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Enclavement et développement des zones rurales d' Afrique subsaharienne: recherche bibliographique

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par Adong Tchoou NOYOULEWA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en géographie 2006
  

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3.3.3. Le désenclavement comme soubassement du développement des zones rurales enclavées d'Afrique subsaharienne

Le désenclavement est un processus d'aménagement du territoire par lequel on rend une localité accessible. Prenant très souvent l'image de la construction des infrastructures de communication, il peut aussi devenir la mise en place des structures en vue de permettre l'intégration de la localité au sein d'un réseau de télécommunication. Dans un cas comme dans l'autre, le désenclavement règle le problème de la discontinuité dans les réseaux, permet l'insertion spatiale des sociétés et crée un dynamisme socio-économique nouveau. Dans le cas de Lotogou par exemple, Yatombo T. (1994) remarque que la construction d'une route en 1988 a fait passé le nombre de planteurs de 911 à 1713 soit une progression de 88%, le taux de scolarisation de 26% en 1984 à 54% en 1991. Par ailleurs, à Kpawa dans la préfecture de Blitta, la construction d'un pont sur la rivière Anié ainsi que des ouvrages de franchissement pour relier cette localité à Blitta-gare a été le moteur du dynamisme agricole. Tchendié P. (1998) rapporte que les superficies moyennes y sont passées de 2,25 ha à 3,75 ha soit une augmentation de 88% avec l'introduction de la culture du coton. Ce dynamisme selon Segbor P. (1990) est tributaire du fait que les localités selon qu'elles soient loin ou proche d'un réseau de transport, leur permet d'échanger ou non les innovations avec les autres localités. C'est aussi de ce dynamisme que parlait Lombard J. (1999) lorsqu'il évoquait dans le cas du Sénégal que « les transports (dé)lient villes et campagnes », page 141.

En somme, le désenclavement est le seul moyen par lequel une société rurale précédemment enclavée retrouve sa place dans le concert des réseaux fonctionnels qui l'avoisinent. A partir de ce moment, nul doute que cette insertion dans les circuits économiques servirait à enclencher un processus de développement basé sur la rentabilisation des activités agricoles. D'ailleurs, comment pouvait-il en être autrement quand on sait que toute production massive pour être rentable doit pouvoir se vendre pour créer des revenus financiers ? Au terme de cette approche bibliographique sur l'analyse de la question de développement des zones rurales enclavées en Afrique subsaharienne, une conclusion ne s'impose-t-elle pas ?

A travers la thématique ci-dessus présentée, c'est avant tout le problème du développement de l'Afrique qui est soulevé. Il ressort des écrits que nous avons consultés que l'Afrique est en marge du bien-être. Ses populations vivent la précarité sous toutes ses formes et le milieu rural, celui là qui se distingue de la ville (Balima M. 2005, Kola E. 2005, Grawitz M. 1999) est par excellence le réceptacle des pires formes de pauvreté en Afrique (PNUD, 1990). Et pourtant, ce ne sont pas les tentatives qui ont manqué en vue d'améliorer le vécu quotidien des femmes et des hommes sur ce continent. C'est que l'on a appelé les projets de développement. Malheureusement, il ne s'agissait que de remèdes très souvent en parfaite inadéquation avec le mal africain. Aussi, les bénéficiaires de ces projets dits de développement ont-ils été convertis en de simples exécutants n'ayant à terme de mots que pour exprimer leur nostalgie quand les « assisteurs » disparaissent sans avoir rien changé (Harrisson P., 1991). Les causes de ces « échecs ou mieux de ces semi réussites » pour emprunter à Belloncle G. (1985) ses termes sont nombreuses et s'expriment en terme de non association des bénéficiaires à la conception des projets, l'inadéquation physique et humaine entre projets et lieux d'exécution, détournement de buts, ... Cependant, en plus de ces causes d'ordre extérieur, il faut ajouter celles inhérentes à la prédisposition des masses paysannes à intégrer les innovations à leur vie. C'est ce qu'ont pu, entre autres auteurs, montré Ela J-M. (1990) et Merlin P. (1991) lorsqu'ils évoquent tour à tour le faible taux de scolarisation puis la mauvaise organisation sociale en milieu rural comme frein au développement. Toutefois, avions-nous dit, certaines sociétés, mues d'une certaine technicité peuvent s'affranchir des difficultés pour créer une croissance pouvant leur permettre de faire face à des mutations internes. C'est ce que Boserup E. (1970) appelle adaptation des peuples à la pression démographique par l'intensification agricole. Dans cette veine, Abotchi T. (1997) montre qu'en dépit de la faiblesse des usages des nouvelles techniques agricoles, les populations comme celles de l'est de la région des Plateaux produisent suffisamment au point de déverser des suppléments sur les marchés. C'est justement ce besoin d'accessibilité des points de vente qui ne sont rien d'autre que des pôles de consommation pourvoyeurs de revenus pour le monde rural qui se révèle être un facteur limitant dans la volonté des paysans d'Afrique au sud du Sahara et précisément du Plateaux Est togolais à réaliser le développement de leur milieu. Lorsque les infrastructures requises pour permettre cette mobilité manquent, sont insuffisantes ou sont d'une praticabilité sélective selon les saisons, les produits agricoles ne peuvent pas être facilement commercialisés. Il en résulte une stagnation de l'économie dans ces contrées qui elle-même agit sur les données culturelles, sociales et morales. Cette situation que nous avons désignée par le vocable d'enclavement a donc des effets multiplicateurs qu'il convient d'apprécier en rapport étroit avec ses causes. Celles-ci en effet s'expriment en terme d'obstacles naturels et de possibilités humaines à surmonter ces contraintes. Voilà pourquoi nous sommes amené à penser que l'enclavement dont font l'objet les contrées rurales du Plateaux Est peut avoir des répercussions de différentes sortes sur le développement de cette zone. Quel schéma présentent les zones rurales de l'est de la région des Plateaux au Togo ?

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