de
leur histoire avec la création de la C.E.I. Ils ont pris leur
indépendance après la dislocation de l'URSS.
3 - CADRE GEOGRAPHIQUE
Née le 22 décembre 1922, l'URSS est un vaste
Etat fédéral, multinational dans lequel s'inscrit
républiques fédérées, républiques autonomes,
districts et territoires nationaux. Elle est située en Europe
centrale, orientale et regroupe tous les pays centraux et orientaux
européens. Elle est composée de quinze républiques
fédérées, à savoir la république socialiste
d'Arménie, d'Azerbaïdjan, de Biélorussie, de Moldavie, de
Russie, du Tadjikistan, de Géorgie, de Kazakhstan, de
Turkménistan, d'Ukraine, d'Ouzbékistan, de Lituanie, de Lettonie,
d'Estonie et du Kirghizistan. Sa capitale est Moscou « et occupe
1/6 des terres émergées avec une superficie de
22.400.000 km2 sur
laquelle vit une population estimée à plus de 289
millions d'habitants. C'est le pays le plus vaste et le plus étendu du
monde et se classe au troisième rang mondial après la Chine et
l'Inde pour la population. C'est un pays qui n'est pas semblable aux
autres. C'est presqu'un continent où se rencontre l'Europe et
l'Asie ».8(*)
A ces frontières, nous avons : Au Nord-Ouest
l'océan Atlantique, la Norvège, la Finlande, la Mer Baltique,
à l'Ouest la Mer Noire, la Pologne, la Roumanie, la Turquie, au
Sud-ouest la République Islamique d'Iran, l'Afghanistan, la Mer
Caspienne et enfin au Sud-est la République populaire de Chine, la
Corée du Nord et la Mongolie.
CARTE DE L'URSS EN 1985
II - ETAT DE LA QUESTION
L'ensemble des ouvrages qui ont concouru à la
réalisation de ce travail peut être regroupé en trois
aspects.
1 - Aspect politique
Martin Malia, dans La tragédie: histoire
du socialisme en Russie 1917-1991 fait un récit global de
l'évolution du communisme soviétique sur soixante quatorze ans,
des origines à sa fin. L'auteur fait un essai d'analyse et
d'interprétation du phénomène soviétique. Cependant
il ne met pas en exergue le rôle majeur joué par Mikhaïl
Gorbatchev dans la dislocation de l'empire soviétique, encore moins ne
montre- il pas les limites de la politique de Gorbatchev pendant ses six ans
de règne.
C'est Andrei S. Gratchev, dans l'histoire vraie de la
fin de l'URSS qui retrace avec passion, mais sans complaisance, la
véritable histoire des derniers mois du règne de celui qui fut
à la fois le dernier Tsar rouge et le premier réformateur de
l'empire soviétique. En nous faisant partager ses espoirs et ses doutes,
ses victoires dérisoires et ses cuisantes défaites face à
la coalition des barons républicains avides de pouvoir, l'auteur nous
permet d'entrée de plein pied dans la nouvelle réalité de
la CEI et nous donne les clés pour comprendre l'attitude, le
caractère et le politique des nouveaux maîtres de l'ancienne URSS.
Toutefois cet ouvrage présente des limites. L'auteur ne nous donne pas
tous les aspects de la politique enclenchée par Mikhaïl Gorbatchev.
Il ne fait qu'un récit des faits vécus.
Quant à Jacques Baynac, dans la
révolution Gorbatchévienne qui présente une analyse de
la politique soviétique, l'auteur s'est efforcé d'intégrer
une actualité intense. L'auteur s'est assigné pour objectif de
montrer les développements de la pensée Gorbatchévienne.
Pourtant, cette oeuvre présente une faiblesse qui tient dans le fait que
l'auteur ne relate pas les problèmes que l'URSS présentait avant
l'arrivée de Gorbatchev. Il ne parle non plus de la situation de l'URSS
sous le règne de Brejnev.
2- aspect économique
Abel G. Aganbeguian, dans la Perestroïka le
double défi soviétique concerne la Perestroïka de la
vie économique, il traite des problèmes posés et les
tâches à accomplir. L'auteur décrit tous les multiples
aspects de la Perestroïka (accélération du
développement socio-économique). Il retrace le fonctionnement de
l'économie Russe et donne comme solution la perestroïka. Mais il
faut noter que celui-ci ne met pas l'accent sur la situation économique
de l'URSS qui a poussé Mikhaïl Gorbatchev à adopter sa
politique de reforme. De plus, il ne parle pas de l'échec de la
Perestroïka n'évoque même pas les insuffisances de cette
reforme.
Histoire de la Perestroïka de Pascal
Lorot fait une analyse de l'économie soviétique avant
l'avènement de la Perestroïka. Ensuite, il fait la description de
l'histoire Soviétique. Et enfin, il montre les oppositions que celles-ci
a reçues de la part des conservateurs. Pascal Lorot n'a pas
montré les limites de cette politique de reforme. Il s'intéresse
peu à la vie économique de l'URSS pendant la gouvernance de
Gorbatchev. Il ne retrace que les évènements qui ont
marqué les années de Gorbatchev.
L'ouvrage de Pierre Georges, l'économie de
l'URSS fait l'état des lieux de l'économie soviétique,
de la création de l'Union Soviétique jusqu'à sa
dislocation. Pierre Georges fait une description pour montrer l'aspect
géographique de l'URSS et présente la multiplicité de la
population dans le développement de l'URSS. Mais cette oeuvre
présente des limites au niveau de l'organisation de la
société et de la vie des nationalités vivantes sur le sol
soviétique. L'ouvrage ne fait pas ressortir la politique
économique mise place par Gorbatchev.
3 - Aspect social
Dans l'ouvrage de Basile Kerblay, la
société soviétique contemporaine et celui de Nicholas
V. Riasanosky, histoire de la Russie des origines à 1996, donnent
une idée générale sur la société
soviétique, mettent en relief les fondements de la société
jusqu'à sa chute. La société soviétique est une
société complexe qui présente plusieurs facettes. Elle a
une organisation un peu difficile qui est victime d'une dictature du PCUS. Les
deux auteurs ne mettent pas trop l'accent sur la vie des populations
soviétiques et ne montrent pas les difficultés rencontrées
par cette population. Ils ne mettent pas l'accent sur les différents
maux de la société soviétique.
III - PROBLEMATIQUE
A la fin de l'époque brejnévienne, le bloc
socialiste se trouvait dans une situation très déplorable. La
société civile indépendante était en grande partie
en exil, alors que la corruption au sein de l'Etat via le P.C, était
devenue légendaire. De plus, l'URSS devait consacrer une énorme
partie de son budget à l'armée.
Sur le plan international, l'URSS avait perdu
beaucoup d'alliés, car son modèle social séduisait de
moins en moins, sans parler du rejet que provoquait la guerre en Afghanistan
depuis 1979. Dans les pays satellites les régimes totalitaires
étaient remis en cause. L'URSS qui était en pleine crise
économique éprouvait des difficultés à soutenir les
partis locaux de ses satellites. Il était donc temps d'entreprendre des
reformes pour sauver l'Union Soviétiques de ces difficultés.
C'est dans cette atmosphère inquiétante qu'arrive Mikhaïl
Gorbatchev, nouveau dirigeant de l'URSS. Il va donc lancer sa politique de
reforme perestroïka et glasnost pour réorganiser
le système soviétique afin d'atteindre le niveau de
développement des Occidentaux. Mais l'échec de ces reformes
causeront l'effondrement du bloc communiste et la disparition de l'URSS.
En quoi est ce que l'avènement de Gorbatchev
marque un tournant décisif dans la politique soviétique ?
Quelle a été l'influence de sa politique sur la
société soviétique et le reste du monde ? Quel a
été le rôle joué par Gorbatchev dans
l'évolution du monde soviétique ?
1 - Objectif général
Nous voulons par cette étude montrer le rôle
joué par de Mikhaïl Gorbatchev dans les reformes entreprises en
l'URSS.
2 - Objectif spécifique
- montrer la situation dans laquelle se trouvait l'URSS en
1985 ;
- mettre en relief l'avènement de Mikhaïl
Gorbatchev à la tête de l'URSS et les fondements de ses
reformes ;
- faire ressortir l'impact des reformes sur l'URSS et le reste
du monde.
3 - Les hypothèses
- La politique soviétique au plan interne était
caractérisée par le conservatisme,
- L'économie soviétique à cause de
l'immobilisme accusait un retard par rapport à celle de l'Occident,
- La société soviétique était
caractérisée par la pauvreté,
- Les nombreuses inégalités sociales avaient
constitué des entraves à la cohésion de la
société globale,
- Les réformes s'imposaient à l'URSS pour
remodeler sa société,
- L'échec des réformes est lié à
l'opposition entre conservateurs et libéraux.
IV - LA METHODOLOGIE
Pour rendre compte de l'action de Gorbatchev et de la
politique soviétique de 1985 à 1991 soit de
l'avènement de Gorbatchev à la tête de l'URSS
jusqu'à la dislocation de ce pays, nous avons rassemblé et
sélectionné les sources qui ont un rapport avec le présent
sujet. Cela nous a permis d'exposer les faits, de disposer dans une
chronologie de sorte qu'ils fassent ressortir les différentes
étapes qui nous conduisent de 1985 à 1991. Ce travail relate
l'histoire de l'Union Soviétique de 1985 à 1991. C'est
l'aboutissement d'une série de recherches bibliographiques menées
à travers la ville d'Abidjan afin de réunir les documents
nécessaires pour la réalisation de cette étude.
Nous ne saurions continuer cette analyse sans faire
mention des difficultés rencontrées. Elles ont été
énormes. Tout d'abord le difficile accès aux sources, car l'Union
Soviétique se trouve sur un continent autre que l'Afrique. Et ensuite la
difficile traduction des sources et des ouvrages car, ils sont pour la plupart
en anglais et en russe, des langues que nous ne pratiquons pas. Pour cela, nous
avons bénéficié de l'aide de certains spécialistes
de la langue russe et anglaise pour la traduction des textes.
1 - Sources d'archives
Pour conduire notre étude, nous avons utilisé un
certain nombre d'informations. En effet, dès le choix de ce sujet, nous
étions très conscient des difficultés qui nous attendaient
quant aux sources d'information relative à Gorbatchev et la politique
soviétique. Il était par conséquent important d'avoir
accès aux sources d'archives, ce qui a été très
difficile pour nous. Mais grâce à la représentation
diplomatique qui se trouve dans notre pays nous avons eu accès à
un recueil d'archives intitulé Cold War International History
Project. Ces différents textes nous ont donnés un
éclairage sur notre étude. Ce recueil traite de la période
de stagnation de l'URSS et de la politique que Mikhaïl Gorbatchev a mise
en place. Outre ce document, notre étude s'est enrichie
également par une masse de donnée issue de la presse qui
constitue d'ailleurs notre principale source. Ils sont pour la plus part de la
presse Occidentale comme le Monde Diplomatique, le Monde, Libération,
Paris Match, le Nouvel Observateur, et de la presse de l'URSS tel que Novosti,
la Pravda.
2-Sources orales
Les sources orales sont ici une série
d'entretiens que nous avons effectués auprès d'anciens acteurs du
système soviétique. Ces données ont contribué
à combler le manque de renseignements sur toute la société
soviétique qui fait tant défauts dans les documents
écrits. Il était donc important de faire appel aux
témoignages des personnes qui ont vécu cette période ou
ceux à qui on a transmis quelques connaissances afin de faire des
confrontations. Ainsi, pour la réalisation de ce travail, nous avons
entrepris une série d'enquêtes auprès des russes vivant sur
le sol ivoirien, et de certains russes venus en Côte d'Ivoire pour des
visites d'amitié. Pour ces enquêtes, nous avons
élaboré un questionnaire. L'enquête était
individuelle et collective. Nous avons adopté le procédé
du questionnaire indirect, semi direct et direct afin de permettre à nos
enquêtés de dire tout ce qu'ils savent sur Gorbatchev et la
politique soviétique qui puissent nous aider à vérifier
certaines informations déjà recueillies.
Pour l'exploitation des informations recueillies,
nous avons procédé à une étude thématique
des textes à travers une analyse de description, de transcription et de
comparaison.
D'abord, l'analyse de transcription. Elle s'est faite
en deux étapes. Il y a la traduction littérale et la traduction
propre.
La première traduction nous permettra de donner
dans la langue de traduction le correspondant de tous les mots dans son
contexte en tenant compte du contexte sémantique. Quant à la
deuxième traduction, elle nous donnera toujours de cette langue les
énoncés du texte. Il faut noter que ces opérations de
traduction ont été d'un apport capital pour nous, car nous avons
pu avoir une meilleure compréhension des contenus des textes.
Ensuite l'analyse descriptive, elle nous a servi
à aboutir à la connaissance des informations selon les
différents thèmes choisis pendant l'enquête. Cette analyse
a contribué ensuite à bien mettre à jour notre
thème d'étude et à extraire, à sélectionner
les différents éléments significatifs à nos
informations recueillies.
Enfin l'analyse comparative quant à elle sert
à établir les différences et les analogies entre des
textes écrits. Cette importante analyse s'est imposée à
nous eu égard à la pluralité des textes oraux et la
multiplicité des textes nécessaires à la
vérité.
En somme, toutes ces analyses tiennent leur
utilité du fait qu'elles ont rendu possible la synthèse des
renseignements, mais aussi ont permis de vérifier la
véracité de certaines informations recueillies issue des
archives, la documentation globale consultée au cours de nos
investigations. Elles ont de ce fait pallié les insuffisances et les
omissions contenues dans les livres, aussi de faire ressortir la
vérité. Toute chose qui a contribué à
rétablir les faits dans leur vérité historique.
En ce qui concerne les entretiens, nous avons
bénéficié de l'aide de Kouamé Koffi Bertrand,
homme d'affaire ivoirien vivant à Moscou qui est venu à Abidjan
avec Andreï Gratchev, ancien conseiller du président Gorbatchev et
auteur de nombreux ouvrages sur la question, pour une visite d'amitié.
Nous les avons rencontrés à Abidjan dans les locaux de
l'Ambassade de la Russie en Côte d'Ivoire au quartier de la Riviera
Golf.
Nos échanges ont porté sur la situation
de l'URSS lorsque Gorbatchev engage ses reformes, sur l'attitude de la
population soviétique vis-à-vis de ces réformes et les
limites de celles-ci.
A cela il faut ajouter l'entretien avec Oleg
Vladimirovitah diplomate russe vivant sur le sol ivoirien grâce à
Agathe Bitah, attaché culturel à l'ambassade de Côte
d'Ivoire en Russie. Il a porté sur le comportement de la
société russe avant l'avènement de Gorbatchev et les
effets de la politique de celui- ci sur l'ensemble de l'empire
soviétique.
Il ressort de l'entretien avec Gratchev que la politique
de reforme était urgente et nécessaire dans un système
soviétique en pleine décadence. Ce système avait atteint
ses limites. Mais la population qui était longtemps opprimée
acquiert une certaine liberté et connut les vrais problèmes de
leur pays. D'où le désir d'indépendance des pays qui
composaient l'union soviétique.
Quant à Oleg Vladimirovitah, l'URSS a
été simplement victime du complot des Occidentaux. Il voit
cependant une nouvelle vision pour la Russie actuelle et considère que
le passé de l'ex-URSS ne doit pas agir dans la Russie nouvelle. Il fait
plutôt l'éloge de la nouvelle Russie, de la création de la
C.E.I à aujourd'hui ce qui dépasse largement notre cadre
d'étude. Ils préfèrent plutôt parler de l'URSS en
tant que puissance mondiale mais pas plutôt qu'un pays au bord du
gouffre.
3 - Les sources bibliographiques
Les ouvrages utilisés sont nombreux et
diversifiés, car ils proviennent de plusieurs auteurs de
différentes nationalités. Ils relatent la situation qui a
prévalu avant l'avènement de Gorbatchev, pendant ses
années au pouvoir et après la dislocation de l'URSS. Ces ouvrages
sont subdivisés en plusieurs catégories.
D'abord, nous avons les ouvrages généraux
qui s'intéressent d'une manière générale de l'URSS,
de sa formation à sa dislocation.
Ensuite, les oeuvres spécialisées qui
traitent de la vie de Gorbatchev et de sa politique en l'URSS. Celles- ci
retracent la situation proprement dite de l'empire soviétique avant son
effondrement.
Et enfin, des ouvrages qui examinent la politique
étrangère et intérieure de l'URSS, des organisations de la
société soviétique et de l'impact du Parti Communiste de
l'Union Soviétique (PCUS) sur la population soviétique.
4 - Les bibliothèques virtuelles
Nous avons consulté des bibliothèques
virtuelles sur Gorbatchev et la politique soviétique qui sont :
*la bibliothèque et archives du Québec (
www.bnquebec.ca);
*la bibliothèque de l'Université du
Québec (
www.biblothèques.uqam.ca);
*European Navigator de Luxembourg (
www.ena.lu)
*
www.diploweb.com
*www.fr.rian.Ru
Ces bibliothèques nous ont permis de faire une analyse
minutieuse sur Gorbatchev et la politique soviétique, d'approfondir nos
recherches sur le monde soviétique. Mais il faut noter que toutes ses
sources présentent aussi des faiblesses, car ceux qui relatent de
Gorbatchev et la politique soviétique le font souvent avec passion ou
avec dédain. Dans de telles conditions il est difficile de mener
à bien une analyse objective.
V - PRESENTATION DU PLAN
Ces sources et cette bibliographie nous ont permis de
regrouper les informations nécessaires, de montrer Gorbatchev et la
politique soviétique de 1985 à 1991. Cette étude suivra
trois centres d'intérêt.
Le premier centre d'intérêt est
consacré à l'URSS de l'accession de Gorbatchev au pouvoir en
1985. Il est divisé en trois chapitres. Le premier chapitre traite de
l'organisation politique et administrative de l'URSS. Il est
caractérisé par la situation politique interne comme externe de
l'URSS et du système administratif soviétique. Le second chapitre
s'attarde sur l'activité économique. Il va donc montrer
l'état de l'agriculture soviétique et de la situation de
l'industrie soviétique. Le dernier chapitre traite de la
société soviétique et les problèmes
rencontrés par celle-ci.
Le second centre d'intérêt traite de
l'avènement de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir et des reformes
politiques, économiques et sociales 1985-1986 engagées. Cette
partie est marquée dans son premier chapitre par une biographie
sommaire de Gorbatchev. Il retrace l'origine de l'homme, sa vie sociale, son
parcours politique et son accession au pouvoir en 1985. Le deuxième
chapitre s'intéresse aux principales reformes de Gorbatchev,
c'est-à-dire la glasnost et la perestroïka. Le
troisième relate les limites de ces réformes. Il sera question
des différents problèmes politiques et des problèmes de la
société rencontrés au cours de la mise en oeuvre de sa
politique de réforme.
Le dernier centre d'intérêt montrera
l'impact de ces réformes dans les relations internationales. Il est
scindé en deux chapitres dont le premier traite des relations entre
l'URSS et les pays du monde communiste. Il est relatif aux contestations
internes, à la dislocation de l'URSS et du bloc soviétique. Le
second s'intéressera au rapprochement entre l'URSS et l'Occident. Il est
axé autour de deux mouvements, à savoir les facteurs du
rapprochement et les conséquences de celui-ci.
PREMIERE PARTIE :
L'URSS A L'ACCESSION DE GORBATCHEV
AU POUVOIR EN 1985
Depuis la mort Staline en 1953, la politique
soviétique connaît un grand bouleversement, plus où moins
radical, selon les dirigeants qui se succèdent à sa tête.
Nikita Khrouchtchev qui succède à Staline, entame une politique
de déstalinisation qui s'ouvre sur une période de relative
détente dans la guerre froide. Cependant, le travail et les efforts de
Nikita Khrouchtchev, tant sur le plan national qu'international sont
anéantis lorsqu'à son éviction, Léonid Brejnev
prend la tête du parti donc du pays. Débute ainsi une
période de regel, d'immobilisme qui replonge l'URSS dans la
léthargie. Le pays accuse de ce fait beaucoup de retard sur le reste du
monde et le régime se radicalise, devenant même plus
répressif. La liberté d'expression et la presse sont
muselées par une censure intransigeante. Cette période de
stagnation politique, économique et sociale dure jusqu'en 1982
année où Brejnev meurt. Iouri Andropov, ancien directeur du
KGB9(*) (1967-1982)
qui perçoit les faiblesses du système et tente de le reformer. Il
n'aura malheureusement pas le temps car il meurt en 1984 deux ans après
son accession au pouvoir.
C'est alors que Konstantin Tchernenko prend la
tête du pays. Il retourne au communisme pur et dur de l'ère
Brejnev et moura treize mois plus tard c'est-à-dire le 10 mars 1985. A
sa mort l'URSS était en pleine ruine. L'organisation politique et
administrative, l'activité économique et la situation sociale de
l'URSS sont de plus en plus dégradées. C'est cette situation
préoccupante de l'URSS que nous allons analyser durant toute cette
partie.
CHAPITRE I : L'ORGANISATION POLITIQUE ET
ADMINISTRATIVE DE
L'URSS
Après la seconde guerre mondiale, le
système soviétique connut une évolution très
rapide. Ce système qui était basé sur une doctrine
politique communiste fondé sur la dictature du prolétariat, la
domination d'un parti le PCUS et une économie planifiée a
séduit bons nombres de pays. Mais au fil des années ce
modèle connaitra des difficultés dans sa mise en oeuvre.
L'analyse de la politique et de l'organisation de son administration nous
permettra de mieux cerner les problèmes rencontrés.
I-LA SITUATION POLITIQUE DE L'URSS
Le blocage de la politique soviétique peut se
percevoir aussi bien sur le plan national qu'international.
1- Au plan intérieur
Pendant les années de gestion du pouvoir de
Khrouchtchev (1953-1964), Brejnev avait approuvé la dénonciation
de la dictature de Staline, la réhabilitation des victimes des
purges10(*)et la
libéralisation limitée de la vie politique et intellectuelle
soviétique. Mais dès que Brejnev accède au pouvoir, il
fait arrêter les reformes entamées par Khrouchtchev et reprend la
réhabilitation insidieuse de Staline. Il va étouffer
progressivement la liberté d'expression des intellectuels. La police
politique (le KGB) se voit octroyer des pouvoirs de contrôles et de
répression accrus et perfectionnés contre toutes formes de
dissidences. Brejnev s'entoure de membres permanents (apparatchiks) du PCUS et
son pouvoir devient une véritable gérontocratie. Il maintient les
privilèges de ces membres permanents qui forment son appui politique. Ce
gouvernement d'hommes âgés entraîne toute la politique
soviétique sur une pente conservatrice.
Durant les années 1970, Brejnev consolida sa
position dominante au sein des instances dirigeantes. Pendant ces années
passées à la tête de l'URSS, toute sa politique
intérieure sera axée sur sa personne. Il cumule les fonctions de
chef de l'Etat, de chef de gouvernement, des armées et de
Secrétaire Général du PCUS. Brejnev finit par être
l'homme le plus décoré de l'URSS, son oeuvre écrite
était éditée plusieurs fois et son nom
auréolé de louanges. Il revient donc au bon vieux temps du
stalinisme. En 1977, Brejnev et son équipe adoptent une conception du
pouvoir, dans laquelle le PCUS joue le « rôle
dirigeant»11(*).
Le PCUS est donc le moteur du fonctionnement de la vie politique
soviétique. C'est le PCUS qui prend à toutes les échelles
les décisions du pays. Toute cette situation intérieure
reflète bien l'image du système soviétique à
l'extérieure.
2- Au plan international
Lorsque Brejnev arrive au pouvoir, la puissance
soviétique semblait moins solide dans l'arène internationale.
L'URSS était confrontée par une crise interne et externe. L'Union
Soviétique était très en retard sur les Etats -Unis. Elle
ne pouvait plus se lancer dans une course à la conquête de
l'espace. Les succès initiaux de la course à l'espace furent
éclipsés car l'URSS est dans l'incapacité d'envoyer un
cosmonaute sur la lune comme les Etats -Unis.
Ainsi envers les satellites Est-européens, la
position adoptée par les dirigeants soviétiques est
marquée par la doctrine Brejnev ou la doctrine de la souveraineté
limitée qui veut que Moscou se mêle des affaires
intérieures des pays membres du bloc socialiste lorsque les
intérêts de l'URSS sont menacés. C'est dans cette
perspective que les troupes du Pacte de Varsovie interviennent en 1968 en
Tchécoslovaquie contre le printemps de Prague pour rétablir un
ordre favorable aux soviétiques, lorsque le tchécoslovaque
Alexandre Dubcek a tenté de procéder à une
libéralisation de son pays qui aurait pu gagner les autres Etats du
bloc communiste. C'est ainsi qu'ils remplacèrent le gouvernement par des
hommes dévoués à l'Union Soviétique. Cette
intervention brutale marqua pour deux décennies les limites de
l'autonomie que Moscou laissait à ses satellites. Brejnev est par
ailleurs soucieux de défendre et même d'étendre le bloc
socialiste comme c'est le cas dans les années 1970 notamment en Afrique,
en Asie et en Amérique Latine.
En effet, dans les années 1970 on assiste
à un repli américain après la guerre du Vietnam. Battus et
traumatisés au Vietnam, les Etats-Unis traversent donc une crise de
confiance et limitent leurs interventions à l'extérieur. Cette
crise de confiance intervient pendant la présidence du démocrate
Jimmy Carter élu en 1976. A cette période s'ouvre une
période d'hésitation pour la diplomatie Américaine.
D'abord le scandale Watergate qui avait obligé le président
Nixon à démissionner en 1974. A cela s'ajoute le retrait sans
victoire, ni gloire au Vietnam. Toute l'Amérique souffre de cette
défaite du Vietnam. Les vétérans de la guerre sont mal
accueillis par la population. Ce sont des soldats de l'échec et de la
défaite. Ils sont rejetés de partout et par tous les
Américains. Le doute de l'Administration Américaine va encore
s'accentuer avec la prise d'otages des membres de l'ambassade américaine
à Téhéran en 1979. Pendant cette période leur
allié, le Shah est renversé par une révolution islamique
menée par l'ayatollah Khomeiny.
Tous ces faits mettront les Etats-Unis dans le
doute et la voie sera libre pour l'expansion du communisme dans le monde. C'est
ainsi que Brejnev va en profiter pour étendre et défendre le
bloc communiste partout. Cette expansion se fera soit directement soit par
pays interposés. L'URSS appuie donc tous les pays qui sont proches
d'elle idéologiquement.
En Afrique, la décolonisation profite à
l'instauration du communisme car elle est constituée d'Etats
économiquement faibles et politiquement instables. L'indépendance
de ces pays est récente et les pouvoirs sont fragiles.
En Amérique Latine, le désengagement
américain laisse le champ libre aux forces révolutionnaires qui
parviennent parfois à prendre le pouvoir. C'est le cas en 1979 dans
l'île de la Grenade, mais aussi au Nicaragua où le dictateur
Somoza, abandonné par les Etats-Unis, est renversé par une
révolution de type marxiste menée par les Sandinistes de Daniel
Ortega.
En Asie, l'URSS porte son soutien au Vietnam communiste
réunifié depuis 1975. Les soviétiques envahissent
l'Afghanistan en 1979 pour soutenir le Parti Communiste Afghan.
Mais il faut noter que Brejnev n'a pas eu une
politique agressive seulement. Il a opté aussi pour la détente
des relations Est-ouest dans le but de refaire le retard de l'URSS sur les
Etats Unis. C'est ainsi qu'il signe en 1968 le traité de non
prolifération des armes nucléaires. On entend par la non
prolifération des armes nucléaires l'augmentation du nombre
d'Etats possédant ces armes. « Le but des deux
superpuissances est de préserver au maximum leur monopole sur cette arme
(et donc leur supériorité). Mais cette politique sera
inaugurée par la visite du président américain Richard
Nixon à Moscou en mai 1972 et la signature à cette occasion de
l'accord SALT I sur la limitation des armes stratégiques. Ils se mettent
d'accord pour limiter leur production de certains types d'armes (missiles
intercontinentaux à longue portée pouvant atteindre leurs
territoires, les ICBM). Ce traité SALT I est suivi en 1979 d'un second
accord SALT II visant à poursuivre ces limitations. Le point culminant
de la détente fut la signature de l'acte final d'Helsinki en 1975 entre
l'URSS et l'ensemble des européens et Nord américains qui
consacrent quelques principes. »12(*)
Le premier principe donne satisfaction aux
Soviétiques en garantissant l'inviolabilité des frontières
européennes. Les frontières issues de 1945 sont donc
acceptées, en contrepartie les Soviétiques acceptent que les
Etats participant respectent les droits de l'homme et les libertés
fondamentales y compris de conscience et religieuses.
Le second principe devait favoriser la
coopération entre Etats sur l'économie, la science, la technique.
Malgré les différents traités, la période
correspond à une augmentation considérable des armements, en
particulier pour l'URSS avec une volonté de rattraper son retard. On
assiste donc à une course aux armements non plus sur les
quantités d'armements parfois limités, mais sur leurs
capacités. Par exemple, si le nombre de missiles est désormais
limité, on construit des missiles à tête multiples
c'est-à-dire contenant plusieurs nucléaires. L'URSS à
partir de 1980 commence à tester de nouveaux missiles de moyenne
portée qu'elle veut installer en Europe : les SS 20.
La réplique américaine avec le
président Ronald Reagan est immédiate. « Il
décide alors une forte augmentation des dépenses militaires et
prend des mesures pour contrer les Soviétiques notamment avec
l'installation en Europe de l'Ouest de fusées Pershing II missiles de
croisière susceptible d'atteindre le territoire soviétique en
1981.A cette situation de bataille des euromissiles en Europe, il faut
mentionner l'envahissement de l'Afghanistan par les soviétiques en 1979
ce qui fait que le sénat américain ne ratifie pas les SALT
II. »13(*)
L'invasion de l'Afghanistan marque le retour des tensions entre les deux
superpuissances. La situation reste tendue entre les deux jusqu'en 1983
où le président américain Ronald Reagan annonce
l'Initiative de Défense Stratégique (IDS). Il s'agit en effet
d'installer des satellites visant à réaliser un bouclier spatial
destiné à protéger le territoire américain en
détruisant en vol, grâce à un réseau de canons
à lasers placés sur orbites tous les missiles provenant des bases
de l'adversaire. Toute cette volonté de l'URSS de se hisser au
même niveau que les Occidentaux n'a pu se réaliser à cause
de son système administratif lourd.
II-LE SYSTEME ADMINISTRATIF
1- L'organisation du pouvoir
L'URSS est un Etat multinational constitué
selon le principe du fédéralisme socialiste, par suite de la
libre autodétermination des nations et l'association librement consentie
des Républiques Socialistes Soviétiques égale en droit.
C'est donc fédéré l'Union des Républiques
Socialistes Soviétiques de Russie, de l'Ukraine, de la
Biélorussie, d'Ouzbékistan, de Kazakhstan, de Géorgie,
d'Azerbaïdjan, de Lituanie, de Moldavie, de Lettonie, de Kirghizistan, de
Tadjikistan, d'Arménie, du Turkménistan et d'Estonie.
La gestion de ces quinze (15) territoires est
rendue possible grâce à une répartition du pouvoir entre
le «peuple, l'Etat et le parti »14(*). Le peuple soviétique
élit un parlement bicaméral, le soviet suprême et l'Etat
exerce son autorité par l'intermédiaire d'un gouvernement et une
administration très nombreuse. L'organisation même de l'Etat
repose sur les soviets (les comités ou les conseils). Ces soviets
forment une sorte de pyramide, où à la base se trouve les
très nombreux soviets de villages, de petits bourgs, de villes et au
sommet de cette pyramide se trouve le soviet suprême de l'URSS. Entre ces
deux extrémités se trouvent toujours élus au suffrage
universel de nombreux échelons intermédiaires le soviet de
région, le soviet de république etc....
C'est dire que dans chaque République
fédérée jusqu'au dernier village, nous avons le soviet des
députés qui n'était qu'une assemblée fantôme.
Elle était subordonnée au supérieur et cela jusqu'au
soviet suprême de l'URSS. En même temps, chacun d'eux nommait son
comité exécutif qui était soumis à une autre
subordination vis-à-vis du soviet qui l'avait élu et de
l'exécutif du niveau supérieur et cela jusqu'au gouvernement de
l'Union. Ainsi donc le « soviet suprême de l'URSS est
l'organe supérieur du pouvoir d'Etat de l'URSS»15(*). Il nomme le conseil des
ministres et décide des lois.
Parallèlement aux soviets, les organisations
des syndicats et surtout du P.C exercent de très grands pouvoirs. En
effet, toute cette organisation territoriale et administrative n'était
qu'un décor. Le véritable pouvoir dans tous les domaines de la
vie était aux mains du P.C. Les organisations de base du parti, les
cellules, se situent sur le lieu du travail. Les communistes se trouvent au
premier plan de l'entreprise industrielle, agricole et de l'administration. Ces
organisations fonctionnent dans le cadre d'une structure qui épouse
celle de l'Etat : République fédérée,
région, district, arrondissement, commune.
Quant à l'organisation centrale du parti, elle
respecte un schéma assez simple. Nous avons le Comité Central du
parti en premier lieu qui « est dans le système
soviétique, un maillon décisif du pouvoir et le lieu où se
rassemble l'élite politique qui dirige l'URSS.»16(*)Il se réunit au cours
d'un congrès où le programme du parti est établi,
après avoir jugé de l'application de la politique
précédemment définie, adopte les grandes orientations
valables pour les années à venir.
En second lieu, nous avons deux organes essentiels
qui sont les véritables centres de décisions : le politburo
qui est le bureau politique et le secrétariat du P.C. Ces organes
importants sont deux instances beaucoup plus restreintes dont l'activité
est permanente ou quasi permanente. Le Comité Central possède un
secrétariat dont la mission est de veiller à l'application des
décisions du parti. Il est composé de dix (10) à vingt
(20) membres, et est dirigé par le Secrétaire
Général qui est reconnu comme chef du parti. Cet organe d'action,
le secrétariat du Comité Central, dispose de services importants
composés d'agents de qualité qui lui permettent de suivre des
organes de l'Etat.
Quant au bureau politique, c'est un organe restreint
qui comprend entre dix (10) et trente (30) membres qui dirigent le parti dans
l'intervalle des réunions du Comité Central. C'est
un « véritable gouvernement qui impose ses
décisions aux autres institutions politiques.»17(*)
Pour résumer, nous pouvons dire que la
réalité du pouvoir en URSS est entre ses trois organes.
D'après Merle Fainsod « le vrai parlement de l'URSS
c'est le Comité central du parti ; le vrai gouvernement est le
politburo ; et le vrai premier ministre est le secrétaire
général »18(*)Toute cette situation nous montre que les dispositions
prise par la constitution soviétique n'est que décorative. En
réalité le P.C est le détenteur de tous les pouvoirs en
URSS. Il joue un rôle dirigeant.
2- Le rôle dirigeant du PCUS
Le système soviétique est basé sur
un système de parti unique. Dans ce système le PCUS est
considéré comme le noyau de l'administration soviétique
et politique. C'est compte tenu de ce développement du système
qu'en 1977 Brejnev remplace la constitution stalinienne de 1936 par un nouveau
texte. Il donne libre choix aux membres du PCUS de gérer tous le pays.
Le PCUS est représenté à tous les niveaux de
l'administration d'où le nombre considérable de ses membres en
1985estimé à «seize million »19(*).
Par ailleurs, c'est officiellement pour la première
fois que le rôle dirigeant du P.C est dit : «il
est la force qui dirige et qui oriente la société
soviétique, il est le noyau de son système politique, des
organisations d'Etat et des organisations sociales. Le parti communiste de
l'union soviétique existe pour le peuple, est au service du peuple.
Armée de la doctrine marxiste léniniste, le PCUS définit
la perspective générale du développement de la
société les orientations de la politique intérieure et
extérieure, dirige la grande oeuvre créatrice du peuple
soviétique, confère un caractère organisée et
scientifiquement fondé à sa lutte pour la victoire du
communisme.»20(*)
Tout ceci pour dire que plus l'expérience
socialiste dure, plus la dépendance de l'Etat au parti n'est reconnue.
Pour sa mainmise sur toutes les activités du pays, le parti
« est tout à la fois organe de décision et organe
administratif, qui tantôt se confond, tantôt participe à la
gestion de l'URSS. »21(*) Les communistes se trouvent dans tous les secteurs
d'activités dans les entreprises, les industries, l'agricole,
l'administration etc.... L'organisation du parti se confond avec l'organisation
territoriale et politique de l'URSS. Il est présent dans toutes les
sphères de la société soviétique. Le parti est
omniprésent, il guide la société. L'appareil de l'Etat est
largement affecté à l'enregistrement des directives du parti et
à l'application de ces décisions.
Le PCUS est comme un agent de l'évolution de
la société soviétique. Il est à la base de la
formation politique et éducative de la population. Il donne des
directives pour l'accomplissement du communisme en Union Soviétique.
Mais au-delà de son action directive, il doit accomplir des missions
concrètes variées rendues nécessaires par
l'immensité de la tâche de construction d'une
société communiste. Même si le communisme repose sur une
base matérielle, il ne peut apparaître sans socle moral et
culturel approprié. Aussi le parti a-t-il le devoir de combattre
l'esprit bourgeois toujours renaissant et développer la conscience
sociale nécessaire à l'épanouissement de la
société.
Le parti veille à la formation des cadres.
Ceux-ci sont nécessaires à celui-là, mais également
à l'Etat dont tous les postes sont occupés du haut en bas de la
hiérarchie par les communistes. Il en est de même pour les
organisations sociales qui prolongent l'action du parti auprès des
masses, afin de les mobiliser pour réaliser la démocratie
sociale. L'unification de la société est aussi du ressort du
parti communiste. Lorsque la société est multinationale, le parti
a la responsabilité d'assurer la cohésion d'un ensemble
disparate. Cela est accompli par l'intermédiaire des cadres, non choisis
sur les critères nationaux qui prudemment mais fermement doivent agir
dans la perspective d'une fusion des nations. Bien d'autres missions encore,
à commencer par celle de contrôle, pourraient être
évoquées à raison de la compétence universelle du
parti.
Au terme de cette analyse, l'organisation politique
de l'URSS est marquée par l'immobilisme à l'intérieur et
l'extérieur. Le système administratif soviétique est
marqué par l'organisation du pouvoir et le rôle dirigeant du parti
communiste dans toute l'administration soviétique.
Mais quelle est donc l'organisation de l'activité
économique soviétique ?
CHAPITRE II : LE SYSTEME ECONOMIQUE DE L'URSS EN
1985
L'URSS a eu la deuxième plus grande
économie dans le monde après les Etats Unis. Son système
économique était une économie planifiée. Elle
connut des difficultés au début des années 1980.En effet,
ces difficultés sont le résultat d'un demi-siècle
d'immobilisme d'un système qui se fissure. Le système de
planification centralisé instauré en URSS à la fin des
années 1920 est resté pour l'essentiel inchangé pendant
les cinquante années qui ont suivi. Ainsi, l'industrie, l'agriculture et
bien d'autres activités ont connu les effets de cette planification
centralisée.
Quel était donc l'état de l'agriculture
soviétique et la situation de l'industrie soviétique ?
Il est question dans cette étape de la politique
agricole de l'URSS, des difficultés de l'agriculture soviétique
rencontrée d'une part et d'autre par de l'organisation de l'industrie de
ces faiblesses.
I-L'ETAT DE L'AGRICULTURE SOVIETIQUE EN 1985
Il s'agit ici de traiter la politique agricole mise en
place par les autorités soviétiques et des difficultés de
cette agriculture.
1- La politique agricole de l'URSS
L'agriculture peut véritablement être
considérée comme le maillon faible du système
économique de l'URSS. Alors que dans la plupart des pays
industrialisés, les agriculteurs représentent une minorité
de la population active et que les récoltes sont supérieures aux
besoins, la situation est l'inverse en URSS. L'application du principe de la
propriété du peuple tout entier conduit à une situation
où l'Etat possède la quasi-totalité des moyens de
production, hormis la propriété individuelle. Cette
propriété individuelle prend des formes diverses : il
s'agit du petit commerce, de lopin de terre qui peuvent être remise en
cause à tout moment par l'Etat. Ainsi, à la suite de la
collectivisation22(*)dans les années 1930, l'agriculture
soviétique était organisée en un système de fermes
collectives (kolkhozes) et de fermes d'Etat (sovkhozes).
D'abord le kolkhoze « est une ferme
collective constituant une exploitation autonome où les terres qu'elle
utilise appartiennent à l'Etat, mais elle en a la jouissance
perpétuelle »23(*).C'est dire que le kolkhoze est une exploitation
agricole appartenant à un groupe de paysans qui ont en commun leurs
terres, leurs outils et leur bétail.
Ainsi les membres des coopératives sont
rassemblés volontairement ou de la force dans ces structures collectives
ou ils remettent au kolkhoze leur terre, leur bétail, leur
matériel agricole. Les familles paysannes sont des brigades de travail.
Le kolkhoze est dirigé par une équipe d'élus,le plus
souvent des membres P.C qui fixent à chaque brigade le travail à
faire. La production agricole est en partie prélevée par l'Etat
sous forme d'impôt. Le reste est vendu dans des magasins de l'Etat qui
fixe le prix d'achat.
Les sommes obtenues sont alors partagées
entre les paysans. « La rémunération du travail est
calculée sur le système de journée de travail dont la
valeur est différente selon la tâche accomplie. Les membres d'un
kolkhoze avaient pour obligation de faire un minimum de jours de travail par an
à la fois pour le kolkhoze lui-même et pour la collectivité
rurale comme par exemple pour la construction de route. Les exigences
étaient d'un minimum de 130 jours par an pour chaque adulte valide
et de 5O jours pour un garçon âgé entre 12 et 16 ans.
Si des membres n'ont pas effectué ce minimum de travail requis les
sanctions pourraient être la confiscation des terres privées de
l'agriculteur et un procès devant un tribunal populaire qui pourrait
entraîner trois à huit mois de travail forcé dans le
kolkhoze où jusqu'à un an dans un camp de travail
correctif. »24(*)
Par ailleurs, l'Etat soviétique fixait les
objectifs de production pour chaque kolkhoze. Il était le
propriétaire de tout le matériel de production les machines, la
terre et le matériel agricole. L'Etat soviétique finançait
des stations de machines et de tracteurs (M.T.S) qui louaient leur
matériel aux kolkhozes qui en faisaient la demande.
Mais au delà de ces unités de
productions collectives, chaque membre des kolkhozes disposait d'un lopin de
terre individuelle de 0,25 à 0,50 hectares. Sa production appartient aux
paysans qui en disposent comme ils veulent. C'est cette propriété
individuelle qui est arraché lorsqu'il ne respectait pas le minimum de
travail par an. Ces kolkhozes couvraient chacun 400 à 1000 hectares au
début de la collectivisation suivant les lieux et les qualités
des terres. Ils passent à plus de 6000 hectares au début des
années 1950.
Ensuite, les sovkhozes étaient une
exploitation agricole appartenant à l'Etat dont les exploitants
étaient des salariés. Les sovkhozes furent créés
lors de l'expropriation des koulaks25(*)pendant la campagne de collectivisation lancée
par Staline26(*).
C'était généralement de très grandes superficies.
La superficie moyenne d'un sovkhoze pendant les années 1930
était en moyenne 3600 hectares et au début des années
1980, elle était passée à 4500 hectares.
Les sovkhozes ont été
créés au début des années 1918 et ont pris pour la
plupart du temps les terres des domaines qui avaient été
confisquées à la noblesse ou à la couronne russe. Dans ces
sovkhozes les paysans sont des salariés de l'Etat c'est-à-dire
des fonctionnaires et toute la production était la
propriété de ce dernier. Le sovkhoze est le modèle
d'organisation de l'agriculture qui avait la faveur des communistes
soviétiques. Par son étendu, le sovkhoze permettait les
regroupements des parcelles en vastes ensembles ce qui devait faciliter
l'emploi du matériel moderne et aussi accroître la
productivité du travail du paysan. Les conditions de vie étaient
meilleures que dans les fermes collectives. Le sovkhoze devait également
servir à convaincre les paysans coopérateurs à transformer
leur coopérative en ferme d'Etat. Les travailleurs des sovkhozes
étaient recrutés parmi les populations rurales sans terre.
Le rôle des sovkhozes dans l'agriculture
soviétique progresse régulièrement au cours de
l'époque soviétique. Le nombre de sovkhozes passe de moins de
1500 en 1929 à un peu plus de 23000 à la fin des années
1980. Cette rapide expansion s'explique en partie par la politique de fusion et
de reconversion des kolkhozes en sovkhozes et, en partie, grâce à
l'expansion des superficies cultivées à travers des programmes
spéciaux comme « la campagne des
vierges »27(*).
Notons que les kolkhozes et les sovkhozes ont
été les deux principaux modes de production dans
l'économie soviétique. « Leur production agricole a
hissé l'URSS au premier rang mondial pour le blé 88000000 tonnes.
La production a permis aussi à l'URSS d'être parmi les trois
premières places pour la plupart des céréales et des
cultures industrielles dans les années 1960. Car l'Etat
soviétique à cette période n'importait pas de grain,
de très petites quantités de production d'animaux, peu de
matières grasses et seulement du sucre. »28(*)C'est dire que ce
système d'exploitation et de gestion est d'une importance pour le monde
soviétique. La politique agricole mise en place en URSS a fait de ce
pays le deuxième producteur mondial. Malgré ce rang,
l'agriculture soviétique était confrontée à de
nombreuses difficultés pendant plusieurs décennies.
2-les difficultés de l'agriculture
soviétique
D'une façon générale on constate
qu'il existe certains problèmes récurrents liés à
l'agriculture soviétique. Ces problèmes seront abordés
sous trois angles.
D'abord le premier problème est l'aspect climatique de
l'URSS. Malgré d'immenses ressources de terre, de machines, d'industries
chimiques et d'une grande main d'oeuvre rurale, l'agriculture
soviétique reste relativement improductive. En effet, dans ce vaste
pays on rencontre une diversité climatique qui cause beaucoup de
préjudice à l'agriculture. Ces difficultés climatiques
s'étendent presque sur toute l'étendue du territoire
soviétique. Ce qui veut dire que « l'ensemble du climat
est rude : froid hivernal avec des sols parfois gelés en permanence
(merzlota) et la boue du dégel (raspoutitsa). La sécheresse dans
la partie sud du pays est fréquente .Cette sécheresse est
accompagnée souvent avec de violents vents. Le sol de l'URSS est
fréquemment médiocre, seulement 10% des terres
soviétiques sont praticables. »29(*) Cette difficulté
climatique fait que le pays a souvent de très mauvaises
récoltes.
Le second problème de l'URSS est le poids de
l'histoire pour l'agriculture. La collectivisation mise en place au
début des années 1930 dans l'agriculture a bouleversé le
système traditionnel soviétique. La multiplication des fermes
d'Etat et des fermes collectives a réduit l'efficacité de la
production avec la résistance des koulaks qui n'avaient plus de
privilège. Il y avait aussi le délaissement de l'agriculture au
profit de l'industrie sous l'ère stalinienne. La répression
sévère de la période stalinienne a été
fortement intériorisée par la plus grande partie de la population
qui a abandonné tout esprit d'initiative : tout est attendu de
l'Etat et du parti.
Enfin le troisième problème
concerne la non maîtrise des structures mises en places pour la
production. Ici le système est difficile à maîtriser par le
centre de décision qui est unique. La masse grandissante d'informations
et les nombreuses interactions des diverses composantes de l'économie
rendent difficile la maîtrise de la production agricole par le centre
qui peut se trouver submergé. La production insuffisante est due
à l'ampleur des besoins de la population qui s'accroît rapidement,
à des variations climatiques interannuelles qui exigent des
réserves dans la production. Ainsi, pour combler ce déficit,
l'Etat soviétique doit recourir à des importations massives de
céréales estimée à « 25 millions
de tonnes par an dans les années 1970 à 40 millions de tonnes par
an au début des années 1980 »30(*)alors que l'Etat
procédait à une injection massive d'investissement dans ce
secteur sinistré.
L'Etat soviétique va donc mettre des
machines dans la production agricole afin d' « assurer une
certaine constance des récoltes à moyen
terme »31(*)A cette période où la
technologique était très présente dans l'agriculture,
nous avons des champs qui sont de plus en plus vastes. Plus l'espace agricole
s'accroît plus la population active
diminue « 22millions au début des années 1980
contre 40 millions en 1965 »32(*)et plus la production globale stagne.
L'organisation de l'agriculture soviétique a
donné des résultats probants ce qui a permis à l'URSS de
se hisser au second rang mondial derrière les Etats Unis. Mais elle a
rencontré des difficultés dues aux conditions naturelles et aussi
à une politique mal perçue par les populations. Quand en est-il
pour l'industrie ?
II-LA SITUATION DE L'INDUSTRIE SOVIETIQUE
1- L'organisation de l'industrie
La structure industrielle soviétique comporte
trois niveaux.
Nous avons d'abord le centre qui représente le
sommet de la hiérarchie où sont prises les grandes
décisions de la vie économique de l'URSS. Ce centre est la
direction du parti communiste, c'est-à-dire l'appareil politique
dominant. Les sommets de l'appareil de l'Etat, c'est-à-dire le
gouvernement, le conseil des ministres sont aussi des éléments
constitutifs du centre. On peut classer enfin le Gosplan qui est la centrale
de planification qui dépend du conseil des ministres. Cet organe n'a pas
de pouvoir hiérarchique direct sur les échelons
inférieurs. Il est chargé d'élaborer les plans et les
objectifs des entreprises. Mais cela se fait sous l'autorité du conseil
des ministres. Le conseil des ministres est la direction de l'économie
nationale, ce qui signifie qu'il exerce des fonctions économiques de
tout le gouvernement. Il a la responsabilité de la gestion de l'Etat
monopole. Le conseil des ministres est défini comme le détenteur
du pouvoir exécutif.
Le second niveau, celui du système
ministériel, est décisif pour plusieurs raisons.
Les ministères sont près de cinquante
et sont constitués selon un principe sectoriel par branches
économiques. Toutes les entreprises fabriquant tel type de produit
relèvent théoriquement de l'autorité du ministère
de branche. Dans le système traditionnel « ce dernier
établit les plans opérationnels des
entreprises »33(*), nomme les directeurs et contrôle les
résultats de leur gestion. De même que le directeur est à
la fois le patron de l'entreprise, son chef, et, par certains
côtés le représentant de certains de ces
intérêts collectifs vis-à-vis du ministère, le
ministre est un super patron de la branche. Il est également
l'autorité hiérarchique à laquelle est soumise les
entreprises, et aussi la tête du lobby sectoriel dans la concurrence pour
les allocations centrales et les conflits avec les autres ministères.
Le système ministériel est
traditionnellement un lieu de forte concentration de pouvoir économique,
que ce soit vis-à-vis des entreprises, ou par rapport au centre, dans la
structure à trois niveaux.
Dans le troisième niveau, celui des
entreprises, il est personnifié par le directeur d'un côté,
placé sous le contrôle du ministère, et de l'autre investi
de la direction unique dans l'unité dont il a la charge.
Mais l'organisation des entreprises industrielles
soviétiques repose sur une forte division du travail et une structure
hiérarchique dans laquelle « les travailleurs ne disposent
d'aucun contre pouvoir matérialisé »34(*). La coupure entre le travail
manuel et intellectuel, entre travail de direction et d'exécution, y est
profonde.
Concernant l'organisation de l'entreprise
soviétique, on peut noter qu'elle s'articule de la façon
suivante.
D'abord le directeur. Il se situe au sommet de
l'organigramme. Celui-ci est nommé par le ministère dont
dépend l'unité de production. Il n'est responsable de sa gestion
que devant cette autorité supérieure et non par rapport aux
travailleurs, écartant de fait l'idée de cogestion.
« L'Etat impose en effet à l'entreprise une tutelle rigide
matérialisée par la planification centralisée dans
laquelle la centralisation du pouvoir est la règle.»35(*)Il est un personnage
appartenant forcément à la nomenklatura créant ainsi une
forme d'hostilité de la part des salariés. Le directeur est
assisté dans le système par l'ingénieur en chef et les
directeurs adjoints.
L'ingénieur en chef joue le rôle
d'expertise et de conseil auprès du directeur. Sa nomination
relève du ministère, ce qui assure une certaine
indépendance de ce dernier par rapport au directeur. Quant aux
directeurs adjoints, ils ont pour rôle d'assister le directeur pour le
service financier, le service du personnel et pour les questions
matérielles et techniques c'est-à-dire l'approvisionnement et le
transport. Ils sont « relativement nombreux en raison d'une
bureaucratisation liée à la
planification »36(*). Le travail administratif constitue pour certains
d'entre eux la totalité de leurs tâches.
Enfin les chefs des ouvriers. Ils exercent leur
autorité dans l'atelier et jouent un rôle clé dans
l'organisation du travail en répartissant les tâches et en
affectant les travailleurs aux différents postes, ce qui a un effet
direct sur les salaires. Ils sont nommés par le directeur et sont
l'intermédiaire entre la direction avec ses services et les
travailleurs.
Cette organisation au sein des industries
soviétiques a contribué une croissance rapide de la production.
L'URSS sera la deuxième puissance industrielle du monde derrière
les Etats Unis. Mais ce pays connaîtra des difficultés dans ses
industries et au niveau de sa production.
2- Les problèmes de l'industrie
soviétique
L'organisation des industries en URSS s'appuie sur les
mêmes principes que leurs homologues occidentaux. Il y a une division
poussée du travail avec des unités de commandement et de
direction. Le travail se fait en équipe et les tâches sont
très bien divisées. La production se fait à la
chaîne et aux mêmes normes de rendement que celle des industries
occidentales. Dans les industries soviétiques la hiérarchie du
pouvoir et la discipline sont très respectées.
Malgré toute cette organisation, le
système industriel soviétique se caractérise par sa
discontinuité et l'irrégularité des approvisionnements.
Cette situation s'explique notamment par les contradictions du système
de planification, en particulier les effets perturbateurs de la centralisation
des approvisionnements et les formes de pénurie typique de la
régulation économique.
Sur le plan opérationnel, on constate
couramment que les approvisionnements de l'entreprise en matières
premières, en moyens de production, en produits semi- finis, ne sont pas
livrés à temps ou selon les spécifications requises. Il
s'ensuit des ralentissements de la production qui se retrouve bloquée et
contrainte à attendre les nouveaux approvisionnements.
Ces dysfonctionnements tendent à se
répercuter d'un secteur de l'entreprise à l'autre, puis d'une
entreprise à l'autre. Ainsi on trouve de nombreux temps morts dans la
production, car les ruptures d'approvisionnements ou de stocks y sont
fréquentes. Ce caractère irrégulier du travail et de la
production contribue à démoraliser les travailleurs et, avec
l'absence de contrôle ou de participation à la gestion à
susciter un sentiment de frustration dans le travail qui se répercute
à son tour sur la productivité des ouvriers. On constate alors
une baisse de la productivité dans les industries.
En revanche, il y a une accélération
des cadences, la suppression des congés, l'augmentation des heures
supplémentaires afin de remplir l'objectif annuel du plan. On voit ainsi
que ce manque de constance du processus productif est source de
désorganisation et à ce sujet une statistique éloquente
justifie cela « le temps perdu par la désorganisation du
travail est estimé à plus de 2O% du total.»37(*)Ces irrégularités
du processus dans lesquelles l'accélération et le ralentissement
de la production se succèdent, incitent les directeurs à mettre
leurs unités de production dans une posture de suremploi, en constituant
un matelas de main-d'oeuvre supplémentaire. Ces
accélérations de la production provoquent des dommages non
seulement sur la production elle-même (contrôle qualité plus
laxiste, gaspillage) mais aussi sur la population (augmentation des maladies,
de l'absentéisme).
En étudiant les anomalies découlant
de la nature para économique de la productivité soviétique
les difficultés rencontrées par l'autorité centrale sont
très nombreuses. En effet, celle-ci doit apprécier la valeur des
réalisations de ses entreprises au moyen quantitatif (production totale,
rendements, qualité) qui doivent être mesurée objectivement
et isolément et non en proportion de leur contribution à la
profitabilité. L'accomplissement des objectifs apparaît de ce fait
comme un critère trompeur.
Par ailleurs, il existe à la base de
l'économie planifiée d'autres contradictions fondamentales entre
deux de ses principes : le plan tendu et les priorités. La tension
du plan ne permet pas d'erreur aux entreprises non prioritaires en cas de
retard dans une livraison ou de tout autre aléa qui pourrait survenir
dans une unité de production. Elles ne disposent pas de réserves
leur permettant de faire face à l'événement, tandis que
les activités prioritaires disposeront d'une marge.
Les entreprises utiliseront inévitablement la
marge de liberté que leur laisse l'obligation d'atteindre les objectifs
pour chercher à gagner les primes par des moyens non prévus.
C'est ce qu'on appelle une « acquisition des
primes.»38(*)Les
entreprises anticipent ces probables pénuries lors de
l'élaboration de leur plan en surestimant leurs besoins et en
sous-estimant leurs capacités de production. Cette façon de
procéder apparaît comme anti économique car elle est la
résultante d'un gaspillage des ressources et n'obéit pas à
une logique de rentabilité de l'investissement. Dans ces conditions, les
autorités supérieures s'opposent à cette tendance des
entreprises en rendant les tests plus précis. Ces entreprises seront
fréquemment paralysées et mises dans l'impossibilité de
prendre des mesures qu'elles devraient évidemment prendre, auxquelles
elles doivent renoncer. Cette situation est qualifiée de
« contradiction interne du
système »39(*). Comme on peut s'y attendre, ces défauts
d'exécution se répercutent en chaîne sur les clients non
prioritaires. La pénurie de certains produits est donc originellement
incorporée dans la planification.
L'organisation de la production dans l'économie
soviétique apparaît bien loin des réalités des pays
occidentaux où il y a une régularité dans
l'approvisionnement avec une gestion rationnelle des stocks, etc.... Le constat
dans les entreprises soviétiques est contraire. Le temps dans
l'industrie soviétique est hétérogène et
discontinu. Cela a des effets aliénants sur le travail, mais laisse aux
ouvriers des marges de manoeuvre. Nous constatons ainsi que les
dysfonctionnements dans les industries soviétiques rendent difficile la
production. Cette désorganisation agira sur la société
soviétique.
CHAPITRE III : LA SOCIETE SOVIETIQUE EN 1985
Depuis sa création en 1922, l'URSS a
opté pour une société égalitaire
c'est-à-dire une société sans classes sociales. Ainsi pour
pouvoir mettre cette idéologie en place les dirigeants vont instaurer
des régimes totalitaires. Ils sont basés sur un régime
politique dictatorial qui repose sur la puissance absolue d'un parti unique. Ce
parti assure un contrôle sans partage de l'Etat et utilise de la terreur
comme méthode de gouvernement. Il pratique le culte du chef et exerce un
contrôle des mentalités avec la volonté de construire un
homme nouveau et une société nouvelle. L'idéal est de
construire une société sans classes, et l'objectif de la
société communiste reste une société d'abondance.
Mais la réalité est largement différente de cette
idéologie.
Comment la société
soviétique était-elle organisée? Quels sont les
problèmes rencontrés par celle-ci ?
I-L'ORGANISATION DE LA SOCIETE SOVIETIQUE
Cette partie est subdivisée en deux sous- titres.
Nous avons d'abord les différentes structures de la
société et ensuite la transformation de celle-ci.
1- Les différentes structures de la
société
La stratification de la société
soviétique se fait en fonction des moyens de production. Car
« la classe des groupes d'individus qui se différencient
par leur place, à un moment donné de l'histoire, dans le
système de production sociale par leur relation vis-à-vis des
moyens de production, par leur rôle dans l'organisation du travail social
et, par voie de compétence par les moyens dont ils disposent pour
accéder à la richesse. »40(*)Ainsi donc cette
catégorisation de la société se fonde sur la situation de
l'individu par rapport au pouvoir. Le PCUS qui est le maître à
tout faire vient à la tête de cette division sociale. Le
Secrétaire Général du parti est donc le premier de cette
division. Puis les différents présidents de kolkhozes, les
directeurs des sovkhozes, les secrétaires de cellules dans les
entreprises suivent.
Mais à partir de 1957 vont s'ajouter les
directeurs des M.T.S (Station de Machines et de Tracteurs). Ils
exerçaient une tutelle sur les exploitations agricoles par le biais des
sections politiques. Tout ce personnel était recruté en fonction
de ses capacités de commandement et de sa fidélité au
parti à l'origine.
Depuis que les exploitations collectives sont
devenues de gigantesques entreprises avec des moyens de productions
mécaniques modernes, la compétence technique et économique
compte désormais en tant que critère pour la gestion : Par
exemple en 1970, sur 35000 présidents de kolkhozes 7000 avaient acquis
leur qualification sur la pratique, c'est-à-dire qu'ils n'avaient pas de
diplôme, la grande partie était des spécialistes alors
qu'en 1950 seulement 2,6% des présidents étaient des
spécialistes. L'évolution rapide de la société a
fait naître une nouvelle classe les diplômés :
agronomes, vétérinaires, ingénieurs et instituteurs qui
forment l'intelligentsia. A cette catégorie s'ajoute les
spécialistes de la mécanisation agricole, les conducteurs de
tracteur, de camion, d'autres engins et les réparateurs dont le niveau
de vie et le prestige évoquent celui de la bourgeoisie .Au delà
de ces deux premiers nous avons le personnel administratif de second rang et
les employés des services. Cette organisation de la
société va donc transformer le monde soviétique.
2- La transformation rapide de la
société soviétique
La doctrine soviétique officielle rappelle la
propriété socialiste et affirme que le salariat est aboli. C'est
en fait à une généralisation de cette doctrine que l'on
assiste. On observe également une participation de plus en plus active
de la population féminine à l'économie, sachant que leur
salaire équivaut malgré l'idéologie
d'égalité, à environ deux tiers du salaire masculin. Les
femmes en URSS ont relativement peu d'accès aux postes de direction et
sont principalement concentrées dans les travaux moins payés,
dans les branches à bas salaires. Ces domaines sont la santé, le
commerce, l'enseignement, la communication etc.... Au delà de cette
population de salariat féminine l'Union Soviétique regorge de
nombreux spécialistes dans divers domaines de compétence qui vont
assurer le bon fonctionnement du travail.
Cette surqualification relève d'un défaut de
formation, alors que la formation des ouvriers qualifiés est
insuffisante dans les écoles techniques et que la majorité des
ouvriers acquièrent leurs expériences sur la pratique. Ces
ouvriers sont estimés à 50 millions.
A partir de l'année 1977, on assiste à une
évolution en ce qui concerne le droit du travail, car il est inscrit
dans la constitution. Cependant l'obligation du travail est nécessaire,
on assiste à une réelle mobilité des travailleurs jusqu'en
1956. Au-delà du droit de travail, il existe des lois répressives
très sévères pour le monde du travail en cas de
départ du travailleur non autorisé préalablement par les
autorités.
Mais ces lois seront abolies en 1956, et dès
1959 jusqu'au milieu des années 1970, le niveau de rotation des
travailleurs est assez élevé et tourne autour de 20%. Un ouvrier
reste en moyenne trois ans dans la même entreprise dans sa
spécialité. Il y'a un réel turn-over qui touche surtout
les jeunes lorsque les conditions de vie ou de travail sont jugées trop
difficiles. C'est, en effet, assez facile de trouver un travail dans les
grandes villes comme Moscou, Leningrad ou Kiev. Cette mobilité peut
être interprétée comme moyen de défense face
à des conditions de travail difficiles sachant que le seul employeur
reste l'Etat sauf dans les kolkhozes.
Quant au monde syndical, il est constitué de
groupes qui dépendent du PCUS. Les dirigeants de ceux-ci sont tous
membres du parti. De plus, les élections sont le plus souvent
manipulées. « Les syndicats ont comme principal rôle
de gérer les oeuvres sociales et les cotisations obligatoires qui sont
de l'ordre de 1% du revenu mensuel représentent en fait les cotisations
de sécurité sociale. Environ 99% des travailleurs sont
syndiqués en URSS. »41(*)Les syndicats soviétiques n'interviennent
pas dans les négociations salariales car les conventions collectives ne
concernent pas les revenus. Ils ont tendance à négliger largement
la défense des conditions de travail. Les syndicats se contentent
« de veiller à l'application du contrat de travail, au
droit du travailleur à un salaire correct ainsi qu'au règlement
des petits conflits ». Le rôle de défenseur des
travailleurs apparaît dérisoire car ils sont sous l'emprise du
P.C
La société soviétique s'est vite
urbanisée. En 1985, 65% de la population soviétique vivait en
ville contre 50% en 1960. L'exode rural est devenu
massif. « La scolarisation est également massive, 80%
de la population était scolarisée, pourtant il n'y avait pas
d'égalité de chance. Ce fort taux de scolarisés favorise
l'émergence d'une nouvelle société civile attirée
par la culture occidentale. Ainsi donc l'adhésion au PCUS ne
représente plus qu'un passeport pour l'accès à une
carrière de ce nom. Cette adhésion au parti de la part des
soviétiques n'est que de façade mais ils n'ont pas la
liberté d'envisager la moindre alternative au
système. »42(*)Elle est faite par défaut. C'est alors que
vont naître les mouvements de dissidence qui seront de plus en plus
nombreux à partir des années 1970.
La dissidence en URSS est un courant peu important
mais persistant. Il est composé d'intellectuels, d'artistes, de croyants
et de nationalistes. Cette dissidence se fonde sur le respect de la
légalité du régime, se renforce grâce à la
signature de l'Acte final des accords d'Helsinki en 1975, qui fournit un cadre
juridique international de référence et de défense des
droits de l'homme. Les têtes de file de cette dissidence sont
Andreï Sakharov43(*) et Alexandre Soljenitsyne44(*). Leur expulsion de l'URSS en
1980 et 1974, suscite de vives réactions à travers le monde. A
cette période la jeunesse se reconnaît de moins en moins au PCUS.
Elle prend des distances vis-à-vis du régime communiste.
Cette transformation de la société pose de
réels problèmes dans l'organisation du régime
soviétique. Malgré cette avancée de la
société, elle connaît de véritables
problèmes.
II-LES PROBLEMES DE LA SOCIETE
1-Les difficultés quotidiennes des
soviétiques
L'ère de Brejnev a représenté une
période d'amélioration, tout au moins jusqu'au milieu des
années 1970. Mais la population qui atteint environ 300 millions en 1980
connaît des problèmes de logements. La majorité de cette
population est concentrée dans les villes. Ainsi assiste-t-on à
de très nombreux logements collectifs où cohabitent les familles
et à un entassement dans ces logements peu décents et
surpeuplés. Il y a un véritable manque d'entretien du patrimoine
immobilier.
A cette situation de logements s'ajoute des
problèmes quotidiens de ravitaillement. En effet, la population
soviétique est confrontée à un sérieux
problème de pénurie de produits de consommation de base, y
compris alimentaire. La viande particulièrement se faisait rare. Les
magasins d'Etat sont vides, et l'on assiste à des longues files
d'attente interminable devant les magasins. Nous pouvons dire que, le
consommateur soviétique ne se trouve pas dans la facilité, tant
de nombreux produits de vie courante étaient difficiles à
obtenir. La population perd le temps et l'énergie dans un contexte
où domine les tendances à la pénurie, les files d'attente
et la désorganisation du système de distribution. Ainsi, en Union
Soviétique, le consommateur peut être considéré
comme un quémandeur à la recherche d'un approvisionné et
de bonne volonté, il se situe dans une sorte de concurrence entre
consommateurs. Il apparaît une situation de tension due notamment
à l'irrégularité de l'approvisionnement pour la viande,
les produits laitiers, les fruits et légumes. La persistance du
rationnement pour certains produits de base est un souci important pour la
population, notamment dans certaines régions. Il existe une
hiérarchie des villes dans l'approvisionnement à la tête de
laquelle on trouve Moscou, Leningrad, puis des villes de tailles
inférieures et enfin les capitales des Républiques
fédérées.
Concernant les conditions de travail de la population,
elles sont pénibles. La société est embrigadée par
le parti qui est le fer de lance de la révolution. C'est le parti avec
en son sein des élites qui contrôlent l'ensemble de la
société, nomme les différents dirigeants des entreprises.
Elle n'a pas le droit de grève, pas de droit syndical. Le syndicat est
unique et est contrôlé par le parti communiste. La population est
soumise à des journées de travail de dix (10) à douze (12)
heures dans une pollution terrible et nuisible à la santé
celle-ci.
Enfin la situation des campagnes est encore plus
défavorable. Le sous-équipement des campagnes met les populations
dans des conditions de vie difficile et très dure.
Ces conditions de vie difficile, la non maîtrise
du fonctionnement des plans donnent une certaine habitude à la
société soviétique.
2-Les tares de la société
soviétique
Le comportement social de la population peut
s'appréhender sur deux axes. Le premier axe est
la démotivation de celle-ci au travail. En effet, le manque de
motivation dans les entreprises où les faibles
rémunérations et l'impossibilité d'initiatives
privées provoquent une sorte de droit de paresse. Ce manque de
motivation se manifeste par l'instabilité des travailleurs (20% des
actifs changent chaque année d'emploi et la durée de
séjour d'un travailleur dans une même entreprise n'excède
pas 3ans), l'absentéisme et l'alcoolisme.
« L'absentéisme fait perdre 125milliards de journée
de travail en 1982, l'équivalant du travail manuel de 60 millions
d'ouvriers, soit près de la moitié de la population active en
URSS. De même il suffirait d'arrêter de boire sur le lieu de
travail pour que la production industrielle augmente de
10%. »45(*)
L'alcoolisme a agit sur la santé d'une partie de
la population et s'est largement étendue. Durant ses vingt
dernières années, la durée de vie moyenne en URSS n'a pas
augmenté et « la mortalité des hommes d'âge
actif s'est même accrue. »46(*)
Le second axe est la corruption qui est très
développée. Le système économique très lourd
a fait place à une économie parallèle. Cette
économie est faite de tricheries administratives, de marché et de
travail au noir, de corruption très persistante. Elle concernait aussi
bien les citoyens ordinaires qui réalisaient au noir des travaux
d'entretien et de réparation avec du matériel volé
à l'Etat, que les membres de la nomenklatura. Elle représente
à peu près le quart du PNB (produit national brut) de l'URSS.
Certaines entreprises vont même jusqu'à acheter au marché
noir les produits qu'elles ne pouvaient pas obtenir auprès de la
commission d'Etat pour la fourniture en matériaux et
équipements. Cette corruption semble avoir été rampante
dès l'ère Brejnev, au point que « selon les experts
russes, à l'aube des années 1990, cette production fantôme
constituait environ 30% du PNB soviétique.»47(*) Ainsi à la fin des
années 1980, la presse pousse un cri d'alarme : environ 17 trains
de marchandises disparaissaient quotidiennement en territoire
soviétique. Pour mieux s'enrichir, « les clans de
l'économie de l'ombre créent la
pénurie. »48(*) Cette situation de pénurie est d'abord le
fruit d'un mécanisme, incorrect engendré par les autorités
soviétiques notamment la nomenklatura. La population soviétique
se trouve dans des conditions où les produits destinés à
la consommation et aux ménages se font rares dans les magasins.
Après la mort de Brejnev en 1982, le
régime soviétique se trouve figé. Les institutions restent
immobiles et le conservatisme se généralise. La
société est de plus en plus étouffée. Elle
rencontre beaucoup de problèmes dans la vie quotidienne. Le
modèle soviétique a beaucoup perdu de son pouvoir d'attraction.
Il est devenu moins séduisant malgré les acquis et les
progrès qui ont pu survenir pendant cette longue période. C'est
dans cette période de stagnation de l'économie, de la politique
et de la société qu'en 1985 Mikhaïl Gorbatchev devient le
numéro un de l'Union Soviétique. Après un diagnostique
fait par Mikhaïl Gorbatchev, il se trouve que son pays est dans une crise
aigüe. C'est alors qu'il décide d'entreprendre des reformes pour
sauver l'URSS.
DEUXIEME PARTIE :
L'AVENEMENT DE GORBATCHEV AU POUVOIR ET LES REFORMES
POLITIQUES, ECONOMIQUES ET SOCIALES (1985-1989)
Après un bref règne de Iouri Andropov de
1982 à 1984, puis de Constantin Tchernenko de 1984 à 1985,
Mikhaïl Gorbatchev devient le Secrétaire Général du
PCUS en mars 1985. Son arrivée au pouvoir donne un espoir au peuple
soviétique et marque un tournant fondamental dans la diplomatie
soviétique. En effet, à la mort de Brejnev, l'URSS connaît
des difficultés internes et externes. L'économie, la politique et
la société sont immobiles. Elle n'a plus les capacités
économiques et financières de faire face à la nouvelle
course aux armements déclenchés par le président
américain Reagan.
Face à cette situation de stagnation, le nouveau
dirigeant Soviétique, décide d'entreprendre des reformes :
la perestroïka et la glasnost. Mais cette politique de
reformes mise en place par Mikhaïl Gorbatchev connaîtra des
difficultés dans l'exécution.
Qui est donc Mikhaïl Gorbatchev ? Quelles
sont les principales réformes qu'il entreprend ? Et quelles sont
les limites de ces réformes ?
Cette deuxième partie est subdivisée en
trois sous-chapitres. Le premier chapitre porte sur la biographie sommaire de
Gorbatchev. Le second chapitre traite de la politique de réforme. Et
enfin le troisième s'intéresse aux insuffisances de ces
réformes.
CHAPITRE I : BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE
GORBATCHEV
Le nouveau dirigeant de l'URSS est celui qui va tenter
de donner une nouvelle vie à ce pays agonisant.
Qui est donc cet homme ?
Nous allons dans notre analyse faire une biographie
sommaire de Gorbatchev. Cette biographie traitera d'abord de la vie de
Gorbatchev, son parcours politique et de son accession au pouvoir en 1985.
I-VIE ET PARCOURS POLITIQUE
1- Origine et vie sociale de Gorbatchev
Gorbatchev est né le 2 mars 1931 dans le petit
village de Privolnoïe, du canton de Krasnosgnardeiskoe, dans la
région Stravropol au nord du Caucase à l'époque de la
collectivisation. Son père Andreïvitch Gorbatchev, est
né en 1909 et est mort en février 1976. Quant à sa
mère Maria Panteleevna Gopkalo, elle est née en 1911 et est
morte en 1993. Ces deux parents étaient des agriculteurs,
c'est-à-dire travaillaient dans les fermes collectives.
Leur fils Mikhaïl Sergueievitch Gorbatchev
commença ses études à l'école primaire de son
village à l'âge de 8 ans, lorsque la deuxième guerre
mondiale débuta en 1939. Il avait 10 ans lorsque l'URSS entra à
son tour dans la guerre, bien contre son gré, avec l'invasion allemande
de juin 1941. Il arrêta ses études lorsque son père fut
évacué puis envoyé au front. Gorbatchev n'est pas
évacué et vit à Privolnoïe durant les six mois
d'occupation allemande, ce qui interrompt sa scolarité. Sans cette
interruption, il aurait terminé ses études secondaires un peu
plutôt en 1949, à l'âge légal de 18 ans. Pendant
cette période d'occupation allemande, il s'occupait surtout des travaux
champêtres pour nourrir son village et « les
Allemands qui prélevaient d'office au moins 20% des
récoltes. »49(*)Dès l'âge de 17 ans, il fut
décoré de l'Ordre du Drapeau rouge, pour avoir aidé son
père à bord de sa moissonneuse que celui -ci conduisait ce qui
était une chose inhabituelle en Union Soviétique. Il reprit
l'école et obtint son certificat de Maturité équivalent du
Baccalauréat au début de l'été 1950 à
l'âge de 19 ans.
Après ses études secondaires à
Stravropol, la capitale régionale, « il
était monté à Moscou, pour les études
supérieures de droit à l'Université de
Lomonossov.»50(*) Pendant ses études de droit, curieuse
inclination dans un temps où le droit était celui du fort, dans
les années 1950, il s'engageait dans le mouvement des étudiants
du P.C. Il passa cinq ans à Moscou c'est-à-dire de 1950 à
1955.
A Moscou, il rencontra sa femme Raïssa Maximovna
Tirorenko une sociologue d'origine ukrainienne. Elle est née dans la
région de Donetsk en Ukraine. Ils se sont mariés en 1953, donc
pendant les années d'université et le jeune couple quitta le
foyer d'étudiants pour s'établir dans un appartement non loin du
centre de Moscou. Sa femme mourut le 20 septembre 1999 des suites d'une longue
maladie
De retour à Stravropol dans sa région
d'origine, il va étudier à l'Institut d'agronomie et se
spécialisera dans les problèmes agricoles de 1964 à 1967.
Ce qui lui permettra de travailler dans l'agriculture en plein temps. Il a eu
une ascension rapide dans la structure locale du Parti.
2- Le parcours politique de Gorbatchev
Après ses études, Gorbatchev rentre dans
sa province natale de Stravropol où il exerce son action comme cadre du
P.C. Il est parfaitement représentatif d'une jeunesse conformiste,
dévouée au régime communiste. Il prend les reines de la
jeunesse du P.C en 1952 à Moscou et adhère par la suite au P.C.
Il devient le dirigeant de ce parti dans sa région en 1962. Il fait
partir de la génération entrée dans la carrière
avec le XXème Congrès et au moment de la déstalinisation
lancée par Khrouchtchev, génération que l'on retrouvera
aux postes de commandes à partir de 1985 pour lancer les
réformes. Gorbatchev sera nommé en 1970 en tant que
secrétaire à l'organisation du P.C. du territoire de Stravropol.
Ensuite sa carrière prend un rythme
accéléré sous l'ère Brejnev avec comme pour
parrains politiques Mikhaïl Souslov et de Iouri Andropov. C'est ainsi
qu'en 1978 « il est cooptée sur recommandation du
très stalinien Mikhaïl Souslov, membre du politburo qu'il a connu
à Stravropol pour entrer au secrétariat du Comité Central
(CC) pour s'occuper des questions agricoles.»51(*)A l'issu de cette nomination,
il alla s'installer à Moscou où il devient en 1979 membre
suppléant au politburo. En 1980, Gorbatchev devient membre en plein
droit du politburo.
A la mort de Brejnev, Gorbatchev soutient Iouri
Andropov qui est originaire de la même région que lui contre
Tchernenko, dans sa lutte pour l'accession au pouvoir. Elu Secrétaire
Général du PCUS, Andropov nomma « Gorbatchev comme
le responsable de l'économie mais aussi du travail
Parti.»52(*)
A la mort d'Andropov en 1984, Tchernenko est
élu Secrétaire Général du PCUS, mais cette fois-ci
Gorbatchev resta neutre dans cette lutte pour l'accession au pouvoir. Il fut
récompensé pour cette neutralité par Tchernenko. Il obtint
un élargissement de ses responsabilités. Tchernenko lui
confia « en plus de l'économie, la charge de
l'idéologie, des affaires culturelles et des affaires
étrangères.»53(*)
Ce dernier meurt en 1985. C'est alors qu'en mars 1985
à 54 ans Mikhaïl Gorbatchev est élu secrétaire
général du PC. Il est le père de la glasnost et de la
perestroïka, visant à la création d'un communisme plus
humain. En 1988, il devient président du comité exécutif
permanent des différentes instances législatives et en 1989, le
président de l'URSS. Il reçut le prix Nobel de la paix en 1990 en
reconnaissance de sa contribution essentielle à la fin de la guerre
froide. En 1991, il échappe à un coup d'Etat des communistes
conservateurs. A la même année, il quitta sa fonction de
président de l'URSS et déclara la dislocation bloc du communiste.
Gorbatchev a été le dernier dirigeant de l'URSS. Sa
carrière politique prit fin avec la disparition de l'URSS. Mais quel a
été les facteurs de son accession au pouvoir ?
II - L'ACCESSSION DE GORBATCHEV AU POUVOIR EN 1985
1- Les causes de son accession
Elles sont multiples. Nous avons les causes internes et
les causes externes.
En ce qui concerne les causes internes, l'URSS était
confrontée à d'énormes difficultés au plan
politique, économique et social. L'économie socialiste
était basée sur un système de planification
impérative qui engendre une bureaucratie d'organisation et de
contrôles lourds et trop autoritaires. Cette situation rigide du
système aura pour conséquence, une production
surévaluée à la qualité médiocre, une
rentabilité et productivité insuffisante. Les régimes
communistes, du fait de la force de l'intérêt collectif, ne
reconnaissent pas les libertés individuelles. Tout se fait selon la
ligne officielle avec une surveillance policière omniprésente du
K.G.B avec plus de 700 milles agents. La société
soviétique, était elle aussi dans une situation ou la
pauvreté était de taille dans les milieux ruraux et urbains. La
corruption était à toutes les instances dirigeantes du P.C que
dans les différents secteurs de la société. La
liberté était embrigadée à tel enseigne que toutes
campagnes de dénigrement du régime étaient
considérées comme un crime contre l'Etat. Toutes ces causes
internes influençaient directement sur la situation externe.
Quant aux causes externes, le K.G.B dirigé
par Iouri Andropov diligenta à la fin des années 1970 une
enquête confidentielle pour évaluer le Produit National Brut (PNB)
soviétique selon les critères qualitatifs occidentaux et non plus
seulement en volume comme le voulait la tradition socialiste. Le
résultat fut très défavorable et apportait la preuve du
déclin de l'Union Soviétique qui avait vu son économie
dépassée par celles du Japon et de la République
Fédérale d'Allemagne (R.F.A), anciens ennemis de l'URSS.
D'autre part, à partir de 1978, la Chine
dirigée par Deng Xiaoping, entreprit une véritable
révolution économique qui rétablissait en fait le
capitalisme et insufflait ainsi un dynamisme considérable à
l'économie chinoise. L'URSS au début des années 1980
était ainsi confrontée à une situation géopolitique
nouvelle inquiétante. Le Japon et la R.F.A disposaient chacun d'une
économie plus puissante que celle de l'URSS. Ainsi que la Chine qui
commençait à avoir une croissance exceptionnelle.
Et enfin les Etats Unis toujours aussi hostile au
régime communiste accroissaient l'écart entre les deux. Or, tous
ces pays étaient plus ou moins limitrophes à l'URSS et
entretenaient un contentieux territorial sérieux avec elle,
exceptés les Etats Unis. Au-delà de cette situation elle
n'était plus capable « de se lancer dans une
concurrence avec les Occidentaux. L'URSS n'a pas d'autre choix que de songer
à une détente et au désarmement. »54(*) C'est pourquoi consciente du
danger, la direction vieillissante du PCUS porte au pouvoir Mikhaïl
Gorbatchev le représentant d'une nouvelle génération mais
aussi un pur produit du régime communiste, né après
1917.
2- L'arrivée au pouvoir de
Gorbatchev
Au début des années 1980, après la
mort de Brejnev, les décès des Secrétaires
Généraux du PCUS se succédèrent à un rythme
élevé. Brejnev meurt le 12 novembre 1982, Andropov le 9
février 1984 et Tchernenko le 10 mars 1985. C'est pour mettre fin
à cette série de mort que Mikhaïl Gorbatchev est élu
Secrétaire Général du P.C le lendemain de la mort de
Tchernenko. A la différence de ses prédécesseurs, c'est un
homme jeune de 54 ans qui est au poste de commandement de l'URSS. Il fera une
analyse de la situation et constate qu'il faut apporter des reformes au
système soviétique. Il s'efforcera pour sauver le système
par des reformes structurelles très profondes par rapport aux principes
léninistes classiques. Il apparaît ainsi comme un novateur. Cette
politique mise en place est une politique de transparence, de restructuration,
de démocratisation, d'accélération et de
décentralisations connues sous le nom de perestroïka et de
glasnost.
CHAPITRE II : LES PRINCIPALES REFORMES DE
GORBATCHEV
EN 1986
Depuis la déstalinisation engagée par
Khrouchtchev de nombreuses reformes ont été tentées. Ces
différentes tentatives sont le témoignage que la prise de
conscience du problème par les leaders politiques soviétiques est
ancienne. C'est ainsi qu'une reforme en profondeur du système
économique, politique et social est apparue à Gorbatchev comme
inévitable. Il considère lors de son arrivée au pouvoir
que l'URSS est à un tournant important de son histoire. Il va donc
lancer sa politique de reforme : perestroïka et
glasnost.
I-LA POLITIQUE DE PERESTROÏKA
1- Origines et objectifs de la
perestroïka
Lorsque Gorbatchev arrivait au pouvoir, l'URSS
était un pays qui était très mal en point sur tous les
plans, particulièrement économiques et politiques. Les structures
du parti commençaient à vieillir ainsi que ses cadres dirigeants
encore fidèles à Brejnev et sa politique immobiliste. Il
était donc nécessaire de reformer complètement et de le
moderniser. Andropov avait déjà compris, en 1982, cette
nécessité pour son pays mais n'avait pas eu le temps d'appliquer
ses idées. Gorbatchev reprend le flambeau dès 1985. Il est alors
conscient que l'URSS ne peut tenir son rôle de grande puissance ni sortir
de l'enlisement si les soviétiques persistent à ne pas
s'intéresser à l'effort économique indispensable et au
sort de la patrie socialiste. C'est pourquoi il lance dans un ouvrage
intitulé « perestroïka » ses
idées novatrices. C'est le nom donné à l'ensemble des
reformes devant concilier à ses yeux, socialisme et démocratie.
Ce terme signifie restructuration. « La perestroïka signifie
une mutation profonde et engendre d'énormes transformations
qualitatives.»55(*) Il exprime son souhait de rénover les
structures de l'Etat soviétique et du P.C devenu une énorme
bureaucratie et son intention de réduire les dépenses d'armement
qui freinaient la modernisation de l'URSS. Cette restructuration a pour
objectif de transformer non seulement l'économie, mais de reconstruire
également le système politique, l'idéologie, le travail du
parti, en un mot toute la superstructure économique. Il s'agit d'une
restructuration globale, multiforme et complexe.
D'abord au niveau politique, Gorbatchev voulait
orienter le système politique soviétique vers un système
social et libéral. Il n'était donc pas question de
s'écarter du socialisme, ni d'affaiblir le système politique dont
les fondements restent le monopole du pouvoir et le rôle dirigeant du
parti, mais plutôt de renforcer le système en améliorant
son fonctionnement. Ce qui lui permettra de rapprocher son pays de l'Ouest et
d'apaiser les tensions avec les Etats Unis. « Nous voulons que
nos transformations passent à une autre échelle. Et pour que de
tels changements puissent s'accomplir, nous avons besoin d'une collaboration
avec les pays occidentaux développés. Ce n'est qu'en travaillant
avec ces pays que nous pourrons obtenir de vrais
changements. »56(*) La perestroïka permettra de libéraliser
et de démocratiser le bloc communiste et notamment les relations entre
l'URSS et les démocraties populaires.
Ensuite au niveau économique, Gorbatchev
voulait reformer les structures économiques et sociales de l'Union
Soviétique. Il va donc introduire progressivement une économie de
marché contrôlée et donner une plus grande autonomie
à l'appareil productif. L'objectif est de réduire les
dépenses de l'Etat. Cela signifie un désengagement de l'Etat
dans l'économie soviétique et le désarmement de
l'extérieur des principaux conflits soutenus par l'URSS dans le monde
qui sont trop coûteux pour l'Union Soviétique. Gorbatchev
était « persuadé que le ralentissement de la
croissance était purement conjoncturel, alors il lança le slogan
de l'accélération ; il suffisait de relancer les
investissements dans le secteur des biens d'équipements et
réceptionner les produits les jetas en masse au rebut, au grand
mécontentement des ouvriers qui ne se sentaient pas toujours
responsables en raison de la médiocrité des fournitures et du
matériel.»57(*)
Enfin au plan social, il voulait instaurer plus de
démocratie et de liberté de ces concitoyens. Cela permettra au
communisme d'avoir un visage humain, compatible avec les Droits de l'homme et
d'avoir une société civile libre et ouverte. Les objectifs ayant
été spécifiés, quels ont été les
résultats de cette politique ?
2- Les principaux apports de la
perestroïka
La perestroïka a apporté une vigueur au plan
politique, économique et social.
D'abord au niveau politique, Gorbatchev engage une
réforme institutionnelle en décembre 1988, qui permet
l'organisation d'élections pluralistes au congrès des
députés en 1989. L'Etat et le Parti sont désormais
séparés. En 1990, le congrès entérine la
création de plusieurs groupes politiques autre que le P.C. Ainsi la
démocratisation se mit en marche et a favorisé le remplacement de
l'ancien système politique qui était basé sur la dictature
du prolétariat et la dominance d'un parti unique.
A cette réforme institutionnelle s'ajoute, la
réforme de l'appareil judiciaire soviétique. En fait, Gorbatchev
voulait développer l'Etat de Droit, il a engagé ainsi une
profonde réforme judiciaire. Cette réforme permet d'importants
progrès comme « une restriction du champ
d'application de la peine de mort et la fin de la pratique de l'exil
intérieur.»58(*)Dans cette réforme figure également la
volonté de voir les organisations représentatives autre que le
P.C, devenir elles aussi des groupes d'influence. Pour lui ces réformes
doivent aboutir à la création d'un véritable Etat de
Droit, où « tout est permis sauf ce qui est interdit
par la loi.»59(*)On assiste à une véritable
révolution dans le système politique soviétique.
La perestroïka a permis le dégraissage de
la hiérarchie bureaucratique. En effet, elle maintient le système
ministériel, tout en cherchant une réduction de son pouvoir. Au
niveau des ministères de branche, qui se voient supprimer leurs
fonctions de contrôle au jour le jour sur les entreprises. La
réforme consiste à concentrer l'organigramme et à
concentrer les effectifs.
La création de super ministères qui
regroupent plusieurs ministères couvrant le même domaine
d'activités doit permettre une simplification de la hiérarchie
intermédiaire facilitant le contrôle du centre. Ainsi sept super
ministères sont crées entre 1985 et 1987 dans plusieurs
branches : l'agriculture, la construction, les relations
économiques extérieures, la construction mécanique,
l'énergie, les complexes chimiques et du bois, le développement
social. Cette réduction des effectifs accompagne la
réorganisation administrative. Ainsi d'importants redéploiements
sur des centaines de milliers de fonctionnaires ont lieu, renforçant
ainsi la défiance de la population vis-à-vis des
réformes.
Au niveau économique, Gorbatchev prendra des
mesures spectaculaires. C'est ainsi que de 1986 à 1988, il pratique de
grandes formes. Cette réforme permet une autonomie financière aux
entreprises. En effet, les entreprises industrielles fonctionneront sur la base
de l'autofinancement et de l'autonomie comptable. Ce qui donne droit
l'ouverture du capital de l'entreprise à l'étranger Des
sociétés mixtes sont créées et la
libéralisation du commerce extérieur se mit en place.
A ce niveau du commerce extérieur, avant
l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev, plusieurs facteurs ont
été officiellement admis pour expliquer le marasme de
l'économie soviétique. La politique d'investissement qui
était trop appuyée sur l'importation d'équipements
étrangers, puis le ralentissement de la croissance, deux
éléments qui ont largement contribué à la
montée de l'endettement. C'est pourquoi le volet externe de
la perestroïka s'est fixé pour objectif de réduire
l'économie administrée mais aussi d'alléger la
dépendance face à l'étranger. Corriger les
déséquilibres nécessitait une réforme du
mécanisme des relations extérieures. C'est ainsi que Gorbatchev
à son arrivée au pouvoir remet en cause le système
d'allocation administrative des biens de consommations tant celui-ci a
décliné et semble même tombé en panne. Il
promulguera trois décrets entre août 1986 et janvier 1987
concernant les relations économiques extérieures. Ces
décrets permettent de corriger les déséquilibres
extérieurs. Il participe au réveil de l'esprit exportateur des
entreprises soviétiques, l'encouragement à la
compétitivité dans les créneaux d'exportateurs retenus et
l'usage plus économique des importations. Cette situation permettra la
création d'une économie mixte ou le secteur d'Etat, toujours
dominant serait redynamisé par la présence de secteur
privé et coopératif.
Dans l'agriculture, la réussite de la
perestroïka se joue en partie sur l'amélioration du niveau de vie
et de la consommation des ménages. Ainsi le recours aux activités
privées et coopératives indépendantes de l'Etat est
considéré par Gorbatchev comme compatible avec
l'idéologie socialiste. Le volet privé et coopératif des
réformes a pour objet de légaliser les activités que l'on
peut trouver dans l'économie secondaire, de satisfaire les besoins non
couverts dans le domaine de la consommation et des services. De permettre le
redéploiement de la structure de l'emploi induit par les réformes
industrielles. Gorbatchev a restitué les terres aux paysans. Cette
politique permit de rapprocher l'homme de la propriété en louant
la terre aux paysans sous forme de contrat de sous-traitance familiale, de
contrat de groupe, individuel et de contrat bail.
Cependant, ces grands chantiers ne doivent pas ignorer
les fondements majeurs du régime que sont la dictature du
prolétariat et la propriété par l'Etat des moyens de
productions.
De plus, cette nouvelle libéralisation
lancée par Gorbatchev est très soutenue par l'intelligentsia.
Cette restructuration nécessite pour réussir et pour
rétablir la crédibilité du régime un climat de
transparence.
II- LA POLITIQUE DE LA GLASNOST
1- Les orientations de cette politique
Le mot glasnost signifie transparence. Elle suppose
le droit de critique donné à la population. C'est aussi
l'ouverture du régime soviétique à une plus grande
liberté d'expression dans les médias, dans les arts et sur le
plan idéologique. Elle autorise même les manifestations et les
grèves. Elle laisse le libre choix entre plusieurs candidats lors des
élections. Cela signifie aussi « une sorte de bonne
volonté gouvernementale à accepter un débat sur certains
sujets, pourvu qu'il soit constructif.»60(*) Cette manière de penser est un
phénomène entièrement novateur pour la
société russe qui découvre qu'elle était depuis
plusieurs décennies embrigadée.
En instaurant cette politique de glasnost, Gorbatchev
voulait secouer la léthargie des Soviétiques par un langage et
des méthodes de vérité. Il voulait aussi faire distinguer
les affaires de l'Etat à celles de la société
soviétique et mettre fin à l'ancien système de
gouvernement. Elle permettait aux dirigeants d'un pays où n'existait ni
libre débat, ni indépendance des médias, de prendre
régulièrement la mesure de l'état d'esprit de l'opinion
publique. De donner plus d'autonomie et de liberté aux peuples
Soviétiques. Car « la vérité la plus
amère est meilleure que le beau mensonge.»61(*) Ces orientations ayant
été données, quelles sont les actions positives de la
glasnost ?
2- Les actions positives de la glasnost
La glasnost a permis l'instauration de la
perestroïka. La liberté de la presse et les émissions
télévisées ont permis au changement de ton nouveau et ont
joué un rôle de chambre d'accusation contre tous ceux qui
s'opposaient à la perestroïka prônée par Gorbatchev.
Les dénonciations à la télévision des
difficultés d'approvisionnement en raison des négligences
humaines, des chantiers qui restaient inachevés, des entraves au
développement des petites entreprises privées constituaient
autant de soutiens à la politique de réforme.
Au niveau de la presse écrite, les
thèmes débattus, les articles publiés et surtout les
lettres publiées dans les tribunes libres soutiennent souvent la
politique de restructuration, attestent de la volonté de Gorbatchev
d'inciter les Soviétiques plutôt réfractaires à sa
politique, de modifier leurs attitudes. Dans le contexte d'une lutte de plus en
plus affirmée entre les réformateurs et les conservateurs, la
glasnost apparaît comme une formidable arme de propagande dirigée
par le Secrétaire Général. L'objectif est de convaincre,
notamment au sein du parti, que le processus engagé est
irréversible, car bénéficiant d'un soutien total du pays.
La glasnost est l'occasion de s'attaquer à la société
soviétique et officialiser le fait que celle-ci n'était pas
exempte des maux attribués aux sociétés occidentales
(écologie, drogue, violence). Ensuite elle s'attelle à la lutte
contre les privilèges et la corruption.
Enfin, la glasnost permet de découvrir des
pages blanches de l'histoire soviétique et l'achèvement de la
déstalinisation. Ceux-ci par la réhabilitation des victimes du
régime tel que Zinoviev, Kamenev, Piatakov, Radek et surtout Trotsky qui
étaient dans les purges. Par ailleurs, Gorbatchev avait fourni des gages
aux Occidentaux pour faire avancer le désarmement et faire reculer
l'image impérialiste de l'URSS. Il prouve ainsi sa bonne foi envers les
élites intellectuelles Soviétiques et étrangères en
annonçant la libération de son représentant le plus
réputé. C'est ainsi que le 19 novembre 1986, Andreï Sakharov
et sa femme assignés à résidence dans la ville de Gorki
(aujourd'hui Nijni-Novgorod) depuis 1979, sont libres de revenir à
Moscou. Les frontières sont entrouvertes et il n'y a plus de faux
malades mentaux.
La glasnost désigne la politique de transparence
et facilite l'expression des opinions. Elle permet de renforcer la prise de
conscience de la population dans la nécessité de réformer
le système. Elle est donc un instrument indispensable dans la
réforme globale du système en général et de
l'économie en particulier. Dès lors, la glasnost prend son essor.
De son approbation par le plénum du Comité Central les 27 et 28
juillet 1987, elle devient un véritable phénomène de
société. A travers cette politique, Gorbatchev fait une ouverture
religieuse vis-à-vis de l'Eglise orthodoxe et la reconnaissance de la
Cour de la Haye des Droits de l'Homme. Ainsi que le plan de la ville de Moscou
est rendu public et l'abandon de la doctrine de Brejnev sur la
souveraineté limitée des démocraties populaires du Pacte
de Varsovie. En effet, avec la transparence, le peuple Soviétique a
aujourd'hui ses yeux dans la gestion des affaires de l'Etat, de porter des
critiques ; ce qui était impossible dans l'ancien système
politique et constituait un crime contre l'Etat. « D'autre part
la glasnost va entraîner en URSS des manifestations massives ainsi que le
début des grèves. »62(*) Elle crée un climat de
liberté entre les populations.
Depuis l'arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au
pouvoir en 1985, l'image de l'URSS s'est radicalement transformée.
Foncièrement négative dans les dernières années du
règne de Brejnev, assombrie par la chasse des dissidents et l'invasion
de l'Afghanistan,« elle est devenue positive, sinon radieuse. Il
est parvenu à faire prendre les mots pour les choses, les concepts pour
les changements, c'est ce qu'on appelle l'image de
marque. »63(*)Ainsi les deux grandes puissances ont signé
enfin des accords sur le désarmement et la réduction des arsenaux
nucléaires de 50%.
Malgré toutes ces transformations du pays et la
bonne volonté de Gorbatchev de moderniser son pays, sa politique de
réforme connut des limites dans l'exécution.
CHAPITRE III : LES INSUFFISANCES DES REFORMES DE
GORBATCHEV
Les tentatives de réformes entreprises par Mikhaïl
Gorbatchev pour le changement de l'ancien régime soviétique en
instaurant la politique de glasnost et celle de la perestroïka ont connu
des résultats exemplaires. Mais l'évolution ou la mise en oeuvre
véritable de ces réformes ne se sont pas faits aussi facilement.
Gorbatchev, étant formé dans la pure tradition communiste avait
l'embarras entre continuer dans le communisme ou pas. De même que la
nomenklatura qui était les privilégiés du système
soviétique était contre cette nouvelle forme de penser car il
voyait voler en éclat tout ce qu'ils avaient comme privilège dans
l'ancien système. Ainsi, les réformes entreprises par Gorbatchev
pour sauver le système soviétique en faillite connaîtront
des difficultés dans sa mise en oeuvre.
Quels sont donc les problèmes rencontrés
par Gorbatchev dans la mise en oeuvre de ses réformes ?
Ce chapitre s'intéressera aux différents
problèmes politiques d'abord et traitera des problèmes sociaux
que posent ces réformes ensuite.
I-LES DIFERENTS PROBLEMES POLITIQUES
Ces difficultés dans l'exécution de ces
réformes sont dues au conservatisme idéologique de Gorbatchev et
de l'opposition de certains membres au sein du PCUS.
1- Le conservatisme idéologique de
Gorbatchev
Malgré les débuts prometteurs où
l'économie soviétique a enregistré en 1986 et 1987, les
taux de croissance les plus élevés depuis une dizaine
d'années. L'élan du changement s'est vite essoufflé et
l'année 1988 a abouti à des résultats médiocres.
Les objectifs du plan n'étaient pas atteints et les défauts de
fonctionnement du système n'avaient pas disparu. L'Etat est le principal
client des entreprises qui ont bien du mal à être autonome, la
qualité des produits reste médiocre, la sous productivité
de l'agriculture persiste ainsi que la pénurie des biens de
consommation. Cette situation est due au fait que Gorbatchev ne voulait pas
sortir immédiatement du communisme, car lui-même étant un
pur produit du système soviétique.
Ainsi le personnage de Gorbatchev ne semble pas
marquer une rupture avec le passé. Gorbatchev ne semble pas être
différent des dirigeants précédents malgré son
jeune âge, car il a fait partir lui-même de ces leaders qui ont
amené le pays dans le triste état dans lequel il se trouvait en
1985. C'est alors qu'il restait fidèle aux principes socialistes
fondamentaux que sont la dictature du prolétariat et la
propriété étatique des biens de production. La politique
entreprise par Gorbatchev révèle en elle-même une certaine
discontinuité. Cela signifie que devant l'ampleur de la tâche
certaines contestations de ces réformes, Gorbatchev a eu tendance
à revenir sur certaines décision, afin d'arrondir les angles et
de faire en sorte qu'elles soient acceptées par le plus grand nombre.
Tout le long de ses six années, Mikhaïl
Gorbatchev a hésité entre une stratégie de rupture
radicale et une politique de transition. Il a toujours refusé de faire
le grand saut et rejeté la réforme radicale prônée
par certains de ces conseillers. C'est ainsi qu'il devait repousser in
extremis à l'automne 1990 le fameux « plan des cinq
cent jours »64(*)préparé par ses collaborateurs et qui
aurait dû conduire à une transformation du système
économique en une période très courte.
Ainsi, les débats sur la réforme
économique ont été permanents. Derrière les
discussions théoriques, ce sont des questions politiques qui se
posaient. Mikhaïl Gorbatchev a mis en particulier beaucoup de temps pour
faire accepter une évolution sur certains éléments
clés de ce qui aurait pu être une véritable
réforme : le rôle de l'Etat dans l'économie, celui des
administrations centrales ensuite (le plan, en particulier), notamment dans le
système des prix.
La législation de 1987 autorisant la
création des sociétés mixtes a contribué à
mettre ensemble des capitaux Occidentaux et Soviétiques pour le bon
fonctionnement des entreprises. Cette symbiose relève du fait que les
sociétés ont une très bonne expérience dans la
gestion. Ce qui permettra un bon fonctionnement et contrôle de la
société. Mikhaïl Gorbatchev était très
attaché à la mise en place de ces sociétés mixtes.
Mais la bureaucratie centrale a multiplié les obstacles pour la mise en
oeuvre de cette réforme. Elle fut un échec total. Les capitaux
étrangers ne sont pratiquement pas venus.
En effet, l'instauration d'un véritable climat
de confiance devrait permettre de relancer l'économie soviétique.
Ce climat de confiance est garanti par une législation précise et
respectée par lui-même. Cette législation dispensable pour
la réussite des réformes échoue. Car Gorbatchev n'a pu pas
prendre des décisions nécessaires pour une véritable
réforme de son pays. Il n'arrivait pas à abandonner ses habitudes
communistes pour prendre la voie des réformes pures et sauver son
pays.
2- Les contestations au sein PCUS
Gorbatchev dans sa nouvelle politique, a
été trahi par ces propres collaborateurs ayant été
corrompus et qui se sont accaparés des biens de l'Etat. Mais l'obstacle
la plus puissante est celle du rôle dominant du parti unique. Ainsi les
réformes enclenchées par Gorbatchev suscitent à la fois le
scepticisme et l'opposition. Le scepticisme de la majorité de la
population, l'opposition conjuguée de la nomenklatura qui sentait ses
privilèges menacés et l'intelligentsia qui souhaitait au
contraire une accélération des réformes.
Les réformes économiques aggravent la
crise que connaissait l'économie soviétique depuis le milieu des
années 1970. Ainsi, en démocratisant les élections et en
libérant les opposants politiques comme le physicien Andreï
Sakharov, défenseur des Droit de l'Homme et, en affichant l'information,
Gorbatchev se soumettait à la critique. Il est rapidement
débordé par les mécontentements des citoyens qui veulent
l'accélération de la démocratisation. Toutes ces actions
obligent Gorbatchev à un louvoiement périlleux entre les radicaux
et les conservateurs. Gorbatchev tente ainsi de maintenir une voie moyenne en
proclamant son attachement à un socialisme de plus en plus
édulcoré. Après avoir repris Lénine comme
modèle, il se résout à abolir en 1990 le rôle
dirigeant du P.C, qui se transforme en 1991 en Parti Social Démocrate.
C'est ainsi que les conservateurs nostalgiques l'accusent d'avoir trahi le
communisme. Pour eux cette politique de réforme était une
liquidation du socialisme.
D'autre part, la glasnost stimule le désir
d'autonomie, d'où les critiques des démocrates souvent
opportunistes qui veulent aller plus vite et plus loin. Ainsi, on observe une
émancipation des peuples allogènes maintenus de force dans
l'empire des tsars, puis de l'URSS.
Au regard de toutes ces critiques, les apparatchiks et
les militaires qui résistaient aux changements et lui reprochaient de
saboter le régime. Les libéraux quant eux l'accusaient de jeter
de la poudre aux yeux sans opérer de réformes significatives. La
majorité de la population espérait à son tour à
une amélioration plus rapide des conditions de vie. C'est dans ce climat
de critique exacerbé que Gorbatchev tentait de préserver un
délicat équilibre entre les forces de la réaction et celle
du changement également insatisfaites. Ainsi entre 1990 et 1991, les
événements se bousculent : après que le P.C eut
renoncé à son rôle de direction de l'Etat en février
1990, Gorbatchev organise et remporte un référendum prônant
une réforme constitutionnelle en mars 1991, mais en août, une
tentative de coup d'Etat par les militaires désireux de restaurer le
régime soviétique met en péril l'ensemble de son processus
de réformes. Ce coup d'Etat échouera, car l'armée a
refusé de suivre les putschistes, mais c'est aussi et surtout
grâce à la résistance de Boris Eltsine et ses partisans de
tendance libérale. Gorbatchev et l'URSS ressortent passablement
affaiblis de l'épreuve : en novembre 1991, le P.C est dissout et
ses biens sont nationalisés, tandis que l'Union Soviétique
disparaît officiellement à peine un mois plus tard.
Au-delà de ces importantes réformes
institutionnelles, le fait marquant de la vie politique soviétique des
années de la perestroïka est le foisonnement de comité,
d'organisations, de groupes, de « front
populaire»65(*),
embryons de partis politiques poussés sur le terreau des espaces de
micro autonomie qui s'étaient constitués au début de la
décennie précédente. Cette démocratisation met en
lumière les limites et les contradictions d'une démocratisation
partielle mutilée par le refus du pouvoir de mettre en cause le monopole
du parti unique.
L'opposition farouche, qu'a connue les réformes
entreprises par Gorbatchev au sein du P.C a mis un frein à
l'évolution et aux objectifs initiaux de la politique de
réformes. Face à cette situation politique, des
difficultés rencontrées, l'économie et la
société soviétique resteront sans subir de transformations
véritables. Les oppositions permanentes aux reformes entraveront son
déroulement.
II-LES DIFFICULTES ECONOMIQUES ET SOCIALES
Il traitera de la désorganisation du
système économique et de l'état inquiétant de la
société soviétique.
2-La désorganisation de
l'économie
Les reformes de Gorbatchev destinées à rendre
plus efficace le système soviétique accentueront le déclin
de l'empire soviétique.
D'abord dans les entreprises rien n'a changé.
Cela a été le fruit d'un délicat compromis, la
réforme était pourtant timide. Elle ne remettait pas en cause la
propriété étatique. Elle a pourtant échoué.
La bureaucratie centrale, celle du plan en particulier avec ses milliers de
fonctionnaires a réussi à l'étouffer. Lors de la
conception de la loi, le plan a en effet introduit un nouvel instrument :
les commandes d'Etat. Son argument était que, pendant la transition les
entreprises devaient continuer à travailler pour l'Etat en respectant
ses ordres et ne venir que progressivement sur le marché.
C'est ainsi que, le comité d'Etat pour
l'approvisionnement l'organisme central qui répartissait l'ensemble de
la production entre les entreprises n'avait pas été
supprimé. De 100% en 1987, la part de l'activité des entreprises
effectuée directement pour l'Etat devait être réduite
à 40% en 1990. Du fait de la pénurie et de la
désorganisation générale, le rôle du comité
pour l'approvisionnement (Gossnab) est peut être plus que jamais
important. « Le système ministériel est toujours en
place.»66(*)
En cinq ans, le nombre des ministères a
été réduit de 25% leurs effectifs de 14 % mais il reste
encore, 76 ministères à l'échelon fédéral et
568 dans les républiques. Dans les entreprises rien n'a vraiment
changé tout l'ancien système est toujours opérationnel.
Dans les coopératives, faute de pouvoir
autoriser immédiatement le développement d'un secteur
privé, Mikhaïl Gorbatchev a fait adopter, en 1988 une loi
autorisant les activités industrielles dans un cadre coopératif.
Dans certains secteurs comme le commerce, l'artisanat, la restauration, les
coopératives ont connu un rapide développement, traduisant ainsi
l'existence d'un esprit d'entreprise d'une volonté d'indépendance
dans une partie de la population. Il y avait officiellement plus de 200 000
coopératives à la fin de 1989. Le commerce du bétail qui
représentait 1.5% dans l'économie connaissait d'énormes
difficultés d'où l'élévation des prix. Ces prix
ont provoqué un vif mécontentement au sein la population. Il est
vrai que certains profitent de la situation de quasi monopole pour s'enrichir
rapidement. Ils sont accusés par l'opinion publique d'être des
spéculateurs. Certaines coopératives ont des difficultés
à s'approvisionner, les entreprises d'Etat ne travaillaient seulement
entre elles. Elles sont l'objet de contrôles de prix accrus.
« A la fin de 1989, 4,8 millions de personnes travaillaient dans
des coopératives (3% de la population actives). Les bureaucrates et les
idéologues, s'appuyant sur la réaction d'une partie de la
population, ont en définitive réussi à en limiter
l'extension. »67(*)
Les sociétés mixtes l'une des autres
grands espoirs de Mikhaïl Gorbatchev sont un autre exemple de compromis
qui a abouti à un échec. Dès 1987, le nouveau patron du
Kremlin prend une décision considérée alors comme
révolutionnaire. Il s'agit de l'ouverture de l'URSS aux capitaux
Occidentaux. Les capitalistes installés en URSS vont y apporter leurs
capitaux, leurs technologies, mais et surtout leurs méthodes de gestion.
Malgré l'avis de ses conseillers certains lui recommandaient alors la
création massive et immédiate de zones franches où le
capital occidental aurait pu travailler sans aucune contrainte. Il limite
considérablement la portée de cette ouverture dès le
départ. Les Occidentaux ne pourront venir en URSS qu'en créant
des sociétés avec des entreprises soviétiques. Les
conditions de fonctionnement de ces sociétés feront l'objet de
longues discussions entre les différentes bureaucraties du pays. Ce qui
va entraîner une certaine méfiance des industriels occidentaux.
L'expérience des capitaux étrangers apparaît
décevante après quelques
années. « Malgré des investissements
coûteux et des efforts considérables, la situation de
l'agriculture était toujours aussi précaire. Dans l'industrie,
la quantité n'arrivait pas à suivre la qualité. De plus
grâce encore, l'appareil industriel dans son ensemble, (...) était
incapable de s'adapter de façon compétitive, à
l'ère nouvelle (...) » 68(*)
En 1989, on notait environ 1300
sociétés mixtes, mais très peu avaient une
véritable activité industrielle. C'est alors que l'on assiste
à l'implantation des grandes entreprises occidentales en URSS. Aucun
des grands projets annoncés n'avait vraiment abouti. Les industriels
occidentaux sont de plus en plus méfiants. Le scénario est
sensiblement le même dans l'ensemble des secteurs de l'économie
nationale. La production agricole avait été relativement
satisfaite, mais les conditions de transport, de stockage et d'emballage
étaient telles que les consommateurs ne devraient pas pouvoir en
bénéficier.
Dans la même année 1989, l'Etat
s'engageait à payer pour partie en devises les paysans pour leurs
livraisons de céréales. Cette mesure a été aussi un
échec complet. Les paysans n'ont pas tout fait confiance au
gouvernement. Les dirigeants des exploitations agricoles ont tout fait pour
décourager les candidats éventuels. Car l'Etat central a perdu
les commandes de l'économie. Dans certaines Républiques, le
secteur privé se développe rapidement, partout les marchés
noirs fleurissent, parce que la prime en devises n'était pas payable
quelques mois après la récolte.
Au-delà de cette situation, l'échec de
la loi sur l'entreprise de 1987 apparaît emblématique dans les
déboires de la perestroïka. Elle s'est heurtée à
différents problèmes révélateurs des
dysfonctionnements majeurs du système.
Les ministères ont continué à
maintenir leur rôle dans le fonctionnement de l'économie
soviétique. Ils multiplient les commandes d'Etat et ne laissent pas la
possibilité au libéralisme de se développer. Les prix
continuent d'être fixés de manière autoritaire par les
ministères. Tout ce ci rend la non applicabilité de la loi sur
les entreprises. Au regard de tout ceci on peut dire que la loi n'a vraiment
pas sa raison d'être ou n'a pas de sens. Elle ne fonctionne pratiquement
pas.
Toutes les réformes engagées depuis 1985
ont donc échoué. Elles ont contribué à une
désorganisation générale de l'activité et abouti
à une situation économique catastrophique. La production a
dégringolé. Les tickets de rationnement sont les seuls produits
qui connaissent un développement rapide. Le mécontentement social
se traduit par des grèves de plus en plus fréquentes. La
situation financière extérieure elle-même s'est fortement
dégradée. « Nous n'avons plus d'argent pour acheter
des céréales à l'extérieur.»69(*) Cela justifie les
différents échecs des réformes apportées par
Gorbatchev dans l'économie.
Durant ses six années de gestion de
Gorbatchev, il n'y a, en réalités, ni plan ni marché. La
perestroïka a cassé les différents mécanismes de
l'économie planifiée mise en place depuis les années
1930.Gorbatchev ne parvient pas à définir clairement de nouvelles
règles économiques ni proposer aux travailleurs de nouvelles
motivations. Engluées dans des demi-mesures, la politique
économique menée entre 1985 et 1991 ne fait qu'aggraver la crise
qui s'était installée au coeur du système depuis le milieu
des années 1970, portant à son comble le mécontentement
populaire. Incapable d'améliorer les conditions de vie du plus grand
nombre, le régime de Mikhaïl Gorbatchev devient de plus en plus
impopulaire à l'intérieur du pays. Cette situation
inquiétante de l'économie va provoquer le désarroi de la
société soviétique.
1- L'état social de la population
soviétique
L'échec des réformes économiques
éclipse largement des réformes politiques spectaculaires, mais
toujours orientées vers le maintien à tout prix d'un
système dirigé par le seul P.C et d'une Union des
républiques fondée sur la coercition et la méconnaissance
des aspirations nationales. Ainsi les réformes entreprises par
Gorbatchev pour donner une nouvelle image à son pays échoueront.
L'économie soviétique va de pire en mal, les rouages
traditionnels sont désorganisés, le marché noir est de
plus en plus florissant, la corruption est très galopante. Toutes ses
conditions difficiles de la vie engendreront des mécontentements, des
troubles sociaux et des grèves. C'est ainsi qu'en décembre 1989,
on assiste à la grève des mineurs et d'autres mouvements dans
toute l'Union Soviétique. Pour contrer tous ces mouvements sociaux,
Gorbatchev durcit son attitude : il interdit, la grève, rejette le
programme de la transition accélérée vers
l'économie de marché en 1990.
La perestroïka et la glasnost n'ont pas pu donner
au pays le sourire qu'il souhaitait dans la relance économique ainsi que
la politique de rigueur. La perestroïka Gorbatchévienne qui
était porteuse d'un grand espoir, qui promettait la
prospérité aux peuples de l'URSS, la sécurité et la
stabilité à toute l'humanité à ses débuts, a
plongé le pays dans une crise encore plus profonde que celle à
laquelle elle devait remédier. « Il ne faut pas comprendre la
perestroïka comme une entreprise visant à faire marché le
système soviétique, il s'agit plutôt d'une tentative pour
associer la communauté internationale à l'entretien, au
financement, à l'équipement et à l'alimentation des pays
socialistes. »70(*)
C'est pour dire que Mikhaïl Gorbatchev comptait
sur les Occidentaux pour la bonne réalisation de sa politique de
réforme de l'URSS. Mais il fut trahi par ceux-ci, car étant
opposé dans une confrontation de leadership. Donc aidé Gorbatchev
à sauver le système soviétique était vu comme une
trahison idéologique. A cette situation sociale vient s'ajouter la
catastrophe nucléaire de Tchernobyl d'avril 1986 et le tremblement de
terre arménien de 1988 qui a fait près de 25000 morts et 400000
sans-abri ralentissent ses actions de reformes.
Tous ces évènements et toutes ces
oppositions ont freiné l'évolution et la mise en oeuvre de la
perestroïka. Néanmoins elle a permis un bouleversement dans les
relations entre l'URSS et les pays du monde communiste et entre l'URSS et
l'Occident.
TROISIEME PARTIE :
L'IMPACT DES REFORMES DANS LES RELATIONS
INTERNATIONALES
Dominante au lendemain de la deuxième guerre
mondiale, menaçante pendant les années 1950, expansionniste
pendant les années 1960 et 1970, l'URSS s'est écroulée
à la fin des années 1980 à la stupéfaction
générale. Pourtant, elle connaissait depuis longtemps
déjà des difficultés qui laissaient présager ce
désastre, depuis les grippages de l'économie jusqu'à la
dissidence internes en passant par la contestation du modèle
soviétique aussi bien par les pays d'Europe de l'Est que par les nations
au sein de l'empire. « Ce mélange explosif oblige
Mikhaïl Gorbatchev, dès son accession au pouvoir en 1985, à
mettre de l'avant des réformes destinées à
préserver le système soviétique
dégradant. »71(*) Ainsi en voulant transformer les structures en place
depuis Staline grâce à l'appui d'une société que ses
prédécesseurs ont voulu passive, Gorbatchev a pris un risque
considérable. Par cette action de tentative de réforme, il
changera le cours de l'histoire mondiale.
En effet, 1989 marque donc un tournant majeur aussi
bien positif, avec le retour des troupes d'Afghanistan, que négatif,
avec la chute du mur de Berlin. Ce dernier évènement compte aux
yeux de la société soviétique et surtout pour les
opposants de Gorbatchev énormément comme une trahison au
communisme. Ils voient en lui le fossoyeur de l'héritage stalinien,
l'origine de tous les maux qui accablent, en cette fin de décennie,
l'empire soviétique déjà agonisant. Ainsi en reformant le
socialisme soviétique, en le rapprochant de son origine
marxiste-léniniste, Mikhaïl Gorbatchev ne s'apercevait pas qu'au
lieu de tirer son pays vers le haut, il entamait le processus inévitable
et imminent qui l'amènerait à sa perte.
En effet, de nombreux évènements
vont alors s'enchaîner au coeur de l'URSS qui déstabiliseront le
premier secrétaire et avec lui le régime. Ces
événements provoqueront l'implosion de l'URSS et la
création en 1991 de la C.E.I. Ce qui nous amène à la
question suivante : Quel est l'impact de ses réformes entreprises
par Gorbatchev dans les relations internationales ?
Les relations entre l'URSS et les pays du monde
communiste feront donc l'objet du premier chapitre. Il est
caractérisé par les contestations internes et de la dislocation
de l'URSS et du bloc soviétique. Et enfin le second chapitre qui est le
rapprochement entre l'URSS et l'Occident. Il relatera les facteurs de ce
rapprochement et de ses conséquences.
CHAPITRE I : LES RELATIONS ENTRE L'URSS ET LES
PAYS DU
MONDE COMMUNISTE
Les différentes reformes engagées par
Mikhaïl Gorbatchev ont eu des répercussions immédiates dans
les pays d'Europe de l'Est. Ces réformes ont bouleversé les
relations entre l'URSS et ces pays. Les populations de ces pays
désapprouvent de plus en plus les régimes autoritaires en place.
Elles se tournent de plus en plus vers les pays Occidentaux, grâce
à la politique d'ouverture instaurée par Gorbatchev. Les
populations de ces pays de l'Est se rendront compte de la misère dans
laquelle elles vivaient. C'est ainsi qu'on assiste de plus en plus aux
contestations internes de l'URSS et de tout le bloc communiste. Tous ces pays
sont lâchés par Moscou. Les P.C d'Europe de l'Est,
discrédités, s'effondrent très vite, en espace de deux ans
(1989-1991), tous les régimes communistes de l'Europe de l'Est
disparaissent et le bloc de l'Est éclate.
Comment se sont donc manifestés ses nouveaux
rapports entre l'URSS et les pays du monde communistes ?
Dans notre analyse, les contestations internes du
régime soviétique, la dislocation de l'URSS et de la
création la C.E.I. constitueront nos centres de réflexions.
I-LES CONTESTATIONS INTERNES
Les différentes réformes
instaurées par Mikhaïl Gorbatchev pour sauver le régime
soviétique agonisant donneront aux populations privées de
liberté une certaine indépendance. Ces populations vont
même vouloir se défaire de la tutelle de l'Union
Soviétique. Mais au-delà, cette population, les opposants
à la politique de reforme de Gorbatchev tenteront de faire un putsch
afin de sauvegarder l'URSS et le bloc soviétique. Pour eux ces reformes
sont les malvenues et voient en celles-ci la mort certaine de l'URSS.
1- Les revendications des nationalistes
La politique réformiste de Mikhaïl
Gorbatchev en Union Soviétique ne peut qu'encourager les mouvements
d'opposition aux régimes communistes dans les pays du bloc. Les
gouvernements doivent accepter des mesures de libéralisation, d'ailleurs
conseillées par Gorbatchev, mais qui ne seront pas
considérées comme suffisantes.
Les aspirations à la liberté, longtemps
contenues par les régimes communistes dans les pays du bloc
soviétique et en URSS, se manifesteront irrésistiblement à
la faveur des réformes tentées par Mikhaïl Gorbatchev et par
sa politique d'ouverture vers l'Occident. Le maintien au sein des
régimes communistes s'avère impossible.
C'est ainsi qu'en visite en Tchécoslovaquie en
1987, Gorbatchev expose sa vision d'une « maison commune
européenne.»72(*) Il estime que c'est ensemble collectivement que les
européens pourront sauver leur maison. Il admet que chaque nation peut
«vivre sa propre vie, suivre ses propres
traditions. »73(*)En 1988, il précise, devant les tribunes de
l'O.N.U, que la liberté de choix d'être reconnu aux peuples est
primordiale. Il abandonne ainsi la doctrine de souveraineté
limitée énoncée en 1968 par Brejnev et souhaite
l'installation dans les démocraties populaires de gouvernements
réformateurs acquis à ses idées. Il veut aussi donner des
gages à l'Occident dont il attend un soutien politique et une aide
financière.
Ce changement de doctrine débouche sur
l'émancipation de l'Europe de l'Est. Le réveil brutal des
populations a joué un rôle essentiel. Les manifestations de masses
qui secouent les différents pays expriment la soif de liberté
mais plus encore le rejet d'un système économique qui contraste
avec les images d'abondance occidentale transmises dans les médias.
« Partout la volonté de démocratie politique et de
liberté économique l'emportent. En trois ans, les régimes
communistes s'effondrent et les nationalités se libèrent, d'abord
les pays satellites de l'URSS, puis en Union Soviétique elle même.
C'est ainsi que l'Armée Rouge assiste sans sortir de ses casernes au
grand bouleversement de 1989. Amorcé, en Pologne en 1980, le
mouvement de remise en cause de l'hégémonie soviétique en
Europe de l'Est s'accélère à l'époque de la
perestroïka. »74(*)
A partir de l'année 1987, les
populations du bloc de l'Est manifestent contre les pénuries et les
difficultés économiques, et réclament l'octroi de
libertés politiques et religieuses. Ce mouvement
s'accélérera à partir de l'année 1989, avec un
grand nombre de revendications nationalistes, voire séparatistes qui
commenceront à naître à différents endroits au sein
de l'Union Soviétique. A cela s'ajoute l'opposition des conservateurs
communistes qui n'adhère pas à la nouvelle politique mise en
place par Gorbatchev. Ils pratiquent ainsi des campagnes d'intoxication
politique et de sabotage des activités entreprises par la
réforme.
Toutes ses revendications nationalistes viennent du
fait que l'URSS est une fédération complexe composée d'un
grand nombre de Républiques et de nationalités qui depuis des
décennies ont été opprimées et brimées. Donc
avec l'affaiblissement du pouvoir central à Moscou et l'instauration de
la perestroïka, elles se font de nouveau entendre pour réclamer
leur liberté longtemps confisquée.
La contestation débute alors en Pologne, pays
toujours contestataire vis-à-vis du régime de Moscou et
profondément catholique. En Pologne, « les opposants
ont eu l'impression que le bloc était rentré dans la phase de son
déclin et que le gorbatchévisme constituait la dernière
parade des élites communistes face à la
dégénérescence du système.»75(*)En effet, un syndicat libre
«Solidarnosc» (solidarité) s'est constitué depuis les
chantiers navals de Gdansk en 1988, régulièrement en
grève et qui sont en pointe de la contestation. Ce syndicat
Solidarité était dirigé par Lech Walesa et conteste de
plus en plus le pouvoir. Ce mouvement réclame le pluralisme syndical. Il
était ouvertement soutenu par le nouveau Pape Jean-Paul II
lui-même polonais. Il effectue alors plusieurs voyages en Pologne
dès 1979 pour appuyer les opposants. C'est ainsi que lors des
négociations de la table ronde qui permettent la naissance en douceur de
la troisième république de Pologne, les dirigeants communistes
polonais légalisent le mouvement social en Avril 1989.
Le mouvement s'accélère en 1989 avec la
légalisation de Solidarité. Ainsi lors de la tenue des
premières libres élections depuis plus de quarante ans les 4 et 8
juin 1989 voit la débâcle du P.C. polonais. Pour la
première fois depuis 1947 un régime non communiste est
constitué en Europe de l'Est. La même année, le rôle
dirigeant du P.C est aboli en Pologne et Tadeusz Mazowiecki devient le premier
ministre polonais non communiste en Europe de l'Est. Il est nommé le 19
août 1989 et investi à une écrasante majorité par
la Diète polonaise le 8 septembre 1989 grâce à une
coalition entre Solidarité, le Parti des Paysan et le Parti
Démocrate. En décembre 1989, Lech Walesa dirigeant
emblématique de Solidarité remplace le Général
Jaruzelski du Parti Ouvrier Unifié Polonais (POUP) à la
présidence. Le triomphe des candidats du syndicat solidarité
à ces élections a déclenché une avalanche de
révolutions pacifiques anti-communistes en Europe Centrale et en Europe
de l'Est.
En Hongrie, des manifestations contre le régime
se multiplient en 1987 et en 1988. L'opposition s'organise et les
réformateurs entrent au gouvernement en juin 1988. La constitution
stalinienne hongroise est modifiée et le pluralisme politique est
reconnu. Le pays cesse cependant d'être une république populaire.
Dès le mois de mai 1989, la Hongrie prit la décision d'ouvrir le
rideau de fer le séparant de l'Autriche. Cette ouverture permettra
ainsi la fuite vers l'Ouest de nombreux Allemands de l'Est.
En Tchécoslovaquie, une
«révolution de velours »76(*) apparaît le 29
décembre 1989 et balaie l'ancien régime communiste en quelques
jours. C'est ainsi que Vaclav Havel, dramaturge tchèque dissident, est
élu à la présidence de la Tchécoslovaquie. Dans
cette dynamique, le mouvement contestataire Forum Civique, remporte les
premières élections législatives le 8 juin 1990 et
reconduit Vaclav Havel à la présidence de la République en
juillet 1990.
En Roumanie, la funeste dictature du mégalomane
Nicolae Ceausescu77(*), connaîtra une fin rapide et tragique. Des
émeutes populaires partant de Timisoara s'étendent à tout
le pays. Le régime communiste s'effondre. Détestés Nicolae
Ceausescu et sa femme sont exécutés fin de l'année
1989.
Quant à la République Démocratique
Allemande (R.D.A), l'opposition au régime stalinien se développe.
D'énormes manifestations se produisent et la fuite des Allemands de
l'Est s'amplifie. Le gouvernement n'envisage aucune réforme et compte
sur l'intervention des troupes soviétiques stationnées en R.D.A,
mais Gorbatchev refuse d'intervenir. Dès lors le chef du P.C Erick
Honecker démissionne et le régime communiste s'écroule. Le
mur qui coupait Berlin en deux depuis 1961 est franchi le 9 novembre 1989 et
les Allemands de l'Est ne pensent plus qu'à la réunification avec
la République Fédérale Allemande (R.F.A).
C'est le Chancelier de la R.F.A Helmut khôl qui
mettra tout en oeuvre pour la réunification de l'Allemagne. Cette
chute du mur de Berlin produira une impression considérable en Allemagne
et dans le monde. Surtout quand la réunification de l'Allemagne s'est
faite sans aucune opposition de l'Union Soviétique.
L'écroulement du communisme contribue aussi
à la désintégration de l'URSS par l'émergence du
nationalisme. Dans la plupart des républiques de la
fédération soviétique, les mouvements favorables à
l'indépendance prennent de l'ampleur. Les trois républiques
baltes la Lituanie, l'Estonie et la Lettonie, qui n'avaient jamais
accepté leur intégration forcée à l'URSS en 1944
(pacte germano- soviétique), proclament leur indépendance et
demandent le retrait des troupes Soviétiques de leurs territoires.
Gorbatchev qui voulait sauver l'URSS réagit par la fermeté et
envoie des troupes soviétiques à Vilnius et à Riga en
janvier 1991. Mais cette fois la télévision est présente.
Cette scène choqua la communauté internationale, avec leur
critique l'armée n'eut pas le temps de massacrer les
indépendantistes.
A partir de ces pays, le mouvement
indépendantiste regagne les autres républiques de l'Union la
Moldavie, la Biélorussie, l'Ukraine, l'Arménie, le
Turkménistan, le Tadjikistan, l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan,
le Kirghizistan, le Kazakhstan et la Géorgie, qui émettent des
proclamations de souveraineté ou d'indépendance. Gorbatchev
comprit que la violence ne pouvant plus freiner le désir
d'indépendance de ces Républiques« décide
d'organiser un référendum afin de proposer un nouveau statut
pour l'Union qui prendrait en compte les aspirations autonomistes qui
émergent au coeur de l'URSS. »78(*)Celui-ci a eu lieu le 17 mars
1991. Mais la consultation ne se fait que dans neuf Républiques sur les
quinze (15) que sont l'Ukraine, la Russie, la Biélorussie, du
Turkménistan, du Tadjikistan, de l'Azerbaïdjan, de
l'Ouzbékistan, du Kirghizistan et du Kazakhstan. En effet, les trois
Républiques baltes la Lituanie, l'Estonie et la Lettonie se sont
déjà proclamées indépendantes depuis 1990 et la
Géorgie, l'Arménie et la Moldavie s'apprêtent à en
faire autant. Néanmoins, les Soviétiques des neuf
Républiques répondent oui à 76%.
Cependant Gorbatchev est de plus en plus impopulaire.
Ce référendum est le désir pour Gorbatchev de renouveau et
de souveraineté plutôt que d'un attachement à l'Union.
C'est ainsi que la Géorgie se déclare indépendante le 9
avril 1991.Quant à la Russie qui était favorable au referendum,
se prononcera pour un régime présidentiel. C'est alors que
Boris Eltsine79(*) est élu au suffrage universel direct à
la présidence de la Russie. Cette décision et l'élection
de Boris Eltsine pose à Gorbatchev le problème capital au niveau
de son poids politique sur la scène intérieure, n'ayant pas la
consécration du vote populaire. Mais il garde tout de même de
l'importance sur la scène internationale. C'est ainsi que Gorbatchev
représente son pays au sommet des pays industrialisés se tenant
à Londres en juillet 1991. « Il fait alors part de son
désir de faire passer l'URSS à une économie de
marché. Cette annonce condamne donc l'économie socialiste,
portant ainsi un coup fatal au dogme
marxiste-léniniste. »80(*) C'est alors que les réformateurs
libéraux lui reprochaient de ne pas faire assez de réformes, et
les conservateurs communistes, nostalgiques de la grande URSS de Staline, lui
reprochaient aussi de brader l'empire et d'entraîner le pays dans le
déclin. Aussi, afin de sauver ce qui pourrait encore l'être, les
communistes conservateurs tenteront de faire un coup d'Etat en août
1991.
2- La tentative de putsch des conservateurs du
PCUS
Depuis 1985, année de sa nomination au poste de
Secrétaire Général du PCUS, Mikhaïl Gorbatchev avait
initié un programme ambitieux de réformes, contenu dans les mots
de perestroïka et glasnost, respectivement
restructuration économique et transparence politique. « Le
passage à l'économie de marché aboutit les 25 et 26
juillet 1991, lors du plénum du Comité Central du PCUS à
l'abandon du principe de lutte de classe cher au socialisme soviétique.
Ces changements déclenchèrent des résistances et de la
suspicion de la part des membres conservateurs du système
communistes. »81(*) La réforme libère aussi bien des forces
et des mouvements auxquels Gorbatchev ne s'attendait pas. Ses agitations
nationalistes de la part des minorités non russes de l'Union
Soviétique progressèrent et des craintes existaient que certaines
républiques fissent sécession.
Les conservateurs ayant du mal à accepter la
perte d'influence de l'URSS en Europe de l'Est et redoutant l'éclatement
de l'Union Soviétique, tiennent Gorbatchev personnellement responsable
de la décomposition de l'Etat, de la faiblesse de l'économie et
de la perte de l'empire. « Pour ces conservateurs vu tous ses
échecs, Gorbatchev ne devrait plus être à la tête de
l'Etat et songent à se débarrasser de lui. Ceux-ci auraient
été poussés par la crainte de perdre leurs postes dans les
instances dirigeantes du parti et du pays mais aussi la perte de leurs
privilèges. A cette crainte de perdre leurs privilèges, il y a
aussi le fait qu'après des négociations les Républiques
acceptèrent un nouveau traité qui leur donnait une autonomie
presque totale au sein d'une fédération disposant d'un
président et au sein de laquelle seule les politiques
étrangères et défenses seraient
communes. »82(*) C'est ainsi qu'ils arrivent à la conclusion
d'agir pour sauver l'URSS. Bien que ce traité fût destiné
à sauver l'Union, les tenants de la ligne dure du communisme craignaient
qu'il encouragerait certaines petites Républiques, à exiger une
indépendance complète particulièrement l'Estonie, la
Lituanie et la Lettonie.
C'est pour cela que le 19 août 1991, à la
veille de la signature du traité sur la nouvelle Union que les
conservateurs retiennent Gorbatchev et sa femme prisonniers dans leur
résidence de vacances en Crimée et en le
déclarant « incapable d'assumer ses fonctions pour
des raisons de santé. Ils annoncent la formation
d'un Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence»83(*). Ces putschistes ont leur
tête le vice-président de l'URSS Guennadi Ianaev, le premier
ministre Valentin Pavlov, le vice-président du conseil de défense
Oleg Baklanov, le président du K.G.B Vladimir Krioutchkov, le ministre
de l'intérieur Boris pougo, le ministre de la défense Dimitri
Iazov, le président de l'association des entreprises d'Etat Alexandre
Tiziakov et le président de l'union des paysans de l'URSS Vassili
starodoutsev tous ayant accédé à leur fonction sous
Gorbatchev qui est le chef de fil. Tous ces artisans comme on le voit sont donc
les plus hauts dignitaires du régime et membres du P.C.
Le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence de l'URSS,
dans leur adresse au peuple soviétique déclare leurs intentions.
L'armée sous leurs ordres occupe Moscou. Ils établissent
« la censure et interdisent les activités politiques
hostiles au parti communiste. Mais il faut reconnaître que le putsch
apparaît rapidement comme un putsch idiot selon les termes du journaliste
Maxime Sokolov. Idiot parce que l'armée, ne peut pas utiliser ses armes,
aucune communication nationale ou internationale n'est coupée, et les
principaux réformateurs dont fait partir Boris Eltsine ne sont pas
inquiétés, ni arrêtés. »84(*)
Toutefois, les conservateurs, alors enfermés au
Kremlin, n'avaient pas pris en compte l'évolution de la
société. Il est évident que celle-ci n'est plus passive
qu'auparavant et le peuple a pris goût à la liberté
née avec Gorbatchev et la glasnost et ne compte pas la perdre. C'est
pourquoi cette population répond massivement à l'appel à
la résistance lancé depuis « la Maison
Blanche»85(*)par
Boris Eltsine. Cet appel est le suivant :
« Nous somme en présence d'un
coup d'Etat droitier réactionnaire et anticonstitutionnel. Les solutions
de force sont inadmissibles. Elles discréditent l'URSS aux yeux du monde
entier, nous ramènent à la guerre froide et à l'isolement.
Tout cela nous oblige à déclarer illégal ce
prétendu Comité qui a pris le pouvoir. Nous appelons les citoyens
de Russie à donner aux putschistes une réponse digne. Nous
demandons aux militaires de faire preuve d'un grand esprit civique et de ne pas
prendre part au coup d'Etat des réactionnaires. Le président
Gorbatchev doit pouvoir s'exprimer en public. Nous exigeons la convocation
immédiate d'un congrès extraordinaire. Tant que nos exigences ne
sont pas satisfaites, nous appelons à la grève
générale illimitée. »86(*)
L'appel à la résistance au putsch de Boris
Eltsine a fait place à plusieurs manifestations importantes contre les
dirigeants du coup d'Etat. Beaucoup de manifestations eurent lieu dans tout le
pays mais les importantes se déroulèrent à Moscou et
à Leningrad. La résistance organisée par Boris Eltsine
depuis le parlement de la Russie inquiète le Comité d'Etat pour
l'Etat d'Urgence. Ce Comité tentera de déloger Boris Eltsine et
ses camarades de la maison blanche.
Les putschistes envoyeront les forces spéciales
du KGB afin que ceux-ci délogent et arrêtent Boris Eltsine et
ses camarades. Cet assaut fut un échec « car les hommes du
groupe Alpha ont décidé de ne pas bouger. Ils n'ont finalement
même pas pris leur position de combat et se sont contentés
d'observer la maison dans laquelle se trouvait Boris Eltsine de
loin. »87(*) Cette désobéissance de l'unité
Alpha fait penser donc à un ralliement à la cause de Boris
Eltsine président élu de la Russie. Elle est due à
l'état psychologique des hommes du groupe Alpha. En effet
« ils voient bien que la situation est incertaine. Personne ne
sait comment tout cela se terminera. Ils devinent qu'en cas d'échec du
coup d'Etat c'est sur leur conscience que retombera l'intervention armée
contre le président légalement élu de la Russie. Seul un
aventurier peut prendre ce genre de responsabilité sans
réfléchir. »88(*) Cette attitude des soldats montre que les reformes
engagées par Mikhaïl Gorbatchev ont eu un impact sur la population.
Ayant senti le ralliement de l'armée, Boris
Eltsine eut confiant de bien mener la lutte pour faire face aux putschistes.
C'est ainsi qu'il se tient debout sur un blindé pour condamner la junte.
Il appelle le peuple à toujours résister pour permettre
l'échec du putsch. Ces manifestations à la résistance se
sont déroulées dans la majorité sans trop de heurts.
« Le 21 août 1991, la grande majorité des troupes
envoyées à Moscou se rangea ouvertement au côté des
manifestants ou firent défection. Cette symbiose de la population et de
l'armée fait échouer le coup d'Etat après trois jours
d'existence. » 89(*)
L'échec du putsch a montré que le peuple
russe était en avance, dans sa volonté et son courage au service
de la démocratie, sur la vision que les dirigeants Occidentaux ont de
son avenir. Ainsi, « cet échec du putsch
discrédite entièrement la thèse voulant, que
fatigué et désabusé, le peuple soviétique aurait
accueilli avec un certain soulagement l'avènement d'une dictature, si
seulement celle-ci devrait permettre de remplir les
étalages.»90(*)Ce mythe d'un peuple prêt à courber
l'échine pour peu qu'on lui donne à manger vient de voler en
éclats.
En résistant aux tanks, les manifestants ont
montré qu'on ne peut pas les duper en approvisionnant artificiellement
les magasins. Ils savent bien que seules les réformes en profondeur
peuvent mettre fin à la misère. C'est pourquoi la population se
range massivement et sans équivoque derrière ceux qui favorisent
ces réformes. Ce putsch n'a pas réussi car la population et
l'armée ont refusé de participer à cette organisation
anticonstitutionnelle. Cet acte est un atout majeur pour l'avenir. C'est alors
que tous les putschistes sont tous arrêtés sauf Boris Pougo le
ministre de l'intérieur qui se suicida.
Gorbatchev qui avait été assigné
à résidence surveillé à sa maison de vacances en
Crimée, retournera à Moscou en
disant : « Nous volons vers une nouvelle
époque.»91(*)Pour dire que l'époque des coups d'Etat
est révolue et donc que la liberté prônée par lui
est en fin retrouvée. Grâce à celle-ci le putsch n'a pas
réussi, il a été un échec total.
A son retour au pouvoir, Gorbatchev promit de purger
les conservateurs du PCUS. Il démissionna de son poste de
secrétaire général du parti mais resta le président
de l'Union soviétique. « L'échec de ce coup d'Etat
amena une série d'effondrements des institutions de l'Union. C'est ainsi
que Boris Eltsine prit le contrôle de la société centrale
de télévision, des ministères et des agences
économiques clés. Ce putsch fut l'un des derniers souffles finaux
de la deuxième puissance militaire mondiale qui, à partir de
là, vivra ses dernières heures. Malgré quelques tentatives
d'actions afin de sauver ce qui peut l'être du régime, Gorbatchev
échoua. Car le rôle de Boris Eltsine et celui du peuple
soviétique, nouvellement libre, dans la résistance du putsch des
conservateurs vont irrévocablement changer la donne. »
92(*)Le putsch va donc
précipiter la dislocation de l'URSS et favoriser la création de
la C.E.I93(*).
C'est que ainsi les jours qui ont suivi le putsch plusieurs Républiques
vont réclamer leur indépendance. L'URSS sera
définitivement démantelée en décembre 1991.
II- LA DISLOCATION DE L'URSS ET LA CREATION DE LA
C.E.I
Le putsch perpétué par les communistes
conservateurs signe la fin du régime communiste et de l'Etat
soviétique. L'échec du putsch accélère brutalement
la désagrégation de l'Union Soviétique. Les institutions
que regorge l'URSS tombent les unes après les autres. Nous avons entre
autre les activités du PCUS qui sont suspendues puis interdites. Le
Comité Central est dissout et Gorbatchev doit démissionner de son
poste de secrétaire général dormais interdit. Le KGB est
aussi démantelé. Toutes ses situations profitent au
président de la Russie Boris Eltsine. « Il est le grand
bénéficiaire de l'échec du coup d'Etat. Il
n'hésite pas à humilier Mikhaïl Gorbatchev qui tente de
défendre le parti communiste devant le parlement russe en suspendant les
activités du parti communiste de Russie. » 94(*) Face à cet échec
Gorbatchev prend conscience et démissionne de son poste de premier
secrétaire du PCUS après avoir demandé au Comité
Central de se dissoudre, mais il reste le président de l'URSS. Le P.C
est alors interdit dans l'armée et dans les organismes d'Etat. Le 29
août 1991, l'inévitable se produisit. Le soviet suprême
suspend les activités du P.C dans toute l'URSS avant de se dissoudre
lui-même.
1- L'implosion du régime communiste
Le P.C alors disparaît. Cette disparition
crée un vide institutionnel colossal étant donné que c'est
le parti qui détenait la réalité du pouvoir en URSS. Pour
combler ce vide, il faut une nouvelle Constitution pour le pays. En attendant
que celle-ci soit rédigée trois organismes sont mis en place
à afin de diriger les affaires courantes l'Union Soviétique.
C'est ainsi qu'un Conseil d'Etat réunissant
Gorbatchev et les dirigeants des Républiques est chargé de
coordonner la politique étrangère et les questions
intérieures communes aux Républiques ; un Comité
Inter Républicain doit regrouper des représentants de toutes les
Républiques pour coordonner la gestion et la réforme de
l'économie ; et un Conseil des représentants des
députés du peuple chargé d'élaborer la nouvelle
Constitution de l'Union.
Le K.G.B quant à lui, symbole du
régime communiste, est dissout le 2 octobre 1991. Tous ces
bouleversements au niveau fédéral se produisent dans toutes les
Républiques de l'Union Soviétique. Les P.C de toutes les
Républiques qui composent l'URSS sont dissouts, le 6 novembre 1991. Cet
acte de dissolution de tous les partis accélérera les mouvements
indépendantistes des différentes Républiques. Cette
élimination du parti ciment du système soviétique
entraîne le naufrage définitif de l'Union.
A la veille et à l'origine du putsch, quelques
Républiques attachées à l'Union se déclaraient
indépendantes ou revendiquaient une autonomie et une
souveraineté propre. Ce putsch manqué accélérera
l'idée d'autonomie et de liberté de ces Républiques. C'est
ainsi que toutes les Républiques de l'URSS accèdent à
l'indépendance sauf le Kazakhstan et la Russie. Mais ces
Républiques ne seraient pas économiquement viables seules et
c'est en tenant compte de ces considérations économiques que
Gorbatchev utilise le peu d'influence qui lui reste pour tenter de sauver
l'Union Soviétique. Il élabore ainsi un traité
économique qui est signé par huit Républiques
c'est-à-dire la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie,
l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et le
Turkménistan.
Pendant ce temps le Conseil d'Etat de son
côté, prépare un traité politique laissant aux
Républiques leur souveraineté et conférant au pouvoir
central uniquement la représentativité diplomatique et les
affaires militaires. Mais ce projet nouvel de l'Union ne satisfait pas et
apparaît, aux yeux de Boris Eltsine qui revendique l'héritage des
pouvoirs de l'URSS pour la Russie, comme illusoire car le nouveau parlement ne
comprend que les députés de sept Républiques. C'est alors
que l'idée de création de la C.E.I parvient à Boris
Eltsine.
2- La création de la Communauté des
Etats Indépendants (C.E.I)
Au cours de l'automne 1991 les Républiques
constituantes de l'Union Soviétique proclamaient, les unes après
les autres, leur indépendance sans que le président
Soviétique Gorbatchev n'ait la possibilité de s'y opposer par la
force. A cela s'ajoute l'échec du putsch qui a précipité
la disparition de l'URSS.
Mais c'est plus Boris Eltsine qui portera le coup de
grâce à l'URSS et à Gorbatchev toujours chef de l'Etat. En
effet le 8 décembre 1991, Boris Eltsine rencontre à Minsk dans la
capitale de la Biélorussie, les présidents de la
Biélorussie Stanislas Chouchkevitch, de l'Ukraine Leonid Kravtchouk.
« Ils constatent tous les trois que l'URSS n'a plus existence
réelle. Ils décident alors de fonder une Communauté
d'Etats Indépendants ouverte à tous les Etats de l'ancienne URSS.
C'est une Communauté d'Etat copiée sur le modèle de la
Communauté Européenne, dans le cadre de laquelle les
Républiques pourront coordonner leurs politiques, économiques et
bancaires. »95(*)Gorbatchev proteste vivement, en accusant les trois
présidents de ne pas respecter le référendum du printemps
1991, de ne pas respecter la légalité et l'obligation de
consulter le peuple.
Malgré cela, le mouvement de disparition de
l'URSS paraît désormais impossible à enrayer. Les
différents pays du bloc communiste et les pays de l'Union
Soviétique vont de plus en plus multiplier des actions
indépendantistes. C'est ainsi que « le 14
décembre 1991, les cinq Républiques d'Asie Centrale
l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et le
Turkménistan rallient la C.E.I suivies de près par
l'Arménie et la Moldavie. Le dernier Etat fidèle à l'Union
le Kazakhstan, déclare son indépendance et rejoint la
Communauté le16 décembre 1991. Le coup mortel vient le 21
décembre 1991 lors de la Conférence d'Alma-Ata au Kazakhstan
où la création de la C.E.I est officialisée par les
présidents de onze République de l'ancienne URSS. A savoir
l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, le
Turkménistan, le Kazakhstan, la Russie, l'Ukraine, la
Biélorussie, la Moldavie, l'Arménie. Lors du sommet d'Alma- Ata,
un accord fut également conclu entre les quatre puissances
nucléaires de la C.E.I la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et le
Kazakhstan sur l'instauration d'un commandement unique des forces
nucléaires stratégiques. » 96(*) Un traité sur le
commandement militaire unifié fut également signé lors de
cette conférence. Cette action des différents pays affaiblira
l'URSS de plus en plus. Le pays n'a désormais plus de citoyenneté
soviétique. La dislocation est faite. C'est donc la fin de l'URSS.
Gorbatchev est alors totalement isolé.
L'isolement va plus s'accentuer et considérer comme une grave action de
dislocation qui va pousser Mikhaïl Gorbatchev à la
démission. Lorsque « Boris Eltsine reçoit le
secrétaire d'Etat américain James Baker, lui exposant le projet
de traité militaire de la C.E.I et annonce, afin de rassurer l'Occident
et les Etats-Unis, un contrôle unique de l'armement nucléaire par
la Russie. Il en profite pour déclarer que toutes les institutions de
l'ex- URSS cesseront de fonctionner à la fin de l'année
1991. »97(*) Gorbatchev perd alors son ultime rôle de
porte-parole de la politique étrangère de son pays et prend acte
de la perte de son pouvoir. Il est le président d'Etat qui a perdu toute
son existence.
L'ultime étape de ce processus rapide de
dislocation est l'annonce de la démission de Mikhaïl Gorbatchev
à la télévision le 25 décembre 1991 en
déclarant que « la ligne du démembrement du pays
et de la dislocation de l'Etat a gagné, ce que je ne peux pas
accepter.»98(*)
Reconnaissant officiellement la mort de l'URSS, Gorbatchev transmet la mallette
nucléaire à Boris Eltsine, président de la Russie. La
Russie est donc la nation héritière de l'ex-URSS.
Ce même jour la plupart des grands pays rendent
hommage au rôle joué par Gorbatchev dans la transformation
pacifique de l'URSS. « Le 26 décembre 1991 la presse
ex-soviétique, restée fidèle à Gorbatchev, commente
cette démission et souligne la grande avancée de la
perestroïka qui leur a donnée la liberté de parole et de
pensée. »99(*)
Privée de son empire et libérée
de son carcan communiste en 1991, la Russie est néanmoins reconnue comme
Etat successeur de l'URSS sur le plan international. Elle conserve même
son statut de membre permanent du Conseil de Sécurité de
l'Organisation des Nations Unies (O.N.U).
Malgré tous les efforts entrepris par les
réformateurs pour sauver l'URSS, en instaurant la perestroïka et la
glasnost, le colosse empire soviétique n'a pu résister. Tous ces
évènements précipitèrent la fin de l'URSS. Ils
mettent en lumière les carences du diagnostic de Gorbatchev qui a sans
doute sous-estimé les velléités indépendantistes
qui n'ont cessé de s'amplifier avec la détérioration de
l'économie et l'appauvrissement de la population.
Ainsi durant toute cette période de
réforme, Gorbatchev a posé des actes positifs pour sauver l'URSS.
Il a pratiqué une politique d'ouverture sur le monde et
amélioré ses rapports avec les pays Occidentaux.
CHAPITRE II : LE RAPPROCHEMENT ENTRE L'URSS ET
LE ETATS-UNIS
Depuis le milieu des années 1970, le monde a
été plongé de plus en plus dans la crise
économique. De nouveaux foyers de tensions se sont
développés et les superpuissances ont eu des relations
difficiles. Le début des années 1980 est marqué par
l'engagement d'une nouvelle course aux armements, la détente
amorcée au début des années 1970 semble donc interrompue.
Mais l'arrivée au pouvoir de Mikhaïl
Gorbatchev en 1985 précipite les évènements.
« Mikhaïl Gorbatchev met en place une politique de
réforme pour sauver son pays souffrant déjà des
difficultés économiques, politiques et sociales, afin de refaire
son retard et rattraper les Etats-Unis. »100(*) Mikhaïl Gorbatchev opte
ainsi pour le dialogue entre l'Est et l'Ouest qui s'est
détérioré pendant longtemps dans les tensions. Il instaure
donc sa politique de réformes perestroïka (restructuration) et la
glasnost (transparence). L'URSS s'ouvre dès cet instant sur le monde et
connaît les réalités des pays Occidentaux.
A partir de cette période, le dialogue
s'intensifie subitement entre les deux grands et débouche, au
début des années 1980, sur une véritable détente
à la faveur de l'effondrement du glacis stratégique de l'Union
Soviétique. Dès lors beaucoup de conflits dus aux confrontations
Est-ouest se trouvent ainsi résolues ainsi que le désarmement des
deux blocs.
Quels sont donc les facteurs du rapprochement entre l'URSS et
l'Occident ? Quelles sont les conséquences de ce
rapprochement ?
Dans notre analyse nous tenterons de mettre ses
facteurs en exergue et ensuite de traiter des conséquences de ce
rapprochement.
I-LES RAISONS DU RAPPROCHEMENT ENTRE L'URSS ET LES
ETATS-UNIS
Les raisons sont diverses. Il y a d'abord la nouvelle
politique mise en place par Mikhaïl Gorbatchev depuis son avènement
à la tête de l'URSS et la réponse favorable du
président Ronald Reagan à la tête des Etats-Unis.
1- L'avènement de Mikhaïl Gorbatchev en
URSS
A la mort de Brejnev en 1982, l'URSS est
confrontée à une série de problèmes qu'elle se
relèvera incapable de résoudre dans le cadre du régime
communiste. « Ces problèmes sont d'ordre sociales et
surtout économiques. Ces difficultés du système
soviétique remontent à l'époque de la
collectivisation et des premiers plans quinquennaux, mais s'aggravent pendant
les années 1950 jusqu'à devenir insolubles à partir des
années 1970.»101(*)L'équipe de Brejnev a bien tenté
de redresser le pays en instaurant de nouvelles méthodes de gestion et
de planification, de responsabilités accrues aux entreprises,
d'alignement de l'agriculture sur le secteur, d'ouverture au marché
mondial, mais l'équipe ne réussira pas à freiner le
déclin de l'URSS.
A cette situation catastrophique de l'Union
Soviétique dans les années 1980, vient s'ajouter l'arrivée
au pouvoir de Ronald Reagan en 1980, un républicain conservateur,
obnubilé par le déclin américain. C'est ainsi qu'il
« veut donner de la confiance à l'Amérique et
estime qu'on ne peut négocier avec l'URSS qu'en position de force. Pour
lui l'URSS est l'empire du mal, la représentation du diable sur la terre
qu'il faut abattre. Son discours met fin au processus de la détente. Il
n'y a pas de coexistence pacifique puisqu'elle n'est profitable qu'à
l'URSS. »102(*) Ce durcissement de la politique des Etats-Unis se
confirme d'autant plus que l'URSS est confrontée par des
problèmes de succession entre 1982 et 1985 c'est-à-dire entre la
mort de Brejnev et l'arrivée de Gorbatchev. C'est donc dans cette
situation trouble de l'URSS que Ronald Reagan le président des
Etats-Unis va initier une nouvelle course aux armements contre l'URSS. Ronald
Reagan lancera l'Initiative de Défense Stratégique (I.D.S).
Son objectif était de rendre les Etats-Unis
invulnérables aux attaques de missiles nucléaires
Soviétiques. « Ce projet est d'édifier dans
l'espace un bouclier inviolable avec stations spatiales de détection et
de frappe nucléaire en vu de détruire dans l'espace tout missile
ennemi lancé contre les Etats-Unis. Il veut s'assurer une
supériorité décisive sur l'URSS par la fin de
l'équilibre de la terreur car l'URSS ne pouvant plus détruire les
Etats-Unis, ces derniers pouvant anéantir leur ennemi. »
103(*)Il voulait aussi
essouffler l'économie soviétique au cas où celle-ci
s'acharnerait à vouloir relever le défi et à s'engager sur
cette voie. Et enfin, il voulait relancer la recherche aux Etats-Unis pour
amplifier l'avance technologique. Dès lors on assiste à une
augmentation considérable du budget militaire américain. Il
atteint en 1987 295 milliards de dollars soit 29% du budget du pays.
Débute alors une course effrénée entre les Etats-Unis et
l'Union Soviétique. « Fin 1979 et début 1980 le
conseil atlantique décide d'installer dans plusieurs pays de l'O.T.A.N
(Organisation du traité de l'Atlantique Nord) des fusées Pershing
II ainsi que des missiles de croisières indétectables en vol
à très basse altitude et ultra précis. Ces fusées
prévues s'implantent en Europe dès 1983 jusqu'en 1985. Ces
missiles sont la riposte à ceux des
soviétiques. »104(*)
En effet, depuis 1977 les soviétiques ont
déployé en Europe des missiles SS 20 de moyenne portée
(1000-5000km) et d'une redoutable précision en remplacement d'anciennes
fusées SS 4 et SS 5 dépassées. Dès lors, les
Etats-Unis interviennent militairement contre l'expansion communiste dans le
monde soit par des opérations musclées comme en Grenade en 1983
soit par un soutien important contre aux mouvements communistes les contras du
Nicaragua et des Talibans Afghans.
C'est dans cette période de surenchère
américaine que Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985. Il se
rend compte qu'il ne peut pas se lancer dans cette course, faute de moyens
financiers. « Cette arrivée au pouvoir de Mikhaïl
Gorbatchev marque donc un tournant fondamental dans la diplomatie
soviétique. La raison de ce virage réside non seulement dans les
difficultés internes que rencontre l'URSS mais aussi, et surtout, dans
le fait que l'URSS n'a plus les capacités économiques et
financières de faire face à la nouvelle course aux armements
déclenchée par le Président américain Ronald
Reagan..» 105(*) C'est ainsi qu'il décide de moderniser son
pays et de tenter de faire face à l'échec économique
total. Il veut aussi donner une nouvelle image de l'URSS à
l'étranger et de réformer le régime, est devenu lourd.
C'est pourquoi il opte pour l'instauration de la politique de perestroïka
(la restructuration) et la glasnost (la transparence).
La mise en place de cette politique exige une
politique de coopération et de détente avec l'Occident. C'est
ainsi qu'il ouvre son pays sur l'extérieur et appelle de tous ses voeux
à une détente réelle entre les deux systèmes qui
s'opposent depuis 1947.
2- La réponse américaine à appel
de Gorbatchev
Cette demande de négociation de l'URSS
intervient pendant le second mandat de Ronald Reagan. Réélu en
1984 pour la seconde fois, Ronald Reagan est confronté aux limites de sa
propre politique. Le président Reagan va donc accepter cette demande de
négociation.
En effet, le réarmement qu'il engage est
très coûteux à l'administration américaine environ
5% du PNB. Cela est très lourd pour l'Etat Américain. A cette
situation financière s'ajoute les différents échecs des
Etats-Unis dans les conflits au Proche Orient. Notamment l'incapacité
des Etats-Unis à résoudre le conflit libanais et à lutter
contre le rôle déstabilisateur du Hezbollah soutenu par l'Iran et
à l'origine des prises d'otages et d'autres attentats. La perte
d'influence en Iran après l'installation de la République
Islamique. Par ailleurs l'Amérique reprend l'initiative sur les conflits
en Amérique Latine où elle reprend sa politique d'aide aux
dictatures bien peu fréquentables.
Face à toutes ces difficultés auxquelles
l'Amérique est confrontée, Ronald Reagan répond
favorablement à l'appel de Gorbatchev et peut se considérer comme
le grand vainqueur de l'épreuve de force. L'URSS demande à
négocier et s'apprête même à modifier
profondément son système politico social économique.
A ce fait, il faut affirmer que « Reagan
a voulu passer à la postérité en terminant son second
mandat par des accords importants avec l'URSS.»106(*) Ronald Reagan se transforme
ainsi en artisan de la paix mondiale.
La détente apparaît donc comme une
nécessité pour conduire à l'entente entre les des deux
grands pour résoudre les problèmes intérieurs mais aussi
les grands problèmes mondiaux. Elle permettra de résoudre les
différents problèmes au plan intérieur et au plan
extérieur des deux grands.
II-LES CONSEQUENCES DU RAPPROCHEMENT
Ces conséquences se traduisent par
l'intensification du dialogue entre l'URSS et les Etats -Unis et par la fin de
la guerre froide.
1- L'intensification du dialogue entre l'URSS et les
Occidentaux
Cette intensification du dialogue se fera d'abord par
plusieurs rencontres entre l'URSS et les Etats-Unis. A la suite de ces
rencontres suivra des accords puis le désarmement.
Dès son accession au pouvoir en 1985, Gorbatchev
renoue le dialogue avec les Etats-Unis. Il veut à tout prix diminuer
fortement les dépenses militaires que l'Union Soviétique ne peut
plus payer et l'expansion de son empire qui lui coûte très cher.
En vu d'atteindre ces objectifs plusieurs rencontres s'effectuent entre
Gorbatchev et Reagan puis Georges Bush, son vice- président élu
en 1988. Alors on assiste à une multiplication des rencontres au sommet
entre 1985 et 1989.
Les diverses conférences qui se tiennent
à cet effet eurent lieu dès 1985 à Genève en
Suisse. Cette rencontre fut la première. Cette reprise du dialogue a
permis d'envisager la tenue de d'autres sommets de ce genre. C'est ainsi qu'en
1986 au sommet de Reykjavik en Islande, les deux superpuissances adoptent le
principe de la suppression totale des euromissiles. Ils se mettent d'accord sur
la réduction de 50% des armements nucléaires offensifs
stratégiques. En décembre1987 à Washington aux Etats-Unis,
un traité est signé entre l'URSS et les Etats-Unis sur la
diminution des armes stratégiques à destruction massive. Enfin
en 1988 à Moscou en URSS est signé un traité sur la
réduction effective des armements des deux.
Ces premières rencontres eurent lieu entre
Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan. Les autres traités eurent
lieu en Mikhaïl Gorbatchev et Georges Bush nouveau président des
Etats -Unis. Ainsi nous avons les traités de Maltes en décembre
1989. Le traité porte sur le désarmement étendu aux armes
stratégiques. A cette rencontre Gorbatchev et Bush célèbre
la fin de la guerre froide. A ce traité s'ajoute celui de juillet 1991
à Moscou en URSS. C'est le traité de START I(Strategic Arms
Reduction Talks). Ce traité concerne les armes stratégiques et la
destruction de 25% à 30% des arsenaux nucléaires des deux grands.
Les Etats-Unis et l'Union Soviétique établissent ainsi un climat
de confiance propice à la signature de ces nombreux accords. Cette
attitude des deux grands aura des répercussions sur l'ensemble de la
planète.
Toutes ces rencontres ont abouti à un règlement
des conflits liés à la confrontation Est-Ouest.
En Afghanistan, l'armée soviétique,
venue pour soutenir le régime communiste de Kaboul face à la
résistance islamique soutenue par les Etats-Unis, s'est progressivement
enlisée dans une guerre sans issue. Face à un conflit qui
ressemble de plus en plus à la guerre du Viêtnam, Gorbatchev
annonce en décembre 1987 le retrait progressif de ses troupes. C'est
alors que «les derniers soviétiques quittent le sol afghan
début 1989.»107(*) Privé de son protecteur, le
régime communiste tombe en 1992. Ce pays a depuis lors sombré
dans une terrible guerre civile.
En l'Asie du Sud-est, la paix revient. Depuis 1979,
le Cambodge est ravagé par des combats qui opposent les khmers rouges
soutenus par Pékin et les vietnamiens aidés par Moscou.
L'arrêt de l'aide soviétique aux vietnamiens les conduits à
quitter le Cambodge en 1989. Cette action permet à Gorbatchev
d'effectuer un voyage officiel en Chine dans la même année. Ce
voyage de Gorbatchev a permis la normalisation des relations
sino-soviétique dégradées depuis les années1950.
L'ensemble indochinois est entré sur la voie de la pacification
après 45 ans de tensions et de guerres.
En Amérique Latine, notamment au Nicaragua la
paix fait aussi son retour. C'est le changement d'attitudes des Etats-Unis qui
permet le retour de la paix. En effet, la pression menée par le
Congrès Américain pousse le président Georges Bush
à cesser l'aide aux contras. Depuis 1979, date à laquelle le
dictateur pro-américain Somoza est renversé par les
révolutionnaires Sandinistes, une violente guerre civile ravageait le
Nicaragua. Le gouvernement Sandiniste bénéficiait du soutien des
Cubains et des Soviétiques, Washington soutient quant à lui la
rébellion menée par les contras. L'arrêt de l'aide
américaine permettra de faire des élections libres sous le
contrôle de l'O.N.U en février 1990 qui donnent la victoire
à la candidate d'Union Nationale, Violetta Chamorro, et assure le retour
au calme.
En Afrique, les Etats-Unis se sont
intéressés de plus près à ce continent
qu'après la décolonisation lorsqu'ils ont pris conscience de la
forte pénétration soviétique. La lutte d'influence
s'exerce particulièrement dans les régions stratégiques du
continent.
Notamment dans la corne africaine le rapprochement entre
l'URSS et l'Ethiopie en 1977 provoque également celui de la Somalie
voisine aux Etats-Unis. Quant à la route pétrolière du
cap, elle révèle l'importance stratégique de l'Afrique du
sud, dont le soutien par les Occidentaux à ce pays rend difficile par le
maintien du régime raciste.
C'est alors que dans ce continent nous assistons
à une régulation entre le Maroc et le Front Polisario qui
acceptent le plan de paix de l'O.N.U avec un référendum
d'autodétermination au Sahara occidental. Il y a aussi l'accord de paix
entre l'Ethiopie et le Somalie suite aux désengagements de l'Union
Soviétique aux côtés de l'Ethiopie. En 1988, le Tchad et la
Libye signent à tour leur un accord de cessez le feu proposé par
l'O.U.A. En août 1988 un accord de cessez-le feu est signé entre
l'Angola, l'Afrique du sud et le Cuba Cet accord permettra le retrait des
troupes sud africaines de la Namibie et le départ des troupes cubaines
de l'Angola. C'est ainsi qu'en 1990 la Namibie accède effectivement
à l'indépendance sous l'égide de l'O.N.U.
En Afrique du sud, on assiste à une
réconciliation de façon spectaculaire. Fréderic De Clerc
est élu président de l'Afrique du sud en septembre1989. Il entame
ainsi à une réconciliation entre les noirs et les blancs.
Fréderic de clerc va donc libérer Nelson
Mandela108(*)
leader noir anti- apartheid en février 1990. C'est le début du
démantèlement progressif de l'Apartheid109(*). Ce
démantèlement se confirme avec l'organisation d'un
référendum en mars 1992 où il y'a eu le vote des noirs
au deux tiers de Oui. Ainsi en avril 1994, la nouvelle assemblée
élit Mandela à la présidence de la République. Le
pays réintègre alors la communauté internationale.
La résolution de tous ces conflits, a
été possible grâce à la bonne compréhension
ou la bonne volonté des acteurs. Ainsi avec la fin du conflit
idéologique qui divisait le monde depuis la révolution
soviétique et qui s'était aggravé après la
deuxième guerre mondiale, les causes de la paralysie qui
débitait l'O.N.U disparaissent : son assemblée
général cesse d'être le théâtre permanent
où s'accusent mutuellement les membres et les clients des deux camps,
tandis que son Conseil de Sécurité peut enfin évaluer les
situations à leur face même sans être ligoté par la
logique de l'affrontement des blocs et idéologiques. C'est ainsi que
l'O.N.U réussi dans la crise de la Namibie, au Sahara occidental etc...
Tous ces évènements dans les rapports
entre l'URSS et les Etats-Unis aboutiront à la fin de la confrontation
Est-Ouest.
2- La fin de la guerre froide
La disparition de la guerre froide a eu lieu durant
les années 1989-1991 avec l'effondrement des régimes communistes
de l'Europe de l'Est. En effet, durant la deuxième moitié de
l'année 1989, une série de révolutions non violentes
jetera bas les régimes communistes. L'empire soviétique en Europe
de l'Est s'est brusquement effondré.
En Pologne en 1989, le syndicat solidarité
est légalisé et Walesa est nommé premier ministre. C'est
la première fois depuis la seconde guerre mondiale qu'un non communiste
rentre au gouvernement. Dans la même année de 1989, la Hongrie
décide de l'ouverture du rideau de fer. Cet acte va donc entraîner
un exode massif des allemands de l'Est vers la RFA un mois après la
chute du mur de Berlin, Bush et Gorbatchev proclament officiellement la fin de
la guerre froide à Malte ou ils s'entendent sur un désarmement
étendu aux armes stratégiques. Les décisions en faveur de
l'amélioration des relations entre l'URSS et les Etats-Unis se
multiplient.
Enfin, la fin du rideau de fer permet le rapprochement
des deux Europes. En novembre 1990, les 34 membres de la C.S.C.E
(Conférence sur la Sécurité, et la Coopération en
Europe) ratifient un plan de réduction massive des armements
conventionnels qui comporte la destruction de plus 100 000 pièces
allant des chars aux avions et aux hélicoptères de combat. Les
Occidentaux mettent en place, en avril 1991 la B.E.R.D (Banque
Européenne pour la Construction et le Développement) afin de
venir en aide aux nouvelles démocraties. Cette aide permettra à
favoriser les investissements dans les ex-démocraties populaires afin
d'accélérer la reconstruction de ces pays. Dès lors,
plusieurs pays de l'Est demandent leur adhésion à l'O.T.A.N et
à l'Union Européenne, notamment la Pologne.
Avec les élections libres organisées
dans les années 1990 dans tous les pays d'Europe de l'Est où les
réformateurs ont gagné. Ils vont donc demander le retrait des
troupes soviétiques installer dans leur pays. C'est alors qu'en juin et
juillet 1991 le C.A.E.M (le Conseil d'Assistance Economique et
Monétaire) et le Pacte de Varsovie sont dissouts. La disparition de ces
deux organes chers à l'Union Soviétique vient pour confirmer
l'effondrement du bloc de l'Est et de l'URSS. L'O.T.AN reste alors le seul
organe. C'est la fin donc de la division du monde en deux.
Le rapprochement entre les deux grands au milieu des
années 1980, a permis au monde de retrouver la paix et
l'émancipation des peuples opprimés. Ainsi la décennie
1990 apparaît donc comme une période de transition dans les
relations internationales.
CONCLUSION GENERALE
Durant les cinquante dernières
années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, le monde s'est
organisé autour de deux idéologies différentes.
L'idéologie communiste est incarnée par l'URSS tandis que
l'idéologie capitaliste est incarnée par les Etats-Unis.
Dès cet instant la politique internationale
tournera autour de ces deux idéologies. L'Europe deviendra alors l'enjeu
de leurs rivalités et s'étendra sur toute la planète.
L'URSS s'impose à toute la partie Orientale tandis que les Etats-Unis
s'imposeront à la partie Ouest de l'Europe. Cette situation divisera le
monde idéologiquement en deux pendant plusieurs décennies.
Le modèle soviétique qui repose sur la
dictature de Moscou qui est le leader incontesté du bloc communiste
alors que le modèle américain repose sur le libre choix et la
libre expression des populations dans les affaires courantes du pays. Le
modèle soviétique qui était inviolable sous Staline est
contesté après 1956. Le pays entre dans une stagnation sous
Brejnev qui est caractérisé par un immobilisme politique.
L'Union Soviétique au début des années 1980,
connaîtra des évolutions contradictoires. Le système de
croissance extensive fondé sur le gaspillage des ressources
privilégiant la croissance rapide et visible, mais négligeant les
infrastructures et l'environnement atteints ses limites. Le coût
élevé du rayonnement de l'URSS, la course aux armements, le
soutien aux pays frères, et le conflit afghan pèseront sur le
niveau de vie de la population.
Face à la stagnation de la vie, les
Soviétiques réagissent à leur manière. Le travail
au noir se développe. L'initiative individuelle renaît dans
l'économie parallèle, et souvent corrompue, qui remédie
aux pénuries du quotidien. Derrière la façade
idéologique officielle se développe une culture parallèle.
Jamais le contraste n'a été aussi grand entre l'image officielle
donnée par l'URSS et des réalités économiques
sociales qui appellent des changements urgents. C'est ainsi qu'à la mort
de Brejnev en 1982, l'URSS fut confrontée à un problème de
succession ou en trois ans, les successeurs de Brejnev sont morts parce que
trop vieux. C'est alors qu'en mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev arrive au
pouvoir.
Dès son arrivée au pouvoir, Gorbatchev
constate que son pays est confronté à une crise aiguë. Cette
crise est avant tout économique mais également morale et
sociale. Il qualifie les années de Brejnev comme une période de
stagnation, ce qui montre que le modèle soviétique de croissance
extensive, basée sur les ressources en main-d'oeuvre et les
investissements, a épuisé ses potentialités. En effet,
depuis le début des années 1960, la croissance économique
ne cesse de ralentir, puis de stagner. Tout le système soviétique
est très dégradant. C'est au vu de ce constat que Mikhaïl
Gorbatchev décide de transformer l'économie de son pays pour
éviter la catastrophe et refaire le retard accusé sur les
Etats-Unis.
C'est à ce moment qu'il lance sa politique
de réformes que sont la perestroïka (restructuration) et
la glasnost (transparence). En lançant ses réformes, il
voulait une rupture avec le passé c'est-à-dire la
création d'une économie mixte dans laquelle le secteur d'Etat
serait redynamisé par la présence de secteur privé et
coopératif ; induisait aussi une transition délicate pour un
système rangé par les contradictions internes. Gorbatchev voulait
aussi alléger l'URSS du poids très lourd de son empire et de sa
rivalité avec l'ennemi de toujours, les Etats-Unis. Malgré de
tels accomplissements, Gorbatchev ne put sauver son pays. Car il avait
hérité d'un bateau ébréché de tous bords qui
prenait l'eau de partout et qui était voué au naufrage. Il ne
pouvait plus rien faire, l'Union était condamnée quoi qu'il fasse
à nourrir.
Mais, il réussit la démocratisation de
la vie politique qui s'est appuyée sur la transparence. Ces
réformes ont aussi permis de redéfinir la politique
extérieure et de diminuer ses responsabilités mondiales. La
perestroïka et la glasnost ont permis à la population d'avoir la
libre expression et de pouvoir connaître les exaltions du passé.
Il a aussi libéré les milliers de dissidents.
Malgré toutes ces reformes engagées par
Gorbatchev, l'économie soviétique se dégradait très
sensiblement. Les pénuries dans le ravitaillement de la population, les
grèves et les troubles sociaux se multiplient de plus en plus en URSS.
Tout ceci parce que Gorbatchev a « désorganisé
les rouages traditionnels sans les remplacer par des
nouveaux.»110(*)Autrement dit, l'économie s'est
retrouvé sans plan ni marché, situation intermédiaire et
intenable. Les prix ont flambé, et ces inégalités-
là, largement plus visibles que les avantages en nature dont jouit la
nomenklatura, ont rendu la perestroïka impopulaire.
Par ailleurs de nombreux problèmes ne
permettront pas à la perestroïka d'obtenir le résultat ou le
succès qu'elle espérait. Les causes de son échec sont
nombreuses et se situent à plusieurs niveaux. Nous avons les membres
du P.C qui étaient divisés en deux groupes les conservateurs et
les réformateurs radicaux. Les conservateurs sont les dignitaires de
l'armée, de la police, l'administration, du parti et de la nomenklatura
qui s'opposaient aux réformes, car ils craignaient la perte de
leurs privilèges et des honneurs qu'ils recevaient. Les conservateurs
pensaient aussi que les réformes de Gorbatchev étaient une
liquidation du communisme. A ceux là s'ajoute les réformateurs
radicaux qui voulaient une application rapide des reformes.
Cependant Gorbatchev ne voulait pas bouleverser le
régime. Mais voulait être fidèle aux principes
léninistes. La perestroïka et la glasnost avaient
pour but de donner une meilleure image du pouvoir soviétique et de
réconcilier le parti et la société d'où les
hésitations dans ces prises de décisions. La forte bureaucratie,
l'incertitude ou l'incrédibilité d'une partie de la population ou
encore l'émergence des nationalités ont tous concouru à
des degrés divers à l'échec des réformes de
Gorbatchev.
Le changement de la politique intérieure et
extérieure de l'Union Soviétique, a permis à Gorbatchev de
revoir ses rapports avec les pays du monde communiste et de se rapprocher des
Occidentaux. En effet, cette nouvelle attitude permettra à partir des
années 1989-1991 à l'accession à l'indépendance des
pays qui composaient l'URSS et même à la chute du mur de Berlin le
9 novembre 1989 sans que Gorbatchev ne puisse intervenir. Ce qui a
favorisé l'éclatement du bloc de l'Est et la disparition de
l'Union Soviétique définitivement de la planète.
La politique extérieure de l'URSS change aussi
et le pays se rapproche des pays Occidentaux notamment avec les Etats-Unis leur
plus grand rival. Plusieurs rencontres leurs permettent de réduire les
armes nucléaires et apporté la paix sur la planète. Elle
s'est matérialisée par le désengagement progressif des
deux grands dans les conflits dans lesquels ils sont engagés directement
ou indirectement. C'est ainsi que l'URSS qui est beaucoup affectée par
la crise de son système réduit son aide au tiers monde et aux
mouvements communistes dans le monde. Les organisations qui constituent le
socle même du bloc communiste le CAEM et le Pacte de Varsovie sont
dissouts laissant ainsi l'OTAN, l'organisation occidentale seule sur la
scène internationale. Plusieurs pays du bloc de l'Est demandent alors
l'intégration dans les structures mondiales et européennes. La
clé finale de cette désintégration est la démission
de Mikhaïl Gorbatchev le 25 décembre 1991. Les Etats-Unis restent
alors les seuls maîtres du monde.
Notons que les années 1990 apparaissent comme
une période de transition dans les relations internationales. Le bloc
communiste disloqué laisse la voie au monde capitaliste. Le monde est
donc à la recherche d'un nouvel ordre international. La Russie devient
l'héritière de l'ex-URSS. Elle rentre alors dans une
période de transition au plan international. Quel rôle jouera la
Russie dans les relations internationales?
SOURCES
APPEL DU COMITE POUR L'ETAT D'URGENCE DE
L'URSS
En cette heure pénible, critique pour les
destinées de notre patrie et de nos peuples, nous vous lançons un
appel ! Notre grande patrie est menacée d'un danger de mort !
La politique de réformes lancée à l'initiative de
Mikhaïl Gorbatchev est conçue comme le moyen de garantir un
développement dynamique du pays et la démocratisation de la vie
sociale, est tombée dans l'impasse pour certaines raisons.
L'enthousiasme et les espérances des premiers jours ont
cédé la place à l'absence de confiance, à l'apathie
et au désespoir. Le pouvoir s'est aliéné la confiance
populaire à tous les niveaux. L'esprit politicien a évincé
de la vie sociale le souci des destinées de la patrie et du citoyen.
Toutes les institutions d'Etat commencent à être bafouées
de manière pernicieuse. De fait, le pays est devenu ingouvernable.
Des forces extrémistes ont émergé
à la faveur des libertés accordées et ont foulé aux
pieds les premiers germes de la démocratie, afin de tenter de liquider
l'Union Soviétique, de démanteler l'Etat et de prendre le pouvoir
à tout prix. Les résultats du référendum national
sur l'unité de la patrie ont été aux pieds. La
spéculation cynique sur les sentiments nationaux n'est qu'un
écran pour satisfaire des ambitions. Les aventuriers politiques ne se
soucient ni des malheurs traversés actuellement par les peuples, ni de
leur avenir. En créant une situation de terreur politique et morale et
en cherchant à se cacher derrière le bouclier de la confiance
populaire, ils oublient que les liens qu'ils dénoncent et qu'ils rompent
avaient été établis sur la base d'un soutien populaire
bien plus large et qui, d'ailleurs, étaient passés par
l'épreuve séculaire de l'histoire. Ceux qui cherchent en fait,
aujourd'hui, à renverser le régime constitutionnel doivent
répondre devant les mères et les pères des nombreuses
victimes inter-ethniques. Ils ont sur la conscience les destinées
mutilées de plus d'un demi-million de refugiés. Ils ont
troublé la paix et la joie de vivre de dizaines de milliers de
Soviétiques qui, hier encore, vivaient unis dans leurs familles et qui,
aujourd'hui, sont devenus des parias dans leur propre demeure.
C'est au peuple de décider du régime
constitutionnel à adopter et on a tenté de le priver de ce
droit.
Au lieu de se soucier de la sécurité et du
bien- être de chaque citoyen et de toute la société, les
gens portés au pouvoir utilisent souvent ce dernier dans les
intérêts étrangers au peuple et comme un moyen
d'auto-affirmation ne reposant sur aucun principe. Les flots de paroles et les
montagnes de déclarations et de promesses ne font qu'accentuer le peu
d'actes concrets. L'inflation du pouvoir, plus redoutable que toute autre
inflation, mine notre Etat, notre société. Chaque citoyen
éprouve une certitude croissante en l'avenir, une profonde
inquiétude au sujet de l'avenir de ses enfants.
La crise du pouvoir a eu un impact catastrophique sur
l'économie. Le glissement vers le marché, chaotique et
spontané, a provoqué une explosion d'égoïsme
régional, corporatiste, collectif et personnel. La guerre des lois et
l'encouragement des tendances centrifuges ont provoqué le
dysfonctionnement d'un mécanisme économique unique qui date de
plusieurs décennies. Il s'en est suivi une baisse brutale du niveau de
vie de la majeure partie des Soviétiques, la prospérité de
la spéculation de l'économie parallèle. Il est grand temps
de dire la vérité à la population: si des mesures urgentes
et énergétiques ne sont pas prises pour stabiliser
l'économie, nous serons inévitablement placés, et dans un
avenir très proche, devant la famine et un nouvel appauvrissement,
situation d'où ne sont pas les manifestations massives de
mécontentement spontané, lourdes de conséquences
dévastatrices. Seuls les gens irresponsables peuvent espérer une
aide de l'étranger. Aucune aumône ne résoudra nos
problèmes, notre salut est entre nos propres mains. Le temps est venu de
juger la crédibilité de chaque homme et de chaque organisation en
fonction de son apport réel au redressement et au développement
de l'économie nationale.
Depuis de nombreuses années, nous entendons de
tous côtés des déclarations sur l'attachement aux
intérêts de l'homme, le souci de ses droits, la protection
sociale. Mais, en fait, l'homme a été humilié,
bafoué dans ses droits et possibilités réelles et
plongé dans le désespoir.
Toutes les institutions démocratiques
créées par la volonté du peuple ont perdu, à nos
yeux, prestige et efficacité, ce qui résulte des actions
libérées de ceux qui, en violant grossièrement la Loi
fondamentale de l'URSS, commettent pratiquement un coup d'Etat
anticonstitutionnel et cherchent à accéder à une dictature
personnelle illimitée. Des préfectures, des mairies et d'autres
structures illégales ne cessent de remplacer ouvertement les Soviets
élus par le peuple.
Une offensive a été lancée contre
les droits des travailleurs. Le droit du travail, à l'enseignement,
à la santé publique, au logement et au repos est mis en cause.
Même la sécurité personnelle
élémentaire des gens est de plus en plus menacée. La
criminalité augmente rapidement, s'organise et se politise. Le pays
plonge dans un gouffre de violence, qui met en péril la santé et
la vie des générations futures, n'a jamais connu dans l'histoire
du pays une telle envergure. Des millions de personnes exigent que des mesures
soient prises contre une criminalité tentaculaire et une
immoralité inqualifiable flagrante.
La déstabilisation de la situation politique
et économique, qui s'aggrave en Union soviétique, compromet nos
positions dans le monde. Des notes revanchardes commencent à retentir
ici et là, on exige de réviser nos frontières. On appelle
même à démembrer l'Union Soviétique et à
établir une tutelle internationale sur certains ouvrages et
régions de notre pays. Telle est la réalité amère.
Hier encore, un Soviétique qui se retrouvait à l'étranger
se sentait le digne citoyen d'un Etat influent et respectable. Aujourd'hui, il
est un étranger de seconde catégorie et se heurte à des
attitudes de mépris ou de compassion.
La fierté et l'honneur de l'homme
soviétique doivent être rétablis dans toute leur
plénitude.
Pleinement conscient de la gravité de la crise qui
affecte notre pays,le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence prend sur lui
la responsabilité de l'avenir de la patrie et se déclare tout
à fait résolu à prendre les mesures les plus
sérieuses pour faire sortir le plus vite possible l'Etat et la
société de la crise.
Nous promettons d'organiser une large consultation du peuple
tout entier sur le projet de nouveau Traité de l'Union. Chacun aura le
droit et la possibilité de réfléchir, dans un climat
serein, à cet acte extrêmement important et d'arrêter sa
position en la matière, car le sort de nombreux peuples de notre grande
partie dépendra de l'avenir de l'Union.
Nous entendons rétablir sans délai la
légalité et l'ordre légal, mettre fin à l'effusion
de sang, déclarer une guerre sans merci au monde de la
criminalité et extirper les phénomènes honteux qui
discréditent notre société et qui humilient les citoyens
soviétiques. Nous nettoierons les rues de nos villes des
éléments criminels et nous mettrons à l'arbitraire des
pilleurs des biens du peuple
Nous nous prononçons pour de réels
processus démocratiques et pour une politique conséquente de
réformes conduisant à un renouveau de notre patrie, à une
prospérité économique et sociale qui rendra capable
d'occuper une place digne dans la communauté internationale des
nations.
Le développement du pays ne doit pas passer par
la baisse du niveau de vie de la population. L'amélioration constante du
niveau de vie de tous deviendra la norme dans une société saine.
Sans négliger le renforcement et la protection des
droits de l'individu, nous concentrerons notre attention sur la défense
des intérêts des couches les plus vastes de la population, de ceux
qui ont été tout particulièrement touché par
l'inflation, par la désorganisation de la production, la corruption et
la criminalité.
Tout en développant les multiples modes de
production dans le domaine de l'économie nationale, nous soutiendrons
l'entreprise privée en lui accordant les possibilités
nécessaires au développement de la production et des services.
Notre premier souci sera le règlement des
problèmes alimentaires et locatifs. Toutes les forces disponibles seront
mobilisées pour satisfaire ces besoins vitaux du peuple.
Nous appelons les ouvriers, les paysans, les
travailleurs intellectuels, tous les soviétiques à
rétablir, dans les plus brefs délais, la discipline au travail et
l'ordre, à relever le niveau de la production pour aller
résolument de l'avant. Notre vie, l'avenir de nos enfants et de nos
petits-enfants, l'avenir de notre patrie en dépendent.
Nous sommes un pays épris de paix et nous nous
engageons à respecter scrupuleusement tous nos engagements. Nous n'avons
aucune prétention à l'égard de quiconque. Nous voulons
vivre avec tous dans la paix et de l'amitié. Mais nous déclarons
fermement que personne ne sera jamais autorisé à attenter
à notre souveraineté, à notre indépendance et notre
intégrité territoriale. On coupera énergiquement court
à toute tentative de parler à notre pays en termes de diktat,
d'où que cela vienne.
Des siècles de rang, notre peuple multinational
a vécu, fier de sa patrie, nous n'avions pas hontes de nos sentiments
patriotiques, et nous estimons naturel et légitime d'élever dans
cet esprit les générations présentes et à venir de
notre grande puissance.
Ne rien faire en cette heure critique pour les
destinées de notre patrie signifierait endosser une
responsabilité lourde de conséquences tragiques, vraiment
imprévisibles. Quiconque chérit sa patrie, veut vivre et
travailler dans la sérénité et la certitude, ne veut plus
que se poursuivent les conflits interethniques, voit son avenir dans une patrie
indépendante et prospère, doit faire le choix juste. Nous
appelons tous les vrais patriotes, les gens de bonne volonté à
mettre fin à cette période trouble.
Nous appelons tous les citoyens de l'Union
Soviétique à prendre conscience leur devoir vis-à-vis de
la patrie et à apporter tout le soutien nécessaire du
Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence et aux efforts entrepris pour le
pays de la crise.
Les propositions constructives provenant des
organisations politiques et sociales, des collectifs de travailleurs et des
citoyens seront acceptées avec reconnaissance en tant que manifestation
de leur volonté patriotique agir énergiquement afin de
rétablir l'amitié séculaire au sein de la famille unie des
peuples frères, et de faire renaître la patrie.
Le Comité
d'Etat pour l'Etat d'Urgence en URSS
Source : histoire secrète d'un coup d'Etat,
PP.276-280
RESOLUTION DU COMITE D'ETAT POUR L'ETAT
D'URGENCE EN URSS
Afin de défendre les
intérêts vitaux des peuples et des citoyens de l'Union des RSS,
l'indépendance et l'intégrité territoriale du pays, de
rétablir la légalité et l'ordre légal, de
stabiliser la situation, de surmonter la très grave crise, et de ne pas
laisser s'installer le chao, l'anarchie et une guerre civile fratricide, le
Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence décide que :
1-Tous les organes du pouvoir et l'administration de
l'URSS, des républiques fédérées et autonomes, des
territoires, des districts, des villes, des régions, des
localités, et des villages garantissent le strict respect du
régime de l' l'Etat d'Urgence conformément à la Loi de
l'Union des RSS « Sur le régime juridique de l'Etat
d'Urgence» et aux résolutions du Comité d'Etat pour l'Etat
d'Urgence en URSS. En cas d'incapacité à garantir
l'exécution de ce régime, les pleins pouvoirs des organes du
pouvoir et l'administration correspondants sont suspendus et l'exercice de
leurs fonctions est confié à des personnes spécialement
mandatées par le Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence en URSS.
2-Les structures du pouvoir et de l'administration, les
formations paramilitaires agissant au mépris de la Constitution et des
lois de l'URSS sont dissoutes immédiatement sans délai.
3-Les lois et les décisions des organes du
pouvoir et de l'administration contrevenant à la Constitution et aux
lois de l'URSS sont dorénavant considérées comme nulles et
non avenues.
4-L'activité des partis politiques, des
organisations sociales et des mouvements de masse empêchant la
normalisation de la situation est suspendue.
5- Dans la mesure où le Comité d'Etat pour
l'Etat d'Urgence en URSS prend provisoirement en charge les fonctions du
Conseil de sécurité de l'URSS, l'activité de ce dernier
est suspendue.
6- Les citoyens, établissements et organisations
sont tenus de remettre immédiatement toutes les armes à feu,
munitions, explosifs, matériel et équipements militaires qu'ils
détiennent illégalement. Le Ministère de la Défense
de l'URSS, le Ministère de l'Intérieur et le KGB garantissent la
stricte application de cette exigence. En cas de refus, il faut confisquer ce
matériel par contrainte et engager une responsabilité
pénale et administrative sévère à l'encontre des
contrevenants.
7-La procurature, le Ministre des Affaires
intérieures, le KGB et le Ministre de la Défense de l'URSS
organisent une interaction efficace des organes juridiques et des forces
armées en vue d'assurer la protection de l'ordre public et la
sécurité de l'Etat, de la société et des citoyens
conformément à la Loi de l'URSS « Sur le
régime de l'Etat d'Urgence » et aux résolutions du
Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence en URSS.
8-Les meetings, les défilés de rue, les
manifestations ainsi que les grèves sont interdits.
En cas de nécessité, il faut
décréter le couvre-feu, effectuer des patrouilles sur le
territoire, effectuer des contrôles, prendre des mesures pour renforcer
le régime frontalier et douanier.
Il faut placer sous contrôle et, si
nécessaire, sous protection, les principaux ouvrages de l'Etat et les
principaux ouvrages économiques, ainsi que les systèmes de
survie.
Il faut barrer résolument la route à la
diffusion de rumeurs provocatrices, aux actes de natures à provoquer des
violations de l'ordre légal et attiser la haine interethnique, ainsi
qu'à l'insoumission aux fonctionnaires qui assurent le respect du
régime de l'Etat d'Urgence.
Il faut établir un contrôle sur les grands
moyens d'information, en chargeant un organisme spécialement mis en
place auprès du Comité d'Etat pour l'Etat d'Urgence en URSS de
veiller à son application.
9-Les organes du pouvoir et de l'administration, les
dirigeants des établissements et des administrations prennent les
mesures pour renforcer l'organisation, rétablir l'ordre et la discipline
dans tous les domaines de la vie sociale. Ils assurent le fonctionnement normal
de toutes les entreprises dans tous les secteurs de l'économie sociale,
appliquent rigoureusement les mesures destinées à
préserver et à rétablir, durant la période de
stabilisation, les liens verticaux et horizontaux entre les sujets
économiques sur l'ensemble du territoire de l'URSS, font respecter
scrupuleusement les plans établis de productions, de livraisons de
matières premières, de matériaux et composants.
Il faut instaurer et maintenir un régime
d'économie rigoureuse des moyens matériels et techniques ainsi
que des devises, élaborer et mettre en oeuvre des mesures
concrètes pour lutter contre l'incurie et le gaspillage des biens du
peuple.
Il faut lutter énergiquement contre
l'économie parallèle, appliquer invariablement des mesures de
responsabilité pénale et administrative dans les cas de
corruption, de viol, de spéculation, de refus frauduleux de vente,
d'incurie et dans tout autre cas de crime économique.
Il faut réunir les conditions susceptibles
d'accroître l'apport réel de toutes les réformes
d'entreprises, développés en conformité avec les lois de
l'Union des RSS, potentiel économique du pays et à la garantie de
besoins vitaux de la population.
10- Il faut considérer comme incompatible le
cumul de fonctions permanentes au sein des structures du pouvoir et de
l'administration avec les activités d'entreprise.
11-Le cabinet des ministres de l'URSS procède,
dans un délai d'une semaine, à l'inventaire de toutes les
ressources alimentaires et articles industriels de première
nécessité disponible et informe le peuple des biens dont dispose
le pays. Il établit un contrôle extrêmement strict afin d'en
assurer la protection et la distribution.
Il faut lever toutes les restrictions faisant obstacle
à l'acheminement sur le territoire de l'URSS des denrées
alimentaires et des produits de consommation courante, ainsi que des
matières premières nécessaires à leur production.
L'application de cette disposition fera l'objet d'un contrôle
rigoureux.
Une attention particulière sera accordée
au ravitaillement en priorité des crèches, jardins d'enfants,
orphelinats, établissements scolaires et universitaires, hôpitaux,
ainsi que des retraités et invalides.
Des propositions seront faites, dans un délai
d'une semaine, concernant le réajustement, le gel et la réduction
des prix de certains produits alimentaires et industriels, en premier lieu des
aliments pour enfants, des services courants et de la restauration publique,
concernant également l'augmentation des salaires, retraites, allocations
et compensations versés aux différentes catégories de la
population.
Il faut dans un délai de quinze jours
élaborer des mesures concernant le réajustement des salaires des
dirigeants de tous niveaux travaillant dans l'administration, les
établissements publics, les coopératives et autres entreprises et
sociétés.
12-Compte tenu de la situation critique de la
récolte et la menace de faim, des mesures exceptionnelles seront
adoptées en vue d'organiser le stockage et la transformation des
produits agricoles. Il faut accorder aux agriculteurs toute l'aide possible en
machines, pièces de rechanges, carburants et lubrifiants, etc. Il faut
assurer dans l'immédiat l'envoi à la campagne, en
quantités suffisantes, d'ouvriers et employés des entreprises et
sociétés, d'étudiants et de soldats.
13-Le cabinet des ministres de l'URSS élabore,
dans un délai d'une semaine, un arrêté prévoyant
l'octroi en 1991-1992 à tous les citadins qui le souhaitent des lopins
de 0,15 ha pour entretenir un jardin ou un potager.
14- Le Cabinet des ministres de l'URSS s'achève,
dans un délai de quinze jours, l'élaboration de mesures urgentes
pour combattre la crise dans le complexe énergétique et
préparer l'hiver.
15-Pour 1992 des mesures seront élaborées
et communiquées au peuple, dans un délai d'un mois, en vue
d'améliorer considérablement la construction de logements et
accroître le parc locatif.
Un programme concret, échelonné sur cinq
ans sera élaboré, dans un délai de six mois,
prévoyant l'accélération de la construction de logements
d'Etat, les coopératives ou les particuliers.
16-Les organes du pouvoir et de l'administration, tant
au centre que localement, accordent la priorité aux besoins sociaux de
la population. Il faut trouver des moyens susceptibles d'améliorer
nettement l'assistance médicale et l'enseignement public gratuit.
Source : histoire
secrète d'un coup d'Etat, PP.282-285
Discours de démission de Mikhaïl
Gorbatchev le
25 décembre 1991
Dans une allocution à la télévision,
Mikhaïl Gorbatchev annonce sa démission. Le lendemain, l'URSS est
formellement dissoute
Chers compatriotes, chers concitoyens.
En raison de la situation qui prévaut
actuellement, je mets fin à mes fonctions de président de l'URSS.
En cette heure difficile, pour moi et pour tout le pays, alors qu'un grand Etat
cesse d'exister, je reste fidèle à mes principes, qui m'ont
inspiré dans la défense de l'idée d'une nouvelle union.
J'ai défendu fermement l'autonomie,
l'indépendance des peuples, la souveraineté des
républiques. Mais je défendais aussi la préservation d'un
Etat de l'Union, l'intégrité du pays. Les
évènements ont pris une tournure différente. La ligne de
démembrement du pays et la dislocation de l'Etat a gagné, ce que
je ne peux accepter car j'y vois de grands dangers pour nos peuples et pour
toute la communauté mondiale. Et après la rencontre d'Alma-Ata,
ma position sur ce sujet n'a pas changé.
Néanmoins, je ferai tout mon possible pour que
les accords qui y ont été signés conduisent à une
entente réelle dans la société et facilitent la sortie de
la crise et le processus des réformes. Je veux encore une fois souligner
que, durant la période de transition, j'ai tout fait de mon
côté pour préserver un contrôle sûr des armes
nucléaires.
M'adressant à vous pour la dernière fois
en qualité de président de l'URSS, j'estime indispensable
d'exprimer mon évaluation du chemin qui a été parcouru
depuis 1985. D'autant qu'il existe sur cette question beaucoup d'opinions
contradictoires, superficielles et non objectives. Le destin a voulu qu'au
moment où j'accédais aux plus hautes fonctions de l'Etat, il
était déjà clair que le pays allait mal. Tout ici est en
abondance : la terre, le pétrole, le gaz, le charbon, les
métaux précieux, d'autres richesses naturelles, sans compter
l'intelligence et les talents que Dieu ne nous a pas comptés, et
pourtant nous vivons bien plus mal que dans les pays développés,
nous prenons toujours plus de retard par rapport à eux.
La raison en était déjà
claire : la société étouffait dans le carcan d'un
système administratif de commande. Condamnée à servir
l'idéologie et à porter le terrible fardeau de la militarisation
à outrance, elle était à la limite du supportable. Toutes
les tentatives de réforme partielle -et nous en avons eu beaucoup- ont
échoué l'une après l'autre. Le pays perdait ses objectifs.
Il n'était plus possible de vivre ainsi. Il fallait tout changer
radicalement.
C'est pourquoi je n'ai pas regretté une seule
fois de ne pas m'être servi du poste de secrétaire
général du Parti communiste de l'Union soviétique
uniquement pour "régner" quelques années. Je l'aurais jugé
irresponsable et amoral.
Je comprenais qu'entamer des réformes d'une telle
envergure et dans une société comme la nôtre était
une oeuvre de la plus haute difficulté et, dans une certaine mesure,
risquée. Mais il n'y avait pas de choix. Aujourd'hui encore je suis
persuadé de la justesse historique des réformes
démocratiques entamées au printemps 1985. Le processus de
renouvellement du pays et de changements radicaux dans la communauté
mondiale s'est avéré beaucoup plus ardu qu'on aurait pu le
supposer. Néanmoins, ce qui a été fait doit être
apprécié à sa juste valeur.
La société a obtenu la liberté,
s'est affranchie politiquement et spirituellement. Et ceci constitue la
conquête principale, encore insuffisamment appréciée, sans
doute parce que nous n'avons pas encore appris à nous en servir. Mais
aussi parce que le chemin de la liberté, que nous avons emprunté
il y a six ans, s'est avéré épineux, incroyablement
difficile et douloureux.
Néanmoins, une oeuvre d'une importance
historique a été accomplie : le système totalitaire,
qui a privé le pays de la possibilité qu'il aurait eue depuis
longtemps de devenir heureux et prospère, a été
liquidé. Une percée a été effectuée sur la
voie des transformations démocratiques. Les élections libres, la
liberté de la presse, les libertés religieuses, des organes de
pouvoir représentatifs et le multipartisme sont devenus une
réalité. Les droits de l'homme sont reconnus comme le principe
suprême. La marche vers une économie multiforme a commencé,
l'égalité de toutes les formes de propriété
s'établit. Dans le cadre de la réforme agraire, la paysannerie a
commencé à renaître, le fermage est apparu, des millions
d'hectares sont distribués aux habitants des villages et des villes. La
liberté économique du producteur est entrée dans la loi,
la liberté d'entreprendre, la privatisation et la constitution de
sociétés par actions ont commencé à prendre forme.
En dirigeant l'économie vers le marché,
il est important de rappeler que le pas est franchi pour le bien de l'individu.
Dans cette époque difficile, tout doit être fait pour sa
protection sociale. Nous vivons dans un nouveau monde : la "guerre froide"
est finie, la menace d'une guerre mondiale est écartée, la course
aux armements et la militarisation insensée qui ont
dénaturé notre économie, notre conscience sociale et notre
morale sont stoppées. Nous nous sommes ouverts au monde, nous avons
renoncé à l'ingérence dans les affaires d'autrui, à
l'utilisation des forces armées en dehors du pays. En réponse,
nous avons obtenu la confiance, la solidarité et le respect.
Nous sommes devenus un des piliers principaux de la
réorganisation de la civilisation contemporaine sur des principes
pacifiques et démocratiques. Les peuples, les nations ont obtenu une
liberté réelle pour choisir la voie de leur
autodétermination. Les efforts pour réformer
démocratiquement l'Etat multinational nous ont conduits tout près
de la conclusion du nouvel accord de l'Union.
Tous ces changements ont provoqué une
énorme tension, et se sont produits dans des conditions de lutte
féroce, sur un fond d'opposition croissante des forces du passé
moribond et réactionnaire, des anciennes structures du parti et de
l'Etat et de l'appareil économique, ainsi que de nos habitudes, de nos
préjugés idéologiques, de notre psychologie nivellatrice
et parasitaire. Ils se sont heurtés à notre intolérance,
au faible niveau de culture politique et à la crainte des changements.
Voilà pourquoi nous avons perdu beaucoup de temps.
L'ancien système s'est écroulé
avant que le nouveau ait pu se mettre en marche. Et la crise de la
société s'est encore aggravée. Je connais le
mécontentement qu'engendre l'actuelle situation difficile, les critiques
aiguës exprimées à l'encontre des autorités à
tous les niveaux et à l'égard de mon action. Mais je voudrais
souligner encore une fois : des changements radicaux, dans un pays si
grand et avec un tel héritage, ne peuvent se dérouler sans
douleur, sans difficultés et sans secousses.
Le putsch d'août a poussé la crise
générale jusqu`à ses limites extrêmes. Le pire dans
la crise est l'effondrement de l'Etat. Et après la rencontre d'Alma-Ata,
je demeure inquiet. Je suis inquiet de la perte pour nos compatriotes de la
citoyenneté d'un grand pays, un fait dont les conséquences
peuvent se révéler très graves pour tous. Conserver les
conquêtes démocratiques de ces dernières années est
pour moi d'une importance vitale. Elles sont le fruit douloureux de notre
histoire. On ne peut y renoncer sous aucun prétexte. Dans le cas
contraire, tous les espoirs d'un avenir meilleur seraient enterrés.
Je parle de tout cela avec honnêteté et
franchise. C'est mon devoir moral. Je veux exprimer ma reconnaissance à
tous les citoyens qui ont soutenu la politique de renouvellement du pays, qui
se sont impliqués dans la mise en oeuvre des réformes
démocratiques. Je suis reconnaissant aux hommes d'Etat,
personnalités de la vie politique et sociale, aux millions d'hommes
à l'étranger, à ceux qui ont compris nos desseins. Les ont
soutenus, sont venus à notre rencontre, pour une coopération
sincère avec nous.
Je quitte mon poste avec inquiétude. Mais aussi
avec espoir, avec la foi en vous, en votre sagesse et en votre force d'esprit.
Nous sommes les héritiers d'une grande civilisation, et, à
présent, il dépend de tous et de chacun qu'elle ne parte pas en
fumée mais renaisse pour notre joie et celle des autres. Je veux de
toute mon âme remercier ceux, qui durant toutes ces années, ont
défendu à mes côtés une cause juste et bonne. Je
suis persuadé que tôt ou tard nos efforts communs porteront des
fruits, et que nos peuples vivront dans une société
démocratique et prospère. Je me démets de mes fonctions de
président.
Je vous souhaite à tous tout le bien possible.
Traduction AFP
Source : www. Colisee.fr
ANNEXES
CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS DE 1985 A 1991
1985
10 mars : Mort de Tchernenko
11 mars : Gorbatchev arrive au pouvoir
Mai : Mesure sévère contre
l'alcoolisme
Novembre : Première rencontre Gorbatchev- Reagan
au sommet de Genève rien de concret, mais une reprise du dialogue qui
permet d'envisager d'autres sommets.
1986
Janvier : Gorbatchev propose le désarmement
nucléaire de l'Europe
28 Avril : Catastrophe nucléaire à
Tchernobyl
11-12 octobre : Rencontre au sommet Gorbatchev-Reagan
à Reykjavik où ils signent un accord d'adoption sur la
réduction de 50% des armes nucléaires et l'adoption sur la
suppression totale des euromissiles
Novembre : Les entreprises industrielles sont
autorisées dans l'artisanat, le commerce et les services
1987
1er Janvier: Reforme des salaires qui sont
davantage lié au rendement
Février: Libéralisation annoncée d'une
centaine de dissidents
Juin: Election régionale, candidatures multiples dans
certaines circonscriptions
: Réformes des entreprises d'Etats sont
décidées, elles devront être autonomes.
8 Décembre : Reagan et Gorbatchev signent un
traité prévoyant le démantèlement des
euromissiles
1988
Février : Boris Eltsine est écarté
du politburo
14 Avril : Un accord est signé à
Genève. L'URSS s'engage à retirer ses troupes d'Afghanistan
29 Mai-2 juin : Sommet Gorbatchev-Reagan à
Moscou
1989
Mars : Les dernières troupes soviétiques
quittent le sol afghan
9 Novembre : La chute du mur de Berlin
Décembre : Sommet de Malte entre Georges Bush et
Gorbatchev adoption sur le désarment des armes stratégiques et
la proclamation de la guerre froide
1990
Janvier : Des manifestations en faveur de
l'indépendance de la Lituanie poussent le parlement lituanien à
proclamer l'indépendance de la république, il s'ensuivra des
menaces de blocus économiques par Gorbatchev si la Lituanie n'abroge pas
les décisions prises lors de sa déclaration
d'indépendance. Cet ultimatum sera rejeté par le président
lituanien.
Février : Le principe d'instauration du
régime présidentiel est approuvé. Le rôle dirigeant
du Parti Communiste est abandonné. C'est la naissance du
multipartisme.
1er mai : A l'occasion de la
célébration de la fête du travail, M. Gorbatchev est
hué sur la place Rouge à Moscou et choisit de quitter la tribune
officielle.
29 mai : M. Eltsine est élu président du
Parlement de la Fédération de Russie et réclame «la
souveraineté» de cette dernière.
13 juillet : M. Gorbatchev est reconduit dans ses
fonctions de secrétaire général, Boris Eltsine quitte le
PC soviétique.
15 octobre : Mikhaïl Gorbatchev se voit
décerné le prix Nobel de la paix. Alors que les troubles dans les
républiques se multiplient, en Azerbaïdjan, au Haut-Karabagh, en
Kirghizie, en Moldavie... et six Républiques se déclarent
indépendantes.
Décembre : E.Chevarnadze démissionne en
dénonçant "l'avancée de la dictature". B.Eltsine condamne
lui aussi le vote de pouvoirs spéciaux à M. Gorbatchev. Ainsi les
promesses de libéralisation et de démocratisation de la vie
politique sont en train de voler en éclat, le problème
économique conjugué à la prolifération des troubles
politiques provoque un durcissement du pouvoir
Décembre : Signature à Paris du C.S.C.E sur
la réduction des forces conventionnelles en Europe de l'OTAN et le Pacte
de Varsovie
1991
Au cours de l'année 1991, le débat
politique a délaissé petit à petit la question du passage
à l'économie de marché pour se centrer sur l'avenir de
l'URSS et la question des nationalités. D'un coté le PCUS
soutient et félicite des actions engagées contre les tentations
indépendantistes, de l'autre les démocrates, l'Eglise, ainsi que
diverses organisations soutiennent les évolutions démocratiques
et prônent le respect des choix.
Janvier : On assiste à une intervention sanglante de
l'armée dans les pays baltes à Vilnius et à Riga contre
les manifestations nationalistes. L'indignation est générale.
17 mars : Le référendum sur le maintien de
l'Union est approuvé à 76% mais le scrutin n'a lieu que dans les
républiques qui n'ont pas déclaré leur indépendance
(9 sur 15). De plus, la question posée est ambiguë puisqu'il y est
question de la "souveraineté" des républiques. Et c'est en
réalité sur ce point-là que le peuple s'est
prononcé.
Parallèlement au référendum sur
l'union les électeurs russes sont appelés à se prononcer
sur l'instauration d'un poste de président de Russie élu au
suffrage universel. Cette proposition est acceptée (70% des suffrages).
Ainsi le 12 juin 1991 : B.Eltsine est élu Président de la
Fédération de Russie.
Juillet : Signature à Moscou entre Gorbatchev et
Bush des accords START1 qui prévoit une destruction de 25 à 30%
des arsenaux des deux grands et contrôle réciproque des armes
stratégiques.
19 - 21 : Août, on assiste à un Putsch
manqué des communistes conservateurs contre M. Gorbatchev, alors en
vacances en Crimée. Ils s'opposaient au volontarisme de Gorbatchev qui
allait à l'encontre de leurs intérêts. Gorbatchev est
affaibli.
24 Août : M. Gorbatchev engage l' «auto
dissolution» du PCUS
29 Août : Le Parlement retire à Mikhaïl
Gorbatchev ses pouvoirs spéciaux en matière économique
6 Septembre : l'URSS reconnaît officiellement
l'indépendance des trois Républiques baltes.
1er Décembre : Lors d'un
référendum, l'Ukraine se prononce à plus de 80 % pour
l'indépendance.
8 Décembre : les présidents de la Russie,
de l'Ukraine et de la Biélorussie constatent à Minsk que l'Union
soviétique n'existe plus. Ils décident de fonder une
Communauté d'Etats indépendants [CEI] ouverte à tous les
Etats de l'ancienne URSS.
17 Décembre : MM. Gorbatchev et Eltsine
décident d'un commun accord que les structures de l'URSS cesseront
d'exister avant la fin de l'année.
21 Décembre : Lors de la conférence d'Alma
Ata, la création d'une CEI est officialisée par les
présidents de onze républiques ex-soviétiques. C'est donc
la fin de l'URSS ; il n'y a désormais plus de citoyenneté
soviétique.
25 Décembre : Démission de Mikhaïl
Gorbatchev et la fin de l'URSS.
LES DIFFERENTS PLANS QUINQUENNAUX DE 1928 A
1980
Ier Plan (1928-1932)
Dans ce plan on devrait modifier radicalement les
structures économiques et sociales afin de constituer une industrie
solide, seule susceptible d'assurer l'indépendance face au monde
capitaliste, et de donner de réels emplois nouveaux à une
population dont le rythme d'accroissement annuel est de 2%.
On substitue à la nouvelle politique
économique une volonté unique d'aménagement. On met
l'accent sur l'industrie lourde et surtout le secteur
énergétique. Dans le domaine agricole, c'est la collectivisation
forcée et la dékoulakisation (famine en Ukraine)
IIème Plan (1933-1937)
Il porte surtout sur la sidérurgie. Plus de 25%
des investissements sont consacrés à la construction du complexe
Oural-Kouznetsk, fondé sur les ressources en minerai de fer de l'Oural
et la houille du Kouzbass, reliés par une ligne de chemin de fer de 2000
kilomètres. On fait un effort pour motoriser les campagnes.
Le IIème Plan rencontre de sérieuses
difficultés en 1937. Les premiers plans voient une progression au niveau
de la production d'ensemble, mais la vie quotidienne est marquée par le
dénuement et les restrictions.
IIIème Plan (1938-1942)
Il est interrompu par la guerre, et prévoyait
l'essor des constructions mécaniques.
IVème Plan (1946-1950)
Il fixe les objectifs et les moyens de la reconstruction
économique.
Vème Plan (1951-1955)
Il est partiellement interrompu par la mort de Staline
en mars 1953. Il était marqué par le gigantisme de ses
perspectives, prévoyant la construction de puissantes centrales
hydroélectriques en URSS d'Europe et en Sibérie, et la
création d'une nouvelle base sidérurgique en Sibérie.
VIème Plan (1956-1960)
Les données sont peu explicites ; ce furent
plutôt trois plans manuels.
VIIème Plan (1959-1965)
C'est le seul septennal. Il était axé sur
la diversification des objectifs et une plus grande place laissée aux
industries de biens de consommations.
VIIIème Plan (1966-1970), IXème Plan
(1971-1975), Xème Plan (1976-1980)
Ils ont pour objectif de maintenir un bon rythme de
développement industriel (croissance de 6-8% par an), tout en
s'efforçant de développer la production agricole, sans trop
d'illusions (4%).
CARTE DE L'ECLATEMENT DE L'URSS EN 1991
ANNEXE I : CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS DE
1985-1991
1985
10 mars : Mort de Tchernenko
11 mars : Gorbatchev arrive au pouvoir
Mai : mesure sévère contre
l'alcoolisme
Novembre : première rencontre Gorbatchev-Reagan au
sommet de Genève rien
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GERAUD, V, 2006, La perestroïka ou réformer
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IV- ARTICLES
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V-SOURCES INTERNET
www .diploweb.com
www.fr.rian.ru
www.bibliothèques.uqam.ca
www.bib.umontreal.ca
www.ena.lu
TABLE DES
MATIERES
SOMMAIRE..............................................................................I
DEDICACE...............................................................................II
REMERCIEMENTS.....................................................................III
SIGLE ET
ACRONYME................................................................V
INTRODUCTION
GENERALE...........................................................1
PREMIERE PARTIE : L'URSS A L'ACCESSION DE
GORBATCHEV
AU POUVOIR
EN 1985................................16
CHAPITRE I : L'ORGANISATION POLITIQUE ET
ADMINISTRATIVE DE
L'URSS...............................18
I-LA SITUATION POLITIQUE DE
L'URSS.......................................18
1-Au plan
intérieur................................................................18
2-Au plan
extérieur................................................................19
II-LE SYSTEME
ADMINISTRATIF................................................22
1-L'organisation du
pouvoir......................................................22
2-Le rôle dirigeant du
PCUS.......................................................24
CHAPITRE II : LE SYSTEME ECONOMIQUE DE L'URSS EN
1985..26
I-L'ETAT DE L'AGRICULTURE SOVIETIQUE EN
1985.....................26
1-La politique agricole de
l'URSS................................................26
2-Les difficultés de l'agriculture
soviétique.....................................29
II-LA SITUATION DE L'INDUSTRIE
SOVIETIQUE...........................30
1-L'organisation de
l'industrie.....................................................30
2-Les problèmes de l'industrie
soviétique........................................32
CHAPITRE III : LA SOCIETE SOVIETIQUE EN
1985.....................35
I-L'ORGANISATION DE LA SOCIETE
SOVIETIQUE..........................35
1-Les différentes structures de la
société..........................................35
2-La transformation rapide de la société
soviétique.............................36
II-LES PROBLEMES DE LA
SOCIETE............................................38
1-Les difficultés quotidiennes des
soviétiques..................................38
2-Les tares de la société
soviétique...............................................39
DEUXIEME PARTIE : L'AVENEMENT DE GORBATCHEV AU
POUVOIR ET LES
REFORMES POLITIQUES,
ECONOMIQUES ET
SOCIALES......................41
CHAPITRE I : BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE
GORBATCHEV.........43
I-VIE ET PARCOURS DE
GORBATCHEV........................................43
1-Origine et vie sociale de
Gorbatchev...........................................43
2-Le parcours
politique.............................................................44
II- L'ACCESSION DE GORBATCHEV AU POUVOIR EN
1985..............45
1-Les causes de son
accession.....................................................45
2-L'arrivée au pouvoir de
Gorbatchev...........................................47
CHAPITRE II : LES PRINCIPALES REFORMES DE
GORBATCHEV
EN
1986.............................................................48
I-LA POLITIQUE DE LA
PERESTROIKA.........................................48
1-Origines et objectifs de la
perestroïka..........................................48
2-Les principaux apports de la
perestroïka......................................49
II-LA POLITIQUE DE LA
GLASNOST...........................................52
1-Les orientations de cette
politique..............................................52
2-Les actions positives de la
glasnost.............................................52
CHAPITRE III : LES INSUFFISANCES DES REFORMES DE
GORBATCHEV..................................................55
I-LES DIFFERENTS PROBLEMES
POLITIQUES................................55
1-Le conservatisme idéologique de
Gorbatchev.................................55
2-Les contestations au sein du
PCUS.............................................57
II-LES DIFFICULTES ECONOMIQUES ET
SOCIALES........................58
1-La désorganisation de
l'économie...............................................58
2-L'état social de la population
soviétique........................................62
TROISIEME PARTIE : L'IMPACT DES REFORMES DANS
LES
RELATIONS
INTERNATIONALES..............63
CHAPITRE I : LES RELATIONS ENTRE L'URSS ET LES
PAYS DU
MONDE
COMMUNISTE........................................65
I-LES CONTESTATIONS
INTERNES...............................................65
1-Les revendications des
nationalistes............................................65
2-La tentative de putsch des conservateurs du
PCUS..........................70
II-LA DISLOCATION DE L'URSS ET LA CREATION DE LA
CEI.........74
1-L'implosion du régime
communiste............................................74
2-La création de la Communauté des Etats
Indépendants (CEI).............76
CHAPITRE II : LE RAPPROCHEMENT ENTRE L'URSS ET LES
ETATS-UNIS......................................................79
I-LES RAISONS DU RAPPROCHEMENT ENTRE L'URSS ET LES
ETATS-UNIS.....................................................................................71
1-L'avènement de Mikhaïl
Gorbatchev..........................................80
2-La réponse américaine a l'appel de
Gorbatchev..............................82
II-LES CONSEQUENCES DU
RAPPROCHEMENT.............................83
1-L'intensification du dialogue entre l'URSS et les
Occidentaux.............83
2-La fin de la guerre
froide.........................................................86
CONCLUSION
GENERALE.........................................................88
ANNEXE..................................................................................93
BIBLIOGRAPHIE......................................................................114
* 1 P, georges, 1961,
URSS, Paris, Presse Universitaire de France
« corbis » 2e édition, 496p.
* 2 P, georges, 1990,
L'économie de l'URSS, Paris, Presse Universitaire de France,
p.108
* 3 Cette doctrine a
été formulée par Andreï Jdanov en septembre 1947 lors
de la conférence de Szklarska Poreba (Pologne) où sont
réunis les partis communistes d'Europe de l'Est, de France et d'Italie,
la doctrine Jdanov affirme la partition du monde en deux camps
opposés : le camp « impérialiste »
dirigé par les Etats-Unis, le camp « démocratique et
anti-impérialiste » dirigé par l'Union des
Républiques Socialistes Soviétiques. Il affirme que là
où les communistes n'ont pas encore pris le pouvoir, ils doivent en
prendre la totalité. La doctrine condamne la neutralité. La
rupture est consommée. C'est le début de la Guerre froide.
* 4Iouri Vladimirovitch Andropov
est né le 15 à Stravropol dans le sud de la Russie d'un
père employé des chemins de fer. Il reçoit une formation
de technicien des transports fluviaux à Rybinsk au début des 1930
et peu après permanent des komsomol, les jeunesses communistes. Il est
un diplomate, policier et homme d'Etat soviétique. Il fut le
président du KGB de 1967à 1984. Il devient secrétaire
général du PCUS de 1982 à 1984. Président du soviet
suprême de l'URSS 1983 à 1984. Il est mort le 09 février
1984 à l'âge de 69 ans à Moscou.
* 5 Konstantin Oustinovitch
Tchernenko es né le 24 septembre 1911 à Bolshayates Il
était un homme politique et chef d'Etat soviétique ayant
exercé les fonctions de secrétaire général du
PCUS. Il durera treize mois à la tête de l'URSS du
13février 1984 où il meurt le 10 mars 1985 à Moscou.
* 6 Entretien oral avec Andrei
Gratchev le 15 novembre 2009
* 7 Leonid Illich Brejnev est
né le 19 novembre 1906 à Kamenskoye (de nos jours
Dueprodzerzhiusk), en Ukraine, fils d'un métallurgiste russe. Comme de
très nombreux jeunes prolétaires aux temps de la
révolution russe il reçoit une éducation technique, en
gestion de territoire puis en métallurgie. Il devient en 1923 membre de
l'organisation de la de la jeunesse du parti communiste, le Komsomol, puis
intègre le parti lui-même en 1931. Homme politique
soviétique. Il exerce le pouvoir sur l'Union soviétique de 1964
à 1982, mais d'abord en association avec les autres. Il est
secrétaire général du parti communiste de 1964 à
1982 et deux fois Président du Praesidium du soviet suprême (chef
de l'Etat de 1960 à 1964 et de 1977 à 1982. Il mourut le 10
novembre 1982.
* 8 H. Carrière.
D'Encause, 1978, l'empire éclaté, la révolte des
nations en URSS, Flammarion, p.9.
* 9 Crée le 13 mars 1954,
il est l'organisation chargée de la sécurité de l'URSS.
C'est la police secrète de l'union soviétique et des services des
renseignements généraux. Ces domaines de compétences le
contre -espionnage, l'espionnage extérieur, la liquidation des opposants
et des organisations contre révolutionnaires à
l'intérieure de l'URSS et à l'étranger.
* 10 Les purges consistaient
à une élimination drastique des personnes qui ont trahi .Ceux-ci
ne méritaient plus leur appartenance au parti, la perte de l'affiliation
dans l'élite faisait non seulement perdre des avantages sociaux
essentiels, par exemple pour les fonctionnaires tout espoir d'avancement, mais
souvent la liberté ou la vie.
* 11 F, benoît, 1977,
L'URSS et la cei depuis 1945, seuil, p.47
* 12 M. malia, 1995, L
tragédie soviétique : Histoire du socialisme en Russie 1917-
1991, Edition Seuil, p.473-475
* 13 M. malia, 1995, op cit.
p.500
* 14 H, Carrière,
d'Encause, 1980, Le pouvoir confisqué : gouvernants et
gouvernés, Flammarion, p.68
* 15 D, Colas, 1977, Les
constitutions de l'URSS et de la Russie (1905-1993), puf, que sais-je,
p.67
* 16 H, Carrière,
d'Encause, idem
* 17 H, Carrière,
d'Encause, op.cit, p.80
* 18 HOUGH,J.F, FAINSOD,M.,
1979,How the soviet union is governed, Harvard, p.409
* 19 H, Carrière,
d'Encause, op.cit, p.103
* 20 D, colas, 1977, Les
constitutions de l'URSS et de la Russie (1905-1993) puf, p.64
* 21 H, Carrière,
d'Encause, op.cit., p.102
* 22 C'est le passage de la
propriété privée à la propriété
collective des terres et du matériel agricole. C'est la mise en commun
de toutes les terres qui seront cultivées non plus par les paysans
individuels mais par la communauté rurale.
* 23 P.sorlin, 1964, La
société soviétique 1917-1967, Armand, Colin, p.272
* 24 idem, p.165
* 25 Ce sont de riches paysans
qui possédaient sur ces terres de grandes fermes dans lesquelles ils
faisaient travailler des ouvriers agricoles.
* 26 Joseph Vissarianovitch
Djougachvili est né à Gori le 18 décembre 1878 ;
c'est révolutionnaire, homme politique et un dirigeant
soviétique. Il fut secrétaire général du pcus de
1922 à 1953 et a dirigé l'Urss à partir de la fin des
années 1920 jusqu'à sa mort le 5 mars 1953 à Moscou.
* 27 C'est le projet de la mise
en culture de nouvelles terres du Kazakhstan, de Sibérie, du sud de la
région de l'Oural et du nord du Caucase
* 28P. georges, 1990,
L'économie de l'URSS, que sais-je ? Paris presse
universitaire de France, p.78
* 29 E. léonard hubbard,
1999, Les sciences économiques de l'agriculture
soviétique, Flammarion, p.117
* 30 P. georges op.cit.p.75
* 31 P.georges, 1990,
L'économie de l'URSS, que sais-je ? Presse universitaire de
France, p.74
* 32 Idem
* 33 G.vincent, 2006, La
perestroïka ou reformer l'irréformable, Université de
Toulon la garde Master I, p.20
* 34 G.vincent, 2006, La
perestroïka ou reformer l'irréformable, Université de
Toulon la garde Master I, p.20
* 35 B. Kerblay, 1977, La
société soviétique contemporaine, Armand Colin,
p.192
* 36 P. georges,
L'économie de l'URSS, que sais-je? Presse universitaire de
France, p.96
* 37 D. brand,
L'expérience soviétique, paris, Editions Dalloz, p.49
* 38 J. kornaï, 1984,
Socialisme et économie de la pénurie, paris Economica,
p.145
* 39 J.kornaï, op.cit. p.
175
* 40 B. Kerblay, 1977, La
société soviétique contemporaine, Armand Colin,
p.200
* 41 A. gauthier, 1986,
Genèse de l'économie de l'URSS, bréal, p.46
* 42 A. gauthier, op.
cit.p.65
* 43 Né à Moscou
le 21 Mai 1921. C'était un physicien nucléaire russe et
père de la bombe H. Il a obtenu le prix Nobel de la paix en 1975 pour sa
lutte pour les droits des l'homme, les libertés civiles et la
réforme de l'URSS. Il meurt à Moscou le 14 décembre 1989.
* 44 Est né le 11
décembre 1918 à Kislovodsk est un romancier et auteur de
plusieurs ouvrages. Il était opposé au régime
soviétique. Il meurt le 3 août 2008 à Moscou.
* 45 B. Kerblay, 1977, La
société soviétique contemporaine, Armand Colin,
p.20
* 46 B. Kerblay, op.cit. P.24
* 47 M. lewin, 2003, Le
siècle soviétique, Fayard, Paris, p.14
* 48 M. lewin, op. Cit. ,
p. 35
* 49 J. baynac, 1977, La
révolution gorbatchévienne, Editions Gallimard, p.23
* 50 J. baynac,
1977,op.cit.p.23
* 51 L, pascal, 1993,
Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de
France « Que-sais-je ?»P.5
* 52 L, pascal, 1993,
Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de
France « Que-sais-je ?»P.5
* 53 Idem
* 54 Rabac-com / demo/
relinter/ AnnMnd/GlasPers. Htm. P.1
* 55 A, aganbeguian, 1987,
La perestroïka : le double défi soviétique,
Economica, p.14
* 56 A, Gratchev, 1992,
Histoire vraie de la fin de l'URSS, Edition du Rocher, p.48
* 57 J-L, van regemorter, 1998,
La Russie et l'ex-URSS au XXème siècle, Armand Colin,
p.155
* 58 L. pascal, 1993,
Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de
France « Que-sais-je ?»P.15
* 59 M, martin, 1995, La
tragédie soviétique : histoire du socialisme en Russie
1917-1991, Edition les Seuil, P. 447
* 60 M, martin, 1995, La
tragédie soviétique : histoire du socialisme en Russie
1917-1991, Edition les Seuil, P. 523
* 61 L. pascal, 1993,
Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de
France « Que-sais-je ?»P.16
* 62 Rabac-com /
Relinter/AnnMnd/ GlasPers. Htm P .3
* 63 D. Vernet, 1990,
URSS, Edition les Seuil, p.5-11
* 64 L. pascal, 1993,
Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de
France « Que-sais-je ?»P.100
* 65 D. brand, 1993,
L'expérience soviétique, Editions Dalloz, p. 90
* 66 L. marie, 1990,
Chronique de la société d'étude et de documentation
économiques industrielles et sociales, p.25
* 67 I. erik »rien
n'a vraiment changé dans les entreprises » Le Monde 6 juin
1990, pp14-15
* 68 R. nicholas, 1997,
Histoire de la russie des origines en 1996, Editions Robert Laffont,
Paris p.643
* 69I. erik
« Désorganisation genérale de la
production », le monde 6 juin 1990 p.15
* 70 T. françoise, 1990,
Après Gorbatchev, Edition table ronde, p.263
* 71 S.georges, 2004,
Métamorphose de la Russie1984-2004, Fayard, p.135
* 72 S. georges, 2004,
Métamorphose de la Russie 1984-2004, Fayard, p.35
* 73 Idem
* 74 S.marc, 2002, Histoire
du XXème siècle, Chenelière Montréal, p.350
* 75 G. mink, 1997, Vie et
mort du bloc soviétique, Casterman Giunti Gruppo Editorial, Firenze,
p. 129
* 76 Changement politique
profond sans violence
* 77 Né près de
pitesti en 1918 est un homme politique romain, secrétaire
général du parti communiste en 1965 et président du
conseil d'Etat en 1967. Il meurt en 1989
* 78 S.marc, 2002, Histoire
du XXème siècle, Chenelière Montréal, p.344
* 79 Boris nikolaïevitch
Eltsine est né le 1 février 1931 à Boutka dans l'oblast de
Sverdlovsk est un homme politique russe. Il devient président du soviet
suprême de la république socialiste fédérative
soviétique de russie. Il fut le premier président de la
fédération de russie, avec deux mandats consécutifs
(1991-1996) et (1996-1999) après l'effondrement de l'URSS. Il meurt le
23 avril 2007.
* 80 S. georges, 2004,
Métamorphose de la Russie 1984-2004, Fayard, p.534
* 81 A. sauvagnargue, 2008,
Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.9
* 82 A. sauvagnargue, 2008,
Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.10
* 83 G.ulysse,
V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d'un coup
d'Etat, JC Lattès, p.56
* 84 A. sauvagnargue, 2008,
Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.10
* 85 Nom donné au
parlement de la Russie
* 86G.ulysse,
V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d'un coup
d'Etat, JC Lattès, p.84
* 87 G.ulysse, V.
fédorovski, op cit. p.88
* 88 Ibidem, p.89
* 89 A. sauvagnargue, 2008,
Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, pp10-11
* 90 La Presse, 22
août 1991, P.82
* 91 G.ulysse,
V.fédorosvki, 1991, Histoire sécrète d'un coup
d'Etat, JC Lattès, p.190
* 92 F. marc, 1996, Le
système soviétique et son implosion, Editions, Paris
Collection Hermès-numéro 19, p.31
* 93 Communauté des
Etat Indépendants ; c'est une confédération de
républiques souveraines créée en 1991 et formée de
la Russie, de l'Ukraine, de la Biélorussie, de la Moldavie, de
l'Arménie, de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie, du Kazakhstan,
du Kirghizstan, de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan et du
Turkménistan. Quoique dotée d'un important appareil
bureaucratique, la C.E.I ne joue ni un rôle important ni en politique
internationale ni dans les relations entre ses membres.
* 94 A. sauvagnargue, 2008,
Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.12
* 95 G.vincent, 2006, La
perestroïka ou reformer l'irréformable, Université de
Toulon la garde Master I, p.44
* 96 A. sauvagnargue, 2008,
Les années de Gorbatchev, mémoire ileri, p.13
* 97
G.sitbon, « La grande illusion de Mikhaïl
Gorbatchev » Le Nouvel Observateur France, 26 décembre 1991 au
1 janvier 1992, p.39
* 98 G.vincent, 2006, La
perestroïka ou reformer l'irréformable, Université de
Toulon la garde Master I, p.56
* 99 Idem
* 100 C.georges, 2001, Du
dégel à la guerre fraîche et à la détente fin
des années 1970-1995, Hachette, p.10
* 101 S. marc, 2002,
Histoire du XXème siècle, Chenelière
Montréal, P.337
* 102 M. francis, 2003, La
guerre froide de la détente à l'entente 1962-1991, CNRS
Editions, Paris, p.20
* 103 M. francis, op.cit.
p.21
* 104 H. Bruno, 1998, La
guerre froide 1945-1991, Ellipses marketing, p.21
* 105 C.georges, 2001, Du
dégel à la guerre fraîche et à la détente fin
des années 1970-1995, Hachette, p.16
* 106 S.marc, 2002,
Histoire du XXème siècle, Chenelière
Montréal, p.340
* 107 M, martin, 1995, La
tragédie soviétique : histoire du socialisme en Russie
1917-1991, Edition les Seuil, P.513
* 108 Il est né le
18 juillet 1918 à Mvezo en Afrique du su. Il fut l'un des meneurs de la
lutte contre le système politique d'apartheid. Il fut condamné
à la prison à vie lors du procès de Rivonia et sa peine
à Robben Island pendant 27 ans au large de la ville u cap. Il fut
libéré le 11 février1990 et devient le premier
président noir en 1994 jusqu'en 1999.
* 109 C'était une
politique de développement séparé affectant des
populations selon des critères raciaux ou ethniques dans des zones
géographiques déterminées. Il fut conceptualisé et
mis en place à partir de 1948 par le parti national et aboli le 30 juin
1990.
* 110 L. pascal, 1993,
Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de
France « Que-sais-je ?» p.112
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